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Vermelle Répression imma - Archives de philosophie du droit

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1. Jamais dans l histoire la r pression n a t expos e un tel trouble C est vrai sa cible son domaine en passant par son r le et ses sujets 1 La cible de la r pression c est l infraction Cette derni re prend les traits de son mode de commission L infraction n est pas ais ment d tectable Elle peut n tre mat rialis e que par les instruments de transmission du message Elle est ph m re Elle peut ne pas laisser de trace Elle est plurilocalis e multilocalis e internationalis e Avec ces traits nouveaux l infraction est en mutation 2 Le r le de la r pression c est la mise en uvre de la punition des auteurs de d sordres par des autorit s l gitimes La r pression tatique peut ainsi subir une concurrence Tel est le cas lorsque le r seau est mis au service de la constatation et du recensement de certains types d infractions de l identification de leurs auteurs et du regroupement des victimes cr ation d un site Violation des r gles d urbanisme B con les Bruy res Agressions sexuelles dans le Loir et Cher ou Victimes des agents d affaires en mati re de cession de fonds de commerce dans la r gion PACA Documents t moignages attestations preuves d nonciations vrais ou faux sinc res ou fantaisistes peuvent s accumuler Cette confluence peut s av rer plus efficace qu une enqu te pr liminaire ou plus riche qu un dossier d instruc
2. Il se superpose ainsi l espace international en raison de l immat rialit des liaisons dont il est le lieu et le moyen C est dans cet espace que cohabitent l chelon mondial le droit l information le culte de la communication et la puissance l imagination Cet espace ne livre pas ses dimensions Mais il a ses acteurs ses techniques son langage ses bienfaits et ses d bordements Sa particularit est de se jouer des fronti res Il ignore les territoires Les tats ne peuvent pas individuellement et isol ment exer cer sur lui leur pleine souverainet D s lors l adaptation ne suffit pas Il faut s orienter vers une red finition B Red finition Red finition de la r pression Peut tre Mais plut t et avant tout d finition d un contr le de l immat riel dans lequel le r le de la r pression doit ou devra tre situ La r flexion passe au moins par trois voies emprunter successivement ou simultan ment p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 220 L IMMAT RIEL D abord un souhait la construction d un droit p nal appropri Ensuite sa condition la mobilisation des Etats L enjeu enfin la mise en uvre d une r plique efficace 1 La construction d un droit p nal appropri est n cessaire ou le deviendra Un droit p nal nouveau au sens de suppl mentaire On n ose pas ajouter l inflation du droit Mais une sp cialisation du dr
3. aise notamment dans cet espace informatique C est une nou velle mani re de poser la question de la comp tence l gislative Quelle juridiction devrait tre d sign e pour conna tre de la situation et la sanctionner On est sur le terrain de la comp tence judiciaire Et l on n gligera pour l imm diat les questions de nature et d ex cution de la sanction L installation de ce droit n est pas pour demain Ce qui est toutefois r confortant c est que dans cet espace o ne s exerce aucune souverainet ou bien o toutes s exer cent la mobilisation des tats n est pas exclure 2 La mobilisation des tats est souhaitable Elle n est pas inimaginable Le contr le des r seaux ne peut s tablir que par la coop ration internationale C est une certitude Mais c est aussi une vidence plate Quelle entraide Avec quels moyens Dans quels buts Et avec quelles chances de succ s De ce point de vue l exp rience du droit p nal international est la fois encoura geante et puisante L laboration certaine de ce droit ne se fait qu au prix d une r flexion incessante sur l int r t des tats maintenir leur souverainet Ne faut il pas craindre ici cette m me course en forme de saut d obstacles Peut tre pas ou peut tre moins La question des r seaux de communication et au premier plan de leur utilisation intempestive rappelle un peu en changeant les don n es l
4. Ni de quelques si cles m me si l on est tent de penser que les manipulations lectroniques sont une forme nouvelle de sorcellerie La r pression doit suivre les transformations les d couvertes les progr s Face ce ph nom ne nouveau la r pression doit donc se perfectionner ou se transformer Elle est ainsi confront e deux besoins adaptation A ou red finition B A Adaptation Cela semble difficile si l on observe que ces activit s d mat rialis es se manifestent dans un espace nouveau 1 L immat rialit m me ramen e la mesure du message transmis risque d puiser la r pression La r pression traite du pass L immat riel est dans le pr sent La r pression s occupe du local m me multiple m me extran is L immat riel est dans le global Le bouleversement a t soudain Il ne faut pas faire grief au droit p nal de ne pas y avoir t pr par Il a toujours march d un pas boiteux derri re les progr s techniques Le code p nal nouveau n a que quatre ans de vie Il fourmille d j d articles gigognes ren dus n cessaires par les technologies avanc es On a promu la communication sans trop se pr occuper de son encadrement Mais n est pas la premi re fois que la technique laisse pi tiner le droit Beaucoup de gamins naviguent sur la toile Combien de magistrats esp rent pouvoir rapidement apposer un scell lectronique sur leur proc dure ou avoir
5. espionnage L espionnage consiste s introduire et regarder clandestinement chez les autres On a pu dire fort justement que si tout le monde s entendait pour condamner l espionnage chacun avait int r t espionner chez les autres p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 L IMMAT RIEL ET LA R PRESSION 221 Les r seaux peuvent permettre d aller et quelquefois d entrer partout Une sorte migration num rique Et clandestine dans beaucoup de cas Est il permis de reprendre autrement la formule Tout le monde peut souffrir de cette migration donc chacun a int r t la signaler aux autres Il n est peut tre pas craindre ainsi que les souverainet s demeurent une pesanteur ralentissant ou entravant la mont e de la coop ration internationale Au contraire le besoin d internationalisation du contr le peut na tre du constat de cet effondrement impr visible et plus gravement imperceptible des souverainet s Si bien que dans le domaine des technologies nouvelles la r pression comprise comme la r action de l tat un d sordre peut toujours tenir sa place mais cette place risque d appara tre comme d risoire et d pass e Il faut revoir la fonction de la r pression au profit d une r plique efficace 3 La mise en uvre d une r plique efficace n est pas non plus une utopie En toute hypoth se il faut r viser la notion de r pression c est dire le traiteme
6. l immat riel transfigurera t il la r pression Mais de quel immat riel s agit il Nous traitons de r pression donc d infraction D embl e l immat riel se pose par rapport aux caract ristiques de l infraction comme un ailleurs On souligne on respecte on v n re l l ment mat riel de l infraction premi re vue l immat riel c est de l extra infractionnel presque de l anti r pression Encore faut il qu il s agisse d immat riel pur la pens e les songes l opinion les convictions les sentiments Immat riel parce qu exclusivement psychologique tota lement intellectuel uniquement moral Autre chose est la situation simplement d mat rialis e partiellement immat rielle c est dire mat rialis e un point ou un autre Dans ce cas l obstacle au jeu de la r pression peut tre franchi L ordre p nal ne renonce pas s emparer de l immat riel d s lors que la situation dont il n est qu un l ment conna t par ailleurs une manifestation mat rielle quelconque parole crit image geste signe C est de l immat riel diver sement mat rialis p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 214 L IMMAT RIEL C est bien de cet immat riel relatif dont il est question avec les r seaux lectro niques une activit techniquement d mat rialis e Les r seaux le r seau le r seau des r seaux L Internet notamment principalemen
7. le bilan reste maigre On se rassurera en tant convaincu que l immat riel aura n cessairement renouvel la fa on de r fl chir au d veloppement du principe d universalisme m me si ce principe ne devait s appliquer par la force des choses qu aux valeurs partag es par le plus grand nombre Il ne faut se faire trop d illusion sur le d couragement de la publicit sur les armes aux USA ou sur la promotion de l galit de la femme en Afghanistan On ne p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 L IMMAT RIEL ET LA R PRESSION 223 pourra uvrer qu en se r f rant aux atteintes les plus insupportables S en suivra la d termination conventionnelle de ces interdits l installation des sanctions la comp tence universelle du juge et l autorit internationale de l uvre r pressive ainsi accomplie Il faut conclure On ne peut pas aller contre l immat riel Ce n est ni totalement un bienfait pour l humanit ni fondamentalement une horreur technologique C est un fait Un instru ment nouveau Il faut m me renoncer le soumettre une surveillance totale On a dit propos d Internet Autant vouloir s attaquer toutes les fourmis de la for t amazo nienne Et puis si les voleurs empruntent les r seaux les gendarmes peuvent aussi le faire L interactivit peut d ailleurs conf rer ce monde informatique une vertu inatten due L homme est fich Mais le ficheur pe
8. par la norme p nale 2 Le rattachement du d sordre de son c t est g ographique et personnel L infraction a t commise en tel s lieu x o elle est localis e Elle est reproch e telle s personnes s qui elle est imputable a La localisation de l infraction fait bien entendu intervenir le territoire La loi p nale fran aise s applique naturellement aux infractions commises totalement ou partiellement sur le territoire de la R publique Elle peut aussi de sa propre autorit ou en vertu d une convention s tendre des faits commis hors de ses fronti res Il s agit en particulier des atteintes aux int r ts fondamentaux de la Nation des cas o l auteur ou la victime a la nationalit fran aise et cela par le jeu d un syst me de comp tence personnelle r elle ou universelle b De son c t l imputation de l activit une personne peut tre labor e L infraction doit tre imput e son auteur Mais une autre personne identifi e peut plus ou moins exceptionnellement tre inqui t e raison de son intervention subjective ou objective dans la situation Le provocateur est punissable et il existe des r gles sp ciales de responsabilit en mati re de presse Et puis s il faut citer de ce point de vue une cons cration irrempla able de l immat riel comment ne pas souligner la reconnais sance de la responsabilit p nale des personnes morales De ce point d
9. quelque chance de pourchasser les cr a teurs en quelques heures de dix soci t s d fiscalis es du c t des les Ca mans Mais au vrai il n y a pas de vide juridique Les ressources du droit p nal sont im menses Il existe la palette des infractions g n rales Certains textes sont plus ou moins sp cifiques la mati re atteintes aux syst mes de traitement informatis de donn es p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 L IMMAT RIEL ET LA R PRESSION 219 dispositions relatives aux t l communications interceptions de communications t l communiqu es etc Le code p nal dans sa lettre nouvelle a pris soin de g n raliser la description des proc d s de commission de l infraction le fait par tout moyen de quelque mani re que ce soit quel qu en soit le mode Les conventions internationales se multiplient L arsenal de fond est complet Mais cette protection est paralys e Elle achoppe en effet sur le redoutable constat de l infraction l identification fuyante des auteurs l imputation des actes et l extra territorialit de l activit Car le probl me n est ni neuf ni insoluble si tous les actes sont commis en France Ce n est en grande partie qu une question de perspicacit polici re pour la constatation des faits et l identification des personnes C est aussi un probl me qualification des activit s consid r es Il faut
10. L immat riel et la r pression Georges VERMELLE Professeur l Universit de Tours R SUM Le terme immat riel laisse traditionnellement indiff rente la r pression Le droit p nal consid re fondamentalement l infraction sous l angle de son l ment mat riel Toutefois les activit s partiellement d mat rialis es surtout si elles se d veloppent dans l ordre international sont de nature poser ce droit de nouvelles questions Tel est le cas des r seaux modernes de communication notamment d Internet De ce point de vue repenser le droit p nal n est peut tre pas n cessaire Mais penser la mani re de remplir la mission laquelle il n tait pas pr par para t in luctable Le th me provoque la r flexion L immat riel et la r pression se sont rencontr s la mani re d un filet de p che et d un volatile mutant Si le filet repr sente la r pression le volatile rappelle l immat riel Ce dernier tait oiseau au dessus du filet Il est devenu poisson mais volant sautant au dessus du filet Il se transformera peut tre en oiseau nageant Faudra t il alors revoir les mailles du filet Ou le filet lui m me La m taphore est une pr sentation p nale du sujet Une pr sentation pass e pr sente et venir Hier pour ne pas dire avant hier version bis culaire l immat riel survolait la r pression Aujourd hui l immat riel nargue la r pression Demain
11. e illicite est transmis re u compl t retourn retransmis Le r seau banalise et multilat ralise le ph nom ne de diffusion De m me tout progr s toute nouveaut toute interdiction d entrer provoque une curiosit une tentation La conscience de commettre une infraction ou de la tenter est diffuse Qui r sisterait au plaisir de p n trer impun ment dans les services du Pentagone du Kremlin ou de la Banque de France en demeurant anonyme chez soi avec un ordina teur un modem et un Minitel La criminalit devient un jeu Elle confine au r ve Elle deviendrait presque belle Tout comme la condition de la victime Elle peut ne plus tre cette victime celle qui subit le dommage mais celle qui le recherche Du moins qui brave l interdit pour le plaisir d entrer dans le myst re Elle peut devenir ainsi auteur sans l avoir vraiment voulu Parce qu elle a imprim un document illicite et qu elle devient coupable par d tention Parce que le r seau permet d enfreindre les normes pour voir pour rire pour rien C est un peu pour ces raisons que l auteur d une atteinte dans l ordre informatique loin d tre r prouv peut tre encens Le pirate est sans d semparer institu vigile puisque la s curit ne peut tre en d sespoir de cause assur e que par la connaissance et la pratique des techniques d intrusions L exp rience de l illicite fait du pirate un cham pion de l inviolabili
12. e vue d ailleurs le besoin de repenser le droit p nal ne s est pas fait sentir L innovation tait en germe depuis des dizaines d ann es Il a suffi d inventer un article g n ral et de mettre en uvre un principe de sp cialit p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 216 L IMMAT RIEL De la sorte les rep res de la r pression peuvent tre dilat s Le droit p nal peut s accommoder d une modification de chacun de ces trois points La mat rialit On peut punir la publicit subliminale ou l gif rer sur les sectes et peut tre imaginer cet gard un d lit de conditionnement excessif de la pens e d autrui Localisation On sait r primer la p dophilie d un Fran ais en Tha lande ou s emparer des auteurs d un complot ourdi contre la France par des Tch tch nes en Albanie Imputation L infraction de stationnement interdit peut tre reproch e au titulaire du certificat d immatriculation de l automobile et la provocation la discrimination raciale au Parti des Ordres Nouveaux C est lorsque ces trois rep res sont contourn s simultan ment que la r pression vacille Tel peut tre le cas avec une multiliaison lectronique et transfronti res et en cela marqu e d immat riel La situation est largement d mat rialis e imparfaitement localis e et difficilement imputable Il en faudrait moins pour brouiller la vision de la r pression B Brouiller sa vision
13. faire se peut se doter d une rallonge politico scientifique Quitte faire le froid constat que Beaumarchais avait confi son th tre en crivant Il faut souffrir ce qu on ne peut emp cher ce qui pour la r pression signi fie peut on interdire ce qu on ne peut viter Facult de droit d conomie et des sciences sociales de Tours 50 avenue Jean Portalis BP 0607 37206 Tours CEDEX 2 p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999
14. i permettent d appr hender un d sordre Celui ci est saisi dans sa consistance et par son rattachement 1 Sa consistance se r sume dans la mat rialit du fait Bien entendu une situation partiellement d mat rialis e peut tomber sous le coup la r pression Il en va ainsi parce que telle est la volont de la loi l nergie lectrique peut tre frauduleusement soustraite le recel est tabli par simple entremise et l omis sion de porter secours r sulte du d faut d attitude mat rielle d assistance Dans d autres hypoth ses les limites de l infraction sont trac es par le juge dans l escroquerie la remise peut tre effectu e par imputation l abus de confiance n exclut pas la d tention scripturale et l on a cherch faire juger qu une information pourrait tre soustraite ou recel e ind pendamment de son support La r pression ne baisse donc pas les bras devant l incorporel Et si les dispositions g n rales ne suffisent pas certaines manipulations sont p nalis es au coup par coup lorsque les besoins s en font sentir On cr e un d lit d initi on l gif re sur la fraude informatique on peut multiplier les infractions contre la propri t intellectuelle La partie incorporelle d une situation peut donc ne pas chap per l incrimination Au total l immat riel n est pas absent du monde de l illicite Il peut tre variable ment pr sent dans les op rations traqu es
15. ier sondage d opinion dont la publication est interdite en France peut tre consult quel ques secondes avant de se rendre ou non aux urnes p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 218 L IMMAT RIEL Au total l affiche est singuli rement charg e Mais il faut nuancer Il est vrai que la vue du p naliste est toujours n cessairement noire On nous dit que le volume des infractions n est pas alarmant Et puis la gravit des activit s doit tre souvent rame n e une juste proportion une entr e dans un syst me informatique peut se r v ler irr m diable elle peut tout aussi bien tre triviale Beaucoup d effractions restent can tonn es au rang de canulars de potache Peu sont le fait de visiteurs accomplis int ress s et organis s Il reste que les r seaux ont ouvert au regard de l illicite une potentialit inattendue et inqui tante De la d linquance ludique la criminalit professionnelle D une offre perversion l attaque d une monnaie Alors m me fortifi e d un code p nal qui s est affirm comme celui du troisi me mill naire la r pression peut tre d boussol e Dans ces conditions on est en droit de se demander si elle peut s occuper de l immat riel Et surtout comment II COMMENT LA R PRESSION PEUT S OCCUPER DE L IMMAT RIEL Contrairement au droit civil le droit p nal ne vit pas avec des concepts vieux plus de deux mille ans
16. ies les plus avanc es sont des r volutions qui comme les autres ont toujours besoin apr s de juristes pour r gler coup s r un autre ordre C est en ce sens qu il faut prendre l expression cole Ce n est plus la question de savoir si le criminel a droit ou non son ch timent C est d imaginer comment penser les nouveaux fondements d un droit que la technique a d sorient de discipliner ce que l on a appel un village plan taire un village qui risque de ne pas avoir aujour d hui de garde champ tre c est dire de lois et de juge Les bases de cette cole sont en attendant d tre coordonn es d j perceptibles On voit se dessiner ce mouvement dans toutes ses directions Dans sa branche scientifique par la d termination des proc d s techniques de protec tion de d tection d identification de rep rage de filtrage et un jour peut tre contre attaque ou de neutralisation Dans sa branche d ontologique on parie sur l autor gulation associant les acteurs sur le r seau r gles usages discipline respecter et de son c t le succ s d une thique d j pratiqu e n est pas carter Dans sa branche politique l heure est au temps au niveau europ en am ricano europ en et au del des r flexions communes des r solutions des directives des chartes des programmes d action etc Dans sa branche juridique des initiatives sont prises mais
17. n place le brace let lectronique Mais quand m me Ces op rations t l matiques ces r seaux d information ne pren nent vie corps pourrait on dire que dans le mat riel Du mat riel qui co te d ailleurs plus ou moins cher La particularit de la situation vient de ce que c est au moyen de ce mat riel qu un message est transmis L immat rialit est l Elle est entre deux points mat rialis s l ancienne On met et on re oit avec des outils Dans cette vue il s agit d un immat riel tr s relatif et la r pression a vocation s y appliquer Sauf dire que cet immat riel n est pas que cela Il est aussi et surtout mon dialis globalis Le Minitel c t appara t comme un s maphore Il y a de quoi alors d sar onner la r pression Faut il pour autant que la r pression ne s occupe pas de cet immat riel Mais comment Tels seront les deux axes de cette intervention Comment l immat riel peut surprendre la r pression 1 Comment la r pression peut s occuper de l immat riel I I COMMENT L IMMAT RIEL PEUT SURPRENDRE LA R PRESSION La r pression a ses rep res Cet immat riel peut les contourner A La r pression a sa vision Cet immat riel peut la brouiller B p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 L IMMAT RIEL ET LA R PRESSION 215 A Contourner ses rep res La r pression conna t deux rep res g n ralement s rs qu
18. nt tatique du couple infraction r action L infraction Elle perd sa consistance mat rielle Elle n est pas pr cis ment locali s e Son imputation n est pas toujours possible Le domaine qu elle conna t est dilu Elle est partout Elle est quoi On pourrait dire Elle est tout simplement Un peu comme une uvre d art virtuelle Cette uvre personne ne pourra jamais la toucher la palper l enfermer On ne pourra en profiter qu au prix tous les sens du terme de la connexion L infraction c est un peu la m me chose On la commet on la subit par l effet de la connexion Elle n existe que gr ce ou cause de cette liaison D s lors si l on ne peut plus la saisir la caract riser la retenir comme telle si l on ne peut que la consta ter il faut s en prot ger Ce qui d place le probl me vers le concept de r action R action Action apr s Le sens et l int r t de la r pression sont r duits Elle risque de frapper Mais dans le vide C est trop tard ou c t On ne peut pas bien s r limi ner la r pression On ne peut pas non plus lui faire enti rement cr dit L urgence est ailleurs Elle est la protection Un dispositif a priori Une protection mais l chelle l invention mondialis e Une d fense mondiale est n cessaire comme il existe une d fense nationale D ailleurs le processus est d j engag D fense parce que la r pression es
19. oit p nal au milieu lectronique n y suffira pas Car ce n est pas simplement l existence d infractions sp cifiques qui pose la r pres sion des probl mes nouveaux C est la dimension inattendue que donne le ph nom ne informatique toutes les situations et notamment aux activit s illicites ou suscep tibles de le devenir Le cadre international lui m me est d bord Il faut imaginer un droit p nal pour l espace informatique Ou un droit p nal de l espace informatique Peut tre Alors il faut en d gager ses fondements avec au premier plan les valeurs qu il doit d fendre la base l ordre public Chaque soci t nationale et internationale a son ordre public La soci t informatique a t elle le sien S il faut entendre par ordre public l ensemble des r gles imp ratives qui assurent l existence et le maintien des conditions d une communication organis e par r seaux c est une p tition de principe Elles sont d couvrir Mieux vaut dire alors d termination des r gles imp ratives qui doivent gouverner cette communication Mais il faut alors revenir vers les tats et mesurer l ordre public transcendant le droit national c est dire constater les limites l ordre public international et faire l inventaire du faible contenu d un ordre public universel Il n y a pas que le fondement Il y a aussi le syst me Quel serait le domaine d appli cation de la loi fran
20. pr ciser la situation p nale de chacun celle du fournisseur de services d information le cr ateur du site celle du fournisseur d acc s simple prestataire technique qui sauf connaissance de sa part ne saurait tre inqui t d s lors qu il offre simplement des moyens de mise en ligne celle du fournisseur d h bergement qui peut contr ler l ensemble des informations diffus es par son interm diaire celle de l utilisateur En fait on retrouvera grosso modo les notions d imprimeur de distributeur et d afficheur fix es par la vieille loi modifi e sur la presse On pourra poursuivre les diffuseurs de messages r pr hensibles et fermer un site comme on ferme un tablissement Mais avec le risque toutefois qu il renaisse imm diatement en plusieurs sites miroirs l tranger C est d j voquer l impuissance des moyens r pressifs La situation est en effet moins limpide lorsque des l ments d extran it entrent en jeu La chasse aux situations transfronti res peut devenir un singulier parcours du com battant et l imputation des actes un v ritable casse t te Le probl me vient de ce que ces situations ne se d veloppent pas dans un espace habituel ni m me dans un espace trans form ou largi mais dans un espace nouveau 2 Cet espace nouveau c est l espace informatique Il vient s ajouter aux autres l espace territorial l espace maritime l espace a rien
21. rer dans le syst me de d fense strat gique d un pays consid r comme ennemi c est tous comptes faits lui envoyer un missile virtuel Restons sur un ton plus civil Mais aussi sur le mot d fense Le terme n est pas sans rappeler toutes proportions gard es les id es qui ont r gn chez des auteurs il y a relativement peu de temps avec l espoir de bousculer les conceptions traditionnelles de la justice p nale D fense D fense sociale D fense sociale nouvelle cole de D fense Sociale Deux mots sont extraire de ces doctrines D fense et cole Il faut y ajouter mondiale cole d une D fense Mondiale Il est vrai s agissant de cette d fense autant du d linquant que de la soci t que l on a beaucoup dissert sur cette justice en blouses blanches qui d tr nerait les juges en robes rouges Elle avait ses partisans Elle connaissait aussi ses d tracteurs Peut on toutefois avancer l id e qu une r flexion initiale partag e entre les gouvernants et les scientifiques puisse tre le premier pas d un ordonnancement plus g n ral La loi et le juge s effa ant devant les grands de ce monde et les petits g nies de l informatique C est presque de la provocation Et pourtant souhaiter cette r flexion ce n est pas vendre le droit vil prix ni l inviter se d fausser sur d autres comp tences D ailleurs les plus profondes transformations en mati re de technolog
22. t 4 Le domaine de la r pression enfin est surprenant Les infractions susceptibles d tre commises par la voie des r seaux sont extraordinairement vari es Il faut citer bien entendu les infractions contre les syst mes informatiques et les banques de donn es atteintes aux secrets de tous ordres m me d tat cambriolages destruction imm diate ou diff r e des l ments d un patrimoine informationnel etc mais aussi les infractions commises simplement au moyen de ces r seaux trafics toute esp ce glorifications r pr hensibles entra nements immoraux prox n tisme messages illicites susceptibles d tre vus ou per us par un mineur diffusion interdite des moyens de se donner la mort usage frauduleux d instruments bancaires trucages trompeurs contrefa ons violation de correspondances diffamation atteintes la vie priv e cession illicite d organes humains vente de m dicaments retir s p rim s ou sans mode d emploi blanchiment d argent par le truchement de circuits financiers etc Ce ne sont que des chantillons La liste est compl ter Il faut aussi rappeler qu un d sordre censur solennellement par une d cision natio nale peut rena tre imm diatement pour la satisfaction d un public mondial Tel livre interdit par un juge national est imm diatement remis la disposition d un public mondial au prix de la communication t l phonique locale De m me le tout dern
23. t Internet qui donne cette r flexion sa plus grande port e Comment traiter en effet de la r pression et de l immat riel avec comme point d aboutissement la question de savoir s il faut repenser le droit p nal sans consacrer la plus grande partie de son propos aux r seaux de communication et par ticuli rement au plus troublant d entre eux Il faut le souligner d embl e L invention est extraordinaire Satur ou non mais pour combien de temps promis un grand destin ou objet d une vogue passag re subsistant comme Internet ou concurrenc par Intranet le r seau est une technique mer veilleuse presque magique Tout a t dit encyclop die mondiale biblioth que universelle communication plan taire march international forum terrestre les mots ne manquent pas Un miracle pour tous Une aubaine pour certains les marginaux les d viants les d linquants les petits les grands et les autres Le monde h las de la r pression On peut tre rassurant Le ph nom ne est marginal Mais n anmoins pourquoi les malfaiteurs se g neraient ils Ce qui peut faire le plus beau peut produire le tr s laid L individu le plus mal ins pir y trouve m me des garanties inesp r es l anonymat l immobilit le public les victimes et quelquefois l absence de traces Les vertus de l lectron n ont pas de pro pri taire La r pression elle m me ne s y trompe pas puisqu elle met e
24. t largement d sarm e On devrait plut t dire qu elle a gard ses armes mais qu elles ont t d militaris es C est dans ces conditions la r pression elle m me qui pourrait devenir virtuelle C est pourquoi les victimes poten tielles grandes entreprises et tats notamment ont d j par au plus press Face l exploitation de la puissance de l informatique et l utilisation des r seaux des dispositifs ont t install s Il existe ainsi des moteurs de recherche plus ou moins labor s des codes d acc s de plus en plus imp n trables des installations de protection sophistiqu es murs coupe feu par exemple et dans les cas les plus dangereux il reste en attendant mieux la solution de d brancher Contre quels dommages Quels risques Les illustrations sont simples pira tages bombes dites logiques intrusions usurpations manipulations etc Les lois suivent le mouvement Des dispositions sont prises sur le chiffrement r glementation du cryptage ou sur l obligation de proposer un syst me de contr le p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 222 L IMMAT RIEL d acc s invitation au filtrage Le langage est presque celui de l arm e Il ne faut pas s en tonner s agissant de l Internet popularis par les tudiants mais invent par les militaires D ailleurs c est une sorte de guerre que l on peut se livrer dans cet espace informatique P n t
25. tion Une cyberpolice mais priv e Ni auxiliaire ni adversaire de l officielle Une rivale possible Il n est certaine ment pas craindre une nouvelle apparition d un Parquet au petit pied Tout juste des vocations de sh rifs l toile num rique Le r seau permettrait un retour inattendu de la justice priv e ou encore plus gravement mais au mauvais sens du terme populaire Concurrence aussi lorsque tel proc s retentissant m diatique devient multim dia tique Le soir m me de l audience un public mondial peut vivre gr ce au script de la journ e et des acteurs pr tant leur voix aux protagonistes du proc s la totalit des d bats en l ger diff r Hypertrophie excroissance surdimension possible du principe publicit de la justice Les portes peuvent s ouvrir d une cyberjustice d bouchant sur une p 213 223 G VERMELLE Arch phil droit 43 1999 L IMMAT RIEL ET LA R PRESSION 217 cybersentence doublant la d cision des autorit s qualifi es sondage portant sur le point de savoir s il faut ou non ex cuter une condamn e mort au Texas Le r seau peut d fier ou tromper m me au sens d infid lit la r pression Le lynchage est r el m me s il est virtuel 3 Les sujets de la r pression se reconnaissent et se distinguent en auteurs et victimes Mais les cat gories peuvent ne plus tre claires Ce n est pas surprenant dans un syst me d interactivit Un messag
26. ut tre d busqu Et fich son tour C est jeter les bases d une sorte de consensus d un autre type dans une nouvelle transparence Faut il alors repenser le droit p nal Le laisser en l tat c est le poser comme un droit quasi virtuel pour les activit s partiellement immat rielles et totalement mondiali s es On peut le r nover Mais quelle serait aujourd hui et demain l efficacit d une rubrique nouvelle dans le code p nal Des crimes et d lits en mati re d activit s d mat rialis es Le droit p nal ne doit pas naviguer entre le symbole et l abdication Le droit p nal est certainement condamn ne jouer temporairement qu un r le r siduel En attendant de mieux s installer dans un nouvel univers qui lui laissera sa v ritable place Sauf r veiller la proc dure p nale qui de mani re moins visible mais certainement distributrice de plus de pr rogatives pourrait pallier les carences de fond La police a besoin pour ses missions de rapidit de s curit et d efficacit Consulter en flagrant d lit et Paris l cran ou la m moire de l ordinateur d un suspect connect Miami pour une demande de ran on ne doit pas tre consid r du point de vue am ri cain comme un acte nul car constituant une violation de domicile Pour l heure avant d tre un droit p nal de l informatique ou d ploy dans l espace informatique la r pression doit autant que

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