Ajustement structurel et politiques alimentaires
Contents
1. en juge de la nature et du contenu des programmes d investisse ments publics des pays qu il assistait Face lui les pays b n ficiant de l ajustement ont du mal faire valoir des arguments susceptibles de remettre en cause les voies ainsi trac es pour leur propre d veloppement De leur c t les prin cipaux bailleurs de fonds suivent le Fonds et la Banque soit parce que leurs orientations leur paraissent convenables id ologiquement soit parce qu il est plus facile de s ins rer dans un cadre pr d fini m me si sa coh rence n est qu apparente que d imaginer des sc narios alternatifs dont il faudra en toute hypoth se assumer les co ts Toute nouvelle approche susceptible d influencer le processus de d veloppement rencontre in vitablement des adversaires m me si la finalit de cette approche n est que rarement remise en cause L ajustement structurel n chappe pas cette logique d autant que les arguments mis en avant sont soit inv rifiables soit contestables Des r sultats positifs obtenus en Asie dans un contexte radica lement diff rent ont pu faire croire que les m mes rem des pro duiraient les m mes effets en Afrique Mais parler aujourd hui de l ajustement structurel c est aussi tre dans l impossibilit d appr cier de mani re concr te ses effets r els En outre les tats africains soumis des politiques d ajustement sont moins que jamais ma tres de l2. tement Ailleurs les enqu tes remontent souvent aux ann es soixante et n ont qu un int r t historique Des donn es fragmentaires sont certes disponibles mais elles sont insuffisantes pour esp rer d mon trer quoi que ce soit Il est ainsi plus facile de discourir sur les effets sociaux de l ajustement que de d montrer chiffres l appui que les rations alimentaires ont t affect es par ce nouveau type de politique M me l observation des prix des biens et des servi ces qui constituent un bon indicateur de leur raret ou de leur abondance se limite g n ralement aux capitales ne refl te pas tou jours la r alit et sert la confection d indices dont les pond ra tions sont le plus souvent obsol tes 7 Une autre difficult que pose l analyse de la liaison ajuste ment situation alimentaire rel ve des statuts diff rents des monnaies africaines Mis part quelques cas particuliers Djibouti et Liberia sont rattach s la Zone dollar l Afrique subsaharienne peut tre divis e en deux groupes la Zone franc 14 pays o la monnaie est convertible travers le franc fran ais et les autres pays dont la monnaie est inconvertible Si dans la Zone franc les parit s n ont pas t modifi es par l ajustement bien que la Banque mondiale estime que le f CFA est sur valu les autres pays ont pratique ment tous t oblig s de d valuer fortement leurs monnaies voyant ainsi simultan m
3. dont le pr ambule marquait Penga gement solennel de tous les chefs d Etat des pays membres de POUA d accorder une priorit absolue augmentation de la pro duction alimentaire Mais qui en 1989 se souvient du Plan d action de Lagos en dehors de la CEA qui y fait allusion dans son CAR PAS La crise financi re et conomique du d but des ann es quatre vingt a balay les esp rances que ce plan avait suscit es et les politiques conomiques ont volu vers le pilotage vue que constitue l ajustement structurel Pour celui ci la fili re alimentaire ne s appr cie qu en termes financiers combien co te t elle ou com bien rapporte t elle aux finances publiques et pr sente un dan ger pour l orthodoxie par le caract re autocentr du d veloppe ment que pr conise g n ralement la strat gie alimentaire 6 Aujourd hui les strat gies alimentaires sont sans doute ran ger parmi les nombreux gadgets que secr te p riodiquement la Coop ration internationale m me si la plupart des pays africains ont labor un document de ce type Suffit il d ailleurs de produire un beau document pour tre class parmi les pays ayant une politique alimentaire Notre r ponse ne peut tre que n gative car la priorit accord e aux probl mes alimentaires supposerait des r for mes substantielles des structures administratives et des mentalit s tant qu un ministre des finances avec la b
4. n diction du FMI comp tera sur les pr l vements sur les c r ales import es et qu un ministre du commerce fixera les prix la consommation des produits ali mentaires sur la base de crit res politiques et non conomiques leur coll gue en charge de l agriculture quels que soient les efforts qu il d ploie ou les moyens dont il dispose prouvera de s rieuses difficult s inciter les ruraux d velopper leur production alimen taire dans des conditions conomiques satisfaisantes pour eux et pour l tat Le sort des politiques alimentaires tant provisoirement r gl penchons nous maintenant sur l incidence des politiques d ajuste ment sur la situation alimentaire de certains pays Ajustement structurel et situation alimentaire au royaume des aveugles En th orie les liaisons sont certainement nombreuses mais celles qui sont mesurables le sont beaucoup moins La situation nutri tionnelle par exemple ne peut tre appr ci e qualitativement et quantitativement sans enqu tes lourdes et co teuses Or en Afri que francophone l enqu te la plus r cente date de 1979 C te d Ivoire c est dire avant la mise en place des politiques d ajus 6 La plupart des documents de strat rieure et sa protection le cas ch ant vis gies alimentaire pr naient en effet le d ve vis du march mondial loppement de la production alimentaire int 23 POLITIQUES ALIMENTAIRES
5. si l on en juge par les statistiques douani res s n galaises Mais si l on tient compte des importations clan 25 POLITIQUES ALIMENTAIRES destines de Gambie qui a supprim les taxes sur les importations de riz estim es en 1987 plus de 80 000 tonnes et organis es sou vent avec profit par des op rateurs s n galais le respect du pla fond est moins vident et le manque gagner pour le Tr sor s n galais non n gligeable Troisi me volet visant am liorer l efficacit des circuits d importation du riz la privatisation partielle imagin e et con ue par la Banque mondiale Cette privatisation fut un chec dont il est malheureusement difficile d analyser les causes tant les trois op rateurs retenus ont t discrets sur leurs interventions Non seule ment les prix qu ils ont obtenus n taient pas meilleurs que ceux de la Caisse de p r quation mais le d nouement des financements fut laborieux pour certains d entre eux et les livraisons mal coor donn es oblig rent les autorit s interrompre pr matur ment cette op ration et demander la Caisse de p r quation de reprendre les importations pour viter toute rupture d approvisionnement En outre les op rateurs ont privil gi le march de Dakar o le riz peut tre vendu rapidement et n ont respect que tr s imparfaite ment l obligation de livrer l int rieur du pays Cette exp rience a pris fin au quatri me trimestre
6. 1987 et les importations sont nou veau normalement assur es par la Caisse de p r quation On ne parle plus du moins pour le riz de privatisation Cet exemple du riz s n galais est instructif car il montre que les ap tres de la privatisation et de comportements conomiques rationnels ont beaucoup apprendre de la r alit africaine Importez et enrichissez vous Parmi les mesures concr tes propos es par les politiques d ajus tement pour la r duction des d ficits budg taires figure en bonne place la suppression des subventions la consommation pour cer tains produits de premi re n cessit et celle des aides l agricul ture subventions aux intrants bonification d int r t etc tant entendu qu il appartient au march de d terminer les prix et non l administration Mais si les subventions la consommation ont t effectivement supprim es dans de nombreux pays elles exis taient surtout dans les pays monnaie inconvertible un bon exemple des multiples r sistances freinages et d tournements est fourni par les subventions la production Consid r es comme tant la seule aide r elle dont ne benet ciait d ailleurs qu une fraction des ruraux ces subventions ne con cernaient en fait que les cultures d exportation arachide coton et accessoirement le riz irrigu par exemple en C te d Ivoire o les semences et les engrais sont gratuits Leur suppressio
7. des paiements courants et service de la dette travers cette d finition on retrouve les grandes lignes d un diagnostic applicable de nombreux pays africains ou non et refl tant leurs difficult s quilibrer leurs balances des paiements assurer le service de leur dette obtenir de nouvelles liquidit s financer leurs importations ou quilibrer leurs finances publi ques Les causes de ces difficult s sont multiples et proviennent pour la plupart d entre elles de l irr gularit des recettes d expor tation de l hypertrophie du secteur public des programmes d inves tissements publics erron s ou improductifs et pour certains d une d pendance alimentaire croissante des subventions la consomma tion des monnaies inconvertibles et parfois sur valu es etc Le m canisme d intervention du FMI est toujours le m me diagnostic des besoins de financement du secteur public et des besoins en devises programme de redressement lettre d intention du gouvernement au FMI accord de confirmation de ce der nier pr cisant les crit res de performance dont la r alisation con ditionne la poursuite de l accord concours financiers nouveaux directs dont seule une faible partie est fournie par le FMI lui m me sous forme de droits de tirage sp ciaux et d acc s cer 1 Les opinions mises dans cet article huma in prot ger les groupes vuln rables et favo n eng
8. kg de riz Les 11 En raison de leur co t en devises leur r duction figurait l origine parmi les rations malgaches tant de Pordre de 400 g par jour on imagine les difficult s que pou vait rencontrer un chef de famille devant nourrir 4 personnes m me en ayant partiel lement recours au syst me de distribution officiel pratiquant des prix subventionn s crit res de performance d finis par le FMI Depuis le riz a t sorti de ces crit res sans que des explications aient t donn es La lib ration des prix Madagascar reste ainsi une r ussite et un exemple pour d autres pays 29 POLITIQUES ALIMENTAIRES absence de ma trise des co ts de production que d une absence de comp titivit En r sum une large part des Etats de l Afrique subsaharienne vit aujourd hui une situation nouvelle des institutions internatio nales au sein desquelles ces Etats sont minoritaires et sans pouvoir dictent leurs politiques des pays souverains et font d pendre l octroi de ressources financi res indispensables fournies d ailleurs en grande partie par des aides bilat rales d un alignement sur une vision tr s orient e id ologiquement du d veloppement Ainsi l ajus tement structurel n est ni une panoplie plus ou moins labor e de mesures caract re technique ni un dogme il est devenu un enjeu consid rable pour lavenir des politiques conomiques qu entendent mener les pays africain
9. la concurrence impitoyable que se livrent les pays du Sud pour pr server leurs parts de march sont sans doute au moins aussi impor tantes pour la r ussite de l ajustement que la r duction du nom bre de fonctionnaires ou la privatisation d activit s dans lesquelles les Etats s taient engag s imprudemment Dans cette lutte sans merci l ouverture syst matique des fronti res de nombreux pays africains que pr conisent les politiques d ajustement pr sente un danger potentiel aujourd hui mal appr ci pour leurs agricultu res danger d autant plus s rieux que les activit s de substitution n existent que rarement On peut m me se demander si les politiques d ajustement sont 30 R HIRSCH compatibles avec de v ritables politiques alimentaires nationales ou r gionales en Afrique et si elles ne risquent pas de conforter la d pendance du continent par une argumentation conomiquement solide avantages comparatifs mais socialement et politiquement pleine d incertitudes C est en fait sur sa capacit g rer ces con tradictions que sera jug long terme l ajustement Robert Hirsch 12 Caisse centrale de coop ration conomique 12 Responsable de la division des Poli tiques sectorielles et des valuations r tros pectives la CCCE 31
10. tats africains ont cru que la fixation des prix de ces produits chappait aux m canismes du march Fond e la fois sur un intervention nisme tous azimuts et sur la profonde conviction que cet interven 27 POLITIQUES ALIMENTAIRES tionnisme prot geait aussi bien les producteurs que les consomma teurs la justification de cet tat de fait a vari dans le temps Des ind pendances au milieu des ann es soixante dix c est le consom mateur qui b n ficia de la mansu tude des Etats mansu tude pou vant aller jusqu la subvention des produits import s 9 La p riode suivante fut l avantage des producteurs du moins si l on retient les prix dits officiels qui augment rent sensiblement au moins jusqu en 1985 1986 Ainsi a t on pu constater certaines ann es que le prix du paddy au producteur africain exprim en dollars tait sup rieur au prix du riz tha landais FAB Bangkok alors qu il faut environ 1 5 kg de paddy pour produire un kg de riz Il ne faut donc pas s tonner que les politiques d ajustement se soient rapi dement interrog es sur l irr alisme dans lequel baignaient les syst mes de prix des produits de base Pour les prix la production l limination des subventions devait entra ner une hausse des prix r els et donc un accroissement de la production Recommandation vraie en th orie fausse dans le contexte africain car le producteur ne dispose que rarement des moyens tech
11. tement que l ajustement a eu des effets pervers sur certains groupes d favori s s mais ajoutent presque sans transition qu en son absence la situa tion serait certainement pire et que les sacrifices d aujourd hui seront r compens s demain 20 R HIRSCH La question est donc pos e de savoir si les pays pratiquant une politique d ajustement se sont globalement mieux comport s que les autres notamment en ce qui concerne le niveau de vie de leurs populations les plus d munies Une pol mique qui est loin d tre close a surgi lorsque deux tudes publi es en 1989 Pune par la Banque mondiale et le PNUD 4 Pautre par la Commission co nomique pour l Afrique des Nations unies 5 ont partir de don n es identiques tir des conclusions diam tralement oppos es sur la r ussite de l ajustement structurel en Afrique Si globalement l autosatisfaction et un certain optimisme caract risent la premi re tude la seconde illustre l agacement des dirigeants africains qui consid rent leurs politiques conomiques comme tant en laisse A table Quelques doutes ont d j t mis quant au contenu exact du terme politique alimentaire en Afrique on parle d ailleurs beau coup de politiques sur le continent africain mais on ne voit toujours pas tr s bien ce que recouvre le terme Un peu comme pour l ajustement structurel Les politiques alimentaires existent elles en Afriqu
12. HIRSCH et de riz ont t multipli es par 5 5 en 25 ans et se situent actuel lement entre 7 et 8 millions de tonnes par an moyenne 1985 1987 contre 1 4 million en 1961 1963 7 4 par an Depuis 1980 les taux d accro issement annuels ont l g rement fl chi 4 par an pour le riz et 6 pour le bl mais demeurent largement sup rieurs la croissance d mographique Mais peut on dire face un ph nom ne d une telle ampleur que l ajustement a jou son r le Directement certainement pas dans la mesure o le probl me alimentaire est abord avec la plus grande prudence par les financiers et que les mesures visant r duire les importations ont g n ralement pargn les produits jug s essentiels Indirectement aussi bien par les d valuations que par les hausses de prix pr conis es par la suppression des subventions la consommation ou pour relancer la production int rieure les programmes d ajustement ont sans doute jou un r le non n gli geable sur les syst mes de consommation mais pas n cessairement dans le sens souhait Riz et bl ne sont plus en Afrique subsaha rienne des produits de luxe mais au contraire des produits large ment consomm s par les cat gories les plus pauvres D abord parce qu ils sont souvent moins chers que les produits locaux ensuite parce que les hausses de prix g n ralis es touchant galement ces produits locaux la consommation accrue de c r ales
13. LITIQUES ALIMENTAIRES dire tous les facteurs pouvant influencer la politique alimen taire De cette d finition volontairement g n rale il ressort qu il n existe pas de politique alimentaire id ale applicable tous les pays pas plus qu il ne devrait exister de politique d ajustement ne pre nant pas en compte le contexte local Il faut encore pr ciser que telle que d finie ci dessus la politique alimentaire peut aussi tre consid r e comme tant la r sultante d autres politiques qui le plus souvent s imposent elle la planification jadis et l ajustement aujourd hui peuvent interf rer directement avec la politique alimen taire au m me titre que les politiques mon taire fiscale salariale etc Le d veloppement ou du moins sa composante mesurable qu est la croissance n est que la combinaison de toutes ces politiques qui en permanence s influencent r ciproquement se compl tent ou se contrarient pour aboutir en d finitive f quilibre extr mement fragile que constitue la situation alimentaire d un pays un ins tant donn En outre les questions touchant l alimentation sont g n ralement clat es entre une infinit de minist res d orga nismes et d agents conomiques qui n ont que rarement des strat gies convergentes Il est clair que telles que d finies pr c demment les politiques alimentaires n existent pas en Afrique subsaharienne On se ref
14. R HIRSCH Ajustement structurel et politiques alimentaires en Afrique subsaharienne cial pour bon nombre de pays subsahariens le probl me alimentaire a toujours exist en Afrique ne serait ce que pour des millions de ruraux vivant en conomie de subsistance A cette permanence du probl me alimentaire on peut opposer le carac t re relativement r cent des difficult s conomiques et financi res que rencontrent les Etats difficult s ayant conduit un nombre crois sant d entre eux adopter des programmes d ajustement structurel M EME si au cours des ann es soixante dix il est devenu cru La r cr ation est finie Initi en Afrique subsaharienne partir de la fin des ann es soixante dix et surtout au d but de la d cennie suivante l ajuste ment structurel est un concept qui n est ni statique ni tr s rigou reux Il a d j volu et continuera certainement le faire De plus l ajustement structurel est diversement interpr t La question pos e est donc de savoir de quel ajustement on parle De l ajustement pur et dur tel que d j pratiqu par le FMI dans certains pays ou de l ajustement visage humain que r clame l UNICEF 2 mais qui demeure un v u Dans la pratique on peut trouver de nombreuses formes d ajustement plus ou moins adapt es aux con textes locaux et refl tant souvent imparfaitement le dogme De leur c t les politiques alimentaires peuvent fai
15. agent que l auteur et ne sauraient refl riser la croissance Paris Economica 1987 ter celles de la Caisse centrale de coop ra 372 p tion conomique 3 D finition cit e par Probl mes cono 2 UNICEF United Nations Internatio miques n 1953 du 19 d cembre 1985 nal Children s Fund L ajustement visage p 13 18 R HIRSCH taines facilit s le reste tant fourni par les PAS de la Banque mondiale ou de pr teurs bilat raux ou indirects r chelonnement de la dette publique et priv e par le biais des Clubs de Paris et de Londres l origine l ajustement structurel visait donc relancer le pro cessus de d veloppement court terme par des mesures carac t re macro conomique Enjeux et d bats En quelques ann es le FMI jusqu alors gardien discret du syst me mon taire international s est ainsi trouv dot de respon sabilit s importantes la fois dans la gestion de la crise et dans l identification des moyens de la relance Il a galement t amen progressivement exercer une influence consid rable sur la politi que conomique des pays endett s tant par les conditions tr s strictes et tr s contraignantes de ses propres pr ts que par le souci des cr an ciers bilat raux d ins rer leurs nouveaux pr ts dans un programme de redressement du FMI Directement ou indirectement le Fonds mon taire appuy par la Banque mondiale s est donc rig
16. ble de la demande orient e vers d autres indus tries nationales agro alimentaires textiles etc et les difficult s qui en d coul rent Tout cela tait sans doute pr visible tant donn la situation de p nurie que connaissait alors et que conna t toujours Mada gascar situation peu propice la concurrence pure et parfaite et des comportements conomiques rationnels Le cours mondial une donn e incontournable Pour les fili res alimentaires mixtes c est dire produisant la fois pour le march int rieur et pour l exportation corps gras essen tiellement arachide et huile de palme le retour des syst mes de prix la production plus r alistes c est dire prenant en compte les cours mondiaux a affect les revenus des producteurs d arachide au S n gal de r gimes de palmier en C te d Ivoire o pour la premi re fois depuis plus de vingt ans les prix ont diminu Mais ces sacrifices demand s aux producteurs les consommateurs afri cains ont t associ s puisqu ils paient souvent leur huile plus cher qu en Europe L ajustement a eu le m rite de s attaquer aux causes des d fi cits de certaines fili res agro industrielles alimentaires causes rele vant d ailleurs davantage d une gestion globale peu performante y compris par les d cisions en mati re de fixation des prix et d une 10 Le salaire minimum tait alors de 21 000 f MG mois soit 26
17. e Une politique quel que soit le secteur auquel elle s applique suppose la pr sence simultan e d objectifs explicites d institutions charg es de la mettre en uvre de m canismes prix taxes sub ventions etc et enfin de ressources financi res humaines etc Ces exigences propres toute politique nous conduisent d finir la politique alimentaire comme un ensemble de choix de mesu res et de moyens coordonn s concourant directement ou indirecte ment la satisfaction permanente des besoins alimentaires d un pays ou d un groupe de pays dans des contextes donn s Par con textes donn s nous entendons aussi bien les potentialit s physi ques que les structures d mographiques les habitudes alimentai res le niveau de vie et les revenus les technologies de production et de transformation disponibles la situation politique etc c est 4 Banque mondiale et PNUD L ajus tement et la croissance en Afrique pendant les ann es 80 Washington 1989 44 p 5 Commission conomique pour l Afri que CEA Cadre africain de r f rence pour les programmes d ajustement structurel en vue du redressement et de la transformation socio conomique CARPAS New York 1989 64 p Ce titre est heureusement simplifi sur la couverture de la pochette contenant le rap port et devient l ajustement pour la trans formation un plan africain pour un d velop pement viable 21 PO
18. ent leurs importations alimentaires devenir co teuses et leurs exportations plus comp titives Enfin le contenu des politiques d ajustement appliqu es en Afri que varie sensiblement d un pays l autre notamment en raison des multiples r sistances freinages et d tournements dont les interac tions sont suffisamment complexes et impr visibles pour accro tre leurs incertitudes sur le d roulement des PAS 8 En r sum les tr s s rieuses carences des syst mes d informa tion africains ne permettent que d identifier et d appr hender de mani re sommaire les liaisons ajustement situation alimentaire tra vers quelques indicateurs comme le commerce ext rieur les finan ces publiques et les prix Importez si vos produits ne sont pas comp titifs Au cours des deux derni res d cennies l Afrique dont on rap pelle sans cesse l norme potentiel agricole est pourtant devenue d pendante pour toute une gamme de produits de base et notam ment les c r ales On observe ainsi que les importations de bl 7 Ainsi lindice des prix malgaches 8 J Coussy Les politiques agro attribue au riz une pond ration de 14 98 alimentaires dans les programmes d ajustement remontant aux ann es soixante alors qu en structurel d Afrique sub saharienne s minaire 1986 1987 p riode de forte tension le poids EHESS ORSTOM 1987 dactyl de ce produit dans les budgets des m nages pouvait d passer 60 24 R
19. eurs choix et le pouvoir conomique que tr s peu d entre eux avaient r ussi ma triser risque de leur chapper pour long temps La r cr ation est donc finie 19 POLITIQUES ALIMENTAIRES Les sacrifices d aujourd hui seront r compens s demain Il est apparu assez rapidement que l ajustement n atteindrait pas aussi vite que pr vu un objectif aussi ambitieux Les pays africains se sont donc install s pour une dur e ind finie dans l ajuste ment et cette situation est de moins en moins bien support e par bon nombre d entre eux En outre constatant que les effets d une injection massive d aide ext rieure non affect e par exemple au b n fice du budget de l tat taient souvent dilu s le FMI et la Banque mondiale ont privil gi partir de 1985 une forme d action plus sectorielle Mieux cibl s ces pr ts d ajustement sectoriels ne remettent naturellement pas en cause les principes de l ajuste ment et l id ologie qu il sous tend Sous la double influence des contraintes macro conomiques et d une sectorialisation accrue on observe ainsi un retour des for mes de planification sommaire moyen terme qui ne sont pas sans rappeler les exp riences du d but des ann es soixante Avec cepen dant des diff rences sensibles car ce ne sont plus les Etats qui arr tent eux m me les choix fondamentaux l approche est plus finan ci re qu conomique et les d s quilibre
20. import es est le seul moyen de maintenir plus ou moins le niveau nutritionnel L exemple du S n gal est cet gard int ressant Abonn de la premi re heure aux programmes d ajustement ce pays importe les 4 5 du riz qu il consomme Vis vis de ce produit strat gique le FMI et la Banque mondiale ont obtenu que le prix la con sommation soit sensiblement augment que les importations soient plafonn es 340 000 tonnes par an et enfin que le monopole d importations de PEtat assur par la Caisse de p r quation soit supprim En 1989 comment peut on appr cier ces mesures qui soulignons le ne sont pas d nu es d int r t pour l conomie s n galaise m me si elles pr sentent le d faut de ne pas aborder le probl me alimentaire dans sa globalit Les hausses de prix accept es avec r ticence et diff r es plu sieurs reprises ont t tal es sur trois ans et ont entra n un dou blement du prix de d tail 160 f CFA kg en janvier 1985 contre 80 d but janvier 1982 Mais en mai 1988 l issue d lections pr sidentielles dont la campagne a donn lieu des promesses d ma gogiques de certains candidats riz 60 f CFA kg le prix est ramen 130 f CFA ruinant par la m me occasion le fragile qui libre financier de plusieurs exp riences de transformation des c r ales locales mil sorgho ma s Le plafonnement des importations a glo balement t respect
21. n totale a sou vent t combattue avec succ s par les responsables africains qui ont obtenu dans de nombreux cas leur talement dans le temps 26 R HIRSCH Le risque d une baisse simultan e des cours mondiaux et donc d une diminution substantielle des pr l vements de l tat sur ces cultu res risque v rifi pour l arachide et le coton au milieu des ann es quatre vingt est ainsi apparu disproportionn aux avantages de l limination de ces subventions Surtout pour les pays de la Zone franc o l absence de d valuation interdisait toute am lioration signi ficative de la comp titivit de la culture subventionn e En ce qui concerne les prix des produits alimentaires impor t s le rel vement des prix la consommation obtenu selon les pays avec ou sans d valuation a g n r des ressources parfois non n gligeables pour les finances publiques Ainsi si l on reprend l exemple s n galais on observe que le rel vement du prix la con sommation du riz de janvier 1985 160 f CFA kg permit l tat de pr lever sur une base annuelle 20 25 milliards de f CFA soit pr s de 10 des d penses publiques ou plus de 50 du d ficit budg taire de l poque L ajustement se r alise alors au d triment des revenus r els ou du pouvoir d achat des consommateurs m me s il est difficile d affir mer que ces pr l vements ont entra n une baisse des rations indi viduelles De pl
22. niques et financiers d accro tre rapidement la produc tion de surplus alimentaires Surtout lorsque des importations bas prix viennent en permanence concurrencer sa propre production Pour les prix la consommation la v rit des prix pr conis e par les mesures d ajustement s est certes traduite par leur rel ve ment en valeur nominale mais pas toujours en termes r els De plus les substitutions de consommation en faveur d autres produits ont g n ralement peu jou car ces produits ont galement vu leurs prix augmenter Paradoxalement le produit souvent import comme le bl ou le riz dont on entendait timidement contr ler la con sommation gr ce au prix demeurait souvent le produit le moins cher Et s il co tait encore trop cher il suffisait de r clamer une aide alimentaire qui pr sente d normes avantages elle est neutre en termes de balance commerciale et sa revente contribue r duire les d ficits publics Un bon exemple de l ambigu t de ce type de politique est fourni par le riz Madagascar o la lib ralisation des prix la production et la consommation litt ralement impos e en tant que conditionnalit d un pr t d ajustement sectoriel de la Banque mon diale a fris la catastrophe entre juin 1983 et avril 1986 Si la pre mi re ann e de lib ralisation compl te 1985 1986 les prix la production ont atteint des sommets 280 300 f MG par kg con tre 83 l ann e
23. pr c dente les prix la consommation ont grimp jusqu 700 ou 800 f MG par kg d but 1986 G n rant des mar 9 En 1974 apog e d une flamb e des C te d Ivoire oubli rent ou retard rent prix des c r ales le cours du riz avait t trop un r ajustement des prix la consom multipli par 4 depuis 1971 1972 de gros mation du riz ce qui les amena ainsi le importateurs de riz comme le S n gal ou la subventionner 28 R HIRSCH ges abusives contre lesquelles les autorit s s taient priv es elles m mes de tout moyen d action en supprimant le m canisme du prix plafond ces hausses sans pr c dent ont t durement ressenties par les consommateurs urbains 10 Ult rieurement gr ce des impor tations ces prix retomb rent mais les riziculteurs virent galement le prix offert pour leur paddy chuter sensiblement brisant ainsi aussit t une dynamique timide mais r elle de la production obser vable d s 1986 1987 dans certaines zones fort potentiel rizicole Dans le cas malgache les consommateurs ont ainsi pay tr s cher la lib ralisation Par ailleurs les importations de riz n ont pas disparu 11 puisqu elles constituent aujourd hui la seule arme dont disposent les autorit s pour tenir les prix du riz la consom mation En outre un des effets mal connu de la place exorbi tante qu occupait alors le riz dans le budget des m nages est la compression sensi
24. re l objet d une double interrogation existent elles en tant que telles en Afri que ou leur n cessit qui ne fait pas l unanimit n est elle pas en fait l une des cons quences de la m diocrit des r sultats obtenus en mati re alimentaire par les politiques agricoles 17 POLITIQUES ALIMENTAIRES Tenter de r pondre ces questions revient essayer d tablir un lien entre quelque chose de flou dont les effets sont difficile ment mesurables l ajustement structurel et quelque chose qui n existe peut tre pas sinon en tant que besoin plus ou moins impli cite et rarement d fini avec pr cision les politiques alimentaires L ajustement mode d emploi Le concept d ajustement structurel s est concr tis d s 1980 par des pr ts d un type nouveau les pr ts d ajustement structurel ou PAS En Afrique le Kenya et le S n gal ont t les premiers pays b n ficiaires plus ou moins rapidement suivis par une trentaine d autres Pour le FMI le but de la politique d ajustement est en effet de redonner une position viable la balance des paiements du pays int ress dans un contexte de stabilit des prix et de croissance cono mique soutenue tout en vitant emploi de mesures contraires la libert du commerce et des paiements ext rieurs 3 expression post tion viable de la balance des paiements pouvant tre traduite par compatibilit entre d ficit
25. s En mettant le doigt sur les erreurs des politiques pass es l ajus tement a sans doute eu le m rite d amorcer le freinage d une cer taine d rive de l conomie africaine et de susciter une prise de cons cience des responsables son actif galement doit figurer le rap pel de quelques r gles simples oubli es au fil des ann es par ces m mes responsables Les proc dures utilis es par ajustement et la brutalit parfois de certaines mesures ont pu faire craindre dans certains pays des explosions sociales fr quemment mises en avant par les gouvernements pour freiner ou adoucir leurs effets sur les populations Mais peut tre de tels choix taient ils n cessaires Sa faiblesse para t r sider dans l application souvent m canique pour ne pas dire aveugle de mesures con ues avant tout pour des conomies d velopp es mieux structur es et moins in galitaires Ainsi la restriction de la demande globale dans des pays au sein desquels une majorit de la population vit dans des conditions d j pr caires peut para tre injuste si on la compare aux pertes de recettes qu entra ne l volution anarchique des cours mondiaux Mais ni le FMI ni la Banque mondiale ne souhaitent tablir un lien de cause effet entre l organisation des march s et les diagnostics sans complaisance qu ils tablissent dans les pays africains La quasi disparition des accords internationaux de produits agricoles et
26. s initiaux des principaux agr gats r duisent fortement les ambitions De plus la d gradation et insuffisance des connaissances de base des syst mes alimentai res aux revenus r els en passant par les comportements des agents conomiques traduits en lasticit s prix ou en lasticit s substitution sont devenues telles que les effets des mesures macro conomiques sont pratiquement impr visibles Mais l volution du concept ne s arr tera sans doute pas cette sectorialisation des interventions car les m thodes du FMI et de la Banque mondiale ont t critiqu es non seulement pour leur caract re contraignant mais aussi pour leur inadaptation aux struc tures conomiques du continent C est par le biais des cons quences jug es dramatiques pour les populations les plus d favoris es mais une fois encore rarement mesur es que les premi res critiques de l ajustement ont t for mul es L UNICEF a tent de d montrer que ce qu il tait con venu d appeler aujourd hui les dimensions sociales ou les effets sociaux de l ajustement avaient r duit sensiblement les niveaux de vie de ces populations Le message a t entendu puisque le FMI et la Banque ont lanc de nombreuses tudes et travaux de recherche sur la relation ajustement pauvret Les partisans de l ajus tement et en premier lieu une large majorit des fonctionnaires des deux institutions internationales admettent tr s honn
27. u sera en effet qualifier de politique alimentaire le seul nonc d objectifs d autosuffisance ou de s curit alimentaire qui le plus souvent ne s accompagnent ni des mesures ni des moyens ad quats Des vell it s de politiques alimentaires Quelques pays ont cependant essay de mettre en place une v ri table politique alimentaire Parmi eux le plus souvent cit est le S n gal qui avec son Plan d investissement alimentaire 1977 1985 a tent d inverser une tendance la d pendance ali mentaire jug e pr occupante Pr voyant un milliard de dollars d investissements ce document est rest sans suite malgr le relais partiel assur par la NPA Nouvelle politique agricole en 1984 puis deux ans plus tard par un Plan c r alier qui connut le m me sort Il y eut surtout au d but des ann es quatre vingt les strat gies alimentaires qui suscit rent de grands espoirs dans tout le Tiers monde La paternit de ce concept peut tre attribu au Con seil mondial de l alimentation qui se penchant la fin des ann es soixante dix sur la crise alimentaire qui s vissait dans un nombre croissant de pays du Tiers monde souhaitait centrer sur l alimen tation les programmes de d veloppement agricole Il re ut d embl e un accueil tr s favorable particuli rement en Afrique et b n ficia en termes politiques du soutien du Plan 22 R HIRSCH d action de Lagos avril 1980
28. us il n exerce qu une influence mineure sur l offre int rieure de c r ales dont l lasticit par rapport aux prix demeure dans les conditions actuelles de production tr s faible Quant au riz local qui n tait pas comp titif avant l ajustement il ne l est toujours pas apr s pour des raisons aussi nombreuses que com plexes dont l analyse ne peut tre abord e dans le cadre de cet arti cle Disons pour simplifier que les pr l vements sur le riz ali mentent le budget mais ne servent pas ou servent peu am liorer les conditions techniques et conomiques de production du riz local Le souci au demeurant l gitime d quilibrer les finances publi ques rel ve donc de pr occupations tr s court terme au sein des quelles on prouve de s rieuses difficult s identifier ce que pourrait tre le contenu minimal d une strat gie de la production alimen taire moyen et long terme Le risque d une d pendance alimen taire accrue existe donc pour de nombreux pays africains ind pen damment de leurs efforts vigoureux ou non en mati re d ajuste ment En elle m me cette d pendance n a rien d une fatalit si ces pays ont en contrepartie quelque chose offrir sur le march mon dial et des prix comp titifs Lib rez les prix et continuez importer Pendant longtemps sous pr texte qu ils n exportaient pas ou exportaient peu de produits alimentaires de base de nombreux
Download Pdf Manuals
Related Search