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La notion d`originalité et sa preuve en droit d`auteur Dominique

1. Il s agissait en l occurrence de 83 337 photographies On conviendra que la description pi ce par pi ce demande l auteur des photographies un travail titanesque On peut en d duire que les artistes peintres par exemple et les photographes ne sont pas plac s sur un pied d galit au regard du droit de la propri t litt raire et artistique Les uns b n ficient de la pr somption d originalit Quant aux autres ils devront d crire leurs travaux et en d montrer le caract re original Et plus leur production sera importante plus ce travail leur co tera de temps voire d argent s ils s adressent un avocat En d autres termes selon le TGI le demandeur devait pour acc der la protection par le droit d auteur proc der la description de chacune des photographies puis d montrer pour chacune d elle son originalit Il ne pouvait y avoir description de l uvre en g n ral A scruter les d cisions sur la question de l originalit on remarque que reviennent indiff remment des termes qui justement pr sentent des acceptions distinctes prouver d crire caract riser et d montrer A l article preuve le dictionnaire dit On prouve par des preuves on d montre par des arguments Par cons quent l op ration qui doit tre effectu e par le demandeur rel ve nettement plus de la d monstration que de la preuve La caract risation est l autre mot pour d signer la qual
2. 70 Cour d appel de N mes 17 janvier 2008 N RG 05 05270 36 poulpes que le motif du tissu des shorts de bains Citrons de la marque Villebrequin repr sente sans aucune stylisation ou recherche graphique particuli re des citrons Cette d cision de la cour d appel de N mes est galement int ressante en ce qu elle rappelle qu une certaine standardisation de la cr ation dans le domaine de ce que le CPI appelle les industries saisonni res de l habillement et de la parure est prendre en compte Attendu qu il est de principe qu en mati re de cr ations vestimentaires l appr ciation de l existence de la contrefa on d un mod le doit se faire en tenant compte des effets de mode qui impliquent par essence un certain nombre de similitudes qu en mati re de cr ations vestimentaires le fait pour un mod le de s inspirer de la mode ambiante n est pas suffisant caract riser une contrefa on et ce alors m me qu en raison de l effet de mode les mod les pr sentent toujours un certains nombre de ressemblances g n rales L id e est d viter l appropriation par un auteur d l ments constitutifs d une mode et donc de limiter pour d autres les possibilit s de d clinaison de ces l ments Edouard Treppoz voque ce m me danger propos de l art contemporain Prot ger une uvre suppose en effet que cette uvre ne puisse plus tre li
3. la qualification La cour de cassation estime que L originalit doit tre appr ci e tant dans l aspect g n ral de l uvre que dans les l ments la composant C est dans cette optique que Henri Desbois extrayait deux l ments dans les uvres litt raires la composition et l expression et trois dans les uvres musicales le rythme la m lodie l harmonie Dans une uvre classique telle que Le lion et le rat de Jean de La Fontaine la composition n est pas originale parce l histoire est tir e d une fable antique l auteur n a rien cr de ce point de vue La fable tire son originalit de son expression elle est racont e en fran ais sous une forme po tique dans un style propre Jean de La Fontaine 14 En ce qui concerne l art pur cependant l originalit n est jamais contest e d s lors qu il n y a pas reproduction servile d une uvre pr existante La dissociation des l ments composant la cr ation est examin e lors d une action en contrefa on afin de d montrer s il y a ou non reproduction En art pur en effet on suppose en g n ral que l auteur a cherch cr er une uvre originale distincte des cr ations pr existantes D s lors il n est plus possible de se prononcer sur l originalit tout en faisant abstraction du m rite Les uvres d art appliqu b n ficient de la protection mais seulement si elles sont originales L exigenc
4. puisqu il n existe pas deux individus semblables sur Terre D s lors l expression d une personnalit est forc ment nouvelle Affirmer le contraire revient purement et simplement nier que la personnalit de l auteur impr gne l uvre L originalit est constitu e pour partie de la nouveaut C est cette partie qui en quelque sorte est puis e par la divulgation Pourtant on ne peut pas dire que ce qui a d j t divulgu est d s lors devenu banal L ant riorit corollaire de la nouveaut est refus e ou exig e comme crit re de preuve par la jurisprudence la cour de cassation estime que le demandeur n a pas apporter la preuve de la nouveaut Elle d cide en revanche que le d fendeur l action en contrefa on doit prouver l absence de nouveaut de l uvre premi re Ainsi le caract re distinctif comme la nouveaut sont des crit res emprunt s par les juges au champ de la propri t industrielle au droit des marques pour les titres au droit des dessins et mod les pour les dessins et mod les Un autre crit re s est impos depuis 1986 avec l affaire Pachot celui de l effort intellectuel D abord accol e au logiciel l expression a envahi l ensemble de la jurisprudence qui concerne les arts appliqu s 5 7 novembre 2006 n 05 16 843 F p B St Diffusion corse du livre SA c Antoine Perigot et a Juris Data n 2006 035762 5 Communication co
5. des proc d s traditionnels de cordonnerie La cour d appel en a jug ainsi Consid rant par ailleurs que les premiers juges ont par des motifs pertinents que la cour fait siens Certes relev que les deux mod les de Berluti oppos s au titre des droits d auteur appartiennent au fonds commun de la chaussure masculine Mais retenu que la combinaison de plusieurs l ments dont le caract re banal ou usuel n tait pas d montr caract risait l originalit de ces chaussures Qu il sera seulement ajout que le choix de ces l ments qui ne pr sentent aucun caract re technique n cessaire r v le l effort cr atif de l auteur par l effet esth tique particulier qui en r sulte Que le jugement sera en cons quence confirm en ce qu il a jug que ces deux mod les par la combinaison particuli re correspondant aux caract ristiques des mod les telles que ci dessus d crites par les intim s taient originaux La combinaison originale d l ments en soi banals qui conf re l uvre une impression d ensemble originale est un argument mainte fois utilis par la jurisprudence La formule devenue classique est une fa on pratique de se d barrasser de la d licate question de la caract risation de l originalit Michel Vivant met l accent sur ce difficile travail du juge Il est parfaitement vident pour qui regarde les choses sans a priori qu en certains cas la r f rence faite
6. le caract re scientifique des programmes informatiques n tait pas un obstacle leur protection par le droit d auteur Depuis le 10 mai 1994 le logiciel est entr dans l num ration de l article 112 2 et il n est plus besoin d en passer par une d monstration jurisprudentielle pour appeler un logiciel une uvre Seule compte son originalit La seconde d monstration effectu e par le juge d appel dans l affaire Pachot tait celle de l originalit La cour de cassation constate la motivation de la cour d appel Attendu en second lieu qu ayant recherch comme ils y taient tenus si les logiciels labor s par Monsieur Pachot taient originaux les juges du fond ont souverainement estim que leur auteur avait fait preuve d un effort personnalis allant au del de la simple mise en uvre d une logique automatique et contraignante et que la mat rialisation de cet effort r sidait dans une structure individualis e L expression effort personnalis allant au del de la simple mise en uvre d une logique automatique et contraignante est reprise mot pour mot dans un arr t de 2003 On trouve aussi dans la jurisprudence r cente l effort de cr ation les efforts de s lection et de conception I effort personnel de cr ation Le crit re de I effort de cr ation ou effort cr atif d passe d sormais largement le seul domaine des logiciels e
7. Le recours l expert peut finalement introduire une meilleure s curit juridique pour les auteurs d uvres de l esprit Le principe de l absence de formalit serait ainsi respect Ainsi s il est question de comparer deux uvres afin d en constater les ressemblances on peut consid rer que la preuve de l originalit est une question de fait et admettre que les experts ont un r le jouer En revanche s il s agit de d terminer si une uvre est originale ou non on devrait admettre que la preuve de l originalit consiste non pas en une preuve dont la charge reviendrait au demandeur mais bien en une qualification dont la motivation reviendrait au juge du fond Et admettre en cons quence que la notion d originalit n est pas une notion de fait mais bien une notion de droit Puis en d duire que le r le de la cour de cassation ne devrait pas se limiter au seul contr le de la motivation mais s tendre au contr le de la qualification Pierre Bellet souligne la fronti re mouvante entre fait et droit Permettez moi d ajouter que le Cour de cassation pour mener bien sa politique jurisprudentielle peut modifier son gr les fronti res du droit et du fait en avan ant ou reculant l tendue de son contr le des qualifications Le droit est ce qu elle d cide de soumettre son examen le fait tout le reste Si l on admet que l originalit rel ve non pas de la preuve mai
8. imitation impersonnalit Nulle part dans le code de la propri t intellectuelle n est affirm e la condition d originalit de l uvre Le mot appara t l article L 112 4 propos du titre Le titre de l uvre de l esprit d s lors qu il pr sente un caract re original est prot g comme l uvre elle m me Il faut regarder du c t des directives communautaires pour y trouver la condition express ment affirm e Un programme d ordinateur est prot g s il est original en ce sens qu il est la cr ation intellectuelle propre son auteur Aucun autre crit re ne 8 D finitions du Petit Robert dition de 2004 s applique pour d terminer s il peut b n ficier d une protection Directive n 91 250 du 14 mai 1991 Article 1 alin a 3 Le consid rant 17 de la directive n 93 98 du 29 octobre 1993 relative l harmonisation de la dur e de protection du droit d auteur et de certains droits voisins pose clairement le crit re de la protection des photographies il est n cessaire de d finir le niveau d originalit requis dans la pr sente directive qu une uvre photographique au sens de la convention de Berne doit tre consid r e comme originale si elle est une cr ation intellectuelle de l auteur qui refl te sa personnalit sans que d autres crit res tels que la valeur ou la destination ne soient pris en compte Il semblerait donc qu il existe
9. une admiration bavarde et n cessit dans la langue critique des cat gories nouvelles Mais rien de tout cela heureusement pour moi Nulle explosion pas de g nies inconnus Les pens es sugg r es par l aspect de ce Salon sont d un ordre si simple si ancien si classique que peu de pages me suffiront sans doute pour les d velopper Ne vous tonnez donc pas que la banalit dans le peintre ait engendr le lieu commun dans l crivain rl A supposer que les juges soient d intransigeants baudelairiens il faudrait retirer de la liste des uvres de l esprit au nom de la condition d originalit l immense majorit de ce qui s y trouve Baudelaire n a d ailleurs pas t confront la r volution artistique d clench e la fin du XIX si cle par la g n ralisation de la photographie r volution qui a boulevers le monde de l art comme celui du droit d auteur A l poque le probl me tait de distinguer un bon d un mauvais tableau l un tait une uvre d art l autre pas La question s est d plac e ensuite dans deux sens la photographie m ritait elle de figurer au catalogue des uvres d art au m me titre que les toiles des peintres D autre part les toiles d sormais de moins en moins figuratives puis r solument abstraites et qui faisaient d autant moins appel un 1 Critique d art folio essais page 268 10 savoir faire d imitation de la nature le
10. 4 Etude L originalit en droit d auteur Semaine juridique 1993 1 3681 24 laver ne peut pas ressentir ce genre de deuil Le m tier de romancier a certes bien ses plaisirs ses joies ses orgueils surtout mais comme il a ses tristesses aussi et une de ces tristesses l tristesse incompr hensible peut tre pour quelques uns mais r elle mais profonde mais infinie pour moi c est d avoir donn le jour un personnage de l avoir lev choy vu grandir et au jour venu de sentir l implacable n cessit qui vient vous sommer de rendre la terre c est dire l oubli ce doux r ve de votre imagination dont vous tiez habitu tre le compagnon le conseiller le p re En ce qui concerne un mode d emploi un logiciel ou un annuaire les combinaisons sont guid es plut t par la n cessit que par la fantaisie Les concepteurs des annuaires ou les programmeurs de logiciels agissent souvent dans le cadre d un contrat de travail et pour une finalit particuli re utilitaire A priori on ne leur demande pas de d ployer des efforts d imagination mais de r pondre un besoin exprim par le march On se heurte ici l indiff rence de la destination Au nom de l unit de l art on ne doit pas consid rer le crit re de la finalit de l objet On peut cependant faire une distinction entre une porcelaine de Saxe et un bottin dans un cas on s pare facilement ce qui es
11. d ant c dents et int gre le faible degr d exigence l indiff rence du m rite quant l originalit L uvre de l esprit peut tre d finie comme celle qui n a pas d ant c dents et qui satisfait un certain degr d habilet de jugement de travail Certains crit res s adaptent mieux certaines productions qu d autres Selon A Lucas et P Sirinelli on peut d celer trois influences il semble en effet que les juges tendent confondre l originalit avec le caract re distinctif comme il en va pour les titres ou avec la nouveaut comme il en va en mati re d art appliqu ou encore avec l effort intellectuel comme il en va pour les compilations utilitaires et les logiciels La propri t litt raire et artistique PUF Que sais je 2008 4 Etude l originalit en droit d auteur Semaine juridique 1993 1 3681 4l Propri t litt raire et artistique PUF 2008 L uvre de l esprit empreinte de la personnalit de l auteur Th se Montpellier 1997 Etude L originalit en droit d auteur Semaine juridique 1993 1 3681 27 Il convient de pr senter ici successivement les crit res alternatifs que sont l l ment distinctif 1 la nouveaut 2 et l effort 3 La jurisprudence r cente relative aux titres dont l originalit doit tre examin e ind pendamment des uvres qu ils accompagnent montre en g n ra
12. d auteur Pas plus que les id es ni les concepts on ne peut s approprier un genre ni un style par exemple le tango ou l impressionnisme On ne peut pas plus s approprier ce qui est dans le domaine public ou dans les lieux communs ni non plus ce qui est banal et dont tout le monde pourrait avoir l id e Finalement ce que l on peut s approprier c est ce qui nous est propre et qui n existe pas chez un autre auteur ce dont l appropriation ne peut pas nuire un autre cr ateur en ce sens que cela n emp che personne de cr er son tour parce que cela ne r duit pas le monde des possibilit s cr atrices qui est infini Ainsi c est la mat rialisation dans une forme particuli re qui d termine la protection c est une uvre de l esprit unique singuli re En d autres termes en prot geant une uvre en particulier et non pas n importe quelle cr ation en g n ral on vite d octroyer abusivement une seule personne ce qui appartiendrait de droit l humanit enti re D un autre c t on encourage et on valorise l effort personnel de cr ation intellectuelle on reconna t son auteur l apport qu il fait avec son uvre au patrimoine culturel commun D ailleurs les uvres sont toutes destin es apr s soixante dix ans suivant le d c s de l auteur tre restitu es l humanit enti re dont elles seront le bien commun Le droit d auteur ainsi prot ge les cr a
13. dans une strat gie massive de d p t d achat et de d fense de brevets sur des inventions contr l es par ordinateur en franchissant de plus en plus la ligne rouge qui s pare une contribution technique de ce qui n est pas technique avec l espoir de voir finalement inclure dans le brevet le logiciel lui m me qui permet le contr le de l invention par un ordinateur Cette strat gie est possible aux Etats Unis qui n ont pas adopt de l gislation sur ce sujet Elle ne l est en principe pas en Europe o la Convention de Munich l interdit et o la jurisprudence de l Office europ en des brevets demeure prudente mais quelque peu incertaine Le seul moyen de donner satisfaction ces soci t s pour leur permettre de consolider et d tendre cette strat gie serait de r viser la Convention de Munich de 1973 et d y supprimer l article 52 2 qui se r sume cette disposition les logiciels ne sont pas brevetables Personne n y pense personne ne le veut et le Conseil dans sa position commune a fort justement pris la position inverse en suivant au demeurant la Commission europ enne La proposition de votre rapporteur est de soutenir dans le principe cette position du Conseil Un logiciel en effet n est pas plus brevetable qu un accord de musique ou une alliance de mots En tant que groupe de formules math matiques reli es il est une production de l esprit humain dans l ordre des id es Et la libre circulation des
14. de la base de donn es se voit refuser la protection de l article 112 3 encore peut il se retourner vers celle de l article 341 1 qui prot ge l investissement du producteur de base de donn es loi du 17 juillet 1998 Il y a d autres exemples en propri t intellectuelle d une double protection celle des dessins par la propri t litt raire et artistique et par la propri t industrielle L le dessin est prot g parce qu il est original ici parce qu il est nouveau Pour les dessins cependant la protection a le m me objet Alors que pour les bases de donn es il s agit tant t de prot ger l apport intellectuel tant t l apport financier Ce qui est troublant galement c est le lieu o sont plac es les dispositions relatives aux producteurs de bases de donn es dans le CPI avec les dispositions g n rales relatives aux droits d auteur et aux droits voisins Ni droit d auteur ni droit voisin droit sui generis Les droits voisins des producteurs de phonogrammes et de vid ogrammes prot gent eux aussi un investissement financier ce titre le droit du producteur de donn es pourrait s ins rer dans ce genre de droits voisins Cela dit la diff rence r side dans la finalit de l objet les phonogrammes et les vid ogrammes mettent en valeur les uvres de l esprit favorisent la circulation des cr ations Les bases de donn es comme l exprime le consid rant 9 de la directive du 11 mars 199
15. et STROWEL Alain La propri t des auteurs un droit pour les voleurs in Le Monde diplomatique Octobre 2002 CARON Christophe Communication commerce lectronique Lexisnexis Jurisclasseur Octobre 2009 CARON Christophe Communication commerce lectronique Juillet Ao t 2006 DAVERAT Xavier Un an de droit de la musique Communication commerce lectronique Lexis Nexis Jurisclasseur avril 2010 EDELMAN Bernard La propri t litt raire et artistique Presses Universitaires de France Collection Que sais je 2008 GAUTIER Pierre Yves Les crit res qualitatifs pour la protection litt raire et artistique en droit fran ais in Revue internationale de droit compar 1994 Volume 46 num ro 2 56 GAUTIER Pierre Yves Propri t litt raire et artistique Presses Universitaires de France 2007 KANT Emmanuel De l ill gitimit de la contrefa on des livres Vers la paix ternelle Que signifie s orienter dans la pens e Qu est ce que les Lumi res et autres textes GF Flammarion 1991 LAMBERTERIE Isabelle de De l incitation la cr ation au droit la culture quelle dynamique pour les droit d auteur aujourd hui In R seaux 1998 volume 16 n 88 89 Article en ligne sur Pers e LUCAS Andr et SIRINELLI Pierre Etude L originalit en droit d auteur in Semaine juridique 1993 1 3681 MAFFR BAUG Agn s L uvre de l e
16. important il s agit maintenant d examiner les cons quences juridiques qu emportent la qualification ou non d uvre de l esprit De l originalit d coulent des pr rogatives L auteur d une uvre de l esprit jouit sur cette uvre du seul fait de sa cr ation d un droit de propri t incorporelle exclusif et opposable tous Ce droit comporte des attributs d ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d ordre patrimonial L 111 1 CPD L auteur d tient ainsi le monopole d exploitation sur son uvre et peut par cons quent autoriser ou interdire la reproduction ou la repr sentation de sa production ou c der ses droits d exploitation Si l uvre est exploit e sans son autorisation alors c est un d lit C est pourquoi la qualification d uvre de l esprit par le crit re de l originalit emporte la qualification de contrefa on ou d absence de contrefa on ce qui est banal peut tre reproduit repr sent ou adapt librement ce qui est original ne peut l tre sans l accord de l auteur Le concept est largement subjectif la sanction r solument concr te A Lucas et P Sirinelli le soulignent ainsi La s v rit de la r pression n est pas en soi bl mable cependant n est il pas paradoxal de faire d pendre des sanctions si dures d un concept aussi mou 6 La sanction du juge sur la d termination de l uvre est d cisive parce qu elle a d
17. l on doive classer ce qu il appelle les ouvrages de l esprit selon leur originalit La notion entre finalement en jeu comme crit re de caract risation d uvres de l esprit pour des objets qui par leur nature r pondent plus ou moins bien la d finition d uvre de l esprit telle que par exemple stipul e dans l article 2 de la Convention de Berne Les termes uvres litt raires et artistiques comprennent toutes les productions du domaine litt raire scientifique et artistique C est une autre fa on de faire la distinction entre ce qui est une uvre et ce qui ne l est pas On peut comprendre en effet pourquoi la qualification d uvre de l esprit s est d plac e vers le crit re de l originalit il aurait sinon fallu distinguer ce qui rel ve de l art de ce qui n en rel ve pas ce qui n est videmment pas le travail du juge et en contradiction avec l indiff rence du genre et de la forme d expression L 112 2 CPI Par cons quent n importe quel objet peut tre une uvre de l esprit pourvu qu il soit original La notion d originalit a volu elle m me afin de s adapter aux cr ations dans lesquelles le lien entre l auteur et son uvre est peu vident l empreinte de la personnalit implique en effet ce lien qui justifie pleinement l existence du droit moral de l auteur On peut citer ici la plaidoirie de M Mirat qui d fendait le droit moral de Charl
18. l ment distinctif ssssseseesesseesseseesseessessessesseesessresseeseeseesseesse 28 P ragtaphe 2 La nouyeatt Lists sentait nn U aer iosi 28 PAREIL e MON AA e EE E A NSE RE 30 Deuxi me partie La preuve de l originalit comme revendication HO d aUe T E E 32 Chapitre I L originalit comme crit re compl mentaire la qualification d uvre de FES ene e E a E a a a a e 32 Section I La preso O a a a A a aa 33 Paragraphe 1 L article 112 2 du CPI du 1 au 8 33 Paragraphe 2 E arucle 112 2 du 9 au nana none 34 59 Paragraphe 3 Les objets qui ne sont pas dans l article 112 2 35 Section 2 Distinction entre l ments banals et l ments originaux 36 Paragraphe 1 Les l ments dict s par la technique ou par la contrainte 36 Paragraphe 2 Les tendances de la mo de suscitent 37 Paragraphe 3 Des combinaisons originales partis pris esth tiques 00000000 37 Chapitre II La charge et les moyens de la preuve sseseseseeseeseesreereesersresreesresrrrrresressese 40 Section I La preuve de l inexistence de Poriginalit ssensssesssesssesessseeseesrssresee 40 Paragraphe 1 L affaire Autant en emporte le vent des ressemblances non cC nstit tives de CONL TACON sirs e e a a e n a a aai 40 Paragraphe 2 L affaire Gypsy Kings rencontre fortuite ou r miniscences COMM
19. la m lodie si l on imagine une m me m lodie mais transpos e avec un rythme une harmonie et une orchestration diff rents elle est facilement rendue m connaissable par un homme de l art Il s agit l d une premi re difficult pour le juge L autre difficult c est de s en tenir des l ments objectifs d appr ciation il ne faut pas que la recherche de l originalit dans la cr ation intellectuelle soit guid e ni par le go t ni par la morale Le recours l expert n est pas autoris quant la qualification de l originalit Puisque la condition d originalit est une notion de droit le juge ne saurait d l guer sa caract risation un expert qui n est pas fond dire le droit Il n en demeure pas moins que la difficult subsiste pour le juge qui n est pas sp cialiste Michel Vivant et Jean Michel Brugui re soul vent la question de l impossibilit pour les juges de trancher sur l originalit sans un minimum d l ments leur permettant de proc der la qualification en connaissance de cause ces uvres techniciennes plong es dans lunivers du droit d auteur que sont les logiciels opaques tout regard de non sp cialiste On voit ainsi le juge demander l expert de se prononcer non pas sur l originalit du logiciel mais sur la mani re dont celui ci se pr sente au regard de quelque chose qui s appelle l originalit 8 Si les magistr
20. le domaine d exploitation des droits c d s soit d limit quant son tendue et sa destination quant au lieu et quant la dur e L objet du droit d auteur a vu depuis la R volution accepter dans son champ des productions de plus en plus diverses et de moins en moins caract ris es par une pr occupation artistique dans l acception du mot art comme l expression par les uvres de l homme d un id al esth tique C est cet largissement de la conception des termes litt raire et artistique La directive du 14 mai 1991 concernant la protection juridique des programmes d ordinateur assimile dans son 6 consid rant les programmes d ordinateur des uvres litt raires qui a conduit les juges poser la condition d originalit comme une 54 mani re de refuser l entr e dans le champ du droit d auteur des objets qui finalement n auraient pas de v ritable l gitimit y entrer Des magistrats ont exig de la part des auteurs la preuve de l originalit de leur cr ation au risque de ne pas respecter le principe de l absence de formalit en propri t litt raire et artistique Il appara t cependant moins pineux cause de l indiff rence de la destination et de la forme d expression de r pondre la question qu est ce que l originalit en tant que juriste qu cette autre qu est ce qu une uvre de Pesprit L autre cons quence du changeme
21. ments banals d une uvre originale est licite Autrement dit celui qui se d fend de la contrefa on a int r t d montrer la banalit des l ments reproduits Malgr l exemple orphelin des bouquets de fleurs il n y a pourtant pas d objet rejet en tant que tel de la protection litt raire et artistique Un avocat est susceptible de faire preuve d originalit dans ses conclusions de m me qu un paparazzi peut dans certains clich s d montrer une aptitude op rer des choix Une d cision de la Cour d appel de N mes est int ressante parce qu elle met en vidence le fait que des cr ations manant du m me auteur peuvent tre jug es banale pour l une mais originales pour les autres qu ainsi les motifs des tissus imprim s des shorts de bain Fleurs Poulpes et Coquillages de la marque Villebrequin repr sentent avec une stylisation et une recherche graphique particuli res des fleurs des coquillages et des Cour d appel de Lyon 26 mars 2009 N RG 08 04285 Attendu qu ainsi l aspect g n ral de chaque objet est sp cifique le mod le DIANA n tant pas la reproduction du mod le PRIMA LINEA la seule reprise de la forme de borne cylindrique devenue banale dans ce type de mobilier urbain n tant pas suffisante pour constituer une imitation et porter atteinte l originalit de l uvre cr e pour la soci t POSU par Monsieur Ricardo Y et Marta X
22. mes du 9 juin 1976 La cour estimait qu elle ne devait pas porter un jugement de valeur sur les caract res artistiques originaux et harmonieux des plans litigieux L arr t a t censur par la cour de cassation comme amalgamant les notions de m rite et d originalit Effectivement aucun jugement de valeur ne doit tre formul par le juge mais il est tenu en revanche de se prononcer sur l originalit Ainsi la notion d originalit en droit d auteur ne se fonde ni sur les qualit s de l artiste ni sur une connaissance sp cialis e dans les domaines particuliers des productions prot g es par le droit quelles incertitudes quels d sordres serait on conduit s il fallait classer l galement les ouvrages de l esprit par leur utilit leur moralit leur style leur nouveaut leur originalit crivait Renouard en 1839 Pourtant aujourd hui la nouveaut c est la condition d obtention d un brevet en propri t industrielle et l originalit celle de la reconnaissance d une production comme uvre de l esprit 7 La propri t litt raire et artistique PUF Que sais je 2008 1 Cour d appel de N mes 26 mai 2009 N RG 06 01115 l4 Propri t litt raire artistique et droits voisins pr cis Dalloz 1999 F Trait des droits d auteur dans la litt rature les sciences les beaux arts Paris 1839 ee L enjeu de la caract risation des objets mis en cause est
23. nous d sormais aux variations de cette notion en fonction des objets consid r s L analyse m me si elle reste une analyse purement juridique et qui recherche l objectivit d une toile ne saurait tre diligent e de la m me fa on que celle d un annuaire t l phonique Ici on parle de palette de plans de traits L on parle de disposition de classement de choix L indiff rence au regard du genre de la forme cr e devrait en principe mettre toutes les uvres de l esprit dans la m me position face la question de l originalit On observe n anmoins un a priori une pr somption d originalit dans le cas des uvres relevant des arts plastiques de la litt rature et de la musique du cin ma et de la danse Finalement la question des objets susceptibles d entrer dans le champ du droit d auteur se d place vers la fonction de l originalit C est l originalit qui permet de faire le tri entre les productions consid r es ou non comme litt raires ou artistiques On pourrait rechercher en vain des d cisions tendant valuer l originalit d une uvre telle que Le vaisseau fant me de R Wagner ou Le capitaine Fracasse de Th Gautier ou encore Le radeau de la M duse de Th G ricault Tout le monde s accorde dire que ce sont des monuments d originalit Il ne serait pourtant pas inutile de le faire parce qu ainsi seraient d gag s les instruments juridiques fiables quant
24. nouvelles la photographie le logiciel soit des uvres de l esprit de moindre intensit cr atrice N cessairement les contours de la d finition de l uvre de l esprit en deviennent plus flous Bernard Edelman rappelle la d finition jurisprudentielle classique de l uvre de l esprit La cr ation est le produit d un travail intellectuel libre exprimant la personnalit du cr ateur et s incarnant dans une forme originale La d finition d A Lucas et de P Sirinelli tient compte de l indiff rence du m rite L uvre originale est celle dans laquelle le cr ateur a pu d ployer le minimum de fantaisie inh rent toute cr ation litt raire ou artistique D s lors qu il y a place pour l arbitraire la protection l gale est acquise Dans celle de Pierre Yves Gautier on voit appara tre la notion de nouveaut L originalit constitue l apport artistique propre l auteur de la cr ation qui vient au minimum se superposer un patrimoine intellectuel pr existant qu il appartienne privativement un autre auteur ou qu il soit le lot commun de tous les cr ateurs Ou plus bri vement c est celle qui est relativement nouvelle par rapport aux uvres existantes du m me genre Selon Pierre Yves Gautier d ailleurs les deux notions de nouveaut et d originalit se confondent La d finition d Agn s Maffr Baug reprend la notion de nouveaut absence
25. on la Cour d appel de Paris a infirm une d cision condamnant 100 000 euros de dommages int r ts une soci t ditrice de presse pour avoir scann et publi des photos d un couple people prises par un paparazzi sans l autorisation du photographe La cour d appel a estim que le tribunal de commerce aurait d op rer des recherches eu gard aux l ments de la cause en vue de caract riser l originalit des clich s litigieux La cour d appel met ensuite en avant le comportement purement passif des photographes qui ne sauraient se pr valoir d une mise en sc ne ni d un cadrage particulier pas plus que du choix d un angle de vue et encore moins du moment pour r aliser les clich s litigieux La cour d duit galement l absence d originalit de la technique de tout paparazzi l aff t d une sc ne la composition de laquelle il est tranger qu il convient pour reprendre l expression consacr e de shooter les personnages y participant suivant la technique du d clenchement continu dite de la prise en rafale Si l on op re une comparaison cependant entre le paparazzi et le photographe animalier on remarque que la technique utilis e est dans les deux cas sensiblement la m me Les photographes animaliers ont coutume de se d finir eux m mes comme des chasseurs photographes ou chasseurs d images On h site nettement moins pourtant
26. tre judicieux dans certains cas de ne pas sanctionner le contrefacteur malgr lui En outre la solution prend bien en consid ration la standardisation dans certains domaines par exemple dans celui de la musique o il est possible de contrefaire sans le vouloir Il semble donc que le plagiat pour tre suffisamment caract ris doit tre fait de mauvaise foi le dictionnaire d finit le plagiat comme un vol litt raire et r sulter d une imitation quasiment l identique d une importante partie de l uvre premi re Si l on 78 Communication commerce lectronique Juillet Ao t 2006 page 27 44 rapproche la solution Gypsy Kings d une autre comment e par Henri Desbois dans son ouvrage sur la propri t litt raire et artistique Le Conseil d Etat a jug le 5 mai 1939 D P 1939 3 63 note sign e P L J qu une station d mission de TSF avait commis une contrefa on en empruntant l op ra comique d Ambroise Thomas Mignon quatre mesures comme indicatif alors on peut prendre acte de ce que Christophe Caron appelle la standardisation de la cr ation effet sans aucun doute pour une part de l apparition des nouvelles technologies facilitant la circulation des informations et des uvres l chelle internationale On peut n anmoins distinguer la contrefa on qui consiste en la reprise d un l ment original d une uvre par inconscience n gligence ou paresse intelle
27. un seuil d originalit en de duquel un objet ne pourrait pr tendre la protection Il n y a pas de degr de l originalit juridique ou bien une uvre est originale ou bien elle ne l est pas Par cons quent soit elle refl te la personnalit de l auteur soit elle ne la refl te pas Ou encore soit n importe qui aurait pu produire tel ou tel objet soit il est un fruit unique produit d une personnalit unique L absence de la condition d originalit dans le CPI implique que le crit re r sulte d une construction jurisprudentielle La cour de cassation donne une indication somme toute suffisamment floue pour laisser le juge dans l embarras L originalit doit tre appr ci e tant dans l aspect g n ral de l uvre que dans les l ments la composant Elle est souverainement appr ci e par les juges du fond la Cour de cassation n exer ant qu un contr le de la d naturation des faits Libert est donc laiss e au juge ceci pr s qu il a interdiction de s en rapporter au m rite de l uvre sa destination son genre ou sa forme d expression L 112 1 CPT Dans ces conditions la qualification par le juge rel ve d un v ritable exercice d quilibrisme car en fonction de quoi peut on valuer l originalit d une forme si ce n est en consid ration de son m rite La fonction du juge pourtant est de dire le droit Et il ne peut pas ne pas l
28. uvre pr tendument contrefaite A On verra que pour des objets il y a une pr somption d originalit alors que pour d autres l originalit n est pas pr jug e Chapitre I Lorsque l originalit est pr sum e le d fendeur peut n anmoins apporter la preuve du contraire La preuve de l absence d originalit passe en g n ral par des l ments factuels c est dire des comparaisons ou la preuve de l ant riorit La preuve de l originalit quant elle semble relever plus de la d monstration intellectuelle Chapitre I Il n y a pas aujourd hui de d finition l gale de ce qu est une uvre de l esprit L article L112 2 du CPI donne une liste des objets qui sont des uvres cette liste n est cependant pas exclusive d autres objets Elle reprend presque dans les m mes termes la liste de l article 2 de la Convention de Berne pour la protection des uvres litt raires et artistiques y ajoutant les uvres graphiques et typographiques 8 les logiciels 13 ainsi que les cr ations des industries saisonni res et de la parure 14 D limiter le champ de l uvre de l esprit de fa on exhaustive appara t comme impossible au regard de l apport des nouvelles technologies par exemple l uvre multim dia des nouvelles formes artistiques par exemple le happening de l indiff rence du m rite et donc de la morale un film pornographique est prot g au m me ti
29. 0 octobre 1963 la chambre criminelle de la cour de cassation a consid r qu un mod le de panier salade tait une uvre de l esprit par sa pr sentation nouvelle originale et agr able l il Il ne viendrait pas l esprit d apposer au panier salade la qualification d expression d un id al esth tique ou de production du g nie Il existe d sormais trois conditions pour qu un auteur soit consid r comme tel et qu il b n ficie d un droit de propri t incorporelle exclusif et opposable tous L 111 1 CPTI que sa production soit une uvre qu elle ait une forme et enfin qu elle soit originale En premier lieu il faut que l auteur ait cr ce qui s appelle une uvre en droit d auteur Comme le soulignent A Lucas et P Sirinelli En fait dans l ordre chronologique des questions le probl me de l originalit ne doit intervenir qu en deuxi me lieu apr s la d termination des uvres susceptibles par nature d entrer ou non dans le domaine de la propri t litt raire et artistique On pourrait formuler la question de mani re n gative quel objet cr par l homme n est pas une uvre de l esprit On comprend alors pourquoi les deux autres conditions l exigence d une forme et de l originalit ont un r le jouer dans la qualification 3 D finitions du Petit Robert dition 2004 4 Ibidem Recueil Da
30. 6 constituent un outil pr cieux dans le d veloppement d un march de l information dans la Communaut En d autres termes il s agit d un c t de favoriser la circulation des cr ations de l autre c t celle des informations Par cons quent que vient faire le producteur de la base de donn es dans la propri t litt raire et artistique Il ne s agit pas de r organiser ici le CPI Mais il semble qu il serait plus naturel de distinguer entre protection de l apport intellectuel d un c t et donc ranger les artistes interpr tes dans la cat gorie des auteurs et protection de l apport financier de l autre et installer tous les producteurs ensemble Apr s tout une mise en sc ne est une uvre de l esprit pourquoi une interpr tation n en serait elle pas une Autre distinction il ne para t pas tr s ordonn de ranger le panier salade c t du Radeau de la M duse Certains auteurs l expriment avec agacement Il suffirait que les industriels promoteurs de nouveaut soient prot g s par la loi qui leur est d volue la loi sur les dessins et mod les que le l gislateur mette fin la stupide r gle de l unit de l art qui porte dans le droit d auteur une confusion dommageable et qui n a de sens que pour ceux qui 31 n ont que faire des artistes et des auteurs 31 TRICOIRE Agn s Le droit d auteur au service de l industrie ou la mort de l art in Col
31. La notion d originalit et sa preuve en droit d auteur Dominique TRISTAN M moire de Master 2 Droit de la communication Universit Paris II Panth on Assas Ann e 2009 2010 Sous la direction de Monsieur Vincent VARET On dit aux foyers des spectacles qu il n est pas noble aux auteurs de plaider pour le vil int r t eux qui se piquent de pr tendre la gloire On a raison la gloire est attrayante mais on oublie que pour en jouir seulement une ann e la nature nous condamne d ner trois cent soixante cinq fois et si le guerrier l homme d Etat ne rougit point de recueillir la noble pension due ses services en sollicitant le grade qui peut lui en valoir une plus forte pourquoi le fils d Apollon l amant des Muses incessamment forc de compter avec son boulanger n gligerait 1l de compter avec les com diens Aussi croyons nous rendre chacun ce qui lui est d quand nous demandons les lauriers de la com die au public qui les accorde et l argent re u du public la com die qui le retient Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Compte rendu de l Affaire des auteurs dramatiques et des com diens fran ais 1870 ACFOHCH ONE RS nn M A E onu 4 Premi re partie Qu est ce que l originalit en droit 8 Chapitre I La d finition de P originalit sin an er Ne ee Ac a 8 Chapitre I Les crit res de l originalit ssesiseseseseseeseeeesessssetsessesees
32. Paris en ce qui concerne le principe de l absence de formalit combin celui de la pr somption Attendu que celui qui revendique la qualification de l uvre de l esprit pour sa cr ation b n ficie d une pr somption d originalit de cette uvre ce qui conduit exiger du d fendeur qui entend contester l originalit de l uvre de son concurrent qu il tablisse qu il est bien fond dans sa contestation en d montrant que la cr ation revendiqu e au titre du droit d auteur par celui qui en r clame la protection est d pourvue de toute originalit Certains auteurs consid rent cela comme un renversement de la charge de la preuve d coulant de la pr somption d originalit Est ce choquant Pas n cessairement partir du moment o l auteur b n ficie d une apparence de bien fond alors que la situation du contrefacteur est par d finition tr s quivoque 83 Cour d appel de Paris 27 janvier 2010 N 08 04978 8t Cour d appel de Lyon 4 mai 2005 N RG 01 05672 85 GAUTIER Pierre Yves Les crit res qualitatifs pour la protection litt raire et artistique in Revue internationale de droit compar Ann e 1994 Volume 46 Num ro 2 48 Deux arguments par cons quent s opposent l apport de la preuve par le demandeur d une part il s agirait plus d une d monstration intellectuelle que de la preuve d un fait ou d un acte d autre part l
33. UNES ren AE a a a a a T de an ns 42 Paragraphe 3 Porosit de la limite entre inspiration et plagiat 44 Section II Preuve tangible d un fait ou d monstration conceptuelle 7 45 Paragraphe 1 La charge de la preuve ste es Rs tee nc 46 Paragraphe 2 La preuve par le demandeur 5 122 4 ut re tene 46 Paragraphe 3 La caract risation par les juges du fond 48 Paragraphe 4 La fonction des experts assis rater tie au rares 49 Paragraphe 5 Le r le de la cour de cassation snsssseeesssesssssseesseessseesstesseesseessees 51 CONCLUSIONS RE a A N E O S 53 Liste des ouvrages articles et rapports cit s near side 56 60
34. ats ne peuvent pas s en remettre l appr ciation des critiques d art ils sont cependant autoris s faire appel aux experts En effet si les experts ne sont pas habilit s donner leur avis sur la question de l originalit en mati re musicale par exemple on peut faire appel leur analyse comparative concernant la preuve de la contrefa on Une difficult en mati re musicale tient au fait qu une ressemblance entre deux uvres peut ne pas appara tre quelqu un qui n est pas musicien et que seule l analyse musicale peut la mettre en vidence Le domaine de la vari t offre de multiples exemples de remplois que le public ne discerne apparemment pas et les magistrats qui ne sont pas musicologues devraient prudemment recourir l expertise plut t que de s en tenir leurs propres 86 LOUVIER Alain L orchestre ditions COMBRE 1997 g VIVANT Michel et BRUGUIERE Jean Michel Droit d auteur Pr cis Dalloz 2009 88 Ibidem 50 impressions ce qu ils ne font pas toujours Bref comme le pr conisait lucidement une d cision ancienne il ne faut pas s attacher comme peut le faire l auditeur de musique l g re la similitude apparente mais bien plut t rechercher la composition technique des deux uvres qui seule peut permettre de dire s il y a pour l une originalit et pour l autre imitation CA Aix en Provence 3 juin 1957 RIDA 1957 n XVI p 132
35. auteur de l uvre premi re D s lors que l autorisation est demand e et obtenue moyennant ventuellement r mun ration alors il n y a plus contrefa on mais uvre composite De m me si l uvre r utilis e par une autre personne est tomb e dans le domaine public il n est plus n cessaire d obtenir une autorisation condition de respecter le droit moral de l auteur de l uvre premi re notamment en mentionnant son nom c est dire en respectant son droit la paternit En revanche dans l arr t consid r si les personnages et la composition de Tarzan avaient t qualifi s de banals par la cour alors 1l y aurait eu mainlev e de la saisie Pierre Yves Gautier l exprime ainsi a propos de l affaire Autant en emporte le Vent Le mot originalit est donc la cl de la bataille qui permettra l uvre d acc der aux faveurs de la loi et dans les cas de contrefa on comme dans l affaire Autant en emporte le vent de faire condamner le contrefacteur l originalit de la premi re uvre est en effet une condition pr alable au succ s de l action 1 Les crit res qualitatifs pour la protection litt raire et artistique en droit fran ais in Revue internationale de droit compar 1994 Volume 46 num ro 2 13 Apr s avoir cern l importance de la notion d originalit en droit d auteur et ses cons quences juridiques int ressons
36. brement utilis e par d autres artistes La protection par le droit d auteur limite alors d autant le domaine public et donc les ressources d inspiration et de cr ation des artistes De ce point de vue le droit d auteur peut appara tre non plus comme une chance pour les artistes mais comme une contrainte comme une limite leur cr ation Souvent les juges tendent caract riser l originalit par la combinaison d l ments qui en soi ne le sont pas Pour prendre un exemple frappant la forme pyramidale existe depuis l Egypte antique elle n a rien d original L utilisation de la vitre en architecture n est absolument pas nouvelle Mais combiner la forme pyramidale avec le verre et en faire une pyramide sur le parvis du Louvre est quelque chose de r solument original 71 Le droit d auteur limite la cr ation contemporaine in L art contemporain confront au droit Actes du s minaire tenu le jeudi 8 juin 2006 l universit Paris II Panth on Assas en ligne sur le site www artdroit org BT Et pour un exemple juridique la soci t Gucci France avait tent d opposer le manque d originalit de mod les de chaussures comme moyen une accusation de contrefa on par la soci t Olga Berluti 7 Elle avait relev tous les l ments et techniques qui entraient dans la composition des mod les de chaussures et d montr que chacun de ces l ments pris s par ment correspondait
37. contr lant pas il la laissera sans d finition assurant ainsi plus de souplesse la loi et de libert aux juges du fond au d triment de la pr visibilit Face cette notion non d finie la Cour de cassation est libre de faire ou non uvre jurisprudentielle Il est notoire que la pr visibilit des d cisions jurisprudentielles touchant l originalit reste vacillante En d autres termes un recours plus syst matique aux experts d une part et le contr le par la cour de cassation de la qualification de l originalit reviendrait assurer la s curit juridique des auteurs d uvres de l esprit BOR Jacques et BOR Louis La cassation en mati re civile Dalloz 2009 2010 p 320 52 La notion d originalit est absente des premiers textes consacrant le droit d auteur notamment des textes r volutionnaires Le l gislateur tait anim de la volont de reconna tre aux cr ateurs intellectuels une valeur patrimoniale leurs productions Mais ce m me l gislateur n envisageait sans doute pas la question de la d finition de l uvre il songeait exclusivement la peinture la litt rature et la musique les auteurs d crits en tout genre les compositeurs de musique les peintres et les dessinateurs qui feront graver des tableaux ou dessins Article premier de la loi des 19 24 juillet 1793 En 1839 Renouard en parle dans son trait mais pour se refuser admettre que
38. ctuelle de celle qui consiste par exemple en la reproduction illicite d un phonogramme ou le t l chargement r sultant de piratage sur l internet ou en l attribution frauduleuse de la paternit d une cr ation On a vu que la preuve du d faut d originalit tait un moyen de d fense Le d fendeur peut arguer de la banalit de l l ment reproduit ou de la non ant riorit ou alors de son appartenance au fonds commun de la culture Quant la preuve de l existence de l originalit par le demandeur on verra qu elle n est pas exig e pour tous les genres d uvres de l esprit 1 Lorsqu elle l est elle doit tre administr e pour chaque uvre de l esprit en particulier et pas pour l ensemble de la production d un photographe par exemple 2 On peut d ailleurs douter que ce soit une v ritable preuve et penser plut t qu il s agirait d une d monstration relevant de la qualification par le juge du fond 3 On verra pourquoi le recours l expert dans le cas des uvres complexes semble justifi 4 puis la raison pour laquelle la cour de cassation devrait avoir son r le jouer non plus seulement quant au contr le de la motivation mais aussi quant au contr le de la qualification 5 L originalit ne se prouve pas a priori Rien n est dit d ailleurs ce sujet dans le code de la propri t intellectuelle notamment dans les dispositions particuli res certains contrats Pa
39. ctural de la Cath drale de Rouen un autre peintre qui repr senterait son tour le monument et selon la m me vue frontale ferait coup s r un tableau que l on distinguerait facilement de l uvre de Monet Le crit re s adapte tr s bien aux arts figuratifs la musique la litt rature Mais il pr sente deux difficult s dans d autres cas d abord lorsque vient s interposer un interm diaire technique entre la main de l homme et l objet produit un objectif un Droit d auteur pr cis Dalloz 2009 26 CA Paris 10 avril 1862 D 1863 1 53 27 Le droit d auteur en France Dalloz 1966 20 ordinateur 1 On d finit alors l empreinte de la personnalit comme un ensemble de choix personnels 2 Ensuite lorsque l objet en question comporte un faible degr de cr ativit 3 on tente d y rep rer les l ments qui n ont pas t guid s par la seule contrainte technique et rec lent la marque d une prise de libert de la part du cr ateur 4 L originalit de la photographie par rapport la peinture r side donc dans son objectivit essentielle Aussi bien le groupe de lentilles qui constitue l il photographique substitu l il humain s appelle t il pr cis ment l objectif Pour la premi re fois entre l objet initial et sa repr sentation rien ne s interpose qu un autre objet Pour la premi re fois une image du monde ext rieur se forme automatiq
40. dans l une ou l autre desquelles il faut bien faire entrer tout ce qui ne rel ve pas du monde mat riel Chaque cat gorie offre ses crit res et son cadre juridique Les conditions et la protection accord e par le droit d auteur offrent un cadre juridique plus protecteur et plus juste semble t il au regard de l innovation et de la concurrence au logiciel Spontan ment personne ne songerait consid rer un programme d ordinateur comme de la litt rature ou comme de l art cela est certain Cela n emp che qu bon droit le programmeur doit b n ficier d un cadre juridique ad quat Cependant l inclusion du logiciel dans le droit d auteur en tant qu elle ne prot ge pas vraiment une production litt raire mais plut t un investissement conomique a conduit le l gislateur ajouter des dispositions particuli res au logiciel dans le CPI En effet le droit moral dans le cas du logiciel est nettement r duit le programmeur ne peut s opposer la modification du logiciel par son employeur si elle n est pas pr judiciable son honneur ou sa r putation ni exercer le droit de retrait ou de repentir L 121 7 CPI Quant aux droits patrimoniaux ils sont d volus l employeur L 113 9 CPD 19 Comme il appara t que l inclusion dans le droit d auteur de nouveaux objets apporte des transformations au r gime juridique de la propri t litt raire et artistique elle apporte galement des tran
41. e soient pas alt r s pour tre mis au go t du public Ces droits ne peuvent qu offrir un rempart contre la marchandisation pour rendre un terme qui revient sous la plume des critiques du droit d auteur des produits de la cr ation intellectuelle La perp tuit du droit moral dont le droit la paternit permet d interdire par ailleurs le plagiat des uvres tomb es dans le domaine public Autrement dit le droit moral est un instrument de d fense contre l uniformisation de la cr ation et partant de la pens e 2 DUSSOLIER S verine GENDREAU Ysolde GERVAIS Daniel GINSBURG Jane GOTZEN Frank LUCAS Andr QUAERDVLIEG Antoon SIRINELLI Pierre et STROWEL Alain La propri t des auteurs un droit pour les voleurs in Le Monde diplomatique Octobre 2002 55 BELLET Pierre Grandeur et servitudes de la cour de cassation in Revue internationale de droit compar ann e 1980 volume 32 num ro 2 pp 300 Article en ligne sur Pers e BOR J acques et BOR Louis La cassation en mati re civile Dalloz 2009 2010 COLOMBET Claude Propri t litt raire et artistique et droits voisins Pr cis Dalloz 1999 DESBOIS Henri La propri t litt raire et artistique A Colin 1953 DESBOIS Henri Le droit d auteur en France Dalloz 1966 DUSSOLIER S verine GENDREAU Ysolde GERVAIS Daniel GINSBURG Jane GOTZEN Frank LUCAS Andr QUAERDVLIEG Antoon SIRINELLI Pierre
42. e comme une adaptation Henri Desbois reproche la cour de Paris dans une affaire concernant la com die Boubouroche de Courteline le 12 mai 1909 d avoir d cid que l adaptation cin matographique de l histoire Ta femme nous trompe n tait pas une contrefa on La cour avait estim que l histoire faisait partie des lieux communs et que l esprit de la pi ce tait tr s diff rent de celui du film Elle n a pas fait cas de l encha nement des actions Cette affaire pr sente des similitudes avec l affaire plus r cente de la reprise par R gine Desforges dans son roman La bicyclette bleue du r cit d Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell Apr s une condamnation pour contrefa on TGI Paris 6 d cembre 1989 la cour d appel de Paris a annul la d cision du TGI en pr f rant qualifier les similitudes de r miniscence litt raire La cour de cassation a reproch la cour d appel 4 f vrier 1992 de ne pas avoir recherch comme l avaient fait les juges du premier degr si par leur composition ou leur expression les sc nes et les dialogues d Autant en emporte le vent et de La bicyclette bleue qui d crivent et mettent en uvre des rapports comparables entre les personnages en pr sence ne comportent pas des ressemblances telles que dans le second roman ces pisodes constituent des reproductions ou des adaptations de ceux du premier dont elle est la reprise On retrouve l l id e de c
43. e faire l article 4 du code civil le lui interdit Civ 1 re 6 juillet 1999 RIDA oct 1999 187 10 Le juge qui refusera de juger sous pr texte du silence de l obscurit ou de l insuffisance de la loi pourra tre poursuivi comme coupable de d ni de justice Baudelaire qui La Revue Fran aise avait command un article sur le Salon de 1859 crivait au directeur de la revue en ces termes Mon cher M quand vous m avez fait l honneur de me demander l analyse du Salon vous m avez dit Soyez bref ne faites pas un catalogue mais un aper u g n ral quelque chose comme le r cit d une rapide promenade philosophique travers les peintures Eh bien vous serez servi souhait non pas parce que votre programme s accorde et il s accorde en effet avec ma mani re de concevoir ce genre d article si ennuyeux qu on appelle le Salon non pas que cette m thode soit plus facile que l autre la bri vet r clamant toujours plus d efforts que la prolixit mais simplement parce que surtout dans le cas pr sent il n y en a pas d autre possible Certes mon embarras e t t plus grave si je m tais trouv perdu dans une for t d originalit s si le temp rament fran ais moderne soudainement modifi purifi et rajeuni avait donn des fleurs si vigoureuses et d un parfum si vari qu elles eussent cr des tonnements irr pressibles provoqu des loges abondants
44. e principe de l absence de formalit ne serait pas respect On peut conclure ici que la qualification de l originalit ou sa preuve dans une analyse comparative de deux uvres qui sont les objets d un litige doit revenir non pas au demandeur mais au juge du fond Evidemment les juges ne sont pas cens s tre des sp cialistes que ce soit en musique en photographie ou en l un des domaines qui sont appr hend s par le droit d auteur Et c est pourquoi ils sollicitent des experts qui s ils ne sont pas autoris s se prononcer quant l originalit puisque non habilit s dire le droit sont m me de d celer les ressemblances dans des uvres Dans le domaine de la cr ation musicale on recherche l originalit selon trois param tres la m lodie l harmonie le rythme Dommage diraient les musicologues D autres crit res sont n glig s qui m riteraient que l on s y arr te par exemple la forme ou encore l orchestration Aussi bien de quel c t qu on se tourne o aper oit on une grande uvre musicale dont tout souci de forme soit absent Il n est pas jusqu aux chefs d uvre de l impressionnisme cole anti formaliste s il en est pourtant qui ne t moignent dans leur flou m me d un minimum architectonique en de de quoi il semble bien n exister plus de musique C est qu une phrase musicale si belle soit elle n atteint son summum expressif
45. e suppl mentaire vient de ce que la cr ation ici poursuit une double finalit la fois objet utile et objet d art La loi sur la propri t litt raire artistique ne prot ge pas la fonction utilitaire de l objet elle en prot ge la singularit esth tique En l absence de litige le cr ateur de ce genre de production ne peut pas tre totalement assur que son uvre constitue ou non un objet prot g par le droit d auteur On r alise ici que plus la cr ation s accompagne d l ments utilitaires plus la condition d originalit devient imp rative pr sum e en art pur elle doit tre d montr e en art appliqu La naissance de la notion d originalit co ncide par cons quent avec la notion d indiff rence du genre et de la destination Les juges du fond caract risent l originalit ils y sont tenus et la cour de cassation si elle ne contr le pas la qualification contr le en revanche la motivation Il est en effet r current que les d fendeurs une action en contrefa on contestent l originalit de l objet contrefait Le 9 octobre 1974 la chambre criminelle de la cour de cassation a ainsi examin un pourvoi concernant un d capsuleur et confirm un arr t de la Cour d appel de Paris du 9 novembre 1972 dont les nonciations lui paraissaient exemptes d insuffisances Attendu que l arr t pr cise que le d capsuleur litigieux se caract rise par son contour d os en forme de
46. ensemble L originalit d un l ment unique peut conf rer l objet la caract risation d uvre de l esprit Mais lorsque tous les l ments consid r s sont en soit qualifi s de banals la combinaison de ces l ments entre eux peut prendre une allure originale Cour d appel d Agen 2 d cembre 2002 N RG 2001 505 Re Comme pour l originalit les magistrats ont labor des crit res de la banalit qui doivent galement tre d pourvus de consid rations relevant de l ordre du m rite du genre de la forme d expression et de la destination En premier lieu les l ments qui rel vent non pas du choix mais de la contrainte sont clairement d pourvus de l empreinte de la personnalit de l auteur 1 les tendances de la mode sont aussi carter 2 on constatera ensuite que la juxtaposition dans un m me objet de plusieurs l ments banals peuvent lui conf rer un caract re original 3 Les l ments dict s par une n cessit pr sentent la caract ristique inverse de la libert Il peut s agir de contraintes li es la profession comme pour les avocats aux circonstances comme pour les paparazzis la technique comme pour les logiciels ou de strictes directives manant d un employeur Une uvre consid r e comme originale est m me de comporter des l ments originaux d autres l ments banals ou appartenant au fonds commun La reproduction des seuls l
47. er disait pr sentant la loi du 19 janvier 1791 Cependant comme il est extr mement juste que les hommes qui cultivent le domaine de la pens e tirent quelques fruits de leur travail il faut que pendant toute leur vie et quelques ann es apr s leur mort personne ne puisse sans leur consentement disposer du produit de leur g nie Pour lui le fruit de la pens e d un crivain tait la plus sacr e la plus l gitime la plus inattaquable et la plus personnelle des propri t s Les termes de Lakanal dans son rapport janvier 1793 sur la loi du 19 juillet 1793 ne laissent aucun doute sur une acception esth tisante de la cr ation de toutes les propri t s la moins susceptible de contestation c est sans contredit celle des productions du g nie La loi du 11 mars 1902 plus d un si cle plus tard interdit de prot ger les uvres en fonction de leur m rite ou de leur destination On convient cette occasion qu il serait injuste de refuser la protection un auteur sous la raison que sa cr ation serait m diocre sans int r t En effet il ne revient pas au juge de d cider qui parmi les peintres ou les crivains sont dignes d tre class s ou non parmi les g nies D un autre c t ceux qui n en sont pas ont de m me le droit la protection ce ne sont pas moins des cr ateurs ils n ont pas moins produit des uvres qui sont le fruit de leur pens e KANT Emmanuel De l il
48. ersesersessresesseseesesse 20 Deuxi me partie La preuve de l originalit comme revendication d un droit d AUT UT insist te 32 Chapitre I L originalit comme crit re compl mentaire la qualification d uvre de FES RS Re ee Se ne nn E 32 Chapitre II La charge et les moyens de la pruve s sonia di me 40 CONCISO e E E 53 On admet commun ment que prendre le bien d autrui sans le payer serait du vol Le vol dit le code p nal article 311 1 c est la soustraction frauduleuse de la chose d autrui Mais voler une uvre de l esprit n est pas un d lit de m me nature puisqu il ne s agit pas ici d une chose L auteur et le propri taire de l exemplaire peuvent tous deux galement dire bon droit c est mon livre mais dans des sens diff rents Le premier consid re le livre comme crit ou comme discours le second simplement comme l instrument muet de la transmission du discours lui m me ou au public c est dire comme exemplaire Cette id e est traduite l article L 111 3 du CPI La propri t incorporelle d finie par l article L 111 1 est ind pendante de la propri t de l objet mat riel C est pourquoi si le vol est sanctionn p nalement il est juste galement que l usage illicite d une cr ation incorporelle soit aussi sanctionn la contrefa on est la cr ation incorporelle ce que le vol est la propri t Ainsi Le Chapeli
49. es cons quences du point de vue de la responsabilit civile mais aussi du point de vue de la responsabilit d lictuelle L article 335 2 du CPI dispose Toute dition d crits de composition musicale de dessin de peinture ou de toute autre production imprim e ou grav e en entier ou en partie au m pris des lois et r glements relatifs la propri t des auteurs est une contrefa on et toute contrefa on est un d lit La contrefa on en France d ouvrages publi s en France ou l tranger est punie de trois ans d emprisonnement et de 300 000 euros d amende Ici la notion d originalit prend une dimension p nale et il n est pas question pour le juge de l appr cier la l g re Devant la juridiction civile outre le versement de dommages int r ts l auteur l s peuvent tre prononc es des sanctions visant la cessation de la contrefa on A titre d exemple la 14 chambre de la Cour de Versailles a jug le 6 novembre 1998 une affaire concernant la 16 Etude L originalit en droit d auteur Semaine juridique 1993 1 3681 12 reprise dans une version pornographique des personnages du film Tarzan Ici les personnages sont suffisamment caract ris s pour valoir comme uvre originale le personnage lui m me et les conditions de sa pr sentation constituant une cr ation assez originale pour servir de dol ance une contrefa on qu il sera suffisamment expos que l u
50. es ou artistiques Michel Vivant le dit dans le m me article Mais si l on revient au droit commun la question persiste faut il lier droit d auteur et art Vous aurez compris que je ne le crois pas Qu historiquement il en fut ainsi sans doute Au principe furent le th tre et Beaumarchais Ainsi le droit d auteur saisit des cr ations qui ne rel vent pas de l art tandis que sans distance prise avec les canons enseign s il n a pas vocation saisir des cr ations qui pr tendent l art Par cons quent m me si le CPI conserve l expression propri t litt raire et artistique il vaut mieux consid rer les termes uvres de l esprit originales afin de n tre pas choqu s par certaines d cisions de la jurisprudence et conserver chacun sa propre id e sur ce qu est une uvre d art La d finition de l originalit selon que l on se place dans le champ de la critique ou de l analyse litt raire ou artistique ou dans la sph re juridique diff re consid rablement Et du point de vue juridique elle volue de m me selon l objet de droit consid r un roman une partition musicale une photographie une base de donn es ou un logiciel ne seront pas examin s selon les m mes crit res au regard de l originalit D s lors la d finition de la notion et ses crit res entra nent des cons quences sur la fa on dont peut tre prouv e l originalit d une production suscep
51. es une pr somption d originalit La pr somption s arr te en g n ral lorsque l uvre rel ve du domaine de l art appliqu Selon le genre de l uvre ainsi ce n est plus l auteur mais le d fendeur qui doit prouver non l originalit mais le d faut d originalit des l ments reproduits Par ailleurs ce qui doit tre prouv en r gle g n rale ce sont des faits ou des actes Or on ne peut d finitivement pas ranger l originalit parmi les faits ou parmi les actes Partant la notion d originalit est elle une notion de fait ou une notion de droit Selon Pierre Bellet Nous l avons dit nous le redirons il n y a pas de vraie barri re entre le droit et le fait et il d pend de la Cour de cassation de d limiter la fronti re Puisque c est au demandeur d apporter la preuve de l originalit de sa cr ation celui ci ne doit pas se contenter d apporter une copie de son uvre comme pi ce Il se doit galement d apporter des l ments prouvant l originalit de celle ci Une d cision du tribunal de grande instance de Paris est explicite ce sujet Attendu ainsi qu il appartient au demandeur de d montrer que les photographies qu il revendique sont des uvres originales ouvrant droit comme telles la protection au titre du 7 Chambre criminelle 9 septembre 2003 N de pourvoi 02 87098 80 Grandeur et servitudes de la cour de cassation in Revue internatio
52. est pas le titulaire du monopole d exploitation de cet l ment 2 Sur la litt rature Henri Desbois dit que l originalit de la forme s observe selon la composition qui est l agencement des pens es et l expression qui est le d veloppement la mise en forme de la composition le plan Mais il n est pas n cessaire que la composition et l expression soient toutes les deux originales Il suffit que l une d entre elles le soit Il donne des exemples pour l originalit dans la composition celui des anthologies pour l originalit dans l expression celui des traductions Celui qui produit une anthologie fait uvre originale parce qu il fait des choix dans l agencement des extraits qu il publie La protection ne sera La propri t litt raire et artistique A Colin 1953 40 refus e que si l ordre des classifications n exige aucun effort et ne donne prise aucune manifestation de personnalit parce que la nature de la publication impose sans h sitation tels l ments l exclusion de tels autres et tel agencement de pr f rence tout autre Dans l uvre litt raire les id es sont compos es et exprim es Les id es n entrent pas dans le champ du droit d auteur elles peuvent tre reprises librement Il faut donc estimer justement les fronti res entre id es et composition S il y a reprise de la composition alors l uvre seconde doit tre consid r
53. exemples qui t moignent galement d un d placement des droits patrimoniaux vers l employeur et par cons quent d une protection de plus en plus vidente non pas du droit moral de l artiste mais des int r ts conomiques des investisseurs la loi du 1 ao t 2006 relative aux droits d auteurs et aux droits voisins dans la soci t de l information L 131 3 1 CPI dispose que l agent qui a cr une uvre de l esprit dans l exercice de ses fonctions c de le droit d exploitation l Etat La loi du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la cr ation sur internet cr e les articles L 132 35 et suivants du CPI L article L 132 36 dispose notamment que la convention liant un journaliste professionnel qui contribue l laboration d un titre de presse et l employeur emporte sauf stipulation contraire cession titre exclusif l employeur des droits d exploitation des uvres du journaliste r alis es dans le cadre de ce titre qu elles soient ou non publi es Les termes titre de presse impliquent la divulgation sur diff rents supports Par cons quent le journaliste c de son droit patrimonial pour l ensemble des supports consid r s On peut y voir une d rogation au premier alin a de l article L 131 3 La transmission des droits de l auteur est subordonn e la condition que chacun des droits c d s fasse l objet d une mention distincte dans l acte de cession et que
54. giciel que pour les po mes Ou bien encore par l observation que les logiciels ne sont pas totalement leur place dans le droit d auteur et que ce d bat th orique trouve sa manifestation pratique sur le terrain de l originalit Le m me constat pourrait tre fait pour les titres les photographies ou les uvres d art appliqu En r alit on peut songer qu une tude plus fine ferait sans doute appara tre s agissant de ces uvres que ce ne sont pas toujours v ritablement les formes des cr ations dont on demande la protection Il s op re parfois un glissement vers la protection de l id e du savoir faire ou de l investissement Ce qui est s r en tout cas c est que comme la S La propri t litt raire et artistique PUF Que sais je Etude L originalit en droit d auteur in Semaine juridique 1993 1 3681 Re multiplication de certaines uvres caract re utilitaire avait t l occasion de la syst matisation de la condition d originalit l apparition de certaines cat gories d uvres a relanc le d bat sur la notion d originalit Mais au del des seuls logiciels la question est en r alit de savoir si l on veut continuer faire jouer l originalit son r le de tri et dans quelles conditions Ce r le est obscurci par le fait qu interf re parfois dans le d bat sur l originalit la question de savoir ce qu est une uvre de l espri
55. he Caron le dit de cette mani re Mais ce formalisme n exclut pas forc ment l expression d une originalit L originalit est peut tre moins forte lorsqu il existe des contraintes de cr ation Mais elle peut n anmoins s exprimer En r alit dans les uvres relevant du genre de l crit que sont les critures d avocat l originalit peut s exprimer dans l expression c est dire dans les mots choisis le choix des tournures grammaticales la syntaxe etc Elle peut aussi s exprimer dans la composition ce qui d signe la structure particuli re originale de l uvre CA Paris 21 novembre 1994 RIDA 1995 n 164 page 381 et donc l encha nement du contenu son agencement et son articulation En d autres termes des critures d avocat peuvent tre prot geables ce qui ne signifie pas qu elles le sont forc ment bien videmment l issue d une appr ciation au cas par cas Par cons quent l auteur s mancipe l un ou l autre moment de la contrainte li e ses fonctions donnant une forme originale son travail et qui exprime sa personnalit 37 Cour de cassation chambre criminelle 16 juin 2009 N de pourvoi 08 87193 Communication commerce lectronique Lexisnexis Jurisclasseur Octobre 2009 page 20 26 Finalement les nouveaux crit res caract risant l empreinte de la personnalit correspondent soit l apparition de techniques
56. id es est le principe fondateur de notre civilisation Rapport relatif la position commune du Conseil en vue de l adoption de la directive du Parlement europ en et du Conseil concernant la brevetabilit des inventions mises en uvre par ordinateur En ligne sur le site du Parlement europ en 18 La condition du d p t pour un brevet est la nouveaut Mais il y a galement une condition conomique le brevet co te cher et celui qui en a les moyens donc les grandes entreprises risque de s accaparer les inventions nouvelles pas n cessairement originales plus facilement que des entreprises au pouvoir conomique moindre Cela aurait n cessairement conduit des distorsions de concurrence Les exigences de forme et d originalit du droit d auteur vitent l appropriation des simples id es et m thodes d une part des nouveaut s banales d autre part Ici il ne s agit pas de r server au premier arriv le monopole d exploitation mais de le r server au cr ateur d une forme originale n excluant pas l utilisation par un autre de la m me id e ou m thode sous une autre forme La libre concurrence est mieux respect e dans le cas de l inclusion du logiciel dans la propri t litt raire et artistique La propri t intellectuelle prot ge les biens incorporels d un c t par le droit d auteur de l autre par le droit de la propri t industrielle Ce sont deux cat gories
57. ie Chaplin Certaines uvres sont si intimement incorpor es la personne de l auteur dont elles expriment le g nie que les trahir c est porter atteinte l homme lui m me sa fiert d artiste c est lui porter l atteinte de l injure c est aussi le d pouiller du seul bien dont personne n a le droit de disposer sans son aveu et que lui m me ne peut enti rement marchander la cr ation de son esprit Revue Internationale du Droit d Auteur n XXVII juillet 1960 cit par Bernard EDELMANN dans son ouvrage La propri t litt raire et artistique PUF Que sais je 2008 53 En fonction du genre des objets consid r s la marque de l originalit devient le choix arbitraire pour les uvres de l art contemporain l effort intellectuel pour les logiciels la libert pour les uvres utilitaires libert par opposition la contrainte technique l absence d ant c dents pour ne pas dire la nouveaut A mesure que s estompe le lien entre l auteur et son uvre et mesure ainsi que la notion d originalit perd de sa force le droit moral perd de sa raison d tre On l a vu le droit moral du programmeur de logiciels est amoindri par dispositions l gislatives Cela sans doute parce qu en ce qui concerne le logiciel ce que l on tend prot ger c est non pas l expression d une personnalit mais l investissement conomique Il y a d autres
58. ification Le petit Robert dition 2004 47 L arr t qui vient d tre voqu a t d f r la Cour d appel de Paris laquelle Cour rappelle le principe de l absence de formalit en propri t litt raire et artistique que sont notamment consid r es comme uvres de l esprit en vertu de l article L 112 2 9 les uvres photographiques et celles r alis es l aide de techniques analogues la photographie Consid rant que la protection de principe r sultant de ces dispositions sans formalit des uvres originales suppose s agissant comme en l esp ce de milliers de clich s la reconnaissance pour chacun d eux qu il r sulte d une cr ation intellectuelle portant l empreinte de la personnalit de son auteur La Cour a accept la description par l artiste de son uvre en son ensemble et des choix tant artistiques que techniques op r s par lui que ce qui s applique aux reportages dans leur ensemble vaut pour chacune des prises de vue qui les composent Le principe de l absence de formalit doit valoir en effet au moment de la cr ation mais aussi a posteriori Il semblerait alors injustifi d exiger du cr ateur la preuve de l originalit de chacun des supports de sa production d autant plus dans le cas d une uvre surabondante Une d cision de la Cour d appel de Lyon propos de mod les de lunettes rejoint celle de la cour de
59. ion lectronique ne permet plus d avancer un tel argument Ce que la cour a dit cependant c est que la contrefa on d une uvre de l esprit r sulte de sa seule reproduction et ne peut tre cart e que lorsque celui qui la conteste d montre que les similitudes existant entre les deux uvres proc dent d une rencontre fortuite ou de r miniscences r sultant notamment d une source d inspiration commune Si l on coute la chanson Obi Oba d El principe gitano puis Djobi Djoba des Gypsy Kings on se rend compte que le refrain de chacune des deux chansons est sensiblement le m me tant du point de vue m lodique et rythmique que du point de vue litt raire D un c t on entend Obi Oba Cada d a yo te quiero m s de l autre Djobi Djoba Cada d a yo te quiero m s De deux choses l une donc soit ce refrain a t invent par le groupe El Principe gitano et reproduit par les Gypsy Kings soit il s agit d une chanson folklorique bien connue des gitans en g n ral et El principe gitano n tait pas fond demander r paration Dans ce cas le refrain de Obi Oba ne pouvait pas tre consid r comme original puisqu il aurait t la reprise d un l ment appartenant au folklore El Principe gitano n aurait pas apport la marque de sa personnalit il aurait simplement reproduit un objet Il ne suffit pas cependant de pr tendre avoir puis un fonds folklorique commun Encore eu
60. it ce sujet Tant pis Ecrivons le en pratique les deux notions d originalit et de nouveaut se confondent Qu en fondant ainsi sa d cision sur l absence d ant riorit de toute pi ce et le caract re nouveau des choix op r s par l EURL Micca Nomi et par Monsieur P rigot la cour TGI de Paris 18 avril 2008 N de RG 06 02112 45 TGI de Paris 4 mars 2008 N de RG 06 14882 46 TGI de Paris 19 septembre 2007 N de RG 07 08232 41 TGI de Paris 1 juillet 2008 N RG 06 10922 48 TGI de Paris 19 mars 2008 N RG 06 17341 4 TGI de Paris 20 juin 2008 N RG 05 13520 28 d appel qui n a pas caract ris en quoi ces choix pour arbitraires qu ils soient portaient l empreinte de la personnalit de ses auteurs a viol les textes susvis s Par ces motifs et sans qu il soit besoin de statuer sur les autres griefs Casse et annule Manifestement pour la premi re chambre civile de la cour de cassation l absence d ant riorit ne constitue pas elle seule un crit re de preuve d originalit La nouveaut reste donc le crit re du droit des brevets Par cons quent tout ce qui est nouveau n est pas forc ment original A l inverse tout ce qui est original est forc ment nouveau puisque preuve de la marque d une personnalit Christophe Caron le dit ainsi chaque personnalit est unique et irr ductible ce qui existe d j
61. itions du Cerf 1985 ne Le choix semble donc un crit re plus appropri chez le photographe comme d ailleurs en ce qui concerne l art contemporain Le droit devrait l instar des experts du monde de l art reconna tre que le choix d un objet puisse traduire la personnalit de l artiste et par suite l originalit d une uvre d art Effectivement l uvre consid r e en art contemporain comme le manifeste de l art conceptuel Fontaine de Marcel Duchamp expos e la New Tate Gallery Londres n est rien d autre qu un simple urinoir du mod le le plus banal qu il soit Cet urinoir ne pr sente aucun int r t en soi ce qui est int ressant c est le d calage qui r side dans l id e d exposer un objet de la vie quotidienne qui justement est toujours isol cach comme faisant partie de l intimit la plus secr te des personnes L objet n est pas ici empreint de la personnalit de son auteur celui ci ne l a pas produit il l a simplement d plac sorti de son contexte habituel C est comme dans la photographie une mise en lumi re d un sujet Ce crit re du choix arbitraire est d sormais entr dans le champ communautaire Directive du 11 mars 1996 concernant la protection juridique des bases de donn es article 3 Conform ment la pr sente directive les bases de donn es qui par le choix ou la disposition des mati res constituent une cr ation intellectue
62. l gitimit de la contrefa on des livres Vers la paix perp tuelle Que signifie s orienter dans la pens e Qu est ce que les lumi res et autres textes GF Flammarion 1991 Paris 4 Ainsi aujourd hui la question n est plus de prot ger les productions du g nie Le CPI prot ge les uvres de l esprit quel qu en soit le genre la forme d expression le m rite ou la destination L 112 1 La loi du 3 juillet 1985 relative au droit des auteurs et aux droits voisins consacre la fin de la caract ristique artistique et documentaire pour les photographies M me si le CPI conserve les termes litt raire et artistique pour le droit d auteur on peut y voir la fin d une exigence esth tique dans l uvre cr ation de l esprit uvrer dans sa premi re acception c est travailler agir Cr er c est r aliser concevoir laborer imaginer inventer produire gt Le terme art a galement des acceptions vari es C est d abord un ensemble de moyens de proc d s r gl s qui tendent une fin fa on mani re adresse habilet savoir faire C est ensuite l expression par les uvres de l homme d un id al esth tique ensemble des activit s humaines visant cette expression A On est pass progressivement de l acception esth tisante de l art une acception plus neutre indiff rente l gard du m rite et de la destination Le 3
63. l que les titres ne sont pas admis au b n fice de l article 112 4 du CPI lorsqu ils se contentent de d crire l uvre en question Par exemple Devenir fonctionnaire Paquebots la vie bord ou Le b tisier du sport sont descriptifs et annoncent le sujet trait Des titres employ s dans un sens courant et usuel tels que Le ons particuli res pour un roman biographique ou Les enfants cach s pour t moigner de l histoire des enfants juifs durant la Seconde Guerre Mondiale ne sont pas non plus originaux Croisi re des sables a t jug banal figure de style r aliste synecdoque d pourvue d originalit En revanche Devenez Partisan de votre sant est un titre original en ce que le terme artisan est ici d tourn de son sens premier Ces deux arr ts ont de quoi laisser l observateur perplexe La boutique de Marie est original parce la combinaison du mot boutique qui d signe un commerce avec le pr nom f minin Marie n a rien de n cessaire et traduit un effort personnel de cr ation et un parti pris esth tique Ainsi on retrouve pour les titres la notion de caract re distinctif tel que d finie dans l article 711 2 du CPI et qui concerne les marques L emprunt la deuxi me partie du CPI par la jurisprudence relative au droit d auteur se retrouve encore avec le crit re de la nouveaut L 611 10 Pierre Yves Gautier a cr
64. le et m me source emprunt e une uvre pr existante et d ores et d j incorpor e au domaine public Dans l affaire Autant en emporte le vent R gine Desforges ne conteste pas la connaissance qu elle avait de l uvre de Margaret Mitchell Dans l affaire Gypsy Kings en revanche le groupe s est d fendu en arguant de l impossibilit qu il avait eu d acc der l uvre Obi Oba d El principe gitano Effectivement c est un moyen de preuve redoutablement efficace on ne peut pas contrefaire une uvre que l on ne conna t pas Cependant la cr dibilit de la constatation faite par la 76 Cour de cassation 1 civ 16 mai 2006 n 5 11 780 49 cour d appel pr c dant la cassation est contestable La chanson Obi Oba avait t commercialis e en Espagne et en France seulement au Pays basque Les Gypsy Kings tant fran ais ils n avaient pu se procurer la chanson en question Evidemment avec de l imagination on peut croire ventuellement que les Gypsy Kings sont des Fran ais s dentaires qui ne font pas de tourn es internationales bien qu ils chantent exclusivement en espagnol et que gitans eux m mes et musiciens ils ne s int ressent pas l actualit de la musique gitane publi e en Espagne en Catalogne et au Pays basque La cour de cassation n a pas admis ce raisonnement pour une musique publi e en 1979 Aujourd hui l explosion des techniques de communicat
65. les classer parmi les artistes la jurisprudence tendant infirmer la qualit d auteur au photographe animalier n existe pour ainsi dire pas Ce qui pourrait ventuellement d montrer que ce n est pas v ritablement la technique qui pose en soi un probl me quant au paparazzi mais plut t 1 Cour de cassation chambre criminelle 22 juin 1967 N de pourvoi 66 90366 2 Cour d appel de Lyon 26 mars 2009 1 Cour administrative d appel de Nancy 19 mars 2009 N 07NC01327 775 d cembre2007 N de RG 06 15937 16 l absence de l autorisation du sujet photographi Mais on sort alors du domaine de l originalit pour entrer dans celui de la morale et donc du m rite Le probl me propos de la photographie c est qu elle annonce une fracture d avec l id e que l on se faisait jusqu son apparition du travail de l artiste Des auteurs tels qu Henri Desbois se montrent critiques l gard de la reconnaissance de l uvre photographique en tant que telle Pour que les uvres des arts figuratifs soient investies des droits d auteur il suffit mais il faut que l ex cution ait t le fait de l homme telle est la formule fondamentale que les tribunaux fran ais paraissent avoir perdu de vue quand il leur incomba de se prononcer sur les photographies Il dit galement L op rateur fait preuve de personnalit de go t dans les pr paratifs d une prise de vue mais il
66. lle propre leur auteur sont prot g es comme telles par le droit d auteur Aucun autre crit re ne s applique pour d terminer si elles peuvent b n ficier de cette protection L article 112 3 du CPI reprend les m mes termes de choix ou disposition des mati res Curieusement le crit re s adapte ici des uvres tr s diff rentes une uvre picturale abstraite ou une base de donn es Mais si les uvres picturales sont toujours consid r es comme des uvres de l esprit il n en va pas de m me pour les bases de donn es N a pas donn de base l gale sa d cision la Cour d Appel qui a d cid qu un organigramme des principales entreprises mondiales de construction automobile publi dans une revue constituait une cr ation originale alors qu un travail de compilation d informations n est pas prot g en soi par la loi du 11 mars 1957 et qu elle n a pas pr cis en quoi le texte ou la forme graphique de cette publication comporterait un apport intellectuel de l auteur caract risant une cr ation originale WALVARENS Nadia L uvre d art en droit d auteur forme et originalit des uvres d art contemporaines Economica 2005 cit par VIVANT Michel et BRUGUIERE Jean Michel Droit d auteur Pr cis Dalloz 2009 3 Cour de cassation Civ 1 2 mai 1989 SARL Les publications pour l expansion industrielle c SA Coprosa 22 Lorsque l auteur
67. lloz 1964 678 note A Fran on 6 Etude L originalit en droit d auteur Semaine juridique 1993 1 3681 Es L exigence de forme permet d carter de la protection les id es les concepts et le savoir faire La propri t litt raire et artistique s applique ce qui est immat riel On peut enfermer un objet dans un coffre on n y peut pas enserrer le produit de la pens e Il faut admettre que la pens e en soi n a pas de valeur patrimoniale pas plus que l air que l on respire elle circule librement se transforme et s labore au gr des esprits au travers desquels elle passe Ce serait finalement une restriction la libert de penser et de cr er que de vouloir appliquer le droit d auteur sur telle ou telle id e ou th orie une personne en particulier Le trait de l OMPI Organisation Mondiale de la Propri t Intellectuelle adopt Gen ve le 20 d cembre 1996 le stipule en son article 2 La protection au titre du droit d auteur s tend aux expressions et non aux id es proc dures m thodes de fonctionnement ou concepts math matiques en tant que tels La volont est ici de pr server l quilibre entre droit d auteur d une part et droit l information la recherche et l enseignement d autre part Une pens e n est donc pas une uvre c est la r alisation de la pens e dans une production qui en est une C est cette production qui sera l objet du droit
68. loque international Mutations des industries de la culture de l information et de la communication septembre 2006 Article en ligne sur le site de OMIC Observatoire des mutations des industries culturelles Re Pour retrouver une certaine coh rence l int rieur de la propri t litt raire et artistique il faut regarder les pr rogatives certains objets sont rang s dans certaines cat gories parce que les pr rogatives aff rentes ces cat gories sont des protections efficaces pour les objets en question Par exemple le logiciel est prot g par le droit d auteur parce que le droit d auteur permet de lutter efficacement contre la copie servile Ainsi Microsoft est un auteur Leonard Bernstein chef d orchestre n en est pas un il le devient au titre de ses compositions L indiff rence du m rite implique que le degr de cr ativit n a pas tre consid r par les magistrats La cour de cassation l a r cemment rappel dans une d cision du 19 janvier 2010 qu en op rant une distinction entre des l ments pr sentant une totale originalit et des l ments pr sum s moins originaux cependant que le degr d originalit est totalement indiff rent en mati re de protection du droit d auteur la cour d appel s est d termin e par une motivation inop rante et a priv sa d cision de toute base l gale au regard des articles L 112 1 et L 112 2 du Code de la propri t in
69. m ritaient elles au m me titre que les tableaux des ma tres anciens Entre l art et le droit les diff rences sont manifestes l artiste se d cr te lui m me un artiste et d cr te que sa production est une uvre d art ainsi fit Marcel Duchamp de son urinoir Le critique d art se prononce sur la valeur de l uvre uniquement en fonction de son m rite que ce m rite soit de l ordre du savoir faire ou de l ordre intellectuel En droit la notion d originalit se heurte au contraire l indiff rence du m rite Bernard Edelman d crit l effort du droit comme consistant laborer une neutralit esth tique C est dire que le juge doit se prononcer sur l originalit de l uvre en utilisant des instruments objectifs de qualification La cour d appel de N mes a r cemment refus d accepter comme preuve de l originalit une attestation de membres de l acad mie des Beaux arts Il n appartient pas la cour d appr cier les m rites de l uvre ou de l artiste au risque de se d terminer en fonction de sa propre subjectivit Les avis minents de trois membres de l Acad mie des Beaux arts s ils peuvent constituer une critique respectable de l art de M X sont inop rants cet gard dans la d monstration de l absence de contrefa on Claude Colombet commente dans son ouvrage Propri t litt raire artistique et droits voisins un arr t de la Cour de N
70. mmerce lectronique Lexisnexis Jurisclasseur Janvier 2007 52 Cour de cassation chambre commerciale 19 janvier 2010 N de pourvoi 08 15338 08 16459 08 16469 les droits des auteurs b n ficient d une protection au titre des faits de contrefa on la seule condition que leurs uvres pr sentent un caract re original ind pendamment de la notion d ant riorit 5 Cour de cassation chambre commerciale 28 novembre 2006 N de pourvoi 04 20555 Mais attendu que la cour d appel n a pas invers la charge de la preuve en constatant qu il revenait au d fendeur l action en contrefa on d tablir le d faut de nouveaut des mod les dont la protection tait demand e 29 A nouvel objet nouveau crit re En 1986 l occasion de l affaire Pachot les juges se sont livr s une double d monstration D abord le juge d appel avait op r une transposition des crit res adapt s la litt rature vers le logiciel il y a lieu de voir dans l organigramme la composition du logiciel et dans les instructions r dig es qu elle qu en soit la forme de fixation son expression La d cision tendait reconna tre au logiciel la qualit d uvre de l esprit les analystes programmeurs ont choisir comme les traducteurs d ouvrages entre divers modes de pr sentation et d expression que leur choix porte ainsi la marque de leur personnalit
71. mouton par la d coupe de sa fen tre de d capsulage par sa couleur ainsi que par un support de capsule form d un fil en U fix en deux points par deux crous borgnes six pans Que la cour d appel d clare que cette derni re particularit le distingue essentiellement des d capsuleurs de m me forme qu on trouve dans le commerce qu il pr sente du fait de cette combinaison une physionomie particuli re et originale et qu il m rite d s lors la protection l gale Ainsi d s lors que les juges du fond se sont attach s caract riser ou non l originalit de la cr ation en cause 18Cour de cassation Chambre criminelle N de pourvoi 72 03686 15 une multitude d objets sont susceptibles de b n ficier de la protection la carrosserie d une automobile et pourquoi pas un mod le de poubelle En ce qui concerne la photographie on ne parle plus d art appliqu soit une photographie est une uvre d art soit elle est une prestation technique Par exemple la cour administrative d appel de Nancy a jug que des photographies qui sont la repr sentation objective de ph nom nes biologiques ne sont pas originales Ainsi l tudiante qui pr parait sa th se de doctorat dans un laboratoire de m canique et d ing nierie cellulaire ne pouvait refuser que ses propres clich s soient r utilis s par d autres chercheurs avec ou non mention de son nom De la m me fa
72. n ex cute pas de ses mains le clich Ici encore la fonction de la notion d originalit est de d partager les photographies pr sentant une recherche esth tique de celles qui ne sont que de banals clich s Mais il est d autres objets du droit d auteur pour lesquels on s loigne nettement plus de la notion de recherche esth tique C est le cas du logiciel O la l gitimit de l inclusion du logiciel dans le champ de la propri t litt raire et artistique est elle situ e En ce qui concerne le logiciel il faut retourner quelques ann es en arri re afin de comprendre la pertinence de son inclusion dans le droit d auteur et le refus par une majorit des parlementaires europ ens de l admettre en droit des brevets La directive du 14 mai 1991 concernant la protection juridique des programmes d ordinateur visait harmoniser les l gislations nationales afin d offrir partout en Union Europ enne la m me protection aux logiciels Le second consid rant de la directive affirme clairement l intention de prot ger non pas ce qu il y a d artistique dans le programme d ordinateur mais l investissement Consid rant que la cr ation de programmes 2 d ordinateur exige la mise en uvre de ressources humaines techniques et financi res consid rables alors qu il est possible de les copier un co t tr s inf rieur celui qu entra ne une conception autonome Le sixi me consid rant prescri
73. nale de droit compar ann e 1980 volume 32 num ro 2 pp 300 81 TGI de Paris 22 f vrier 2008 N RG 05 08007 46 droit d auteur la pr somption instaur e par l article L 133 1 du code de la propri t intellectuelle concernant la titularit des droits de celui sous le nom de qui l uvre est divulgu e mais en aucun cas l originalit de cette uvre qu il appartiendrait la d fenderesse de combattre Ensuite le tribunal exige du demandeur la preuve de l originalit pour chacun des objets du litige Or attendu que Monsieur X qui a vers aux d bats trois caisses de supports photographiques et a indiqu en tenir huit autres la disposition du tribunal ne pr cise pas ceux parmi ces supports qui seraient ligibles la protection revendiqu e et concernant les trois reportages identifi s ne propose pas de d montrer en quoi en l esp ce les diff rents l ments qui caract risent chacun d eux seraient originaux et traduiraient un parti pris esth tique et l empreinte de sa personnalit en dehors de consid rations d ordre g n ral sur la technique de prise de vue Attendu d s lors que ses demandes formul es au titre de la contrefa on des droits d auteur doivent tre rejet es tant pr cis qu il n appartient pas au tribunal d examiner lui m me lesdits supports en dehors de toute description par le demandeur de chacune des uvres revendiqu es dans ses critures
74. nt d acception de l objet du droit d auteur est l affaiblissement du droit moral En d autres termes plus l objet du droit d auteur se diversifie plus le lien entre l uvre et son auteur s estompe D un autre c t la multiplication des cessions l gales du droit patrimonial programmeurs agents de l Etat journalistes t moigne galement du rel chement de ce lien et du d placement de la finalit de la protection de la propri t litt raire et artistique on passe progressivement de la protection du fruit de la pens e la protection des int r ts conomiques Ce qui para t s exercer ici c est un rapprochement entre le syst me adopt par les pays de Common law et celui des pays de droit latin le droit moral perd de sa pr pond rance passant au second plan par rapport au droit d exploitation En ce qui concerne les auteurs salari s dans les pays de Common law l existence du contrat de travail implique que l employeur est le titulaire du droit la cession l gale du droit patrimonial rejoint en partie ce m canisme Une des pr rogatives du droit moral celui du respect l int grit de l uvre est une mani re efficace pourtant de lutter contre le plagiat Les auteurs de la r ponse aux propos de Joost Smiers mettent en avant les droit moraux dont celui qui pr serve l int grit de l uvre et au del l int r t du public ce que les produits de l intelligence n
75. omposition La cour de cassation a rendu son jugement Vu l article 40 de la loi du 11 mars 1957 devenu l article 122 4 du CPI Toute repr sentation ou reproduction int grale ou partielle faite sans le consentement de l auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite Il en est de m me pour la traduction l adaptation ou la transformation l arrangement ou la reproduction par un art ou un proc d quelconque La contrefa on ce n est videmment pas seulement la reproduction servile et int grale Cela peut tre la r utilisation d un l ment r int gr dans une autre forme Le consentement de l auteur de l uvre premi re est requis lorsque l l ment en question est original Le second attendu nonce l argument de l arr t rendu par la cour d appel de Paris le 21 novembre 1990 Attendu que pour rejeter les demandes l arr t apr s avoir rappel que le sujet d Autant en emporte le vent n tait pas prot geable en soi nonce que Mme Desforges Ale s est plu souligner l analogie initiale de situation entre les deux uvres et a exprim cette volont ludique en reprenant des sc nes devenues c l bres de l uvre de M Mitchell pour tablir avec ses lecteurs une complicit amus e tout en cr ant n anmoins une uvre nouvelle et personnelle dont les personnages ne pr sentent aucune analogie significative avec ceux du roman qu elle aurait
76. par le juge l originalit est purement rh torique Le mot est utilis parce qu il doit l tre Mais soucieux de rendre telle d cision le juge la rendra l abri du mot sans tre dupe du fait qu il le prive de sens et donc du sens commun ment re u La chambre commerciale de la cour de cassation a censur une d cision qui se contentait de reproduire la formule sans la rapporter aux objets consid r s qu en se pronon ant comme elle l a fait apr s avoir constat d une part que certains des l ments des mod les litigieux taient connus et pris s par ment appartenaient au fonds commun de l univers de l accessoire de mode et d autre part que leur combinaison conf re ces mod les en fonction de l aspect d ensemble produit par la combinaison des divers l ments les caract risant une physionomie propre qui traduit un parti pris esth tique qui porte 72 Cour d appel de Paris 4 me chambre section B 16 janvier 2004 Gucci France Berluti Olga Berluti 73 Consid rations au fil de la plume sur la norme subtile in M langes Ph le Tourneau Dalloz 2008 p 1059 n 3 74 Cour de cassation chambre commerciale 19 janvier 2010 N de pourvoi 08 15338 08 16459 08 16469 362 l empreinte de la personnalit de son auteur la cour d appel qui n a pas caract ris l originalit des mod les n a pas l galement justifi sa d cision au rega
77. pr tendument contrefait Donc le sujet ne peut pas tre prot g parce que banal Mais la cour d appel ajoute que R gine Desforges a repris des sc nes de l uvre de M Mitchell Il n y a pas selon la cour d analogie significative entre les personnages ni non plus entre les cadres historiques des deux romans Cependant la reprise de sc nes ne peut elle constituer elle seule une adaptation ou une transformation Et la complicit amus e ne serait elle pas plut t l aveu d une certaine paresse intellectuelle provoquant non pas l amusement mais la lassitude du lecteur La paresse intellectuelle s oppose videmment l effort personnalis que les juges de l arr t Pachot ont analys comme marque de l apport intellectuel du concepteur du logiciel Mais la cour de renvoi CA Versailles 15 d cembre 1993 a conclu l affaire Autant en emporte le vent en qualifiant les ressemblances comme non constitutives de contrefa on Ainsi soit la cour de Versailles a estim que la composition de Autant en emporte le vent tait banale soit comme dans l affaire Bourbouroche elle n en a pas tenu compte l amalgamant avec les id es les lieux communs des th mes litt raires Henri Desbois dit ceci toujours propos de l affaire Bourbouroche L infirmation du jugement ne serait fond e que si la Cour avait relev que la composition l intrigue commune tait puis e par les deux adversaires une seu
78. que lorsqu elle est en parfaite harmonie avec ce qui l entoure Que serait une uvre dont chaque partie loin de concourir former un tout coh rent pourrait tre supprim e remplac e transplant e au gr de la fantaisie de l interpr te Une uvre o il n y aurait ni continuit ni construction ni logique dans l articulation O tout serait soumis au plus m prisable des arbitraires celui du hasard Le constat est le m me pour l orchestre Chaque compositeur enrichira l orchestre d une palette personnelle ou de sonorit s originales cr ant ainsi son orchestre comme il cr erait son criture de piano ou de ch urs Finalement l orchestration n est elle pas n e le jour o un musicien eut l id e de faire sonner deux instruments diff rents l unisson engendrant par l m me un timbre nouveau un nouvel instrument virtuel 49 Les harmoniques ne s additionnent pas au niveau perceptif mais donnent lieu des interactions mal connues qui sont une des richesses les plus myst rieuses de la Musique La t che de l orchestrateur en est rendue empirique et passionnante on peut cr er tout les jours sa table des sons nouveaux 39 Cependant les juges ne se substituent ni aux musicologues d une part ni aux critiques d art d autre part Ils ne sont des sp cialistes d aucun domaine artistique en particulier A bien y r fl chir en consid rant la question de
79. r Pr cis Dalloz 2009 WALVARENS Nadia L uvre d art en droit d auteur forme et originalit des uvres d art contemporaines in Economica 2005 _ 58 ATOU HONE SE en ne in ne 4 Premi re partie Qu est ce que l originalit en droit 7 8 Chapitre I La d finition de l originalit ss 8 Section I Des uvres de l esprit originales et non plus des uvres d art g niales 8 Paragraphe 1 D originalit juridique hein anche tenants 8 Paragraphe 2 L originalit selon les critiques d art ss ssisseeeeeeeeseeseesesseserssrsersesse 10 Paragraphe 3 Des Cons quences juridiques Rttue 12 Section II Variations de la notion en fonction de la nature de l objet consid r 14 Paragraphe 1 Les uvres Q art purt a ne ne 14 Paragraphe 2 Les uvres d art appliqu Encens ranih nm min raret 15 Paragraphe 3 Les photographies sssssssessssssesssesssseeesseessrrsseesseresseeesseesseesseessees 16 P rasraph e4 Les losicielS i neee i e s e era airis Ei 17 Chapitre II Les crit res de P originalit tsunami metuihiinlietit 20 Section I L empreinte de la D SONMAe ES Rs ne de A 20 Paragraphe 1 L interm diaire technique de enr 21 Paragraphe 2 Le choix arbitraire nn ne ne tn ie 22 Paragraphe 3 Le faible degr de cr ativit LR RE te 24 Paragraphe 4 La libert snieman taisia eria e Ea 25 Section I ICS AUS Crit res sico EEA E T E es 27 Paragraphe 1 L
80. r exemple la d finition du contrat d dition commence ainsi Le contrat d dition est le contrat par lequel l auteur d une uvre de l esprit L 132 1 CPT Cela suppose d une part que l auteur ou les auteurs dans le cas de l uvre de collaboration a t identifi d autre part que l uvre de l esprit en est effectivement une En effet un contrat ne peut tre 45 consid r comme valablement form si l objet du contrat ne r pond pas la d finition l gale de l objet correspondant cette forme particuli re de contrat Le fait pour un exploitant de contracter avec un auteur suppose donc que celui l reconna t en son cocontractant l auteur d une uvre de l esprit A contrario une personne qui exploite un objet incorporel sans le consentement de l auteur est soit un contrefacteur soit consid re que l objet en question n entre pas dans le champ du droit d auteur Mais on l a d j dit il n y a pas dans la loi de d finition exhaustive de l uvre non plus que de d finition de l originalit On doit donc prouver l originalit en cas de litige ou l absence d originalit par tout moyen Selon la cour de cassation il appartient celui qui demande la protection des droits d auteur d apporter la preuve de l originalit de l uvre Mais on observe pour les uvres litt raires picturales musicales architecturales et cin matographiqu
81. rd de l article L 112 2 du code de la propri t intellectuelle 530 La caract risation de l originalit est une question d licate comment peut on tre original La question pourtant doit tre prise au s rieux tant donn les cons quences juridiques qui en d coulent On verra dans un premier temps comment la preuve de l inexistence de l originalit pourra tre administr e par le d fendeur Section I puis dans un second temps comment l originalit peut tre d montr e Section II Dans ce cas il convient de d terminer qui revient la charge de cette d monstration La d fense contre l action en contrefa on trouve plusieurs moyens comme par exemple le d faut de titularit du demandeur ou l une des exceptions de l article 122 5 dont celui de l inexistence de l originalit de l uvre reproduite En litt rature il y a toujours pr somption d originalit on ne peut pas dire d un roman qu il est banal En revanche on peut se prononcer sur la banalit d un l ment du roman le sujet par exemple ou un personnage Le d faut d originalit d un l ment peut tenir deux causes principales il est banal parce qu il ne pr sente aucune caract ristique particuli re Autrement dit il n a pas r clam de la part de l auteur d effort d imagination particulier 1 Ou alors il est pr sent d j dans des uvres pr existantes celle du demandeur et il n
82. s plut t de la qualification tel objet constitue t il ou non une uvre de l esprit on pourrait galement admettre que le r le de la Cour de cassation ne devrait pas se limiter au seul contr le de la motivation des jugements mais s tendre au contr le de la qualification La condition d originalit cependant n est pas une notion d essence l gale mais jurisprudentielle m me si elle est voqu e propos des titres et affirm e dans des directives DAVERAT Xavier Un an de droit de la musique Communication Commerce lectronique Lexis Nexis Jurisclasseur Avril 2010 Grandeur et servitudes de la cour de cassation in Revue internationale de droit compar ann e 1980 Volume 32 num ro 2 p 297 sale communautaires Jacques et Louis Bor dans un paragraphe intitul Essai de classification des crit res du contr le observent que la Cour de cassation si elle contr le toutes les qualifications correspondant des notions d finies par la loi ne le fait pas syst matiquement quand ces notions ne le sont pas Au contraire lorsqu une notion l gale n a pas t d finie par le l gislateur le juge de cassation est libre de contr ler ou non cette qualification En la contr lant il la d finira peu peu comblant ainsi une lacune de la loi il la clarifiera augmentera la s curit juridique et unifiera son application sur toute l tendue du territoire national En ne la
83. sformations dans le vocabulaire des juges tendant caract riser l originalit des productions consid r es Certains crit res sont videmment mieux adapt s certaines uvres ainsi pour les photographies les bases de donn es et l art conceptuel le choix arbitraire pour les logiciels l effort intellectuel Le crit re le plus utilis par les juges reste celui de l empreinte de la personnalit Selon Michel Vivant et Jean Michel Brugui re l expression empreinte de la personnalit pour d cider de l originalit a t employ e pour la premi re fois lors de l affaire Cavour en 1862 propos d une photographie Joseph Marie Portalis disent ils parle d une propri t par indivision de l objet et du sujet Une cr ation empreinte de la personnalit de son auteur est un objet qui r sulte de la singularit de la personne qui l a cr Henri Desbois explique qu en peinture le choix du sujet peut tre absolument banal c est son traitement par le peintre qui en fait une uvre originale Claude Monet a peint dix huit fois la Cath drale de Rouen selon la m me vue frontale et ces dix huit toiles toutes diff rentes par le traitement de la lumi re et de la couleur d montrent que l id e n a pas de rapport direct avec l originalit Elle peut tre universelle rebattue et donner n anmoins naissance une uvre originale Et Monet n a pas d ailleurs le monopole pi
84. situ en position d ant riorit chronologique la d nonciation de A se verrait fragilis e En r sum dans l affaire Autant en emporte le vent l auteur de l uvre seconde s est inspir de l uvre premi re sans que les ressemblances suffisent qualifier la contrefa on Dans l affaire Gypsy Kings il n y a pas eu plagiat parce la source d inspiration tait semble t il pr existante aux deux compositions Christophe Caron dans son commentaire sur l arr t de la premi re chambre civile de la cour de cassation du 16 mai 2006 distingue la rencontre fortuite de la r miniscence commune dans le cas de la rencontre fortuite il y a bien contrefa on Cependant par exception au principe de l indiff rence de la bonne foi quant l action en contrefa on la cour semble accepter ici que le contrefacteur ait pens cr er une m lodie originale sans avoir conscience qu il reprenait une formule musicale d j entendue par lui L auteur dit ceci Certes il est possible d y voir un affaiblissement de la lutte contre la contrefa on notamment parce qu une telle solution va dor navant engendrer de d licates discussions dans les pr toires Mais l inverse la solution semble guid e par la morale et par l quit Si chacun s accorde privil gier l efficacit de l action en contrefa on encore convient il que l efficacit ne se mue pas en rigidit C est pourquoi il peut
85. sprit empreinte de la personnalit de l auteur Th se Montpellier 1997 RENOUARD Trait des droits d auteurs dans la litt rature les sciences les beaux arts Paris 1839 ROCARD Michel Rapport relatif la position commune du Conseil en vue de l adoption de la directive du Parlement europ en et du Conseil concernant la brevetabilit des inventions mises en uvre par ordinateur En ligne sur le site du Parlement europ en SMIERS Joost Plaidoyer pour l abolition des droits d auteur in Le Monde diplomatique septembre 2001 TREPPOZ Edouard Le droit d auteur limite la cr ation contemporaine in L art contemporain confront au droit Actes du s minaire tenu le jeudi 8 juin 2006 l universit Paris II Panth on Assas en ligne sur le site www artdroit org TRICOIRE Agn s Le droit d auteur au service de l industrie ou la mort de l art in Colloque international Mutations des industries de la culture de l information et de la 57 communication Septembre 2006 Article en ligne sur le site de l OMIC Observatoire des mutations des industries culturelles VIVANT Michel Consid rations au fil de la plume sur la norme subtile in M langes Ph le Tourneau Dalloz 2008 p 1059 n 3 VIVANT Michel Les m tamorphoses de l uvre des mythologies aux mythes informatiques Recueil Dalloz 2010 VIVANT Michel et BRUGIERE Jean Michel Droit d auteu
86. t Pour savoir ce qu est une uvre de l esprit la jurisprudence examine un un les objets qui lui sont pr sent s Elle carte d embl e les id es les m thodes et savoir faire v rifie la pr sence d une forme En dernier recours elle constate le d faut d originalit a priori on trouve tr s peu voire quasiment pas de d cisions allant en ce sens La cour d appel d Agen s est prononc e quant aux bouquets de fleurs La r union et l assemblage de fleurs ne peut g n rer en soi une quelconque originalit La cour d finissait ici l uvre de l esprit comme l expression originale d une pens e d une impression ou d un sentiment C est constater combien la d finition de l uvre varie en fonction du genre On n appliquerait videmment pas cette d finition un logiciel ou un d capsuleur La variabilit des crit res de d tection de l originalit en fonction du genre des uvres induit une adaptation de la technique utilis e par les juges En ce qui concerne la litt rature les l ments examin s sont la composition et l expression Pour la photographie le choix du cadrage de la lumi re du temps d exposition de l ouverture de l objectif Pour les bases de donn es le travail de classement de s lection de disposition Le travail du juge consiste distinguer les l ments qui sont originaux de ceux qui ne le sont pas puis consid rer l uvre dans son
87. t dans un premier temps la protection du logiciel dans les Etats membres par le droit d auteur en tant qu uvres litt raires Il s agissait donc de prot ger efficacement les logiciels contre la copie l intention 7 La propri t litt raire et artistique A Colin 1953 ITS du l gislateur europ en n tait pas d accorder au logiciel une valeur artistique au m me titre qu au roman mais de rechercher une protection ad quate la lutte contre la copie c est dire la reproduction Finalement 1l est galement juste de prot ger ce qui peut tre pill que ce soit l investissement intellectuel du cr ateur ou l investissement financier du programmeur ou de son employeur La condition d originalit est d autant plus justifi e qu elle vite l appropriation par une personne de codes sources d utilisation banale le monopole d exploitation pourrait alors mener un abus de position dominante Le sixi me consid rant parlait de protection par le droit d auteur dans un premier temps Le d bat communautaire s est ensuite port sur l ventuelle protection des logiciels par le droit des brevets Le projet de directive concernant la brevetabilit des inventions mises en uvre par ordinateur a t rejet Le rapport de Michel Rocard est tr s clair ce sujet Quelques grandes soci t s mais pas toutes dans le domaine qui nous int resse se sont lanc es
88. t appliqu 2 enfin les uvres non num r es par l article 112 2 du CPI 3 Les uvres appartenant aux cat gories artistiques classiques b n ficient d un a priori d originalit Evidemment l indiff rence du genre est ici corn e puisque celle ci devrait amener les juges consid rer chaque uvre et en d terminer sa protection par le droit d auteur en fonction de son originalit Mais d autre part comment juger de l originalit d un crit litt raire d un roman ou d une po sie par exemple sinon en fonction de son m rite Esth tique ou philosophie de l art 65 A Lucas et H J Lucas 1994 p 97 cit s par Isabelle de Lamberterie De l incitation la cr ation au droit la culture quelle dynamique pour les droits d auteur aujourd hui In R seaux 1998 volume 16 n 88 89 pp 77 90 Article en ligne sur Pers e Re Ce que l on peut consid rer dans le cas de l art pur c est la volont cr atrice de l auteur Celui qui compose une musique est pour reprendre les mots de Bernard Edelman soutenu par une passion un d sir esth tique Il cite ce sujet un arr t de la Cour de Paris du 25 mai 1988 propos de d coration La r union d objets mobiliers en un lieu d termin est inspir e par une volont ou une passion longtemps affirm e et non contest e qui la rapproche d une uvre de l esprit Incontestablement l essence du droi
89. t d auteur classique est dans cette volont cr atrice est une uvre de l esprit celle qui a t cr e dans ce but En art pur finalement l originalit juridique peut tre d finie comme le contraire du plagiat de la copie de la contrefa on D s lors qu il n y a pas copie les objets contenus dans la premi re partie de l article 112 2 ne seront jamais consid r s comme d pourvus d originalit En art contemporain si des questions se sont pos es par rapport la cr ation des mains de l artiste ou l existence d une forme jamais en revanche la question de l originalit n a t soulev e La seconde cat gorie contient des productions qui ont fait l objet d inclusions plus tardives dans le droit d auteur par exemple le logiciel ou plus controvers es la photographie les arts appliqu s ces productions sont vis es partir du 9 et jusqu au 14 Elles sont par nature consid r es comme uvres de l esprit En effet l article 112 2 commence ainsi Sont consid r es notamment comme uvres de l esprit au sens du pr sent code C est la jurisprudence qui ajoute pour ces productions la condition de l originalit A Lucas et P Sirinelli soulignent le fait qu il y a plus de contentieux propos de logiciels qu propos de po mes Mais cela pourrait aussi s expliquer par le fait que les enjeux conomiques sont plus fondamentaux pour ce dernier le lo
90. t il fallu le prouver Les Gypsy Kings auraient d exhiber pour le moins un recueil de chansons folkloriques contenant le refrain litigieux A leur d charge le folklore en g n ral et le folklore gitan en particulier rel ve bien plus de la tradition orale que de l crit On trouve cette explication dans un article du Monde diplomatique de septembre 2001 7 Par ailleurs l ordinateur et internet donnent une occasion unique aux artistes de cr er en utilisant des mat riaux venant du monde entier du pass et du pr sent Ils ne font d ailleurs pas autre chose que ce que leurs pr d cesseurs Bach Shakespeare et des milliers d autres ont fait avant eux Il a toujours t normal d utiliser les id es et une partie du travail des pr curseurs 77 SMIERS Joost Plaidoyer pour l abolition des droits d auteur SA Autre chose est le plagiat Sur ce ph nom ne le philosophe Jacques Soulillou d veloppe un commentaire th orique int ressant La raison pour laquelle il est difficile d administrer la preuve du plagiat dans le domaine de l art et de la litt rature tient au fait qu il ne suffit pas seulement de montrer que B s est inspir de A sans citer ventuellement ses sources mais de prouver aussi que ne s est inspir de personne Le plagiat suppose en effet que la r gression de B vers A s puise dans celui ci car si l on venait prouver que A s inspire et pour ainsi dire plagie un X
91. t purement fonctionnel de ce qui est d coratif donc artistique Dans l autre cas c est plus complexe C est pourquoi l adaptabilit des crit res trouve sa justification dans des cr ations qui sont la p riph rie de ce qui est v ritablement artistique ou litt raire La libert de l auteur r side dans l absence de contrainte que cette contrainte soit li e une technique ou la demande d un employeur Cette notion permet de d celer la part personnelle de cr ativit qu apporte le concepteur d un objet dans sa r alisation Bernard Edelman propose une d finition contenant le crit re de la libert Lorsque l effort intellectuel se r sout la mise en uvre d une technique il ne peut y avoir formalisation d une conception litt raire ou artistique 35 Lettre d Alexandre DUMAS Perr e Le vicomte de Bragelone Robert Laffont quatri me de couverture La propri t litt raire et artistique PUF Que sais je 2008 9 Il ne faut pas que la production r sulte uniquement de contraintes impos es par la technique Dans les cr ations caract re utilitaire ou professionnel on doit distinguer ce qui rel ve de la technique de ce qui rel ve du choix du cr ateur seul ce dernier l ment est susceptible d tre prot g par le droit de la propri t litt raire et artistique On peut examiner ici l exemple des critures des avocats Elles sont contraintes de respec
92. t se retrouve dans celui de l art appliqu pour une poubelle de la vaisselle des maillots de bain des n62 sacs a main 54 Cour de cassation assembl e pl ni re 7 mars 1986 Cour de cassation 9 septembre 2003 N de pourvoi 02 87098 5 Cour d appel de Paris 17 septembre 2008 N RG 07 10382 57 Cour d appel de Bordeaux 9 novembre 2006 ct 0045 58 TGI de Paris 7 mars 2008 N RG 06 16858 Cour d appel de Lyon 26 mars 2009 N RG 08 04285 Cour d appel d Aix en Provence 21 f vrier 2008 N RG 06 13655 51 Cour d appel de N mes 17 janvier 2008 N RG 05 05270 Cour d appel de Versailles 24 mai 2007 N RG 06 01908 an Ainsi la jurisprudence a pos la condition d originalit comme barri re l entr e d objets dans le champ du droit d auteur Puis elle a apport des crit res tendant mettre en vidence la pr sence ou l absence d originalit des productions soumises son appr ciation crit res dont l laboration semble nettement influenc e par la nature des cr ations consid r es Cette nature influe de la m me fa on sur la preuve de l originalit on observe une pr somption d originalit pour des productions une exigence de preuve pour d autres Par ricochet la charge de la preuve est souvent d plac e vers le d fendeur qui se trouve investi de l obligation de d montrer l absence d originalit d l ments de l
93. tellectuelle Pierre Yves Gautier ainsi qu A Lucas et P Sirinelli si emploient tous les trois le mot affadissement le premier pour insister sur la d formation et l affadissement du droit d auteur les seconds pour constater l influence de Il affadissement du lien avec la personne du cr ateur par le recours des concepts comme celui d effort intellectuel sur le contenu du droit notamment le droit moral de l auteur On peut penser par exemple que retoucher une uvre utilitaire ne sera pas n cessairement consid r comme un manquement au devoir de respect titre de sondage qui voit v ritablement dans le remaniement d un indicateur de chemin de fer ou la mauvaise traduction du mode d emploi d une machine laver une atteinte l int grit de l uvre On ne peut rapprocher le crit re de l empreinte de la personnalit de l auteur pour une uvre de l esprit telle que le mode d emploi d une machine laver Si Alexandre Dumas avouait avoir t triste en pleurer apr s avoir achev l criture de Vingt ans apr s parce que dans son esprit une aventure se terminait le concepteur du mode d emploi de la machine Chambre commerciale 19 janvier 2010 N de pourvoi 08 15216 33 Les crit res qualitatifs pour la protection litt raire et artistique en droit fran ais in Revue internationale de droit compar 1994 Volume 46 num ro 2
94. ter le formalisme exprim l article R 411 1 du code de la justice administrative La chambre criminelle de la cour de cassation a confirm le 16 juin 200977 une d cision de la cour d appel d Aix en Provence refusant la caract risation d uvre une requ te en annulation de permis de construire Pour la cour d appel l acte se contentait d indiquer la nature de l acte administratif attaqu de rappeler les dispositions applicables de viser les textes de loi en vigueur et de reproduire des extraits d ouvrages juridiques La cour d appel reconnaissait en revanche que le document analyse les faits de l esp ce au regard des dispositions appropri es mais sans pour autant pr senter dans la forme comme dans le fond de caract re d originalit de nature r v ler la personnalit de l auteur Par cons quent un confr re de l avocat ayant produit la requ te pouvait parfaitement reproduire les critures en question pour son propre compte sans se rendre coupable de contrefa on Dans la solution ici consid r e la qualification d uvre de l esprit est refus e au titre du manque d originalit La banalit s analyse comme un manque d mancipation par rapport aux contraintes li es au formalisme de l article R 411 1 Il n en demeure pas moins que les travaux des avocats ne sont pas dans leur ensemble bannis a priori de la protection du droit d auteur Christop
95. tible d tre consid r e comme litt raire ou artistique Par cons quent qui doit prouver l originalit et comment Il convient ainsi de tenter dans une premi re partie de d finir l originalit dans le sens juridique du terme et d en cerner les enjeux puis dans une seconde partie d envisager les moyens et la charge de sa preuve 7 Les m tamorphoses de l uvre des mythologies aux mythes informatiques Recueil Dalloz 2010 p 776 KE L originalit n a pas t d finie par le l gislateur Elle a t pos e par les magistrats comme un l ment de caract risation de l uvre de Pesprit Cet l ment se distingue cependant largement de la notion d originalit telle que commun ment accept e en effet l originalit en droit doit tre caract ris e en faisant abstraction du m rite donc de la qualit de l uvre Apr s avoir compar l originalit juridique avec l originalit consid r e sous d autres aspects notamment sous langle du critique d art ou celui du sp cialiste on tudiera galement comment varie la notion en fonction des diff rents objets soumis l appr ciation des juges Original Qui para t ne d river de rien d ant rieur ne ressemble rien d autre est unique hors du commun Synonymes fantaisie hardiesse individualit nouveaut caract re personnalit ir E 5 BUS 8 Contraires banalit conformisme
96. tions de forme Encore faut il que la forme en soit originale Toute la jurisprudence sur le sujet est constante une cr ation formelle entre dans le champ de la propri t litt raire et artistique la condition qu elle soit originale notion non d finie par le l gislateur ni m me express ment nomm e notion qualitative subjective disent les auteurs de doctrine notamment Henri Desbois difficile cerner encore plus z6x d finir Mais cette notion est cependant la clef de vo te du droit d auteur tel point que Michel Vivant dans un article r cent en parle comme de la d finition d un objet partir de ses propri t s celle de l uvre partir de l originalit C est d sormais la caract ristique qui permet de d cider si oui ou non un objet est une uvre de l esprit et non pas l id e que l on se forge de ce qui appartient en g n ral au domaine de l art Il y a au moins deux raisons cela d une part ce n est pas l artiste ou au critique d art de dire le droit d autre part ce n est pas au juge de d cider ce qui rel ve de l art ou ce qui n en rel ve pas Au fur et mesure que sont entr s dans le champ du droit d auteur des objets de plus en plus h t roclites se sont s par es les notions d uvre de l esprit et d art Les uvres de l esprit originales telles qu entendues par le droit ne sont plus n cessairement des uvres litt rair
97. tre qu un film de Chaplin de l indiff rence aussi de la destination une chaise Louis XV re oit la m me protection que la poubelle du m tro C est pourquoi la liste de l article L 112 2 se contente d num rer des notions larges volutives permettant d viter l obsolescence de l instrument 1 Les termes uvres litt raires et artistiques comprennent toutes les productions du domaine litt raire scientifique et artistique quel qu en soit le mode ou la forme d expression telles que les livres brochures et autres crits les conf rences allocutions sermons et autres uvres de m me nature les uvres dramatiques ou dramatico musicales les uvres chor graphiques et les pantomimes les compositions musicales avec ou sans paroles les uvres cin matographiques auxquelles sont assimil es les uvres exprim es par un proc d analogue la cin matographie les uvres de dessin de peinture d architecture de sculpture de gravure de lithographie les uvres photographiques auxquelles sont assimil es les uvres exprim es par un proc d analogue la photographie les uvres des arts appliqu s les illustrations les cartes g ographiques les plans les croquis et ouvrages plastiques relatifs la g ographie la topographie l architecture et aux sciences m37 Le crit re de l originalit devient pr dominant lorsque l on s carte d une part des u
98. uement sans intervention cr atrice de l homme selon un d terminisme rigoureux La personnalit du photographe n entre en jeu que par le choix l orientation la p dagogie du ph nom ne si visible qu elle soit dans l uvre finale elle n y figure pas au m me titre que celle du peintre Tous les arts sont fond s sur la pr sence de l homme dans la seule photographie nous jouissons de son absence En photographie l acte de cr ation est op r avant la mat rialisation de cette cr ation Tout le travail est r alis comme pr paration un simple d clenchement Activer un d clencheur est un acte technique c est ce qui vient clore le travail artistique du photographe C est un geste quivalent celui du peintre qui vient poser sa signature sur la toile qu il a termin e Il y a pourtant des photographies que les experts peuvent attribuer leur auteur tant elles sont empreintes de la technique particuli re de l artiste et de la mise en sc ne du sujet Mais la technique ici ne s apparente pas la ma trise par le peintre de son pinceau celle du violoniste de son instrument ce sont des choix de cadrage de l heure du sujet de l environnement de l ouverture de la vitesse Chez l crivain le peintre le musicien on parle volontiers de virtuosit notion dans laquelle entre le savoir faire Chez le photographe on parle de choix 7 BAZIN Andr Qu est ce que le cin ma Ed
99. vre d termin e mentionn e ci dessus comme celles appartenant la s rie des Tarzan se caract rise en premier lieu par le personnage en cause fils d aristocrates britanniques lev dans la jungle par des singes et metteur le cas ch ant d un cri caract ristique et en second lieu par d autres personnages originaux et par une intrigue pr sentant des caract ristiques constantes que le film incrimin reproduit ces l ments en identifiant les personnages comme tant Tarzan Jane et Sheeta avec des attributs vestimentaires ad quats et les fait voluer dans un cadre apparemment quatorial avec encha nement des pisodes consacr s savoir une rencontre inopin e un enl vement par de pr sum s cannibales un retour la civilisation avec apprentissage des bonnes mani res et tous autres l ments d une imitation servile caract ristique d une reproduction manifeste La cour confirme le jugement du juge de r f r interdisant la distribution du film L abondance de d tails prouvant les similitudes entre les deux productions se retrouve en g n ral dans les d cisions qui tendent confirmer ou infirmer la contrefa on Ici l originalit de la premi re uvre d coule de la composition mais aussi de la construction des personnages On peut galement remarquer que la reprise d l ments de l uvre premi re est interdite si l auteur de l uvre seconde n a pas demand l autorisation de l
100. vres relevant du concept du Beau platonicien et d autre part de la notion d art telle qu exprim e au XIX me si cle par Hegel l art tenant le milieu entre le sensible imm diat et la pens e pure Les cat gories artistiques h g liennes sont la litt rature la peinture la sculpture l architecture la musique Dans cette acception de l art on consid re que les uvres s adressent la sensibilit et l intelligence du spectateur dans le but de communiquer des id es Ce que le CPI d nomme art appliqu entre plut t dans la cat gorie kantienne de l artisanat ce qui dans l esprit de Kant distingue l art de l artisanat c est que le premier a pour but de transmettre un discours tandis que le second fait appel au savoir faire de l artisan pour cr er une forme belle de laquelle cependant est absente la transmission intellectuelle Quant au logiciel la vocation de ce type de cr ation n est pas de transmettre des sentiments mais de permettre l utilisation de machines La question de l esth tique est absente des logiciels Autre cat gorie celle des objets non inclus dans l article L112 2 comme dans l affaire Pachot il s agit alors de d montrer d abord que l objet consid r peut tre une uvre de l esprit ensuite de prouver son originalit On examinera ici d abord le cas des uvres artistiques classiques 1 puis celui des objets relevant de l ar

La notion d`originalité et sa preuve en droit d`auteur Dominique

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