Euthanasie : mais de quoi parle-t-on exactement ? ©
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1. la fin de cet acte D lib r c est cette intentionnalit qui est primordiale sur le plan thique comme sur le plan juridique Qui entra ne lacte a une cons quence s re l euthanasie est donc d finie comme un acte d lib r pr cis ment au sens o lacte doit entra ner incontestablement et s rement la mort du patient pour que l on puisse d finir RAZAVI D DATSO C DELVAUX N Les euthanasies intrications des dimensions bio thiques et psychologiques Ann M d psychol 1987 145 n 10 4l VERSPIEREN P Respect de la vie respect de la mort Revue Laennec 1974 n 4 VERSPIEREN P Face celui qui meurt Descl e de Brouwer 1985 8 VERSPIEREN P Revue Laennec 1985 4 GOMAS J M Rapport au cours de la journ e sur Euthanasie devant la Commission des Affaires Sociales de la Communaut Economiques Europ enne 2002 8 19 cet acte par ce mot Ceci permet de faire la diff rence avec de nombreuses strat gies m dicales dont les cons quences indirectes sont estim es mortelles court terme mais sont en fait discutables car n entrainant pas le d c s Ces vis es euthanasiques peuvent tre ancr es dans la t te des m decins en raison des enseignements universitaires consternants sur les antalgiques donn s pendant des d cennies par nos maitres sur ce sujet On voit donc bien que l expression qui entraine en tant que cons quence sure conserve ici la fois un lien d2. 10 36 41 AUBRY Document SFAP op cit 13 19 La Loi de 2005 reste encore creuser et expliciter pour le grand public Avons nous les moyens de v rifier que nous sommes dans l intention et que cette intention est droite Quels garde fous peut inventer la soci t pour tre clairvoyante dans l analyse des processus d arr t de traitement 3 4 Le risque th rapeutique notamment du traitement morphinique Traiter la douleur d un malade est quasiment toujours prioritaire m me si cela repr sente un risque d abr ger la dur e de sa vie c est la notion de double effet parfaitement connu du mouvement des soins palliatifs depuis 20 ans et que l auteur enseignait d j dans les ann es 80 et qui est d sormais clairement soulign dans la Loi du 22 avril 2005 Rappel concept du double effet Raisonnement philosophique Issu de la philosophie de Thomas d Aquin On peut accomplir un acte ayant la fois un bon et un mauvais effet seulement si le bon effet est sup rieur au mauvais et si de surcro t au moins les conditions suivantes sont r unies lacte en lui m me doit tre moralement bon ou neutre en tout cas pas interdit le mauvais effet ne doit pas tre un moyen de procurer le bon effet mais doit tre simultan ou en r sulter le mauvais ne doit pas tre intentionnel ou approuv mais simplement permis l effet positif recherch doit tre proportionnel l effet ind sira
3. euthanasi par son m decin Certes il avait demand l acc l ration de sa fin de vie son m decin le Dr Schur puisqu il avait demand d augmenter la morphine lorsque l instant serait venu car cela n a plus de sens Le probl me c est qu on ne peut parler d euthanasie devant les doses faibles inject es Freud 20 mg sous cutan e toutes les 12 heures Freud n avait pas h las l poque la corticoth rapie et la radioth rapie pour mieux apaiser ses douleurs et Schur ignorait le bon usage de la morphine injectable La perception de la mort comme la signification de l euthanasie bascule clairement vers la fin du XIX me si cle l euthanasie devient un acte qui va mettre fin une vie quelque soit l tat de celle ci L histoire moderne de la mort et de l euthanasie est de plus marqu e jamais par les d rives nazies envers lesquelles la d claration universelle des droits de l homme s est efforc e de poser des balises incontournables pour l avenir Nous renvoyons le lecteur aux travaux essentiels de Philippe ARI S pour saisir toute l volution de la conception de la mort au fil des si cles et aux analyses de Louis Vincent THOMAS qui disait que toute soci t est un trompe la mort 2 Quel sens donner au mot euthanasie aujourd hui CAMUS le soulignait Mal nommer les choses c est ajouter au malheur du 30 monde Il semble effectivement d te
4. soudre Peut on instituer un droit juridique de mourir si un sympt me est d clar insupportable et qui a le droit de le d clarer tel Comment prot ger le plus faible contre l interpr tation de son entourage de d clarer que sa souffrance est insupportable Comment prouver qu il y a eu euthanasie par surdosage massif de m dicaments si ceux ci sont par ailleurs justifi s juste avant ce geste mais des doses moindres De plus se pose pour le juriste l interpr tation de l aspect juridique de la dignit En effet le droit contemporain comprend la dignit comme la partie de chacun de nous qui est indisponible C est un terme contenu impr cis dont les interpr tations subissent une volution permanente Il faut rappeler ici un principe g n ral lorsque les proc dures sont respect es la Loi offre une garantie aux m decins qui les appliquent puisque le code p nal pr cise que n est nullement responsable la personne qui accomplit un acte prescrit ou autoris par des dispositions l gislatives ou r glementaires Conclusion L angoisse de mort comme la complexit de la finitude et de la souffrance morale de la perte ne peuvent se r soudre en quation simple M me si bien des patients en fin de vie peuvent tre apais s de leur souffrance et soulag s de leur douleur la plupart de ces ultimes instants restent tragiques Or Proposition de Loi n 659 Session du s nat le 12 juill
5. attribution d une responsabilit jug e bonne ou mauvaise est fonction de la caract risation morale de l agent de l action La r gle du double effet sera jug e pertinente ou non et son appr ciation sera biais e ou non selon que le jugement moral sera port principalement sur le caract re et les dispositions du m decin sur sa responsabilit ou sur l v nement lui m me et ses cons quences 4 Aspects juridiques Travailler la question de l euthanasie sur le plan juridique nous fait toucher de tr s nombreux aspects que nous ne ferons qu voquer pour clarifier les d finitions 4 1 la qualification l gale de l euthanasie ce mot n existant pas dans le code p nal 4 2 l atteinte l int grit corporelle d autrui 4 3 la notion d homicide 4 4 le d lit d empoisonnement 4 5 la non assistance personne en danger pour celui qui serait mis au courant d un projet d euthanasie 4 6 la non d nonciation de crime 4 1 la qualification l gale de l euthanasie Le mot euthanasie n existe pas dans le code p nal On sait quel point la loi est d application g n rale et humaine et ne peut r pondre tous les cas particuliers son application est de plus soumise la fluctuation du jugement humain et de l volution de la soci t la libert opprime la loi lib re Sur le plan moral comme sur le plan juridique il faut distinguer dans un acte l intention qui fonde la cul
6. beaucoup de personnes sous l emprise d id es re ues simplistes non labor es et qui flattent nos volont s de toute puissance envers la finitude Dans un contexte o la mort se doit d tre peu visible car trop d rangeante pour notre soci t un grand travail d explications et de formation de nos responsables est encore mener Dr Jean Marie GOMAS Nathalie LELIEVRE 10 d cembre 2012 La citation de ce texte publi et prot g n est possible qu en citant compl tement la r f rence de ce texte et les auteurs GOMAS J M Chapitre in BACQUE M F La m decine face la mort alliance ou combat Ed Esprit du temps Paris 2012 Version 2 compl t e avec N LELIEVRE 71 5 DET Douleurs physiques et souffrance morale sont des notions certes intriqu es et contig es mais bien d finies et absolument par superposables et qui sont pourtant m lang es en permanence longueur de m dias rendant confus le d bat sur ces sujets 19 19
7. euthanasie quand on voit par exemple que la loi du 22 avril 2005 a t valu e deux reprises par une commission ind pendante en six ans Peu de loi pour ne pas dire aucune n a fait l objet d une telle r valuation et d une remise en question sur les conditions d application ceci montre quel point l int r t sociologique et politique est exceptionnel sur ce sujet Parler de retard est en fait une prise de position latente de ceux qui souhaiteraient voir d j en place une d p nalisation de l euthanasie De mani re g n rale rappelons que chacun d entre nous a bien entendu le droit de penser ce qu il veut sur sa mort sa vie sa conception de sa dignit ou sa vision de l euthanasie Mais sur un plan collectif thique on ne peut dire n importe quoi sans se r f rer des lois notre histoire nos valeurs soci tales communes et une vision collective se doit d tre comp tente et professionnelle C est ainsi que ce texte se positionne une mise au point sur un concept complexe m me si chacun peut continuer fantasmer sa mort comme il veut Un plan complet tudiant les aspects de cette question devrait pr voir d aborder volution historique approche th ologique approche anthropologique point s mantique aspects juridiques aspects d ontologiques questions thiques approche sociologique donn es cliniques 10 approche psychologique 11 donn es th rapeutiques 12 rec
8. les progr s de la chimie au XIX me si cle pour que son utilisation rationnelle sous le nom de morphine soit appliqu e aux patients douloureux Au XIV me si cle la grande peste qui se termine vers 1350 ainsi que la guerre de Cent ans qui durera jusqu au milieu du XV me si cle entra nent une h catombe puisqu environ 40 de la population d c de de mani re pr coce en sachant que l esp rance de vie l poque ne d passe gu re 40 ans pour les hommes Les pid mies de syphilis qui font des ravages au XV me et XVI me si cle vont faire voluer l aussi la perception de la mort et des souffrances de la fin de vie D s le XVI me si cle on avait cependant bien compris que beaucoup de produits pouvaient tre dangereux puisque Paracelse disait seule la dose fait le poison Concernant la d finition m me de l euthanasie le si cle des lumi res fait voluer cette notion et au fil du temps le mot euthanasie recouvre de plus en plus une attitude active qui permet d inciter les m decins ne pas abandonner les agonisants comme le proclame l encyclop die de DIDEROT Le c l bre dictionnaire encyclop dique fran ais latin dit de TR VOUX 1771 reprend le terme en parlant d une euthanasie qui est l art de rendre la mort douce et facile La d claration des droits de l homme du 10 ao t 1789 marque une date importante dans l volution des id es chaque citoyen est d c
9. professionnel que comme un chec Toute puissance m dicale fascination pour la maitrise technique d ni de la souffrance de l autre sous valuation de la douleur ces ingr dients sont connus pour augmenter les souffrances et les d sespoirs et fabriquer des demandes d euthanasies sur le cot naturel de la fin de vie soit disant inopin e cf GOMAS J M in Rapport devant la mission parlementaire sur la fin de vie 2004 CCNE rapport n 63 Mars 2000 Rapport Fin de vie arr t de vie euthanasie 35 Gomas J M 2000 communiqu de presse du 13 mars 2000 en r action au rapport n 63 du CCNE FIAT E op cit 2012 37 Nous touchons l au point essentiel concernant la souffrance morale la dignit et le sens de la vie alt r e par la maladie qui ne sont pas trait s dans cet article 38 Comme nous le confirme notre exp rience de formateur lorsque nous intervenons dans ce pays aupr s de soignants notamment POROT M Psychologie m dicale le m decin face au mourant 1973 tome 5 n 3 page 55 Cit par DEFACHELLE E in Les d terminants socio culturels d un droit l euthanasie M moire de sociologie 2004 7119 Nous ne ferons que r sumer la pr sentation des d terminants de la d finition avec RAZAVI et coll nous pourrions identifier 4 groupes de variables qui conditionnent la r flexion sur la d finition tat du patient et sa pathologie __le niveau des traitements curatifs ou palli
10. re artificiel de la vie d un patient dont les possibilit s d volution favorable sont alors nulles ou infimes cela n est pas proprement parler une d cision d lib r e d entra ner la mort de l autre Le document de la SFAP pr cise dans un tel cas Justement non ce n est pas pareil en n instaurant pas ou en arr tant des traitements dont le seul effet serait de prolonger la vie du malade dans des conditions de souffrance le refus d obstination th rapeutique d raisonnable consiste laisser advenir la mort naturellement alors que l euthanasie est un acte qui par lui m me cherche provoquer la mort Il ne faut pas statuer seulement partir de la cons quence mais surtout de l intentionnalit dans un cas le soignant assume la limite de son pouvoir m dical dans l autre il utilise ce pouvoir m dical pour abr ger la vie Ind pendamment du jugement moral port sur chacun de ces actes soigner et faire mourir ne sont certainement pas des gestes quivalents Patrick VERSPIEREN disait en 1995 ce qui est inutile peut devenir inhumain DUNET LAROUSSE F op Cit 57 LOI n 2005 370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et la fin de vie Recommandations de la SFAR en 2005 Annales Fran aises d Anesth sie et de R animation 2006 25 fi 9 12 7 eten 2012 5 GUENEAU PEUREUX D Faire vivre la loi Leonetti une attitude de soignant citoyen M decine palliative 2011
11. Bacon parlera dans ses uvres compl tes de l art d aider les agonisants sortir de ce monde avec plus de douceur et de facilit Patrick THOMINET souligne que ces discours du XIV me si cle sont labor s autour d un tableau critique prouvant des agonisants l agonie qui tymologiquement 10 PLATON 428 347 av J C La R publique Garnier Flammarion 1966 1 Cit par MANTZ JM Presse m dicale 2003 32 n 36 12 THOMINET P 1998 Histoire de la notion d euthanasie S minaire du CEFAMA 5 En grec eu voque ce qui est bon gal et thanatos identifie la mort 14 Flavius JOS PHE livre IX chapitre IV 15 Thomas MORE 1478 1535 Utopia paru en 1516 16 Francis BACON 1561 1626 Op ra Instauratio Magna paru en 1623 livre IV 3 19 veut dire combat voque cette poque une mort d livrance notamment apr s cette p riode ultime o l me repentante va se tourner vers Dieu pour demander l absolution de ses p ch s il n existe pas l poque d agonie apais e et douce et encore moins morphin e A l poque ces notions de fin de vie sont videmment mettre en perspective avec une m decine qui ne peut pas gu rir grand monde c est le moins que l on puisse dire au XV me si cle et qui ne sait pas manier les antalgiques opio des D couverte par les Sum riens 4000 ans avant J sus Christ l extrait de fleur de pavot devra attendre en effet
12. Euthanasie mais de quoi parle t on exactement Dr Jean Marie GOMAS Nathalie LELIEVRE Depuis l aube de l humanit le rejet ou m me l limination des plus faibles ont conduit l Homme s octroyer un droit de mort sur l autre D autre part les sympt mes ressentis comme insupportables l angoisse de mort et la maladie grave lui ont fait demander l acc l ration de la fin de sa vie ou une demande pr cise de choisir la mort plut t que cette vie l Et les anthropologues comme E MORIN nous ont montr que dans toute l Histoire les syst mes de croyance traduisent la profonde ambivalence de l homme face la mort et la difficult pour celui ci de la reconnaitre L volution de notre soci t dont il est devenu banal de souligner le c t superficiel explique l acc l ration de la r flexion sur ce sujet La mont e de l individualisme l volution du confort au quotidien de notre soci t occidentale font rapidement voluer la r flexion sur les valeurs de l humanit sur le sens de la vie ventuellement alt r e et sur la notion de dignit Comme anesth si s par une inflation de communication m diatique souvent superficielle beaucoup de nos concitoyens tous usagers du syst me de sant finissent par confondre leur choix individuel pour lequel nous avons une grande latitude dans nos soci t s occidentales et les choix collectifs qui n cessitent eux un minimum de vis e de r flexion
13. a d finition Le tableau de synth se ci dessus appelle quelques explications le terme actif accol euthanasie est inutile car redondant le geste euthanasique est par d finition intentionnel classiquement l euthanasie tait dite involontaire lorsqu elle tait subie par un patient qui n avait rien demand Ce geste se voit encore r guli rement m me en 2012 l acte est d cid par un tiers soignant ou proche qui magit pas n cessairement seul c est clairement un homicide volontaire Cette pratique inacceptable et ill gale semble d ailleurs faire l objet d une r probation universellement partag e Il serait pr f rable d utiliser l expression euthanasie SALAMAGNE M H Accompagner jusqu au bout de la vie Cerf 1992 AUBRY R coord Document de r flexion sur l euthanasie In L euthanasie et la mort d sir e questions pour la soci t et la pratique des soins palliatifs Paris SFAP Mutualit Fran aise 2005 p 38 80 AUBRY R op cit 10 19 impos e plut t qu involontaire car l ambigu t du terme laisse penser qu on ne la pas fait expr s ce qui l serait vraiment un comble L euthanasie tait dite volontaire lorsque l acte faisait suite une demande expresse et r it r e du patient lui m me Pour plus de clart il faudra parler d euthanasie r clam e et si cet acte n est pas commis mais seulement facilit par un tiers on parlera de suic
14. anque de respect de la personne humaine favorisaient la souffrance et le non sens constituant ainsi les conditions de milliers d euthanasies compl tement opaques sauvages pratiqu es en France l poque 31 Le Monde du 17 novembre 1979 Un droit de Michel Landa L ADMD est l association pour le droit de mourir dans la dignit Dictionnaire ROBERT dition 1985 volume IV page 230 33 La plupart du temps ces euthanasies en fait de v ritables homicides fait en secret et sans concertations taient pratiqu s l insu du malade et de la famille elle m me qui on mentait ensuite 6 19 En janvier 2000 le rapport n 63 du comit consultatif national d thique d finit l euthanasie comme lacte d un tiers qui met d lib r ment fin la vie d une personne dans l intention de mettre un terme une situation jug e insupportable Cette d finition tait presque satisfaisante Mais d finir simplement par le mot personne celui dont on va mettre d lib r ment fin la vie peut sous entendre que n importe qui y compris quelqu un en bonne sant ce moment l peut demander l euthanasie la situation jug e insupportable tant laiss e au libre arbitre du sujet qui la r clame Mais on ne peut appeler euthanasie le fait de faire mourir quelqu un qui n est pas malade Certains lecteurs se souviennent encore du scandale provoqu par ce rapport c
15. atifs la relation m decin malade y compris ce qui concerne son information et son consentement le geste euthanasique intention moyens mis en uvre pur obtenir le d c s En fait ce sont les travaux du Centre thique Laennec d but s dans les ann es 70 sous la direction de Patrick VERSPIEREN qui ont fait r f rence en la mati re D ailleurs plusieurs comit s d thique europ ens ont repris la d finition du centre S vres Au d but des ann es 1980 le Centre S vres et Patrick VERSPIEREN d finissent l euthanasie comme lacte d lib r d un tiers qui entra ne la mort d un malade C est cette d finition qui a t rapport e ensuite officiellement par nous m mes lors de la s ance d di e l euthanasie devant la commission des affaires sociales de la CEE en 2002 Au cours de cette s ance taient d ailleurs apparues clairement les divergences majeures des d finitions utilis es par les diff rents ministres de la sant de la communaut qui modifiait la d finition au gr de leur prise de position dogmatique personnelle La d finition ci dessous a le m rite thique s mantique et juridique de d limiter les fronti res les plus claires possibles de l acte euthanasique chaque mot de cette d finition est primordial Euthanasie Acte d lib r d un tiers entrainant la mort d un malade L acte d un tiers il y a bien un auteur identifi et un sujet d funt
16. ble et il ny a pas d autre moyen de l obtenir Ainsi des strat gies complexes l approche de la fin de vie comportant des risques sur la dur e de vie restante du malade peuvent se concevoir si et seulement si 1 Aucun autre initiative m dicale ou autre ne peut tre propos e pour soulager cette situation de d tresse 2 Le but vis est affirm comme un but th rapeutique dont les effets y compris effets secondaires attendus sont proportionnels l intensit des sympt mes de d tresse Il faut bien comprendre la subtilit du double effet ce n est pas du tout un raisonnement hypocrite ou sp cieux comme on le lit souvent sous la plume de ceux qui ignorent ces concepts c est m me une donn fondamentale de l exercice m dical car aucun traitement n est d nu de risque ou de complication la prise de risque fait partie int grante de la comp tence th rapeutique Cependant rien n est simple et les donn es r centes de psychologie morale exp rimentale apportent un clairage nouveau sur les d bats classiques relatifs au r le de la raison et des motions dans nos jugements moraux Elles montrent RAMEIX S s ance pl ni re du Congr s SFAP 2004 6 Thomas d Aquin Philosophe et th ologien 1225 1274 14 19 l importance de l effet de cadrage par lequel la pr sentation d un m me acte sous deux angles diff rents modifie notre jugement moral D autres exp riences montrent que l
17. currents tant les m dias ont bien du mal distinguer les diff rents plans d analyse La Loi rappelle que l homicide c est tuer une personne Il existe sur le plan l gal une distinction fondamentale entre le caract re volontaire ou involontaire qui d pend uniquement de la qualification d cid e par le juge suivant le contexte et les faits objectifs au cours de la proc dure si elle existe Un homicide se d crira ensuite habituellement avec un adjectif par compassion par vengeance par jalousie par imprudence etc Le meurtre se d finit comme le fait de donner volontairement la mort autrui article 221 1 du code p nal Il est donc le fait pour un humain de tuer volontairement un autre humain Souvenons nous que le mobile est indiff rent la constitution de l infraction puisque l l ment mat riel est le fait de tuer et que c est l intention et non le mobile qui conditionne la culpabilit et qui donne la qualification de meurtre cet acte En effet le coupable peut pr voir la cons quence de son acte il d sire son r sultat il en conna t le caract re ill gal De plus Le meurtre est puni de la r clusion criminelle perp tuit lorsqu il est commis 1 Sur un mineur de quinze ans 2 Sur un ascendant l gitime ou naturel ou sur les p re ou m re adoptifs 3 Sur une personne dont la particuli re vuln rabilit due son ge une maladie une infirmit une d ficience physi
18. de corps on les laissera mourir D s la plus haute antiquit grecque et latine Cratinos au V me si cle avant J C ou Posidippe 300 ans avant J C voquaient cette question de la mort trop redout e qu il fallait anticiper Les travaux de P THOMINET ont clarifi le fait que euthanasie est un mot construit partir de deux racines grecques mais signifiant plut t qu une bonne mort une mort douce une mort au sens de mort choisie entre deux morts possibles Les exemples remontent la mythologie le centurion CHIRON bless par une fl che renonce son immortalit pour trouver dans la mort le seul soulagement de cette douleur chronique si terrible que lui procure cette fl che Dans les antiquit s juives Flavius JOS PHE parle d euthanasiontes pour voquer la d cision des quatre l preux qui se savent condamn s mourir de faim en plusieurs dizaines de jours s ils restent en dehors de la ville au milieu du d sert ils pr f rent rentrer dans une ville au risque de se faire lapider en quelques minutes mais c est la mort qu ils choisissent C est bien cette id e de mort choisie au sens de bonne mort ou moins mauvaise mort possible qui est retrouv e dans le premier emploi du mot euthanasie Plus tard au XIV me si cle Thomas MORE propose aux malades de les laisser mourir de faim ou de les d livrer pendant leur sommeil l approche de leur fin de vie Puis Francis
19. de sens de la solidarit Or il faudrait savoir diff rencier de nombreuses id es parfois proches fantasme personnel et fantasme collectif du ma triser sa vie jusqu au bout demande d euthanasie ou acte lui m me euthanasie ou suicide assist De plus tous les aspects contemporains de l angoisse de la dignit du sympt me grave insupportable sont devenus des champs d expressions o r gne la confusion L emploi du mot euthanasie recouvre en fait des r alit s compl tement diff rentes voir contradictoires R guli rement sont entendues des questions plus ou moins adapt es nos r alit s l gales et d ontologiques en France est on libre de mourir Existe t il un cadre Toute r f rence ce texte doit comporter GOMAS J M Chapitre in BACQUE M F La m decine face la mort alliance ou combat Ed Esprit du temps Paris 2012 La version de d cembre 2012 pr sent e ici a t de plus enrichie par N Leli vre Dr J M GOMAS Secr taire g n ral fondateur de la SFAP Ancien M decin g n raliste auteur en 1987 du 1 er livre mondial crit par un g n raliste sur les soins palliatifs domicile prim SFMG Soigner domicile les malades en fin de vie Cerf 1994 Actuellement G riatre algologue palliatologue Praticien hospitalier responsable du centre douleur chronique Soins palliatifs H pital Sainte Perine AP HP A t consult sur ce sujet comme personne ressource
20. e domicile Le juge d instruction avait fait exhumer le corps pour rechercher un ventuel surdosage de psychotropes des mois apr s le d c s on avait effectivement retrouv des trace de morphine et de valium notamment Un expert 16 19 4 5 Le d lit de non assistance personne en danger Sur le plan l gal le d lit de non assistance personne en danger pourrait th oriquement tre identifi lorsque l on conna t une possibilit imminente d euthanasie et que l on ne fait rien pour emp cher ce qui est p nalement un crime On entend souvent les soignants faire des interpr tations floues de cet aspect juridique Rappelons que ce d lit tr s particulier n cessite trois l ments constitutifs article 223 6 du code p nal le p ril qui doit exister c est un danger grave et imminent pas n cessairement surfait le p ril pr sum doit suffire d clencher les secours les secours tout doit tre mis en uvre pour les organiser dans l int r t du malade ou de la personne ventuellement concern e _ l abstention volontaire on remarque d embl e que cette abstention est fonction de l intentionnalit analys e dans le contexte de l v nement Cette abstention doit tre voulue en pleine connaissance de cause ce qui exclut donc la n gligence ou l imprudence On voit que le d lit de non assistance personne en danger pourrait effectivement exister th oriquement sur la plain
21. e causalit directe entre l acte et le d c s du malade dans une temporalit suffisamment resserr e pour que l on puisse dire que l acte d lib r e a bien t suivi d effet La mort elle est irr versible D un malade cette distinction est fondamentale En effet si la personne qui d c de de lacte d lib r d un tiers n est pas malade on ne voit pas tr s bien pourquoi on parlerait euthanasie Il s agit alors dans le langage courant comme dans le langage juridique d un homicide Cette confusion euthanasie homicide est permanente dans les m dias qui accentuent encore la confusion en traitant m me parfois d euthanasie le suicide de quelqu un en bonne sant qui d cide de se supprimer La discussion reste bien sur infinie sur la gravite et le pronostic de la maladie en question voir infra EUTHANASIE Acte d un tiers gt apr s l acte un auteur et un d funt D lib r gt L Intentionnalit est primordiale Qui entra ne gt Cons quence sure La mort gt Irr versible gt d un malade caract rise le mot sinon c est un homicide volontaire VERSPIEREN 1998 GOMAS 2002 Cette d finition tr s pr cise de l euthanasie fait d lib r ment abstraction du contexte de lacte euthanasique dont les multiples variantes sont impossibles faire figurer dans la d finition L acte lui m me est ainsi d fini comme la somme d une intentionnalit et d un acte euthanas
22. et 2011 relative l aide active mourir Pr sent par un groupe de s nateurs Nous utilisons ce projet de loi comme exercice avec les tudiants pour leur montrer quel point un projet de loi peut tre r dig de mani re approximative et sans connaissance de la clinique 6 FIAT E op cit 2012 Code p nal art 122 4 alin a 1 7 L auteur remercie chaleureusement les relecteurs bienveillants de cet article particuli rement E SALES D PEUREUX et P FAVRE 18 19 comme le dit si bien ric FIAT le tragique n est pas soluble dans l thique parfois subsiste une impossibilit de choisir Il renvoie l une vraie r alit un bon sens pragmatique la complexit des situations de fin de vie est telle que parfois il ny a pas de bonnes solutions Les interrogations thiques trouvent ici un champ quasiment infini d expressions et de questionnement partir d une d finition pr cise et non ambig e de l euthanasie est donc indispensable au travail qui nous attend pour clairer la soci t sur ces choix fondamentaux Car beaucoup de nos concitoyens ont une approche erron e de ces questions surtout par m connaissance des enjeux de la fin de vie du sens v cu dans ces p riodes palliatives et de la question de la dignit Les usagers du syst me de sant sont alors d pendant de m dias qui pr sentent de mani re partiale ces sujets pour pousser une d p nalisation syst matique laissant
23. gement les id es de la d p nalisation puisque les journalistes une crasante majorit et toutes tendances confondues en sont partisans Mais les d finitions erron es continuent fleurir en 1985 on s aper oit que m me le dictionnaire Robert mythique s il en est peut noter des choses tout fait discutables Ainsi cet ouvrage d finit l euthanasie comme une mort douce et sans souffrance survenant naturellement o gr ce l emploi de substances calmantes ou stup fiantes Le lecteur sera stup fait de voir qu en 1985 le dictionnaire Robert pouvait faire cet incroyable contre sens d appeler euthanasie une mort qui surviendrait naturellement Fort heureusement dans le paragraphe suivant de cette m me dition la d finition s am liore l euthanasie est l usage de proc d s qui permettent d anticiper ou de provoquer la mort pour abr ger l agonie d un malade incurable ou lui pargner des souffrances extr mes ou pour tout motif d ordre thique Ce n est qu en 2009 que le Robert enl vera l expression bien ambigu effectivement de tout motif d ordre thique Les ann es 80 et 90 ont connu des d bat tr s vifs avec le plus souvent une confusion des genres et des concepts aggrav par exemple par un orateur comme L on Schwarzenberg dont le manque de rigueur thique explique les m langes permanents qu il faisait au sujet de l euthanasie passive gt parmi des notion
24. ide assist voir infra Cette distinction ferme entre euthanasie et suicide assist s appuie sur l auteur de lacte qui engage ainsi sa responsabilit Soit l acte est r alis par un tiers on est donc en pr sence d une euthanasie relevant de la qualification de meurtre Soit lacte est r alis par le malade lui m me On est donc en pr sence d un suicide La question qui se pose est celle de la responsabilit morale de celui qui aide une personne se tuer Le suicide n tant pas r prim sa complicit est donc inexistante C est la faille juridique que les partisans de l euthanasie ont trouv e et dans laquelle ils se sont engouffr s pour affirmer leurs choix Cependant la jurisprudence a sanctionn l assistance au suicide sous la qualification de non assistance personne en danger d autre part les textes r priment aussi la provocation au suicide enfin le vocable indirect na pas de sens si un geste ne provoque pas directement la mort du malade on ne voit pas en quoi il faudrait l appeler euthanasie 3 Avec quoi ne pas confondre l euthanasie La d finition de l euthanasie doit permettre de diff rencier cet acte d avec l suicide le suicide dit assist l arr t des th rapeutiques devenues inutiles le risque th rapeutique notamment du traitement morphinique 3 1 Le suicide Contrairement aux d sinformations m diatiques permanentes le suicide n e
25. ique r el sur un malade 4 Exemple c l bre entendu dans les s minaires de formation agr e de m decins g n ralistes un m decin dit Le patient avait tr s mal je lui suis fait 5 mg de morphine deux heures apr s il est mort c est terrible je l ai euthanasi D abord 5 mg est une dose infime pour un malade tr s douloureux ensuite il n y a aucune intention euthanasique dans ce geste mais bien une intention antalgique et le mot euthanasie est donc ici employ contre sens Sans le savoir c est dans ce type de situation que Schur voir supra a pens euthanasier ce pauvre Freud alors qu il lui soignait mal ses douleurs Dans les ann es 80 on nous apprenait dans le dipl me de Neuro pharmacologie de Paris VI que la morphine tait un poison terrible qui d primait la respiration engendrait des toxicomanies aggravait les malades Bref il fallait en donner le moins possible 7 Distinction entre homicide meurtre assassinat voir infra 9 19 On sous entend aussi dans cette d finition que la maladie doit alt rer gravement la qualit de vie du sujet ou encore rapproche son pronostic mortel La personne se trouve alors ventuellement non gu rissable De toute fa on il est impossible d identifier par avance la gravit qui permettrai de d finir l tat d un sujet qui serait alors comme autoris demander l euthanasie en aucun cas la souffrance morale ne peut
26. lar unique KANT avait publi 5 ans auparavant son livre majeur un des textes fondateurs de la conception moderne de la dignit qui s appuyait sur toute une volution de pens e et de tradition jud o chr tienne de respect de l autre la dignit humaine devient un bien inali nable tous les hommes tant libres gaux et respectables Les choses ont un prix mais l homme a une dignit laquelle est sans degr ni partie de sorte que tous les hommes sont dignes et cela serai vrai m me si Dieu n existe pas 7 En grec agonia signifie combat C est aussi le concours des athl tes olympiens qui demandaient Zeus la couronne de vainqueur ou la mort 18 GOMAS J M Histoire de la douleur et de la morphine Revue de l algologie 2004 3 n2 59 66 1 Morphine d nomm e ainsi par Sertuner en 1817 en souvenir de Morph e dieu ail des songes fils dHypnos d esse du sommeil et de Nyx dieu de la nuit 2 PARACELSE 1493 1541 C l bre alchimiste aussi g nial que frondeur Sola dosis facit venenum DIDEROT Encyclop die Edition de 1765 in folio volume n 10 KANT 1724 1804 Parution en 1785 les fondements de la m taphysique des m urs 4 19 Pr cisons au passage un aspect m connu de la fin de vie en 1939 de Sigmund FREUD cras par les douleurs canc reuses s v res de son envahissement mandibulaire Contrairement tout ce qui se dit Freud n a pas t
27. le droit de jouir de la vie et non d en disposer en l an antissant Enfin voquons d un mot toute le champ des suicides provoqu s par une pathologie d pressive ou m lancolique venant limiter la libert et le libre arbitre et o le devoir m dical est bien s r de soigner alors cette immense souffrance morale 3 2 Le suicide assist Entre le suicide et le suicide assist il y a toute la nuance des gestes qui ont permis ou facilit le suicide bien souvent comme aucune proc dure n est engag personne ne sait exactement quel a t le degr et la nature de l assistance Mais si une proc dure est engag e alors c est le juge d instruction qui d cide la qualification de lacte rel ve d un suicide assist et non pas d un homicide par exemple En effet le d c s de la personne sera qualifi de suicide assist si la participation de la personne d c d e a t directe volontaire et clairement sans ambigu t et si l intervention du tiers dans le geste apparait directement SI la personne d c d e n a rien fait en elle m me pour participer au geste qui entraine son d c s le geste peut tre qualifi d homicide par le juge On rappelle que seule l assistance au suicide est interdite depuis le nouveau code p nal article 223 et des d cisions faisant jurisprudences ont t prises apr s 1982 lors de la condamnation des auteurs du livre suicide mode d emploi La provoca
28. ommandations de la SFAP 13 lecture critique des Lois GO rL OTRE AN Ce pr sent article reprend simplement quelques l ments sur l historique point 1 la s mantique point 4 et les aspects juridiques point 5 7 Expression retrouv e r guli rement dans la presse depuis une couverture c l bre du journal Impact m decin en 1998 Euthanasie le retard Fran ais 8 R ponse de cette pr sidente on va enfin entamer le d bat sur l euthanasie SFAP Soci t Fran aise d Accompagnement et de Soins Palliatifs Fond e en 1990 2 19 r 1 Evolution historique de la notion d euthanasie ce n est pas seulement la bonne mort Dans l ancienne Rome le Pater familias a droit de vie ou de mort sur les siens et d une mani re g n rale les dignitaires ont un pouvoir absolu l poque notamment la vie d un esclave ne valait pas bien cher Le S nat antique Cos faisait boire une coupe de poison aux vieillards fragiles la fin d un dernier banquet aussi fastueux que festif A l autre bout du monde en Asie l euthanasie des vieillards est consid r e comme une normalit possible Quant Aristote dont la sagesse nous parait si grande n oublions pas qu il pr nait l eug nisme et l euthanasie active et Platon d fendait une discipline et une jurisprudence se bornant donner des soins aux citoyens bien constitu es de corps et d me quand ceux qui ne sont pas sains
29. pabilit ventuelle le mobile qui est anecdotique mais peu avoir des cons quences quant au quantum de la peine prononc e par le juge la pr vision refl tant l organisation significative de l acte On voit bien que dans la vision juridique de lacte d euthanasie les trois plans intention mobile et pr vision sont de nature fonder une responsabilit claire au regard du code p nal De toute fa on l intention d effectuer un acte euthanasique pose galement des questions extr mement complexes sur le plan thique et philosophique 4 2 L atteinte l int grit corporelle du patient article 222 7 du code p nal est un principe bien connu des professionnels de sant La m decine porte r guli rement atteinte cette int grit mais les soignants professionnels y sont autoris s pour effectuer leurs missions de soins en effet la jurisprudence reconna t un droit d atteinte l int grit corporelle une intervention m dicale portant atteinte l int grit de la personne constitue par elle m me un fait de violence volontaire ne pouvant tre l gitim que si elle a t faite dans un int r t m dical FONDRAS JC Le double effet une r gle revisiter Congr s SFAP 2011 Henri de LACORDAIRE 1802 1861 Homme politique p re dominicain 15 19 4 3 Homicide meurtre et assassinat des pr cisions La d finition l gale de l euthanasie pose des probl mes qui sont r
30. par de nombreuses instances dont le CCNE en 1999 la commission des Affaires sociales de la CEE en 2002 et la commission parlementaire Leonetti en 2004 5 Nathalie LELIEVRE Juriste en droit de la Sant LYON Administrateur de la SFETD Charg e de formation continue et d enseignement la Facult Lyon II Master 2 Psychologie Place de l thique dans les d cisions de soins en g riatrie Auteur du livre La fin de vie face au droit Heures de France 2009 Co Auteur r gulier de la revue Douleur Elsevier Masson et du site www infirmiers com 4 MORIN F L homme et la mort Seuil 1977 FIAT F Petit trait de dignit Larousse 2012 et RICOT J Dignit et euthanasie Edition Pleins Feux 2003 Surfer sur les sites qui parlent de cela est difiant m connaissance des textes ignorance de la Loi confusion sur les concepts incomp tence clinique et palliative 1 19 juridique la fin de vie Une nouvelle loi est elle n cessaire Les journalistes n arr tent pas de nous dire que la France est en retard sur la question de l euthanasie retard au nom de quoi et par rapport qui m me la pr sidente d un bureau de contr le d ontologique des m dias s est permis r cemment une r ponse partiale apr s la diffusion d un spot la t l vision alors m me qu elle est cens e tre garante de l thique On ne peut en effet parler de retard sur le d bat envers l
31. que ou psychique ou un tat de grossesse est apparente ou connue de son auteur article 221 4 du code p nal L assassinat est lui d fini comme un meurtre commis avec pr m dlitation article 221 3 du code p nal Comme le terme euthanasie n existe pas dans le code p nal sur le plan l gal l euthanasie pourra constituer pour le juge d instruction soit un assassinat soit un empoisonnement voir ci dessous 4 4 L empoisonnement C est une infraction formelle constitu e avant m me qu elle ait atteint son but au regard du droit p nal peu importe le d c s d ailleurs voire m me le repentir de son auteur Pour qu il y ait infraction il faut qu il y ait utilisation ou administration de substances de nature entra ner la mort Le r sultat est lui aussi indiff rent car la victime peut avoir surv cu La qualification d empoisonnement est retenue d s lors que l auteur a administr un produit avec l intention de tuer article 221 5 du code p nal Il n y a pas de liste limitative des produits en cause ceci est soumis la d cision souveraine du juge d instruction qui se fera bien entendu assister de toutes les experts comp tents possibles S5 L auteur a des souvenirs mus de son t moignage comme expert devant le Tribunal pour d fendre un soignant qui avait t accus d empoisonnement un infirmier lib ral avait donn quelques milligrammes de diaz pam Valium un malade en fin de vi
32. ritiquable discut et qui fort heureusement n a pas donn beaucoup de suite notamment sa page 17 que nous avions d nonc avec nergie l poque puisque nous avions t un des 2 seuls m decins audit s pour les travaux Le fait d indiquer dans l intention de mettre un terme une situation jug e insupportable dilue cette d finition dans les ventails de situations et de d sespoir humain habituellement observ Qui va juger du caract re insupportable Le patient ou la famille voire les soignants Il n existe aucun dignitom tre permettant de fixer un niveau d insupportabilit La loi Belge en 2002 dans son article 2 d finit l euthanasie comme l acte pratiqu par un tiers qui met intentionnellement fin la vie d une personne la demande de celle ci Cette notion d lib r ment restrictive au fait que l euthanasie ne peut se concevoir et s appliquer que si la personne le demande a mis ce pays dans d immenses difficult s il y a eu tr s vite des entorses la Loi et maintenant une d rive avec banalisation des termes et extension de l acte des patients qui n ont rien demand Il faut se souvenir que dans les ann es 70 l ensemble du corps m dical tait lev et conditionn dans une toute puissance assez path tique puisque pour un m decin digne de ce nom la mort d un malade ne peut tre v cue sur le plan affectif que comme une frustration et sur le plan
33. rminant de bien identifier ce dont on parle lorsque l on voque le mot euthanasie sinon toutes les confusions sont possibles et rendent illusoire le d bat En 1979 le d bat sur l euthanasie est relanc par les prise de position des fondateurs de l ADMD imm diatement relay es par les m dias et les lobby qui ne 7 Sigmund FREUD 1856 1939 SCHUR M 1897 1969 La mort dans l uvre de Freud Gallimard 1972 La morphine sous cutan e s administre toutes les 4 heures Il est donc impensable que des doses aussi faibles sur des douleurs que l on sait tre tr s intenses administr ce rythme insuffisant ai pu pr cipiter le d c s de Freud D ailleurs il est d c d plus de 36 heures apr s ces 2 injections Schur et Freud ont peut tre pens que c tait une euthanasie Mais c tait juste un traitement tr s insuffisant de la douleur qui ne l a pas fait mourir plus vite D claration Universelle des Droits de l Homme 1948 7 HALIOUA B Le proc s de Nuremberg l irruption de l thique m dical moderne Vuibert 2007 Philippe ARIES 1914 1984 l homme devant la mort Seuil 1978 Louis Vincent THOMAS 1922 1994 Anthropologie de la mort Payot 1975 et Mort et pouvoir Payot 1998 3 Albert CAMUS 1913 1960 dans son essai Sur une philosophie de l expression concernant les travaux du philosophe Parain sur le langage 5 19 cesseront depuis cette date de promotionner lar
34. s valuer simplement D ailleurs nous recevons au fil des ann es des demandes de certains patients demandant l euthanasie alors que leur vie n est pas menac e car ils ne supportent pas de modestes handicaps comme une arthrose de genou cela g ne leur marche et leur autonomie Il s agit clairement alors d une d cision philosophique et existentielle de ne pas connaitre l alt ration de la vieillesse ou de la maladie Ces personnes qu on ne peut pas appeler malades graves ont une profonde angoisse de mort port e par la hantise d une hypoth tique alt ration qui leur est par avance insupportable et un souhait massif de ne pas assumer seul leur envie suicidaire Prolongeant toute une r flexion commenc e avec le mouvement des soins palliatifs et les premi res publications sur ce sujet de M H SALAMAGNE et de P VERSPIEREN le document coll gial de la SFAP sous la direction de R gis Aubry a propos en 2005 une analyse de fond de l inutilit des adjectifs accol s l euthanasie Termes CLASSIQUES Termes ADAPT S en 2012 Active passive gt forc ment actif Volontaire gt R clam e Involontaire gt Impos e Consciente malade conscient terme inutile la d finition Inconsciente malade dans le coma terme inutile la d finition Directe acte est bien directement efficace terme inutile la d finition Indirecte acte n est pas en cause directement terme inutile l
35. s mal cadr es de dignit de non soulagement de la douleur ceci m l es des d bordements motionnels rendant irrationnel tout d bat En 1999 le S nat tente de d finir l euthanasie comme l administration d lib r e de substances l tales dans l intention de provoquer la mort la demande de la personne qui d sire mourir avec ou sans son consentement sur d cision du proche ou du corps m dical Cette d finition est discutable sur le plan m dical sur le plan thique comme sur le plan s mantique Plus une d finition est complexe en voulant int grer la multiplicit des situations observ es en clinique humaine plus elle perd en lisibilit Ainsi pourquoi inclure d s la d finition les malades qui le demandent et ceux qui ne le demandent pas En quoi est ce que cela change le fait d administrer des substances l tales Cela en change les cons quences thiques certes Mais si l intention de provoquer la mort est d lib r e que le malade la demande ou ne la demande pas que l auteur soit un proche ou un m decin l acte lui m me est bien d fini par cette intentionnalit et on peut dire que toute la deuxi me partie de cette d finition propos e par le S nat est inutile L ann e 1999 reste marqu e par la Loi du 9 juin sur l acc s aux soins palliatifs loi d terminante permettant de recentrer le d bat sur les soins et l accompagnement En effet on savait d j que les douleurs non calm es comme le m
36. si admis en urgence un vendredi soir sur la demande d un m decin de soins palliatifs d un grand h pital Francilien un patient que ses r f rents d oncologie avaient d cid d euthanasier le lundi suivant car ceux ci ne supportaient plus son d labrement facial certes impressionnant alors que ce patient de 65 ans n tait au courant de rien n avait videmment pas demand l euthanasie et n avait pas encore revu ses enfants Il a v cu 6 semaines en USP avant de d c der de mort naturelle des suites de son cancer apr s avoir revu ses enfants et sans jamais avoir demand l euthanasie 17 19 Pour clore cette rapide vocation de quelques points l gaux soulev s par l euthanasie on rappelle qu une d p nalisation de l euthanasie n cessiterait de changer tous les textes qui fondent l organisation de notre soci t la constitution le code p nal le code civil l code de d ontologie le code de sant publique Toute modification du principe de respect de la vie qui est d fendu par l ensemble de nos textes depuis deux si cles n cessiterait donc une tr s minutieuse analyse transversale des donn es r glementaires on peut reprocher aux derniers projets de d p nalisation d tre pr sent s la va vite avec un texte b cl indigne de nos institutions De toute fa on pour le juriste se posent des questions thiques et l gales extr mement difficiles r
37. st pas interdit M me si cet acte reste difficilement supportable personne n emp che d utiliser cette ultime libert Le suicide c est SE supprimer sans l intervention d un tiers si minime soit cette aide I ny a pas de confusion possible entre se suicider seul et tre supprim par l acte d un tiers les patients en fin de vie qui ne peuvent plus mat riellement se supprimer notamment par manque d autonomie posent d ailleurs des questions thiques apparemment insolubles si l on veut une solution toute faite et rapide cette d tresse et si l on ignore l ambivalence de chaque vie ce moment l 5 DUNET LAROUSSE F L euthanasie signification et qualification au regard du droit p nal Revue de droit sanitaire et social 1998 34 2 263 NDA Tous ces aspects thiques et cliniques essentiels dans la r flexion bien sur sont d velopp s dans un autre article 11 19 On rappelle la position tr s claire du droit lors de l Affaire Pretty La Cour a refus de reconna tre une d rogation au droit la vie au motif qu il n est pas possible de d duire de l article 2 un droit de mourir L article 2 ne saurait sans distorsion de langage tre interpr t comme conf rant un droit mourir il ne saurait davantage cr er un droit l autod termination en ce sens qu il donnerait tout individu le droit de choisir la mort plut t que la vie l article vise uniquement
38. te d un citoyen qui reprochera it quiconque a eu connaissance d un projet imminent d euthanasie sur une personne vuln rable de ne pas avoir pris d initiative de protection contre ce geste Cette situation peut appara tre encore plus choquante si cette personne vuln rable n a rien demand 4 6 La non d nonciation de crime article 434 1 du code p nal C est le fait pour quiconque ayant connaissance d un crime dont il est encore possible de pr venir ou de limiter les effets ou dans les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient tre emp ch s de ne pas informer l autorit On peut imaginer effectivement qu une proc dure puisse tre enclench e l occasion de l imminence d un acte euthanasie envisag qui est constitutif d un crime et non d un simple d lit hospitalo universitaire avait os dire la barre que le diaz pam tait un produit mortel en fin de vie et que c tait une faute th rapeutique de l avoir administr m me pour les angoisses de la fin de vie Comme quoi les soins palliatifs et les recommandations pourtant publi es l poque sont encore loin d tre bien int gr s par certains Nous avons r ussi obtenir l acquittement de cet infirmier car le juge a entendu nos arguments et pris en compte les soins palliatifs appliqu s en la situation comme tant justifi s et non r pr hensibles En 1999 nous avons ain
39. tiers de sa responsabilit lorsqu il commet un acte Il est noter qu actuellement en 2012 en Suisse l assistance au suicide n est pas interdite mais que l euthanasie reste p nalement condamnable Ce qui explique que les euthanasies pratiqu s en Suisse sont en fait des suicides assist s dans au moins un tablissement pour lequel nous avons eu des t moignages directs le geste euthanasique est enregistr en vid o pour permettre de prouver ult rieurement si besoin que le malade a particip effectivement son geste Mais on voit comment toute l ambivalence et le risque d instrumentalisation de cette situation peut influencer le libre arbitre de la personne 3 3 L arr t des th rapeutiques devenues inutiles C est la traditionnelle question arr ter une machine d assistance vitale devenue inutile ou faire une injection d lib r ment mortelle est ce pareil Dans les deux cas le malade risque de d c der mais l intentionnalit n est pas la m me Arr ter une machine d assistance vitale ne peut se concevoir d sormais dans le cadre de la loi du 22 avril 2005 que dans des strat gies de limitation ou d arr t de traitement actif LAT d sormais tr s tudi es par nos coll gues r animateurs De nombreux textes et r flexions explicitent cette Loi et l implication des professionnels dans son application Arr ter un traitement inutile c est reconna tre l inutilit et le caract
40. tion au suicide est donc interdite aussi et cette loi est logique car la soci t prot ge ainsi les plus faibles et les plus malades d entre nous Des analyses juridiques fines peuvent tre d velopp es sur la distinction entre euthanasie et suicide assist et s appuie sur l auteur de l acte qui engage ainsi sa 5 Cour Europ enne des Droits de l Homme 4 section Affaire PRETTY contre Royaume Uni requ te n 2346 02 Exemple Pour les juges fran ais jusqu pr sent avaler une potion mortelle donn e par un tiers quand on est soi m me paralys est une participation active attestant de la volont suicidaire du sujet qui avale la potion 55 Articles 223 13 Le fait de provoquer au suicide d autrui est puni lorsque la provocation a t suivie du suicide ou d une tentative de suicide Art 223 14 La propagande ou la publicit quel qu en soit le mode en faveur de produits d objets ou de m thodes pr conis es comme moyens de se donner la mort est punie Art 223 15 Lorsque les d lits pr vus par les articles 223 13 et 223 14 sont commis par la voie de la presse crite ou audiovisuelle les dispositions particuli res des lois qui r gissent ces mati res sont applicables en ce qui concerne la d termination des personnes responsables 12 19 responsabilit Avec R gis Aubry nous posons ici cette question faut il qu une invocation si sinc re ou l gitime soit elle puisse d douaner un
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