Document SOQUIJ - Section de droit civil
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1. rendre le jugement qui aurait d tre rendu 8 ACCUEILLE avec d pens l action du demandeur Herv Therrien contre la d fenderesse Accessoires d auto Vipa inc jusqu concurrence de la somme de 313 000 avec int r ts au taux l gal et l indemnit additionnelle pr vue l article 1619 C c Q depuis la date de signification de l action 9 REJETTE avec d pens l action du demandeur Herv Therrien contre le d fendeur Mario Laprise THERESE ROUSSEAU HOULE J C A JOSEPH R NUSS J C A FRAN OIS PELLETIER J C A Me Henri Renault Flynn Rivard Pour l appelante intim e incidente Me Denis Houle Grondin Poudrier Pour Mario Laprise intim appelant incident Me Jean Lagac Lagac Dallaire Pour Herv Therrien intim appelant incident Date d audience 23 janvier 2003 SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 1 MOTIFS DU JUGE PELLETIER 10 Le pouce et trois doigts de la main droite tranch s ce sont l les cons quences tragiques de l accident pour lequel l intim Therrien demande r paration son beau fr re l appelant incident Laprise et l appelante Accessoires d auto Vipa inc L honorable Suzanne Hardy Lemieux de la Cour sup rieure a fait droit l action de Therrien et condamn Laprise et Vipa chacun pour moiti au paiement d une indemnit tablie 313 000 suivant l admission des parties Elle a retenu la responsabilit du premier pour av2. SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 COUR D APPEL CANADA PROVINCE DE QU BEC GREFFE DE QU BEC N 200 09 003414 015 200 05 004981 960 DATE 21 AO T 2003 CORAM LES HONORABLES TH R SE ROUSSEAU HOULE J C A JOSEPH R NUSS J C A FRAN OIS PELLETIER J C A ACCESSOIRES D AUTO VIPA INC APPELANTE INTIMEE INCIDENTE D fenderesse C HERV THERRIEN INTIM APPELANT INCIDENT INTIM INCIDENT Demandeur et MARIO LAPRISE INTIM APPELANT INCIDENT INTIM INCIDENT D fendeur ARR T 1 LA COUR Statuant sur l appel d un jugement rendu le 24 novembre 2000 par la Cour sup rieure district de Qu bec l honorable Suzanne Hardy Lemieux qui a accueilli l action du demandeur jusqu concurrence de 313 000 et condamn les intim s d bourser chacun la moiti de cette somme avec int r ts au taux l gal et l indemnit additionnelle pr vue l article 1619 C c Q depuis la date de signification de l action le tout avec d pens 2 Apr s avoir tudi le dossier entendu les parties et d lib r SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 2 3 Pour les motifs du juge Pelletier auxquels souscrivent les juges Rousseau Houle et Nuss 4 REJETTE avec d pens l appel principal de Vipa 5 ACCUEILLE avec d pens l appel incident de Laprise 6 ACCUEILLE pour partie et avec d pens contre l appelante Vipa l appel incident de Therrien et 7 PROC DANT
3. est tributaire des circonstances et du contexte ce qui fait de cet aspect de la question un domaine qui rel ve d abord et avant tout de l appr ciation du juge du proc s En l esp ce la juge s est dit d avis que l usage du fendeur motoris par deux personnes simultan ment pr sentait des dangers s rieux Cette d termination trouve de nombreux appuis dans la preuve Il en va de m me de celle selon laquelle l enl vement des b ches coinc es ne peut se faire mains nues sans danger De plus de l avis de la juge les risques inh rents l utilisation du fendeur et les pr cautions 7 J L Baudouin et P Deslauriers La responsabilit civile 5 d Cowansville Yvon Blais 1998 la p 814 SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 8 prendre pour s en pr munir ne s imposent pas d eux m mes aux usagers J estime que sa conclusion r siste ais ment aux griefs que lui adresse Vipa 47 Vipa tire de ce que Therrien tait seul au moment de la location l argument qu elle n avait pas le pr venir des risques d coulant de l usage de l appareil par deux personnes 48 Dans la mesure o il s agit d un risque r el et c est l la d termination de la juge je ne vois pas en quoi la pr sence d une seule personne lors de la location pourrait excuser le silence du fournisseur Rien en effet ne l autorise tenir pour acquis que le locataire sera seul lors de l utilisa
4. il n est pas d plac de consid rer comme une obligation contractuelle accessoire selon les circonstances renvoi omis 35 Je suis d accord avec ces nonc s 36 De fa on plus sp cifique il convient de pr ciser que en mati re mobili re rien n emp che une personne de cumuler la qualit de fabricant de distributeur ou de fournisseur avec celle de locateur ou de vendeur Dans une telle conjoncture et en l absence de stipulation expresse j estime qu il y a inclusion implicite du r gime de responsabilit cr en mati re extracontractuelle par les articles 1468 1469 et 1473 C c Q dans le contrat qui lie la victime au fabricant au distributeur ou au fournisseur Selon moi l objectif poursuivi par le l gislateur ne pourrait tre atteint s il en tait autrement 37 Bien s r le fabricant le distributeur ou le fournisseur qui contracte avec la victime aura la facult d exclure ou de limiter contractuellement cette obligation de s curit mais uniquement dans la mesure que permettent les dispositions imp ratives des articles 1474 et 1475 C c Q 38 Dit autrement le fabricant le distributeur ou le fournisseur ne peut exclure ou limiter sa responsabilit pour le pr judice corporel ou moral que peut subir son cocontractant pas plus qu il ne peut exclure ou limiter sa responsabilit pour un pr judice mat riel qui r sulte de sa faute intentionnelle ou de sa faute lourde S il ne peut ainsi se d gager contractue
5. qu ils d gageaient mains nues celles qui se trouvaient coinc es Tous ces gestes sont d conseill s par l un ou plusieurs des fabricants dont les livrets d instructions ont t d pos s en preuve 53 Dans les circonstances alors que Laprise et Therrien ne se sont vu communiquer aucune information sur les dangers de l appareil et sur les pr cautions prendre c est bon droit que la juge a tenu compte de la preuve qui lui tait pr sent e pour d gager les principales r gles de s curit qu un fournisseur prudent devait porter la connaissance des usagers Est donc sans fondement mon avis le reproche de Vipa selon lequel les livrets d instructions produits sont d une dition post rieure la location et ne concernent pas sp cifiquement l quipement lou Je ne vois pas non plus que la juge se soit tromp e sur la teneur de l enseignement qui s en d gage SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 9 54 Mais il y a plus La juge a tir de la preuve une conclusion de fait qui n est pas attaqu e par Vipa et dont la port e est selon moi d terminante sur le sort du litige Relativement la mise en garde que le livret d utilisation du fabricant Polyquip exprime ainsi 4 L utilisateur seul doit se trouver proximit de la fendeuse pendant qu elle fonctionne loigner toute autre personne y compris les enfants et animaux de compagnie au moins 20 pieds de la zone de travai
6. 1473 ont pour effet d instituer un v ritable r gime autonome et imp ratif de responsabilit extracontractuelle en mati re de produits non s curitaires Ce r gime est tabli au profit des tiers utilisateur ou simple passant qui ne b n ficient pas d un lien contractuel avec le fabricant le distributeur ou le fournisseur En revanche le r gime de responsabilit contractuelle s appliquera au fabricant distributeur ou fournisseur d s lors que sera tabli un lien contractuel entre eux et la victime Soulignements de l appelante 32 Or de soutenir Vipa le lien qui unit Therrien est de nature contractuelle et en application de la r gle pos e par l article 1458 C c Q Therrien ne peut se soustraire l application des r gles du r gime contractuel de responsabilit pour opter en faveur de r gles qui lui leur seraient plus profitables Aussi s duisant puisse t il para tre cet argument ne r siste pas l analyse 33 En ce qui concerne le d faut de s curit il est exact que le l gislateur a mis en place un r gime extracontractuel de responsabilit qui fait en sorte que m me en l absence de contrat une victime peut s adresser au fabricant au distributeur ou au fournisseur du bien meuble qui lui cause un pr judice L interdiction de cumul que prescrit l article 1458 C c Q ne fait cependant pas en sorte que le fabricant le distributeur ou le fournisseur qui contracte avec la
7. cette question vu les conclusions auxquelles je parviens 25 La juge de premi re instance s est d abord pench e sur la d termination de la cause imm diate de l accident ce qui mon avis constitue un cheminement orthodoxe dans le processus de d termination de la responsabilit 26 Apr s avoir d gag l existence d une entente selon laquelle chacun devait s assurer qu il pouvait effectuer son travail sans pour autant mettre en danger l autre elle conclut que l inattention de Laprise constitue dans les circonstances la cause efficiente de l accident 27 Tant Vipa que Laprise mettent en doute la justesse du constat portant sur l existence de l entente Leurs moyens ne me convainquent pas A l vidence les deux beaux fr res se sont entendus au moins implicitement pour que le travail de l un soit SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 4 compl mentaire de celui de l autre Selon moi la d termination de l existence d une entente et de son contenu trouve suffisamment d appuis dans la preuve pour tre l abri d une intervention de notre Cour 28 L existence d une erreur d inattention de la part de Laprise appelle un commentaire identique Anim des meilleures intentions du monde Laprise ne veut certainement pas mettre son compagnon de travail risque C est pourtant ce qu il fait en n gligeant pendant quelques secondes de garder un il ouvert sur les gestes pos s par The
8. ent du manquement par Vipa son obligation de s curit Plusieurs commentaires s imposent 31 De l avis de Vipa c est tort que la juge lui aurait fait supporter une obligation de s curit qui en droit ne rel verait que du r gime de la responsabilit extracontracturelle Vipa s autorise ce sujet des commentaires du ministre de la Justice sous l article 1468 C c Q Le second alin a lui tant le r gime de responsabilit institu pour le fabricant celui qui assure la distribution du bien non s curitaire sous son nom ou comme tant sien de m me qu tout fournisseur du bien Cette extension qui recouvre aussi bien le distributeur qui appose sa propre marque sur le produit qu il vend l importateur du produit et tout vendeur en gros ou au d tail du produit par exemple tait n cessaire la protection efficace des droits de la victime qui Voir Housen c Nikolaisen 2002 2 R C S 235 au para 10 et s 3 Commentaires du ministre de la Justice Le Code civil du Qu bec t 1 Minist re de la Justice Publications du Qu bec 1993 la p 896 SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 5 autrement risquait de se retrouver sans recours utiles faute de pouvoir retrouver le fabricant v ritable ou original particuli rement s il est situ l tranger ou conserve volontairement l anonymat Les r gles pos es par l article compl t es par celles des articles 1469 et
9. formation pertinente 61 Cet nonc s applique int gralement aux circonstances du cas l tude 62 Pour ces motifs je propose de rejeter avec d pens l appel principal de Vipa d accueillir avec d pens l appel incident de Laprise d accueillir pour partie et avec d pens contre l appelante Vipa l appel incident de Therrien et de modifier les conclusions du jugement entrepris pour qu elles se lisent d sormais comme suit e ACCUEILLE avec d pens l action du demandeur Therrien contre la d fenderesse Accessoires d auto Vipa inc jusqu concurrence de la somme de 313 000 avec int r ts au taux l gal et l indemnit additionnelle pr vue l article 1619 C c Q depuis la date de signification de l action e REJETTE avec d pens l action du demandeur Therrien contre le d fendeur Mario Laprise FRAN OIS PELLETIER J C A 1990 R R A 68 lbid la p 72 SOQUI et ses conc dants de licence Tous droits r serv s
10. iser pour fendre le bois De toute fa on entente ou non Therrien aurait t fautif tout autant que Laprise ce que la juge a omis de consid rer 22 Laprise quant lui plaide que l accident serait le r sultat de la seule imprudence de Therrien qui a plac sa main proximit imm diate du couteau Il laisse entendre ce sujet qu aucune b che ne se serait coinc e dans les moments qui ont pr c d imm diatement la trag die Son argumentation tend d montrer qu il n aurait commis aucune faute Se portant appelant incident il estime toutefois que la responsabilit de Vipa est enti re car en possession de l information pertinente Therrien n aurait jamais commis l erreur qui s est r v l e fatale 23 Dans son appel incident Therrien plaide pour sa part que Vipa et Laprise ont commis des fautes qui bien que diff rentes auraient contribu la cr ation d un pr judice unique En cons quence selon lui la juge aurait d prononcer une condamnation solidaire Analyse 24 En toute d f rence l gard du cr ancier Therrien je vois difficilement sur quelle base pourrait se justifier ici la division du paiement du pr judice qu il a subi alors que les deux fautes retenues sont totalement ind pendantes lune de l autre qu elles proc dent de r gimes juridiques diff rents et que toutes deux semblent apparemment avoir caus la totalit du pr judice Il n est cependant pas n cessaire de trancher
11. jectifs de l obligation de renseignement Or ici l erreur apparemment g n ratrice de responsabilit consiste pr cis ment dans l emploi d une pareille m thode Les gestes qui ont t la cause imm diate de l accident d coulent directement de l tat d ignorance dans laquelle la faute de Vipa a maintenu Therrien et par voie de cons quence Laprise De l avis de la juge elle m me Laprise et Therrien se seraient conform s toutes les r gles de s curit que leur aurait communiqu es VIPA Le lien de causalit entre le manquement de Vipa et le pr judice est donc direct puisque aucune faute ult rieure non caus e par ce manquement ne vient le rompre SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 10 60 Selon moi les faits se pr sentent sous un jour encore plus clair que dans l affaire Mulco inc c La Garantie Cie d assurance de l Am rique du Nord d cid e par notre Cour en 1990 L appelante Mulco avait alors t tenue responsable de la cause d un incendie pour avoir fait d faut de donner les informations pertinentes sur usage d un produit dangereux malgr que l assur de l intim e ait n glig de lire les informations par ailleurs inad quates qui figuraient sur l tiquette Pour la majorit le juge Gendreau crivait Le dommage est donc ici le r sultat d un mode d emploi inad quat et de l incapacit r elle de conna tre les pr cautions prendre cause de l absence d in
12. l Les projectiles de bois sont dangereux Si une deuxi me personne place le bois sur la fendeuse ne jamais appuyer sur la commande avant que cette personne n ait quitt la zone de travail Les accidents sont d ailleurs plus nombreux lorsque deux personnes se servent de la fendeuse 55 La juge crit Le Tribunal est d avis qu il s agit d une consigne de s curit extr mement importante et pertinente en l esp ce Monsieur Laprise mentionne d ailleurs lors de l audience que si cette consigne avait t port e son attention il aurait modifi la m thode de travail labor e avec son beau fr re 56 Et elle ajoute plus loin Le Tribunal est profond ment convaincu apr s avoir vu et entendu Messieurs Therrien et Laprise que ces deux hommes r fl chis et calmes se seraient conform s toutes les mesures de s curit que VIPA leur aurait communiqu es C est l absence d information ad quate qui les incite d velopper une m thode de travail qui ne correspond pas aux recommandations des fabricants et d taillants en semblable mati re 57 La juge ajoute alors Monsieur Laprise ne saurait donc tre tenu seul responsable de l accident comme le sugg re VIPA 58 En tout respect je suis d avis que la conclusion aurait plut t d se lire Monsieur Laprise ne saurait donc tre tenu responsable de l accident 59 La pr vention de l emploi de m thodes fautives d utilisation est l un des principaux ob
13. llement de certaines cons quences de l obligation de s curit on voit mal comment il pourrait ne pas y tre tenu du seul fait qu il a conclu avec la victime un contrat muet sur la question 39 mon avis Vipa cumule les qualit s de cocontractant et de fournisseur du fendeur motoris dont l usage est l origine de la r clamation de Therrien Je partage en cela l opinion de la juge de la Cour sup rieure qui lui a attribu cette double qualit D C Lamontagne et B Larochelle Droit sp cialis des contrats Les principaux contrats vol 1 Cowansville Yvon Blais 2000 la p 331 SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 7 40 Vipa ne reconna t pas son statut de fournisseur parce que le contrat qui la lie Therrien en est un de location et non de vente Selon moi elle a tort 41 La qualit de fournisseur de Vipa d coule du commerce de vente et de location dans le cadre duquel elle met la disposition du public les outils les pi ces et les quipements qu elle poss de Consid r e dans la perspective de l article 1468 C c Q cette qualit ne peut mon avis se perdre du simple fait que la fourniture prend la forme d une location commerciale plut t que celle d une vente 42 Par voie de cons quence et mon avis Vipa a assum implicitement dans son contrat de location commerciale l obligation de s curit que pr voit l article 1468 C c Q La clause d exc
14. lusion de responsabilit que contient sa formule de location ne peut trouver application pour deux raisons Tout d abord Vipa n a pas rapport la preuve que Therrien en avait eu connaissance au moment de la formation du contrat comme l a d termin la juge de la Cour sup rieure 1475 C c Q En second lieu et d une fa on encore plus p remptoire cette clause ne peut avoir pour effet d exclure la responsabilit de Vipa l gard du pr judice corporel subi par Therrien 1474 C c Q 43 L article 1469 C c Q dispose 1469 Il y a d faut de s curit du bien lorsque compte tenu de toutes les circonstances le bien n offre pas la s curit laquelle on est normalement en droit de s attendre notamment en raison d un vice de conception ou de fabrication du bien d une mauvaise conservation ou pr sentation du bien ou encore de l absence d indications suffisantes quant aux risques et dangers qu il comporte ou quant aux moyens de s en pr munir 44 Comme on le constate l obligation de s curit inclut celle de renseignement Les auteurs Baudouin et Deslauriers pr cisent ce sujet il le Code fait cependant de cette obligation une obligation de renseignement deus volets l une touche le danger inh rent l autre les pr cautions d utilisation 45 Les deux volets sont pertinents l affaire qui nous occupe 46 En application de l article 1469 C c Q la nature et l tendue de l obligation d information
15. me de chargement et actionne la manette d clenchant l action du piston hydraulique destin pousser les b ches sur le fendeur Coinc e la main droite de Therrien se retrouve entra n e vers le couteau avec les cons quences que l on sait Toutes les tentatives de greffes chouent de sorte qu aujourd hui la main droite de Therrien ne compte plus que l auriculaire 15 La preuve r v le que lorsque Therrien et Laprise fendent du bois c est g n ralement ce dernier qui est le principal op rateur du fendeur motoris Son travail consiste prendre les b ches une une et les poser individuellement sur la plate forme de chargement Il actionne ensuite la manette avec sa main gauche pour que la b che soit achemin e vers le couteau Pendant ce temps Therrien qui se trouve SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 2 l autre extr mit de l appareil pr s du plateau de r ception s emploie d gager les pi ces fendues Lorsqu une b che se coince sur le couteau comme cela s est produit quelques occasions le jour de l accident l un des deux amis la saisit aux extr mit s et la tire vers lui pour la d gager Le jugement de la Cour sup rieure 16 La juge Hardy Lemieux retient de la preuve que Therrien et Laprise avaient implicitement convenu d une m thode de travail C est ainsi que selon elle Laprise savait qu il ne devait pas actionner la manette d clenchant la sortie du pist
16. oir commis une faute d inattention et celle de la seconde pour avoir manqu son obligation de s curit lors de la location de l appareil dont le maniement est l origine de l accident Voici en quelques mots le r sum des principaux faits 11 Le 25 mai 1995 Therrien se rend chez Vipa pour y louer un fendeur motoris dans le but de fendre du bois avec son beau fr re et ami Laprise 12 L employ de Vipa un certain Cordeau demande Therrien s il conna t le fonctionnement de l appareil question laquelle il re oit une r ponse affirmative Il s av re en effet que Therrien et Laprise ont d j lou ce genre d quipement trois reprises au cours des ann es ant rieures 13 Suivant les conclusions de fait d gag es par la premi re juge Cordeau n attire pas l attention de Therrien sur les clauses de non responsabilit que contient la formule type du contrat de location qu il pr sente pour signature Il ne lui fournit non plus aucun livret d instructions ni quelque consigne de s curit que ce soit La pi ce d quipement elle m me est vierge de toute inscription concernant les r gles de s curit observer lors de l usage 14 Le jour m me Therrien et Laprise entreprennent leur travail de coupe de bois En d but de soir e selon la d termination de la juge une b che demeure coinc e sur le couteau Alors que Therrien s affaire la d gager Laprise pose une autre b che sur la plate for
17. on tant que Therrien n avait pas termin de d gager un morceau de bois coinc De l sa n gligence lors de l accident Therrien pour sa part n aurait commis aucune faute contributive 17 De l avis de la juge malgr leur connaissance de l existence de certains risques les beaux fr res ne mesuraient pas l tendue r elle de ceux ci pas plus qu ils ne connaissaient les moyens propres les contr ler Elle retient donc la responsabilit de Vipa en application des articles 1468 et 1469 C c Q pour l omission de Cordeau d avoir fourni Therrien des informations concernant les m thodes s curitaires d usage sugg r es par les fabricants et distributeurs La juge lui reproche notamment de ne pas avoir attir l attention de Therrien sur les dangers importants reli s l utilisation de l appareil par plus d une personne Selon elle Vipa ne saurait tre exon r e de sa responsabilit en application de l article 1473 C c Q Elle value 50 la part de responsabilit de Vipa et la condamne payer la moiti du pr judice subi par Therrien 18 Face une preuve contradictoire la juge retient la version de Therrien et met de c t la pr tention de Cordeau selon laquelle il aurait donn une certaine consigne de s curit Therrien relativement la fa on de d gager une b che coinc e De surcro t e t elle pr f r la version de Cordeau que la juge aurait estim non ad quate celle qu il dit avoir donn e Les
18. pr tentions en appel 19 Selon Vipa la juge aurait err en droit en lui appliquant le r gime extracontractuel de responsabilit alors qu un contrat de location existait entre elle et Therrien 20 Le jugement entrepris serait aussi entach d erreurs manifestes dans l appr ciation de la preuve Ainsi omission d informer Therrien des risques reli s l utilisation du fendeur par deux personnes ne pourrait tre constitutive de faute dans les circonstances puisque Therrien tait seul au moment de la location Dans la m me veine la juge aurait omis de prendre en compte que Therrien et Laprise taient des 1 Dans son analyse vu l absence de manuel d instructions de la fendeuse lou e la juge s est bas e sur les livrets que fournissent normalement trois autres entreprises SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 3 ouvriers poss dant une solide exp rience dans le maniement d appareils motoris s Elle aurait galement err dans l interpr tation des manuels d instructions qu elle a utilis s pour appr cier les risques li s la manipulation de l appareil De plus ces livrets ne seraient pas pertinents puisqu ils datent estime elle de 1998 alors que l appareil en litige a t lou en 1995 21 Finalement Vipa soutient que la preuve n appuie pas la conclusion de la premi re juge selon laquelle il y aurait eu entente entre Therrien et Laprise quant la m thode de travail util
19. rrien et ce alors que lui m me place une autre b che sur la plate forme et actionne le m canisme de mise en marche du piston hydraulique 29 L absence d erreur de Therrien est une conclusion de la premi re juge qui m appara t plus probl matique Cette conclusion repose sur une base fragile puisqu elle ne fait appel qu au volet de l entente selon lequel Laprise devait attendre que Therrien ait d gag toute b che coinc e avant d entreprendre le processus de fente d une autre pi ce Elle fait abstraction de l autre volet de la m me entente celui selon lequel Therrien devait aussi porter sans cesse attention au travail de son compagnon Aussi contrairement la juge et avec beaucoup d gards pour son opinion j aurais t plut t d avis que c est l oubli commun et momentan des r gles rudimentaires de s curit dont les beaux fr res s taient dot s qui est la cause imm diate de l accident plut t que la simple omission de Laprise Cette divergence de vue n emporte toutefois aucune cons quence sur le sort que selon moi l affaire doit conna tre 30 En l esp ce l identification de la cause imm diate de l accident ne permet pas de clore le d bat J estime en effet que l existence des fautes en apparence imputables Laprise et Therrien est en r alit la cons quence directe de leur ignorance des r gles ad quates de s curit qui s appliquent l usage du fendeur motoris lci cette ignorance d coule directem
20. tion 49 VIPA pr tend encore que Therrien et Laprise connaissaient les pr cautions prendre pour viter le genre d accident qui s est produit tous deux tant des ouvriers d exp rience Loin d tre d raisonnable la conclusion au contraire que tire la premi re juge m appara t appuy e par une preuve largement pr pond rante 50 De fait le principe de fonctionnement du fendeur motoris est relativement simple et les risques que son usage comporte peuvent sembler facilement discernables De surcro t certaines caract ristiques incitent sous estimer le danger La lame du couteau ronde souhait n a rien de bien mena ant et l interstice qui s pare cette lame du piston hydraulique lorsque celui ci est en pleine extension ne rend gu re apparent le risque de sectionnement d un doigt voire d une main 51 La juge a conclu que l utilisation ant rieure sans probl me jumel e l absence d information ad quate avaient conduit Therrien et Laprise dans un univers de fausse s curit alors que les dangers occultes de l appareil taient mena ants compte tenu de leur m thode de travail 52 L analyse a posteriori des circonstances de l accident fait ressortir de fa on convaincante que les mesures de s curit adopt es par Therrien et Laprise n taient pas ad quates Qu il suffise de rappeler qu ils op raient deux sans prendre de pr cautions particuli res qu ils manipulaient les b ches par les extr mit s et
21. victime peut se voir automatiquement exon r de toute responsabilit s il y a absence d une prise en charge expresse de l obligation de s curit dans le contrat Dans la deuxi me dition de son ouvrage sur le louage le professeur Jobin crit au sujet du contrat de bail en g n ral D origine pr torienne l obligation de s curit dans les contrats s est d velopp e dans plusieurs types de contrat y compris de louage Dans celui ci son existence tout fait ind pendamment des dispositions particuli res indiqu es il y aun instant ne saurait faire de doute renvoi omis Art 1458 C c Q 5 P G Jobin Le louage 2 d Cowansville Yvon Blais 1996 la p 407 SOQUIJ Intelligence juridique AZ 50189437 200 09 003414 015 PAGE 6 34 De leur c t les auteurs Lamontagne et Larochelle voient dans l obligation de s curit du locateur un accessoire son obligation de fournir au locataire la jouissance paisible du bien Jouir paisiblement d un bien implique que le locataire puisse utiliser ce bien avec une confiance et une tranquillit d esprit r sultant de la pens e qu il n y a pas de p ril redouter de danger craindre ou qu il y a absence de risque d accident dans les circonstances de l usage normal du bien pour lequel il a t lou et que le locateur se comportera en cons quence C est l une obligation de s curit qui n est pas contraire la nature du contrat de louage et qu
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