Fragmente, Fragments - Odéon, théâtre de l`Europe
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1. ge de vingt ans il est intern l h pital psychiatrique mais ne cesse pas pour autant d crire En 1970 son premier roman Les apiculteurs peinture ardente d une jeunesse qui vit de petits vols de filles et de drogues est salu par la critique Mais sa premi re pi ce de th tre Le l cheur de souverain dont l intrigue se situe dans l Europe mi italienne mi allemande du Moyen ge rencontre un chec public C est avec sa pi ce Oreste pr sent e en 1980 au Dramaten de Stockholm qu il sera reconnu du public scandinave Lars Nor n revient quelques ann es plus tard au th tre avec des pi ces contemporaines ancr es dans sa biographie dont la premi re La force de tuer est sign e en 1978 ainsi que Acte sans piti Elles furent publi es en 1980 avec une troisi me pi ce Oreste jusqu pr sent son dernier retour un monde mythique et historique qui lui vaut la reconnaissance du public scandinave Le public fran ais le d couvre en juin 1987 au Petit Od on avec La force de tuer mise en sc ne par Jean Louis Jacopin Nouveau tournant dans l uvre de Lars Nor n Cat gorie 3 1 est l une des productions th trales les plus discut es dans la Su de des ann es 1990 L crivain sort en effet du cadre familial pour se tourner vers les rues de Stockholm et donner la parole aux plus d munis D sormais Lars Nor n se consacre l criture dramaturgique radiophonique et t l visuelle Ses2. Un proc d propre l poque contemporaine L criture fragmentaire est un proc d utilis depuis longtemps par les crivains et philosophes II permet de r sumer sa pens e en de courtes phrases et de marquer les esprits Mais la volont de fragmenter l criture dans des formes o le fragment n a pas ordinairement sa place traduit pour certains commentateurs une vision du monde propre l poque contemporaine La vogue que conna t l criture fragmentaire depuis deux d cennies n est pas sans rappeler la ferveur avec laquelle cette derni re aphoristique ou pistolaire fut cultiv e d s le XVIIe si cle en France et dans la deuxi me moiti du XVIIIe si cle en Allemagne Il faut voir dans ce nouveau d sir de fragments un sympt me multiple En effet ce regain d int r t pour tout ce qui est fragmentaire fragmental fragmentiste voire fractal est sans doute imputable aux hantises de notre soci t confront e l clatement et la dispersion Il correspond aussi au climat philosophique poststructuraliste des uvres de la d construction tout autant qu un nouvel tat de la sensibilit d sormais r ceptive cette face cach e de l esth tique qui fut si longtemps la proie du silence silence sur les uvres rat es gt ou parcourue d incertitude silence collectif sur l histoire secr te de l uvre se faisant En amont de cette actualit imm diate voire de cette mode le rec
3. d autres personnes Si vous regardez la t l vision si vous allez voir un film au cin ma vous pouvez vous prot ger Vous pouvez vous cacher faire autre chose Quand vous tes assis dans un th tre et que vous regardez ce qui se passe sur la sc ne vous n avez pas de d fense Il n y a pas d chappatoire A l cole de nombreuses le ons sont donn es sur le drame du nazisme et du n onazisme Les jeunes vous diront qu ils le savent et qu ils en ont assez d en entendre parler Souvent ils ne seront pas attentifs S ils viennent au th tre et regardent ma pi ce ils ne peuvent plus se prot ger Ils doivent affronter la r alit IIs sont sans d fense C est le pouvoir du th tre Vous tes seul au milieu du public M me si vous tes venu avec votre femme ou votre mari Vous tes seul avec l histoire et les acteurs C est devenu tr s rare de nos jours B D Dans votre travail on d c le un tr s grand sens de la pr cision et de la construction et en m me temps une approche non structur e L N Je suis fatigu du th tre parfait anglo saxon Je d teste ces pi ces anglaises et am ricaines tr s bien faites Je suis par contre un admirateur de Heiner M ller et Elfriede Jelinek bien que cela soit difficile Nous n avons plus le droit de faire ces pi ces parfaites Nous devons avancer rechercher trouver ce quoi les gens pensent ressentir les nouvelles relations entre les personnes En m me temps j
4. C est le po te romancier auteur dramatique et directeur de th tre su dois Lars Nor n pr sent en Belgique l occasion du Festival de Li ge qui tait hier matin l invit de la r daction du Soir Avant de l inviter commenter l actualit du jour nous brossons Lars Nor n un petit tableau succinct de nos r alit s multicommunautaires et multiculturelles Les ph nom nes identitaires lui inspirent une r flexion plus large sur l enracinement et son contraire le d racinement Les gens qui quittent l endroit le pays o ils sont n s se coupent de leur communaut de leur groupe naturels explique t il Le danger qui guette les gens sans groupe c est la violence Qu est ce qui constitue un groupe Je dirais d abord et avant tout la langue Les racines d un individu n quelque part entre l Atlantique et l Oural peuvent elles tre l Europe Notre invit est sceptique Non l Europe ne peut pas constituer les racines de quelqu un tranche t il L Europe est trop vaste C est d ailleurs un gros probl me Quelle identit europ enne C est une grande question Entrant dans le vif du sujet politique nous l informons que la Wallonie a d cid de prendre le probl me du r chauffement de la plan te bras le corps en se fixant des objectifs allant au del de ceux inscrits dans le protocole de Kyoto L cologie touche Lars Nor n Je poss de un petit jardin en Su de et les arbres y sont pr
5. Or cet autre dialogue prend aujourd hui une place consid rable au sein des textes de th tre et ne se cantonne plus comme au temps de Maeterlinck exprimer l ineffable Jean Pierre Sarrazac Lexique du drame moderne et contemporain Article Dialogue crise du En effet le dialogue si disloqu qu il puisse para tre peut faire l objet d un montage qui n est pas sans rappeler les techniques cin matographiques Les termes de montage et de collage s opposent au texte th tral con u comme un bel animal une uvre organique formant un tout apparemment lisse et homog ne sans points de raccordement visibles Tous deux participent la mise en crise du drame dans la mesure o ils remettent en question des cat gories dramatiques traditionnelles telles que l id e d une action principale dot e d une progression lin aire se d veloppant au fur et mesure de la pi ce Montage et collage d signera en effet une h t rog n it et une discontinuit touchant aussi bien la structure que les th mes du texte th tral Lexique du drame moderne et contemporain Article Montage et collage extrait 24 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT 0000000000000000000000000 0000000000 Le fragment dans les arts plastiques David Hockney Place Furstenberg 1985 David Hockney David Hockney peintre photographe amateur de polaro ds peut installer dans sa voiture une batterie de neuf cam ras chacune braqu e
6. Th tre de l Europe Paris Teatrul National Radu Stanca Sibiu Teatro Stabile di Napoli Teatro de La Abadia Madrid Depuis 2011 et jusqu en 2016 des artistes posent chacun un regard singulier critique et po tique sur ce continent en mutation Sept cr ations traversent ainsi l Europe et font r sonner leurs questions dans d autres pays et sous d autres regards Apr s Exils de Fabrice Murgia en janvier 2012 Bruxelles cette saison voit les cr ations de Fragmente projet de Lars Nor n et Sofia Jupither Su de et La R unification des deux Cor es de Jo l Pommerat France Puis les saisons prochaines Gianina Carbunariu Roumanie Emma Dante Italie Ant nio Ara jo Br sil et Frank Castorf Allemagne poursuivront ce dialogue Villes en sc ne Cities on stage a galement pour ambition de renforcer le lien entre la cr ation artistique et la citoyennet en associant troitement les habitants de chacune des villes aux processus de cr ation En effet le volet Moving cities du projet convie des groupes de citoyens jeunes et adultes interroger les d fis contemporains des villes et les r alit s de l Europe d aujourd hui Ces ateliers citoyens sont accompagn s par des artistes de multiples disciplines t moins de leurs r flexions et de leurs imaginaires lis suivent le processus de la cr ation th trale et explorent les th matiques associ es Villes en sc ne Cities on stage telles
7. lldheten och vi sk rdar frukterna helt enkelt och f rst r inte varf r det skulle vara sv rt Jag tror f r ndringen ligger mer i v r inst llning till v rt k n n ute i samh llet Min mamma som r pensionerad nu hade en l ng karri r inom n ringslivet och uppfostrade samtidigt ensam mig och min syster Jag r uppvuxen med att kvinnor kan och f r S jag och m nga med mig f ruts tter helt enkelt att vi ska f en plats Vi ser det som en sj lvklarhet Och nu n r teatrarna pl tsligt b rjar inse att det m ste bli fler kvinnliga regiss rer s ppnar de gonen och d st r vi d r och bara kliver in utan att tycka att det r n got konstigt med det Ingeg rd Waaranper DN se Kultur 18 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT LA SC NOGRAPHIE On Patrick Gunar Helin e Scenen r ett berg av textil jackor och joggingbyxor kl der kuddar lakan p sar en sliten skinnf t lj en t lts ng med madrass utan verdrag Erlend Birkelands scenrum rymmer ber ttelsens spelplatser en sjukhusavdelning ett hyreshus en taxibil men mest luktar det natth rb rge en fattigdom lika ekonomisk som social och existentiell La sc ne est recouverte d un amoncellement de textiles vestes et pantalons de jogging v tements oreillers linge de maison sacs un fauteuil en cuir us d un lit avec matelas qui n est pas recouvert Le d cor de Erlend Birkelands reproduit les lieux de la pi ce une sal
8. re et se peint le visage en noir Une maman va faire les courses de la semaine au supermarch Une femme est soign e par son poux leur domicile Il a une liaison avec une voisine Un type emm ne sa s ur faire un tour au Danemark pour la journ e Une m re cache son fils adulte dans l armoire Une fille tente d avoir une discussion avec sa m re distance En une s rie de courtes sc nes nous rencontrons diff rentes personnes vivant dans la m me ville proximit les unes des autres et qui pourtant restent compl tement ou partiellement invisibles les unes pour les autres Ce sont ces tres invisibles ainsi que les destins humains qui d ordinaire restent non dits qui sont ici mis en lumi re Que se passe t il l int rieur de nos semblables de ces personnes que nous croisons dans la rue chaque jour Quelque chose qui jamais ne cesse d tre pr sent Trente personnages incarn s par onze acteurs dans la mise en sc ne de Sofia Jupither se passent le relais d une courte sc ne une autre Patrick Gunar Helin Patrick Gunar Helin DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT LE PROJET Le projet Villes en sc ne Cities on stage initi par le Th tre National Bruxelles et soutenu par le Programme Culture de l Union Europ enne r unit six th tres d Europe autour de la question du Vivre ensemble dans les grandes villes Th tre National Bruxelles Folkteatern G teborg Od on
9. sentation comment donner voir l int rieur sur la sc ne quel espace laissera p n trer le regard sur le plateau dans la maison l int rieur des pens es voire de l inconscient d un sujet Le Th tre intime de Strindberg o Nous 23 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT pourrons en petit comit pancher le trop plein de nos c urs voit le jour significativement la cl ture d un si cle qui selon W Benjamin a cherch plus que tout autre l habitation a consid r l appartement comme un tui pour l homme Le xx si cle aura aussi explor approfondi vari la mise en uvre de l intime sur la sc ne les int rieurs d Antoine l Elseneur de Craig enti rement filtr par le regard critique d Hamlet le travail radical de Claude R gy sur la relation du spectateur au th tre qui vite les cueils de l intimisme et de la familiarit ou celui de Matthias Langhoff pour pr server l aspiration cosmique du th tre intime sont autant de formes donn es au programme r v par Strindberg Lexique du drame moderne et contemporain Article Intime extrait Catherine Treilhou Balaud Ces transformations dramaturgiques entra nent in vitablement une crise du dialogue lisible dans Fragmente o des morceaux plus ou moins pars de dialogues sont mont s sous la forme d une course de relais Si le dialogue signifie change distance le dia de dialogue tout se passe partir des ann
10. tre Le c ur dans le c ur po sie Les D mons 1983 1986 La Veill e Le Chaos est proche de Dieu Automne et hiver Embrasser les ombres Froid Bobby Fischer vit Pasadena 1993 1994 1997 1999 2002 2003 Crises Munich Ath nes Kliniken Sang Cat gorie 3 1 D tails Embrasser les ombres Guerre la m moire d Anna Politkovskaia 2008 Pur Le 20 novembre Journal intime d un auteur DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT LA PI CE Quelques mots sur la cr ation Originellement intitul e Osynlig Stad ou Ville invisible cette pi ce entrem le des tranches de vie de discrim s ch meurs sans abri prisonniers malades voluent entre la rue les couloirs d immeuble l h pital le coll ge d une ville sans nom Pour Lars Nor n ce sont les gens expos s aux preuves de la vie les discrimin s qui poss dent le noyau de la v rit Dans cette pi ce crite exclusivement pour le Folkteatern et pour le projet Cities on stage Villes en sc ne Lars Nor n se penche sur les volutions et les tensions d une soci t o les carts entre les diff rentes populations ne cessent de s aggraver o la distance entre centre et p riph rie para t cro tre jusqu la rupture R sum Un chauffeur de taxi s efforce d oublier ses souvenirs des Balkans Une infirmi re est enceinte du mari d une autre femme Un ado ne veut plus rien avoir faire avec son p
11. uvres dramatiques sont mont es dans le monde entier La moiti sont traduites en fran ais dont La Veill e m s Lavelli 1989 Le Sourire des mondes souterrains m s Cantarella 1992 Cat gorie 3 1 et D tails m s Martinelli 2000 et 2008 ou enfin D mons m s Desarthe en 1994 et accueillie l Od on dans la version d Ostermeier sous le titre de D monen en d cembre 2010 Il est galement directeur artistique du Riks Drama au Riksteatern Th tre national itin rant su dois depuis 1999 La cr ation de Fragmente s inscrit dans le projet Villes en sc ne Cities on stage initi par le Th tre National de Bruxelles et soutenu par le Programme Culture de l Union Europ enne C est une tentative comme celles des six autres cr ations composant ce projet de porter un regard singulier critique et po tique sur la question du vivre ensemble dans les grandes villes et plus largement sur l Europe et ses mutations Joakim Str mholm DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT uvres 1962 1968 1969 1970 1972 1978 1979 1980 1981 1987 1988 2006 Schizopo sie Lilas neige recueil de po sie Salom Les Sphynxes r flexions po mes et textes en prose R sidus verbaux d une splendeur passag re po sie Revolver po sie Les Apiculteurs roman Le L cheur de souverain roman Au Ciel souterrain Po mes solitaires La Force de tuer La Nuit est m re du jour Oreste th
12. Nor n 62 ans 26 pi ces d j est un des plus grands auteurs contemporains Guerre qu on avait pu applaudir Namur et Anvers tait d j bouleversant Il continuait en f vrier dans cette veine pleine de r volte sur les errements du monde d sesp r devant nos impasses avec le 20 novembre un monologue son premier cr pour la toute grande actrice allemande Anne Tismer qu on avait pu applaudir il y a un an et demi dans Nora d Ibsen mont par Ostermeier Ici elle incarnait S bastien Bosse le jeune tudiant allemand qui le 20 novembre 2006 Emsdetten tira sur une trentaine de personnes avant de se suicider Il avait laiss une lettre o il disait Mes agissements sont la cons quence de votre monde qui ne m a pas laiss tre qui je suis L actrice parlait en fran ais avec quelques souvenirs en anglais et la r volte dans son maintien dans ses yeux et quand elle jettait la t te en arri re Personne n est innocent dans ce drame d un adolescent en r volte qui devient tireur fou nous disait Nor n de mani re convaincante Auteur et metteur en sc ne Lars Nor n est n Stockholm en 1944 Tout d abord po te il publie son premier recueil dix neuf ans sous le titre Lilas neige D s 1978 il se consacre au th tre pour lequel il crit de nombreuses pi ces dont plusieurs sont traduites en fran ais publi es aux ditions de l Arche Notamment D mons La Veill e et Guerre Depuis 1999 il
13. Th tre Folk 16 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Interview de Sofia Jupither dans la presse su doise Nu kretsar allt kring Jupither Uppdaterad 2010 05 16 10 24 Publicerad 2010 05 16 09 35 Sofia Jupither om G ran Stangertz Prestigel s r f rdig med sig sj lv och p allvar intresserad av andra m nniskor Med honom r man sedd och trygg Helena Bergstr m Hon r en geysir eller ett k rnkraftverk Hon har en kraft och energi som jag aldrig n gonsin sett f rut och som uteslutande syftar fram t L sningsorienterad Positiv Oppen Dramaten D r r blod i v ggarna p ett positivt s tt Sekler av konst Ett allvar och ett begrundande som utmanar och sporrar Stockholms stadsteater r energi och l ga axlar Tempo l tthet prestigel shet som skapar energi och frihet Regif rebild Robert Lepage Att man kan anv nda teater s Han st r f r m nsklig n rhet psykologisk realism och samtidigt f r en fantastisk lek med former och rum Konstn rsguru Jon Fosse Jag g r ig ng p folk s ger Sveriges nya succ regiss r En 70 talist som uppfostrats till att kvinnor kan och f r ta plats och som r noga med att inte tappa sina visioner Men sin framg ng tillskriver hon ensemblen DN s Ingeg rd Waaranper m ter Sofia Jupither Sofia Jupither har ett ansikte som utstr lar lugn och samlad gl dje Det finns det sk l till Hon har just haft sitt stora genombrott som regiss r Ber mmet
14. acteurs priv s par exemple dans le domaine de l ducation modifiant en profondeur un mod le jusqu ici fond presque exclusivement sur la production publique de ce type de services Les volutions des derni res d cennies ont donc profond ment chang la soci t et l conomie su doises H kan A Bengtsson texte publi dans La vie des id es version papier n 15 septembre 2006 L accroissement des in galit s de revenus L cart entre les hauts et les bas salaires augmente annonce Sverige Radio sur son site internet Et de constater la diff rence de richesse criante entre les communes de Rinkeby et de Bromma dans le comt de Stockholm Selon l auteur la diff rence entre les 100 quartiers les plus riches de Su de et les 100 quartiers les plus pauvres ne repr sentait que 533 000 sek par an en 1999 contre 770 000 sek par an aujourd hui Les in galit s g ographiques semblent galement se renforcer le revenu mensuel moyen dans les 5 comt s du Nord de la Su de est d environ 24 000 sek contre 26 500 sek dans le Sud du pays Le plus gros cart depuis 10 ans Et 96 des 100 communes les plus riches se trouvent dans le comt de Stockholm Compte rendu de l ambassade de France en Su de publi en Mai 2011 Source www ambafrance se org 28 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Annexes Articles de presse Qu attend on pour bouger Propos recueillis par Laurent Ancion et William Bourton
15. ai besoin de concentration La concentration est n cessaire pour casser la structure Je suis aussi tr s admiratif du travail d Harold Pinter Ses pi ces sont diff rentes m me si les histoires sont tr s classiques le fort et le faible Celui qui poss de et celui qui frappe sa porte C est la structure de l histoire qui est diff rente B D Un th tre politique L N Dans un sens oui En fait il a toujours t politique Il s duit et il conna t la situation II l a dans son sang La menace l ext rieur B D Les spectateurs de vos pi ces les d crivent comme tr s sombres mais y ressentent de la compassion Etes vous un optimiste L N Non pas vraiment Mais crire est une action optimiste En fait nous sommes d j morts C est juste une question de temps Nous sommes assis en ce moment nous discutons mais nous sommes d j des souvenirs Chaque chose est en train de mourir Vous n tes pas le m me qu hier Cela prend du temps de comprendre ce concept Je ne crois pas en Dieu Je trouve que le monde est plus beau dans l id e qu il s est cr lui m me Finalement nos actions sont sans importance Si vous voyez quelque chose de beau sur la sc ne c est d j fini dans l instant suivant C est la m me chose pour la danse dans un ballet Vous voyez un beau mouvement et puis il s teint C est comme construire un ch teau de sable Nous le construisons de la mani re la plus parfaite po
16. autre vague projet GL Ces personnages de l entre deux redisent peut tre nos identit s vacillantes et nos engagements en pointill s ils n ont pas disparu de la sc ne comme on aurait pu s y attendre ils la hantent force de r miniscences et de d sirs qui s puisent toujours l plus tout fait l Jean Pierre Ryngaert Lexique du drame moderne et contemporain Article Personnage crise du Paradoxalement cette crise du personnage n emp che pas toujours l acc s une forme d intimit du personnage au contraire Le discours la premi re personne est la forme par excellence de l intime journal intime r cit personnel confession correspondance Dans le drame au contraire la repr sentation de l homme dans la soci t et en action suppose de laisser dans les marges toute expression non motiv e de l int riorit La tentation de l intime travaille n anmoins le drame depuis son origine il serait notamment loisible d observer l oscillation perp tuelle dans le th tre shakespearien entre la repr sentation du monde et des forces qui le traversent et celle de sujets eux m mes travers s par le monde et par leurs pulsions et tentant de se dire et de se penser de l int rieur le monde et le sujet se faisant miroir selon le principe baroque de l analogie le Prince de Hombourg acc de au niveau profond des pulsions que lib re l tat de r ve mais cette parenth se intime demeure rattach e l a
17. es 18 80 comme si les personnages n taient plus jamais la bonne distance qui permet le dialogue fond sur la relation interpersonnelle Trop loin ou trop pr s la fois agr g s les uns aux autres et isol s l un par rapport l autre les personnages du drame naturaliste vivent dans la promiscuit du milieu mais ce m me milieu que l on pense simplement au milieu professionnel et ou familial o voluent les cr atures d Ibsen de Hauptmann de Strindberg de Tch khov ne cesse de s interposer de cr er entre eux des barri res infranchissables Un nouveau partage s op re o le geste celui de la composition de la fragmentation du montage revendiqu et la voix du rhapsode qui ne s exprime pas qu travers les didascalies qui s immisce dans le discours des personnages s intercalent entre les voix et les gestes des personnages Dans la conception classique du th tre l auteur se devait d tre absent Dans les dramaturgies modernes et contemporaines il devient en quelque sorte pr sent Soit explicitement la voix du rhapsode chevauchant alors celle des personnages soit plus implicitement en tant que monteur Maeterlinck le premier a signal chez Ibsen l mergence d un autre dialogue A c t du dialogue indispensable il y a presque toujours un autre dialogue c est la qualit et l tendue de ce dialogue inutile qui d terminent la qualit et la port e ineffable de l uvre
18. f r Geng ngare p Stockholms stadsteater var enh lligt efter premi ren den 7 maj Jag har aldrig sett Ibsen spelas s luftigt och p samma g ng sk dligt skrev Leif Zern i DN Det som k nns b st r att kritiken har sett vad vi vill g ra Formuleringar som n r ner till k rnan av texten eller att jag har litat p sk despelarna g r mig v ldigt glad F r det r p texten och sk despelarna det ligger Vi sitter p kaf Ocar p stermalm dricker te och pratar 1880 tal Henrik Ibsens Geng ngare fr n 1881 blir l tt en diskussionspj s om moral och familjehemligheter Jag ville fylla den med ja action r v l att ta i men att det h nder h r och nu Att det finns ett driv i ber ttandet Tiden vi valde 1950 tal k nns logisk Det r n ra nuet men till exempel p norska Vestlandet fortfarande v ldigt familjecentrerat Framg ngen till gnar hon sin ensemble Fem s olika temperament har fungerat fantastiskt v l tillsammans Ibland har det varit som att st i en fors av kreativitet d r alla pratar i mun och nd ger plats t varandra och ska t samma h ll Att vara arbetsledare f r kreativitet vad kr ver det En sak som egentligen r tv Det ena att aldrig tappa bort sin egen vision sin egen id om vad det h r ska bli Aldrig n gonsin Men samtidigt vara totalt ppen f r den kreativitet som kommer stormande mot dej om du l ter den g ra det
19. les migrations la ville la diversit les nouvelles mixit s Patrick Gunar Helin DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT 06000000000000000000000000 0000000006 0 Extrait HENRY Tu ne peux pas payer LA S UR Je n ai pas d argent HENRY Et donc LA S UR lis sont probablement au bureau des pensions HENRY Tu tais o alors avant de monter dans la voiture LA S UR Je J tais en en enfer HENRY En enfer LA S UR C est probablement comme a que a s appelle HENRY OK L bas LA S UR Oui j tais l bas HENRY Oui bon a c est partout LA S UR Non dans le mien HENRY Et moi je suis dans le mien LA S UR Peut tre qu il est difficile trouver HENRY Peut tre que c est le m me LA S UR Pourquoi HENRY Le m me enfer LA S UR Non Je ne t ai jamais vu avant HENRY Non mais il est grand LA S UR Oui Il est si grand DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Entretien avec Lars Nor n r alis par Bernard Debroux traduit de l anglais par Mathieu Debroux BERNARD DEBROUX Que pensez vous du pouvoir du th tre face aux m dias tels que l Internet la presse crite ou la t l vision Le th tre est t il devenu un art mineur LARS NOREN Je ne pense pas Le th tre a surv cu pendant pr s de deux mille ans et il est encore aujourd hui tr s vivant C est toujours un lieu o vous pouvez voir des personnes vivantes raconter des histoires importantes
20. r barn att vara p dagis Att inte bara resa runt och tr ffa vuxna m nniskor som har konstiga jobb och konstiga tider S nu g r vi s att han ska f vara bofast och vi ker Det g r tack vare v ra underbara f r ldrar som har varit n ra Oscar fr n b rjan som bor i Stockholm och r pension rer allihop Att f barn vad betyder det f r konstn rskapet Att jag har blivit mycket tryggare och mindre neurotisk Samtidigt har jag blivit k nsligare nnu mer emotionellt involverad i mina f rest llningar Livet har f tt ett st rre djup helt enkelt Det finns mer att f rlora Du r regiss r och kvinna Vad tycker du om att kallas kvinnlig regiss r Det r komplicerat Innan jag gjorde Ett dockhem p Dramaten hade jag inte st tt p fr gan Men d blev jag pl tsligt en kvinnlig regiss r Staffan Valdemar Holm som samtidigt gjorde Hamlet var ingen manlig regiss r Jag tycker att j mlikhetst nkandet borde ha kommit l ngre Ingen talar l ngre om en regiss r r svart eller vit det r en regiss r bara Samtidigt tillh r du en v g av nya kvinnliga regiss rer Suzanne Osten Hilda Hellwig Birgitta Egerbladh Kia Berglund Kajsa Giertz h ller pl tsligt p att f m nga efterf ljare Det r 70 talisterna Vi kommer nu och det finns framf r allt tv sk l till det tror jag Det ena r att vi faktiskt r 70 talister f ddes d V ra mammor slogs v ldigt mycket f r j mst
21. rier neveu de Pascal pr facier de la premi re dition des Pens es de Pascal 25 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT 0000000000000000000000000 0000000000 L poque romantique se r approprie le fragment et en fait une forme par excellence du mouvement Pareil une petite uvre d art le fragment doit tre totalement d tach du monde environnant et clos sur lui m me comme un h risson les Fr res Schlegel revue lAthena m 1798 Les romantiques et notamment Fr d ric Schlegel red finissent le fragment au point de sembler inventer cette forme telle qu on peut la conna tre dans son acception moderne En tout tat de cause la n cessit de l ach vement au sens classique tend faire aujourd hui figure d anachronisme et le fragment est entr dans les m urs Ce cheminement va de l imitation des vestiges de l Antiquit et des esth tiques de la ruine jusqu l invention du fragment lorsque F Schlegel grand admirateur de Chamfort prend possession des formes br ves de la tradition moraliste et proc de leur d tournement Discontinu et donc rebelle la facticit de l exhaustivit syst matique le texte aphoristique s offrait en effet id alement la potentialisation romantique par sa mani re de placer l incertitude voire l ignorance au c ur du processus cognitif sans pour autant d sesp rer d une synth se future L criture fragmentaire D finitions et enje
22. serait situ la fois en marge de l Europe et en son coeur m me une guerre vient de se terminer Le d sordre le chaos la terreur r gnent Les r gles morales thiques se sont effondr es Des enfants abandonn s tra nent dans les rues se prostituent ils n ont plus aucun rep re Comme eux victimes de ces temps de terreurs leurs parents ne savent plus que faire sinon le pire Tous se sentent abandonn s perdus dans un monde sans espoir ni futur o pour survivre il ne faut pas avoir peur d abuser de son semblable Cela fait r f rence d abord la Tch tch nie explique Lars Noren Mais aussi aux Balkans toutes les guerres m me les anciennes guerres des Grecs La pi ce n est pas contextualis e c est chaque fois qu il y a de gens sans plus d espoir Cette pi ce est courte mais noire et terrible Tout le monde y est violent le sexe est omnipr sent y compris chez les jeunes qui doivent vendre leur corps un responsable de l Unicef pour survivre D passer nos d fenses La pi ce ne laisse pas le spectateur en repos m me si par les vertus de la mise en sc ne et le jeu des acteurs surgit une vraie humanit au milieu de ce trou noir et m me de l amour chez ces personnages C est un cri mais aussi une belle production confirme Lars Noren Mais je veux d abord utiliser la force du th tre pour aller plus loin que les journaux J esp re que les spectateurs vont souffrir et changer J utilise les instruments du
23. th tre pour aller derri re les d fenses des gens et parler de ces choses qui me choquent tant Je ne veux pas de compassion je veux montrer des faits Je suis en col re Lars Noren souligne qu on ne parle pas assez de la Tch tch nie Je pense qu il y a u n deal entre Bush et Poutine pour qu on ne parle ni de l Irak ni de la Tch tch nie C est pourtant notre porte Mais des horreurs comme cela pourrait se passer aussi Paris et Bruxelles Mon projet finalement est comment survivre au sens des textes de Primo Levi Mais dans les pires moments de guerre on ne rencontre pas seulement des monstres mais aussi des actes courageux et des personnalit s positives qu on ne retrouve pas ici Depuis Auschwitz r pond il il y a de moins en moins de bonnes choses et de plus en plus d horreurs Dans mon spectacle il n y a pas de salut m me si les gens prient et vont la messe Et le sexe n est l li la mort que parce qu il donne l illusion d une protection contre la mort une mani re de l oublier La pi ce voque cette forme d imp rialisme qui veille encore et toujours ce que ce soient les plus pauvres que l on exploite utilise et maltraite L histoire n est pas seulement celle d une exploitation c est aussi celle d une lutte puissante pour la survie et pour qu nouveau l espoir soit possible Article publi dans La Libre Belgique le 31 octobre 2007 Fragmente Fragments Dans le cadre du projet europ en Vi
24. Att st mitt i den h r forsen och med hj lp av sin egen vision plocka bland allt som dyker upp det r det viktiga Hennes regivisioner f ds ur texten p ett eller annat vis Om hon ser en film eller f rest llning som lockar g r hon till manus och s ker det som f r i g ng hennes egna bilder Jag brukar s ga att jag inte har n gon fantasi Jag m ste ha n gonting att utg ifr n f r att min kreativitet ska kicka in Jag g r i g ng p folk M nniskor och rum framf r allt m nniskor P att min kreativitet sl s emot n gon annans kreativitet Jag tror jag har dechiffrerat vad det r som drar mig till en pj s Den eller karakt rerna i den m ste vara skrivna med n gon form av mhet och personligt engagemang Exakt hur kan vara olika Hos Ibsen som r dramaturgen av guds n de r alla subjekt Alla har en vattent t historia och vill n gonting Strindberg r i st llet sj lv det brinnande subjektet i allt han skriver B gge duger Men Jon Fosse r gurun i hennes konstn rskap och sk let till hennes n ra f rh llande till Norge 17 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT d r hon numera arbetar i perioder Med hans pj s Bes k debuterade hon som regiss r p Helsingborgs stadsteater 2001 under G ran Stangertz chefskap F r Fosses Svevn som hon satte upp p Nationaltheatret i Olso fick Sofia Jupither det norska Hedda priset f r b sta regi 2005 Ja Fosse r b st Hos honom liksom hos Ibse
25. Elisabeth G ransson appartient la troupe du Folkteatern Elle a fait ses d buts au Th tre du Peuple et est maintenant reconnue du public su dois Depuis 2005 elle est galement directrice artistique du Th tre des Jeunes G teborg 2013 Th tre Folk Sergei Merkusjev Sergei Merkusjev a accompli sa formation d acteur l Acad mie russe des arts de la sc ne GITIS Moscou Il a travaill pour le Th tre Stanislavski Moscou pour le Th tre de Samara et pour la maison de l acteur Moscou joue aussi au cin ma et la t l vision 2013 Th tre Folk sa Persson sa Persson a travaill au th tre de la Ville de G teborg au Th tre municipal de Stockholm et au Th tre National de Lars Nor n 2013 Th tre Folk 15 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT 0000000000000000000000000 0000000000 Jonas Sj qvist Jonas Sj qvist a accompli sa formation d acteur l Acad mie de Th tre de G teborg Il travaille depuis plusieurs ann es au Folkteatern de G teborg et a d j jou dans une mise en sc ne de Sofia Jupither celle de Hiver de Jon Fosse II joue aussi au cin ma et la t l vision 2013 Th tre Folk Ulla Svedin Ulla Svedin a fait ses d buts au Folkteatern et appartient d sormais la troupe du th tre Elle a suivi sa formation d actrice l Acad mie de th tre de Malm Elle joue aussi au cin ma et la t l vision 2013
26. OD ON Th tre de l Europe DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT 23 27 avril 2013 Ateliers Berthier 17 Fragmente Fragments de Lars Nor n mise en sc ne Sofia Jupither FRAGMENTE Fragments Lars Noren Sofia Jupither 000 Od on Th tre de l Europe 2012 2013 dossier d accompagnement Fragmente I 23 27 avril 2013 Ateliers Berthier DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Fragmente Fragments de Lars Nor n mise en sc ne de Sofia Jupither dur e 2h45 1h25 20 min d entracte 1h en su dois surtitr sc nographie et costumes avec Erlend Birkeland Anna Ackzell Tobias Aspelin lumi re Adam Dahlgren Linus Fellbom Magdalena Eshaya Karin de Frumerie son Anders Granell Hobi Jarne Elisabeth G ransson Sergej Merkusjev masques Asa Persson Lars Carlsson Jonas Sj qvist Ulla Svedin cr le 26 octobre 2012 au Folkteatern traduction des surtitrages G teborg Elin Svensson production Folkteatern G teborg Th tre National Bruxelles en collaboration avec Od on Th tre de l Europe Paris Teatro de La Abadia Madrid Avec le soutien du Programme Culture de l Union europ enne dans le cadre duprojet Villes en sc ne Cities on stage Christophe Teillout I 01 44 85 40 39 christophe teillout theatre odeon fr Emilie Dauriac I 0 44 85 20 33 emilie dauriac theatre odeon fr Carole Julliard 1 Di 44 85 40 88 I carole nes dson fr Alice Herv I 01 44 85 40 47 1 aie hervethe tre
27. atiquement en fleurs soupire t il Il y a quelque chose de vraiment terrible dans l actuel d r glement climatique Nous devons absolument faire quelque chose D sormais avant de prendre n importe quelle d cision conomique ou industrielle il faudrait se demander Quelles seront les cons quences sur le climat Et d encha ner Je ne me sens pas bien du tout Nous sommes prisonniers de notre syst me C est tr s difficile de changer les choses de se lib rer des injustices Doit on attendre le moment final pour bouger Selon l auteur tout le monde est concern et tout le monde peut faire quelque chose Ainsi son niveau le th tre peut faire bouger les choses Encore faut il que les gens s y rendent au th tre Lars Nor n est conscient du probl me C est pourquoi nous explique il il veille ce que ses productions puissent tre jou es partout sans contraintes g ographiques mais galement sans contraintes mat rielles Ainsi oeuvre t il pousser le th tre des salles vers les rues galement dans l actualit belge de la journ e la probl matique de l galit hommes femmes Notre invit estime que si en apparence les discriminations sur base sexuelle ont t gomm es en profondeur l galit reste un mythe f t ce au niveau salarial M me en Su de pays souvent cit en exemple en la mati re Depuis la deuxi me guerre mondiale r pond il gar ons et filles tudient dans les m mes cla
28. ction r vant il n entend pas les ordres qui lui sont adress s et cette n gligence s av rera d cisive Autre personnage dont la parole d tach e du dialogue rel ve de l intime Woyzeck fait tat de son incapacit relier entre eux les fragments de son moi et son moi au monde mais son discours est en quelque sorte justifi par l observation clinique dont il fait l objet La pr sence de l intime chez Kleist et B chner mais on pourrait citer galement Musset se manifeste sur un mode mineur en filigrane des v nements et des discours relevant de la sph re intersubjective Dans le th tre contemporain la tension entre le moi et le monde caract ristique du th tre intime explore des formes extr mes celle de la faillite du monde la voix d un sujet rest identifiable se faisant entendre dans un monde d sert ou d truit de Beckett G Motton et au dernier Bond celle sym trique de la d faillance du moi A partir de ce que Jean Pierre Sarrazac a nomm le moi errant se d veloppe un th tre de voix supra ou infrapersonnelles o cela parle du plus profond dans l intime sans que ces voix soient celles de sujets identifiables dans un monde d termin Tel est le cas de certaines pi ces de B M Kolt s ou encore du th tre de S Kane o le monde appara t davantage comme horizon mythique de la parole que comme univers de r f rence L intime au th tre est enfin un paradoxe pour la repr
29. dirige le Riks Drama au Riksteatern th tre national itin rant en Su de Toutes les guerres Volontiers consid r comme le fils spirituel d August Strindberg il a explor comme son pr d cesseur la perversion des liens familiaux du couple et des rapports humains en g n ral C tait d j un th tre de la douleur du d chirement qui confronte le spectateur sa destin e individuelle mais touche galement par sa dimension mythique l inconscient collectif Cette fois il a dirig une quipe d acteurs francophones au Th tre National pour la cr ation mondiale d A la M moire d Anna Politovska a dans la m me veine politique que Guerre et 20 novembre Mon th tre est aujourd hui absolument politique dit il c est vrai m me si je ne milite dans aucun parti Le titre du spectacle fait r f rence bien s r l assssinat de la journaliste russe le 7 octobre 2006 jour de l anniversaire de Poutine Moscou Elle tait connue pour son opposition la politique du pr sident Poutine sa couverture du conflit tch tch ne et ses critiques virulentes envers les autorit s actuelles de la r publique caucasienne 30 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Mais seul le titre parle d elle explique Lars Noren Car je lui ai d di un texte d j crit quand j ai entendu sa mort C est un hommage sa clairvoyance et son extraordinaire courage Le r sum du spectacle parle de lui m me dans un pays sans nom qui
30. e avec une seule me alors que nous avons continuellement des liaisons et des passades avec toutes nos autres mes C est l que le personnage se red finit et peut tre se reconstruit dans l cart entre la voix qui parle et les discours qu elle prononce dans la dialectique de plus en plus complexe entre une identit qui vient manquer et des paroles d origines diverses au sein d un th tre qui n est certes plus narratif mais qui participe du commentaire de l autobiographie du ressassement 22 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT du flux des voix qui se croisent dans la mise en sc ne de la parole Certes un personnage de th tre se d finit toujours par la somme des r pliques rassembl es sous le m me sigle ou le m me patronyme qui le constitue en tant que tel Mais comme le personnage nonciateur a subi une cure d amaigrissement au point que sa silhouette s est estomp e et qu on ne peut plus en attendre des discours en accord avec un support central que tout idiolecte conduit une impasse la fracture augmente entre ce qui est parl et la source de cette parole En corollaire le personnage appara t par intermittence accumule des interventions sans liens apparents qu il accompagne cependant chaque fois avec la m me comp tence II s anime le temps d un monologue ou d un change quand il reprend la parole mais peut on dire qu il la reprend plus tard plus loin c est sur un autre mode pour un
31. gar on la jeune femme en fonction de la place qu ils occupent les uns par rapport aux autres la m re de la jeune femme le p re de l homme ou du m tier qu ils exercent le m decin l homme de m nage L affaiblissement du personnage est la fois une cause et une cons quence de la crise du drame GJ Affaibli plusieurs niveaux le personnage a perdu des caract ristiques physiques aussi bien que des rep res sociaux il est rarement porteur d un pass et d une histoire pas davantage de projets d avenir rep rables Il est encore nomm chez Samuel Beckett bien que de mani re atypique sous forme de monosyllabes vocateurs Hamm Krapp ou de surnoms Didi Gogo Ma s il lui arrive de perdre tout nom comme chez Nathalie Sarraute o les nonciateurs sont d sign s le plus souvent par des sigles tels HI ou F2 Jean Pierre Sarrazac pointe que le personnage moderne est sans caract re comme le personnage du roman de Musil est sans qualit s Bien avant le th tre de l absurde Strindberg et Pirandello avaient mis en lumi re les contradictions les incoh rences et les points de vue multiples et changeants d une me suppos e unique En notant jour apr s jour les id es qu ils les hommes con oivent les opinions qu ils mettent ou leurs vell it s d action on d couvre un v ritable salmigondis qui ne m rite pas le nom de caract re crit Strindberg Quant Pirandello il ironise sur notre souhait de mariag
32. ia Jupither est depuis 2009 artiste en r sidence au Folkteatern Elle y a mis en sc ne Skalv de Lars Nor n en 2010 puis Hiver de Jon Fosse au printemps 2012 Pour ces projets elle a fait appel au sc nographe Erlend Birkeland Fragmente constitue leur onzi me collaboration 12 2013 Th tre Folk DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT 0000000000000000000000000 0000000000 LES COMEDIENS Anna Ackzell 2013 Th tre Folk Tobias Aspelin 2013 Th tre Folk Adam Dahlgren e ech Om 2013 Th tre Folk Anna Ackzell est n e Umea dans le nord de la Su de En 2011 2012 elle suit le cours de th tre de la Folk Nordic High School Kung lv o elle participe au projet Valerie Solanas pour devenir pr sident en Am rique de Sara Stridsberg Apr s avoir tudi la Stage School de G teborg Tobias Aspelin a travaill dans les Stadsteatern de Stockholm G teborg Helsingborg et Uppsala et au Riksteatern de Lars Nor n Tobias Aspelin a fait ses premiers pas sur la sc ne stand up et est apparu sur plusieurs sc nes stand up Stockholm et dans toute la Su de Il a galement interpr t de nombreux r les au cin ma et la t l vision Adam Dahlgren est n et a grandi G teborg En 2012 il tudie l cole de th tre Schillerska gt Dans ce cadre il participe deux performances scolaires et deux films Fragmente est le premier spectacle professionnel a
33. ifs et uvres litt raires SARRAZAC Jean Pierre L Avenir du Drame critures dramatiques contemporaines Ed De l Aire 1981 SARRAZAC Jean Pierre dir Lexique du drame moderne et contemporain Circ 2010 SUSINI ANASTOPOULOS Fran oise L criture fragmentaire D finitions et enjeux Puf 1997 PASCAL Les Pens es Edition ed Port Royal Pr face d Etienne Perrier 1670 PEREC Georges La Vie mode d emploi Le Livre de poche 1997 Sitographie Site internet de l Od on Th tre de l Europe www theatre odeon eu Site du Folkteatern de G teborg www folkteatern se Site de La Bellone Maison du Spectacle http www bellone be Site de l ambassade de France en Su de www ambafrance se or Site du Teatro Abadia Madrid www teatroabadia com Le site www politiquessociales net 34
34. it aussi imposer son interpr tation du pass En Su de celui ci fait l objet d une lutte continue entre une gauche et une droite qui n ont de cesse de se disputer l h g monie sur le plan des id es Et le mod le su dois a perdu beaucoup de son attractivit ces quinze ou vingt derni res ann es en Su de comme l tranger d une part il allait l encontre des courants id ologiques dominants d autre part la profonde crise conomique des ann es 1990 ainsi que les changements structurels qu elle a n cessit s ont mis mal l image que les Su dois avaient d eux m mes et de leur mod le social Aujourd hui le mod le su dois semble pourtant de nouveau en vogue pour deux raisons D une part la Su de appara t comme un pays qui a su mettre en uvre rapidement un certain nombre de r formes structurelles par exemple la r formes des retraites D autre part la croissance a retrouv un niveau lev et le d ficit public s est transform en exc dent en d pit d un taux du ch mage relativement lev Les ann es 1990 ont t pour la Su de une poque charni re comparable aux ann es 1930 La crise conomique du d but de la d cennie visible notamment travers la hausse spectaculaire du ch mage imposa plusieurs r formes douloureuses importantes coupes budg taires dans le service public baisse des taux d indemnisation des syst mes de protection sociale ouverture du service public aux
35. le d h pital un immeuble un taxi mais dans une atmosph re d abri de nuit de pauvret conomique sociale et existentielle Folkteatern Fragmente Teater publi le 27 octobre 2012 Patrick Gunar Helin 19 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Pour aller plus loin Le fragment la fragmentation D finition du Littr Fragment s m 1 Morceau d une chose qui a t bris e en clats les fragments d un vase Terme d glise Petites parcelles de lhostie rompue Faire la collection des fragments de l hostie Ancien terme de pharmacie Les cinq fragments pr cieux les fragments qui se d tachent pendant la taille des cinq pierres pr cieuses les saphirs les grenats les hyacinthes les meraudes et la cornaline auxquels on attribuait des propri t s cordiales 2 Fig Ce qui est rest d un livre d un ouvrage qui n est point encore termin ou qui n a pas pu l tre Sous le titre de Pens es Pascal n a laiss que des fragments d un livre qu il projetait sur la religion chr tienne 3 Morceau d tach qui a l air d un fragment d ouvrage et qui cependant n a jamais t destin entrer dans un ouvrage Publier des fragments Fragments historiques Morceau extrait d un ouvrage Il cita un long fragment de Cic ron Fragment pur se dit chez les jurisconsultes d un fragment tir directement d un auteur par opposition aux fragments emprunt s un citateur ou un commentateur
36. les gens expos s aux preuves de la vie les discrimin s qui poss dent le noyau de la v rit Ch meurs prisonniers sans abri malades peuplent ses textes formant des ch urs d sorbit s qui sont comme des bouquets de solitudes Nous sommes les minuscules fragments d une mosa que interminable dont je ne peux m me pas soup onner le sens la forme ni la taille mais dans laquelle voici que j ai trouv ma place et je m y tiens d votement comme dans un temple Inqui tudes Ivo Andric crivain yougoslave 1892 1975 Un paysage urbain fragment Les lieux de l action dans Fragmente sont les lieux de vie en commun des personnages du lieu intime la chambre la maison l appartement l espace public la rue le pas de la porte en passant par l cole l h pital le parking Dans l escalier 1 Oui cela pourrait commencer ainsi ici comme a d une mani re un peu lourde et lente dans cet endroit neutre qui est tous et personne o les gens se croisent presque sans se voir o la vie de l immeuble se r percute lointaine et r guli re De ce qui se passe derri re les lourdes portes des appartements on ne per oit le plus souvent que ces chos clat s ces bribes ces d bris ces esquisses ces amorces ces incidents ou accidents qui se d roulent dans ce que l on appelle les parties communes Georges Perec La Vie mode d emploi Premi re partie chapitre 1 La s
37. lles en sc ne Cities on stage Lars Nor n et Sofia Jupither auscultent l volution des soci t s modernes o s exacerbent les tensions et se creusent les carts Dans sa derni re uvre crite pour le Folkteatern de G teborg Lars Nor n continue d explorer la marge et les carts symboliques sociaux et urbains entre centres et p riph ries Les populations et les g n rations s affrontent force d incompr hension les distances s accroissent jusqu la rupture et les tres humains se c toient sans se voir et surtout sans se regarder Trahison violence mensonge brutalit vivre ensemble se r duit faire cohabiter des solitudes inqui tes et hargneuses Pour mener bien le projet de mettre en sc ne ce nouveau texte Lars Nor n s associe Sofia Jupither artiste en r sidence au Folkteatern Ensemble comme si le travail en commun tait une forme de r sistance aux situations d crites dans la pi ce ils guident au plateau ces invisibles individus qui s obstinent esp rer et tenter de survivre encore Arvid sort de prison et se heurte son fils Henry t che d oublier ses souvenirs des Balkans au volant de son taxi 31 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Solitude et d r liction Lena meurt chez elle pendant que son mari couche avec la voisine Sanna ne peut plus retrouver ses enfants et veut se suicider Rainer a tu un homme gratuitement Une fille cherche entrer en contact avec sa m
38. n Ceci conduit des ambigu t s La premi re est le soup on d impuissance qui p se sur l auteur s il ne fournit aucun principe artistique de composition aucune architecture subtilement masqu e La seconde concerne le statut particulier de l uvre th trale Le texte abandonn tous les vents le texte informe le texte orphelin peut toujours trouver un p re adoptif en l occurrence le metteur en sc ne qui puiserait d autant plus librement dans l uvre qui lui est propos e qu elle est d j pr d coup e comme pour son libre usage Contre le principe m me de l uvre il peut l ordonner pour la sc ne ou trouver un usage des fragments en chappant toute pr occupation d interpr tation L uvre fragment e offre la cr ation aussi bien qu la r ception une formidable libert Elle contient en elle m me son propre poison le risque du texte informe et ouvert tous les courants d air vid de toute substance Lexique du drame moderne et contemporain Article Fragment Fragmentation tranche de vie David Lescot et Jean Pierre Ryngaert Dans la dramaturgie contemporaine le personnage de th tre perd bon nombre des caract ristiques qui lui avaient t conf r es Les personnages construits par Lars Nor n dans Fragmente ne poss dent jamais de patronyme quelques uns poss dent un pr nom Henry Mira Sanna mais ils sont rares les autres sont nomm s en fonction de leur tranche d ge le jeune
39. n kan jag som regiss r s tta mig i varje karakt rs sits l sa skeendet d rifr n och f rst allting Men Fosse skriver vassare han tecknar sina personer med en s dan mhet och k rlek att man blir helt r rd bara av att l sa texten Geng ngare r hennes sjuttonde iscens ttning Kritikerna brukar tala om det avskalade om pausernas och rytmens roll i hennes f rest llningar Vad s ker du i tystnaderna Det enkla svaret r f rst s allt som inte s gs Men framf r allt vill jag f rs ka visa m jligheterna som finns mellan m nniskorna som de inte tar Det att det mest r rande i ett m nniskoliv r det man v ljer bort har jag l rt mig av Fosse Du har n stan bara satt upp manliga dramatiker Ja det r konstigt Jag tror att sk let r detsamma som i branschen ver huvud taget N mligen Jag har inte medvetet valt att s tta upp varken kvinnliga eller manliga dramatiker och d blir det manligt F rra g ngen jag tr ffade Sofia Jupither var n r jag intervjuade henne inf r hennes Dramatendebut p Lejonkulan 2004 D var hon en ung tjej p cykel gravid med sitt f rsta barn ny i karri ren Livet tippar ver man kommer in i n got nytt Oscar r fem r nu I b rjan f ljde han med sina resande och turnerande f r ldrar verallt Pappa Marcus r operas ngare med Wagnerrepertoar vilket betyder l nga perioder utomlands Numera g r Oscar p dagis Vi uppt ckte hur bra det r f
40. nisateur sa progression ob it aux r gles d un d roulement dont chaque partie engendre n cessairement la suivante interdisant les vides et les commencements successifs Le fragment au contraire induit la pluralit la rupture la multiplication des points de vue l h t rog n it II permet d envisager dans son usage le plus large et le plus ancien celui des lisab thains des auteurs du Si cle d or espagnol et d une mani re g n rale des dramaturges baroques un bouquet d actions disparates dont les d buts peu pr s simultan s explorent des pistes parall les ou contradictoires du moins en apparence La nature des liens entre ces commencements leur coh rence th matique et leur rendez vous final pour un ventuel d nouement unificateur varient selon les uvres jusqu atteindre l isolement des pierres sur le pourtour du cercle comme l crit Roland Barthes Ces fragments peuvent alors tre nomm s bouts brisures d bris clats miettes ou morceaux d criture in galement s par s par des vides Il arrive d ailleurs que le vide l emporte et que ces commencements cessent d en tre que la nature des relations et des prolongements entre ces morceaux demeure nigmatique et que l on cherche en vain la trace d une perspective uni ficatrice la trame d un archipel dans le rassemblement d ilots pars Les effets de la postmodernit ont multipli les critures du d montage voire de la d composition L impor
41. njustice tous les jours r agit Lars Nor n En soi vivre est une situation immorale car trop de gens souffrent Pour le reste l artiste d teste le sport On en reste l Pas tout fait Lars Nor n nous dit aimer Zinedine Zidane plus exactement l tre humain Et d affirmer qu apr s son fameux coup de t te lors de la finale de la Coupe du monde de football le mythe a c d la place l tre humain Article publi dans Le Soir le 18 janvier 2007 Le hurlement de col re de Lars Noren Guy duplat Cr ation mondiale au Th tre National d A la m moire d Anna Politovska a de Lars Nor n Rencontre avec le grand dramaturge su dois Le monde va de plus en plus mal mon pessimisme va crescendo Et face cela je suis de plus en plus en col re nous dit le grand dramaturge su dois Lars Noren La preuve violente noire presque insoutenable de d sesp rance s il n y avait l humanit des acteurs par A la m moire d Anna Politovska a qu il a crit en 2006 et qui sera cr ce 2 novembre en premi re mondiale et en fran ais avec onze acteurs francophones belges et fran ais au Th tre National et tournera ensuite en France Avant peut tre d tre jou en fran ais en Su de Une forte complicit unit Jean Louis Colinet directeur du Th tre National et du festival de Li ge Lars Noren C tait d j l initiative de Colinet que fut cr en f vrier dernier le formidable 20 novembre Lars
42. nous est pas parvenu dans ce qui manque Paradoxalement notre poque a fait de ce qui tait l aveu d un chec d une perte ou d une insuffisance l affirmation d un choix esth tique Ainsi Roland Barthes souligne le plaisir des d buts successifs propos de ses Fragments d un discours amoureux En dramaturgie le mot s est r pandu au point d entrer dans le titre de certains textes comme les Fragments d une lettre d adieu lus par des g ologues de Normand Chaurette 1986 Sans doute l influence des arts plastiques sur l criture dramatique s est elle l aussi fait sentir puisqu il est devenu banal d int grer dans une uvre picturale des l ments h t rog nes d origines diverses 21 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT autant que de l affranchir de la perspective unique En mati re de photographie par exemple David Hockney dans ses paysages fragment s faits de centaines de polaro ds juxtapos s recr e un monde o la multiplication des focales correspond la multiplication des points de vue Qu y a t il donc reconstruire quel principe organisateur imaginer Rien si la fragmentation devient le principe esth tique en soi Les parties ne sont pas la m taphore ou la m tonymie du tout Le monde est cass et il est vain de se mettre en qu te d un quelconque effet de puzzle ou d une loi ordonnatrice Le monde n est pas organis l uvre non plus qui dit le d sordre le chaos l chec l impossibilit de toute constructio
43. ours la forme fragmentaire s inscrit dans le sillage d une triple crise aux manifestations d j anciennes et laquelle on peut identifier la modernit crise de l uvre par caducit des notions d ach vement et de compl tude crise de la totalit per ue comme impossible et d cr t e monstrueuse et enfin crise de la g n ricit qui a permis au fragment de se pr senter en s crivant en marge de la litt rature ou tangentiellement par rapport elle comme une alternative plausible et stimulante la d saffection des genres traditionnels L criture fragmentaire D finitions et enjeux Fran oise Susini Anastopoulos 20 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Le fragment au th tre et la fragmentation l uvre dans la dramaturgie contemporaine Dans le Lexique du drame moderne et contemporain Jean Pierre Sarrazac et ses collaborateurs d finissent un certain nombre de notions du vocabulaire th tral l aune des grandes transformations dramaturgiques qu ils ont subi au cours de l histoire du th tre Au gr de ces d finitions ils d peignent ainsi la crise de la forme dramatique qui s ouvre dans les ann es 1880 et se poursuit et s acc l re sous nos yeux Fragment Fragmentation Tranche de vie La notion de fragment rel ve d une criture qui entre en parfaite contradiction avec le drame absolu Celui ci est centr construit compos dans la perspective d un regard unique et d un principe orga
44. re partie au loin Un fils tente de se faire entendre par son p re l article de la mort Sc ne apr s sc ne Lars Nor n fait le portrait d une humanit d faite qui semble n avoir plus que le th tre comme lieu d coute Au spectateur alors de prendre conscience de cette r alit qu il doit enfin affronter en surmontant les travers de notre condition et de notre civilisation Catherine Robert Journal La Terrasse N 201 Publi le 7 septembre 2012 32 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Nominations pour le spectacle Fragmente mis en sc ne par Sofia Jupither en Su de Nomm Best of Country 2012 par le journal Dagens Nyheter Le nouveau travail de Lars Nor n Fragmente r alis par Sofia Jupither au Folkteatern G teborg Su de est une description pessimiste et passionnante de la soci t moderne C est horrible et dr le et m me terriblement dr le Nomm Meilleur spectacle de l an G taland 2012 s lectionn par le diteur de www nummer se Nomm aux Prix N jesguiden G teborg cat gorie sc narios Jupither Sofia a t nomin e pour Fragmente par les critiques de cin ma su dois en 2012 33 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Bibliographie Revues Alternatives th trales 94 95 Lars Nor n Repr sentation du travail et travail th tral Dossier coordonn par Bernard Debroux Mouvement n 45 oct d c 2007 Article Lars Nor n Th tre d ombres pp78 85 Monographies ouvrages collect
45. s Ddeon fr DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT J utilise les instruments du th tre pour aller derri re les d fenses des gens et parler de ces choses qui me choquent tant Je ne veux pas de compassion je veux montrer des faits Je suis en col re Lars Nor n citation extraite d un article Le hurlement de col re de Lars Nor n Guy Duplat publi dans la Libre Belgique le 1 novembre 2007 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT SOMMAIRE pb Le texte p 5 L auteur p 7 La pi ce p 8 Le projet p 9 Extrait p 10 Entretien avec Lars Nor n r alis par Bernard Debroux p 11 Extrait p 12 La mise en sc ne p 12 Sofia Jupither p 13 Les com diens p 17 Interview de Sofia Jupither dans la presse su doise p 19 La sc nographie p 20 Pour aller plus loin p 20 Le fragment la fragmentation p 21 Le fragment au th tre et la fragmentation dans la dramaturgie contemporaine p 25 De l criture fragmentaire la fragmentation de l criture p 26 Le plaisir du jeu l criture fragment e un art du puzzle p 27 Fragmente la peinture d une soci t fragment e p 27 Un paysage urbain fragment p 27 La Su de contemporaine p 29 Annexes p 29 Articles de presse p 33 Nominations pour le spectacle p 34 Bibliographie DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Le texte L AUTEUR LARS NOR N Biographie N en 1944 Stockholm Lars Nor n a d abord crit des po mes et publie ses premiers recueils en 1962 Diagnostiqu schizophr ne l
46. sses et hommes et femmes occupent les m mes places mais les femmes gagnent moins d argent Nous lui expliquons que la soci t belge est plut t en pointe ce sujet comme dans d autres domaines soci taux et thiques du reste Il s en r jouit mais ne peut s emp cher de souligner que nos voisins hollandais qui furent longtemps un mod le de progressisme sont en train d op rer un s rieux retour en arri re par peur de l autre Ceci nous conduit tout naturellement voquer l actualit internationale Pas de doute Lars Nor n ne porte pas George Bush dans son coeur Comment a t il pu faire croire que les bombes allaient apporter la d mocratie en Irak Cette guerre c est vraiment une guerre de gangsters Le drame aux tats Unis c est que seule une minorit de citoyens vote Que pensent vraiment les Am ricains On n en sait rien En 2008 le prochain pr sident am ricain pourrait il tre d mocrate Lars Nor n le pense Il n a toutefois gu re de sympathie pour Hillary Clinton dont la ligne politique lui semble trop changeante Quant au s nateur Barack Obama toile montante du Parti d mocrate notre invit avoue qu il conna t mal ses id es 29 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Aux confins des actualit s conomique et judiciaire nous voquons aussi les soup ons de fraudes financi res autour de l ex Sabena L argent noir la corruption les tr s riches et les tr s pauvres Je ressens l i
47. ssible alors que nous savons qu il va dispara tre Le temps le d truira et c est pourquoi nous devons le faire de la plus belle mani re C est tr s excitant de penser que le temps existe Imaginez vous ce qu il pourrait se passer si le temps n existait pas Le th tre est l image de la vie C est comme un tourneur de page et son pianiste il tourne la page au moment opportun et puis l instant dispara t B D Pensez vous tre proche de l uvre de Strindberg L N Il a une tr s grande vision de la vie sociale La fa on dont il la pr sente est tr s exp rimentale Il parle sans cesse des m mes sujets comme tous les auteurs Si vous lisez entre les lignes vous verrez qu il parle de son enfance Cela revient tout le temps une famille riche elle perd tout toujours le m me pauvre type qui doit trouver sa voie Il le fait de fa on tr s philosophique Extrait de la revue Alternatives th trales 94 95 Lars Nor n Repr sentation du travail et travail th tral pp 66 68 10 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT 0000000000000000000000000 0000000000 Extrait LA FILLE C est mon papa LA FEMME ENCEINTE Je sais On s est d j crois s Quelquefois HENRY Oui je suis pass par ici presque tous les jours LA FILLE C est un chauffeur de taxi LA FEMME ENCEINTE OK LA FILLE Et un assassin De Belgrade LA FEMME ENCEINTE C est un bon boulot pas vrai LA FILLE Assassin LA FEMME ENCEINTE Chauffeur de ta
48. sur une portion de paysage et visualiser le r sultat dans son int gralit sur neuf moniteurs coll s les uns aux autres trois en hauteur trois en largeur chacun correspondant la prise de vue d une cam ra Il reconstitue compose recompose l image du paysage l avanc e de la voiture sans respect d un quelconque d filement chronologique ou spatial II r alise des montages libres et mobiles o les paysages sont constitu s de fragments De l criture fragmentaire la fragmentation de l criture Un artisan qui parle des richesses un Procureur qui parle de la guerre de la Royaut etc Mais le riche parle bien des richesses le Roi parle froidement d un grand don qu il vient de faire et Dieu parle bien de Dieu Fragment des Pens es de Pascal telles que son premier diteur les a trouv es Pendant longtemps l criture fragmentaire est synonyme d incompl tude et d imperfection Le travail que ce type d criture exige du lecteur para t pour certains d entre eux assez d plaisant Et les diteurs de ce type de texte doivent pr venir la critique On verra parmi les fragments que l on donne au public quelque chose de ce grand dessein de Monsieur Pascal mais on y en verra bien peu et les choses m mes que l on y trouvera sont si imparfaites si peu tendues et si peu dig r es qu elles ne peuvent donner qu une id e tr s grossi re de la mani re dont il avait envie de les traiter Etienne P
49. tance du montage la question du point de vue et celle de la coh rence reviennent chez ceux qui interrogent l criture fragmentaire comme Jean Pierre Sarrazac qui se r f re au rhapsode et prend en compte le double geste de l crivain celui qui d lie et celui qui relie On peut y voir une signe de rupture entre les critures fragmentaires qui tranchent morcellent ou cassent des cailloux voire fabriquent de la charpie comme le dit Fran ois Regnault et celles qui participant du m me projet travaillent dans le m me mouvement fabriquer des liens La nature et la visibilit de ces liens varient selon que le dramaturge renforce le montage le fait commenter par un narrateur le rend vident par le jeu des titres et des didascalies ou bien abandonne son d coupage aux hasards des chocs et la bonne volont du lecteur ou du spectateur quand ce n est pas aux puissants effets de la mise en sc ne Aujourd hui la pol mique porte donc sur les limites et les cons quences de la fragmentation et sur la facon dont l uvre se recompose par l effet du montage ou au contraire ouverte tous les vents de l interpr tation n offre aucun point de vue apparent sur le monde Traditionnellement le fragment d signe le caract re incomplet ou inachev d une uvre dans ce cas et en croire les d finitions courantes l essentiel ne semble pas se trouver dans ce qui en reste ou dans ce qui a t compos mais bien dans ce qui ne
50. u de contemporaine Le mod le su dois l preuve des r formes lib rales Les mod les sociaux des pays scandinaves que nous appelons en Su de le mod le su dois sont montr s en exemple dans les d bats politiques travers l Europe Peter Bofinger un conomiste allemand d inspiration keyn sienne les compare un h tel quatre toiles ouvert tout le monde Parmi les D mocrates am ricains acheter une Volvo fut longtemps consid r comme un acte quasi politique Aujourd hui le geste a perdu son sens la plus grande partie de l industrie automobile su doise ayant t rachet e par des soci t s am ricaines c est un signe parmi d autres du chemin parcouru par le mod le su dois depuis les Trente glorieuses Sous l impact de ces changements il est devenu aujourd hui convenable en Su de de vouloir briser le mythe de la Su de comme le meilleur des mondes possibles L vs DE Lao E4 Kakan 3 gt ILARe ne S Kat mer d S T P stere gt g 27 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Depuis quelques d cennies le centre d int r t s est d plac vers des aspects moins positifs de l histoire su doise du XXe si cle notre attitude peu honorable pendant la Seconde Guerre mondiale la politique de st rilisations forc es et plus g n ralement les violations des droits de l individu au nom de la collectivit Il est banal de dire que celui qui veut influencer l avenir do
51. uquel il participe 13 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Magdalena Eshaya 2013 Th tre Folk Karin de Frumerie 2013 Th tre Folk Anders Granell 2013 Th tre Folk Magdalena Eshaya est n e et a grandi G teborg Entre 1993 1996 elle tudie l Acad mie de th tre de G teborg Elle a ensuite travaill dans de nombreux th tres de Stockholm dont le Th tre Boulevard SWE Th tre municipal de Stockholm puis au Th tre r gional de Kronoberg au Th tre de la Ville de Uppsala Norrbottensteatern Sm land musique et le th tre le Th tre National et le Th tre royal dramatique Karin de Frumerie est gymnaste actrice et musicienne form e la Performing Arts Theatre School Elle travaille d abord au Th tre de la Ville de Boras puis au Th tre de la Ville de G teborg Elle est galement actrice de cin ma et de t l vision Hurricane Hurricane Patrik 1 5 183 jours etc Karin de Frumerie fait galement partie de plusieurs groupes musicaux comme trio con Alma Anders Granell appartient la troupe du Th tre populaire de G teborg Folteatern Entre autres grands r les il a interpr t Oreste dans la pi ce de Lars Nor n et Mauler dans Sainte Jeanne des Abattoirs de Bertolt Brecht Anders Granell a galement jou dans des missions de t l vision comme Ren a rama rolf White Lies ou encore Hurricane et Salton 14 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT
52. ux Fran oise Susini Anastopoulos Le plaisir du jeu l criture fragment e un art du puzzle Je souligne la fascination extr me et presque automate que l apparence fragmentaire exerce sur moi Roland Barthes Fragments d un discours amoureux Ce n est pas le sujet du tableau ni la technique du peintre qui fait la difficult du puzzle mais la subtilit de la d coupe et une d coupe al atoire produira n cessairement une difficult al atoire oscillant entre une facilit extr me pour les bords les d tails les taches de lumi re les objets bien cern s les traits les transitions et une difficult fastidieuse pour le reste le ciel sans nuages le Sable la prairie les labours les zones d ombre etc en d pit des apparences ce n est pas un jeu solitaire chaque geste que fait le poseur de puzzle le faiseur de puzzle l a fait avant lui chaque pi ce qu il prend et reprend qu il examine qu il caresse chaque combinaison qu il essaye et essaye encore chaque t tonnement chaque intuition chaque espoir chaque d couragement ont t d cid s calcul s tudi s par l autre Georges Perec Introduction de La Vie mode d emploi romans Paula Art est une artiste contemporaine qui travaille avec des mat riaux de r cup ration et notamment avec des pi ces de puzzle 26 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT Fragmente la peinture d une soci t fragment e Pour Lars Nor n ce sont
53. xi LE DOCTEUR On fait des rencontres LA FILLE Comme ici HENRY Oui c est peut tre un peu aussi comme tre psy LA FILLE Tu pourrais commencer travailler ici HENRY Ben oui peut tre que je peux LA FILLE Pas de conditions sp ciales remplir Juste se pointer l heure 11 DOSSIER D ACCOMPAGNEMENT La mise en sc ne LA METTEUR EN SCENE SOFIA JUPITHER Biographie Sofia Jupither a fait ses d buts de metteuse en sc ne avec Visites de Jon Fosse au Helsingborgs Stadteater 2001 Elle a ensuite dirig des pi ces telles que La jeune fille sur canap au Stadsteater de Stockholm 2002 puis Le chemin de Damas de Strindberg l Intima Teater 2003 En 2005 elle signe une premi re mise en sc ne en Norv ge avec la cr ation mondiale de Sommeil de Jon Fosse au Th tre National d Oslo cette production film e par la t l vision norv gienne a fait de Jon Fosse l auteur a avoir rencontr ce jour le plus large public en Norv ge Depuis Sofia Jupither a pr sent avec succ s de nombreuses mises en sc ne tant en Su de qu en Norv ge dont Le Canard Sauvage au Th tre National d Oslo sa propre adaptation d Une pi ce en r ve dans la salle Torshovs du Th tre National Qui a peur de Virginia Woolf Spectres et Jouer avec le feu au Stadsteater de Stockholm ou encore Une Maison de poup e d lbsen et Sa maison d t de Jane Bowles au Dramaten le Th tre Royal Sof
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