Administrer les politiques symboliques de l`État. Retour sur les
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1. d O Ihl monuments perp tuent sa m moire Le caract re extr mement vague des informations qui sont donn es font que celles ci ne peuvent absolument pas servir aux fonctionnaires pour d finir les honneurs fun bres et d finir ce qui au m me moment au sein du bureau des affaires financi res du Minist re de l Int rieur sont les questions principales que se posent les agents administratif comment financer ces c r monies Comment d terminer le volume des appareillages c r moniels Ne pouvant servir r ellement l action ce Dictionnaire n enregistre finalement aucun savoir faire et ne peut guider les pratiques administratives Cette lacune du Block n est pas sans surprendre d autant que simultan ment d autres dictionnaires ou encyclop die consacrent des notices plus d taill es aux m mes sujets et d autant plus que le savoir faire protocolaire est la fois ancien la fonction d Introducteur des Ambassadeurs date de 1585 et qu il a t v ritablement consign dans des ouvrages d taill s destin s accompagner la conduite de l action des fonctionnaires b Le protocole comme instrument du droit diplomatique A l inverse du Block il existe donc quelques ouvrages qui consid rant le Protocole comme un instrument de gouvernement s emploie en donner le mode d emploi Parmi ceux ci figure l ouvrage de L on B quet R pertoire du droit administratif qui r pond directement une ques2. m me si ici tourn e l g rement en ridicule s exerce dans l ombre du pouvoir Le titre de service du protocole n est pas seulement un terme administratif au sens le plus complet du mot le Protocole est au service du chef de l tat et du ministre des personnalit s officielles trang res r sidentes ou de passage Situ la charni re des relations entre l administration fran aise et les repr sentation trang res le Protocole sert rend service pr te ses services afin que les h tes d honneur de la France soient trait s comme il se doit Autre caract ristique d un service s il est bien fait personne ne le remarquera ni n en parlera toute erreur ou omission soul ve des temp tes 6 C est 4 Joseph BARTHELEMY amp Paul DUEZ Trait l mentaire de droit constitutionnel Dalloz 1933 Paris Economica 1985 p 618 5 Jacques GANDOUIN La r forme du protocole Regards sur l actualit 156 d cembre 1989 p 3 16 Jacques Gandouin est le Pr fet auquel Fran ois Mitterrand avait confi le soin de produire la r forme de 1989 Voir C r monies publiques pr s ances honneurs civils et militaires d cret 89 655 du 13 09 1989 Journal Officiel 1989 art 2 Voir galement le tableau r capitulatif dans O IHL Les rangs du pouvoir R gimes de pr s ances et bureaucratie d tat dans la France des XIXe et XXe si cle in Y DELOYE C HAROCHE amp O IHL dir Le pro
3. PUF 1982 p 72 9 Pierre LASCOUMES et Patrick LE GALES L action publique saisie par ses instruments in Pierre LASCOUMES and Patrick LE GALES dir Gouverner par les instruments Paris Presses de Sciences Po 2004 p 11 44 1 Benedict ANDERSON L imaginaire national R flexions sur l origine et l essor du nationalisme Paris La D couverte 2006 civilisation politique travers lequel se r alise la pacification des m urs politiques Dans le m me recueil de textes le Protocole tait vu comme un objet sp cifique de luttes o la d termination des places respectives des uns et des autres tait l objet de rivalit s tout en traduisant de ce fait pour le chercheur l volution des hi rarchies symboliques l int rieur de l Etat Le protocole appara t alors comme un facteur et un analyseur de l autonomisation de l Etat 2 Dans la continuit de ses premiers travaux Olivier Ih montre que la r gulation des positions par des sanctions positives par l mulation constitue une technique efficace de stimulation et d encadrement que la R publique a utilis tr s largement Pour conclure l imposition de cette norme et l accroissement des capacit s tatiques nous pensons qu il convient de ne pas rechercher l origine de l autorit conf r e la forme protocolaire dans la nature m me du dispositif dont l analyse interne suffirait rendre compte En effet une analyse interne du dispositif se heur
4. et c est alors que ce livre sera utile car il apporte dans les cas les plus fr quents des solutions ou des conseils qui sont le fruit d une longue et intelligente exp rience dont l auteur a eu l heureuse pens e de faire profiter ses jeunes coll gues La r daction de ces ouvrages peut s ins rer au mod le mis en place par N Elias dans La civilisation des moeurs pour comprendre l mergence des guides du savoir vivre il s agit bien de la diffusion de proc dures pratiques destination d individus qui ne peuvent pas acqu rir ces codes de comportement au sein des espaces dans lesquels ils voluent ou parce que les connaissances accumul es n ont pu tre transmises suite une rupture dans le processus de communication c est dire en rappelant les recommandations de Marc Bloch une rupture dans le processus de production des producteurs L ouvrage de Jean affirme que la naturalisation des n cessit s des pr s ances est due l action des diff rents corps pour marquer et prot ger leurs positions au sein de la hi rarchie administrative O Ihl art cit p 246 32 Fabrice JOBARD Guide des usages et du protocole Voiron La lettre du cadre territorial 2002 4e de couverture 58 Ibid J GANDOUIN op cit citation extraite du deuxi me avant propos 5 P BECQ DE FOUQUIERES op cit 14 Serres toujours selon son pr facier vient son heure Ce livre vient son heure Il est bon
5. pendant les ann es troubles et incertaines que nous traversons et qui ont apport tant de changements dans notre existence que le pass ne disparaisse pas De m me Jacques Gandouin s interroge sur l int r t de r diger un tel ouvrage Il s en justifie en postulant qu il assiste une p riode de rupture lors de laquelle la diff rence d une p riode routini re la codification des pratiques permet leur transmission Peut tre apr s tout ce livre vient il son heure Dans une revue fran aise de qualit Jules Bertaut crivait Les manuels de civilit ont fleuri en tout temps mais c est aux poques de transition au passage d une soci t une autre que ces codes de la biens ance ont trouv une plus large audience Une re civilis e sans m me tre raffin e n a plus besoin qu on l enseigne sur ses devoirs alors que les temps nouveaux veulent des l gislations nouvelles dans les moeurs comme ailleurs 7 La justification est identique dans les ouvrages traitant du protocole municipal Les arguments avanc s par Michel P ricard sont repris par Nathalie Loux ils visent montrer qu un certain nombre d volutions techniques et politiques sans toutefois jamais voquer le terme de d centralisation confrontent davantage les municipalit s la n cessit d organiser des c r monies protocolaires Les relations publiques pour les collectivit s territoriales rev tent une importance ac
6. 1894 citoyens comme les autres Dans les ann es 1930 les constitutionnalistes se retrouvent sur la position ici pr cis e par Joseph Barth l my et Paul Duez dans leur manuel de droit constitutionnel Les anciens pr sidents n ont pas droit en principe une pension de retraite Les anciens pr sidents rentrent en principe dans le rang M Millerand a repris avec activit sa robe d avocat M Doumergue est devenu administrateur du canal de Suez Mais une loi ins r e au Journal Officiel du 19 juillet 1932 permet au Parlement en d clarant simplement par une loi qu un ancien pr sident de la R publique a bien m rit de la Patrie de lui allouer une pension viag re de 200 000 francs r versible par moiti sur la t te de sa veuve et de ses enfants mineurs La question n est m me pas totalement r gl e par la r forme du Protocole de 1989 Cette r forme r serve le cinqui me rang dans les c r monies officielles aux anciens pr sidents de la R publique Sont d sormais incluses dans la liste des pr s ances les autorit s qui ont occup les plus hautes fonctions de l tat anciens pr sidents de la R publique anciens chefs du gouvernement de la France pr sidents du Conseil et Premiers ministres Ils prennent rang suivant l anciennet de leur fonctions La solution apport e vite d avoir consid rer sp cifiquement la fonction pr sidentielle Ce micro scandale nous raconte une
7. 2 vol Paris Librairie et Imprimerie R unies 1902 p 1296 3 D cret n 89 655 du 13 septembre 1989 relatif aux c r monies publiques pr s ances honneurs civils et militaires Journal Officiel 15 09 1989 p 11648 11653 2 E G ELLIOTT Paul Pradier Fod r American Political Science Review Vol 2 2 Feb 1908 p 245 254 d conomie sociale 1859 Principes g n raux de droit de politique et de l gislation 1869 Commentaire sur le Code de justice militaire 1873 Cours de droit diplomatique 1881 et donc son Trait de droit international public europ en et am ricain publi entre 1885 et 1906 Son uvre a une vis e pratique Dans la pr face la 7 dition de son Pr cis de Droit administratif publi e juste apr s la Commune de Paris Pradier Fod r r affirme le credo d une n cessaire rationalisation de la France Vulgariser la science administrative c est donner la France des administrateurs clair s des magistrats vigilants des citoyens soumis aux lois de leur pays c est aussi faire aimer la France cette terre des grandes et f condes institutions 2 Le protocole constitue pour Pradier Fod r une technologie de pouvoir Il est une branche du droit diplomatique discipline r glant les relations entre les tats qui commence tre formalis e au cours du XIXe si cle Le cours de droit diplomatique r dig par P Pradier Fod r se pr sente comme un
8. Il fait galement r f rence au Guide diplomatique ou trait des droits des immunit s et des devoirs des minist res publics du Baron Charles DE MARTENS publi Paris par J P Alliaud en 1837 et l ouvrage de Johann Ludwig KL BER Droit des gens modernes de l Europe publi pour la premi re fois en fran ais galement chez J P Alliaud en 1831 Traducteur de Grotius Pradier Fod r se d finit donc comme un sp cialiste du droit international 3 P PRADIER FODERE ibid vol 1 p 500 5 P PRADIER FODERE ibid vol 1 p 7 le maniement des affaires diplomatiques ce qui ne peut s obtenir sans former des sp cialit s faisant de la diplomatie une carri re publique L un de ses savoir faire sera justement de pouvoir distinguer ce qui doit tre compris comme une offense et exig r paration et ce qui peut tre compris comme un manquement sans importance des usages non tablis Le directeur du Protocole est donc charg d une mission de d codage des signaux envoy s par les autres gouvernants Les exemples d interpr tation politique d attitudes protocolaires sont l gions tant elles sont la cons quence de la diff renciation progressive de services sp cialis s en mati re protocolaire Citons simplement deux cas pour se convaincre de l op ration de traduction des attentions protocolaires en intentions politiques partir de la mise en vidence d carts au pr c dent op ration que r alisent les di
9. Jean Clos ma tres des requ tes au Conseil d Etat directeur du personnel et du mat riel finances le lieutenant colonel d infanterie Verrier brevet hors cadre attach l Etat major de l arm e guerre Ch telain contr leur g n ral de 1 classe directeur du contr le marine Bayet directeur de l enseignement sup rieur l Instruction Publique et Beaux Arts Kleine inspecteur des Ponts et Chauss es directeur du personnel et de la comptabilit Travaux Publics Daubr e conseiller d Etat directeur du cabinet charg du personnel et de la comptabilit commerce industrie postes t l graphes et t l phones Gabelle chef de cabinet du ministre colonies Migette r dacteur au bureau des affaires politiques int rieur secr taire adjoint Le parlement tait repr sent par M Petitjean s nateur et M Muteau d put Source Charles MIGETTE Honneurs et pr s ances D cret du 16 juin 1907 suivi d une table analytique d taill e dress e par Ch Migette secr taire de la commission des honneurs et pr s ances Paris A P done 1928 p 31 amp Pour une analyse de ce d passement constant enregistr comme tel et justifi par les d passements constants la tradition nous renvoyons notre article Le politiste et l archive art cit 16
10. permet de se rep rer dans l incertitude des conflits de pouvoir Dans une certaine mesure il n est donc pas tonnant que nous ayons eu connaissance de ces pages parce qu elles taient pr sentes dans un carton d archives de la Direction du Protocole carton C 234 intitul s Honneurs pr s ances d crets documents et qui comprend l ensemble des textes Elles ont donc t utilis es par le service producteur de l archive pour r soudre certaines situations conflictuelles Servir de guide de conduite former les fonctionnaires du Minist re des Affaires Etrang res au service des c r monies telle est l ambition d un autre ouvrage essentiel dans la formalisation du savoir faire protocolaire Dans son Cours de droit diplomatique l usage des agents politiques du minist re des Affaires Etrang res des tats Furop ens et Am ricains Paul Pradier Fod r 1827 1904 entreprend de former au savoir protocolaire les futurs fonctionnaires des Affaires Etrang res L auteur est aujourd hui pour l essentiel oubli mais il tait un de ces personnages acteur d une circulation des savoirs entre Etats et entre secteurs d activit s Sa biographie peut tre essentiellement retrac e gr ce la notice biblio biographique que lui consacre E G Elliott dans l American Political Science Review en 190831 l occasion de la sortie posthume du dernier volume de son Trait de Droit International en 1906 7 vol Pradier Fod r e
11. se soit pas rendu au Caire pour les obs ques de Nasser le pr sident Frangi a d cid d aller Paris C est lui aussi qui a fix 7 jours la dur e du deuil et non pas trois comme certains le lui proposaient c est dire pas moins que pour le Ra s Ces deux d cisions qui n allaient pas tout fait de soi traduisent fid lement l tat de l opinion tel que l expriment la presse unanime et les innombrables marques de reconnaissance o t moignages d attachement qui assi gent l ambassade Pour les musulmans la mort du g n ral de Gaulle apr s celle de Nasser est ressentie comme un coup du sort Elle leur fait rechercher avec confiance aupr s de nous les assurances renouvel es de la continuit D autre part la petite crise que traversent les relations officielles pousse les libanais des d monstrations qui d passent en tendue et en chaleur ce que l on pourrait imaginer Mais par dessus tout l opinion attend du voyage du chef de l tat Paris qu il permette d effacer un malaise qui dure maintenant depuis un mois c est dire qu il r tablisse la confiance Tel est en particulier le souci du pr sident Frangi S il n a formul devant moi tout l heure l a rodrome aucun d sir particulier ses collaborateurs les plus proches ne m ont pas cach qu ils esp raient beaucoup des entretiens qu il pourrait avoir Paris o il est dispos demeurer jusqu samedi ou dimanche T l gramme de
12. un manuel de protocole municipal f qui rep re trois raisons de s int resser ces questions le respect 47 Notre corpus est compos des guides du protocole publi s depuis 1880 l exception des guides de bonnes mani res comme par exemple celui de Marie France Lecherbonnier Guide du savoir vivre protocole et convivialit Paris Librairie G n rale Fran aise 1996 et l exception galement des r cits d anecdotes et de souvenirs d agent du protocole ou d initi s comme de la m me Marie France LECHERBONNIER Le Protocole Histoire et coulisses Paris Perrin 2001 ou les souvenirs du directeur du protocole du g n ral de Gaulle Jean Paul ALEXIS Au protocole du g n ral de Gaulle Souvenirs insolites de l lys e Paris Perrin 1999 ou de celui de l ONU Jehan DE NO E Indiscr tions diplomatiques Paris Icare 1990 ou encore celui de Jacques DUMAINE directeur du protocole du Quai d Orsay Quai d Orsay 1945 1951 Paris Julliard 1955 Nous consid rerons les guides r dig s par A ANDREANI Code des honneurs et des pr s ances civils militaires maritimes eccl siastiques pr rogatives devoirs et rangs des autorit s nationales et corps constitu s Nice 1893 C P DAYRE DE MAILHOL Code officiel du c r monial contenant 1 Les d crets sur les pr s ances dans les c r monies publiques sur les honneurs civils et militaires comment s par la jurisprudence du Conseil d tat et 2 des tud
13. Pierre Yves Baudot Ma tre de conf rences en science politique UVSQ CESDIP CEE Les mots de l administration Retour pluridisciplinaire sur deux si cles de production de savoirs de l administration XIXe XXe si cles ADMINISTRER LES POLITIQUES SYMBOLIQUES DE L ETAT Retour sur les savoirs administratifs protocolaires XIXe XXe si cles 30 mars 1895 Le directeur du Protocole Bourqueney en poste depuis 2 ans d missionne soulevant une pol mique importante dans la presse Le directeur du protocole avait envisag d attribuer un rang Casimir Perier dans le cort ge officiel qui devait se former pour le bal de l Association des Etudiants en avril 1895 Il s tait assur aupr s d Henri Brisson pr sident de la Chambre des d put s de la faisabilit de son projet L ancien pr sident devait prendre rang derri re le pr sident de la R publique avan ant au bras de Mme Brisson femme du pr sident de la Chambre qui suivait au bras de Mme Faure De la sorte Casimir Perier et son pouse pr c daient Ribot le pr sident du Conseil Il s agissait dans la pens e du directeur du Protocole de cr er un pr c dent et d admettre les anciens pr sidents de la R publique dans les c r monies officielles 2 Cette tentative voulait accorder un rang officiel Casimir Perier qui selon les termes de Henri Brisson rapport s par Le Temps n tait plus rien en somme dans le monde officiel ou qui selon G rault R
14. bord diffuser les normes protocolaires aupr s d individus qui n ont pu les acqu rir par manque de pratique C est ce que pr tend Jacques Gandouin quand il explique les raisons de la r daction de son guide du protocole publi en 1972 et r dit de nombreuses reprises depuis cette date Sa d marche comblerait un manque Il n existe ma connaissance aucun trait qui r ponde de telles pr occupations Le Manuel pratique du protocole de Jean Serres est de grande qualit mais il a t crit essentiellement l intention des diplomates J ai donc souhait que ce guide vienne combler une lacune faciliter la solution des probl mes protocolaires et contribue sauvegarder ce sens de l tiquette et des bonnes mani res qui a fait si longtemps honneur la France Selon son pr facier l ancien directeur du protocole Pierre Becq de Fouqui res l ouvrage de Jean Serres viendrait galement combler un vide Que de fois les jeunes collaborateurs du Protocole ne m ont ils pas dit regretter qu aucun ouvrage ne puisse les aider De m me les ouvrages plus r cents notamment ceux qui la suite du Guide du protocole municipal de Michel P ricard se sont pench s sur la question de l organisation et de la mise en place des c r monies au niveau local ont contribu cr er un besoin La quatri me de couverture de l ouvrage de Michel P ricard est une Lettre aux lus sceptiques quant l utilit d
15. ces pour faire face aux situations les plus courantes Elle pr sente la fois la r gle et fournit galement sic un certain nombre de mod les et d outils pratiques Elle vitera aux lecteurs certains impairs qui peuvent parfois s av rer lourds de cons quences Ces ouvrages sont pr sent s comme la formalisation de leur confrontation quotidienne la pratique Fabrice Jobard dipl m de l IEP Grenoble et titulaire du DESS Communication politique et animation locale de Paris l a t directeur de la communication de la ville de La Baule en Loire Atlantique de 1996 2001 Depuis octobre 2001 il est directeur de la communication du conseil g n ral de l Yonne De son c t Nathalie Loux anime des formations sur les relations publiques et le protocole des collectivit s locales pour le Centre National de la Fonction Publique Territoriale Jacques Gandouin affirme galement que Cet ouvrage tait pour sa plus grande part con u et r dig depuis plusieurs ann es Il est le fruit des observations que j ai eu l occasion de faire au cours de ma vie professionnelle L ouvrage de Jean Serres est galement le r sultat d une confrontation quotidienne la pratique C est ce qu affirme Pierre Becq de Fouqui res dans sa pr face Il y a dans ce manuel un enseignement pr cieux pour le labeur quotidien Souvent la Chancellerie il peut y avoir h sitation incertitude sur les d cisions prendre
16. crue car la facilit des transports et le d veloppement des m dias multiplient les visites officielles 5 La r daction de guides du protocole r v le en creux les modalit s par lesquelles les producteurs des c r monies parviennent monopoliser leur savoir faire Ce n est que dans les p riodes de renouvellement du personnel administratif et ou de leurs attributions que se fait jour la n cessit de formaliser en vue de leur transmission les connaissances par les agents du protocole acquises par une confrontation r guli re avec la pratique En dehors de ces p riodes la communication instituant l espace social des producteurs de c r monie s effectue uniquement par les voies classiques de la transmission par familiarit et de son outil privil gi l archive Revenons avant de conclure Maurice Block Ces d veloppements peuvent permettre d expliquer la constitution de l autorit conf r e un langage sp cifique que seuls sauraient interpr ter les directeurs du Protocole Ils peuvent galement permettre de comprendre les silences relatifs du Block sur la question protocolaire Les notices du Block sont r dig es par le conseiller d Etat Charles Tranchant qui n est pas un agent du Protocole lui m me pas plus que ne l est l archiviste E D Grand qui signe la m me notice dans La Grande Encyclop die Dans le Block Ch Tranchant r dige des notices tr s diverses Circonscriptions Cloches Coll ge de France Con
17. d finition de la bureaucratie chez Weber si celle ci a tendance accro tre davantage encore sa puissance par le savoir de service les connaissances de fait acquises ou issues de dossiers dans le cours du service son autonomisation d pend de recrutement par concours qui garantissent son autonomie l gard du politique Le cas du Protocole nous permet d envisager que les deux l ments puissent voluer ind pendamment les uns des autres b Le protocole hors texte Comment expliquer alors le recours par les acteurs m me du Protocole la production de manuels qui pourraient remettre en cause le monopole qu ils d tiennent de l interpr tation des signes protocolaires Norbert Elias dans son analyse du processus de civilisation use des registres de bonne conduite comme d l ments t moignant de la modification et de la diffusion des normes sociales de la civilit A l origine de sa proposition l id e que des groupes sociaux ma trisant naturellement c est dire par le biais d un processus de socialisation totalement naturalis des normes de comportement ne ressentent pas la n cessit de codifier les pratiques par lesquelles ils g rent leur comportement en soci t Des hommes voluant dans le milieu m me qui sert de mod le au savoir vivre n ont pas besoin de livres pour s informer de la mani re de s y conduire c est l vidence m me Les codes de bonne conduite analys s so
18. des r compenses ceux que nous jugeons en tre dignes Ordonnance du Roi portant qu l avenir aucun corps civil ou militaire ne pourra d cerner voter ou offrir comme t moignage de la reconnaissance publique aucun don hommage ou r compense sans l autorisation pr alable de Sa Majest Bulletins des lois du royaume de France 7e s rie tome troisi me Paris Imprimerie Royale f vrier 1817 p 43 44 Cette monopolisation de la distribution des honneurs publics est rappel e aux d buts de la Ille R publique notamment sous la plume de L on Morgand chef de bureau au ministre de l Int rieur Le droit de d cerner des t moignages de reconnaissance publique est un attribut essentiel de 2 Sur ce point nous permettons de renvoyer notre contribution Aux Grands Hommes la Patrie d sint ress e Co t et financement des fun railles d Etat en France 1877 1996 Histoire et Mesure num ro sp cial Le co t de la mort juillet 2012 p 59 96 21 L on BEQUET R pertoire de droit administratif Paris Paul Dupont Editeur 1900 tome XVII p 448 l Etat Nul ne peut se substituer lui et n a qualit pour parler en son nom 2 La question toujours non r gl e est on le voit de savoir qui peut parler au nom de l Etat l ex cutif incarnation de la puissance de l Etat ou le l gislatif incarnation de la Nation souveraine La diff renciation au sein de l appareil royal de la f
19. deuxi me histoire Pour en saisir les enjeux partons de ce que ironique Alfred Capus crit dans Le Figaro Hier je donnais aux ministres et aux grands personnages de l Etat des consultations discr tes sur la mani re de saluer les ambassadeurs et d inviter les princes d ner toutes choses que l on apprend pas dans les r unions publiques Je savais l ordre des cort ges officiels et qui doit passer devant afin que la paix de l Europe ne soit pas troubl e Et malgr ces hautes fonctions le public et la presse ignoraient mon nom et ainsi je n tais jamais m l aux pol miques quotidiennes ni injuri par personne Et j tais heureux Fragilit des joies les plus modestes Aujourd hui on ne peut plus ouvrir un journal sans voir le nom de Bourqueney Il y a un incident Bourqueney Ce compte rendu de l affaire Bourqueney nous indique deux choses qui nous int ressent pareillement la premi re est que le directeur du Protocole dispose d un savoir sp cifique qui n est pas celui dont disposent les hommes politiques qui en d mocratie doivent davantage convaincre par l id ologie que par le maintien personnel et le savoir vivre aristocratique Le directeur du Protocole serait d positaire d un savoir propre l aristocratie europ enne qui ailleurs en Europe continue gouverner Plus encore ce savoir permettrait de pr server la paix Deuxi me ligne cette fonction extr mement importante
20. e branche du droit public externe qui s occupe sp cialement de la pratique des rapports ext rieurs des tats des r gles qui pr sident la repr sentation nationale l tranger de l administration des affaires internationales de la mani re de n gocier Ce Cours est compos de deux parties principales le commerce diplomatique et le c r monial public Le protocole est ainsi int gr au sein des dispositifs de pouvoir dont dispose l tat Il est reconnu et pratiqu comme un moyen de communication porteur d un sens politique il est le code de la politesse des nations Le contr le dont il est l objet de la part de ces sp cialistes rationalise ses usages politiques Par cons quent le respect de la tradition parce qu il engage la repr sentation des tats devient une obligation L erreur et le malentendu sont proscrire Une petite partie des points dont se constitue le c r monial public est fond e sur des conventions le reste est arbitraire et tient au simple usage Cette remarque n est pas inutile car ainsi que le fait observer Heffter le c r monial dont on est en droit d exiger la stricte ex cution n existe qu l gard des usages tablis soit par des trait s soit par des traditions constantes dont l inobservation selon l opinion commune des peuples est regard e comme une insulte Quant aux points qui ne sont qu arbitraires qui ne sont pas consacr s par les trait s ou
21. e en 1914 les activit s du protocole seront suspendues Il sera plac par le pr sident de la R publique la pr sidence de la section des Etudes de la D fense Nationale commission charg e de planifier les demandes concernant la conduite de la guerre D s 1918 il demandera vivement sa mutation du bureau du Protocole o les questions trop d nu es d int r t redevenaient la r gle La sp cificit de sa carri re il n a pas fait ses classes dans les chelons inf rieurs et n exerce cette fonction que dans une p riode exceptionnelle sans aucun rapport avec l activit routini re du Bureau explique le manque d int r t pour les questions de pr s ances La familiarit de l agent l activit dans le double mouvement que d signe le terme une habitude entra nant un sentiment de proximit conditionne l accomplissement convenable de la t che Nous voudrions ici revenir sur le processus de manuelisation de savoirs qui peuvent a priori mal se transmettre sous forme livresque Pierre Bourdieu oppose ainsi clairement la familiarisation comme mode d apprentissage une transmission explicite et expresse par prescription et pr ceptes En ce sens la transmission livresque pourrait permettre de formes de d mocratisation du recrutement au sens d largissement et d galisation des possibilit s objectives d accession ces fonctions La transmission livresque pourrait donc per
22. ement l affaire M R voil 7 L entreprise de Bourqueney viserait alors moins r soudre une question protocolaire in dite construisant ainsi diff remment l autorit politique de la fonction pr sidentielle comme attach e la personne titulaire de la fonction m me apr s son mandat qu servir les int r ts politiques d un ami personnel permettant de construire pour lui une position officielle laquelle il ne peut pr tendre Ce scandale nous raconte alors une troisi me histoire celle des rapports entre carri re administrative et politique La question est alors de parvenir comprendre l articulation peut tre sp cifique qui se joue dans l activit protocolaire entre savoirs de gouvernement rationalisation notamment des modes de recrutement et diff renciation des bureaux administratifs l gard du jeu politique Les tudes qui portent sur les politiques symboliques des Etats c r monies voyages pr sidentiels fun railles mus ographie comm moration s int ressent essentiellement soit l effet des symboles sur la l gitimation du politique les rites et c r monies provoquant une forme d adh sion ou une forme d exclusion de certaines communaut s soit aux enjeux et luttes politiques soulev s par la mise en place de ces comm morations diverses Les symboles sont ici efficaces parce qu ils constituent des mobilisations affectives activant le sentiment d appartenance Ces politiques sy
23. es sur les Allocutions harangues Discours loges fun bres Toasts Paris Librairie sp ciale 1894 Charles MIGETTE Honneurs et pr s ances D cret du 16 juin 1907 suivi d une table analytique d taill e dress e par Ch Migette secr taire de la commission des honneurs et pr s ances Paris A P done 1928 Jean SAUMUR F te et c r monie Honneurs militaires Honneurs civils Recueil des d crets circulaires et instructions relatifs aux c r monies et aux honneurs Paris Limoges H Charles Lavauzelle 1895 Jean SERRES Le protocole et ses usages Paris PUF 1967 Jacques GANDOUIN Guide du protocole et des usages Paris Stock 2e dition 1972 1979 Michel PERICARD Guide du protocole l usage des maires et des lus locaux Paris Moniteur 1989 Bernard MOREAU Protocole et c r monial parlementaires Paris L Harmattan 1998 Nathalie LOUX Le protocole dans les collectivit s locales mode d emploi usages et pratiques Paris Le Moniteur 2001 Fabrice JOBARD Guide des usages et du protocole Voiron La lettre du cadre territorial 2002 48 J GANDOUIN op cit citation extraite du deuxi me avant propos L auteur est pr fet professeur de droit public et r dacteur de la r forme du protocole men e en 1989 La biographie la plus compl te de Jacques Gandouin se trouve dans la pr face que le Duc de Brissac consacre l ouvrage du pr fet Cf Duc DE BRISSAC Pr face Jacques GANDOUIN Guide du p
24. eur du protocole de 1976 1978 Notice sur la Direction du Protocole 1945 nos jours in Jean BAILLAUD dir Les Affaires Etrang res et le corps diplomatique fran ais Paris CNRS 1984 p 780 23 Voir Nicolas LE ROUX La faveur du Roi Mignons et courtisans au temps des derniers Valois vers 1547 vers 1589 Paris Champ Vallon 2003 pp 459 492 Je remercie Fanny Cosandey de m avoir signal cette r f rence 26 H E GRAND Protocole in La Grande Encyclop die Inventaire raisonn des sciences des lettres et des Arts sous la direction d A Berthelot Paris H Lamirault et C diteur 1885 1901 31 vol t 27 p 827 828 27 Nous avons montr que l l ment le plus d terminant permettant de rendre raison de la production des formules honorifiques fun railles nationales fun railles officielles fun railles aux frais de l Etat a bien m rit de la Patrie deuil national se loge dans la concurrence entre le l gislatif et l ex cutif Certaines formules permettent ainsi l une ou l autre de ces institutions de participer la production des hommages de se joindre au concert des hommages et d affirmer sa distinction Sur ce point que nous ne pouvons d velopper ici nous renvoyons notre th se Ev nement et Institution Les fun railles des pr sidents de la R publique en France 1877 1996 Universit Paris l 2005 p 615 629 partiellement publi dans The Multiple Meaning
25. ichard dans La Petite R publique n tait plus qu un cadavre encombrant plus encore depuis qu il est mort Oppos une telle pr tention le pr sident du Conseil Alexandre Ribot obtint que de Bourqueney soit dessaisi de l affaire et que le dossier soit g r par son adjoint Armand Mollard qui finira en 1902 par prendre la direction du Protocole De ce scandale minuscule plusieurs fils peuvent tre tir s Le premier nous interroge sur la construction de la fonction pr sidentielle en France En effet l absence de place r serv e pour les anciens pr sidents de la R publique qui en 1893 sont tous d c d s traduit la d fiance r publicaine l gard de l institution elle m me La volont est ici de ne pas consid rer les anciens pr sidents de la R publique comme occupant une position qui survivrait la fin du mandat Rendus la vie civile les Pr sidents redeviennent des 1Les d tails de cette affaire sont donn s par Lyon R publicain La v rit sur l affaire Bourqueney 29 03 1895 et par Le Temps 30 03 1895 Voir aussi Alfred CAPUS Les lamentations de Bourqueney Le Figaro 30 03 1895 et GERAULT RICHARD Un cadavre encombrant La Petite R publique 02 04 1895 2 Le Temps 30 03 1895 3 Ceux qui peuvent revendiquer le titre sont Louis Napol on Bonaparte mort en 1873 Adolphe Thiers d c d en 1877 Jules Gr vy mort en 1891 Mac Mahon d c d en 1893 et Sadi Carnot assassin en
26. l ambassadeur de France au Liban 11 11 1970 La note qui accompagne ce t l gramme est r dig e par Jean Louis Lucet charg de mission aupr s de la Pr sidence l attention de M Jobert Elle signale qu il serait bon de saisir cette occasion pour tablir des liens de confiance avec le nouveau pr sident libanais Source AQO C 534 10 Il FAMILIARITE ET MANUELISATION DES SAVOIR FAIRE PROTOCOLAIRES v a La contribution paradoxale d une transmission patrimoniale l autonomisation de l administration Nous avons pu par ailleurs montrer l importance des transmissions par familiarit en montrant comment les carri res professionnelles des directeurs du Protocole taient au moins jusqu en 1958 li es la ma trise d un savoir faire sp cifique acquis par la familiarisation lente avec la question protocolaire par l obtention de postes successifs au sein de la Direction du Protocole J avais montr cette occasion que des carri res d viantes peuvent merger notamment celles qui sont plus directement politiques celle de De Bourqueney en constitue un exemple et celle de ceux qui n ont pas t form socialiser l importance somme toute peu vidente de l int r t des techniques protocolaires Le cas de Richard Martin directeur du Protocole entre 1913 et 1919 est ce titre significatif Celui ci n aura pas occup r ellement la fonction de directeur de protocole D s la d claration de guerr
27. mboliques qui sont symboliques non parce qu elles ne sont pas concr tes 8 mais parce qu elles manipulent des symboles des l ments surcharg s de sens sont aujourd hui travaill s avec les outils forg s par l analyse des politiques publiques et par exemple la notion d instrument Prise dans ces travaux dans son sens le plus imm diatement intentionnaliste la notion d instrument employ e en r f rence au travail de Lascoumes et Le Gal s vise traduire la fa on dont ces politiques symboliques mettent en uvre des repr sentations politiques et des liens lectoraux construisant des communaut s imaginaires 1 Anderson 2006 Des travaux plus anciens ont consid r les c r monies politiques et son outil central le Protocole comme un instrument de r gulation et de disciplinarisation des acteurs politiques et de 7 Source AQO dossiers personnels de Bourqueney n 242 8 En ce sens ces politiques symboliques ne sont pas des effets d annonce des politiques en attente de contenu le symbolique ici se suffit lui m me M me si la nuance est subtile on n entend donc pas politique symbolique au sens de Murray Edelman Politics as Symbolic Action Chicago Markan 1971 ou au sens de Jean Gabriel Padioleau pour lequel les politiques symboliques sont des interventions dans le domaine des signes permet l Etat de manifester une volont d action Jean Gabriel Padioleau L Etat au concret Paris
28. mettre la mise en place de concours A l inverse le recrutement au sein de la direction du Protocole comme dans d autres secteurs administratifs au tournant des XIXe et XXe si cles ob it des r gles quasi patrimoniales Certains directeurs pr sentent galement la particularit d avoir gravi les diff rents chelons au demeurant peu nombreux du 39 Nous permettons de renvoyer notre contribution Le politiste et l archive De la critique archivistique la probl matisation Analyser les fun railles des pr sidents de la R publique en France 1877 1996 in Michel OFFERLE et Henry ROUSSO dir La fabrique interdisciplinaire Histoire Science Politique Rennes Presses Universitaires de Rennes coll Res Publica 2008 p 217 228 4 Lettre de R Martin M Bergery 01 10 1924 source AQO dossier personnel R Martin n 1034 4 P BOURDIEU op cit 42 Fran oise DREYFUS et Jean Michel EYMERI DOUZANS Introduction Revue fran aise d administration publique n 142 2012 p 305 306 4 Christophe CHARLE Le recrutement des hauts fonctionnaires en 1901 Annales ESC vol 35 n 2 1980 p 380 409 A cette poque le chef du service du Protocole par l effet du d cret du 12 mai et de l arr t du 9 ao t 1891 avait rang de chef de division Le service se composait d un chef un sous chef un attach pay un exp ditionnaire calligraphe et trois surnum raires crit Fran
29. nt des ouvrages n cessairement produits pour permettre la diffusion des normes en usage la cour En se r f rant aux justifications explicites fournies par Nicolas de Courtin dans son Nouveau Trait de Civilit en 1714 Elias crit que cet ouvrage r pond en premier lieu aux besoins de la noblesse de province d sireuse de s informer des mani res de la cour et aussi de quelques trangers distingu s mais on peut supposer que le grand succ s de l ouvrage repose entre autres sur l int r t qu il suscita parmi les l ments les plus avanc s de la bourgeoisie c est dire de cat gories d individus ne b n ficiant pas d une socialisation quotidienne aux nouveaux usages en vigueur Etrang res Notice sur le protocole 1870 1918 in J Baillaud dir op cit p 83 Apr s la Premi re Guerre Mondiale le personnel est r duit d une unit source Jean Vimont notice cit e p 401 45 Max WEBER Economie et soci t t 1 Les cat gories de la sociologie Paris Plon 1971 Pocket 1995 p 300 4 amp Norbert ELIAS La civilisation des m urs Paris Calmann L vy 1973 Pocket 1997 Calmann L vy 1973 Pocket 1997 p 145 tome 1 de la traduction fran aise par Pierre Kamnitzer de Uber den Prozess der Zivilisation 1 re d 1939 12 Le m me raisonnement peut s appliquer aux guides du protocole publi s depuis 1880 Ils usent en effet des m mes justifications Les auteurs veulent tout d a
30. oise Demanche conservateur d archives au minist re des Affaires 11 Bureau C est le cas d Armand Mollard p re et fils qui effectuent toute leur carri re au sein du bureau du Protocole Armand Mollard p re entre en 1852 au minist re des Affaires Etrang res comme attach au service du Protocole y devient chef de bureau en 1872 sous directeur et introducteur des ambassadeurs en 1874 et finalement directeur en 1880 Son fils entre au bureau du Protocole sur recommandation de son p re en octobre 1881 devient l adjoint du directeur Loz en 1893 et directeur lui m me en 1902 Il en est de m me pour Pierre Becq de Fouqui res et Maurice Loz Cette tude montre comment la construction du professionnalisme au sein des bureaucraties de la fin du XIX enjeu de la diff renciation l gard du politique s appuie sur la mise en place de proc dures de recrutement par concours mais peut aussi merger au sein m me des dynamiques de cooptation qui caract risent le recrutement des administratifs en ce sens les propri t s du savoir protocolaire qui est d tenu par les directeurs du Protocole am ne bien la diff renciation du bureau du Protocole la constitution et la d finition d un savoir faire et la fabrication d un outil de gouvernement En ce sens le professionnalisme sp cifique des directeurs du Protocole contribue bien la diff renciation de cet chelon administratif du politique S opposent alors deux crit res de
31. onction d Introducteur des Ambassadeurs titre que portent aujourd hui les directeurs du Protocole du Quai d Orsay date de 1585 Jusqu cette date le Roi chaque fois qu il recevait un ambassadeur d signait une personne de la cour pour remplir les fonctions d introducteur Elle correspond une tape de la monopolisation par la puissance royale de la capacit de repr senter l tat notamment dans ses relations avec les puissances ext rieures et de sa capacit distribuer titres et honneurs et de r tribuer ainsi les soutiens de la famille royale L ordonnance d Henri III du 2 janvier 1585 donnant naissance au protocole est ainsi formul e Selon le d sir que nous avons que toutes choses soit conduites et maintenues en notre cour avec l ordre requis pour y faire reconna tre la dignit et la splendeur n cessaire convenables L diction du nouveau r glement de cour de janvier 1585 ne signale pas seulement un palier dans la reconnaissance du principe d gal souverainet des Etats mais aussi des enjeux internes li s la distribution des positions de pouvoir au sein de la cour d Henri IIS Dans la Grande Encyclop die l archiviste E H Grand qui r dige la notice consacr e au Protocole signale l existence d introducteurs des ambassadeurs la cour de France avant 1585 sans pr ciser toutefois s il s agit d une fonction d j institutionnalis e A la cour de France l introducteur des ambas
32. ons spatiales et temporelles de la gestion protocolaire et pour montrer l importance de la distinction personne fonction dans les rangs protocolaires S il est utile pour redonner la consistance et reconstituer la coh rence des politiques protocolaires le Block est cependant d une utilit faible pour les acteurs de l poque et ne peut r ellement nous aider constituer le savoir protocolaire et non pas seulement le Protocole comme objet de recherche La faiblesse du Block en mati re protocolaire se laisse particuli rement appr cier en mati re de fun railles publiques A la notice fonctionnaires il est pr cis Lorsqu un homme s est illustr par de grands services civils ou militaires sa mort est un deuil public le Tr sor pourvoit ses fun railles les autorit s civiles et militaires y assistent et des 14 Philippe BEZES La construction historique des politiques de r forme de l administration en France depuis les ann es 1960 l hypoth se d un processus de diff renciation intra tatique communication au Vile congr s de l Association Fran aise de Science Politique Lille 2002 34 p p 6 25 15 Pierre BOURDIEU Le sens pratique Paris Minuit 1980 p 126 16 Jean SERRES Manuel pratique du protocole Paris Simonnet Hachette 1948 avant propos 17 Notice Fonctionnaires 1877 18 Notice Honneur suppl 1877 p 1059 19 Voir les r f rences au Block dans l article d j cit
33. par de constantes traditions un oubli leur gard pourrait tre de nature froisser l intimit des bonnes relations r ciproques mais moins de circonstances graves accessoires on ne saurait y voir une offense Un manque de politesse autorise certainement la r torsion mais ne donne aucunement lieu une demande en r paration qu il faudra au contraire admettre dans le cas de la violation d une des r gles strictes du c r monial C est donc fort logiquement que P Pradier Fod r reconna t que la charge de diplomate notamment dans ses implications protocolaires ne saurait tre confi e n importe qui Elle n cessite la ma trise de savoirs sp cialis s Pour repr senter dignement une nation il ne suffit pas que le repr sentant r unisse les qualit s de la probit une claire intelligence et un patriotisme reconnu il doit encore poss der des connaissances sp ciales et tre vers dans 32 P PRADIER FODERE Pr cis de droit administratif Paris Durand et P done 1872 avant propos 8 Le Cours de droit diplomatique l usage des agents politiques du minist re des Affaires Etrang res des tats Europ ens et am ricains 2e dition 2 vol Paris Pedone 1899 et 1900 fait r f rence aux fondateurs de cette branche du droit public principalement allemands comme la traduction fran aise dat e de 1873 de l ouvrage de August Wilhelm HEFFTER Le droit public international de l Europe Berlin E H Schroder
34. pr cautions identiques celles de Philippe Bez s lorsqu il met en vidence la diff renciation dans l tat d un champ sp cialis en charge de la r forme de la bureaucratie II va de soi qu il ne s agit pas de consid rer ce processus de diff renciation comme un processus achev uniforme strictement endog ne et continu Il convient d en donner une caract risation historique partir des jeux de pouvoir des interd pendances et des interactions qui le structurent Autrement dit il ne s agit pas d utiliser la notion de diff renciation comme une variable ind pendante et explicative mais au contraire de s en servir pour caract riser un processus et une situation nationale Sans pouvoir d tailler autant l analyse on peut retrouver dans le processus de diff renciation d un bureau du Protocole certaines des dimensions que Ph Bez s retrace au sujet de la diff renciation d un espace autonome de la r forme de l tat savoir une dimension intellectuelle la formation d un savoir sp cialis que met en vidence l existence d un savoir formalis par les guides du protocole qui vient compl ter un manque vident en la mati re compte tenu des modes privil gi s de transmission des connaissances et des savoir faire en vigueur dans l espace des metteurs en sc ne du protocole une dimension professionnelle l autonomisation des carri res avec la mise en place d une carri re id ale effec
35. recteurs du Protocole la demande de Paul Cambon son gouvernement de ne pas laisser passer la Turquie le peu de cas qui a t fait de l assassinat du pr sident Carnot en 1894 puisque le Sultan n tait repr sent que par un charg d affaires et le t l gramme de l ambassadeur de France Beyrouth signalant l attitude exceptionnelle du pr sident libanais qui se rend Paris pour les obs ques du g n ral de Gaulle alors qu il ne s tait pas rendu au Caire pour la mort de Nasser La constitution de ce savoir cette diff renciation intellectuelle au sens de Ph Bez s s accompagne de la constitution de ce corps de professionnels dont la comp tence peut s entendre comme la capacit produire contr ler et interpr ter des carts la norme Cette comp tence suppose des m canismes sp cifiques de transmission du savoir Ibid p 23 37 Au service fun bre c l br Constantinople pour M Carnot j avais remarqu que le sultan n tait pas repr sent par des personnages de qualit s suffisantes J ai fait remarquer que seule parmi les grandes puissances la Turquie avait t repr sent e aux obs ques du pr sident de la R publique par un simple charg d affaires Il ne faut passer aucune n gligence aux Turcs Lettre de Paul Cambon ambassadeur Constantinople dat e du 17 07 1894 au minist re des Affaires Etrang res Source AQO C 185 38 Bien qu il ne
36. rotocole et des usages Paris 7e dition Paris Stock 1995 Le livre de Poche 2001 pp 33 39 Sur la r forme du protocole de 1989 on verra de Jacques GANDOUIN La r forme du protocole in Regards sur l actualit 156 d cembre 1989 pp 3 16 4 Pierre BECQ DE FOUQUIERES Pr face in Jean SERRES Le protocole et ses usages Paris PUF 1967 Pour une analyse du protocole dans le processus de d centralisation voir Pierre MAZET Regard sur un rite d institution in Yves DELOYE Claudine HAROCHE amp Olivier IHL dir Le protocole ou la mise en forme de l ordre r publicain Paris L Harmattan 1997 pp 341 352 5 Michel PERICARD Guide du protocole l usage des maires et des lus locaux Paris Moniteur 1989 4e de couverture L id e que le protocole est avant tout une question de politesse une mani re pacifi e de r gler les querelles de pr s ances mais galement une fa on d introduire de l ordre et de la clart dans les manifestations du pouvoir est r currente dans les pr sentations que font d eux m mes les promoteurs d une discipline protocolaire Emmanuel de Cast ja pr sente le Protocole du Quai d Orsay comme le d positaire en quelque sorte de la tradition d hospitalit et de courtoisie de la France notice cit e p 782 Contre ces pr sentations indig nes Olivier Ihl 13 des formes de la politesse le respect des institutions r publicaines et l assurance de ne pas commet
37. s of a National Funeral Republican Funeral Honors in France from 1877 to 2008 International Political Anthropology vol 4 n 1 2012 p 61 73 disponible en ligne http www politicalanthropology org the journal current a past issues current issue 261 Nation alors m me que les r glements stipulent de mani re continue que les honneurs attribuer au Chef de l Etat d funt font l objet de mesures sp ciales arr t es par le gouvernement Il n y a point de texte r glementant le caract re ni la dur e du deuil en cas de d c s d un pr sident de la R publique crit Eug ne Pierre dans son Trait de Droit Politique Cette incertitude ne sera jamais lev e La r forme du Protocole de 1989 n y change rien pas plus que les quelques amendements qui y sont apport s en 1995 A son article 48 le d cret de 1989 indique Les conditions dans lesquelles les honneurs fun bres militaires sont rendus aux anciens pr sidents de la R publique aux hautes autorit s civiles mentionn es l article 46 dignitaires de la L gion d Honneur aux Compagnons de la Lib ration et aux dignitaires de l Ordre national du M rite ainsi qu aux autorit s militaires d c d es en service sont fix es par instructions interminist rielles L ouvrage de L on B quet ne tranche donc pas le conflit qui oppose les deux sources possibles de la gratitude nationale mais propose aux fonctionnaires une r gle de conduite qui leur
38. sadeurs appara t avec des fonctions bien distinctes au XVI si cle poque laquelle on le voit figurer dans des occasions importantes par exemple en 1571 aux r ceptions des ambassadeurs d Espagne de Venise d Angleterre et d Ecosse Depuis le r gne de Charles IX jusqu celui de Louis XIII ces fonctions furent remplies par des titulaires appel es J r me de Gondy de Bon il d Espeisses et de Bautru Sous Louis XIV ils furent port s au nombre de trois deux introducteurs servant par semestre et un adjoint ou lieutenant perp tuel Supprim la R volution l introducteur des ambassadeurs a t r tabli dans le c r monial diplomatique depuis Napol on ler En effet patiemment monopolis e par le Roi sous la Monarchie la distribution des honneurs publics fait l objet d une controverse dans un r gime r publicain la Chambre lue contestant au pouvoir ex cutif le droit de pouvoir d terminer les honneurs de la 2 L on MORGAND Des hommages publics d cern s par les corps administratifs ou autres Paris Berger Levrault 1884 p 4 cit par Yves DELOYE et Olivier IHL Deux figures singuli res de l universel la R publique et le sacr in Marc SADOUN dir La d mocratie en France t 1 Id ologies Paris Gallimard 2000 pp 138 246 p 199 3 Les Introducteurs des Ambassadeurs 1585 1900 Paris F lix Alcan 1901 p 2 24 Cit e par Emmanuel DE CASTEJA ancien ambassadeur ancien direct
39. servatoire de musique Dimanche Enseignement administratif Honneurs Loterie Pr s ances Police du Roulage Th tre De fait il manque ces deux auteurs la connaissance pratique de cette activit pour pouvoir indiquer aux agents administratifs en charge le type d informations qui leur seront utiles pour l action A l inverse plus marginal dans le champ des tudes administratives Pradier Fod r r dige un Cours plus directement en phase avec les int r ts de lecture des agents du Protocole il a en effet moins de difficult s consid rer son travail comme une entreprise p dagogique d apprentissage des techniques de r gulation des questions protocolaires En sens inverse les agents du Protocole produisent leur propre guide et leur savoir est mobilis dans la r daction des nouveaux textes Bien qu il fut l un des moins 5 Ibid Y J GANDOUIN op cit citation extraite du premier avant propos 58 N LOUX op cit p 19 15 titr s l un des moins dipl m s de toute la commission et bien qu il n appartint aucun corps mais repr sentant paradigmatique du type de recrutement en vigueur au sein de la Direction du Protocole Armand Mollard participa en 1907 la commission r unie par Georges Cl menceau charg e de modifier le protocole Son seul titre parler provenait donc du savoir accumul En mati re protocolaire si la ma trise de la r gle est fondamentale elle ne fait sens que dans la capaci
40. st docteur en droit public avocat professeur au Coll ge Arm nien en Arm nie puis Paris avant de partir au P rou o il fonda le d partement de science politique et d administration de l universit de Lima Le Cours de droit diplomatique est la version publi e du cours qu il donna l universit de Lima entre 1877 et 1879 Il fut conseiller juridique du gouvernement p ruvien dans le cadre du conflit juridique puis militaire l opposant au Chili Apr s 6 ann es de s jour au P rou il rentra en France o il s installa comme conseiller la Cour d Appel de Lyon E G Elliott qui semble l avoir connu personnellement le d crit comme un man of affairs et comme un juriste La carri re n est donc pas celle d un juriste dominant dans le champ des tudes juridiques ce qui peut expliquer qu il se rapproche du p le le plus pratique temporel du droit optant pour la m thode historique et la d finition de contenus pour l action Son uvre se situe ainsi dans une stricte perspective pratique Pr cis de droit administratif 1853 Pr cis de droit commercial 1855 Pr cis de droit politique et 2 Article 310 du d cret du 4 octobre 1891 portant r glement sur le service dans les places de guerre et les villes ouvertes du 4 octobre 1891 Bulletin des Lois juillet septembre 1891 Paris Imprimerie Nationale 1892 p 669 797 2 Eug ne PIERRE Trait de droit politique lectoral et parlementaire 2e d
41. t des acteurs mesurer la valeur des r gles qui sont crites et la nature des carts la norme qui sont effectu s Cette ma trise les autorise contrevenir la r gle en justifiant ces d passements par la tradition Il en est ainsi d une r gle constamment pos e et tout aussi constamment transig e qui interdit la pr sence du Chef de l Etat aux fun railles de son pr d cesseur Ce d passement de la norme n est toutefois rendu possible que par l autonomie des savoirs ma tris s l gard des imp ratifs politiques des situations Cette autonomie est produite par la reproduction endog ne des savoir faire dont t moigne paradoxalement la production des guides du protocole tudi s dans ce texte et la ma trise de la production des savoirs C est cette autonomie qui en derni re instance permet au Protocole d tre fondamentalement une technologie politique de gouvernement 59 La commission tait compos e de Vel Durand conseil d Etat pr sident G n ral Mourlan membre du conseil de l Ordre de la L gion d Honneur Bruman conseiller d Etat directeur de l administration d partementale et communale et L on P rier chef du Bureau des Affaires politiques int rieur secr taire Magny sous directeur des cultes Geoffroy directeur du personnel justice Cogordan ministre pl nipotentiaire de 1 classe directeur des affaires politiques et Armand Mollard chef du Service du Protocole affaires trang res
42. te des actions de gouverner peut paradoxalement s accommoder d une transmission quasi patrimoniale des charges administratives I LE SAVOIR FAIRE DES NATIONS 6 LE PROTOCOLE COMME SCIENCE DE GOUVERNEMENT a Les silences du Block Autant le dire d embl e le Dictionnaire de Maurice Block est assez pauvre sur les notices protocoles honneurs et pr s ances et ce dans ses diff rentes ditions Ces notices renvoient pour l essentiel aux textes r glementaires qui encadrent la pratique protocolaire A la notice fonctionnaires il est ainsi crit que dans les circonstances o des fonctionnaires de divers ordres doivent se rencontrer ensemble par exemple dans les c r monies publiques leur situation respective est d termin e par les r glements voy Honneurs pr s ances 7 A la notice Honneurs le Block renvoie ainsi l importance des textes introduisant toutefois leurs c t s une autre source protocolaire Honneurs t moignages publics de respect prescrits par les lois ou consacr s par l usage Il continue toutefois ainsi Bien que la mati re ne manque pas d importance pratique les limites de cet ouvrage ne nous permettent pas d en exposer les r gles m me sommairement Nous nous bornerons donner l indication des principaux textes 8 Le Block constitue cependant bien l une des sources sur lesquelles s appuie Olivier Ihl pour reconstituer l importance des dimensi
43. terait l obstacle du principe d autorit structurant in fine ce dispositif c est dire la position centrale du dispositif le Roi sous l Ancien R gime le Pr sident de la R publique depuis Or si l on veut comprendre l usage que les acteurs politiques peuvent faire du dispositif c est dire sa constitution comme outil de gouvernement il convient de montrer que le Protocole est un outil a politique qui sert de la m me fa on les diff rents r gimes c est dans le processus m me de son autonomisation que l outil devient le plus m me de devenir une technique de gouvernement Si l conomie interne du dispositif est en soi certainement efficace nous proposons d insister davantage sur les modalit s de l gitimation du protocole et d entretien de cette l gitimation en d montrant son utilit et son efficacit politiques Pour saisir ce processus nous proposons d utiliser une perspective de sociologie de l administration pour comprendre la formation de cet outil politique et la d finition de cet art de gouverner Nous proposons de prendre ici les rituels non pour ce qu ils font faire et croire mais pour ceux qui les font il s agit de s interroger sur la gen se et l entretien d une croyance collective sur la capacit d un savoir faire r guler les changes politiques Il s agit donc d analyser la diff renciation de l espace bureaucratique du Protocole Nous faisons usage du concept de diff renciation avec des
44. tion centrale pour les fonctionnaires en charge de l organisation des fun railles publiques sur la proc dure suivre en l gislatif et ex cutif pour pr voir le financement des obs ques publiques L ouvrage de B quet affirme en effet que si l hommage consiste en des d corations en m dailles d honneur ou en inscriptions n entra nant pas de d penses il n y a pas de doute que le gouvernement n ait qualit pour le d cerner S il doit au contraire se traduire par l allocation d une pension ou l rection d un monument le Parlement a seule comp tence et par suite une loi est indispensable Cette question est cruciale tant est vive la concurrence entre ces deux pouvoirs pour participer au concert des honneurs et pour savoir qui peut s arroger le pouvoir de distribuer les honneurs au nom de la Nation La monopolisation tatique du processus de distribution de la gratitude publique Etape importante de ce processus le d cret de juillet 1816 qui tablit que seule la puissance tatique centrale est en mesure de distinguer des individus parmi la masse des citoyens ou des sujets l poque de la r daction du texte au nom des actes accomplis pour la Patrie Le droit de d cerner des r compenses publiques est un droit inh rent notre couronne Dans la monarchie toutes les gr ces doivent maner du souverain et c est nous seul qu il appartient d appr cier les services rendus l tat et d assigner
45. tocole ou la mise en forme de l ordre r publicain pp 233 263 p 255 6 Emmanuel DE CASTEJA Notice sur la Direction du Protocole 1945 nos jours in Jean BAILLAUD dir Les Affaires Etrang res et le corps diplomatique fran ais Paris CNRS 1984 p 779 l ancien directeur du Protocole de 1976 1978 Emmanuel de Casteja qui d finit ainsi le travail discret de ce bureau administratif La pol mique dans laquelle se retrouve prise de Bourqueney vient justement de ce que le service n a pas t rendu correctement Une troisi me histoire peut se dessiner Que s est il exactement pass Les journalistes incriminent Casimir P rier mais le faux pas repose peut tre davantage sur des bases diff rentes C est dans les dossiers personnels que se trouve l une des r ponses possibles ce scandale Casimir P rier lui m me avait soutenu de Bourqueney dans sa carri re M de Bourqueney r dacteur de 1 re classe Il est bien not Il va y avoir un prochain mouvement aux Affaires Etrang res serait il possible d y comprendre M de Bourqueney comme sous directeur S il n y a pas de postes de sous directeur vacants ne pourrait on pas octroyer Monsieur de Bourqueney le titre de sous directeur adjoint crit Casimir P rier tout r cemment lu pr sident de la Chambre des d put s dans une note en t te officielle le 6 juin 1893 Cette lettre porte en plus cette mention M Casimir Perier recommande chaud
46. tre d erreurs protocolaires Le respect de r gles simples et de bon aloi est d abord une question de politesse et celle ci simplifie les relations entre les particuliers et entre les particuliers et les institutions Le protocole pour les communes c est encore une fa on d affirmer leur respectabilit j allais dire leur dignit Populaires combien les lus locaux doivent revendiquer sans exc s mais sans modestie le rang qui leur revient dans la hi rarchie civile C est la fonction qui est honor e et non les hommes Il faut l entendre ainsi et y veiller avec un soin jaloux Il existe une troisi me raison la mise en uvre d un protocole J ai presque honte la formuler c est votre int r t Parfaitement votre int r t On n imagine pas les cons quences dommageables pour une commune d un discours mal ordonn de pr s ances bafou es de manquement aux r gles r publicaines 2 Selon leurs auteurs la vis e de ces ouvrages est essentiellement pratique Se pr sentant comme des guides ils proposent des mod les de discours c est le cas du guide r dig par C P Dayre de Mailhol qui pr sente des loges fun bres types en fonction des positions occup es par le d funt o seul le nom du d funt est modifier et des proc dures normalis es pour mettre en place les c r monies c est le cas de l ouvrage de Nathalie Loux La nouvelle dition de cet ouvrage donne chacun les principales r f ren
47. tu e pour sa plus grande partie au sein m me du bureau du protocole et une dimension institutionnelle avec la reconnaissance d un bureau du 1 Y DELOYE e a dir Le protocole op cit 12 Y DELOYE O IHL C HAROCHE Protocole et politique formes rituels et pr s ances in ibid p 17 8 O IHL Le m rite et la R publique Essai sur la soci t des mules Paris Gallimard 2007 Protocole comme chelon s par dot de ses propres comp tences et de ses propres moyens La dimension politique de cette diff renciation n est pas absente qu il s agisse le petit scandale qui ouvrait ce texte mais aussi de consid rer le souhait du G n ral de Gaulle de rapprocher le Protocole de l Elys e en 1958 ou la r forme protocolaire initi e par F Mitterrand en 19814 Pour ce faire nous allons voir comment le protocole est d fini dans le cadre des savoirs de gouvernement en formation comme l une des sciences de gouvernement disponibles Nous verrons alors comment le Protocole se d finit comme la ma trise des pr c dents c est en effet la variation aux pratiques institu s qui d finit le sens politique de l action r alis e travers le politique Enfin nous montrerons que la d finition d un tel art de gouverner suppose des modalit s de transmission sp cifique o sont mises en concurrence une transmission scolaire et une transmission par familiarit Nous verrons alors que la rationalisation de la condui
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