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Manuel Álvarez Bravo

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1. faut rappeler que la parano a avant d tre une pathologie de la pers cution appara t comme une angoisse produite par le fait que tout l ment de la r alit prend un sens par rapport la vie psychique de l individu Ce d lire d interpr tation qui d finit la parano a selon Le Petit Robert constitue alors un enjeu existentiel un miroir mental Dans la pens e surr aliste l action de voir n est jamais neutre car elle se constitue de reconnaissances successives qui t moignent du contenu m me de l esprit Au del de la simple fonction de reconnaissance l uvre dans l usage quotidien de la vue certaines situations inhabituelles incitent mettre des suppositions ainsi l obscurit o de simples ombres nous font imaginer la pr sence d objets ou des personnes inexistantes Le surr alisme stipule que ces visions illusoires constituent avant tout un miroir mental et en ce sens des images non rejeter comme des erreurs mais bien au contraire des voies privil gi es dans la connaissance de l esprit Guillaume Le Gal revient sur les th ories mises sur ce point par Salvador Dalf comme par Andr Breton Tous les deux posent comme principe la reconnaissance de l objet qui est un des postulats fondamentaux du surr alisme D s 1028 dans Le Surr alisme et la Peinture Breton stipule que la reconnaissance supplante les sens qu elle est sup rieure la vue et l ou e Voir entendre n es
2. dans les photos d lvarez Bravo ils sont plus ici dedans que l bas dehors C est peut tre ce qu il y a de plus radicalement mexicain dans son uvre l instar du po te Pedro Calder n de la Barca Manuel lvarez Bravo pressent que la vie est un songe Le monde visible est une r verie de plus une image fragile d licate p rissable La photographie devient po sie qui seule peut saisir ce qui est changeant intangible le passage transitoire de l tre humain sur la terre Documents Dans les vitrines de l exposition sont pr sent s des documents issus des archives personnelles du photographe qui permettent de mieux comprendre certaines facettes de sa vie professionnelle ses cartes d accr ditation au cin ma des livres et des carnets de notes des programmes de travail Y figurent galement des documents relatifs sa correspondance avec Henri Cartier Bresson Alfred Stieglitz Edward Steichen et d autres personnalit s Les cahiers contenant des sc narios et des notes sur le cin ma pr sentent un int r t particulier dans la mesure o ils rendent compte d une activit peu connue d lvarez Bravo Laura Gonz lez Flores et Gerardo Mosquera commissaires de l exposition Chronologie 1902 Naissance le 4 f vrier Mexico dans un immeuble situ 20 rue du Guatemala derri re la Cath drale m tropolitaine Il y vivra jusqu son adolescence et y r alisera sa c l bre photographie El ensue o Le S
3. dossier enseignants oct 2012 janv 2013 Manuel lvarez Bravo Un photographe aux aguets 1902 2002 US ZE JA S ar a arf S dossier enseignants mode d emploi Concu par le service ducatif en collaboration avec l ensemble de l quipe du Jeu de Paume ce dossier propose aux enseignants et leurs l ves des l ments d analyse et de r flexion afin de contribuer la construction de leur propre rapport aux uvres Il se compose de deux parties d couvrir l exposition propose une premi re approche du projet et du parcours de l exposition de l artiste et des uvres ainsi que des rep res chronologiques et iconographiques Il approfondir l exposition d veloppe plusieurs axes th matiques autour des statuts de l image et de l histoire des arts visuels des orientations bibliographiques et th matiques ainsi que des pistes de travail labor es avec les professeurs relais des acad mies de Cr teil et de Paris au Jeu de Paume Disponible sur demande le dossier enseignants est galement t l chargeable depuis le site Internet du Jeu de Paume contacts Pauline Boucharlat charg e des publics scolaires et des partenariats 01 47 03 04 95 paulineboucharlat jeudepaume org Marie Louise Ouahioune r servation des visites et des activit s 01 47 03 12 41 serviceeducatif jeudepaume org Sabine Thiriot responsable du service ducatif sabinethiriot jeudepaume org conf
4. Sable et branches de pin vers 1926 dont le titre est explicatif se pr sente au premier regard comme un paysage de montagne avec des arbres au premier plan et un sommet au loin Le jeu d illusion rendu explicite par le titre peut tre vu comme un commentaire de la capacit de la photographie transformer les objets par le cadrage l clairage et les jeux d chelle L inqui tante tranget Laura Gonz lez Flores souligne le lien entre les images d lvarez Bravo et la notion d inqui tante tranget Il est inutile de r p ter ici ce que l on a d j dit sur la capacit d lvarez Bravo faire des associations inou es entre les objets qualit signal e d s les premi res critiques mais un point m rite d tre not l inqui tante tranget n est pas produite par la simple confrontation mais par l incessante mutation d une qualit en son contraire En allemand explique Freud le terme heimlich qui signifie faisant partie de la maison non tranger familier apprivois agr able habituel a aussi le sens de secret dissimul dangereux qui coincide paradoxalement avec son contraire unheimlich ce qui est inqui tant troublant Mis en images et appliqu la photographie d lvarez Bravo cet usage du langage se manifeste travers l expression simultan e de fonctions oppos es de l image voir ne pas voir tre ne pas tre couvrir exposer La bue
5. Syllabes de lumi re op cit p 19 11 Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re op cit p 19 12 Sarah Greenough 291 Exposer l art moderne et la photographie in New York et l art moderne Alfred Stieglitz et son cercle 1905 1930 Paris mus e d Orsay R union des mus es nationaux 2004 p 76 78 13 Voir ric de Chassey Paul Strand frontalit et engagement op cif 14 Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re op cit p 40 15 lbid p 21 16 lbid p 23 24 17 Rosalind Krauss Photographie et surr alisme in Le Photographique Pour une th orie des carts Paris Macula 1990 p 112 113 18 laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re op cit p 29 31 19 Lev Koul chov l essence du cin ma c est le montage 1920 in Le Cin ma naissance d un art 1895 1920 textes choisis et pr sent s par Daniel Banda et Jos Moure Paris Flammarion 2008 p 510 20 Sergue Eisenstein Principios de la forma f lmica Contempor neos n 36 mai 1931 p 116 185 cit par Francois Albera Principes de la forme filmique in Eisenstein et le constructivisme russe Lausanne L ge d Homme 1900 p 65 enregistrement et composition 25 Vision et regard Pour lvarez Bravo la photographie sert voir La photographie est l expression plastique moderne p
6. Voir Qu elle soit rendue trange ou impossible la vision se transforme en un l ment subjectif et pulsionnel instable rempli de suggestions oniriques Par bola ptica Parabole optique 1931 image qu lvarez Bravo pr sentera invers e partir de 1945 en est un exemple magistral L il symbole de la vision cesse d tre un organe naturel pour devenir un facteur culturel et moderne In vitablement li e la pulsion de ma trise de l espace la vision est multipli e ou invers e par des jeux de reflets ou encore entrav e par un l ment ext rieur ou par la position du sujet lvarez Bravo cultive des liens forts avec le monde de l art ses premiers interlocuteurs sont des peintres tels Diego Rivera et Francisco Miguel ou des po tes tels Xavier Villaurrutia Luis Cardoza y Arag n ou Andr Breton Chez les photographes il commence une longue amiti avec Henri Cartier Bresson avec lequel il expose en 1935 au palais des Beaux Arts de Mexico puis la galerie Julien Levy de New York aux c t s de Walker Evans intitul e Documentary and Anti Graphic Photographs l exposition qui r unit les trois photographes est l une des premi res lever la photographie documentaire au rang d art moderne et en faire une forme d avant garde transculturelle Obrero en huelga asesinado Ouvrier en gr ve assassin 1934 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C 5 G sir En 1931
7. ce qui produit sur cette page l apparition de quelque chose de reptilien et de boursoufl comme le ventre et la t te d une grenouille Pas d yeux ni de nez simplement cet endroit o devrait se trouver la t te S Rien de plus loign de cette impression que l effet produit par l image d lvarez Bravo Pourtant le proc d d viction de la t te par le basculement du point de vue est presque identique Mais la place d un fond noir qui contraste fortement avec la figure la photographie de ce dernier est r alis en plein jour sans doute en ext rieur La reconnaissance n est pas si violemment troubl e mais simplement renouvel e Dans le cas de Ni o orinando Enfant urinant 1928 et alors m me que nous retrouvons la th matique d un corps comme v hicule organique pr sent dans le surr alisme la photographie garde l id e d une simplicit de la vie g nitale enfantine Toute proche de la th matique scatologique cette image voque plut t l exp rience du plaisir de la nudit encore publiquement partageable cet ge La saisie du corps par un regard curieux et joueur comme l atteste la pr sence de l assiette rejoint l aspect pur de la photographie d lvarez Bravo et renvoie aussi sa proximit avec les avant gardes modernistes Fotograf a fija de Cu nta ser la oscuridad Photographie de plateau de Sombre sera la nuit 1945 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S
8. lvarez Bravo ach te la cam ra utilis e pour le tournage de Qu viva M xico d Eisenstein En 1934 il l emporte Tehuantepec au Sud du Mexique o il part tourner un film exp rimental qu il intitule Disparos en el Istmo Coups de feu dans l isthme C est au cours de ce tournage qu il trouve le personnage gisant qui deviendra l un des motifs embl matiques de son uvre Obrero en huelga asesinado Ouvrier en gr ve assassin 1934 Th me qu il reprendra en 1045 dans un autre film exp rimental intitul Cu nta ser la oscuridad Sombre sera la nuit sur un sc nario de l crivain Jos Revueltas lvarez Bravo avait l toffe d un grand photographe de cin ma mais alors qu il avait demand son admission au Syndicat des travailleurs de la production cin matographique d s 1934 il n obtient l autorisation d exercer comme photographe de plateau que neuf ans plus tard en 1943 Il reste de son passage au cin ma des centaines de photographies de plateau prises entre 1943 et 1050 ann e o il quitte le cin ma commercial pour se consacrer l dition de livres d art ainsi que deux courts m trages documentaires El petr leo nacional Le P trole national 1940 et Recursos hidr ulicos Ressources hydrauliques 1952 Ces deux films t moignent de son talent pour proposer des cadrages avec un style tr s personnel proche de sa premi re photographie constructiviste C est de cette poque que datent les sc n
9. orique Afin de traduire un monde qui est d j per u comme une image mais aussi et surtout de produire l exp rience de ce monde de la reproduire m me devenir un lieu exp rimental qui permet de conduire le hasard d en formuler les enjeux strat giques et de servir de prop deutique une vision surr aliste D s 1021 Breton passe par la m taphore de la photographie pour d crire le myst re qu il entend percer l criture automatique serait une photographie de la pens e Voir capter enregistrer la pens e elle m me plus que sa trace moins que son produit c est bien son image que traque Bretons Sans r duire l uvre de Manuel lvarez Bravo une version mexicaine du surr alisme il est possible de retrouver dans un certain nombre de ses photographies des analogies formelles et des affinit s esth tiques avec ce mouvement En effet l automatisme l origine des explorations surr alistes avec l usage d hypnose et l induction d tats seconds se pr sente d abord sous une forme litt raire avec la pratique de l criture automatique Ce sont Max Ernst et Andr Masson qui en transcriront la logique sur le terrain visuel Il s agit d obtenir un cadre de perception dans lequel les m canismes de reconnaissance qui structurent habituellement notre r ception du monde sont suspendus Frottages de diverses mati res comme des planches en bois brut sur papier la mine de plomb pour Ernst ou m langes
10. une place qu on ne lui reconna t m me pas au Mexique o il fut mis au ban des listes exclusives par eurocentrisme autant que par ignorance des histoires h g moniques de la photographie mondiale Son exercice de modernit tient aussi sa recherche de synth se son formalisme constructif et sa tendance l abstraction remarqu e au d but de sa carri re et ignor e ensuite par les approches critiques qui ont privil gi le mexicanisme sur lequel m me Diego Rivera insistait et le surr alisme per us dans son uvre Son sens cin matographique du mouvement et sa condition de sujet urbain qui vivait la modernisation de la ville de Mexico dans les ann es 1920 et 1930 ne sont pas moins importants La pr sente exposition cherche mettre en lumi re ces aspects travers la nouvelle vision qu elle propose de l artiste Parler de photographie moderne semble tre un pl onasme puisque l invention de cet outil et le d veloppement de ce m dium co ncident pr cis ment avec la p riode historique moderne marqu e par la r volution industrielle mais aussi avec la naissance de l art moderne N anmoins il est possible de distinguer diff rentes tapes dans la modernit photographique comme le souligne Nathalie Boulouch Si le XIX si cle anim par une id ologie de progr s a favoris l exp rimentation dans le cadre du laboratoire en vue de parfaire les capacit s d un nouvel outil le XX si cle
11. Le Syndicat des travailleurs de la production cin matographique rejette sa candidature la Section des op rateurs malgr le soutien de Gabriel Figueroa et Alex Phillips Il participe l exposition ethnographique M xico ind gena au palais des Beaux Arts de Mexico mont e par le mus ographe Fernando Gamboa aux c t s de Gertrude Duby Blom Faustino Mayo et Luis M rquez pour ne citer que quelques noms 1947 Participe une exposition collective en Isra l De 1947 1950 il enseigne la photographie l Instituto Cinematogr fico Mexicano l cole des arts plastiques et au Centro Universitario de Estudios Cinematogr ficos 1948 Son uvre est pr sent e dans l exposition 50 Photographs by 50 Photographers au MoMA de New York L exposition voyage jusqu en 1953 1949 Jos Clemente Orozco envoie une lettre la fondation Guggenheim pour appuyer une demande de Manuel lvarez Bravo dans laquelle il fait un vibrant loge du photographe lvarez Bravo se rend sur le site maya de Bonampak pour photographier les peintures murales pour l Institut national des beaux arts 1951 Photographe de plateau sur le tournage du film Subida al cielo La Mont e au ciel de Luis Bu uel 1952 Minor White publie son uvre dans la revue Aperture 1954 Remporte la premi re place et une mention d honneur dans un concours de photographie organis par le Syndicat des travailleurs de la production cin matographique du M
12. Los tesoros del Museo Nacional de M xico escultura azteca avec une introduction de Benjamin P ret 1945 Exposition La fotograf a como arte la Soci t d art moderne de Mexico Diego Rivera Xavier Villaurrutia Gabriel Figueroa et Manuel lvarez Bravo r digent le catalogue Xavier Villaurrutia crit un texte apolog tique dans la revue El Hijo Pr digo Manuel lvarez Bravo publie plusieurs photos dans la revue Estampa et son Retrato desagradable Portrait d sagr able dans la revue Hoy Dans une lettre adress e 4 Dorothy et Lester Bridaham amis et collectionneurs de Manuel lvarez Bravo Doris leur crit qu il se consacre totalement au cin ma il tourne un film exp rimental m me pendant son temps libre ll fonde la soci t Coatlicue avec Jes s C rdenas et Jos Revueltas et commence tourner avec eux le court m trage Cu nta ser la oscuridad Sombre sera la nuit Une campagne de soutien pour son admission dans la Section des op rateurs du Syndicat des travailleurs de la production cin matographique est organis e dans la presse 1946 Participe l exposition The Museum Collection of Photographs au MoMA de New York Il fonde avec Jos Revueltas et Oswaldo Diaz Ruanova La mesa ovalada La table ovale un groupe informel de d bat De las maneras de dormir Des mani res de dormir vers 1940 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C cin matographique
13. Michel Place Paris 2000 f lt Vargas Llosa M xico es la dictadura perfecta El Pa s 1 septembre 1900 en ligne sur http elpais com diario 1990 09 01 cultura 652140001_85021 5 html Litt rature hispanophone F Mariano Azueta Ceux d en bas 1916 Arles Les Fondeurs de brique 2007 F Baltasar Graci n L Homme de cour 1646 Paris Gallimard 2011 pr face essai de Marc Fumaroli Il Baltasar Graci n Trait s politiques esth tiques thiques Paris ditions du Seuil 2005 f Octavio Paz Pierre de Soleil 1957 version bilingue en ligne sur http www francopolis net francosemailles octaviopaze htm Il Jos Revueitas Dormir terre et autres nouvelles 1941 1971 Arles Les Fondeurs de brique 2008 ll Jos Revueiras Les Jours terrestres 19409 Arles Les Fondeurs de brique 2008 uan Ruiro Pedro P ramo 1955 Paris Gallimard 2005 Il Xavier VinLaurruTIA Nostalgie de la mort 1938 Paris Jos Corti 1991 dition bilingue F Juvan Rulfo photographe Esth tique du royaume des mes Paris L Harmattan 1994 orientations bibliographiques et ressources en ligne 39 Jeu de Paume expositions 16 octobre 2012 20 janvier 2013 I Manuel lvarez Bravo un photographe aux aguets 1902 2002 f Muntadas Entre Between f Programmation Satellite 5 Filipa C sar Luta ca caba inda La lutte n est pas finie 23 octobre 2012 mars 2014 ll Espace virtuel Erreur d
14. Si la perspective a partie li e avec la g om trie elle s en distingue sur ce point essentiel elle nous introduit comme sujet qui regarde Notre pr sence est requise dans cette construction de l espace nous y avons notre place Nous devons tenir notre r le de spectateur Philippe Comar La Perspective en jeu les dessous de l image Paris Gallimard 1992 p 82 86 Vue frontale Il faut entendre par frontal un point de vue hauteur de l objet que l on observe Ce choix souvent accompagn par une d coupe sp cifique de l espace entra ne un effet de mise plat dans la mesure o cette vision de l objet observ le r duit souvent un seul de ses c t s et provoque alors la perte de la visibilit des autres et donc de toute profondeur On observe cet effet dans les photographies rgano de catedral Orgue de cath drale vers 1931 Cortina Rideau 1930 Libros Livres vers 1930 Estudio de rbol tude d arbre 1930 Instrumental Instruments 1931 La falsa luna La Fausse Lune 1967 La question de la mise plat des formes constitue une probl matique exp riment e par les artistes modernes voir ci dessus la partie La modernit en photographie p 20 Vue en plong e et contre plong e hauteur d homme l axe du regard est le plus souvent horizontal c est l angle normal de vision Mais sa position et sa direction peuvent varier La vue d en haut plong e raccourcit les vertical
15. d fendre le statut artistique de leur pratique les pictorialistes li s de nombreux clubs et associations photographiques alors en activit recherchent des filiations esth tiques avec la peinture travers l exploration d une large gamme de moyens emprunts de th mes classiques ou symbolistes analogies avec le romantisme ou avec l impressionnisme par un travail pouss d effets de textures exp rimentations et int gration de la couleur l utilisation du flou comme de la surexposition et de la sous exposition demeure d terminante dans la revendication d une conception non strictement descriptive du m dium rel gu jusque l par le plus grand nombre comme par les institutions des fonctions utilitaires Nombre de pionniers de la photographie moderne effectuent leur apprentissage l poque o le pictorialisme joue encore un r le plastique et th orique majeur l gard du devenir artistique de ce m dium Manuel lvarez Bravo commence sa carri re photographique en adoptant ce style ce qui lui vaut ses premi res reconnaissances officielles C est en 1925 qu il d truit l ensemble de sa production pour se consacrer une pratique moderniste Dans l histoire de la photographie la rupture moderniste se met en place la fois comme un relais des aspirations du pictorialisme mais aussi dans le rejet de ce mouvement Face l chec de cette premi re tentative pour constituer un champ esth tique proprement photograp
16. de celui ci Nombre d entre elles taient influenc es par la peinture cubiste et l interpr tation surr aliste du r el mais elles chappaient d j clairement ces cat gories Ni narratives ou illustratives ni destin es la presse elles taient des objets issus de l imm diatet de la vision le talent du regard et prenaient du sens par l aspect r fl chi de la pens e en l occurrence sociale autant que culturelle Daniel Girardin La vie est l art in Documentary and Anti Graphic Photographs Manuel lvarez Bravo Henri Cartier Bresson Walker Evans Paris Fondation Henri Cartier Bresson Lausanne mus e de l lys e G ttingen Steidl 2004 p 41 L importance des lieux d exposition et des strat gies de diffusion de l uvre se retrouve bien videmment dans le parcours d Alvarez Bravo ainsi que le souligne Laura Gonz lez Flores ci apr s F Manuel et Lola ouvrent en 1931 une galerie dans leur maison du quartier de Tacubaya par un curieux hasard pr s de l endroit o avaient v cu Weston et Modotti La galerie d art Manuel lvarez Bravo s inaugure par une Exposition permanente de peinture moderne mexicaine qui pr sente des peintres tels que Diego Rivera David Alfaro Siqueiros Rufino Tamayo Carlos Orozco Romero Carlos M rida et Francisco Miguel tous artisans du soutien au photographe et de critiques diverses sur son uvre La galerie dont l annonce para t dans le m me num ro de la
17. de la photographie dans l objectif que le surr alisme se donne est alors strat gique le statut de document conf re la photographie une autorit et un pouvoir d attestation de par son m canisme d enregistrement du r el cens s emporter l adh sion de la conscience la diff rence de la cr ation picturale ventuellement associ e l imagination de l artiste la photographie semble s en tenir aux faits Apparemment objective elle peut garantir l assentiment social quant l existence de ce qui est montr Bien qu illusoire l effet de r el de la photographie est per u comme un instrument privil gi qui permet de faire percer dans le monde quotidien et normalis l autre facette de l esprit humain hant e par des d sirs et des peurs archa ques C est ce que rel ve Michel Poivert La photographie s implante ainsi sous un double r gime dans le surr alisme pour son r alisme anti artistique mais aussi et l est la nouveaut pour sa propension stimuler l imaginaire et conqu rir le surr el Dali par l interpr tation du r el m me partir du surr alisme il est de plus en plus vident que le renouvellement de l inspiration passe par une refonte de l exp rience du r el l art ne peut plus tre qu une intelligence sensible tenant le monde distance Faire l exp rience des sensations des sentiments se confronter leur exaltation jusqu l irrationnel est le mot d ordre du surr alism
18. des mat riaux par l ajout de surfaces trang res au domaine des beaux arts papiers divers journaux toile cir e Pablo Picasso Nature morte la chaise cann e 1912 Paris mus e Picasso C est l invention du collage Des objets sont ensuite int gr s et ouvrent la pratique picturale l assemblage et la sculpture Des images comme rgano de Catedral Orgue de cath drale vers 1931 ou Cortina Rideau 1930 d lvarez Bravo formant des successions rythmiques verticales partir des tuyaux d un orgue et des plis d un rideau rappellent la g om trisation l uvre dans le cubisme Mais ici la simplification n est pas compos e au sens traditionnel par l artiste elle est trouv e et obtenue par l angle de vue et le cadrage choisis Tout comme les chafaudages difficiles identifier comme tels et confinant l abstraction les formes des tuyaux et du rideau une fois d contextualis es semblent s aligner et coincider avec la surface m me du tirage photographique Cette r sonance plastique entre le sujet et le support correspond l esprit de recherche et au formalisme du cubisme qui met en avant l exploration des qualit s mat rielles et les effets propres de son m dium Il s agit l d une rupture la fois avec la photographie pictorialiste occidentale et avec la photographie mexicaine telle qu elle se pratiquait jusque l Loin des clich s iconographiques de la peinture postr volutionnai
19. deux titres donn s Associer un texte d auteur pr alablement analys ou un texte crit en classe d crivant une rue une place un monument avec une photographie Analyser les similitudes et les diff rences l exercice peut s appuyer sur l tude de passages du livre de Juan Rulfo Pedro P ramo de 1955 Paris Gallimard 2005 ou d un extrait du po me Pierre de Soleil d Octavio Paz disponible en version originale ou traduit en ligne sur http www francopolis net francosemailles octaviopaza htm Etudier en classe un calligramme dans lequel les lettres cr ent au sens propre une image Proposer aux l ves d en r aliser un Dans le calligramme ce n est pas seulement la valeur de message contenue dans les mots qui est en jeu mais aussi leur valeur graphique visuelle La lettre est investie d un double r le celui de code conventionnel charg de v hiculer un sens et de signe graphique qui participe dessiner les contours d une forme Proposer aux l ves de r aliser un cadavre exquis en images en s appuyant sur la d finition qu en donne le Dictionnaire abr g du surr alisme Paris Jos Corti 1969 Jeu qui consiste faire composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes sans qu aucune d elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations pr c dentes I tudier parall lement l id e de po sie visuelle la propension de la langue produire des ima
20. e par le m dium lui m me Sylvie Aubenas et Dominique Versavel conservateurs au d partement des estampes et de la photographie de la Biblioth que nationale de France en ligne sur http expositions bnf fr objets arret o6 htm Le r sultat de la prise de vue photographique d un objet n est pas conforme la perception visuelle que l on en a 32 approfondir l exposition elle ne reproduit pas fid lement la vision oculaire humaine car elle r sulte d images projet es sur une surface plane La vision photographique s inscrit d abord dans le cadre rectangulaire ou carr du viseur puis dans celui de l image et ce faisant isole une portion d espace et de temps Elle donne de la r alit une repr sentation modifi e filtr e centr e et recentr e cadr e et recadr e d innombrables mani res Issue de ces op rations complexes la vision d un objet photographi voit sa compr hension mobiliser notre culture notre savoir notre histoire et surtout notre langage qui vont activer des m canismes de reconnaissance Il Travailler et exp rimenter les op rations de la photographie argentique puis observer mettre en vidence et souligner l cart entre la perception oculaire et la vision photographique Les options possibles la prise de vue l appareil grand moyen ou petit format ou l absence d appareil photogramme le r glage des param tres de l appareil longueur et ouverture de la focale choix d
21. entre le spectateur et la photographie La fable prend les allures du r el et inversement lvarez Bravo anime ainsi une sc ne documentaire qui n est pas sans rappeler le travail d Eug ne Atget sur les habitats mis reux aux alentours du vieux Paris ll y ajoute un lan fantastique et la promesse d une moralit finale propre toute fable ici incertaine Une grande partie de la photographie surr aliste est ax e sur la question de l interpr tation ou plut t de la surinterpr tation Cette froideur de l illustration photographique n est elle pas en contradiction profonde avec le d sir de susciter l imaginaire Dal explique au contraire quelle strat gie est alors mise au point dans ces documents s agit d extraire la r alit de son contexte et de l pingler comme le ferait le collectionneur d un papillon pour l exposer en pleine lumi re et la soumettre au d lire interpr tatif Salvador Dal dans le c l bre texte Psychologie non euclidienne d une photographie illustre sa m thode parano aque critique par le commentaire volontairement exag r 28 approfondir l exposition El lago de los chichicuilotes Le Lac des oiseaux chichicuilotes 1963 1964 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C d un petit d tail une bobine sans fil au sol dans une photographie anonyme Cette bobine sans fil r clame en effet grands cris une interpr tation
22. es surr alistes on peut galement observer des uvres dont la facture et les modalit s de repr sentation sont plus classiques Ainsi l imaginaire d brid d un Salvador Dal ou les sc nes sobres mais compos es d anomalies iconographiques d un Ren Magritte rel vent au plan pictural de la tradition illusionniste et peuvent se situer plut t du c t d une esth tique de l nigme L effet de questionnement pour le spectateur se joue alors dans les rapports tiss s entre les vision et regard 27 composantes de l image Rosalind Krauss attire l attention sur des proc dures photographiques embl matiques de cette p riode et poursuit l analyse de l h ritage cubiste du collage et son d placement du dada sme au surr alisme Les photographes surr alistes n utilis rent que rarement le photomontage Ce qui les int ressait c tait l unit sans faille du tirage photographique exempt de toute intrusion de la page blanche En pr servant l int grit de l preuve ils en rendaient possible une lecture photographique c est dire un contact direct avec la r alit Pourtant sans exception les photographes surr alistes intercalaient de l espacement dans le corps de la photographie cette page unique Dans certaines photographies d lvarez Bravo l espacement singulier entre les objets qui en suspend les rapports trouve ici un cho d li s les objets deviennent des signes disponibles une nouvelle interpr
23. fragment possibilit d changer les feuilles entre l ves Il tudier les photographies Mannequins 1925 d Eug ne Atget conserv e la Biblioth que nationale de France et Maniqu tapado Mannequin couvert 1931 de Manuel lvarez Bravo l appui du texte suivant d Olivier Lugon qui revient sur le motif privil gi des vitrines dans son ouvrage Le Style documentaire s agira de rep rer et de comparer la mani re dont les deux photographes donnent voir la vitrine les objets et les reflets Quels choix de cadrage et de point de vue op rent ils pour photographier et quels effets cela produit il Le cas de la vitrine motif f tiche du genre documentaire est significatif Peu repr sent e dans la photographie pistes de travail 33 Maniqu tapado Mannequin couven 1931 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C et l art jusqu aux ann es vingt elle se met susciter un int r t esth tique partir de ce moment Pour ne donner qu un signe de cette mergence notons propos de deux c l bres portraits de villes qu elle est absente de Manhattan film consacr New York par Paul Strand et Charles Sheeler en 1920 mais tr s pr sente dans Berlin Symphonie der Gro stadt de Walther Ruttmann sept ans plus tard l art de la vitrine veille un int r t sans pr c dent il a ses revues sp cialis es ses congr s ses ouvrages de r f rence tandis que mus es et
24. influence d une perception du montage et de ses mat riaux plus explicitement clat s au cin ma que dans d autres formes artistiques est perceptible dans certaines uvres d lvarez Bravo Beaucoup de ses photographies semblent isoler les l ments r els ou du moins enregistrer les angles de vue qui tendent les s parer mettant ainsi plat des sc nes avec une grande clart Paleta y n mero Sucette et num ro 1982 Tres rboles y una casa Trois arbres et une maison vers 1945 Campana y tumba Cloche et tombe 1036 Comal de l mina Plaque cuire vers 1970 Caja en el pasto Bo te sur l herbe 1976 sont des uvres dont le titre d crit avec exactitude des l ments du monde qui se d tachent les uns des autres et se c toient sans aucun rapport de n cessit L environnement capt par la photographie s en voit troubl dans la mesure o il n explicite nullement un contexte Le parti pris moderniste d lvarez Bravo privil giant la plan it de l image semble d faire les liens entre les choses sans qu aucune profondeur ou atmosph re d termin e viennent les lier nouveau Quel rapport sur le mur d une choppe entre une glace et un chiffre le 659 dans le Polaroid Paleta y n mero Le titre contrairement d autres chez lvarez Bravo ne nous incite nullement tenter de d voiler ce lien 1 Gerardo Mosquera J accepte ce qui se voit in Manuel lvarez Bravo
25. insuffler de l tranget dans les contextes les plus prosa ques comme les sc nes de rues Enregistrement et composition Gerardo Mosquera pr sente ainsi le photographe lvarez Bravo tait un chasseur d images un artiste l aff t Il utilisait souvent la m thode qui consistait placer l appareil sur son tr pied un endroit o il estimait qu une image int ressante pouvait survenir et attendre patiemment pour l attraper Cette m thode qui permettait l exercice paradoxal de faire de la photographie de rue avec tr pied tait une sorte de combinaison du travail de rue et du travail en studio o la photo est compos e et non spontan e ll me semble y voir aussi un penchant cin matographique dans son int r t pour le mouvement et dans le jeu avec une dimension temporelle implicite qui permet d entrevoir ce qui va arriver un certain moment en un certain lieu et attendre pour l enregistrer La modernit en photographie Le photographe mexicain l instar d Henri Cartier Bresson Strand Edward Weston qu il a c toy s Walker Evans Dorothea Lange Albert Renger Patzsch et August Sander a contribu de mani re d cisive affirmer la photographie pour la photographie en faire un art avec sa propre esth tique et son propre programme qui n avait pas besoin de recourir aux emprunts pour l gitimer son statut artistique Il fut lun des fondateurs de la photographie moderne
26. l emploiera davantage pour affirmer le m dium dans ses capacit s inventer son propre langage transgresser les fronti res et les codes esth tiques jusqu d roger sa fonction descriptive initiales Afin de cerner ce que recouvre la notion de photographie moderne il est n cessaire d op rer un retour sur les usages et sur l esth tique de la photographie avant les ann es 1920 Depuis sa diffusion publique dans les ann es 20 approfondir l exposition 1850 la photographie fait l objet de d bats quant sa l gitimit artistique Les textes de Charles Baudelaire sont exemplaires cet gard4 Baudelaire tait hostile l id e que la photographie en tant qu enregistrement m canique puisse tre un mod le pour les arts figuratifs en raison de l absence d imagination et donc de cr ativit induites par l outil Mais il pouvait aussi se montrer enthousiaste pour la pratique d un Nadar qui pla ait la photographie dans la continuit de l art du portrait psychologique jusque l rest le privil ge de la peinture La photographie tait alors jug e esth tiquement l aune de cette derni re Le premier mouvement international revendiquer de mani re suivie et argument e l id e de la photographie comme discipline artistique est le pictorialisme Les inventions majeures de ce mouvement se situent essentiellement entre les ann es 1890 et 1910 en Europe et aux tats Unis mais aussi au Mexique Afin de
27. le cheminement qui m ne du collage cubiste au collage dada ste en proposant comme lien la notion de montage Si les papiers coll s cubistes ont t les sources du collage dada ste Krauss insiste sur le fait que ce dernier ne vise pas le m me effet Car alors que le cubisme explore la plan it propre au support pictural le collage dadaiste recherche pour sa part des effets de sens faits ou d faits par des juxtapositions violentes d images trouv es On passe ainsi de l unit de la composition plastique au montage de fragments h t rog nes ce qui constitue pour les dada stes une fin en soi L orientation politique et philosophique du groupe proche des positions libertaires et anarchistes pr ne la contestation de l ordre au sein d une soci t percue comme d cadente Monter les images que cette soci t produit d elle m me par le biais des journaux revient alors en effriter les hi rarchies et les taxinomies Le collage et le photocollage dadaistes assemblent des morceaux divers pour dissocier les choses montr es de leur contexte et en finir avec lui Krauss insiste galement sur les espaces blancs entre les bouts de papier les vides qui servent suspendre et liminer les liens s mantiques tablis C est dans cette esth tique d pellation des choses que semble se situer une partie des travaux d lvarez Bravo Plus que des fragments les l ments qui attirent l attention d lvarez Bravo sont parfoi
28. lvarez Bravo en 1931 Atget ainsi que Nadar deviennent par l interm diaire des expositions et des publications de Levy les r f rences esth tiques de la nouvelle photographie moderne lx Pour les sp cialistes d histoire de la photographie Levy reste celui qui g re avec Berenice Abbott une partie du fonds Atget achet quelque temps apr s sa mort en 1927 par la photographe Mais loin de se contenter de diffuser les images d Atget aux tats Unis le marchand joue un r le fondamental dans les pr mices de la reconnaissance de la photographie dans les ann es 1920 et 1930 ll expose r guli rement et souvent pour la premi re fois aux tats Unis les tenants de la photographie moderniste comme Man Ray Berenice Abbott Walker Evans ou encore Luke Swank ainsi que quelques pionniers historiques parmi lesquels Eug ne Atget Nadar David Octavius Hill ou Mathew Brady Ga lle Morel Un marchand sans march Julien Levy et la photographie tudes photographiques n 21 d cembre 2007 p 6 29 en ligne sur http etudesphotographiques revues org index909 html I lt En tant que participant au double mouvement que constituent la cr ation d images modernistes et ses alliances avec des organismes publics ou commerciaux Bravo peut aussi tre rattach un grand promoteur culturel am ricain et apporter ainsi une lumi re nouvelle sur les liens qui unissent le surr alisme et la photographie Ces associations o
29. oit le prix international de photographie Hugo Erfurth d cern par la Ville de Leverkusen en Allemagne ainsi que le prix Agfa Gevaert dans la m me ville 1992 Se voit d cerner le Tlacuilo d argent au Salon de la plastique mexicaine 1993 Nomm Creador Em rito par le Conseil national pour la culture et les arts du Mexique 1994 1995 L exposition Evidencias de lo invisible cien fotograf as est pr sent e au mus e des Beaux Arts de New Delhi au Palais imp rial de P kin et au Centre culturel de Bel m Lisbonne 1995 Re oit la m daille d or de la photographie du National Arts Club de New York la m daille de l Excellence Leica et la grand croix de l Ordre du M rite du Portugal Un hommage public lui est rendu au Centro de la Imagen de Mexico R alisation au Centre culturel d art contemporain de Mexico de la Fondation culturelle Televisa de l exposition et du catalogue Luz y tiempo en trois volumes pr sentant la collection qu il avait r unie pour le mus e de la Photographie depuis 1981 1996 Inauguration du Centre photographique Manuel lvarez Bravo Oaxaca Exposition au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sof a de Madrid Il est r compens pour l ensemble de sa carri re par la College Art Association de New York et par le Museum of Photographic Arts de San Diego Un hommage lui est rendu au V Colloque latino am ricain de la photographie 1997 Exposition au mus e de la Photographie de Kiy
30. personas L Esprit des personnes 1936 Campana y tumba Cloche et Tombe 1036 Sepulcro traspasado S pulcre transperc 1933 ouTumba reciente Tombe r cente 1937 1930 l voquent de mani re contemplative Le sujet peut tre sond de mani re plus brutale comme dans Obrero en huelga asesinado Ouvrier en gr ve assassin 1934 photographie c l bre prise sur le vif d un gr viste assassin au sol mais ici la clart de la sc ne peut aussi montrer la distance relative que le photographe gardait avec le surr alisme C est plut t une autre partie de son travail qui l en rapproche Escala de escalas chelle d chelles 1931 par exemple montre un portail sous lequel on trouve un gramophone un cercueil pour enfant perch en hauteur dans ce qui est manifestement une entreprise de pompes fun bres ainsi que des chelles pos es sur le c t Le titre de cette photographie pour sa part attire l attention sur un vision et regard 29 Caballo de madera Cheval de bois 1928 h Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C objet utilitaire l chelle en le redoublant de mani re lui donner une consonance m taphorique Alors qu au premier regard le spectateur peut s attarder sur la pr sence simultan e du gramophone et du petit cercueil qui fait enseigne le titre place l ensemble de l image documentaire sur un plan all gorique Sans nous en donner la cl la mise en jeu de la signif
31. peut noter une grande hardiesse de ton dans les textes des artistes mexicains tels que le peintre muraliste David Alfaro Siqueiros qui dans son ouvrage L Art et la R volution R flexions partir du muralisme mexicain adopte un discours ouvertement marxiste et aborde l art depuis l opposition dialectique entre art social et art pur Dans le texte ci dessous Roberto Tejada montre comment Manuel lvarez Bravo au sein d un tel contexte se soustrait des proc d s pr d termin s se situant hors des champs discursifs habituels et instaure ainsi une approche originale de l entourage social Ex Comme dans le processus photographique o les valeurs positives et n gatives sont retourn es pour tre nouveau invers es lvarez Bravo propose non pas une vue n gative de la dimension historique comme dans le cas du muralisme qui cherchait sa l gitimit dans l artifice de l ancien ou de l archa que mais une appr ciation positive de ce qui est sous valu y compris dans les contradictions nouvelles de la p riode postr volutionnaire Manuel lvarez Bravo ne voit pas ces relations comme invers es mais plut t comme des inversions d une inversion par le processus politique et formel de la repr sentation Sa r ussite est d avoir investi l espace public les classes laborieuses et la diff rence sexuelle tout en r sistant l engagement id ologique de l tat postr volutionnaire qui va dans le sens d une d po l
32. quilibre entre obscurit et clart d o naissent les ombres et le relief des choses L ombre et la lumi re sont les deux faces d terminantes de la photographie en particulier celle en noir et blanc Les contrastes ombre lumi re peuvent contenir une dimension esth tique importante ils structurent l espace distinguent le vu visible du vu invisible l ombre comme la lumi re trop intense peuvent cacher oblit rer une partie du r el Mais l ombre peut cr er une forme se superposant une r alit d j pr sente C est le cas des ombres port es qui sont conditionn es par la situation et l intensit de la source lumineuse Leurs formes ne sont pas forc ment la r plique exacte de celles de son objet Dans des conditions d angle lumineux elles sont souvent d form es comme les silhouettes au coucher du soleil Ainsi l ombre compose t elle avec le r el et peut nous donner l illusion que le minuscule est gigantesque ou que l ordinaire est trange Ces ombres outre qu elles constituent par leur forme leur position et leur densit un excellent indice de spatialit ont alors galement une valeur indicielle par rapport ce qui est absent de l image Elles sont des substituts de r alit inversant le sch ma classique qui veut que les ombres n existent que par la pr sence des choses et qu elles leur apportent paisseur et relief Dans les photographies de Manuel lvarez Bravo Juego de papel 3 Jeu de papier 3 1
33. renciers et formateurs Juan Camelo juancamelo jeudepaume org Mathilde Kiener mathildekiener jeudepaume org professeurs relais C line Lourd acad mie de Paris celinelourd jeudepaume org Maxime Seguin acad mie de Cr teil maximeseguin jeudepaume org visites scolaires octobre 2012 janvier 2013 Evisites conf rences pour les classes Les conf renciers du service ducatif du Jeu de Paume accueillent et accompagnent les classes dans la d couverte des expositions tout en favorisant l observation et la prise de parole des l ves Ces visites conf rences permettent aux publics scolaires de s approprier les expositions et les uvres comme d tre en position active devant les images tarif 80 r servation 01 47 02 12 41 serviceeducatif jeudepaume org visite pr par e pour les enseignants Le dossier enseignants est pr sent lors de la visite pr par e qui est propos e au d but de chaque exposition Cette s ance sp cifique de deux heures permet aux enseignants de pr parer la visite des classes et les axes de travail pour les l ves mardi 13 novembre 18 h3o s ance gratuite et ouverte tous les enseignants r servation 01 47 03 04 95 f parcours crois s En associant la visite conf rence d une exposition au Jeu de Paume avec l activit d un autre lieu les parcours crois s permettent d explorer des th matiques communes diff rentes institutions culturelles Avec la Biblioth que nationa
34. revue Contempor neos o sont publi es trois de ses images Rideau tude d arbre et Hojas Feuilles fait galement office de studio de portraits pho tographiques et de point de vente de reproductions photos de la peinture moderne mexicaine tout un cercle strat gique pour faire la promotion de sa photographie dans les milieux de l art et pour se faire un nom qui lui permette de quitter son emploi de contr leur des comptes Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re in Manuel lvarez Bravo op cit p 22 1 On doit Ingrid Schaffner et Lisa Jacob un ouvrage de r f rence sur le sujet Julien Levy Portrait of an Art Gallery Cambridge Massachusetts The MIT Press 1998 2 Tout en ayant d fendu le travail de Stieglitz Levy crit dans ses m moires N ayant pas l humilit de croire vraiment en quiconque y compris en moi m me je n ai jamais t un adepte de Stieglitz certainement je n tais pas convaincu par son aura de marchand d art que de toute fa on je ne comprenais pas compl tement Julien Levy Memoir of an Art Gallery New York Putnam 1977 p 52 3 Avec ses confr res d Harvard il finit par former une g n ration influente de gestionnaires culturels des institutions d avant garde citons notamment Alfred Barr Jr au Museum of Modern Art et Arthur Everett Austin Jr au Wadsworth Atheneum 4 Julien Levy op cit p 7 5 Lettre de Peter Llyod pseudonyme de
35. revues d art d avant garde lui ouvrent leurs espaces En photographie un l ment d cisif pour cet engouement est la d couverte d Atget ses vitrines plus que tout autre sujet font sensation l une d entre elles rappelons le ouvre foto auge Dans la foul e l avant garde photographique adopte le motif aussi bien en Europe qu aux tats Unis Evans s y int resse tr s pr cocement d s 1930 en tout cas au moment o il d couvre Atget et se d tourne des formules modernistes europ ennes pour ce qui deviendra le style documentaire Or non seulement la vitrine est comme le pr sentoir ou le dessus de commode un arrangement inconscient un agencement spatial compos avant la prise mais plus encore elle est presque une image d j faite qui partage bien des points avec la photographie Comme la chambre photographique cette bo te s lectionne des objets les cadre c est dire les coupe de leur contexte r el pour les transformer en une v ritable repr sentation d eux m mes De surcroft elle tend transformer l arrangement ainsi obtenu en composition plane puisque prise dans l aplat du mur elle interdit les points de vue lat raux ou p riph riques au profit de la vue frontale Le photographe n a donc si l on peut dire plus rien faire l image est pr te limitant par cette frontalit et la faible profondeur de champ sa marge de man uvre presque rien Olivier Lugon Le Style documentair
36. son attention sur le caract re plat des tirages photographiques Les artistes s int ressent au paradoxe du m canisme photographique qui transcrit les volumes de mani re illusionniste tout en conservant un support bidimensionnel Comme le souligne ric de Chassey Pourtant la photographie a chang les r gles de l approche de la r alit le photographe n est pas comme le peintre conduit chercher la repr sentation de la troisi me dimension son appareil est construit pour donner toujours cette illusion Ce qu il peut chercher en revanche c est accentuer volontairement la bidimensionnalit supprimer l illusion de profondeur par la pr cision de sa prise de vue ll va alors contre la nature suppos e de son m dium ou plut t il choisit entre deux natures celle du support et celle de l instrument L uvre Tr ptico cemento 2 La Tolteca Triptyque b ton 2 La Tolteca 1929 d lvarez Bravo montre de mani re g om trique les trois plans d une sc ne nigmatique o un mur imposant coupe un monticule de gravas sur un fond qui s apparente un espace plong dans l obscurit La conjugaison de l aplat du mur de la texture granul e du monticule et de l espace noir du vide donne l impression d une juxtaposition de surfaces dont le contact se ferait sur des lignes et non dans un espace tridimensionnel La photographie semble plut t dessin e que prise Pour un certain nombre de photographes c
37. tation soit de la part du spectateur qui s approprie sa mani re l image et en projette le sens soit de la part du photographe lorsqu il donne un titre l image en d calage avec le contenu visible Dans certains cas le spectateur est laiss lui m me alors que le titre ne vient que redoubler l aspect nigmatique des images Dans d autres c est lvarez Bravo qui oriente l interpr tation Los obst culos Les Obstacles 1929 o l on per oit des chevaux de man ge en bois c te c te sous une b che semble proposer une situation imaginaire o l on ne sait si les obstacles ont pu tre surmont s par la course des chevaux ou bien s ils s incarnent dans la b che qui aveugle en partie ces animaux en bois Plus narratif ce titre fait galement passer du registre documentaire celui d une m taphore ouverte que le spectateur compl te sa mani re C est une histoire tout enti re qu lvarez Bravo invite le spectateur imaginer dans F bula del perro y la nube Fable du chien et du nuage vers 1935 Au milieu de la cour d une habitation en bois un chien erre Dans un ciel limpide des nuages flottent et l un d entre eux passe derri re l un des nombreux objets dispers s dans l image Ce nuage semble alors s accrocher par sa texture cotonneuse cette parcelle de monde terrestre L artifice du titre comme filtre de lecture tire ici son efficacit du fait qu il ne semble pas au premier abord s interposer
38. volution mexicaine et la proclamation de la Constitution de 1917 la d finition d un nouveau concept politico culturel de la nation oppos l europ anisme civilisateur pr dominant pendant la longue dictature de Porfirio D az et la tentative de modernisation du pays se r percutant sur la vie urbaine C est l poque o se construit une identit mexicaine fond e sur les notions de l indig nisme et de la race cosmique pr n es par le penseur et homme politique Jos Vasconcelos qui fut ministre de l ducation et exer a une grande influence sur l id ologie et la vie culturelle du pays Ces id es proclamaient le m tissage racial et culturel en faisaient une mission transcendantale dont tait investie l Am rique latine pour l avenir du monde travers sa synth se des races la r gion devait inaugurer une re universelle de l humanit Cette utopie tait une sorte d aryanisme nazifiant l envers Elle clamait une mission en partant d une suppos e sup riorit ethnique qui n tait pas fond e sur la puret mais sur le m lange racial la place de la race aryenne excluante la race cosmique int gratrice Dans le but de construire une mexicanit de synth se on mythifiait avec fiert l extraordinaire pass pr hispanique du pays pour s en servir de tremplin pour forger une identit distincte de l h ritage occidental h g monique Une telle perspective favorisait l assimilatio
39. 928 Ondas de papel Vagues de papier vers 1928 Andamios et Andamios Il chafaudages et chafaudages ll 1929 Paisaje inventado Paysage invent 1972 El aspecto exterior L Aspect ext rieur vers 1970 ou encore dans Tr ptico cemento 2 La Tolteca Triptyque b ton 2 La Tolteca 1929 les ombres redistribuent l espace le d coupent le composent ou le d composent et apportent un noir intense opaque ou un gris d licat plus transparent f Parmi les photographies cit es ci dessus travailler partir de Ondas de papel Vagues de papier vers 1928 afin d identifier les zones d ombre et les zones lumineuses Avec du papier calque reproduire l image en ne laissant appara tre que ce contraste noircir les zones d ombre laisser en blanc les zones de lumi re Montrer que cette alternance d ombre et de lumi re donne du volume aux formes et oriente la composition de l image Formes et g om trie Certes toutes les uvres r alis es par lvarez Bravo de 1927 1931 affichent un formalisme exquis pour l poque que l on ne trouve que chez Weston et Modotti On distingue n anmoins dans sa photographie une double qualit constructive d abord une maftrise du cadrage dans Estudio de rbol tude d arbre Pajaritos de tiro al blanco Tir au pigeon rgano de catedral Orgue de cath drale ou Cortina Rideau ensuite l usage qu il fait de la construction intentionnelle du motif photographie
40. Azc rraga Milmo pr sident de la cha ne priv e mexicaine Televisa commence constituer une collection de photographies pour la fondation culturelle de la 16 d couvrir l exposition cha ne Il est nomm membre honoraire de l Acad mie des arts du Mexique Il f te ses cinq d cennies de photographie la galerie de l Auditorium national de Mexico en tant qu invit d honneur du Salon national des arts plastiques section Biennale de la photographie Exposition la galerie Agathe Gaillard Paris 1981 Participe aux XIIe Rencontres internationales de la photographie d Arles pr sente aux c t s de Herbert Molderings la soir e Photographie et r volution Tina Modotti ll est nomm officier dans l Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement fran ais ll expose la galerie Witkin de New York et la foire d art de B le Art Basel 1982 Publication du livre Instante y revelaci n avec des photographies de Manuel lvarez Bravo et des po mes d Octavio Paz 1983 Exposition au mus e d Isra l J rusalem Nissan N Perez crit le texte du catalogue Dreams Visions Metaphors The Photographs of Manuel lvarez Bravo Nomm directeur du nouveau Mus e de la photographie de la Fondation culturelle Televisa il organise l exposition Fotograf a del siglo XIX pr sent e au mus e Rufino Tamayo de Mexico Professeur honoraire de la chaire Jos Clemente Orozco de l Universit nationa
41. C 1 Cit par Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re in Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 21 2 Roberto Tejada Documents quivoques in ibid p 43 44 3 laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re op cit p 26 4 Michel Poivert Un art automatique in Andr Gunthert Michel Poivert dir L Art de la photographie Paris Citadelles amp Mazenod 2007 p 535 538 5 Michel Poivert Images de la pens e in La Subversion des images Paris Centre Pompidou 2009 p 310 6 Voir Cl ment Ch roux L image comme point d interrogation ou la valeur d extase du document surr aliste in L image document entre r alit et fiction Paris Le BAL Marseille Images en man uvre coll Les Carnets du BAL 1 2010 p 27 47 7 Rosalind Krauss Photographie et surr alisme in Le Photographique Pour une th orie des carts Paris Macula 1990 P 114 8 Michel Poivert Un art automatique in Andr Gunther Michel Poivert dir L Art de la photographie op cit p 538 9 Publi dans Le Minotaure n 7 juin 1935 p 56 10 Cit par Cl ment Ch roux L image comme point d interrogation ou la valeur d extase du document surr aliste OP cit p 39 10 Guillaume Le Gal Voir est un acte in La Subversion de
42. Guggenheim Memorial Foundation ll expose au Festival international Cervantino de Guanajuato Mexique la galerie Witkin de New York et au mus e d Art moderne de Caracas au Venezuela 1976 Le mus e d Art moderne de Mexico inaugure une salle consacr e l uvre de Manuel lvarez Bravo Ses photographies figurent dans l exposition Photographs from the Julien Levy Collection starting with Atget l Art Institute de Chicago Le Creative Camera International Year Book 1976 Londres publie vingt photographies lvarez Bravo prend la t te d un groupe de dix photographes qui sont admis au Salon de la plastique mexicaine Il expose la Photogalerie de Paris la Photographers Gallery de Londres au mus e Nic phore Ni pce de Chalon sur Sa ne et la galerie Il Diafragma Milan 1977 R alise une exposition itin rante travers la Belgique et une autre la galerie Juan Martin de Mexico 1978 Exposition la Corcoran Gallery of Art de Washington au San Francisco Art Institute San Francisco Californie au mus e d Art moderne de Mexico la Nova Gallery de Vancouver et la galerie Kiuz Boston 1979 Invit d honneur des X Rencontres internationales de la photographie d Arles ll expose au Center for Inter American Relations de New York 1980 Quitte le Fondo Editorial de la Pl stica Mexicana et la demande du producteur de cin ma et collectionneur Jacques Gelman ainsi que d Emilio
43. Julien Levy Julien Levy 3 juin 1932 cit par Agn s Sire in Documentary and Anti Graphic Photographs Manuel lvarez Bravo Henri Cartier Bresson Walker Evans Paris Fondation Henri Cartier Bresson Lausanne mus e de l lys e G ttingen Steidl 2004 p 14 rep res 15 1972 Exposition Manuel lvarez Bravo 400 fotograf as au palais des Beaux Arts de Mexico avec un texte de Jorge Hern ndez Campos 1973 Offre sa collection personnelle de photographie historique et d appareils photographiques l Institut national des beaux arts INBA L tat mexicain fait l acquisition de quatre cents photographies de Manuel lvarez Bravo pour le fonds du mus e d Art moderne de Mexico Exposition Juchit n Oaxaca des pi ces acquises par l artiste Francisco Toledo pour la Maison de la culture de Juchit n 1974 Re oit le prix El as Sourasky Mexique Il expose l Art Institute de Chicago les photographies donn es l INBA En plus d une exposition individuelle la galerie Casa del Lago Mexico expositions Cien fotograf as y paisajes inventados la galerie Jos Clemente Orozco de Mexico et Retratos de los treintas y cuarentas la galerie Arvil de Mexico Lee Friedlander dite le portfolio Fifteen Photographs by Manuel lvarez Bravo pour Double Elephant Press incluant un texte d Andr Breton de 1030 1975 Re oit le Prix national des arts du Mexique et une bourse de la John Simon
44. Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 37 2 lbid p 34 3 Nathalie Boulouch La recherche de nouveaux langages visuels in Andr Gunthert Michel Poivert dir L Art de la photo graphie Paris Citadelles amp Mazenod 2007 chapitre La cr ation exp rimentale p 460 4 Voir notamment Charles Baudelaire Le public moderne et la photographie in Salon de 1850 tudes photographiques n 6 mai 1999 en ligne sur http etudesphotographiques revues org 5 Quentin Bajac La Photographie l poque moderne 1880 1960 Paris Gallimard 2005 p 66 67 6 ric de Chassey Paul Strand frontalit et engagement tudes photographiques n 13 juillet 2003 en ligne sur http etudes photographiques revues org index346 html 7 Voir par exemple Olivier Lugon La photographie des typographes tudes photographiques n 20 juin 2007 en ligne sur http etudesphotographiques revues org 8 Manuel lvarez Bravo El Arte negro 1945 cit par Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re in Manuel lvarez Bravo op cit p 18 9 Olivier Lugon Le Style documentaire D August Sander Walker Evans 1920 1945 Paris Macula 2001 p 146 10 Jos Miguel Ull n R fagas in Manuel lvarez Bravo Madrid Ministerio de Cultura 1985 p 22 cit par Laura Gonz lez Flores in Manuel lvarez Bravo
45. TTO en couverture Bicicleta al cielo Bicyclette au ciel 1931 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C toutes les photos O Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C O Jeu de Paume Paris 2012 de o Tr ptico cemento 2 La Tolteca Triptyque b ton 2 La Tolteca 1929 Collection Familia Gonz lez Rend n d couvrir l exposition Le r cit canonique de l histoire de la photographie en Occident a eu tendance privil gier la notion d un temps chronologique li au progr s volutif du m dium et au surgissement de certaines individualit s Aujourd hui les institutions culturelles les centres d art et les mus es ne peuvent se soustraire plus longtemps la n cessit de r viser cette histoire partir d autres centres et d autres p riph ries en privil giant des notions alternatives li es la m moire l histoire et au pass Il ne fait aucun doute que Manuel lvarez Bravo est l un de ces mythes marquants de l histoire de la photographie Et c est pour cette raison que l tude de son uvre a rarement vit l cueil des conventions critiques qui entourent la photographie tout au plus y ajoutait on une larme de folklorisme local l heureuse long vit de don Manuel qui s tend sur pratiquement tout le XX si cle co ncide galement avec la p riode o la photographie et les images au sens large sont devenues des instruments de connaissance
46. a fin ni si m me elle en a Inutile d ouvrir pr s de moi une lampe la lumi re creuse la mine du silence par elle je descends de moi m me immobile Xavier Villaurrutia Nocturne in Nostalgie de la mort Paris Jos Corti dition bilingue 1991 p 56 57 f S lectionner plusieurs images entre cinq et dix Organiser ces images afin de cr er une planche contact comme les images fixes les photogrammes d un film crire une histoire ou un sc nario partir de cette s quence d images Utiliser les images de Manuel lvarez Bravo t l chargeables sur le site du Jeu de Paume Bicicleta al cielo Bicyclette au ciel 1931 Mech n M che vers 1945 ou Los novios de la falsa luna Les Amoureux de la fausse lune 1967 Ces photos donnent voir des objets la signification ambigu au sens quivoque partir de ces images proposer aux l ves d crire un texte HA la suite du visionnage du film Un chien andalou 1929 de Luis Bu uel en ligne sur http www zappinternet com video danPvuMpaX Un chien Andalou 1928 tudier avec les l ves la mani re dont a t crit le sc nario du film d apr s le t moignage de Luis Bu uel ci dessous Ce proc d d criture peut rappeler certaines pratiques d criture automatique dans le surr alisme voir la partie Photographie et surr alisme p 27 Un chien andalou est n fortuitement d une conversation b tons rompus entre deux
47. ages en associant deux l ments le premier le mouvement des objets le second l esth tique propre des images Ces deux l ments actifs comme Villaurrutia d finissait le cin ma de Bu uel devaient provoquer une r ponse sensorielle et affective de la part du spectateur Le terme montage d signe alors dans la pratique cin matographique une nouveaut esth tique reposant sur la possibilit de manipuler des s quences temporelles enregistr es afin d en redonner une unit temporelle Le caract re compos de toute uvre artistique peinture sculpture musique est ici toujours pr sent mais le cin ma de cette poque encore muet met en lumi re plus que tout autre m dium la possibilit de d lier et de reconfigurer les diff rentes parties Le fait d encha ner des sc nes en revanche est per u par ces cin astes dans toute son artificialit L arriv e des techniques sonores qui promettent une restitution totale du moment enregistr ne fait que confirmer par ses voix off ses effets de hors champ ou la postsynchronisation des voix ce qui tait d j l uvre dans les rapports entre les plans Comment fonctionne alors ce collage cin matographique qu est le montage Chaque cin aste r pond cette question sa mani re Mais comme le signale Lev Koul chov l un Tres rboles y una casa Trois arbres et une maison vers 1935 Collection Colette Urbajtel Archivo Man
48. amis Luis Bu uel tait pour quinzaine de jours au mois de mars 1929 Parcours p dagogique pour les enseignants Un chien andalou de Luis Bu uel Paris Centre Pompidou direction de l Action ducative et des publics janvier 2004 en ligne sur htip www centrepompidou fr education ressources ens bunuel ens bunuel html f En litt rature autour de la notion d inqui tante tranget d velopp e par Freud et associ e certaines images de Manuel lvarez Bravo voir p 20 mais aussi autour des peurs li es la vision et au regard lire et commenter le texte d E T A Hoffmann L homme au sable 1816 in Contes fantastiques 2 Paris Flammarion 1980 p 248 250 Mech n Meche vers 1945 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C quelques jours 4 Cadaqu s l invit de Salvador Dal au moment des f tes de No l en 1928 Ces deux tr s grands noms de l art au XX si cle taient encore deux parfaits inconnus dont l amiti remontait au temps de leurs tudes Madrid Bu uel a ainsi racont cet pisode Dal me dit Moi cette nuit j ai r v que des fourmis pullulaient dans ma main Et moi Eh bien Moi j ai r v qu on tranchait l il de quelqu un l id e d Un chien andalou tait n e Le sc nario fut crit en six jours le temps des vacances selon un proc d que Bu uel fait revivre ainsi Par exemple la femme s empare d une raquette de t
49. aphe d explorer des affects de rejet de la part du spectateur ll semblerait qu ici le mod le en tant qu l ment mani par le photographe soit conduit figurer son propre r le de chose Le caract re d sagr able de ces mod les choses est l oppos d autres mises en sc ne plus classiques o le mod le f minin est amen produire une image davantage s duisante Enfin chez lvarez Bravo une autre conception du corps objet peut tre d gag e qui s loigne de l inqui tante tranget Ni o orinando Enfant urinant 1928 ou El cuello Le Cou vers 1930 fractionnent bien le corps par le choix du cadrage mais sans pour autant le faire c toyer le statut de chose La d coupe intensifie l attention plus qu elle ne d contextualise et elle laisse les corps int gr s un espace familier Ainsi dans Le Cou la t te en arri re et le menton relev le mod le semble offrir de bon gr cette partie de son corps au regard du photographe ce que marque le sourire qu on peut apercevoir dans la partie sup rieure de l image On pourrait opposer cette photographie Anatomies vers 1930 de Man Ray Rosalind Krauss attire l attention sur le trouble produit par cette uvre Dans Anatomies nous contemplons la partie inf rieure d un menton violemment renvers en arri re et nos yeux glissent sur la musculature d un cou distendu mais rendu n anmoins trangement g latineux par l clairage et les contours de l image
50. ar excellence puisqu il s agit d un document imparable Les autres arts inventent alors que la photographie est la reproduction fid le de faits de sc nes d v nements l appareil photographique a appris l homme voir le produit servant un besoin de s curit documentaire motionnelle la photographie est devenue un enseignement sur la mani re de voir aussi bien pour celui qui la pratique que pour celui qui est simplement spectateur et regarde Par bola ptica Parabole optique de 1931 photographie prise du point de vue d un passant sur le trottoir d une ville repr sente un magasin d optique portant une enseigne ovale suspendue mais l image est invers e lvarez Bravo pr tendant avoir initialement tir le n gatif normalement Parabole optique autre version cette image suscite des interrogations sur son origine m me et invite se demander si la transposition est d lib r e ou si elle r sulte d un accident fortuit dans la chambre noire Et cette question vient enrichir la signification de ces deux images Le nom du magasin La ptica Moderna signifie videmment l optique moderne mais on pourrait aussi interpr ter le mot optique dans le sens de point de vue ou perspective De m me le titre espagnol de Par bola ptica est un jeu de mots par bola ayant les deux sens du mot parabole en fran ais c est dire la forme g om trique et la parabole bibliq
51. arios et les notes sur le cin ma trouv s dans les carnets d lvarez Bravo qui montrent que son intention esth tique cin matographique n tait pas tr s loign e de sa photographie Ses sc narios t moignent de l influence de la conception du montage d Eisenstein mais aussi de la dissonance des images choquantes de Bu uel lvarez Bravo laisse les images raconter d elles m mes Les films qu il tourne sont des ceuvres exp rimentales tous deux ont disparu et lvarez Bravo ne parvient pas s introduire dans le cin ma commercial En revanche sa photographie conna t dans ces ann es l pr sentation de l exposition 7 La hija de los danzantes La Fille des danseurs 1933 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C une large diffusion internationale C est cette poque qu il rencontre Sergue Eisenstein Henri Cartier Bresson Paul Strand et Andr Breton 6 S exposer Dans presque toutes les images le photographe semble s effacer y compris dans les nus l appareil saisit des images de gestes priv s et de r veries intimes o le corps s expose mais sans se livrer enti rement Ce sont des nus silencieux peu communicatifs des corps repli s sur eux m mes qui cr ent une tension esth tique propre lvarez Bravo Cette fermeture va dans deux directions imbriqu es le choix de ce que cadre l appareil et l uvre qui en r sulte fruit de la po tique d une phot
52. choisies et adapt es en fonction des demandes et des classes dur e 2h tarif 120 inscription et r servation 01 47 03 04 95 programme complet des activit s destination des enseignants et scolaires 2012 2013 disponible l accueil du Jeu de Paume et sur www jeudepaume org d couvrir l exposition Pr sentation de l exposition 6 Chronologie 9 rep res Le contexte historique et culturel mexicain 10 rep res L exposition Documentary and Anti Graphic Photographs Manuel lvarez Bravo Henri Cartier Bresson Walker Evans la galerie Julien Levy 1035 14 bibliographie s lective 17 approfondir l exposition Enregistrement et composition 20 La modernit en photographie 20 Esth tique du montage 23 Vision et regard 26 Photographie et surr alisme 26 L inqui tante tranget 29 pistes de travail 32 orientations bibliographiques et ressources en ligne 38 Ce dossier est publi l occasion l exposition Manuel lvarez Bravo un photographe aux aguets 1902 2009 pr sent e au Jeu de Paume Paris du 16 octobre 2012 au 20 janvier 2013 Cette exposition a t organis e par le Jeu de Paume et la Fundaci n MAPFRE Madrid FUNDACI MAPFRE En collaboration avec la Fundaci n Televisa Mexico si LT Fundaci n Televisa Avec l aide de l Instituto Cultural de M xico Paris Dans le cadre du Mois de la Photo Paris 2012 En partenariat avec de l air EA SIUILE
53. de l Union sovi tique par El Lissitzky dans son photomontage mural pour l exposition internationale Pressa Cologne en 1928 En Union sovi tique la photographie devient en effet un v hicule privil gi de communication r volutionnaire et de propagande d tat Le collage en est l une des principales ressources la fois par son efficacit visuelle et par ses possibilit s s mantiques Le mouvement constructiviste sovi tique associe fortement la conception formelle de l art une cha ne d analogies entre machines photographiques machines industrielles r volutions industrielles et r volutions sociales Pour Laura Gonz lez Flores cela n est pas perceptible chez lvarez Bravo Malgr l avant gardisme formel qu il me semble voir dans sa po tique il convient de reconna tre qu lvarez Bravo n a jamais exprim d blouissement constructiviste ou futuriste Il n a pas non plus suivi de programmes ni de manifestes dont les modernes taient si friands Cette exposition pr sente plusieurs photos de formes g om triques qu il d couvrait dans des objets de la vie quotidienne L une d entre elles Ondas de papel Vagues de papier vers 1928 nous surprend aujourd hui par sa ressemblance avec les formes courbes et les jeux de volumes caract ristiques de l architecture de Frank Gehry en particulier de son difice le plus connu le mus e Guggenheim de Bilbao Pourtant on ne sent pas une po tique constructiviste la ma
54. de la photographie de Walter Benjamin tudes photographiques n 8 mai 2006 en ligne sur http etudesphotographiques revues org Michel Poivert La condition moderne de la photographie au XX si cle in l Ombre du temps Paris ditions du Jeu de Paume 2004 Michel Poivert Le sacrifice du pr sent Pictorialisme et modernit tudes photographiques n 8 novembre 2000 en ligne sur http etudesphotographiques revues org Il Atget Une r trospective Paris Biblioth que nationale de France Hazan 2007 dossier de l exposition en ligne sur http expositions bnf fr atget index htm f Exp rimentations photographiques en Europe Des ann es 1920 nos jours accrochage de la collection du MNAM Paris Centre Pompidou 2009 dossier en ligne f New York et l art moderne Alfred Stieglitz et son cercle 1905 1930 Paris mus e d Orsay R union des mus es nationaux 2004 Il La Photographie pictorialiste en Europe 1888 1918 Rennes mus e des Beaux Arts 2005 2006 ERodichenko photographe La R volution dans l il Marseille Parenth ses 2007 Vision et regard f Georges BATAILLE Histoire de l il Paris Gallimard 2004 f Andr Breron Manifeste du surr alisme in uvres compl tes t Paris Gallimard Paris 1998 f Paul Eowarps Soleil noir Photographie et litt rature des origines au surr alisme Presses universitaires de Rennes 2008 f Sigmund Freup L Inqui tant
55. de pigment sable et colle pour Masson les premi res images obtenues par ces proc d s rel vent du chaos visuel L artiste devenu spectacteur de cette absence de formes d finies et identifiables est invit y projeter son imaginaire Reprenant son compte le proc d d association libre utilis oralement dans la th rapie psychanalytique l automatisme aspire produire des interpr tations visuelles qui id alement s imposent au sujet l automatisme visuel se pr sente ainsi comme un m canisme calcul de surinterpr tation il n en ressort que ce que le sujet y projette Dans le cas de la photographie l automatisme c est dire la place laiss e au spectateur et son activit inconsciente peut prendre deux voies La premi re est celle de la collection ou de l appropriation du d tournement ou du commentaire de images d j existantes Elle est tr s pr sente dans les principales revues surr alistes Le Minotaure et Documents Des titres ajout s par les artistes peuvent jouer ce r le attribuant tel ou tel clich documentaire notamment ceux d Eug ne Atget un sens en complet d calage avec son contenu r el et pourtant percutant Lorsqu il s agit de produire des photographies on peut distinguer d autres proc d s Si les pratiques li es l automatisme qui vont de m thodes pr cises un certain tat d esprit dans le travail artistique jouent un r le important dans la mise en place des id
56. des photographiques n 16 mai 2005 en ligne sur http etudesphotographiques revues org F Michel Poivert l Image au service de la r volution photographie surr alisme politique Cherbourg Le Point du Jour 2006 Il Lo Subversion des images Surr alisme Photographie Film Paris Centre Pompidou 2009 dossier p dagogique de l exposition en ligne sur http www centrepompidou fr education ressources ens subversion ens subversion html El color La Couleur 1966 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C Contexte historique et culturel mexicain Julie Amor Jes s Alonso CarBaLtes Dossier espagnol 2011 2013 Le Mexique au milieu du XX si cle La Transition d mocratique en Espagne Paris Atlande 2011 f Sarah M Lowe Tina Modotti amp Edward Weston The Mexicain Years Londres et New York Merrel 2004 Octavio Paz Le Labyrinthe de la solitude suivi de Critique de la pyramide Paris Gallimard 2010 Monique PiAA Aspects du muralisme mexicain Paris Presses universitaires de France 2008 David Alfaro Siqueiros L Art et la R volution R flexions partir du muralisme mexicain Paris ditions sociales 1973 f Edward Weston Journal mexicain 1923 1926 Paris ditions du Seuil 1998 f August n V Casasola Paris Centre national de la photographie 1992 introduction d Alfredo Cruz Ramirez Il Tina Modotti et la Renaissance mexicaine Paris Nouvelles ditions Jean
57. e tranget Essais de psychanalyse appliqu e Paris Gallimard 1971 f Ernst Theodor Amadeus Hormann L homme au sable 1816 in Contes fantastiques ll Paris Flammarion 1980 Il Cl ment CH roux L image comme point d interrogation ou la valeur d extase du document surr aliste in L Image document entre r alit et fiction Paris Le BAL Marseille Images en man uvre coll Les Carnets du BAL 1 2010 Il Ernst Jentsch propos de la psychologie de l inqui tante tranget 1906 tudes psychoth rapiques n 17 1908 Il Rosalind Krauss Le Photographique Pour une th orie des carts Paris Macula 1900 Il Rosalind Krauss dir Explosante Fixe Photographie et surr alisme Paris Centre Pompidou Hazan 2009 f Ado Kyrou Le Surr alisme au cin ma Paris Ramsay 1985 F Claude Murcia Un chien andalou l ge d or Paris Nathan 1998 F Charles S Pierce crits sur le signe Paris ditions du Seuil 1978 Michel Poivert Politique de l clair Andr Breton et la photographie tudes photographiques n 7 mai 2000 en ligne sur http etudesphotographiques revues org Michel Powerr Le ph nom ne de l extase ou le portrait du surr alisme m me tudes photographiques n 2 mai 2009 en ligne sur http etudesphotographiques revues org F Michel Poivert Le rayogramme au service de la r volution Photographie occultiste et surr alisme tu
58. e D August Sander Walker Evans 1920 1945 Paris Macula 2001 p 198 34 approfondir l exposition Il Les photographies de la section Marcher de l exposition montrent des gens marchant et traversant des espaces comme celui du cadre Ces images donnent l impression d tre les photogrammes d un film l instar d lvarez Bravo qui posait son tr pied avec son appareil dans la rue et attendait que des l ments soient fortuitement agenc s pour prendre la photographie d finir un protocole de prise de vue pour r aliser une photographie d un lieu urbain de passage rue place sortie de m tro Puis l int rieur de l espace d limit par cette vue l utilisation d un pied est recommand photographier tous les l ments et les transformations de cet espace en variant les chelles et en jouant ou non sur les angles de prise de vue Imaginer et r aliser une pr sentation de la s rie photographique sous la forme d un portfolio d une projection en diaporama d un photomontage ou encore d un livre qui produira l effet d une s quence cin matographique ll est possible de pr senter aux l ves les photographies des s ries Running legs de Lisette Model vers 1940 1941 ou Subway photographs 1938 1941 de Walker Evans L exercice peut s appuyer galement sur les livres de Georges Perec Tentative d puisement d un lieu parisien ou Esp ces d espaces dont sont issus ces travaux
59. e Quel r le joue alors la photographie dans ce d sir d une alliance entre l art et la vie Celui d une approche exacerb e du r el d un v ritable f tichisme de la vision ll ne s exerce toutefois pas selon les m mes modalit s dans le cercle de Breton ou dans celui de Georges Bataille l iconographie photographique ch re au premier est souvent li e aux effets d instantan it susceptible de traduire l exp rience de l automatisme psychique Pour Bataille les illustrations photographiques traduisent une histoire de l il la pulsion scopique par le gros plan est mise au service d une r v lation du bas mat rialisme soit ce qui dans la vie touche de si pr s la morti Ce dernier note galement Ainsi les photographies dans le surr alisme sont moins des images du monde comme le voudrait une conception classique de l enregistrement que des exp riences du monde La photographie parce qu elle est dans la m thode surr aliste une image que l on rejoue que l on d place et d tourne est aussi une forme d exp rience de la culture La traduction d une mise en ab me de la r alit mais aussi une libert dans le royaume des signes Un d fi ontologique mais aussi anthropologique C est la raison pour laquelle l image photographique se voit confier d s le milieu des ann es 1920 la fonction non seulement d incarner en bonne part l automatisme mais de livrer des m taphores de cette fiction th
60. e de l ducation publique en remplacement de Lola qui avait refus la nomination Il crit un texte pour une exposition hommage Tina Modotti morte en janvier ll pouse l anthropologue am ricaine Doris Heyden qui avait t son l ve Le MoMA de New York fait l acquisition de neuf photos Il fait une exposition la Photo League de New York Son uvre figure dans diverses publications internationales comme la revue Dyn dirig e par Wolfgang Paalen 1943 Affili comme photographe de plateau la Section des techniciens et manuels du Syndicat des travailleurs de la production cin matographique Sindicato de Trabajadores de la Producci n Cinematogr fica qui l avait sollicit en 1934 Travaille comme photographe de plateau sur plusieurs films jusqu en 1959 Parall lement il enseigne jusqu en 1959 Il est nomm cin aste D au d partement de publicit et propagande du minist re de l ducation publique mais il renonce au poste parce que son cong sans solde arrive son terme et qu il doit s occuper d affaires priv es Son travail est pr sent dans deux expositions au MoMA de New York The Latin American Collection of the Museum of Modern Art et Twentieth Century Portraits Participe l exposition Mexican Art Today au Philadelphia Museum of Art En d cembre ouverture d une exposition personnelle l Art Institute de Chicago Publication de ses photos d arch ologie dans l ouvrage
61. e la vitesse d obturation la sensibilit de la pellicule le choix de la couleur ou du noir et blanc la tenue de l appareil la main ou sur un pied et son orientation la vis e la distance et le point de vue le cadrage Les options possibles au tirage le recadrage le contraste du tirage la dimension et grain du papier le temps d exposition des diff rentes zones papier la dur e de bain dans le r v lateur Point de vue et cadrage Un point de vue se d finit selon deux crit res la distance laquelle on voit l objet et l angle sous lequel on l observe Le point de vue choisi par le photographe fait ainsi surgir une certaine vision du monde si les interpr tations d un tableau sont multiples et m me parfois contradictoires en revanche la fa on dont l espace est reconstruit le choix d une certaine perspective plut t qu une autre est une donn e tangible l image raconte ce choix celui de montrer quelque chose comme a et pas autrement d opter pour un certain mod le et pas un autre S il n existe aucune solution exacte pour fixer l espace sur un plan c est que toute image m me fond e g om triquement transforme les choses elle en privil gie certains aspects Par ce choix l auteur de l image nous r v le sa vision du monde la fa on dont il envisage de le faire voir la place qu il s est lui m me attribu e par rapport cet espace qu il construit
62. ec la mexicanit Breton affirme qu lvarez Bravo met notre port e tout le path tique mexicain et d crit sa photographie comme une lumi re un signe un silence que le photographe fixe l o bat le c ur du Mexique tandis que Rivera qualifie sa photopo sie de mexicaine par sa cause forme et contenu Dans sa photographie soutient le muraliste l angoisse est omnipr sente et l atmosph re est sursatur e d ironie On remarquera dans les textes de Breton et de Rivera un trait commun aux crits sur lvarez Bravo l emphase sur la capacit qu a son uvre s riger en une ent l chie de l esprit profond et in vitablement fatal d un Mexique insaisissable inexprimable ou mythologique Au lieu d y voir une volont de style un choix formel et motif pour reprendre les mots de Carlos Monsiv is on interpr te la photographie d lvarez Bravo comme une compulsion g n tique Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de Lumi re in Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 16 lt S il est encore aujourd hui difficile d viter l cueil folklorisant et le mirage du pittoresque au Mexique c tait bien pire dans les ann es 1930 l poque o la po tique d lvarez Bravo se d finit On assiste dans ces ann es l la consolidation du nouveau r gime politique apr s la R
63. ennis pour se d fendre de l homme qui veut l attaquer celui ci regarde alors autour de lui cherchant quelque chose et je parle avec Dali Qu est ce qu il voit Un crapaud qui vole Mauvais Une bouteille de cognac Mauvais Bon je vois deux cordes Bien mais qu est ce qu il y a derri re ces cordes Le type les tire et tombe parce qu il tra ne quelque chose de tr s lourd Ah c est bien qu il tombe Sur les cordes il y a deux gros potirons s ch s Quoi d autre Deux fr res maristes Et ensuite 2 Un canon Mauvais il faudrait un fauteuil de luxe Non un piano queue Tr s bon et sur le piano un ne non deux nes putr fi s Magnifique C est dire que nous faisions surgir des images irrationnelles sans aucune explication Ce montage de r ves encha n s sans aucune intervention de la volont des deux sc naristes ouvre au cin ma les portes du surr alisme Dalf et moi en travaillant sur le sc nario d Un chien andalou nous pratiquions une sorte d criture automatique nous tions surr alistes sans l tiquette Bu uel repartit Paris avec son sc nario et c est Paris mais au Havre galement pour la s quence au bord de la mer qu eut lieu le tournage en une pistes de travail 37 orientations bibliographiques et ressources en ligne Histoire de la photographie Il Jean Christophe Balty L Instant et son ombre essai Pa
64. ent bient t un inconditionnel enthousiaste de Paul Nadar et de l idole des surr alistes Eug ne Atget Levy explique sa reconnaissance rare l poque de la photographie en tant qu un des beaux arts avant m me l influence qu ont pu exercer ses ren contres et ses relations personnelles par sa formation l universit Harvard Dans ses m moires il crira Je me suis int ress s rieusement au cin ma en tant que forme artistique et j ai associ mes cours sur l histoire de l art certains travaux sur la physique de l optique et sur la psychologie de la vision Quand j ai ouvert ma galerie d art contemporain l un de mes objectifs principaux a t de promouvoir la photographie comme une forme d art en soi Roberto Tejada Documents quivoques in Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 45 Passionn par le cin ma exp rimental travers lequel il se lie d amiti avec Man Ray et Marcel Duchamp Levy rencontre pendant son s jour en France plusieurs membres du groupe surr aliste dont Max Ernst et Andr Breton et le futur pho tographe Henri Cartier Bresson Avant m me d ouvrir sa propre galerie il organise en 1930 avec la jeune photographe am ricaine Berenice Abbott la premi re exposition d Atget aux tats Unis associ e des images de cette derni re et dont le catalogue sera achet par Manuel
65. es crase la sc ne diminue la taille des objets et des personnages La vue d en bas contre plong e en allongeant les verticales exalte la sc ne et grandit les personnages Ces angles qui d forment la vision ordinaire sont d autant plus expressifs qu ils sont accentu s et constituent des exceptions lls mettent le spectateur dans une situation de d paysement et d tranget qui provoque curiosit malaise trouble angoisse La plong e totale la verticale vue a rienne ou d un promontoire architectural et la contre plong e totale sont des cas limites elles rompent spectaculairement avec la vision normale Jean Claude Fozza Anne Marie Garat Fran oise Parfait La Petite Fabrique de l image Paris Magnard 2003 p 62 63 Cadre et cadrage Le cadre c est la d coupe le bord mat riel de l image Le cadrage c est la mani re dont on va organiser le contenu m me de l image l int rieur du cadre Le photographe travaille par soustraction il d coupe dans le continuum spatial et temporel isole puis extrait une partie de la r alit visible Quand un photographe prend une vue vous ne voyez jamais qu une partie d coup e d un tout Eug ne Delacroix Journal 1 septembre 1850 cit in Andr Rouill La Photographie en France Paris Macula 1989 Je cadre est le r sultat d un processus avant d tre l objet d une d limitation Penser cadrer le projet du cadre Champs v
66. es ceuvres d art pour Flor y canto del arte prehisp nico de M xico Expose au Salon international du portrait photographique la Biblioth que nationale de France 1962 Divorce de Doris Heyden et commence sa relation avec Colette Urbajtel 1964 Luis Cardoza y Arag n publie M xico pintura de hoy au Fondo de Cultura Econ mica illustr de photographies des muralistes prises par lvarez Bravo entre autres photographes 1966 Expose la galerie d In s Amor trente cinq sont en couleurs sur les quatre vingt huit expos es Il retrouve Paul Strand 1968 Le palais des Beaux Arts de Mexico organise une r trospective pour comm morer les quatre d cennies de photographie Luis Cardoza y Arag n r dige le catalogue Juan Garcia Ponce crit un texte sur lvarez Bravo pour le programme de l Olympiade culturelle des jeux Olympiques de Mexico 1969 Enseigne pendant un an au Centre universitaire d tudes cin matographiques de Mexico 1971 Expositions personnelles au MoMA de New York et au Pasadena Art Museum qui fait l acquisition de quarante cinq photographies chronologie 13 rep res L exposition Documentary and Anti Graphic Photographs Manuel lvarez Bravo Henri Cartier Bresson Walker Evans la galerie Julien Levy 1935 Depuis le milieu du XIX si cle et tout au long du XX si cle diff rentes strat gies ont t d velopp es dans le but d atteindre la reconnaissance de la pho
67. ette probl matique de repr sentation et cette esth tique sont renforc es par le fait qu une nouvelle vie publique s ouvre la photographie cette poque avec l invention de la similigravure puis de la rotogravure qui permet enfin de l int grer la presse de grand tirage et donc l environnement graphique des journaux et des magazines La mise en avant de la sp cificit du m dium est galement une constante des discours th oriques de cette p riode et elle joue un r le moteur dans la reconnaissance artistique de la photographie On retrouve cette revendication chez lvarez Bravo Si la musique la peinture la po sie et la sculpture ont chacune leurs yeux leurs oreilles et leur toucher qui d finissent partiellement leurs propres sensations la photographie doit rendre compte d un monde semblable mais avec des r sonances et des fulgurances qui lui sont propres avec ses propres yeux son toucher et ses oreilles Pourtant rappelle Olivier Lugon au c t cr atif et incitatif de ces discours s ajoute une question essentielle quelle est la sp cificit du m dium photographique Pour s en tenir aux ann es vingt et trente la qu te du noyau fondamental de la photographie va prendre les directions les plus diverses et les plus contradictoires dont aucune n est ill gitime le traitement de l l ment lumineux chez Moholy Nagy la mobilit visuelle chez Rodchenko la pr cision dans le groupe f 64 d Ed
68. exique Gr ce aux efforts de son ami et collectionneur Lester Bridaham il fait une exposition au mus e d Art moderne de Moscou 1955 Edward Steichen choisit deux photographies pour l exposition itin rante The Family of Man qu il organise pour le MoMa de New York 1956 Participe l exposition collective Diogenes with a Camera lll au MoMA aux c t s de Paul Strand August Sander et Walker Evans ll expose toujours New York au Village Camera Club sur Bank Street 1957 Photographe de plateau sur le tournage du film Nazar n de Luis Bu uel Exposition Manuel lvarez Bravo fotograf as au Salon de la plastique mexicaine La Eastman House de Rochester fait l acquisition de quarante cinq photographies 1958 Participe une exposition collective au MoMa de New York et l exposition Risas y l grimas de M xico Mexico 1959 Quitte l industrie cin matographique Il fonde avec le peintre Leopoldo M ndez le po te Carlos Pellicer et l historien Rafael Carrillo le Fondo Editorial de la Pl stica Mexicana d di l dition de livres d art Il prend des photographies pour plusieurs publications du Fondo notamment La pintura mural de la Revoluci n mexicana 1960 Flor y canto del arte prehisp nico de M xico 1964 Lo ef mero y eterno del arte popular mexicano 1971 ll commence faire des films avec des formats amateur 8 mm et super 8 1960 Voyage en Europe pour photographier d
69. ges que ce soit au sens figur travers la comparaison ou travers la m taphore en s appuyant sur les textes des contemporains d lvarez Bravo Octavio Paz et Xavier Villaurrutia voir notamment l extrait suivant Nocturno Al fin lleg la noche con sus largos silencios con las h medas sombras que todo lo amortiguan El m s ligero ruido crece de pronto y luego muere sin agon a El o do se aguza para ensartar un eco lejano o el rumor de unas voces que dejan al pasar una huella de vocales perdidas 36 approfondir l exposition Al fin lleg la noche tendiendo cenicientas alfombras apagando luces ventanas ltimas Porque el silencio alarga lentas manos de sombra La sombra es silenciosa tanto que no sabemos d nde empieza o acaba ni si empieza o acaba Y es in til que encienda a mi lado una l mpara la luz hace m s honda la mina del silencio y por ella desciendo inm vil de m mismo Nocturne Enfin voici la nuit avec ses longs silences ses ombres humides qui amortissent tout Le bruit le plus l ger grandit soudain et puis se meurt sans agonie Et l ou e s aiguise enfiler un cho lointain une rumeur de voix qui laissent en passant des traces de voyelles perdues Enfin voici la nuit qui jette des tapis de cendre teint les lumi res les derni res fen tres Car le silence tire de lentes mains d ombre L ombre est silencieuse et nous ne savons pas son d but et s
70. hique certains photographes d cident de mettre en avant les sp cificit s de leur m dium au lieu de transposer l iconographie et les proc d s picturaux Les sp cificit s m caniques d enregistrement de la photographie qui l avaient assign e des usages descriptifs vont alors s inscrire aux fondements d exp rimentations men es par plusieurs artistes dans les ann es 1910 1920 ce que rappelle Quentin Bajac La photographie a tous les droits et tous les m rites n cessaires pour que nous nous tournions vers elle comme vers l art de notre temps affirme en 1934 l artiste sovi tique Rodchenko Au lendemain de la Premi re Guerre mondiale sur les ruines du monde ancien la photographie s inscrit parmi les moyens d expression qui en rupture avec le pass doivent permettre de mettre en place un langage nouveau Rapide pr cise mobile m canique reproductible et longtemps tenue distance des beaux arts elle poss de toutes les qualit s pour incarner pleinement la vision moderne D s 1921 le dada ste Raoul Hausmann souhaite une ducation de l il par l optique m canique insistant sur le fait qu un nouveau type de connaissance optique est notre port e Dans l entre deux guerres la photographie est pr sente au sein de la plupart des mouvements d avant garde La plus grande exposition de photographies modernistes organis e cette p riode Film und Photo Fifo Stuttgart 1029 est
71. histoire de l art pourra tre abord e la modernit en photographie et dans les arts visuels voir ci dessus la partie Enregistrer et composer Utiliser les photographies d lvarez Bravo pour reconna tre identifier des relations ou propri t s g om triques angle droit alignement axe de sym trie galit de longueur l aide de papier calque ou de papier quadrill et d instruments r gle gabarit angle droit reproduire ou d calquer les formes g om triques reconnues sur les photos Les photographies suivantes sont t l chargeables sur le site Internet du Jeu de Paume Los novios de la falsa luna Les Amoureux de la fausse lune 1967 Tr ptico cemento 2 La Tolteca Triptyque b ton 2 La Tolteca 1920 Bicicleta al cielo Bicyclette au ciel 1931 Mech n Meche vers 1945 Image et texte Les panneaux indicateurs les annonces et tous les crits dans le cadre de l image cr ent du sens le modulent le transforment Les titres en chapeau dans un cartel identifient commentent induisent ou d routent En partant de l observation des liens entre les photographies d lvarez Bravo et leurs titres les l ves peuvent explorer certains de ces rapports Construite consciemment et patiemment sa photographie est une m canique fine et complexe produire des jeux entre les images et les mots une rh torique visuelle caract ris e par la transformation continuelle dans laquelle les obje
72. i re ll est d usage d appeler une photographie une prise de vue Cette expression renvoie aux m canismes de la vision la question de la perception visuelle Lors de la prise de vue l cart entre ce que per oit l il et le r el se double du prisme de l objectif qui est l organe visuel de l appareil L id e qu une photographie nous montre ce que nous aurions vu si nous avions t l nous m mes doit tre remise en cause pour son absurdit une photographie nous montre ce que nous aurions vu un certain moment du temps d un certain point de vue si nous avions regard la t te immobile et ferm un il et si nous voyions avec l quivalent d un objectif de 150 ou de 24 mm et si nous voyions en Agfacolor ou en Tri X d velopp avec du D 76 et tir sur du papier Kodabromide n 3 Joel Snyder et Neil Walsh Allen Photography Vision and Representation Critical Inquiry n 2 automne 1975 cit par Yves Michaux in Critique n 459 460 ao t septembre 1985 ll est si anormal visuellement d isoler radicalement une chose que ce faisant on la d nature tout autant qu on en restitue une possible v rit En utilisant de la mani re la plus abrupte la fonction d enregistrement de la r alit tangible du monde propre la photographie on apporte au contraire la preuve que cette r alit n existe pas en soi et que l image produite par l appareil n est qu une vision de plus cr
73. ication musique mont e mort fonctionne comme un r bus La pr sence de la mort de surcro t infantile li e l activit prosa que du commerce ainsi qu au caract re plus enjou de la musique concourt aiguiser le myst re de cette image en la teintant de malaise Avec Retrato p stumo Portrait posthume 1035 photographie d une momie semble s ouvrir encore une autre voie Le fait qu une momie soit la fois une personne et une chose un cadavre et une relique est en forte r sonance avec la nature de l image photographique Une photographie n est elle pas une forme de momification du mouvant et du vivant Pour le spectateur inversement la r alisation photographique semble animer cette momie car sa posture et les ondulations des chairs momifi es font penser l arr t d un mouvement en cours La bouche est ouverte comme si un mot allait en sortir Cette image peut m me voquer e photogramme cin matographique plut t que l aspect pos de la photographie L indistinction entre vivant et inerte est un th me r current de l esth tique surr aliste directement influenc par a lecture de Sigmund Freud La notion d trange amiliarit ou d inqui tante tranget traduisant e terme allemand Unheimliche d signe le sentiment que peuvent induire des situations ou des objets qui arrach s au r confort qu apporte le connu v hiculent des motifs d anxi t 3 Rosalind Krauss commente l essai de Freud qui t
74. impression publier l re du num rique prochaines expositions 26 f vrier 12 mai 2013 Laure Albin Guillot 1879 1962 l enjeu classique Adrian Paci Vies en transit Il Programmation Satellite 6 Suite pour exposition s premier mouvement informations pratiques 1 place de la Concorde 75008 Paris acc s par le jardin des Tuileries c t rue de Rivoli www jeudepaume org http lemagazine jeudepaume org 01 47 03 12 50 11h 21h mercredi 4 dimanche renseignements mardi nocturne 11h 10h fermeture le lundi et les 25 d c et 1 janv ll expositions plein tarif 8 50 tarif r duit 5 50 acc s libre aux expositions de la programmation Satellite mardis jeunes acc s libre pour les tudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi du mois de 17h 21h visites comment es et ateliers acc s libre sur pr sentation du billet d entr e du jour aux expositions les rendez vous avec les conf renciers du Jeu de Paume le mercredi et le samedi 12h 30 les rendez vous en famille le samedi 15h 30 sauf dernier samedi du mois sur r servation 01 47 03 12 41 rendezvousenfamille jeudepaume org les enfants d abord visites ateliers pour les 7 11 ans le dernier samedi du mois 15h30 sur r servation o1 47 03 04 95 lesenfantsdabord jeudepaume org les rendez vous des mardis jeunes les mardis 30 oct 27 nov et 18 d c 18 h f tables rondes 3 ou acc s libre sur pr sentat
75. in Essais historiques art moderne Villeurbanne Art dition 1992 F ric De Chassev Paul Strand frontalit et engagement tudes photographiques n 13 juillet 2003 en ligne sur http etudesphotographiques revues org I Cl ment Ch roux Les discours de l origine propos du photogramme et du photomontage tudes photographiques n 14 janvier 2004 en ligne sur http etudesphotographiques revues org f Sergue M EISENSTEN Au del des toiles Paris 10 18 1974 Il Laurent Guino Olivier LUGON dir Fixe Anim Croisements de la photographie et du cin ma au XX si cle Lausanne l ge d Homme 2010 Il Margaret Hooks Tina Modotti Paris Phaidon 2002 F Philippe IverneL Gestaltung et montage dans la gauche allemande Lukacs et les trois B in Collage et montage au th tre et dans les autres arts durant les ann es vingt Lausanne l ge d homme 1978 f Guillaume Le Gau Atget une r trospective Paris Hazan 2007 f Olivier Lucon Le Style documentaire D August Sander Walker Evans 1920 1945 Paris Macula 2001 f Olivier Lucon La photographie des typographes tudes photographiques n 20 juin 2007 en ligne sur http etudesphotographiques revues org Il L szl MoHoiy Nacy Peinture Photographie Film et autres crits sur la photographie Paris Gallimard 2007 Il Herbert Moiberincs L esprit du constructivisme Remarques sur la Petite histoire
76. ion du billet d entr e du jour aux expositions autour de l exposition f table ronde Manuel lvarez Bravo les images fixes d un film Avec la participation de Laura Gonz lez Flores et Gerardo Mosquera commissaires de l exposition et de Rita Eder et lvaro V zquez Mantec n historiens de l art mardi 16 octobre 18 h Il les enfants d abord visite atelier Images et montages samedi 27 octobre 24 novembre et 29 d cembre 2012 15h30 ll les rendez vous des mardis jeunes parcours dans l exposition par un conf rencier du Jeu de Paume mardi 27 novembre 18 h Il visite de l exposition par Gerardo Mosquera commissaire de l exposition mardi 11 d cembre 18 h publication Manuel lvarez Bravo textes de Laura Gonz lez Flores Gerardo Mosquera Iv n de la Nuez Roberto Tejada et lvaro V zquez Mantec n Co dition Jeu de Paume FUNDACI N MAPFRE Hazan TF Editores 288 pages 24 x 30 cm 45 f ressources en ligne Les enseignants peuvent consulter le site Internet du Jeu de Paume pour plus d informations sur les expositions mais aussi sur l ensemble de la programmation pr sente pass e ou venir Retrouvez galement dans la rubrique enseignants et scolaires ainsi que dans ressources des documents des interviews des enregistrements sonores de s ances de formation de conf rences colloques et s minaires www jeudepaume org Des entretiens film s et des articles se tr
77. ions de Minuit 2008 Il Philippe Dusois L Acte photographique Bruxelles Labor 1983 Il Michel Frizor dir Nouvelle Histoire de la photographie Paris Adam Biro Bordas 1994 Il Thierry Gervais Ga lle More La Photographie histoire techniques art presse Paris Larousse 2008 Il Andr GunrHerr Michel Poiverr dir L Art de la photographie Paris Citadelles amp Mazenod 2007 f Victor Stoichita Breve Histoire de l ombre Gen ve Droz 2000 Julien Levy Ca lle Morel Un marchand sans march Julien Levy et la photographie tudes photographiques n 21 d cembre 2007 p 6 20 en ligne sur http etudes photographiques revues org F Ingrid SCHAFFNER Lisa Jacob Julien Levy Portrait of an Art Gallery Cambridge MIT Press 1998 Enregistrement et composition J Francois ALBERA Eisenstein et le constructivisme russe Lausanne l ge d Hhomme 1990 F Charles BAUDELAIRE Le public moderne et la photographie in Salon de 1859 tudes photographiques n 6 mai 1999 en ligne sur http etudesphotographiques revues oro 38 approfondir l exposition Los agachados Les Courb s 1934 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C f Yves Alain Biois Benjamin BUCHLOH Hal FOSTER Rosalind Krauss Art since 1900 Modernism Antimodernism Postmodernism Londres Thames amp Hudson 2004 f Benjamin Buchton Faktura et factographie
78. isuels revue interdisciplinaire de recherches sur l image n 12 13 janvier 1000 p 5 chelles des plans Le terme chelle de plan correspond au rapport entre le cadre de l image et les personnages ou objets repr sent s Le plan g n ral est un plan loign qui situe une action le plan d ensemble plus rapproch permet de situer le sujet dans son environnement le gros plan isole un d tail perturbe la compr hension des diff rents l ments de l image de leurs rapports respectifs et des proportions et entra ne la perte de rep res HI Demander aux l ves de rechercher des images dans la presse ou sur Internet en distinguant les diff rents points de vue vue frontale vue en plong e vue en contreplong e vue a rienne Une s ance de mise en commun des images en classe permettra de d battre de la classification de certaines d entre elles f Regrouper les l ves en bin me afin que chacun photographie l autre avec un point de vue diff rent Cet exercice permettra de discuter de la relation entre vision photographique et perception visuelle Confronter ensuite les diff rentes fa ons dont les l ves ont proc d en recherchant les informations que nous donne l image et en analysant celles que l on a perdues I Choisir des objets du quotidien et trouver des points de vue et des cadrages pour les photographier de mani re ce qu ils ne soient pas imm diatement reconnaissables f Travailler avec
79. itisation en rempla ant la politique par la morale et par la rh torique du nationalisme Chez lui l inversion de l inversion se fait par la culture mat rielle et par le spectacle de l espace public d o l importance de la repr sentation comme l ment constituant affichage apparence et mim sis oppos e au type de nationalisme qui longtemps apr s la r volution cherche encore gommer les contradictions sociales travers l objectif d lvarez Bravo Mexico devient le lieu non pas de la morale ou de l h roisme mais des relations sociales et des chocs mat riels Son temp rament lyrique transforme de nombreuses images en ic nes qui capturent les combinaisons inattendues de l existence quotidienne dans le Mexique urbain et rural Roberto Tejada Documents quivoques in Manuel lvarez Bravo op cit p 44 1 Augustin V Casasola Paris Centre national de la photographie coll Photo Poche n 52 1992 introduction par Alfredo Cruz Ramirez o Paris Editions sociales coll Ouvertures 1973 rep res 11 1934 Travaille pendant quelques mois comme photographe au mus e d Art populaire du palais des Beaux Arts de Mexico Il obtient un travail de professeur de dessin et travaux manuels dans des coles primaires avec l appui de Rufino Tamayo directeur de la section d Arts plastiques au minist re de l ducation publique Il fait un voyage Tehuantepec o il cr e sa c l bre image Obrer
80. k of Casasolla Modotti lvarez Bravo Yale Yale University Press 2008 J Mercedes ITURBE Roberto TejaDa Mexico New York lvarez Bravo Cartier Bresson Walker Evans Mexico El Museo del Palacio de Bellas Artes 2000 I Susan Kismaric Manuel lvarez Bravo New York The Museum of Modern Art 1997 F Val rie MR IEN La Bonne R putation partir d une uvre de Manuel Alvarez Bravo Paris Confluences 2012 Documentary and Anti Graphic Photographs Manuel lvarez Bravo Henri Cartier Bresson Walker Evans Paris Fondation Henri Cartier Bresson Lausanne mus e de l lys e G ttingen Steidl 2004 En focus Manuel lvarez Bravo Photographs from the J Paul Getty Museum Los Angeles Getty Museum 2001 Manuel lvarez Bravo Paris Actes Sud coll Photo Poche n 137 2012 Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 I Manuel lvarez Bravo 303 photographies 1920 1986 Paris mus e d Art moderne de la Ville de Paris 1986 chronologie 17 Los novios de la falsa luna Les Amoureux de la fausse lune 1967 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C approfondir l exposition L originalit du travail photographique de Manuel lvarez Bravo tient autant la place singuli re qu il occupe au sein de la photographie moderne qu sa mani re de d caler le regard que l on porte habitue
81. le autonome de Mexico Exposition itin rante qui parcourt Isra l la Grande Bretagne et les Pays Bas 198 Re oit le prix Hasselblad de photographie Organise l exposition Fotograf a del retrato pour le mus e Rufino Tamayo Il participe au premier Colloque national de la photographie Pachuca dans l tat de Hidalgo Invit d honneur du llle Colloque latino am ricain de la photographie La Havane o une exposition lui est consacr e 1985 ll se rend en Espagne pour assister l exposition que lui consacre la Biblioth que nationale de Madrid Exposition S o Paulo au Br sil 1986 Le Rochester Institute of Technology lui d cerne la m daille Adolph Brehm Frederick W Brehm Memorial Medal Dans le quartier de San ngel inauguration du mus e de la Photographie de Mexico de la Fundaci n Televisa avec l exposition Arquitectura y paisaje siglos XIX y XX organis e par Manuel lvarez Bravo Exposition avec Henri Cartier Bresson au palais des Beaux Arts de Mexico Le mus e d Art moderne de la Ville de Paris organise l exposition Manuel lvarez Bravo 303 photographies 1920 1986 1987 Re oit le prix Ma tre de la photographie des Infinity Awards de l International Center of Photography de New York 1990 Arthur Ollman organise l exposition itin rante Revelaciones The Art of Manuel lvarez Bravo qui d bute au Museum of Photographic Arts de San Diego Californie 1991 Re
82. le de France BnF Afin de prolonger la r trospective Manuel lvarez Bravo la BnF initie une visite de l exposition Photographie 100 chefs d uvre de la Biblioth que nationale de France 13 novembre 2012 16 f vrier 2013 qui rassemble des images des XIX et XX si cles aux genre et statut divers portraits paysages nus reportages publicit s photographies scientifiques Jeu de Paume tarif Bo r servation 01 47 03 04 95 Bnf tarif 70 r servation 01 53 79 49 49 visites bnf fr Avec le Mus e des arts et m tiers Le parcours choisi dans les collections du Mus e des arts et m tiers accompagne la visite de Manuel lvarez Bravo un photographe aux aguets 1902 2009 en retra ant l histoire des techniques qui ont jalonn l invention de la photographie sa diffusion et ses applications Jeu de Paume tarif 80 r servation 01 47 03 04 95 Mus e des arts et m tiers tarif 100 r servation 01 53 01 82 75 65 musee resa cnam fr f parcours th matiques Compos s d une visite conf rence dans les salles d exposition et d une s ance de projection comment e dans l espace ducatif du Jeu de Paume les parcours th matiques proposent de replacer les images pr sent es dans le contexte de l histoire des arts visuels en envisageant un axe particulier enregistrement du r el et construction plastique photographie et histoire de l art Les th matiques sont
83. lentement Sorti vainqueur la fin des ann es 1920 le Parti r volutionnaire institutionnel PRI instaure un monopole de pouvoir qui s exercera sur la vie politique mexicaine durant soixante dix ans Cependant la mise en place d institutions plus quitables est l occasion de repenser les bases culturelles du pays le Mexique offre alors une place d honneur la production artistique et litt raire durant tout le XX si cle et s rige en exemple pour toute l Am rique latine La photographie y joue aux c t s d autres arts un r le cl avec par exemple l Album Hist rico Gr fico publi par Augustin V Casasola en 1921 et r dit r guli rement jusqu la fin des ann es 1970 Cet ouvrage photographique de r f rence joue alors le r le d histoire illustr e et quasi officielle du Mexique Un tel positionnement de la part de Casasola marque la posture d licate des artistes mexicains la fois vivement encourag s et fortement encadr s par une politique culturelle h g monique Ce mouvement de va et vient entre la reconnaissance de la cr ativit et l attente de la red finition d une certaine mexicanit a aussi marqu la r ception de l uvre de Manuel lvarez Bravo ainsi que le rappellent ci dessous les commissaires de la pr sente exposition dont l enjeu est d en renouveler l approche Deux de ses plus grands critiques Andr Breton et Diego Rivera inaugurent la tendance identifier sa photogra phie av
84. les l ves sur les effets de multiplications des images par la manipulation et la superposition de photographies num riques avec des logiciels de traitement d images Voir les s ries intitul es Melting Point 2004 2008 du photographe St phane Couturier qui superpose et compose plusieurs prises de vues des moments diff rents d un m me endroit I Observer et commenter dans les images d lvarez Bravo comment les choix de point de vue et de cadrage permettent d isoler une part de r el de mani re le rendre nigmatique ou de mettre en exergue un d tail afin de susciter l interpr tation que le spectateur peut en faire Vous pourrez vous appuyer particuli rement sur les photographies Cortina Rideau 1930 Lluvia de chispas Pluie d tincelles 1935 El pueblo tlaxcalteca f licita e nuestro gobernante Le peuple tlaxcalt que f licite notre gouverneur 1937 Dos pares de piernas Deux paires de jambes 1928 1929 et Corbatas y reflejos Cravates et reflet vers 1970 Il Exp rimenter les op rations de cadrage avec les l ves Choisir une image puis l aide d un cache constituant un cadre choisir un d tail Ce d tail pourra tre ensuite agrandi sur une autre feuille l exercice sera renouvel plusieurs fois et les diff rentes productions feront l objet d un montage Isoler un fragment et le coller sur une feuille de papier Les l ves pourront travailler partir et autour de ce
85. les trang res la tradition litt raire et mettre en avant la notion de montage Le cin ma prolongement echnologique de la photographie devient alors une source d inspiration pour cette derni re ce que souligne Laura Gonz lez Flores Comme Manuel lvarez Bravo plusieurs autres photographes de la g n ration r v l e par le concours de La Tolteca de 1931 ont voulu faire du cin ma tels Agust n Jim nez et Emilio Amero l attraction tait naturelle ils appartenaient une g n ration qui avait grandi avec la diffusion du cin ma au Mexique et la naissance de l industrie cin matographique Influenc s par le cin ma d avant garde europ en notamment par les films surr alistes de Bu uel et par les th ories du montage d Eisenstein ils voulaient tendre leur pratique photographique au cin ma exp rimental Les sc narios et les notes sur le cin ma dans les carnets d lvarez Bravo datent de cette poque En attendant une tude approfondie des liens entre ces textes dispers s et le m trage non mont conserv dans ses archives on peut supposer que son intention esth tique n tait pas tr s loign e de ce qu il faisait dans sa photographie Ses sc narios t moignent de l influence de la conception du montage d Eisenstein mais aussi de la dissonance des images choquantes de Bu uel plut t qu une narration di g tique comme dans le cin ma commercial lvarez Bravo semble vouloir raconter avec des im
86. llement sur cette p riode Cette partie rassemble des propositions d analyse et de d veloppemen autour de deux axes th matiques Enregistrement et composition et Vision et regard lvarez Bravo contribue promouvoir l id e que la photographie est un m dium artistique part enti re id e qui est loin d tre unanime son poque Ce trait de sa pratique le rapproche indubitablement des pr occupations d un grand nombre de photographes qui lui sont contemporains Des l ments stylistiques clairement reconnaissables ainsi que son cercle de connaissances le rattachent la fois au mouvement photographique moderniste am ricain et au mouvement surr aliste fran ais Mais un examen plus attentif de son uvre r v le des carts riches de sens par rapport ces tendances majeures La proximit d lvarez Bravo avec le cubisme mais aussi avec le cin ma sovi tique ajoute son travail une dimension suppl mentaire et l inscrit dans les probl matiques de son poque quel rapport s tablit il entre ce nouvel art qu est la photographique et son contexte historique En quoi la photographie rel ve t elle non pas seulement de l enregistrement m canique mais d un art de l interpr tation tant de la part de l artiste que de celle du spectateur Enfin la mani re dont lvarez Bravo traite la th matique du corps lui conf re une place part S il s adonne de mani re classique la mise en sc ne il sait galement
87. lor es sont mises au jour notamment autour du cadrage et du point de vue l encontre de la tradition de la perspective ou des compositions picturales centr es sur le sujet la photographie moderne joue explorer l infinie vari t de choix de cadrage dans un monde que le photographe n invente pas mais qu il trouve l tat de d sordre continu et infini Cette r flexion parall le au d veloppement de l industrie cin matographique int gre la pr occupation de la repr sentation du mouvement non seulement du sujet repr sent mais aussi du regard et ce en privil giant des points de vue in dits plong e et contre plong e sont des termes qui naissent au m me moment dans ces deux champs Lola vers 1930 d lvarez Bravo reprend son compte une imagerie lev e au rang d ic ne de la modernit par les avant gardes europ ennes le portrait en contre plong e comme par exemple La Pionni re d Aleksandr Rodchenko qui date de 1930 La mobilit du point de vue s exprime aussi par des choix d approche o la reconnaissance de l objet n est plus prioritaire Dans Andamios chafaudages 1929 d lvarez Bravo les poutres de bois sont photographi es de sorte brouiller l orientation du regard alors m me que leurs formes sont parfaitement lisibles Ici l image va jusqu fr ler l abstraction visuelle son titre seul se rapportant l enregistrement du r el En outre la photographie moderniste porte
88. mais aussi de m connaissance du monde Presque toujours pr sent sous un regard occidental complaisant avide d exotismes et de surr alismes le travail d lvarez Bravo m rite aujourd hui de nouvelles analyses et de nouvelles approches prenant en compte d autres contextes fondateurs Par exemple interroger ses images les moins connues en adoptant d autres points de vue donner voir des images qui n ont jamais t expos es ou rarement ou encore montrer ses films en format 8 mm et super 8 dont la plus grande partie est encore in dite Marta Gili directrice du Jeu de Paume in Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 7 Pr sentation de l exposition La photographie de Manuel lvarez Bravo Mexico 1902 2002 qui se d ploie sur huit d cennies est plus qu une pi ce fondamentale de la culture mexicaine du XX si cle d une valeur esth tique singuli re elle constitue l un des piliers de la photographie moderne D passant l association avec le folklore d un pays exotique avec la rh torique politique du muralisme ou l esth tique du surr alisme l uvre fascinante et complexe d lvarez Bravo r pond aux profondes transformations que conna t le Mexique sous l impulsion de la R volution de 1910 abandon progressif de la vie rurale et des coutumes traditionnelles mergence d une culture postr volutionnaire cosmop
89. n Pedro Robredo que j ai achet le premier livre de Picasso Plus encore que Diderot et Rousseau Picasso m a ouvert de nouveaux chemins Si la premi re influence de la vision je la dois 4 Hugo Brehme Picasso et son cubisme m ont confront un autre type de r alit Brehme d clenche les photographies pittoresques Picasso le bizarrisme les photographies bizarres Qu entend lvarez Bravo lorsqu il voque des photographies bizarres Fait il directement r f rence au mot du journaliste Louis Vauxcelles qui avait parl de bizarreries cubiques au sujet des Paysages Estaque de Georges Braque en 1908 Le cubisme tel qu il a t d velopp par Picasso et Braque durant les ann es 1910 se caract rise par une s rie de ruptures dans la conception de l espace pictural La premi re se manifeste par une g om trisation des formes figurant toute sc ne comme une composition de volumes simplifi s La r alit est ainsi transform e dans la construction de sa repr sentation sur une surface plane Tout en conservant cette g om trisation le cubisme op re ensuite par l accumulation de plusieurs points de vue d un objet ou d une figure dans une m me peinture Les tableaux cubistes peuvent voquer un miroir bris dont les clats ne se dispersent pas mais restituent les diff rentes facettes d un m me sujet Enfin les derni res tapes du cubisme de Braque et Picasso explorent l h t rog n it
90. n ethnique au sein d une mexicanit int gratrice proclam e par un tat national moderne La politique du Parti r volutionnaire institutionnel PRI a encourag cette orientation pendant les sept d cennies au cours desquelles il a exerc ce que Mario Vargas Llosa a qualifi de dictature parfaite puisque la force de sa machinerie lectorale mue partir du pouvoir lui permettait de toujours remporter les lections dans une d rive vers un r gime de parti unique qui proc dait par ailleurs une cooptation syst matique des intellectuels C est ainsi que s est rig e une culture nationaliste autocomplaisante de fausse int gration qui justifiait et maquillait les in galit s sociales derri re le mantra fallacieux du m tissage et qui a d ailleurs t critiqu e avec lucidit de l int rieur par des auteurs comme l anthropologue Roger Bartra Gerardo Mosquera J accepte ce qui se voit in Manuel lvarez Bravo op cit p 34 35 10 d couvrir l exposition rep res I lt Le travail photographique d lvarez Bravo doit tre replac dans le contexte de l effervescence culturelle qui anime la capitale mexicaine partir des ann es 1920 En effet le contexte culturel est marqu par l enthousiasme li aux possibilit s de changement introduites par la rupture r volutionnaire avec le r gime de Porfirio Diaz consid r de fa on tr s critique C est au cours de ces ann es que l lan r volution
91. na fama durmiendo La Bonne Renomm e endormie 1938 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C Ainsi Vinqui tante tranget des photos d lvarez Bravo na t de la conjonction disjonction des qualit s exprim es dans les images et de l incapacit dans laquelle se trouve le spectateur de se d terminer dans un sens ou dans l autre par exemple Ouvrier en gr ve assassin 1934 n est ni vivant ni mort il est en tr pas en train de passer d un tat l autre comme le sugg rent ses yeux ouverts et son sang qui s coule L action est en train de se d rouler de m me que dans La buena fama durmiendo comme l indique le verbe au g rondif la bonne renomm e dormant dont le photographe disait elle ne s est pas encore r veill e Dans le surr alisme la strat gie de suspension ou d ambivalence de la reconnaissance des objets et des signes ouvre la perception et l interpr tation des images l imaginaire au fantastique et l onirique Mais nous l avons d j voqu l endroit de la parano a l effet de projection de vie mentale du sujet sur des images comprend sa charge d angoisse Si le th me la fois lib rateur et d rangeant de la sexualit est omnipr sent dans le surr alisme celui de la peur de la mort occupe galement une grande place Cette question traverse aussi l uvre d lvarez Bravo et ses diff rentes formes De nombreuses tombes dans El espiritu de las
92. naire conduit le Mexique renouveler profond ment les formes de sa cr ation artistique pour mettre en place un mouvement culturel la fois autonome et de grande envergure dont les peintres muralistes fournissent sans doute le meilleur exemple Sous l impulsion de la politique volontariste de Jos Vasconcelos en mati re de culture et ducation la cr ation artistique mexicaine se retrouve de fait encadr e et stimul e par les commandes de l tat et par cons quent intimement associ e au processus officiel de r flexion sur l identit nationale mexicaine Cette dynamique artistique et culturelle explore deux directions que les artistes de l poque cherchent rendre compatibles ce qui n est pas vident a priori d une part l on assiste une qu te des racines de la culture et de l identit mexicaines les fresques des peintres muralistes sont satur es de r f rences l histoire nationale et d autre part la plupart des artistes mexicains s efforcent d inscrire leur cr ation dans la mouvance des avant gardes internationales Leur particularit r side pr cis ment dans leur volont de concilier ces deux approches de la cr ation artistique et culturelle pour mettre en place un art engag la fois dans l exploration de la r alit nationale mais aussi dans les voies les plus modernes de la cr ation ce qui pousse les cr ateurs mexicains se tourner largement vers l Europe et les tats Unis pour y puiser une inspirati
93. ne de la construction multiple de l art moderne non pas comme une pratique centrale mais en partant d une pluralit de positions de po tiques et d arri re plans culturels plan de l exposition 1 Former En 1916 l ge de quatorze ans Manuel lvarez Bravo est oblig de quitter l cole pour commencer travailler comme fonctionnaire Le soir il suit des cours l Acad mie de San Carlos Mexico il lit coute de la musique et regarde des uvres d art ll apprend la technique photographique d s l adolescence mais ce n est qu en 1923 lorsqu il rencontre le photographe pictorialiste Hugo Brehme qu il songe s rieusement faire de la photographie ses premi res images s inscrivent dans la tradition du pictorialisme folkloriste des cartes postales et des revues de l poque Apr s avoir remport en 1925 un prix un concours de photographie Oaxaca lvarez Bravo d truit ses premi res uvres Port par la photographie bizarre d Edward Weston et de Tina Modotti au Mexique il se consacre une autre recherche la qu te de la photographie pure qui se rapproche formellement de l abstraction Fortement influenc e par l esth tique de Picasso mais aussi par l crivain avant gardiste espagnol Ram n G mez de la Serna la photographie synth tique et formelle pratiqu e par lvarez Bravo jusqu en 1931 est plus radicale dans son abstraction que celle de Weston et Modotti et plus proche du construc
94. ni re de l avant garde russe et d autres mouvements modernes Pas plus qu une mythification de la technologie et de l industrie que l on trouve chez les futuristes voire dans le muralisme mexicain lvarez Bravo comme les cubistes semble plut t fascin par la g om trie pauvre et souvent molle des choses quotidiennes 4 En effet une photographie comme Ondas de papel laquelle nous pourrions ajouter Juego de papel 3 Jeu de papier 3 vers 1928 illustre bien l attention port e l environnement proche De m me les papiers pli s et dispos s pour la prise de vue de Juego de papel gallitos Jeu de papier oiseaux vers 1928 vont jusqu figurer des animaux de basse cour li s la vie de la campagne On est alors aux antipodes de la c l bration univoque du progr s technique L pure d lvarez Bravo t moigne d une modernit dont le Mexique b n ficie mais qui n est pas celle marqu e par la crise morale et religieuse ainsi que par le rapide essor technologique d autres nations rappelons que le mobile essentiel de la R volution mexicaine tait la r forme agraire Malgr le d veloppement de la vie urbaine la soci t mexicaine reste essentiellement rurale Monde industriel Instrumental Instruments 1931 Herramientas Outils 1931 La chispa L tincelle 1935 Lluvia de chispas Pluie d tincelles 1935 et monde traditionnel Tejedor Toluca Tisserand de Toluca 1952 Roca cubier
95. notion de la modernit en tant que confluence de signes qui s entrechoquent et se d multiplient Laura Gonz lez Flores distingue ainsi une rh torique de la dissonance qui merge dans les photographies d lvarez Bravo et que l on peut rapprocher de la conception du collage initi au sein du courant dada et poursuivi au sein du surr alisme Lorsqu Aragon parla de l effet produit par les diff rents composants des montages de Max Ernst il les compara des mots faisait par l non seulement allusion la transparence de chaque l ment signifiant contrairement l opacit des morceaux des collages cubistes mais aussi la perception de chacun de ces l ments comme unit s par e d termin e comme un mot par sa position dans la cha ne syntagmatique de la phrase et soumise au contr le de la syntaxe Dans les montages dada on trouve nombre de blancs et d espacements car entre les d coupes des figures photographi es la page blanche se pr sente la fois comme l instrument de leur rapprochement et de leur s paration La page blanche n est pas la surface opaque des collages cubistes qui affirmait l unit formelle et mat rielle du support visuel Elle est plut t la matrice fluide au sein de laquelle chaque repr sentation est maintenue isol e en tat d ext riorit dans une syntaxe o elle est s par e des autres par l espacement 7 Cette citation de Rosalind Krauss souligne
96. nt une r sonance historique notamment quand elles convergent dans les ann es 1930 et 1940 autour de la galerie new yorkaise de Julien Levy espace artistique dynamique et centre de cr ation qui inaugure des formes singuli res d exposition des uvres o se chevauchent et se valorisent des sph res de la production artistique jug es jusqu ici incompatibles Cet exemple typique du d placement vers New York du pouvoir culturel parisien rend visibles les contours d un terme souvent exclu de l quation celui de la modernit qui se d veloppe en parall le au Mexique Roberto Tejada Documents quivoques op cit p 44 45 En 1932 Manuel lvarez Bravo contacte Julien Levy lui envoie quelques tirages et voque le projet d une exposition qui reste sans suite C est l ann e suivante que Julien Levy organise la premi re exposition d Henri Cartier Bresson dont le titre Anti Graphic Photography est un manifeste en soi Par cet intitul en effet Levy s engage plus avant dans l affirmation 14 d couvrir l exposition rep res de la sp cificit du m dium s opposant une pratique esth tisante passant par des photographies brutes contre la popularit grandissante d une photographie aseptis une exposition de photographie immorale de photogra phie quivoque ambivalente antiplastique fortuites En 1034 Henri Cartier Bresson effectue un voyage au Mexique o il rencontre Ma
97. nuel lvarez Bravo Les deux hommes se lient d amiti exposent ensemble au palais des Beaux Arts de Mexico en mars 1935 puis dans la galerie de Levy du 23 avril au 7 mai de la m me ann e L exposition Documentary and Anti Graphic Photographs r unit ainsi pour la premi re fois les images d Henri Cartier Bresson Walker Evans et Manuel lvarez Bravo et ouvre une nouvelle voie dans l histoire de la photographie II Pour son exposition de 1935 Julien Levy choisit de reprendre le concept de photographie antigraphique mis en avant lors de la premi re exposition Cartier Bresson organis e en 1933 Il y ajouta documentaire sans doute sous l influence du nouveau travail de Walker Evans et aussi d une meilleure compr hension de celui d Eug ne Atget Le terme anti gra phique marquait une distance entre le travail des trois photographes et la notion d art graphique g n ralement accol e la photographie Le titre original cherche aussi montrer que les photographies choisies ne correspondent pas aux conceptions de style ou de genre traditionnels notamment celles de la photographie d art et qu elles n entrent pas dans la cat gorie de la photographie d illustration Julien Levy soulignait peut tre aussi une diff rence avec l orientation formelle de la photographie inspir e du Bauhaus allemand Il ne pla ait pas non plus ces photographies dans le domaine direct du surr alisme mais de mani re subtile dans l ombre
98. o en huelga asesinado Ouvrier en gr ve assassin ll tourne son premier long m trage Disparos en el Istmo Coups de feu dans l isthme Il rencontre Henri Cartier Bresson et se s pare de Lola 1935 Travaille comme photographe au Bureau des publications du minist re de l ducation publique pour la propagande de l implantation de l cole Socialiste Exposition Henri Cartier Bresson et Manuel lvarez Bravo au palais des Beaux Arts qui sera reprise la galerie Julien Levy de New York avec la participation de Walker Evans sous le titre Documentary and Anti Graphic Photographs Lance le projet Painted Walls of Mexico from Prehistoric Times until Today avec Emily Edwards et Pablo O Higgins Le projet sera publi selon Manuel lvarez Bravo gr ce la t nacit d Emily Edwards en 1966 1936 Son Obrero en huelga asesinado est publi dans la revue Frente a Frente de la LEAR Ligue des crivains et artistes r volutionnaires mexicains ll s journe pendant quelques mois aux tats Unis comme professeur r sident la Hull House Art School de Chicago En mars il tient dans cette cole une exposition personnelle dont la commissaire est Emily Edwards puis une autre en avril la Almer Coe Optical Company De retour Mexico il fonde avec d autres artistes la galerie Hipocampo passage de lturbide qui aura une br ve existence environ deux ans 1937 Ma tre de groupe des coles primaires du s
99. oduit une pens e et une pratique de la photographie en d calage avec les conceptions ant rieures Le surr alisme surtout actif dans la p riode de l entre deux guerres et largement centralis Paris n explore pas de mani re prioritaire la sp cificit des m diums artistiques Son programme esth tique nonc d une part par Andr Breton partir du Manifeste du surr alisme de 1924 et th oris par Georges Bataille d autre part prend comme point de d part la d couverte de l inconscient par Sigmund Freud La th orie psychanalytique pose l id e d un esprit humain structurellement divis entre conscient et inconscient Loin de promulguer que l inconscient soit du c t des passions et l oppos de la conscience Freud montre comment ces entit s sont toutes les deux jalonn es par de puissants mobiles qui peuvent tre irrationnels et contradictoires L esprit est ainsi anim par le conflit entre les d sirs polymorphes de l inconscient et les pulsions de soumission aux normes sociales de la conscience Le surr alisme se pense alors comme une th rapie de choc adress e une dynamique la fois individuelle et collective L enjeu pens comme directement politique et r volutionnaire est de mettre en place des lieux de passages possibles en vue de reconnecter ces deux mondes Tous les arts y compris celui de trouver des objets non artistiques en phase avec ce programme sont alors convoqu s Le r le
100. ographie qui ne finit pas de s ouvrir la po sie l emporte sur le documentaire 7 Marcher lvarez Bravo n est pas un photographe de sc nes ni de groupes mais de formes d objets d l ments isol s par un cadrage tr s directif qui les reconstruit selon l agencement po tique de l artiste C est un photographe de paysages tranquilles et d individus solitaires silencieux presque toujours de dos parfois endormis C est un photographe froid lent de solitudes et de qui tudes un chasseur d images un artiste aux aguets l appareil est un il fixe et le monde une toile de fond lvarez Bravo utilise souvent la m thode qui consiste placer l appareil sur son tr pied un endroit o il estime qu une image int ressante peut survenir et attendre patiemment pour l attraper Cette m thode est une sorte de combinaison du travail de rue et du travail en studio o la photo est compos e et non spontan e Une fa on de travailler qui trahit un penchant cin matographique dans l int r t pour le mouvement et dans le jeu avec une dimension temporelle implicite qui permet d entrevoir ce 8 d couvrir l exposition Retrato desagradable Portrait d sagr able 1945 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C qui va arriver un certain moment en un certain lieu et attendre pour l enregistrer 8 R ver Les rues les champs et les gens sont int rioris s dans le sens total du terme
101. oir dans l tat de Sonora 1938 Rencontre Andr Breton et Trotski chez Diego Rivera Rivera l invite donner des cours de photographie l cole centrale des arts plastiques Il y enseigne pendant deux ans jusqu en 1940 1939 Andr Breton fait une apologie de la photographie d lvarez Bravo dans son texte Souvenir du Mexique publi dans la revue Minotaure En mars ses photographies sont pr sent es dans l exposition Mexique qui se tient la galerie Renou et Colle Paris Il publie son texte Adget sic Documentos para artistas dans la revue Artes Pl sticas Le num ro d avril de la revue Mexican Art and Life publie ses photographies avec un texte de Luis Cardoza y Arag n Il expose la galerie d art de l Universit de Mexico De 1939 1942 il tient un studio de photographie commerciale sis rue Ayuntamiento 1940 Participe l Exposition internationale du surr alisme intitul e Aparici n de la Gran Esfinge Nocturna Apparition du grand sphinx nocturne organis e par Andr Breton la galerie d art mexicain 12 d couvrir l exposition d In s Amor Mexico Son uvre deux ambrotypes de sa collection et sa photographie Muchacha viendo p jaros Fillette regardant des oiseaux figure dans l exposition Twenty Centuries of Mexican Art organis e par le MoMA de New York 1942 Accepte un poste de publiciste au d partement ditorial et de publicit du minist r
102. olite et adoption d une culture moderne associ e l effervescence de la grande ville Enracin e dans la sensibilit populaire mexicaine mais tourn e vers une vision moderne son uvre est un discours po tique part enti re autonome et coh rent en soi construit au fil du temps Puisant des influences dans la peinture le graphisme la litt rature et la musique mais surtout dans le cin ma l art de son temps le travail d lvarez Bravo est une recherche autour de la photographie en tant qu art travers ses repr sentations visuelles le photographe semble interroger les relations entre les images et les mots entre les corps et les choses Cette exposition pr sente l uvre d lvarez Bravo dans une perspective nouvelle Les photographies noir et blanc si caract ristiques de son travail c toient des images in dites et exp rimentales provenant de ses archives clich s en couleurs Polaroid et films exp rimentaux datant des ann es 1960 Cette s lection r v le des aspects m connus de sa photographie mais qui sont pourtant d une grande pertinence et d une urgente actualit les motifs iconographiques r currents dans son uvre trahissent une structure et une intentionnalit mille lieues des occasions fortuites du r el merveilleux mexicain la fois po tique et d concertant l imaginaire de Manuel lvarez Bravo est une contribution mexicaine au langage de la photographie moderne Son uvre t moig
103. on Par bola ptica Parabole optique 1931 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C comme celui de l avant garde est rong de doute de d sarroi il prend le r el litt ralement mais comme un pont vers quelque chose d invisible ou de cach Ce qui le diff rencie de la photographie surr aliste de Man Ray ou de Raoul Ubac c est qu il ne construit pas d lib r ment l absurde l instar d Eug ne Atget il trouve le fantastique dans le documentaire Le fonctionnement surr aliste de ses images est analogue celui des paysages urbains de Jacques Andr Boiffard qui illustrent Nadja d Andr Breton 1928 ou des photos Aux abattoirs de La Villette d Eli Lotar publi es en 1929 dans la revue Documents dirig e par Georges Bataille elles montrent le r el selon le code r aliste mais dans un deuxi me temps elles mettent en vidence la codification de la circonstance le surr el du r el En se relisant le regard photographique cesse d 8tre objectif pour virer au paradoxe sa pr sence pure et documentaire devient un signe de l absence Oui la photographie montre elle est d ictique mais elle le fait en doutant Que faire se demande lvarez Bravo dans ses notes car il est facile de montrer mais le doigt pointe le vide Aux c t s des mouvements photographiques modernistes d avant garde en Europe et aux tats Unis le mouvement surr aliste pr
104. on formelle et conceptuelle susceptible d tre ensuite r investie et mise au service d une expression proprement mexicaine Cette dimension avant gardiste et cosmopolite des arts mexicains accompagne l extraordinaire croissance de la ville de Mexico qui se trouve de fait au centre de l attention d artistes trangers de renom qui n h sitent pas faire le voyage jusqu au Mexique comme c est le cas d Andr Breton ou encore d Henri Cartier Bresson dans le domaine de la photographie Car si le Mexique renoue avec son histoire pr colombienne et coloniale dans laquelle les artistes puisent des motifs de repr sentation o l int r t pour le pass pr europ en alimente un nationalisme culturel en plein essor la ville de Mexico devient en m me temps le centre de la cr ation de cette nouvelle identit nationale Sa modernisation et son d veloppement en font un centre culturel de premier plan rel guant de fait le reste du pays une vaste p riph rie Julie Amiot et Jes s Alonso Carballes Manuel lvarez Bravo in Dossier espagnol 2011 2013 Le Mexique au milieu du XX si cle La Transition d mocratique en Espagne Paris Atlande 2011 p 102 103 La concentration du pouvoir par le PRI au Mexique durant une importante partie du XX si cle contraste avec la libert d expression offerte la production artistique dans le cadre restreint du domaine culturel Tandis que les liens avec l actualit internationale sont encourag s on
105. on de l article de M ximo Bretal 1931 La revue Contempor neos publie des photos d lvarez Bravo et une annonce de sa galerie prend des photographies au mus e d Histoire naturelle El gran hueso Le Grand Os Sa photo Tr ptico cemento 2 La Tolteca Triptyque b ton 2 La Tolteca remporte le premier prix de la section de photographie du concours organis par le fabricant de ciment La Tolteca Avec l argent remport gr ce au prix il ach te la cam ra utilis e par Tiss sur le tournage de Qu viva M xico Il tourne avec cette cam ra Tehuantepec deux ans plus tard Quitte son emploi de contr leur des comptes au minist re des Finances 1932 R alise sa premi re exposition personnelle la galerie Posada de Mexico 1933 Rencontre sur le tournage de Redes Les R volt s d Alvarado le photographe Paul Strand qui publiera des ann es plus tard un texte sur lui dans Aperture Il travaille pendant l t comme photographe de la revue Imagen dont Francisco Miguel est l diteur Il fait des photographies de publicit pour la revue chronologie 9 rep res Le contexte historique et culturel mexicain La R volution mexicaine de 1911 qui renverse la dictature longue de trente cinq ans de Porfirio Diaz produit un bilan contrast Si une r forme agraire et une nouvelle constitution voient le jour des luttes intestines divisent les anciens r vo lutionnaires et la situation ne se stabilise que
106. on mexicain de la photographie l hebdomadaire El Universal Ilustrado publie ses photos Plumero Plumeau Gallitos Cod 1929 Conserve son emploi l Inspection du minist re des Finances mais enseigne la photographie pendant un an l cole centrale des arts plastiques Tina Modotti lui pr sente Diego Rivera et Frances Toor crivaine et ditrice de la revue Mexican Folkways expose des photographies dans une exposition collective au Berkeley Art Museum en Californie et obtient un dipl me d honneur dans le Pavillon du Mexique l Exposition ib ro am ricaine de S ville La revue Jueves de Exc lsior publie sa photo Mu equito Poup e Expose avec le Ensayo para la c mara bien afocada Exercice de mise au poinf 1943 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C sculpteur Guillermo Toussaint et onze photographes la Galerie d art moderne de Mexico actuel palais des Beaux Arts 1930 Apr s l expulsion de Tina Modotti du Mexique lvarez Bravo est charg de photographier les uvres des grands peintres de l poque Jos Clemente Orozco David Alfaro Siqueiros et Diego Rivera entre autres Des reproductions des fresques de Cuernavaca de Rivera sont publi es dans Mexican Folkways ll envoie un portfolio Edward Weston Ses deux photos d chafaudages et deux de Juegos de papel Jeux de papier illustrent un article de Francisco Miguel publi dans le journal El Universal Publicati
107. onge 1908 1914 Fait ses tudes primaires au pensionnat Patricio S enz de Tlalpan pr s de Mexico 1915 Quite l cole pour aider au soutien financier de sa famille Il travaille la journ e et tudie le soir 1916 Entre la Tr sorerie g n rale de la Nation Il fait la connaissance de Lola Martinez de Anda 1917 1918 Arr te ses cours du soir de comptabilit et commence tudier la litt rature et la musique l Acad mie de San Carlos o il tudie galement la peinture avec Antonio Gardu o 1922 Travaille la compagnie d lectricit Mexican Light amp Power Company la soci t des chemins de fer Ferrocarriles Nacionales de M xico et au minist re des Finances commence s int resser la photographie 1923 Rencontre Hugo Brehme et ach te son premier appareil photographique l ann e suivante 1925 Se marie avec Lola Martinez de Anda et s installe avec elle Oaxaca o il est fonctionnaire au d partement des d penses du minist re des Finances 1926 Pr sente une photographie au concours de la Foire r gionale agricole d Oaxaca et remporte le premier prix 1927 Revient avec Lola Mexico Ils ouvrent un studio de portraits chez eux au 1004 rue G mez Pedraza dans le quartier de Tacubaya Naissance de leur fils Manuel Il rencontre Tina Modotti ll travaille l inspection du minist re des Finances jusqu en 1931 1928 Son uvre est s lectionn e pour tre expos e au premier Sal
108. osato au Japon R trospective au MoMA de New York Exposition Variaciones au Centro de la Imagen de Mexico Pr sentation de l exposition El ojo de Manuel lvarez Bravo au Centre culturel d art contemporain de Mexico 1998 Dans le cadre du XXVI Festival international Cervantino de Guanajuato Mexique pr sentation Mexico de l exposition Esp ritus arb reos Manuel lvarez Bravo y Octavio Paz tir e de Variaciones 2000 R ouverture de la salle Manuel lvarez Bravo au mus e d Art moderne de Mexico 2001 R trospective au J Paul Getty Museum de Los Angeles Californie L exposition El ojo de Manuel lvarez Bravo Le regard de Manuel lvarez Bravo voyage Paris Maison de l Am rique latine 2002 Hommage national Manuel Alvarez Bravo Publication du livre Manuel lvarez Bravo Cien a os cien d as ll meurt Mexico le 19 octobre l ge de cent ans Chronologie extraite de Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 272 276 Castillo en el Barrio del Ni o Feux d artifice dans le quartier de l Enfant J sus vers 1990 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C bibliographie s lective Colette lvarez Bravo John BANVILE Carlos FUENTES Jean Claude LEMAGNY Manuel lvarez Bravo photopo sie Paris Actes Sud 2008 Il Leonard FoLGARArr Seeing mexico photographed Wor
109. ouvent galement sur le magazine en ligne du Jeu de Paume http lemagazine jeudepaume org Le Jeu de Paume est subventionn par le minist re de la Culture et de la Communication R PUBLIQL E Minist re Cultur ommunication l am nagement de l espace ducatif et sa programmation ont b n fici du concours de NEUFLIZE VIE m c ne principal du Jeu de Paume et d Olympus France Neuflize Vie ABN AMRO OLYMPUS Your Vision Our Future et de la collaboration des Amis du Jeu de Paume
110. pratiques Observer la rue de temps en temps peut tre avec un souci un peu syst matique S appliquer Prendre son temps Noter le lieu la terrasse d un caf pr s du carrefour Bac Saint Germain l heure sept heures du soir la date 15 mai 1973 le temps beau fixe Noter ce que l on voit Ce qui se passe de notable Sait on voir ce qui est notable Y a t il quelque chose qui nous frappe Rien ne nous frappe Nous ne savons pas voir Il faut y aller plus doucement presque b tement Se forcer crire ce qui n a pas d int r t ce qui est le plus vident le plus commun le plus terne La rue essayer de d crire la rue de quoi c est fait quoi a sert Les gens dans les rues Les voitures Quel genre de voitures Les immeubles noter qu ils sont plut t confortables plut t cossus distinguer les immeubles d habitation et les b timents officiels Lire ce qui est crit dans la rue colonnes Morris kiosques journaux affiches panneaux de circulation graffiti prospectus jet s terre enseignes des magasins Georges Perec Esp ces d espaces Paris Galil e 1974 p 70 71 Ombres et lumi re La photographie argentique c est l enregistrement des variations de lumi re sur une surface photosensible La lumi re et les ombres sont les l ments contitutifs du m dium photographique et peuvent galemment en tre les l ments plastiques La possibilit de la vision repose en effet sur l
111. r dans Libros ou Juegos de papel Jeux de papier Il faut souligner dans la s rie des Jeux de papier l aspect ludique et exp rimental de la construction du motif qui trouve sa source dans son travail l inspection du minist re des Finances Parmi les machines calculer et les rouleaux de papier j ai d emporter un morceau de papier la maison et peut tre influenc par certaines abstractions que j avais pu voir dans des revues a m a int ress de faire ces photos par jeu Des natures mortes c tait tr s int ressant pour moi Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re in Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 19 Il Travailler dans l exposition sur la r currence des formes et des motifs Constituer des groupes de quatre ou cinq l ves qui se r partiront dans les diff rentes salles de l exposition Demander aux l ves de rep rer dans les photographies des motifs g om triques r currents Les l ves de primaire peuvent rep rer les motifs g om triques tudi s en classe cercle ligne droite les coll giens des motifs g om triques r currents dans les diff rentes sections de l exposition Les lyc ens peuvent effectuer le m me travail et d velopper une analyse sur la mani re dont lvarez Bravo utilise les formes g om triques pour construire son image En
112. r 1931 nous montre un jeune homme qui dort paisiblement au sol mais dont l abandon et la situation peuvent voquer la repr sentation d un clochard L ind termination de la lecture atteint son acm dans Serie Tianguis n 56 S rie des march s n 56 vers 1985 o quelque chose g t sous un tissu sans que l on puisse en d terminer exactement la nature lvarez Bravo rejoint ici ponctuellement un motif embl matique du surr alisme le recouvrement par un voile qui appara t dans la photographie L nigme d Isidore Ducasse 1920 de Man Ray publi e dans le premier num ro de La R volution surr aliste en 1924 ou dans le tableau Les Amants 1928 de Ren Magritte Le corps consid r comme un objet est directement exp riment par lvarez Bravo dans une s rie de photographies mise en sc ne Dans Retrato desagradable Portrait d sagr able 1945 De las maneras de dormir Des mani res de dormir vers 1040 Del pelo Par les cheveux vers 1958 et Con mecates Avec des cordes vers 1945 appara t le m me geste de bouche entrouverte de la part de mod les avec des yeux cach s ou vides d expression lvarez Bravo joue nouveau sur la gamme de la passivit corporelle allant du plaisir du repos dans le sommeil en passant par des tats d apparente t tanie jusqu voquer implicitement le motif de la t te coup e et suspendue Le titre Portrait d sagr able dit assez pr cis ment la volont du photogr
113. raite cette question afin d clairer l uvre de l artiste surr aliste Hans Bellmer L impression d inqui tante tranget que produisent souvent les figures de cire les poup es m caniques et les automates peut tre attribu e au fait que ces objets font que l on 30 approfondir l exposition doute qu un tre en apparence inanim soit vivant et inversement qu un objet sans vie soit en quelque sorte anim Cette confusion entre anim et inanim est un exemple de ce type d inqui tante tranget que nous avons d j vu impliquant une r gression vers un mode de pens e animiste et vers la confusion des fronti res qui le caract rise l effet que produisent les poup es on pourrait ajouter selon Freud l effet des crises d pilepsie et les manifestations de folie car ces derniers actes font au spectateur l impression de processus automatiques m caniques qui pourraient bien se dissimuler sous le tableau habituel de la vie Chez lvarez Bravo c est moins la poup e ou le mannequin que les chevaux en bois pour enfant qui semblent tre un motif de renversement entre inerte et vivant Los obst culos Les Obstacles 1929 d j mentionn ci dessus mais surtout Caballo de madera Cheval de bois 1928 donnent aux animaux en bois une place de sujets Cette derni re image joue adroitement avec une ombre projet e sur le visage du cheval pour en dramatiser l expression D objet rang de
114. re qui taient en revanche bien pr sents dans les photographies de Weston et de Modotti les images que fait lvarez Bravo entre 1927 et 1931 introduisent un traitement formel pur et un minimalisme figuratif inconnu dans la photographie mexicaine Alors que la photographie se caract rise par des op rations de capture d images provenant du monde et le monde autour d lvarez Bravo tait en pleine mutation apr s la R volution mexicaine et durant la tr s agit e p riode 22 approfondir l exposition de l entre deux guerres l esth tique formaliste du photographe semble s en abstraire en grande partie dans un dessein de fragmentation et de recomposition du r el En cela ce dernier pratique l exp rimentation des formes et des compositions qui caract rise le cubisme et les avant gardes historiques L influence du cubisme sur lvarez Bravo a lieu directement partir de l uvre de Picasso partage cette source d inspiration avec les photographes du mouvement moderne aux tats Unis notamment Edward Weston et son l ve Tina Modotti dont la rencontre pr cipite la conversion d lvarez Bravo cette esth tique En effet aux origines de la photographie moderne am ricaine incarn e par le mouvement de la Straight Photography dont lvarez Bravo sera proche nous retrouvons l influence d cisive du cubisme de Picasso sur son chef de file Alfred Stieglitz Commentant une photographie r alis e par ce de
115. repr sentative dans sa diversit de la multitude des sensibilit s alors r unies sous la banni re de la Nouvelle Vision On y trouve des constructivistes russes Aleksandr Rodchenko Gustav Klucis El Lissitzky des Am ricains proches de la straight photography Paul Strand Charles Sheeler Alfred Stieglitz des photographes allemands pour la plupart tr s attach s une pratique exp rimentale Umbo Florence Henri et le groupe du Bauhaus Kurt Schwitters d autres li s la Nouvelle Objectivit Albert Renger Patzsch Walter Peterhans quelques compagnons de route du surr alisme Man Ray Maurice Tabard Brassa Eli Lotar voire des photographes professionnels mondains Edward Steichen et Cecil Beaton Si ces artistes utilisent la photographie dans des perspectives diff rentes et parfois contradictoires leur int r t commun t moigne d une m me croyance dans ses potentialit s nouvelles La mise au point nette ou la macrophotographie par exemple permettent la fois la reproduction du r el le plus prosa que et la restitution de l tonnant foisonnement de d tails qu il rec le Estudio de rbol tude d arbre 1930 d lvarez Bravo s inscrit dans ce type de proc dure o l image d une cicatrice de taille sur une corce d arbre isol e de son contexte donne voir autrement ses formes et ouvre un univers de plis et de textures qui en font un v ritable paysage Des possibilit s jusque l inexp
116. ris ditions du Seuil 2008 f Quentin Bac L invention de la photographie Paris Gallimard 2001 f Quentin Bajac La Photographie l poque moderne 1880 1960 Paris Gallimard 2005 f Quentin Baac La Photographie du daguerr otype au num rique Paris Gallimard 2010 Il Roland Barthes La Chambre claire Note sur la photographie Paris ditions de l toile Gallimard ditions du Seuil 1980 Andr Bazy Ontologie de l image photographique 1945 in Qu est ce que le cin ma 2 t Paris ditions du Cerf 1975 p 11 19 Il Walter BENJAMIN Petite histoire de la photographie tudes photographiques n 1 novembre 1996 tir part F Walter BENJAMIN L uvre d art l poque de la reproductibilit technique derni re version de 1030 in uvres lll Paris Gallimard 2000 Il Francois Bruner La Naissance de l id e de photographie Paris Presses universitaires de France 2000 Il Francois BRUNET La photographie dans la r flexion de Peirce in Vers une pens e de la photographie Paris Presses universitaires de France 2000 Il Jean Fran ois CHEVRIR Entre les beaux arts et les m dias photographie et art moderne Paris L Arachn en 2010 ll Jean Fran ois CHEvRIER La Trame et le Hasard Paris L Arachn en 2010 Il Jean Fran ois CHEVRIR Les Relations du corps Paris L Arachn en 2011 Il Georges Dioi Huserman La Ressemblance par contact Paris Les dit
117. rnier au sein de la fameuse galerie 201 New York en 1915 associant dessins et papiers coll s de Picasso un objet d art africain et un nid de gu pes Sarah Greenough signale l analogie de la composition photographique et celle des principes cubistes Les recherches r centes ont r v l que cette image ne correspondait pas l exposition r ellement montr e au public mais un agencement provisoire une sorte de nature morte tr s tudi e Stieglitz nous met sous les yeux les objets qu il veut porter notre attention les deux uvres de Picasso la figure de reliquaire kota et le nid de gu pes De toute vidence il cherche provoquer des comparaisons entre l art et la nature entre les conceptions du beau en Afrique et dans le monde occidental et enfin entre des formes pr sum es intellectuelles d un part et na ves et originelles de l autre Tous les objets se retrouvent sur un m me plan La photographie de Stieglitz comme sa galerie remet tout sur un pied d galit une poque o la hi rarchie traditionnelle place l art occidental au dessus de l art africain ou indig ne En outre Stieglitz utilise l art comme mat riau de ses cr ations de la m me fa on que Picasso et Braque recourent des fragments de vrai journal voire un morceau de toile cir e Si Picasso d tourne le journal de sa fonction premi re Stieglitz n agit pas autrement quand il incorpore les uvres d autres artistes dan
118. rri re un rideau il devient un tre qui guette dans l obscurit Gr ce au cadrage serr un banal clairage provenant du sol gagne en th tralit et donne au sourire na f dont le petit cheval a t pourvu l expression de quelque obscure intention C est galement le cadrage photographique de type portrait qui conf re allure et presque dignit un simple plumeau Plumero Plumeau 1928 est un objet quotidien pris l g rement en diagonale et en contre plong e Il semble donc plus grand que le spectateur et sa raideur contraste avec le naturel des plumes telles une coiffure extravagante Dans ngel del temblor Ange du tremblement de terre 1957 c est encore une fois le cadre qui conf re aux morceaux d une statue m tallique fracass e au sol un air vivant La repr sentation du corps en p ril semble tre la contrepartie d un travail portant sur l animation des objets Comme Freud le signale l une et l autre sont les revers d une m me m daille du point de vue de l effet sur le spectateur La section G sir de l exposition permet de revenir sur l iconographie des corps allong s On y trouve une s rie de photographies de plateau de 1945 du film Cu nta ser la oscuridad Sombre sera la nuit o des enfants allong s vont de la position du sommeil celle de l effondrement Repos et abandon se m lent ici au soup on de mort Cette posture notamment au sol est ambivalente El so ador Le R veu
119. s images op cit p 218 11 Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re op cit p 25 26 12 Sigmund Freud L inqui tante tranget Das Unheilmliche 1910 in L Inqui tante tranget et autres essais Paris Gallimard 1985 13 Rosalind Krauss Le Photographique Pour une th orie des carts op cit p 188 180 14 lbid p 167 vision et regard 31 pistes de travail Les pistes de travail se veulent des propositions ouvertes qui s articulent autour de notions et de probl matiques li es aux images expos es au Jeu de Paume Elles ont t concues avec les professeurs relais des acad mies de Cr teil et de Paris Il appartient aux enseignants de s en emparer pour concevoir dans le contexte particulier de leurs classes la forme et le contenu sp cifiques de leurs cours En regard de l approche photographique de Manuel lvarez Bravo nous vous proposons diff rents axes de travail en premier lieu des notions et des activit s destin es exp rimenter les questions du point de vue et du cadrage ensuite une observation de la mani re dont le photographe se sert des ombres de la lumi re et des formes g om triques pour structurer organiser et composer ses photographies enfin des tudes bas es sur les relations entre images et textes Vision photographique Photographier c est op rer un choix une d coupe dans le r el qui en apporte une vision particul
120. s des objets l tat de ruine Il s agit alors d une sorte de d montage naturel par rosion ou entropie Cette esth tique des ruines n est pas sans rapport avec un environnement conomiquement pauvre o entretien et r novation ne sont pas l ordre du jour Sous l il du photographe le paysage urbain comme rural semble l abandon et ses composantes parpill es Si beaucoup d images d lvarez Bravo t moignent d une volont de recomposition du monde comme nous le verrons plus loin bien d autres fixent un tat de d sagr gation Fait cho cet tat la posture de certains sujets l arr t et isol s apparemment perdus et d sorient s 24 approfondir l exposition Manuel lvarez Bravo comme beaucoup d autres photographes de l entre deux guerres a t influenc par l entr e massive du cin ma dans l imaginaire quotidien Mais alors que le cin ma hollywoodien suivi de pr s par le cin ma de l Europe occidentale d veloppe une narration lin aire dans la tradition du th tre et de la litt rature du XIX si cle un autre cin ma encourag durant les premi res ann es du r gime sovi tique voit le jour C est ainsi que sous l impulsion de cin astes comme Dziga Vertov Lev Koul chov ou Sergue Eisenstein des ictions ainsi que des documentaires s attachent la refonte de l imaginaire social russe Ces r alisateurs sont les premiers appliquer des formes de constructions emporel
121. s ses images et leur conf re une signification nouvelle Picasso et Braque ont troqu les mat riaux traditionnels des arts plastiques contre des objets trouv s et les techniques du dessin et de la peinture contre le d coupage le collage et l assemblage afin de renverser les barri res entre l art et la vie Stieglitz photographie un agencement provisoire qui tend l espace de la galerie le principe du papier coll Chez Stieglitz le collage joue ainsi le r le de paradigme photographique cristallisant l id e d un proc d dont la nature est de mettre plat et de confronter des objets comme des niveaux h t rog nes de r alit Son fameux clich The Steerage 1907 publi dans Camera Work en 1911 donne voir un paquebot dont les deux ponts et la passerelle partagent abruptement l image La d coupe visuelle nette et lin aire qui renvoie la plan it du support fait cho ici la s paration de la soci t en classes sociales Le principe du collage comme celui de la construction g om trique entre ainsi en r sonance avec les divisions conomiques ouvrant l h ritage cubiste une vision plus sociale Chez Paul Strand notamment frontalit et plan rapproch en photographie rel vent d un souci de confrontation directe avec les in galit s 3 Plus loin dans l id e de la soci t comme composite h t rog ne le collage est galement le principe m me de repr sentation des divers peuples
122. t rien Reconna tre ou ne pas reconna tre est tout Entre ce que je reconnais et ce que je ne reconnais pas il y a moi Pour le surr alisme toute image susceptible de produire ce va et vient entre reconnaissance et interpr tation devient esth tiquement int ressante ce qui est le cas des photographies En tant qu enregistrement et en ce sens double du r el la photographie produit un effet de reconnaissance apparemment imm diat Et en m me temps elle d coupe l espace par le cadrage et le temps par la prise de vue elle d contextualise et peut donc mener les objets montr s vers un tat de grande ind termination Les titres Como isla Comme une le 1963 1964 ou El lago de los chichicuilotes Le Lac Arena y pinitos Sable et branches de pins vers 1926 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C des oiseaux chichicuilotes 1963 1964 d lvarez Bravo affectent peu l interpr tation des photographies qu ils d signent Celles ci tirent leur tranget du point de vue adopt par le photographe car des lots de terre sont repr sent s au milieu d une eau refl tant le ciel ce qui cr e une confusion entre le haut et le bas Nuage et terre paraissent alors se m ler remettant en cause la gravit Isol es par le reflet du ciel dans l eau les parties immerg es ne donnent pas de rep res d chelle pr cis et peuvent rappeler des photographies a riennes Enfin Arena y pinitos
123. ta de liquen Rocher couvert de lichen 1927 Corriente Texcoco Courant Texcoco 1974 1975 se c toient sans se concurrencer C est l une vision autre de la modernit qui la diff rence de l Am rique du Nord et de l Europe est plut t celle d une industrialisation p riph rique et d une soci t encore peu atomis e Le r le avant gardiste de l artiste y est donc moins li l id e d une rupture proph tique qu une exploration esth tique Corriente Texcoco Courant Texcoco 1974 1975 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C accessible et davantage adress e aux contemporains Ainsi des muralistes mexicains qui malgr leurs inventions et simplifications formelles fortement marqu es par Picasso surent rester lisibles et p dagogiques l gard de la majorit des Mexicains La modernit d lvarez Bravo n est donc pas celle de la r volution ni celle des machines Elle semble se situer plut t du c t d une posture individuelle loign e des contraintes sociales et id ologiques Il s agirait alors d une modernit caract ris e par l affirmation de l autonomie de l artiste apparue la Renaissance et r activ e partir du XIX si cle Telle semble tre l hypoth se avanc e par Laura Gonz lez Flores Sa filiation esth tique n est pas l art public de ces ann es l mais les po tes qui travaillent enferm s dans leur chambre et face au miroir d o la force connota
124. tive de Cortina Rideau 1930 motif qu il reprendra tout au long de son uvre pour souligner encore et encore sa conception de la vision en tant que seuil 5 Esth tique du montage Alors que dans les premi res photos les objets paraissent abstraits partir de 1931 les motifs sont de nouveau reconnaissables en tant que tels des choses des enseignes des personnes des mannequins mais d stabilis s soit ils sont arrach s de leur lieu habituel soit ils sont montr s d un point de vue qui rend leur sens quivoque On cherche dans ces photographies un point de vue stable et unique une stabilit et une puret g om trique ou un espace dynamique et haptique On se heurte au contraire la confusion sensorielle la d route psychologique et la juxtaposition des perceptions une convulsion des sens propre l exp rience sensorielle moderne que l on retrouve dans la musique de Stravinsky ou la peinture de Picasso Alors qu on reconna t dans Cheval de vitrine seconde l influence du photographe parisien Eug ne Atget dont lvarez Bravo avait command le livre en 1031 et sur qui il crira un texte en 1939 la Parabole optique r v le une mani re de composer caract ristique d lvarez Bravo un montage de divers signes obtenu par leur confrontation dans le cadre enregistrement et composition 23 Publi e dans son sens original lisible la Parabole optique nous plonge d embl e dans une
125. tivisme 2 Construire C est de cette poque que datent des photos telles que Colch n Matelas 1927 ou la s rie Juegos de papel Jeux de papier vers 1928 des images abstraites de pliages faits avec les rouleaux de papier qui symbolisent son travail de fonctionnaire L une de ses photographies les plus synth tiques et abstraites remporte le premier prix d un concours important Tr ptico cemento 2 La Tolteca Triptyque b ton 2 La Tolteca 19209 une image qui marque l entr e de l esth tique moderne dans la photographie mexicaine Que ce soit de mani re abstraite ou en tant que motif litt ral de l image l id e de construction sera d sormais une constante dans la photographie d lvarez Bravo 6 d couvrir l exposition Ondas de papel Vagues de papier vers 1928 Collection Colette Urbajtel Archivo Manuel lvarez Bravo S C 3 Appara tre Vers 1931 lvarez Bravo d couvre Atget et se met photographier le centre ville de Mexico pour participer un concours de vitrines ll ouvre cette m me ann e une galerie chez lui et fonde avec un groupe d intellectuels le Cin club mexicain Il lit Sergue Eisenstein et con oit sa propre forme de dissonance visuelle On voit appara tre dans ses photographies comme dans ses sc narios de films les reflets trompe l il et illusions optiques de la grande ville conjonctions d images influenc es par la th orie du montage cin matographique 4
126. tographie en tant que discipline artistique L un des axes majeurs de cette histoire s articule autour de la question de son exposition d terminante dans l affirmation de son statut de m dium artistique La figure de Julien Levy 1906 1981 et le r le qu il a jou sont embl matiques cet gard la suite d Alfred Stieglitz fondateur du mouvement de la Photo Secession et de la galerie 291 New York Julien Levy con oit des expositions manifestes et en 1931 ouvre une galerie lieu de promotion et de diffusion o la photographie c toie d autres formes plastiques issues de l avant garde du surr alisme au cin ma europ en et sovi tique Proche d une g n ration d historiens de l art form s Har vard il utilise ce r cent r seau de chercheurs et de conservateurs pour initier une collaboration active avec les institutions mus ales am ricaines tactique nouvelle qui permettra entre autres l entr e des uvres surr alistes de la photographie moderniste et du fonds Atget au sein de collections prestigieuses comme celles du Museum of Modern Art de New York Ex Des travaux r cents ont mis en vidence le r le complexe et crucial jou par Julien Levy dans le d veloppement du modernisme Levy a tr s t t collectionn des uvres de Marcel Duchamp l ami qui l obligera se rendre en Europe la premi re fois Paris d j admirateur affich non sans une certaine ambigu t d Alfred Stieglitz Levy devi
127. ts fonctionnent comme des signes les reflets comme des choses les mots comme des images Comme le dit si bien Octavio Paz les titres sont essentiels pour comprendre la photographie d lvarez Bravo Les titres de Manuel ne sont pas des mots en l air ce sont des fl ches verbales des signaux incandescents l il pense la pens e voit le regard touche les mots br lent Laura Gonz lez Flores Manuel lvarez Bravo Syllabes de lumi re in Manuel lvarez Bravo Paris ditions du Jeu de Paume Hazan Madrid FUNDACI N MAPFRE TF Editores 2012 p 25 pistes de travail 35 I Composer les signes l int rieur du cadre Dans le quartier de l tablissement scolaire photographier un paysage urbain comprenant des signes des symboles des textes les publicit s les murs les portes les vitrines Il s agit lors de la prise de vue d tre attentif aux l ments qui la structurent les ombres et les lumi res les mati res et les signes ou les mots et la composition de l image qui induisent du sens entre ces diff rentes composantes f L gender une photographie Dans le quartier de l tablissement scolaire chaque l ve muni d un appareil photo num rique prend une photographie puis lui donne un titre Le tirage ou l affichage sur cran de chaque photographie est titr par un autre l ve Il s agit d examiner l cart de perception ou d interpr tation r v l par les
128. ue il y a donc lien r ciproque entre les formes et leur signification Dans le m me esprit les noms invers s sur l enseigne et la vitrine E Spirito et A Spirito renvoient aux noms des deux opticiens qui ont vraisemblablement des liens de famille de m me que les deux versions de l image En outre leur nom voque le mot esp ritu esprit on pense la b n diction en latin et spiritus sanctus et devient un mot d esprit irr v rencieux sur le v hicule mat riel qui contient l image photographique par ailleurs fantomatique Par ces r f rences l il humain la parabole de l image porte sur les incertitudes du regard sur les repentirs visuels et sur l alt ration du point de vue et par cons quent sur la nature de la photographie elle m me En explorant dans cette image et dans d autres la diff rence entre intention et m taphore lvarez Bravo rend visible une r f rence ce qui est sous la surface de ce que l on voit et l exc s de confiance que nous accordons aux apparences Photographie et surr alisme Laura Gonz lez Flores tente de pr ciser la vision du photographe D cid ment le regard d lvarez Bravo n est pas la vision rationnelle de la modernit technologique qui a tout sous contr le le c est comme ca de la perspective et de l objectif la preuve que le monde continue tre l o il a toujours t Son regard 26 approfondir l expositi
129. uel lvarez Bravo S C des cin astes majeurs de cette g n ration l exp rience du jeune cin ma sovi tique pose le fragment comme sa mati re premi re et non le flux continu suppos naturellement coextensif l illusion du mouvement Le moyen dont dispose le cin ma pour produire une impression artistique r side dans la composition l encha nement des fragments film s Autrement dit pour produire une impression l important n est pas tant le contenu de chaque fragment que la fa on dont ils s encha nent dont ils sont combin s l essence du cin ma doit tre recherch e non pas dans les limites du fragment film mais dans encha nement de ces m mes fragments Si Koul chov d finit la sp cificit de la composition cin matographique par l encha nement des fragments Eisenstein fonde sa th orie du montage sur les effets de collision et de choc entre les fragments qui produisent un sens nouveau Mais mon avis le montage n est pas une pens e compos e par des morceaux qui se succ dent mais une pens e qui na t du choc de deux morceaux ind pendants l un de l autre principe dramatique Comme dans la hi roglyphique japonaise o deux signes id ographiques ind pendants cadres juxtapos s explosent en un concept nouveau Ainsi eau il pleurer Porte oreille tendre l oreille Enfant bouche crier Bouche chien crier Bouche oiseau chanter Couteau c ur chagrin etc L
130. ward Weston et Ansel Adams le respect de l objet chez Renger Patzsch Les fameuses sp cificit s du m dium ne constituent donc en rien comme le croyaient les modernes tous mais diff remment une essence unique irr ductible et universelle apanage de tel ou tel courant elles ne sont jamais qu une construction toujours changeante le produit fluctuant du go t et des choix esth tiques Les pr cisions d Olivier Lugon ne se limitent pas relativiser le lien entre une improbable sp cificit unique du m dium et l essence de la photographie moderniste Elles nous invitent galement porter notre attention sur les apports singuliers de chaque photographe au sein de cette p riode Apr s le pictorialisme la photographie tente nouveau de nouer des liens avec la peinture non plus sur le plan de limitation d un mod le mais dans une recherche conjointe de la sp cificit qui caract rise le modernisme dans les arts visuels Ainsi la question de la plan it en photographie fait cho des pr occupations pr sentes depuis la fin du XIX si cle dans la peinture d avant garde attach e la sp cificit de son support la toile galement plat enregistrement et composition 21 Le r le fondateur du cubisme au sein des arts plastiques se retrouve ce titre dans l histoire de la photographie Manuel lvarez Bravo le cite en tant que l une de ses sources principales C est dans la librairie de do

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