Le concept de puissance et l`intelligence économique
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1. Le concept de puissance et l intelligence conomique Alixane de Galzain Aur lie Georges Cannelle Gruette David Charlotte OR es Fri c Delbecque INEDLABO SOMMAIRE I LA PUISSANCE 1 Notions et d finitions 2 Evolutions et formes II LE CONCEPT D INTELLIGENCE ECONOMIQUE 1 D finitions 2 M thodologie de l intelligence conomique III L ETAT ET L INTELLIGENCE ECONOMIQUE 1 L intelligence conomique comme vidence 2 Comment l Etat peut il utiliser l intelligence conomique pour accro tre sa puissance 2 CAL TLIT I LA PUISSANCE Il y a vingt ans la puissance des tats s appr ciait largement selon l tendue de leur territoire Les puissances coloniales disposaient donc d un insigne avantage Aujourd hui l h g monie des Etats Unis conf re au concept une nouvelle r sonance tandis que la mondialisation pose la question de la capacit des tats conserver le contr le du destin national Face au pouvoir des grands groupes industriels financiers m diatiques comment un tat peut il s affirmer comme puissance Des crit res tels que l tendue de son territoire ses ressources naturelles ou sa population apparaissent comme des facteurs n cessaires son rayonnement non comme des param tres d terminants ou m me d cisifs Au sein ou au del des organisations r gionales la puissance rel ve aujourd hui de la capacit se faire entendre l chelle du monde2. arbitrage des conflits r gionaux 2 Evolutions et formes D apr s le Raymond Aron des ann es quarante les facteurs de puissance pouvaient tre grossi rement ramen s trois les ressources naturelles le volume de la population et le potentiel industriel sachant que ce dernier conditionnait largement la capacit militaire D s lors la puissance se trouvait largement concentr e entre les mains de quelques vastes Etats multinationaux ou leaders qui avaient su d velopper sur une large chelle les techniques de production modernes Parmi ces empires la Grande Bretagne s essoufflait progressivement et abandonnait rapidement le terrain aux Etats Unis et l Union Sovi tique On peut dire que les volutions des derni res d cennies ont modifi la donne Tout d abord la puissance s est diffus e sous l effet de cinq grandes tendances le renforcement de l interd pendance conomique l mergence et l affirmation d acteurs transnationaux le d veloppement du nationalisme dans les tats faibles l expansion de la technologie et la modification des grands enjeux de la politique internationale Le d veloppement mondial des techniques de transport et de communication le d ploiement des multinationales l expansion mondiale du commerce l essor des flux financiers internationaux ont cr les conditions d une interd pendance conomique globale dont le premier effet fut de r duire consid rablemen
3. des logiques contradictoires qui ne sont gu re r gul es par les institutions financi res internationales FMI en t te sur lesquelles les Etats Unis conservent la haute main Cette mondialisation entra ne une ouverture des march s et donc une augmentation de la concurrence internationale Les tats et les entreprises pour faire face cette concurrence doivent conna tre et analyser ceux qui les entourent L intelligence conomique a pour vocation de constituer la culture de combat que le management strat gique doit faire sienne pour remporter des victoires dans cette guerre conomique dimension mondiale 5 INFOGUERRE II LE CONCEPT D INTELLIGENCE ECONOMIQUE L origine de l intelligence conomique est anglo saxonne business intelligence elle fait r f rence l intelligence service du nom du fameux service de renseignement britannique Aux tats Unis on parle davantage de competitive intelligence en insistant sur la dimension concurrentielle qui structure les relations entre les entreprises 1 D finitions Les sp cialistes s accordent pour reconna tre qu une nouvelle r volution conomique est en marche fond e sur l information et la connaissance En effet l internationalisation des changes impose aux diff rents acteurs conomiques d adopter une d marche anticipative et non plus r active face aux changements de leur environnement L efficacit de leur strat
4. certains march s Mais ce soutien ponctuel et inorganis se r v le souvent du fait de ce d faut d anticipation trop tardif et donc inutile Jamais l tat fran ais n a pris l initiative d organiser un authentique op rationnel et vigoureux syst me d intelligence conomique Absence d unit d action de ses multiples repr sentations l tranger faiblesse de la gestion des carri res de ses agents en poste dans les organisations internationales nombre r duit de chercheurs fran ais dans les laboratoires l tranger insuffisance des moyens consacr s la coop ration universitaire et la francophonie tout concourt r duire l influence fran aise quand il faudrait l accro tre de mani re urgente Dans la guerre conomique contemporaine il manque la France un dessein une strat gie une volont qui s inscrivent dans la dur e qui mobilisent un large spectre de moyens d tat et qui fassent pr valoir le principe de son unit face aux f odalit s bureaucratiques qui le divisent La DREE Direction des relations conomiques ext rieures ou l Adit l Agence pour la diffusion de l information technologique ne peuvent y suffire Le mod le am ricain A contrario les entreprises am ricaines peuvent mobiliser leur profit d immenses moyens qui ne tiennent pas seulement la puissance conomique des tats Unis mais aussi une volont politique forte La clef de ce syst me repos
5. entreprises lont concr tis e dans des structures ad hoc En particulier des entreprises comme Procter amp Gamble sont parfois appel es The CIA of the Fortune 500 la CIA des 500 plus grandes entreprises am ricaines L intelligence conomique n y est plus consid r e comme un simple avantage comp titif mais comme une logique intrins que l activit de l entreprise En Europe la situation est beaucoup plus contrast e Dans certains groupes ou m me PME des efforts consid rables sont accomplis mais la d marche malheureusement ne s est encore pas uniform ment r pandue Il faudrait renforcer la pratique de l intelligence conomique en assurant sa p rennit laisser le temps aux quipes de construire leur comp tence sans oublier les m thodes qui ont amen les succ s du pass et sa g n ralisation 2 Comment l Etat peut il utiliser l intelligence conomique pour accro tre sa puissance Le retard fran ais L intelligence conomique est le nouveau concept la mode Cependant on aurait tort de voir dans ce succ s l effet d un nouveau snobisme ou d un ph m re succ s du marketing manag rial En effet l intelligence conomique n est pas seulement une id e mais le fruit d un besoin vital Elle occupe une position strat gique dans le fonctionnement de l conomie r elle en termes de mobilisation de mati re grise de veille de production de connaissance d acquisition de re
6. gie repose alors sur le d ploiement de v ritables dispositifs d intelligence conomique qui instituent la gestion strat gique de l information comme levier majeur au service de la performance conomique Discipline autonome l intelligence conomique et concurrentielle appel e aussi business intelligence S affirme comme une fonction originale elle est une culture et un mode d action mettant en uvre des moyens d j existants Elle est avant tout la rencontre entre l ignorance et la volont de s affranchir de cette ignorance affirment Besson et Possin Savoir et pr voir sont ses deux raisons d tre Le Commissariat G n ral du Plan en donne la d finition suivante l intelligence conomique peut tre d finie comme l ensemble des actions coordonn es de recherche de traitement et de distribution en vue de son exploitation de l information utile aux acteurs conomiques Ces acteurs sont con us comme un syst me global destin inspirer la strat gie de la direction g n rale de l entreprise tout comme informer en continu et innerver ses diff rents niveaux d ex cution afin de cr er une gestion offensive et collective de l information qui devient une richesse principale L intelligence conomique regroupe notamment la veille la protection de l information et l influence Elle vise donc garder le contact avec le march anticiper ses volutions et fournir cons quem
7. coup d pass es Mais de nouvelles options se d veloppent vis vis desquelles une forme d aveuglement id ologique serait catastrophique Entre les pays qui l ont compris et les autres l cart ne pourra que se creuser INFOGUERRE CL FA BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES DOREL G rard La puissance des Etats La documentation fran aise 1998 BLOCH Alain L Intelligence conomique Economica 1999 ROUACH Daniel La veille technologique et l intelligence conomique Que sais je 1996 ACHARD Pierre et BERNAT Jean Pierre L Intelligence Economique mode d emploi ADBS 1998 SITES INTERNET wWWwWw strategic road com www veille com wWwWw infoguerre com 10 LED T
8. e dans l imbrication encore inimaginable en France et peut tre en Europe entre le Public et le Priv Force est de constater que les d penses militaires et les syst mes de renseignement am ricains ne servent pas qu la d fense nationale et la lutte contre le terrorisme Qui peut penser un instant que le futur syst me Total Information Awarness destin permettre l acc s l ensemble des donn es lectroniques mondiales ne fournira pas non plus aux pouvoirs publics am ricains une information conomique pr cieuse dont ils sauront faire le meilleur usage Le fait est que l tat am ricain fait pr valoir entre les sph res publiques et priv es des r gles de coop ration non crites mais tr s efficaces et que les entreprises nationales partent rarement en ordre dispers la conqu te des march s internationaux Cette imbrication se laisse contempler dans sa forme la plus achev e travers ces puissants fonds d investissements type Carlyle qui chappent aux classifications habituelles de la finance et qui jouent un r le d terminant dans le syst me offensif am ricain de guerre conomique Ce n est pas c der l obsession du complot n1 sous estimer la comp titivit des entreprises am ricaines que de prendre conscience de ces r alit s et de se mobiliser pour y faire face Sans doute les formes d intervention traditionnelle de l tat dans l conomie sont elles pour beau
9. es Cette dynamique permet de dresser un panorama optimal de la situation et de d gager des marges de man uvre Une fois l chiquier et les pions strat giques cern s l intelligence conomique aborde sa derni re phase celle de l action et la contre action Action et contre action l intelligence conomique on l a dit ne se borne pas la veille Elle utilise l information dans des actions concr tes Ainsi l information pr alablement valoris e prend tout son sens dans la construction et la mise en oeuvre de sc narii tactiques Elle permet d agir offensive ou de riposter d fensive des mutations et des crises ou simplement de r aliser les objectifs de croissance de l entreprise 7 LED T III L ETAT ET L INTELLIGENCE ECONOMIQUE Dans le contexte des changes mondialis s marqu s par l accroissement des rivalit s concurrentielles la pratique de l intelligence conomique appara t comme un levier essentiel de la performance globale des nations Le Japon l Allemagne la Su de pour ne citer que ces quelques exemples en ont fait le moteur strat gique de leur d veloppement et de leurs succ s commerciaux Quelle est au regard de l efficacit de ces dispositifs la r alit de l exp rience fran aise et des pratiques des entreprises r i 3 1 L intelligence conomique comme vidence L intelligence conomique est entr dans une phase de maturit aux Etats Unis les
10. ment une entreprise des informations sur la situation de ses concurrents Elle contribue laborer la strat gie de l entreprise court moyen et long terme 2 M thodologie de l intelligence conomique La captation et la production du savoir surveillance et d cryptage de l environnement il s agit de recueillir de l information par l interm diaire de r seaux formels et informels par la consultation et le suivi de la presse de bases de donn es d Internet etc En somme il s agit d accumuler le maximum de renseignements au sens neutre dits strat giques ou forte valeur ajout e Inspir du site www intelligence economique fr IE htm 6 INFOGUERRE La mise en uvre d une comp tence collective fonction interne il est n cessaire de capitaliser un savoir en interne et de l enrichir L objectif est de nourrir le flux informationnel de l entreprise et de s assurer de sa bonne circulation dans les r seaux de sa bonne distribution et de sa bonne utilisation la bonne information au bon moment la bonne personne Acquisition d une m thodologie d analyse efficace une fois l information recueillie v rifi e et enrichie il faut l analyser pour lui donner du sens Ainsi des cartographies strat giques permettent de comprendre non seulement l environnement les menaces et opportunit s mais aussi les prises de positions et les jeux de pouvoir invisibl
11. nseignements mais aussi et on l oublie trop souvent en France d influence De plus en plus intense la concurrence plan taire n en est pas pour autant de plus en plus pure chacun comme toujours cherche tirer son pingle du jeu par tous les moyens Il existe aujourd hui une forme de na vet europ enne et plus encore fran aise qui s exprime dans une conception th r e de la comp tition conomique et du droit qui la r git Le moins que l on puisse dire c est que cette na vet n est pas universellement partag e et que nombre de puissances conomiques en Am rique ou en Asie ont une vision totalement diff rente des dynamiques de la mondialisation Sur cette partie se reporter aux ouvrages et site Internet signal s en bibliographie 3 Cf www egideria fr 8 INFOGUERRE En effet au c ur d un syst me d intelligence conomique il y a toujours un tat fort C est ce que la France qui pratique depuis des d cennies la politique de l autruche tarde reconna tre malgr les demandes pressantes de ses grandes entreprises confront es la redoutable efficacit du syst me d information et d influence am ricain L union europ enne quant elle prisonni re de ses a priori th oriques et de sa faiblesse politique ne se montre pas pr te combler la carence fran aise Certes les pouvoirs publics fran ais soutiennent sporadiquement des entreprises dans la conqu te de
12. s deux superpuissances tats Unis et Union sovi tique avait accoutum les nations un ph nom ne de vassalisation des tats soumis l influence de ces puissants protecteurs l int rieur du bloc sovi tique apr s l invasion de la Tch coslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie en ao t 1968 l Union sovi tique avait formul la doctrine Brejnev ou doctrine de la souverainet limit e qui justifiait une intervention dans les affaires int rieures d un pays fr re dans le cas o le socialisme y serait menac L effondrement des r gimes communistes et par voie de cons quence de l URSS en tant qu union d tats a eu pour effet de poser de fa on autre la question de la souverainet des tats tant entre eux que sur la sc ne internationale 3 INFOGUERRE Un Etat puissant ce qui n cessite donc volont c est dire souverainet se caract rise non seulement par son poids territorial d mographique et conomique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s assurer d une influence durable dans le concert des nations en termes conomiques culturels et diplomatiques Celle ci suppose une capacit innover en permanence acqu rir et conserver des parts de march s en s appuyant sur des firmes implant s mondialement et sur des instruments mon taires solides diffuser ses propres valeurs disposer des moyens financiers et militaires de peser dans l
13. sur les plans diplomatique et militaire technologique et culturel 1 Notions et d finitions La notion de puissance est li e celle de volont Une collectivit puissante est d abord une collectivit qui le veut D o la pertinence intellectuelle de la tr s nietzsch enne volont de puissance Vouloir c est engager une action partir de circonstances Dans le cas des tats la notion de volont implique celle de souverainet Un Etat incapable de vouloir ne saurait tre souverain La supr matie de l tat est un principe fondamental de l exercice du pouvoir dans nos soci t s Cependant on note aujourd hui une tendance continue la d valorisation de l tat ou tout au moins l att nuation de sa centralit Il faut d abord prendre en compte que l tat subit l assaut des doctrines f d ralistes qui r clament la fois la mont e en puissance des organisations supranationales et l accroissement de l autonomie des collectivit s infra nationales communes et r gions essentiellement dans les tats unitaires la d centralisation est l ordre du jour En second lieu le d veloppement des organisations internationales mondiales et surtout r gionales tend limiter l autonomie des Etats aboutissant m me des transferts de souverainet l Union europ enne en demeure l exemple embl matique Enfin jusqu la chute du mur de Berlin la domination de la sc ne internationale par le
14. t la marge de man uvre des autorit s nationales en mati re conomique et mon taire rendant du m me coup plus al atoire les initiatives isol es La naissance des zones conomiques r gionales fut partiellement l origine de ce ph nom ne tout en constituant en m me temps une r ponse aux nouvelles contraintes pesant sur les tats nationaux La diffusion de la puissance s explique aussi et se traduit par le renforcement des Etats faibles Si quelques grandes puissances ont conserv un avantage marqu en mati re de technologie militaire et civile nombre d Etats du Tiers Monde peuvent aujourd hui t moigner de capacit s non n gligeables d o des interventions r gionales beaucoup plus co teuses ou risqu es pour les grandes puissances La diss mination de la haute technologie militaire le d veloppement des industries militaires nationales la prolif ration des armes de destruction massive participent de ce ph nom ne Maintenir un rang de superpuissance ou de grande puissance se r v lera dans les d cennies venir beaucoup plus complexe et impliquera un ensemble large de moyens d action et d acteurs Aujourd hui il faut ajouter aux facteurs mat riels traditionnels de la puissance des facteurs immat riels La coh sion nationale le rayonnement culturel linguistique m diatique ducatif et la capacit r ticulaire d influence notamment au sein des institutions internationales jouen
15. t un r le grandissant dans la puissance globale Ces facteurs donnent la puissance une nouvelle physionomie tendanciellement la puissance globale d un grand pays s exerce moins aujourd hui sur le mode du commandement direct ou de la contrainte apparente INFOGUERRE CL FA que sous la forme de l influence mesur e principalement par la capacit d orienter le comportement des nations partenaires ou de s assurer d une pr pond rance dans des processus de cod cision Tableau r capitulatif des facteurs de puissance Facteurs mat riels Facteurs immat riels Ressources de base territoire et Coh sion nationale population Rayonnement culturel Capacit militaire Influence sur les institutions Capacit conomique internationales Potentiel scientifique et technologique On a cru un moment que la globalisation des changes l Internet et autres moyens de communication pouvaient effacer les nations On s aper oit d sormais que cette globalisation se fait surtout au profit d une seule les Etats Unis qui par leur masse et leurs moyens conomiques militaires et culturels exercent une pr pond rance difficilement contestable Reste toutefois la question de la circulation financi re qui semble chapper au contr le des grandes puissances tats Unis compris Les transactions mon taires valu s par certains experts mille milliards de dollars par jour ob issent
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