Une cause possible de maladies psychosomatiques
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1. autour de leur per sonne une paisse carapace pour se prot ger C est ainsi qu ils deviennent les auteurs d une triste liste d actions des tructrices comme le sont les attouchements l exhibition nisme la p dophilie les viols l inceste les fellations forc es les sodomies le sado masochisme le prox n tisme etc Les abus dirig s contre soi et la revictimisation lls repr sentent les principaux troubles du comportement des victimes qui s expriment de deux mani res soit en in duisant ces personnes devenir leur propre abuseur ou en les emp chant de se prot ger des situations et des person nes qui leur sont n fastes Plus inqui tant encore les victi mes sont souvent attir es par les abuseurs comme le m tal par un aimant et inconsciemment recherchent m me leur compagnie C est comme si elles souffraient d un conflit de loyaut face leurs premiers abuseurs et avaient sign avec eux un pacte de soumission vie Sur le plan sexuel chez certaines victimes on observe par fois des comportements tranges o la suite d abus sexuels les victimes galvaudent leur corps en pratiquant le libertinage couchant avec n importe qui et n importe o se mettant r guli rement en situation de danger Elles traitent leur corps avec le m me irrespect que celui dont a us leur abuseur s agit d un comportement d imitation C est pro bablement ce m me irrespect qui am ne un certain nombre d entre elles p2. ration tout d abord la peur ensuite puis le sentiment de culpabilit et la honte emmurent les victimes dans une totale solitude face l horreur qui parler Que dire Les croira t on Les jugera t on La situation est bien s r encore plus difficile si l abuseur fait partie de la famille et surtout s il s agit de l un de ses parents Lorsque l enfant est abus sexuellement l abuseur prend des pr cautions pour viter que l enfant ne parle Soit il est tr s gentil il offre des cadeaux et il dit par exemple c est notre petit secret nous deux Soit il utilise l intimidation en prof rant des menaces de mort Mais plus perfide encore il arrive qu il menace les autres membres de la famille si tu le dis quelqu un je vais tuer ta m re ou ta petite s ur L enfant croule alors sous le poids de la responsabilit et de cet in vita ble sentiment de culpabilit Et donc il ne dira rien Mais par fois les intimidations ne sont m me pas n cessaires car l adulte a d j soumis l enfant par d autres abus les abus mo tionnels et physiques L enfant culpabilis et assujetti prendra M pecine f vrier 2010 87 VIE PROFESSIONNELLE changes entre professionnels alors sur lui de prot ger son abuseur en raison d une perversion involontaire et inconsciente des liens d attachement Mais l enfant abus n est pas toujours le seul devoir garder le secret Ainsi en est il pour tout t moin qui aurai
3. Anita souffrait de constipation chronique et avait tendance abuser des laxatifs Dans son anamn se ma patiente disait avoir souf fert tr s t t de douleurs abdominales Ses parents avaient fait le tour des p diatres et autres sp cia listes sans jamais en trouver la cause ni de trai tement efficace ses maux Anita chappa de jus Anita ou quand le ver est dans le fruit Il aura fallu sept ans pour qu Anita qui m avait consul t e en tant que m decin g n raliste trouve une vraie solution son probl me et puisse se consid rer gu rie Lorsque je fis la connaissance d Anita elle avait trente cinq ans Voici son histoire Tr s d prim e en raison du d c s accidentel de sa m re survenu un an auparavant j avais d lui prescrire un traitement antid presseur car elle ne parvenait pas remonter la pente En compl ment au traitement m dicamenteux je lui proposais des entretiens de soutien r guliers La sant physique d Anita n tait pas bonne non plus car depuis de nombreuses ann es elle al ternait infections urinaires et vaginites chroni ques R guli rement elle se plaignait de dysurie alors que les pr l vements bact riologiques s av raient souvent st riles Lorsque les spasmo lytiques ne suffisaient pas amender les dou leurs je ne voyais pas d autre alternative que les antibiotiques Cela heurtait ma rigueur scientifi que mais bizarrement cette d marche amenait un r pit de q
4. de suspension parce que quelque chose n est pas termin Par la suite cer taines d entre elles souffriront de flash back comme s il s agissait de multiples tentatives inconscientes malheureur sement inefficaces de tenter de r soudre autrement le v cu traumatique D autres adopteront toutes sortes de techni ques d vitement dont la perte de la libido en est un exem ple Elles seront rattrap es par la reviviscence du trauma tisme la moindre situation voquant une histoire abusive que ce soit dans leur propre vie ou celles de l entourage ou encore par l interm diaire des m dias La victime n est jamais consentante sinon ce ne serait pas de l abus Le secret Les victimes ont toutes en commun le fait de ressentir des sentiments de culpabilit et de honte tellement importants que la plupart du temps ces derniers les emp chent de par ler qui que ce soit y a une inversion de valeur qui induit les victimes ressentir la culpabilit et la honte la place de l abuseur qui lui ne les ressent pas C est ainsi qu Anita a port son secret quotidiennement pen dant vingt cinq ans et Madeleine pendant soixante ans Combien de ces victimes hommes et femmes sont morts en emportant leur secret dans leur tombe La tragique his toire d Anita avec son d ferlement de sympt mes psycho somatiques r actionnels nous permet de comprendre l im portance fondamentale du secret dans la gen se de la maladie La sid
5. de viol Comme cela sera expliqu plus loin les enfants abus s perdent leurs capacit s sentir le danger ou m me parfois se sentent directement attir s par les abu seurs L tat de choc l effet de surprise et la sid ration Lorsque les abus sexuels surprennent l enfant dans son in nocence ils produisent chez lui un v ritable s isme l instar d un appareil pr vu pour 110 volts qu on branchera it sur une prise 220 cela d clenche chez l enfant une v ritable im plosion Comme le dit Suzanne Robert Ouvray Les enfants n ont pas de d sir sexuel g nitalis face aux adultes 5 Comment le pourraient ils puisque leur syst me hormonal n est pas encore mature Lors d un viol notre syst me d alarme l amygdale c r brale rep re instantan ment le danger et d clenche une cascade de r actions physiologiques due au stress aigu dont la pro duction massive d adr naline et de cortisol via les glandes surr nales Ainsi tout l organisme est sous tension et pr t pour la d fense ou la fuite fight or flight Mais lorsque la victime est immobilis e par l agresseur qui souvent est plus grand et plus fort qu elle l amygdale surstimul e d clenche chez elle une r action de panique totale Pour viter ce sur voltage le cerveau va lib rer des substances endorphiniques et k taminergiques qui sont de puissants analg siques et anesth siants de mani re inhiber temporairement le fonc tionnem
6. discussions et ses bonnes r solutions Anita n adoptait aucune des mesures propos es Pourquoi donc toutes les m dications symptomatiques et approches comportementales restaient elles aussi glo balement inefficaces J y r fl chis longuement avant d en comprendre la raison fondamentale Anita se comportait en victime subissant ces nombreux abus Ma s si elle se comportait en victime c tait donc qu elle avait t abus e me dis je Je lui posai alors en douceur cette question Je vois que malgr tout ce dont nous avons discut et toutes les strat gies que je vous ai propos es vous ne vous prot gez pas Auriez vous t abus e Elle clata alors en sanglots intarissables Il fallut beau coup de temps et de patience jusqu ce qu elle puisse enfin dire que depuis le d but de son traitement elle se promettait chaque visite de me r v ler son secret et qu chaque consultation elle n en trouvait pas le cou rage par honte et repartait avec son lourd fardeau C est ainsi que j appris qu l ge de dix ans un ami de son p re tait venu la chercher la sortie de l cole La petite fille connaissant bien cet homme elle l avait suivi en toute confiance Il l avait emmen e dans la for t avoisinante entra n e derri re un pais buisson et l il l avait viol e avec p n tration anale et vaginale son retour la maison la petite fille h b t e n avait rien pu dire ses parents C est ai
7. professionnels risques Les victimes sont particuli rement vuln rables face aux abuseurs dont elles ne parviennent pas identifier les premiers d passements de limite Ce comportement de re victimisation est associ une autre constante comporte mentale qui consiste se soumettre imm diatement plus fort que soi et subir ainsi moult injustices et humiliations sans exprimer aucune protestation en faisant le poing dans sa poche Ces personnes pensent qu il faut prendre patience que l autre va comprendre qu il va changer etc Elles per dent ainsi beaucoup de temps et d nergie et de jour en jour toute leur confiance en elles m mes En cons quence dans leurs relations avec les autres elles se retrouvent r guli rement dans des rapports de force o elles sont toujours perdantes Et lorsque les situations ne sont plus supporta bles et qu elles quittent leurs emplois ou s extraient de leurs relations pathologiques elles se retrouvent quelques semai nes ou mois plus tard dans d autres lieux avec d autres ac teurs toujours dans les m mes sc narios de vie qui se re jouent encore et encore En raison de l accumulation des somatisations des troubles psychiques et comportementaux dont le recours fr quent aux abus de substances il n est pas rare que le parcours se termine par une tentative de suicide parfois fatale D tecter et soigner Ces derni res d cennies de nombreuses associations ont vu l
8. VIE PROFESSIONNELLE Cornelia Gauthier M decine g n rale FMH M decine psychosomatique ASMPP Mots cl s abus sexuel coute rep rage DOI 10 1684 med 2010 0522 changes entre professionnels La sant physique et psychique rel ve d un miraculeux quilibre quotidiennement re nouvel entre une base de donn es g n tiques et les nombreux facteurs environne mentaux au milieu desquels nous voluons Ces facteurs sont multiples et vari s Qu ils soient d ordre physique chimique ou biologique leurs impacts sur les personnes sont positifs ou n gatifs L ensemble des relations qui se jouent entre les humains dans les domaines financiers politiques religieux sociaux familiaux ou sentimentaux font aussi partie de ces facteurs Tous les v nements agr ables ou d sagr ables que nous vivons agissent directement sur le corps la mani re d un massage agr able ou d une douloureuse fracture de la cheville Quant aux facteurs environnementaux d l t res ils ont une influence directe sur l tat de sant en induisant des perturbations mo tionnelles qui si elles ne sont pas reconnues et r par es temps risqueront par la suite d entra ner l apparition de maladies psychosomatiques Une cause possible de maladies psychosomatiques mycosiques post antibioth rapies mais cette symptomatologie vaginale pouvait aussi fr quem ment se d velopper sans traitement bact riolo gique pr alable Concomitamment
9. decins apprendre des techniques de traitement permet tant de d programmer ces traumatismes gr ce des appro ches psychosomatiques afin de pouvoir lib rer la m moire du corps En effet fr quemment la psychoth rapie seule ne suffit pas car pour obtenir une gu rison les empreintes M DEGINE f vrier 2010 89 VIE PROFESSIONNELLE changes entre professionnels psychosomatiques n cessitent l utilisation de formes de th du cercle vicieux de la soumission C est tout un travail de rapies galement psycho corporelles part et d autre mais combien prometteur Finalement last but not least il sera n cessaire d utiliser des approches comportementales pour enseigner aux victi Conflits d int r ts aucun mes s affirmer et oser dire non afin qu elles puissent sortir R f rences 1 Gauthier C Sommes nous tous des abus s Ch ne Bourg Georg 2008 2 Gauthier C Pourquoi l ampleur des abus est elle sous estim e et les patients insuffisamment trait s Rev Med Suisse 2009 20 611 4 3 Halperin D Bouvier P Jaff PD Mounoud RL Pawlack C Laederrach J et al Prevalence of child sexual abuse among adolescents in Geneva results of a cross sectional survey BMJ 1996 312 1326 9 4 Welzer Lang D Les hommes violents Paris Payot Rivages 2000 5 Robert Ouvray SB Enfant abus enfant m dus Paris Descl e de Brouwer 2001 6 Devroede G Ce que les maux de ventre disent de notre pa
10. e au sexe Il n a pas de relations sentimentales car il craint les approches sexuelles II se souvient que pen dant toute son enfance il assistait aux relations sexuelles de ses parents car ils avaient enlev toutes les portes de l appartement pour que les chats puissent circuler li brement Lorsqu il allait se coucher le soir il avait tr s peur de ne pas s endormir avant que ses parents se cou chent Il se bouchait tr s fort les oreilles jusqu ce que le sommeil l envahisse Il se souvient avec un haut le c ur des vacances au camping o leurs bats se pas saient sous ses yeux dans le seul habitacle disposition L abus adultise l enfant Il y a une acc l ration du temps v cu qui lui nuit beaucoup Marcel Rufo La grande majorit des abus sexuels surviennent pour la pre mi re fois dans l enfance et comme le d montre l histoire d Anita fr quemment dans le cadre familial ou par l entou rage proche Ils sont en g n ral le fait d un plus grand face un plus petit et il y a toujours un rapport de force entre l agresseur et sa victime Les personnes le plus souvent in crimin es dans ce contexte sont souvent celles dont per sonne ne se m fie Lorsque le loup est dans la bergerie ces agressions atteignent l enfant dans sa base de s curit et le prive de la d fense de sa famille face ces actes ignobles L autre situation moins connue est repr sent e par les vio lences conjugales lorsque les abus sex
11. e des cons quences l origine de troubles du comportement chez les abus s et les abuseurs L histoire d Anita et de son fr re nous rappelle que non seu lement les filles mais les gar ons aussi subissent des abus sexuels Les diverses tudes faites sur le sujet 2 mettent en vidence qu environ 2 8 enfants sur 10 subissent une fois M DEGINE f vrier 2010 85 VIE PROFESSIONNELLE changes entre professionnels S A ala7 au moins des abus sexuels Une tude effectu e en 1996 Gen ve sur plus de mille enfants adolescents 3 montrait que 3 filles et 1 gar on sur 10 avaient d j subi un abus sexuel ce qui repr sente tout de m me entre 20 30 de la population g n rale Il existe une certaine m connaissance de la situation rele vant d une fausse id e retrouv e autant dans le public que parmi les soignants qu il n y aurait d abus sexuels que lorsqu il y a p n tration Si les situations de viol avec p n tration sont plut t rares il ne faut cependant pas en oublier l existence Mais la majorit des abus sexuels consistent en divers attouchements qui sont fr quemment banalis s au tant par les professionnels de la sant que par l entourage et parfois par les victimes elles m mes Ces formes d abus impliquent un contact cutan entre l abuseur et sa victime v nement traumatique qui s inscrit ainsi dans ce qu on ap pelle la m moire du corps Mais il existe aussi des ab
12. e jour pour informer la population sur les diverses formes de violences exerc es par les plus forts sur les plus fragiles d entre nous et pour leur proposer de l aide Malgr cela beaucoup de victimes continuent garder le secret subir encore et toujours des violences et finalement en tomber malades En tant que m decins nous avons un r le fondamental jouer dans la d tection car chacune de ces victimes nous consultera un jour ou l autre pour des troubles psychosoma tiques Mais dans la majorit des cas ces patients ne nous parleront jamais spontan ment des abus subis soit parce qu ils ne feront pas le lien entre leurs sympt mes actuels et les causes abusives soit parce que pour eux les v nements traumatisants sont indicibles Apr s avoir exclu des maladies organiques et pos un dia gnostic de maladie psychosomatique il faudra que nous pre nions l habitude de d coder les messages transmis par ces sympt mes et que nous aidions nos patients faire le lien de causes effets Par cons quent il est n cessaire que les causes abusives des maladies soient int gr es dans nos dia gnostics diff rentiels Sortir du silence et de l isolement mettre des mots sur des maux est la premi re d marche th rapeutique fondamen tale pour aider nos patients quitter leur passivit invalidante et devenir les vrais acteurs de leur vie pr sente et future Le deuxi me volet du traitement consistera pour nous m
13. e redoutait chaque soir car elle n osait pas se d rober son partenaire qui tait de ca ract re assez dominant et impatient Celui ci pouvait par fois entrer dans des crises de violence La relation de couple se d t riorait de plus en plus et Anita ne pouvait esp rer aucun soutien de la part de son compagnon face ses probl mes de sant ou professionnels Puis vint le moment de la rupture Ce fut tr s difficile car son compagnon ne l accepta absolument pas Il l aimait donc Anita devait rester Apr s beaucoup de temps et de difficult s cette s paration fut d finitive L ancien ami commen a alors exercer sur Anita un v ritable harc le ment lui t l phonant cinquante fois par jour la suivant sur son trajet jusqu son travail l attendant devant sa porte lui glissant des messages dans sa bo te aux lettres etc chaque fois que son t l phone portable s enclenchait Anita ressentait la sonnerie comme un coup de poignard maintes reprises Anita se plaignit d un puisement ner veux et de troubles anxieux entra n s par cette pers cu tion interminable Je lui proposais diverses strat gies par exemple de changer son num ro de t l phone de porter plainte de d m nager etc chaque fois qu Anita reve nait en consultation elle tait encore plus puis e et plus anxieuse ll fallut alors lui prescrire des anxiolytiques et plus tard des somnif res Mais je voyais bien que mal gr toutes nos
14. elle et il est donc toujours indispensable de proc der une d marche diagnostique rigoureuse Mais devant une symp tomatologie r cidivante inexpliqu e il convient quand m me de se poser la question d un ventuel syndrome cloacal car 20 30 d enfants sexuellement abus s cela repr sente beaucoup de monde Cons quences psychiques Les violences sexuelles n ont rien voir avec la sexualit ni avec le d sir sexuel Elles rel vent du besoin pervers de sou mettre et de d truire l autre La personne qui subit un abus sexuel devient obligatoirement une victime si elle n a pas pu se faire aider par un th rapeute comp tent et obtenir des soins n cessaires au moment de l agression Autant dire que ce n est quasiment jamais le cas ce qui nous laisse imaginer l tendue des d g ts Les abus sexuels d clenchent d importantes perturbations motionnelles qui sont l origine du d veloppement des troubles psychiques asp cifiques comme les tats anxio d pressifs et leur cohorte de sympt mes phobiques obses sionnels dissociatifs ainsi que des troubles du sommeil et de l app tit Quant la baisse de la libido qui est tr s fr quente dans les d pressions elle est aussi un sympt me tr s souvent pr sent chez les patients aux ant c dents d abus sexuels Mais on retrouvera galement chez bon nombre de ces vic times des troubles psychiques sp cifiques savoir des anesth sies cutan es des zones g nitales o
15. ent de l amygdale Le syst me d alarme est ainsi mis hors service et la production d hormone de stress s arr te m me si la violence continue La victime anesth si e est ainsi coup e de ses motions et cela se traduit par un ph nom ne de dissociation Lors des attouchements o la sensation d urgence et de dan ger peut tre ressentie comme moins grave les atteintes sont donc plus sournoises car l tat de stress et de panique est souvent moins important C est d ailleurs l une des rai sons pour lesquelles ces formes d abus sont banalis es au tant par le corps m dical que par l entourage ou parfois par la victime elle m me Pourtant on observe que l tat de si d ration et de dissociation se produit tout de m me C est l effet de surprise devant l anormalit de la situation doubl VIE PROFESSIONNELLE Echanges entre professionnels d un intense malaise d la honte et au sentiment de culpa bilit qui produit ce m me r sultat celui qui fige la victime dans l absence de d fense ou de fuite Les personnes abus es t moignent fr quemment d un sen timent d irr alit doubl d une impression d tre spectatrices de l v nement Quant l impact amygdalien de l abus il reste pi g dans cette structure et l information ne peut pas tre trait e par le reste du cerveau motionnel et cognitif La victime vivra dor navant dans un tat de stress constant comme si sa vie restait dor navant en points
16. le elle d veloppera t t ou tard des sympt mes psychosomati ques dans cette partie du corps Mais il y a souvent une p riode de latence entre l agression initiale et le d but de la symptomatologie ce qui fait que ni le m decin consult ni la victime ne font le lien de cause effet Quand les symp t mes commencent se manifester on observe qu ils se d placent dans les trois syst mes du petit bassin sans qu il soit possible pour l instant d y donner un autre clairement que celui de l embryologie On retrouve chez l embryon de 3 4 semaines une membrane pluripotentielle qui donnera par la suite naissance au syst me urinaire g nital et digestif bas Lorsque des perturbations somatiques r p tition s expri ment dans ces trois r gions malgr un traitement efficace et sans qu aucune cause organique ne soit trouv e on donne cette symptomatologie psychosomatique le nom de syn drome cloacal C est comme si le corps avait gard en m moire l origine embryologique de ses divers tissus par la suite diff renci s Il faut apprendre mettre des mots sur le silence car le corps souffrant ne peut que chuchoter Ghislain Devroede Bien s r tous les sympt mes urinaires g nitaux et digestifs bas ne sont pas d ordre psychosomatique ni secondaires 88 M DECINE f vrier 2010 des abus sexuels Ils peuvent tre d origine infectieuse g n tique cong nitale toxique environnementale acciden t
17. les m di caments et recr er une nouvelle relation amoureuse quili br e Elle est actuellement m re d un petit gar on d un an et tout se passe bien Dans son malheur elle a eu plus de chance que Madeleine qui septante ans osa pour la premi re fois me parler des abus qu elle avait subis pendant de nombreuses ann es par son oncle Elle n avait jusque l jamais os en parler qui que ce soit m me pas son mari car elle avait trop honte Contrairement ce que nous pensons g n ralement les abus sexuels ne repr sentent pas des situations rares Lorsqu on entend parler d abus on pense imm diatement aux situations sordides comme celle d crite ci dessus Heu reusement ces situations sont plut t rares Mais ne s agi rait il pas seulement de la partie merg e d un gigantesque iceberg m connu Les abus sont multiples et vari s lls se pr sentent sous trois formes abus sexuels abus physiques abus motionnels Chacun constitue dans sa cat gorie un d passement ou un manque de limite le d passement tant le fait de l abuseur et le manque de limite la probl matique de la victime Dans cet article seuls les abus sexuels seront abord s Le lecteur int ress aux deux autres formes d abus pourra se r f rer l ouvrage cit en r f rences 1 L abus motionnel sera n anmoins aussi trait en partie dans la me sure o il accompagne obligatoirement toute forme d abus sexuel et parce qu il entra n
18. nsi que commenc rent les maux de ventre quotidiens doubl s de constipation chronique suivis l ge adulte par la cohorte des g VIE PROFESSIONNELLE Echanges entre professionnels symptomatologies urinaires gyn cologiques digestives psychologiques et comportementales Lorsqu Anita revint en consultation quelques jours plus tard elle tait encore plus effondr e la sortie de mon cabinet elle tait all e se r fugier chez son p re Son fr re de deux ans plus jeune tait pr sent en visite chez leur papa Anita s effondra alors devant les deux et cracha le morceau Son fr re p trifi lui r pondit Ah toi aussi Je croyais toujours que j avais r v Puis il partit en claquant la porte et ne voulut plus jamais aborder le sujet Anita cras e par un sentiment de culpabilit pou vantable comprit alors qu en raison de son silence son petit fr re avait subi la m me agression Ce fut ma premi re confrontation avec l horreur des abus sexuels J tais en plein dans le sujet mais je ne savais que faire et comment aider ma patiente J entrepris alors de me documenter de chercher des m thodes efficaces de traite ment car compatir tait totalement insuffisant Heureusement cette histoire se termine bien Apr s trois ans de traitement intense et sp cifique bas notamment sur de la th rapie motionnelle ainsi qu une approche compor tementale la patiente put arr ter progressivement
19. ratiquer le sado masochisme et d autres se prostituer D ailleurs nous avons tellement appris bana liser la pratique de cette activit professionnelle que nous en avons oubli le c t sordide Que se passe t il lorsque nous faisons comme si la prosti tution tait un m tier pareil n importe quel autre Alice Miller Rarement on se trouvera face au syndrome de M nschaur sen compulsion de r p titions qui consiste se faire op rer de multiples fois malgr l absence de causes organiques comme si toute p n tration abusive du corps par l autre pou vait se transformer en abus symbolique Une femme viol e par son p re avec p n tration vaginale compl te subira en moyenne huit interventions chirurgicales 6 Toutes les vic times se sentent salies et certaines vont devenir prisonni res de lavages compulsifs infernaux pendant que d autres adop teront des techniques d vitement Sur le plan g n ral le mobbing exerc par la patronne d Anita et le harc lement exerc journellement par son ex ami ont ils un rapport direct avec les abus qu elle a subi en tant petite La r ponse est affirmative et s explique par le processus de revictimisation En effet chez toute victime d abus sexuels physiques ou motionnels il se produit des l sions psychiques persistantes qui la privent dor navant de sa capacit rep rer les dangers et les comportements g VIE PROFESSIONNELLE Echanges entre
20. ss Paris Payot Rivages 2003 7 Tisseron S Secrets mode d emploi Paris Marabout 1996 En r sum Abus sexuels 90 M DECINE f vrier 2010
21. t assist ces outrages Il est tr s difficile de trouver des excuses ceux qui tentent d associer leurs enfants leurs mensonges lorsqu il s agit d actes qui enfreignent la loi sociale comme des vols des viols ou des violences Dans un tel cas l instance r gulatrice des comportements de l enfant se trouve irr m diablement coup e en deux D un c t il y a l id al de silence propos par les parents et de l autre l id al social qui condamne les actes r pr hensibles commis par eux 6 M moire du corps et somatisation Les premi res manifestations psychosomatiques d Anita se sont exprim es pendant de nombreuses ann es travers des douleurs abdominales chroniques post traumatiques Par la suite elle a d velopp une symptomatologie plus pr cise localis e dans le petit bassin sous forme d infections urinai res r p titions de dysuries urines claires de vaginites r p titions et vulvite d une dyspareunie rebelle et d une constipation chronique C est ce qu on appelle le syndrome cloacal 7 Chez les patients abus s la constipation chroni que rel ve souvent de l anisme qui est une contraction r flexe du sphincter anal au moment de l exon ration des sel les l instar du vaginisme il pourrait tre interpr t comme une tentative inconsciente de protection du corps contre ce qui pourrait tre ressenti comme une agression Lorsqu une personne a subi un abus dans la r gion g nita
22. u des seins des excitations sexuelles inappropri es ou des pulsions sexuel les excessives Les troubles du comportement Les victimes d abus sexuels vont d velopper des troubles du comportement secondaires aux agressions subies et ainsi se diviser leur insu en deux groupes de population une minorit prendront le chemin des abuseurs alors que les au tres entreront dans une carri re de victimes par le processus de la revictimisation Bien que chacun de ces enfants bless s porte en lui une partie abuseur et une partie victime dans des proportions diff rentes on observe dans les deux cas de figure que les abus peuvent tre dirig s contre autrui ou contre soi m me C est notamment l abus contre soi qui d termine les uns et les autres entrer dans le cercle infernal des abus de substances voire envisager le suicide 1 Les abus dirig s contre autrui Une minorit des personnes abus es dans l enfance r agi ront sur un mode agressif et d velopperont un comporte ment d abuseurs en reproduisant sur d autres ce qu ils ont subi selon le principe d abus subis abus agis En effet un des principaux outils d apprentissage de l enfant est l imitation Mais ces abus dirig s contre autrui sont aussi les cons quences chez ces enfants abus s de nombreux blo cages motionnels et d endurcissements face la douleur Alors qu ils n avaient pas trouv de main secourable pour les d fendre ils ont progressivement form
23. uelques semaines effet placebo Rapidement la symptomatologie se d pla ait sur l appareil g nital Bien s r il y avait les vaginites 84 M DECINE f vrier 2010 tesse une appendicectomie Durant de nombreux mois je lui prescrivais donc des m dicaments au gr des d placements des sympt mes passant des laxatifs aux antimycosi ques associant antibiotiques et antid presseurs etc En d pit de nos bonnes volont s conjugu es rien ne s am liorait N anmoins ma patiente s ouvrait petit petit des discussions plus personnelles Sa patronne devenait de plus en plus exigeante et humiliante et les conditions de travail d Anita se d t rioraient Comme elle souffrait d importantes pigastralgies il fallut lui prescrire des inhibiteurs de la pompe protons Je constatais h las que nous entrions dans une escalade m dicamenteuse que je n arri vais plus g rer Bient t Anita fut de plus en plus terrifi e l id e d aller travailler Je dus me r sou dre lui prescrire un arr t de travail de plusieurs semaines et devant le peu d am lioration il fut n cessaire de l hospitaliser dans une clinique de repos Prise en otage entre les symptomatologies physiques et psychiques Anita ne voyait plus d issue Toutefois comme une bonne relation de confiance s tait d velopp e entre elle et moi Anita put enfin parler des dyspareunies qui lui g chaient sa vie sexuelle depuis de nombreuses ann es Ell
24. uels sont perp tr s dans le couple la plupart du temps par le mari l encontre de sa femme Ces violences sexuelles impos es sont sou vent pr c d es ou doubl es de maltraitances physiques et d humiliations 4 En effet le d sir sexuel de l homme vio lent est souvent d clench par les actes de violence qu il commet envers sa partenaire Ces femmes sont fr quem ment oblig es de regarder des revues ou visionner des films pornographiques pour ensuite imiter les situations Ces fem mes croulent sous la peur et la honte Et s il est d j difficile de porter plainte contre les violences physiques il est encore bien plus difficile de d voiler toutes ces maltraitances sexuel les subies D ailleurs parce que cela se passe l int rieur du couple les femmes elles m mes ont de la difficult mettre le mot VIOL sur ces pratiques Bien s r il ne faut pas oublier de d noncer les abus sexuels de groupe comme cela s observe dans certaines coles ou lors de soir es o trop d alcool et les drogues se consom ment Ces abus sont l origine de tr s graves d g ts psy chiques pour les victimes du fait du nombre simultan d agresseurs sans compter les risques de grossesse et de maladies sexuellement transmissibles dont le sida Lorsque les abus sexuels surviennent chez des victimes adul tes il ne s agit souvent que de la cons quence de ce qui s est d j produit pendant l enfance sous formes d attouche ments ou parfois
25. us sexuels sans contact qui sont plus difficiles identifier et qui ne laissent pas de traces du moins le croyons nous s agit de la pornographie du vi sionnement impos de films X de l exhibitionnisme Les pro pos salaces autour du corps de la victime les regards lubri ques ou libidineux font aussi partie de cette forme d abus Une forme particuli re d abus sexuels sans contact est le fait d assister en tant que t moin des abus sexuels inflig s d autres C est ce qu on appelle l abus par procuration Cette forme d abus est particuli rement pernicieuse car tout le monde pense que seul celui qui a subi l abus en est vic time L abus sexuel par procuration est souvent pire pour le t moin car en plus de la violence qu il enregistre par ses yeux et ses oreilles il se sent impuissant aider autrui et fortement culpabilis d avoir t pargn Finalement le fait pour un enfant d assister aux bats sexuels des parents que ce soit exceptionnel ou tr s fr quent repr sente galement un probl me intrusif et extr mement pertur bant car cela le transporte non seulement dans l intimit des parents ce qui souvent le d go te mais l am ne dans un monde adulte pour lequel il n est pas pr par Il arrive m me 86 M DECINE f vrier 2010 que l enfant soit terroris par les cris et grognements des parents pensant que l un agresse l autre Yves trente ans a un profond d go t pour tout ce qui touch
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