Introduction à une discussion à propos du livre : P. Bourdieu, la
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1. 150 0169 82 0 A M I R A N 34 INTRODUCTION A UNE DISCUSSION A PROPOS DU LIVRE LA DISTINCTION CRITIQUE SOCIALE DU JUGEMENT DE P BOURDIEU Paris 1979 670 PAGES ED DE MINUIT PAR R WAAST AvRiL 1981 0 R S T 0 M Fonds Documentaire 2 9 AO T 1982 N oolli PRESENTAT ION Quelques mots sont peut tre de mise pour dire en quoi la note de R WAAST consacr e l ouvrage de P BOURDIEU La Distinction int resse les correspondants du Groupe AMIRA L conomiste sociologue VEBLEN avait d j montr ou d montr la fin du si cle dernier que les cannes et les hauts talons en disent autant sur la structure et l volution sociale que les cat gories de rente et d int r t Les r flexions scandaleuses de VEBLEN n ont gu re retenu l attention des cher cheurs ou des praticiens qui s occupent de d veloppement mais le livre de BOURDIEU qui traite me semble t il un peu le m me th me ne d vrait pas con na tre le m me sort et pour deux raisons D abord parce que dans le Tiers Monde aussi il existe des espaces sociaux dans lesquels des groupes se placent et se d placent les uns par rap port aux autres en exhibant des go ts qui affirment et affichent des diff ren ces des distinctions des dissidences Dans le Tiers Monde aussi ces pr f rences de consommation traduisent des disponibilit s in gales en capital co nomique et culturel avec cette complication que les registres o2. se d ploie le capital culturel sont multiples et parfois tanches La t che des analystes ne s en trouvera pas facilit e mais elle est d autant plus n cessaire En Afrique par exemple on voit s entrecroiser se juxtaposer se recouvrir parfois un capital reposant sur une formation scolaire de type europ en un autre resposant sur une formation de type arabo islamique un autre enfin de type n gro africain parfois hativement qualifi de traditionnel Cette di versit complique la hi rarchisation verticale d voil e par BOURDIEU mais elle ne ruine pas le principe qui la fonde Bien au contraire La structure intelligible de la distribution des go ts existe partout du moins on peut en faire 1 hypothese et c est cette structure qui permettra d interpr ter de facon neuve les r sultats des enqu tes de budgets familiaux de consomma tion de niveau de vie C est ce qu avait d j not R HALLU dans la note AMIRA n 19 en se r f rant des travaux particuli rement stimulants de J BAUDRILLARD et de L BOLTANSKI La consommation a pour fonction de signifier aux yeux de tous les moda lit s d int gration sociale de chacun Elle traduit donc simultan ment la r signation de chacun au r le conomique la fonction sociale qu il remplit et l ambition qu il peut avoir d y surpasser les autres voire de progresser dans la hi rarchie sociale Cette r signation et cette ambition sont d ailleurs l une et l autre soci
3. EMPLOYEES EMPLOYES 3 BUREAU og COMMERCE gt CEP entretien voilure couture Journaux r gionaux Bel haye bricolage ouvrages aventure bi re bicyclette q pernod R gt p che f tes foro nes Commune Oa Forales 9 mousseux CAP BP nes cuisine R 24 000 F tel vion ae 49 ent spectacles sportifs th MWsatooryoy A OUVRIERS QUALIFIES Renoult 4 IFGENDF Fernandel R 13000 F revenu de 13000 F 015000 F consommation de 1590 F RSO00F See Brigitte Bards 49h moins de 40 heures de travail SO par semaine 45a50h deli raya lia sack RR y d indivius d une cat gorie socio pro oo0 DO ugy oa ccoro on fessionnelle donn e issus des pommes de terre classes populalres a O OUVRIERS Bere pain pates classes movennes classes sup rieures g bal public vin rouge ordinaire volution de la cat gorie 25 entre 2 8enfanis lard accroissement gt 1982 et 196K nceroissement 25 a iii a MANOEUVRES R 13000F S AGRICOLES Er pare sans di p VOLUME CAPITAL 17 II QUESTIONS DE METHODE Examinons maintenant ce qui int ressera tout statisticien les questions de m thode L auteur proc de de fr quentes mises en garde con tre le m susage des techniques Non point comme dans un trait mais au fil de sa pratique m me tandis qu il r interprete ou qu il soumet l analyse fine les donn es recueillies par d autres que lui ou lorsqu il critique son propre travail
4. es occultent le probl me entravent sa position et son traitement Cer cle vicieux dont 11 faut bien sortir car on ne peut se passer de donn es d enqu te n1 cr er d tude nationale ad hoc chaque fois que se pr sentent un probl me ou une hypoth se neufs On r ussira avec une forte dose d esprit critique appliqu e aux donn es comme BOURDIEU s y exerce en re traitant un faisceau d tudes INSEE et d enqu tes d opinion Le statisticien se trouve directement confront au probl me lors qu il s agit pour Tui de pr senter d interpr ter les r sultats de ses enqu tes Et aussi et d abord lorsqu il lui revient de produire des donn es de nommer et d couper agents et ph nom nes de construire une enqu te dont les r sultats seront susceptibles de REPRISES DE SENS wee qm we UD mm oe OU oe la eee es ee eee QUE UA ee et GR oe eee DA ee Parce qu elle image sur un diagramme plan les distances et rap prochements inopin ment tablis entre classes de distributions diverses 1 a nalyse de correspondances est suggestive d homologies structurales Aussi BOURDIEU recourt il volontiers cette technique de traitement des donn es one Mais c est en mettant en garde aussit t contre sa f tichisation Nous savons qu en chaque situation ce sont certaines propri t s x de la classe construite qui seront sp cialement agissantes Le diagramme plan qui met au jour la contribution de ces propri t
5. j inspir ou guid parfois de tr s pr s des enqu tes sur les plus divers domaines Citons r cemment une analyse par 1 INRA des pratiques alimentai res elle fait justice des lieux communs sur l homog n isation des con sommations et des modes de vie soi disant cons quence in luctable du pro gr s technique et de l volution conomique 1 Autre exemple l tude de la surcroissance des co ts de sant en vient reconna tre une logique des Significations m dicales toute autre que celle de stricte efficacit sanitaire On consid re 2 que le ph nom ne traduit la mont e de classes moyennes nouvelles recherchant une mani re d tre neuve et distinctive valorisant un corps narcissique et fantasm par opposition au corps 1 Cf Bulletin d Information du D partement d Economie et Sociologie Rurales INRA N 6 Septembre 1980 2 Cf E LEVY La croissance aa d penses de sant ATP n 30 Ed du CNRS 1979 102 page Voir note de lecture dans le Bulletin Analytique n 1 juin 198 EMIRA d utilitaire ouvrier introduisant la cat gorie de ce qui est sain par double distinction avec l appr ciation populaire de la force et grand bourgeois de la forme Plus g n ralement le planificateur voquera de lui m me bien des effets pervers pour lui familiers inconvertibilit de l pargne ou de revenus en certaines consommations socialement marqu es emploi
6. de conception et de r alisation d enqu te Retenons ici un peu arbitrairement deux ordres de remarques sur la construction des va riables et sur 1 analyse des correspondances 1 Sur la construction des variables PS a aa ON E ar US ee ae ee eee P BOURDIEU souligne d abord la n cessit de disposer d hypoth ses sur la nature du ph nom ne tudi et sur les lois qui le produisent Dans son cas l hypoth se est celle d une structure intelligible de la distribution des go ts de type syst me d oppositions et d une homologie n cessaire entre cette structure et celle des positions sociales qui en est le d terminant La position sociale est d finie par le capital d tenu volume et forme pr dominan te conomique ou culturelle Le go t d une fraction de classe est unifi sous un style de vie que produit la formule g n ratrice 1 habitus resu mant le conditionnement social et 1 histoire la trajectoire du groupe du Notons qu une telle hypoth se porte s int resser la dispersion des variables et surtout pas leur valeur centrale mais au contraire aux classes de valeurs extr mes pour des variables tr s distinctives L identi fication des oppositions signifiantes proc de en effet toujours comme suit ayant crois toutes les positions sociales avec chaque modalit d une varia ble propos e on retient telle modalit comme distinctive de la fraction de classe qui lui a t moign une p
7. elles qui se ront principalement pertinentes efficientes tant t de facon pr dominante la caract ristique d age relatif ou de profession ou de niveau d instruc tion etc Tandis que la classe qui est au principe de cette efficace est J 1 Questionnaires a choix multiples pour une question cing ou six r pon ses 8J9 formul es sont propos es seules au Jugement 210 le syst me des facteurs agissant en diff rentes situations non pas fig dans les proportions arr t es d un indice unique mais structur par la facon dont certaines variables en commandent d autres La d monstration repose alors non pas comme en physique sur la mesure qui n a sa part que pour construire les faits la figure expliquer mais davantage comme en math matiques sur la conviction qu entra ne le raisonnement en s appu yant sur nulle autre consid ration que celle des structures de classes pour rendre compte des figures du go t mises au jour en toutes sortes de situa tions On peut imager les homologies structurales comme aux sch mas repro duits plus haut et toujours comme en g om trie on se sert de figures qui ne sont pas d monstratives mais il n est pas question de calculer par exemple ici la part de variance qui reviendrait un indicateur de posi tion de classe pour expliquer une distribution des pr f rences sporti ves ou d ameublement en laissant le reste de 1 explication quel
8. ne de nombreux autres il faut rechercher 1 homologie des structures signifiantes s interroger sur leurs conditions de possibilit et sur les lois de leur production percer la raison de l action privil gi e en telle situation d une association par ticuli re de facteurs Les axes ne sont pas explicatifs ce sont eux qui n cessitent explication Roland WAAST e Ib DER CE DS GE a nent AD eee QUO D D Ve D Cu QUE A e dumm D HS D GUN eee ND Mi DD Qu DS A DS y 1 Ceux dont la statistique a observ mesur le pouvoir agissant plus grand dans ce cas
9. poursuite de promotion ou d qualification le milieu professionnel enfin groupe relativement homog ne renforce ou contrecarre les dispositions culturelles qui peuvent tre partiellement attach es au titre SS eee AE qq QA O 20 Toute notion commune comme le sont les variables de la production statistique courante est donc soumettre un travail d analyse en chaque situation Il reste v rifier toujours que tel effet apparent qu on pourrait i lui pr ter demeure une fois retir l effet des propri t s secondaires qui lui sont associ es en ce cas Etre mari n entraine pas seulement la cessa tion du c libat mais peut connoter un changement de situation professionnel le femme au foyer homme devenu patron par sa situation de cendre et toute la mise en jeu du rapport accord ou d saccord entre les deux sys temes de propri t s associ es chaque conjoint Habiter Paris ou la pro vince ne distingue pas seulement deux volumes de l offre culturelle mais fait aussi jouer la diff rence de distribution dans l espace de toutes sor tes de propri t s 1 ge la profession 1 effet du milieu qui porte la pratique culturelle ou inversement a 1 indiff rence ou 1 hostilit son gard b La variable officiellement nomm e est impure du fait des caract ristiques auxiliaires non d nomm es inconsciemment tues et mas qu es dont elle colporte 1 effet mais qu elle
10. un avion un paysage que l on croyait conna tre et qu on n avait jamais vu Philippe COUTY Il n est pas ici question de r sumer cette somme du sociologue fran ais peut tre le plus important aujourd hui Nous ne ferons qu voquer trois chapitres L espace social et ses transformations L habitus et l espace des styles de vie Classes et classements Mais tout ce livre consacr a la diff renciation et au changement socials offre mati re r fl chir au planificateur comme au statisticien I LA SIGNIFICATION SOCIALE ATTACHEE DES BIENS DIFFERENTS Voici qui int ressera le premier C est une mise en garde contre une logique trop utilitariste de l conomie une sorte d initiation la logique des significations sociales dont les objets sont charg s diff ren tiellement par des milieux divers Cette propri t vient aux choses au sur plus de leurs qualit s objectives de leur mode d emploi elle est part int grante de leur d finition constitutive de leur utilit du sens et des satisfactions qu elles procurent L argument s appuie sur l analyse des go ts dont t moignent les Fran ais notamment propos d art et de consommations culturelles Mais il est ais ment transposable et le livre y proc de parfois aux consomma tions d alimentation d ducation de toutes sortes de biens et services Les hypoth ses et la m thode sont tellement suggestives qu elles ont d
11. variables n est pas directe Ce qui agit dans un facteur consid r d pend du syst me des facteurs et des conditions dans lesquelles il agit i e de la situation C est pourquoi la causalit structurale d un r seau de facteurs est IRREDUCTIBLE l efficacit cumul e des relations lin aires tablies k entre telle pratique et chaque facteur 1 pris s par ment C est dire au pouvoir cumul d explication statistique de chaque facteur m DONS OPA t m a o m QD ee Vu pap A a HN QD e ee Pe A M A 1 Ou combinaison fixe de facteurs 93 2 Il existe une tentation celle d isoler chaque situation chaque pratique 1 opinion politique le choix religieux les pr f rences alimentai res Et d en simuler la figure dans un mod le qui se pr tend explica tif et qui combine arithm tiquement quelques facteurs choisis dans la si tuation 1 Mais on ne fait qu atomiser la th orie non par la logique de ce qu il s agit d expliquer mais par celle du mode d explication Pour revenir l analyse de correspondances la technique provo que des id es par les paradoxes ou les impr vus qu elle expose elle aide v rifier mais en aucun cas elle ne r v le une causalit L interpr tation d licate des enchev trements de facteurs agissants la juste d nomination des axes principaux obligent r fl chir sur la structure du ph nom ne Mais alors COMMENCE l ouvrage I faut rapprocher ce ph nom
12. Kafka cyclotourisme marche comping natation lt propn laires Music hall F Culture locataires campagne salade logement z Pri ere salane Renault 16 eou min rale ROSEN Aore pere palron B ossens Guy des Cors CAPITAL CULTUREL L o Ferr CAPITAL ECONOMIQUE CA x EC z PITAL ECONOMIQUE nn Tchorkaysk Bizet CAPITAL CULTUREL Rovel SALAIRES Psychologie E Ne cin club 2CV pere PER BENEFICES INDUSTRIELS su tissage expression corporelle SERVICES ET COMMERUAUX Van Gogh aile delta randonn e minibus MEDICO SOCIA UX PAutoclournol c romique cologie jazz moderne homes femmes BV heres gb ARTISANS COMMERCANTS D ART eludes de taxat jae ee photographie Alain Delon Rhapsody in blue Beatles INTERMEDIAIRES CULTURELS A e 9 Jacques Brel R 33000F CADRES MOYENS Fronce Sor Europe p Petula Clark Mariano 47 enfonks COMMERCE SECRETAIRES Renault 6 Renault 10 000 operette Ami Sim 1100 oo pacari RER Pr Simeo Ka collect timBres Guy Lux INSTITUTE URS TECHNICIENS 2 i tt A Science et vie 5 pique nique S 1 m inscription biblioth qud CADRES MOYENS pere Aznavour a 2 9 cours du soir ADMINISTRATIFS danses Ne 0 Sheila 7 32o9giy E gt t Utrillo Buffet cirque 0 es ai Hall y day 7 7 Es ka N 7 istorres sentimentales O 2 adio Luxemgnourg 1 Fronce inter UHumonite BEPC p la aue gt Dell 4 47 enfants pernod gt 60 heures Leviton gt mousseux de Travail tours de Funes z
13. aine mesure la distinction clas sique entre Afrique c r ali re et Afrique tubercules et montre que quelque chose est sans doute en train de bouger dans la structure de distribution des gouts Troisi me et ultime d molition celle du concept de culture Ban ensemble de comportements appris parfois associ amp celui de groupe ethnique plus ou moins homog amp ne Alors que dans les Terres Neuves du S n gal on voit se ressembler de plus en plus les comportements des Serer et des Wolof un wen mm ee ee A A ee UD AA ee a A ee ee eee a eee GE N AH AN ee ee eee et eee mm et ous 1 R HALLU Bilan et limites des enqu tes statistiques objectifs macro conomiques r alis es en Afrique francophone de 1955 1970 Note AMIRA n 19 S rie u et al Statistiques vol 2 p 127 ensemble global de postures de consommation commence donner aux gros et aux petits exploitants aux chefs de carr et aux manoeuvres aux paysans et aux commer ants le moyen de se distinguer les uns des autres La syst matisation magistrale de BOURDIEU organise d passe et renouvelle des connaissances empiriques dont les vendeurs d automobiles et de cha nes hi fi se servent depuis longtemps pour manipuler leurs clients Aux planificateurs statisticiens conomistes il appartient maintenant d observer en Afrique aussi bien qu en France la soci t o ils travail lent comme on contemple avec surprise du haut d
14. alement d finies favoris es et contr l es comme l ments du syst me conomique social et de sa reproduction 1 Plus fondamentalement encore R WAAST montre dans la deuxi me par tie de sa note quel point est radical l branlement scientifique caus par le livre de BOURDIEU Trois constructions vacillent sur leurs bases La premi re vrai dire fait plus que vaciller elle s effondre Apr s avoir lu BOURDIEU 11 n est vraiment plus possible de parler d lasti cit de LA consommation aux prix ou aux revenus I est clair que les ache teurs mettent dans leurs choix autre chose qu un calcul conomique Ce point aussi a t soulign dans le travail d j cit de R HALLU p 129 Applica tion imm diate des faits tels que l accroissement des consommations de pain dans toute l Afrique de riz au S n gal de sorgho muskwari dans le nord du Cameroun Ou l adoption du v tement musulman ou la construction de tom beaux Madagascar qui r v le beaucoup plus qu un comportement ostentatoire Ebranl e deuxi mement l id e toujours latente des d terminants g ographiques Si l acc s la farine de froment signifie quelque chose en termes de position et d opposition des groupes sociaux alors certains Afri cains consommeront de la farine de froment dussent ils 1 importer m me si la farine de sorgho est d sormais panifiable L extension actuelle des cultu res de manioc en savane brouille dans une cert
15. court 4 terniser les diff rences de conditions c est dire les carts entre grou pes entre go ts et sp cifiquement entre modes de consommation Cela ne veut pas dire que de nouveaux produits ne trouvent pas de march mais un march distinctif selon les milieux Ni que la morphologie sociale demeure stable au contraire par une somme de d classements de reclassements de reconversions certains groupes professionnels d clinent d autres consti tuent des fractions de classes nouvelles se substituant aux pr c dentes dans les positions qu ils tenaient auparavant De m me le progr s fait tomber aux mains de classes domin es des cat gories de biens qui taient pr c demment l apanage et la marque des classes dominantes Mais la struc ture est pr te dig rer ces v nements Les biens banalis s sont disqua lifi s 11 ne suffit pas de disposer d un instrument pr c demment r serv pour lever son statut encore faut il qu il soit du style qui classe Autrement dit seules sont distingu es distinctives des propri t s non communes i e non techniques de la cat gorie de biens 2 On songe au dessin de Semp quand l ouvrier a pour v hicule un v lomoteur le pa tron a une auto quand l ouvrier a une auto le patron en a une plus gros se quand 1 ouvrier a sa berline le patron red couvre le privil ge du v lo qui est plus hygi nique et permet de mieux circuler dans les embouteillage
16. i r alis e chaque palier de l axe vertical Des correctifs sont apport s par la trajectoire collective qui affecte le groupe au moment consid r ascension d clin ou stabilit mesu r es la variation du poids d mographique de la composition par ge et par Sexe Ce qui apparait alors est une structure en chiasme la distinc tion du capital culturel va l inverse de celle du capital conomique en chaque palier de la hi rarchie verticale les go ts sont structur s par un syst me d opposition comparable celui qui op re dans la construction des mythologies suivant une logique tres proche de celle de la Pens e sauvage r v l e par LEVI STRAUSS Ainsi pour les consommations alimentaires observe t on dans la ligne du moindre au a plus grand capital conomique le passage des nourritures de plus en plus lourdes et riches 1 opposition du bouilli et du mijot au r ti aux sauces pic es aux repas arros s mais dans une commune valorisation du sal du fort du gras Tandis que sur la ligne de diff renciation horizontale les gens cultiv s tablissent leur distinction en opposant au gras au gros la grossi ret un id al du maigre du fin du l ger traduit selon les moyens mat riels par le privil ge accord au cru et au grill boeuf pois son fruits ou au sain naturel sucr laitages jus de fruits confi tures ou la recherche en forme de cui
17. ion sociale induisant le choix des pratiques et le sens qu elles rev tent en chaque situation ainsi bien des comportements professoraux rel vent ils d un asc tisme aristocra tique doublement oppos 1 h donisme temp r bourgeois de tradition et la restriction rigoriste de la petite bourgeoisie d aspiration qui pr tend un reclassement reconnu et marque sa rupture avec le mat amp rialis me pratique populaire smmm A A nn Pour donner force la d monstration P BOURDIEU s appuie sur un impressionnant faisceau d enqu tes Elles portent d une part sur la morphologie sociale de la France distribution des revenus de la profession de l ge et du sexe du niveau d instruction etc d autre part sur la distribution des go ts chez les Fran ais y compris go ts rares et distinctifs en des domaines tr s vari s nourriture sport v tements meubles arts divers emplois du temps soins du corps opi nions politiques L auteur montre d abord qu il est possible de structurer de facon convaincante chaque ensemble de la facon suivante les groupes occupent des positions diversifi es dans l espace social selon le volume total de capital dont ils disposent hi rarchi sation verticale la forme dominante de capital composant leur patrimoine capital conomique ou culturel une diff renciation hori zontale est ains
18. ions nouvelles et leur interpr tation de si tuations connues est modifi e par la n cessit de donner sens leur pratique dans un environnement social diff rent De nouvelles sous oppositions de nou veaux traits susceptibles de contraster au sein du syst me des valeurs dis tinctives et Suivant sa logique apparaitront exprimant la position originale d une fraction nouvelle de classe et les trajectoires typiques intervenues dans sa formation Mais les carts demeurent suivant les m mes grands prin cipes organisant l espace social volume et formes du capital d tenu Il serait trop long d voquer le d tail des d monstrations com me la port e de tous les chapitres et de nombreuses remarques fines en cha cun Renvoyons ici l ouvrage C est l une des plus puissantes tentatives d articulation de l conomie et de la sociologie C est aussi entre macro et micro conomie la restitution d un domaine occulte qu tient 1 une et l autre et qui les agit le champ des d terminations de classes N er Ra of y 2 CT d E Y o disfincli on hae Tee du d graphique 5 Espace des positions sociales agement de Piere GovRDEU pp 440 44 graphique 6 Espace des styles de vie VOLUME CAPITAL a collection tableaux Pere eludes piano ontiquaire galeries rive droite SUpeneures concerts Colonne pena n golf bridge Connosssance des arts enefices non cocktails opera Comme
19. que autre facteur h t rog ne et en pensant avoir administr une preuve C est que tout facteur toute variable est impur seul est expli catif un r seau de variables structur par la pr pond rance de certaines ou les oppositions ou la commande exerc e par quelques unes sur d autres Un facteur puissant la CSP par exemple 1 est pr cis ment par les variables secondaires qu il convoie Un seul indicateur ou variable est doublement impur a Toute variable est impure par le r seau des relations sta tistiques souterraines qu elle entretient en la situation avec d autres variables consid r es ind pendantes et qui sont l oeuvre sous son nom P BOURDIEU en donne maints exemples Ainsi celui des corr lations entre 1 o pinion politique et le sexe 1 ge la religion 1 instruction le revenu ou la profession chacune de ces variables tant li e aux autres de fa on d ailleurs sp cifique lorsqu il s agit de conditionner l opinion politique plut t que par exemple la pratique sportive u Autre exemple 1 effet sur la pratique culturelle de la profession et du titre scolaire ces deux variables sont en la situation plusieurs fois li es la profession peut d pendre du titre d tenu la condition professionnelle peut porter l entre tien ou au d p rissement du capital culturel facteur agissant de la prati que culturelle et que le titre acquis n indique plus alors de la m me ma ni re selon qu il y a
20. r f rence ou n gativement une r pugnance si gnificativement plus forte que celle de tous les autres groupes sociaux C est ainsi que les cocktails sont associ s la mani re de recevoir des pro fessions lib rales et le mousseux celle des employ s tandis que l invi tation pour le caf caract rise les ouvriers et celle pour le dessert les cadres moyens m me si ceux ci invitent plus souvent boire le caf qu prendre le dessert mais ils sont ceux qui de tous les groupes lancent le plus souvent cette derni re invitation Faut il redire qu il n y a pas de param tre tous terrains La consid ration d une moyenne ici serait im pertinente ell masquerait les faits emp cherait de les constituer C est sios aussi l hypoth se pos e celle d une structure oppositionnelle des go ts qui donne l id e d associer le sens au choix qu une cat gorie sociale ef fectue plus souvent que toutes les autres plut t qu au choix fait par la plus grande partie de ses membres lecture laquelle nous sommes habitu s ce qui nous ferme les yeux sur l autre possible Cela tant les comens employ s dans la formulation de 1 hypo these capital total conomique culturel habitus style de vie ne peuvent donner lieu mesure ou qualification directe I faut donc les ap procher par des variables qui en sont les indices indirects et impurs Le contraste des styles de vie s observera travers le prisme de
21. rc aux Renoir Dufy h ritage ouvrages sur l art HBB 503 60h de travail Automobile club voitures trang res croisi re expositions cha ne hi fi quitation PROFESSIONS LIBERALES r i 4o2 000 W S A lchompdgne a hotel 7 chom arhol Xenakis 2 4 enfants ER A ETA N S pagne voc lh ke Webern Boulez ee ech d kr nouti q solle des ventes rn ou PROFESSEURS Checs R 83 000 4 ennis sk noulique m Tel quel ea i C 1400 r sidence secondaire a gt c 47 Foot goleries rive gauche mw whisky Vasarely Pieles repos d affaires festivals d p oteau Urhaines 111 stivols d avant garde S Le Monde CADRES PRIVE y th tre de boulevard m O _ Peugeot 504 PRODUCTEURS pi pa ants so langues amp trongerei LM re EN Citroen DS GS A Musique s minaires raval s es e sif ARTISTIQUES y essors politiques ou philosophiques doglomea pon porigienre nn camera Si al Kondinsky lemps modernes UExpansion a A carte creat ville d eou A 2 1enfanis P ste Bach meubles Knall ae A scrabble Wotteau o 50460 n i l Vv avion le Figaro tonal nn PROFESSEURS urgel s CADRES Ze u a t y SECONDAIRE A montag PUBLIC gt T Historia chosse Le Nouvel Observateur hthographies griflades Lectures pour tous Broque 40 400 F Bruegel mus e Vivaldi LExpress Utrillo m R 62000F Goyo Bu uel villes gt 100 000 hab eglises romanes Com dee fran aise villes lt 5o 000 Hab Tour d argent
22. rchangeables face des produits aux propri t s uniform ment per ues et appr ci es P BOURDIEU ne s arr te pas la Il travaille mettre au jour le principe de production des go ts l habitus distinctif de chaque groupe qui sert d chiffrer toute situation surtout si elle est nouvelle et s y choisir une posture expressive de la position sociale et caracter1s tique par l opposition des traits situ s un autre p le de l espace d j retenus comme marque d autres groupes sociaux mn pama m at Fi ete Reste Ta question de la dynamique La double structuration 1 des cat gories de la perception et de l appr ciation joue un r le dans la repro duction et la transformation sociales D une part elle conduit chaque groupe faire de n cessit vertu elle permet de vivre et supporter sa condition de classe qu elle contribue reproduire comme condition originale homog ne pr gnante valable elle ne supprime pas pour autant l esprit de r volte ni la perception des contradictions inscrite dans la structure m me d oppo sition des go ts et des valeurs D autre part une table des valeurs de r f rence est institu e m me si les diff rents groupes ont sur elle des points de vue distincts Tant que pr dominent les luttes de concurrence engageant des destins personnels et des conflits de statut sur la lutte des classes cette table reste fondamentalement stable elle con
23. s 1 Comme style de vie de chaque groupe et comme syst me d oppositions des valeurs en chaque domaine 2 Aspirant l tre bourgeois la petite bourgeoisie patiente dans la pro messe d acc der quelque jour aux biens o cette nature lui semble r si der ou bien elle anticipe en se les procurant cr dit tout un chapi tre explique le r le central du cr dit dans nos Soci t s Mais les carts tiennent aux propri t s relationnelles et non substantielles des choses 0 Il ne faut pas confondre avec une dynamique de changement profond E du champ social des positions de la nature des classes et de la table des valeurs le simple d classement de biens disponibles qui ne classent plus 3 leurs possesseurs pas plus que le d classement ou le reclassement de m tiers qui perdent ou gagnent de la consid ration ce que BOURDIEU nomme Tes translations de l espace des distinctions sociales dans l espace des biens accessibles le bien tre n embourgeoise pas s rement et n annule ni les contradictions ni la lutte des classes Par contre sans modification de fond le syst me des appr ciations sociales peut supporter des changements morpholo giques de la structure professionnelle ou des conditions de vie Les fils de paysans devenus ouvriers non qualifi s ou employ s de bureau ne sont pas mieux plac s que leurs parents mais vivent diff remment Ils cr ent leur propre interpr tation de situat
24. s de tel b avec tel c plut t qu avec Crop ou Cra n p n q i zaks Ainsi chaque variable pr construite empiriauement comme le sont des notions communes 1 ge le sexe le statut matrimonial ou complexes la CSP qui combine la profession le revenu et le niveau d ins truction exprime sa mani re toute la situation et le devenir d une classe Mais c est une mani re toujours d crypter qui ne dit rien d elle m me car elle introduit en fraude un ensemble de propri t s secon daires masqu es dans le mod le explicatif elle est donc susceptible et parfois charg e de cacher la structure des facteurs efficients dans la situation Les variables pertinentes pour tudier un probl me n ont donc rien voir avec les variables empiriques pr construites g n ralement em ploy es pour classer les donn es d enqu tes statistiques courantes Bien en tendu la production statistique courante a besoin de s en tenir ces va riables standardis es i e pr construites ne f t ce que pour permettre des comparaisons dans le temps et pour satisfaire la vari t des utilisa teurs aux pr occupations ph nom nales diff rentes aux hypoth ses et corps conceptuels distincts Elle a seulement le devoir d imagination et diversi t Mais toujours elle s carte de la d finition des variables pertinentes pour tudier l un quelconque des faits r els jusqu un certain point les donn
25. s ne reconstruit donc nullement la structure de classes qui est au principe de la situation observ e ni les classes r elles dans la totalit de leurs propri t s cons titutives Un exemple en est fourni par l analyse des donn es d enqu te sur plusieurs consommations culturelles sch mas pp 296 300 307 357 392 394 On observera des parent s de structuration d une consommation l autre l homologie toujours avec le sch ma de principe des positions sociales les nuances pourtant distinguant le sch ma des go ts en diver ses mati res ou les variantes du go t chaque tage social L espace des choix prononc s par les individus d une m me fraction de classe n est pas totalement disjoint de celui d une autre fraction Les facons de contraster font appel a des axes principaux combinaisons de variables privil gi es qui diff rent selon le cas et qu on pourra tant t identifier synth tique ment comme traduisant l anciennet de l appartenance de classe tant t la trajectoire collective de classe etc D autres variables moins effi cientes dans la situation observ e mais plus dans une autre sont aussi constitutives de la structure de classes leur projection sur le sch ma fait appara tre qu elles sont aussi peu ou prou agissantes parfois contre courant parfois en certains lieux seulement de l espace social Ainsi la d termination par une variable ou une combinaison de
26. s go ts par l analyse des r ponses des QCM 1 concernant chacun une pratique sp cia le sport beaut v tement Le capital culturel combinera capital acquis et h rit dont cer tains indices peuvent tre le plus haut niveau scolaire acquis par 1 indivi du et son p re mais il est bon d en consid rer aussi d autres moins l gi times Le capital conomique est aussi malais ment accessible des indi ces en seront le statut d occupation du logement la propri t d un bateau ou d une auto de cat gorie sup rieure le type ou le montant des revenus mais aussi le taux de refus de leur d claration IT faut combiner ces indices pour obtenir un indicateur de position sociale Ainsi cumulera t on l information port e par un ensemble de facteurs dans le cas pr sent les positions ont t construites en tenant compte de la profession et du niveau d instruction mais aussi des indices disponi bles de capital d tenu volume et genre ainsi que de sexe d ge et de r sidence 1 faut bien voir dans cette entreprise qu aucune combinaison particuli re de facteurs efficients dans un champ particulier de pratiques ne saurait tre pr tendue explicative universellement il n y a pas d indi cateur de classes bon en toutes circonstances mais dans chaque situation dans chaque domaine pratique ce sont certaines propri t s constitutives de la classe de la position sociale qui auront cours ce sont
27. s privil gi s du surplus r servation de certaines fonctions conomi ques investir des agents sp cifiques ph nom nes bien connus des cono mistes du Tiers Monde mal rep r s mais actifs en pays d velopp s partout tenant la position sociale aux rapports de classe entre acteurs Pour revenir l ouvrage lui m me P BOURDIEU tablit donc que chaque produit a son identit sociale variable selon les go ts et que les go ts varient de FACON NECESSAIRE selon les conditions socio conomiques 11 faut rendre raison de cette n cessit L auteur attire donc l attention sur la double facon dont les gouts s ordonnent dans un domaine particulier musique alimentation soins du corps ameublement les go ts de chaque groupe social contrastent de fa on stable permettant de classer et servant classer celui qui les affirme ainsi les classes populaires pr f rent el les l accord on et les classes sup rieures le piano tandis que parmi celles ci les professeurs marquent une pr f rence pour des oeuvres comme l Art de la Fugue ou le cla vecin bien temp r et les patrons du commerce pour l Arl sienne ou la Traviata les go ts d un m me groupe social en diff rents domaines compo sent une configuration typique leur unit caract rise le style de vie distinctif du groupe r sultat d une formule g n ratrice d une attitude devant la vie d un habitus traduisant la posit
28. sines exotiques chinois japonais russe P BOURDIEU s applique montrer l homologie des deux structures celle des go ts celle de l espace social I l image par un diagramme tr s suggestif pp 140 141 commentaires pp 139 144 o il superpose les deux espaces positions sociales et styles de vie Chaque groupe professionnel y appara t entour de ses pr f rences distinctives Cruel synopsis o chacun se reconna tra caricatur mais qu il est demand de lire autrement pour les propri t s relationnelles qu il fait apparaitre oppositions structura les horizontales ou verticales se r pondant en chaque espace et for ant rechercher dans les conditions et conditionnements sociaux le fondement m con nu des syst mes de choix Si la conviction est emport e c est que 1 id e de cette homologie claire au mieux la distribution des go ts qui du m me coup devient un fait tandis que pr c demment on n aurait jamais song rapprocher pr f rences artistiques et culinaires ou sportives ni penser qu elles pouvaient recevoir ou m me demander une explication surtout une explication commune il n y avait l qu un amas de donn es dispers es et chaque go t tait consid r de g n ration spontan e personnelle scien tifiquement sans objet On voit comme on est loin de l hypoth se de abs traction fausse de l conomie classique celle de consommateurs aux go ts inte
29. vite de consid rer et qui peuvent tre les r els crit res d exclusion de s lection ou de diff rencia tion l exigence d un dipl me d termin peut masquer celle d une origine sociale particuli re l appartenance ethnique ou sexuelle peut orienter de fa on tacite le devenir professionnel femmes m decins ou avocats vou s des client les de femmes note BOURDIEU m decins ou avocats noirs des client les de noirs ou la recherche La propri t mise en avant par le nom employ pour d signer la cat gorie risque de dissimuler l ef ficacit de toutes les propri t s secondaires r ellement constitutives de la cat gorie mais non expr ss ment voqu es Le paralogisme du facteur appa rent fonctionne alors comme mise en avant d une propri t l gitime princi pe d clar de constitution cachant les fondements de l existence La profession c est aussi un capital h rit un titre une distribution d ge et de sexe une volution tendancielle de cette distribution f mini N sation yieillissement contribuant la disqualification et la marquant BOURDIEU rappelle ici BENZECRI M me si le trait a commun des indi vidus d finis par leurs propri t s a b Co permet de d finir une espece A l tude de cette esp ce n cessite d analyser tout ce que peut tre en son sein le deuxi me et le troisi me trait tous les D gt Cr ainsi que les associations permise
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