Pedagogie et lobes frontaux - Transformer la violence des élèves
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1. ce handicap s en ajouterait un autre galement li un hypofonctionnement des lobes frontaux qui serait la difficult se repr senter l avenir le plaisir sous une forme diff r e et se d gager ainsi de la logique d imm diatet que l on rencontre souvent dans les situations d chec scolaire De plus un jeune enfant dont les lobes frontaux sont inachev s rencontre naturellement une difficult changer de strat gies et de repr sentations surmonter des ruptures pist mologiques Cette difficult serait elle amoindrie si l enfant tait invit pr cocement se familiariser avec la d marche scientifique Certaines ruptures pist mologiques constituent des tapes plus ou moins incontournables dans la construction de ses savoirs et sont difficilement vitables pour l apprenant En rep rant les obstacles l origine de cette rupture on pourrait aider l l ve Un nouvel exemple de cette aide consistant au moment de l apprentissage de la division par des nombres inf rieurs un l inciter v rifier que son exp rience premi re de la division ne peut s appliquer dans ce cas et que ce qu on continue appeler une division avec le formalisme li cette op ration masque en fait une multiplication Mais surtout il serait important d viter de surajouter d autres obstacles engendr s artificiellement par le dispositif p dagogique ce qui aurait pour effet de rendre la rupture pist mologique tr s2. ma connaissance il n est pas associ une quelconque l sion ou d g n rescence du syst me nerveux son origine serait donc fonctionnelle De plus l apathie observ e dans certaines formes de schizophr nie la st r otypie des conduites la faiblesse de l implication sociale de ces malades confirment la piste qui am ne rechercher l explication d ordre neurobiologique de cette maladie dans une inhibition fonctionnelle des lobes frontaux 2 Lors d tudes de formes plus actives de la schizophr nie ou du syndrome compulsif obsessionnel des formes d hyperactivit s ou de manies ont t observ es Une forme de traitement a consist sectionner chirurgicalement les fibres nerveuses connectant les lobes frontaux au reste du cerveau Tr s souvent a la suite de diff rents types de lobotomies Khanna 1988 il est observ une r cession des sympt mes maniaques et dans le cas o il existait auparavant chez ces malades des pens es intrusives celles ci sont moins intrusives et provoquent moins d anxi t et d interf rences avec les autres activit s du sujet Entre Moniz qui depuis 1936 en a g n ralis la pratique et les ann es 70 ou la psychochirurgie sera presque proscrite cent mille lobotomies seront effectu es sur des humains dont la moiti pour les seuls U S A La recherche de la normalit qui motive l isolation des lobes frontaux semblait bien tre alors synonyme de gu rison Moniz aura le prix Nobel en 1964 pou
3. 87 49 64 Pinson G et Favre D 1985 Hologrammorphisme et logique holoscopique pp 41 70 La pens e approche holographique Pinson G Demailly A et Favre D Eds P U de Lyon Savatier P Trabuchet G Chelbloune Y Faure C Verdier G and Nigon V M 1987 Nucleotide sequence of the delta beta globine intergenic segment in the macaque structure and evolutionary rates in higher primates J Mol Evol 24 297 308 Tabary J C 1987 Le paradigme holographique Revue Internationale de Syst mique 1 n 2 159 180 Terry R D Masliah E Salmon D P Butters N DeTeresa R Hill R Hansen L and Katzman R 1991 Physical basis of cognitve alterations in Alzheimer s disease synapse loss is the major correlation of cognitive impairment Ann of Neurology 30 572 580 Tzourio N et Mazoyer B 1991 Les images du cerveau actif Science et vie H S n 177 6 14 Vassileff J 1992 Histoires de vie et p dagogie du projet Chroniques sociales Lyon Weinberger D R 1988 Schizophrenia and the frontal lobe T I N S 11 n 8 367 370
4. bral et atteindre celui de l Homo sapiens sapiens il y a 30 50 000 ans ce triplement tant d essentiellement au d veloppement du n ocortex et en particulier des lobes frontaux cf le sch ma de Fuster 1989 p 7 Si la capacit fabriquer des outils c est dire inventer des conduites non programm es g n tiquement est corr l e celle de ma triser le langage abstrait on peut supposer que le d veloppement des lobes frontaux humains r sulte d un processus volutif complexe dans lequel interf rent vraisemblablement des d terminants d ordre biologique neurobiologique et cologique et des d terminants d ordre culturel li s l importance croissante de la relation ducative dans la maturation biopsychologique des jeunes primates du genre Homo Cette hypoth se ne peut tre actuellement ni compl tement prouv e ni compl tement r fut e mais peut rendre compte de l acc l ration tonnante du processus volutif Quelques chiffres provisoires peuvent permettre de la visualiser le chimpanz et le gorille ont un volume c r bral d environ 450 cm3 l Australopith que gracile et Homo habilis de 500 cm3 il y a 1 5 millions d ann es merge Homo erectus avec 800 cm3 puis Homo sapiens il y a 2 ou 300 000 ans avec 1200 cm3 et enfin l Homme de N anderthal 1600 cm3 et de CroMagnon avec 1450 cm3 de volume c r bral Paradoxalement des l sions ou une ablation des lobes frontaux ne produisent pas d effets tr s spectac
5. d lai et dans l ordre ou ils avaient t allum s trois boutons lumineux situ s sur un panneau Pour r aliser cette t che l animal devait la fois m moriser les relations temporelles entre ces items spatiaux et organiser gr ce cette m moire un s quencement oculomoteur fait de trois orientations successives des yeux vers les cibles correspondantes L enregistrement des neurones avait lieu lorsque l animal savait effectuer cette t che sans erreur Ces auteurs ont ainsi pu montrer que des neurones sp ciaux appel s cellules de contexte codaient le d clenchement du m me mouvement appris appuyer sur le bouton du milieu par exemple mais qu ils s activaient diff remment selon que cette t che se trouvait chronologiquement en premi re ou deuxi me position dans le s quencement Comme l expriment les auteurs cela semble montrer que l ex cution d une s quence motrice apprise est planifi e gr ce la possibilit inh rente aux lobes frontaux de stocker des items temporaux et spatiaux apport s par l environnement et son ex cution neurobiologiquement contr l e par cette m me structure Ceci veut dire que les lobes frontaux permettent une permanence des perceptions sensorielles en l absence de stimulus externe et l organisation chronologique de ces perceptions entre elles pour laborer un plan d action et v rifier son ex cution Comme le sugg rent les auteurs cette activit des lobes frontaux pourrait s tendre galemen
6. la conservation des connaissances sous forme de pr jug s de lois g n rales au contexte ou au domaine de validit flou et peu explicite soumises aux projections d origine affective de ses auteurs et entretenant celles des personnes a qui s adresse l information Dans ce cas la connaissance est enseign e sous forme de v rit s atemporelles la relativit qu introduit la prise en compte du temps n existe pas un enseignement situ dans ce paradigme ne demande pas l l ve d avoir un projet personnel mais de se conformer ce qui a t dit Cette conformisation est v rifi e par un contr le des carts la norme des savoirs restitu s Les connaissances ont ici un caract re d finitif et on peut estimer que les lobes frontaux humains sont ainsi peu sollicit s dans leur fonction de d saisie Dans le P T S I les connaissances sont consid r es seulement comme des repr sentations des mod lisations provisoires et approximatives de la r alit la repr sentation du temps est int gr e on sait que c est progressivement que l humanit a labor ses concepts on sait aussi qu il y a eu des obstacles des erreurs mais qu ils ont servi pr ciser chaque fois le domaine de validit des concepts et des th ories Un enseignant qui se situerait principalement dans le P T S I tiendrait compte du fait qu un apprenant va lui aussi construire progressivement ses connaissances et que tous ses t tonnements et er
7. complexes impliquant l laboration de strat gies o le cortex est indispensable et des conditionnements comme la r action d vitement de stimulations nociceptives qui peuvent tre acquis par des animaux d cortiqu s avec le seul traitement des informations effectu par les structures nerveuses sous corticales plus anciennes IT Peut on se passer des lobes frontaux Il existe dans la litt rature deux grands types d tudes permettant de donner des l ments de r ponse cette question les tudes portant sur les effets des l sions du cortex frontal et celles portant sur le fonctionnement des lobes frontaux dans les pathologies mentales Les tudes portant sur le fonctionnement des lobes frontaux en cas de l sion ou d ablation partielle ou totale semblent indiquer que ceux ci ne sont pas indispensables pour effectuer des t ches routini res pour r ussir des tests classiques de m moire ou de d termination du quotient intellectuel Toutefois on peut noter diff rents types de sympt mes 1 Un d ficit dans la r alisation de t ches impliquant une capacit discriminer finement qui semble provenir de la difficult supprimer ou inhiber les interf rences en provenance de perceptions ne relevant de la t che elle m me Chez certains singes ce d ficit peut tre associ notamment une hyperactivit r sultant d une r activit anormale aux stimuli externes et entra nant ainsi une r duction de la capac
8. des ann es 80 et cela ind pendamment du d veloppement de l int r t des chercheurs en neurosciences pour les lobes frontaux Un paradoxe pos par l ducation que les humains ont eu r soudre et ce n est pas fini a consist devoir inventer un mode d ducation et une p dagogie sans conna tre le mode d emploi d eux m mes Et je ne peux que saluer l intuition de p dagogues qui comme Dewey Decroly Montessori Freinet Gattegno ont contribu faire merger WA l id e d une cole nouvelle Par opposition avec l cole traditionnelle le d veloppement de l l ve est mieux respect et son activit cognitive propre prise en compte et sollicit e Celui ci peut alors commencer devenir le sujet de ses apprentissages condition qu il int gre le projet pr sent par l cole comme son projet Il y a une dizaine d ann es la notion de projet s est suffisamment r pandue culturellement comme en t moignent entre autres les apports d Ardoino 1984 et de Boutinet 1986 90 pour que les enseignants eux m mes ainsi que la sph re administrative s en soient empar s avec le projet d tablissement dans le cadre de l op ration dite de r novation des coll ges Obin et Weber 1987 Il ne reste plus et ce n est pas simple me semble t il qu savoir susciter chez les apprenants une motivation individuelle sp cifique et expliciter un projet collectif motivant pour que puisse exister dans le cadre scolaire une p
9. difficile Cette difficult s illustre dans l exemple d une enfant qui on a dit au d but du CM2 lors de l apprentissage de la division que pour v rifier grossi rement celle ci il suffisait de s assurer que le quotient tait bien inf rieur au dividende L vidence montre en effet disait le ma tre que lorsqu on divise un objet en partie la partie est plus petite que le tout Cette repr sentation de la division qui a t communiqu e par le maitre va tre sauvagement mise en cause quelques mois plus tard quand est abord e la division par des nombres compris entre z ro et un Comme le quotient devient sup rieur au dividende l enfant ne comprend plus elle v rifie que sa m thode de calcul est bonne et pourtant les r sultats sont faux en r f rence au syst me de repr sentation qu elle a int gr L enfant va alors demander de l aide son p re qui lui explique que son r sultat est correct Le comportement de l enfant peut para tre surprenant elle clate en sanglots La compr hension que j ai de ce ph nom ne est bas e sur le fait que je pense que processus cognitifs et processus affectifs ne sont pas dissoci s et s interp n trent Dans ce cas l enfant est confront e une situation difficile sur le plan affectif et le dilemme se pose ainsi pour elle soit son ma tre est un incapable soit son p re est compl tement stupide L enfant de dix ans a encore besoin d avoir confiance
10. enseignement va dans le sens d une mise en r f rence interne du sujet dans la mesure o on va lui demander d laborer une r ponse une hypoth se explicative ou de formuler un avis A l inverse la r ponse d un professeur de biologie de classe de cinqui me un l ve qui tablissait des liaisons entre ce qui tait dit par elle et d autres l ments du programme de biologie Beno t tu ne dois dire que ce que je t ai appris et rien d autre entra ne l invalidation implicite vidente de l activit mentale autod termin e de Benoit et pourrait l inciter s en remettre compl tement autrui pour savoir ce qu il doit penser L attitude de l enseignante 1llustre par ailleurs un ph nom ne assez fr quent Beno t tait en train de d florer le th me de biologie qu elle voulait traiter quelques semaines plus tard les commentaires de Beno t modifiait donc l avenir tel qu elle l avait pr vu d o sa tentative pour conomiser un changement dans son enseignement Serait ce d un hypofonctionnement frontal ou un banal syndrome de paresse V Des pratiques p dagogiques qui pourraient favoriser la d saisie d une connaissance ou d un raisonnement D apr s les donn es rassembl es dans les parties pr c dentes l activit des lobes frontaux semble associ e assez troitement avec la possibilit de se repr senter le temps Outre se repr senter l avenir sous forme de projets les lobes frontaux pourraient nous
11. fonctionnel de ces structures tape qui peut tre corr l e avec des changements importants sur le plan psychologique La my linisation des fibres nerveuses l limination de cellules nerveuses non utilis es se poursuit jusqu l ach vement de la maturation des lobes frontaux vers l ge de 16 ans Huttenlocher 1979 Ce d calage de maturation biologique entre le cerveau affectif et motionnel et les lobes frontaux fait ainsi exister la possibilit que les premiers fonctionnent m morisent les traces d exp riences contenant plaisir ou frustration avant que les lobes frontaux associ s aux processus cognitifs ou d cisionnels puissent traiter ces exp riences Favre C et Favre D 1991 pp 79 87 et 145 180 La prise en compte de ce d calage pourrait constituer un crit re permettant d op rer une distinction chez un tre humain entre les processus de conditionnement et ceux d apprentissage Favre 1988 serait de l ordre du conditionnement la r tention d exp riences ne sollicitant pas les lobes frontaux et mettant p P autrui en position d objet et seraient de l ordre de l apprentissage les exp riences n cessitant l activit m me embryonnaire des lobes frontaux et l adh sion de l individu en tant que sujet Chez l animal une distinction relativement proche de celle ci sur le plan neurobiologique a t rapport e par Lynch et Baudry en 1984 En effet une diff rence fonctionnelle a t relev e entre des apprentissages
12. maladie d Alzheimer dont il est question travers ces sympt mes pourrait bien tre corr l e des particularit s g n tiques mais celles ci sont elles causes ou cons quences de celle l S il n est pas certain que la cause soit d origine g n tique ni unique cela n exclut donc pas la question de savoir si cette maladie ne pourrait pas avoir une finalit psychologique comme l apaisement d un conflit existant entre des instructions contradictoires enregistr es par des parties diff rentes du cerveau et des ges diff rents de la vie Cette hypoth se qui ne s oppose pas l existence d autres origines possibles de cette maladie ne me para t pas compl tement gratuite chez des personnes ayant d velopp une maladie d Alzheimer il n est pas rare d observer un retour la normale de param tres biologiques tels que taux de cholest rol sanguin tension art rielle caract ristiques immunitaires retour la normale qui pourrait tre le t moin d une vie l abri du stress chronique et du conflit sous jacent II Les lobes frontaux le cerveau de l action Barone et Joseph 1989 en enregistrant l activit unitaire de plusieurs centaines de neurones du cortex frontal chez le singe Rh sus ont sans doute identifi un r le sp cifique de cette partie du syst me nerveux l organisation de programmes d action et le contr le de leur ex cution Dans cette exp rience l animal tait entra n teindre apr s un
13. qui d finissent un paradigme de traitement scientifique des informations Ce qui me parait st rilisant pour la pens e anti heuristique ce serait de c der a la tentation de vouloir tout expliquer avec une seule grille de lecture ainsi apprendre ce ne serait que stabiliser des r seaux synaptiques pour les uns tandis que pour les autres ce ne serait que sublimer des pulsions ou pour d autres encore ce ne serait qu un moyen de se diff rencier socialement et d tre au dessus de la m l e Renoncer l h g monie d un seul point de vue d une seule fa on de s expliquer causalement la r alit conduit selon moi a accepter que la r alit complexe humaine puisse tre abord e selon des axes diff rents dont la prise en compte par les uns et par les autres peut conduire a de nouvelles pistes de recherche de nouvelles fa ons de se poser des questions et de nouvelles fa ons de valider les r ponses Lors d un pr c dent travail Pinson et Favre 1985 nous avons tent de montrer qu il tait possible de d velopper un fonctionnement logique et un mode de validation mimant les propri t s de l hologramme Dans un hologramme l image est form e de points mais elle diff re fondamentalement par ailleurs des images classiques dans la mesure o chacun de ses points poss de une information sur l ensemble de l image sur le contexte Nomm e ensuite principe hologrammatique par Morin 1987 cette propri t semble tre une caract ristique fon
14. 404 411 Huttenlocher P R 1979 Synaptic density in human frontal cortex developmental changes and effects of aging Brain Res 163 195 205 Jacobsen C F 1931 A study of cerebral function in learning the frontal lobes J Comp Neurol 52 271 340 Khanna S 1988 Obsessive compulsive disorder is there a frontal lobe disfunction Biol Psychiatry 24 602 613 Lhermitte F Pillon B and Serdaru M 1986 Human autonomy and the fontal lobe Part I Imitation and Utilisation Behaviour a neuropsychological study of 75 patients Ann of Neurology 19 326 334 Lynch G and Baudry M 1984 The biochemistry of memory a new and specific theory Science 224 1057 1053 Martinand J L 1986 Conna tre et transformer la mati re des objectifs pour l initiation aux sciences et techniques Berne Peter Lang Maubant P 1992 De l acte d apprendre l acte de former Colloque de la Mission Acad mique la Formation des Personnels de l ducation Nationale Pour un Projet de R ussite Montpellier 20 mai Milner B and Petrides M 1984 Behavioural effects of frontal lobe lesions in man T I N S november 403 407 Morin E 1987 La connaissance de la connaissance La M thode Tome 3 1 Paris Le Seuil Nelson H E 1976 A modified card sorting test sensitive to frontal lobe defects Cortex 12 313 324 Obin J P et Weber A 1987 Le projet d tablissement scolaire de l imaginaire la r alit Educ perm
15. Approche neuro p dagogique des lobes frontaux humains par Daniel Favre 1993 Les sciences de l ducation 5 1992 p23 44 Mots cl s Lobes frontaux repr sentation du temps apprentissage R sum Fruits des derniers millions d ann es de l volution les lobes frontaux humains semblent constituer par leur importance la structure nerveuse sp cifique de notre esp ce et la derni re chez un individu achever son d veloppement C est aussi celle dont les fonctions sont rest es le plus longtemps myst rieuses Des travaux r cents de neurobiologie indiquent que le traitement de l information par les lobes frontaux semble concerner la repr sentation du temps Cet ultime quipement nerveux nous doterait ainsi de la facult de nous repr senter le temps futurr dans la mesure o il permet de construire un programme d actions et de v rifier son ex cution Et la suite d observations de l s s et d handicap s c r braux frontaux on peut faire l hypoth se que les lobes frontaux interviennent fonctionnellement pour nous permettre de nous d tacher du temps pass et de ses modes de fonctionnement Sortir de la r p tition et ouvrir lavenir par la r alisation de nouveaux comportements constituent des capacit s susceptibles de favoriser g n ralement l apprentissage Cependant les lobes frontaux greff s en parall le sur le reste du cerveau sont eux m mes neuro modul s par et en interrelation fonction
16. air De cette exp rience semble tre d duit un syst me explicatif corollaire en l absence d atmosph re les objets n ont plus de poids lui m me confirm en apparence par des images m diatis es dans le vide de l espace les objets semblent flotter et ne tombent pas Ayant rep r cet obstacle constitu par ce raisonnement plus ou moins implicite chez les l ves le probl me pos devenait alors comment en favoriser le franchissement par le plus grand nombre Ce franchissement supposait que les l ves puissent s expliciter leur th orie la concevoir comme une hypoth se parmi d autres possibles ventuellement trouver des contre arguments pour la r futer et ainsi apr s s tre convaincu de ses insuffisances l abandonner Il fallait donc que les l ves se familiarisent avec les attitudes cognitives de la d marche scientifique qu une recherche pr c dente a permis de mod liser Favre 1990 1991 Favre et Rancoule 1993 et que je vais rapidement d crire avant d exposer les effets de leur usage La possibilit d expliciter des nonc s qui ont le statut d hypoth se ou de mod le provisoire et approximatif dont on pr cise progressivement le domaine de validit par la recherche de contre exemples en utilisant une attitude r flexive d finit un paradigme de traitement scientifique gt des informations P T S I Par opposition rester dans le domaine implicite en utilisant des nonc s qui ont statut de v rit certit
17. articulier celles qui sont en relation avec notre rapport au temps en esp rant travers l examen de cette relation pouvoir rep rer des pistes ou des liens entre le fonctionnement du substrat biologique que repr sentent les lobes frontaux et leur usage ventuel dans le cadre des apprentissages J aborderai donc successivement quelques notions d anatomie puis les fonctions attribu es aux lobes frontaux et enfin les rapports pouvant exister entre le fonctionnement des lobes frontaux la repr sentation individuelle du temps et l aptitude apprendre Je terminerai en essayant d identifier parmi les pratiques p dagogiques celles qui pourraient se traduire sur le plan neurobiologique par une activation des lobes frontaux par rapport d autres qui plus proches du conditionnement ne semblent pas requ rir la pr sence ou le fonctionnement de la derni re structure nerveuse que nous ayons d velopp e au cours de l volution I Les lobes frontaux un cerveau greff en parall le sur le reste du cerveau L tude de la neuroanatomie des lobes frontaux et de leur d veloppement au cours de l ontogen se met en vidence l existence d un tr s grand nombre de voies nerveuses se projetant sur ces structures n ocorticales Ainsi la plupart des aires corticales associatives et le thalamus qui traitent les informations d origine sensorielle le cortex olfactif le cortex limbique l hypothalamus les noyaux du septum et de l amygdale les noya
18. d tacher d une ancienne repr sentation lorsqu elle devient obsol te pour r soudre un probl me relevant de la situation pr sente Quel r le une telle fonction pourrait elle jouer lors d un apprentissage Une autre source de renseignements concernant les lobes frontaux s est r v l e travers l tude de personnes atteintes de maladies mentales telles que la schizophr nie le syndrome compulsif obsessionnel ou la d mence s nile Dans ces trois cas le fonctionnement des lobes frontaux est impliqu 1 L tude de la schizophr nie a permis d identifier l existence de plusieurs formes de cette maladie Cependant l innervation dopaminergique des lobes frontaux devrait y jouer un r le d terminant dans les diff rentes formes de schizophr nie sans que l on sache si cette anomalie du fonctionnement dopaminergique est la cause ou la cons quence de la maladie Wienberger 1988 en analysant le d bit sanguin cortical lors d une t che recrutant les lobes frontaux en l occurrence le test de Wisconsin a pu d montrer l existence d un hypom tabolisme chez les personnes atteintes par cette maladie hypom tabolisme qui tait partiellement corrig par l emploi de neuroleptiques que l on sait actifs sur les synapses dopaminergiques Cet hypom tabolisme ou inhibition des lobes frontaux semble tre le fait de l activit des structures nerveuses sous jacentes dont le fonctionnement est corr l celui des motions et des affects
19. dagogie fond e sur la notion de projet expurg e d ambigu t Ardoino 1987 Dans le cadre parall le de la formation continue le concept de la p dagogie du projet se d veloppe et donne lieu des applications Con ue empiriquement partir de la probl matique sp cifique de la formation de publics marginalis s ch meurs longue dur e d tenus la p dagogie du projet s est peu peu donn e un cadre th orique et une finalit qui est l accroissement du potentiel d autonomie des personnes qui se forment r alisable travers l laboration d un projet existentiel personnel comprenant un projet d anticipation venir un projet de satisfaction pour le pr sent et un projet de coh rence int rieure retour sur le pass Vassileff 1992 p 66 88 La p dagogie du projet pourrait ainsi constituer un des moyens d inciter une cat gorie de public en voie de marginalisation les l ves en chec y 3Communication au colloque de 1 A F LR S E du 27 30 mai 1992 Lyon scolaire prendre ou reprendre go t aux situations d apprentissage Je ne suis pas le premier penser cela et il me semble que les signes d hypofonctionnement frontal que l on pourrait d celer chez ces l ves attention labile et mal dirig e logique de l imm diatet apathie ou hyperactivit manque de projet personnels renforcent la pertinence de l introduction de la p dagogie du projet l cole Toujours dans le cadre scolaire on p
20. damentale de la complexit Cette particularit repose sur un mode de traitement de l information pour lequel notre cerveau semble tout fait quip Favre 1985 Dans cette hypoth se on arrive un mode de validation compatible avec le progr s et la relativit de la pens e l image v rifie le ou les points qui participent sa construction Un exemple de validation holographique est donn par la v rification d un mot par l ensemble des mots l int rieur d une grille de mots crois s R ciproquement la validit de la grille de mots crois s r side dans la coh rence produite par les l ments qui la composent En ce qui concerne la validation d une th orie Tabary 1987 note qu un compl ment de validation appara t li l accord holographique entre th ories Psychologie biologie et physique sont consid r es comme des approches diff rentes d une r alit commune qui ne peuvent se valider que par l accord dont elles font preuve dans ce cadre le paradigme holographique exprime la nature du lien entre l l ment et la totalit et doit se retrouver constamment sous une forme ou une autre dans toutes les analyses cognitives Ayant explicit les arguments d ordre pist mologique qui m ont guid dans l tablissement de rapports pouvant exister entre le fonctionnement des lobes frontaux et des situations d apprentissage je laisse au lecteur le soin de statuer sur l int r t et la l gitimit scientifique d u
21. enseignement scientifique Ainsi la reconnaissance des obstacles et de leur fondement pist mologique semble constituer une premi re tape pour d finir des objectifs p dagogiques en terme d objectifs franchissables Martinand 1986 La d signation et la prise en compte par l enseignant d objectifs obstacles pr senteraient l avantage de lui indiquer comment orienter plus efficacement ses interventions p dagogiques et l valuation des productions des l ves Par rapport aux pratiques courantes l avantage de celle ci pour l apprenant r siderait dans la possibilit d tre plus ad quatement renseign sur la connaissance dont il doit se dessaisir et en quoi elle s oppose celle qu il doit s approprier L objectif de la d saisie tant clairement d sign l apprenant on peut penser que le recours ses lobes frontaux lui permettra ensuite de la r aliser En effet la situation p dagogique en explicitant cet objectif s assimile alors celles que pr sente le test de Wisconsin lequel est r ussi par la plupart des individus n ayant pas de pathologies frontales Je souhaiterais prendre maintenant un exemple o I chec p dagogique semble associ la non prise en compte d un obstacle existant entre le syst me explicatif que s est construit spontan ment l enfant et la nouvelle conception qui leur est pr sent e La recherche en didactique que nous avons r alis e avec I Verseils en 1992 concerne l appropriation du c
22. et de pouvoir s appuyer sur ces deux types d adulte que repr sentent l enseignant et le parent Une telle d stabilisation aurait pu lui tre vit e si l enseignant sensibilis lui m me auparavant au d placement des indicateurs situ s entre les deux paradigmes P T D I et P T S I et surtout celui du 3 me avait pr cis d s le d but de l apprentissage le domaine de validit de la r gle ou du constat Dans cet exemple le quotient est toujours plus petit que le dividende constat auquel il faut prendre soin d ajouter condition que le diviseur soit plus grand que 1 pour ne pas placer l l ve dans un syst me auto contradictoire quand il abordera les divisions par un nombre inf rieur 1 Les cons quences pour la suite de l apprentissage en math matiques peuvent tre beaucoup plus importantes si l enfant admet l incoh rence des deux syst mes de repr sentations l expression motionnelle dans cet exemple permet d identifier rapidement l origine du probl me et d y rem dier Dans de nombreux autres cas l apprenant plus g peut tre en difficult sans que l enseignant soit m me d identifier les repr sentations qui sont en cause I me semble que des ruptures pist mologiques qui engendrent a leur tour blocages et sentiments d chec ou des d sapprentissages difficiles pourraient tre pr venues en utilisant les attitudes cognitives de la d marche scientifique pour concevoir un ense
23. fournir la libert biologique et psychologique potentielle de pouvoir nous s parer de repr sentations ou de raisonnements devenus obsol tes et de les d passer leur non d passement correspondant aux erreurs de pers v rance mises en vidence par le test de Wisconsin Plusieurs travaux fondateurs en pist mologie ont mis l accent sur le caract re discontinu de l volution des th ories scientifiques En formulant le concept d obstacle pist mologique Bachelard 1938 a d crit la nature de ces obstacles et les a situ s comme des passages oblig s entre une connaissance commune et une connaissance de nature scientifique La connaissance scientifique ne commencerait jamais z ro et se heurterait une connaissance usuelle avec laquelle elle pr sente une contradiction et une discontinuit C est une rupture de ce type que seraient confront s les apprenants pour pouvoir progresser c est dire faire voluer leur repr sentation et leur savoir faire Depuis une quinzaine d ann es les tudes de didactique portant sur les repr sentations ont permis de rep rer une liste importante d obstacles que les l ves devraient d passer pour pouvoir s approprier les connaissances que les enseignants s efforcent de leur transmettre C est souvent le non franchissement de ces obstacles que ce type d tudes illustre dans le cas des disciplines comme la biologie Giordan et De Vecchi 1987 faisant douter ainsi de l efficacit actuelle de l
24. ignement Conclusion De cette tude concernant les propri t s des lobes frontaux on peut en conclure qu une p dagogie fond e sur la notion de projet sur la reconnaissance de l apprenant comme sujet de son apprentissage en fait fond e sur des postulats et des valeurs humanistes peut en sollicitant l usage de ses lobes frontaux permettre l apprenant de s inventer un avenir passant ainsi d une temporalit circulaire et pr dictible une temporalit ouverte et impr dictible comme semble l tre celle de l volution Pour qu une temporalit de ce type puisse exister a t soulign l int r t que cette p dagogie d signe clairement les obstacles que l apprenant peut rencontrer dans son activit d appropriation des connaissances et ainsi explicite ce dont 1l doit se dessaisir pour pouvoir continuer apprendre Je souhaiterais galement terminer en interrogeant la pertinence pist mologique des liens que jai essay d tablir entre le domaine de la neurobiologie qui a pour objet initial l tude du syst me nerveux et celui des sciences de l ducation qui se sont donn es pour objet l tude des situations d apprentissage Ces deux types d approche visent a permettre aux hommes de mieux comprendre l homme Les m thodes les grilles de lecture diff rent les angles d approche galement mais en commun les scientifiques de ces diff rentes disciplines semblent partager non pas un langage mais des attitudes cognitives
25. it d attention aux l ments de la t che D une mani re g n rale la difficult maintenir et diriger l attention semble tre un r sultat commun ment retrouv chez les humains l s s frontaux 2 Tr s souvent le sujet l s frontal manifeste de l apathie il a tendance rester au lit il ne prend pas d initiative mais r pond quand on lui pose une question Goodglass et Kaplan 1979 Plus rarement 1l peut pr senter un syndrome d euphorie labile Grafman et coll 1986 Sa d pendance importante par rapport aux signaux ext rieurs se caract rise galement par des conduites calqu es par imitation sur le comportement ou les attitudes corporelles des personnes proches physiquement Lhermitte et coll 1986 rappelant ainsi des jeux de la prime enfance 3 L implication sociale et affective du sujet l s frontal se restreint ainsi l activit sexuelle est fr quemment diminu e Il para t souvent indiff rent mais peut rire pleurer injurier autrui la suite de stimuli faibles ou de mani re inappropri e la situation Outre le manque de discrimination d j observ dans les situations impliquant des processus cognitifs le sujet l s frontal supporte mal tout retard apport la satisfaction d un besoin l mentaire et son intol rance la frustration peut engendrer des col res subites et br ves le sujet semblant ensuite avoir tout oubli de l incident ce qui alimente l hypoth se relativement ancien
26. lobes frontaux se traduit par une incapacit a se projeter dans l avenir a anticiper et a se d gager du pass en s adaptant a une situation nouvelle Or les situations d apprentissage ne demandent elles pas au sujet de s organiser de d gager des objectifs de les planifier temporellement de v rifier que les objectifs ont t atteints ou non et enfin de pouvoir abandonner une strat gie une repr sentation ou une conception pr alable quand celles ci deviennent obsol tes La repr sentation du temps ou au moins la construction d une perspective temporelle personnelle selon l expression de Gaston Mialaret semble bien constituer une repr sentation n cessaire un humain pour qu il puisse structurer planifier ses actions et v rifier leur ex cution Cette possibilit de se repr senter le temps que l on peut attribuer au fonctionnement des lobes frontaux se d veloppe comme eux progressivement au cours de l existence et semble d pendre de plusieurs cat gories de facteurs qu on peut qualifier de psychologiques sociologiques et didactiques pouvant interf rer avec les propri t s de ce substrat biologique Ne pourrait on pas dans cette perspective envisager des dispositifs d apprentissage qui prendraient en compte ces propri t s plut t que de les ignorer M int ressant galement la p dagogie je n ai pu que constater que la notion de projet et celle de contrat ont t introduites dans l enseignement depuis le d but
27. ne selon laquelle la l sion des lobes frontaux perturberait le fonctionnement de la m moire court terme Jacobsen 1931 4 C est dans les t ches non routini res impliquant une r solution de probl mes inhabituels que se remarque le plus un d ficit associ une l sion ou un fonctionnement anormal des lobes frontaux Le test de Wisconsin d velopp par Grant et Berg 1948 puis repris et adapt par Nelson 1976 est suffisamment sensible pour d tecter de tels dysfonctionnements r cemment une mod lisation informatique des propri t s des lobes frontaux requises pour r ussir ce test a t r alis e par Dehaene et Changeux en 1991 Cf Changeux 1992 La r ussite ce test n cessite de trouver la nouvelle r gle pr sent e chaque preuve du test et surtout d tre capable d abandonner la r gle pr alable Milner et Petrides 1984 Les personnes pr sentant des l sions des lobes frontaux des sympt mes schizophr niques ou encore atteints d une maladie d g n rative du cortex frontal ne parviennent pas ou difficilement se d tacher de la repr sentation des premi res r gles initialement correctes m me apr s que l examinateur leur ait signal qu elles ne le sont plus elles ne peuvent ainsi d couvrir les nouvelles r gles qui leur permettraient de r ussir les preuves suivantes Ce type de test explore une fonction importante des lobes frontaux qui serait de permettre une personne de pouvoir se
28. ne telle tude et demeure disponible pour en d battre Bibliographie Ardoino J 1984 P dagogie du projet ducatif Pour 94 5 13 Ardoino J 1987 Finalement il n est pas de p dagogie sans projet duc perm 87 153 165 Bachelard G 1938 La formation de l esprit scientifique d Vrin 1987 Paris Barone P and Joseph J P 1989 Prefrontal cortex and spatial sequencing in macaque monkey Exp Brain Res 78 447 464 Boutinet J P 1986 Le concept de projet et ses niveaux d appr hension duc perm 86 5 26 Boutinet J P 1990 Anthropologie du projet P U F Paris Changeux J P 1983 L homme neuronal Fayard Paris Changeux J P 1992 Les neurones de la raison La Recherche 244 vol 23 705 713 Favre D 1985 L hologrammorphisme c r bral pp 73 86 La pens e approche holographique Pinson G Demailly A et Favre D ds Presses Universitaires de Lyon Favre D 1990 D marche scientifique et mobilit des repr sentations Actes du colloque international de la Soci t Fran aise de Chimie Les repr sentations m thodes d tudes et r sultats pp 7 13 26 31 octobre La Grande Motte Favre D 1991 D marche scientifique et p dagogie Transversales Science Culture 8 12 13 Favre D et Rancoule Y 1992 Mod liser la d marche scientifique pour pouvoir l enseigner Actes des XIV Journ es sur l ducation Scientifique de Chamonix 28 31 janvier Favre D 1988 Apprentis
29. nelle avec le cerveau affectif et motionnel La prise en compte de l existence de cette interrelation dans les diff rentes grilles de lecture que nous pouvons avoir de l ducation pourrait permettre d inventer des dispositifs p dagogiques mieux adapt s ICP 089 Laboratoire de Mod lisation de la Relation P dagogique Universit de Montpellier IL 34095 Montpellier cedex 5 Neuropedagogical approach of human frontal lobes Summary The human frontal lobes are the fruit of evolution over the past millions of years Their size appears to make them the neural structure specific to our species and the last structure to develop in any individual The frontal lobe is also the part of the brain whose function has remained a mystery for the longest time However recent studies in neurobiology indicate that the way the frontal lobes handle information seems to involve the representation of time This ultimate component of our neurological equipment thus provides us with the capacity to conceptualize the future in so far as it can construct a program of actions and monitor its execution Lesioning experiments and data from patients with frontal lobe lesions suggest that the frontal lobe operate in such a way to allow us to cut free from the past tense and its way of functioning This freedom from repetitive behaviour and openness to the future by the development of new behaviours and capacities likely to encourage all forms of learning B
30. nt en inter r gulation r ciproque o s laborent en parall le des cycles perception action Fuster 1989 p 177 Ces traitements sont de plus en plus complexes au fur et mesure que l on passe des centres nerveux les plus anciens phylog n tiquement comme ceux de la mo lle pini re du tronc c r bral du dienc phale puis ceux du t lenc phale ancien enfin ceux du n ocortex associatif et moteur aux plus r cents comme ceux du n ocortex frontal Chacun de ces centres traite en parall le de l information et se d veloppe chez un tre humain dans le m me ordre que celui de son apparition au cours de l volution expliquant ainsi que nos lobes frontaux vont se d velopper lentement et tre compl tement fonctionnels en dernier ce qui me semble important int grer dans la repr sentation que nous pouvons avoir d un jeune apprenant Dans la p riode n onatale alors que le cerveau affectif et motionnel est d j fonctionnel depuis plusieurs semaines les lobes frontaux ne contiennent que des neurones de petite taille aux dendrites peu d velopp s Environ six mois apr s la naissance ces dendrites seront de 5 10 fois plus longs et vers l ge de 2 ans et demi 3 ans les r cepteurs post synaptiques l ac tylcholine localis par la pr sence d ac tylcholineest rase se multiplient dans les cellules pyramidales de la couche 3 Gaspard et Berger 1989 ce qui traduit sans doute une tape importante du d veloppement
31. nu de ce qui est admis et d abandonner un peu de la s curit associ e ce d j l Favre 1991 Ce changement se produit en formulant des nonc s sous forme d hypoth se plut t que sous forme dogmatique Par exemple l nonc la feuille de papier pli e en boule tombe plus vite que la feuille lach e plat parce qu elle est plus lourde pourrait tre transform e ainsi je vois qu elle tombe plus vite serait elle devenue plus lourde Cette possibilit de pouvoir remettre en question ses connaissances semble cependant tre d pendante de la grande sensibilit des lobes frontaux au fonctionnement des structures nerveuses associ es aux motions et aux affects Tout d bordement motionnel d pressif ou euphorique se traduit par une inhibition partielle des lobes frontaux dont chacun a pu constater les effets diminution de l attention perte du sens critique dogmatisation du discours En dehors de l inhibition temporaire provoqu e par ces tats de d bordement motionnel il est possible que le fonctionnement des lobes frontaux soit inhib de mani re plus chronique par des structures nerveuses sous jacentes associ es aux affects Un des premiers effets de cette inhibition serait de ne plus permettre un l ve de se d gager d un exercice qu il sait d j faire pour pouvoir accepter le risque et le d s quilibre passager que l acquisition d une nouvelle connaissance ou comp tence rend n cessaire
32. oncept de surface portante par des l ves de classes de 6 me dans le cadre d un 4 Article en pr paration enseignement de biologie concernant le vol animal L valuation faite par les enseignants et portant sur la description des ailes et sur la restitution d exp riences r alis es en classe se r v le tr s positive il n y a rien comprendre dans cette le on ce n est que de la description d clare l un d eux En revanche notre valuation indique que seuls trois ou quatre l ves par classe semblent pouvoir utiliser les attributs de ce concept apr s l enseignement qu il ont re u L analyse des r sultats met en vidence plusieurs obstacles constitu s par leur difficult se repr senter la mat rialit de l air ou distinguer le concept de vide de celui de d apesanteur Un item de cette valuation proposait un probl me si sur la lune un cosmonaute l che en m me temps un feuille de papier pli e en boule et une autre laiss e plat quelle est celle qui atteint le sol lunaire en premier Aucune r pondirent de nombreux l ves parce que dans le vide tout flotte C est galement ce type de r ponse spontan e que nous ont fait r cemment un certain nombre d universitaires Vivant la surface de la terre notre exp rience premi re concernant la pesanteur qui affecte les objets en leur donnant leur poids n est pas s par e dans ses effets de la pr sence plus ou moins r sistante de l
33. ourrait galement examiner la lumi re des donn es concernant les lobes frontaux le passage difficile pour certains l ves de l entr e en sixi me Ces l ves doivent en effet passer assez brutalement d une situation scolaire o c est finalement l instituteur omnipr sent qui organise et planifie pour eux leur emploi du temps celle o ils vont devoir en utilisant le cahier de texte et l emploi du temps fourni par le coll ge retrouver par eux m mes les diff rents enseignants situ s dans des salles diff rentes pr voir les livres et cahiers qu ils devront emmener chaque jour et les devoirs et le ons se rapportant aux diff rents cours Il est ainsi demand ces l ves aux lobes frontaux inachev s de passer rapidement et presque sans entra nement d une activit scolaire en r f rence majoritairement externe sollicitant peu leurs lobes frontaux puisque c est l instituteur qui organise pour eux le temps une activit scolaire en r f rence majoritairement interne o l activit des lobes frontaux semble requise pour auto d terminer davantage leurs actions au sein du coll ge en l absence d une tierce personne qui les guide Cet exemple illustre assez bien mon sens l int r t de distinguer dans un dispositif p dagogique ce qui favorise l activation des lobes frontaux et met le sujet en r f rence interne par rapport l objet de son apprentissage de ce qui le met en r f rence externe La probl matisation de l
34. r ses travaux de psychochirurgie Dans les ann es 70 le retour du concept du sujet en psychologie le droit a la diff rence en p dagogie sont semble t il les indices convergents d un changement de mentalit qui nous fait rejeter ce type d intervention Ne serait ce pas parce que les lobes frontaux constituent le substrat biologique grace auquel une personne peut manifester au monde et a elle m me son individualit et son libre arbitre Actuellement le langage de certains neurobiologistes se modifie dans ce sens par exemple lorsqu ils font r f rence un sujet en voquant la possibilit de mouvement commande interne ou autrement dit librement choisi qui engage le cortex pr frontal dont la participation est d pendante d une d cision personnelle non conditionn e par des stimulis ext rieurs Tzourio et Mazoyer 1991 d cision qui joue d ailleurs un r le primordial au cours des apprentissages Mais cela pose sans le r soudre le probleme fondamental de la nature de l interface existant entre l espace psychique et l espace neuronique Quoi dans l espace des repr sentations et des objets mentaux commande quoi dans l espace des neurones et des synapses Mais pour d autres neurobiologistes ce type de probl me n existerait pas Ceci semble tre le cas de Changeux 1992 quand en conclusion d un paragraphe page 710 il crit Du jeu de ces r gulations emboit es entre les diff rents centres nerveux na t la lt lt con
35. reurs font partie du chemin qui l am nera laborer une repr sentation temporaire du monde et de lui m me la coop ration de l apprenant ce projet est n cessaire et l apprenant prend alors le statut de sujet D un point de vue pratique et dans le cadre de l tude concernant l appropriation du concept de surface portante un nouveau dispositif p dagogique a t labor En travaillant en petit groupe sur des probl mes que nous leur avons pos s chaque l ve est amen expliciter son point de vue le consid rer comme une hypoth se argumenter et contre argumenter Plus le groupe est actif plus rapidement les l ves r alisent que le vide n est pas synonyme d apesanteur et ainsi surmonter cet obstacle en distinguant ces deux concepts Dans la classe dite exp rimentale nous pensons la suite des tests survenus plus de trois semaines apr s le travail des l ves qu environ 75 des l ves se sont construit le concept de surface portante Dans les deux autres classes t moins o l enseignant a soit nouveau r p t son cours sur les notions pr c demment abord es concernant le vol animal soit n a proc d aucun rappel le nombre d l ves s tant appropri le concept reste inchang Une des relations que j tablirais entre le fonctionnement des lobes frontaux et les attitudes cognitives de la d marche scientifique concerne la possibilit diff rentiel n 2 de se distancier du con
36. sages pr coces apprentissage ou conditionnement Les Cahiers du Centre de Recherche Formation Enfance Adolescence n 1 pp 75 78 Favre C et Favre D 1991 Naissance du quatri me type Une approche transdisciplinaire de l volution humaine d Le Souffle d Or Barret le Bas Favre D et Rancoule Y 1993 Peut on d contextualiser la d marche scientifique article para tre dans la revue Aster n 16 Fuster J M 1989 The prefrontal cortex Anatomy Physiology and Neuropsychology of the frontal lobe Raven Press New York Gaspard P et Berger B 1989 Aspects volutifs des circuits monoaminergiques du cortex pr frontal des rongeurs aux primates non humains et l homme Actes du 3 me Colloque National des Neurosciences Montpellier 9 12 mai Giordan A et De Vecchi G 1987 Les origines du savoir des conceptions des apprenants aux concepts ds Delachaux et Niestl Neuch tel Paris Goodglass H and Kaplan E 1979 Assesment of cognitive deficit in the brain injuried patient In Hand book of behavioral neurology vol 2 Neuropsychology 3 22 Plenum press New York and London Grafman J Vance S C Weingartner H Salzar A M and Amin D 1986 The effects of lateralized frontal lesions on mood regulation Brain 109 1127 1148 Grant D A and Berg E A 1948 A behavioral analysis of degree of reinforcement and ease of shifting to new responses in a Weigl type card sorting problem J Exp Psychol 38
37. science gt gt en se r f rant L homme neuronal Changeux 1983 Dans cet ouvrage il utilise la m taphore de l mergence de l iceberg hors de l eau pour illustrer ce que repr sente ses yeux l mergence de la conscience par rapport au substrat neuronique Pour lui il ne y 2 Cf galement le chapitre La localisation des fonctions psychiques sup rieures pp 57 85 in JEANNEROD M 1996 De la physiologie mentale Odile Jacob Paris para t donc pas exister de discontinuit entre espace psychique et espace neuronique la conscience est ce syst me de r gulation en fonctionnement page 211 3 Avec le vieillissement se produit quelquefois une d g n rescence des cellules nerveuses Dans la plupart des cas le syst me nerveux poss de des capacit s d auto r paration mais en cas de d g n rescence on a observ que chez un certain nombre d individus ce sont surtout et en premier les lobes frontaux qui sont touch s et eux ne se r parent pas Terry et coll 1991 Le nombre de synapses cholinergiques diminue les neurones sont remplac s par des tissus cicatriciels inertes sur le plan fonctionnel et on voit appara tre les signes d un hypofonctionnement frontal la concentration intellectuelle devient difficile le changement d habitude souvent impossible la d pendance par rapport l entourage s accroit la r sistance la frustration diminue on dit souvent que ces personnes retombent en enfance La
38. t l int gration temporelle de donn es non spatiales ce qui devrait ainsi fournir un sujet humain cette fois ci la possibilit neurobiologique de se construire progressivement et partir de ses exp riences une repr sentation du temps Ce type d exp rience permet alors peut tre de mieux comprendre pourquoi les humains l s s frontaux peuvent r ussir des tests de m moire ou de QI mais ne parviennent pas ext rioriser des conduites planifi es dans le temps dans la mesure o ce sont les examinateurs qui lors de la passation du test vont organiser temporellement pour eux les diff rentes t ches que les sujets doivent effectuer palliant ainsi le r le de leurs lobes frontaux d faillants En se rappelant que les lobes frontaux humains sont galement activ s lors d une action d lib r e est ce que cette possibilit d tendre dans le temps une action ne devrait pas jouer un role important dans cette capacit d apprentissage accrue par rapport aux autres primates que les sujets humains aux lobes frontaux fonctionnels ext riorisent au cours de leur existence 9 IV Repr sentation du temps et apprentissage Du pr c dent survol des propri t s des lobes frontaux il r sulte des arguments d ordre neurobiologique indiquant que ces structures doivent participer a la construction de notre repr sentation du temps et a la planification de nos actions et des arguments d ordre clinique montrant qu une d faillance des
39. ude au contexte non pr cis et soumises aux projections de leur auteur d finit un paradigme de traitement dogmatique des informations P T D L Ces paradigmes sont caract ris s par huit attitudes cognitives ou mani res de disposer et diriger son esprit dans l acte de conna tre oppos es deux deux selon 1 le mode de formulation 2 le mode de situation par rapport aux connaissances 3 le mode d tablissement de la preuve 4 le mode de relation avec la subjectivit Pour chacun de ces modes repr sent s par un diff rentiel lt gt un curseur mobile permet de rep rer les SScientifique est pris dans son sens restreint non dogmatique nombreuses positions interm diaires possibles entre les extr mes th oriques repr sent s par le 100 Paradigme de traitement Utilisation e d nonc s implicites Sous forme de dogmes pr jug s opinions Construction de g n ra lisations abusives Attitude projective Paradigme de traitement scientifique des informations Formulation d hypoth ses de mod les provisoires Recherche des contre vidences pour pr ciser le domaine de validit d un nonc Attitude r flexive prise en compte de sa propre subjectivit DEPLACEMENT FAVORISANT LA DEMARCHE SCIENTIFIQUE ET L APPROPRIATION DES CONNAISSANCES Le P T D I a pour finalit
40. ulaires Elles n entra nent pas la mort comme c est le cas lorsque l hypothalamus ou le bulbe rachidien sont l objet d une l sion ni m me de paralysie comme lorsque certaines parties du cortex sont atteintes Les tests de m moire ou les tests cognitifs mesure de QI ne montrent pas de d ficits tr s sensibles plus marqu s sont les troubles de l humeur en effet les sujets l s s frontaux supportent mal les frustrations Lhermitte et coll 1986 En revanche les capacit s planifier dans le temps une activit r aliser une t che non routini re et s adapter la nouveaut sont tr s amoindries chez les sujets l s s Milner et Petrides 1984 Lhermitte et coll 1986 Fuster 1989 Ces tudes semblent montrer une corr lation entre le fonctionnement normal des lobes frontaux et le d veloppement des activit s au sein d une temporalit ouverte non r p titive Comme la capacit se projeter dans le temps diff rer la satisfaction d un besoin ne semblent se d velopper que progressivement chez un enfant et que les l ves en difficult ou en chec dans le syst me scolaire sont souvent d crits comme d termin s par un sentiment d imm diatet qui les rend peu aptes laborer des projets P Maubant 92 il m a paru heuristique bien qu os compte tenu des limites pist mologiques qui s parent les disciplines impliqu es de d crire les fonctions actuellement reconnues aux lobes frontaux humains et en p
41. ut the frontal lobes grafted in parallel onto the rest of the brain are themselves modulated by and functionally interrelated with the emotional brain We may be able to invent more appropriate teaching systems by taking into account this interrelation in the various reading scales that we may have of education Introduction Les lobes frontaux humains repr sentent d un point de vue volutif les structures nerveuses n ocorticales les plus r centes Ce sont galement celles dont la maturation s ach ve en dernier puisque la fin de la my linisation des fibres nerveuses des lobes frontaux est observ e vers l ge de 15 16 ans L importance du volume des lobes frontaux s accro t en effet au cours de la phylogen se pour constituer chez l homme environ 29 de la totalit du cortex ce qui repr sente un record absolu chez les primates Le d veloppement des lobes frontaux et du n ocortex en g n ral repr sente cependant un cas singulier parmi les esp ces animales dans la mesure o il s est produit assez rapidement S il faut en effet 500 millions d ann es l volution pour produire des Homo habilis capables d inventer et de cr er des outils avec un cerveau de 500 cm3 environ tr s proche l poque de celui de notre plus proche cousin le chimpanz avec qui nous partageons actuellement 98 4 de notre information g n tique Savatier et al 1987 il ne lui faudra que 3 4 millions d ann es pour tripler ce volume c r
42. ux m senc phaliques et bulbaires qui r gulent et adaptent les fonctions v g tatives et dont l activit biologique est corr l e avec un ressenti d ordre motionnel ou affectif projettent un nombre important de fibres cholinergiques dopaminergiques ou nor adr nergiques sur les lobes frontaux Inversement ceux ci innervent la plupart des structures nerveuses plus anciennes phylog n tiquement formant un tr s grand nombre de boucles nerveuses s inter r gulant mutuellement sur le plan fonctionnel Fuster 1989 p 31 et 177 Cet aspect doit tre soulign car on a pens pendant une longue p riode que le fonctionnement du cerveau frontal tait modul par les structures sous jacentes appartenant notamment au syst me limbique mais qu inversement il ne pouvait pas contr ler ces structures Cette forte interconnexion r ciproque entre les lobes frontaux et le cerveau associ aux affects et aux motions a conduit certains auteurs comme Nauta appeler les lobes frontaux the visceral brain Une fa on de se repr senter le r le des lobes frontaux consiste consid rer le syst me nerveux comme un lieu o sont trait es des informations transduct es par les r cepteurs sensoriels en provenance de l environnement d un individu perception ce traitement permet au cerveau d laborer une r ponse c est dire une action et de pr parer ainsi notre organisme cette action Il est possible de rep rer diff rents lieux de traiteme
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