Affectivite et autorite - Gérard Guillot
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1. dagogique essentielle A l cole et tout au long de la vie on n apprend pas pour apprendre on apprend pour progressivement et sans fin penser et juger par soi m me L autonomie et l esprit critique et cr atif se forment et se d veloppent gr ce aux apprentissages Mais on apprend aussi pour prouver du plaisir d couvrir et comprendre le monde uvrer avec les autres Un jeune enfant n apprend pas de mani re s che et directe il apprend en investissant sa corpor it sa sensibilit et son imaginaire 1 faut abord r ver le monde pour le comprendre d o l importance notamment de l ducation artistique de l expression corporelle Il ne s agit pas de rel guer un futur hypoth tique la ma trise de la langue et des math matiques mais de les nourrir de comp tences transversales une r gle aride et n cessaire ne peut tre int gr e sans tre irrigu e par la s ve d images de m taphores d exemples familiers qui sont le tremplin de l abstraction Au professeur de trouver les montgolfi res p dagogiques qui aideront un l ve s lever au dessus du labyrinthe chatoyant de ses repr sentations des chemins buissonniers appara tront pour aller vers l essentiel Accompagner avec jubilation et vigilance tel Socrate berger d une v rit toil e n est il pas le r le id al d un professeur Apprendre et faire apprendre c est entrer en d sirance G rard2. GUILLOT Article publi dans la revue PATIO Educa o Infantil Afeto e autoridade na educa o das crian as juillet octobre 2008 n 17 trad en portugais A Olmi F Murad M C Silveira Barbosa Artmed eds Porto Alegre Brasil p 6 9 Bandura A 1997 Self Efficacy the exercise of control New York Eds W H Freeman and Co Ltd 592 p
3. faire Trop souvent l adulte diff re l action au profit d une introduction avec de longues explications et nombre d l ves sous ce discours perdent l envie de faire la motivation On apprend en faisant et les retours sur action des synth ses chemin faisant puis une synth se finale permettent aux enfants de mieux comprendre logiquement o A o g 9712 qu avec un mode d emploi annonc l avance et ex cuter Trop d l ves apprennent des r ponses des questions qu ils ne se sont pas pos es D buter une le on c est mettre en posture de questionnement d un questionnement que l l ve peut s approprier sans se r signer suivre des consignes Le sens c est la direction s il n est pas per u au d part les habitu s du syst me scolaire joueront de l opportunisme scolaire acquis notamment en fonction de leur milieu social et culturel d origine les autres chercheront empiriquement t tonnant l aveugle et nous le savons le foss entre les deux groupes se creusera La p dagogie doit tre une aventure commune qui gomme les h ritages une histoire construire ensemble gr ce des projets et non un destin subir L ducation des enfants consiste organiser des activit s au sein desquelles ils apprendront coop rer ensemble De ce point de vue les adultes ont un devoir d exemplarit travailler en quipe est aujourd hui pr se
4. on se tromperait d objectif et on cultiverait son propre narcissisme Un ducateur un professeur en particulier est un professionnel de l ducation non pas un technocrate sans tats d me mais un homme ou une femme qui dans la distance du respect sait faire preuve d une cordialit chaleureuse sans projection subjective d empathie envers tous les enfants L enjeu est d aimer l tat d enfance de l humanit en chacune et chacun Une grande difficult est de ne pas se laisser happer par les fortes demandes spontan ment affectives des enfants La p dagogie est l art de ne pas r pondre affectivement ces demandes mais d offrir en r ponse une bienveillance compr hensive qui les r oriente vers un autre terrain C est pourquoi le relationnel n cessite des m diations afin de ne pas verser dans le confusionnel Ainsi un professeur est un m diateur entre l enfant et les valeurs thiques universelles entre l enfant et la Loi entre l enfant et les apprentissages entre l enfant et l action Si l coute et le dialogue sont bien videmment essentiels l action l est tout autant Un Cf Freud S 2004 Introduction la psychanalyse 1916 Trad Fr S Jank levitch 1921 avec l autorisation de l auteur Partie III chap 22 Paris Payot 576 p enfant est un tre d motion et d action En arrivant en classe sa premi re attente au d but en tout cas est qu est ce qu on va
5. reprendre les termes freudiens d autre part der favoriser son inscription dans a temporalit longue qui est celle de l histoire mais aussi celle de tout apprentissage La premi re finalit se heurte l obstacle du caprice du chantage affectif la seconde se heurte la difficult de diff rer son plaisir Mais les affects les motions les sentiments sont essentiels Il ne s agit nullement de les nier de les r duire ni de les atrophier il s agit de les concilier avec l objectivit la lucidit et l esprit critique que l cole a pour mission de d velopper Un tre purement cognitif s il pouvait exister serait bien froid ennuyeux dangereux et sans doute malheureux Il serait mutil de cette part d humanit qui est aussi de c ur de d sir et de chair L tre humain d s la plus petite enfance est un tre pluriel en lui l intellect et la raison se m tissent avec le r ve et l imaginaire Eduquer un enfant suppose donc de l accompagner vers le rationnel et le raisonnable sans n gliger son ressenti affectif Cela ne signifie pas pour autant que nous ayons aimer chaque enfant l amour est lectif la sympathie est source d exclusion Tous les enfants et de m me pour les adultes ne nous paraissent pas sympathiques et r ciproquement nous ne leur sommes pas toujours sympathiques Une erreur serait de vouloir jouer la carte de la sympathie de la s duction p dagogique car
6. AFFECTIVITE ET AUTORITE DANS L EDUCATION DES ENFANTS Un enfant a besoin d un cadre structurant avec des rep res et des limites clairs pour construire sa personnalit Tous les adultes qui ont en charge son ducation ont cet gard le devoir d assumer leurs responsabilit s respectives en vitant le double cueil d une part de l autoritarisme et d autre part du laxisme Un professeur un parent ou un ducateur a instaurer les r gles du jeu social du vivre ensemble sans imposer une tyrannie subjective ni une non directivit mal comprise Le caprice du prince transforme le sujet en objet Le ma tre camarade parentalise l enfant en faisant peser sur ses paules des charges bien au del de sa maturit Bref duquer les enfants requiert que les adultes osent assumer leur autorit d adultes du quotidien qui est mille lieues des sir nes des faux adultes du monde du spectacle et de l univers m diatique o r gne trop souvent un adolescentrisme voire une infantilisation Pour ce faire l adulte doit adopter ce que j ai appel une autorit de bientraitance Celle ci a pour fonction premi re d autoriser tre exister grandir exprimer ses motions joie col re tristesse apprendre aimer cr er Elle implique le respect a priori et inconditionnel de la personne de l enfant Il s agit d une posture thique dont l exigence supr me est de p
7. nt comme une vidence mais souvent c est l affectif qui fait obstacle Je veux bien travailler en quipe mais pas avec lui ou elle De plus les professeurs les parents les ducateurs les acteurs institutionnels et sociaux qui participent cette ducation ont galement coop rer en mettant en uvre un partenariat toujours respectueux du point de vue de l autre aussi cordial que possible un partenariat qui n a pas se r duire avec facilit un partenariat d affinit s mais un partenariat de comp tences En conclusion la notion qui est la fois la base et l horizon de relations fructueuses entre enfants entre enfants et adultes entre adultes est celle d estime de soi Une estime de soi n gative c est dire ne pas s aimer ne pas s estimer se d valoriser conduit aux deux attitudes de d fense dont nous disposons l inhibition le repli sur soi ou l agressivit l arrogance compensatoire d un complexe de sup riorit souvent source d une gourmandise de pouvoir Pour s estimer il est fondamental de se sentir respect et estim par les autres c est le registre du regard et de la parole mais aussi d apprendre mieux s estimer soi m me c est le registre de l action et de l action partag e D velopper le sentiment d auto efficacit comme le montrent par exemple les travaux de Bandura en psychologie cognitive est une cl ducative et p
8. romouvoir l humaine condition chez chaque enfant quelles que soient ses particularit s Mais autoriser tre n autorise pas faire n importe quoi des interdits des limites et des r gles sont indispensables condition de porter sur ce que font les enfants jamais sur qui ils sont Les interdits fondamentaux concernent toute conduite qui porte atteinte la dignit humaine chez soi m me ou chez autrui Ainsi parmi les r gles du vivre ensemble il convient de distinguer entre les r gles thiques et l gales qui ne sont pas n gociables et les r gles normatives ou conventionnelles que l on construit par exemple avec les l ves en classe Les premi res sont fondatrices du lien humain les secondes sous la condition des premi res permettent d associer les l ves leur laboration afin de les responsabiliser aux liens sociaux qui se tissent dans les diverses situations de la vie Mais un enfant n est pas un tre de raison pure l adulte non plus au demeurant Chaque enfant dans sa singularit se comporte en fonction de son affectivit de son ressenti motionnel De plus un enfant vit dans le pr sent Son ducation a pour double finalit d une Guillot G 2008 O resgate da autoridade em educa o Trad P Chittoni Ramos Reuillard Supervis o Dr J A Rosa Ribeiro Porto Alegre Artmed 192 p part de le conduire concilier son principe de plaisir avec le principe de r alit pour
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