Cahier Georges Perec
Contents
1. 65 PI GES an ea an 81 Jean Michel Raynaud Du double jeu 83 Vincent Colonna Fausses notes 96 Warren Motte Embellir les lettres 110 Bernard Olivier Lancelot GeOrges Perc 125 Mireille Ribi re Alphabets ss 134 Claudette Oriol Boyer Le Voyage d hiver 146 PARIS 11 rue Simon Crubellier o e 171 Bernard Magn Cinqui me figure pour la Vie mode DERIO 173 Benoit Peeters Echafaudages nnen ennnen 178 Alain Goulet La Vie mode d emploi archives en jeu 193 Ewa Pawlikowska Citation prise d criture 213 Bernard Magn Lavis mode d emploi 232 Marie Odile Martin L inscription de la pi ce du lecteur dans le puzzle de la Vie mode d emploi 247 PARTITIONS era 265 Philippe Drogoz Perec et la musique 267 11 Vi PARUTIONS ua sera 279 VI Eric Beaumatin L autobibliographie notes pr liminaires l tude d un corpus et d un genre 281 PIECES ORIGINALES et d an 289 Pi ce n 1 Manuscrit pr paratoire du Voyage d hiver 291 Pi ce n 2 La Vie mode d emploi les peintures dactylo gramme sinistres terne dre ere te ua ua sense aN 297 Pi ce n 3 Souvenir d un voyage Thouars partition 301 Pi ce n 4 Bibliographie approximative dactylogramme 307 Pi ce n 5 Tentative de description d un programme de travail pour les ann es venir dactylogtamme2. 323 I PISTES PEREC ET LA JUDEITE par Marcel B nabou Pr ambule On se souvient sans doute de la page qui sert d ouverture a l Histoire du lipogramme Elle commence avec une vocation du Zohar et de Rabbi Sim on puis de la Cabbale et des trois principales directions de l ex g se des cabbalistes Gematria Notarikon Temourah Et ce majestueux exercice d rudition emprunt Gershom Scholem 2 s ach ve sur une pirouette un cho consid rablement affadi de ces pr occupations vertigineuses me semble r sonner encore propos du lipogramme Je me permettrai de prendre cette d marche pour mod le et puisque Perec a jug n cessaire de faire un d tour par la Cabbale et le Zohar pour aboutir au lipogramme je me sens autoris faire un d tour par Orig ne et l ex g se biblique pour aborder Perec Orig ne donc le ma tre de la th ologie chr tienne au d but du ur si cle rapporte dans ses Commentaires aux psaumes de David 3 une int ressante parabole emprunt e un savant h braique Les critures saintes aurait dit ce savant res semblent une grande maison avec beaucoup de pi ces devant chaque pi ce se trouve une cl mais ce n est pas la bonne les cl s de toutes les pi ces ont t chang es et il faut trouver pour chaque pi ce la cl qui l ouvrira On peut s autoriser r ver un instant sur cette v n rable parabole jui
3. nardier ou les illustrations du Petit Poucet et ses fr res 1 alors que les informations sur Lubartow et sa population moiti compos e de juifs peuvent ais ment se trouver dans la Jewish Encyclopedy Au fond si Georges Perec ne parle pas plus fr quemment des juifs n voque pas avec un peu plus de comp tence le juda sme dans son existence historique concr te c est sans doute qu il n a rien en dire Ce qui le retient para t bien tre un mouvement naturel de recul d h sitation face un domaine avec lequel il n entretient plus aucune familiarit Nous sommes videmment avec lui aux antipodes de toute une litt rature juive de l apr amp s guerre de tous ces crivains am ricains ou francais chez qui l exp rience juive sous les formes les plus diverses est constamment et massivement pr sente jusqu constituer parfois le th me unique de toute une uvre de toute une vie Un Elie Wiesel par exemple a b ti sa vie et son uvre autour de sa fonction de t moin de l Holocauste Il est vrai que lorsque Georges Perec se hasarde sortir de sa r serve lorsqu il se donne la peine de p n trer dans le d tail d une 18 IT 8 2 8 6 7 4 4 0 4 5 8 ISBN 2 86744 045 9 F1 0045 X 85 He IMP GROU RADENEZ PARIS 6 Gm
4. Amis de Pontivy Cerisy a pour but de favoriser les changes entre artistes intellectuels et savants de tous pays Elle organise chaque t au Centre culturel international de Cerisy plusieurs colloques rencontres et ateliers De 1952 1981 plus d une centaine de colloques ont t organis s et les actes d une soixantaine d entre eux publi s O Les colloques de Cerisy abordent des domaines et des points de vue d une grande diversit Ils tudient aussi bien la culture du pass comme avec a Renaissance du x r si cle en 1965 et en 1968 le Grand Si cle russe que les mouvements de pens e et les pratiques artistiques actuelles comme avec es Chemins actuels de la critique en 1965 et en 1971 le Nouveau Roman En outre ils ont introduit une formule neuve de r unions organis es autour et en pr sence de personnalit s comme Martin Heidegger et Arnold Toynbee et plus r cemment Roland Barthes Yves Bonnefoy Michel Butor Jacques Derrida Andr Fr naud Gilberto Freyre Ren Girard Eug ne Ionesco Jean Fran ois Lyotard Gabriel Marcel Francis Ponge Ilya Prigogine Alain Robbe Grillet Claude Simon Jean Tardieu Ren Thom O Le public de Cerisy est compos en grande partie d artistes de chercheurs d enseignants d tudiants mais aussi de toutes personnes d sireuses de participer ou simplement d assister de libres confrontations o plus d un aspect de la pens e d aujourd hui s labore Il compte une forte
5. CAHIERS GEORGES PEREC l Colloque de Cerisy JUILLET 1984 POL Extrait de la publication Extrait de la publication CAHIERS GEORGES PEREC Extrait de la publication CAHIERS GEORGES PEREC dit s sous les auspices de P Association Georges Perec Biblioth que de l Arsenal 1 rue de Sully 75004 Paris l COLLOOUE DE CERISY juillet 1984 Ouvrage publi avec le concours du Centre National des Lettres P 0 L 26 rue Jacob Paris 6 CENTRE CULTUREL INTERNATIONAL DE CERISY Fond es en 1910 par Paul Desjardins les decades de Pontigny ont r uni jusqu en 1939 autour de th mes artistiques litt raires philosophiques poli tiques sociaux de nombreuses personnalit s qui marqu rent leur poque Entre autres Bachelard Copeau Curtius Gide Groethuysen Koyr Malraux Martin du Gard Mauriac Maurois Saint Exup ry Val ry Wells O C est Cerisy dans la Manche qu Anne Heurgon Desjardins reprit apr s la guerre l uvre de son p re d s qu elle eut restaur le ch teau monument historique appartenant depuis 1974 la Soci t Civile du Ch teau de Cerisy la Salle L uvre est maintenant poursuivie par ses deux filles qui avec leur fr re continuent mettre gracieusement les lieux la disposition de Association des Amis de Pontigny Cerisy O Association but non lucratif cr e en 1952 reconnue d utilit publique par d cret du 28 septembre 1972 l Association des
6. accumulation voire la saturation il y a l un souci de la litote qui m rite d tre relev On se souviendra qu une remarque du m me ordre avait t faite propos de Kafka qui sur ce point avait pouss plus loin encore la discr tion puisque le mot juif n appara t nulle part dans ses uvres On doit bien s r s interroger sur cette absence qui semble relever de la gageure Chez Kafka la discr tion sur le juda sme coexiste avec une profonde connaissance de la culture juive et une extraordinaire ouverture aux divers courants qui animent le monde juif de son temps le Journal en apporte quasi quotidiennement la preuve Chez Perec au contraire elle ne peut appara tre de prime abord et avant toute analyse que comme le prolongement naturel d une certaine ignorance un d faut d ducation juive initiale corrobor ensuite par un solide fond d indifference et d incuriosit Perec ne sait presque rien du juda sme ni comme religion ni comme culture il ne conna t pas le yiddisch ni l h breu et hormis l pisode de la guerre il ne manifeste pas un int r t particulier pour quelque p riode que ce soit de ce que l on peut appeler l histoire juive se contentant par exemple lorsqu il tente d imaginer l enfance de sa m re Lubartow d une fantasmagorie toute litt raire b tie autour du souvenir de quelques lectures enfantines la Petite Marchande d allumettes d Andersen l pisode de Cosette chez les Th
7. des Livres PROCHAINS COLLOQUES LITTERAIRES Litt rature et ph nom nologie dir M Kronegger du 5 au 12 6 1985 Litt rature et opera dir Ph Berthier G Rannaud K Ringger du 2 au 12 7 1985 La parodie dir A Pages C Thomson du 26 7 au 2 8 1985 Ordinateurs production et communication de textes litt raires dir J P Balpe B Magn du 5 au 15 8 1985 Comment crire la th orie atelier dir J Ricardou du 27 au 3 8 1985 La Nouvelle Maupassant et apr s dit J Lecarme B Vercier du 2 au 12 7 1985 Mort et Litt rature dir G Ernst du 28 7 au 7 8 1986 D Eug ne Sue Ponson du Terrail dir J El Vareille du 9 8 au 19 8 1986 Direction Bernard Magn Communications Eric Beaumatin Marcel B nabou Claude Burgelin Vincent Colonna Constantin Crisan Philippe Drogoz Alain Goulet Bernard Magn Marie Odile Martin Warren Motte Bernard Olivier Lancelot Claudette Oriol Boyer Ewa Pawlikowska Benoit Peeters Jean Michel Raynaud Mireille Ribi re Anne Roche P O L diteur 1985 ISBN 2 86744 045 9 I IL II IV SOMMAIRE PISTES Marcel B nabou Perec et la jud it 15 Claude Burgelin Perec et la cruaut 31 Constantin Crisan Perec ou le paysage du conditionnel utopique pour une syntaxe de la logique litt raire 53 Anne Roche L auto bio graphie
8. e l criture de Perec qui semble comme l Ecriture sainte poser un probl me de cl s La diversit des lectures et des ex g ses propos es en est la preuve En fait de cl s on a eu droit depuis vingt ans a tout un trousseau la cl sociologique la plus ancienne qui s tait un peu rouill e depuis les Choses mais qui a pu reprendre du service a l occasion de telle ou telle publication plus r cente la cl autobiographique la cl oulipienne la cl juive la cl m tatextuelle Tout un cliquetis donc de cl s h t roclites propres rebuter l aspirant ex g te Loin de moi l id e pourtant de refuser en bloc ces interpr tations elles sont d autant moins r cusables qu elles correspondent le plus souvent des indications de Perec lui m me qui ne d teste pas sugg rer son lecteur un protocole de lecture un mode d emploi Qu on se souvienne de la phrase qui sert d exergue au Pr ambule de la Vie mode d emploi L il suit les chemins qui lui ont t m nag s dans l uvre 6 Cette formule de Klee est videmment une formule cl que Perec semble avoir appliqu e chacun de ses livres car pour chacun de ses livres il a par le biais d un sous titre d un pri re d ins rer d un avant propos d un pr ambule ou d une postface pris la peine de m nager un chemin pour l il de son lecteur Si je reste pourtant r serv sur le r le d volu toutes ces cl s c est qu ell
9. es me paraissent soulever autant de difficultes qu elles pro posent de solutions Et la principale de ces difficult s tient en fait aux deux constatations suivantes d une part chaque inventeur de cl se presse d riger la sienne en passe partout quitte forcer un peu certaines serrures qui ont le mauvais go t de r sister d autre part les informations que chacun croit trouver dans telle ou telle suggestion perecquienne sont d un usage d licat car Perec ne dit que ce qu il a envie de dire dans le cadre d un projet d criture dont la complexit et les ramifications commencent seulement appara tre Rien n oblige donc le croire toujours sur parole La direction qu il indique notre il dans tel ou tel cas peut tout aussi bien n tre qu un leurre un moyen de d tourner le regard et il faut toujours beaucoup de prudence avec cet expert en trompe l ceil ce sp cialiste de la double couverture 16 On aura donc compris 4 quoi vise ce trop long pr ambule Principalement 4 viter quelques malentendus Au moins deux L un sur l objet m me de ces pages le th me de la jud it chez Georges Perec n est pas un th me facile avoir choisi d en parler ne signifie nullement 4 mes yeux que tout Perec doive se r duire a ce th me l La cl juive pour importante qu elle soit dans le d clenche ment de l criture perecquienne ainsi que dans ce que devrait tre le d veloppement u
10. lt rieur de son uvre ne suffit pas ouvrir toutes les portes L autre sur l usage qui est fait des d clarations de Perec sur la question les rapports de Georges Perec avec sa jud it qui sont pass s on va le voir par des phases altern es d opacit et de transparence sont si complexes que quelle que soit sa bonne foi ou ce que Harry Mathews a appel l intensit et la candeur rare qui manent de ses crits 8 ce qu il en dit lui m me n est pas n cessairement le dernier mot sur la question on pourra par exemple constater que certaines des traces ou des affleurements les plus vidents d un substrat juif chez lui ne sont pas toujours l o il les aurait lui m me localis s Un mot encore sur la terminologie ici employ e j entends par jud it le fait d tre juif jud it objective ou la mani re de l tre jud it subjective j entends par juda sme non seulement la religion mais aussi l ensemble des valeurs et de la culture juives Ces pr cautions prises et l on voit qu elles ne sont pas de pure forme on peut aborder plus directement le probl me I PEREC ET LE JUDA SME UN CONSTAT DE CARENCE On pourrait commencer par une tentative d inventaire des allusions directes ou indirectes aux juifs ou au juda sme figurant dans l uvre de Georges Perec Voici l essentiel de ce que l on pourrait rep rer quelques porteurs d invisibles toiles dans Un homme q
11. proportion d trangers attir s par la culture fran aise O Les activit s du Centre sont statutairement r serv es aux membres de l As sociation des Amis de Pontigny Cerisy Pour tous renseignements ou participation Centre culturel international de Cerisy 27 rue de Boulainvilliers F 75016 PARIS LA LITTERATURE A CERISY COLLOQUES LITTERAIRES PUBLIES EXTRAITS Les chemins actuels de la critique dir G Poulet d U G E col 10 18 Nouveau Roman hier aujourd hui dir J Ricardou d U G E col 10 18 2 vol Approches de Michel Butor dis G Raillard U G E 10 18 Claude Simon analyse th orie dir J Ricardou d U G E col 10 18 Robbe Grillet analyse theorie dir J Ricardou U G E col 10 18 Le Naturalisme dir P Cogny d U G E col 10 18 Litt rature latino am ricaine d aujourd hui dir J Leenhardt d U G E col 10 18 N Situation et perspectives dir M F Ionesco P Vernois d Belfond Balzac l invention du roman dir C Duchet J Neefs d Belfond Sade crire la crise dir M Camus Ph Roger d Belfond Interpr ter Diderot aujourd hui dir E de Fontenay J Proust d du Sycomore Albert Camus uvre ferm e uvre ouverte dir R Gay Crosier J L vy Valensi d Gallimard Georges Perec dir B Magn d P O L Stendhal dir Ph Berthier G Rannaud d Aux Amis
12. ui dort un Juif munichois fuyant l Anschluss dans la Disparition la r f rence au Zohar et la Cabbale dans Histoire du lipogramme divers r ves o la jud it appara t en liaison avec des probl mes de police arrestation 16 d nonciation camp 124 dans a Boutique obscure les pages d sormais fameuses sur l enfance et la famille dans la partie autobiographique de W le long d veloppement sur le rapport particulier Ellis Island comme lieu de l exil et les entretiens avec divers immigrants d origine juive dans les R cits d Ellis Island la r f rence au Golem qui figure aussi dans Ellis Island enfin dans le microcosme grouillant de la Vie mode d emploi deux personnages sont d sign s explicitement comme juifs l ethnologue Mar cel Appenzzel et Cinoc qui exerce la profession de tueur de mots 17 A cela il faut bien entendu ajouter les r ponses quelques inter views surtout celles de Jean Marie Le Sidaner dans L Arc et Ewa Pawlikowska dans Litt ratures 1 Le moins qu on puisse dire c est que hormis les cas particuliers des confessions que sont certains passages de W et d Ellis Island dans la fiction perecquienne proprement dite la r f rence juive le th me juif ne prolif rent pas et l on ne se sent gu re encourag apr s un si maigre bilan mettre ce th me au centre de l uvre Pour un auteur dont l un des proc d s favoris est l
13. ve et tenter d en trouver le mode d emploi cette maison aux pi ces multiples qui sert d signer l Ecriture comme si l Ecriture n tait que le produit visible d une architecture reposant sur la juxtaposition ordon n e d un certain nombre de pieces ces cl s mysterieusement chan g es par quel malin g nie enfin toute cette m taphore immobili re nous rappelle quelque chose et ce jeu avec des pi ces et des cl s ressemble trangement d autres jeux auxquels Perec nous a habitu s De plus propos de cl on ne peut manquer d voquer l un des plus anciens souvenirs racont s dans W et dont l nonc le plus 15 simple serait mon p re rentre de son travail il me donne une cl L on pourrait dire en somme pour paraphraser notre texte de d part qu un cho 4 peine affadi des pr occupations vertigineuses d Orig ne et de ses pr d cesseurs juifs en mati re d ex g se semble bien r sonner encore au coeur m me de l criture de Perec Et nous serions ainsi dans le vif de notre sujet Il ne nous resterait plus qu chercher d autres paraboles juives susceptibles d tre envisag es comme des plagiats par anticipation d ceuvres de Georges Perec Mais que l on se rassure ce n est pas dans cette direction l que pour l instant je me propose d aller Je me contenterai de prendre la parabole rabbinique dans son sens le plus obvie pour l appliquer telle quell
Download Pdf Manuals
Related Search