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Sources et méthodes de l`enquête

1. La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al pour tirer au clair ces situations compliqu es P Verheyde dans son tude sur les plus grandes entreprises aryanis es ne s y est d ailleurs pas aventur Il faut nous rendre l vidence les dossiers d aryanisation ne permettent pas d valuer l ampleur financi re de la spoliation On pourrait certes tenter un chiffrage approximatif qui fourni rait un ordre de grandeur partir des chiffres d affaires et des b n fices Mais m me cette approche nous est interdite pour une raison statistique cette fois Dans nos chantillons d entreprises aryanis es probablement ou certainement non restitu es celles dont la vente ou la liquidation ont produit des sommes relativement importantes sont trop peu nombreuses pour permettre quelque extrapolation que ce soit on ne g n ralise pas partir de quelques cas Cela n aurait aucun sens Il ne nous reste donc que la perspective d une valuation externe Mais elle est elle m me largement pr caire car les bases sur les quelles elle repose sont incompl tes ou impr cises Il nous faut pourtant prendre le risque d une estimation si approximative qu elle soit en met tant en garde le lecteur quant la confiance qu on peut lui accorder
2. Une seconde difficult concernait l ex cution du jugement Pour que l annulation constat e ou d clar e par le tribunal prenne effet il fallait qu elle soit appliqu e et un certain nombre d acqu reurs ont tent de s y opposer multipliant les recours Il semble bien qu au bout du compte force soit rest e la loi mais apr s des proc dures irritantes et des d lais d autant plus p nibles que souvent en attendant d avoir recouvr leur commerce les spoli s taient d pourvus de moyens d existence Nous n avions pas les moyens de reconstituer toutes ces histoires judiciaires et nous avons donc pr sum que les jugements ont t ex cut s L incertitude qui pourrait affecter nos r sultats est pourtant limit e dans une large mesure par le croisement des sources Le tableau suivant indique le nombre d informations puis es aux diff rentes sources pour l chantillon de la Seine il est ais de constater que dans beaucoup de cas les sources se recoupent puisque pour 318 dossiers de biens recouvr s nous disposons de 560 indications Si l on exclut les sept dos siers annul s biens inexistants ou propri taires non juifs le classe ment en bien recouvr repose sur une seule indication pour 136dossiers seulement sur 311 Tableau 10 Origine des informations sur la restitution ou la r int gration Source de l information Recouvr s Non recouvr s Circulaire Terroine 76 2 A
3. et al qu il n a plus puisque le compte de consignation du spoli la CDC avait t amput par divers pr l vements Inversement quand la demande mane du spoli lui m me cela signifie qu il n a pas recouvr son bien soit parce que celui ci a t liquid soit parce qu il a ent rin la vente la Lib ration apr s en avoir ventuellement r vis les conditions Dans ce cas la consignation au compte du spoli la CDC a t liquid e son profit mais elle a t grev e des m mes pr l vements dont il doit tre rembours L ensemble de ces sources d j impressionnant ne suffit pas pour retracer le sort des personnes spoli es et de leurs biens Quand la proc dure d aryanisation achev e ou non n a pas donn lieu verse ment la CDC quand le bien n est pas un commerce ou que le registre du Commerce reste trop impr cis quand la restitution n a pas eu lieu par voie judiciaire il faut faire usage d autres sources non mentionn es dans les dossiers du CGQJ Les archives de l enregistrement Pour compl ter nos donn es nous nous sommes donc demand quelles sources permettraient soit de reconstituer l historique d un bien patrimonial quelconque soit de d terminer en aval de la pro c dure de spoliation et de l ventuelle restitution d un bien si celui ci se trouvait encore ou de nouveau dans le patrimoine d une personne ayant t victime d une s
4. galement vers au compte 511 article 7 Ce pr l ve ment tait effectuer pendant toute la dur e de la mission y compris au del du 6 mois et jusqu l arr t mettant fin la mission de l API En zone Nord il s av re au vu des dossiers d aryanisation ou d AP du CGQJ que l article 5 n est pas appliqu et on ne saurait garantir que l article 7 le soit syst matiquement En zone Sud non seulement l arr t du 6 octobre 1941 semble scrupuleusement appliqu mais de surcro t la direction de Vichy du CGQJ qui prolonge la mission des AP au del du 6 mois r duit syst matiquement leurs moluments de 50 partir du 7 mois touten maintenant l obligation de verser la diff rence entre ceux ci et les pr l vements au compte 511 En octobre 1943 la m me direction va plus loin et remplace les moluments au del du 7 mois par une 1 Circulaire r gionale aux AP 13 novembre 1942 cit e dans un dossier d AP AJ 5510 et vis e dans une r ponse la DR de Clermont Ferrand en date du 9 f vrier 1943 manant du service financier et comptable AJ 3575 2 La CDC estime qu environ 10 du compte 511 pour la zone Nord incluant la Seine repr sentent des exc dents de pr l vements 3 Circulaire du 7 janvier 1943 AJ 3575 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt
5. moluments s ils lui ont accord leur quitus ou s ils ont port plainte contre lui ou comptent le faire On peut donc trouver dans le dossier les r ponses des diff rents spoli s ou de leurs ayants droit qui nous renseignent ainsieux m mes sur le sort du bien Enfin on peut trou ver un ou des dossiers de plaintes quand le service ou le spoli ont port plainte contre un AP exceptionnellement un dossier d instruction a rejoint le dossier individuel avec proc s verbaux de confrontation et d interrogatoire sous commission rogatoire Malheureusement les dossiers d administrateur provisoire par fois tr s riches sont loin de r pondre toutes les questions D abord parce que le fonds AJ n est pas complet et qu un certain nombre d administrateurs provisoires fran ais n y ont pas de dossier Les diff rents services judiciaires qui les ont emprunt s pour instruire des plaintes ne les ont pas toujours restitu s Quelques uns sont dans les papiers 1 En application de la loi de 1948 les honoraires per us par les AP ont t rembours s aux spoli s par le Tr sor Celui ci a calcul le trop per u ventuel de l AP diff rence entre ce qu il aurait d percevoir selon le bar me de f vrier 1945 et ce qu il a per u et il l a mis en recouvrement comme un imp t La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par
6. t rendue illisible et l on a crit en dessous Service de restitutions en 1949 50 3 AJ 2754 2770 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Les dossiers d aryanisation de province Dans l ensemble les dossiers de province ressemblent aux dos siers parisiens ils rel vent bien d une m me administration On note pourtant quelques diff rences En premier lieu on l a vu le classement selon la nature des biens est plus sommaire il distingue seulement les entreprises et les immeubles Mais on constate aussi parfois surtout en zone Sud une autre particularit la mise sous administration provisoire de biens per sonnels qui ne sont ni des entreprises ni des titres ni des immeubles et pour lesquels on ne dispose pas toujours de description Il semble que par analogie avec la l gislation sur les faillites on ait ici tendu l adminis tration provisoire pour garantir le passif de la liquidation moins que ce ne soit une simple commodit utilis e par le CGQJ quand il ignore le d tail des biens d un spoli ou une demande de l AP nomm apr s une vente qui la soup onne d tre fictive et qui se fait ainsi donner des moyens d investigations plus pouss es En second lieu dans de nombreux cas il existe d
7. des AP g rent plu sieurs biens la fiche personnelle de l administrateur provisoire qui prend diverses formes du curriculum vitae au questionnaire v ritable Elle s accompagne d un extrait de casier judiciaire et parfois d une lettre de candidature de l int ress ou d une lettre de recommandation ma nant par exemple d un comit d organisation Dans les dossiers relatifs au 1 Dans seulement 21 des dossiers de l chantillon de la Seine on trouve la fois l identification du bien du propri taire l indication du sort du bien pendant l Occupation et d une revendication la Lib ration Il faut consulter d autres sources pour savoir si la restitution a t effective 2 Cartons AJ 5171 5431 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Vaucluse nous avons retrouv des liasses de r c piss s de versement la CDC Les autres documents du CGQJ sont difficiles interpr ter Des tableaux de r mun rations taient dress s pour chaque AP avec en ligne les diff rentes affaires dont il tait charg et en colonnes les mois On ignore qui remplissait ces tableaux probablement destin s contr ler que les AP ne pr levaient pas plus de six mensualit s par affaire Sur tout on ignore s il s agit de sommes dues p
8. juillet 1943 elle n est consomm e plus de trois fois sur quatre que pour les entrepri ses textiles de la Seine et plus d une fois sur deux pour les entreprises textiles de la zone Sud les autres entreprises de la Seine et de la zone Sud ainsi que pour les actions de la Seine Quand elle a t entreprise avant la fin de 1941 elle a abouti plus de trois fois sur quatre pour les entreprisestextiles quelle que soit la zone pour les autres entreprisesde la Seine et de la zone Sud et pour les actions Paris Le tableau ci des sous r sume ces diff rences lire avec toutes les pr cautions d usage pour des chiffres qui reposent sur des chantillons Tableau 9 Proportion de spoliations abouties la Lib ration selon la zone la nature des biens et la date de nomination du premier AP RES Er Proportion s AP nomm AP nomm AP nomm dary anmann l en 1940 41 en 1942 mi 1943 mi 1943 44 Actions Seine 100 Textile Seine 86 i Textile ZN 86 Autres entreprises Seine i 80 i Textile ZS 80 i Autres entreprises ZS 79 Textile Seine 78 Plus de 75 Immeubles Seine 64 Textile ZS 69 Textile ZN 64 Autres entreprises Seine 68 0 De 60 75 Autres entreprises ZS 64 Actions Seine 63 Autres entreprises ZN Autres entreprises ZN De 50 60 55 60 ____ Textile ZN 58 Immeubles ZS 36 Immeubles Seine 24 Autres entrepri
9. mais quand ils ont lieu la CDC remet deux r c piss s l AP l un relatif au versement sur le compte ouvert au nom du spoli l autre au verse ment sur le compte du CGQJ dit compte 511 Malheureusement ces r c piss s figurent rarement dans les dossiers d entreprises ou d immeubles et jamais dans ceux des portefeuilles titres qui ont t administr s par les Domaines On trouve enfin dans les dossiers d aryanisation des documents relatifs aux proc dures de restitution ou d indemnisation Les plus impor tants sont les circulaires du service des restitutions dites circulaires Ter roine ainsi nomm es parce qu elles portent la signature tr s reconnaissable du directeur du service des restitutions apr s m me qu il a quitt ses fonctions cf supra p 71 Il arrive que figure au dossier soit la r ponse l une de ces circulaires ou plusieurs et ou une lettre du spoli ou de ses ayants droit indiquant la situation du bien soit l une des circulaires dans son enveloppe d origine tamponn e de la mention Illustration 7 Enveloppe adress e une brocanteuse et retourn e au Service de restitution avec la mention D port juif absent 20 d cembre 1945 AN AJ 1829 17000 On notera l en t te du CGQJ surcharg e le papier tait rare La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt
10. o ils sont r pertori s aujourd hui comme les autres dossiers du CGQJ sous la cote AJ La r ponse nos questions semble donc vidente il suffit de d pouiller ces dossiers et nous conna trons le sort des biens Malheureusement les choses ne sont pas si simples D abord en raison de la masse de ces dossiers ils sont autour de 60 000 conser v s dans plus de 3 640 cartons entrepos s sur quelques 600 m tres lin ai res Analyser ce massif documentaire aurait exig plusieurs d cennies Surtout la nature m me de ces dossiers interdit d esp rer une r ponse fiable notre question ouverts pour la spoliation ils enregistrent la resti tution de fa on al atoire et l on doit croiser les sources les plus diverses pour tenter de tirer au clair le sort du bien Contrairement une id e trop r pandue la v rit ne g t pas cach e dans les archives o les historiens n auraient qu enlever un peu de poussi re pour la retrouver elle est le produit laborieux de confrontations multiples Les entreprendre de mani re si possible exhaustive ne pouvait s envisager que surun nombre restreint de dossiers Le travail sur chantillon s imposait donc Se posait alors le probl me du tirage de l chantillon Les sonda ges on le sait donnent des r sultats fiables condition d tre bien faits l INSEE publie r guli rement des statistiques sur la composition de la population active ou sur le ch mag
11. par le greffe du tribunal de commerce et se compose de trois ensembles D abord des dossiers contenant pour chaque entreprise le formulaire d inscription au registre et les ventuelles d clarations modificatives L inscription attribue l entreprise un num ro analytique et un num ro chronologique En second lieu de grands volumes sur lesquels le greffier a not sous les m mes num ros les informations fournies par chaque commer ant lors de son inscription et des ventuelles d clarations modi ficatives Les soci t s sont inscrites dans une autre s rie de volumes s rie B Enfin un fichier nominatif indique le num ro de registre d un commerce ou d une soci t il permet donc d acc der au dossier ou au registre qui en r sume les principales informations Paris le fichier et les registres ont t vers s aux archives d partementales qui nous ont communiqu les registres ou une photo copie des pages qui nous concernaient Pour chaque commerce nous disposons ainsi des num ros chronologiques et analytiques d inscription au registre de la date de cette inscription du nom commercial raison sociale enseigne des renseignements relatifs au x propri taire s nom tat civil nationalit adresse parfois Le registre indique en outre l objet du commerce ou de la soci t l adresse de l tablissement princi pal ou du si ge social celles des succursales l identit des fond s de pouvo
12. 29 144 29 614 29 614 Zone Nord 16 978 16 652 16 779 12 474 12 381 Zone Sud 13 615 12 963 13 028 7 892 7 892 Total 62410 58759 59 421 59 421 49 887 Le probl me de la repr sentativit g ographique de l chantil lon de province demeure cependant insoluble Il nous aurait fallu en 1 Pour le Nord des dossiers DAE et pr fecture existent mais sauf trois aucun ne recouvre la m me affaire 2 Lorsque on ne trouve qu un dossier DAE pour une affaire on peut supposer que le dossier DR ou pr fecture y a t int gr En revanche lorsque seul le dossier pr fecture ou DR est conserv dans la s rie AJ38 il n appara t pas que le dossier DAE lui ait t annex On se reportera l annexe 7 pour un d compte aussi exact que possible des doublons par d partement zone Nord ou par direction r gionale zone Sud 3 Nous entendons par engagement d une proc dure d aryanisation la simple ouverture d un dossier par le CGQJ Il peut viser plusieurs biens en province Le dossier a pu tre clos rapidement l information justifiant son ouverture s tant r v l e erron e Nous avons estim le nombre de ces dossiers annul s au chapitre suivant La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al effet conna tre le nombre de proc dures et leur composition f
13. BOVCC sont class es par d partements On y trouve le nom des vendeurs et des acheteurs en principe celui de l admi nistrateur la d nomination du commerce son adresse la nature de la transaction et les r f rences du journal dans lequel la premi re annonce a t publi e Les annonces relatives des biens aryanis s sont rep ra bles soit par la pr sence d un administrateur provisoire soit parce qu il y est fait mention un titre ou un autre de la loi du 22 juillet 1941 Munis de nos listes de spoli s nous avons d pouill le bulletin de l ann e 1941 l ann e 1946 ce qui repr sente plusieurs dizaines de milliers de pages pour y rep rer d abord les spoliations puis les ventuelles restitutions ou annulations Pour les commerces parisiens nous avons consult si n ces saire les journaux d annonces l gales mentionn s plus d une dizaine pour le d partement de la Seine Travail fastidieux mais qui s est av r relativement productif La Caisse des d p ts et consignations La Caisse des D p ts et Consignations CDC a pour mission d accueillir et de conserver les sommes et valeurs mobili res qui lui sont confi es soumises un r gime sp cial Ici ce sont les consignations sommes pr sentant un caract re litigieux entre deux parties ou d p t garantissant une obligation qui nous int ressent La CDC doit g rer ces sommes et valeurs en attendant leur restitution Dans le pro
14. Nul doute en effet que des recherches compl mentaires qui d passaient et notre mission et le temps qui lui tait imparti conduiraient revoir cette estimation dans des proportions peut tre importantes Du moins esp rons nous clairer les voies complexes et imbriqu es qu une telle recherche devrait emprunter Les flux financiers de la spoliation Pour commencer il convient de distinguer clairement le mon tant de la spoliation et son produit Le montant c est ce qui a t pris aux spoli s Le produit c est la partie du montant qui est entr dans les cais ses des notaires de la CDC du CGQJ ou de l tat Le produit est n cessai rement inf rieur au montant pour deux raisons Premi re raison les ventes ou les liquidations n ont pas t toutes faites au juste prix Les contemporains avaient parfaitement cons cience de cet cart Le comit consultatif qui fixait le prix de vente des immeubles s effor ait d viter les rabais mais en cas de mise en vente infructueuse il proc dait une nouvelle mise prix inf rieure de 20 au montant arr t par les experts et ventuellement une troisi me mise en vente moiti prix cette fois Pour les ventes d entreprises il en allait souvent de m me Certes le CGQJ soucieux la fois de maxi miser le produit de l aryanisation et d viter la d pr ciation des biens des non juifs a lutt avec constance contre les prix de cessio
15. Principes de saisie Les informations collect es ont t saisies directement sur un tableur La grille de d pouillement initiale ne comportait que 52 champs Tr s vite il a fallu l toffer pour monter jusqu 130 154 si l on compte ceux qui servent au codage des informations Le travail s est effectu sur des ordinateurs portables d abord au CARAN pour les dos siers d aryanisation socle de la base de donn es puis dans les divers autres centres d archives Concr tement pour viter de manipuler des fichiers trop lourds quatre bases de donn es utilisant le m me masque de saisie ont t constitu es pour la Seine la zone Nord la zone Sud et le Vaucluse Par un syst me de codification nous avons indiqu la source de toute information compl mentaire celles fournies par le dossier d arya nisation dans la case m me o elle tait saisie dossier d administrateur provisoire tribunal d instance ou de commerce CDC registre du Com merce ou des M tiers conservation des hypoth ques BOVCC secr tariat aux Anciens combattants et victimes de guerre dossier de dommages de guerre fichier du CDJC succession ISN dossier de l OBIP loi de 1948 Les informations de la base de donn es sont r parties en huit groupes principaux de variables dont le d tail est pr sent en annexe 5 On y retrouve videmment l identification du dossier celle du ou des propri taires et celle du bien Viennent ensuit
16. acqu reurs ventuels ou retenus sont assez fr quentes g n alogies accompagn es de certificats de bapt me d attestations de pr tres etc Dans la plupart des cas un exemplaire de l acte de vente sous seings priv s ou notari figure au dossier souvent accompagn de lacte ent rinant la lev e de la condition suspensive apr s l accord des 1 Certains arr t s de rel ve se bornent mettre fin la mission d un AP une date donn e sans le remplacer C est que le CGQJ consid re l affaire comme termin e par exemple apr s une d cision de justice favorable au spoli 2 On trouve galement ce type de documents dans les dossiers de propri taires qui ont voulu prouver au CGQ J qu ils n taient pas juifs et ont tent ainsi parfois avec succ s d viter la spoliation La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al autorit s allemandes Enfin ces dossiers de vente comprennent g n rale ment d une part l homologation de l aryanisation par le MBF r dig e en allemand et adress e au CGQJ d autre part l avis d homologation du CGQ J indispensable l AP pour terminer ce que ces correspondances administratives appellent l affaire Pr cis ment quand l aryanisation a t men e son terme l adminis
17. ant radi pouvait se r inscrire la Lib ration sous le m me num ro Cette situation d rogatoire est visible sur le registre elle indique coup s r que le commerce a t restitu En revanche siun commer ant radi se r inscrit sous un autre num ro une autre adresse il n est pas s r qu il s agisse d un simple transfert du commerce qu il poss dait avant guerre on ignore donc s il a obtenu r paration de la spoliation Le d cret du 9 ao t 1953 a profond ment remani ce dispositif le d mat rialisant en partie par la suppression des registres proprement dits Tous les commer ants durent se r inscrire Cette op ration est men tionn e dans l ancien registre avec l indication du nouveau num ro de commerce Quand un commerce n avait pas t vendu et que nous avons trouv mention de cette r inscription nous avons consid r qu elle avait t effectu e par le propri taire d avant guerre et donc que le bien tait rest en sa possession De m me quel qu ait t le sort du bien sous l Occupation nous avons consid r que toute mention d une modification effectu e par le spoli ou un membre de sa famille changement d adresse d objet etc partir de la Lib ration t moignait que le bien tait encore ou nouveau en leur possession Dans le cas des soci t s par actions les administrateurs juifs ont t d mis de leur fonction sous l Occupation et leurs n
18. champ d exp rience historique a pour r f rence en mati re d inflation le d but des ann es 1980 o le taux annuel d inflation d passait 13 C est sans commune mesure avec l imm diat apr s guerre De 1943 1949 exclu jamais l inflation n a t inf rieure 25 par an et elle a d pass 50 trois ann es de suite 1946 1948 Au total entre 1944 et 1949 les prix ont t multipli s par 6 88 De ce fait la restitution a t tr s in gale suivant qu elle a port sur des biens r els qui n avaient pas subi de d valorisation un immeuble un fonds de commerce un bail ou sur des sommes d argent consign es la CDC ou d pos es chez un notaire Dans ce dernier cas une seconde in galit a t introduite par les d lais retrouver en sep tembre 1944 des fonds d pos s chez un notaire ou d consigner la m me somme la CDC en 1946 voire en 1947 est tr s diff rent La France tra verse une p riode o il n est plus exact de dire qu un franc est un franc si deux ans passent un franc ne vaut plus que 50 centimes voire moins Il y a l dans la r paration des pr judices un biais majeur qui affecte d ailleurs aussi bien les dommages de guerre que les restitutions ou les revenus des obligations fran aises qui chappaient la spoliation L tat a pris le parti de ne pas en tenir compte et il a calcul les int r ts motiv s par les retards de paiement au taux de 2 comme
19. commer ants et artisans fa onniers tailleurs couturiers fourreurs sou vent immigr s depuis la guerrede 1914 On rencontre certes en province quelques artisans ou petits commer ants juifs et l on en trouvera des exemples dans l annexe 2 Mais seul le tissu conomique et social de la capitale permettait la constitution de communaut s juives populaires importantes que leur importance m me a amen grandir parce qu elles offraient aux plus r cents immigr s une structure d accueil diversifi e et efficace Graphique 3 Nature des biens aryanis s par zones 70 60 H Textile 50 I non textile 40 Biens immobiliers 30 20 W Actions M Biens personnels et inconnus 10 0 Seine ZN ZS Total Ce qui frappe en zone Nord c est l importance des biens immo biliers 9 500 environ sur un peu moins de 14 500 biens aryaniser au total soit les deux tiers Mais il ne faut pas se m prendre il ne s agit pas toujours ici d immeubles de rapport ou de b timents industriels lou s des entreprises Les anciennes communaut s juives de l Est de la France taient implant es depuis longtemps et leurs membres poss daient des biens fonciers comme le reste de la population Dans la Haute Marne 79 des dossiers d aryanisation concernent des biens immobiliers il y a des parcelles de for t ou des pr s des terrains b tir des jardins c t de maisons lou es des particuliers p
20. compl ter le tirage initial Tableau 5 R partition des dossiers d aryanisation de trois d partements et de l chantillon Ille et Vilaine Haute Marne Vaucluse chantillon ZN chantillon ZS Nb Nb Nb Nb Nb Entreprises 41 48 42 20 56 56 141 41 90 73 Immobilier 35 41 162 79 29 29 188 55 23 19 Actifs financiers 5 6 0 4 4 1 0 3 2 Divers 4 5 2 0 11 11 10 3 7 18 Nombre total de dossiers sans 85 100 206 100 100 100 340 100 123 100 doublons Pour tenter de valider la repr sentativit par nature de biens de notre chantillon nous avons effectu des comptages syst matiques par 1 Les 7 strates g ographiques sont 1 Finist re C tes du Nord Morbihan Ille et Vilaine Loire Inf rieure Sarthe Maine et Loire Mayenne Manche Calvados Orne Eure Seine Inf rieure Seine et Oise Seine et Marne Nord Pas de Calais Somme Oise Aisne C te d Or Doubs Haute Sa ne Jura Ni vre Sa ne et Loire Territoire de Belfort Yonne Ardennes Aube Marne Haute Marne Meurthe et Moselle Meuse Vosges Cher Eure et Loir Indre et Loire Loir et Cher Loiret Deux S vres 2 Voir en annexe 3 le d tail des dossiers du tirage compl mentaire NA UE ND La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutels
21. compr hen sion historique pr alable comme une tape suppl mentaire elle ne surimpose pas une d marche historienne une argumentation en quelque sorte judiciaire La compr hension historique de la p riode elle m me se nourrit des exigences de l administration de la preuve Les innombrables investigations que nous avons conduites dans les sources les plus diverses taient indispensables pour commencer comprendre les fonctionnements administratifs et financiers de l poque mais aussi ses r seaux sociaux et ses mentalit s travers cette interrogation parti culi re c est une connaissance plus fine et plus intime de la soci t fran aise entre 1940 et 1948 qui s esquisse connaissance pr cis ment indispensable la compr hension de ce qui s est pass Le va et vient est La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al r ciproque et constant de l analyse pointue qui permet l administration de la preuve la compr hension plus globale qui fonde l interpr tation et sugg re o chercher les l ments de preuve Au vrai c est la trame m me de l histoire on ne peut faire l conomie du d tour apparemment minutieux et tatillon car c est lui qui tisse la compr hension par laquelle il prend sens Mais ces r flexi
22. compte des spoli s tous les produits des aryanisations qu ils conservaient dans leurs caisses Ce carton donne les d clarations de quelques notaires avec la liste des personnes et des biens concern s ainsi que le montant de la somme consign e Mais rien n indique que ces listes soient exhaustives et que tous les notaires les aient fournies Enfin le service des restitutions a tabli avec la collaboration du CDJC d innombrables listes de biens non revendiqu s qu il a transmises aux cours d Appel comme on l a vu Bon nombre de ces listes sont conserv es Nous fondions sur elles de gros espoirs qui se sont effon dr s quand nous avons constat quel point elles avaient t mal ta blies Elles comportent en effet comme biens non revendiqu s des biens pour lesquels le dossier contient une r ponse positive l une des circulaires Terroine La derni re s rie de dossiers des Archives nationales est celle de l Office des biens et int r ts priv s OBIP Nous la pr sente rons avec les fonds de consignation auxquels ces dossiers sont troite ment li s Les bottins du Centre de documentation juive contemporaine Le CDJC a r alis deux bottins de deux volumes chacun partir des parutions au Journal Officiel des nominations d administra teurs provisoires Le premier concerne les spoli s le second les admi nistrateurs provisoires L un et l autre sont pr sent s dans l ordre alphab tiqu
23. d un AP leur propri taire dont ils pensent qu il pourrait tre juif n ayant pas r gl s prime ou imp ts locaux La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al biens qui ont chapp la spoliation l auraient subie si la guerre avait dur plus longtemps Une analyse plus fine peut tre conduite selon les zones Dans la Seine en effet les ventes et liquidations atteignent une proportion tr s importante autour de 70 pour les biens dont l aryanisation a t engag e en 1940 41 Pour le premier semestre 1942 on tombe 40 et l on remonte ensuite autour de 60 pour atteindre un peu moins de 30 dans les aryanisations de la derni re ann e Dans le reste de la zone Nord les r sultats sont tr s inf rieurs sauf pour le premier semestre de 1940 ce qui s explique par l importance des biens immobiliers Enfin en zone Sud les rares aryanisations engag es avant la loi du 22 juillet 1941 visaient des personnalit s bien connues r fugi es de la capitale et elles ont t particuli rement suivies Par la suite les pourcentages de ventes et de liquidations ne se rapprochent des 50 que pour le premier semestre de 1942 et le premier semestre de 1943 Le r sultat final comme on l a d j signal est inf rieur pour les deux zones
24. de cr dits pour engager la num risation des ordonnances elles m mes 3 Ils sont conserv s les premiers sous la cote 221 79 2 article 51 les second sous la m me cote articles 52 56 4 Les parties pouvaient faire appel Les jugements d appel sont conserv s dans le m me fonds La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al auxquels ne sont pas jointes les pi ces que nous avons parfois retrouv es Paris Les ordonnances de r f r du tribunal de Commerce de la Seine n avaient pas t localis es quand nous avons commenc cetravail Nous les avons retrouv es en 1999 gr ce un ancien greffier et une archi viste dans trois caisses qui dormaient dans les caves du tribunal 1 quai de Corse Elles ont t vers es aux Archives de Paris o elles sont en cours d indexation mais nous avons pu les exploiter auparavant Reli s ou en liasses ces documents environ 2 000 sont pour l essentiel des jugements auxquels sont m l s des constats effectu s la demande du tribunal la diff rence des ordonnances du tribunal civil celles du tri bunal de Commerce sont de format standard et donc plus faciles consulter Les formules utilis es sont identiques de m me que les cons tats d huissiers Enfin on trouve dans d autre
25. des notables qui ont pris l administration de biens juifs comme l un des aspects de leur charge Mais face ceux qu ils venaient d pouiller et priver de leur gagne pain ils ont bien d ressentir que leur mission tait indigne il n est pas de victime sans bourreau comment ont ils accept l office du bourreau La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Le fait d agir conform ment aux lois dans un cadre administratif r gulier n est pas une explication suffisante L int r t est un motif puis sant et il est clair que certains administrateurs agissent par go t du lucre Mais ils ne sont pas la majorit L id ologie a aussi jou un r le et l on trouve parmi les AP des miliciens et des antis mites Mais il est des mili ciens qui les spoli s accordent leur quitus la Lib ration Nous avons m me rencontr un antis mite militant qui renonce aux fonctions d AP parce qu il juge s v rement ce qui se passe concr tement Les comporte ments quotidiens ne concordent pas toujours avec les partis pris id olo giques ou politiques Or ce sont les comportements quotidiens qui ont fait la r alit de la pers cution On touche ici un irr ductible parce qu ils rel vent de la libert de chacun les choix moraux c
26. du CGQJ pour la zone Nord le montant des versements mensuels des AP au CGQJ c est en moyenne 21 5 MF par mois de mars juin 1944 Si les AP conservent les fonds en moyenne 6 mois les sommes en jeu tournent autour de 125 MF Mais si la r tention dure un an en moyenne il faut doubler la somme La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Les points de comparaison font d faut qui permettraient de donner ces chiffres leur importance relative Pour l exercice 1942 les recettes du budget de l tat se sont lev es 80 195 MF Dans ce total les droits d enregistrement ont rapport 7 450 MF et les contributions direc tes 28 545 MF Si l on tient compte du fait que l aryanisation s est tendue sur trois ann es le produit de l aryanisation conomique a repr sent 1 25 du budget 1942 sans les ventes de titres et 2 1 avecelles Capi tales pour les victimes qu elles acculent parfois la mis re et dont elles r duisent consid rablement la capacit r sister la d portation les spoliations n ont pour l tat qu une importance financi re marginale Les flux financiers de la restitution Avant toute analyse une remarque pr alable s impose car elle est capitale nous sommes en p riode d inflation galopante Notre
27. e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Au terme de ces efforts toutes les incertitudes ne sont pas dissi p es et elles ne pouvaient pas l tre Nos conclusions sont assez claires sur les proc dures d aryanisation et de restitution sur l ampleur de l entreprise et sa signification quotidienne mais le lecteur ne refermera sans doute pas ce travail sans une certaine d ception Il lui sera peut tre difficile d admettre qu une enqu te men e pendant plus de deux ans sans m nager leur peine par toute une quipe d historiensprofessionnels partir des sources les plus diverses ne puisse restituer le destin de la totalit des biens tudi s et n aboutisse qu des approximations sur les questions proprement financi res Nous ne pouvons ici que reprendre les propos sur lesquels nous avions ouvert cet ouvrage l histoire est consentement au temps qui passe inexorablement Les t moins disparaissent les uns apr s les autres et les traces s estompent Or l histoire est connaissance par traces Impos sible aujourd hui d entreprendre l analyse de la restitution comme si nous tions en 1945 46 la documentation dont nous disposons malgr son abondance et sa diversit conserve des lacunes et des insuffisances auxquelles nul ne peut rem dier Nous nous posons surtout des questions qui n ont pas de r ponse Or ce sont les plus d cisives La question de
28. e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Dans l ensemble tr s riche des archives de la CDC plusieurs fonds taient susceptibles d clairer notre recherche commencer par les consignations juives de l ancien d partement de la Seine Ce fonds comprend des registres de consignation o sont en principe inscrites tou tes les consignations juives effectu es entre le 7 ao t 1941etle 17mars 1951 Ils comprennent environ 28 500 d clarations de consignation Une indexation informatis e facilite les recherches dans cette masse docu mentaire Les consignations elles m mes sont r parties en 18 000 dos siers individuels ils portent le nom du titulaire et un num ro de consignation celui de la premi re consignation qui justifie leur ouver ture d autres consignations peuvent s y ajouter ult rieurement Ils sont class s en deux fonds les consignations d chues dossiers qui pr sentaient un solde positif trente ans apr s la guerre et qui sont tomb s en d ch ance 76 cartons les consignations sold es dossiers enti rement sold s soit par le pr l vement pour l amende du milliard soit par restitution 156 cartons Les dossiers individuels contiennent les diff rentes d clarations de consignation Ces documents sont assez riches car ils indiquent outre le num ro de r f rence de la consignation quand il y en a plusieurs le nom du consignateur l
29. et de beaucoup ce qu il est dans la Seine 36 et 43 contre 66 Le graphique suivant r sume ces r sultats Graphique 7 Biens vendus ou liquid s selon la zone et la date de nomination du premier AP 100 80 60 40 20 0 I 1943 Totlal Ii 1940 I 1941 II 1941 I 1942 II 1942 II 1943 44 Inconnu On le voit la spoliation n a pas t un ph nom ne homog ne Elle a ob i trois s ries de facteurs distincts dont l imbrication lui a donn sa figure concr te la nature des biens les lieux et les moments Elle a t particuli rement intense et tendue d une part pour les biens du secteur textile et d autre part dans la Seine quand elle a t engag e tr s t t Les chances de lui chapper taient en revanche sensiblement plus fortes en zone Sud quand elle tait entreprise tardivement et quand elle portait sur des biens immobiliers Entre ces deux extr mes toute une La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al s rie de d grad s se rencontrent En privil giant le facteur temps la spoliation est consomm e moins d une fois sur trois quand elle est engag e apr s la mi 1943 sauf pour les entreprises textiles de la zone Nord Quand elle est engag e entre le 1 janvier 1942 et le 1
30. fond qui domine toute r flexion sur la p riode est de savoir comment le crime a pu tre possible D clin e dans le champ plus limit de notre tude cette ques tion ne perd rien de sa force et de son insistance comment la spoliation a t elle t possible Comment s est iltrouv des hommes et des femmes pour accepter parfois solliciter les fonctions d administrateur provi soire Comment s est il trouv des acqu reurs pour les biens juifs Comment et pourquoi la politique antis mite de Vichy a t elle t finale ment accept e et mise en oeuvre L habillage l gal de cette politique a certainement jou en l occurrence un grand r le Le vol devait prendre les apparences de la l galit comme l avaient bien compris les responsables du CGQJ qui attachaient tant d importance pr server les signes ext rieurs du respect du droit et de la correction financi re qu ils transgressaient pourtant sans vergogne Leur action reposait sur celle de milliers d ex cutants qu il ne fallait pas alerter par des malversations trop ouvertes des passe droits ou des proc dures sommaires Mais les administrateurs provisoires Certes il est des mes de pers cuteur et des rapaces pr ts fondre sur la proie Mais il y a aussi des g rants priv s d affaires par les circonstances qui ont tent de sauver leur cabinet et leurs employ s en orientant leur activit vers ce champ nouvellement ouvert Il y a aussi
31. important 34 si l on se r f re au d cou page administratif actuel Nous nous sommes donc content s de nous rendre dans les ceux qui comptaient le plus de biens de notre chantillon dont le sort restait inconnu Dans les autres d partements nous avons demand aux administrations concern es de nous renseigner et elles ont bien voulu conduire elles m mes les recherches n cessaires pour nous r pondre ce dont nous les remercions tr s vivement Les sources judiciaires L importance des restitutions judiciaires effectu es en applica tion de l ordonnance du 21 avril 1945 signalait une direction de recherche prioritaire Mais la situation est quelque peu diff rente pour les tribunaux civils et pour les tribunaux de commerce Plusieurs chambres du tribunal civil de la Seine consacr rent des sessions enti res de mai 1945 1949 statuer sur des affaires de spoliation Ces ordonnances de r f r sont class es part chronologi quement aux Archives de Paris et de la Seine Apr s cette premi re 1 Alpes Maritimes C te d Or Gironde Meurthe et Moselle Loire Atlantique Pas de Calais Rh ne La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al vague de jugements d autres furent rendus de 1950 1976 Un index nominatif 2 achev ces d
32. l ancienne zone sud Ces deux dossiers lorsqu ils existent l un et l autre ce qui n est pas toujours le cas sont suivant les cas le double ou le compl ment l un de l autre selon que les copies de la correspon dance chang e entre l administrateur provisoire et l chelon local direction r gionale ou Pr fecture ont t ou non en tota lit ou en partie transmises au Service central de l ex Commis sariat G n ral aux questions juives Le service des restitutions a regroup ces dossiers sans toutefois les confondre avec ceux qu il d tenait d j Pourune m me affaire nous disposons donc souvent d un dossier de la DAE et d un dossier de la pr fecture en zone Nord ou de la Direction r gionale DR en zone Sud mais le d compte dont nous disposions au moment du tirage ignorait la diversit des classements et leurs particularit s Le sondage initial a donc t effectu partir d une base sommaire o seule la variable g o graphique tait prise en compte On trouvera en annexe 3 la liste des dossiers composant ce tirage initial 1 Cf supra p 14 n 11 2 Minute d une lettre non dat e mais r f renc e 3 190 sans doute fin octobre 1945 du contr leur g n ral au directeur des Affaires civiles AJ 6250 3 En zone Nord il existe un classement par d partement avec sous classement DAE et pr fecture sauf pour le Finist re la Mayenne la Ni vre la Sarthe la Seine et
33. les notaires une comptabilit interne au CGQJ fournit le chiffre de 1 303 millions au 30 juin 1944 mais par critique interne on peut conclure que ce chiffre ne concerne que les notaires de la zone Nord l exclusion de leurs confr res de la zone Sud Pour la CDC les chiffres dont nous dis posons englobent le produit des pr l vements sur les comptes courants et les ventes de titres par les Domaines Pour calculer le produit de l arya nisation des entreprises et des immeubles il faut donc soustraire de la comptabilit de la CDC le produit des deux autres proc dures et pour cela d abord tablir l tat des sommes consign es la CDC au moment de la Lib ration Tableau 12 Comptes de la CDC la Lib ration donn es janvier 2000 Compte 501 Compte 511 Total Seine 2 374 462 245 144 498 379 2 518 960 624 Seine hors registre 59 000 000 59 000 000 Zone Nord 465 475 203 51 719 467 517 194 670 Zone Sud 109 149 615 48 275 382 157 424 997 Total 3 008 087 063 244 493 228 3 252 580 291 1 Circulaire de la DAE de Vichy Pimpaneau 12 octobre 1943 ibid 2 Le reversement de 50 des honoraires au del du 6 mois visait d abord p naliser les AP qui prolongeaient artificiellement leur mission C est parce que la mesure s av ra inefficace que le syst me du forfait leur fut appliqu 3 Cf supra p 44 et P Verheyde op cit annexe 32 d apr s AJ 608 La documentation Fran aise Aryani
34. les spoli s En zone Nord et dans la Seine il en va autrement Dans la Seine les autorit s d occupa tion et le CGQJ ont men une action plus pr coce et plus vigoureuse que dans les d partements de zone occup e De ce fait la spoliation d fini tive a t particuli rement forte et la r int gration limit e par l ampleur des liquidations Inversement l action du service des restitutions y a t tardive mais vigoureuse Les d partements de zone Nord ont moins Graphique 8 Restitutions selon la zone 100 WA Lo 90 Pas de restitution 80 70 60 E Restitution x inconnue pas de 50 trace de rev zati 40 evendication Restitution W 30 inconnue mais 20 revendication 10 r ia I Restitution ou 0 acceptation de la vente Seine ZN ZS Total 1 Les r sultats de l tude exhaustive des dossiers du Vaucluse confirment que notre chiffrage ne sur value pas les restitutions en zone Sud Les 134 biens sous AP de ce d partement se r partissent en 55 immeubles 41 59 entreprises 44 galement r parties entre secteur textile et non textile 15 biens personnels 11 et 5 portefeuilles 4 Sur ces 134 biens 109 81 font retour leur propri taire 6 sont revendiqu s sans qu on sache s ils ont t galement restitu s et nous n avons trace de restitution ni de revendication dans 4 cas seulement La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d t
35. oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al NPAI n habite plus l adresse indiqu e Si une r ponse positive l une de ces circulaires constitue une preuve de restitution ou parfois seulement de revendication il faut se garder d interpr ter son absence ou un retour l exp diteur comme une preuve de non restitution en effet certaines r ponses n ont pas t class es dans les dossiers et cer tains des destinataires r int gr s dans leurs droits n ont pas r pondu ou n ont pu tre touch s Des r c piss s de consultation figurent galement dans certains dossiers prouvant qu ils ont t communiqu s au minist re de la Reconstruction et de l Urbanisme MRU pour une proc dure de dommages de guerre ou aux instances qui ont mis en oeuvre en France la loi allemande dite loi Br g Parfois il s agit d une simple mention manus crite sur la couverture de la chemise C est galement sur celle ci qu est indiqu e au crayon soit la mention R ou BR bien revendiqu soit la mention NR ou BNR bien non revendiqu qui constituent des pr somptions s rieuses mais seulement des pr somptions sur le sort du bien Enfin dans quelques dossiers on est intrigu par des enveloppes confidentielles cachet es attach es par un trombone l int rieur de la chemise elles contiennent une simple feuille de chiffres et de calculs au crayon Grimoire d abord ni
36. oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al vacation unique mais elle maintient les pr l vements qu elle demande de virer sur un compte bancaire bloqu de telle sorte que l AP puisse ex cuter sans retard les ordres de perception d moluments et de verse ment au compte 511 On comprend mieux dans ces conditions l importance du blocage des comptes des AP la Lib ration par les servi ces s questres de l ex CGQJ Il est clair que le CGQJ a utilis les AP pour puiser directement dans la caisse des entreprises aryanis es Certes ces pratiques ont vis essentiellement la zone Sud mais elles sont l ori gine de flux financiers importants Les comptes du produit de la spoliation la Lib ration doivent donc comprendre trois postes les sommes parvenues la CDC quelle que soit leur origine pr l vement sur les comptes bancaires ventes de titres produits de l aryanisation les sommes d tenues par les notaires et les sommes encore aux mains des AP Pour approcher le montant de la spoliation il faut ajouter au produit les frais de r gie des Domaines les frais et honoraires des AP et les sommes vers es la Treuhand ou la Reichskreditkasse biens des sujets ennemis ou Allemands Plusieurs difficult s se pr sentent Nous ignorons les sommes d tenues par les AP la Lib ration Il y a l une lacune majeure qu aucune indication ne nous permet de surmonter En ce qui concerne
37. pour tous les biens qui n apparaissaient pas restitu s au terme du premier examen Nous avons ensuite men sur place des investigations dans les registres du Commerce et des M tiers et dans quelques autres fonds Pour le Vau cluse nous avons constitu une nouvelle base de donn es partir des dossiers du CGQJ selon la m me grille de saisie g n rale que pour la Seine Nous nous sommes ensuite rendus en Avignon pour exploiter les diff rentes sources d crites ci dessus 1 Des recherches compl mentaires ont t men es par les archivistes du centre de Caen sur leurs propres fonds 2 Microfilm s ils sont consultables au CARAN sous la cote F 5605 5788 3 Ce CD Rom n est communicable qu certains destinataires d sign s par le d cret du 23 d cembre 1997 portant application des dispositions de l article 31 de la loi n 78 17 du 6 janvier 1978 La liste est plus compl te que celle qui figure dans le CD Rom disponible dans le commerce L histoire de la Shoah De la pers cution l extermination des Juifs d Europe 4 Le m moire de ma trise de Julien Ducastelle d j cit Nous remercions tr s vivement J Ducastelle pour sa contribution notre recherche La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al La base de donn es
38. priv s dont on ignore la date d enregistre ment compte tenu de leur quantit les parcourir tous pour rep rer ceux relatifs des restitutions tait impossible Quant aux actes notari s il valait mieux les voir eux m mes plut t que la simple mention de leur enregistrement le Conseil sup rieur du notariat menant ses propres recherches sur la spoliation en collaboration avec la Mission nous lui avons transmis les demandes d informations compl mentaires n cessaires Les baux commerciaux enfin peuvent tre utiles titre de v rification pour une affaire particuli re si l on sait quelle date ils ont t sign s Le service des Domaines assurait l administration provisoire des portefeuilles de titres qui restaient physiquement chez les agents de change et les tablissements financiers Comme le prouvent des docu ments retrouv s dans les archives du minist re des Finances la compta bilit de cette gestion provisoire a t tenue par le 3 bureau de la 1 Fichier que nous n avons vu que dans le Vaucluse et uniquement pour une partie du d partement La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al direction des Domaines de la Seine qui a ex cut les op rations compta bles tenu un compte sommaire par patrimoine administr et t
39. registre n indique pas la fonction du b n ficiaire quand il ne s agit pas du spoli lui m me Si Pon ajoute que ces registres n ont pas encore fait l objet d une indexation informatis e et qu il serait possible selon la CDC que dans certains d partements des registres sp cifiques non encore retrouv s aient t ouverts on voit qu il ne faut pas placer d espoirs excessifs dans cette source ce qu elle nous apprend est solide et elle apprend beaucoup mais elle laisse subsister des lacunes dont ampleur reste probl matique En 1948 une enqu te aupr s de toutes les tr soreries g n rales a t effectu e Pour permettre l tat de liquider les indemnit s dues aux spoli s il leur tait demand un tat complet des consignations jui ves et surtout des pr l vements Les r sultats de cette enqu te ont fait Pobjet d une informatisation qui permet une recherche plus facile qu partir des registres d autant que les consignations juives y sont en principe estampill es comme telles En outre cette enqu te mentionne parfois le bien concern et les pr l vements effectu s par le CGQJ Mal heureusement cette enqu te n est pas exhaustive car les vingt sept pre miers d partements font d faut Le groupe de travail de la CDC a effectu pour nous et plu sieurs fois au fur et mesure de l am lioration de ses outils informati ques une recherche pour chaque individu de no
40. rien entrepris C est peut tre qu ils ont renonc devant les formalit s administratives effectuer voire les contentieux ouvrir ont pu jouer ici l accablement la fatigue et le d sir de ne plus entendre parler de cette p riode maudite le manque de moyens financiers pour prendre un avocat ou le simple constat de la minceur des enjeux Pour un artisan en confection qui a retrouv un logement et obtenu d une association d aide la machine coudre la table et le fer repasser indispensables pour reprendre son activit quel sens y avait il tenter de revenir sur une liquidation o la vente de son mat riel n avait pas permis de payer totalement ses dettes d alors Du moment qu il retrouvait sans difficult une inscription au registre du Commerce quoi bon revendiquer un bien qui n existe plus L important c est de refaire sa vie et les comptes du pass dans de tels cas ne pouvaient gu re y aider 1 Revendication possible par le spoli lui m me de retour de d portation AJ 1703 11246 par sa femme 1722 32547 2876 15235 par ses enfants 1487 8616 8687 1797 18384 1866 15408 16223 16224 par ses parents 1866 15099 par une ni ce 1866 15203 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Un chiffrage p
41. rieure 24 2 51 6 0 8 40 193 124 Seine et Oise 7 1 69 6 1 8 25 19 0 2 073 Seine et Marne 9 5 74 3 0 9 29 12 3 440 Yonne 34 9 35 9 8 7 48 15 5 103 Zone Sud Alpes Maritimes 40 5 17 2 97 18 1 14 5 791 Bouches du Rh ne 41 9 12 5 43 16 1 24 1 842 Haute Garonne 47 1 10 9 3 9 196 18 6 414 Haute Vienne 67 1 6 5 2 0 17 9 201 Is re 37 5 23 5 14 7 5 9 18 4 136 Lot et Garonne 40 7 13 9 16 7 8 3 20 4 108 Ces v rifications effectu es corroborent la repr sentation de type de biens de l chantillon aussi bien en zone Nord qu en zone Sud L chantillon d finitif Au terme de ces tirages notre chantillon comprend 899 dos siers soit 1 198 personnes consid r es comme juives et 1 021 biens Sa composition d taill e est donn e en annexe 3 la fin du volume La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Tableau 7 Structure de l chantillon Dossiers Biens Propri taires Seine 435 445 572 Zone Nord 341 402 413 Zone Sud 123 177 213 Total 899 1 021 1 198 Note les totaux pr c d s du signe ne sont pas gaux la somme des biens ou des propri tai res par zone 2 personnes apparaissent pour diff rents biens dans plusieurs zones 3 entreprises
42. rubrique des entreprises textiles amalgame des petits artisans tail leurs ou fourreurs des usines de tissage ou des soci t s qui vendent l tranger des articles de mode mais les renseignements n cessaires Graphique 2 Nature des biens aryanis s par zones nombre 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 Seine ZN ZS Total B Texile I Non textile Biens immobiliers M Actions Biens personnels et inconnus 1 81 d artisans ou d entreprises particuli res dans le textile de la Seine d apr s notre chantillon La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al manquaient pour tablir cette classification Ces contraintes comman dent l interpr tation de nos r sultats D embl e appara t le poids impressionnant des entreprises tex tiles dans la Seine 13 500 contre un peu plus de 4 000 en zone Sudetun peu moins de 3000 en zone Nord Naturellement cette importance s explique par le fait que la Seine regroupe elle seule pr s de 60 des proc dures d aryanisation mais la diff rence g ographique subsiste m me si l on raisonne sur des pourcentages comme le montre le gra phique suivant On retrouve ici videmment l importance consid rable Paris de cette population si bien tudi e par J Laloum de petits artisans
43. sont d cisives Puisqu il s agissait de singularit s nous avons donc d cid de revenir aux dossiers et de r examiner un par un tous ceux pour lesquels La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al nous n avions pas trace de revendication l exception toutefois des dos siers de portefeuilles titres administr s par les Domaines carton 2760 de l chantillon 99 dossiers que leur pauvret rendait inutile d ouvrir Notre objectif tait de tenter d valuer la valeur de chaque bien partir des indications disparates qui figurent dans les dossiers tant t un chiffre d affaires tant t un b n fice parfois fix forfaitairement par le fisc tant t un prix de vente ou un solde de liquidation Tr s vite il est apparu que l indicateur de la valeur des biens le plus fr quent dans les dossiers est le bordereau de r mun ration des administrateurs provisoires En effet la r mun ration est propos e au CGQJ et elle n est vers e ou si AP l a pr lev e sur la tr sorerie de l entreprise elle n est r gularis e et int gr e dans les comptes que par une d cision expresse du CGQJ qui figure presque toujours au dossier Or cette r mun ration est strictement encadr e par l arr t du 6 octobre 1941 Assur ment certains adm
44. une seule et m me proc dure La diff rence surprenante pour ne pas dire inqui tante qui appara t dans le tableau 3 ci dessus entre l estima tion du nombre de dossiers pour la zone Nord au 30 juin 1944 par le CGQJ 11 157 et les autres valuations plus de 16 500 trouve ici son explication le CGQJ d nombre des proc dures engag es les autres va luations portent sur le nombre de dossiers au sens mat riel physique du terme Il est possible que les deux valuations soient exactes simultan ment De m me il est s r que le nombre de proc dures d aryanisation engag es en zone Sud est tr s inf rieur aux 13000 dossiers recens s et certainement sup rieur la moiti de ce chiffre 6 500 Mais le r sultat le plus certain est que personne ne peut dire sans une investigation appro fondie combien il y a eu d aryanisations dans un d partement de province Apr s comptage des doublons il nous para t maintenant pos sible et c est l un des premiers r sultats de la recherche de proposer une estimation relativement fine du nombre de proc dures d aryanisation effectivement engag es 3 dans l ensemble de la France m tropolitaine l exclusion de l Alsace et de la Moselle Tableau 4 Nombre total de proc dures d aryanisation engag es Estimation Estimation du Nombre Inventaire Indexation du nombre total nombre de dossiers de proc dures de dossiers en AJ sans doublons d aryanisation Seine 31 817
45. vements pour l UGIF et de ceux pour le CGQJ atteindraient 995 8 MF en capital mais il est pr cis que cette estimation est incompl te car une partie des sommes ressortissant en fait le UGIF Milliard ou au CGQJ est incluse dans la cat gorie divers 3 dont le montant s l ve 1310 MF Sans les divers l estimation des remboursements au titre de la loi de 1948 repr senterait 1 131 6 MFt ce qui donne un cart de 300 MF entre les deux estimations Cette diff rence r sulte t elle de la comptabilisation de remboursements CGQJ ou milliard dans la rubrique divers C est possible mais inv rifiable et intuitivement peu probable l cart est trop grand De fa on arbitraire pour proposer une valuation basse nous proposons de retenir au titre des rembourse ments inclus dans les divers la moiti de cet cart seulement soit 150 MF ce qui repr sente un peu plus de 11 de l ensemble des divers et conduit une estimation totale de l ordre de 1 280 MF Ces l ments ne permettent pas d tablir un compte d finitif de la restitution Trop d incertitudes subsistent sur des chiffres qui sont encore 1 AJ 5988 cit par l tude du minist re de l conomie des Finances et de l Industrie d j cit e dirig e par Anne Th r se Nguyen Il s agit d une introduction au CD rom consacr aux dossiers de la loi de 1948 2 Loc cit p 14 Les dossiers retro
46. viennent les biens immobiliers avec une l g re diff rence entre la zone Sud et la zone Nord puis les entreprises non textiles avec une diff rence plus marqu e entre les deux zones la Seine atteignant dans ce secteur un niveau sup rieur aux autres d partements de la zone Nord et enfin les entreprises textiles avec des r sultats tr s inf rieurs pour ces m mes d partements Assur ment l exactitude apparente des chiffres ne doit pas faire illusion ces r sultats reposent sur des chantillons et si celui de la Seine La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al semble fiable il convient d tre plus prudent sur ceux de province Cependant les conclusions sont si conformes tout ce que nous savons par ailleurs qu elles m ritent au moins d tre prises en consid ration comme une premi re valuation Les risques d erreur sont d ailleurs in gaux une tude plus pouss e conduirait sans doute relever de quel ques points les proportions de biens revendiqu s en province car les difficult s d acc s aux archives ne nous ont pas toujours permis une investigation aussi pouss e qu Paris D autre part un des secteurs pour lequel le taux de spoliation r manente semble le plus fort est les actions plac es sous administra
47. 13 028 Total 62410 58 759 59 421 L estimation du CGQJ est celle au 30 juin 1944 d j donn e dans le tableau 1 elle a t publi e notamment par J Billig et P Verheyde Il faut se r signer l vidence nous ignorons le nombre exact de dossiers d aryanisation Passons sur les dossiers gar s comme il y en a toujours dans toutes les administrations du monde ou sur ceux qui ont t reclass s par m garde l int rieur d un autre dossier Passons sur les erreurs mat rielles de comptage dont seuls s tonneront ceux qui n ont jamais entrepris le d nombrement pr cis d un ensemble un peu impor tant Nous nous heurtons ici une difficult plus radicale le fait que sous le m me num ro on trouve parfois deux parfois trois dossiers et qu inversement il arrive qu un dossier trop pais se poursuive avec un 1 J Billig n a pas exploit les dossiers individuels d aryanisation et les monographies d j cit es de J Laloum P Verheyde et J Ducastelle ont port sur des secteurs conomiques ou des zones g ographiques pr cises sans viser une repr sentativit d ensemble La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al nouveau num ro Au demeurant les ordres de grandeur sont proches pour la Seine du moins Le
48. 7 0 Restitution inconnue K 20 7 23 0 13 0 19 7 pas de trace de revendication Pas de restitution 4 3 1 3 2 2 3 1 Total 100 0 100 0 100 0 100 0 1 Cf supra p 104 l explication de cet intervalle de confiance La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al C est le premier r sultat de notre recherche et sans doute le principal Il fixe un ordre de grandeur vraisemblable plus des deux tiers des biens au moins et probablement les trois quarts ont fait retour leur propri taire l gitime Il faudra nous interroger videmment sur la nature de la spoliation r manente mais pour ne pas courir le risque de se m prendre sur sa nature il convient d abord d examiner les facteurs qui d terminent la restitution Les facteurs de la restitution Tout d abord la restitution est in gale suivant les zones Elle progresse sensiblement de Paris la zone Sud Celle ci se caract rise par une spoliation r manente particuli rement faible de l ordre de 17 contre un quart dans la Seine et la zone Nord C est qu ont jou deux fac teurs essentiels d une part le caract re plus tardif de l aryanisation clans cette zone d autre part l action vigoureuse engag e la Lib ration pour faire rendre compte aux AP et r int grer
49. Chapitre 3 Sources et m thodes de l enqu te La question est simple la spoliation a t elle t r par e par les mesures de restitution Ou plus exactement dans quelle proportion l a t elle t Personne ne nie la r alit d un grand nombre de restitutions et la R publique restaur e s est employ e un peu tard sans doute et avec les contraintes qu imposait le respect des formes juridiques faire rendre aux spoli s les biens dont ils avaient t d poss d s Mais jusqu quel point y est elle parvenue La question est en somme d valuer l ampleurde ce que nous appellerons d sormais la spoliation r manente celle qui subsiste d finitivement en d pit des politiques officielles et des diligences administratives ou judiciaires Il s agit donc soixante ans apr s les faits de reconstituer le sort des biens sous l Occupation et apr s la Lib ration T che immense d autant que le sort des biens est indissociable de celui des personnes Impossible en effet de constater qu un bien n a t r clam par per sonne sans se demander aussit t si son propri taire n a pas t extermin avec toute sa famille Spoliation et d portation sont trop troitement li es pour qu on puisse analyser l une sans s interroger sur l autre L enqu te sur les biens est donc aussi une enqu te sur les personnes Comme toute enqu te vaut ce que vaut sa m thode on nous pardonnera de pr senter de f
50. J 2 Elles sont mentionn es dans le m me dossier sous un autre num ro mais les fiches les concernant mentionnent toujours le num ro de la premi re consignation La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Le cas des consignations de province est un peu diff rent La CDC ne d tient plus les d clarations de consignation des tr soreries g n rales de province mais seulement les registres de consignation Ces registres ont t mis la disposition des chercheurs de la CDC les rele v s mensuels des 363 arrondissements de la CDC y sont retranscrits Pour la p riode 1941 1955 873 registres sont disponibles En principe ces registres contiennent l essentiel des informa tions qui nous int ressent l exception de la nature du bien nom du consignateur num ro de consignation date et montant de la consigna tion Le nom du titulaire du compte est estampill juif s il s agit d une consignation juive et la mention est faite d une ventuelle restitution avec le calcul des int r ts d s Mais toutes les consignations juives n ont pas t d sign es comme telles ce qui oblige examiner l ensemble des dossiers Les pr l vements ventuels au b n fice du CGQJ ne sont pas signal s En cas de restitution le
51. Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Bonvallet quelques autres dans les archives du minist re de la Justice En outre la plupart des dossiers d administrateurs provisoires trangers sont vides ou absents Ferdinand Niedermeyer juriste qui administra la plupart des entreprises appartenant des ressortissants allemands emporta avec lui ses archives outre Rhin La Mission a r ussi localiser ces documents Berlin et en exploiter les comptes rendus de gestion Enfin la proportion de non r ponses la circulaire adress e aux spoli s de 1946 y compris les retours l exp diteur reste largement sup rieure celles des r ponses En r ponse la circulaire Terroine certains spoli s indiquent parfois qu il ne s est rien pass Cette information est pour le moins inad quate car la simple nomination d un administrateur provisoire tait un acte potentiellement mena ant mais elle signifie sans ambigu t que le spoli ou ses ayants droit sont la date de leur r ponse en possession de leur bien Mais sous la plume d un administrateur provisoire dans une liste d administr s fournie en r ponse une circulaire Terroine elle signifie que celui ci n a pas entam la proc dure d aryanisation en tout cas qu il n a pas r ussi la mener son terme En toute rigueur elle ne prouve pas que le propri taire ou ses ayants droit ont r cup r le
52. Oise et la Seine et Marne et un sous classement R et NR Nous avons en plus pour quatorze d partements Eure Indre et Loire Maine et Loire Manche Marne Haute Marne Meurthe et Moselle Morbihan Orne Haute Sa ne Sa ne et Loire Seine Inf rieure Seine et Oise Seine et Marne une distinction par type de biens entreprises ou immeubles En zone Sud il existe un classement par type de dossiers DAE ou DR avec un sous classement par d partement pour les r gions de Toulouse et de Limoges La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Pour la Seine le tirage al atoire balaie les diff rentes cat gories de biens Pour les zones Nord et Sud un simple tirage syst matique a t effectu partir d un point de d part al atoire une s lection par pas d amplitude gale un carton tir tous les n cartons Le taux de sondage global est de l ordre de 1 3 Cependant compte tenu de la richesse du plan de classement de la Seine on a l g rement sous chantillonn cette zone par rapport au deux autres pour lesquelles la connaissance du fonds et particuli rement des biens concern s tait minime Il va de soi que lorsque nous pr sentons des statistiques pour l ensemble des dos siers nous pond rons les chiffres pour tenir compte de l importanc
53. ZS Actions 75 Ensemble Cette conclusion n puise pourtant pas notre interrogation La t che confi e la Mission par le Premier ministre comportait aussi un aspect comptable on lui demandait d valuer les sommes qui pourraient demeurer dans les caisses de l tat des banques et institutions financi res ou dans le patrimoine des particuliers Quelle est la valeur de ce quart de biens spoli s dont nous ne pouvons ni affirmer ni m me pr su mer la restitution L interrogation historienne convergeait avec le souci gouvernemental pourquoi un quart des biens n a t il pas t restitu D s 1945 figurait au centre de l interrogation l impact du g nocide et l on pensait g n ralement que les biens non revendiqu s taient ceux de familles enti rement d cim es Mais d autres l ments ont pu jouer qu il faudrait discerner Nouvelles questions qui relancent l tude Spoliation r manente d portation et milieux sociaux Probl mes de m thode ce stade de l enqu te l approche quantitative et statistique est manifestement impossible et inad quate Impossible car elle supposerait que notre base de donn es contienne pour tous les biens et toutes les personnes les informations que nous recherchons ce qui n est pas le cas et de loin Inad quate parce qu elle ne rend jamais compte des sin gularit s v cues et que dans le domaine o nous portons notre regard ces particularit s
54. a on pr cise et exhaustive comment nous avons conduit celle ci L analyse exhaustive d un chantillon repr sentatif Pourquoi un travail sur chantillon Aucun mode d emploi n existe pour l tude d une affaire de spoliation Ce n est qu en ouvrant les chemises les fichiers les registres que nous avons d couvert la nature des informations qu ils pouvaient apporter Plusieurs fonds n avaient pas t consult s depuis la Lib ration d autres qu on croyait perdus furent red couverts l occasion de nos recherches mais des archives sur lesquelles on tait en droit de compter La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al ont t d truites ou ne sont toujours pas localis es L un des apports de la Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France consiste pr cis ment avoir r activ les diverses sources qui permettent d clairer la spoliation La connaissance des m canismes de la spoliation fournit un point de d part pour l tude Chaque proc dure d aryanisation entra nait louverture d un dossier par les services du CGQJ Ces dossiers ont t utilis s par le Service des restitutions des biens des victimes des lois et mesures de spoliation la Lib ration puis vers s aux Archives nationales
55. a nature du bien spoli les sommes consign es sur le compte du spoli compte 501 celles consign es sur le compte du CGQJ compte 511 l identit du titulaire du compte avec son adresse et parfois sa date de naissance Les diverses correspondances relatives la restitution figurent le cas ch ant dans ces dossiers avec le calcul des int r ts dus le double des calculs qui ont permis d tablir les montants rembourser apr s la loi du 16 avril 1948 par l interm diaire de l OBFP pour l amende du milliard et les pr l vements du CGQJ En cas de non restitution par l OBIP les feuilles originales se trouvent galement dans le dossier En cas de restitution la chemise est tamponn e avec mention des sommes restitu es L ensemble des mouvements effectu s sur la consignation date somme destination tant pour l amende du milliard que pour des r glements autoris s ou pour la restitution sont r sum s sur la chemise Tous les dossiers ne pr sentent pourtant pas ces pr cisions Quand il s agit d une consignation pour vente de titres et valeurs mobi li res le d tail des titres vendus ne figure pas mais seulement cette mention ainsi que l identit du consignateur souvent les Domaines et celle de l tablissement d positaire du portefeuille avec son adresse Le seul cas o la nature des titres soit indiqu e est celui des actions Suez directement vendues la CDC elle m me 1 Fonds 3B
56. a surmont plus d une r sis tance Si donc nous trouvons bien peu de biens d une grande valeur parmi ceux dont la spoliation semble d finitive c est qu il s est produit apr s la Lib ration des distorsions ou des in galit s de traitement dont nous devons chercher les raisons Pourquoi certains biens n ont ils pas t revendiqu s On pense bien videmment aussit t aux effets de la d porta tion Aucun membre des familles extermin es par le g nocide n tait pr sent apr s la guerre pour revendiquer les biens spoli s Pr server les droits des d port s tait d j l obsession de Terroine et l explication semble s imposer au point d en rendre la v rification superflue Nous ne l avons cependant pas pens et nous avons cherch tablir le lien entre spoliation et d portation dans un double sens la spoliation conduit elle r guli rement la d portation et la d portation explique t elle la non restitution 1 Nous avons par prudence consid r ici que toutes les r mun rations d cid es avaient t effectu es ce qui est manifestement faux en raison de la date tardive de beaucoup d entre elles mais est sans inconv nient pour notre raisonnement qui concerne la valeur des biens non l enrichissement des AP La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r d
57. abli les bordereaux de consignation pas moins de 10 000 par an Un service a t cr pour tablir les comptes d apr s les relev s de banque et il a fonctionn partir du 1 avril 1944 Enfin un fichier a t constitu par valeur mobili re pour faire ressortir par nature de valeurs le nombre des titres plac s sous administration provisoire le nombre des titres ven dus et celui des titres restant vendre Ce fichier tait termin la fin de la guerre Un sommier de consistance a t tabli D autre part il devait exister pour chaque dossier les ordres de cession d actions transmis au d positaire du compte les bordereaux de pr l vements de frais de r gie et lors de la lev e du s questre la Lib ration le proc s verbal cosign par le directeur des Domaines et l int ress Malheureusement toutes ces pi ces restent introuvables pour les portefeuilles de l chantillon de la Seine Nous avons pu contourner partiellement cette carence gr ce aux sources mentionn es plus haut CDC successions OBIP etc et en faisant mener des recherches au niveau des compagnies d agents de change et des agences bancaires d positaires des titres Mais quand on songe que les ventes de titres ont produit 1915 millions et que ce poste est en valeur le plus important de l aryanisation conomique on ne peut que d plorer que cette adminis tration qui a per u 2 du montant de ces ventes titre de
58. alis en raison de sa mauvaise foi pr sum e ordonnance du 21 avril 1945 et qui ne semblent pas avoir t pr lev s l acqu reur vinc n a pu tre rembours de la totalit de ce qu il avait pay pour acheter le bien 1 Fichier alphab tique AJ 5989 6021 dossiers AJ 6022 6131 Le minist re des Finances a fait saisir par informatique l ensemble de ces dossiers d sormais consultables par CD ROM L op ration n tant pas termin e lorsque nous avons effectu nos recherches nous avons travaill directement sur les dossiers Ceux qui concernent des spoli s de province nous avons pour ceux ci pu utiliser la base de donn es des Finances sont en tous points similaires ceux de la Seine et class s dans le m me fonds 2 Dans un certain nombre de cas notamment au cours des premiers mois qui ont suivi la Lib ration les administrateurs provisoires ont rembours aux spoli s leurs honoraires et parfois m me le versement la Treuband Seul restait en cause le pr l vement de 10 pour le compte du CGQJ mais alors que les honoraires et le versement la Treuband intervenaient au cours de la proc dure le pr l vement de 10 intervenait sa fin si bien qu il n a pas toujours eu lieu La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky
59. ant de d penses qui n auraient jamais d avoir lieu C est pourquoi la loi du 16 juin 1948 qui organisa le remboursement par l tat des sommes pr lev es en 1942 pour payer aux Allemands l amende du milliard mit galement sa charge le remboursement aux spoli s des autres sommes pr lev es sur les biens aryanis s et elle confia la liquidation de ces dettes La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al l OBIP qui avait t initialement charg de traiter la question du mobi lier retrouv en Allemagne apr s la guerre Dans ces conditions il est clair que les remboursements aux spoli s par l OBIP constituent un indice fort de restitution du bien On imagine mal qu un spoli ait demand ces remboursements relativement accessoires et qu il n ait pas revendiqu l essentiel le bien lui m me Consulter les dossiers de l OBIP s imposait donc Ils sont conserv s aux Archives nationales et sont fort riches Ils comprennent en effet avec la demande de remboursement remplie en quatre exemplaires par le spoli ses ayants droit ou un acqu reur subrog la r ponse des Domaines celle de la CDC qui est consult e puisqu il s agit notamment des pr l vements consign s au compte 511 la d cision finale de l OBIP et l accu
60. ant les portefeuilles titres d en trouver une vingtaine Des consignations suppl mentaires ont pu tre trouv es dans la Seine pour des personnes de l chantil lon de province qui avaient un domicile parisien Les comptes des notaires pourraient s av rer int ressants Chaque notaire est titulaire d un seul compte de d p ts obligatoires la CDC Ce compte fonctionne sous le contr le de la chambre d partemen tale des notaires et est ouvert la direction g n rale ou chez un pr pos de la CDC Pour chaque versement effectu le notaire mentionne la chambre d partementale des notaires la ou les affaires qui donnent lieu celui ci La CDC reste donc compl tement ignorante des motifs du d p t elle n a mention que de la date du versement et de la somme L exploitation de ce fonds appara t extr mement difficile dans le cadre de notre recherche puisque nom ou raison sociale n apparaissent pas nous l avons donc n glig L Office des biens et int r ts priv s OBIP La restitution d un bien m me accompagn e comme le voulait l ordonnance du 21 avril 1945 de la restitution des fruits du bien pendant la p riode dont le spoli en avait t priv n annulait pas toutes les cons quences de la spoliation En effet les honoraires pr lev s par les administrateurs provisoires les versements effectu s par eux la Treu hand les pr l vements au b n fice du CGQJ et de l UGIF repr sentaient aut
61. arfois modestes Ailleurs sur la 1 Les sources des graphiques sont constitu es par les tableaux donn s en annexe 8 que nous n avons pas int gr s au texte pour ne pas en alourdir la lecture La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al c te normande ou bretonne il s agit de r sidences secondaires d t en Sologne de chasses Rouen une cit ouvri re se d compose en une quinzaine de propri t s fonci res distinctes En zone Sud la moindre implantation des communaut s juives et leur caract re plus citadin explique la moindre importance des biens immobiliers dans les proc du res d aryanisation ils quilibrent peu de choses pr s les entreprises textiles Mais un autre facteur a pu ici aggraver le d s quilibre en aug mentant un peu artificiellement le nombre des entreprises juives beaucoup de Juifs ne sont pas rentr s en zone Nord apr s la d b cle et ils ont continu leur activit en d localisant leur entreprise moins qu ils n en aient remont une souvent plus modeste et parfois sans rapport avec la pr c dente Ces nouvelles entreprises repr sentent 22 des biens Les actions et valeurs mobili res sont importantes dans la Seine en raison de l importance de la Bourse Que leur importance soit fa
62. arrestation 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Pas de restitution D Restitution inconnue E Restitution inconnue Restitution pas de trace de mais revendication revendication SAI sans autre indication Il est clair que les spoli s qui ne semblent pas avoir t arr t s ou d port s ont recouvr leurs biens plus souvent que les autres dans une proportion sup rieure 70 si l on s en tient aux restitutions av r es davantage autour de 80 avec un avantage pour la zone Sud si l on y ajoute les revendications dont nous ignorons l issue Par contraste les biens des d port s et des arr t s ont moins souvent fait retour eux La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al ou leur famille l cart est de l ordre de 15 sans diff rence notable entre les d port s et les arr t s C est la fois beaucoup et peu Environ la moiti des biens des victimes de l aryanisation conomique qui ont t d port es et m me davantage en province sont revenus leurs familles mais la moiti ou un peu moins en province ont d finitivement disparu sont pass s en d autres mains ou dans les caisses de l tat L tude des cas individuels permet d affiner ce que cette des cription a de tro
63. ation Il n est pas toujours facile de savoir l examen des dossiers du CGQJ o en tait la proc dure en ao t 1944 Il faut se d fier de l illusion d une administration parfaite qui aurait tout connu de chacune des pro c dures qu elle avait engag es rares sont les dossiers complets D autant que si l volution de la guerre conduit certains administrateurs provisoi res multiplier les correspondances au printemps de 1944 pour tenter de se faire payer pendant qu il en est encore temps d autres au contraire s effacent du paysage plongeant ainsi dans la p nombre le sort des biens qu ils g rent Cependant l ensemble de la documentation r unie pon d r e en tenant compte du nombre de biens par dossiers plus lev en zone Sud qu en zone Nord permet une premi re pes e globale du pro cessus et de ses aboutissements Et d abord il se confirme que la nature des biens est sensible ment diff rente d une r gion l autre Nous avons distingu comme l tat du fonds y incitait la Seine la zone Nord ZN et la zone Sud ZS et nous avons r parti les biens en cinq grandes cat gories les entrepri ses textiles en raison de leur grand nombre les autres entreprises les immeubles les actions et les biens inconnus auxquels s ajoutent en zone Sud les biens personnels Sans doute une r partition fond e sur l importance conomique des entreprises aurait elle t plus judicieuse car la
64. ationales dans la crypte du M morial du martyr juif inconnu au CDJC Ce sont enfin les listes des d port s partir des lis tes originales des convois de d portation desJuifs de France conserv es dans ses archives le CDJC a con u et r alis une base de donn es essen tielle Elle comporte 77 751 fiches et reprend pour chacune le nom le pr nom le lieu d origine la date de naissance le lieu de d portation ainsi que la date et le num ro du convoi Deux clairages compl mentaires Comme l chantillon des biens de province ne pouvait pas tre exploit de fa on aussi fine que celui de la Seine il nous a sembl n ces saire pour valider nos r sultats de mener des recherches exhaustives et non plus sur la base d un chantillon de dossiers dans quelques sec teurs g ographiques Nous avons d abord retenu l agglom ration de Rouen en zone Nord parce qu une excellente recherche y ayant t d j men e sur les spoliations il ne nous restait plus qu tirer au clair les restitutions Le second est le d partement du Vaucluse en zone Sud que nous avons choisi en raison de sa vieille implantation juive et parce que le nombre de biens mis sous administration provisoire n tant pas trop important l tude en tait possible dans les limites de temps dont nous disposions Pour Rouen nous avons syst matiquement repris les dossiers du CGQJ y compris les dossiers d administrateurs provisoires
65. biens la Lib ration selon la date de nomination du premier AP 90 80 70 60 50 40 30 20 10 Inconnu Les N N N Du D gt o o e o N A qe y m kami y 1 i L i 5 La 0 1943 44 Inconnu Quand l AP a t nomm avant 1942 les biens sont tr s majori tairement vendus ou liquid s Plus de 85 des biens dont l aryanisation a t entreprise d s 1940 ont fait l objet d une proc dure termin e la Lib ration vente liquidation transformation en artisan fa onnier ou autre Pour les aryanisations du premier semestre 1941 la proportion est encore sup rieure aux trois quarts Elle tombe en dessous des deux tiers pour le semestre suivant et diminue encore pour se situer autour du tiers pour les aryanisations entreprises au second semestre de 1942 et apr s P t 1943 alors que pour des raisons qui nous chappent les aryanisa tions lanc es au premier semestre de 1943 sont consomm es quatre fois sur dix la Lib ration Inversement la proportion des biens qui n ont pas fait l objet d actes de disposition ou dont le sort nous est inconnu aug mente et se situe autour de 50 pour les biens aryanis s partir de 1942 Les d lais ont donc jou un r le d cisif il est clair que beaucoup des 1 S y ajoute pour la Seine et Oise des r sidences secondaires pour lesquelles les compagnies d assurance ou les services municipaux demandent au CGQ J si elles sont munies
66. cessus de spoliation la CDC appara t plusieurs titres Par la loi du 22 juillet 1941 elle a t nomm e d positaire des pro duits de la gestion de la vente ou de la liquidation des entreprises com merces immeubles et titres appartenant des Juifs Apr s la guerre le d cret du 2 f vrier 1945 a ordonn aux notaires et administrateurs provi soires d y consigner au nom des int ress s les sommes qu ils d tenaient encore au titre de leur mission ainsi que les trop per us encaiss s sur leurs honoraires Parall lement un spoli peut tout moment retirer l argent d pos sur le compte ouvert son nom ou subroger l acqu reur si celui ci lui a restitu son bien Depuis 1992 o elle a t saisie par le pr sident du Conseil repr sentatif des institutions juives de France CRIF la CDC travaille sur ces questions et elle a mis en place en d cembre 1996 une organisation sp cifique pour d terminer les masses financi res en cause analyser les diff rents flux financiers s assurer du devenir des fonds apr s la guerre et v rifier qu il ne reste pas encore des sommes non restitu es 1 C est dans ce m me bulletin hebdomadaire que furent publi es une partie des nominations d administrateurs provisoires sous l Occupation 2 Nom date num ro de l annonce La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid
67. che l ouverture d une chemise avec un nom et un num ro sur la couverture est le plus souvent la nomination de l admi nistrateur provisoire Il arrive pourtant que ce soit une d nonciation une enqu te est alors demand e la police aux questions juives PQJ ou la section d enqu te et de contr le SEC et le rapport de l inspecteur de la PQJ ou de la SEC est alors la premi re pi ce du dossier et parfois la seule si l entreprise n existe plus ou n est pas juive Mais en g n ral la premi re pi ce est l arr t de nomination de l administrateur provisoire document officiel qui date sa prise de fonctions effective bien qu elle ait eu lieu parfois quelques jours plus t t Le dossier contient galement les pi ces essentielles que la DAE attendait de l AP tout au long de sa mis sion D abord le rapport de prise de fonctions qu il doit tablir conform ment une grille impos e et qui porte la fois sur le bien aryaniser description localisation chiffre d affaires etc etsur son ou ses propri taires Ce rapport se termine par une proposition d aryanisation vente liquidation transformation en artisan fa onnier ou quand le bien a t c d avant la nomination de l AP son avis sur la sinc rit de cette cession et l opportunit de la contester ou de l ent riner Viennent ensuite la d cision du CGQJ n cessaire quelle que soit la forme prise par l aryani satio
68. cr er une ligne suppl mentaire qui permettra de comptabiliser le nombre de dossiers D 1 les colonnes B et P restant vides Le traitement des doublons Nous avons vu que pour une m me affaire en province il existe souvent deux dossiers celui de la DAE et celui de la pr fecture ou de la direction r gionale Nous avons donc recherch syst matiquement si les dossiers que nous saisissions avaient un double Dans ce cas nous avons inscrit sur la m me ligne les informations suppl mentaires en les notant d une couleur diff rente et en mentionnant les r f rences du double dans un champ sp cifique intitul Doublon Dans la Seine le probl me tait diff rent Un propri taire de notre base de donn es pouvait poss der un autre bien auquel corres pondait un autre dossier d aryanisation M me si celui ci ne faisait pas partie de notre chantillon il pouvait contenir des informations pr cieu ses surtout sur le sort du spoli la Lib ration Nous avons donc aussi regard syst matiquement dans l indexation si nous retrouvions ce m me propri taire dans un autre dossier et nous avons not les ventuel les informations compl mentaires figurant dans ce dossier Nous avons parfois retrouv ainsi une r ponse aux circulaires Terroine qui concernait aussi le bien de notre chantillon La m me d marche a t effectu e si les personnes taient domicili es dans un d partement autre que celui du bien Tous l
69. d une petite affaire l AP se contente des indications que le spoli lui a fournies sur ce point mais pour des affaires plus importantes dont il poursuit l exploitation il pr sente parfois des pi ces comptables bilans et comptes de r sultat Pour les soci t s par actions on peut trou ver les statuts des proc s verbaux de conseils d administrations et d assembl es g n rales parfois m me des listes de pr sents ces assem bl es elles ont servi rechercher les actionnaires juifs et sont g n ra lement annot es en face des noms avec la mention juif aryen probablement juif Les dossiers d immeubles comprennent des documents particu liers L valuation du bien et la fixation du montant de sa mise prix demandent souvent au pr alable un rapport d expertise fait par un archi tecte et un avis du comit consultatif auquel l affaire a t soumise Cer tains des documents relatifs la vente ont parfois nourri le dossier proc s verbal d ouverture des plis dans le cas des ventes par soumis sions correspondances chang es avec la chambre des notaires pour qu elle charge un de ses membres de r diger le cahier des charges d une vente aux ench res exceptionnellement sauf dans certains d parte ments l affiche qui l annonce et qui indique toujours clairement l origine du bien Mais ces pi ces sont relativement rares En revanche les preuves de l aryanit des
70. d le produit de la spoliation avait t utilis l Etat a pris sa charge les remboursements L article 133 de la loi de Finances du 31 d cembre 1945 lui fait supporter le remboursement des frais de r gie de 2 pr lev s par les Domaines Ce remboursement a t orga nis par l arr t du 22 f vrier 1946 et le pourcentage de non rembourse ment calcul par Claire Andrieu dans son rapport est infime 0 12 Le remboursement du pr l vement de 10 au b n fice du compte 511 de l amende du milliard des honoraires d AP et des versements la Treuhand ont t mis la charge de l Etat par la loi du 16 avril 1948 et leur liquidation a t confi e l OBIP et organis e par un d cret et deux arr t s du 15 novembre 1948 5 101 demandes de remboursement ont t introduites de la promulgation de cette loi au 30 novembre 1951 date de forclusion 1 Elles semblent avoir t tr s faibles En tout cas elles semblent avoir t d duites des 1303 MF qui figurent au compte du CGQJ au 30 juin 1944 puisque ce compte est explicitement pr sent comme un compte de tr sorerie 2 Apr s 1944 le compte 501 a re u les consignations des notaires et des AP au titre du d cret du 2 f vrier 1945 Cette somme est donc diff rente de celle que nous avons indiqu e plus haut comme montant du produit des ventes et liquidations consign es avant la Lib ration La documentation Fran aise Aryanisation conomique et rest
71. de zone Nord se trouvent galement en zone Sud o elles se sont reconstitu es Pour un certain nombre d entreprises nous n avons pas l ensemble des propri taires juifs Le taux de sondage de l chantillon final est donc de 1 8 Compte tenu des pr cautions que nous avons prises il fournit pour la Seine des r sultats relativement satisfaisants et dont on peut mesurer la fiabilit Pour un pourcentage donn 75 par exemple et pour un niveau de pr cision recherch par exemple pas plus de 10 de risque d erreur on peut calculer l intervalle de confiance c est dire l cart pos sible entre le pourcentage exact tel qu il aurait t tabli si l on avait pu proc der un d pouillement exhaustif et le pourcentage calcul sur l chantillon Dans l hypoth se pr sent e ci dessus l intervalle de confiance est de plus ou moins 3 4 L intervalle de confiance est vi demment moins large si l chantillon est plus important mais pour le r duire de moiti il aurait fallu multiplier par quatre la taille de l chantil lon et donc la dur e des investigations Le niveau de probabilit auquel nous parvenons est comparable celui de beaucoup de mesures couran tes qui toutes tol rent une marge d incertitude L exploitation des dossiers du CGQJ Il est impossible de comprendre le d roulement de la recherche son apport et ses limites sans entrer un peu dans le d tail de ces dossiers N
72. du remboursement par l OBIP en 1948 des pr l vements effectu s sous l Occupation le fisc d duisit la source la part qui aurait t vers e pour l ISN par le spoli s il s tait trouv d s la Lib ration en possession de cet argent La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al fichier nominatif avec adresse du contribuable g n ralement date de naissance et nom de son ventuel conjoint qui permet de consulter les dizaines de milliers de d clarations class es par arrondissement et par ordre d arriv e dans les centres des imp ts Les dossiers de l ISN s av rent extr mement riches en informa tions D abord sur les personnes renseignements d tat civil adresses successives depuis 1940 enfants ayants droit Sur les biens ensuite le patrimoine est d crit de fa on exhaustive Ainsi quand un contribuable s est vu mettre sous s questre un portefeuille de titres sous l Occupation puis l a recouvr en 1944 il en fait le descriptif en en indiquant les valeurs s il a entre temps c d des titres il indique pour quel montant Nous avons recherch syst matiquement dans le fichier de l ISN les spoli s de notre chantillon Nous avons aussi v rifi quand nous savions que le bien avait t vendu et que nous con
73. e Ils comprennent les noms et pr noms des spoli s la forme juridique du bien la nature de l activit l adresse du bien les r f rences du ou des administrateurs provisoires la date de l arr t de sa nomina tion et celle de la parution au JO ou au BOVCC enfin une colonne divers o il est parfois indiqu le sort du bien V pour vente L pour liquidation et F pour faillite ainsi que en cas de vente la date de parution au BOVCC Dans le bottin des spoli s la r f rence de l adminis trateur provisoire est un num ro qui renvoie au bottin des 1 On trouve dans le carton Questionnaires aux acqu reurs et lettres aux spoli s 1945 1948 AJ 5968 quelques dizaines de lettres d acqu reurs et surtout environ 400 r ponses deux circulaires adress es l une aux spoli s l autre aux acqu reurs Nous les avons confront es syst matiquement aux dossiers de notre chantillon consid r s comme revendiqu s par le service des restitutions alors que nos propres recherches ne permettaient pas d aboutir une telle conclusion On trouve galement dans ce carton plusieurs centaines de circulaires renvoy es au service des restitutions avec la mention retour l envoyeur 2 AJ 5928 3 Essentiellement en AJ 5962 mais aussi parmi les correspondances du service des restitutions par exemple en AJ 5878 d l gation de Nancy 4 Les bottins des spoli s et des administrateurs proviso
74. e exacte de chaque zone Comment l chantillon a t il t rectifi Au fur et mesure que nous avan ions dans la recherche et que la connaissance des dossiers s affinait apparaissaient les imperfections du sondage initial Dans la Seine le nombre de dossiers par carton est tr s in gal selon les sections et m me au sein de chaque section Dans les cartons du premier tirage on trouvait de 2 99 dossiers ce dernier cas atypique correspondant des portefeuilles de valeurs mobili res plac s sous administration des Domaines AJ 2760 M me si le gros des cartons tait relativement homog ne cette dispersion trop grande alt rait la repr sentativit du sondage avec une sous repr sentation du secteur textile et une sur repr sentation des portefeuilles titres Pour pallier les insuffisances du tirage initial par cartons Jean Marie Grosbras a recom mand d effectuer un tirage compl mentaire mais de dossiers cette fois 40 dossiers suppl mentaires ont donc t tir s la quasi totalit dans le secteur textile et quelques uns dans le secteur du b timent et de l ameu blement L chantillon de dossiers de province posait un premier probl me li l existence quasi syst matique de doublons Lors du premier tirage la double origine des dossiers DAE d une part Pr fecture ou Direction R gio nale de l autre avait t observ e mais il n avait pas t tenu compte de la possibilit que le
75. e des homonymies et de savoir siles victi mes de l aryanisation avaient t d port es si elles avaient surv cu la guerre et dans le cas contraire si elles avaient laiss des ayants droit Les sources auxquelles nous avons eu recours sont bien connues de tous les historiens de la d portation Ce sont videmment aux archives du secr tariat d tat aux Anciens combattants d une part les dossiers de r gularisation de l tat civil des intern s ou d port s poli tiques ou r sistants d c d s en d portation et d autre part les dossiers 1 Dommages de guerre concernant en majorit les personnes physiques et morales spoli es par les lois discriminatoires du gouvernement de Vichy et b n ficiaires de la loi allemande dite Br g Archives de Paris cote 1131 W Les autres dossiers de dommages de guerre semblent avoir t d truits 2 Br g est l abr viation de Bundesr ckerstattungsgesetzes Tous les dossiers d indemnisation ont abouti l Oberfinanzdirektion de Berlin et sont d pos s au Landesarchiv de Berlin La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al d instruction pour la mention mort pour la France Ce sont aussi les fichiers g n ralement connus sous le nom de fichiers juifs d pos s par les Archives N
76. e les renseignements rela tifs aux administrateurs provisoires successifs puis les indications sur le sort du bien pendant l Occupation et la destination des sommes mobili s es Les deux derni res s ries de variables concernent le sort du bien apr s la Lib ration et le sort du ou des propri taires spoli s Des variables de codification permettent en outre d effectuer les tris n cessaires l exploitation de la base D s le d but de la saisie il est apparu que nous aurions r soudre deux probl mes pratiques l h t rog n it des dossiers d arya nisation et l existence de doublons Le traitement de l h t rog n it des dossiers La nomination d un administrateur provisoire pouvait porter sur un bien pr cis entreprise X un ensemble de biens immeubles de Mr Y Avignon ou encore sur une personne ou une famille biens personnels de la famille Z ce qui entrafnait la constitution de trois types de dossiers dans la majorit des cas le dossier est simple il porte sur un seul pro pri taire et sur un seul bien 81 des dossiers de l chantillon de la 1 Microsoft Excel 97 TM La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Seine 75 de la zone Nord et 61 de la zone Sud ont cette configura tion La saisie ne d
77. e produit de l aryanisation des entrepri ses et des immeubles il faut soustraire ce qui dans le flux financier arriv la CDC provient des pr l vements sur les comptes courants et ce qui provient des ventes de titres Le rapport de Claire Andrieu tablit partir de recoupements fiables que 150 MF ont t pr lev s sur les comptes et vers s la CDC pour payer l amende du milliard et que les Domaines ont vendu pour 1 916 millions de titres Une difficult appara t ici car la totalit de cette somme ne se retrouve pas dans les comptes de la CDC Dans la Seine d apr s la comptabilit des Domaines 1 868 millions ont t r alis s on devrait les retrouver dans les consignations de la CDC hauteur de 1831 millions montant des ventes moins le pr l vement par les domaines de leurs frais de r gie 2 soit 37 MF Or il n y figure que 1 717 5 MF 113 MF manquent l appel Ce n est pas tr s grave pour le calcul d ensemble mais il faut en tenir compte ici Si l on admet comme hypoth se que les 48 MF produits par les ventes de titres en province subissent les m mes al as on peut estimer autour de 1 760 MF le produit des ventes de titres entr dans les comptes de la CDC Par soustraction le produit des ventes et liquidations d entreprises et d immeubles parvenu jusqu la CDC s tablit comme suit 3 300 MF moins 150 MF de 1 En reprenant dans ce document les chiffres relatifs au total des v
78. e qui sont exacts un ou deux pour cent pr s en interrogeant un nombre restreint d actifs mais ils sont choi sis de fa on constituer ce que les statisticiens appellent un chantillon repr sentatif D s lors que nous tions condamn s travailler sur un chantillon restreint de dossiers il nous fallait nous assurer de sa repr sentativit Comment l chantillon a t il t tir Pour qu un chantillon soit repr sentatif il faut que sa composi tion ne soit pas biais e par les partis pris m me inconscients de celui qui le constitue C est pourquoi on parle du tirage de l chantillon par analogie avec un tirage au sort 1 Pour la description du fonds et les cotes des diff rents dossiers Marie Th r se Chabord amp Jean Pou ssel Inventaire des archives du Commissariat g n ral aux questions juives et du service de restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliation Sous s rie AJ Paris Centre historique des Archives nationales 1998 2 Ibid pp 91 240 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al La mission a fait appel un sp cialiste M Jean Marie Grosbras alors directeur adjoint de la direction Ile de France de l INSEE pour effectuer le tirage de l chantillon Mais pour tablir
79. e tourner la page etc Il serait faux et injuste en revanche de faire de l Etat le princi pal responsable d une dette qu il aurait refus d acquitter il a pris les mesures n cessaires pour l honorer sous r serve de l inflation mais on ne la lui a pas pr sent e dans son int gralit En conclusion il convient donc de relativiser notre valuation Telle que nous la chiffrons la spoliation r manente repr sente entre 5 et 10 de la valeur totale des biens aryanis s On peut trouver cet ordre de grandeur consid rable et il l est assur ment On peut aussi verser l actif de l action des services publics et notamment du service des restitutions et du contr le des administrateurs provisoires de Terroine et de Bonval let le fait qu il ne soit pas plus lev la t che tait difficile et ils n ont pas m nag leur peine pour parvenir ce r sultat qui n tait pas acquis l avance Mais plut t que de commenter cette valuation dont on a dit la pr carit il est int ressant de noter l cart qui la s pare des estimations ant rieures 25 des biens ne semblent pas avoir t restitu s et pour tant la spoliation r manente repr senterait seulement 5 10 de la valeur des biens L cart entre les deux pourcentages est celui des milieux sociaux Ceux qui taient les plus mal int gr s dans la soci t fran aise les plus d pourvus d argent et de relations sociales les fa onni
80. emande videmment qu une ligne il arrive qu un seul bien ait plusieurs propri taires Le cas le plus cou rant est un couple de commer ants mais on peut trouver des propri tai res d immeubles indivis ou des porteurs de parts sociales d une entreprise Cette situation s est rencontr e pour 17 des dossiers de l chantillon de la Seine 14 de ceux de la zone Nord et 19 5 de ceux de la zone Sud La saisie doit alors tenir compte de toutes les personnes mentionn es certains dossiers portent sur plusieurs biens simultan ment et sur un ou plusieurs propri taires En principe un dossier diff rent devait tre ouvert pour chaque bien mais dans la r alit il n en a pas t ainsi notamment pour des immeubles appartenant la m me personne au m me couple ou la m me famille ou dont le propri taire utilisait le rez de chauss e pour son commerce Nous avons rencontr cette situa tion dans 2 des dossiers de l chantillon de la Seine 11 de ceux de la zone Nord et 19 5 de ceux de la zone Sud Trois possibilit s s offraient nous pour r soudre ces difficult s Soit construire deux bases distinctes une pour les biens une pour les propri taires Cela aurait emp ch d avoir une vue d ensemble de la tota lit d un m me dossier Soit sur une m me grille multiplier le nombre de variables relatives l identification d un propri taire tat civil domicilia tion par le nombre de
81. emnes de cette histoire la rencontre du m tier d historien et d une demande sociale forte notre ouvrage n est pas un pur livre d histoire Certes il en pr sente certains traits fondamentaux commencer par la critique des documents et le souci de la preuve Nous avons galement repris les questionne ments habituels des historiens Nous esp rons ainsi avoir montr l impor tance de la chronologie L aryanisation comme la restitution se sont d roul es dans un climat qui variait de mois en mois et l on ne doit jamais oublier dans l appr ciation que l on porte sur telle ou telle poli tique sur tel ou tel acteur le poids d cisif du moment Appliquer par La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al exemple l ensemble de la restitution les jugements s v res formul s par le professeur Terroine dans son rapport de fin de mission Yves Farge cest commencer par occulter que le m me Terroine deux mois plus tard accepte de cr er au niveau national un service des restitutions Si l aryanisation n est pas plus avanc e la Lib ration ce n est pas fonda mentalement que les fonctionnaires du CGQJ ont t inefficaces mais que le temps leur a manqu La guerre eut elle fini plus tard plus lourde et plus g n rale au
82. en gros 7 dont la situation semble moins pr caire Paris et sa banlieue se singularisent videmment par l accueil des immigrants pas toujours r cents puisqu une dizaine de ceux que nous tudions en d tail ont t naturalis s Les Juifs de province sont implant s sans doute depuis plus longtemps et leurs situations sem blent mieux assises Evidemment ce ne sont pas des riches ces tailleurs ou coutu riers qui travaillent dans une pi ce de leur appartement ces marchands ambulants qui louent parfois leur charrette la journ e ces brocanteurs 1 Les r sultats dans le Vaucluse sont du m me ordre de grandeur Cf supra note 13 2 AJ 1866 15136 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al l aff t de quelque chose acheter ou vendre Ils n ont gu re de stock peu de marchandises certains cessent m me leur commerce avant la nomination de l AP faute de marchandises et leur mat riel se limite quelques casiers de bois blanc une table une ou deux machines coudre un fer repasser C est leur outil de travail ce qui leur permet de vivre et de faire vivre leur famille ce titre ces maigres biens ont pour eux une valeur d usage consid rable sans compter la valeur senti mentale En revanche leur valeu
83. ence sociale que nous n avons m me pas t en tat de retrouver leur tat civil Parmi eux dans la Seine une norme majorit d trangers Sur 67 spoli s non r int gr s dans leurs droits nous n avons compt que 7 Fran ais et 21 trangers naturalis s Si nous regroupons ces derniers avec les trangers de m me origine nous trouvons 19 Polonais 12 Roumains 10 Russes 7 Hongrois 3 Espagnols et surtout 13 personnes dont l ori gine nous demeure inconnue Le tableau n est gu re diff rent pour les spoli s de Rouen un seul Fran ais 5 origines inconnues 4 Polonais 3 Russes 1 Roumain 1 Turc 1 Anglais 1 Tunisien et 1 Allemand La sur repr sentation des Juifs trangers parmi les victimes durables de l aryanisation ne fait aucun doute L analyse par m tiers pr cise ce portrait de groupe dans la Seine les humbles dominent de tr s loin et d abord les marchands forains 17 et les brocanteurs 9 suivis par les tailleurs 6 au sens strict auxquels il faut ajouter 16 confectionneurs de v tements pour hommes ou pour dames Parmi ces 48 personnes on ne compte que deux Fran ais de naissance un confectionneur et un forain tous les autres sont des trangers la naturalisation ne provoquant pas de diff rence significa tive Rouen le tableau est diff rent sur 18 personnes on trouve 6 forains mais les artisans en confection sont remplac s par des mar chands de v tements ou de tissus
84. ent pour les r cup rer La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al qui n existaient plus ou dont le propri taire se r v lait apr s enqu te n tre pas juif un ph nom ne qui n est pas tout fait n gligeable puisqu il concerne dans l ensemble 7 des dossiers et 13 en zone Sud Plus que la nature des biens dont ils d pendent pour une part les d lais de proc dure fournissent la raison d cisive de cet aboutisse ment in gal Plus la proc dure a t engag e pr cocement plus elle est parvenue son terme Quand les spoli s ont vendu ou liquid eux m mes leurs biens avant la nomination d un AP cas vis par l article 11 de l ordonnance du 21 avril 1945 l aryanisation a abouti dans la quasi totalit des cas que l AP l ait confirm e ou qu il ait fait proc der une nouvelle vente La proportion de biens dans ce cas n est pas n gli geable pr s de 10 dans la Seine dont pr s de 15 des ventes D autre part les aryanisations engag es l instigation des autorit s alle mandes d s 1940 s opposent aux aryanisations plus tardives de la zone Sud qui suivent la loi du 22 juillet 1941 La date de nomination du pre mier administrateur provisoire fournit un indicateur relativement pr cis de cette chronolo
85. enu Dans ce dernier groupe les biens non dispos s comptent pour plus d un quart au total mais avec des diff rences consid rables entre la Seine 18 et la zone Nord 43 la zone Sud occupant une position interm diaire 28 ce qui ne surprend pas si l on se souvient qu au Nord les biens Graphique 4 Sort des biens la Lib ration par zones 45 40 NT PT SN CES CEE TE NP RE ER NS CPR ue ENTERIN TETIERE I TE US LS ET TT EAE IETT CUS 35 EEA ETTI TO PE D EP PE POP PETI I ES OO M UN EEE 30 A SU PEDRET RRP La Eas E SOSSE PEI LE EEPE T 25 EEES TEE ALET N A EE ITL AATTEITA M S OTT TO cc E A T 20 LPEE nd n es armes es promesse Tres is ANTA OO UN PE TS 15 Ri Net E TRS NE LIT Bass nice F DE MP RP D tn 10 Au AAT E ls T TEST A FAE ARE st SE cc E ii 5 sie PS BP NE issi kni as B 0 E C1 y vo y nnn ngu W 8 g fig Zeg s3 E D 2 D 25 D 333 32 S 8 7 S lt lt OT amp 0 CES D ve Foo 6 Q N Q 530 lere 95 22e v i E TE E 0g 00 2 z S Son ler SE LA N G 5 fa amp a 2 e 8 zZ C Seine E zy H zs L Ensemble immobiliers particuli rement longs vendre taient fort nombreux Enfin les dossiers sans objet dans ce dernier tiers concernent des biens 1 Ce qui ne signifie pas qu ils ont t automatiquement restitu s ils peuvent tre encore aux mains de l AP en 1944 sans que les propri taires ayant quitt Paris ne se manifest
86. erniers mois facilite la consultation qui est parti culi rement simple quand on conna t la date du jugement Probablement en raison de la p nurie de papier qui s vissait alors les ordonnances de r f r se pr sentent rarement sous forme d un jugement tap la machine ou alors elles sont dactylographi es recto verso sans marges sur un mauvais papier Plus fr quemment il s agit du r quisitoire d audience de l avocat du demandeur surcharg des annotations du juge moins que celles ci soient griffonn es au crayon sur un feuillet annex Comprendre la d cision rendue n cessite donc parfois un certain d chiffrage D autres pi ces peuvent tre jointes l ordonnance comme les conclusions crites des parties en pr sence et les sommations d huissiers adress es aux d fendeurs Le plus souvent le juge constatait ou proclamait la nullit de la vente ou de la r siliation du bail il ordonnait la r int gration imm diate du spoli nommait un huissier audiencier pour surveiller les op rations et tablir un constat en cas de divergence des parties Il chargeait enfin un expert d tablir le compte des parties investissements ou accroisse ment de stock d gradations ou diminution de stock frais engag s et pro duits du bien etc et de d terminer la soulte apurant le compte Des constats d huissiers et des rapports d experts sont galement conserv s mais cette partie du fonds n est pas exhausti
87. ers en chambre d origine russe roumaine ou polonaise ont fourni le gros des victimes Paris du moins et l on ne peut prendre aux pauvres l argent qui leur fait justement d faut Les riches les d tenteurs de portefeuil les titres les commer ants ayant pignon sur rue les industriels ont fourni le gros des sommes spoli es Mieux arm s pour se d fendre pendant la guerre ils l taient davantage encore apr s elle et ils ont recouvr leurs biens dans une proportion lev e La constatation est banale et elle a t cent fois formul e pour des p riodes ordinaires de l histoire elle vaut aussi h las pour la p riode tragique de la guerre et l entreprise inique d aryanisation La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Conclusion Au moment de refermer ce dossier on pardonnera aux auteurs quelques r flexions plus personnelles Cette recherche fut pour nous en effet la fois un devoir un travail et une preuve Un devoir car d s lors que certaines questions comme celles de la spoliation et de la restitution sont pos es par des gou vernements soucieux d lucider le comportement de leurs lointains et indirects pr d cesseurs pour en tirer d ventuelles cons quences il ne saurait tre question de les laisser sans r pon
88. ersements Seine zone Nord et zone Sud sans les retraits ni le montant du compte 12 07 la paierie g n rale de la Seine qui a t enregistr d abord dans le compte 511 on aboutit un total de 2 196 052 983 F 2 Nous n avons pas pris en consid ration les versements mentionn s dans des documents disparates des dossiers d aryanisation auxquels ne correspondent pas de r c piss s de la CDC 3 3 298 MF arrondis La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al pr l vement sur les comptes courants et 1 760 MF de ventes de titres c est dire 1390 MF Pour tablir maintenant le compte non plus du produit de l aryanisation parvenu jusqu aux caisses de la CDC mais du produit total de l aryanisation et de son montant pour les victimes il faut reprendre le raisonnement par le d but Nous excluons ici les pr l vements sur les comptes courants qui ne rel vent pas de la soi disant loi du 22 juillet 1941 mais nous int grons les ventes de titres dont traite par ailleurs le rapport de Claire Andrieu Compte tenu des lacunes insurmontables de notre documenta tion qui portent sur des l ments d cisifs notamment le montant des sommes d tenues par les administrateurs provisoires que nous n avons aucun moyen de chiffrer il ne semble pa
89. es actionnaires seulement sont juifs les dirigeants non juifs peuvent r pondre la circulaire et consid rer que du point de vue de la soci t il ne s est rien pass 6 Dossiers individuels de commissaires aux comptes zone Nord AJ 5554 5560 zone Sud AJ 5561 amp 5562 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al des administrateurs provisoires mais comme il n y a pas eu de commis saire aux comptes pour tous les biens aryanis s l apport de cette s rie est mince Deux autres s ries semblent plus prometteuses Celle des dos siers tenus par les autorit s allemandes renferme les doubles de dos siers de biens administr s par des Allemands Nous avons trouv des compl ments d information dans certains de ces dossiers qui concernent la province La s rie des dossiers d aryanisation conomique soumis au Service juridique comprend en fait deux types de dossiers bien diff rents D une part des dossiers judiciaires proprement dits qui concer nent les affaires d aryanisation au cours desquelles le CGQJ a t assign en justice ou a lui m me intent des actions judiciaires d autre part des dossiers de s paration de biens ou de donation La loi du 22 juillet 1941 autorisait en effet les Juifs
90. es autorit s allemandes puis fran aises est en effet l tape essen tielle qui transforme un simple projet en r alit Elle d finit la troisi me situation celle des biens dont la vente ou la liquidation a franchi ce cap d cisif elle est en principe d finitive puisque le bien n existe plus ou est pass en d autres mains Pourtant la spoliation n est pas encore totale ment consomm e car apr s l homologation les fonds d gag s par la vente ou par la liquidation restent dans la caisse du notaire ou de l AP jusqu ce que les comptes de gestion et de liquidation de l AP aient t approuv s par le CGQJ Jusqu ce stade ultime l AP reste comptable de l affaire L examen des dossiers ne permet pas toujours de distinguer les ventes ou liquidations homologu es de celles qui sont devenues d finiti ves et elles sont confondues dans nos analyses La diff rence est pourtant importante la Lib ration notamment pour les ventes d immeubles Apr s l homologation il faut en effet encore attendre l acte enregistrant la 1 Cette cat gorie existe aussi dans la Seine et en ZN o nous avons galement conserv dans l chantillon les dossiers annul s 2 Les autres proc dures sont principalement des transformations en artisans fa onniers S y ajoutent des cas de donation de s paration de biens et des actes qui rel vent du droit commun tels que des expropriations ou l application de clauses r soluto
91. es renseignements recueillis ne pouvaient rentrer dans la grille du tableur Certaines affaires taient particuli rement complexes et il tait n cessaire pour les comprendre de remonter plusieurs ann es en arri re transferts successifs de parts fondations de filiales etc D autres 1 Par exemple aucun de nos immeubles n a t vendu La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al dossiers taient particuli rement repr sentatifs et m ritaient donc d tre d crits en d tail Aussi avons nous parfois not sur un logiciel de traite ment de texte parall lement la saisie sur tableur des r sum s de pro c dure des historiques d entreprises etc Nous avons pris soin dans ce cadre de signaler d o nous tirions les informations dossier d aryanisa tion dossier individuel de l administrateur provisoire ordonnance du tri bunal d instance etc Nous avons ainsi vit de sacrifier au quantitatif et au syst matique les donn es qualitatives plus accidentelles ou origina les L histoire s inscrit pr cis ment la rencontre de grandes r gularit s et de r cits particuliers chaque fois diff rents Au terme de cette recherche comment tre insensible l ampleur des investigations Entre la question po
92. eux dossiers pour une m me affaire celui de la DAE et celui de la pr fecture ou de la direction r gionale Les divers documents d crits ne se r partissent pas de fa on stable dans l un ou l autre dossier dont on ne sait l avance s ils se r p tent ou s ils se compl tent La grande diff rence avec les affaires parisiennes est videmment l intervention de la pr fecture o un service des questions juives sert d interm diaire entre l administrateur provi soire et la DAE D o une correspondance suppl mentaire parfois importante dans les dossiers Enfin la centralisation du CGQJ n emp che pas ici ou l des particularit s locales Certaines sont imputables l occupant Besan on par exemple un service de surveillance des commerces juifs cr aupr s de la chambre de Commerce pr l ve r guli rement chaque mois un pourcentage calcul partir du mouvement des comptes ce qui nous vaut de disposer parfois de relev s mensuels de tr sorerie pour toute la dur e de la guerre D autres particularit s s expliquent par le z le des fonctionnaires locaux La DAE de zone Sud a ainsi demand aux adminis trateurs provisoires d envoyer des comptes rendus mensuels de l avance ment de leurs affaires tablis selon un sch ma pr d fini il semble que seule la direction r gionale de Marseille ait relay cette directive Cette description ne doit pas faire illusion La consultati
93. frais de r gie n ait pas t plus attentive ses archives Les archives fiscales l imp t de solidarit nationale Un imp t hors du commun l imp t de solidarit national ISN peut enfin compl ter notre investigation patrimoniale Cr en 1945 cet imp t a la r putation dans les services fiscaux d avoir t particuli re ment bien tabli Dans le climat de l poque il est vrai que frauder le fisc tait prendre un certain risque L imp t portait d une part sur le patri moine d autre part sur l enrichissement sous l Occupation Sa date d arr t tait le 4 juin 1945 la date limite de d claration f vrier 19465 Les Domaines taient charg s de son recouvrement Vers s aux Archives de Paris les documents relatifs cet imp t constituent deux ensembles les d clarations individuelles de patrimoine d une part et d autre part un 1 AEF B 54543 Rapport du directeur des Domaines de la Seine du 10 ao t 1944 sign Janicot 2 Les Domaines ont conclu la destruction de ces documents lors d un incendie 3 Cette recherche a t effectu e par l Association fran aises des entreprises d investissement 4 L imp t est per u sur les patrimoines de plus de 200 000 F bruts pour une personne ou 400 000 F pour un couple et sur un enrichissement de 50 000 F pour une personne ou 100 000 F pour un couple Ordonnance n 45 1826 du 15 ao t 1945 O du 17 ao t 5 Le cas ch ant lors
94. gie Ses enseignements sont clairs Avant juillet 1941 plus du tiers des biens de la Seine ont d j un premier administrateur provisoire et 20 dans la zone Nord Presque tous les biens de la Seine ont un AP avant la mi 1942 En zone Nord on enregistre une nouvelle fourn e de premiers AP en 1943 qui correspond souvent la r gularisa tion de situations n es du d part voire de la d portation du spoli dont on d couvre tardivement qu il poss dait une affaire ferm e depuis long Graphique 5 Proportion des biens pourvus d un premier AP par zone diverses dates 100 0 ss 80 0 60 0 40 0 20 0 0 0 31 d c 40 30 juin 41 31 d c 41 30 juin 42 31 d c 42 30 juin 43 ao t 44 1 Les pourcentages en province portent sur des effectifs trop faibles pour tre fiables La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al temps En zone Sud les nominations suivent videmment la loi de 1941 et plus de la moiti ont lieu en 1942 Le d calage chronologique est confirm De m me le lien entre la chronologie de l aryanisation et son abou tissement se confirme plus la nomination de l AP est pr coce plus le bien a fait l objet d actes de disposition comme le montre le graphique suivant Graphique 6 Sort des
95. gmatique mais pr cieux puisqu il s agit du d compte tabli pour rembourser au spoli en application de la loi du 16 avril 1948 les honoraires des administrateurs provisoires et les ver sements la Treuhand Les dossiers comprennent en outre une correspondance plus ou moins nourrie entre les diff rentes parties en pr sence administrateur s provisoire s CGQJ MBF minist re de la Production industrielle comit s d organisation professionnelle comit consultatif experts spo li s candidats la reprise du bien notaires etc Lorsqu une proc dure judiciaire est intervenue un stade quelconque de l aryanisation des m moires au Conseil d tat des jugements au civilou au commerce des exploits d huissiers peuvent paissir le dossier Les dossiers relatifs aux portefeuilles d actions class s dans la section 5C par la DAE sont beaucoup plus succincts Ils sont constitu s d un seul feuillet sign de l administration des Domaines qui devient s questre de ces portefeuilles en attendant leur vente Ils indiquent seule ment l institution o les titres sont d pos s et donnent g n ralement la liste de ces titres 1 J ai retrouv mon commerce est une preuve de restitution J ai demand son compte l AP une preuve de revendication 2 Enveloppes embl matiques de l intrication des proc dures et des organismes ce sont d anciennes enveloppes en t te du CGQJ Cette en t te a
96. happent l explication historique Et l histoire rencontrant sa limite ne peut chapper aux jugements de valeur La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al
97. ible en zone Sud s explique ais ment puisque les comptes n y ont pas t blo qu s En revanche on est surprisque le nombre d actions soit sifaible en zone Nord La raison semble li e l exode des propri taires d actions vers la zone Sud D une part l poque les titres n taient pas encore d mat rialis s et ils taient souvent au porteur ils font partie quand ils ne sont pas conserv s en banque ou chez un agent de change de ce que l on emporte avec soi quand on se r fugie en zone Sud Les titres qui taient en d p t dans les tablissements financiers sur un compte titre ont t plac s sous administration provisoire mais non ceux que leurs propri taires avaient plac s dans un coffre En effet bien que les coffres aient t bloqu s d s le 14 juin 1940 par les Allemands le Devisenschutz kommando s int ressait lor aux devises et aux actions libell es en valeur trang re non aux titres fran ais Ceux ci ont donc t plac s sous dossier dans les banques qui en constituaient s questre et ils n ont pas t confi s l administration des Domaines qui ne les a pas vendus Dernier enseignement de ces graphiques l importance des biens personnels qui repr sentent plus de 10 des dossiers en zone Sud Notre chantillon n est pas assez grand pour qu on puisse affiner cette cat gorie Mais il est clair que dans cette zone les directions r gio nales du CGQJ ont eu u
98. ig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al La question est difficile car on l a vu nous connaissons souvent tr s mal l tat civil des spoli s Quand on ne conna t ni le pr nom ni le lieu ni la date de naissance il est difficile de savoir si quelqu un a t d port ou non Sans compter les homonymes parfaits comme les Geor ges L vy ou les orthographes mal fix es qui pr tent confusion De ce fait malgr toutes nos recherches dans les diverses sources nous ne sommes pas certains d avoir identifi tous les spoli s de nos chantillons qui ont t d port s Nous savons de source s re que certains n ont pas t d port s comme ceux qui sont morts chez eux en 1942 ou 1943 nous avons identifi aussi avec certitude certains d port s mais dans beaucoup de cas nous n avons que des pr somptions que nous nous garderons bien de donner pour des certitudes Nous avons adopt le parti de r partir les spoli s de nos chantillons en trois groupes ceux dont la d portation est av r e ou seulement probable ceux qui ont t arr t s et ceux pour lesquels nous n avons trace ni d arrestation ni de d portation ce qui ne signifie pas n cessairement qu ils n aient t ni arr t s ni d port s nous avons ensuite examin ce que sontdevenus les biens des uns et des autres apr s la guerre Les r sultats sont r sum s par le graphique suivant Graphique 12 Restitution d portation et
99. implement privil gi plut t la repr sentation des personnes et non la valeur des biens Le tirage ob it un second principe c est un tirage de cartons et non de dossiers ce que l on appelle techniquement un sondage par grappe La raison de ce choix fut purement mat rielle un tirage de dos siers exigeait de beaucoup plus lourdes manipulations de dossiers fragi les et entra nait des risques trop grands de mauvais reclassement dans les cartons Pour tirer les cartons qui composeraient l chantillon il fallait partir de la distribution de ces cartons en plusieurs cat gories Le service des restitutions les a class s en trois grands groupes la Seine la zone Nord moins la Seine et la zone Sud ce qui n est pas exactement le d coupage du CGQJ sous l Occupation Ils ne comprennent ni l Alsace et la Moselle directement plac s sous administration allemande ni l Alg rie et les protectorats dont le CGQJ ne semble pas s tre directe ment occup 1 Nous l appellerons par commodit simplement zone Nord 2 Les d partements du littoral atlantique de la Vend e aux Basses Pyr n es qui se trouvaient au moins en partie en zone occup e ont t class s en zone Sud dans le fonds AJ Au contraire le Jura la Sa ne et Loire le Cher l Indre et Loire qui taient partag s par la ligne de d marcation se trouvent en zone Nord Le d partement du Nord rattach au commandement de Bruxelles sous l Occupat
100. ine par r gion pour v rifier que notre chantillon est repr sentatif Mais quand nous avons proc d aux tirages nous n avions pas encore tabli ces don n es auxquelles nous avons t conduits pr cis ment par le travail sur les dossiers En outre nous ignorons toujours la r partition des dossiers de province par nature de biens alors que nous en disposons pour la Seine Notre chantillon ne nous satisfaisait donc pas et nous avons pris trois mesures pour en am liorer la repr sentativit D abord nous avons proc d un tirage compl mentaire pour nous approcher d un quilibre g ographique dont le premier tirage tota lement al atoire tait manifestement loign En zone Nord 7 strates g ographiques ont t d finies Compte tenu des d lais pour r aliser l tude et de la n cessit de limiter les d placements en province nous ne pouvions multiplier les d partements Nous nous sommes content s d avoir au moins 2 d partements dans chaque strate dont le plus gros en terme de nombre de dossiers sans doublons Ainsi en utilisant la tech nique du tirage syst matique tous les n dossiers 99 dossiers ont t ajout s l chantillon Comme il est plus fr quent qu un dossier DAE n ait pas de doublon que l inverse ce tirage a t effectu dans les fonds DAE En zone Sud le sondage respectant peu pr s l quilibre entre les direc tions r gionales il n a pas t n cessaire de
101. inistrateurs ont largement puis dans la caisse de leurs victimes mais au moment de fixer la r mun ration r gle mentaire l administration appliquait cette r glementation et nous avons vu qu elle poursuivait avec un succ s limit le recouvrement des trop per us Comme la r mun ration est globalement proportionnelle au chiffre d affaires des entreprises aryanis es elle nous fournit une indi cation relativement significative de la valeur des biens Nous avons men cette investigation dans l ensemble des dos siers de la Seine pour lesquels la date laquelle nous nous trouvions juillet 1999 nos recherches ne nous avaient fourni aucune trace de revendication ou de restitution Naturellement pendant que nous exami nions l un apr s l autre ces quatre vingt huit dossiers des informations suppl mentaires ont t collect es qui ont eu pour effet de faire passer certains dossiers dans la cat gorie des restitutions av r es ou seulement probables L annexe 1 pr sente une description sommaire de chacun de ces dossiers et pour permettre au lecteur de se rendre compte sur des cas concrets de la fa on dont nous avons travaill nous avons maintenu dans ce corpus les dossiers qui ont chang de cat gorie avec les progr s de l enqu te Au total 67 biens sur 346 nous retranchons de l analyse le carton 2760 exclusivement compos de portefeuilles titres administr s par les Domaines soit 20 environ semb
102. ion se trouve galement en zone Nord La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Compte tenu des particularit s de ces diff rents ensembles de dossiers l chantillon n a pas t tir de la m me fa on pour la Seine et pour les d partements de province Dans la Seine le classement suit les diff rentes sections de la DAE qui correspondent aux types de biens aryanis s Dans chaque sec tion les services du professeur Terroine ont effectu un sous classement en dossiers revendiqu s R et non revendiqu s NR Les cartons sont homog nes et en principe ne m langent pas dossiers R et NR Nous avons donc tir 20 cartons proportionnellement au nombre de cartons de chaque s rie ou sous s rie Pour la province la r alit est plus complexe comme le savaient les responsables des restitutions L ex Commissariat G n ral aux questions juives avait ouvert en principe pour chaque administration provisoire de province deux dossiers l un tenu par le Service central Paris l autre par la Direction r gionale ou la Pr fecture int ress e ces derni res jouant le r le d interm diaire entre l administrateur provisoire et les bureaux du Commissariat g n ral aux questions juives Paris pour l ancienne zone nord et Vichy pour
103. ir ou directeurs de succursales les tablissements pr c demment ou encore exploit s dans le ressort d autres tribunaux la date de fonda tion f le capital social pour les soci t s la nature de l entreprise ou de la soci t Il contient enfin diverses observations r gime matrimonial autorisation de commerce faillite nantissement cessation d activit etc On mesure aussit t l importance d une telle source pour reconstituer l historique des commerces et entreprises ainsi que pour mieux identifier les spoli s d autant que la nomination de l administrateur provisoire devait faire l objet d une d claration au registre du commerce 5 Et pour tant cette source est tr s difficile utiliser 1 Voir sur ce sujet l article d Herv Joly Une source importante d acc s probl matique pour l historien le premier registre du commerce 1920 1954 Entreprises et histoire n 19 1998 pp 159 164 2 Toute recherche doit s effectuer partir du num ro analytique le chronologique ne s av re d aucune utilit 3 Registre analytique du commerce 1920 1954 Cote D 33U3 Registre A Particuliers art 1 1052 Registre B Soci t s art 1053 1882 fichier alphab tique du registre analytique du commerce particuliers et enseignes art 1 3380 soci t s art 1 573 4 Qui peut tre ant rieure celle de l inscription au registre du Commerce si elle a eu lieu avant 1920 5 Article 6 de la
104. ires de contrats Le d tail de ces cas est donn en annexe 6 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al lev e de cette condition suspensive pour que la vente soit juridiquement parfaite et qu elle soit enregistr e Jusque l les fonds restent chez le notaire ce qui facilite ensuite la restitution l amiable car aucune nouvelle mutation fonci re n est n cessaire pour d faire ce qui n a pas t achev Dans l ensemble comme le montre le graphique ci dessous il se confirme que l aryanisation est encore largement inachev e la Lib ration Les biens se r partissent grossi rement en trois groupes Un pre mier groupe a fait l objet d actes de disposition ou d autres proc dures dont l homologation est certaine avec des diff rences entre les zones un bon quart dans la Seine o la spoliation a t men e de fa on particu li rement vigoureuse 12 13 en province Le second groupe com prend les biens pour lesquels nous ignorons si l homologation des proc dures engag es est intervenue un tiers au total avec une propor tion plus forte dans la Seine qu en zone Sud et surtout en zone Nord Le troisi me groupe se compose des biens dont le sort nous est inconnu ou pour lesquels aucun acte de disposition n est interv
105. ires sont disponibles au CDJC 17 rue Geoffroy l Asnier Paris IV La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al administrateurs provisoires r alis sur le m me principe Rares sont les cas o toutes les informations sont mentionn es le type de bien est indi qu assez r guli rement mais souvent seuls le nom du spoli et la r f rence de l AP sont disponibles La quantit d informations diff re selon les d partements La principale limite de cette source tient la base par tir de laquelle elle a t labor e car on l a vu toutes les nominations d administrateurs provisoires sont loin d avoir t officiellement publi es Il en r sulte in vitablement des lacunes Cette source sous value donc l ampleur de la spoliation Les sources compl mentaires Comme les proc dures de spoliation puis de restitution ont n cessit des d marches administratives et judiciaires il vient aussit t Pesprit d en rechercher la trace dans les archives des diff rentes institu tions concern es C est ce que nous avons fait dans la Seine o la proxi mit g ographique diminuait les difficult s Pour la province il nous tait difficile de nous d placer dans tous les d partements de notre chantil lon en raison de leur nombre
106. itution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Les remboursements effectu s par l OBIP atteignent des mon tants consid rables chiffr s dans une note de 1954 3 107 8 MF Mais il est difficile d identifier clairement ce qui rel ve dans ces rembourse ments de l aryanisation conomique ou d autres pr judices concernant d autres victimes En effet la loi de 1948 ne concernait pas seulement les Juifs spoli s elle portait aussi sur les organisations et syndicats dis sous par Vichy sur les communistes et sur les personnes d chues de la nationalit fran aise parmi lesquelles de tr s grosses fortunes qui avaient t confisqu es Une quipe du minist re des Finances s est efforc e de lever les incertitudes sans pourtant y parvenir totalement Deux approches du montant des remboursements de spolia tions sont en effet possibles mais qui ne concordent pas une approche par les destinataires des remboursements et une approche par la nature des sommes rembours es Selon la premi re approche 55 des som mes rembours es seraient all es des Isra lites ce qui correspondrait un remboursement d environ 1 435 MF en capital L approche par la nature des remboursements conduit une estimation inf rieure Sur 2 306 3 MF les remboursements au titre de l amende du milliard des pr l
107. ky et al type de biens entreprises immeubles actions autres pour certains d partements Ille et Vilaine Haute Marne Vaucluse La comparaison valide les diff rences entre chantillons il y a plus d immeubles en zone Nord et plus de dossiers divers en zone Sud du fait de la mise sous administration provisoire de biens personnels beaucoup plus rare en zone Nord Une autre base de comparaison per met de valider partiellement la repr sentativit de l chantillon de pro vince En effet le bottin des spoli s labor par le CDJC voir ci dessous indique pour certains d partements le type de biens mis sous administration provisoire Malheureusement cette information n est pas syst matique L examen des d partements les mieux renseign s fait appara tre des ordres de grandeur similaires ceux de l chantillon une majorit de biens immobiliers en zone Nord et d entreprises en zone Sud ainsi que de nombreux biens divers sans doute des biens personnels Ces diverses comparaisons corroborent la structure de notre chantillon de province dont pourtant par la force des choses la repr sentativit est certainement moins bonne que celle de l chantillon de la Seine Tableau 6 R partition des dossiers d aryanisation de divers d partements selon le bottin du CGQJ Entreprises Immobilier He Divers Inconnu Personnes Zone Nord Haute Sa ne 14 2 61 9 0 8 1 5 21 6 134 Loire Inf
108. lent avoir fait l objet d une spoliation d finitive Nous avons men la m me investigation pour les dossiers de l agglom ration de Rouen qui avaient t tudi s par J Ducastelle jusqu la Lib ration mais pas au del Pour 82 entreprises aryanis es 18 n ont pas t recouvr es par leurs propri taires ce qui donne une pro 1 Cf supra p 95 2 Nous avons laiss de c t les immeubles pour lesquels le taux de r int gration est tr s lev La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al portion voisine de 22 La description r sum e de ces dossiers ainsi que des 24 dossiers pour lesquels l investigation compl mentaire a fait appara tre une restitution ou une spoliation non consomm e fait l objet de l annexe 2 Enfin nous avons compl t cette investigation par le d pouillement exhaustif des dossiers du Vaucluse Nature de la spoliation r manente La lecture de ces fiches dans leur sobri t factuelle est quelque peu r p titive et elle suscite chez le lecteur nous semble t il un certain accablement Voici regroup s sous la loupe des historiens des gens sim ples des sans grade qui n avaient ni fortune ni relations et que l aryani sation a fauch s impitoyablement Certains ont si peu d exist
109. les sont conserv es dans les services Cette source est bien connue des historiens et elle a t notamment exploit e dans diff rentes enqu tes sur la fortune des Fran ais au XIX si cle Voir notamment Adeline Daumard Les fortunes fran aises au XIX si cle enqu te dirig e par Adeline Daumard avec la collaboration de F Codaccioni G Dupeux et J Herpin J Godechou et J Sentou Paris La Haye Mouton 1973 et Pierre L on G ographie de la fortune et structures sociales Lyon au XIX si cle 1815 1914 Lyon Universit Lyon II Centre d histoire conomique et sociale de la r gion lyonnaise 1974 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al d c s Ce sont des registres class s Paris par arrondissement puis par ordre alphab tique Ils r pertorient tous les d c s de Parisiens et men tionnent quand une d claration a t remplie la r f rence du r pertoire qui permet de la retrouver Enfin le fichier de consistance patrimoniale un fichier gigantesque qui a t tenu jusqu aux ann es 1960 D s qu un acte concernant une personne donnait lieu enregistrement qu il s agisse d un contrat de mariage d un h ritage etc une fiche tait tablie qui suivait l volution de son patrimoine Pour la Seine sa consultation s e
110. loi Br g Signalons enfin pour m moire car ils ne concernent pas l arya nisation proprement dite les dossiers de dommages de guerre qui sont conserv s en principe aux archives d partementales et surtout les dos siers allemands d indemnisation des pillages En effet les pillages effec tu s par l occupant rel vent videmment de sa responsabilit et il incombait au gouvernement allemand de les r parer au del de l indem nisation souvent forfaitaire qui avait t faite par le MRU au titre des dom mages de guerre C est pourquoi la RFA a adopt en 1957 une loi d indemnisation dite loi Br g qui a concern un nombre consid rable de Fran ais Cette loi a t mise en oeuvre en France par le Fonds social juif unifi FSJU qui a instruit les dossiers avec une grande rigueur et consult les dossiers de dommages de guerre correspondants qui ont de ce fait chapp au pilonnage Paris Les archives des indemnisations allemandes au titre de la loi Br g sont conserv es Berlin et nous avons obtenu copie des dossiers pour quelques spoli s de notre chantillon ce qui a confirm l hypoth se que cette loi n a aucunement concern les spoliations proprement dites Les fichiers et s ries de dossiers biographiques Tout au long de la recherche l identification pr cise des spoli s et de leur famille s est av r e la fois prioritaire et difficile Or il tait indispensable d viter le pi g
111. loi du 22 juillet 1941 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Sa premi re limite est sa lisibilit chaque v nement survenu dans la vie du commerce ou de la soci t est inscrit sur le registre et dat la main mais date et modification sont rarement crites sur la m me ligne La seconde tient la mauvaise tenue de ces registres l inscription des modifications survenues n est pas syst matique Ainsi il est av r que des nominations d administrateur n ont pas t enregistr es la ces sation d un commerce n entra ne pas non plus une radiation imm diate elle peut s effectuer des ann es plus tard La mention radi par cessa tion dat e de 1948 par exemple ne signifie pas n cessairement que le propri taire a recouvr son commerce la Lib ration et l a continu pen dant quatre ans mais peut tre qu il avait d j cess toute activit sous l Occupation Bref si on doit consid rer une information port e sur un livre comme exacte spoliation et ou restitution ne sont pas forc ment mentionn es Dans ces conditions il nous a sembl prudent de consid rer que les commerces ou soci t s avaient t restitu s ou n avaient pas t aryanis s uniquement dans des cas bien d termin s Un commer
112. mari s des non juifs proc der dans un d lai de quatre mois dater de la promulgation de la loi des s para tions de biens dans lesquelles les entreprises commerces ou titres reve naient au conjoint non juif Les donations des enfants non juifs par exemple issus d un premier lit taient galement possibles Dans les deux cas comme pour certaines successions un administrateur provi soire souvent diff rent de celui des biens en jeu tait nomm pour v ri fier la r gularit de l op ration y compris titre r trospectif si elle avait d j eu lieu Aucun de ces dossiers judiciaires ne nous a apport d infor mation nouvelle quant au sort des personnes et des biens sous l Occupa tion et la Lib ration En effet les principales pi ces de la donation ou de la s paration de biens figurent dans le dossier d aryanisation Enfin des s ries de dossiers concernent les restitutions Ils por tent essentiellement sur les biens vendus l exception des titres g r s par les Domaines mais non sur les liquidations L ordonnance du 21 avril 1945 intime tous les acqu reurs de biens juifs m me resti tu s l ordre de d clarer dans le d lai d un mois au service des restitutions la nature et la situation des personnes qui ils appartiennent ainsi que les conditions dans lesquelles ils ont acquis d tenu ou restitu ces biens Comme nous avons consult ces d cla
113. n conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al plusieurs centres des imp ts Paris Compte tenu du temps imparti la Mission pour mener ses recherches il nous tait impossible de proc der nous m mes aux investigations n cessaires Aussi avons nous tabli une fiche signal tique par immeuble de notre chantillon et avons nous transmis l ensemble de ce mat riel aux Domaines qui ont men leur propre enqu te Dans un premier temps les recherches ont t conduites dans les registres et les fichiers Constatant que les informations port es sur ces documents taient parfois floues notamment au niveau de l tat civil des propri taires nous avons obtenu que l on se reporte aux actes eux m mes voire la documentation cadastrale pour les pr ciser Comme pour les commerces nous avons consid r que la spoliation n avait pas abouti ou qu elle avait t r par e si et exclusivement si nous obtenions la preuve formelle que l immeuble tait bien dans la famille apr s la guerre En clair il fallait que le nom du propri taire juif ou d un de ses h ritiers incontestables apparaisse dans un acte quel conque vente partage succession partir de l t 1944 pour que nous admettions la restitution comme certaine L enqu te a t men e suivant les m mes principe
114. n vente liquidation ou transformation en artisan fa onnier puis quand il l a appliqu e le rapport de fin de mission qui d clenche la pro c dure d homologation et le calcul de la r mun ration de l AP Cepen dant quand il s agit d entreprises b n ficiaires ou d immeubles de rapport l AP attend rarement la fin de sa mission pour pr lever ses mo luments et ses frais la r gularisation intervenant apr s la remise du rap port de fin de mission Enfin le dossier contient aussi g n ralement la feuille de r mun ration de l administrateur provisoire tablie par le CGQJ avec le d compte des sommes d j per ues par l AP et de celles auxquelles il a encore droit 1 La d nonciation peut tre de deux types Soit un cr ancier public ou priv demande la mise sous administration d un bien dont le propri taire qu il pense tre juif est absent Par exemple une municipalit qui ne per oit plus les imp ts locaux pour une maison abandonn e Soit il s agit d un acte de pure malveillance envers un Juif accus de ne pas avoir d clar son bien 2 La Police aux questions juives a t fond e en octobre 1941 Dissoute pendant l t 1942 elle a t remplac e la mi ao t par la Section d enqu te et de contr le 3 La publication de l arr t de nomination de l AP au Journal officiel ou au Bulletin officiel des ventes et cessions de fonds de commerce peut tre post rieure de plusie
115. n glig les liens entre l volution politique du r gime de Vichy et celle de la politique antis mite et nous n avons pas cherch savoir si la politique des restitutions tait solidaire et sous quels aspects du glissement qui fait passer la Quatri me R publique du tripartisme la troisi me force Nous avons de m me n glig un pan entier du sujet l tude des repr sentations Quelles id es les contempo rains se faisaient ils de la spoliation qui s effectuait sous leurs yeux qu ils fermaient parfois pour ne pas la voir Quelles repr sentations des victimes de leurs droits Quels jugements sur les acqu reurs de biens spoli s et sur les administrateurs provisoires Quelles opinions chez les spoli s eux m mes et pourquoi certains n ont ils rien r clam n gli geant de faire valoir les droits qui leur taient reconnus Certes les docu ments n cessaires pour entreprendre cette histoire externe de l aryanisation et de la restitution sont plus divers encore et plus disper s s plus difficiles d acc s que ceux sur lesquels nous avons fond notre enqu te Mais la raison pour laquelle nous n avons pas pouss notre investigation dans cette direction est que nous devions privil gier la question de fait en tentant de chiffrer l aryanisation et la restitution La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid
116. n capital de la loi de 1948 1 435 1 280 Total 4 804 4 570 Spoliation r manente comptabilisable 243 477 L cart entre les deux estimations est de l ordre de 1 2 ce qui donne la mesure de nos incertitudes L exercice comptable devait tre fait mais nous le donnons ici sous toutes r serves pour fixer un ordre de grandeur qui reste pr caire et sera certainement r vis si les recherches se poursuivent Ces estimations d pendent en grande partie des chiffres fournis par la CDC qui eux m mes changent au fur et mesure que la recherche progresse En second lieu elles n gligent les lacunes qui concernent les notaires et les AP Nous avons fait comme si les notaires de zone Sud n avaient rien eu en caisse rien rendu et rien consign et comme sitout ce que les notaires de la zone Nord ont consign l avait t apr s la Lib ration Bien plus nous supposons qu ils n ont rien gard La premi re r serve aurait comme cons quence de diminuer d autant la spoliation r manente la seconde de l augmenter mais rien ne permet de penser que ces deux r serves de sens contraire s quilibrent Beaucoup plus grave l estimation propos e n glige totalement les AP faute de pouvoir les prendre en compte Nous chiffrons la spolia tion comme si les AP n avaient rien eu en caisse la Lib ration et la resti tution comme s ils n avaient rien rendu Certes il est peu probable qu ils aient rendu plus qu ils n a
117. n insuffi sants mais les circonstances taient les plus fortes et faute de trouver preneur au prix fix il devait accepter des sacrifices aux frais des spoli s De toute fa on les p nuries et les incertitudes de la p riode ne 1 Cf supra p 23 sq La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al constituaient pas des circonstances favorables aux transactions M me pour des non Juifs ce n tait pas le meilleur moment pour vendre ses biens Seconde raison les sommes d gag es par les ventes et liquida tions n alimentaient pas seulement les caisses de la CDC ou de l tat Elles taient amput es de multiples pr l vements Certains sont accessoi res mais non n gligeables cependant comme les 2 de frais de r gie pr lev s par les Domaines sur le produit des actions et parts vendues au titre de son administration provisoire ou les frais de publicit pour les mises en vente D autres sont essentiels comme les honoraires et d fraie ments des AP les frais d expertise ceux des liquidateurs judiciaires et des commissaires aux comptes quand ils existent Nous n avons aucun moyen d valuer l impact du premier fac teur sur le montant de la spoliation Tout chiffre serait fantaisiste et nous n en donnerons pas Quant a
118. naissions le nom de l acqu reur si le bien se trouvait encore dans le patrimoine de ce der nier v rification indispensable mais n gative car aucun des acqu reurs de notre chantillon ne d clare dans son patrimoine un bien acquis dans une proc dure d aryanisation Ce fonds permet en outre de compl ter nos informations sur les spoli s notamment quant l existence d ayants droit et de v rifier le cas ch ant si les biens mis sous administration provisoire et ou vendus sous l Occupation que nous pr sumions restitu s mais que nous ne retrouvions pas dans leur succession ou dans les dos siers de la conservation des hypoth ques leur avaient bien t rendus L exploitation des dossiers de l ISN s est r v l e beaucoup plus d licate en province sauf en ce qui concerne les biens dont les propri taires taient domicili s dans la Seine ce qui a conduit leur d claration aux archives de Paris Quand les propri taires habitaienten province les d clarations pour l ISN ont t faites sur place et si les dossiers d ISN sem blent avoir t vers s aux archives d partementales dans toute la France ce n est pas toujours le cas des fichiers nominatifs Or comme le fonds n est pas class par ordre alphab tique il est pratiquement impossible de retrouver un dossier sans le fichier nominatif Si l on conna t la date pr cise d envoi de la d claration ce qui est exceptionnel on peut esp rer
119. ne interpr tation particuli rement extensive de la loi du 22 juillet 1941 qui exemptait d aryanisation seulement l habitation personnelle des Juifs et les meubles meublants Pour se simplifier sans doute la t che elles ont souvent nomm un administrateur provisoire pour la totalit des biens personnels des spoli s sans distinguer entre les entreprises l immobilier les cr ances voire lor ou les esp ces C est 1 Notre attention a t attir e sur ce paradoxe par le cas d un commer ant qui la succursale locale de la Banque de France remet son retour en 1944 une enveloppe scell e contenant ses titres Nous pensions qu il avait fait l objet d une bonne mani re de la banque pendant son absence mais il n en est rien c est l application des r glements en vigueur Le blocage des coffres a pu constituer paradoxalement une protection de m me que pour les personnes le fait d tre d tenu dans un camp de prisonniers de guerre en Allemagne La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al pourquoi le nombre de biens par dossier est plus lev en zone Sud qu ailleurs Nous y avons ajout les biens inconnus qui sont souvent des biens inexistants pour lesquels on a ouvert un dossier avant de s aperce voir qu ils n existaient plu
120. nt multiplier ces montants pour valuer l entreprise On conna t assez souvent le produit de la liquidation ou de la vente mais on ignore les frais les l ments de passif qu il conviendrait de d duire On ignore surtout si ces chiffres sont fiables ou s ils ont t sous estim s et dans quelle proportion Quand un commer ant spoli reprend son commerce on admet que la restitution a t faite Mais quand son affaire a t vendue et qu il d cide de la laisser l acqu reur une ren gociation intervient souvent qui entra ne un compl ment de prix le simple remboursement du produit de la vente consign la CDC ou chez le notaire n aurait pas suffi annuler la spoliation il tait n ces saire de revenir sur la moins value et de la compenser Pour peu que l affaire se complique les difficult s s accumulent Comment savoir si des parts sociales vendues un prix donn sont sous estim es ou leur juste valeur Il est d j parfois difficile de savoir de qui les parts ont t ven dues Comment la vente des parts se combine t elle avec celle d autres l ments d actifs la raison sociale le pas de porte le mat riel Les documents font d faut qui permettraient le v ritable audit indispensable 1 Il est possible que cette impr cision soit aggrav e par le fait que les portefeuilles de l chantillon taient d pos s chez des agents de change dont les archives sont particuli rement lacunaires
121. nt nous savons qu ils n ont pas t recouvr s Enfin parmi les biens dont nous ne savons pas s ils ont t recouvr s nous distinguons ceux qui ont fait l objet d une revendica tion et dont on peut pr sumer mais pr sumer seulement qu ils sont retourn s leur l gitime propri taire et ceux dont nous ne savons finale ment rien Une pes e globale En pond rant nos chantillons en fonction du nombre de biens nous pouvons proposer une estimation approximative qu il convient de prendre comme telle en se rappelant que pour la Seine o l chantillon est fiable il y a moins d une chance surdix pour que le pourcentage r el de res titutions si l on avait pu le calculer sur l ensemble des dossiers s carte de plus ou moins 3 4 des pourcentages que nous avons obtenus Sur l ensemble du territoire m tropolitain non compris les d partements annex s la proportion de biens restitu s est de l ordre de 70 Si l on y ajoute les biens qui ont fait l objet d une revendication et ont t probablement restitu s sans que nous en ayons la preuve on d passe 77 Un quart des biens 23 n ont donc pas t revendiqu s et l on peut penser qu ils ont t d finitivement perdus Tableau 11 Restitution et non revendication par zones 75 ZN Zs Total Restitution ou acceptation de la vente 67 1 72 5 75 4 70 2 Restitution inconnue mais revendication 7 8 3 2 9 4
122. oms ray s en dessous figurent celui du ou des nouveaux admi nistrateurs souvent acqu reurs de leurs actions Nous avons consid r que siun ancien administrateur juif se retrouvait de nouveau nomm apr s la Lib ration ou un parent fils fr re dans le cas d une entreprise familiale le bien avait t restitu Certaines grandes entreprises notamment des banques familia les furent transf r es en zone Sud en 1940 Nous avons estim que la mention d un nouveau transfert dans la ville d origine apr s guerre alors La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al que l on savait par ailleurs qu il n y avait pas eu spoliation aboutie signi fiait reprise de l activit par les propri taires d origine Nous l avons v ri fi dans ce cas par la consultation du registre du Commerce de la ville du si ge social d avant guerre Dans tous les autres cas il n y a que pr somption de non spolia tion ou de restitution et des recherches suppl mentaires sont n cessaires pour les transformer en certitudes Le registre des M tiers aurait pu constituer une source suppl mentaire importante Malheureusement pour la Seine il n a pas t vers aux archives de Paris et nous l avons consult dans le froid et les gravats de
123. on du dossier d aryanisation permet tr s rarement de conna tre une proc dure de spoliation de bout en bout en identifiant clairement le ou les propri 1 Il y a en fait deux directions de l aryanisation conomique Paris pour la zone occup e Vichy pour la zone non occup e Les deux structures fusionnent en novembre 1943 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al taires le bien concern et ce qu il en est advenu apr s la guerre Par fois l identification du propri taire est pr caire ou incompl te soit que le nom ait t orthographi de fa on diff rente selon les documents soit que le bien ait t la propri t de plusieurs personnes qui n ont pas t toujours toutes identifi es par l administrateur provisoire ni a fortiori par nous m mes Dans d autres cas la nature du bien aryanis nous chappe par exemple quand le dossier n indique qu une raison sociale Sans compter que des administrateurs provisoires ont t nomm s pour un bien qui n existait plus ou qui n tait pas aryanisable aux termes de la loi de juillet 1941 et que d autres ont pris de leur propre chef sous leur administration des biens qui ne leur avaient pas t explicitement confi s Il y a plus grave on ne sait pas toujours si la s
124. ons nous loignent de notre objet propre Nous avons dit quelle tait notre question et comment nous avions proc d pour y r pondre Quelle est cette r ponse La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Chapitre 4 Esquisse d un bilan 60 000 dossier d aryanisation conserv s aux Archives nationa les 50 000 proc dures engag es dont 30 000 dans la Seine la spoliation a d cid ment t men e sur une grande chelle Cette premi res conclu sion cette conclusion majeure ne doit jamais tre perdue de vue C est le cadre m me dans lequel se posent les trois questions fondamentales de la recherche jusqu quel point la spoliation a t elle t conduite dans quelle mesure a t elle t annul e par la R publique r tablie quelle est l importance de la spoliation r manente A ces questions les deux premiers chapitres ont expos les r ponses que sugg re l examen du fonctionnement g n ral du CGQJ d abord ensuite du service des restitutions et des politiques men es apr s la guerre Il s agit maintenant de valider ces r ponses par l examen des dossiers de nos chantillons La premi re d marche tudiait l aryani sation et la restituion telles qu elles apparaissent des chelons la fois sup rieurs et centraux des administrations
125. ous pr senterons d abord ceux de l ancien d partement de la Seine puis ceux de province car pour des raisons pratiques organisation interne du fonds facilit d acc s aux sources compl mentaires la recherche a com menc par les premiers Les dossiers d aryanisation de la Seine Base de l tude les dossiers d aryanisation se pr sentent sous la forme de chemises dont le contenu peut aller d un simple feuillet une pile de documents de dix centim tres d paisseur Quelques grosses entreprises ont m me n cessit plusieurs dossiers Ces dossiers ont connu une longue vie les documents qu ils contiennent les indications 1 La largeur de l intervalle de confiance d pend du pourcentage obtenu Elle atteint son maximum pour 50 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al griffonn es sur leur couverture fournissent des informations sur une p riode qui s tend de l Occupation la Lib ration et parfois plus loin encore pour peu qu ils aient t consult s ou communiqu s l occasion d un proc s ou d une demande de dommages de guerre Ouverts par le CGQJ ils ont t g r s et class s par le service des restitutions Ce sont donc la fois des dossiers de spoliation et de restitution L acte qui d clen
126. p global Elle fait appara tre que les biens qui n ont pas t revendiqu s auraient parfois pu l tre S ils n ont fait l objet d aucune demande de restitution ou d indemnisation ce n est pas n cessairement parce que leur propri taire et toute sa famille avaient t extermin s parmi les 67 biens de l chantillon de la Seine pour lesquels nous n avons trouv aucune restitution 23 auraient pu faire l objet d une revendica tion soit du spoli lui m me soit d un membre de sa famille Sur ces 67 biens 32 appartenaient des propri taires qui ont t d port s et dans 11 de ces 32 cas la victime elle m me ou plus souvent ses enfants ou d autres membres de sa famille auraient pu revendiquer le bien Cer tains ont entrepris des d marches aupr s des Anciens combattants pour obtenir la mention mort pour la France Pourquoi n ont ils pas revendi qu le bien dont leur famille avait t spoli e L histoire touche ici ses limites comment conna tre les raisons qui ont fait agir ou qui ont dans ce cas retenu des personnes aujourd hui d c d es pour la plupart Les documents nous abandonnent et notre imagination n a plus de point d appui On peut penser que cer tains n ont pas t inform s mais il est difficile de l envisager pour ceux dont une mention sur le dossier atteste la visite au service des restitutions en 1946 ou 1947 ils sont venus voir et ayant vu ils n ont
127. par les tr soreries paieries g n rales des d parte ments qui proc dent la r partition des fonds entre les deux comptes et alimentent partir du compte 511 un compte postal ouvert au centre de ch ques postaux de Clermont Ferrand au nom du CGQJ Surtout et pour les deux zones le compte 511 n est pas aliment seulement par les pr l vements sur les produits des aryanisations le CGQJ avait imagin des moyens plus rapides et plus efficaces d alimenter ses comptes comme nous l avons d couvert au cours de nos investigations l origine de ce m canisme une disposition de l arr t du 6 octobre 1941 r glementant la r mun ration des AP et la soumettant une double limite dans le temps elle ne pouvait exc der 6 mois et dans son montant elle ne pouvait d passer 10000 F par mois pour l ensemble des entreprises auxquelles l AP avait t nomm Comme la r mun ration d pendait de l importance des affaires aryanis es et qu un m me AP pouvait en administrer plusieurs il arrivait que sa r mun ra tion d passe le plafond de 10000 F En ce cas le pr l vement tait cependant effectu mais l exc dent tait vers au compte 511 article 5 En outre pour les entreprises qui faisaient plus de 5 millions de chiffre d affaires ainsi que pour les banquiers et coulissiers le pr l vement tait de 1 du chiffre d affaires et s il d passait la r mun ration autoris e de TAP le solde tait
128. poliation Pour cela une premi re source venait aussit t l esprit les archives de l Enregistrement En effet les services de l Enregistrement qui d pendent de l administration de l Enregistrement des Domaines et du Timbre inter viennent dans la plupart des transmissions patrimoniales puisque les actes notari s ou sous seings priv s doivent pour prendre pleine valeur avoir t enregistr s Nous nous sommes donc tourn s vers cette admi nistration o trois s ries de fonds se sont av r s int ressants pour notre recherche Le premier fonds rel ve de la conservation des hypoth ques qui tient un v ritable tat civil des immeubles ne pas confondre avec le cadastre Les archives des hypoth ques sont une source de premier ordre car tous les actes relatifs des transactions immobili res ventes ou mutations quelconques y sont conserv s Aubervilliers Mais l acc s aux actes n est possible qu apr s consultation de registres qui ne sont eux m mes utilisables qu au moyen d autres registres nominatifs Un fichier immobilier a bien t constitu mais en 1955 seulement Pour compliquer le tout fiches et registres ne sont pas conserv s Aubervil liers mais r partis en fonction de l implantation des immeubles dans 1 Archives de l enregistrement Direction nationale d intervention domaniale 87 boulevard F lix Faure 93300 Aubervilliers La documentation Fran aise Aryanisatio
129. poliation a t effective et dans l affirmative si le bien a t restitu apr s la guerre Ainsi nous avons retrouv une circulaire du service des restitutions remplie dans 18 seulement des dossiers de l chantillon de la Seine alors que la moiti d entre eux sont class s R De plus si la pr sence d un tel document atteste que le spoli est encore vivant ou que ses ayants droit ont t touch s et que le bien est revendiqu on ne sait pas n cessairement pour autant s il a t effectivement restitu notamment lorsque la proc dure est encore en cours Enfin beaucoup de dossiers sont tr s lacunaires Trop d insuffisances qui obligent se tourner vers d autres sources Les dossiers individuels des administrateurs provisoires La lourde machinerie administrative du CGQJ concernait gale ment les administrateurs provisoires Chaque nomination entra nait louverture d un dossier tenu par le Service de contr le des administra teurs provisoires SCAP Apr s la Lib ration le d cret du 2 f vrier 1945 met en place un nouveau SCAP qui travaille partir des m mes dossiers Ils sont class s g n ralement par ordre alphab tique dans la Seine comme l int rieur de chaque d partement Ces dossiers s apparentent des dossiers de personnel mais ils sont tr s in gaux Ils contiennent en g n ral avec les arr t s de nomina tion il est rare qu il n y en ait qu un car la majorit
130. principe m me du comptage des dossiers m rite d ailleurs d tre mis en cause N est ce pas additionner des r alit s h t rog nes Ne faisons nous pas comme cet apprenti statisticien qui pour tablir un indice du co t de la vie additionnait le prix du paquet de cigarettes et celui de la tonne de charbon La question se pose car il y a de gros dos siers qui font exploser le carton o ils sont conserv s et d autres fort minces qui comprennent quelques pi ces seulement Fallait il tenir compte de l paisseur des dossiers Le choix revenait en fait privil gier ou non l importance conomique de l aryanisation dont l paisseur des dossiers est un indice fruste mais robuste Il nous a paru pr f rable l objectif de l enqu te n tant pas de l ordre de l conomie de privil gier les personnes les victimes de l aryanisation et donc de consid rer tous les dossiers comme gaux Si l on ajoute qu un m me dossier peut porter sur plusieurs biens d un m me spoli par exemple son fonds de com merce et l immeuble qui l abrite ou plusieurs immeubles contigus et qu inversement l aryanisation d un m me bien une soci t par actions par exemple ou un bien indivis entre des h ritiers peut concerner plu sieurs personnes on con oit qu il f t impossible de construire un chan tillon strictement repr sentatif soit des biens soit des spoli s En consid rant les dossiers nous avons s
131. propri taires et faire de m me pour les variables relatives l identification du bien et l volution de sa situation La base de donn es aurait alors repos sur plus d un millier de variables et donc comport plus d un millier de colonnes La lecture de l ensemble aurait t impossible et la taille du tableur insuffisante Pr server l ensemble des informations conserver une bonne lisibilit et permettre une exploitation statistique des donn es nous a conduits opter pour une troisi me solution multiplier les lignes Par convention pour les dossiers un bien plusieurs propri taires il y a une ligne pour le bien puis une ligne pour chacun des propri taires La ligne concernant le bien re oit toutes les informations du dossier sauf celles relatives aux propri taires Sur les lignes concernant les propri tai res l ensemble des informations sont toujours rappel es en particulier le bien concern sauf celles qui concernent les sommes molument d administrateur provisoire prix de vente except si on a le d tail pour chacun des propri taires par exemple lors d une cession de parts 1 La saisie s est effectu e horizontalement les diff rentes variables sont indiqu es en t te de colonnes 2 On aurait eu pour chaque ligne plusieurs colonnes relatives au propri taire 1 au propri taire 2 au propri taire 3 au propri taire 4 etc 3 Lorsque deux propri taires se partagen
132. que les dossiers soient class s par ordre chronologique Sinon il reste esp rer que la mention du num ro de la d claration figure au fichier de consistance patrimoniale ou au registre g n ral de l enregistrement comme nous l avons trouv dans le Vaucluse Mais nous ignorons si c est le cas partout Dans les d partements o nous nous sommes d plac s nous avons men nous m mes les recherches dans les fonds des domaines 1 Fonds 1600 W Fichier g n ral A Z articles 2162 2448 D clarations class es par arrondissements articles 1 2161 Il y a aussi des d clarations de personnes morales fichiers articles 2450 2451 d clarations n 1 954 articles 2507 2511 2 Ce n est d j pas le cas pour la Seine La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al vers s aux archives d partementales successions ISN Pour les vingt six autres d partements il tait difficile de demander aux archivis tes de proc der pour nous des investigations aussi techniques Aussi avons nous transmis l administration des Domaines la liste des com merces et entreprises de l chantillon dont nous ignorions le sort la Lib ration pour qu elle en fasse rechercher la trace aux archives de l Enregistrement Dommages de guerre et
133. r caire L extrapolation impossible Si d termin e qu elle ait t l action de la R publique restaur e laisse ainsi derri re elle une spoliation r manente multiforme constitu e pour une part importante largement majoritaire m me si l on compte le nombre des victimes d choppes et d ateliers liquid s ray s du registre du Commerce ou des M tiers et du r le de la patente sans avoir rapport d argent au CGQJ et pour une autre part majoritaire si l on s int resse au produit financier de l aryanisation d entreprises prosp res et de quelques immeubles vendus qui n ont pas t restitu s ou dont le mon tant consign la CDC a t d chu et non sold aux ayants droit Sur tout subsiste l impr cision quant la restitution des ventes de portefeuilles titres qui ont constitu de loin la masse mon taire la plus importante de l aryanisation et dont les Domaines ont perdu la m moire comptable Nous esp rions pouvoir tirer de l tude approfondie de nos chantillons des indications fiables sur l ampleur de la spoliation r ma nente Au terme de notre parcours nous devons renoncer cette ambi tion pour deux raisons La premi re est que l examen des dossiers ne permet pas en g n ral d avancer un chiffre pr cis On conna t certes le plus souvent le chiffre d affaires et le b n fice de la derni re ann e ou des derni res ann es mais par quel coefficie
134. r lev es ou effectivement vers es Elles ont servi apr s la guerre semble t il tablir si l on devait r clamer aux AP un trop per u la Lib ration en effet on a recalcul r troactivement les r mun rations des AP suivant un bar me moins avan tageux dict par le d cret du 2 f vrier 1945 Cette mesure a provoqu la cr ation de dossiers de calcul des r mun rations qui constituent un dossier dans le dossier avec des fiches de calcul et des correspondances relatives au trop per u voire des ordres de reversement Le service des restitutions a consacr une attention particuli re ment vigilante aux AP et l on a vu qu il avait syst matiquement port plainte contre tous ceux qui n avaient pas rendu leurs comptes Comme ils taient infiniment moins nombreux que les spoli s v rifier qu ils aient rendu leurs comptes tait la mani re la plus rapide et la plus efficace de susciter les restitutions D o les multiples circulaires Terroine La pre mi re est dat e du 21 f vrier 1945 et leur demande les noms raisons sociales et si ges des entreprises qu ils ont administr es en distinguant celles dont le propri taire leur a demand les comptes Les r ponses souvent sous forme de listes figurent dans le dossier Des circulaires de relance ont t adress es aux AP qui n avaient pas r pondu En 1946 le service a crit aux spoli s pour leur demander combien l administrateur a pr lev d
135. r marchande est d risoire Comme en outre la plupart d entre eux ont judicieusement cherch amasser le plus gros p cule possible pour tenter de fuir la pers cution en zone non occup e payer le passeur et avoir quelque argent pour tenir le temps de retrouver quelque chose ils n ont r gl ni leurs imp ts ni leur loyer ce n tait pas le moment L administrateur provisoire liquide Paffaire aux moindres frais il se contente de vendre ce qui ne l a pas d j t par le spoli il proc de aux radiations r glementaires et il arr te les comptes en d ficit l actif ne couvre pas le passif Il n est donc pas question qu il pr l ve ses honoraires sur l affaire et ils sont pay s par le compte g n ral du CGQJ compte 1207 la paierie g n rale de la Seine aliment par le compte 511 de la CDC De m me comme il n y a pas de pr l vement il n y a pas lieu de verser la Treuhand und Revizionsstelle l quivalent d une mensualit Les r mun rations des AP et les versements la Treuhand constituent de ce fait de bons indica teurs de la valeur comptable des biens dont la spoliation semble d fini tive Dans notre chantillon de biens non revendiqu s de la Seine les AP ont pr lev leurs honoraires sur la tr sorerie des affaires qu ils administraient dans 12 cas sur 67 seulement non par on ne sait quelle discr tion mais parce que seules ces 12entreprises taient en mesure de supporter q
136. rait t la spoliation Sym triquement la restitution n a t ni h sitante ni timor e malgr les r sistances surmonter et la volont politique s est impos e des fonctionnaires parfois r ticents en revanche conduite par des gouvernements soucieux d viter l arbitraire des proc dures administratives elle a pris beaucoup de temps lassant ou d courageant certaines des victimes les l sant toutes du fait de l infla tion Le temps qui passe est d cid ment l un des acteurs majeurs de cette histoire De m me nous nous sommes toujours efforc s de contextuali ser les proc dures que nous analysions Nous esp rons avoir montr comment l aryanisation et la restitution ont pris des visages multiples en fonction des zones et des milieux sociaux Les pratiques ne sont pas identiques Paris et en province o les pr fectures disposent d une cer taine marge d initiative La zone Sud se singularise sur de multiples points dans l aryanisation et plus encore dans la restitution D o le dan ger de g n raliser partir de monographies locales si pr cieuses soient elles pour clairer les fonctionnements concrets des administra tions et les comportements des acteurs Dans la contextualisation des questions que nous devions r soudre et pr cis ment parce que nous n tions pas libres de ces ques tions qui nous taient pos es du dehors nous nous sommes impos s cer taines limites Nous avons
137. rations apr s les fonds mention n s ci dessus elles nous ont apport peu d informations nouvelles mais elles peuvent pr senter quelque int r t pour des recherches 1 Seine AJ 5758 5768 Province 5769 2 AJ 5726 5752 3 Il est noter que la loi utilise le terme de non juif aryen et surtout aryanit appartiennent au vocabulaire administratif propre au CGQJ et sa DAE 4 Il n existe pas ce jour d indexation des dossiers soumis au service juridique mais il est rare qu on ne trouve pas dans le dossier d aryanisation correspondant la cote du dossier au service juridique ce qui en facilite la consultation 5 Nous avons consult galement les dossiers des directions r gionales du CGQ J qui pouvaient nous renseigner sur le sort des biens et des personnes sous l Occupation et la Lib ration Ils contiennent pour la plupart des tats mensuels et des listes d objets mobiliers restitu s et ne nous ont donc t d aucune utilit 6 AJ 5979 5988 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al individuelles De m me nous n avons pas glan beaucoup d informa tions dans le carton consacr aux versements des notaires la CDC Le d cret du 2 f vrier 1945 leur aordonn de consigner la CDC au
138. responsables Nous nous pro posons de confronter ici les r sultats de cette d marche descendante avec ceux de la d marche inverse qui part des cas concrets dans leur sin gularit statistiquement contr l e pour tenter d en d gager les caract res g n raux L histoire partir du haut et l histoire partir du bas co nci dent elles et disent elles la m me Histoire O en tait la spoliation en ao t 1944 A n en retenir que les grandes lignes les conclusions du pre mier chapitre taient claires Impos e tr s t t par les Allemands en zone Nord et tendue en juillet 1941 par Vichy l ensemble du territoire la spoliation a t moins pr coce et elle n a donc pas pu aller aussi loin en zone Sud elle a t plus efficace pour les entreprises que pour les immeubles elle a t souvent ralentie par son ampleur m me et par le formalisme bureaucratique avec lequel l administration fran aise l a conduite si bien que dans de nombreux cas elle n tait pas enti rement consomm e la Lib ration enfin elle a t particuli rement rapide et radicale pour les petits artisans et commer ants L enqu te confirme t elle ces conclusions La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al La nature des biens soumis une proc dure d aryanis
139. s de r ception du paiement en recom mand Parfois m me une correspondance est jointe ces pi ces La majorit des dossiers de l OBIP concerne des comptes ban caires et nous n avons pas retrouv de dossier correspondant chacune des aryanisations de l chantillon qui ouvraient droit pour autant que nous puissions en juger de tels remboursements Ces dossiers ne sont pas complets et il en manque certainement mais il est clair qu une grande partie des spoli s ont renonc faire valoir l int gralit de leurs droits Les dossiers qui enrichissent notre enqu te sont de deux sortes D une part des dossiers relatifs des ventes d actions effectu es dans le cadre de l amende du milliard ils prouvent que le spoli n a pas r cu p r l int gralit de son portefeuille la Lib ration mais si sa demande a t accept e qu il a per u en revanche la contre valeur des actions ven dues D autre part les dossiers relatifs des entreprises ou des commer ces nous renseignent sur le sort du bien selon que la demande mane de l acqu reur subrog ou du spoli lui m me Dans le premier cas le spo li a recouvr son bien et il a autoris celui qui l avait achet faire la demande de remboursement sa place comme il l avait autoris r cla mer la CDC les sommes provenant du paiement de l acquisition consi gn es sur son propre compte Ind pendamment des 10 dont il est p n
140. s e apparemment fort simple et la base de donn es qui pour l essentiel r sume les r sultats l cart semble d j grand Mais entre la base de donn es et tout ce qu il a fallu d pouiller et comprendre pour la constituer il est plus grand encore N est ce pas la montagne qui accouche d une souris Fallait il vraiment un si long d tour pour savoir dans quelle mesure les spoliations ont t ou non d faites par les restitutions cette question la r ponse est double D une part elle r side dans l exigence de la preuve En une mati re aussi d licate moins encore qu en toute autre l historien n a le droit de rien avancer qu il ne le prouve et nous ne pouvions nous satisfaire d impressions subjectives Elles se sont pourtant souvent av r es exactes car force de d pouiller les dos siers du CGQJ on acquiert une familiarit qui permet de sentir en quelque sorte un dossier et de pr sumer de son issue On a par exemple le sentiment que l administrateur provisoire ne se comporte pas exacte ment comme le CGQJ l attendrait et l on d couvre dans son dossier une r ponse la circulaire Terroine qui tablit sa connivence avec le propri taire Mais m me exactes ces intuitions ou ces impressions ne valent pas preuve Or on attendait de nous des preuves Mais et c est le second l ment de r ponse l administration de la preuve et le d tour qu elle impose ne s ajoutent pas une
141. s caves du tribunal de commerce qui le tenait avant la guerre Il se pr sente physiquement comme le registre du Commerce nous avons travaill partir du fichier puis des livres Avant la cr ation du registre des M tiers en 1936 les artisans taient inscrits sur celui du Commerce Ils auraient d th oriquement s y faire radier apr s avoir chang de cat gorie mais cela n a pas t toujours le cas Nous avons cependant cher ch dans le registre des M tiers les artisans et les propri taires de petits commerces notamment de confection ainsi que les spoli s transform s en artisans fa onniers pour compl ter d une part l tat civil des person nes et d autre part pour tenter de conna tre le sort subi par leur entre prise Cette qu te n a h las gu re t fructueuse En province la consultation des registres du Commerce et des M tiers s est av r e beaucoup plus compliqu e En effet suivant les d partements les diff rentes sources dossiers livres fichiers ne sont pas toujours d pos es au m me endroit Entre les deux extr mes tota lit des fonds vers s aux archives d partementales ou conserv s au greffe du tribunal de commerce on rencontre toutes les situations inter m diaires fichiers au tribunal livres aux AD une partie des livres aux AD une partie au tribunal etc Toute recherche en province devait donc commencer par une localisation des fonds parfois difficile sans comp
142. s d raisonnable d avancer comme conclusion que le montant de l aryanisation conomique a d se situer un peu au dessus de 5 milliards au total Pour les ventes et liquida tions d entreprises et de biens immobiliers l ordre de grandeur est autour de 3 milliards sans tenir compte des moins values de cessions effectu es des prix insuffisants Tableau 13 Comptes de l aryanisation Postes __ Montants Produit de l aryanisation 7 Pr l vement sur les comptes courants 150 Ventes de titres 1 916 MF 2 de frais de r gie 1 878 Ventes et liquidations d entreprises et d immeubles Produit parvenu la CDC 1 390 Produit chez les notaires de la zone Nord 1 303 Produit chez les notaires de la zone Sud Lacune Produit dans les caisses des AP Lacune Total 4 721 Frais support s 2 de frais de r gie des domaines 38 Honoraires des AP 270 Versements la Treuhand 18 Honoraires d experts frais de publicit etc Lacune Total 326 Montant de l aryanisation aux termes de la loi du 22 juillet 1941 5 047 Note estimation faite par extrapolation partir de nos chantillons 1 Si Pon connaissait ce que l on pourrait appeler la viscosit du flux financier c est dire le temps moyen pendant lequel les produits des ventes et liquidations restent dans les caisses des AP en attendant l homologation ou la cl ture de l administration provisoire on pourrait tenter une estimation car on conna t par la comptabilit
143. s dossiers d une s rie puissent avoir leur double dans l autre Tous les dossiers avaient donc t consid r s de la m me fa on Or la pratique des dossiers puis leur indexation ont prouv que les doublons sont tr s fr quents et que leur absence n a pas toujours le m me sens Cependant il n existe pas de doublons dans certains d partements de zone 1 Voir annexe 3 2 Cette indexation sera prochainement disponible aux Archives Nationales Elle est relativement sommaire car elle indique seulement le nom ou la raison sociale du bien le pr nom la ville et les r f rences du carton et du dossier Nous avons consid r que des dossiers comportant le m me nom et la m me ville concernaient les m mes affaires La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Nord le Finist re la Loire Inf rieure la Mayenne la Ni vre le Nord le Pas de Calais la Sarthe la Seine et Oise et la Seine et Marne D autre part la proportion de doublons n est pas toujours la m me Cette particularit est lourde de cons quences D abord elle interdit de d duire du nombre de dossiers de province celui des proc dures d aryanisation entreprises puisque dans un nombre de cas inconnu et variable suivant les d partements existent deux dossiers pour
144. s fonds des tribunaux de Commerce conserv s aux Archives de Paris des nominations d admi nistrateurs s questres en application de l ordonnance du 14 novembre 1944 g n ralement la demande des familles de spoli s Il arrive que l acqu reur d un bien aryanis le restitue l amiable m me si la vente avait t homologu e et que la restitution soit l objet d un acte notari Or les ordonnances du 14 novembre 1944 et du 21 avril 1945 accordaient des exon rations fiscales quand ces op ra tions taient homologu es par la justice On peut donc retrouver dans les archives judiciaires des d cisions de ce type avant m me le 21 avril 1945 sans que la restitution se soit op r e par voie judiciaire Ces diff rentes ordonnances de justice nous avons trouv trace de 61 proc s concernant des biens de notre chantillon ont per mis d clairer la restitution des biens spoli s Mais elles ont souvent aussi enrichi par leurs attendus et parfois par les conclusions des parties en pr sence notre compr hension des conditions et des modalit s de la spoliation 1 notre connaissance ces ordonnances n ont t dans aucun autre d partement vers es aux Archives d partementales Faute de temps nous n avons pu les consulter dans les greffes des tribunaux de Commerce doutant d ailleurs qu ils puissent les retrouver ais ment 2 S rie D 2U3 dont l index dactylographi est en cours il doit donc
145. s ou que leur propri taire n tait pas juif ce qui a conduit ensuite annuler le dossier Suivant leur nature les biens taient plus ou moins difficiles aryaniser et les proc dures taient in galement longues et complexes Leur aboutissement est donc diff rent Le sort des biens la Lib ration Quand s effondre le r gime de Vichy les biens aryaniser peu vent se trouver dans quatre situations principales De toute fa on un administrateur provisoire a t nomm L ventualit la moins d favo rable au spoli est que cet administrateur n ait rien fait Cette inaction relative peut avoir pris plusieurs formes la n gligence pure et simple qui entra ne parfois sa rel ve ou l inverse l administration du bien en bon p re de famille comme on le voit quand l AP d un immeuble se contente d encaisser les loyers de payer les imp ts et les charges et d assurer l entretien courant ou encore quand un premier commis ou un caissier g re le bien en accord avec le propri taire Dans tous les cas regroup s sous la rubrique non dispos AP n a de toute fa on pro c d qu des actes de gestion courante et non ce qu on appelle des actes de disposition La seconde situationest celle o des actes de dispo sition vente ou liquidation ont t engag s fermement mais n ont pas encore t homologu s l homologation de la vente ou de la liquidation par l
146. s pour les immeubles situ s en province La seconde s rie d archives int ressante pour l tude de la resti tution est constitu e par les d clarations de succession Toute personne h ritant d un bien doit en effet le d clarer dans les six mois sous peine d amende Les d clarations de succession d crivant tr s pr cis ment le patrimoine d une personne d c d e constituent une source de premier ordre pour v rifier qu une entreprise un immeuble un commerce des titres ont bien t restitu s au spoli ou ses ayants droit ou au con traire confirmer si le d c s a lieu plusieurs ann es apr s la guerre qu ils ne sont pas revenus dans la famille Les d clarations de succession sont conserv es dans les archi ves de l Enregistrement jusqu l ann e 1969 Nous avons syst matique ment cherch trace dans ce fonds des spoli s de notre chantillon Trois instruments de recherche nous y ont aid s D abord le fichier des succes sions C est un fichier alphab tique au nom des personnes d c d es qui renvoie par une cote au classeur conservant la d claration de succession Un premier fichier concerne les d clarations enregistr es entre 1940 et 1949 un second celles enregistr es entre 1950 et 1969 Un d c s inter venu pendant la guerre peut donner lieu une d claration de succession plusieurs ann es plus tard En second lieu les tables d cennales de 1 partir de cette date el
147. s transferts directs de spoliateur spoli entre ao t 1944 et f vrier 1945 Elle a cependant t consid rable D apr s les comptes de la CDC les consignations effec tu es pour la Seine de 1945 1952 auraient t de 726 3 MF On peut pr sumer qu il s agit essentiellement des notaires mais un autre document de la CDC r partissant les consignations juives de 1941 1949 par consi gnateur indique un total de 644 2 MF consign s par les notaires A sup poser que les consignations des notaires de province aient t n gligeables et qu aucune de ces consignations n ait t ant rieure la Lib ration cela supposerait puisque les notaires d tenaient 1 303 MF en juin 1944 qu ils aient rendu directement aux spoli s ou leurs acqu reurs subrog s autour de 580 MF dans une hypoth se de 659 dans l autre Le montant des transferts d administrateurs provisoires spoli s en application du nouveau bar me de r mun ration de f vrier 1945 est lui proprement impossible approcher Mais compte tenu de la vigi lance du SCAP de Goumeau et Bonvallet ces transferts furent probable ment effectu s r guli rement Quand les fonds taient la CDC la restitution est pass e par une d consignation que les comptes ont enregistr e Le montant des d consi gnations du compte 501 selon les demi res estimation de la CDC aurait t de 2 671510 409 F que nous pouvons arrondir 2672 MF Enfin quan
148. sation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Ce tableau diff re sensiblement des comptes tablis la fin de la guerre par le CGQJ que nous avons reproduits plus haut p 44 qui taient relatifs sa tr sorerie et conduisaient un montant inf rieur de plus d un milliard Il pr sente n anmoins des sous estimations certai nes qui s expliquent par la nature m me des recherches Dans les regis tres les chercheurs de la CDC ont additionn le montant des consignations qui taient estampill es juif mais l poque les comptables qui ont tabli les registres n ont pas toujours identifi les consignations juives comme telles et ils les ont trait es comme des consignations ordinaires De ce fait les additions de la CDCsont incom pl tes et parfois dans des proportions importantes Pour le Vaucluse que nous avons tudi de fa on exhaustive les r c piss s de verse ments au compte 511 conserv s dans les dossiers d AP portent sur un total de 935 760 F alors que les consignations enregistr es par la CDC comme juives portent sur seulement 479 050 F Si l on devait extrapo ler partir du cas du Vaucluse il faudrait ajouter environ 46 millions au total ci dessus Le chiffre de 3 300 MF constitue une estimation pru dente Pour tablir maintenant l
149. se En outre proposer nos contemporains plus attentifs qu hier ces questions une analyse sans complaisance mais sans sch matisme de cette forme particuli re de la pers cution antis mite nous semblait une contribution utile la cons truction d une conscience civique qui repose sur une vraie connaissance du pass Mieux pr par s que d autres ces t ches les historiens que nous sommes pouvaient moins que d autres se d rober de telles demandes Ce fut un gros travail o nous e mes le sentiment de ne pas tre contre emploi De ce travail les pages qui pr c dent ont laiss deviner l ampleur la complexit et la difficult Elles n ont sans doute pas laiss soup onner en revanche combien il fut prouvant L immersion dans cet univers de dossiers de fiches de biographies et de comptes est une preuve Les annexes qui suivent en donnent nous l esp rons une certaine id e encore qu il leur manque l effet de r el provoqu par le document authentique dans la texture de son papier et le graphisme de ses critures ou de ses dactylographies La fr quentation lancinante des archives provoque des sentiments plus forts M me quand aucune raison personnelle n existe de s identifier aux victimes il est impossible de pas ser une journ e d pouiller les dossiers d aryanisation ou plus forte raison les fichiers juifs sans en tre intimement affect Nous ne sor tons pas ind
150. ses Seine Immeubles ZN 32 Immeubles ZN 22 44 Moins de 50 Immeubles ZS 12 Autres entreprises ZN 25 immeubles ZN 21 Textile ZS 20 1 Des monographies d partementales feraient ressortir l impact du z le des pr fets et des autorit s allemandes sur le rythme et les r sultats de l aryanisation au niveau local 2 C est la raison pour laquelle nous n avons pas fait figurer dans ce tableau les cat gories de biens dont l effectif calcul tait trop faible La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Restitution et r integration Comment classer les biens Le service des restitutions avait adopt on l a vu une classifica tion assez simple en deux cat gories biens revendiqu s et non revendi qu s Le terme disait bien ce qu il voulait dire et il convenait un service qui se consacrait faire restituer leurs biens aux spoli s La revendication est le d but de la proc dure et elle indique au moins que quelqu un se manifeste pour recouvrer le bien spoli Notre int r t est diff rent nous cherchons si les biens sont retourn s leur l gitime propri taire ou quand ils ont t liquid s si leur propri taire a obtenu la d consignation des produits de la vente ou s il a t r int gr dans
151. side rien n tait Mais il a adopt ce parti dans tous les domaines la R publique refusant les sta tuts particuliers Les Isra lites n ont t l objet d aucune discrimination Ces r serves faites les flux financiers de la restitution ont trois origines car en d finitive les produits de l aryanisation se trouvaient trois stades diff rents ou bien ils avaient t d pens s amende du 1 2 jusqu au 31 d cembre 1948 1 au del Malgr tout les int r ts repr sentent un montant non n gligeable dans l indemnisation au titre de la loi de 1948 montant chiffr 16 par l tude du minist re de l Economie des Finances et de l Industrie Mission de coordination sur les spoliations et restitutions Les restitutions au titre de la loi du 16 juin 1948 par Anne Th r se Nguyen Fabrice Casadebaig Ga l Colin Olivier Gay Paris mim ogr avril 1999 24 p La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al milliard versements au CGQJ ou l UGIF etc ou bien ils taient tou jours dans les caisses de la CDC ou bien ils n y taient pas encore et se trouvaient toujours chez les notaires ou les AP Suivant le cas la restitu tion a proc d selon des voies tr s diff rentes Il est tr s difficile d valuer l ampleur de
152. son bail La revendication ne saurait donc nous satisfaire nous cherchons les restitutions et les r int grations effectives attest es par des documents Nous consid rons donc qu un bien a t restitu si par exemple nous trouvons dans le dossier d aryanisation une r ponse une circulaire Terroine o le spoli ou l un de ses parents d clare qu il s est entendu l amiable avec son acqu reur De m me quand le registre du Commerce enregistre la r inscription du spoli la m me adresse et sous la m me enseigne ou quand le compte de consi gnation la CDC a fait l objet d une d consignation ou encore quand le bien figure dans la d claration de succession ou dans celle tablie pour l imp t de solidarit nationale par l int ress lui m me Dans le cas des ordonnances rendues par le tribunal civil ou de commerce que ce soit avant ou apr s l ordonnance du 21 avril 1945 deux difficult s se pr sentaient D abord certains plaignants qui deman dent au tribunal d annuler la vente de leur propri t ou de leur droit au bail ont pu tre d bout s mais d apr s les d pouillements que nous avons effectu s dans les ordonnances de r f r la chose est rare On pourrait consid rer que dans de tels cas la spoliation n a pas t r par e mais cela nous a paru difficile Nous avons pr f r faire confiance aux juges de l poque et respecter le principe de l autorit de la chose j
153. son plan de son dage celui ci avait besoin d informations pr cises sur l ensemble des dossiers dont il fallait extraire un chantillon Comme toujours la qualit du sondage d pend de celle des informations dont on dispose pr alable ment sur l ensemble sonder Or au d but de la recherche nos informa tions taient minces puisque le nombre et le contenu mat riel des dossiers de l ensemble du fonds n avaient jamais t tudi s Nous igno rions m me le nombre de ces dossiers Nous avons donc commenc par tenter de d nombrer les dos siers AJ dont l inventaire tait alors en cours d laboration Cet inven taire indique en principe les num ros des dossiers individuels dans chaque carton mais parfois le classement est alphab tique et les dossiers ne sont pas num rot s Dans ce cas nous avons ouvert les cartons pour compter les dossiers Ce comptage a servi de base au sondage Depuis il a t affin l ensemble des dossiers a t index par les Archives natio nales dans le cadre des travaux de la Mission ce qui fournit un autre d nombrement et permet par croisement et confrontation de proposer une estimation raisonnable Le tableau 3 pr sente ces diverses valuations Tableau 3 Nombre de dossiers d aryanisation Estimation Comptage Indexation Estimation du CGQJ de l inventaire propos e Seine 31 094 31 817 29 144 29 614 Zone Nord 11 157 16 978 16 652 16 779 Zone Sud 13 615 12 963
154. st av r e inutile car les successions n y figurent pas Naturellement nous avons men galement des investigations dans les successions en d sh rence g r es par les domaines En province dans tous les d partements o nous nous sommes d plac s les fonds de l Enregistrement ont t vers s aux archives d par tementales Mais nous n y avons pas trouv les fichiers des successions Or la consultation des tables de d c s parfois trimestrielles peut tre fort longue lorsqu on ignore la date du d c s de la personne recherch e ce qui a rendu la recherche pratiquement impossible faute de temps En revanche nous avons trouv en C te d Or et dans le Vaucluse un registre g n ral de l Enregistrement auquel est associ un fichier alpha b tique Ce registre fournit sous forme de livre les m mes informations que le fichier de consistance patrimoniale mais avec de surcro t la r f rence de la d claration de succession priori toutes les archives d partementales devraient conserver soit un fichier de consistance patri moniale soit un registre g n ral de l Enregistrement Les archives d Aubervilliers contiennent une troisi me s rie de fonds susceptibles d int resser directement les recherches sur la spolia tion les actes sous seings priv s l enregistrement des actes notari s et les baux commerciaux Il n existe pas de fichier nominatif permettant d acc der un acte sous seings
155. t deux biens on a cr une ligne pour chaque bien et une ligne par propri taire de chaque bien ce qui fait six lignes En r alit sept car il y a aussi celle du dossier voir plus loin La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al L ensemble de ces lignes est naturellement identifi sous le m me num ro de dossier d aryanisation Pour permettre une lecture de la base soit au niveau des per sonnes soit celui des hiens ou encore celui des dossiers un syst me simple de filtre a t mis en place Trois colonnes B bien P personne et D dossier ont t cr es et la ligne correspondante est signal e par le nombre 1 dans la colonne ad quate Pour les dossiers simples un bien un propri taire chacune des trois colonnes est not e 1 B 1 P 1 et D 1 Pour les dossiers plus compliqu s le nombre 1 est inscrit dans la colonne B pour la ligne concernant le bien et dans la colonne P pour chacune des lignes concernant un propri taire Ainsi il suffit de s lec tionner toutes les lignes dans lesquelles B 1 pour ne voir sur l cran que les biens ou P 1 pour ne voir que les propri taires Pour la colonne D un seul 1 doit tre saisi par dossier g n ralement sur la ligne du bien Lorsqu il y a plusieurs biens il est n cessaire de
156. ter que la consultation directe des index ne nous a pas toujours t autoris e Nous esp rions contourner ces difficult s en analysant le Bulle tin officiel des ventes et cessions de fonds de commerce BOVCC En effet toute vente ou r trocession d un fonds de commerce donne lieu publication dans un journal d annonces l gales Le vendeur ou le notaire se rend au greffe du tribunal de commerce avec l annonce publi e et le 1 Le registre des M tiers est tenu de nos jours par les Chambres des m tiers 2 Si les registres des M tiers des ann es trente et quarante ont parfois t vers s aux archives d partementales ils ne l ont jamais t dans les Chambres des m tiers pas plus que les Chambres de commerce et d industrie ne conservent le registre du Commerce 3 Le Journal officiel 26 rue Desaix Paris 15 arr conserve une collection quasi compl te du BOVCC Les quelques num ros manquants sont consultables la Biblioth que Nationale Fran ois Mitterrand La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al greffier en publie un r sum dans le BOVCC pour que d ventuels cr anciers ou opposants la vente puissent se manifester Apr s un d lai de quelques jours une seconde annonce est pass e dans une publication Les annonces du
157. tion provisoire Or elles taient g r es par l admi nistration des Domaines qui n a pas retrouv ses archives ce qui nous prive d une source capitale qui aurait permis de lever l incertitude qui p se sur le sort de nombreux portefeuilles probablement restitu s en nature ou en contrepartie liquide conduisant une estimation moins lev e Graphique 10 Restitutions selon la nature des biens et la zone 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 PR vA n 4 C amp R ERREGER e g g b E B g g S x U YV E l Q E amp ee 0 lt E 5 S 5 lt lt lt 2 Z EN LC Pas de Restitution inconnue Restitution inconnue E Restitution ou restitution pas de trace de mais revendication acceptation de revendication la vente Dans ces conditions la spoliation r manente non r par es ta blit en moyenne au quart des biens spoli s avec toutes les nuances que nous avons d crites et que r sume le graphique ci dessous La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Graphique 11 Spoliation r manente 60 50 40 30 20 10 0 Z N ZS Textile 75 Textile ZN Textile ZS Non text 75 Non text ZN Non text ZS Immobilier 75 Immobilier ZN Immobilier
158. trateur provisoire doit justifier qu il a bien accompli toutes les formalit s administratives et financi res ce qui alimente les dossiers d une nouvelle s rie de pi ces le bordereau de radiation du registre du Commerce ou des M tiers ou encore du r le de la patente important pour les commerces ferm s ou les artisans transform s en fa onniers le r c piss du versement la Treuhand quand l aryanisation a laiss un solde positif apr s r glement des cr anciers Comme dans ce cas pour tre r mun r l administrateur provisoire devait prouver au CGQJ qu il avait bien vers l quivalent d une mensualit de sa r mun ration au compte de la Treuhand und Revizionsstelle ouvert la Barclays pass e Illustration 6 Re u de la Barclays dans un dossier de tailleur AJS 1749 3656 1 Parfois une simple feuille attestant que la d cision a t pr sent e au MBF en tient lieu 2 L orthographe est celle des re us d livr s par la Barclays La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al sous contr le allemand les re us de la Barclays figurent g n ralement au dossier C est moins fr quent pour les r c piss s de versement la CDC car ces versements n interviennent qu au terme ultime de l aryanisation
159. tre chantillon soit un millier de personnes Dans certains cas des consignations concernant la fois une personne de notre chantillon ef le bien correspondant ont t retrouv es Nous nous sommes galement int ress s aux consignations des personnes de l chantillon pour un bien diff rent compte en banque par exemple car elles nous fournissaient des informations sur l tat civil de la personne et surtout sur sa situation apr s guerre La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Tableau 8 Dossiers de consignation relatifs l chantillon tudi chantillon de la Seine chantillon ZN chantillon ZS Entreprises textiles 18 36 2 Entreprises non textiles 18 3 5 Biens immobiliers 5 2 Actions 57 1 Total 98 41 8 Dont sold s 75 28 7 en d ch ance 20 11 1 devenir inconnu 3 2 Dont consignation post Lib ration 19 Dossiers de consignation concernant une personne de 53 39 14 l chantillon mais un autre bien la grande majorit concerne l entreprise HEGA de Rouen Note Sont comptabilis s ici seulement les dossiers individuels et non le nombre r el de consigna tions Il peut y avoir plusieurs d clarations de consignations dans un dossier Il est arriv en particu lier pour les dossiers concern
160. tre consult en salle de lecture Dans la m me s rie on trouve des plumitifs d audience relatifs l ordonnance du 21 avril 1945 mais ils restent obscurs ne semblant concerner que des affaires abandonn es en cours de proc dure Dans la mesure o les ordonnances elles m mes ont t retrouv es il ne nous a pas t n cessaire de nous attarder sur ces registres 3 Il est d usage galement qu un amiable conciliateur soit nomm par la justice consulaire dans les cas de transactions l amiable relatives des fonds de commerce 4 Nous avons galement consult sans profit les fonds suivants Spoliations audiences supprim es affaires en instance plumitif d audience 1947 1950 1281 W art 451 plumitifs des audiences de r f r s 1945 1947 221 79 2 art 138 140 r pertoire chronologique des constats d huissiers 1946 1950 221 79 2 art 136 137 baux commerciaux 1944 1949 D US art 47 78 r pertoire chronologique des r int grations de loyers 1944 1947 222 79 2 141 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Les sources commerciales et artisanales D autres sources voisines peuvent galement contribuer la connaissance des spoliations et des restitutions Et d abord le registre du Commerce Cr en 1920 il est tenu
161. u une seule fois 2 250 F Les biens spoli s et non restitu s Rouen sont plus importants Sur 18 dossiers 6 seulement n indiquent pas les honoraires des AP ou des honoraires nuls et 2 concernent des honoraires forfaitaires de 500 F la charge du CGQJ tous les autres sont pr lev s sur l actif des entrepri ses 2 s levant 500 F les autres tant compris entre 1 000 et 5 000F Ici les biens spoli s ont une tr sorerie assez ais e pour supporter des pr l vements L analyse des versements la Treuhand confirme ces caract res Dans l chantillon de la Seine nous n enregistrons que 13 verse ments pour 67 biens contre 8 pour 18 Rouen mais il s agit de versements relativement modestes Dans la Seine 6 ne d passent pas 500 F et 2 seulement d passent 1 000 F Rouen pour un versement de 83 Fet un de 833 les six autres s chelonnent entre 333 et 750F Ces r sultats qu il faudrait nuancer ne laissent pas de sur prendre Sachant que l aryanisation a t men e sur une tr s large chelle rien ne permet de penser que les pauvres auraient t plus tou ch s que les riches Certes ils sont plus nombreux mais on se serait attendu trouver davantage de riches Il est vrai nous l avons vu que ceux ci se sont souvent d fendus en exploitant toutes les ressources du droit que leur fortune et leurs relations leur permettaient de mobiliser Mais malgr tout l acharnement du CGQJ
162. u second facteur l organisation de la restitu tion fournit quelques l ments d appr ciation que nous verrons plus loin Auparavant il nous faut tenter de faire la lumi re sur les flux finan ciers de la spoliation Si l on consid re le flux financier dans toute son ampleur il faut prendre en compte ses trois sources D abord les banques et institutions financi res charg es du blocage des comptes et des pr l vements op r s pour le paiement de l amende du milliard Ensuite l administration des Domaines administrateur provisoire des actions qui a donn aux tablissements financiers d positaires l ordre de vendre ces titres et d en verser le montant la CDC Enfin les administrateurs provisoires char g s de r aliser les actifs des spoli s Le premier de ces trois flux ne nous concerne pas ici il fait l objet d un rapport sp cial de la Mission et nous le citons pour m moire parce que nous devrons en tenir compte quand nous examinerons les consignations de la CDC Le second de ces flux celui que contr lent les Domaines nous concerne davantage car il fait partie de l aryanisation conomique et a t r gl par le m me texte fon damental la loi du 22 juillet 1941 Mais il est galement trait par le rap port de Claire Andrieu et il n est pas au centre de notre tude qui s attache principalement aux AP Le flux financier qu ils d veloppent repose sur la vente ou la liquidation d
163. ude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al d aryanisations d finitives mais aussi moins de revendications apr s guerre Cela n est pas pour nous surprendre pratique administrative la spoliation refl te dans ses r sultats les forces et les faiblesses de l admi nistration qui l a conduite autant sice n est davantage que celles des ser vices charg s d en annuler les effets On s attend aussi bien videmment constater d importantes diff rences selon la nature des biens Les immeubles semblent tre tr s g n ralement revenus leurs propri taires l gitimes avec un taux de restitutions av r es de l ordre de 85 Le secteur textile a t d cim avec un peu plus de 50 d entreprises restitu es et 30 pour lesquelles nous n avons pas trace d une revendication Graphique 9 Restitutions selon la nature des biens 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 nn a A on a A 3 T 2E 25 SU 5 vE 8 CE FRET 2 ay AD AS Q S9 2 pS S lt 2 E g D m mg aT a l D a Pas de A Restitution inconnue Restitution inconnue E Restitution ou restitution pas de trace de mais revendication acceptation de revendication la vente En croisant la nature des biens et la zone on obtient un tableau pr visible qu exprime le graphique de la page suivante En t te des resti tutions
164. uelques frais Leurs moluments pour six mois semblent avoir d pass 10000 F au total dans deux cas et ils sont compris entre 1 500 et 10000 F dans 7 cas Les 3 derniers AP ont pr lev 500 F voire seulement 300 F Ces sommes sont relativement modestes si l on se sou vient que les honoraires mensuels des AP pour l ensemble des affaires qu ils g raient ne pouvaient d passer 10000 F par mois Mais l impor tant est ailleurs dans 54 des 67 dossiers examin s les AP n ont rien re u ou ont t r gl s sur le compte g n ral du CGQJ 18 semblent n avoir rien per u et pour 4 autres l on peut s interroger Parfois le bien tait si mince que l AP n a rien demand ou les choses ont tant tra n que le versement de la r mun ration s est enlis Dans 22 de ces 54 dossiers nous ne trouvons pas trace d une r mun ration de l AP Dans 13 dossiers 1 titre de point de rep re notons qu en 1941 les ouvriers de la m tallurgie parisienne taient pay s entre 11 et 13 F de l heure 2 AJ 1487 8918 1866 15135 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al la r mun ration allou e par le CGQJ a t inf rieure 500 F souvent 300 350 ou 375 F et dans 18 cas elle a atteint 500 F Elle n a d pass ce niveau q
165. ug e d autant que nous n avions pas les moyens de reprendre aujourd hui l instruction d affaires jug es il y a plus de cinquante ans par des juges qui disposaient de moyens d investigation que nous n avons plus Par pr jug favorable aux demandeurs nous avons consid r cependant dans de tels cas que le bien avait t spoli revendiqu mais non restitu L examen de quelques dossiers de plaignants d bout s sugg re qu il aurait t galement acceptable de classer ces cas parmi les spolia tions qui n ont pas eu lieu Quand un bail expirait en d cembre 1938 que 1 On a vu au chapitre pr c dent comment avait t conduite la qu te de ces indications dans les multiples sources auxquelles on peut songer La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al le renouvellement n en avait pas t demand que le propri taire en revanche avait demand l expulsion du locataire qui ne payait plus son loyer en 1939 et qu il l avait obtenu du tribunal en 1941 il est bien diffi cile en effet de soutenir que l annulation du bail et l expulsion du loca taire r sultent de l application des mesures antis mites de Vichy et les tribunaux ont g n ralement refus au locataire le b n fice de l ordon nance du 21 avril 1945
166. un bien aryanis Quand une de ces op rations d gage un actif apr s homologation arr t de ses comptes et autorisation du CGQJ cette somme amput e de ses honoraires et de ses frais expert liquida teur commissaire aux comptes etc est en principe vers e la CDC par lui m me ou par le notaire quand le montant de la vente est rest sous s questre dans l tude de celui ci la CDC deux comptes sont ouverts le compte 501 o 90 de la somme est consign au compte nominatif du spoli et le compte 511 compte du CGQJ o est vers 10 du pro duit de l aryanisation Il en va de m me pour le produit des titres vendus par les Domaines apr s pr l vement par ceux ci de leurs frais de r gie La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al En fait le pr l vement au profit du compte 511 n est pas toujours de 10 ilest de 5 titre provisionnel dans un certains nombre de cas et il est port 20 par la loi du 23 mars 1944 mais ces pr visions peuvent tre n glig es ici La CDC alimente partir de ce compte le compte du CGQJ la paierie g n rale de la Seine 12 07 Ce dispositif semble clair Il est cependant plus complexe car il ne vaut que pour la zone Nord En zone Sud les versements au compte de la CDC sont re us
167. urbien apr s la guerre Les autres dossiers du CGOJ Quelques autres s ries d archives du CGQJ peuvent clairer cer tains cas sans pr senter le caract re de g n ralit de celles qui viennent d tre d crites Le minist re des Finances nommait des commissaires aux comptes en g n ral des experts comptables pour v rifier les comptes des administrateurs provisoires Ils taient affect s des aryanisations pr cises Le CGQJ a constitu en principe un dossier sur chacun de ces commissaires aux comptes mais la consultation de ces dossiers s est av r e d cevante ils n apportent pas d information compl mentaire par rapport au dossier d origine et s arr tent avantles ventuelles restitutions On peut esp rer y trouver des rapports sur les entreprises et la gestion 1 Par exemple en AJ 6248 2 Archives nationales Fontainebleau CAC versement du minist re de la Justice n 960098 carton C 4702 Service de contr le des administrateurs provisoires 1944 1948 On trouve aussi dans les cartons C 4703 C 4710 des requ tes nominatives li es la restitution des biens spoli s ou la gestion des administrateurs provisoires de biens isra lites 1945 1947 concernant environ 200 affaires d aryanisation Aucune ne figure dans notre chantillon 3 Cartons AJ 5552 amp 5553 4 Berlin Landesarchive AFW Band 32 5 la r serve pr s qu il ne s agisse pas d une soci t o une partie d
168. urs mois voire de plusieurs ann es Toutes n ont d ailleurs pas t publi es ce qui explique les lacunes des bottins du CGQJ voir plus loin La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Comme il est fr quent que plusieurs administrateurs se soient succ d on peut trouver chelonn s dans un dossier deux ou trois arr t s de nomination et autant de rapports de prise de fonctions ainsi que plusieurs feuilles de r mun ration En revanche il n y a en g n ral qu un seul rapport de fin de mission Mais dans de tels cas ou trouve souvent en outre des arr t s de rel ve d administration provisoire qui indiquent le motif de la rel ve le nom du nouvel AP et la date de son entr e en fonc tions Ces pi ces figurent assez fr quemment dans les dossiers bien qu il faille se garder de croire qu on les y trouve toutes et toujours Il peut s y ajouter des documents plus rares qui donnent une id e plus pr cise du bien aryanis Quand il s agit d une entreprise par exemple l admi nistrateur est tenu de dresser l inventaire sa prise de fonctions il est parfois joint son premier rapport Celui ci mentionne g n ralement le chiffre d affaires et le b n fice r alis s au cours des derniers exercices Quand il s agit
169. utre document d AJ38 100 9 Registre du Commerce ou des M tiers 39 4 Tribunal 61 Imp t de solidarit nationale 11 4 D claration de succession 12 Caisse des D p ts et Consignations 86 2 OBIP 37 Hypoth ques 47 1 AP 61 5 BOVCC 17 2 Dommages de Guerre 11 1 Conseil Sup rieur du Notariat 2 Total des indications 560 30 Nombre de dossiers 318 126 La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al Nous sommes ainsi amen s distinguer quatre grands groupes de biens D abord ceux qui ont t recouvr s Dans cette cat gorie nous avons regroup non seulement tous les biens qui sont revenus dans le patrimoine de leur l gitime propri taire la suite d un accord amiable ou d un jugement ceux qui ont t liquid s mais pour lesquels le produit de la liquidation consign la CDC a t d consign et le bail recouvr mais aussi ceux dont la vente a t confirm e par le propri taire apr s la guerre Il n est pas rare en effet qu un commer ant un peu g apr s toutes les preuves de la guerre ait pr f r prendre sa retraite et laisser son commerce quitte n gocier avec celui qui l avait achet un compl ment de prix notamment quand la vente avait t conclue avant la nomi nation d un AP En second lieu les biens do
170. uv s concernent seulement 2 746 MF Nous avons consid r qu il n y avait pas lieu d carter le montant de remboursements donn par l OBIP en 1954 et nous avons appliqu le pourcentage des restitutions aux Isra lites constat sur 2 746 MF la totalit des 3 107 8 MF de la note de 1954 Nous avons d duit de ce montant 16 d int r ts pour parvenir au montant cit dans le texte 3 Loc cit p 15 4 Les sommes rembours es pour ces motifs s l vent 995 855 967 F Sachant que le CD rom ne totalise que 88 des remboursements une r gle de trois permet d estimer le montant total des remboursements effectu s des spoli s ou leurs subrog s 1 131 654 508 F La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al susceptibles de beaucoup changer Il nous a donc paru plus rigoureux de proposer deux estimations la premi re conforme aux hypoth ses de restitu tion les plus hautes la seconde aux plus basses Elles figurent au tableau 14 Tableau 14 Compte sommaire de la restitution MF Postes Hypoth se 1 Hypoth se 2 Montant de la spoliation 5 047 5 047 Montant des restitutions Remboursements par les AP lacune Remboursements par les notaires 659 580 Frais de r gie des Domaines 38 38 D consignations de la CDC 2 672 2 672 Remboursement e
171. vaient encaiss m me aux heures troubles de la Lib ration en zone Sud Il y aurait donc l une raison de majorer l esti mation de la spoliation r manente mais dans une proportion ind ci dable Inversement elle devrait tre minor e si nous pouvions conna tre le montant des sommes restitu es par les AP aux spoli s en application du nouveau bar me d honoraires dict par le d cret du 2 f vrier 1945 Enfin il faut le souligner l essentiel de la spoliation r manente est constitu de remboursements qui auraient t possibles mais que les spoli s n ont pas demand s et notamment des remboursements de pr l vements effectu s par les AP des titres divers Bien que les d lais qui La documentation Fran aise Aryanisation conomique et restitution Mission d tude sur la spoliation des Juifs de France pr sid e par Jean Matt oli rapport r dig par Antoine Prost R mi Skoutelsky et al leur avaient t accord s par la loi de 1948 pour introduire leurs deman des aient t prorog s plusieurs reprises jusqu au 30 novembre 1951 seule une infime minorit a fait valoir ses droits dans notre chantillon de la Seine ils ne sont que 7 dans ce cas Les raisons de ce comporte ment sont multiples recul devant de nouvelles formalit s administrati ves sentiment qu apr s tant d ann es d inflation retrouver un capital augment d int r ts 2 n en valait plus la peine volont d
172. ve Il semble qu en cas de r glement amiable les huissiers et les experts ne remettaient pas leurs rapports au tribunal En tout cas nous en avons trouv bien peu pour notre chantillon La situation est sensiblement diff rente en province Dans les d partements o des investigations ont t men es les jugements des tri bunaux d instance pris en vertu de l ordonnance du 21 avril 1945 sont consultables Mais ils sont m l s aux autres r f r s divorces aides judi ciaires etc et class s avec eux par ordre chronologique Ils sont pour tant faciles rep rer car ils taient d pourvus de droit de timbre et donc r dig s sur papier libre ce qui les singularise dans des liasses de papiers timbr s Il s agit toujours de documents standardis s tap s la machine 1 Les cotes sont r pertori es dans l ouvrage de Brigitte Lain Philippe Grand et Pascale Verdier sous la direction de Jean Marie Jenn Archives de Paris Guide des sources historiques 1939 1945 Paris 1994 Pour la premi re p riode Archives de Paris 221 79 2 srdonnances de r f r s articles 81 117 Pour la p riode 1950 1958 cote 1277 W articles 1 5 2 Fichier alphab tique des spoli s et des spoliateurs cote 221 70 2 25 tiroirs Une indexation informatique des ordonnances est en cours gr ce des moyens d gag s par la Mission Elle devrait s achever vers l t 2000 Les Archives de Paris ont galement d pos un demande

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