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1 REMERCIEMENTS Je tiens tout d`abord à remercier la directrice

1. enregistr es un vid o projecteur et limage vid o num rique constitu e de minuscules points lumineux est transmise au projecteur ou bien est diffus e sur un moniteur De plus toutes les vid os sont pr sent es avec un texte notre fameux protocole qui explicite l action et est plac comme un cartel pr s du moniteur ou de la projection Ainsi Cuentos patrias Mexico 1997 a t acquis par le Mus e d art Moderne de la ville de Paris ARC avec une photographie de sa pr sentation Il faut un lecteur DVD un amplificateur un projecteur de 3500 Lumens ainsi que deux baffles sur pi destal Sur la photographie la vid o est r tro projet e ce qui signifie qu elle est projet e par l arri re sur un cran en toile Les spectateurs ne peuvent pas passer devant et faire de l ombre Les dimensions sont indiqu es 3 80 m tres de large et 2 m tres de haut Le texte r dig par l artiste est accroch sous la forme d un cartel Le dispositif forme un tout avec la vid o Selon la d finition du R seau des m dias variables une installation est une uvre dont l installation est plus complexe qu un simple accrochage un clou Le terme s emploie pour d signer une uvre dont le volume remplit un espace donn ou occupe un espace inhabituel gt Nous pouvons donc appeler les modes de pr sentation des vid os des installations Mais que signifient ces productions c Statut S agit il
2. Pourtant l artiste ne renie pas la mat rialit En effet il utilise des outils pour r aliser ses d ambulations s appuie sur des dessins pr paratoires r alise des documents graphiques collecte des rebuts laisse des traces Tous ces objets permettent la transmission de sa marche furtive Quand ils sont expos s ils sont des vecteurs des conducteurs pour le visiteur vers lacte po tique Afin de rendre son acte p renne et visible en tant qu art l artiste n h site pas l enregistrer via la vid o et la photographie laborant une iconographie de l anonymat Il se fait alors aider par un tiers interrogeant ici la notion d auteur Cependant ce travail est fait selon des instructions strictes et il fait lui m me le montage de la vid o afin de lui donner une dur e qui la rende diffusable dans une institution Les photographies sont elles choisies l DAVILA Thierry Francis Alys cat exp Mus e Picasso Antibes RMN ditions Paris Antibes 2001 selon leur capacit d vocation Ces enregistrements sont mis en sc ne install s assembl s afin de cr er un mode de pr sentation parlant Le statut de ces productions d pend de la nature de l action Tous les objets autour des d ambulations furtives sont des documents d une action Ils ne sont donc pas des reliques adorer ou des uvres mais des documents Malgr cela l artiste aime jouer sur l ambigu t de ces objets rester
3. original et la copie Juxtaposant le r el et la fiction l artiste a pourtant class les deux vid o de Re enactments dans la cat gorie fiction Les deux vid os ne forment plus qu une uvre et sont vendues comme telle L artiste explique Je voulais parler de la pratique de la performance qui est caract ris e par quelque chose d assez singulier une condition d imm diatet sous jacente Je voulais interroger le rapport que nous entretenons avec la pratique de la performance qui le plus souvent nous est transmise par le biais d un autre medium qui est plus exactement m diatis e et par cons quent diff r e sous la forme du document L id e consistait juxtaposer deux films deux actes absolument similaires sauf que le premier film serait la documentation du premier v nement le montrant en temps r el comme c est arriv et le deuxi me serait une recr ation pr cise de la succession d v nements que l on voit dans le premier film fictionnalisant ainsi la r alit de ces v nements Ainsi travers ce travail Francis Al s se joue de nos questions la r alit est rejou e le document est brouill la fiction ressemble au r el et la documentation juxtapos e 1 AL S Francis entretien avec DISERENS Corinne dans Walking Distance From The Studio cat exp Wolfsburg Kunst Museum Wolfsburg 2004 la fiction devient oeuvre e Nombre de
4. quivoque Leur statut demeure mal d termin et appelle des jugements ambivalents Il n y a d ailleurs pas de pr minence d un instrument dans la dialectique de Francis Al s qui nous aurait permis de statuer sur la nature ou l importance de l un par rapport l autre L id e ne prime pas sur l action puisque l action d termine la forme ouverte l impr vu L action ne peut se passer du document car elle en d pend afin d tre vue comme pratique artistique dans les institutions Enfin aucun objet n est plus important qu un autre car Francis Al s r utilise la m me iconographie les m mes axiomes la m me id e les transvasant d un medium l autre nourrissant sa pratique de cette diversit Pour exposer l action furtive il faut donc montrer des documents Cette mise en vue d un acte ph m re en mouvement para t tr s paradoxale En effet la diff rence entre la perception in vivo du passant et celle diff r e du visiteur est radicale Le premier se d place autour du corps de l artiste ne comprend pas la nature de ce qu il voit peut tre m me se moque t il de l absurdit de l action ex cut e par Francis Al s Le second se trouve face face avec des objets choisis pour leurs qualit s vocatrices dans un temple de l art et cherche comprendre le discours articul par un commissaire Cr er des documents n est pas anodin la circonstance de l exposition est
5. DOCUMENT n 21 Photographies de vues de l exposition Francis Alys La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes 2005 page 63 a BREERETTE Genevi ve Le monde 26 f vrier 2005 WETTERWALD Elisabeth Guest Francis Al s O2 2005 n 33 page 32 Voir annexe DOCUMENT n 18 Liste des uvres documents et meubles des expositions Francis Al s Walking Distance From The Studio au Kunst Museum deWolfsburg 2004 et La cour des miracles au Mus e des Beuax Arts de Nantes 2005 page 51 participent de l uvre Ceci confirme mes interrogations les documents se confondent avec les uvres se nourrissent les uns des autres Les diff rencier est donc probl matique e L exposition de vid os Cette exposition pr sente quatre travaux faisant partie du corpus que j ai choisi d tudier The collector Mexico 1991 Paradox of Praxis Sometimes doing something leads to nothing Mexico 1997 Cuentos patrioticos Mexico 1997 et Re enactments Mexico 2000 Tous impliquent le corps de l artiste en mouvement et sa repr sentation Or il est important de rappeler que les deux derni res s av rent tre des uvres Projet es sur un cran leur pr sentation est exactement la m me que Sometimes Making Something Leads to Nothing Mexico 1997 consid r e comme documentation d une action Il n y a donc pas de diff renciation entre uvre et document dans la pr sentation des vid
6. De la mobilit l immobilit dans Lieux et non lieux de l art actuel dirig par BABIN Sylvette Edition Esse Montr al Canada 2005 page166 4 au maximum afin d arriver l anecdote car si on peut r duire le propos une petite histoire qui se transmet elle n appartient plus personne elle se socialise et elle fait tache d huile Elle peut se reproduire l infini Il accepte ainsi que son histoire se d gage du cr ateur pour se r pandre de bouche oreille Il d clanche une propension narrative dont il perd le contr le En faisant exister le geste l attention d une m moire potentielle le r cit appara t comme une autre manifestation de la mobilit et du d placement urbain Il s mancipe ainsi de la production et reproduction d uvre d art de l objet symbolique sacr et mat riel qu elle est cens e tre Francis Al s affirme d ailleurs que ses travaux les plus aboutis sont ceux qui n ont pas besoin d avoir recours aux documents l anecdote se passe de l image pour tre v hicul e C est aussi une r action face l immensit des interlocuteurs urbains ins rer un objet est si futile que s ins rer travers une histoire et la m moire d un lieu pourrait tre une m thode d intervention ayant plus d impact m me si c est momentan Inventer un langage qui peut balancer cette immensit de mat riaux pr existant avec quelque type
7. La plupart des actions dans la ville donnent suite la r alisation d une carte postale Elles sont toujours constitu es d une reproduction d une photographie ou vid ogramme tir s des actions retouch s ou non En effet ce ne sont pas des cartes postales du commerce Le protocole est inscrit sous l image au recto l exception de The leak Sao Paulo Au verso elles sont l gend es est inscrit le titre et la date ainsi que l diteur et parfois l executeur Les lignes pour l adresse et l emplacement pour le timbre sont marqu s Les cartes sont donn es gratuitement dans les expositions Francis Al s s oppose ainsi aux r gles du march de l art et s inscrit dans une conomie du don il fait un cadeau Le don est irr ductible aux relations d int r t conomique et de pouvoir Dans notre soci t il nous fait fonctionner ensemble on ne pourrait vivre avec des prestations payantes syst matiquement Le nombre de cartes postales dit es n est pas pr d termin il diff re de deux quatre mille Jusqu 2002 l artiste les ditait lui m me Mexico Puis ce sont les institutions qui financent les projets qui doivent les diter En effet chaque fois qu un tablissement d sire montrer le travail de Francis Al s il doit r diter la carte postale correspondante et la traduire dans la langue o elle est distribu e Elles sont toujours gratuites et il n est pas possible de les comme
8. Qui est D F De plus jusqu ici il s agissait d une action r alis e Venise Pourquoi est il inscrit Mexico Il est vrai que les protagonistes sur les deux premi res photos ne sont pas en costume de marin Il semblerait que l action ait t r alis e plusieurs fois et des photographies prises deux moments diff rents Je ne ferai pas une analyse des images de tous les ouvrages rencontr s mais 1l est curieux de constater comme nous l avons d j vu en introduction pour le catalogue Francis Al s du Mus e Picasso d Antibes qu ils posent tous les m mes probl mes d s qu une action est illustr e Certains vitent tout litige comme le catalogue Le centre historique de la ville de Mexico publi l occasion de l exposition Francis Al s la cour des miracles au mus e des Voir annexe DOCUMENT n 11 Photographies du catalogue d exposition Le proph te et la mouche collection Lambert en Avignon Avignon 2003 page 39 2 Idem page 40 Voir annexe DOCUMENT n 12 Photographies du catalogue d exposition Le centre historique de la ville de Mexico r alis e en collaboration avec le Kunstmuseum de Wolfsburg dition Turner Nantes 2005 Beaux Arts de Nantes en 2005 o aucune image ne montre l artiste en action Dans le catalogue Francis Al s Walking distance from the studio dit par le Kunst Museum de Wolfsburh en 2004 les images sont toutes en pleine page gau
9. cit par MILLET Catherine L art moderne est un mus e Art press juin 1984 n 82 pages 32 37 b Parcours L exposition a lieu au rez de chauss e dans les cinq salles d volues habituellement l art moderne rel gu dans les r serves pour l occasion Les murs sont peints en blanc le sol est en parquet les fen tres voil es Un plan de la ville de Mexico est expos pour chaque acte de l artiste afin de montrer le p rim tre autour de l atelier et restituer ainsi le contexte aux visiteurs Le parcours commence par la salle 1 gauche de l entr e Nous pouvons y voir un petit tableau appartenant la s rie des D j vu r alis e par l artiste chaque toile a une copie dispers e dans l exposition Souvent elles sont plac es dans les coins pr s des portes relativement loin de son original ce qui perturbe la sensation du spectateur en provoquant un sentiment de d j vu Cuentos patrioticos Mexico 1997 est une autre version de la vid o uvre o Francis Al s tourne autour du m t de la place Zocalo suivi par des moutons La vid o de 18 minutes est r tro projet e en boucle sur un cran de 4 x 2 3 m tres l aide d un lecteur DVD branch un r tro projecteur Toutes les vid os projet es dans l exposition n cessitent un projecteur de 2500 lumens au minimum et sont diffus es en boucle Un amplificateur et deux hauts parleurs simples en cube noir r gulier p
10. en collaboration avec le Kunstmuseum de Wolfsburg dition Turner Nantes 2005 Francis Al s Walking Distance From The Studio texte de L TGENS Annelie VAN TUYL Gijl DISERENS Corinne cat exp Wolfsburg Kunst Museum Wolfsburg 2004 Time is a Trick of the Mind texte de BEE Andreas cat exp Museum f r Moderne kunst Revolver ditions Frankfort 2004 Flip book r alis par ALYS Francis au centre Le proph te et la mouche texte de LAMPERT Catherine cat exp Francis Al s Obra Pictorica 1992 2002 Zurich Tobia Bezzola Madrid Reina Sofia Rome collection Lambert en Avignon Avignon 2003 Collaboration de l artiste la conception The Modern Procession cat exp Museum of Modern art of New York ditions Public Art fund New York 2002 Collaboration de l artiste la conception Francis Al s textes de BASUALDO Carlos DAVILA Thierry MEDINA Cuauht moc cat exp Mus e Picasso d Antibes RMN ditions Paris Antibes 2001 Francis Al s the last clown cat exp galerie de l UQAM Winnipeg Plug In Montr al 2000 Francis Al s walks paseos traversias nuevos escenarios los 90 cat exp Museo de Arte Moderno de Mexico Mexico 1997 Collaboration de l artiste la conception Francis Al s the liar the copy of the liar textes AL S Francis MC EVILLEY Thomas cat exp Moterrey Galery Ramis Barquet Guadelajara Arena Monterrey 1994 Participation de l artiste
11. os M me la fiche de salle distribu e aux visiteurs ne fait aucune distinction les explications des travaux ont pour titre uvres pr sent es Nous y retrouvons pourtant la vid o document o Al s pousse le bloc de glace De plus la vid o est un medium difficile exposer Le visiteur prend la projection en cours en un point quelconque En outre elle est mise en relation avec d autres objets participant de l uvre la documentation d autres projections formant des installations et le visiteur doit aller d un medium un autre Enfin les vid os plac es dans les m mes salles posent le probl me de l interf rence potentielle des contenus expos s Favoriser la r ceptivit du visiteur demeure une difficult En effet les contraintes architecturales li es l espace d exposition sont l origine de difficult s insurmontables l acoustique du b timent la gestion des niveaux de lumi re ambiante la distribution spatiale l installation lectrique de base sont autant de param tres qui se superposent C est la concurrence spatiale entre les uvres qui semble la question la plus difficile g rer Le nombre d uvres exposer l int rieur d un espace d termin joue un r le pr pond rant dans le processus de monstration Or nous l avons vu pour l exposition de Nantes plusieurs vid os sont parfois dans la m me pi ce S agit il d une interf ren
12. quoi consistent ils Il en r sulte des assemblages des installations des outils de sp culation artistique tout un attirail de dialectique dont l esth tique conjugue celle du quotidien du bricolage Mais quel est le statut de ces objets De plus l artiste enregistre parfois ses actes Quel statut peut on accorder ces captations qui est l auteur de ces enregistrements Enfin comment exposer de tels travaux Que pr sente le mus e Quel discours articule t 1l autour du travail de Francis Al s Nous analyserons en premier lieu les marches qui incluent le corps de l artiste le mouvement le temps et s ouvrent l impr vu Puis nous verrons que l artiste ne renie pas pour autant la mat rialit et nous nous interrogerons sur le statut des objets qui entourent ses d ambulations uvres ou documents Enfin au travers de l analyse de deux expositions fran aises nous tenterons de montrer deux fa ons diff rentes d exposer ces objets et verrons quels probl mes le document soul ve au sein du mus e Les d ambulations En quoi consistent exactement les actions de Francis Al s impliquant le corps de l artiste en marche A Marcher dans la ville pour exp rimenter la r alit et introduire de la fiction a Marcher comme pratique artistique Un des premiers travaux de l artiste belge date de 1991 et est connu par sa reproduction photographique dans une rue bord e d immeubles les vo
13. s consiste montrer des documents Trouver ceux ci lorsque l on s attend voir une uvre peut tre une exp rience d cevante pour le visiteur En effet le document ne procure aucune d lectation esth tique il ne peut que d cevoir On ne surmonte cette d ception et encore que par un consid rable effort conceptuel d o le n ologisme d ceptuel Bien que nous puissions trouver une forme de d lectation esth tique dans les documents travaill s de Francis Al s peut tre est ce une fa on d expliquer la frilosit des institutions les exposer la peur de d cevoir De plus les conditions d appr hension de la vid o sont souvent difficiles Dans le champ de l art la vid o est tellement pr sente qu elle produit parfois un sentiment de saturation pour des usagers auxquels on livre souvent dans des conditions de pr sentation approximatives des uvres qui ne correspondent pas toutes aux m mes crit res de r ception et qui mobilisent de surcro t une attention tr s forte Ainsi le visiteur est parfois transform en spectateur d u par l nigme des images et par la longueur du temps de projection 1 WRIGHT Stephen interview avec THOUVENIN Corinne Laboratoire le RARE R seau d Art Recherche et Essai www le rare com laboratoire php z PARFAIT Fran oise Du moniteur la projection L installation dans tous ses tats espaces et dispositifs dans Expos
14. uvre Revue Techne 2006 n 24 pages 16 23 DAZORD C cile avec la collaboration de SAINT LOUBERT BI J r me pour l iconographie L archive l uvre Revue Techne 2006 n 24 pages 16 23 depuis le d but de sa conception et c est ainsi gr ce un legs qu il a pu conserver la documentation Le mus e doit donc r valuer son rapport au document s accepter comme prolongation des archives ensemble de documents rassembl s et class s des fins historiques gt l Celles ci doivent devenir la source indispensable des mus es et des salles d exposition d Se passer de l exposition Comme nous l avons vu l exposition des documents peut leur conf rer un statut d uvre d art aux yeux des visiteurs tout du moins ou peut d cevoir le public du mus e tandis que ce dernier ne les int gre que tr s rarement leur collection Nous pouvons alors interroger la pertinence d autres moyens de retransmettre l action afin d viter ces cueils Le langage l anecdote la description et la discussion sont des moyens de faire conna tre l action furtive sans l exposition Le tandem Laurent Tixador Abraham Poincheval apr s la r alisation de leur d fi aller pied d un point un autre d un territoire donn sans d vier de la ligne droite par exemple organisent des tables rondes dans les institutions d art Ils y pr sentent leur acte en parle publiquement recueille
15. uvre sous cet aspect que je me rends compte que ce travail ne fait pas partie des actions furtives En effet l artiste n a pas r ellement r alis cet acte des moutons ne peuvent pas tres si disciplin s et de plus nous remarquons que l ombre du m t dans la vid o ne tourne pas avec le temps La vid o a donc t retouch e truqu e Il n y a pas introduction d une histoire dans la ville ni une influence possible du contexte sur l action Conserv e au Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris ARC cette vid o a t achet e la galerie Yvon Lambert en 2005 avec un texte l accompagnant Le mus e a acquit un Master en Betacam num rique qui est le support utilis pour la conservation des formats professionnels des uvres vid os de meilleur qualit Il a achet aussi un certificat et un DVD Un DVD d exposition ainsi qu un de consultation ont t grav s par l institution partir du Master La question du statut de l uvre ne pose pas de probl me pour ce cas la vid o a t achet e en tant que telle et est conserv e au mus e en tant qu uvre Au contraire Magnetic shoes la Havane 1994 The leak Sao Paulo Gent 1995 Paris 2003 Paradox of praxis Sometimes doing something can leads to nothing Mexico 1997 et Sometimes something poetic can become political The green line J rusalem 2004 sont des vid os consid r es par l artiste comme des documentations d une actio
16. veloppe toujours le m me langage qu il adapte il est arriv avec une histoire qui a pu tre imagin e pour une autre ville puis l invitation est l occasion de mat rialiser des pisodes qui manquaient Le 1 ARDENNE Paul un art contextuel cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation Edition Flammarion Paris 2002 page 12 Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 12 nouveau contexte r veille parfois un sc nario qui dormait depuis des ann es la ville contenant les bons ingr dients C est probablement Venise ville romantique par excellence qui a inspir Duett Venise 1999 bas sur ce qu affirme Aristophane sur la nature humaine dans le Banquet de Platon l homme est incomplet il lui manque une moiti et le d sir sexuel na t de cette imperfection afin de ne former plus qu un Une fois l axiome pos l artiste r alise la marche ouverte l impr vu Une fois l action lanc e il n y a plus de plan strict ou unilat ral suivre seul le d roulement de l action elle m me donne une r ponse l axiome pr liminaire dans le contexte et le moment sp cifique qui l encadrent M me si sa marche tait pens e l avance le lieu et l instant choisis avec attention selon un axiome pr d termin le moment de la rencontre des deux protagonistes de Duett Venise 1999 n tait pas pr
17. Francis Al s se soumet un protocole utilise de nombreux mat riaux s appuie sur le langage va l encontre du march de l art et de l uvre iconique et unique En cela il est un h ritier des interrogations soulev es par l art conceptuel Ses travaux sont toujours r alis s d apr s une id e en particulier mais il va la mat rialiser dans l action ph m re Il n est donc pas un artiste purement conceptuel 2 Pr minence de l action sur l objet Y a t il une pr minence de l action sur la production d objet Notre vision 1 2 3 GODFREY Tony L art conceptuel ditions Phaidon Paris 2003 page 4 Idem page4 MEDINA Cuauht moc dans Francis Al s cat exp Antibes Mus e Picasso Antibes RMN ditions Paris 2001 page 7 traditionnelle de l art nous fait penser que l objet mat riel l uvre d art est le but le r sultat du travail le m dium du propos Francis Al s s accommode t il de l abolition de la n cessit de cr er des objets a Des objets vecteurs de son action L artiste utilise un art de la litote qui consiste faire entendre le plus en disant le moins Ses actions utilisent une forme d entropie elles s puisent et disparaissent Pourtant sa r flexion sur les aspects immat riels ph m res et impalpables de ses actions ne peut exister sans une prise de conscience toute mat rielle du monde l encontre de la conception o
18. Hanovre 2004 Francis Al s pr sentait la vid o el Gringo Mexico 2003 L exposition avait pour th me le corps en g n ral comme support artistique Ici ailleurs cat exp Mus e d Art Moderne de la ville de Paris ARC Couvent des Cordeliers Editions Steidl Publishers Paris 2004 Le mus e de la ville de paris sorait de ses murs pour le Couvent des Cordeliers Francis Al s pr sentait The leak Paris 2003 r alis e pour l occasion Labyrinthine effect cat exp Australian Centre for Contemporary Art Melbourne 2003 Francis Al s pr sentait CIRCLE Melbourne 2003 De l adversit nous vivons cat exp Mus e d Art Moderne de la ville de Paris Paris 2001 Francis Al s pr sentait Cuentos Patrioticos Mexico 1997 Un si cle d arpenteur les figures de la marche textes de ARASSE Daniel BOURG Lionel DAVILA Thierry FALGUI RES Patricia FRECHURET Maurice MICHAUD Eric TIBERGHIEN Gilles A cat exp Mus e Picasso d Antibes RMN Antibes 2000 Francis Al s exposait To RL Mexico 1999 D ppel G nger Istanbul et Londres 1999 et Frieze 1999 Catalogues d expositions L incurable m moire texte WRIGHT Stephen cat exp Alliage 2000 ditions Allage s Vitry sur Seine 2000 Micropolitiques textes MACEL Christine et ARDENNE Paul cat exp Magasin centre national d art contemporain Grenoble 2000 L art conceptuel perspective Paris Mus es Paris 1990 Plus p
19. Moyen ge la nuit tomb e les infirmit s des mendiants disparaissaient comme par miracle L exposition comme un espace de repr sentation sociale de Mexico pr sente une s lection de travaux issus des interventions de Francis Al s pr s de son atelier Mus e du XIX si cle construit sp cialement pour recevoir une collection de tableaux l gu e par l Etat le Mus e des Beaux Arts de Nantes correspond en quelque sorte l image st r otyp e du mus e traditionnel B ti par l architecte d origine nantaise Cl ment Marie Josso le plan est organis autour d une cour centrale couverte d une verri re dans un style clectique Un circuit de galeries et de salles entoure le patio L espace offert correspond au prototype critiqu par Pierre Bourdieu dans L amour de l art celui de mus es bourgeois qui trahissent dans les moindres d tails chez les uns le sentiment d appartenance et chez les autres le sentiment de l exclusion l intouchabilit des objets le silence religieux qui s impose aux visiteurs la solennit grandiose du d cor et du d corum colonnades vastes galeries soit tout ce que les artistes d avant garde ont syst matiquement condamn dans leurs uvres et propos Pr senter l art contemporain dans un mus e du XIX si cle est au fond un tour de force l introduction anachronique d uvres contemporaines dans une architecture ancienne 1 BOURDIEU Pierre
20. Ses histoires se propagent et lui chappent tandis qu il s empare de la r alit valorisant une pratique artistique accomplie dans l imm diatet au c ur de l univers concret Il transgresse les fronti res entre les disciplines et les genres interroge l uvre d art la met en mouvement s oppose sa p rennit fait de la ville un mat riau exp rimenter un terrain de jeu Les marches en direct de Francis Al s se contentent des passants qui ne reconnaissent pas ses d ambulations comme des pratiques artistiques Ainsi m me si la pr sence concr te de l artiste est convoqu e afin de mat rialiser une id e son travail se situe aux fronti res de la performance Tissant avec le r el urbain o elles ont lieu pens es selon la ville o elles seront r alis es les d ambulations forment une r ponse la cit selon un langage que Francis Al s adapte Bien qu il y ait des param tres de travail des l ments ext rieurs apparaissent que l artiste ne peut planifier et qui affectent sa fa on de travailler de mat rialiser l action S inscrivant dans la ville sa r alit sociale et culturelle le travail est de Francis Al s est politique Mais l artiste ne modifie rien se contente de s infiltrer de proposer des m thodes afin d articuler notre rapport au monde de fa on plus aigu de se frotter la soci t dans une attitude post moderne Enfin son action est clandestine secr te furtive
21. copies Le nombre de copies de ces vid os influe fortement sur la pr sence des oeuvres dans les expositions Combien d exemplaires sont r alis s Les cat gories affectent sur le nombre de copies En effet lorsque c est une fiction l artiste r alise quatre copies et deux preuves d artiste La seconde classe de vid o documentation d une action n existe qu un exemplaire Ici l artiste s inscrit encore dans cette forme de raret et de discr tion qui caract rise sa pratique Paradoxalement il semble faire de la documentation d une action une uvre unique En r alit ce n est qu un document qui lui servira peut tre plus tard pour un autre travail comme nous l avons vu pour Cuentos Patrias Mexico 1997 conserv au Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris ARC La troisi me cat gorie regroupe les vid os d archive d une pi ce Peut tre s agit il des images non retravaill es de ses actions Elles sont publiques et l artiste ne poss de pas les droits de reproduction Contrairement aux deux premi res cat gories elles ne sont pas pr sent es ni conserv es dans les institutions Ainsi la vid o est la concr tisation d une pratique trop diffuse pour tre appr hend e directement et les travaux labor s partir de celle ci soit des fictions des uvres soit des documents modes de rencontre entre la pratique furtive et le spectateur 2 Avec les photographies et ou vi
22. d finitivement l institution aussi dans BABIN Sylvette Lieux et non lieux de l art actuel Edition Esse Montr al Canada 2005 page 116 c Pour distinguer l art La transmission directe de l action ex cut e dans la ville remet en question l espace mus al en effet elle s accomplit sans lui Pourtant l acte ne peut exister en tant que proposition artistique sans une reconnaissance Le probl me d office pos par Pillimitation du lieu de l art est pour l artiste le suivant rester visible en dehors du lieu institutionnalis Il est patent en la mati re que la plupart des formules artistiques hors lieu demeurent invisibles Les documents performatifs ne peuvent tre performants que s ils sont vus tre pr sent engendre une exp rience structur e qui permet de distinguer le mode de la r ceptivit esth tique des autres activit s de la vie quotidienne Exposer les documents autour des marches de Francis Al s consiste alors distinguer la proposition artistique des activit s de la vie quotidienne d tricoter son pull porter un tableau sous le bras Si l on peut parler d une nouvelle pratique situationniste c est semble t il dans le souci des artistes de pratiquer l instar des situs le d tournement tout en maintenant contrairement eux qui pr naient une dissolution de l art dans la vie quotidienne une autonomie de la pratique art
23. de l exposition est donc inscrite dans l exercice de la pratique artistique de Francis Al s De plus ses actions sont pour la plupart r alis es l invitation d une institution Par exemple The looser The winner 1998 est r alis l invitation du Mus e Nordique de Stockholm Duett 1999 l occasion de la quarante huiti me biennale de Venise The leak 2003 sur appel du Mus e d Art moderne de la Ville de Paris lors de son d placement au Couvent des Cordeliers Dans ce cas l artiste instrumentalise son tour la structure artistique mais sans haine parce qu elle est l parce qu elle a des moyens parce qu elle est une chambre d chos m diatique parce que l on peut l utiliser son gr pour ce que l on est et pour ce que l on fait Et parce que la structure artistique est aussi last but not least le lieu de la d solitude de l artiste ce lieu m me o ce qu il a accompli en apart dans une interrogation solipsiste trouve l opportunit du partage sensible esth tique intelligible Ainsi Francis Al s a besoin de la caution d une organisation en tant que pratique artistique il ne revendique pas de sortir des lieux de l art mais travaille en collaboration avec EUX DAVILA Thierry Marcher Cr er D placements fl neries d rives dans l art de la fin du XX e si cle ditions du regard Paris 2002 page170 ARDENNE Paul L art est partout
24. disperser Deux baffles diffusent le son de la ville l Voir annexe DOCUMENT n 18 Liste des uvres documents et meubles des expositions Francis Al s Walking Distance From The Studio au Kunst Museum deWolfsburg 2004 et La cour des miracles au Mus e des Beuax Arts de Nantes 2005 page 52 a Voir annexe DOCUMENT n 21 Photographies de vues de l exposition Francis Alys La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes 2005 page 62 3 Idem page 63 Re enactments Mexico 2000 est projet dans la derni re salle dans un angle du patio sur un mur peint en gris 180 cm de large Quatre hauts parleurs et deux amplificateurs diffusent le son enregistr lors de l action Un canap est install en face ainsi que le story board de l action rejou e Ainsi le visiteur effectue une plong e dans une cour des miracles mexicaine d Les documents expos s sous vitrine Al s place des relev s et des plans aux murs ou dans des vitrines pour documenter les images fixes et mobiles capt es au cours de ses promenades pied dans le centre historique de la ville de Mexico En effet en observant les photographies des vues de l exposition je m aper ois que syst matiquement ses uvres s accompagnent d une documentation consid rable sous la forme de dessins notes diagrammes et photographies arrang s sur de longues tables prot g s par une vitre Cette fa on de pr senter la do
25. e des Beaux Arts de Nantes 2005 BONNET Fr d ric L essai l intuition le processus sont des moteurs Le Journal des Arts 14 d cembre 2007 3 janvier 2008 n 271 page 14 BREERETTE Genevi ve Le monde 26 f vrier 2005 A propos de l exposition La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes 2005 CLOUTEAU Ivan ELARBI St phanie Exposer et p renniser l uvre contemporaine penser son contexte de maintenance revue Techne 2006 n 24 pages 69 71 Les uvres contemporaines interrogent les notions traditionnelles de pr servation et de pr sentation Par l analyse de trois installations les auteurs font percevoir comment chaque uvre implique un contexte pour tre produite maintenue ou activ e DAZORD C cile avec la collaboration de SAINT LOUBERT BI J r me pour l iconographie L archive l uvre Revue Techne 2006 N 24 pages 16 23 Le document a une place primordiale aujourd hui dans les pratiques contemporaines La mise en place d une politique archivale rigoureuse est un enjeu de premi re importance FORMIS Barbara a marche Pratiques d ambulatoires et exp riences ordinaires Art press2 Performances contemporaines 2007 n 7 pages 38 47 Sur quelques artistes utilisant la marche comme production artistique GOUMARRE Laurent La vacance du spectateur Art press 2007 n 331 pages 60 64 Sur l importance du spectateur comm
26. est dire selon la d finition du Petit Robert ce qui sert de preuve de t moignage Pour l artiste il s agit de documents d une action Seul The collector pr sente un statut ind termin et ambigu Outils de la marche souvenirs preuves ils permettent tous de v hiculer son id e son protocole son histoire son action via l exposition Vecteur vient du latin vector de vehere conduire Ils sont ainsi des conducteurs qui guident le spectateur dans les institutions des vecteurs qui permettent le passage la transmission de la marche furtive Leur dessein est de faire penser parler stimuler vigoureusement notre imagination B Les enregistrements de l action Comment Francis Al s enregistre t il ses marches En effet l art furtif discret et ph m re pose les questions de sa transmission de sa visibilit et de son existence dans le temps a Enregistrements vid os L artiste utilise la vid o pour enregistrer certaines de ses actions Elle permet d enregistrer des l ments du contexte comme le son ainsi que de rendre compte du temps qui s coule et du mouvement du corps de la vitesse de l action et de l espace dans lequel elle se d roule Elle entra ne formes couleurs figures La cam ra vid o discr te permet l artiste de rester inaper u lorsqu il r alise une d ambulation dans la ville il ne faut pas que les passants remarquent qu il est film afin de gard
27. et attach e de conservation charg e de l art contemporain lors de l exposition La cour des miracles 2005 au Mus e des Beaux Arts de Nantes Lelain Pascale biblioth caire au Mus e Beaux Arts de Nantes Ortega Raul assistant de Francis Al s Rivoire Jeanne charg e de la gestion des collections FRAC Rh nes Alpes Robert Martine documentaliste au Mus e des Beaux Arts de Nantes Yanover Anne documentaliste chez Vid omuseum SOMMAIRE Introduction D les d ambulations A Marcher dans la ville pour exp rimenter la r alit et introduire de la fiction a Marcher comme pratique artistique b En suivant des protocoles auto impos s c Dans une attitude non monumentale d Pour introduire des histoires qui se diffusent B Marcher dans la ville interroger l uvre d art a Une uvre en mouvement b ph m res c Dans la ville d Sans public C tentative de d finition un art contextuel politique post moderne et furtif a Un art en mouvement mais aux fronti res de la performance b Contextuel qui tisse avec le r el c Inscrit dans la ville mais non in situ d Politique mais non militant e R solument postmoderne f Un art furtif ID Les objets autour des d ambulations AJ Objets ind pendants des enregistrements de l action outils dessins cartes g ographiques documents graphiques r coltes traces a Outils pour la marche b Dessins pr paratoires c Documents graphiques d Colle
28. fl ne perd son temps se laisse immerger par l ambiance de cette cour des miracles 2 Exposition Ici ailleurs au Couvent des Cordeliers 2004 a Une action sur invitation pour ouvrir une exposition collective The leak a t r alis e en octobre 2003 Paris sur l invitation du Mus e d Art Moderne de la Ville L artiste muni d un pot de peinture trou marche du Mus e jusqu au Couvent des MOUL NE Claire La Cour des miracles Les Inrockuptibles janvier 2005 n 479 5 AUMONT Yves Ouest France 14 janvier 2005 Cordeliers nouvel espace d exposition ouvert le temps des travaux dans le Mus e La ligne bleue marque ainsi le lien entre les deux lieux et montre le chemin pour d couvrir une programmation nouvelle Ici ailleurs janvier f vrier 2004 L implantation temporaire au couvent des Cordeliers offre l opportunit de penser autrement les modalit s de pr sentation de l art Cette premi re manifestation permet d engager une r flexion sur le format de l exposition collective th matique et de s interroger sur son ad quation la production artistique la plus contemporaine Sans s articuler autour d une th matique rigide les travaux entrent ici en r sonance Tous questionnent la ville le syst me de production artistique et architectural Le th me de l exposition est relativement libre non rigide permettant l artiste d effectuer une action qu il ava
29. inscrite dans l exercice de la marche afin de r aliser une traduction destin e au monde de l art Cette traduction permet d ailleurs la d ambulation de b n ficier d une reconnaissance et l exposition distingue la proposition artistique des activit s quotidiennes La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes montre les uvres r alis es Mexico autour de l atelier de l artiste Commissionn e par l artiste l exposition dessine ainsi un portrait du quartier de la place Zocalo Tous les travaux sont accompagn s d une documentation fournie plac e sous vitre qui forme un tout autour de l uvre afin de montrer le processus de cr ation de l artiste ses interrogations ses digressions fonctionnant par induction Lorsqu il s agit de vid os l exposition ne distingue pas les documentations d une action des uvres iconiques De m me sur l invitation du Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris Francis Al s r alise une action furtive La vid o qui en r sulte un document est pourtant expos e lors d Jci Ailleurs 2004 comme une uvre avec l accord de l artiste Mont es ou approuv es par Francis Al s ces mises en vue restent ambigu s sur la nature de ce qui est expos L artiste reste ambivalent joue sur les notions d uvre et de document Ces deux expositions demeurent les seules en France avoir expos des documents d une action De plus les docum
30. l instrument de musique et ignorent la localisation de l autre Ils marchent deux jours avant de se rencontrer C est alors qu ils rassemblent les deux parties du tuba et se mettent jouer une note Ils cr ent une apparition une br ve rencontre dont un simple passant ne pourrait expliquer les origines et les cons quences Une photographie a t r alis e nous pouvons voir les deux personnages de dos en costume de marin avec chacun une part du tuba Il est impossible de reconna tre Venise Il n est donc apparemment pas important que cela se passe dans cette ville en particulier Pourtant Francis Al s explique ainsi sa m thode de travail lorsqu il arrive dans une ville afin de d velopper un projet il se focalise en premier lieu sur les clich s les sortes d ic nes les cartes postales qui repr sentent le best of Il commence avec ces arch types les images mentales que l on a d une ville ce que l on per oit ou que l on veut percevoir L artiste affirme qu il passe beaucoup de temps marcher dans l espace urbain le concept initial pour un projet merge toujours cet instant l Il arrive dans la cit o il est invit avec une m thode et non pas un projet d termin et d place son attitude face au nouveau contexte urbain afin de d velopper une s rie de diff rentes r ponses pour la cit un r pertoire de sc narii possibles dans le dessein d y jouer plusieurs instruments Il d
31. la dimension politique de son travail La racine de politique est polis partir du moment o la ville est choisie comme champ d exp rimentation le domaine du travail est par d finition politique au del de tout engagement personnel En tant qu artiste qui travaille dans la ville et s inscrit dans son rythme alors Francis Al s fait un travail politique Il teste les limites de la cit il est surprenant qu il ait pu r aliser son action J rusalem Ce sont de 1 2 Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 15 AL S Francis entretien avec TORRES David Francis Al s simple passant art press 2000 n 263 pages 18 23 simples interventions mais qui interrogent la libert d action dans une localit polic e sans souci d imposer une quelconque id ologie Il se contente de poser des questions En 1997 Francis Al s r alise Cuentos Patrioticos Mexico L image est fixe centr e sur le m t de la place Zocalo Nous observons l artiste d abord suivi par un mouton puis au fur et mesure de sa circulation il est rejoint par un mouton suppl mentaire jusqu ce qu un troupeau entier le suive dans un cercle parfait Je d couvre plus tard que ce travail n est pas une action film e en directe mais une vid o produite par traitement de l image Nous y reviendrons dans le deuxi me chapitre Ce travail fait r f rence un pisode c l
32. la rue ne disposent d aucun cadre qui permet de distinguer ces actions du quotidien Or si tre c est tre per u c est aussi tre per u comme tel Car en fin de compte sans l adh sion du public au caract re artistique de la proposition validant ainsi sa pr tention la reconnaissance ceci est de l art par une suspension volontaire de l incr dulit l art ne peut avoir lieu Les actions de Francis Alys sont donc des uvres faible coefficient de visibilit artistique qui ne se laissent pas appr hender comme telles C est seulement posteriori gr ce aux enregistrements et aux documents que l action est per ue comme tant artistique comme nous le verrons plus loin Stephen Wright affirme alors qu en pratiquant une configuration symbolique en dehors d un cadre qui l active comme proposition artistique le statut ontologique des marches de Francis Al s diff re de celui de la performance Produire une action dans la ville sans convoquer de public donne l artiste un faible coefficient de visibilit artistique Mais la ville influence t elle les actes Les actes ont ils un pouvoir sur la ville L artiste cherche t il modifier son milieu Puisque nous nous interrogeons sur les modes d exposition des marches de Francis Al s il est primordial de FERRER Mathilde Groupes mouvements tendances de l art contemporain depuis 1945 Ecole Nationale Beaux Arts Paris 20
33. lui une fa on d interroger la r alit travers l espace urbain utilis comme un immense laboratoire afin d en faire merger les singularit s d emprunter son anonymat de travailler l imperceptible Ses actions sont aussi al atoires que discr tes Il d place au minimum un acte du quotidien largissant une situation en modifiant sa signification C est en lisant le catalogue de l exposition Francis Alys au Mus e Picasso d Antibes qui eut lieu du 14 avril au 17 juin 2001 et dont les commissaires d exposition furent Thierry Davila et Maurice Frechuret que m est venue l envie d interroger plus loin la pratique de cet artiste En effet dans ce catalogue le statut des images pr sent es est ambigu Les pages sont partag es en deux dans la longueur en haut une image qui n illustre pas l crit une citation encadr e ou une photographie frontale d un de ses tableaux des photographies de ses actions dans la ville ou des reproductions tir es de vid o en bas le texte Les images ont des formats qui varient Souvent elle est enti re sur la page de gauche et un d tail un zoom est pr sent sur la page de droite Nous notons qu il n y a aucune vue de l exposition Antibes Le titre et la date de l uvre sont inscrits cot de la reproduction de la photographie d une mani re qui diff re selon les pages La fa on dont sont r dig es les l gendes ma interpell Voir an
34. marche travers un protocole pr cis auto impos pour chaque action Se perdre dans la ville avec une bo te de peinture trou e The leak Sao Paulo et Gent 1994 marcher sous l emprise de diverses drogues pendant une semaine et noter chaque impression physique dans un compte rendu journalier Narcoturism Copenhague 1996 accrocher son pull et le d tricoter au cours de sa promenade Looser winner Stockholm 1998 marcher avec une peinture sous le bras Walking a painting Los Angeles 2002 Il pose ce qu il appelle un axiome il r dige un sc nario avant chacune de ses actions Je marcherai dans la ville pendant une semaine sous l influence d une drogue diff rente chaque jour Mon voyage sera enregistr travers des photographies des notes et tout autres medias qui seront pertinents La pi ce traite de la pr sence physique sur place alors que vous tes mentalement ailleurs Les drogues seront consomm es de fa on produire un effet continu durant 14 heures par jour Narcoturism Copenhague 1996 Ces protocoles sont r dig s en de cours textes concis et pr cis qui accompagnent toujours la pr sentation du travail comme noue le verrons plus tard Tous les scenarii que nous propose l artiste sont possibles et r alisables bien qu improbables Il utilise un langage int gr capable d tre entendu et reconnu mais il y injecte une l g re dissonance travers ces mode d emploi ce
35. pas les uvres de leur documentation N anmoins lorsque l exposition est organis e par des commissaires il arrive qu une hi rarchie dans la documentation soit faite les dessins et plans ne sont pas pr sent s au profit de la vid o par exemple Enfin les actions furtives de Francis Al s sont tributaires des documents vid os photos ou graphiques pour tre vues comme pratiques artistiques Pourtant nous avons constat la raret de ces documents au sein des collections et des expositions Le r le constitutif du document en art contemporain est largement attest par la critique ou l histoire Ce constat semble cependant avoir peu d incidence sur les pratiques mus ales La pratique ordinaire en mati re d acquisition dans le mus e d art contemporain et plus g n ralement dans l ensemble des mus es des Beaux Arts se concentre exclusivement sur les uvres consid r es comme des entit s isol es se suffisant elles m mes L acquisition d ensemble documentaire ou de fonds d archives en lien avec les collectionneurs reste ce jour relativement limit e 2 Or l artiste ne vendant pas ses documents il est difficile pour l institution d avoir une v ritable politique d acquisition Dans le cas du Mus e d Art moderne de la Ville de Paris le mus e a t complice d un projet DAZORD C cile avec la collaboration de SAINT LOUBERT BI J r me pour l iconographie L archive l
36. poetic can become politic and sometimes doing something politic can become poetic The green line Il s agit d un objet constitu d un DVD et d un livre dit deux mille exemplaires et r dit si l occasion de pr sente vendu pour 20 lors de l exposition du m me nom la galerie David Zwirner New York en 2007 La vid o reproduite sur le DVD le pr sente un pot de peinture la main marchant travers J rusalem des extraits sonores d interviews ponctuant l action Consid r e comme documentation d une action cette vid o ne correspond pas au nombre d dition habituellement rencontr unique Le livre fut enti rement con u par l artiste La premi re page pr sente une carte de la Palestine o ont t trac es les lignes s parant la cit de J rusalem en deux Puis un texte traduit en anglais arabe et h breu crit par l artiste expose les pr occupations de Francis Al s sur ce sujet Les pages suivantes retranscrivent les entretiens que l artiste a r alis avec diff rentes personnalit s chacun tant retranscrit sur une page de couleur qui lui est propre Il est int ressant de constater qu il s agit pour les institutions d un document En effet un exemplaire est conserv la biblioth que Kandinsky toutefois en acc s surveill Cet objet est un travail autonome un livre d artiste agr ment d un DVD destin diffuser son travail Son prix modique
37. qui lui est imparti afin qu il y ait interaction de l uvre sur le milieu et le milieu sur l uvre Selon la d finition du Petit Robert interaction signifie action r ciproque Or il n y a pas de r percussion du travail de Francis Al s sur la cit Des t moins peut tre en parlent encore une ligne verte s efface sur un trottoir mais ce sont des actions minces et t nues non monumentales Ainsi le 15 avril 1 ALYS Francis entretien avec DISERENS Corinne Francis Al s Walking Distance From The Studio cat exp Wolfsburg Kunst Museum Wolfsburg 2004 z FERRER Mathilde Groupes mouvements tendances de lart contemporain depuis 1945 Ecole Nationale des Beaux Arts Paris 2002 page 97 1999 Londres l artiste d cida de se promener dans le parc de Hide Park jusqu ce que des petits cailloux troublent sa marche en s insinuant dans ses chaussures Pebble walk Londres 1999 Il ne d place ni ne reconfigure le lieu Rien ne vient transformer l environnement Les marches de Francis Al s s appuient sur la r alit du lieu mais n ajoutent rien au milieu urbain dans lequel il s ins re d Des actions politiques mais non militantes De plus la ville son histoire sa situation g opolitique viennent ajouter du sens aux actions de Francis Al s Francis Al s a rejou The leak Sao Paulo et Gent 1996 J rusalem en 2004 mais l intitula Sometimes doing something poetic can become pol
38. rebuts des ordures tout ce qui est d laiss par la cit Le texte qui accompagne le travail de l artiste pr cise Par les rues de la Havane Francis Al s chausse ses chaussures magn tiques et le long de sa marche r colte tous les r sidus m talliques rencontr s sur son chemin Par cette collecte journali re qui va en s amplifiant avec son nouveau territoire il assimile les quartiers qu il d couvre Il est important de noter que la marche et la collecte lui permettent d assimiler les quartiers en HOLLEVOET Christel D ambulations dans la ville de la fl nerie et la d rive l appr hension de E espace urbain dans Fluxus et l art conceptuel Parachute 1992 n 66 pages 21 25 Internationale situationniste 1958 69 ditions Librairie Arth me Fayard Paris 1997 pages 13 D finitions Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 5 E DAVILA Thierry Un si cle d arpenteur les figures de la marche Mus e Picasso d Antibes RMN Paris 2000 page 266 touriste clair La ville est un lieu d exploration et les quartiers des territoires d couvrir dans la lign e des perspectives situationnistes Ainsi Francis Al s investit de mani re discr te la ville et son amas de signes pour mettre en valeur la r alit brute b En suivant des protocoles auto impos s Francis Al s pratique diff rentes figures d une rh torique de la
39. s agit de pr senter la photo pour elle m me Mais page 111 dans la liste des uvres expos es nous pouvons lire que une s intitule fabrique de souvenirs Dat e de 1995 l uvre est constitu e de 15 boules figurines verre plastique tequila S agit il d une de ces boules pr sent es Qu est ce que cet objet Jen conclus que sont consid r es comme ayant un auteur une dimension et une technique uniquement les peintures r alis es par l artiste ou les rotulistas Les photos sont dat es le lieu rarement pr cis la technique et les dimensions inexistantes et nous sommes amen s comprendre de mani re implicite que l auteur est toujours Francis Al s m me lorsqu il s agit d une photographie de lui m me Au cours d un entretien Thierry Davila ma expliqu qu il s agissait d un d sir volontaire de flou et d incertitude ce qui au fil de mes recherches m appara t une proposition pertinente au regard de l uvre de Francis Alys multiforme variable et m me r p titive se d sengageant des notions d auteur et d originalit The last clown Mexico r alis de 1993 1999 est une s rie d uvres r alis es avec des peintres d enseignes commerciales les rotulistas L auteur de ces uvres s av re tre autant Francis Alys que les artisans le principe tant le suivant Al s remet trois ou quatre rotulistas un petit tableau de Voir annexe DOCUMENT n 1 pho
40. tre visuel grande chelle certains durent quelques minutes d autres plusieurs heures Elle peut n tre ex cut e qu une seule fois ou r it r e s appuyer ou non sur un sc nario tre improvis e ou avoir fait l objet de longues r p titions Les marches de Francis Al s r alis es en solo produites dans la ville dont l interpr te est l artiste sa pr sence concr te convoqu e afin de questionner le r el appliquant un sc nario seraient elles des performances Christophe Kihm propose cette d finition la performance est l ex cution d une id e travers le corps L acte et l id e se nouent dans un agencement du corps et du discours Ils sont li s de fa on litt rale l acte r alisant pleinement l id e Ceci d place alors les probl matiques des arts plastiques relation id e et ex cution dans le champ de l art vivant Ce rapport litt ral d limite des cadres le corps est structurant agent de l action et support de l id e l espace est cr par l acte porteur de l id e il est donc ph m re et localis Enfin l action peut tre interventionniste interrompre un mouvement ou autonome Francis Al s se trouverait alors aux fronti res de cet art Y a t il relation litt rale de l acte et de l id e chez cet artiste alors qu il est ouvert l influence du hasard dans son travail comme GOLDBERG Rose Lee La performance du futurisme nos j
41. visible La taille et la g ographie de la ville ont influenc les retrouvailles Bien qu crites au pr alable ces actions restent ouvertes l impr vu au hasard de ce qui peut venir y jouer et l influencer Sa r alisation dans le r el d termine sa forme c Inscrit dans la ville mais non in situ Inscrites dans la villes les d ambulations de Francis Al s sont elles pour autant des travaux in situ En effet il est par d finition impossible d arracher l art in situ son contexte ce qui poserait alors un souci fondamental pour exposer l artiste L art in situ est destin un lieu tr s pr cis une uvre est cr e pour un espace avec un sens puissant Par exemple lorsque l artiste fran ais Daniel Buren r alise Les deux plateaux dans la cour du Palais Royal Paris en ao t 1985 il reconfigure le lieu gr ce l emploi d un code conceptuel strict des rayures gales dont la forme est fonction du lieu de son installation Dans cette cour il installe des colonnes ray es noir et blanc de la largeur de celles qui courent le long du jardin et dont la hauteur varie selon la profondeur du sous sol r v l par des ouvertures grillag es o s coule de l eau L uvre est cr e en fonction de la cour du Palais Royal et de plus reconfigure le lieu Le lieu influe le sens de l uvre Mathilde Ferrer donne cette d finition de l art in situ uvre r alis e sur place en fonction de l espace
42. vu la vid o The leak Paris 2003 est conserv e par le Mus e d art Moderne de la ville de Paris comme un document Pourtant le moniteur encastr dans la cloison pr sente la vid o comme un tableau l cran affleure la surface du mur Il est vident alors qu elle appara t comme une uvre pour le spectateur Dans sa pr sentation rien ne la diff rencie d une oeuvre Mais le Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris m a pr cis que le cartel d velopp explicitait le fait qu il s agit d un support documentaire La carte postale quant elle reste imperceptible Peu de gens se rendent compte de sa pr sence Cinq dessins pr paratoires et un plan de la ville avec le chemin de l artiste ont t l gu s au Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris avec cette vid o Pourquoi n ont ils pas t expos s Y a t il une hi rarchie au sein des documents La vid o a t elle une valeur plus esth tique plus exposable que le plan de la ville Nous pouvons ainsi constater que ces expositions ne sont pas claires sur le statut de ce qui est pr sent La mus ographie approuv e par l artiste ne fait pas la diff rence entre l uvre et le document Francis Al s para t cultiver cette ambigu t Les institutions elles ne semblent pas chercher se d terminer par rapport aux documents tandis que les spectateurs i Voir annexe DOCUMENT n 3 Photographies et l gendes des
43. 02 page 133 4 WRIGHT Stephen Lieux de poursuivre R flexions sur le Criticable Art ensemble et l affaire Kurtz dans BABIN Sylvette Lieux et non lieux de l art actuel Edition Esse Montr al Canada 2005 page 88 3 WRIGHT Stephen L avenir du ready made r ciproque valeur d usage et pratiques para artistiques Parachute n 117 2004 pages 118 138 comprendre son rapport la ville b Un art contextuel qui tisse avec le r el Le contexte tymologiquement c est l assemblage du bas latin contextus de contextere tisser avec Un art contextuel selon Paul Ardenne regroupe toutes les cr ations qui s ancrent dans les circonstances et se r v lent soucieuses de tisser avec la r alit Or Francis Al s exp rimente le r el fait de la ville son laboratoire vient pr lever des l ments de la r alit Mais tisse t 1l r ellement avec Le r el a t il une influence sur l action proprement dite Est ce que la ville dans laquelle se d roule la marche de l artiste a un ascendant sur ce fait En effet nous pouvons croire lorsqu il r alise Duett Venise 1999 que le lieu o l action se d roule importe peu Produite l occasion de la quarante huiti me biennale de Venise d art contemporain la marche devient un jeu Al s et un ami Honor D O viennent Venise l un par le train l autre en avion Ils ont chacun une partie d un tuba
44. 05 n 470 A propos de l exposition La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes 2005 MILLET Catherine L art moderne est un mus e Art press juin 1984 n 82 pages 32 37 POINSOT Jean Marc L art contemporain et le mus e La fabrique d une histoire Les cahiers du Mus e national d art moderne 1992 n 42 pages 17 29 Le mus e donne un statut historique ce qui est esth tique Quelle histoire de la contemporan it le Mus e national d art moderne peut il proposer SAUL Anton One More Step Parkett 2003 n 69 pages 34 39 La marche dans l uvre de Francis Al s SCOTT Kitty Portrait Francis Al s Parkett 2003 n 69 pages 20 25 A propos de l exposition de Francis Al s Santa Fe Longing and Belonging From the Faraway Nearby juillet 2004 janvier 2005 et de ses uvres picturales STORR Robert Strange Attractor Parkett 2003 n 69 pages 46 51 La collecte dans l uvre de Francis Al s THOREL Benjamin Francis Al s Art 21 mars avril 2005 n 2 Compare Francis Al s et Bruce Nauman TORRES David Francis Al s simple passant art press 2000 n 263 pages 18 23 Entretien autour de The Last clown Francis Al s Mexico 1995 VOLK Gregory Walkabout Art in America f vrier 2008 n 2 pages 122 129 Article sur l exposition de Francis Al s Fabiola la Dia Art Fondation New York 2007 8 W
45. ETTERWALD Elisabeth Guest Francis Al s O2 2005 n 33 page 32 A propos de l exposition La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes 2005 WRIGHT Stephen L avenir du ready made r ciproque valeur d usage et pratiques para artistiques Parachute n 117 2004 pages 118 138 Comment certains artistes g n rent une valeur d usage en injectant des comp tences artistiques dans le r el WRIGHT Stephen entretien avec THOUVENIN Corinne Laboratoire le RARE R seau d Art Recherche et Essai Www le rare com laboratoire php A propos de l art faible coefficient de visibilit artistique M moires d tudes UV Lo St phanie Cl au Marcher fl ner arpenter D ambulation artistique en milieu urbain une approche ph nom nologique DEA Jardins Paysages Territoires Universit de Paris I Panth on Sorbonne Ecole d architecture de Paris La Villette Sohye Lee Statut des films des anthropom tries d Yves Klein Documents ou uvres M moire d tudes 1 ann e 2d cycle mus ologie Ecole du Louvre Initiation et la recherche en art contemporain 50pages Histoire et analyse de l art contemporain
46. Francis Al s s inscrivent dans cette d finition En premier lieu il est important de distinguer l art furtif de l esth tique relationnelle th oris e par Nicolas Bourriaud dont les relations humaines fondent le point de d part En effet l art furtif impose une distance avec les passants les destinataires aucun moment Francis Al s ne fait participer les promeneurs dans ses d ambulations Il pr f re l anonymat LYOTARD Jean Fran ois La condition postmoderne les ditions de minuit Paris 1979 page 7 2 LOUBIER Patrice NINACS Anne Marie Les Commenseaux Quand l art se fait circonstances Montr al Centre des arts actuels Skol 2001 A RITTER Kathleen Comment reconna tre une pratique furtive Guide de l usager dans Lieux et non lieux de l art actuel dirig par BABIN Sylvette Edition Esse Montr al Canada 2005 page 200 Idem BOURRIAUD Nicolas Esth tique relationnelle Les Presses du R el Dijon 1998 Th orise Testh tique de la relation en art contemporain la production de gestes et de convivialit prime sur les choses mat rielles 5 et la distanciation L art furtif a une nature transgressive l absence d autorisation constitue un aspect fondamental Or lorsque Francis Al s prend des drogues chaque jour Narcoturismo Copenhague 1996 l acte est ouvertement transgressif Mais paradoxalement l action doit tre accueillie avec tol rance L artiste d c le l esp
47. LET Aline D tournements infiltrations perturbations El ments pour une nouvelle pratique situationniste dans Lieux et non lieux de l art actuel dirig par BABIN Sylvette Canada 2005 page 126 miracles 2005 du Mus e des Beaux Arts de Nantes car elle fut la seule exposition monographique en France pr senter les travaux qui nous int ressent L exposition Ici Ailleurs 2004 fut quant elle l opportunit d une commande l artiste r alisa cette occasion sa seule action en France 1 L exposition La cour de miracles 2005 au Mus e des Beaux Art de Nantes a Une exposition d art contemporain dans un mus e du XIX si cle L exposition Francis Al s la cour des miracles eut d abord lieu au Kunstmuseum de Wolfsburg sous le titre Walking around the studio avant de migrer au Mus e des Beaux Arts de Nantes du 8 janvier au 28 mars 2005 Elle a pour sous titre Tout ce que j ai vu entendu fait ou d fait compris ou mal compris dans un p rim tre de dix p t s de maisons autour de mon atelier dans le Centro historico de la ville de Mexico Dans une page de ses carnets de croquis l artiste num re diverses occupations qu il r unit sous la rubrique la cour des miracles marchants ambulants dormeurs mendiants aveugles prostitu es amants fumeurs dans une acceptation globale de la condition humaine Il fait r f rence ainsi aux quartiers de Paris o la p gre se r unissait au
48. Mexico 1994 des affiches politiques r cup r es sont pr sent es au mur Barenderos Mexico 1994 est une autre uvre pour laquelle je n ai jamais rencontr de documentation Elle est projet e l aide d un moniteur Ambulantes Mexico 1993 2002 est une s rie de diapositives projet es sur le mur montrant des commer ants poussant ou tirant de lourdes marchandises Dans la salle 5 douze mod les et tudes pour The collector Mexico 1991 sont pr sent s sur une tag re accompagn s de documentation Ces prototypes ne peuvent pas tre manipul s Dans une pi ce noire construite dans la salle 5 reprenant le vieux dispositif de la cam ra obscura les murs peints en gris souris est pr sent e Cantos Patrioticos Mexico 1999 une vid o o nous pouvons voir et entendre un groupe de mariachis chantant la chanson d un homme perdu entre deux eaux La traduction est propos e au visiteur Deux moniteurs de 64 cm de diagonale diffusent la vid o alors que celle ci est aussi projet e sur le mur en face 193 x 114 cm Six hauts parleurs propagent la musique gr ce trois amplificateurs Des coussins sont dispos s au sol pour le visiteur En dehors de ce cube Untituled Looking up Mexico 2001 est projet sur un cran de 129 x 90 cm Francis Al s regarde un point fixe dans le ciel jusqu ce que des passants s arr tent pour observer leur tour Puis l artiste part et les gens finissent par se
49. REMERCIEMENTS Je tiens tout d abord remercier la directrice de ce m moire C cile Dazord conservatrice du Patrimoine d partement Recherche Art contemporain au C2RMEF pour son approche cibl e et pr cise du travail de recherche ainsi que pour son soutien lors de l laboration de ce m moire Je remercie aussi mes deux personnes ressource Thierry Davila conservateur au MAMCO Gen ve et commissaire de l exposition Francis Al s au Mus e Picasso d Antibes 2001 ainsi que Stephen Wright chercheur l INHA et directeur de programme au coll ge international de philosophie Leurs diff rentes approches du travail de Francis Al s m ont permis d largir mon champ de recherche Mes remerciements s adressent aussi toutes les personnes qui ont permis et aid ce travail Boss Laurence conservatrice au Mus e Art Moderne de la Ville de Paris ARC et commissaire de l exposition ci Ailleurs 2004 au Couvent des Cordeliers Burluraux Odile charg e de projets au Mus e d Art Moderne de la Ville Paris ARC Castex Jessica charg e de projets au Mus e d Art Moderne de la Ville Paris ARC Clos C cile photographe du Mus e des Beaux Arts de Nantes Godfrey Mark professeur d histoire de l art Slade School of fine art University college Londres et commissaire de la r trospective de Francis Al s la Tate Modern Londres 2010 Guitton Aur lie coordinatrice de production au LIFE St Nazaire
50. ace n cessaire l interstice pour son action la br che Il ne vient pas s opposer se battre contre quelque chose il s y insinue Lorsque Francis Al s r alise The green line J rusalem 2004 son acte est tol r par les autorit s de J rusalem bien qu il soit de nature transgressive L art furtif s ins re dans une faille mais ne vient pas l ouvrir juste la r v ler De plus selon Kathleen Ritter l art furtif re oit la caution d une organisation en tant que pratique artistique En effet cette condition lui permet d tre reconnue Par exemple pour Duett Venise 1999 Francis Al s tait invit participer la biennale de Venise Enfin l art furtif transforme un geste accidentel en geste intentionnel et joue sur son aspect Ainsi il s ins re dans la vie quotidienne sans para tre incroyable Francis Al s se prom ne une bo te de peinture perc e la main pousse un bloc de glace chose courante dans les rues de Mexico remplies de marchands marche avec un tableau sous le bras accroche son pull qui se d tricote Rien d incroyable alors si ce n est qu il pousse ces petits actes plus loin et que ce sont des actions d lib r es Au moment o l artiste d cide que son geste est d lib r celui ci devient art ou se pr te une interpr tation dans les limites du discours sur l art C est au moment m me o nous d couvrons en tant que spectateurs que l acte qui vient de se prod
51. articuli rement BUCHLOH B H D De l esth tique d administration la critique institutionnelle Aspects de l art conceptuels 1962 1969 p 25 39 Art conceptuel formes conceptuelles SCHLATTER Christian cat exp Galerie 1900 2000 Paris 1990 L poque la mode la morale la passion aspects de l art aujourd hui 1977 1987 cat exp Centre Georges Pompidou Mus e National d art Moderne Paris 1987 Plus particuli rement VAN ASSCHE Christine la vid o 14 ans plus tard et HAL FOSTER sur le post modernisme p 551 Gordon Matta Clark a restrospecive texte de JACOB Mary Jane essai de PICPUS WITTEN Robert cat exp Museum of Contemporary Art Chicago 1985 Sur exposition Regards sur l exposition d art contemporain Cat exp Mus e des Beaux arts de Rennes Rennes 1985 S minaire CAILLET Elisabeth PERRET Catherine avec la collaboration de CRUZ CEVA Marie L art contemporain et son exposition 1 interventions de DOLLA No l LECCIA Ange BERNAR Jacques DAVALLON Jean DAVID Catherine WUTZ Maria JOY Jer me RAYNAUD Patrick POINSOT Jean Marc MARCAD Bernard RIERA Alejandra L Harmattan Paris 2002 Reportage vid o UV Lo DEVAUX Julien Starting in the heart of Mexico City 2006 56mn Suit Francis Al s dans ses projets pour Londres Berlin Lima et J rusalem Articles AUMONT Yves Ouest France 14 janvier 2005 A propos de l exposition La cour des miracles au Mus
52. as d monstratives il s agit d une rencontre incongrue entre le passant et l artiste Le t moin est alors surpris irrit interloqu Dans une exposition les r actions perdent de leur puissance il n y a plus de surprise proprement parler le mus e en effet offre une reconnaissance son travail une forme de l gitimit Lieu dit d excellence et d autorit les visiteurs sont face la difficult de se sentir dignes d articuler un jugement vis vis de celui des sp cialistes Leur r action est donc radicalement oppos e ils vont chercher comprendre ce qu ils observent ce qui n est probablement pas le cas dans la rue L exp rience physique du spectateur face aux objets expos s dans le mus e est de plus tr s diff rente de la rencontre fortuite dans la ville le visiteur peut revenir sur une photographie y passer plus de temps et l image montr e est choisie pour ses qualit s vocatrices En outre le texte vient expliciter le sens de l action Au contraire une marche en milieu urbain de Francis Al s requiert le spectateur de mani re dynamique elle le sollicite par l interrogation et le mouvement Que signifie alors un art contextuel tiss dans un lieu pr cis un moment particulier dans une dur e limit e faisant partie d un tout lorsqu il est retransmis hors de son contexte dans un lieu d art C est aussi et simultan ment ouvrir le d placement une transmissi
53. au catalogue Sur les peintures ex cut es en collaboration avec les peintres d enseignes mexicains Catalogues d expositions collectives Here comes the sun cat exp Magasin 3 Stockholm Konsthall Stockholm 2005 Francis Al s exposait Zocalo Mexico 1999 Dormir r ver et autres nuits textes de FRECHURET Maurice POISEY Fran oise SHUSTERMAN Ronald LEEMAN Richard SANS J r me NANCY Jean Luc cat exp Capc Mus e d art contemporain de Bordeaux Fage ditions Bordeaux 2005 Francis Al s y pr sentait the sleepers Mexico 1999 Time zone recent film and video textes de MORGAN Jessica OSBORNE Peter ROGOPFF Irit cat exp Tate modern Londres 2004 Des artistes contemporains explorent les approches visuelles du temps et de l espace Francis Al s pr sentait Zocalo Mexico 1999 Densit textes FERREIRA d OLIVERA Caroline LANAVERE Marianne SEMIN Didier et CHERIX Christophe cat exp Ecole nationale des beaux arts de Paris Fribourg Fri art ENSBA Paris 2004 L exposition r unissait des uvres dont l apparente r duction visuelle renforce la charge conceptuelle et motionnelle Francis Al s y pr sentait For an indeterminate period of time Mexico 1998 et If you are a typical spectator what you are really doing is waiting fot the accident to happen Mexico 1997 Social creatures How body becomes art textes de DR CK Patricia SCHULE Inka STANGE Raimar cat exp Sprengel Museum
54. bre de l histoire du Mexique en 1968 une manifestation avait eu lieu sur cette m me place organis e par le gouvernement pour faire croire au soutien du peuple Tous les figurants de cette mascarade s taient mis b ler face au palais si ge du pouvoir Le travail de l artiste est ici fortement influenc par l histoire du lieu par la force du contexte Ce travail exprime une r cusation partielle de la soci t un v u implicite de r forme face ses imperfections un refus de l instinct gr gaire d bilitant Ainsi Francis Al s ne cherche pas la fa on des avants gardes changer la soci t mais il propose des pratiques qui s opposent la rationalit moderniste la d noncent en d masquent les conventions et injectent de la po sie dans le quotidien Si l artiste contextuel n existe pas sans la soci t ce en quoi il tourne r solument le dos au mythe romantique de la s paration il n y existe en tant qu artiste que pour avoir pressenti analys ou prouv ce qui en cette soci t demandait tre amend ou am lior Plut t que d opposition il s agit d une position en porte faux plut t que de subversion d une transgression aux fins positives En s infiltrant dans les villes en s ins rant dans un jeu social sans poser l hypoth se de sa transformation gr ce son action Francis Al s ne dissimule pas sa modestie et son peu de pouvoir derri re un di
55. cartes postales conserv es la biblioth que Kandinsky page 23 n ont tout simplement pas les moyens de juger de la nature des objets expos s C La question du document au mus e a La repr sentation de l artiste en marche peu pr sente dans les expositions La premi re exposition fran aise de l artiste Un si cle d arpenteur les figures de la marche au Mus e Picasso d Antibes 2000 et l ann e suivante dans le m me Mus e la premi re monographie de Francis Al s en France exposaient des travaux n cessitant le d placement de l artiste Pour autant aucun ne montrait la repr sentation du propre corps de Francis Al s en mouvement L exposition Francis Al s Obra Pictorica 1992 2002 qui eut lieu la collection Lambert en Avignon 2003 ne montrait quant elle que des tableaux Les deux expositions que nous venons d tudier sont les seules en France avoir pr sent les travaux consid r s comme documentation d une action Pourquoi sont ils si peu pr sents dans les collections et les expositions Il est certain que le fait de limiter ces documents un exemplaire unique ne permet pas une diffusion tendue Mais leur statut ambigu et leur valeur non commerciale joue probablement aussi un r le le mus e n a pas la possibilit de les acqu rir et ne sait trop comment se d terminer face eux b Des documents d cevants Exposer les actions furtives de Francis Al
56. ce voulue Voir annexe DOCUMENT n 20 Mail d Aur lie Guitton attach e de conservation charg e de l art contemporain au Mus e des Beaux Arts de Nantes lors de l exposition Francis Al s la cour des miracles 2005 page 58 j Voir annexe DOCUMENT n 19 Feuillet distribu l entr e de l exposition Francis Al s La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes page 56 3 DE MEREDIEU Florence voyage au c ur de la chambre optique dans Exposer limage en mouvement dirig par CHAMBOISSIER Anne Laure FRANCK Philippe VAN ESSCHE Fric Collection Essais La lettre vol e Bruxelles 2004 page 43 f Un artiste commissaire L exposition fut organis e avec la participation directe de l artiste qui adapta la pr sentation de ses pi ces aux lieux Ici le commissaire ne pr tend pas parler par d l gation la place de l artiste Francis Al s est un metteur en sc ne il choisit les uvres install es selon ses directives avec l aide de collaborateurs qui suivent ses instructions Il outrepasse sa fonction et vince quelque peu l institution S 1l y a interf rence entre les vid os et le son cela semble tre totalement d lib r Le visiteur en entrant dans le mus e est assailli par le bruit de la ville de Mexico D embl e on est assomm par le bruit assourdissant d une ville qui grouille et qui prend aux tripes Ainsi l artiste fait entrer le visiteu
57. che Ce sont des photos prises par l artiste lui m me tir es d un s rie intitul e Ambulantes Pushing and Pulling 1992 2002 ce qui est pr cis d s la seconde page du livre et limine tout embarras Il y a donc une v ritable difficult juger de la valeur de ces images Ce n est que dans la monographie Francis Al s parue aux ditions Phaidon tr s r cemment laquelle je n ai eu acc s qu en avril que le statut des images reproduites est enfin explicit Il semblerait que ce ne soit une vraie pr occupation dans cet ouvrage En effet il est pr cis que les images qui nous int ressent o nous pouvons voir l artiste en marche r alisant un acte dans la ville sont des Documentations photographiques d une action Mais ce n est toujours pas parfaitement clair A nsi pour The green line J rusalem 2004 page 40 l image est tir e de la vid o r alis e mais il est inscrit Documentation photographique d une action J rusalem vid o 17 min 45 sec ce qui n est pas explicite De plus la personne qui a film cet instant n est toujours pas mentionn e c Documentaires Les images tir es des vid ogrammes ou photographies d actions furtives sont consid r es comme des photographies documentaires d une action Les photographies r sultant d une action ne sont jamais expos es seules et sans une mise en sc ne labor e par l artiste L artiste garde tous les droits sur
58. cte et traces e Des vecteurs de l action B Les enregistrements de l action a Enregistrements vid os b Enregistrements photographiques c Une iconographie de l anonymat d Le probl me de l auteur C Les travaux labor s avec l enregistrement de ses actions 1 Avec les vid os a Montage vid o b Installations c Statut d Interroger la r alit et la fiction le document et l uvre e Nombre de copies 35 35 36 37 37 38 39 40 40 41 42 42 42 42 43 43 44 45 48 48 48 48 49 50 50 50 51 53 54 55 56 56 56 57 58 58 58 59 60 62 2 Avec les photographies et ou vid ogrammes a Des effigies b Reproduites dans les catalogues c Documentaires d R utilis s pour une uvre e dit es en cartes postales 3 Un livre d artiste D pr minence d une production sur une autre 1 Pr minence de l id e sur l action a Un art proche des pr occupations de l art conceptuel b Mais une action indispensable 2 Pr minence de l action sur l objet a Des objets vecteurs de son action b Ou documents performatifs 3 Pr minence d un objet ou d une production a Une conjonction d idiomes b Un exemple Times is a trick of the mind c Un original insituable ID Exposer les actions furtives exposer des documents AJ Donner l action une visibilit artistique a Une transmission diff r e un paradoxe b D
59. cumentation est tr s classique et se retrouve dans de nombreuses expositions Ainsi leur statut semble tre affirm et revendiqu Ces documents r v lent combien la pens e et les recherches sont signifiantes dans le travail de Francis Al s On d couvre donc sous des vitrines tout un tas d l ments h t roclites qui renvoient de pr s ou de loin aux uvres et qui donnent une id e de la constellation d associations sources emprunts digressions d viations qui sont en amont des pi ces proprement dites Le travail de la pens e potentialit tentatives b gaiements d rives renoncements choix et d cisions qui d habitude est laiss hors champs est ici rendu visible les limites de l uvre et la figure de l auteur elles s effacent Mais je n ai eu acc s aucune liste exhaustive de ce qui y tait expos La check list de l exposition itin rante et donc ni exhaustive ni parfaitement exacte pour Nantes se contente d voquer ephimera pour puis cartes postales dessins photographies texte etc Rien ne vient caract riser ces documents ils sont consid r s comme une masse Lorsque j ai demand Aur lie Guitton attach e de conservation charg e de l art contemporain du Mus e de Nantes ce qui tait pr sent sous ces vitrines celle ci m a r pondu qu il s agissait de croquis notes plans peintures pr paratoires ou uvres mais ils s Voir annexe
60. d ogrammes a Des effigies Les images sont tir es des vid os ou des photographies de ses actions Tout au long des ouvrages et des travaux rencontr s nous retrouvons toujours les m mes effigies d une marche Ainsi l artiste produit le moins d images possibles toujours dans sa position de non ajout Il les rend embl matiques choisit la plus parlante et s inscrit dans une conomie de moyens un art de la litote une po tique de la raret Ainsi les m mes clich s se retrouvent dans son travail et deviennent familiers b Reproduites dans les catalogues Quel statut ont ces images En effet cette question prend d autant plus de valeur lorsque nous observons les photos ou vid ogrammes reproduits dans les catalogues d exposition nous savons rarement s il s agit d un vid ogramme ou d une photographie d une uvre ou d une documentation et l auteur n est souvent pas mentionn comme si cela n avait pas d importance Si l auteur n a pas d importance alors est ce que l image reproduite en Par exemple dans le catalogue de l exposition Francis Al s Obra Pictorica 1992 2002 intitul Le proph te et la mouche dit par la collection Lambert en Avignon et pour lequel l artiste a particip le statut des images pose vraiment probl me Pourtant il y a un r el d sir d claircir ces questions la page182 pr sentant les l gendes des peintures et la page 186 les cr dits phot
61. d intervention c est quelque chose que j essaye de traiter is x g gt z Eos x 4 Francis Al s sugg re une pratique fond e sur des actions fictions citadines il utilise un langage int gr mais absurde comme moyen imm diat de d voiler ses histoires de les offrir et de les disperser via la narration des t moins B Marcher dans la ville interroger l uvre d art a Une uvre en mouvement En sortant et en mettant son corps en mouvement l artiste interroge le statut de l uvre statique et fig e ainsi que son rapport frontal au spectateur Pour l artiste mettre l uvre d art en mouvement c est aussi forcer l occasion d exp rimenter des ph nom nes qui ne sont pas d ordinaire le propre du champ de la cr ation artistique Entrent alors en jeu des notions telles que la rencontre le d placement topographique la d localisation la vitesse 5y Ces notions sont celles du r el et non plus de l art traditionnel trompe l 1l de la r alit i AL S Francis entretien avec TORRES David Francis Al s simple passant art press 2000 n 263 pages 18 23 FRASER Marie Des lieux aux non lieux De la mobilit l immobilit dans Lieux et non lieux de l art actuel dirig par BABIN Sylvette Edition Esse Montr al Canada 2005 page 166 AL S Francis entretien avec TORRES David Francis Al s simple passant art press 2000 n 263
62. de documents qui servent de preuves Ces preuves sont insuffisantes elles laissent planer un doute a t il r ellement pouss le bloc de glace pendant onze heures La vid o de cinq minutes fait peut tre office de t moignage Fait de t moigner d claration de ce qu on a vu entendu per u servant l tablissement de la v rit gt Il s agit dans tous les cas d interm diaires entre l artiste et le spectateur pour une nouvelle visibilit de l action furtive D autres enregistrements vid os pr sentent l action dans son int gralit et r pondent alors la d finition de preuve ce qui sert tablir qu une chose est vraie Dans la vid o Cuentos Patrias Mexico 1997 l image n est jamais coup e le temps de l action est pr sent dans son int gralit 14 minutes et 38 secondes Cela semble avoir t film avec une cam ra de surveillance l image est fixe et sans couleur L artiste joue ici sur l aspect documentaire C est seulement en questionnant l assistant de l artiste que j ai pu savoir alors que Francis Al s divise ses vid os en trois cat gories diff rentes fiction documentation d une www variablemedia net Le Petit Robert dictionnaire de la langue fran aise Dictionnaires le Robert Paris 1996 Idem action et archive Je d couvre alors que Cuentos Patrias Mexico 1997 est consid r e comme une fiction Ce n est qu en regardant l
63. de lui un artiste contextuel Ancr dans une r alit sociale son travail n est pas militant Politique il l est d s qu il s immisce dans le tissu social sortant des mus es puisant dans le mat riau urbain conomique et m diatique qui l entoure Son geste d lib r s inscrit dans les pratiques d art furtif En utilisant son d placement physique comme perspective pour interroger la ville Francis Al s d place l activit artistique pour se projeter au c ur du monde Il s loigne alors des uvres recourant l image pour leur offrir des formules gestuelles pr f rant la pr sentation la repr sentation L artiste appara t en direct sans interm diaire et semble contredire ainsi le primat de l uvre d art objet symbolique forme mat rielle et tangible travers des actes ph m res l artiste interroge l objet d art et donc les moyens de sa mise en vue Toutefois les marches de Francis Al s ne sont pas absentes des mus es Comment cela est il possible Les actions produisent elles autre chose Quel est cet autre chose Les objets autour des d ambulations quel endroit quel moment pr cis dans quelles conditions y a t il art Est ce que l artiste d laisse les formes de repr sentation pour leur pr f rer la mise en rapport direct et sans interm diaire de l uvre et du r el Il s agit bien pour l artiste de tisser avec le monde qui l entoure au nom d un
64. du mus e et les discours autoris s de l exposition POINSOT Jean Marc L atelier sans mur textes de 1978 1990 Art Edition Villeurbanne 1991 R flexions sur l influence des mus es sur le sens des objets et celle de l exposition UV Lo sur la cr ation artistique RUSH Micheal Les nouveaux medias dans l art Thames and Hudson Londres 2005 Historique de l art vid o et num rique Plus particuli rement le chapitrel Performance et nouveaux medias Monographie UV Lo FERGUSON Russell FISHER Jean MEDINA Cuauht moc Francis Al s Phaidon ditions Londres 2007 Monographie du travail de Francis Al s Livre d artiste UV Lo Sometimes doing something poetic can become politic and sometimes doing something politic can become poetic The green line Livre d artiste exp galerie David Zwirner New York 2007 Entretien de l artiste avec des personnalit s en lien avec la situation politique J rusalem Catalogues d expositions monographiques Seven walks London 2004 5 Francis Al s textes de HARBISON Robert TOOP David interview de ALYS Francis par LINGWOOD James cat exp National portrait Gallery of London Artangel ditions Londres 2005 Collaboration de l artiste la conception Le centre historique de la ville de Mexico texte MONSIVAIS Carlos cat exp Francis Al s la cour des miracles Mus e des Beaux Arts de Nantes Museu d arte Contemporani de Barcelona r alis
65. e approche exp rimentale de la r alit Pourtant il ne r duit pas ses actions leur caract re ph m re En effet lorsqu il explore la cit Francis Al s utilise des objets documente ses actions Comment le fait il Que reste t il de tangible apr s ses d ambulations Al s r alise de nombreuses uvres picturales repr sentant l iconographie de ses marches mais je choisis de ne pas les tudier car ce travail est tr s souvent expos et le statut de ces tableaux et de leur auteur est moins probl matique Je souhaite donc me concentrer sur les objets autour de son action ceux qui ne d pendent pas d un enregistrement m diatique et ceux qui en sont le fruit A Objets ind pendants des enregistrements m diatiques de l action outils dessins documents graphiques r coltes traces a Outils pour la marche Le chien aimant que l artiste tire derri re lui pour collecter les objets m talliques de la rue dans The collector Mexico 1991 fut r alis l atelier d lectrom canique de Jacobo Islas Mendoza en collaboration avec l ouvrier Felipe Sanabria Cet objet est de prime abord vu comme un outil pour la collecte ou comme le propose Thierry Davila comme l outil du fl neur benjaminien son vade mecum ou plus exactement son carnet de notes ou de croquis Mais lorsque nous lisons le protocole cet objet est personnalis le collector marche toute une journ e De plus les dimensions ai
66. e condition d existence de l uvre d art GUILBAUT Serge Rodney Graham et Francis Al s silences discours et cacophonies voyages aux centres de la p riph rie Parachute 1997 n 87 pages 12 21 Comparaison des deux artistes et de leur pratique HOLLANDER Kurt L objet et l installation art du multiculturalisme Art press 1999 n 243 pages 23 27 L introduction de l art de l objet par des artistes migr s tels que Francis Al s aurait permis le renouvellement de la sc ne mexicaine HOLLEVOET Christel D ambulations dans la ville de la fl nerie et la d rive l appr hension de l espace urbain dans Fluxus et l art conceptuel Parachute 1992 n 66 pages 21 25 Une histoire de la marche dans la modernit KIHM Christophe L espace temps de la performance rep res pour une d finition Art press 2007 n 331 pages 50 55 Donne sa d finition d une performance LOUBIER Patrice Par hasard et en passant Sur quelques uvres rencontr es en marchant Esse arts opinions D rives II 2005 n 55 pages 26 31 D crit des uvres furtives rencontr es dans Montr al LUGON Olivier Le marcheur pi tons et photographes au sein des avants gardes Etudes photographiques 2000 n 8 pages 69 91 Interrogations sur les sp cificit s de l art dans l espace public MOUL NE Claire La Cour des miracles Les Inrockuptibles janvier 20
67. e de se demander laquelle des figures des Trois ombres est l original Pourquoi n en irait 1l pas de m me pour Francis Al s Lorsqu il reprend les images et les textes de ses actions les r unit en carte postale ou les assemble pour ne former plus qu un travail autonome comme celui que poss de le FRAC Rh ne Alpes il n y a pas lieu de savoir s il y a un original un primat d un objet sur un autre La porte est elle m me tout enti re un exemple parfait du travail modulaire de Rodin chaque figure y tant plusieurs fois r p t e restitu e r associ e ou recombin e de fa on obsessionnelle Or Rodin dans son travail privil gie tel point le KRAUSS Rosalind L originalit de l avant garde et autres mythes modernistes Edition Macula Paris 1993 traductions Jean pierre Criqui page 132 Idem page 132 principe de la reproduction que celle ci traverse de bout en bout tout le champ de la sculpture Il en est de m me pour Francis Al s o nous pouvons observer une conjonction d idiomes dans son uvre il utilise des langages diff rents pour traduire la m me chose Ses personnages ses histoires ses protocoles se retrouvent dans de nombreux travaux aux m dias vari s b Exemple Time is a trick of the mind Le Museum f r Modern kunst a expos diff rents travaux de Francis Al s en 2004 lors de l exposition Time is a trick of the mind Nous pouvions y voir le dessin anim pon
68. e est introduite par cette vid o pr sent e dans le vestibule du Couvent des Cordeliers Elle est diffus e par un moniteur encastr dans une cloison Le texte est accroch sur le mur accompagn d un cartel Cette mani re de pr senter la vid o a t approuv e par l artiste au pr alable Le pot de peinture n a pas t gard pour l accrocher comme a avait t le cas de la m me action Sao Paulo et Gent en 1995 Une carte postale dit e par le mus e est distribu e gratuitement l entr e de l exposition au milieu des cartes publicitaires Au recto la photographie repr sente l artiste selon une iconographie que l on retrouve dans toutes ses images Francis Al s de dos dans une ville marchant et ex cutant son action de mani re anonyme Paris est reconnaissable au premier plan le trottoir vide o l on discerne la ligne bleue cr e par Francis Al s Notre regard remonte jusqu sa main qui tient un pot de peinture perc d o coule un l ger filet color En haut droite on y retrouve la Seine travers e par un pont un bateau mouche et une cabane de bouquiniste Au dos de la carte postale emplacement o l on crit habituellement sont inscrits en caract re gras le nom de l artiste ainsi que le titre et la date de l uvre puis le mode d emploi afin de d couvrir la trace et partir sur les pas de l artiste c Une exposition contradictoire Nous l avons
69. ents de Francis Al s sont quasi absents des mus es En effet peut tre que les institutions n osent pas d cevoir le spectateur en lui proposant des documents alors que celui ci s attend voir des uvres Mais aussi longtemps que le mus e ne changera pas son rapport au document il y de fortes chances que le visiteur continue d tre d u Au del des questions soulev es par le travail de Francis Al s auxquelles nous avons tent de r pondre il serait int ressant d tudier le probl me de l exposition de documents dans les lieux se consacrant l art contemporain ainsi que les rapports qu entretiennent les institutions avec ces objets Peut tre faut il valoriser la mission d archivage au mus e et accepter que les documents soient parfois des l ments qui participent de l uvre celle ci n tant plus toujours ind pendante et autonome Dans le cas des d ambulations de Francis Al s c est leur existence artistique m me qui repose sur le document BIBLIOGRAPHIE Ouvrages UV Lo UV Lo ARDENNE Paul un art contextuel cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation Edition Flammarion Paris 2002 Analyse des diff rentes formes d art qui utilisent le r el Je m int resse plus particuli rement aux chapitres IV la ville comme espace pratique VI l uvre d art mobile ainsi qu au chapitre VII L art comme participation BABIN Sylvette Lieux et non
70. er l image en mouvement dirig par CHAMBOISSIER Anne Laure FRANCK Philippe VAN ESSCHE Eric Collection Essais La lettre vol e Bruxelles 2004 pages136 174 c De l importance de la conservation des documents Malgr la d ception que peut engendrer le document dans le mus e il est primordial que les institutions prennent conscience de son r le Le mod le documentaire a contribu repousser linfini les limites du champ artistique s imposant non seulement formellement mais v ritablement comme mode op rationnel Au del d une simple parent formelle structurelle ou fonctionnelle et th matique une cat gorie d uvres contemporaines entretient avec le document un lien organique au point de se confondre avec lui Le processus de d mat rialisation relative des uvres a conf r aux documents li s ces pratiques un statut ambigu qui fait aujourd hui l objet d une r valuation n cessaire Nous l avons observ il y a une confusion vidente entre les documents vid os et les uvres vid os confusion entretenue par l artiste lui m me que je n ai pu claircir qu en interrogeant l assistant de Francis Al s De plus les documents papiers cartes dessins photographie font partie int grante de l uvre pr sent e afin de montrer le chemin parcouru par la pens e de l artiste Nous l avons vu lorsque l artiste commissionne une exposition 1l ne s pare
71. er une certaine po sie de la surprise De plus au contraire du cin ma et de la t l vision la vid o permet la transcription imm diate de la mati re audiovisuelle en code analogique ou num rique La prise de vue et Paris 2001 page13 DAVILA Thierry dans Francis Al s cat exp Antibes Mus e Picasso d Antibes RMN ditions Paris 2001 page53 l enregistrement se font simultan ment la vid o est une conserve qui maintient le mat riau consign dans un tat de disponibilit et de transformabilit totales Ce m dium permet alors l artiste de retravailler facilement les donn es enregistr es Ainsi Gr ce la vid o il est possible d enregistrer le geste de l artiste et de donner voir son corps attel l acte de cr ation La vid o est un prolongement du geste artistique et semble tre le moyen le plus appropri pour rendre compte d une marche dans son int gralit m me s il est vrai qu elle diminue l extrapolation du spectateur b Enregistrements photographiques Au contraire une photographie produit d autres fantasmes permet l imagination de se d velopper Francis Al s utilise aussi ce medium mais l image y est statique et l absence de son et de mouvement peut tre probl matique L artiste a t il pos Comment rendre compte de la d ambulation en photographie Quel moment choisir en particulier Selon Thierry Davila il appara t lorsque
72. ermettent la diffusion du son chaque mouton entre au son d une cloche Des photos et de la documentation sont pr sent s sur des tables sous vitre clair s de pr s par des lampes en m tal pendues au plafond Toutes les vitrines sont clair es de cette mani re l Dans la salle 2 Bottle Mexico 1997 est diffus e sur le mur Nous pouvons voir le cheminement d une bouteille en plastique dans la ville pouss e par le vent Dans l angle en face l artiste pousse un bloc de glace Paradox of Praxis Sometimes doing something leads to nothing Mexico 1997 est une vid o projet e sur le mur avec 174 cm de large Ce travail nous int resse tout particuli rement car nous l avons vu il s agit pour l artiste d une documentation d une action Aucune ne diffuse de son Des photographies autour de la r alisation de ces pi ces sont pr sent es sous vitrine Les diapositives de Sleepers Mexico 1999 2002 sont projet es l aide d un timer et d un projecteur zoom grand angle 120mm minimum pos m me une table tout pr s du mur afin que l image soit petite discr te Voir annexe DOCUMENT n 17 Plan de l exposition Francis Al s La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes 2005 rez de chauss e page 50 Voir annexe DOCUMENT n 18 Liste des uvres documents et meubles des expositions Francis Al s Walking Distance From The Studio au Kunst Museum deWolf
73. erniste pose des questions similaires me appliqu es l uvre d Auguste Rodin sculpteur fran ais de la fin du XIX si cle En effet la notion de bronze authentique semble avoir peu de sens pour cet artiste qui entretenait une relation extr mement distante avec la fonte de ses oeuvres Elle avait lieu la plupart du temps dans des fonderies o le sculpteur ne se rendait jamais pour surveiller l ex cution Or nous l avons vu Francis Al s n h site pas d l guer collaborer avec des artisans Le chien aimant de The collector fut r alis en collaboration avec l ouvrier Felipe Sanabria puis il fut tir quatre vingts dix neuf exemplaires pour le magazine Parkett Mais Rosalind Krauss rel ve que le probl me de la reproductibilit ne s applique pas uniquement aux consid rations techniques li es la fonte des uvres de Rodin Il loge au c ur m me de l atelier Rodin Car les pl tres qui forment le noyau de son uvre sont eux m mes des moulages des multiples potentiels Et c est de cette multiplicit que na tra la prolif ration structurelle qui est au fondement de l uvre impressionnante de Rodin Elle prend alors pour exemple Les trois ombres qui couronnent La porte de l enfer 1880 1917 Il s agit ici de trois figures identiques qui assembl es forment alors une autre uvre selon le proc d du marcottage Rosalind Krauss souligne qu il semble absurd
74. erri re l cran ou l image Le r sultat mat riel n est pas celui de la performance qui laisse des traces ni celui du performeur proprement parler De plus consid r comme une entrave la cr ativit l univers de la galerie du mus e devient pour nombre de cr ateurs trop circonscrit Les artistes revendiquent de sortir des lieux conventionnels de l art pour explorer de nouveaux espaces ils descendent dans la rue et se mettent en mouvement La ville dont la beaut et le mouvement taient d j exalt s par les futuristes devient un cadre de production un espace exp rimental utilis afin de questionner notre quotidien social et politique Il en r sulte des uvres d art ph m res des actions des performances qui engagent le corps utilisent des outils laissent des traces des signes mettant en action Comment d s lors exposer de tels artistes Que produisent ils de tangible qui soit apte tre montr Que pr senter De quelle mani re Que signifie ce qui est expos Le mus e n entrave t il pas leur d sir subversif en r introduisant ce type de pratiques dans une institution L homme anonyme tirant l objet roulettes dans les rues de Mexico en 1991 est Francis Al s Artiste belge n en 1959 architecte de formation il partit en 1987 Mexico o il r side encore aujourd hui Prototype du marcheur il fonde sa pratique artistique sur cette forme de mobilit qui constitue pour
75. es 2005 a MARTIN Sylvia Art vid o Tashen Paris 2006 page 18 repr sentent une action de Francis Al s ne pr sentent pas toujours le mouvement dans son entier les possibilit s de montage transforment la notion de temps Celui ci n est plus consid r dans sa dur e r elle mais se r duit se compresse et devient une nouvelle forme cr ative Ainsi Sometimes something poetic can become political the green line J rusalem 2004 est une vid o qui montre l artiste marchant nonchalamment de dos souvent face aux militaires sa bo te de peinture laissant s chapper une ligne verte Elle a t r alis e en collaboration avec Rachel Leah Jones Philippe Bellaiche et Julien Devaux L artiste avait effectu cette marche pendant deux jours parcourant 24 km La vid o finale dure 17 minutes et 45 secondes et est ponctu e de commentaires audio qui se superposent en voix off sous tr s en anglais En effet l artiste a convi des personnes visionner sa vid o et r agir Ici la vid o permet les commentaires audio et crits accentuant la dimension politique et pol mique de ce travail Elle devient le lieu o la relation entre les mots et les images leur confrontation peut engendrer un nouveau type de narration La vid o Paradox of praxis Sometimes doing something can leads to nothing r alis en collaboration avec Rafa l Ortega ce qui laisse penser qu il s agissait de la personne qui filmait ne dure pas
76. es productions faites pour tre mises en vue c Pour distinguer l art B Deux expositions fran aises 1 L exposition La cour de miracles 2005 au Mus e des Beaux Art de Nantes a Une exposition d art contemporain dans un mus e du XIX si cle b Parcours c Les documents expos s sous vitrine d L exposition de vid os e Un artiste commissaire 2 Exposition Ici ailleurs au Couvent des Cordeliers 2004 a Une action sur invitation pour ouvrir une exposition collective b Des documents expos s c Une exposition contradictoire C La question du document au mus e a La repr sentation de l artiste en marche une faible pr sence dans les expositions a Des documents d cevants b De l importance de la conservation des documents c Se passer de l exposition Conclusion Il a fallu une poque de profonde d cadence de la vie sociale pour que l art soit enferm dans les cages des mus es Maintenant il a pour champ d action la vie enti re Taraboukine Moscou 1922 Introduction Un jour en 1991 un homme sans ge distinct habill de mani re sobre portant un sac l paule gauche d ambule dans les rues de Mexico en tirant un petit objet cubique sur roulettes Qui est cet homme Que fait il D s l aube du XX si cle les avants gardes ont rejet l art acad mique en faveur de l exp rience r elle voulant rapprocher l art et la vie En 1913 le futuriste
77. forme apte tre expos e Mais quels sont les travaux auxquels le spectateur se confronte physiquement C Les travaux labor s avec l enregistrement de ses actions Jouant subtilement et avec ironie sur l anonymat et la disparition la foule de la rue est le seul t moin des actions de l artiste sans le savoir Le monde de l art pour sa part n a acc s qu un souvenir d un acte qui est d j perdu Mais les enregistrements de ses actions ne sont jamais pr sent s bruts Nous verrons ici les travaux r alis s avec l enregistrement vid o ou photographique de ses actions 1 Avec les vid os a Montage vid o La vid o est un medium artistique bas par essence sur le temps et qui permet l artiste de retravailler les donn es analogiques ou num riques gr ce au montage Si ces uvres sugg rent qu il s agit de prises de vues documentaires la mati re visuelle a elle aussi t retravaill e par le choix des plans et des perspectives par les coupes successives par le rythme des images pendant ou apr s l action et bien s r par le montage Ainsi le document lectronique qui pr sente la trace d une action pass e est toujours porteur d un commentaire ou g n re une esth tisation qui ouvre de nouvelles perspectives Les vid os qui 1 AL S Francis entretien avec LINGWOOD James dans Seven walks London 2004 5 cat exp Londres National portrait Gallery Art Angel ditions Londr
78. i es Se dit aussi plus particuli rement pour d signer la dur e d un exercice continu de cette exp rience La d rive a pour fonction de promouvoir l utilisation du hasard de construire des situations ouvertes travers l espace urbain afin d en faire la red couverte de rencontrer de mani re fugitive les diverses atmosph res Leur volont tait de ne pas assujettir de ne pas contr ler le d placement dans l espace de se perdre dans la ville Par la pratique de la d rive Guy Debord et ses amis s approprient la cit et s opposent ainsi la rationalisation de la m tropole moderne et du monde capitaliste la mani re des situationnistes la production artistique de Francis Al s r side dans l action dans l investigation spatiale de la ville r inventant ainsi la d rive Magnetic shoes la Havane 1994 est une marche lente pour laquelle l artiste porte des chaussures magn tiques afin de collecter les l ments m talliques de la rue Il s agit d une v ritable forme de r sistance la rapidit de la vie urbaine Il prend son temps le perd d ambule et capte l imperceptible Comme le propose Thierry Davila dans Un si cle d arpenteurs les figures de la marche il est alors d tective qui gr ce son outil les chaussures d cuple ses possibilit s en acc dant des choses n glig es enrichit sa perception de la ville par la saisie de traces ou d indices r coltant des d bris des
79. is Al s a revisit le concept original en produisant une dition limit e Il est surprenant d apprendre que The collector avait pour but d tre massivement commercialis Si l oeuvre d art est l objet produit en collaboration par l artiste avec Felipe Sanabria que sont ces objets pourtant sign s et num rot s et s inscrivant donc dans une logique propre au march de l art Raul Ortega m a lui signifi qu il existait deux cent Collector r alis s pour Parkett Francis Al s d joue ici des notions d auteur d originalit et d uvre unique Le pot de peinture trou utilis pour The leak Sao Paulo et Gent 1995 partir du quel s chappe le filet de couleur a pour dessein d tre expos Le protocole qui accompagne l action l explicite en ces termes Ayant quitt la galerie l artiste se prom ne dans les quartiers de la ville un pot de peinture trou la main Sa dripping action en temps r el se termine quand retrouvant son chemin gr ce la marque de peinture il accroche le pot vide sur le mur d exposition Un objet du quotidien install tel quel dans un espace mus al peut on parler de ready made Ici le pot de peinture n est pas pr sent pour lui m me il permet d expliciter l action de la v hiculer elle est le point de d part de la ligne pour partir la d couverte de la ville D autres objets n ont jamais t expos s reproduits ou ve
80. ission entre contenant et contenu Qui alors est l auteur du contenant j MARTIN Sylvia Art vid o Tashen Paris 2006 page 6 RUSH Michael Les nouveaux medias dans l art Thames and Hudson Londres 2005 page 90 Voir annexe DOCUMENT n 6 Compte rendu de l entretien avec Thierry Davila commissaire de P exposition Francis Al s au Mus e Picasso Antibes 2001 page 27 Souvent il est pr cis dans les l gendes des images en collaboration avec R alis es par des individus diff rents se pr sentent ils comme des historiens de l action de rue ou ex cutent ils les instructions de Francis Al s Son assistant exprime t il son point de vue particulier sur le travail de l artiste et sur le milieu intime dans lequel tous les deux voluent La documentation de l action suivra un groupe de r gles strictes et automatiques dans le but de la distancer le plus possible de toute paternit La personne qui enregistre les actions de Francis Al s applique des r gles strictes qui ne lui permettent pas de s ext rioriser L artiste impose les codes qui r gissent la captation de son mouvement il est donc l auteur tant du r sultat conceptuel que du mat riel En captant ses actions travers la photographie et la vid o Francis Al s offre une p rennit ses actions ph m res un moyen de les archiver de les conserver Francis Al s retravaille alors ces enregistrements et leur donne ainsi une
81. istique figur e par l arri re plan toujours pr sent de l espace institutionnel Cet arri re plan valant comme mise en tension pose finalement la mise en cohabitation entre le lieu et le non lieu et permet de d passer la vis e utopique d une simple extension du domaine de la pratique artistique r put e ouverte et accessible un nouveau public En artiste post moderniste la position de Francis Al s n est pas radicale Il ne cherche pas modifier la d finition du lieu de l art ni proclamer son extension Il questionne imperceptiblement s ins re dans les failles interroge le rapport de cohabitation entre l artiste dans la rue et les lieux de l art Pour exister en tant que pratiques artistiques ses actions ne peuvent se passer de la mise en vue des documents B Deux expositions fran aises des documents dans le mus e Rester dans le cadre des expositions fran aises me permet de rencontrer les gens concern s J ai donc choisi de m appuyer plus particuli rement sur l exposition La cour des 1 ARDENNE Paul L art est partout d finitivement l institution aussi dans BABIN Sylvette Lieux et non lieux de l art actuel Edition Esse Montr al Canada 2005 page 116 page 114 5 RITTER Kathleen Comment reconna tre ne pratique furtive Guide de l usager dans Lieux et non lieux de l art actuel dirig par BABIN Sylvette Edition Esse Montr al Canada 2005 page 204 A CAIL
82. it d j r alis e auparavant Sao Paulo et Gent 1995 b Des documents expos s Il a r sult de l action clandestine une vid o de 13 minutes Film e par Olivier Belot employ de la galerie Yvon Lambert qui repr sentait alors l artiste le temps a t coup et les plans mont s par Francis Al s En premier lieu nous voyons le pot de peinture tre trou puis un texte r dig par l artiste d file Partez du Mus e d art moderne de la ville de Paris et descendez vers la Seine passez rive gauche par le pont de l Alma vous longez vers l est le quai d Orsay jusqu au boulevard Saint Germain prenez le boulevard et continuez jusqu croiser la rue de l Ecole de M decine droite marchez 200m et le Couvent des Cordeliers se trouve votre main droite au num ro 15 Nous d couvrons ensuite Francis Al s sans jamais pouvoir discerner son visage marcher dans les rues un petit matin d automne L artiste invite le visiteur de l exposition suivre sa trace marcher sur ses pas dans les rues de Paris Il nous propose une promenade hors du mus e afin de prendre conscience de la po sie ainsi infiltr e dans le r el 1 BOSS Laurence OBRIST Hans Ulrich Introduction Ici ailleurs cat exp Mus e d Art Moderne de la ville de Paris ARC Couvent des Cordeliers Editions Steidl Publishers Paris 2004 ALYS Francis texte accompagnant son travail L exposition collectiv
83. italien Marinetti dans son manifeste Le Music Hall appela de ses v ux un art ph m re issu du music hall profanateur des arts du pass un art qui ne soit plus une activit st rile de contemplation mais l exercice d une force vitale au c ur m me de la soci t Au milieu des ann es 1950 aux Etats Unis Pollock fait figurer le mouvement de son geste sur la toile Comme le montrent les films d Hans Namuth Pollock penchait son corps sur le tableau pos au sol et th tralise l acte de peindre dans une sorte de ballet Durant les ann es 1970 dans un contexte troubl politiquement nombre d artistes cherch rent red finir les pr suppos s de l art abordant l institution avec suspicion remettant en question la valeur marchande de l objet La performance introduit alors la dimension de l activit humaine dans le champ de l art Cependant nous sommes encore aujourd hui tr s influenc s par les notions acad miques du XIX si cle il nous semble comme vident que l auteur du r sultat mat riel doit tre l artiste lui m me Et pourtant c est pure utopie Rodin par exemple n tait pas l auteur du tirage de ses bronzes Mais nous restons encore convaincus que l objet mat riel l uvre d art est le but le r sultat du travail le m dium du propos artistique Le cas de performances retransmises par le biais de l enregistrement pose probl me le travail de l artiste se trouvant d
84. itical and sometimes doing something political can become poetic the green line Cinquante huit litres de peinture vinyle verte ont t utilis s pour tracer 24 km en suivant la ligne verte trac e en 1948 apr s le cessez le feu sign le 30 novembre 1948 entre Moshe Dayan commandant des forces isra liennes de la r gion de J rusalem et Abdullah al Tal repr sentant des L gions arabes et des autres forces dans la r gion de J rusalem Les lignes furent dessin es s parant ainsi J rusalem est et J rusalem ouest R alis dans un contexte troubl par les tensions politiques l action s est charg e d une lourde force de transgression urbaine La ligne verte devenait alors un concept de diplomatie internationale d limitant un territoire faisant cho aux fronti res palestiniennes et isra liennes Le contexte la ville de J rusalem imprima un sens politique puissant un acte po tique qui peut para tre l ger dans une autre cit cr ant alors une lecture distendue de la marche Ici l environnement a donn l axiome pr liminaire Francis Al s a suivi la ligne trac e sur la carte De plus le contexte a agi sur le sens de cette action d j jou e dans d autres villes sans cette port e politique Si l on consid re l tymologie du terme politique il est int ressant de constater qu il s agit de ce qui se rapporte la cit politikos de la cit Francis Al s exprime ainsi
85. ition ou concept L uvre est le concept Comme Lucy Lippard l a formul dans son livre Six years the Dematerialization of the Art Object 1973 les artistes de l art conceptuel ont d velopp des uvres dans lesquelles l id e est primordiale et la forme mat rielle est secondaire l g re ph m re pauvre sans pr tention et ou d mat rialis e Or c est exactement les questions soulev es par les travaux autour de la marche de Francis Al s l id e est primordiale et la 1 2 Le Petit Robert dictionnaire de la langue fran aise Dictionnaires le Robert Paris 1996 FLYNT Henry cit dans Art conceptuel formes conceptuelles SCHLATTER Christian cat exp Paris Galerie 1900 2000 1990 page 5 3 LIPPARD Lucy Six years the Dematerialization of the Art Object Univeristy of California Press Berckley Los Angeles London 1973 dans escape attemps page vii forme mat rielle est vanescente ou documentaire donc peut tre secondaire Tony Godfrey affirme qu il n y a pas de d finition commun ment accept e de l art conceptuel Il propose celle ci L art conceptuel ne s attache ni aux formes ni aux mat riaux mais aux id es et aux sens Aucun moyen d expression ni aucun style ne le d finissent il r siderait plut t dans la mani re dont il interroge la r alit de l art L art conceptuel remet en question le statut traditionnel de l objet d art en tant qu objet uniq
86. itures parqu es le long du trottoir nous pouvons observer un homme tirer un objet sur roulettes Le noir et blanc la tenue du personnage aucun indice ne nous permet de situer cette photographie Un certain anonymat mane de l image O cela se passe t il Qui est cet homme Que fait il Quel est l objet qu il tire Le protagoniste de cette photographie pourrait tre n importe qui un simple passant Pendant une p riode ind termin e le collectionneur magn tis marche quotidiennement dans les rues et acquiert graduellement un piderme fait de tous les rebuts m talliques plac s sur son chemin Le processus se poursuit jusqu ce que le collectionneur soit enti rement recouvert par ses troph es gt The collector est en fait un petit chien magn tique inspir du grand nombre de chiens errants dans la ville de Mexico et que l artiste tra ne derri re lui dans les rues afin de r colter les fragments m talliques qui jonchent le sol Investir vient du latin investire qui signifie rev tir garnir Le collector se rev t des rebuts de la ville pr l ve du r el et r v le alors un portrait de la ville m pris e dessin d apr s ses d chets L artiste collecte le mineur gr ce son outil d exploration mais aussi gr ce au mouvement dans la ville Francis Al s fl ne fait de la marche une discipline artistique Il labore un travail de recherche autour de son propre d placement comme un outil pour s ins re
87. l ouvrage Les Commensaux Quand l art se fait circonstances F urtif signifie clandestin secret qui se fait la d rob e de fa on inaper ue fugace discr te Il d crit ainsi la fa on dont l art p n tre les espaces publics et sociaux et interroge alors la notion de spectateur id al et attendu Je n ai pas eu acc s son ouvrage publi au Canada mais Kathleen Ritter propose un guide de l usager intitul Comment reconna tre une pratique furtive En effet comment identifier une pratique furtive L art furtif se d guise parfois pour imiter autre chose s ins rant dans le tissu social de fa on passer pratiquement inaper u Il se sert du langage et de nos lectures de la ville en tant qu espace s miotique Le furtif est une d marche hasardeuse puisque l image de l ironie il risque de passer inaper u En tant que public nous sommes conditionn s par les rep res visuels linguistiques et architecturaux de l espace mus al Lorsque l art a lieu en dehors des institutions sans cadre autour pour le proclamer art il est difficile de le reconna tre comme tel de le distinguer des autres activit s L art furtif n est pas un rendez vous donn avec le mus e mais avec la vie La rencontre peut tre fortuite inattendue surprenante Kathleen Ritter propose alors une liste de notions caract ristiques de cet art comme moyen de le reconna tre Voyons alors si les d ambulations de
88. l porte un pull qui se d tricote chaque pas accroch au Mus e des Sciences et Techniques de la ville pour arriver au Mus e Nordique traversant toute la capitale travers les parcs Dans les deux mus es les visiteurs pouvaient trouver des cartes postales illustr es d une photographie couleur de l artiste de dos v tu d un pull bleu se d maillant en un long fil On pouvait y lire Je vous donne ici un conte de f e Lequel est aussi bon qu il est vrai Ce qui suit vous apportera passion Ch teau sur les cr tes et trahison Comment de sa cape un fil mortel sa fen tre conduisit les criminels Dans ce petit po me l artiste utilise le champ lexical des contes fantastiques pour enfants f e ch teau cape et affirme je vous donne ici un conte Il joue sur les clich s avec humour tout en donnant une clef de compr hension pour son travail Francis Al s invente des histoires Sur une table en bois du mus e Nordique tait d pos e une carte de la ville sur laquelle le trac de la marche avait t inscrit ainsi que ce qui suit Comme les soci t s extr mement rationnelles de la Renaissance sentirent le besoin de cr er des Utopies nous notre poque devons cr er des fables Francis Al s est producteur de petites fables d espaces fabuleux au sein de la ville o il circule tel un personnage dans un roman De plus pour retracer une histoire il faut la d crire dan
89. les clich s afin de pouvoir les r utiliser d R utilis es pour une oeuvre Le FRAC Rh ne Alpes poss de une uvre je d duis qu elle est consid r e comme telle puisque mise en ligne sur la base Vid omuseum et poss dant un num ro d inventaire en tant qu oeuvre intitul e Sometimes Making Something Leads to Nothing 1998 Il s agit de sept cromalins peints par l artiste encadr s d un carton blanc sur lequel est inscrit le texte qui explicite l action c est le fameux axiome ou protocole Le lieu et la date sont inscrits Une marque de tampon circulaire et violette est pos e sur ce cadre inscrivant Hypothesis for a walk Francis Al s ce qui fait office de signature Au centre du tampon un num ro donne l ordre dans lequel il faut les pr senter en suite chronologique Ils sont encadr s de bois et mis sous verre Les dimensions sont 35 7 x 27 7cm Il est pr cis dans le catalogue Vid omuseum que la s rie de photos appartient une uvre projet plus large aux formes page 41 f Voir annexe DOCUMENT n 14 Vid omuseum Sometimes doing something leads to nothing 1998 pages 44 et 45 diverses et toujours en cours en 2005 mais personne n a pu m expliciter ce que cela signifie Cette composition consid r e comme une uvre sign e dat e appartient pourtant un projet plus large l artiste cultive ainsi l ambigu t e dit es en cartes postales
90. lieux de l art actuel collaboration de ARDENNE Paul CAILLET Aline de BLOIS Catherine FRASES Marie LEONARD Emmanuelle LEVESQUE Luc MIGONE Christophe RICHARD Alain Martin RITTER Kathleen RODRIGUEZ Veronique WRIGHT Stephen Edition Esse Montr al Canada 2005 Plus particuli rement les articles L art est partout d finitivement l institution aussi gt ARDENNE Paul Des lieux aux non lieux de la mobilit limmobilit FRASER Marie Comment reconna tre ne pratique furtive Guide de l usager RITTER Kathleen Lieux de poursuivre R flexions sur le Criticable Art ensemble et l affaire Kurtz Wright Stephen BAQU Dominique Histoire d ailleurs artistes et penseurs de l itin rance Edition du Regard Paris 2006 BLISTENE Bernard Une histoire de l art au XX si cle Hors s rie Beaux Arts Magazine Paris 2000 Plus particuli rement le r el en question et cin ma vid os l image en mouvement projections et installations BOURRIAUD Nicolas Esth tique relationnelle Les Presses du R el Dijon 1998 Th orise l esth tique de la relation en art contemporain la production de gestes et de convivialit prime sur les choses mat rielles CHAMBOISSIER Anne Laure FRANCK Philippe VAN ESSCHE Eric Exposer l image en mouvement articles de AGOFROY Helene ANGELBROTH Charles BOISSIER Jean Luc COUCHOT Edmond FOREST Fred FRANCK Philippe De MEREDIEU Florence PARFAIT F
91. lorence RIBETTES Jean Michel TURIN Aldo Guillaume VAN ESSCHE Eric Collection Essais La lettre vol e Bruxelles 2004 Recueil d articles sur la difficult d exposer le film et la vid o DAVILA Thierry Marcher Cr er D placements fl neries d rives dans l art de la Jin du XX e si cle ditions du regard Paris 2002 Trois artistes ou groupe d artistes qui utilisent la marche Orozco Al s et Stalker Le chapitre II m int resse tout particuli rement car il interroge le travail de Francis Al s travers le concept de la marche DE MEREDIEU Fran oise Histoire mat rielle et immat rielle de l art moderne ditions Bordas Culture Paris 1999 Une histoire de l art contemporain vue sous l angle des nouveaux mat riaux utilis s FERRER Matilde Groupes mouvements tendances de l art contemporain depuis 1945 Ecole Nationale Beaux Arts Paris 2002 D finitions des grands courants artistiques contemporains GODFREY Tony L art conceptuel ditions Phaidon Paris 2003 Une histoire de l art conceptuel GOLDBERG RoseLee La performance du futurisme nos jours ditions Thames amp Hudson L univers de l art Paris 2001 Une histoire de la performance GOLDBERG RoseLee Performances L art en action ditions Thames amp Hudson Paris 1999 Une histoire de la performance JIMENEZ Marc La querelle de l art contemporain ditions Gallimard collection Folio Essai Paris 2005 R su
92. lors de se focaliser sur les structures existantes dans les zones n glig es Pour lui les buildings abandonn s avaient une qualit non u mental Pendant six ans profitant de la d saffection de b timents destin s la d molition il y d coupe litt ralement des sections ouvre des parcours Il donne l architecture de nouveaux espaces de convivialit extrait des fragments qui seront autant de sculptures anarchiques Puis il prend des photographies bas es sur les d coupages et les perceptions alt r es que cela engendre Par exemple en 1973 il r alise New York Pier in out il d coupe un rectangle dans un pan de mur incorporant deux carreaux d une fen tre Les photos pr sentent le mur avant le d coupage et apr s celui ci tandis que le morceau extrait est mont sur un pied et pr sent comme tel dans le mus e Ainsi le travail de Gordon Matta Clark est simultan ment une addition aux structures originelles en r alisant des passages et des points de vue et une soustraction en cr ant un vide En admettant que je le sois une sorte de collector j esp rerais pouvoir le faire d une mani re qui rel ve plus d une suppression des choses que d une accumulation ou d un rajout En fait il s agirait plus de traduire les choses que de les produire Francis Al s la mani re de Matta Clark est venu pr lever du r el David Toop parle alors de non ajout attitude com
93. lui permet d tre un moyen de retransmettre son action plus facilement Ainsi il propage son histoire propose son protocole les pr sente tout simplement un public Francis Al s apporte une importance consid rable la m diation fait de servir d interm diaire de ses actions via les objets De plus il enregistre ses marches furtives afin de leur donner une p rennit Mais les objets conserv s dans les mus es ou biblioth ques ne sont pas des enregistrements l tat brut L artiste s en sert comme d une mati re premi re pour d autres travaux dans un souci presque p dagogique Le medium photo ou vid o n est jamais pr sent pour lui m me Ainsi la l gitimit de l enregistrement n est plus Voir annexe DOCUMENT n 13 Sometimes doing something poetic can become politic and sometimes doing something politic can become poetic The green line Livre d artiste exp galerie David Zwirner New York 2007 page 43 probl matique la question de l auteur est r gl e Toutes ces r alisations sont des vecteurs de l action furtive des inducteurs pour le spectateur qui consistent faire remonter par le raisonnement ou l intuition de certains indices des faits qu ils rendent plus ou moins probables D pr minence d une production sur une autre Il est important de s interroger sur un primat ventuel d une production afin de savoir ce qu il faut exposer et q
94. m des grands d bats concernant l art contemporain KRAUSS Rosalind L originalit de l avant garde et autres mythes modernistes Edition Macula Paris 1993 traduction Jean pierre Criqui Particuli rement L originalit de l avant garde Une r p tition post moderniste p 129 LIPPARD Lucy Six years the Dematerialization of the Art Object from 1966 to 1972 University of California Press Berckley Los Angeles London 1973 Recueil de textes et d interviews sur l art conceptuel LUGON Olivier Le style documentaire d Auguste Sander Walker Evans 1920 1945 collection Le champ de l image Macula Paris 2001 Historique du style documentaire en photographie de 1920 1945 LYOTARD Jean Fran ois La condition postmoderne les ditions de minuit Paris 1979 La condition du savoir dans les soci t s d velopp es travers une certaine d finition du post modernisme MARTIN Sylvia Art vid o Tashen Paris 2006 Br ve historique de l art vid o et petit dictionnaire d artistes utilisant ce m dia MILLET Catherine l art contemporain en France Paris Flammarion 2005 Une histoire de l art contemporain en France partir des ann es 1960 travers ses probl matiques majeures POINSOT Jean Marc Quand l uvre a lieu L art expos et ses r cits autoris s Art Edition et Mus e d art Moderne et Contemporain de Gen ve Villeurbanne 1999 Recueil d articles sur le r le
95. me un refus d adjoindre du mat riel dans un monde qui en contient tant Mexico il m apparut vain de chercher ajouter quelque chose cette ville dans cette norme situation satur e J ai essay de toucher les situations dans une intervention la plus minimaliste possible Quand j ai commenc mes premi res marches mon id e n tait pas d ajouter mais plut t d absorber tout ce qu il y avait de travailler avec les r sidus ou avec les espaces n gatifs les trous les espaces entre Sensible aux espaces interstitiels et sans valeur Francis Al s produit une attitude non u mental son acte s est arr t il n a pas Voir annexe DOCUMENT n 4 Photographies et l gendes du catalogue d exposition Gordon Matta Clark a restrospecive texte de JACOB Mary Jane of Contemporary Art Chicago 1985 pages 24 25 7 AL S Francis entretien avec DISERENS Corinne dans Francis Al s Walking Distance From The Studio cat exp Wolfsburg Kunst Museum Wolfsburg 2004 3 AL S Francis entretien avec LINGWOOD James Seven walks London 2004 5 cat exp Londres National portrait Gallery Art Angel ditions Londres 2005 Idem transform la ville n a laiss aucun monument p renne d Pour introduire des histoires qui se diffusent En 1998 Francis Al s r alise The looser The winner Stockholm 1998 Marchant durant une journ e enti re d un bout l autre de Stockholm i
96. n s opposant alors l autorit de l institution remettant en question les espaces traditionnels de Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 13 monstration de l art Cette barre constitu e de segments en bois color s fix s les uns aux autres tait pour l artiste comme une peinture sans fin un outil de signalisation pour une approche ph nom nologique de la ville afin d intensifier la pr sence de l artiste la r alit collective Les deux artistes se rejoignent sur ces questions O voir l art O est il La rue devient atelier et mus e En 1996 Sao Paulo Francis Al s marche dans la rue avec un pot de peinture trou d o s chappe un l ger filet vert The leak Sao Paulo 1996 Ce travail pr sente une r f rence vidente au dripping de Pollock L artiste am ricain des ann es 1950 projetait en effet directement la peinture l aide d un b ton sur la toile pos e m me le sol Cependant ce n est plus la toile sur laquelle se projette le geste de l artiste dans The leak mais le trottoir le bitume de la ville Comme l a nonc Stephen Wright lors de notre entretien Francis Al s fait du Pollock socialis Il rejoue le geste mythique de l artiste mais lui offre une nouvelle dimension la cit L activit urbaine est continue toujours intense et la production de signes permanente Ainsi l artiste s y in
97. n Elles sont des supports documentaires des actions furtives Comme le confirme la galerie David Zwirner la vid o de The leak r alis e Paris en 2003 n est pas une uvre Nous pouvons y voir l artiste marcher dans les rues de Paris un filet de peinture s chappant d un pot qu il tient la main Cette vid o est conserv e au Mus e d Art Moderne de la ville de Paris ARC sous forme de quatre DVD s DVD PAL et DVD NTSC ainsi que deux copies internes Le mus e ne poss de pas de Master r serv aux uvres proprement parler Ces DVD s sont conserv s en tant que AML c est dire en tant que document Ce travail n a pas t achet c est un legs L artiste garde les droits afin de pouvoir le r utiliser sa guise Son aspect n est pas n glig pour autant la vid o a t mont e pour ne durer que treize minutes ce qui permet de transmettre l action dans une exposition la mani re d un reportage 4 Voir annexe DOCUMENT n 9 Mail de Raul Ortega page 35 Voir annexe DOCUMENT n 10 Mail de Bella Cochran Hubert au Mus e d art Moderne de la ville de Paris ARC pages 37 38 Voir annexe DOCUMENT n 23 Entretien avec Odile Burluraux charg e de projets au Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris ARC page 67 Ainsi les actions furtives de Francis Al s ne sont jamais vendues Les enregistrements qui en r sultent m me mont s et retravaill s s
98. ndus C est le cas des chaussures aimant es de Magnetic shoes Mexico 1994 qui s assimilent plus des instruments pour r aliser les marches des moyens de produire son action b Dessins pr paratoires Francis Al s r alise de nombreux dessins souvent sur papier calque Selon Thierry Davila lors de notre entretien les dessins sont des esquisses pour d autres travaux Mais si ces derniers ne sont pas faits cela n a pas d importance cela n enl ve rien la qualit du travail Le mus e d Art Moderne de la Ville de Paris ARC poss de cinq dessins pr paratoires de l action The leak r alis Paris le 17 octobre 2003 Ils ont t l gu s avec le DVD de l action Voir annexe DOCUMENT n 5 Photographie des pages 60 et 61 de Parkett 2003 n 69 magazine d art contemporain vente d une dition limit e de Ghetto Collectors page26 Ce sont des sch mas des esquisses un personnage en marche y est dessin suivant des fl ches passant au travers des notes Ils ne sont pas consid r s comme des uvres d art En effet le num ro d inventaire commence par AML c est ainsi que le mus e r pertorie les documents Ils n ont jamais t expos s et ne sont pas destin s l tre Pourtant Raul Ortega l assistant de l artiste m a signifi que m me si la plupart des dessins ne sont pas autonomes vis vis du projet qu ils pr parent ils forment un tout avec les autres
99. ne remplacent pas l action ils la rendent perceptible L art lui accepte d agir et d tre jug in absentia Ils permettent l acte d tre vu comme proposition artistique et transforme alors le statut de l activit symbolique gr ce au document performatif tirer un petit chien sur roulettes dans les rues de Mexico n est plus vu comme un acte vain et futile mais comme une suggestion artistique Les actions de Francis Al s seraient alors des actes faible coefficient de visibilit qui ont besoin du document pour tres activ s Ils sont heuristiques et permettent de rendre accessible l action en tant qu art Les objets sont produits WRIGHT Stephen L avenir du ready made r ciproque valeur d usage et pratiques para artistiques Parachute n 117 2004 pages 118 138 WRIGHT Stephen interview avec THOUVENIN Corinne Laboratoire le RARE R seau d Art Recherche et Essai www le rare com laboratoire php pour donner un acc s sensible une intervention termin e ils ne sont donc pas secondaires mais indispensables 3 Pr minence d un objet ou d une production Francis Al s ne revendique pas l immat rialit le primat du concept sur sa r alisation De plus son action pour tre vue d pend des objets produits Mais y a t il une production premi re originale a Une conjonction d idiomes E 1 by oe Rosalind Krauss dans Une r p tition post mod
100. nexe DOCUMENT n 1 photographies du catalogue d exposition Francis Al s Mus e Picasso d Antibes RMN ditions Paris Antibes 2001 page 1 3 lorsqu il s agit d une peinture la technique et la date sont inscrites ainsi que les dimensions Pour une peinture r alis e par un rotulista peintre publicitaire mexicain qui Francis Al s a demand de peindre des tableaux dont il avait r alis le mod le le nom de l auteur est pr cis Lorsqu il s agit d une photographie il n y a que le titre et la date parfois le lieu et au cas ch ant si c est un d tail L absence de nom signifie t elle implicitement que Francis Al s est l auteur de cette image Mais un probl me se pose qui est le photographe lorsqu il s agit d un clich de Francis Al s lui m me Parfois des photos semblent avoir t peintes mais il n y a pas d indications sur la technique ni sur l auteur Lorsqu il s agit d un vid ogramme le titre et la date sont inscrits avec la pr cision vid ogramme mais ne nous sont donn s ni la dur e de la vid o dont l image est extraite ni quel moment se situe l image dans la vid o la page 59 une photographie pr sente une boule souvenir pos e sur un parapet avec comme toile de fond une ville La l gende indique boule de neige Mexico City 1995 Ni les dimensions ni la technique ni l auteur ne sont indiqu s Nous imaginons donc qu il
101. ni re foisonnante Un projet se verra port d un medium un autre conf rant ainsi une mutabilit son champ d op ration Malgr cette diversit chaque travail peut tre consid r comme ind pendant chaque medium a son effet unique m me s ils sont tous reli s ou ont la m me iconographie aucun n est capable de dire exactement ce que l un signifie pour l autre Francis Al s r alise des actions non monumentales au service d une histoire d une fiction qu il va introduire dans la r alit en suivant un protocole pr cis l aide d outils pr paratoires Afin que ses actions soient p rennes l artiste enregistre ses d placements artistiques l aide de la vid o ou de la photographie Pour qu elles soient visibles en tant qu art qu elles b n ficient d un public r el il r alise des artefacts partir de ces enregistrements des documents performatifs Il passe d une activit une autre d un medium un autre les juxtapose d place son r le d artiste le rend insaisissable Son id e se disperse dans une mobilit de formes l image de ses d ambulations travers la ville Ces documents sont des vecteurs de l action mais pr sent s dans une exposition sous une vitrine deviennent ils objet d art le mus e l gitimerait alors l objet ou sont ils montr es comme des t moins qui auraient pour but d tre des m diateurs entre l action absente et le s
102. nous observons les photographies montrant l artiste en action que le choix se porte sur l image la plus explicite Une photo doit tre parlante fonctionner comme un indice Elle doit avoir une forte capacit d vocation c Une iconographie de l anonymat Dans la vid o comme dans la photo Francis Al s labore une iconographie ensemble des images des illustrations de ses marches en d tournant autant que possible l attention de sa personne physique dans tout enregistrement On distingue rarement un visage mais plut t des pieds une vue de dos une silhouette en mouvement qui seront capt s la mani re du d cor environnant Le personnage est anonyme l artiste ne cherche pas se mettre en avant il souhaite au contraire que sa d marche soit utilis e par tous par la suite il est de dos ou a la t te tronqu e dans une rue nous pouvons reconna tre des voitures un trottoir des immeubles et son accessoire est visible bo te de peinture fil de laine petit chien tout est dit Les images focalisent notre attention sur des points tr s pr cis qui sont comme des clefs pour comprendre ce qui est cr Face cette image le spectateur peut alors se repr senter l action d Le probl me de l auteur Le travail de l artiste se trouve derri re l cran ou l image Le r sultat mat riel l enregistrement n est pas celui de la performance qui laisse des traces Nous assistons alors une sc
103. ns une action gratuite anti monumentale Le titre explicite bien l id e qu un mouvement puisse tre sans utilit En effet il ne produit rien d autre qu une m ditation sur la rentabilit de chacun de nos gestes dans un monde contemporain o la rationalit utilitaire impose partout sa supr matie absolue Les actions de Francis Al s sont ph m res inscrites dans une temporalit et se dissolvent dans le temps Marcher c est quitter le monde de l art pour rejoindre la vie remettre en question l objet qui est alors vu comme superflu et se dilue dans la cit c Dans la ville L artiste r alise ses actions dans la ville qui n est pas le lieu de la cr ation artistique conventionnellement comprise Sortir du mus e de l atelier quivaut la prise de possession d un territoire Mais c est aussi interroger les institutions mus ales et leur fa on d exposer L action dans la ville ne peut se retrouver enferm e dans les murs d un white cube Artiste fran ais d origine roumaine Cadere se promenait dans les ann es 1960 dans Paris un b ton de section circulaire la main afin de signaler l homme en marche Il le d posait ensuite dans des espaces publics tels le m tro une boulangerie ou encore une galerie o il n avait pas t invit Ce b ton incarnait son passage enregistrait son action comme un t moin la m moire de sa marche Il pr sentait cette activit comme une expositio
104. nsi que les mat riaux indiqu s au dos de la carte postale ou en l gende des photos des catalogues sont ceux de cet objet et non le temps de l action Francis Al s The collector Mexico D F oct 1991 aimants m tal et roues en caoutchouc 22 x 10 x 32 cm En lisant la l gende nous sommes en droit de nous interroger est ce le petit chien qui est l uvre et non son utilisation travers la ville Pr sent dans les expositions je n ai pu le trouver dans aucune collection Un article sur Francis Al s paru dans le magazine Parkett num ro 69 en 2003 propose une l DAVILA Thierry dans Francis Alys cat exp Antibes Mus e Picasso Antibes RMN ditions Paris 2001 page 53 autre version du chien The Collector intitul cette fois ci Ghetto collector tir quatre vingt dix neuf exemplaires sign s et num rot s Il s agit d une dition sp ciale 30 plus petite que l originale et construite l aide de packs de jus de fruit magn tis s et mont s sur roulettes Ces objets r alis s partir de mat riaux industrialis s r cup r s sont une r f rence directe au syst me de r cup ration des pays pauvres les canettes de soda sont souvent r utilis es pour fabriquer des jouets ou des objets utiles au quotidien Le texte du magazine pr cise ce jouet urbain fut con u en 1991 pour tre massivement commercialis envahissant les rues des villes d Am riques latines Pour Parkett Franc
105. nt leur propos une ventuelle parole critique Quand on arrive dans l tat physique sale et d penaill s que l on peut ais ment imaginer la fin d un p riple dans un lieu d art la rencontre avec le public constitue toujours notre plus belle production Ainsi leur action est relay e par l entremise du r cit Afin de diff rencier l uvre du document peut tre faut il sortir les documents du mus e et de la vitrine pour leur redonner une valeur d usage celui d crit servant de preuve ou de renseignement Les cartes postales le livre d artiste et les catalogues auxquels participe Francis Al s sont conserv s dans les archives des mus es ou dans les biblioth ques Pouvoir les consulter et les utiliser leur conf re une valeur d usage et leur statut de documents est confirm travers l entremise du r cit de la conf rence donn e par l artiste des documents consultables des rumeurs qui circulent son sujet l action furtive peut b n ficier d une reconnaissance artistique sans passer n cessairement par l exposition Exposer les actions furtives de Francis Al s consiste offrir une communication 1 Le Petit Robert dictionnaire de la langue fran aise Dictionnaires le Robert Paris 1996 BERLAND Alain Portrait POINCHEVAL Abraham et TIXADOR Laurent le club des aventuriers particules n 15 juin ao t 2006 page 6 2 Le Petit Robert dictionnaire de la lang
106. nt Elle n a pas t expos e d Collecte et traces Les marches aimant es de Francis Al s collectent des objets m talliques Selon Cuauht moc Medina le mat riau de The Collector est surtout tout ce qui adh re au petit chien la trace d une pratique sociale diffuse et tendue et l apport d un nouveau spectacle la sc ne des rues Quelle l gitimit donner ces divers l ments Sont ils des preuves 1 2 Voir annexe DOCUMENT n 9 Mail de Raul Ortega page 34 Voir annexe DOCUMENT n 8 Document graphique d une action Narcoturismo 1996 Copenhague 46x32cm page 33 3 Voir en suivant des protocoles auto impos s page 6 MEDINA Cuauht moc dans Francis Alys cat exp Antibes Mus e Picasso Antibes RMN ditions d un mouvement une accumulation qui fait uvre des traces des signes Thierry Davila g Te rs a P 2 L parle de collection ainsi r unie qui r capitule la promenade du pi ton dont elle repr sente la m moire l archive C est une proposition pour d finir le statut de ces rebuts des archives Ces reliques collect es n ont jamais t expos es Enfin Francis Al s laisse parfois des traces dans l espace urbain une ligne de peinture un fil de laine une flaque d eau Ces marques imperceptibles s effacent avec le temps e Des vecteurs de l action Quel statut donner ces objets S agit il de documents c
107. ographiques Ainsi pour l image qui repr sente the looser the winner page28 la l gende dit ceci Fairy tales 1998 Stockholm Su de carte postale avec texte Nous remarquons que le titre n est pas celui auparavant rencontr et que de plus nous ne savons pas qui a pris la photographie de l action Cette photographie est visiblement retouch e ce qui n est pas pr cis La mention carte postale est int ressante car rarement rencontr e Je suppose alors que l auteur n est pas donn car tant la carte postale produite par l artiste il s agit implicitement d une uvre de Francis Alys Pourtant ce n est pas la carte postale car le texte protocole normalement pr sent n est pas sur l image Il s agit donc de l image qui a servi faire la carte postale Page 120 deux photos repr sentent l action Duett 1999 XLVIII Biennale de Venise Sur la premi re il est pr cis le lieu le contexte de la biennale avec la lettre A nous y voyons Al s de dos v tu simplement avec la partie haute du tuba dans les bras et des bateaux sur la lagune droite Sur l autre photo la l gende pr cise B nous devinons qu il s agit d Honor d O qui est de face avec l autre partie du tuba Sur la page de droite nous reconnaissons la photo utilis e pour la carte postale deux hommes en costume de marin de dos mais il est seulement inscrit Mexico D F 1992 Je m interroge
108. on directe et diff r e Directe lorsque le spectateur assiste in vivo l action et constate que quelque chose de singulier se passe se d roule dont il est le t moin muet et surpris atteint probablement par une attraction dans la ville Diff r e lorsque l espace d exposition propose au public de rencontrer le d placement mis en forme le geste cin plastique et de faire lui m me l exp rience de cette apparition Le public n a acc s l action urbaine que par le biais des objets autour de la d ambulation lorsque ceux ci sont expos s Ce n est donc pas l art contextuel l action furtive elle m me qui vient dans le mus e mais la retransmission via des preuves des t moignages d un acte pass qui fonctionnent par induction Jamais l acte n existe dans le mus e Il s agit donc d une communication diff r e d une retransmission de la marche b Des productions faites pour tre mises en vue Il serait hypocrite d accuser les institutions de vouloir introduire dans leurs murs un art qui les fuit En effet l artiste cr e une traduction visuelle et un dispositif de mise en vue destin s au monde de l art des vid o courtes et claires des photographies choisies selon leur dimension heuristique des cartes postales gratuites L artiste en cr ant de tels objets ou en gardant ses outils de sp culation choisit lui m me de transmettre l action furtive dans le mus e La circonstance
109. ont des documents et n ont pas de valeur commerciales L artiste peut se servir de ces documents pour r aliser par la suite de nouveaux travaux Au contraire Cuentos Patrias Mexico 1997 s av re ne pas tre un acte furtif mais une pure fiction et la vid o une oeuvre Il y a donc une r elle difficult juger du statut de ces travaux d Interroger la r alit et la fiction le document et l uvre Le travail de l artiste chappe pourtant tout syst matisme Re enactments Mexico 2000 pr sente en effet deux versions Francis Al s porte un revolver dans les rues de Mexico sans savoir ce qu il va advenir jusqu ce qu il soit interpell par la police au bout de douze minutes Il s agit donc d un acte furtif Mais la seconde version rejoue cet acte avec les m mes policiers en tant qu acteurs Ici il s agit d une fiction Les deux actions ont t film es par Rafa l Ortega et les vid os sont pr sent es c te c te dans les espaces d exposition La pr sentation est primordiale apportant un nouveau sens de nouvelles interrogations En effet le visiteur s interroge quelle est la r alit quelle est la fiction L artiste semble chercher prouver qu il n y a pas de v rit indiscutable et affirm e mais un mouvement entre le r el la cit et l invention Il examine les relations entre le vrai et le factice cherchant montrer la distance cr er une comparaison entre l
110. onze heures le temps qu il a fallu au bloc de glace pour fondre mais cinq minutes Nous y voyons l artiste poussant un norme bloc de glace qui s amenuise au fur et mesure le son de la ville et du bloc sur le bitume se superposant aux images Les plans sont soigneusement choisis nous pouvons voir Francis Al s dispara tre derri re un mur la cam ra restant fixe pour le montrer en passant diff rents angles sont offerts pour le filmer Il y a une recherche v ritable dans le rendu dans un format documentaire un acte a t enregistr en temps r el puis mont pour donner une vid o de cinq minutes L artiste reste ainsi proche de l v nement Il commente un morceau de r alit isol e l appui d interventions techniques connues comme la modification de la structure temporelle les coupes les plans mais aussi l utilisation du son du langage et des textes Cinq minutes c est une dur e assez courte pour que le spectateur dans une exposition puisse voir la vid o dans son entier Elle permet alors la transmission de l action b Installations Mont es et mises en sc ne dans des dispositifs ou des installations les conditions de pr sentation des vid os sont contr l es par l artiste Un lecteur de DVD transmet les donn es Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 15 Idem page 9 MARTIN Sylvia Art vid o Tashen Paris 2006 page 24
111. ours ditions Thames amp Hudson L univers de l art Paris 2001 page 8 Z KIHM Christophe L espace temps de la performance rep res pour une d finition Art press 2007 n 331 pages 50 55 nous le verrons plus loin De plus l espace n est pas d limit et cr par l action l espace est la ville et l action est un processus d infiltration dans cette ville Une autre d finition de la performance met en avant la pr sence d un public Est performance un accomplissement uvre accomplissement public en tant qu uvre d art ne n cessitant aucun savoir faire particulier sans fonction sinon d exister fugitivement multidisciplinaire ou tendant au niveau z ro de l expression La performance n existe que dans l instant n existe que dans la m moire des spectateurs Il est en effet g n ralement consid r que la performance limite la distance entre le performeur et le spectateur public et artiste vivant l uvre simultan ment Or comme nous l avons vu pr c demment les actions de Francis Al s ne convoquent pas de spectateur Peut on alors parler de performance Pour Stephen Wright la performance a un statut ontologique stable les performeurs sont des candidats la reconnaissance artistique ils souhaitent tres visibles comme tel et ex cutent alors leurs actions dans un cadre normatif de l art Au contraire les pratiques furtives que l on croise dans
112. pages 18 23 MEDINA Cuauht moc dans Francis Al s cat exp Antibes Mus e Picasso d Antibes RMN ditions Paris 2001 page 17 3 ARDENNE Paul Un art contextuel cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation ditions Flammarion Paris 2002 page 26 depuis la Renaissance En 2002 une oeuvre du MoCA Museum of Contemporary Art de Los Angeles est d croch e des cimaises pour tre port e sous le bras d un membre du mus e la premi re fois par Francis Al s travers les rues Le soir l employ raccroche l uvre dans le mus e et la place sous une couverture pour qu elle dorme Il recommence le lendemain jusqu la fin de l exposition Walking a painting Los Angeles 2002 L art se met ici de fa on litt rale en mouvement et la port e de tous b ph m res De plus la promenade fait prendre conscience de l coulement du temps et ne s inscrit pas comme uvre d art p renne Dans Paradox of Praxis sometimes making something leads to nothing Mexico 1997 Francis Al s pousse un norme bloc de glace travers les rues de Mexico jusqu ce que le bloc soit enti rement fondu soit pendant onze heures Il semble rejouer ici l histoire de la sculpture sa r duction ses propri t s premi res et fondamentales Mais ici la r duction du bloc de glace en flaque est anti sculpturale il ne reste rien Il r interpr te le mythe de Sisyphe da
113. pectateur Voir annexe DOCUMENT n 16 Railings Londres 2004 page 49 Exposer les actions furtives exposer des documents me Le terme expositio XI si cle d signe la mise en vue Lorsqu en 1961 Harald Szeemann monte l exposition Quand les attitudes deviennent formes il montre une nouvelle conception de la cr ation artistique l importance du geste dans la cr ation Or comment exposer ce geste L activit de l homme de l artiste est primordiale D j avec les deux films d Hans Namuth pr sentant Pollock en pleine action le geste avait t montr Mais dans l exposition de Szeeman les artistes ne sont pas faiseurs d objets ils n utilisent pas de mati re noble et d sacralisent l art dans l id e d abattre les fronti res qui le s pare de la vie L objet final passe au second plan Szeeman a chang le mode de pr sentation en introduisant l activit et la vie au sein m me de l exposition Au cours de la seconde moiti du XX si cle les expositions se trouvent ainsi boulevers es par l mergence de pratiques ph m res La marche est un art de l instant et de l action elle n est jamais pr sente dans les expositions Pourtant le travail de Francis Al s investit r guli rement le lieu mus al comment est il mis en vu AJ Donner l action une visibilit artistique a La transmission diff r e un paradoxe Les actions de Francis Al s ne sont p
114. phen entretien avec THOUVENIN Corinne Laboratoire le RARE R seau d Art Recherche et Essai www le rare com laboratoire php pas de spectateur pour les reconna tre comme propositions artistiques Comment peut on alors d finir ces d ambulations C Tentative de d finition un art contextuel politique post moderne et furtif En nous appuyant sur les d finitions de certaines pratiques artistiques pour chercher laquelle se rapproche de l exp rience de Francis Al s peut tre pourrons nous alors caract riser son travail au regard de l histoire de l art a Un art en mouvement ph m re mais aux fronti res de la performance Que sont les actions de Francis Al s impliquant la marche le corps le temps et la ville L artiste n h site pas parler de performances Mais qu est ce exactement Rose Lee Goldberg d finit en ces termes la performance L uvre peut tre pr sent e en solo ou en groupe tre accompagn e d clairages de musique ou d l ments visuels r alis s par l artiste seul ou en collaboration et produite dans les lieux les plus divers des galeries d art aux mus es et aux espaces alternatifs la diff rence de ce qui se passe au th tre l interpr te est l artiste lui m me rarement un personnage tel que l incarnerait un com dien La performance peut consister tout aussi bien en une s rie de gestes de caract re intimiste qu en un th
115. productions Il est persuad qu ils peuvent aussi se comprendre seuls chacun ayant sa propre po sie c Documents graphiques Pour Narcoturismo Copenhague 1996 o l artiste marche dans les rues de Copenhague durant une semaine chaque jour sous l emprise d une drogue diff rente Francis Al s a r alis un compte rendu journalier tap la machine crire sur une feuille de papier A4 jouant ainsi sur le style documentaire On peut y lire le titre de l uvre la date le protocole mais aussi la drogue utilis e pour chaque jour alcool hashish speed h ro ne ainsi que l exp rience v cue ecstasy Troubles visuels et pulsions rotiques Mes chaussures bougent et je ressens l urgence d aller marcher Tout est en mouvement pas physiquement mais conceptuellement Je me sens comme l picentre du monde Ce document n est pas sign mais un tampon circulaire est appos au bas de la page Il y est inscrit Francis Al s Hypoth se pour une marche Comme pour l administration le document est ainsi certifi ce qui lui donne alors une valeur certaine un caract re authentique Cette production est consid r e par l artiste comme un document graphique d une action De plus afin de pouvoir resituer son action l artiste dessine syst matiquement son parcours sur une carte g ographique Le mus e de la Ville de Paris ARC en poss de une conserv e en tant que docume
116. r dans le flux citadin afin de mieux le r v ler En 1863 Charles Baudelaire dans Le peintre de la vie moderne exalte la figure du fl neur qui se d lecte du spectacle sublime du mouvement infini des foules anonymes Analys par Walter Benjamin dans Paris capitale du XIX si cle 1927 40 le fl neur devient le symbole de la modernit L isolement dans la foule la masse l anonymat la vitesse et le choc qui en r sultent sont per us comme autant d embl mes de notre monde Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 4 ALYS Francis texte accompagnant ce travail Nous expliciterons ceci plus loin moderne Il est le point de d part d une lign e d artistes qui ont confront le probl me de l appr hension et de la repr sentation des situations et atmosph res propres aux espaces publics de la ville moderne Francis Al s ne repr sente pas la ville il la vit l investit En 1953 le formulaire pour un urbanisme nouveau du pr situationniste Ivan Chtcheglov en appelle un rapport actif inventif et exploratoire de la cit Par la suite les situationnistes mouvement fran ais n en 1958 propos rent une nouvelle fa on d exp rimenter la ville travers la notion de d rive th oris e par le chef de file Guy Debord Mode de comportement exp rimental li aux conditions de la soci t urbaine une technique du passage h tif travers des ambiances var
117. r dans son lieu de travail De plus les uvres fonctionnent comme des rappels les unes avec les autres dans le principe de d j vu clairement explicit par les petits tableaux diss min s dans l exposition Ainsi le visiteur se prom ne dans un jeu de correspondances la place Zocalo est le th tre des op rations deux reprises Zocalo et Cuentos patrioticos patriotic tales les d chets sont les protagonistes de plusieurs de ses travaux Bottle et Collector ce qui ne sert rien rel ve d une vision po tique Pradox of praxis Soetimes doing soething leads to nothing et Untituled looking up L artiste joue sur les perceptions du visiteur dans cette conception de la r p tition qu il aime tudier S il ne diff rencie pas la pr sentation d une vid o consid r e comme document d une vid o uvre c est par pur jeu il brouille les pistes reste ambigu refuse tout cat gorisme Enfin le spectateur devient fl neur Face cette exposition il faut se laisser gagner par l apparent d sordre s immerger dans cette ville imagin e laisser son regard glisser sur des objets r cup r s fabriqu s Surtout laisser agir Aller des objets aux vid os s asseoir sur un sofa tra ner un petit collector En effet les collectors pos s au sol peuvent tre d plac s l aide de leur ficelle au sein de l exposition Le spectateur rejoue l acte de l artiste se d place
118. rcialiser Sont elles des traces de l exposition dit es par le mus e et de l action pr sent e au recto Ce qui est certain c est qu elles fonctionnent comme vecteur de souvenir la mani re de celles que nous achetons Envoyer une carte c est aussi une fa on de d voiler l autre que nous pensons lui Est ce ainsi que nous pouvons appr hender les cartes de l artiste il nous montre qu il pense au spectateur l exposition aux modes de transmission de ses actions Elle est un vecteur de l action elle permet sa retransmission la mani re des histoires qui s infusent dans la ville ces cartes peuvent se propager tre envoy es et diffuser ainsi l acte furtif r alis par l artiste Il est int ressant de constater que sur Vid omuseum aucun mus e ou Fond R gional d Art Contemporain ne semble poss der de carte postale Elles ne sont effectivement pas consid r es comme uvres j ai pu avoir acc s certaines Voir annexe DOCUMENT n 3 Photographies et l gendes des cartes postales conserv es la biblioth que Kandinsky pages 17 33 d entre elles la biblioth que Kandinsky o elles sont conserv es dans le dossier d artiste avec les articles de presse 3 Un livre d artiste au tirage non limit L artiste a cr un objet commercialisable produit grande chelle dont le nombre d exemplaires n est pas limit Sometimes doing something
119. rthodoxe de l art conceptuel l aspect mat riel du travail de Francis Al s n est pas secondaire Les objets font partie int grante du langage pour tre des diffuseurs de l histoire pour infiltrer le r el Il mat rialise par des formes visuelles et parfois sonores ce qui est imperceptible Il ne c l bre en rien l immat rialit b Ou documents performatifs Nous l avons vu en l absence de tout dispositif de cadrage susceptible de distinguer l art de la simple r alit les activit s artistiques de Francis Al s ne sont pas vues comme telles sa pratique a un faible coefficient de visibilit artistique Comment faire alors pour y avoir acc s Cela est l une des raisons pour lesquelles il importe de temps autre de reterritorialiser ces pratiques faible coefficient de visibilit artistique dans des espaces temps propres l art sous forme de documentation En effet comment rendre visibles en tant qu art les actions pratiqu es par Francis Al s Comment activer sa visibilit Pour Stephen Wright les travaux consid r s comme documentation par l artiste sont des documents performatifs le document active la proposition Il ne se contente pas de re pr senter l action il la fait exister en tant qu art Le terme document provient du latin documentum ce qui sert instruire le document performatif instruit le public en disant ceci est de l art Ces documents
120. rtiste en mouvement est absent Pour mieux prouver en quoi il n y a pas de s quence ordonn e sp cifique dans le travail de l artiste qui signifierait que la peinture pr c de l action ou vice versa Il a en effet ex cut un acte similaire huit ans apr s Londres Film par Rafa l Ortega il en r sulte une vid o de cinq minutes en noir et blanc o l artiste de dos fait sonner un b ton sur les grilles KRAUSS Rosalind L originalit de l avant garde et autres mythes modernistes Edition Macula Paris 1993 traductions Jean pierre Criqui page 133 f Voir annexe DOCUMENT n 15 Photographies du catalogue d exposition Times is a trick of the mind au Museum f r Moderne kunst Revolver ditions Frankfort 2004 page 46 3 Idem page 47 t Ibidem page 48 et l architecture Elle s intitule Railings Londres 2004 c Un original insituable L uvre d art entendue comme matrice ou arch type comme original est insituable non localisable La notion de s rie de multiple joue un r le d terminant dans le travail de Francis Al s Il s inscrit dans une pratique de la r p tition son id e se disperse dans une mobilit de formes l image des d ambulations travers la ville Il fait un usage gal de la peinture du dessin de la photo de la vid o et des actions temporaires L atelier et la rue se nourrissent l un de l autre Il d tourne et d cline la m me id e d une ma
121. s re s y appuie en prise directe avec la r alit d Sans public Jamais Francis Al s n a convoqu un public pour assister une de ses actions dans la rue Les t moins de ses d ambulations sont des passants Comme l affirme Stephen Wright propos de travaux d artistes ph m res r alis s en dehors des cadres norm s de l art ces processus et actions ont souvent un coefficient de visibilit artistique si faible qu on ne les voit pas comme tant de l art En l absence d un cadre artistique en l absence de la signature d un auteur entre autres on les voit certes mais pas comme des propositions se r clamant d un statut artistique en ces conditions celui qui voit n a strictement aucune raison de se transformer en spectateur Ainsi la personne qui croise Francis Al s dans le rue n est tout simplement pas un spectateur 1l ne sait pas qu il regarde de l art Pourtant nous connaissons les marches de Francis Al s Nous verrons dans le chapitre suivant comment l artiste transmet ses actions A travers la marche comme pratique artistique Francis Al s interroge les grands pr suppos s de l art Avec lui l art se met en mouvement la rencontre des gens et assume son caract re ph m re Loin des cadres norm s des mus es ou de l atelier ses actions n ont i Voir annexe DOCUMENT n 7 Compte rendu de l entretien avec Stephen Wright page 30 WRIGHT Ste
122. s r gles du jeu ces protocoles Francis Al s nous invite l imiter afin de rendre contagieuse sa pratique Utiliser la r alit pour y introduire du jeu pratiquer la vie diff remment autant de propositions pour changer de fa on t nue notre rapport au monde c Dans une attitude non monumentale Francis Al s r alise des actions mettant le corps en marche travers la cit Cette pratique s inscrit dans un d sir de ne rien ajouter de mat riel la ville dans une attitude non sculpturale non imposante non autoritaire Gordon Matta Clark est l un des premiers artistes qui a influenc Francis Al s Ayant lui 5 ALYS Francis entretien avec DISERENS Corinne dans Francis Al s Walking Distance From The Studio cat exp Wolfsburg Kunst Museum Wolfsburg 2004 AL S Francis Francis Al s walks paseos traversias nuevos escenarios los 90 cat exp Mexico Museo de Arte Moderno de Mexico Mexico 1997 page 37 aussi une formation d architecte cet artiste am ricain est au centre des avants gardes des ann es 1960 70 Partisan de l anarchitecture il d crit ainsi sa d marche en 1976 Pour convertir un lieu en tat d esprit Contrairement beaucoup d architectes qui pensaient qu ils pouvaient contribuer changer la soci t travers les structures qu ils construisaient Gordon Matta Clark sentait qu il ne pouvait alt rer l environnement ou le changer par des adjonctions Il choisit a
123. s un processus narratif La narration li e au conte est donc un aspect fondamental Marie Fraser insiste sur ce point propos de Paradox of Praxis sometimes doing something leads to nothing Mexico 1997 o l artiste pousse un bloc de glace jusqu ce qu il soit enti rement fondu La dispersion laisse voir un paradoxe comme le titre le sugg re Si l objet dispara t le bloc de glace son effacement produit en retour un d placement vers une autre sorte de mobilit o c est le geste qui survit par le r cit de ceux et celles qui raconteront leur version ou plut t leur portion de l histoire de cette trange glace Raconter implique de diss miner dans l espace et dans le temps En effet toutes ses promenades fonctionnent comme des fables ou des paraboles dont la structure est semblable celle d une narration afin que l on puisse se les approprier et les transmettre Raconter une histoire permet de continuer le mouvement de la marche de se disperser dans la ville Lors de l laboration d un sc nario l artiste cherche le simplifier 1 2 Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 10 Voir annexe DOCUMENT n 3 Photographies et l gendes des cartes postales conserv es la biblioth que Kandinsky page 19 k Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 9 FRASER Marie Des lieux aux non lieux
124. sburg 2004 et La cour des miracles au Mus e des Beuax Arts de Nantes 2005 page 50 Voir annexe DOCUMENT n 21 Photographies de vues de l exposition Francis Alys La cour des miracles au Mus e des Beaux Arts de Nantes 2005 page 60 t Idem page 61 Nous y observons la succession de gens dormants dans les rues de Mexico La salle 3 expose Zocalo Mexico 9 mai 1999 une vid o de douze heures montrant la place centrale de Mexico en temps r el Les gens se prot gent dans l ombre du grand m t comme sous l aguille d un cadran solaire La vid o est r tro projet e sur un cran de 266 cm de large pos sur un socle tandis que des hauts parleurs sont install s sur des pi destaux comme ceux d une ville Un canap est dispos en face pour le visiteur Des photographies cartes postales et dessins sont plac s sous vitrine Dans le couloir Beggars Mexico 2002 2004 est diffus e sur le sol Je n ai eu acc s aucune documentation sur ce travail Dans la salle 4 sur un tapis de style oriental quarante cinq chiens aimant s sur roulettes sont dispos s m me le sol Ghetto Collector Mexico Les visiteurs sont convi s sa promener dans l exposition en les tirant derri re eux Aucune image de l action ex cut e par Francis Al s n est montr e Cependant un plan de la ville de Mexico retrace le parcours qu avait fait l artiste en 1991 Dans la m me salle est expos e Vivenda para todos
125. scours militant Il se contente d agir d tre l si possible comme perturbateur Il s installe dans la r alit et la travaille depuis l int rieur e R solument postmoderne Le terme postmoderne a t utilis dans les ann es 1970 80 par des philosophes fran ais face au d clin de l engagement et de l utopisme qui induit une nouvelle relation l histoire donc la politique Jean Fran ois Lyotard affirme que le mot postmoderne d signe l tat de la culture apr s les transformations qui ont affect les r gles des jeux de la science de la litt rature et Voir annexe DOCUMENT n 2 Liste et illustration des productions tudi es page 8 ARDENNE Paul un art contextuel cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation ditions Flammarion Paris 2002 page 33 2 des arts partir de la fin du XX si cle En simplifiant l extr me on tient pour postmoderne l incr dulit l gard des m tar cits Les grands r cits utopiques sont d laiss s pour faire place aux micros utopies aux infimes actions po tiques Nous l avons vu Francis Al s est un artiste politique qui n est pas militant qui cherche s inscrire dans la ville pour l interroger et non pas pour la transformer En cela il est un artiste r solument postmoderne f Un art furtif Le terme d art furtif est emprunt Patrice Loubier dans
126. tographies du catalogue d exposition Francis Al s Mus e Picasso d Antibes RMN ditions Paris Antibes 2001 page 1 4 Idem page 2 Ibidem page 3 Voir annexe DOCUMENT n 6 Compte rendu de l entretien avec Thierry Davila commissaire de l exposition Francis Al s au Mus e Picasso d Antibes 2001 page 27 sa main repr sentant une sc ne o figure un personnage en complet gris Chaque artisan est invit l interpr ter sa mani re Il en r sulte des tableaux plus grands peints avec le style de chaque artisan Par ailleurs la pr sentation de ces tableaux ne renvoie pas l artiste seul car bien que ces derniers constituent une uvre celle ci poss de plusieurs auteurs Nous observons ici un d mant lement des notions traditionnellement attach es une uvre L artiste brouille les pistes identitaires et s efface dans les paisseurs des jeux de la copie L uvre de Francis Al s tant prolifique et prot iforme j ai choisi de me concentrer sur les travaux qui soul vent le plus d interrogations ceux fond s sur une prestation physique de l artiste marchant ses actions De plus nous ciblerons notre analyse sur les actes qui impliquent aussi la repr sentation de Francis Al s lui m me en mouvement En effet utilisant la ville comme une mati re un espace traverser les actions br ves impliquent un engagement de son propre corps Mais que sont pr cis ment ces actes En
127. ue de collection ou de marchandise Or nous l avons vu Francis Al s s attache poser un axiome et s oppose radicalement l conomie du march de l art comme lorsqu il distribue ses cartes postales gratuitement Cet art emprunte diff rentes apparences objets du quotidien photographies cartes vid os graphiques et surtout le langage Les objets produits par l artiste pousent parfaitement cette d finition vid os photos textes livres b Mais une action indispensable L assistant de l artiste m a affirm que la pi ce doit absolument se d rouler tre produite afin d exister Sa cr ation dans le r el modifie la nature de l action ouverte l impr vu Sa production d terminera sa forme En cela Francis Al s s loigne des th ories puristes de l art conceptuel le concept ne prime pas sur la r alisation ils se nourrissent l un de l autre Cuauht moc Medina dans le catalogue de l exposition Francis Al s d Antibes affirme ce que l on appelle improprement n o conceptuel n est rien d autre que la condition de l artiste qui se soumet un mod le de pratique auto impos et original Faire de l art c est s en tenir r solument une matrice productive Francis Al s en appliquant ses protocoles dans la ville travers son corps en marche applique une matrice productive mais vient se frotter au r el et accepter ses influences
128. ue fran aise Dictionnaires le Robert Paris 1996 diff r e gr ce des objets gard s ou produits par l artiste dans le dessein d tre mis en vu afin de distinguer ses actions des activit s de la vie quotidienne leur donner une visibilit et leur permettre d tres identifi es comme pratiques artistiques Deux expositions fran aises ont pr sent les documents d une action Elles sont symptomatiques de la difficult r elle distinguer ces travaux des uvres d art Face ce dilemme la repr sentation de l artiste en marche est peu pr sente dans les collections comme dans les expositions De plus Francis Al s cultive l ambigu t Les institutions doivent donc r valuer leur rapport au document qui participe de l uvre lorsqu il n est pas le seul vecteur de la marche et de sa condition d existence en tant que pratique artistique Conclusion Francis Al s r alise des petites interventions dans l espace urbain le traverse gr ce une rh torique de la marche d pla ant tr s l g rement des actes quotidiens Les uvres sont des mouvements qui s appuient sur une circulation qui leur pr existe et dont elles repr sentent des bifurcations des incidences des contrepoints des excroissances ou tout simplement des points de vue Suivant des protocoles dans un d sir de ne rien ajouter de mat riel un monde qui en contient tant il collecte du r el et injecte de la fiction
129. uel discours articuler En effet y a t il une ant riorit d un discours d une position ou de la propri t intellectuelle attach e un concept sur la mat rialisation Y a il pr minence de l action de l histoire du protocole sur la vid o la photo peinte le livre la carte postale Toutes ces choses peuvent tres vues des instruments de la marche elles permettent de l ex cuter ou de la retransmettre En cons quence y a t il pr minence d un instrument sur un autre 1 Pr minence de l id e sur l action Est ce que le concept histoire axiome protocole prime sur la r alisation l action et l enregistrement Ces questions se rapprochent des pr occupations des artistes conceptuels a Un art proche des pr occupations de l art conceptuel C est en 1961 qu Henry Flynt propose et d finit l art conceptuel terme marquant plus une tendance ou un courant que des artistes proprement dits Les concepts sont l Art Concept ce que le son est la musique un mat riau de base L art conceptuel tel qu il se d finit au d but des ann es 60 propose des solutions pour chapper ce qui tait consid r comme un ensemble de compromissions avec le march le pouvoir l institution Il cherche ouvrir une relation critique avec les cadres de l art L accent est port non sur le seul r sultat mais sur le processus cr atif lui m me projet programme intu
130. uire tait d lib r que nous pouvons y r fl chir et donner sens Il s agit d un art qui ne cherche pas transformer le monde mais qui reconfigure la relation de l artiste aux institutions et au public afin d interroger notre rapport la vie Actions r fl chies simples fugaces discr tes les d ambulations de Francis Al s s inscrivent tout fait dans cette pratique d art furtif et requalifie alors la mise en vue de l art 1 A p G E i RITTER Kathleen Comment reconna tre une pratique furtive Guide de l usager dans Lieux et non lieux de l art actuel dirig par BABIN Sylvette Edition Esse Montr al Canada 2005 page 206 Dans la lign e de la d rive et de l appropriation ch res aux situationnistes les d ambulations de Francis Al s font de la marche une pratique artistique afin d exp rimenter le contexte urbain de le red couvrir de s opposer la rationalit du monde moderne Toutefois Francis Al s introduit des histoires des r alit s fictions qu il diss mine l o il passe En mouvement t nues ses actions utilisent la ville paradigme de la modernit pour s ins rer dans son flux faire merger ses singularit s Aux limites de la performance ses actions ne convoquent pas de spectateur et utilisent le langage quotidien de nos vies Inscrit dans la ville il n est pourtant pas un artiste in situ La cit influence n anmoins ses actes faisant
131. yme datant de 1998 et fait pour tre vu en deux petites versions projet es juste au dessus du sol sur un mur Le dessin anim raconte une action avec laquelle nous sommes tous familiers le protagoniste vu de dos joue avec un b ton contre des grilles coutant le son diff rent que cela produit selon la vitesse de la marche et la fa on d appuyer Les deux rythmes produits tr s monotones se superposent puis se d calent et cr e une nouvelle cadence une interf rence Vingt quatre dessins intitul s aussi Time is a trick of the mind datant de la m me ann e r alis s l aide de crayon et d huile sur papier 28 x 35 5 taient accroch s au mur Quatorze tudes du dessin de la main de Time is a Trick of the mind datant de 1993 crayon sur papier 26 3 x 31 5 cm taient pr sent s Est ce une tude pour le dessin anim ou pour la peinture En effet un tableau l huile et encaustique sur toile The nightwatcher I 1997 1999 14 3 x 18 cm tait aussi expos un personnage marche son b ton contre une grille Le style est ind fini m lancolique nigmatique Enfin le catalogue de cette exposition dit par le Museum f r Modern kunst est constitu d un flip book en faisant d filer les pages rapidement nous pouvons voir un homme marchant le long de grilles faisant rebondir son b ton dessus c est exactement le dessin anim Mais pourquoi voquer une exposition o l enregistrement de l a

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