Effets de la numérisation et de la mise en réseau sur le concept de
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1. aux sens de l tre humain dont le cerveau se chargeait d effectuer le d codage nul besoin en effet de machine de d codage entre la toile ou le livre et l il L objet ne n cessitait pas de conversion d actualisation particuli re pour se donner lire il tait manifeste in praesentia Il suffisait au lecteur de poss der le code de lecture D sormais se superposent de multiples couches de codage que l utilisateur ne contr le plus dont l acc s lui est m me interdit et qui occultent la pr sence physique du document pour chaque lecture il faut lui r tablir une manifestation concr te qui rappelons le tait au c ur du niveau 0 du processus cf formule 1 De nombreux d codages inverses sont n cessaires pour traduire nouveau les donn es en sollicitation perceptuelle accessible l entendement humain via la lecture Cette op ration est appel e affichage mot qu il faut entendre ici au sens large puisqu il s agit aussi bien d afficher un son ou bient t une odeur 4 3 D composition en trois niveaux Mieux comprendre la s paration propre au num rique de l enregistrement p renne sous forme de donn es et d une actualisation n cessairement volatile sous forme d affichage n cessite approfondissement 4 3 1 Profondeurs de repr sentation le document comme structure trois niveaux Emmanu l Souchier 27 par le biais de l nonciation ditoriale pose les premiers j2. on agr e l assertion suivant laquelle tout est signe ou tout fait sens D o la propension actuelle minemment discutable mais rarement discut e conserver religieusement n importe quoi tout et le reste 4 EFFETS DU PASSAGE AU NUMERIQUE L analyse th orique men e jusqu ici valait pour toute nature de document et ne d pendait pas du support ni de la mat rialit physique des donn es m me si quelques exemples illustratifs ont voqu certaines r alit s concr tes Il convient dor navant d examiner les sp cificit s du document num rique et notamment les nouveaut s ou les changements que draine avec elle la num risation 4 1 Primat de l vocation C est bien avant l re num rique qu apparut dans l histoire du livre la notion de repr sentation imm diatement reconnaissable par la structure de son contenu malgr la perte totale de la r alit mat rielle d origine la disjonction impossible selon Cocteau entre forme et fond Gr ce la photographie les livres d art pr sentent des reproductions sur support papier de photographies qui sont elles m mes des captures visuelles d une autre r alit savoir un tableau fait de mati re picturale support de toile de bois ou de carton et pigments color s ins r s dans une huile dans une eau ou dans un crayon de graphite Incontestablement le document y a chang de nature 20 103 Par le biais du codage num rique des origin
3. pr sent ne dit pas si ce que je vais obtenir est e les deux fragments correspondants extraits de la partition au format num rique e une copie num rique scann e du manuscrit autographe de la main de Wagner e une audition d un enregistrement sonore de ces deux extraits par le philharmonique de Berlin sous la baguette de Karajan e un visionnage de la c l bre version Boulez Ch reau Bayreuth e ou tout cela superpos via le multifen trage Toutes ces solutions et d autres encore sont galement possibles Elles rel vent d un choix de sc nique Il est donc important de noter qu un m me document abstrait peut supporter plusieurs sc niques et une infinit de sc nations Sous une autre forme ceci revient dire que la sc nation et la sc nique peuvent varier l infini sans que cela ne change le document texte lui m me au m me titre qu une nouvelle mise en sc ne ne change pas le Hamlet de Shakespeare elle n en change que l instanciation visuelle et sonore dans le cas d un document lin aire l instanciation temporelle est invariable car la sc nation s quentielle est la seule possible 134 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document Cependant en num rique les fragments existaient au moins potentiellement dans la m moire de la machine ce n est que leur actualisation sur l cran et la forme qu elle prend qui se construit dans l ici et maint
4. Encyclop die de la Pl iade sous la direction de Jean Piaget p 478 cit dans 29 page 31 Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 137 documents clos un site Web par exemple est transform en fragments s cables et s lectionnables l envi 2 ils ne sont plus born s dans le sens o la quantit de donn es disponibles sur le r seau en perp tuelle croissance ne semble souffrir aucune limite formelle Elle peut donc tre consid r e comme infinie par passage la limite 3 ils ne sont plus statiques puisque appel s voluer dans le temps sans jamais converger vers un tat limite stable Il r sulte de cette analyse que les m taphores g o spatiales que sous tend le vocabulaire de la navigation m taphores fond es sur une vision g om trique du Web gagnent tre remplac es par une perception topologique de l espace r ticulaire L espace Web tout entier est alors l espace m trique de r f rence L introduction d une d finition de distance entre fragments est productive d interpr tations nouvelles N tant ni ferm ni born le fragment n y est plus un sous espace compact mais un sous espace ouvert Une boule B X a de centre X est alors un sous espace de l espace r ticulaire dont les l ments sont une distance inf rieure la valeur seuil donn e a Les boules d finissent le voisinage de X ou la proximit des autres fragments
5. art de b tir Ces codes sont tablis par au moins un sp cialiste architecte urbaniste analyste ou historien de l art de b tir etc qui en rapporte les d crit et les consigne pour en rendre compte de fa on publique Il y a donc toujours pour ce type d objet aussi octroi d une l gitimit en tant que document par au moins un lecteur comme indiqu dans le paragraphe pr c dent et transmission du code un groupe social susceptible d en faire usage On pourra se reporter par exemple 2 pour se persuader que la construction romane est satur e en signes de toutes natures Dans ce cas il est d ailleurs int ressant de constater cette lecture que les signes aujourd hui document s de la construction romane ne sont pas obligatoirement ceux qui taient pr vus par leurs auteurs les constructeurs Le document tant l un des principaux vecteurs de la culture d une soci t donn e 22 20 tout objet porteur de signes sauvegard comme trace p renne et qui fait sens aupr s d au moins un lecteur qui l a l gitim en tant que tel est document Beaucoup d objets ont ainsi vocation se convertir en documents alors que ce n tait pas pr vu au d part si tant est que quelqu un en fasse la d marche et 130 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document prenne en compte toutes les questions de l gitimation aff rentes cf les co mus es par exemple d s lors que l
6. l interaction Une autre de ses plus grandes innovations r side dans la mise en r seau d une quantit in dite de ressources interconnect es celle ci vient galement renverser les rep res usuels de construction du sens 5 1 Le rapprochement comme figure essentielle du sens On peut voir le Web comme une immense base de donn es consignant tout ou presque de la connaissance humaine sous forme de traces cod es p rennes encapsul es dans des briques unitaires de donn es ins cables Pour r pondre de fa on pertinente aux attentes de l internaute il suffit alors de retrouver le fragment ad quat partant du pr suppos tacite qu il se trouve forc ment quelque part Cette approche constitue le socle sur lequel se sont d velopp s les outils d exploration tels que les moteurs de recherche N anmoins on peut d un autre c t consid rer le Web comme une formidable machine produire du sens nouveau Cette seconde approche tait d fendue par Jean Pierre Balpe d s les ann es 1990 conserver retrouver l information n est Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 135 pas suffisant Pour qu elle puisse tre utile il faut qu elle puisse tre exploit e c est dire trait e et rapproch e d autres de fa on produire de l information nouvelle Produire du sens n est pour l essentiel que rapprocher des informations disparates jamais rassembl es auparavant 4 Elle est la source des d velop
7. analyse formelle En deuxi me lieu le sens de l information i e l effet produit peut se traduire en termes de changement d tat interne tat de connaissance ou tat affectif sans r action imm diate apparente ou en termes d action effective perp tr e instantan ment en retour Enfin la signifiance doit tre comprise comme un vecteur plusieurs composantes Si les sciences cognitives mettent l accent depuis plusieurs ann es sur l effet rationnel ou intelligibilit qui se traduit en termes d apport de connaissances on ne peut tenir pour n gligeable l intelligence motionnelle dont la port e est affective ou sensible li e un v cu et des souvenirs personnels 128 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document Certains travaux commencent donner un cho particulier cette composante d terminante du sens 13 14 Antonio Damasio avance m me qu elle serait pr alable toute autre 11 12 C est dans cette mesure que le terme de sens est pr f r celui de signification plus strictement rationnel propos par Peirce De m me la signifiance fait de signifier dans un registre et ou dans un autre est pr f r e interpr tation la signification n est au final que l une des composantes du vecteur de signifiance 3 4 Octroi d une l gitimit en tant que document N anmoins ni la simple lecture ni la
8. de l image in Le monde de l image Hors s rie de la Revue Sciences Humaines d cembre 2003 janvier f vrier 2004 p 10 13 2003 LELEU MERVIEL S La sc nistique m thodologie pour la conception de documents en media multiples suivant une approche qualit Th se pour l habilitation diriger des recherches Universit de Paris 8 1996 LELEU MERVIEL S La conception en communication M thodologie qualit Paris Editions Herm s 1997 LELEU MERVIEL S VERCLYTTE L VIEVILLE N LABOUR M Que pourrait attendre l usager des documents virtuels personnalisables Une tentative 140 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document d approche terminologique DVP 2002 Documents Virtuels Personnalisables BREST FRANCE ENST Bretagne July 10 11 p 157 170 2002 20 LELEU MERVIEL S De la navigation la sc nation Un grand pas vers une dramaturgie du num rique Revue Les Cahiers du Num rique Num ro sp cial La navigation Vol 3 n 3 2002 p 97 120 Paris Editions Herm s 2002 21 MELESE J Approches syst miques des organisations Suresnes Editions Hommes et Techniques 1979 22 PEDAUQUE R T Document forme signe et m dium les re formulations du num rique Paris Working Paper 8 juillet 2003 Disponible sur internet l adresse suivante consult e le 20 02 04 http archivesic ccsd cnrs fr documents archives0 00 00 05 11 index_fr html 23
9. en essayant de conditionner leur adoption une am lioration de la qualit des services rendus l internaute Pour ce faire empruntons Patrick Vauday 29 30 son concept d espace imaginal et largissons le de l espace du tableau celui du Web je propose d appeler espace imaginal l espace commun interlope et plus ou moins diff renci qui fait communiquer le proche et le lointain la repr sentation et le m dium le r el de la peinture et ses figures Dans un tableau les diff rents l ments de la composition subissent des attractions ou des r pulsions complexes qui ne doivent rien la distance qui les s pare On parlera donc d un espace de contraction ou de dilatation dans lequel toute chose peut entrer en relation avec une autre L espace r el est topographique Patrick Vaudry entend par l que math matiquement parlant le proche et le lointain s y d terminent sur la base d une distance de type euclidien L espace imaginal est plut t topologique au sens o selon la d finition qu en donne le math maticien Andr Lichnerowicz la topologie tudie essentiellement la notion de voisinage des l ments d un ensemble con u ind pendamment de toute distance La citation d Andr Lichnerowicz telle qu elle est reprise par Patrick Vaudry est sans doute tronqu e ou mal interpr t e car la topologie d finit en r alit la notion de voisinage sur des espaces m triques c est dire p
10. Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 121 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document Sylvie Leleu Merviel Laboratoire des Sciences de la Communication Universit de Valenciennes et du Hainaut Cambr sis Le Mont Houy BP5 59313 Valenciennes CEDEX 9 sylvie merviel Quniv valenciennes fr R sum Dans une premi re partie ce papier tente de montrer que le document num rique est le r sultat d un processus complexe compos de 5 niveaux de processus embo t s de 0 4 Ils comportent la fois des dimensions s miotiques signes et sens des dimensions techniques enregistrements codages et transmissions de signaux et des dimensions m diatiques socialisation et diffusion Bien qu il soit d s lors impossible de s parer les diff rentes entr es la deuxi me partie examine plus particuli rement deux effets qu introduit le passage au num rique en termes d apparition de nouvelles composantes du sens Le premier r side dans la dynamique de transition entre couches de codes Le second consid re le Web comme un outil produire du sens par rapprochement de fragments disparates suivant une notion de proximit fond e sur une appr hension topologique de l espace documentaire Mots cl s Document hyperdocument sens signification repr sentation donn es information trace interactivit distance proximit voisinage boule Abstract The first section of
11. PEIRCE C S Ecrits sur le signe Paris Editions du Seuil 1978 24 PEREC G La Vie mode d emploi Paris Hachette 1978 25 PEREC G Cahier des charges de la Vie mode d emploi Paris CNRS Editions 1993 26 ROBERT P Le nouveau Petit Robert dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Paris Dictionnaires Le Robert texte remani et amplifi sous la direction de Josette REY DEBOVE et Alain REY en 1996 27 SOUCHIER E L image du texte Pour une th orie de l nonciation ditoriale in Les cahiers de m diologie num ro 6 Pourquoi des m diologues p 139 145 Paris Gallimard 1998 28 STIEGLER B Aimer s aimer nous aimer Du 11 septembre au 21 avril Paris Editions Galil e 2003 29 VAUDAY P La peinture et l image Y a t il une peinture sans image Nantes Editions Pleins Feux 2002 30 WEISSBERG J L D lin arisation du r cit dans les hyperfictions A propos de 18 39 in R seaux d information et non lin arit sous la direction de VIEIRA L PINEDE N W Bordeaux Actes de la journ e d tudes du groupe R seaux de la SFSIC Maison des Sciences de l Homme d Aquitaine Centre d Etudes des M dias 2001
12. ages recodages et transcodages aidant de nombreux signaux de types divers peuvent aujourd hui v hiculer un seul et m me document dont il convient alors de garantir l int grit au passage d une forme cod e une autre On aboutit ainsi une formule du type donn es conversions transmission codes de modulation compression signal Formule 3 Processus de niveau 2 conversion des donn es en signal 3 PROCESSUS DE PRODUCTION DE SENS Apr s avoir envisag l essence du document ind pendamment de son environnement et de son contexte il convient de se pencher d sormais sur son rapport l information 3 1 Le lecteur fait le document Le document est trace Mais toute trace n est pas document Les traces de pas de dinosaures dans l Arizona ne sont que marques grav es dans la pierre Elles le demeurent aussi longtemps qu au moins un tre humain ne les a pas interpr t es Des milliers d tres humains peuvent avoir vu ces marques auparavant sans que rien de fondamentalement mergent ne se soit produit sans que les traces n aient t transform es en documents Donc le document n cessite d avoir rencontr au moins un lecteur pour devenir tel En effet le document tant trace cod e un d codage est n cessaire c est ce d codage qui est d sign par le terme de lecture Le code tant parfois inconnu a priori il faut dans ce cas commencer par un d cryptage avant de p
13. alons en direction de l ind pendance du texte et du support Il propose de d finir comme texte second celui dont le signifiant n est pas constitu par les mots de la langue mais par la mat rialit du support et de l criture Le texte premier n est autre que le texte de l auteur proprement parler Il existerait 132 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document ainsi un Hamlet abstrait texte de Shakespeare proprement parler n cessitant une actualisation mat rielle effective sous forme de texte second t che correspondant peu ou prou au travail ditorial avant d tre perceptible un lecteur tendant la r flexion au domaine de l crit d cran Yves Jeanneret et Emmanu l Souchier 15 attribuent trois niveaux l crit informatique e La visualisation l cran qui est le niveau de surface celui de l actualisation effective du texte pour le lecteur e _ L architexte qui est le niveau programmatique central acteur interm diaire entre le haut niveau et le bas niveau Il correspond au niveau logique e Le code binaire qui est le niveau noyau le plus bas informatiquement celui du langage de la machine Il correspond au niveau des donn es Cette structuration en couches pose une question nouvelle o r side le vrai document quel niveau parmi les trois 4 3 2 Niveau abstrait le texte En s appuyant sur la d co
14. aux de toutes natures et de toutes esp ces sont uniform ment convertis en repr sentations sous forme de mots binaires Ils y perdent une grande part de leur int grit en tant qu objets mat riels lorsque les bits sont a contrario reconvertis en actualisation perceptible aux sens humains En effet les terminaux connect s l ordinateur ne sont pas encore m me de remplacer l odeur du livre neuf ou ancien le toucher de la luxueuse page paisse la luminosit des pigments travers s par la lumi re la vibration de la cage thoracique humaine recevant l onde sonore d un violoncelle physiquement pr sent dans la pi ce Un tel proc d nous fait dire aujourd hui devant un cran d ordinateur ceci c est une Cath drale de Reims de Monet alors que les pixels du moniteur additionnant trois composantes lumineuses respectivement rouge verte et bleue qui nous sont propos s n ont objectivement que peu voir avec le signal analogique que capte notre il lorsque nous observons la lumi re r fl chie par le tableau v ritable travers les pigments de sa mati re picturale m me en termes de correspondance colorim trique Reconnaissons n anmoins que ce travers est propre tout proc d de reproduction et que le respect colorim trique n est gu re plus satisfaisant sur une photo ou une reproduction dans un livre d art de cette m me Cath drale de Reims L vocation pr domine ici plus que l analogi
15. avec un fragment X On peut alors b tir des recouvrements de l espace r ticulaire tout entier partir de boules l int rieur desquelles les fragments ont une distance inf rieure une valeur donn e par rapport un fragment souche X Dans un espace tridimensionnel de points plusieurs distances peuvent tre d finies donnant lieu une couverture de l espace par des boules de formes diff rentes De la m me mani re on peut imaginer plusieurs distances entre fragments dans l espace r ticulaire La premi re serait une distance s mantique en cho aux th ories des formes s mantiques Mais on peut prendre en compte une distance modale pour caract riser les documents dont le contenu est principalement support par un m dium au d triment des autres documents sonores destination des malvoyants une distance stylistique lorsque le registre de langage est adapt une tranche d ge jeunesse ou un niveau d expertise donn une distance en termes de genre ou d horizon d attente fiction documentaire une distance dramaturgique lorsque les postures sociales respectives les personae sont prises en consid ration une distance rh torique une distance narrative et ainsi de suite Ainsi les effets de r sonance entre documents d finis par leur voisinage sont valu s suivant plusieurs axes que l on peut examiner ind pendamment ou combiner entre eux Cette approche fonde un
16. avoir la feuille de papier sa signifiance entretient un rapport troit avec la disposition des signes sur la page La trace s inscrit dans un espace qui contribue la formation du sens A un niveau sup rieur le livre est un assemblage structur de pages les unes avec les autres comme la biblioth que organise le rangement des livres les uns par rapport aux autres Or cette organisation fait galement sens C est en effet dans sa relation aux autres livres de la biblioth que que s appr cie la place du livre dans la production des savoirs et sa valeur patrimoniale Or cette relation n est pas du seul ressort du lecteur Elle est construite organis e par les biblioth ques L historien du livre Roger Chartier 8 a bien montr comment les t ches de recension de classement et d assignation des textes ont fa onn au cours des si cles un ordre des livres qui structure les connaissances 101 5 3 Le proche et le lointain dans l espace imaginal du Web Ainsi dans la biblioth que traditionnelle deux ouvrages qui sont proches g ographiquement le sont aussi par le contenu Le mode de classement de la biblioth que traditionnelle se traduit par une organisation topique Mais cette notion est sans consistance au niveau du village mondial num rique Il convient donc 136 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document sur le Web de red finir des crit res de proximit ou de voisinage
17. conque En effet toujours selon M l se 21 est information pour un tre vivant ou pour un automate tout signal qui apr s perception produit un effet sur son comportement ou sur son tat cognitif par exemple en modifiant la repr sentation mentale qu il se fait d un ph nom ne D s lors s impose la notion de sens telle que d finie par Atlan 3 le sens de l information s identifie l effet produit par la r ception du signal correspondant chez le destinataire Peirce 23 a d sign par s miose ce processus d mergence Une nouvelle formule appara t signal lecteur lecture sens Formule 4 Processus de niveau 3 conversion du signal en sens 3 3 Vecteur de signifiance Plusieurs remarques s imposent D une part il est clair que le sens r sulte d un processus dont la production finale se renouvelle chaque change ainsi le sens g n r n est jamais le m me m me si le document et le lecteur sont les m mes et quoique le processus soit invariant fortiori le sens est il minemment diff rent d un lecteur l autre Par ailleurs le sens g n r dans l instantan it de l change n est jamais ma trisable Unique il se construit dans et par l interaction Il appara t donc excessivement na f de penser que le document porte en lui m me son propre sens que le sens est contenu encod dans les donn es ou qu il peut en tre d duit par simple
18. e Ce que nous propose la machine n est pas plus qu un simulacre grossier un artefact tronqu des objets d origine Ceux ci y ont en revanche beaucoup gagn en possibilit s de diffusion et de Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 131 m diatisation C est notamment au motif d une plus grande accessibilit au patrimoine de l humanit ou plut t sa repr sentation son image qu Internet a pu se d velopper comme il l a fait Ceci conforte l ancrage initial du document en tant qu image 4 2 N cessit de reconstituer une trace perceptible via l affichage Si le document s est longtemps pr sent sous la forme d un objet mat riel l arriv e massive de la num risation a fait changer son apparence En effet sa nature n est pas devenue immat rielle ou virtuelle comme beaucoup se plaisent l affirmer la copie temporaire de son inscription en m moire sur un objet mat riel interm diaire comme la disquette ou le CD en t moigne mais la majeure partie de sa r alit concr te demeure souterraine dissimul e l usager au c ur inaccessible d une machine L usager y perd au passage son sentiment de ma trise sur les processus dans lesquels il est impliqu Car la signifiance est assujettie des m canismes et des proc d s techniques qui lui sont dissimul s dessein Par le pass l objet physique documentaire produisait par lui m me un signal directement adress
19. e autre fa on d envisager la personnalisation ou les crit res de s lection en r ponse une requ te dont l int r t majeur est d viter le profilage de l individu indispensable dans les documents virtuels personnalisables en lui substituant la notion de proximit topologique ou voisinage topologique des fragments partir d un fragment souche X qui convient l usager 138 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document 5 5 Bilan et perspectives Ce qui est propos dans ce dernier paragraphe ne pr tend pas d passer le stade de l esquisse d une id e Les d veloppements n cessaires sa validation sont faire Ils n cessiteraient sans doute la contribution de nombreuses comp tences pluridisciplinaires dont le RTP 33 pourrait tre le lieu Si l id e faisait dans l avenir la preuve de sa pertinence elle pourrait cependant permettre de d finir des m thodes et des outils nouveaux pour rapprocher les ressources entre elles l chelle plan taire et contribuer d velopper une fabuleuse machine produire du sens r pondant mieux aux demandes de signifiance des internautes 6 CONCLUSION S il est une chose qui para t encore bien n buleuse aujourd hui c est la fa on dont le num rique et notamment l interactivit qui lui est associ e va renouveler la s miose De m me que le cin ma a d but par le th tre film et n a trouv sa pr
20. enant de l interaction Celle ci est donc n cessairement volatile De plus elle change chaque fois Ainsi c est l affichage c est dire le choix des fragments actualiser l ordre et la structure de leur inscription temporelle et la conversion des donn es en messages sensoriels qu elle implique qui varie mais non le document lui m me tel qu il est m moris au niveau des donn es 4 4 Influence sur la signifiance Bien entendu il est totalement absurde de penser que les modifications de l affichage n influencent en rien la signifiance du document texte Ce serait aussi incongru que d affirmer que L anneau des Nibelungen dans la mise en sc ne de Ch reau ou dans une autre de Wieland Wagner c est la m me chose Ou que le Hamlet de Daniel Mesguich est strictement identique celui de Peter Brook La d composition permet de mettre en vidence des couches autonomes celle de la sc nation et celle de la sc nique qui participent de la signifiance propre au document num rique et sont cependant peu tudi es jusqu pr sent C est l un des th mes qui fait l objet de toute notre attention scientifique et le fera plus encore dans l avenir 5 PROPRIETES DE L ESPACE DOCUMENTAIRE RETICULAIRE Comme nous venons de le voir la num risation des documents introduit de nouvelles composantes du sens en particulier dans la dynamique de transition des couches profondes aux couches de surface propos es
21. er d image de soi d image de marque voire d images mentales Asseoir le concept de document par l image permet de mettre en exergue deux de ses caract ristiques essentielles e Il est vocation de quelque chose d autre et manifeste sous forme de trace l inscription de cette chose sur un support e Ce processus de repr sentation n cessite le recours un code 2 2 Le document comme trace cod e Le texte de Martine Joly 16 aide encore cerner le concept de trace les signes ont pour caract ristique l mentaire d tre la place de quelque chose d autre d tre un tenant lieu que ces signes soient des symboles math matiques physiques ou chimiques des cartes des dessins ou des diagrammes des embl mes ou des signaux des sympt mes etc On peut distinguer les signes intentionnels C est moi qui souligne 124 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document signe de vie signe d amiti des signes non intentionnels les nuages pour la pluie la p leur pour la fatigue le chat noir pour le mauvais sort On peut galement noter que certains signes sont per us comme tels tandis que d autres tels ceux du langage parl le sont moins facilement sont plus transparents Toutefois on remarque dans chacune de ces expressions la mise en place d une dialectique de la pr sence absence ou du manifeste latenf quelque chose est l in praesentia que je per ois un geste u
22. fin d examiner ce que leur apposition pouvait produire en termes d attentes ou fonctions nouvelles Ce texte commen ait ainsi par une exploration g n tique rapide des diverses acceptions que recouvre le terme document dans le langage contemporain partir de sa souche tymologique latine documentum et en suivant le fil des volutions historiques et ou techniques jusqu au num rique En guise de bilan cette esquisse d analyse fonctionnelle le tableau 1 ci dessous r capitule de fa on non exhaustive diff rentes cat gories associ es des types correspondant des fonctions diverses Notons toutefois que ces cat gories sont propos es comme des indices favorisant le rep rage et non comme des crit res ayant pour but d asseoir une classification tanche Elles sont non exclusives l une de l autre dans le sens o un m me document peut r pondre de plusieurs types en m me temps c est le cas notamment du documentaire de cr ation la fois outil et uvre ou des d rives actuelles de l info spectacle avis et uvre les deux ayant vocation tre en m me temps v hicules travers les circuits de diffusion t l visuels et les r seaux internationaux de distribution Types de documents Fonction Synonymes M moire Servir de renseignement clairer Archives annales documentation difier consigner m moriser Preuve Servir de t moignage attester de la Pi ces convic
23. ion du sens 3 5 Bilan sur ce qui serait document et ce qui ne le serait pas Au terme de ce tour d horizon chaque composant de la formule initiale a t explicit e Document Image p renne enregistrement d une trace cod e qui se donne lire pour faire sens aupr s d au moins un lecteur qui d s lors le l gitime pour tel Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 129 On peut observer tout d abord qu est disqualifi e ici la socialit comme condition d octroi du statut de document Ou plus exactement le groupe social qui l gitime le document peut se limiter un seul individu En revanche la sociabilit i e la potentialit devenir un objet social est essentielle En effet le propre du groupe social est sa mouvance R duit l extr me au d but de la vie du document il peut s toffer jusqu devenir plan taire C est le cas pour le livre qui n est d abord document que pour son auteur puis est lu par ses proches avant d tre plus largement socialis par un diteur qui en fera peut tre un best seller international De m me cette approche permet d int grer le document de travail dont l usage et m me le codage peuvent tre propres un individu unique Ainsi les listes gribouillages dessins et croquis des manuscrits pr paratoires de la Vie mode d emploi de Georges Perec 24 n taient documents signifiants que pour lui m me en tant que traces du processu
24. l communicationnel du livre de pierres et mod le cognitif d riv Th se de doctorat Universit de Valenciennes et du Hainaut Cambr sis 2002 CHARTIER R Le livre en r volutions Entretien avec Jean Lebrun Paris Editions du Seuil 1997 CHOMSKY N La linguistique cart sienne suivi de La nature formelle du langage Paris Editions du Seuil 1966 CLEMENT J La litt rature au risque du num rique Revue Document Num rique Num ro sp cial Nouvelles critures Vol 5 n 1 2 2001 Paris Editions Herm s 2001 DAMASIO A L erreur de Descartes La raison des motions Paris Editions Odile Jacob 1995 Original edition Descartes Error Emotion Reason and the Human Brain A Grosset Putnam Books 1994 DAMASIO A Spinoza avait raison Paris Editions Odile Jacob 2003 GOLEMAN D Emotional Intelligence a Theory of Performance in The Emotionally Intelligent Workplace How to Select for Measure and Improve Emotional Intelligence in Individuals Groups and Organizations eds Cary Cherniss amp Daniel Goleman Jossey Bass 2001 GOLEMAN D BOYATZIS R McKEE A L intelligence motionnelle au travail Editions Village Mondial Pearson Education France Paris 2002 Original edition Primal Leadership Boston Harvard Business School Press 2002 JEANNERET Y SOUCHIER E Pour une po tique de l crit d cran Xoana Images et Sciences Sociales n 6 7 1998 JOLY M Les trois dimensions
25. mposition en trois niveaux propos e ci dessus on peut avancer que apr s affichage le document est reconnaissable pour le lecteur en tant que structure labor e de donn es comportant un ensemble de sous parties elles m mes d composables jusqu au niveau de l unit l mentaire par exemple la lettre dans le code de l criture alphab tique En remontant aux fondements du document en tant qu image propos en ouverture de ce papier on d duit que cette composition organisationnelle n est reconnaissable en tant que telle que dans la mesure o elle peut tre tenue pour trace d une autre r alit connue quant elle En effet une Cath drale de Reims de nos crans informatiques n est rien de plus qu une matrice de vecteurs Rouge Vert Bleu dont l organisation des pixels en zones color es nous rappelle l arrangement color de l une des toiles de Monet intitul es Cath drale de Reims toutes les autres caract ristiques physiques des tableaux v ritables de cette s rie paisseur de l huile travail de la mati re picturale r flexion de la lumi re incidente sur la surface diffraction travers les pigments etc ayant t perdues Un document peut donc tre vu comme une structure organis e de parties informationnelles de niveau moindre ce qui rejoint la proposition de 22 document donn es structure mais un niveau conceptuel Tout se passe comme s il existait une repr sentation abstrai
26. ne couleur un objet un son une odeur qui me renseigne sur quelque chose d absent ou d imperceptible in absentia L volution de la d finition est sensible l image est non seulement vocation de quelque chose d absent comme le soulignait le paragraphe pr c dent mais surtout manifestation concr te Ce qui est l manifeste est une trace dans l un ou l autre des deux sens du terme ce qui subsiste d une chose pass e trace involontaire mais aussi marque laiss e par une action quelconque trace volontaire emprunte d intentionnalit Notons que les deux versants se rassemblent dans la d finition g n rique de la trace empreinte ou suite d empreintes de marques que laisse le passage d un tre ou d un objet 26 Ainsi l empreinte de pas est trace iconique 23 du passage d un tre vivant mais le discours est trace verbale de la pens e de son auteur On peut r sumer ce premier r sultat par la formule manifestation concr te rapport cod quelque chose d absent trace Formule 1 Processus de base niveau 0 la repr sentation via la trace 2 3 P rennisation de la trace volatile Cependant la trace peut tre volatile La trace de pas dans la neige dispara t avec la fonte Les paroles du discours oral s envolent De m me une trace informatique en RAM est effac e avec l extinction du syst me C est la fonction de conservation que Bernard Stiegler d
27. num rique vient construire ce dernier en dynamique l interaction instantan e avec le lecteur Afin de clarifier cette distinction entre le document texte son codage binaire et la forme de son actualisation dans l ici et maintenant d une interaction deux nouvelles notions ont t introduites dans 17 La sc nation d signe la structure organis e d v nements et ou d tats avec lesquels l utilisateur est effectivement mis en interaction Elle est constitu e d un ensemble de fragments extraits du texte La sc nation correspond l inscription temporelle des fragments les uns par rapport aux autres Invariable dans le cas d un parcours lin aire elle se modifie au cours d une session interactive 17 351 Par exemple je d cide aujourd hui de commencer L anneau des Nibelungen par la Mort de Siegfried et de poursuivre avec la Chevauch e des Walkyries ce qui n est pas l ordre pr conis par le livret convenons en c est la sc nation que j ai choisie librement comme me le permet l interactivit pour cette session d interaction La sc nique d signe le processus permettant de transposer le texte en une r alit concr te qui s inscrit dans l espace d affichage elle r sulte de choix esth tiques de contraintes pratiques ou financi res Elle correspond la forme visuelle et sonore de l inscription spatiale des fragments 17 353 En effet ce que j ai d crit du syst me jusqu
28. opre ind pendance qu en d couvrant l importance du montage et en exp rimentant le potentiel d illusion que comportent les effets sp ciaux de m me le document num rique cherche tablir les sp cificit s qui le rendront irrempla able Ce papier a ouvert deux pistes l une dans la dynamique de transition des couches profondes aux couches de surface propos es l interaction l autre vers de nouveaux outils de production de sens par rapprochement de fragments disparates suivant une notion de proximit fond e sur une appr hension topologique de l espace imaginal du Web De nombreux d veloppements de nombreuses exp rimentations la prise en main de tels outils par les artistes seront n cessaires pour aller au plus profond des potentialit s ouvertes Ce passage par des applications originales est une condition sine qua non l observation ventuelle de processus nouveaux Il semble en tout cas que les structures classiques de r cit s quentiel sont d bout es par l hyperdocument Peut tre m me sera ce l outil de pr dilection du non r cit L opinion presque unanime aujourd hui veut que les nouveaux dispositifs rendent quasi impossible le contr le du sens Et pourtant certains artistes parviennent en tirer profit Evoquant son installation Zapping Zone 1992 Chris Marker invite le spectateur attraper au passage des signes dans un d sordre voulu sur lequel il cristallisera son propre ordre o
29. ouvoir effectuer un d chiffrage c est dire une lecture par exemple d cryptage de hi roglyphes dont la langue n a pas encore t d couverte avant d acc der au d chiffrage du texte Alors seulement le document se donne lire Il satisfait en effet au crit re de lisibilit il devient lisible 3 2 D clencheur de s miose Revenons la d finition de J Arsac Une information est une formule crite susceptible d apporter une connaissance Elle est distincte de cette connaissance 1 Jusqu ici la dimension connaissance a t soigneusement occult e L expression formule crite ouvre en outre la porte aux fonctions de m morisation comme Chomsky s en fait l cho 9 Un syst me crit fournit une Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 127 m moire externe ce qui modifie le probl me de la perception de fa on d cisive A l vidence la place manque ici pour traiter de cet aspect avec toute l attention qu il m rite La confrontation avec un nouvel l ment d terminant du syst me le r cepteur met en vidence la capacit du document g n rer de l information Car un ensemble de donn es per u au travers de la r ception d un signal devient information lorsque la lecture c est dire la perception puis le d codage l interpr tation et l appropriation 18 produisent sur le destinataire un changement d tat d une nature quel
30. pements r cents qui composent en dynamique des assemblages de surface n existant que le temps de leur affichage partir de juxtapositions de fragments de donn es disparates cens s r pondre au moins pour partie la question d entr e Ce type de proc d est la base des Documents Virtuels Personnalisables par exemple On peut noter avec int r t que selon Balpe c est cette propri t m me qui fonde le concept d hyperdocument un hyperdocument est un contenu informatif constitu d une n buleuse de fragments dont le sens se construit travers chacun des parcours que la lecture d termine 4 On peut noter aussi que dans ce cas il est pr somptueux de vouloir ma triser la production de sens plus encore que pour les documents ob issant une structure fig e intentionnellement con ue comme telle par un auteur En avan ant dans cette voie il appara t que c est le rapprochement qui constitue la figure essentielle d mergence du sens 5 2 Organisation topique des espaces documentaires traditionnels Dans une soci t du papier l interconnexion entre les ressources et la structuration s mantique des espaces documentaires qui en r sulte est fortement corr l e l organisation physique de ces normes volumes de feuillets portant trace crite D s lors que l objet textuel crit ne prend forme qu l int rieur des fronti res mat rielles instaur es par le support physique s
31. r cis ment des espaces dot s d une distance Il est donc tout fait inexact de dire que la topologie tudie la notion de voisinage ind pendamment de toute distance il est en revanche exact de dire que cette distance peut tre toute autre qu une distance euclidienne c est dire ne plus entretenir aucun rapport avec l espace tridimensionnel usuel et l appr hension g om trique courante que nous en avons Cette premi re d finition gros traits semble coh rente avec la perception que linternaute projette intuitivement sur des notions telles que deux fragments proches ou deux fragments voisins non pas deux fragments situ s dans des unit s d information contigu s dans l espace des donn es mais deux fragments que l on peut rapprocher au regard de certaines propri t s qu ils partagent 5 4 Une appr hension topologique de l espace imaginal du Web On peut tendre l appr hension topologique de l espace imaginal du Web En prenant pour base les documents virtuels personnalisables comme exemple d application supportant la r flexion les documents ainsi compos s pour interagir avec le lecteur ne sont plus clos car 1 ils ne sont pas ferm s et leurs fronti res deviennent floues puisque par le jeu des liens le lecteur peut exploiter le Web tout entier Celui ci n est plus vu alors que comme un seul espace et ce qui tait auparavant per u comme des 3 Andr Lichnerowicz
32. rique est accompagn e de traduction en formules la P dauque 22 o le signe d signe un processus les expressions de part et d autre de ce signe les l ments process s et le terme droite du signe le r sultat obtenu en sortie de ce processus 2 1 Mettre l image au c ur de la notion de document Si rapporter le concept m me de document la notion d image peut sembler fantaisiste de prime abord reportons nous au texte r cent de Martine Joly 16 th oricienne incontest e du domaine pour justifier cette audace si l on se comprend lorsque l on parle d image c est parce qu il demeure dans la notion d image quelque chose de transversal toutes ses d finitions savoir le rapport d analogie entre l image per ue ou imagin e et quelque chose d autre Une image serait quelque chose de perceptible qui voquerait une r alit concr te ou abstraite C est donc un principe d alt rit qu exhibe et remet en cause en m me temps le principe de ressemblance attribu l image qu elle soit visuelle ou non En effet si l image ressemble quelque chose ou une id e c est qu elle n est pas cette chose ni cette id e mais qu elle est bien l pour quelque chose d autre qu elle m me donc qu elle est signe part enti re Si l usage courant du mot image renvoie en priorit aux images visuelles t l vision peinture cin ma photo dessin images de synth se il sert aussi parl
33. s de conception en train de s accomplir et outils d assistance ce processus Ils sont demeur s d pourvus de sens pour autrui jusqu la parution de la Vie mode d emploi Puis plus tard les chercheurs sp cialis s dans la g n tique des textes s y sont int ress s jusqu leur octroyer le statut de documents publics puisque publi s 25 L universalit du code n est pas plus n cessaire Ainsi deux enfants qui s changent en classe des messages crypt s par une formule connue d eux seuls usent effectivement de documents et ceci d autant plus que ce mode de communication signifie bien autre chose que le contenu m me du message savoir il y a quelque chose d unique entre nous puisque nous partageons quelque chose que personne d autre que nous deux ne peut comprendre La trace cod e de quelque chose d autre sous forme de signe est ici manifeste Enfin le d but de ce texte a maintes fois soulign que les formes de manifestations concr tes les types de renvoi l vocation d une alt rit les supports d inscription de la trace sont minemment variables et extr mement diversifi s Il peut donc se nicher des documents l o peu les y attendraient Ainsi 7 avance l id e que le b timent est un document et le construit urbain un livre de pierres qui se donne lire au visiteur ou l habitant d s lors que celui ci poss de les codes architecturaux propres une p riode de l
34. signe comme r tention tertiaire proth se de la m moire ext rioris e 28 40 qui fonde en second lieu le concept de document par le biais de la p rennisation Ecrit inscription enregistrement donn e sont des mots qui ont jalonn cette apparition de la m morisation Ainsi J Arsac en 1970 pose que une information est une formule crite susceptible d apporter une connaissance Elle est distincte de cette connaissance 1 Par la suite et sans trahir le propos initial enregistrement cod est venu se substituer la formule crite La pr gnance de l informatique a en parall le impos la notion de donn e Pour G Bateson 6 une donn e est la trace laiss e par un v nement comme les empreintes de pas de dinosaures dans l Arizona Sans contredire la pr c dente la d finition de M l se 21 est plus conforme au contexte technologique 2 C est moi qui souligne Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 125 contemporain une donn e est un enregistrement dans un code convenu par un groupe social de certains attributs d un objet ou d un v nement Ce second point est formalis par la formule trace enregistrement son code d inscription donn e Formule 2 Processus de niveau 1 conversion de la trace en donn e Le document se d finit alors comme un ensemble de donn es mat rialisant l inscription d une trace p renne sur
35. signifiance ne suffisent la transformation en document celle ci est assujettie un statut octroy aux signes mat rialis s N est document que ce qui a t l gitim comme tel par au moins un lecteur qui a exp riment que l une au moins des fonctions du document a t remplie par sa lecture cf tableau 1 des fonctions du document notamment via l tablissement d un lien par analogie par vocation par association quelque chose d autre dont il tiendrait lieu Ainsi les empreintes de dinosaures dans la pierre de l Arizona deviennent document d s lors qu un tre humain au moins les a comprises en tant que m moire du passage de ces animaux disparus en tant que preuve de leur existence ce qui en fait un outil d acquisition de connaissances nouvelles Viennent s immiscer alors des dimensions culturelles et sociales qui mettent en relief le caract re relatif de la signifiance Comme en atteste 16 les signes ne sont signes que parce qu ils signifient pour quelqu un dans un certain contexte c est dire que leur aspect perceptible met en uvre un processus de signification et donc d interpr tation d pendant de leur nature du contexte de leur manifestation de la culture du r cepteur ainsi que de ses pr occupations Une nouvelle quation permet enfin d aboutir au document sens l gitimit document Formule 5 Processus de niveau 4 octroi du statut de document par l gitimat
36. te du document appel e le texte celui que Souchier d signe comme le texte de l auteur proprement parler elle s appuie sur un langage donn Ainsi il existe une abstraction inatteignable aux sens humains intitul e L anneau des Nibelungen sortie du cerveau d un d nomm Richard Wagner C est un certain arrangement de composants l mentaires que l on appelle des notes dans le codage musical peu pr s stabilis en musique occidentale depuis le XVIII si cle avant dans la p riode baroque il y avait encore des basses chiffr es par exemple et la gamme n tait pas temp r e Comme toute abstraction ce texte est un ange quoiqu il existe n en pas douter on ne le trouve nulle part Son actualisation n cessite une formalisation Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 133 4 3 3 Niveau profond les donn es num riques Apr s un travail complexe de codage de num risation et de quantification L anneau des Nibelungen de Wagner peut tre converti en un paquet de donn es num riques enregistr es au c ur d une machine Elles sont inaccessibles l humain et illisibles par lui 4 3 4 Niveau de surface la sc nation et la sc nique comme formes d inscriptions spatiales et temporelles Le document r git l organisation de sous parties constituantes et ceci en totale ind pendance vis vis de l objet perceptible propos en final En effet une composante nouvelle propre au
37. the paper shows how the numerical document is the result of a process made up of five levels of encased processes from 0 to 4 They involve semiotical dimensions signs and their meaning technical dimensions data recording coding processes and signal transmission and social dimensions mediation and broadcasting Given that it is impossible to separate these different entries the second section of the paper examines more specifically two effects of numerization in terms of the emergence of new components of meaning The first refers to dynamical transitions between layers of data coding The second considers the Web as a tool dedicated to producing meaning by bringing dissimilar fragments closer together according to a notion of proximity based on a topological vision of documentary space Keywords Document hyperdocument sense meaning representation data information trace interactivity distance proximity neighbourhood bowl 122 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document 1 INTRODUCTION ANALYSE FONCTIONNELLE DU DOCUMENT L tude propos e envisage le document num rique sous un angle usage en rapportant le point de vue aux services nouveaux qu il est en capacit de promouvoir Pour l dition 2002 du congr s Documents Virtuels Personnalisables DVP 2002 19 proposait une approche terminologique qui d construisait m thodiquement chaque terme de cette expression a
38. tion r alit d un fait V hicule Diffuser des donn es faire circuler Signaux de diffusion et de des connaissances transmission m dium m dia Outil Dispenser un enseignement faire Supports p dagogiques ou r fl chir former initier instruire documentaires repr sentation Avis Aviser notifier mettre au courant R v lations divulgations d un fait informer alerter avertir actualit s info message Oeuvre Toucher par voie sensible Cr ation spectacle motionnelle ou affective Tableau 1 Panorama succinct des principaux indices cat goriels pour le document La pr sente construction proc de de fa on radicalement inverse Elle part d une hypoth se ex abrupto et la fonde a posteriori Ce proc d vise non pas imposer une des d finition s qui se voudrai en t universelle s et ou incontestable s mais poser les r f rents n cessaires pour comprendre la fa on dont le document est appr hend ici Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 123 Par cons quent la formule ci dessous ne vise nullement tre consensuelle ni m me rassembleuse e Document Image p renne enregistrement d une trace cod e qui se donne lire pour faire sens aupr s d au moins un lecteur qui d s lors le l gitime pour tel 2 DOCUMENT Ce premier paragraphe tablit ce qui est vu ici comme essence m me du document La progression de la construction th o
39. u son propre d sordre de telle fa on qu il emporte quelque chose qui ne sera ni un message construit ni un d fil arbitraire mais une certaine couleur une gueule d atmosph re ces bribes d cousues que nous appelons m moire 5 cit dans 30 151 Faut il alors concevoir l espace du Web comme une proth se infinie de la m moire humaine collective ext rioris e o l imaginal d truirait l imaginaire petit feu comme semble le redouter Bernard Stiegler 28 ou comme un espace suppl mentaire de cr ativit et d invention pour ce m me imaginaire Information Interaction Intelligence Volume 4 n 1 139 REFERENCES 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 il 12 13 14 15 16 17 18 19 ARSAC J La science informatique Paris Dunod 1970 ASSOCIATION DES AMIS DE BOSCODON L Art des b tisseurs romans Cahier n 4 Crots Cahiers de Boscodon 1991 ATLAN H Mod lisation et ma trise des syst mes Suresnes Editions Hommes et Techniques 1977 BALPE J P Hyperdocuments hypertextes hyperm dias Paris Eyrolles 1990 BARBOZA P SALE TEMPS POUR LA FICTION propositions au sujet d une hyperfiction in La mise en sc ne du discours audiovisuel sous la direction de DESGOUTTES J P Paris L Harmattan 1999 BATESON G Vers une cologie de l esprit Paris Editions du Seuil 1977 BOULEKBACHE MAZOUZ H Ecritures et criture urbaine R f rentie
40. uir ou la soie des images tactiles 16 Enfin l image visuelle d j pr sente sous forme d objets iconiques comme le tableau et la gravure a conquis le support papier et investi journaux magazines livres et jusqu aux murs par la voie de l affichage Elle a elle aussi fait l objet de multiples modes d enregistrement vid o cin ma num rique et de transmission hertzienne c bl e satellitaire Depuis l av nement du num rique de multiples couches de codage technique se superposent pour faciliter notamment le transport des donn es Ainsi le discours cod en texte crit va tre traduit en code ASCII lui m me converti en mots binaires avant de venir moduler un signal lectrique Le signal d signe ainsi la forme physique sous laquelle se transmet une donn e ou un train de donn es Il est fondamental de se souvenir que seul le signal physique est perceptible l tre humain m me si devant un tableau nous avons tendance croire que la perception est directe n gligeant de ce fait que ce sont en r alit les signaux port s par les ondes lumineuses r fl chies par l objet que nous percevons En num rique des 126 Effets de la num risation et de la mise en r seau sur le concept de document compressions sont notamment effectu es pour limiter la quantit de donn es transmettre et all ger le signal Elles font intervenir une troisi me quatri me etc couche de codage Cod
41. un support conform ment un code convenu N anmoins il convient de souligner d s ce moment la superposition de deux niveaux diff rents de codage Par exemple le langage verbal est un code qui manifeste une repr sentation en rapport avec un l ment autre une observation du monde naturel une pens e dans le processus de niveau 0 L criture alphab tique est un second code de niveau 1 celui de la langue crite qui vient effectuer la r tention tertiaire c est dire la conservation p renne du premier sous forme de donn es inscriptibles 2 4 Conversion de l enregistrement en m dias le signal La tr s grande majorit des documents sont construits partir du langage crit majoritairement ou parl 22 13 N anmoins au XX si cle sous la pouss e notamment des s miologues et l mergence de th ories de l information gr ce aussi la tr s grande volution des techniques la prise en compte de codes et de modes communicationnels divers a largi les perspectives En m me temps les techniques d enregistrement se sont multipli es Le son est arriv pour imposer l objet acoustique enregistrement sonore sur disque ou sur bande Ainsi les enregistrements audio ou encore les bruitages sont aussi des images sonores les parfums et les go ts synth tiques que l on peut trouver dans tel ou tel aliment des images olfactives ou gustatives les mat riaux qui imitent au toucher le bois le c
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