Entreprendre grâce à l`entrepreneuriat social :
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1. organisation qui l emploie tandis que l entrepreneur entreprend pour lui m me ce dernier a d embl e un pouvoir de d cision alors que le premier doit convaincre pour l obtenir l un risque son argent pendant que l autre met en jeu sa cr dibilit personnelle celui l est certain de profiter des fruits de ses innovations r ussies mais celui ci reste d pendant de la g n rosit variable de son employeur pour finir l entrepreneur se choisit lui m me tandis que l intrapreneur doit tre choisi par l organisation La taille de l organisation joue un r le dans l expression de ces salari s dans les PME qui ont cr 440 000 emplois entre 2007 et 2008 soit avant le d but de la crise r cente contre 34 000 destructions pour les plus grandes Pole Emploi 2009 l intrapreneuriat pr sente des caract ristiques originales l intrapreneur est plus vite identifi la synergie avec l entrepreneur est plus naturel qu avec le gestionnaire hi rarchique de la grande entreprise le contexte relationnel plus convivial est facilitateur l intrapreneur per oit diff remment la promotion il lui est plus difficile de garder l anonymat Carrier 2000 L importance du dirigeant dans la PME fera de lui selon sa capacit partager ses pr rogatives un catalyseur Texte ou un frein Dans ce second cas l une des issues envisager pourra tre l externalisation par le biais de l entrepreneuriat2. ainsi que de type d activit Pr cisons que si la plupart des membres de cette CAE taient qualifi s et exp riment s cette diversit est n anmoins limit e par le nombre restreint d interview s D autre part pour des raisons de proximit et de r seau social li notre propre pratique notre chantillon est donc constitu d entrepreneurs salari s de la CAE dans laquelle nous avons exerc Une recherche exploratoire comporte souvent une collecte de donn es effectu e sur un chantillon de convenance ibid Ceci a sans doute facilit la programmation des entretiens dans des d lais courts li s alors au colloque sur les SCOP Cependant la connaissance mutuelle est source de biais potentiels sur lesquels nous reviendrons en conclusion Notons par ailleurs que nous avons partiellement utilis la m thode boule de neige par exemple une fois l un des entrepreneurs identifi et interview nous lui avons demand de nous r f rer un autre entrepreneur que nous ne connaissions pas puisqu il n tait pas engag dans la CAE lorsque nous y avons oeuvr Texte Nous avons men des entretiens semi directifs centr s Romelaer 2005 d une dur e comprise entre 45 minutes le seul par t l phone et 1h45 Parmi les th mes du guide initial de l interviewer figuraient certains de ceux propos s en vue du colloque initial en particulier les comp tences et l identit professionnelle Le ma
3. e par la CAE D ailleurs tous les interview s connaissent le Travail Temps Partag et quatre consid rent l exercer au sein de la CAE Vilette 2009 Paradoxalement le seul avoir une perception diff rente est le co fondateur alors qu il tait adh rent de cette association au moment de la cr ation de la CAE comme les cinq autres co fondateurs le futur directeur ayant m me t co fondateur puis pr sident de CTP Texte Tentons d analyser cette absence d app tence pour la coop rative Tout d abord si le Travail Temps Partag fait partie pour certains comme indiqu pr c demment de leurs trajectoires de vie celles ci ne leur ont pas donn l occasion de conna tre le milieu coop ratif Ensuite en termes d attentes vis vis de la CAE tous voquent l aide administrative factures salaires tenue des comptes que l on peut obtenir dans d autres types de structure Ils mentionnent galement l accompagnement souvent par diff rence avec le portage plus caract ristique du contexte coop ratif l image de Patrice Patrice a la quarantaine et 3 ans et demi d anciennet dans la CAE Apr s une Ma trise de droit il est 2 ans vacataire l Education Nationale Il va ensuite se lancer dans l administration de biens Les 12 ans d exp rience dans ce domaine s interrompent brutalement Il suit alors une formation de formateurs pour dispenser de la formation e
4. les interview s se focalisent sur leurs comp tences individuelles m tier au d triment de celles sp cifiques l entrepreneur d autre part l image positive affich e sur le plan collectif chaque CAE qui na t comme structure d appui la cr ation d activit et grandit comme entreprise mesure de son appropriation par ses entrepreneurs salari s qui est con ue pour accompagner des d marches entrepreneuriales individuelles et qui nourrit sa croissance des pratiques entrepreneuriales collectives qu elle g n re Veyer et Sangiorgio ibid n est pas refl t e par les interview s les comp tences collectives ne parviennent pas se construire ce qui peut en partie s expliquer par le fait que la CAE n est plus tout fait une coop rative de production Elle est une coop rative d ducation coop rative Draperi 2014 p 221 Quant au choix non d lib r de travailler dans une coop rative il ne vient pas appuyer l id e que pour ces nouveaux dirigeants de l conomie sociale la cr ation d entreprise autre est largement li e au fait qu ils ne se reconnaissaient plus dans les objectifs et les m thodes manag riales employ es au sein de la fonction publique ou de l entreprise classique Darbus et Lazuech ibid p 16 Soulignons n anmoins que ces personnes sont certes salari es comme les ES mais exercent bien un r le de direction Cependant plusieur
5. par recours la forme PME PMlsation ce qui donne l occasion aux salari s concern s l intrapreneur au premier chef de continuer l activit en la reprenant leur compte Paturel 2000 Comp tences et identit professionnelle des entrepreneurs salari s De par ses fondements l conomie sociale et solidaire constitue un projet tr s ambitieux et prometteur pour les ressources humaines Everaere 2011 p 17 Elle n implique pas pour autant des supports originaux Ainsi dans les SCOP qui nous int ressent plus particuli rement les outils de gestion de ressources humaines ne sont pas fondamentalement diff rents de ceux de l entreprise classique Math et Rivet 2003 De m me le vocabulaire utilis dans celle ci peut g n rer un rejet dans celles l par exemple le concept de GRH est souvent mal per u par les dirigeants d conomie sociale parce qu il est souvent associ dans leur esprit une conception capitaliste des travailleurs comme constituant une ressource exploiter au m me titre que les autres ressources financi res mat rielles nerg tiques etc de l entreprise Davister 2006 Malgr tout comme dans tout collectif de travail les dirigeants de PESS ont traiter les probl matiques de management autour de la question cl des comp tences Everaere ibid p 21 Celle ci est d ailleurs pos e de mani re significative dans les CAE comme nous l av
6. Innover au service de l int r t g n ral Vuibert Bataille F 2001 Comp tence collective et performance Revue de Gestion des Ressources Humaines n 40 p 66 81 Bataille Ch dotel F et Huntzinger F 2002 Quelle gouvernance pour les soci t s coop ratives de production Actes du 6 CIFEPME HEC Montr al Bayle Cordier J et Stervinou S 2013 Les Scop et l entrepreneuriat social Revue Internationale PME vol 25 3 4 p 123 154 Texte Bodet C De Grenier N et Lamarche T 2013 La coop rative d activit s et d emploi la recherche d un mod le productif Recma n 329 Boncler J et Hlady Rispal M 2003 Caract risation de l entrepreneuriat en conomie solidaire Editions de l Adreg Brasseur M 2009 Introduction in Brasseur M coord Entrepreneuriat et insertion Bruylant Carrier C 2000 L intrapreneuriat A la recherche de complices innovants et entreprenants in Verstraete T dir Histoire d entreprendre Ems p 199 210 Charles Pauvers B Schieb Bienfait N et Urbain C 2004 La comp tence du cr ateur d entreprise innovante quelles interrogations Revue internationale PME vol 17 1 Charles Pauvers B et Schieb Bienfait N 2005 L entrepreneur salari une forme innovante de maintien de l identit professionnelle Actes du 16 Congr s de l AGRH Paris Dauphine Charles Pauvers B et Schieb Bienfa
7. approche la cinquantaine Elle est entr e dans la CAE il y a 15 mois Ing nieur informatique de l Institut Sup rieur des M tiers elle a d abord t manager d quipe support chez un grand constructeur avant d voluer vers la fonction RH en particulier GPEC Elle d veloppe aujourd hui une activit d accompagnement et de formation en management et en communication La dimension conomique est moins pr sente La rentabilit n est pas dans le discours coop ratif Il y a une certaine ambigu t entre la rentabilit et le social dans notre Texte coop rative Elle a un positionnement tr s particulier avec plus le souci de rentabilit que dans les autres mais sans d perdition de la dimension humaine Cette diff rence avec la litt rature dominante se retrouve n anmoins chez certains auteurs ainsi un glissement conduit les structures de l conomie sociale en particulier celles qui se trouvent directement confront es aux r gles du march se rapprocher du point de vue des pratiques manag riales des entreprises classiques Ce glissement est particuli rement visible du c t des coop ratives d activit s et d emploi Darbus et Lazuech 2010 La copropri t de la coop rative et la prise de d cisions associ e ne sont pas toujours valoris es Comme indiqu initialement la participation au capital donne au coop rateur un pouvoir de d cision Celui ci est cens l
8. essuy tellement d checs En fait je me suis construit une identit professionnelle partir d un puzzle Si nous cherchons utiliser la grille de Dubar pour nos interview s nous pouvons consid rer que tous taient en rupture quand ils ont int gr la CAE Par contre vis vis de cette derni re les deux premiers sont sans doute dans un processus identitaire d entreprise le premier comme co fondateur la seconde en devenant permanente mi temps c est dire que la CAE lui fournit une activit assurant un salaire 50 d un ETP pour accompagner les nouveaux arrivants Les troisi mes et quatri me semblent glisser vers une identit de hors travail eu gard leurs difficult s g n rer du chiffre d affaires et leurs activit s b n voles dans des domaines culturels connexes Enfin le dernier tendrait vers une identit de r seau au titre de la formation suivie pour pr parer un dipl me professionnel Si nous nous sommes initialement plut t int ress l identit individuelle nous avons n anmoins rappel l identit forte et duale des SCOP Ch dotel et Pujol infra Texte Or dans la CEA tudi e alors que les ES se pr sentent au titre de la CAE dans leurs d marches commerciales ils ne s identifient pas ou peu celle ci de par leur relative autonomie de fonctionnement ce sont mes clients pas ceux de la coop rative D ailleurs leur repr sen
9. impliquer davantage dans la coop rative La participation aux d cisions est souvent avanc e comme une source importante de motivation et de coop ration entre les membres L id e principale est que les salari s s investiront d autant plus dans leur travail qu ils se sentiront en mesure de peser sur les d cisions qui les concernent et concernent leur entreprise Fauvy 2009 p 145 Cette caract ristique se retrouve assez logiquement dans les CAE Le fait que tout salari peut devenir associ fait tendre choisir non plus seulement sur des crit res techniques mais aussi sur une app tence la copropri t de l outil de production et la finalit sociale de l entreprise citation de CS coop rative d activit s et d emploi Everaere ibid p 26 Pourtant dans la CAE tudi e l importance accord e au soci tariat ne semble pas partag e par tous l image de Jacques Jacques a bient t 55 ans Fondateur de la CAE il a 5 ans d anciennet dans celle ci Dipl m de l Ecole Centrale Paris il a acquis une exp rience industrielle nucl aire climatisation r frig ration robotique jusqu tre PDG avant de d velopper son activit de conseil en management et organisation coaching de dirigeants et gestion de projet Je participe aux d bats Il faut contribuer aux d cisions importantes Je regrette d ailleurs que devenir soci taire soit obligatoire et non volon
10. s et d emploi influence t elle les comp tences et l identit professionnelle de ses entrepreneurs salari s La premi re partie de l article donnera des l ments sur l entrepreneuriat collectif en ESS et l entrepreneuriat social la CAE les profils d entrepreneurs leurs comp tences et leur identit professionnelle Dans la seconde partie nous pr senterons une enqu te exploratoire dans une de ces coop ratives qui infirme en partie certains aspects de la revue de litt rature La coop rative d emplois et d activit s Entrepreneuriat collectif en ESS et entrepreneuriat social L conomie sociale et solidaire est caract ris e par deux crit res le choix du statut juridique collectif et la vocation produire une utilit sociale C est l id e de mettre l conomie au service de la personne de consid rer que la finalit de l conomie c est l mancipation des hommes et des femmes Draperi 2008 p 20 En effet l conomie sociale est un mouvement qui vise impliquer des individus dans des formes d mocratiques d organisation o les pr occupations soci tales sociales civiques environnementales et ou quitables priment sur l conomie Jeantet 2006 De par son utilit sociale l ESS permet l entrepreneuriat de s exprimer diff remment Ainsi L entrepreneuriat social une autre fa on d entreprendre Schieb Bienfait et Urbain 2004 semble
11. une couveuse qui est elle m me l aboutissement d une r flexion men e dans un cadre associatif puis une coop rative d activit s Draperi 2014 p 218 La CAE s adresse surtout des entrepreneurs qui sont demandeurs d emploi voir les profils supra L objectif premier de la CAE est d offrir des porteurs de projet souvent issus du ch mage une alternative l immatriculation d une entreprise individuelle Delvold et Texte Veyer 2011 p 79 Les CAE vont en effet proposer en quelque sorte un parcours d entrepreneur celui ci va pouvoir exp rimenter son projet de cr ation en tant qu entrepreneur accompagn puis devenir entrepreneur salari enfin passer ventuellement entrepreneur associ Avise 2009 voire quitter la CAE pour cr er une structure ind pendante En effet afin d innover en mati re de statut pour le porteur de projet les CAE constituent une v ritable alternative la d marche classique de cr ation d entreprise et de recherche d emploi tout en offrant une forme novatrice de travail le statut d entrepreneur salari Charles Pauvers et Schieb Bienfait 2005 p 3 C tait une volont d lib r e sur le plan juridique le mouvement des coop ratives d emploi souhaite la reconnaissance d un statut particulier entrepreneurs salari s ou salari s entrepreneurs pour les salari s non coop rateurs tenant compte de leur double situation s
12. 005 La tradition europ enne de cette derni re et l int r t pour des formes alternatives d entreprise ont contribu l mergence de la notion d entrepreneuriat social Seghers et Allemand 2007 Afin de r pondre cette demande sociale Barth l my et Slitine 2011 Charles Pauvers Urbain et Schieb Bienfait 2011 l entrepreneuriat apporte en particulier des solutions originales l insertion pour les demandeurs d emploi Bacq et Janssen 2008 et peut m me permettre aux plus favoris s de sortir de l exclusion Brasseur 2009 La Coop rative d Activit s et d Emploi CAE ci apr s repr sente une de ces formes d entreprise sociale Draperi 2010 Cependant ce type de structure relativement nouvelle est encore peu d velopp ce qui explique sans doute une litt rature assez r cente Au regard de celle ci nous avons donc souhait plus particuli rement examiner certaines caract ristiques peu tudi es des porteurs de projet entrepreneurial accueillis en CAE savoir leurs comp tences individuelles et leur identit professionnelle Ce choix se justifie d autant plus Texte que la CAE permet de se r approprier lacte d entreprendre travers l acquisition de comp tences la constitution de r seaux l volution des repr sentations identitaires Charles Pauvers et Schieb Bienfait 2005 p 16 Notre probl matique pourra ainsi tre formul e comment la coop rative d activit
13. 139 164 Fayolle A 2003 Le m tier de cr ateur d entreprise Editions d Organisation Francfort I Osty F Sainsaulieu R et Uhalde M 1995 Les mondes sociaux de l entreprise Descl e de Brouwer Freiche J et Le Boulaire M 2000 L entreprise flexible et l avenir du lien salarial L Harmattan Giacometti D 2001 Coop rer pour entreprendre De l exp rience de Cap Services la cr ation d un r seau de promotion de l entrepreneuriat collectif Recma n 281 p 154 161 Giacometti D coord 2005 Cap Services Mode d emploi d 10CAP Gianfaldoni P et Richez Battesti N 2005 R seaux d accompagnement et de financement la cr ation des tr s petites entreprises une analyse conomique du surplus social in Amintas A Gouzien A et Perrot P dir Les chantiers de l conomie sociale et solidaire Presses Universitaires de Rennes p 323 338 Hernandez E M 2007 Entre entrepreneuriat et salariat la parasubordination in Fayolle A dir L art d entreprendre Paris Village Mondial p 79 85 Hernandez E M 2001 L entrepreneuriat Approche th orique L Harmattan Huntzinger F et Moysan Louazel A 1999 Apports et limites des th ories contractualistes de la firme appliqu es la Texte carri re des dirigeants de coop ratives Revue internationale PME vol 12 4 Igalens J et Roussel P 1998 Management des ressources humaines m thodes
14. Marc Andr VILETTE Enseignant chercheur en GRH Groupe ESC Clermont ELEMENTS DE PROFIL DES ENTREPRENEURS SALARIES DANS UNE COOPERATIVE D ACTIVITES ET D EMPLOI ESCAE ESCAE ELEMENTS DE PROFIL DES ENTREPRENEURS SALARIES DANS UNE COOPERATIVE D ACTIVITES ET D EMPLOI Forme encore peu d velopp e d entrepreneuriat social la coop rative d activit s et d emploi CAE permet d accompagner les porteurs de projets entrepreneuriaux A ce titre les particularit s de la CAE devraient avoir une influence sur les comp tences et l identit professionnelle de ces porteurs sous le statut original d entrepreneur salari La premi re partie de l article donnera des l ments sur l entrepreneuriat collectif en ESS et l entrepreneuriat social la CAE les profils d entrepreneurs leurs comp tences et leur identit professionnelle Dans la seconde partie nous pr senterons une enqu te exploratoire dans une de ces coop ratives qui infirme en partie certains aspects de la revue de litt rature L adoption par le Parlement le 21 juillet dernier d une loi sp cifique 1 Economie Sociale et Solidaire ESS par la suite illustre l importance croissante de celle ci En effet au cours de ces derni res d cennies ni l conomie capitaliste ni l conomie publique n ont pu r pondre une certaine demande sociale favorisant ainsi le d veloppement de l conomie solidaire Gianfaldoni et Richez Battesti 2
15. alari s de la coop rative et v ritables travailleurs ind pendants Laurent Mouriaux et Mundler 2006 Cette innovation pose videmment la question de la subordination la nature de la subordination dans une CAE questionne chaque fois en ce qu elle n pouse pas un sch ma classique du salariat Delvold et Veyer ibid p 84 Les CAE sont en effet construites sur le refus de la subordination Bodet De Grenier et Lamarche 2013 Ce statut original rel ve sans doute de la parasubordination mi chemin entre salariat et entrepreneuriat Hernandez 2007 La nature de la structure Les structures d accompagnement entrepreneurial sont nombreuses L Agence Pour la Cr ation d Entreprise la Chambre de Commerce et d Industrie la Chambre des M tiers l Anvar l Afpa P le Emploi les collectivit s territoriales l Association pour le Droit l Initiative Economique Les CAE s inscrivent en compl ment des autres dispositifs ce qui conf re leur positionnement une certaine sp cificit particuli rement en comparaison des soci t s de portage Charles Pauvers et Schieb Bienfait 2005 p 3 auxquelles elles sont parfois assimil es de prie abord alors que leur fonctionnement r el est diff rent Il s agit bien d un portage mais sans finalit lucrative et qui s inscrit dans le cadre d une d marche conomique collective Ces coop ratives se distinguent des autres forme
16. alari s interrog s ont connu des difficult s plus ou moins importantes dans leur parcours professionnel Leur entr e dans la CAE fait suite la perte d un emploi remontant parfois plusieurs ann es pendant lesquelles leur situation a t instable Illustrons par l exemple d Isabelle Isabelle a la quarantaine et 4 ans et demi d anciennet dans la CAE Titulaire d une Ma trise en Sciences de l information elle a un parcours qu elle qualifie elle m me de patchwork enseignante de latin charg de communication en grande entreprise criture d un livre deux ans l tranger Elle essaie de d velopper une activit de journalisme d entreprise J ai de grosses difficult s me r ins rer dans le monde du travail C est tellement gal re de trouver du travail Ici a m a permis de sortir du ch mage Je n ai pas un emploi classique mais bien un statut social pour valider mes trimestres de retraite La primaut sociale n exclut pas l aspect conomique Comme indiqu pr c demment pour la plupart des publications sur l conomie sociale c est toute l id ologie m me de l ESS qui fait de l am lioration du sort de l humain le but m me des activit s conomiques ceci en rupture avec le syst me capitaliste classique Everaere ibid p 18 Or plusieurs interview s indiquent un positionnement moins marqu de leur CAE C est le cas d Annie Annie
17. alifi s pr s de 67 ont au moins le bac contre un peu plus de 30 pour l ensemble de la population nombre de candidats sont cependant porteurs de titres scolaires peu rentables et d valu s Darbus 2006 p 28 Seuls certains sont titulaires de comp tences et de qualifications qui les prot gent du ch mage dans la mesure o dans leur branche le travail ne manque pas ibid p 31 Par ailleurs il semble g n ralement souhaitable d articuler la gestion des comp tences individuelles et des comp tences collectives Le Boterf 2001 celles ci li es de mani re non univoque la performance Bataille 2001 Pour d finir ces derni res Retour et Krohmer distinguent quatre attributs essentiels constitutifs de la comp tence collective le r f rentiel commun le langage partag la m moire collective et enfin l engagement subjectif 2006 p 152 Dans le contexte particulier des CAE l apport des comp tences devrait alimenter les comp tences collectives les comp tences diverses des coop rateurs salari s associ s font la force du r seau et du collectif Elles peuvent tre sollicit es pour des besoins divers Allard et al 2013 D ailleurs la proposition de ces CAE est aujourd hui de partager une entreprise entre entrepreneurs pour mutualiser les comp tences et se donner collectivement des droits de la s curit et des opportunit s Veyer et Sangiorgio 1bid p 92 Nou
18. aphie mobilis e consid rablement toff e y compris au del de celle d di e aux CAE que nous avons r exploit les donn es recueillies initialement Texte Pour ce faire une des difficult s vient des l ments non verbaux par ex ne figurant pas sur les notes d entretien et qui sont naturellement moins pr sents l esprit en raison du temps coul M thodologie Concernant le terrain d tude il s agissait donc de la CAE dans laquelle nous avons travaill Implant e en Haute Savoie et adh rente au r seau Copea elle a connu une forte croissance puisque cr e par 6 cofondateurs elle comptait 51 ES au bout de 5 ans malgr quelques d parts Nous avions eu recours une m thodologie qualitative de nature exploratoire Une recherche ne devrait tre qualifi e d exploratoire que si elle l est r ellement c est dire si de pr s ou de loin le sujet n a jamais t trait Igalens 1998 p 73 Or comme nous l avons d j indiqu assez peu de travaux ont t publi s sur la CAE aujourd hui et moins encore au moment de l enqu te La composition de l chantillon s explique par la recherche d une diversit d angles de vue Elle passe par la prise en compte de diff rences en termes d ge de 40 45 50 55 et d anciennet de 15 mois 5 ans de sp cialit du traitement de l image au droit et de niveau de bac 1 bac 5 de formation initiale
19. at social une autre fa on d entreprendre Recma n 293 p 68 92 Seghers V et Allemand S 2007 L audace des entrepreneurs sociaux Concilier l efficacit conomique et l innovation sociale Editions Autrement Stervinou S et No l C 2008 Les coop ratives d activit et d emploi un outil juridique au service d un entrepreneuriat responsable Management amp Avenir n 20 p 65 86 Van der Yeught C et Bergery L 2013 Quelles comp tences de l entrepreneuriat social et solidaire transf rer vers la petite entreprise Internationale PME vol 25 3 4 p 155 194 responsable Revue Veyer S et Sangiorgio J 2006 L entrepreneuriat collectif comme produit et projet d entreprises pist miques le cas des Coop ratives d Activit s et d Emploi Revue de l Entrepreneuriat vol 5 n 2 p 89 102 Vilette M A 2009 Entreprendre temps partag la coop rative d emplois et d activit s pour accompagner l insertion professionnelle in M Brasseur dir Entrepreneuriat et insertion Bruylant p 229 244 Texte Wacheux F 1996 M thodes qualitatives et recherche en gestion Economica
20. ature post rieure l enqu te Ainsi certaines CAE n es sous le signe de la premi re g n ration rencontrent de nombreuses difficult s migrer vers le mod le d entreprise partag e Ribeiro et Vignaud 2010 p 15 Travailler dans une coop rative n est pas un choix d lib r pour les interview s Comme la m thodologie en indiquait la possibilit ce premier th me ne figurait pas dans le guide d entretien mais a merg dans l analyse de contenu Tous les interview s avaient bien dans l id e de cr er ou de poursuivre une activit autonome en rupture avec le salariat classique Cependant aucun n a volontairement fait le choix de la coop rative l issue d une r flexion au sujet du statut adopt Ainsi le co fondateur songeait plut t recourir une soci t de portage une autre interview e l a d ailleurs exp riment Mais il s est ralli la proposition d un autre co fondateur qui connaissait le cadre original de la CAE au travers d une activit pr c dente et qui deviendra ensuite le directeur Quant aux autres ce sont plut t les circonstances qui ont jou un a lu un article sur la CAE dans la presse conomique locale un autre est venu sur recommandation d un entrepreneur salari avec qui il tait en relation les deux derniers ont t mis en relation par l interm diaire de CTP En effet l association locale Comp tences en Temps Partag est h berg
21. de rechercheen sciences humaines et sociales Economica Janssen F Bacq S et Brouard F 2013 L entrepreneuriat social un th me pour la recherche pass e pr sente et future Revue Internationale PME vol 25 3 4 p 17 44 Janssen F Bacq S et Brouard F 2012 Appel communications pour le num ro sp cial L entrepreneuriat social Pour entreprendre autrement Revue Internationale PME Jeantet T 2006 Economie sociale la solidarit au d fi de l efficacit Les tudes de la Documentation Fran aise Julien P A et Marchesnay M 1996 L Entrepreneuriat Economica Laurent C Mouriaux M F et Mundler P 2006 Combinaisons d activit s professionnelles et multifonctionnalit s de l agriculture une r surgence de la dimension territoriale Centre d Etudes de l Emploi Document de travail n 70 octobre Le Boterf G 2001 Construire les comp tences individuelles et collectives Editions d Organisation Math J C et Rivet A 2003 La SCOP une entreprise alternative Revue des Sciences de Gestion direction et gestion n 200 p 67 75 Mertens S et Mar e M 2013 La performance de l entreprise sociale Revue Internationale PME vol 25 3 4 p 91 122 Moreau R 2005 Les raisons de l entrepreneuriat collectif le cas des quipes cr atrices d Entreprises de Nouvelles Technologies Gestion 2000 n 3 p 123 142 Mouriau
22. e fonctionnaliste et critique la tradition de pens e part enti re de l conomie sociale qui promeut la recherche action et dont il dresse une liste d auteurs sp cifiques Nous pourrions y ajouter le nom d Henri Fayol Peaucelle 2000 bien que ce dernier soit abondamment cit par les tenants de la tradition fonctionnaliste Surtout dans ce m me article Draperi indique que la mise en uvre par la les m me s personne s d une recherche action articulant les deux m tiers exerc s professionnellement ou non de chercheur et d acteur d finit l ducation et l mancipation sp cifiques l conomie sociale idid p 73 Or nous pensons nous tre inscrit dans cette lign e mais de fa on diachronique en effet il y a plusieurs ann es nous avons travaill dans une CAE pendant environ un an Peu apr s cette exp rience nous avons particip un colloque sur le management des SCOP dont font donc partie les CAE A cet effet nous avons alors men une modeste enqu te aupr s d ES de la CAE dans laquelle nous avions op r tant par le nombre d interview s que par l incompl tude du guide d entretien Nous n avions alors identifi qu une seule publication sur les CAE Notons n anmoins que sur les 3 autres ant rieures notre enqu te parmi la douzaine que nous mentionnons aujourd hui deux ne parlent que de Cap Services la premi re cr e C est donc au regard d une bibliogr
23. gique d action de la r insertion professionnelle concerne des acteurs qui vivent des situations de rupture professionnelle tr s souvent demandeurs d emploi en difficult pour retrouver un emploi salari ils s appuient sur leur exp rience leurs espaces d opportunit s et l ensemble de leurs ressources disponibles pour se r ins rer professionnellement et socialement en utilisant la voie entrepreneuriale Fayolle 2003 On notera au passage que l un des traits de caract re pr t s aux entrepreneurs savoir une forte confiance en eux ou du moins en leur bonne toile Julien et Marchesnay 1996 est sans doute moins pr sent dans ce cas Les entrepreneurs de CAE sont souvent des personnes en situation de ch mage ou vivant des minima sociaux Stervinou et No l 2008 80 des candidats l entrepreneuriat collectif font l exp rience de p riodes plus ou moins longues et r p t es de ch mage Darbus 2006 p 30 Les salari s Les autres entrepreneurs sont encore salari s et h sitent quitter leur poste pour voler de leurs propres ailes Leurs motivations peuvent na tre et s exprimer alors qu ils sont encore chez leur employeur au sens o chaque membre de l organisation est une entreprise part enti re Moi S A Hernandez 2001 p 235 On peut alors parler d intrapreneur Plusieurs l ments le distinguent encore de l entrepreneur l intrapreneur entreprend pour l
24. it N 2010 La comp tence entrepreneuriale la gestion des ressources humaines au service des d marches d accompagnement Le cas des coop ratives d activit et d emploi Gestion 2000 n 3 mai juin p 107 120 Charles Pauvers B Urbain C et Schieb Bienfait N 2011 Emergence entrepreneuriale et innovation sociale dans l conomie sociale et solidaire acteurs projets et logiques d action in Flahaut E Nogu s H et Schieb Bienfait N L conomie sociale et solidaire Nouvelles pratiques et dynamiques territoriales Presses Universitaires de Rennes p 53 77 Ch dotel F et Pujol L 2009 De la comp tence individuelle la comp tence collective l influence des processus d identification sociale et le r le du manager in Def lix C Picq T et Retour D coord Gestion des comp tences Nouvelles relations nouvelles dimensions Vuibert p 79 99 Darbus F 2006 Reconversions professionnelles et statutaires Le cas des coop ratives d emploi et d activit s Regards sociologiques n 32 p 23 35 Darbus F et Lazuech G 2010 Quelle identit pour les cadres de l conomie sociale Actes du 23 colloque de l ADDES Paris Davister C 2006 La gestion des ressources humaines en conomie sociale Les Cahiers de la Chaire Cera n 1 mai Def lix C Klarsfeld A et Oiry E 2006 Introduction in Def lix C Klarsfeld A et Oiry e c
25. n droit immobilier Insatisfait par le portage lors des 2 premi res ann es d activit il entre la CAE J ai obtenu des aides vari es du conseil de l assistance de la pr sence de l amiti Ca cr e des liens entre les individus Je me suis senti mis l aise j ai t soutenu Et aujourd hui avec la taille la structuration la professionnalisation a prend une dimension fonctionnelle cr ation d un poste d accompagnement mi temps sur lequel est d ailleurs recrut e Annie Par contre seuls deux d entre eux citent d abord la libert On n est pas manag alors que celle ci est souvent voqu e parmi les motivations prioritaires du cr ateur d entreprise D ailleurs ces deux entrepreneurs salari s sont sans doute galement ceux qui fonctionnent comme tel Les autres semblent plut t peiner d velopper leur activit pour s loigner du statut de demandeur d emploi Conclusion Apr s avoir rappel quelques l ments sur l entrepreneuriat collectif en ESS puis les particularit s de la Coop rative d Activit s et d Emploi nous avons donc analys l influence de cette derni re sur les comp tences et l identit professionnelle de ses entrepreneurs salari s Texte Or si sur celles ci notre enqu te exploratoire confirme l impact voqu par la litt rature concernant celles l en revanche nos r sultats sont plus contrast s en effet d une part
26. ns une optique longitudinale Cela permettrait galement d enrichir le guide d entretien initial autour des aspects sur lesquels nous nous sommes centr D autre part outre la distinction selon l anciennet nous pourrions chercher obtenir une triangulation des donn es en r alisant des entretiens aupr s des permanents salari s dont le directeur de la coop rative mais aussi d anciens entrepreneurs salari s qui ont quitt la CAE dont certains interview s initiaux peut tre Enfin nous nous sommes volontairement focalis sur des individus dont le niveau de qualification est plut t lev alors que la CAE concerne d autres populations La poursuite de nos changes r cents avec d autres CAE permettrait d tudier lesdites populations Texte Bibliographie Allard F Amans P Bravo Bouyssy K et Loup S 2013 L accompagnement entrepreneurial par les Coop ratives d Activit s et d Emploi des singularit s questionner Management international vol 17 n 1 p 72 85 Avise 2009 Coop ratives d Activit s et d emploi L entreprise partag e Edition d l gu e Baton rouge polyprint dition Bacq S et Janssen F 2008 L entrepreneuriat social Enfant terrible ou fils l gitime in Schmitt C dir Regards sur l volution des pratiques entrepreneuriales Presses Universitaires du Qu bec p 141 158 Barth l my A et Slitine R 2011 L entrepreneuriat social
27. on de cr er leur entreprise individuelle Les CAE de deuxi me g n ration ne visent plus s curiser la cr ation d entreprises individuelles mais bien construire une alternative celles ci via un projet d entrepreneuriat collectif Sangiorgio et Veyer 2009 p 55 56 Ainsi les CAE assurent la fois un accompagnement individualis et collectif des porteurs de projet et un statut de salari Elles constituent un cadre conomique juridique et social m me d accueillir d accompagner et d h berger des projets d activit s conomiques de tous types Elles poursuivent un objectif de d veloppement collectif et solidaire d activit s en s inscrivant dans une logique d insertion par l conomique Cet accompagnement collectif pourrait d ailleurs tre assimil une forme de n o compagnonnage Stervinou et No l 2008 Les profils d entrepreneurs Les demandeurs d emploi De nombreux auteurs indiquent que beaucoup d entrepreneurs sont des demandeurs d emploi qui ne retrouvant pas d activit au travers du sacro saint CDI temps plein mono employeur cherchent construire la leur Le ch mage pousse en effet de plus en plus de demandeurs d emploi cr er leur propre entreprise et ainsi leur emploi Pr s d une Texte entreprise sur deux est cr e par une personne au ch mage ou la recherche d un emploi Charles Pauvers et Schieb Bienfait 2010 La lo
28. ons indiqu en introduction Charles Pauvers et Schieb Bienfait infra Les comp tences En France la gestion des comp tences a fait l objet d une litt rature foisonnante particuli rement depuis le d but des ann es 90 l accord ACAP 2000 chez Sollac Dunkerque Si des dizaines de d finitions ont t nonc es il y a un relatif accord sur ce qu est une comp tence individuelle une combinaison de ressources li es l exp rience ou la formation de la personne mais aussi la situation de travail dans laquelle elle se trouve qui rend une personne au travail capable de dans un contexte pr cis Def lix Klarsfeld et Oiry 2006 p 2 Si nous nous centrons sur l entrepreneuriat social les comp tences sont de quatre types cognitives fonctionnelles relationnelles et m tacomp tences Van der Yeught et Bergery 2013 Plus particuli rement pour les CAE les conditions d entr e sont simples disposer d un savoir faire dont on souhaiterait vivre de mani re autonome tre pr t mettre en uvre ce savoir faire sans attendre et sans que cela requiert de gros investissements financiers avoir Texte envie de mettre en uvre ce savoir faire dans un cadre collectif h t rodoxe dont on a bien compris les r gles et l esprit Veyer et Sangiorgio 2006 p 90 Cette volont affich e se heurte cependant la r alit du profil des individus bien que relativement qu
29. oord Nouveaux regards sur la gestion des comp tences Vuibert p 1 9 Def lix C Picq T et Retour D 2009 Conclusion in Def lix C Picq T et Gestion des Retour D coord Texte comp tences Nouvelles relations nouvelles dimensions Vuibert p 211 221 Delvold N et Veyer S 2011 La qu te du droit approche de l instauration d une repr sentation du personnel dans une coop rative d activit s et d emploi Recma n 319 p 78 96 Draperi J F 2007 Fondements thiques et posture pist mologique de la recherche en conomie sociale Recma n 303 p 67 82 Draperi J F 2008 Au b n fice de la crise Pour un projet d conomie sociale et solidaire Recma n 313 p 19 35 Draperi J F 2010 L entrepreneuriat social du march public au public march Recma n 316 p 18 40 Draperi J F 2014 Comprendre l conomie sociale Fondements et enjeux Dunod 2 d Dubar C 2000 La socialisation construction des identit s sociales et professionnelles Armand Colin Everaere C 2011 Valeurs et pratiques de GRH dans l conomie sociale Revue Fran aise de Gestion n 217 p 15 33 Fauvy S 2009 La mobilisation des personnels et les dispositifs de participation des ressources humaines dans les SCOP in Laville J L et Gl main P dir L conomie sociale et solidaire aux prises avec la gestion Descl e de Brouwer p
30. r pondre par l affirmative L entrepreneuriat social Pour entreprendre autrement Janssen Bacq et Brouard 2012 Dans cette forme d conomie l entrepreneuriat se caract rise par la primaut de la dimension sociale L organisation engendre une cr ation de valeur qui n est pas forc ment financi re comme dans d autres formes d entreprises mais g n ralement sociale Boncler et Hlady Rispal 2003 Des expressions comme utilit sociale impact social ou encore valeur sociale apparaissent r guli rement pour d signer cet aspect de la production de l entreprise sociale Mertens et Mar e 2013 p Texte 116 L entrepreneuriat social est prometteur en termes d impact tant social qu conomique tel que la cr ation d emplois Janssen Bacq et Brouard 2013 p 19 Dans le contexte de la cr ation d entreprise l entrepreneuriat collectif en conomie classique pr sente d j plusieurs int r ts regroupement des ressources intelligence du groupe sentiment de s curit influence des partenaires y compris dans le secteur des nouvelles technologies Moreau 2005 pourtant souvent associ aux bouleversements de la lib ralisation et de la mondialisation L une des formes les plus r pandues d entrepreneuriat collectif est la SCOP initialement Soci t COop rative de Production devenue Soci t COop rative et Participative Ses principales caract ris
31. raphique et structurel des divers processus de socialisatiob qui conjointement construisent les individus et d finissent les institutions 2000 p 109 En CAE l identit professionnelle semble li e au statut d ES changeant de statut pour tre entrepreneur salari certains recourent de nouvelles identit s plus rentables Darbus 1bid p 32 Ce statut rend mall able leur identit la volont de reconnaissance de leur singularit est particuli rement exprim e par les membres des coop ratives d emploi et d activit s Ils revendiquent la reconnaissance d un statut de salari s entrepreneurs qui ent rinerait leur appartenance une communaut de travailleurs la fois autonomes et solidaires L identit n est pas fig e Laurent Mouriaux et Mundler ibid p 47 Plus g n ralement les ph nom nes al as des march s reconfiguration des alliances avec des partenaires d placement de l investissement qui glisse des activit s productives vers des activit s de n gociation de prestations et de transformation du savoir l origine de l mergence des nouvelles formes d organisation et d emploi comme la CAE g n rent en effet un flou voire une rupture identitaire dont souffrent les salari s Freiche et Le Boulaire 2000 Ceux ci tendent alors perdre leur identit d entreprise Dubar 2000 Cette derni re est l une des quatre de la typologie tablie par cet au
32. rop loign es Mais m me dans les axes sp cialis s regroupant des entrepreneurs salari s travaillant respectivement dans la communication et l industrie les collaborations concr tes et contributions communes restent trop rares Ainsi plus g n ralement si la croissance de la CAE est significative infra la dimension collective reste davantage difficile appr hender que dans une SCOP classique de par la diversit des projets individuels Leur addition ne semble pas faire un projet collectif Signalons d ailleurs que Marc parle d absence d identit collective plut t que de comp tence collective Texte Marc a 46 ans Il est entr la CAE il y a 2 ans Apr s des tudes dans l image et la publicit il travaille dans une soci t d dition publicitaire Puis il devient ind pendant avec une petite structure en design graphique pendant 12 ans Suivent 5 ann es de collaborations diverses l issue des quelles il se remet son compte durant 2 ans Il int gre alors la CAE sur une activit d expression visuelle L entreprise ne va pas dans le m me sens Il n y a pas d objectif commun de vision Il y a encore du boulot pour d finir une identit collective Pour raisonner en termes d image de visibilit il faudrait mettre des moyens comme le 5 anniversaire Chacun pourrait alors s y reconna tre diff rents degr s Cette difficult se retrouve cependant dans la litt r
33. s pouvons mentionner ici que ind pendamment des sp cificit s du contexte la cr ation d un collectif repose sur les multiples interactions entre les membres qui le composent mais simultan ment les comp tences collectives ont des impacts sur le d veloppement des membres du collectif Def lix Picq et Retour 2009 p 214 Pour faire le lien avec l identit professionnelle que nous souhaitons galement approfondir en CAE nous citons Ch dotel et Pujol qui dans les SCOP ont cherch montrer que les processus d identification sociale jouent un r le d terminant pour passer du niveau individuel au niveau collectif de comp tence 2009 p 79 sachant que les SCOP revendiquent une identit forte et duale c est dire la fois fond es sur des valeurs entrepreneuriales comp titivit et des valeurs d conomie sociale solidarit d mocratie primaut de la personne ibid p 84 Texte L identit professionnelle Pour Sainsaulieu fa on dont les diff rents groupes au travail s identifient aux pairs aux chefs aux autres groupes l identit au travail est fond e sur des repr sentations collectives distinctes construisant des acteurs du syst me social d entreprise 1985 p IX Nous lui pr f rerons la d finition de Dubar selon lequel l identit n est autre que le r sultat la fois stable et provisoire individuel et collectif subjectif et objectif biog
34. s de portage d abord en tant que coop rative entreprise commune soci t de personnes dont tous les participants ont des droits gaux ind pendamment du montant de leur apport en capital Mouriaux 2006 p 20 Texte De plus les individus qui travaillent dans les CAE sont attach s ces diff rences en particulier leurs dirigeants dans le cas des g rants de coop ratives d activit s et d emploi le statut juridique de leur entreprise SCOP est rig en symbole de ce refus de l entreprise classique Les soci t s de portage salarial pourtant situ es sur le m me cr neau d activit mais qui sont des entreprises classiques constituent pour les g rants de coop ratives des figures repoussoirs auxquelles il convient pour eux de ne pas tre assimil s Darbus et Lazuech 2010 p 5 La dimension collective Cette dimension est galement pr sente De mani re g n rale la coop rative apporte la perception d tre ins r dans une communaut de travail Francfort et al 1995 Les Scop au travers de leur mission accordent une place importante la dimension humaine et la notion de communaut Bayle Cordier et Stervinou 2013 p 146 Cet aspect se retrouve naturellement dans les CAE avec leur volution voqu e pr c demment L ambition premi re de Cap Services lorsqu elle fut cr e en 1995 tait de s curiser les premiers pas de porteurs de projets ayant l intenti
35. s limites de la recherche sont mentionner l chantillon n est pas repr sentatif compte tenu non seulement d une taille insuffisante mais aussi par exemple de l origine g ographique les raisons du d veloppement variable de la CAE selon les r gions peuvent galement orienter les r pondants le mode d acc s aux interview s r seau personnel est source de biais potentiels comme indiqu pr c demment en effet bien que nous n ayons per u de g ne aucun moment la connaissance mutuelle peut avoir inhib quelque peu l expression Cependant nous pensons qu elle l a plut t facilit e certaines informations sensibles nous ayant t livr es mais non reproduites dans cet article car n tant pas en lien direct avec notre probl matique actuelle Nous n avons pas distingu les interview s selon leur anciennet donc leur avancement dans l accompagnement et leur situation de coop rateur car elle ne nous a pas sembl diff rencier leurs r ponses Cet aspect aurait cependant pu faire l objet de davantage de vigilance Texte Au del de pallier ces limites cette enqu te offre d autres perspectives de recherche D une part afin de d passer ce regard un instant donn ce qui semble r ducteur pour bien comprendre un processus d accompagnement et donc son influence sur les comp tences et l identit des ES il semble n cessaire de revisiter le terrain tudi da
36. t riel recueilli a donn lieu une analyse de contenu contenu du discours pour un entretien semi directif semi format e car une partie des th mes a t fix e avant l entretien mais en se laissant la possibilit de d couvrir de nouveaux th mes au cours de l analyse de contenu Romelaer 2005 L analyse de contenu vise r duire les informations afin de les cat goriser et de les mettre en relation avant d aboutir une description ou une explication Wacheux 1996 Le tableau ci dessous reprend les principales caract ristiques des cinq entrepreneurs salari s de cet chantillon Tableau 2 Caract ristiques des interview s Sexe Age Anciennet Formation initiale Activit s H 50 Sans Centrale Paris Coaching gestion de projets 55 F 45 15 mois Ing nieur informatique Accompagnement formation en 50 management et communication H 45 2 ans Post bac traitement de Expression visuelle 50 l image et publicit F 40 4 5 ans Bac 4 sciences de Communication 45 l information H 40 3 5 ans Bac 4 droit Formation en droit immobilier 45 Texte R sultats et discussion Si nos r sultats appuient certains aspects de la litt rature rep r s ou non avant l enqu te initiale d autres parmi ceux ci sont contest s voire infirm s Les demandeurs d emploi repr sentent une part significative des porteurs de projet entrepreneurial Tous les entrepreneurs s
37. taire au bout de 18 mois dans la CAE et que cette opportunit ne soit pas valoris e aupr s de ceux qui ne sont encore que salari s Texte N anmoins nous pouvons relativiser cet avis qui n a t exprim que par un seul interview De plus nous pouvons faire l hypoth se que son pass de dirigeant et sa situation de fondateur orientent son opinion Notons cependant que par ailleurs dans une SCOP r cemment constitu e par certains salari s pour reprendre un commerce culturel en faillite la co g rante que nous accompagnons en RH se plaint que s es coll gues ne sont pas tous vraiment Scopeurs Certains se comportent encore comme de simples salari s Le v cu dans la CAE r oriente le processus identitaire des interview s Tous les interview s reconnaissent que leur identit professionnelle a volu avec leur parcours dans la CAE malgr la diversit de sa dur e mais pas pour les m mes raisons deux parlent d un changement de m tier d op rationnel conseil pour l un formateur pour l autre le troisi me estime que le parcours a pull l aider y voir plus clair les deux autres soulignent que la confrontation au march a permis d claircir leurs comp tences Citons nouveau Isabelle Isabelle J ai volu a ne fait pas l ombre d un doute J ai clairci mes comp tences ce qui est une obligation pour la d marche commerciale car j avais
38. tation de l identit de celle ci est tr s h t rog ne il y a encore du boulot pour la d finir diversit et rigueur en croissant elle devient une entreprise comme une autre une p pini re de projets d entrepreneuriat la cohabitation de deux syst mes des entrepreneurs salari s qui ont roul leur bosse et un coll ge d apprentis Cette difficult vis vis de l identit collective va galement se retrouver au niveau des comp tences La dimension coop rative ne permet pas la construction de comp tences collectives partir des comp tences individuelles Interrog s sur leurs comp tences tous parlent spontan ment de celles en lien direct avec le s m tier s qu ils exercent ou ont exerc s l exclusion de celles que la litt rature pr te au cr ateur d entreprise qu elles soient dominante individuelle sociale et m me cognitive Charles Pauvers et alii 2004 Faut il alors mettre l hypoth se que ces entrepreneurs salari s sont encore plut t salari s qu entrepreneurs Tous soulignent pourtant la particularit de devoir aller chercher le travail mais regret pour certains Par ailleurs tous voquent la richesse de la diversit des entrepreneurs salari s et l int r t qu elle pr sente en termes d changes d ouverture de d couverte de m tiers de r seaux Cependant ils constatent galement la difficult associer des comp tences t
39. teur Ces formes identitaires peuvent s interpr ter partir des modes d articulation entre transaction objective et transaction subjective comme des r sultats de compromis int rieurs entre identit h rit e et identit vis e mais aussi de n gociations ext rieures entre identit attribu e par autrui et identit incorpor e par soi Les identit s construites sur le mode de la continuit impliquent un espace de r alisation de type organisationnel entreprise ou professionnel m tier Celles construites sur le mode de la rupture impliquent une dualit entre l espace de production de son identit pass e et celui de construction de celle d avenir En cas de reconnaissance l identit vis e est l gitim e par une institution entreprise organisme de formation En cas de non reconnaissance l avenir de l institution ne co ncide pas avec l avenir de l individu Texte Tableau 1 Les quatre processus identitaires typiques selon C Dubar Transaction Continuit Promotion interne Blocage interne subjective Identit d entreprise Identit de m tier Rupture Conversion externe Exclusion externe Identit de r seau Ident de hors travail Nous mobiliserons cette grille de lecture pour positionner les interview s de notre enqu te de terrain Une recherche exploratoire Dans un article de 2007 Draperi oppose aux deux traditions universitaire classiqu
40. tiques sont les suivantes les salari s d tiennent au moins 51 du capital d cident ensemble des grandes orientations de leur entreprise lisent leurs dirigeants avec leurs parcours particuliers Bataille Ch dotel et Huntzinger 2002 Huntzinger et Moysan Louazel 1999 d cident galement du partage des b n fices hormis les r serves impartageables l esprit Scop favorise l information et la formation des salari s la solidarit entre eux les changes avec d autres Scop par diff rents r seaux coop ratifs La CAE est le dernier type de Scop apparu en France Les particularit s de la CAE Indiquons pr alablement qu aujourd hui en France les CAE sont f d r s par deux r seaux Coop rer pour entreprendre le principal avec 80 CAE et Copea Elles accompagnent environ 6 500 entrepreneurs salari s ES ensuite D abord pour les individus Le premier exemple de ces nouvelles formes d organisations coop ratives est apparu il y a pr s de 20 ans n e en novembre 1995 la Scop Cap Services s est donn pour m tier d accompagner celles ou ceux qui face la d gradation de l emploi ont d cid de cr er leur propre activit Giacometti 2001 p 154 Son fonctionnement volue avec le temps Cap Services ne devient une CAE qu au fil du temps mesure que ses concepteurs ajustent leurs r ponses aux probl mes des porteurs de projets Giacometti 2005 Elle est d abord
41. x M F 2006 Du fait au droit Diverses figures du temps partag Centre d Etudes de l Emploi Document de travail n 77 d cembre Paturel R 2000 Externalisation et entrepreneuriat in Verstraete T dir Histoire d entreprendre Ems p 173 185 Peaucelle J L 2000 Henri Fayol et la recherche action G rer et comprendre n 62 d cembre p 73 87 P le Emploi 2009 Les Cahiers Statistiques n 02 ao t Retour D et Krohmer C 2006 La comp tence collective maillon cl de la gestion des comp tences in Def lix C Klarsfeld A et Oiry e coord Nouveaux regards sur la gestion des comp tences Vuibert p 149 183 Ribeiro E et Vignaud C 2010 Exp rimentation et innovation sociale d une Coop rative Activit et d Emploi note de recherche Facult de Texte Sciences Economiques et de Gestion Universit Lumi re Lyon 2 Romelaer P 2005 L entretien de recherche in Roussel P et Wacheux F dir Management des ressources humaines M thodes de recherche en sciences humaines et sociales De Boeck p 101 137 Sainsaulieu R 1985 L identit au travail Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques seed Sangiorgio J et Veyer S 2009 Les coop ratives d activit s et d emploi un exemple de construction d une innovation sociale Projectique n 1 p 51_61 Schieb Bienfait N et Urbain C 2004 L entrepreneuri
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