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1. va luation par les tudiants libert de recru tement des personnels enseignants libert des choix d investissement bref tout ce qui finit par forger derri re un subtil dosage de direc tion personnalis e et de coll gialit des choix strat giques l identit d une institution Les politiques publiques Le rapport de l tat l universit se d cline en une palette de formes diff rentes qui vont de la fonction d ordonnateur direct d un service public financ pour l essentiel sur fonds publics celle de partie prenante parmi d autres d une activit sociale parmi d autres en passant par la position d arbitre des condi tions dans lesquelles ce service est rendu Car m me dans les syst mes politiques les plus lib raux l enseignement sup rieur demeure une fonction qui touchant l int r t national et au bien tre g n ral int resse au premier chef l Etat Ce qui diff re dans ces mod les est le mode d administration et l enseigne ment sup rieur est un des domaines o les th oriciens de la troisi me voie ont tent de red finir l action de l tat dans une arti culation plus efficace avec le march et la soci t civile une poque o les ressources de l tat providence ont atteint leurs limites C est ainsi qu ont t mis au point des ins truments peu efficaces au demeurant d va luation ou encore qu ont t cr s malgr la d2. trangers Si le nombre de ceux ci a atteint le niveau respectable de 180 000 pendant l ann e 2002 2003 ce sont les pays anglophones qui forts de l avantage linguistique et d une exp rience plus ancienne attirent les grandes masses des tudiants trangers un million soit la moiti du total des tudiants hors de leurs fronti res 2 offre par une universit de pro grammes l tranger offshore les pratiques vont l des plus commerciales franchising aux plus s rieuses programmes conjoints d bouchant sur un double dipl me twin ning en passant par l ouverture de campus l tranger branch campus observ e notam ment sur le segment pris des coles de com merce campus Barcelone de l Universit de Chicago de l INSEAD Singapour La vari t de ces formules rend malais e toute valuation statistique consolid e mais des ordres de grandeur peuvent tre d gag s partir d estimations ponctuelles en 1996 3 Voir notamment Philip Altbach Globalization and the University Tertiary Education and Management n 1 2004 4 Notion expos e par le politologue am ricain Joseph Nye et qui exprime le pouvoir d influence ext rieure dont dispose un tat gr ce la persuasion la s duction l attrait des valeurs qu il incarne par opposition au hard power associ l id e de coerci tion et de pression directe UNIVERSIT S ET MONDIALISATION 97 trois quarts
3. Dans un contexte de r sistance toute augmentation significa tive des pr l vements obligatoires et en pr sence de pr f rences collectives qui tirent inexo rablement les syst me de d penses publiques vers le financement social du vieillissement des populations retraites sant il est illusoire d escompter un rel vement substantiel du finan cement public de l enseignement sup rieur La marge de man uvre de 0 5 du PIB sug g r e par Aghion et Cohen pour mener la r forme incr mentale de l enseignement sup rieur en France repr senterait un accrois sement de l ordre de 67 du budget de celui ci Quant au rattrapage des Etats Unis ou l objectif de 3 du PIB esquiss par le rapport Sapir il impliquerait que soient d gag s de 1 5 2 du PIB soit de 24 32 milliards d euros soit un doublement voire un triple ment des moyens budg taires allou s l en UNIVERSIT S ET MONDIALISATION seignement tertiaire M me tal e sur une longue p riode une telle perspective rel ve de l utopie Sauf se r signer au statu quo c est un objectif plus modeste qu il faut viser Mais compte tenu de l tat des finances publiques le recours partiel au financement priv des tudes sup rieures est sans doute in luctable m me s il ne peut tre question d imputer l ef fort aux seuls tudiants et leurs familles pour lesquels la charge serait socialement insuppor table d
4. appropriable en partie par le b n ficiaire son co t peut l gitimement tre r parti entre les trois agents qui en b n fi cient PEtat les employeurs et les tudiants ces derniers raison des avantages priv s qu ils retirent de l enseignement sup rieur D un point de vue moins th orique l introduction de droits de scolarit induit des comportements diff rents de la part des tudiants dur e des tudes choix des formations comme de la part des tablissements qualit de l encadrement et de l enseignement dispens Mais c est l effet sur l quilibre financier des tablissements et in fine de l ensemble du syst me d enseignement sup rieur qui est certainement le facteur le plus d cisif La tendance est en Europe lin troduction de droits de scolarit dans Pensei gnement sup rieur public ou leur rel ve ment l Italie l Espagne les Pays Bas ont autoris leurs universit s percevoir de tels droits et le principal argument du gouverne ment britannique dans le d bat de janvier 2004 tait l incapacit du budget financer un syst me d enseignement sup rieur hauteur des ambitions de la Grande Bretagne La ques tion se posera dans les m mes termes dans tous les autres pays du moins ceux qui consa crent entre 0 7 et 1 2 seulement de leur PIB au financement public de l enseignement ter tiaire l exception donc des Scandinaves o ce ratio est sup rieur 1 5
5. d une main d uvre hautement qualifi e pour occuper les cr neaux haute valeur ajout e de l conomie mon diale alors que se poursuit sans faiblir le 360 mouvement de d localisation des emplois industriels et m me de services de faible et moyenne qualifications Autant de ques tions graves qui ne dispara tront pas cepen dant force de les luder Et qui ne se dis soudront pas dans le d tour europ en tout au plus celui ci peut il offrir un aiguillon mais l effort incombe chaque nation dans un domaine o la diff rence d autres poli tiques publiques davantage contraintes par les disciplines communautaires l action de chaque Etat a l exemple des pays europ ens les plus performants le montre un impact d cisif Mais un tel choix signifie dans le cas de la France une red finition des priorit s poli tiques et des m thodes de l action publique Cette red finition ne passe pas par une r forme incr mentale du moins si on entend par l l omission d lib r e des points cruciaux mais d licats au profit de mesures inoffensives mais par un aggiomamento plus profond du fonctionnement en ce domaine de l tat personne ne met en cause la valeur de service public de l enseignement sup rieur mais ce postulat ne saurait sans dommage tre compris comme un mandat de gestion quasi directe par l tat de l universit D autres formes existent moins arch
6. in vestissement droit de cr er des fonds de r serve et de recourir l emprunt droit de 29 La Cour des comptes d crit ainsi p 258 et 304 les condi tions dans lesquelles s effectue l habilitation Plus de 2 000 dos siers sont pr sent s chaque ann e 2 800 en 2001 dont l examen ne peut qu exceptionnellement tre approfondi la proc dure ne comporte aucune v rification de donn es Elle ne repose sur aucune politique traduite en crit res explicites en dehors des pres criptions r glementaires Elle n est compl t e par aucun contr le du respect des prescriptions ou des recommandations labor es lors de l habilitation l habilitation a conduit la multiplica tion souvent injustifi e des formations sans en garantir la qualit contribuant ainsi remettre en question le caract re national des dipl mes dont elle devait pourtant tre le garant Au total la ma trise du d veloppement d un ensemble dont il a la respon sabilit chappe en grande partie l tat 359 PIERRE BUHLER recevoir des lib ralit s b n ficiant du r gime fiscal des dons la libert des partenariats avec des entreprises notamment qu elles soient ext rieures o spin off le choix des m thodes d valuation internes ou externes ainsi que bien entendu la libert des grands choix strat giques arbitrages entre enseigne ment et recherche formation des lites sp cialisation S
7. 15 1 3 0 65 1 25 1 9 3 2 Australie 0 8 0 7 1 6 0 7 0 8 1 5 3 1 Canada 1 6 1 0 2 6 0 6 1 3 1 9 4 5 Cor e 0 6 1 9 2 6 0 8 2 2 3 0 5 6 tats Unis 0 9 1 8 2 7 0 8 1 9 2 8 5 5 Japon 0 5 0 6 1 1 0 6 2 4 3 1 4 2 Suisse 1 2 n d 1 2 0 6 2 0 2 6 3 8 Moyenne OCDE 0 9 0 9 1 7 0 7 1 6 2 3 4 0 Source rapp cit p 48 53 et 64 OCDE STI Tableau de bord 2003 Regards sur l ducation et Commission europ enne DG Recherche Third 355 PIERRE BUHLER La part des d penses d enseignement sup rieur de recherche et de d veloppement dans le PIB donne la mesure de cet investissement dans l conomie de la connaissance On observe qu un peloton de t te se d tache de pays qui ont fait le choix soit de consentir un impor tant effort de financement public comme les Scandinaves soit comme les tats Unis ou le Japon de laisser les institutions d enseignement sup rieur ou de recherche faire largement appel des ressources priv es Pour rendre compte de la port e de cet investissement les seuls niveaux de d pense sont cependant insuffisants et doivent tre assortis d indicateurs de per formance tels que les d p ts de brevets les citations et les publications des chercheurs Si sur le dernier crit re celui des publications l Europe surpasse les Etats Unis sur les deux premiers les Europ ens sont largement dis tanc s par les Am ricains C est dans cette insuffisance de l effort euro p en d ense
8. Growing Europe rapport d un groupe d experts ind pendants au pr sident de la Commission europ enne juillet 2003 356 ainsi qu un apport plus consistant en R amp D et en enseignement sup rieur Ce sont l des mutations qui ne se sont pas encore produites du moins une chelle significative en Europe conduisant les auteurs du rapport proposer d acc l rer l investissement dans la connaissance en relevant de 1 4 3 du PIB les d penses d enseignement tertiaire et de 19 3 galement le niveau des d penses de R amp D Il ne faut cependant ajoutent ils pas se borner injecter davan tage de fonds ou d effectifs dans l enseigne ment sup rieur mais r former celui ci en pro fondeur en allant au del des processus europ ens en cours mobilit accrue syst mes d quivalences pour cr er les conditions de P closion dans PUE au niveau gradu et post gradu d une douzaine d universit s de classe mondiale capables de rivaliser avec les meilleures universit s am ricaines Ces conditions seraient des m canismes comme l valuation des performances la concurrence les comparaisons internationales et une meilleure int gration de la recherche dans Penseignement sup rieur Le rapport Sapir propose pour ranimer la croissance en Europe de cr er un fonds aliment hauteur de 1 du PIB de l Union soit environ 100 milliards d euros dont 7 5 seraient
9. Japon ou bien s r les tats Unis o la part d origine priv e atteignait en 2000 des taux records de 77 55 et 66 respectivement En revanche dans les autres pays avanc s europ ens notamment qui rel vent d un mod le diff rent le taux moyen est de 11 6 Mais la dynamique pointe vers un recours accru ce type de finance ment alors que les d penses publiques d en seignement sup rieur des Quinze n ont aug ment en volume que de 19 entre 1995 et 1999 l accroissement est de 70 pour les d penses priv es cf infra En Angleterre le gouvernement travailliste a relev en janvier 2004 l issue d un tr s vif d bat politique de 1 125 3000 par an le montant maximal des droits de scolarit en l assortis sant pour en neutraliser les effets de s lec tion sociale d un m canisme de pr ts rem boursables apr s l entr e dans la vie active partir d un certain seuil de revenus Les Pays Bas lItalie l Espagne autorisent des droits de scolarit moins lev s certes mais qui ne sont pas fix s un niveau symbolique 7 Au 12 De 2 3000 euros par ann e en Italie 1445 euros aux Pays Bas En Espagne les universit s catholiques et priv es sont libres de fixer leurs droits les droits dans les univesrit s publiques varient grandement mais sont de l ordre de quelques centaines d euros En France les coles d ing nieurs pratiquent des droits de 3 5 000 euros e
10. celle de cette universit virtuelle fond e par les Etats de l Ouest am ricain la Western Governors University On mentionnera pour m moire les groupes commerciaux comme Sylvan ou Apollo tr s actifs en ce domaine Au total le march de l enseignement sup rieur en ligne serait pass de 97 millions 3 9 milliards de dollars entre 1996 et 2002 4 L internationalisation contraint les uni versit s des pays non anglophones se posi tionner par rapport l usage de l anglais et surtout au choix d enseigner dans cette langue plut t que dans la langue nationale Ce qui n est gu re un dilemme dans les anciennes 5 Le terme priv dont se r clame l Universit qualifie davantage l ind pendance de gestion vis vis de toute autorit poli tique que la source du financement puisque la dotation initiale manait hauteur de 118 millions d euros de la cit tat de Br me Les droits de scolarit sont de 15 000 euros par an Cf www iu bremen de 6 Cf wwwuva org 7 Cf www wgu edu 8 Christian Laval L cole n est pas une entreprise le n o lib ralisme l assaut de l enseignement public La D couverte 2003 p 149 347 PIERRE BUHLER colonies britanniques le devient de plus en plus dans des r gions sans lien fort avec la culture anglo saxonne telles que l ancienne sph re d in fluence sovi tique Azerba djan Bulgarie ou le Japon mais aussi les pays de l Union eu
11. des universit s britanniques assuraient ainsi par ces formes de pr sence l ext rieur des services d enseignement sup rieur au b n fice de 140 000 tudiants et en 1999 35 universit s australiennes proposaient quelque 750 programmes 32 000 tudiants Il y a lieu de mentionner galement la pres tation de conseil comme celui prodigu par une universit renomm e Rice University la ville tat de Br me pour la cr ation en 1999 de la premi re universit priv e calqu e sur le mod le am ricain en Allemagne 3 Les cours en ligne L enseignement dis tance est une pratique ancienne de l univer sit mais les horizons plus larges ouverts par Internet ont t promptement exploit s par de nombreuses institutions qui ont labor des m thodes novatrices et sophistiqu es Cette formule a connu sa plus forte crois sance dans les pays en d veloppement o se trouve pour d videntes raisons de co t le cr neau le plus porteur et o sont localis s sept des dix premiers tablissements d ensei gnement sup rieur distance Cr e avec l aide de la Banque mondiale l African Virtual University offre des cours en ligne sur Pen semble du continent africain Nombre d ta blissements de prestige du Nord comme le MIT ont galement investi cette forme de p dagogie en compl ment de leurs ensei gnements classiques et des formules origi nales ont vu le jour comme
12. du PIB soit pr s de 8 milliards d euros ainsi qu un syst me d valuation des enseignants des enseignements et des cursus Enfin on assiste l apparition r guli re dans la presse de br lots stigmatisant tel ou tel aspect de la situation de l enseignement sup rieur L universit sacrifi e L impasse acad mique fran aise Notre universit sovi tique Don Quichotte en facult sont autant de titres accrocheurs qui ont ces derniers dix huit mois fleuri dans les colonnes des quotidiens Voire de cris d alarme comme ceux lanc s par des pr si 27 www cae gouv fr 357 PIERRE BUHLER dents d universit s comme Paris XI ou Toulouse IIT sous forme de fermeture de leurs locaux faute de pouvoir payer les factures de chauffage Les syndicats de leur c t parti cipent au dialogue de sourds en d non ant imperturbablement le d montage du service public et la marchandisation de la for mation et de la recherche Trois points sensibles Au terme de cette exploration de l univer sit dans la mondialisation un constat se d gage avec force le mouvement de mondialisation compris dans sa dimension de multiplication des changes et de concurrence accrue entre universit s n est pas pr s de s arr ter Sans m me qu il ait besoin d tre aliment par une quelconque soumission de l enseignement sup rieur aux proc dures de POMC L interna tionalisation a eu li
13. ne recherche qu un client solvable Dans l ensei gnement sup rieur les tudiants ne sont pas seulement duqu s par les professeurs et les cours mais aussi par leurs pairs Dans ce pro cessus que les conomistes appellent customer input technology l tudiant est la fois un consommateur et par son interaction avec les autres tudiants un l ment du processus d ducation et de socialisation Ce raisonne ment l gitime les d marches des universit s pour recruter les meilleurs tudiants cr er des formations homog nes am liorer de la sorte leur offre p dagogique et in fine les fid liser comme anciens l ves actifs et engag s dans leur communaut Si les universit s priv es sont libres de pratiquer cette s lection certaines institutions publiques sont astreintes des r gles qui limitent cette libert tandis que d autres sont parvenues s en affranchir sous diff rents pr textes numerus clausus dans les fili res comme la m decine grandes coles et fili res professionnelles en France Mais on observe un mouvement vers une lev e des r gles restreignant le droit des universit s de s lectionner leurs tudiants c est ainsi que le gouvernement n erlandais a autoris il y a quelques ann es les universit s choisir 30 des tudiants qu elles admettent En Allemagne le syst me bureaucratique d affectation centra lis e des tudiants fait l objet de vives cri
14. s europ ennes font plut t p le figure ne totalisant que 10 des 50 premi res places dont la moiti de Britanniques et 20 des 50 suivantes Deux uni versit s fran aises seulement figurent dans le peloton de t te des 100 premi res Paris VI 65 et Paris XI 72 Sans doute ces r sul tats s expliquent ils en partie par une plus grande aisance lorsqu il s agit de publier dans des revues scientifiques d auteurs li s des universit s de langue anglaise ou encore par le d savantage prouv par les universit s de pays qui comme la France d ploient large ment leur effort de recherche en dehors des structures universitaires Mais ces constats ne suffisent pas disqualifier une d marche com parative qui confirme ce qu on pressentait dans le peloton de t te des universit s de classe mondiale les universit s europ ennes sont loin d occuper la place qui est celle de l Europe dans l conomie mondiale Economie et enseignement sup rieur Les conomistes ont d crit et analys la cor r lation empiriquement vidente entre l du cation et la croissance C est ainsi qu a vu le jour la th orie du capital humain qui explique le choix de chaque individu de s engager dans l enseignement sup rieur par le gain marginal en revenu futur net du co t de chaque ann e d tudes Mais ce raisonnement ignore les externalit s g n r es dans le processus du catif mieux prises en compt
15. sont encourag s dans ce sens par leur Etat de rattachement Ils le font en s internationalisant en se renfor ant sur les cr neaux strat giques de la recherche en devenant plus efficaces L internationalisation rev t plusieurs formes 1 L accueil d tudiants trangers est cer tainement la forme la plus ancienne mais elle reste en constante progression On comptait en 2002 dans le monde pr s de 2 millions d tudiants hors de leur pays d origine dont 583000 aux Etats Unis Ce qui s appelle l ducation transnationale dans le lexique de lPUNESCO devient dans le jargon de POMC de la consommation l tranger partie int grante du commerce international Cette diff rence de terminologie refl te une double vocation d un c t la valeur p da gogique pour l tudiant du passage par un syst me diff rent de l autre la r mun ration d une prestation de service d enseignement sup rieur essentielle pour des universit s qui ont fond leur d veloppement sur ce type de ressources S y ajoute quelquefois une troi si me finalit d ordre tatique celle d exercer par la s duction par la familiarit avec une culture et un pays un effet de soft power une influence sur les futures lites du reste du monde Cette pr occupation est certaine ment celle des Etats Unis mais elle n est pas trang re au revirement en 1998 de la poli tique fran aise d accueil d tudiants
16. IALISATION dustrie que s est d velopp e la croissance la plus spectaculaire soit sous la forme de contrats conclus avec des entreprises soit sous la forme d entreprises incub es par l universit autour d une invention ou d un brevet et qui ensuite prennent leur envol spin off g n rant des revenus pour celle ci Sy ajoute un certain nombre d autres types de revenus comme les prestations de service titre on reux et les lib ralit s ressource tr s importante aux Etats Unis o les universit s ont re u quelque 24 mil liards de dollars en 2002 Au total on observe une tendance tr s dif f rente selon les pays une croissance des ressources priv es de l enseignement sup rieur nettement plus forte que celle du financement public 17 Cf www aafrc org bytypeof himl Tableau 1 volution des d penses d enseignement tertiaire dans dix pays de PUE en fonction de l origine 1995 1999 total d penses d penses part du financement d penses publiques priv es priv 1999 en Allemagne 104 102 119 8 2 Danemark 104 102 406 2 4 Espagne 124 123 125 23 1 France 108 110 99 12 0 Grande Bretagne 101 100 103 27 7 Irlande 151 160 134 20 8 Italie 116 112 133 16 4 Pays Bas 119 105 229 20 2 Portugal 132 127 265 7 5 Su de 116 108 206 11 9 Moyenne UE 120 119 170 11 6 Source Commission europ enne DG Recherche Third European Report on S amp T Ind
17. Universit s et mondialisation PIERRE BUHLER E toutes les institutions qui existaient D dans le monde occidental en 1520 il n en reste aujourd hui que quatre vingt cinq l glise catholique les Parlements de l le de Man d Islande et de Grande Bretagne plusieurs cantons suisses et quelque soixante dix universit s Cette observation illustre l enracinement historique de l institu tion universitaire Berceau de l autonomie de la pens e creuset d id es agent de s culari sation elle est depuis la fondation des pre mi res universit s Bologne et Paris au xue si cle aux sources de la civilisation occi dentale Relais de la diffusion du savoir dans l Europe du Moyen Age gr ce la lingua franca de l poque le latin gr ce aussi la circulation des professeurs et tudiants l uni versit tait un des acteurs majeurs de la pre mi re construction politique de l Europe Ce west que plus tard partir du xix si cle et sur un mod le d organisation bien diff rent que l institution universitaire s est retrouv e associ e la formation des tats nations du Vieux Continent accompagnant leurs entre prises coloniales dans le Nouveau Monde ou dans l Ancien en Asie et en Afrique souvent derri re la croix des J suites ou des mission naires am ricains Des pays que l Europe n a jamais colonis s comme le Japon ou l thiopie et m me la Chine pourtant forte d
18. a ques plus modernes plus efficaces et qui ont fait leurs preuves pour produire ce bien public qu est l enseignement sup rieur Leur adop tion ou plut t leur adaptation aux sp cifi cit s fran aises est sans doute associ e un co t politique imm diat mais celui ci reste tr s inf rieur au co t futur du statu quo Il y a pourtant une r elle marge de man uvre Mondialisation n est pas synonyme d unifor misation mais il est vain d esp rer emprunter des raccourcis ou pouvoir continuer de nager ind finiment contre le courant PIERRE BUHLER
19. a Chambre des communes un projet de loi relevant le plafond des droits d inscription applicables par les universit s La Banque mondiale a pour sa part choisi de s impliquer dans ce domaine en combinant cr dits et expertise technique Entre 1992 et 1998 pr s d un demi milliard de dollars de pr ts ont t accord s chaque ann e une trentaine de pays le Mexique la Chine et l Indon sie sont parmi les principaux b n fi ciaires mais on trouve galement des pays d velopp s comme la Cor e du Sud ou la Hongrie Quant l UNESCO elle professe une approche surtout culturelle et politique Dans une d claration mondiale sur l enseignement sup rieur pour le xxr si cle adopt e en 1998 ses membres assignent celui ci la mission de contribuer au d veloppement durable et l am lioration de la soci t dans son ensemble Mais c est dans des r f rences obliques la formation professionnelle et au renforcement de la coop ration avec le monde du travail qu il faut aller chercher la mention de cette fonction essentielle qu est la pr paration des tudiants l acc s un march de l emploi hautement qualifi Convergence et isomorphisme Au del de la rh torique sur l enseignement sup rieur la r alit de son volution ob it une logique propre et dessine un paysage en pleine mutation hybride de plusieurs tradi tions l une ancienne quelquefois a
20. allou s len seignement sup rieur et 25 la R amp D Quelles cons quences pour la France Rapport apr s rapport ouvrage apr s ouvrage tribune apr s tribune les radiogra phies n ont pas manqu ces derni res ann es de l universit fran aise Des ministres ont tr buch sur des tentatives de r forme du syst me universitaire Un bruit de fond permanent est audible cho d un malaise diffus qui s l ve de temps autre dans les aigu s comme l occasion du mouvement des chercheurs au printemps 2004 Quant aux propositions de r forme elles sont partag es entre le souci de leurs auteurs de ne pas jeter le b b avec Peau du bain et de m nager la communaut universitaire et estudiantine ou au contraire la volont d administrer un lectrochoc En 1998 la commission Attali constatait ainsi que le syst me d enseignement sup rieur fran 22 Voir notamment Alain Renaut Que faire des universit s Bayard 2002 Les universit s l heure de la gouvernance le num ro sp cial de Sciences de la soci t n 58 f vrier 2003 et le rapport La gestion du syst me ducatif de la Cour des Comptes avril 2003 ais tait devenu avec le temps confus bureaucratique et in galitaire et proposait un d tour par l Europe pour int grer l universit fran aise dans un mod le europ en d ensei gnement sup rieur dont la premi re pierre sera
21. ance la fin du xvii si cle Aujourd hui c est du grand large que provient la remise en cause des privil ges des universit s Sans m me men tionner la tendance la mondialisation du march du travail d bouch naturel de l en seignement sup rieur la baisse des co ts de transport et la r volution des technologies de l information sont synonymes de diversifica tion le d veloppement d une offre alterna tive est spectaculaire qu elle mane d uni versit s trang res qui s y entendent pour attirer les tudiants ou d offreurs d ensei gnement sup rieur qui ne r pondent pas la d finition classique de l universit On trouve l des filiales de grandes entreprises comme Microsoft et Motorola initialement con ues pour la formation de leur personnel et qui ont ensuite largi une client le externe leur offre de formation sanctionn e par un dipl me qui sur le march du travail peut se r v ler un s same plus s r que bien des dipl mes classiques Aux Etats Unis leur nombre a quadrupl entre 1988 et 1998 et Microsoft illustre bien cette activit nouvelle qui anime un r seau en franchise de quelque 1700 centres certifi s travers le monde Mais on trouve galement des entre prises commerciales dont la raison sociale est de produire et vendre des services d ensei gnement sup rieur cot s au NASDAQ Apollo Group et Sylvan ont prosp r sur u
22. ar un groupe de sociologues de l universit Stanford fondateurs de l cole dite n o ins titutionnaliste qui ont cherch expliquer la diffusion travers le monde des grands modes d organisation de la soci t et du corps politique ainsi que des concepts associ s l id e occidentale de la modernit qu il s agisse de l tat nation de l enseignement de masse ou de l enseignement sup rieur Ces auteurs ont d montr la convergence l chelle mon diale des mod les d organisation de l ensei gnement par la formation d une id ologie ducationnelle base de valeurs de prin cipes qui sont ensuite repris et absorb s par toutes les parties prenantes de cette fonction responsables politiques et administratifs enseignants soci t civile Ils en ont gale ment explicit les m canismes base de pro cessus o l on voit intervenir de nombreux acteurs et en particulier les organisations intergouvernementales les plus actives la Commission europ enne l OCDE la Banque mondiale mais aussi des ONG influentes et bien outill es qui multiplient notes 13 Comme World Association for Educational Research European Educational Research Association World Council of Comparative Education Societies International Academy of Education ou encore l Association internationale des universit s 351 PIERRE BUHLER tudes rapports discut s dans force co
23. e 10 20 000 euros par an en moyenne par tudiant Il faudrait du reste envisager pour des raisons d quit un m canisme de pr t sur le mod le britannique et de bourses accord es par les tablissements eux m mes 3 la libert pour les tablissements de d terminer le contenu et la forme des ensei gnements et dipl mes qu ils d livrent ainsi que la combinaison appropri e de ressources humaines et financi res n cessaires leur mission Il ne s agit pas seulement de remettre en question le monopole tatique de la colla tion des grades et titres universitaires ainsi que le principe des dipl mes nationaux mais aussi de mettre fin une autre exception fran aise relev e par l conomiste Jean Paul Fitoussi qui observe que toutes les universit s des grands pays industrialis s qu elles soient publiques ou priv es ont une totale libert de recrutement et mis part en Belgique sont libres de d terminer le salaire des ensei gnants Au del de la question de lam nagement des statuts nationaux qui est ainsi pos e il s agit de revoir de fond en comble le mode de gouvernance des universit s c est dire leurs structures de direction composi tion des conseils mode de d signation et pou voirs du pr sident la libert des actes de gestion garantie d une dotation globalis e rai sonnablement libre d emploi proc dures comptables modernes libert des choix d
24. e par une approche macro conomique dans le sillage du mod le de croissance de Solow l cole n o classique a int gr le capital humain dans l explication de la croissance au m me titre que le capital physique D autres conomistes ont cherch en expliciter les formes formulant la th orie dite de la croissance endog ne qui met en vidence le r le d cisif de l enseignement aussi bien pour les pays qui se situent dans chaque domaine la fronti re technolo gique que pour les pays en retrait de cette fronti re Dans cette m me veine l cono miste fran ais Philippe Aghion a montr que les politiques structurelles d un pays comme les politiques d ducation ou de recherche ont des incidences diff rentes selon la dis tance qui s pare celui ci de la fronti re tech nologique plus un pays s approche de la fronti re technologique plus l investissement dans l enseignement sup rieur est rentable en termes de croissance de la productivit l inverse plus un pays est loign de cette fronti re plus il a int r t tabler sur des processus d imitation plus rentables et pour lesquels l investissement dans l enseignement secondaire est plus utile que dans l enseigne ment sup rieur 20 Philippe Aghion Elie Cohen ducation et croissance rapport du Conseil d analyse conomique p 20 UNIVERSIT S ET MONDIALISATION Tous ces travaux convergent pou
25. eu avec vigueur alors que ce domaine ne rel ve pas de l AGCS et on voit mal ce qui pourrait l emp cher de se pour suivre Le caract re immat riel de la pro duction des universit s rend en effet plus illusoire encore que dans le cas des biens toute vell it d un Etat moderne de s en prot ger durablement Mais il est galement vain d es p rer y chapper par des constructions r gio nales d fensives l espace europ en d ensei gnement sup rieur ne prendra v ritablement tout son sens que s il amorce une dynamique qui permettra aux meilleures universit s du continent de se hisser un niveau d excellence mondiale ou d y conforter leur position et un petit nombre d tablissements fran ais d y figurer Ces gagnants raisonneront bon droit en cat gories mondiales bien plus qu eu rop ennes La comp tition est la r gle aujour dhui Elle le sera plus encore demain la diff rence cependant du syst me tr s darwi nien dans lequel voluent les entreprises la sanction n est pas la disparition mais linsi gnifiance En m me temps s il y a convergence dans ce champ de forces mondialis vers un mod le d universit moderne r active et bien articul e avec ses parties prenantes il n y a pas pour autant uniformit Dans le peloton de t te des universit s de classe mondiale on trouve aussi bien des tablissements publics que des uni versit s priv es Les u
26. ff rentes missions et la hi rarchie entre celles ci Un d bat qui d borde sur les relations avec les parties prenantes que sont l tat la soci t civile les enseignants les tudiants mais aussi les relations avec la politique et l thique avec la recherche et l innovation avec l conomique et le social Et qui emprunte des formes et des termes diff rents selon les pays et les poques Un champ de forces intenses Comme la science la technique la culture ou l conomie l enseignement sup rieur se trouve pris dans un champ de forces d une grande intensit Celui ci a d abord rev tu la forme du passage d un enseignement d lite un enseignement de masse dans les pays d ve lopp s la proportion d une classe d ge acc dant l universit est pass e entre 1965 et 1995 de 10 pr s de 45 En France 2 1 mil 345 PIERRE BUHLER lions d tudiants taient inscrits dans l ensei gnement sup rieur en 2001 contre 310 000 en 1960 Cette explosion d mographique a branl les institutions concern es leur rapport la soci t et la politique leurs quilibres internes leurs modes de fonctionnement Autre dimension du champ de forces lat teinte la primaut de l universit dans la diffusion du savoir n est certes pas nouvelle on a vu dans le pass de semblables atteintes l initiative de l tat comme la cr ation des futures grandes coles en Fr
27. hie d positaire du savoir et donc la mieux m me de d finir le curriculum et les modalit s de son administration Mais cette oligarchie a d ensuite partager ce pouvoir avec d autres parties prenantes stakeholders l tat mais aussi les autres enseignants et les tudiants repr sent s par leurs syndicats dans le mod le continental la communaut community dans le mod le am ricain un terme vague qui regroupe p le m le les anciens l ves et le march la fois les entreprises et les tu diants On trouve l les trois sommets du tri angle de Clark dont les interactions expli quent dans la th orie formul e par le sociologue am ricain Burton Clark l volution des syst mes d enseignement sup rieur Si ge d int r ts contradictoires ce triangle est anim d une tendance lourde la d centralisation des responsabilit s de l tat vers les deux autres sommets et en particulier celui du march Ce mouvement s inscrit dans l volution plus g n rale vers la r forme des politiques publiques et se traduit par une diffusion dans la gouvernance universitaire des m thodes de l entreprise auxquelles sont emprunt s nombre de concepts valuation r sultats audit plan strat gique centre de co ts rela tions publiques indicateurs de performance contrats prestations de service sans parler du th me de la concurrence C est ainsi qwa fait so
28. icators 2003 p 219 220 L indice 100 correspond au montant exprim en euros PPA en 1995 S agissant de la d pense elle ob it des r gles d autant plus restrictives que la part du financement public est plus lev e La pra tique de dotations globalis es est certes lar gement r pandue pour les tablissements publics mais nombre d interdits continuent de peser sur leur gestion en particulier sur l talement dans le temps de la d pense investissement pluriannuel droit de faire des r serves ou de contracter des emprunts Ce sont l des libert s dont jouissent les uni versit s priv es et qui se diffusent par conta gion dans les situations de concurrence aux universit s publiques Mais c est dans la gestion des ressources humaines principal poste de d pense de toute institution d en seignement sup rieur que r side sa v ritable libert d action La situation est l aussi tr s diversifi e allant de la libert quasi totale d embauche et de fixation du salaire des formules de statuts nationaux sur le mod le fran ais d pourvus de souplesse dans le recru 353 PIERRE BUHLER tement et la r mun ration Lorsqu elle est combin e une puissance de feu finan ci re la libert de gestion des ressources humaines d finit ce march hautement comp titif sur lequel les grandes universit s du monde se disputent les meilleures t tes Quand un poste est libre tou
29. ifficult de l exercice des indicateurs de per 11 Moyennant quoi les universit s les plus prestigieuses comme Harvard ou Princeton affichent des budgets de 2 400 et 900 mil lions de respectivement pour 19 500 et 6 600 tudiants com parer au budget de Sciences Po 70 millions d euros pour 6 000 tudiants UNIVERSIT S ET MONDIALISATION formance qui d terminent en partie aux tats Unis et au Canada le niveau du financement public Le pilotage de l enseignement sup rieur par la recherche est un autre instrument du moins dans les pays o les universit s jouent un r le clef cet gard Il ne s agit pas seu lement cependant de distribuer des contrats publics de recherche mais aussi de cr er les conditions propices la recherche priv e sur les campus c est dans cet esprit que le Congr s a vot en 1980 la loi dite Bayh Dole qui auto rise les universit s am ricaines breveter leurs d couvertes et en tirer des revenus dans le cadre de soci t s commerciales cr es cette fin Un dispositif comparable quoique de port e moindre est entr en vigueur en France en 1999 Les gestes les plus d cisifs des Etats sont cependant ceux par lesquels ils ouvrent les vannes du financement priv de l enseigne ment sup rieur corollaire de leur r ticence croissante relever le financement public de celui ci Cette volution est tr s avanc e dans des pays comme la Cor e le
30. ignement sup rieur et de R amp D et de son efficacit que le groupe d co nomistes r unis autour d Andr Sapir voit une des raisons majeures de l atonie de la crois sance europ enne de sa tendance la baisse au cours des derni res d cennies et de la stag nation depuis le d but des ann es 80 du PIB moyen par habitant de PUE 70 environ des niveaux am ricains Un tiers de cet cart s explique par le diff rentiel de pro ductivit lui m me d une diff rence dans la capacit d innovation Les tats europ ens observe le rapport Sapir ont su au cours des d cennies d apr s guerre rattraper les tats Unis par accumulation et imitation et ont construit leur appareil productif autour de ces strat gies grandes entreprises tr s int gr es quelquefois publiques tat providence accent mis sur l enseignement primaire et secondaire enseignement sup rieur dissoci de la recherche men e dans des grands labo ratoires centraux S tant rapproch es de la fronti re technologique les conomies euro p ennes atteignent leurs limites le moteur de la croissance est non plus limitation mais J innovation la fronti re pour laquelle elles sont mal outill es Car l innovation exige des entreprises et des march s du travail plus flexibles un acc s plus ais des march s financiers pr ts accepter davantage de risque 21 Andr Sapir An Agenda for a
31. it une harmonisation des cursus dans l es pace europ en Ce sera le sch ma trois tages dit 3 5 8 ou LMD une id e la fois audacieuse et de bon sens ensuite reprise on l a vu dans le processus de Bologne pour entrer peu peu en vigueur Dans une analyse m thodique de l volution du syst me universitaire fran ais depuis deux si cles la sociologue Christine Musselin souligne la r si lience de ses caract ristiques telles qu elles ont t format es par l Universit imp riale mais aussi le potentiel de transforma tion qui y a t instill par une r forme d ap parence anodine la politique introduite en 1988 de contrats quadriennaux de d veloppe ment entre chaque universit et l administra tion centrale contrepoint au discours alar miste sur l immobilisme suppos du syst me En 2003 deux observateurs nettement plus critiques Jean Herv Lorenzi et Jean Jacques Payan dressaient un constat d inadaptation g n rale du syst me fran ais d enseignement sup rieur aux besoins de la soci t et de l co nomie derri re son universalisme de fa ade l enseignement sup rieur fran ais forme un syst me archa que dans ses prin cipes hypocrite dans sa gestion et inefficace dans sa strat gie Les deux auteurs d non cent la perp tuation de la reproduction sociale par le jeu des fili res d lite de facto fr quent es
32. lection gratuit centralisation ce sont l autant de verrous sp cifiquement fran ais du moins dans leur cumul qui convergent vers un m me r sultat l absence d une v ri table concurrence aussi bien sur le plan interne que a fortiori sur le plan interna tional Qu on y ajoute la faiblesse de l effort de notre pays en faveur de l enseignement sup rieur et de la recherche et on a l autant d obstacles s rieux une int gration de la France dans le mouvement de mondialisation de l enseignement sup rieur Celui ci se d ploie inexorablement et il n est du pouvoir d aucun Etat groupe d Etats organisation internationale ou coalition antimondialiste de l interrompre La rh torique de d nonciation de la marchandisation de l enseignement sup rieur est au mieux un faux fuyant pour faire l conomie d une analyse d passionn e au pire un alibi pour justifier le statu quo et les rentes de situation La question qui se pose aujourd hui notre pays est pourtant cruellement simple la France veut elle tre au xxI si cle dans la course l excellence et l innovation veut elle faire fructifier les acquis de son rayon nement intellectuel et scientifique pendant le si cle coul veut elle acc der sur certains segments tout au moins la fronti re tech nologique et b n ficier des effets induits sur la croissance veut elle se doter comme les pays les plus avanc s
33. lloques s minaires et conf rences Sans doute cette convergence ou iso morphisme dans le lexique des sociologues n est elle ni univoque ni uniforme selon les pays ou les institutions mais ce constat s applique chaque photographie instantan e du paysage et non sa dynamique Il est vrai qu une forte r sistance se manifeste dans de nombreux pays y compris aux tats Unis pourtant pionniers de cette volution vis vis de ce qui est per u comme une d rive vers la marchandisation de l enseignement Une d rive qui se heurte des objections d ordre philosophique et poli tique mises par ceux qui consid rent l cole et l universit comme un instrument d manci pation de progr s d acc s la culture et de formation de citoyens clair s r cusant avec force une cole n o lib rale qui consid re l ducation comme un bien essentiellement priv et dont la valeur est avant tout cono mique Cette r serve se retrouve dans l offensive contre l inclusion de l enseignement sup rieur dans le champ de l AGCS dans les rappels r currents faits par les parties au pro cessus de Bologne que l enseignement sup rieur est un bien public ainsi que dans des prises de position plus v h mentes manant des altermondialistes de certains syndicats tudiants etc Mais la critique des risques de la mondialisation trouve aussi un cho dans des trava
34. ment sup rieur Les enjeux conomiques asso ci s au principal mode de consommation le s jour l tranger sont consid rables avec un march total de 30 milliards de dollars soit 3 du total des exportations mondiales de services Pour l Australie ce poste repr sentait en 2000 2 2 milliards de dollars soit pr s de 12 des exportations de services du pays un doublement en l espace de dix ans Avec 12 milliards de dollars en 2003 l accueil d tudiants trangers dans les universit s am ricaines constitue le cinqui me poste d ex portation de services Les discussions seront ardues tant sont fortes les oppositions manant des syndicats d enseignants aussi bien que d tudiants en particulier de la mouvance antimondialisation Mais l existence m me de ce d bat confirme si besoin est que l ensei gnement sup rieur est pleinement dans le champ de la mondialisation Pour l OCDE galement l ducation facteur d cisif avec la recherche de l conomie de la connaissance est au c ur de la crois sance L organisation est l origine d un nombre respectable d tudes sur les incidences conomiques de l ducation sur les co ts et les performances des syst mes ducatifs ainsi que la d finition des bonnes pratiques En janvier 2004 une telle tude est ainsi opportun ment venue pauler les efforts labo rieux de Tony Blair pour arracher l assenti ment de l
35. monisation la division du cursus en deux cycles sous gradu d livrant une licence en trois ans gradu d livrant un master en deux ans puis un doctorat en trois ann es suppl men taires et un m canisme de convertibilit intra europ enne des cr dits universitaires ECTS Les pr conisations produites dans ce cadre diffusent lentement dans la mosa que universitaire europ enne tout en vitant de porter sur les sujets sensibles comme les ques tions des droits de scolarit ou des rapports avec le secteur priv OMC a commenc s int resser Pen seignement sup rieur en 1995 lorsque Pat tention s est port e sur les services parmi lesquels les services ducatifs Le projet d Accord g n ral sur le commerce des ser vices AGCS exclut de son champ tout service fourni dans l exercice du pouvoir gou vernemental c est dire tout service public mais c est sur la d limitation de ce p rim tre que s est d velopp e la controverse s il existe un certain consensus pour consid rer que l en seignement primaire et secondaire rel ve bien de cette d finition tel n est pas le cas pour l enseignement sup rieur Une trentaine des 350 144 membres de l organisation veulent abaisser les obstacles au commerce des prestations d ducation et de formation et parmi eux des pays comme les tats Unis l Australie le Japon mentionnent explicitement l enseigne
36. n apparition la notion de capitalisme uni versitaire appellation trompeuse toutefois car elle qualifie des structures sans but lucratif sans parts sociales et sans actionnaires Ce qui en revanche rapproche l universit entrepre neuriale du mod le de l entreprise priv e 2 Burton Clark The Higher Education System Academic Organization in Cross National Perspective Berkeley University of California Press 1983 10 On parle ici bien entendu des universit s publiques ou priv es et non pas des entreprises commerciales vendant des pres tations d enseignement tertiaire m me quand elles s attribuent le titre d universit est la qu te de ressources assortie de l emploi le plus efficace de celles ci pour poursuivre sa raison sociale Cette qu te rev t diff rentes formes dont les universit s am ricaines illus trent bien le registre paiement par l usager droits de scolarit contrats de recherche vente de services formation continue campus d t appel aux donations en particulier d an ciens tudiants Mais c est encore dans l exercice de la libert de gestion que s exprime le mieux la d marche manag riale des uni versit s rationalisation des co ts d finition de l offre cursus programmes dipl mes en fonction de la demande des tudiants choix des sp cialisations par l universit contr le de la qualit des enseignements dispens s
37. n cr neau d laiss par les universit s traditionnelles celui de la formation continue mais forts de leur savoir faire abordent d sormais le march 2 Avec un chiffre d affaires de 1 34 milliard de en 2003 en croissance de l ordre de 30 par an Apollo est le premier op rateur but lucratif d velopp partir de l Universit de Phenix avec quelque 200 000 tudiants cf wwwapollogrp com Quant Sylvan dont le chiffre d affaires tait en 2002 de 604 millions de en progression de 25 par rapport 2001 len treprise emploie 16 200 personnes dont 6 800 plein temps pour 60 000 tudiants sur les campus et 13 000 par Internet cf www sylvan net dont en France quelque 1 100 tudiants l cole sup rieure du commerce ext rieur 346 des tudiants la sortie du cycle secondaire Leur nombre est de l ordre du millier et le secteur conna t un taux de croissance annuel de 10 M me si ces nouveaux arrivants restent rela tivement marginaux dans le paysage de l en seignement sup rieur mondial ils participent la pression dans le sens d une plus grande concurrence comme du reste les tablisse ments publics ou priv s but non lucratif qui tant qu ils op rent dans leurs fronti res nationales b n ficient de l aura du service public mais sont per us lorsqu ils se projet tent l ext rieur comme des concurrents peine diff rents des entreprises comme
38. ndial des universit s en exami nant quelque 2000 tablissements selon un petit nombre de crit res li s la recherche et la publication Malgr les limitations inh rentes tout exercice de classement surtout lorsqu il s agit d entit s aussi diverses que des universit s cette tude pr sente le m rite 18 Henry Rosovsky Harvard mode d emploi Odile Jacob 1993 p 224 19 Parmi les crit res retenus figurent le nombre de titulaires de prix Nobel scientifiques ainsi que le nombre d articles publi s dans les revues Nature et Science mais pas par exemple les titu laires d une m daille Fields De l aveu m me des auteurs les choix de crit res d savantagent les tablissements qui font autorit dans les domaines des sciences sociales ou humaines Texte de l tude sur Attp leuropa eu inttcomm research headlines news article_03_12_ 31_en himl 354 d tre une premi re tentative d valuation mon diale des universit s C est sans surprise qu on y apprend que derri re Harvard et Stanford qui caracolent en t te du classement celui ci est domin par les universit s am ricaines qui fournissent 8 des 10 premiers tablissements 25 des 40 suivants et forment au total 55 des 100 premiers Les universit s de langue anglaise raflent 19 des 20 premi res places 24 des 30 suivantes et occupent 73 des 100 premi res places A l exception de Cambridge 5 et Oxford 9 les universit
39. ns et les autres ont cepen dant en commun une caract ristique la libert d action si conforme l esprit originel de lins 358 titution universitaire et que l on serait tent de qualifier d autonomie si ce terme m avait pas dans son acception administrative fran aise un sens restrictif Cette libert d action rev t dans le cas de la France une port e singuli re sur trois points sensibles 1 la libert pour l tablissement de choisir ses tudiants quelle que soit du reste leur nationalit Dans le lexique politique fran ais cette libert porte le nom de s lection un terme charg de connotations n gatives et qui correspond un des tabous les plus paraly sants de notre syst me politique illustration suppl mentaire d une certaine exception fran aise Seule la France fait exception parmi les pays de l OCDE notent Lorenzi et Payan avec d un c t un secteur les universit s o toute id e de concurrence est prohib e et de l autre un second secteur fortement hi rarchis accessible par seul concours Les effets pervers de ce syst me s lection ult rieure par l chec d valuation des dipl mes proc dures d tourn es universit s parkings tudiants fant mes ont t abondamment expos s par les auteurs mentionn s et on voit mal par quels avantages ils peuvent tre justifi s En revanche la contribution Pacte ducatif de l interac tion en
40. par les classes ais es et brocardent laberration du refus de la s lection l entr e des universit s ainsi que leur hostilit fon ci re toute id e m me de concurrence Ils d plorent la dissociation entre l universit et la recherche sa paup risation son loignement de la vie conomique ainsi que les r flexes corporatistes et protectionnistes de la commu naut universitaire Et les auteurs de proposer une r forme plus profonde en abordant des points que le rapport Attali avait lud s comme 23 Jacques Attali Pour un mod le europ en d enseignement sup rieur Stock 1998 24 LMD Licence en 3 ans Master en 5 ans Doctorat en 8 ans 25 Christine Musselin La Longue Marche des universit s fran aises PUF 2001 La Cour des comptes estime cependant que la contractualisation reste en pratique d une port e limit e rapp cit p 270 26 Jean Herv Lorenzi Jean Jacques Payan L Universit mal trait e Plon 2003 UNIVERSIT S ET MONDIALISATION le libre choix par les universit s de leurs tu diants pratiqu dans la plupart des grands pays europ ens ou une autonomie r elle des uni versit s qui leur permette d assumer pleine ment une d marche de concurrence Autant de points qui touchent des vaches sacr es comme la s lection l entr e du syst me uni versitaire le monopole tatique de la collation des grades et titres ou encore le
41. ppel e id a liste l arch type en est l universit de Berlin fond e en 1809 par Wilhelm von Humboldt v ritable cath drale du savoir fond e sur la libert acad mique incarn e par les chaires et l autonomie institutionnelle Espace de fusion f cond entre enseignement et recherche scientifique ce mod le constitue aussi le lieu de pr servation voire d exaltation du patri moine culturel L universit humboldtienne a inspir les tats nations en formation en Europe continentale mais aussi aux tats Unis et au Japon o le mod le a t largement repris et adapt l autre plus r cente est la tradition dite fonctionnaliste qui consid re l universit comme un sous ensemble de la commu naut r pondant aux besoins de celle ci et pousant constamment les changements constat s de ces besoins Ce mod le d finit une attitude plus utilitariste des tablissements et aussi une posture en retrait de PEtat qui se borne assurer un environnement favorable ou stimuler par exemple les universit s par le financement de programmes de recherche entre ces deux traditions empruntant Pune et l autre mais s en distinguant par le r le de l tat on trouve la notion d universit agence publique composante d un service public national vou mettre en uvre les politiques publiques formation des cadres de l tat et de l conomie mobili
42. r souligner le r le cardinal de la production et de la dif fusion du savoir dans la croissance des pays d velopp s dans l conomie de la connais sance le besoin d une int gration de plus en plus rapide des connaissances dans le syst me productif exige une articulation effi cace entre la R amp D et la diffusion du savoir entre les trois sommets de ce triangle magique de la croissance l industrie luni versit et la recherche illustr e par le succ s de ce mod le dans la Silicon Valley Moyennant quoi le niveau et la qualit de son enseigne ment sup rieur sont des crit res d cisifs de la capacit d un pays se maintenir sur la fronti re technologique ou proximit de celle ci Tableau 2 D penses d investissement dans l enseignement sup rieur et la R amp D R partition par source de financement en du PIB Enseignement tertiaire R amp D Total 2000 2000 ou 2001 ens tert R amp D Origine public priv total public priv total amp divers Allemagne 1 0 0 1 1 1 0 8 1 7 2 5 3 6 Danemark 1 5 0 1 1 6 0 7 1 4 2 2 3 8 Espagne 0 9 0 3 1 2 0 4 0 6 1 0 2 2 Finlande 1 7 0 0 1 7 0 9 2 5 3 4 5 1 France 1 0 0 1 1 1 0 8 1 3 2 2 3 3 Grande Bretagne 0 7 0 3 1 0 0 6 1 2 1 9 2 9 Irlande 1 2 0 3 1 5 0 3 0 9 1 2 ZT Italie 0 7 0 1 0 9 0 5 0 5 1 1 1 9 Pays Bas 1 0 0 2 1 2 0 7 1 3 2 0 3 2 Portugal 1 0 0 1 1 1 0 5 0 3 0 8 1 9 Su de 1 5 0 2 1 7 0 9 3 4 4 3 6 0 Moyenne UE 1 15 0
43. rciales L environnement dans lequel voluent les universit s est non seulement de plus en plus concurrentiel mais aussi de plus en plus angli cis Langue de deux puissances tour tour dominantes au xIx puis au xx si cle langue maternelle de plus de 400 millions d individus seconde langue de 250 millions de locuteurs langue trang re la plus tudi e dans le monde l anglais est la lingua franca du com merce mais aussi de la recherche de la tech nologie d Internet des revues scientifiques de diffusion internationale des grandes bases de donn es des conf rences colloques et s mi naires internationaux Cette pr minence g n re un effet de masse critique et conf re aux universit s et aux universitaires anglo phones un avantage comp titif tout en impo sant des contraintes aux autres tablissements dans lesquels usage de l anglais s insinue par toutes sortes de processus imperceptibles mais terriblement efficaces Les autres langues ne sont certes pas d tr n es comme langues de l enseignement sup rieur mais l h g monie de l anglais rode sans cesse leur port e de langue de communication internationale L adaptation Soumis ce champ de forces les tablis sements d enseignement sup rieur s y ajustent constamment avec d autant plus d nergie qu ils sont expos s la comp tition interne ce qui est largement le cas aux tats Unis ou externe ou qu ils
44. ro p enne Cette volution touche un point sen sible en apparaissant comme le pr lude une abdication d un pan important de l identit nationale affect e du reste par d autres d ve loppements li s la mondialisation C est ainsi qu l issue d un d bat politique sur les places respectives de langlais et du n erlandais dans l enseignement sup rieur les Pays Bas ont jug indispensable pour pr server la survie long terme de leur langue de maintenir le n er landais Il reste qu un nombre croissant d uni versit s y compris en France proposent des enseignements en anglais Le positionnement vis vis de la recherche est un autre trait des strat gies d adaptation des universit s Dans la tradition forg e par les universit s allemandes au xix si cle et stimul par le d veloppement de structures concurrentes fondations think tanks et grands centres de recherche un mod le d univer sit de recherche s est affirm Une cen taine d universit s ont emprunt ce chemin partir des ann es 60 en mettant sur pied les quipes les laboratoires les quipements qui force de pers v rance et de choix clair s ont fini par porter leurs fruits sous forme de publications de distinctions prix Nobel de d couvertes et par corollaire de notori t de prestige et de nouveaux contrats de recherche Mais aussi en termes de synergie entre recherche et enseignemen
45. s statuts de la fonction publique C est en 2003 galement qu une autre contri bution de fond a t port e sur la place publique avec le rapport Education et crois sance du Conseil d analyse conomique Quoique formul en des termes plus mesur s le diagnostic dress par Philippe Aghion et Elie Cohen est peine moins accablant dis jonction entre l universit et la recherche fai blesse et efficacit insuffisante de l effort fran ais d enseignement sup rieur g chis li l absence de s lection rigidit de la gestion des ressources humaines inexistence de l va luation et faiblesse des incitations l excel lence Mais ils choisissent d lib r ment de renoncer la r forme radicale gage d chec assur au profit d une r forme incr men tale base de maniement de leviers exis tants comme le levier europ en ceux de la formation permanente et professionnelle et des dispositifs d autonomie actuels m tin s d un droit l exp rimentation Les mesures les plus fortes comme la s lection l entr e du syst me universitaire la r mun ration au m rite l autonomie large des universit s ou la fin de la quasi gratuit des tudes sont en revanche cart es Les auteurs pr conisent galement la cr ation de deux agences de moyens l une pour soutenir la recherche l autre pour financer les restructurations et dot es des moyens cons quents 0 5
46. t sociale contribution l identit et la culture natio nales recherche etc C est de ce mod le que rel vent le plus le syst me d enseignement sup rieur fran ais ou les syst mes scandi naves UNIVERSIT S ET MONDIALISATION Si des l ments de la tradition humbold tienne persistent dans nombre de syst mes universitaires nationaux si la fonction d agence publique reste fermement ancr e dans bien des pays le centre de gravit du paysage uni versitaire s est dans le monde anglo saxon du moins nettement d plac vers le mod le fonctionnaliste Un mod le d universit productrice de services d enseignement sup rieur et de recherche impr gn e de notions d efficacit de qualit de gestion par objec tifs de performance et de d veloppement Un mod le de moins en moins tributaire des fonds publics et faisant appel de plus en plus au financement priv qu il provienne des tu diants ou des entreprises Ce type d tablis sement est plus prompt r pondre dans la d finition de son offre ducative des cursus propos s et des priorit s de recherche aux besoins nouveaux per us dans la soci t civile et l conomie De moins en moins prot g par l tat et ses fronti res il est toujours davantage expos la comp tition tant interne que mondiale avec d autres institutions et en accepte sans barguigner la l gitimit Cette volution confirme l analyse faite p
47. t C est l un profil illustr par les universit s de l vy League le MIT Stanford ou l Universit de Chicago Nombre d tablissements priv s et publics ont suivi cette voie et m me une institution aussi ancr e dans le pass que l Universit d Oxford est parvenue se transformer au point d ac c der l excellence en dehors de sa tradition des humanit s dans les sciences sociales et les sciences exactes L investissement dans la recherche implique naturellement une relation avec l tat grand commanditaire de tels pro grammes et avec l industrie pour la recherche appliqu e Aux tats Unis les contrats sont distribu s aux institutions en fonction de leur seul potentiel ind pendamment de leur statut public ou priv C est ainsi que l Universit Johns Hopkins priv e est de loin la pre mi re universit b n ficiaire de fonds publics 348 de recherche hauteur de 992 millions de dollars en 2001 La qu te de l efficacit autre chemin emprunt par les universit s pour s adapter un envi ronnement plus concurrentiel fait fond sur leur libert d action et joue de toutes les ressources de la gouvernance terme qui comme pour les entreprises s est impos dans la litt rature C est au nom de la libert acad mique que l essentiel du pouvoir a t longtemps laiss dans les mains de la communaut universitaire ou pour tre plus pr cis d une oligarc
48. t d partement de Harvard est tenu de se demander qui dans le monde entier est le plus adapt ce poste si c est un tranger l universit il sera invit faire acte de candidature explique ainsi un des anciens doyens de l universit ajoutant que les meilleurs enseignants atti rent les tudiants les plus brillants produi sent les recherches de la plus haute qualit attirent le plus de cr dits ext rieurs Le retard europ en C est partir de ces pr misses que s est dessin le paysage contemporain de l ensei gnement sup rieur plusieurs milliers d insti tutions dont une petite proportion se d tache dans le peloton de t te des universit s de classe mondiale Elles cumulent excellence aca d mique pr minence dans la recherche rayonnement dans les publications scientifiques se distinguant par leur notori t leur prestige l attrait qu elles exercent sur les tudiants Selon les crit res retenus le nombre compris dans ce p rim tre varie entre moins de 100 et plu sieurs centaines Jusqu pr sent sauf pour les coles de commerce les classements taient purement nationaux comparant des entit s rela tivement comparables l aide de crit res tra ditionnellement contest s en particulier par les tablissements s estimant mal class s D but 2004 un groupe de chercheurs de l Universit Jiao Tong de Changha a publi le premier classement mo
49. t les coles de commerce de 5 6 000 euros compter de la rentr e 2004 Sciences Po appliquera des droits hauteur de 4 000 euros au maximum 349 PIERRE BUHLER Japon o pourtant la contribution des tu diants est d j importante le gouvernement laisse aux universit s publiques depuis avril 2004 la libert totale de fixer le niveau des droits Et en Allemagne le d bat est intense sur la r forme de l universit si opposition reste forte l instauration de droits de sco larit une partie de la classe politique consi d re que le statu quo n est plus tenable En dehors de l UNESCO le FMI la Banque mondiale POCDE et POMC ont tour tour investi ce domaine longtemps rest hors de leurs champs de pr occupations M me au sein de l Union europ enne l enseignement sup rieur a longtemps t exclu du champ de lint gration malgr de louables efforts pour promouvoir la mobilit des tudiants pro grammes Socrate Erasmus ou la reconnais sance mutuelle des dipl mes C est partir de ce dernier domaine que s est v ritablement amorc un mouvement vers l int gration avec la Convention de Lisbonne 1997 la d cla ration de la Sorbonne 1998 puis en 1999 le processus de Bologne qui r unissait 29 tats de la grande Europe derri re l objectif de cr er l horizon 2010 une zone europ enne d enseignement sup rieur autour de deux principes d har
50. tiques et le droit des institutions de choisir leurs tu diants figure au premier rang de leurs reven dications 3 la libert financi re qui porte la fois sur la provenance des ressources et leur emploi S agissant des ressources le glisse ment est tr s net vers une plus grande auto nomie tant dans la perception de droits de scolarit que dans l acc s aux contrats de 16 C est ainsi que l universit Cornell a jou un r le pion nier dans la cr ation d un cursus d tudes f minines recherche Le r gime est diff rent selon le statut priv ou public des universit s Dans les premi res la libert de fixation de ces droits est totale rapprochant le plus celles ci d un vrai march mais ils ne couvrent pas loin s en faut m me s ils sont lev s les d penses expos es pour l enseignement Dans les universit s publiques la part du financement qui incombe aux m nages varie grandement selon les pays les institutions et les disciplines Aux Etats Unis ce taux est de 35 et au Canada il est de 30 avec une tendance l augmentation qui s observe galement on l a vu en Europe et au Japon L autre source majeure de revenus est la recherche g n rant un apport significatif dans les pays qui comme les Etats Unis consen tent un effort important de recherche publique et le confient pour une bonne part aux uni versit s Mais c est dans la relation avec Pin UNIVERSIT S ET MOND
51. tre des tudiants de motivations et de niveaux peu pr s homog nes est une consi d ration de bon sens que mettent en uvre en France et sans que personne en conteste la l gitimit toutes les fili res pratiquant d ores et d j le choix de leurs tudiants qu il s agisse des classes pr paratoires des grandes coles ou m me des universit s o un tudiant sur quatre acc de une fili re s lective 2 la libert pour un tablissement de rechercher les ressources n cessaires son fonctionnement notamment sous la forme de droits de scolarit Totale pour les tablisse ments priv s cette libert est encadr e stric tement dans les universit s publiques En France les droits demand s l tudiant sont d un montant symbolique sans rapport avec le co t de la prestation ducative La ques tion de leur rel vement des niveaux plus significatifs rel ve indiscutablement du choix politique mais elle na en soi rien d ill gi time La pratique existe depuis des d cennies dans nombre de grandes coles vers les 28 IUT fili res m dicales coles d ing nieurs rattach es des universit s instituts universitaires professionnalis s troisi mes cycles quelles s orientent les meilleurs tudiants bien plus que vers l universit quasi gratuite et vient d tre introduite Sciences Po L ensei gnement sup rieur tant assimilable un bien semi public
52. une tra dition acad mique propre ont emprunt sans beaucoup d alt rations le mod le occidental A l inverse il est arriv l universit de se trouver en d calage par rapport aux grandes ruptures du monde occidental comme la Renaissance les Lumi res ou la R volution industrielle et marginalis e alors dans la fonction de pro duction du savoir et de l innovation 1 Clark Kerr The Uses of the University Cambridge Harvard University Press 2001 p 115 COMMENTAIRE N 106 T 2004 Les universit s ont su corriger ces d cen trages et s adapter aux exigences de leur temps en partie gr ce l apparition d un grand nombre de nouvelles institutions apr s 1945 Mais ce qui frappe est la force de leur enracinement moins du reste dans leur propre identit aca d mique que dans l h ritage intellectuel dans la culture politique scientifique sociale o elles ont prosp r ce que certains sociologues appellent la culture locale paisse Creuset d identit nationale le plus souvent religieuse quelquefois conservatoire d un patrimoine intellectuel r ceptacle l gitime du savoir l ins titution universitaire se trouve dans la position expos e de cheville entre deux dynamiques antagonistes celle de la continuit et celle de l innovation Elle est ainsi la fois le si ge et l objet d un d bat quasi permanent sur la d fi nition m me de l universit sur ses di
53. ux scientifiques Pendant que les uns et les autres changent leurs arguments cependant les processus de convergence se poursuivent inexorablement On se souvient de la prolif ration dans le monde des coles de commerce calqu es jusque dans leurs m thodes sur les business schools am ri caines Plus r cente l harmonisation europ enne des cycles d tudes selon le sch ma sous gradu gradu ressemble de pr s la division pratiqu e dans les universit s am ri caines entre les niveaux undergraduate et gra duate jusqu reprendre tel quel y compris en France l appellation de master pour nommer le premier niveau du cycle gradu L autonomie Mais c est surtout dans le sens de l auto nomie que porte la dynamique dans tous les 14 Ch Laval L cole n est pas op cit p 7 15 Voir notamment Bill Readings The University in Ruins Cambridge Harvard University Press 1996 352 domaines d action de l institution universi taire 1 la d finition des cursus et le contenu des dipl mes C est d j la cas pour les univer sit s nord am ricaines priv es bien s r mais aussi publiques libres de proposer de nou veaux enseignements en fonction des volu tions per ues sur le march du travail mais aussi de fa on plus d sint ress e aupr s des tudiants 2 le choix des tudiants c est l une dif f rence fondamentale avec l entreprise qui
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