Ce qui a changé
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1. tre autrement Au commence ment l espace sc nique le vide de cet espace 19 la Cour d honneur du Palais des papes en Avignon prise pour ce quelle est un plateau nu et la fa ade du Palais Puis l attaque d sormais c l bre du spectacle Romeo Castellucci entrant lui m me en sc ne comme pour signifier qu il n y a que cela rien d autre que cet espace et le geste d un artiste qui va l investir lan ant Je m appelle Romeo Castellucci avant de s harnacher vue et de se livrer aux chiens mouvement r el s il en est non reproductible fondant ce th tre comme performance Puis une seconde performance faisant 332 Departamento de Literatura Facultad de Ciencias Humanas Universidad Nacional de Colombia sede Bogot Literatura teor a historia cr tica vol 13 n 1 enero junio 2011 ISSN 0122 011X succ der Phorizontalit du plateau la verticalit de la fa ade qu en treprend d escalader un acteur acrobate Une fois pos s l espace et le geste dans sa dimension performative le spectacle pourra lib rer les puissances terribles de la r p tition Peu importe que nous les percevions comme telles ou trangement adoucies elles ne repr sentent rien elles agissent seulement et agissent sur nous par les voies de cette douceur qui est comme le nom de sc ne de la po sie de Dante P le m le dans le d sordre de la m moire e Lenfant faisant rebondir son bal2. uvre 3 Lors de sa le on inaugurale au Coll ge de France le 11 mars 2010 330 Departamento de Literatura Facultad de Ciencias Humanas Universidad Nacional de Colombia sede Bogot Literatura teor a historia cr tica Vol 13 n 1 enero junio 2011 ISSN 0122 011X d art Que celle ci ne s arr te pas elle m me mais soit un passage vers le monde C est bien cela qui pourrait s tre perdu aujourd hui L motion qui me saisit devant Inferno est r elle Elle se prolonge au del du temps de la repr sentation C est un spectacle qui me hante Mais je ne parviens que difficilement mettre des mots sur cette motion la transmuer en discours Quand je cherche le faire il me semble l appauvrir Si pens e il y a cest une pens e avant le langage Danan 1995 167 168 Une pens e en images en sons en sensations prouv es le temps du spectacle et dont la m moire garde la trace plus profond ment que toute captation mieux qu elle revivifie par son jeu propre car en se repassant le film elle le r invente sarr te sur une image transforme les rythmes refait le montage Dire qu Inferno me hante c est dire que je porte en moi ce mat riau mouvant d sormais intime m me d tre investi et r labor par ma propre pens e Cela fonctionne somme toute assez exactement comme une exp rience v cue et v cue avec assez d intensit pour que toute pens e raisonnante se trouve su
3. reconna tre dans une pro bl matique La sc ne tait la fois hors de lui le mettant en position de juge et en lui o se trouvait l enjeu que la repr sentation lui permettait d int rioriser Avec Brecht encore les choses taient simples Encore plus simples m me Le th tre pique brechtien creusait en fin de compte la ligne de faille s parant le juge de l enjeu Invit se mettre distance de ce personnage que la dimension parfaitement 1 L expression monstre naissant est dans la pr face de Racine 327 Joseph Danan CE QUI A CHANG dramatique plus en tout cas qu il ne voulait l avouer de son th tre pique lui pr sentait au risque de l identification le specta teur voyait s carter en lui le juge et l enjeu jusqu objectiver autant que faire se peut ce dernier Le th tre de Brecht restait profond ment un th tre de la fable un th tre qui cherchait constamment rendre visible le lien de nature entre la fable et le sens Plus encore s il se peut que dans tout le th tre classique la fable s y soumet la loi du sens Le th tre brechtien est un th tre qui ne se contente pas de vous faire penser il vous dit ce qu il faut penser Cest ce qui le rend insupportable aujourd hui Avec Beckett m me les choses taient simples Encore simples Car le non sens ce point exhib est encore du sens Les clochards dEn attendant Godot Hamm
4. A CHANG la difficult de la notion de r p tition telle que la constitue Deleuze Celle ci est en effet pour lui r p tition r ellement accomplie d actions r elles r ellement accomplie et non repr sent e toute la difficult est l rejou e sans pour autant d signer un ailleurs mim tique La r p tition interne un spectacle ne pourrait elle pas alors tre consid r e comme la mise en abyme ou la d signation de cette r p tition fondatrice C est une hypoth se qui m riterait d tre creus e tant la r p tition variation est devenue une figure constitutive de nombre de spectacles aujourd hui voire une alter native musicale chor graphique rythmique toute dramaturgie Danan 2010 55 62 De quels mouvements s agit il dans Inferno Ce ne sont jamais ceux de personnages mais ceux d acteurs de performeurs Ce sont eux leurs corps et leurs visages leurs vies m mes qui peuplent cet enfer l si enfer il y a mais il faut faire confiance au titre c est notre seule cl pour entrer dans le spectacle Un passe partout qui fonctionne tout coup tant l uvre se situe un niveau de g n ra lit bien plus grand que l uvre source Le titre aimante et oriente le sens Au risque de l appauvrir Ainsi donc l enfer c est cela Des corps qui s treignent fugitivement et n arrivent pas s aimer La cha ne sans fin du meurtre de l autre et r ciproquement la r p ti tion du premier meu
5. Universidad Nacional de Colombia sede Bogot Literatura teor a historia cr tica vol 13 n 1 enero junio 2011 ISSN 0122 011X CE QUI A CHANG Joseph Danan Universidad Par s 111 Sorbonne Nouvelle joseph danan univ paris3 fr UTREFOIS LES CHOSES TAIENT SIMPLES Le spectateur qui allait au th tre se voyait raconter une histoire Edifiante ou belle simple ou compliqu e voire nigmatique cette his toire lui disait quelque chose C est par rapport elle que sa pens e se positionnait Cest elle qui mettait sa pens e en mouvement La naissance du monstre N ron dans Britannicus de Racine pouvait tre un ph nom ne complexe ambig e difficile appr hender et plus encore pour nos contemporains qui ont vu seffacer les rep res qui purent fonder la psychologie et la morale les donn es du pro bl me taient sinon simples du moins expos es du moins d chif frables Mises sous le regard de tous pour une expertise crois e une confrontation des points de vue une prise de position singuli re Le spectateur tait plac devant une repr sentation dont il tait comme l a dit Bernard Dort la fois le juge et l enjeu 1995 274 Cette double position n tait possible que parce qu il y avait de la mim sis Cest elle qui faisait de lui un spectateur concern susceptible de s identifier des personnages ou pour le dire d une mani re moins sommaire et sans doute plus juste de se
6. e Colombia sede Bogot Literatura teor a historia cr tica vol 13 n 1 enero junio 2011 ISSN 0122 011X possibilit de fable m me minimale se d robant c est il faut bien le constater la possibilit de construire du sens partir de la repr sen tation qui tend se d rober aussi Il faut expliciter encore ce point Le spectateur de th tre aime bien qu il se passe quelque chose est d rout quand il ne se passe rien A la question de Hamm Qu est ce qui se passe qui est la question qui fonde la conception mim tique de l action Clov pou vait encore r pondre Quelque chose suit son cours Beckett 1957 49 Mais qu en est il quand la r ponse est rien ce rien vulgairement renvoyant la mim sis une conception mim tique de l action sc nique Toute projection se trouve t elle annihil e Et avec elle alors toute possibilit d laborer une pens e partir des l ments du drame puisqu il n y a plus de drame Le spectateur serait alors renvoy une pure motion esth tique ineffable non interpr table impensable Le th tre n a jamais t aussi deleuzien qu aujourd hui Depuis longtemps la mani re dont Deleuze pense le cin ma comme pro duisant une pens e avec ses moyens propres m a servi de guide pour approcher le th tre Et longtemps je me suis attach la mani re dont le drame en ce qu il est une des sp cificit s du th tre prod
7. e une coupure radicale entre l uvre et son spectateur 2008 Premier temps d une exp rience qu il emportera avec lui au sortir de la repr sentation et qui pourra dans les meilleurs des cas accom pagner sa vie Je comprends que lon ait la nostalgie d un temps o le th tre revendiquait son appartenance au moins partielle la litt rature 335 Joseph Danan CE QUI A CHANG Peut tre avons nous r ellement perdu quelque chose en nous loi gnant de la fable de la puissance structurante du drame et de la pa role comme vecteur au moins d un premier niveau de sens comme un sol o prendre pied Ce nest certes pas une disparition on conti nuera monter des classiques et des classiques contemporains et m me des uvres dramatiques nouvelles Reste que ces deux tats du th tre qui coexistent aujourd hui dans un champ de tensions et de contradictions ne pourront plus tre pens s quensemble Du moins le premier l ancien ne peut il plus tre pens et pratiqu hors du second Le second le nouveau sest peut tre d j dans ses r alisations les plus abouties comme Inferno mancip du premier Bibliographie Dort Bernard 1995 Le Spectateur en dialogue Paris P O L Beckett Samuel 1957 Fin de partie Paris Minuit Chevallier Jean Fr d ric 2004 Le geste th tral contemporain entre pr sentation et symboles L Annuaire th tral Revue qu b coise d tudes th t
8. et Clov dans Fin de partie toutes les figures des premi res pi ces de Beckett n chappent ni l effet de personnage ni plus globalement la mim sis Relevant au contraire de ce que Jean Pierre Sarrazac appelle le drame de la vie 2007 une sorte de drame essentiel minimal de drame sans les atours du drame ils nous renvoient cruellement nous m mes nos vies sans transcendance Je pourrais multiplier les exemples car ils concernent finalement la totalit de la forme dramatique jusque dans ses avatars les plus loign s d un suppos mod le canonique que lon pourrait rapporter ce que Szondi nommait le drame absolu 2006 Cest que ce qui la fonde cest bel et bien la possibilit de la mim sis et avec elle du personnage D s lors des actions peuvent tre repr sent es sur sc ne fussent elles des micro actions apparemment d connect es de tout projet densemble susceptibles par l m me de renvoyer le spectateur sa propre exp rience De lui permettre de l observer et de la juger De lui donner du sens ou pas De vouloir la transformer ou pas Ce qui change en profondeur notre rapport au th tre c est lorsque celui ci chappant toute mim sis chappe par l au drame laissant le spectateur orphelin du double sp culaire que la sc ne lui offrait Le pla ant devant des spectacles dans lesquels toute 328 Departamento de Literatura Facultad de Ciencias Humanas Universidad Nacional d
9. l autre la personne de l autre comme un autre soi m me Cest le sens qui se d gage pour moi de ce moment peut tre le plus fort d Inferno o des tres singuliers mais quelconques quelconques mais singuliers viennent tour de r le se pr senter nous en nous offrant leurs visages Rien d autre que cela et c est en cela que quelque chose comme une essence de cet art comme art de la pr sence nous est donn ce moment l Presque comme un mode d emploi une autre cl propre au th tre celle l La question on le voit pour ce qui est comme on dit de ce qui fait sens nest pas prioritairement celle du texte ou de ce qui peut pallier son absence mais celle de la convocation de pr sences qui renvoient la mienne propre et ma propre vie minterrogent et n interrogeant me conduisent vers des r seaux infinis de sens Cette pens e l si g n rale soit elle ne saurait tre rabattue sur celle des arts plastiques comme on le dit peut tre trop ni m me de la musique Elle est propre ce que peut penser et faire penser puisque ce nest que de cela qu il s agit le th tre Un th tre qui nous laisse dans la solitude de notre pens e suscit e veill e d rou t e par les images que la sc ne propose dans un jeu d associations et d vocations qui n appartient qu soi en roue libre par rapport au spectacle mancip e comme le dit Jacques Ranci re lorsqu il postul
10. lon sur le sol sonoris et c est comme si le son amplifi faisait s illuminer par clairs la fa ade du Palais des papes e Les corps des damn s ou plus prosa quement de la cin quantaine de figurants roulant sur la sc ne comme en une s rie de vagues tels des mouvement ou des gestes s laborant avant les corps organis s e Le geste de tuer mais sans repr sentation juste un mou vement du doigt passant sur une gorge juste une r p tition celle d une cha ne que rien ne semble pouvoir arr ter sauf l arbitraire du temps sc nique ou d un rythme d une composition le geste passant de l un l autre indiff rent aux corps comme s il ne leur appartenait pas e Des enfants qui jouent dans une cage de verre jusqu ce qu un voile noir descende sur eux et les d robe notre vue mais ils continueront jouer sans fin possible e Des corps qui s treignent e Des corps qui se laissent tomber en arri re bras ouverts dans Pab me Si tout nest pas de l ordre de la r p tition je vais y revenir tout est de l ordre du mouvement des trac s dans l espace de l espace lui m me qui s anime Or chez Deleuze cest bien le mouvement qui caract rise fondamentalement ce th tre que j appellerais plus volontiers la suite de Jean Fr d ric Chevallier 2004 th tre de la pr sentation par opposition repr sentation afin de contourner 333 Joseph Danan CE QUI
11. rales 36 Danan Joseph 1995 Le Th tre de la pens Rouen M dianes Danan Joseph 2001 Pour une pens e action le th tre de Musil Registres 6 Danan Joseph 2010 Quest ce que la dramaturgie Paris Actes Sud Papiers Deleuze Gilles 1968 Diff rence et r p tition Paris PUF Lyotard Jean Fran ois 1994 La dent la paume In Des dispositifs pulsionnels Paris Galil e Ranci re Jacques 2008 Le Spectateur mancip Paris La Fabrique Sarrazac Jean Pierre 2007 La reprise R ponse au postdramatique Etudes th trales 38 39 Szondi Peter 2006 Th orie du drame moderne Trad de Sybille Muller Strasbourg Circ Vinaver Michel 1993 Ecritures dramatiques Arles Actes Sud 336 Departamento de Literatura Facultad de Ciencias Humanas
12. rtre Pourtant d s lors que cela r sonne en nous que nous int riori sons ces figures s adressant nos propres vies elles lib rent des pos sibilit s in dites de sens qui sera celui ceux multiples que nous pourrons leur donner et donner nos vies spectateurs de l enfer ou plut t spectateurs tout simplement d une sc ne sans m taphore ni ailleurs laquelle nous pouvons si nous le voulons donner le nom d enfer susceptibles un moment ou un autre d tre notre tour sur la sc ne l instar de ces figurants qui sont de toute 5 Jean Fr d ric Chevallier a crit des pages clairantes l dessus dans un essai encore in dit sur Deleuze et le th tre 6 Pour reprendre une expression que Michel Vinaver applique aux uvres dra matiques 1993 904 334 Departamento de Literatura Facultad de Ciencias Humanas Universidad Nacional de Colombia sede Bogot Literatura teor a historia cr tica vol 13 n 1 enero junio 2011 ISSN 0122 011X vidence une n cessit du spectacle C est ce que peut symboliser l image de ce velum qui viendra nous recouvrir et nous englober dans le spectacle S il ny a pas de mim sis donc nulle identification des cr atures de fiction il semble qu un spectacle comme celui ci offre la possi bilit d un autre mode de reconnaissance sp culaire probablement m me plus direct par identification non un personnage mais
13. spendue le temps de l exp rience mais qui pourra nourrir notre pens e notre facult produire de la pens e et de la parole longtemps apr s pendant toute une vie parfois Apr s Artaud et Craig la pens e de Deleuze celle de Lyotard 1994 ont marqu souterrainement la sc ne th trale de ces qua rante derni res ann es De Deleuze on conna t ces lignes crites propos de Kierkegaard et de Nietzsche qui figurent dans les premi res pages de Diff rence et r p tition Il s agit de pro duire dans l uvre un mouvement capable d mouvoir l esprit hors de toute repr sentation il sagit de faire du mouvement lui m me une uvre sans interposition de substituer des signes directs des repr sentations m diates d inventer des vibrations des rota tions des tournoiements des gravitations des danses ou des sauts 4 Sur cette valeur d exp rience ou d v nement de la repr sentation th trale voir Joseph Danan 2010 Quest ce que la dramaturgie et aussi Jean Fr d ric Chevallier 2004 Le geste th tral contemporain entre pr sentation et symboles 331 Joseph Danan CE QUI A CHANG qui atteignent directement l esprit Cela cest une id e d homme de th tre une id e de metteur en sc ne en avance sur son temps 1968 16 17 Kierkegaard et Nietzsche fondent par l dit il le th tre de Pavenir en m me temps qu une philosophie nouvelle Ce
14. th tre ne dirait on pas que cest la danse qui accomplit Certes Mais dans l effacement des fronti res entre th tre et danse qui caract rise la sc ne actuelle c est aussi le th tre Car le th tre dit Deleuze c est le mouvement r el et de tous les arts qu il utilise il extrait le mouvement r el 18 C est le mouvement de la Physis et de la Psych 18 qu il oppose au faux mouvement h g lien 16 qui propose un mouvement du concept abstrait 18 Deleuze d veloppe ensuite sa conception d un th tre de la r p tition dans lequel on prouve des forces pures des trac s dyna miques dans l espace qui agissent sur l esprit sans interm diaire et qui l unissent directement la nature et l histoire un langage qui parle avant les mots des gestes qui s laborent avant les corps organi s s des masques avant les visages des spectres et des fant mes avant les personnages tout l appareil de la r p tition comme puissance terrible 19 Tout dans cette derni re citation pourrait constituer le programme d Inferno sauf peut tre les masques Car le spectacle de Castellucci ne semble compos quainsi la diff rence de Purgatorio qui r introduit de la fable quelles que soient les distorsions que lui impose le traitement du reste profon d ment diff rent de celui d Inferno et de Paradiso une simple installation mais pouvait il en
15. tre l id e courante f t elle implicite que la pens e sexprimerait dans les interruptions ou les pannes de l action nous avan ons qu ils pensent dans le mouvement m me de l action que c est ce mouvement l action qui pense Nous nommons cette pens e non conceptuelle pens e de la pi ce puisque c est la pi ce qui au travers de ses formes pense Danan 170 Que se passe t il donc quand le th tre allant du c t duquel en fait regardait Deleuze de la danse ou de la performance se consti tue en dehors de la mim sis Je n appuierai sur l exemple d Inferno de Romeo Castellucci cr en 2008 au Festival d Avignon Arracher le th tre la litt rature dit Jacques Nichet dans le droit fil d Artaud dont Castellucci se r clame et de Craig Il aura fallu pr s d un si cle pour cela mais nous y sommes d sormais Comment penser ce th tre qui ne doit plus rien la litt rature le texte de Dante trangement absent d Inferno et plus grand chose aux cat gories du drame Et que pense t il lui qui se passe volontiers des mots pour penser Et nous fait il penser autre chose qu lui en tant qu art Ou bien devons nous consentir nous en tenir la seule motion esth tique Pour Eisenstein l motion tait le levier qui permettait de mettre en mouvement la pens e Danan 1995 164 Encore fallait il et c tait le cas dans son cin ma qu il y e t une transitivit de l
16. uit de la pens e avec ses moyens propres Mais les moyens propres de ce que j ai pu appeler pens e du drame taient bien ceux qui per mettaient d organiser l action dans son sens mim tique et les autres constituants du drame marqueurs spatio temporels notamment poussant certes parfois aux limites de la mim sis mais toujours au sein du drame Je me permets de reproduire ici quelques lignes d un article dans lequel j essayais de cerner cette pens e du drame Danan 2001 Je commen ais par citer Deleuze Les grands auteurs de cin ma nous ont sembl confrontables non seulement des peintres des architectes des musiciens mais aussi des penseurs Ils pensent avec 2 On se souviendra avec int r t des r pliques qui suivent celle ci HAMM On nest pas en train de de signifier quelque chose CLOv Signifier Nous signifier Rire bref Ah elle est bonne 49 329 Joseph Danan CE QUI A CHANG des images mouvement et des images temps au lieu de concepts 1983 7 8 pour poursuivre ainsi Nous en dirons autant mutatis mutandis des grands auteurs de th tre qu ils pensent avec des figures qui sont celles du drame en tr es sorties actions physiques parole action mise en abyme qu ils pensent par le montage et dans ses interstices au moins autant que par les mots montage des sc nes des s quences et micro s quences des r pliques Con
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