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1. Titre Voleurs et couleurs Le titre du film m rite un commentaire avant m me la L entr e dans le film peut se faire par la couleur Dominant d s le carton initial le rouge sera projection Il renvoie la locution famili re ni vu ni nouveau associ au blanc avec le col de fourrure synth tique du manteau d Alice puis au vert de connu traditionnellement invariable qui signifie son gilet Rouge blanc vert c est bien un conte de No l qui nous est pr sent Le contraste de sans se faire remarquer et implique une duplicit du ces taches clatantes avec les teintes sombres costumes des vigiles semi obscurit du magasin sujet Si la f minisation transgressive de l expression apr s la fermeture n en est que plus flagrant Remarquons pourtant que le costume de P re No l renvoie l activit d une h ro ne dissimulatrice l ajout en d pit des valeurs qu il connote est associ la n vrose du personnage principal de la m me des e redonne surtout leur valeur aux participes Alice fa on que les flashes rouges viennent signifier les souvenirs refoul s dans Pas de printemps pour souffre peut tre paradoxalement de n tre ni vue Marnie d Alfred Hitchcock Apr s la mise nu que constitue la sc ne d amour l chapp e ni connue Et Pascal montrera dans l ultime matinale d une Alice priv e de tout maquillage repr sentera le dernier adieu un accoutrement s quence que le titre n a plus de raison d
2. envahit l cran On trouve un certain nombre de points com muns avec Ligne de vie l importance du dis cours et du symbole significatif les deux films ont un message et transmettent une id e la consid ration de l Histoire les v nements peuvent se r p ter la tr s grande force des images la violence n est jamais d samorc e par l esth tisme de la figuration l attache ment l onirisme et au langage po tique un travail tr s original de l image anim e comme de l int rieur les techniques de surimpression dans L Id e l incrustation vid o dans Ligne de vie l attention aux textures du dessin et de la peinture Plusieurs motifs sont par ailleurs r currents les silhouettes d sincarn es les brumes et les ombres les taches et les pous si res qui font obstacle la vision les mouve ments d appareil et les translations qui impo sent un rythme particulier ainsi que la construction narrative circulaire comme si pass et pr sent taient in luctablement li s Enfin il y a dans ces deux films au traitement lugubre similaire un attachement l espoir qui s incarne magnifiquement dans l inspiration artistique 1 Pour le contexte historique du film les rep res biogra phiques de Masereel et de Bartosch et les diverses lec tures du film voir l article de William Moritz Bartosch s The Idea in Jayne Pilling A Reader in Animation Londres John Libbey amp Company 1997 pp 93 103 Une
3. 152 3 Dans la religion juive un interdit p se aussi sur le nom de Dieu qui ne doit pas tre prononc 4 Le mot latin persona d origine trusque signifie masque de th tre et d signe aussi bien l acteur que le personnage ce masque que portaient les acteurs dans la trag die antique tait trou pour laisser passer la voix per sonare sonner travers En faisant la part belle des anecdotes tir es du quotidien apparemment d risoires la r alisatrice semble reprendre le questionnement qui sous tend l uvre de Georges Perec Dans notre pr cipitation mesurer l historique le significatif le r v lateur ne laissons pas de c t l essentiel Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour le banal le quotidien l vident le commun l ordinaire l infra ordinaire le bruit de fond l habituel comment en rendre compte comment l interroger comment le d crire Peut tre s agit il de fonder enfin notre propre anthropologie celle qui parlera de nous qui ira chercher en nous ce que nous avons si longtemps pill chez les autres Non plus l exotique mais l endotique Approches de quoi in L Infra ordinaire Seuil 1989 De fait Chamonix de m me que W ou le souvenir d enfance o Je me souviens peut renouveler les approches traditionnelles du biographique 26 The Crimson Permanent Assurance par Philippe Ortoli Londres 1983 employ s de la compagnie d assuranc
4. Gilliam nous le rappelle ici c est lorsque l l ment voqu transcende le mat riau dans lequel il prend place que l on peut par ler d un travail esth tique de la r f rence dans la mesure o cette juxtaposition enfan te une tierce forme Le cin ma ne doit s ou vrir Sur lui m me que pour mieux s ouvrir sur le monde 1 Un clectisme radical fond sur la juxtaposition de discours conflictuels o le texte devient le site de modes de repr sentations en intersection James Collins Postmodernisms and cultural practices redefining the parameters Screen vol 28 n 2 printemps 1987 r Genres et sous genres Les pirates ont toujours fait r ver Terry Gilliam Les Monty Python d butent en 1970 le 25e pi sode de leur s rie par un prologue intitul The Black Eagle Bandits bandits en 1981 confirme cette attirance avec les p r grinations d un qui page de nains pirates du temps Plus tard Les Aventures du Baron M nchhausen 1988 voient leur h ros traverser l univers dans une nacelle de montgolfi re en forme de galion The Crimson Permanent Assurance est pourtant l hommage le plus direct ce sous genre du film d aventures que constitue le film de pirates Le titre fait r f rence un tr s grand film de boucaniers The Crimson Pirate Le Corsaire rouge r alis par Robert Siodmak pour Burt Lancaster en 1952 au moment m me o Raoul Walsh met en sc ne Barbe Noire le pirate Ces uvres
5. de lumi re ou d l ments g om triques au caract re architec tural incertain se succ dent en plan fixe face cam ra neuf personnages qui tour tour racontent une histoire Le r cit a des allures de d position une s rie de faits pr cis ment rap port s dans l ordre sans commentaire ni interpr tation Les acteurs six femmes trois hommes v tus avec simplicit immo biles assis racontent avec une grande conomie de gestes et d expressions un visage et un ton s rieux et d tach s presque neutres un d bit souvent monocorde Les histoires sont pr sent es comme des anecdotes personnelles v cues par l ora teur ou par un membre de sa famille Elles sont courtes d une dur e comprise entre 19 secondes la premi re et 2 minutes 43 la derni re et chacune fait l objet d un seul plan Les plans commencent et se terminent en silence et sont s par s par des noirs d une dur e de 4 secondes chacun L ampoule de magn sium Le grand p re Les enveloppes Le soutien gorge et la lettre en chocolat L anniversaire Chamonix Toujours mort L agonie de do a Angustias La poursuite en voiture 21 Chamonix de Val rie Mr jen FICHE TECHNIQUE Production Le Fresnoy Studio national des arts contemporains Image Catherine Pujol Son Yolande Decarsin D cors Quico Herrero Photographe de plateau Laura Henno Montage Camille Maury Interpr tation Laura Henno Dominique Gilliot Fabienne Gaston D
6. de souvent d un m me effet de distanciation Dans Magical Maestro 1952 la main secourable du chanteur provoquant le vrai projectionniste vient retirer un cheveu de la fen tre du projecteur L cureuil fou Screwy Squirrel Happy go nutty 1944 d passe quant lui la fin du film et doit revenir en arri re pour ne pas d passer l ultime carton De la m me fa on on peut insister sur le traitement que Tex Avery feint d infliger l image et ses personnages d doublement d membrement ou crasement des corps acc l rations ou suspensions subites irruption d l ments tir s d autres films en prises de vues r elles 18 FUCKER 19 Bande son La mat rialisation de la piste sonore est un indice de l importance que Tscher kassky accorde aux ph no m nes auditifs On peut tenter de caract riser ces distorsions pour faire reconna tre musique bribes de dia logue et bruitages divers D autres exercices sont possibles visionner un extrait sans puis avec le son permet tra de montrer que la bande originale du film de Sidney J Furie subit ainsi des d formations analogues celles de l image Il est possible par ailleurs de pr parer la projection en faisant couter un extrait de trente secondes sans d voiler aucune image Les l ves r partis en plusieurs groupes seront invit s illustrer cet extrait sonore en inventant une s rie de dix images fixes qu ils pourront d crire ou dessiner Ces
7. duelle les autres ne sont qu une masse obs cure Un peu de nourriture est alors donn e aux d tenus plan 10 A cette occasion ils sem blent exister un peu plus Des gros plans sur les gamelles pr cisent les traits plans 11 et 13 Deux prisonniers re oivent leur ration plan 12 puis ils S extirpent de la file et se dirigent vers la cam ra plan 14 L un d eux est enco re un peu dans l ombre mais l autre est entr dans la lumi re il a retrouv des caract res distinctifs il existe nouveau en tant qu indivi du C est l homme lunettes Dans la confu sion de ses souvenirs dans les brumes de l hor reur il a su se retrouver Il peut d s lors reprendre son r le de narrateur Dans la s quence suivante il retrouvera galement sa voix pour d crire les v nements Cependant sa silhouette demeurera fragile tout au long du film en proie l obscurit Il faudra attendre le retour au pr sent pour recouvrer la pleine clar t et intelligibilit des traits Ligne de vie pose plusieurs niveaux la question controvers e des rapports de l art et de la Shoah L histoire racont e dit l impossibilit de l activit artistique l int rieur du camp La punition des dessinateurs t moigne clairement de la valeur subversive d un acte cr ateur d autant plus antinomique de l entreprise de d shumanisation nazie qu il favorise la fraternisation Les mains coup es dans l esprit m me des bourreaux ont ainsi v
8. en s attaquant la mati re filmique c est le visage de Barbara Hershey que le cin aste agresse dans ce film exp rimental sans doute le plus d routant du programme pour mieux r v ler chacune de ses expres sions mais aussi pour sortir le spectateur de cette position voyeuriste confortable laquelle il est habitu Val rie Mr jen compose quant elle dans Chamonix une s rie de portraits les visages de neuf protago nistes racontant des anecdotes v ridiques se succ dent en plans fixes et frontaux permettant ainsi de scruter le moindre mouvement le moindre geste le moindre signe exprimant le secret int rieur de chacun The Crimson Permanent Assurance enfin travaille la d formation du visage on y assiste la m tamorphose de vieux employ s d une compagnie d assurance en pirates intr pides et f roces Terry Gilliam y c l bre en 1983 avant Brazil et Las Vegas Parano les pouvoirs de la m tamorphose grimages et grimaces artifices du maquillage et du jeu de l acteur figurent le craqu lement des apparences A chaque fois donc l nigme du visage suscite le d sir irr pressible de conna tre de comprendre de toucher l autre chaque film redonnant sur un mode particulier une le on plus g n rale que le cin ma lieu privil gi d un change de regards rend particuli rement sensible on n acc de l identit qu en prouvant la diff rence C est dans cet esprit que nous avons r alis le pr se
9. footage en s appropriant des images pr exis tantes images d archives de fictions films de famille bandes annonces publicit s qu ils r cup rent ou ach tent Ces pellicules cin ma tographiques constituent la mati re de base de leurs compositions Outre l avantage co nomique d une telle pratique qui permet de faire l impasse sur le tournage chaque cin as te s y panouit et s y distingue par ses inten tions et sa technique d intervention Pour mieux comprendre ce type d exp rimen tation il est Int ressant de rappeler le contex te artistique qui l a suscit Le found footage semble directement inspir des collages des ann es 1910 20 et plus pr cis ment du col lage cubiste Braque Picasso des papiers col l s dada stes Schwitters Arp et surr alistes Max Ernst ou encore du photo montage constructiviste Rodchenko et surr aliste Man Ray Les artistes envisageaient le collage comme ce qui lie et fait surgir le sens impli quant aussi toujours une distance par rapport cette continuit fabriqu e en sensibilisant la disjonction Si l on ajoute qu alors l art ne consistait plus produire des reflets ou des simulacres on saisit Imm diatement la paren t avec les propos de Tscherkassky sur le cin ma Les revendications politiques sociales existen tielles motivent souvent le recours au found footage Ainsi un des premiers cin astes l origine de cette pratique Dziga Vert
10. notamment avec la revue BREF le magazine du court m trage www bifi fr le site de la Biblioth que du film qui contient une base de donn es encyclop dique et bibliographique des dossiers t l chargeables www edu bifi fr un magazine en ligne des fiches m thodologiques un guide des sites internet sur le cin ma Wwww mwscomp com movies mol parmi les dizaines de sites consacr s aux Monty Python certainement l un des plus complets textes des chan sons scripts biographies www re voir com le site d un diteur vid o de films exp rimentaux clas siques et contemporains Berthold Bartosch Oskar Fishinger Len Lye Boris Lehman Jonas Mekas Man Ray www tscherkassky at le site personnel de Peter Tscherkassky qui offre une bonne introduction son uvre VID OGRAPHIE Programme des cinq courts m trages disponible en VHS et DVD dition non commerciale APCVL Shoah 1 et 2 poque livret 4DVD ADAV R f 38975 DVD M moire de la d portation CHATONSKY Gregory Le contenu du CD Rom retrace le contexte fran ais et nazi les arrestations les ghettos les centres d extermination la lib ration des camps Voir www fmd asso fr Pas de printemps pour Marnie DVD zone 2 Universal Pictures 2002 La Peau douce DVD zone 2 Mk2 ADAV R f 35961 DVD L Emprise DVD zone 2 Twentieh Century Fox 2002 Les Films de Man Ray VHS ditions du Centre Georges Pompidou 1998 ADAV R
11. prise en mains spatiale de l h ro ne effroi paralytique malposition face au miroir r ac tion enrag e ajoutant au fracas ambiant Le principe d identification du cin ma nigme ne fonctionne plus Tout est d r gl com mencer par la figure du champ contre champ la faveur d une gestuelle de va et vient entre la manipulation du support de repr sentation et la d flagration de l espace repr sent Suite un simple mouvement du poignet en gros plan l outer space semble se d faire par une interaction violente entre la mati re filmique et la vue enregistr e contraignant le corps film ne devenir qu un il ind finiment apeur face au maniement du visible qui lui chappe Pour Ni vue ni connue l insistance figurati ve sur les mains chapardeuses de la petite voleuse associe le montage corporel et la ma trise d un geste plastique dans la condui te du r cit La d couverte de l h ro ne s im pose premi re vue par son activit manuel le Cette Alice au pays des merveilles prend taille humaine aux yeux du spectateur en volant ce qui veut bien se d magn tiser Dans la sc ne d amour le retour en force des gros plans sur les mains sert am nager les 35 conditions spatiales et lumineuses insert sur l interrupteur de l treinte catalyser le corps comme dans la s quence de l h tel de la Peau Douce 1964 de Truffaut Le jeu de mains fait aussi office de m tonymie po
12. tre que le spectateur ne verra plus C est dire quel point conform ment la tradition des contes un miracle s est bel et bien produit durant la nuit de No l 13 AUTOUR DU FILM Pathologies psychiques et cin ma Ni vue ni connue explore par le biais de l anec dote la question de la cleptomanie Si Alice n est apparemment pas malade psychologi quement faible ou dans le besoin elle fait preuve d une grande r gularit en mati re de vol La cam ra de Doroth e Sebbagh s attarde sur les objets qu elle d robe laissant au spec tateur le loisir d appr cier sa technicit Ce dis positif voque un film incontournable dans l histoire du cin ma Pickpocket de Robert Bresson Sorti en 1959 ce film passe pour tre le plus parfait de son uvre Pur d pouill et tendant vers l abstraction il sugg re par des inserts et des focalisations sur des d tails le monde dans lequel ses personnages voluent laissant de c t des descriptions potentielle ment trop lourdes Dans ce film Michel Martin Lasalle apprend petit petit voler les portefeuilles la mis re et le d s uvrement ne lui laissant gu re d alternatives Seuls ses actes d finissent le personnage Sa vie se r sume son savoir faire jusqu au d ni de sa vie socia le Les gros plans des mains et des objets insis tent sur le d sir de viser l invisible de le traquer dans ses retranchements Mais si ce personna ge n existe que pa
13. viennent se m ler des fragments d autres images d autres perforations Puis la pulsation des cris et des bris de verre s assourdit dans le tremblement des voix des notes musicales tenues et dans le souffle de la piste son Flicker 3 Le flicker intervenant ici r duit la taille des photogrammes trois perforations au lieu de quatre exacerbant notre sensibilit au d cadrage L interimage est v cu comme une crampe visuelle Il s agit de secouer le spectateur dans son mouvement de fuite ou de lui rappeler l artifice l art Il se perd dans le miroitement incessant de la lumi re du stylo laser et dans l clatement de la bande sonore jusqu ce qu enfin il puisse se fixer sur un motif le reflet du visage de Carla image 12 Cette image et la suivante Carla de dos assi se sur son lit disent sa r sistance Image 13 Ses yeux d multipli s explorent d abord le noir avec une sourde inqui tude Images 14 et 15 Mais c est pour mieux pi ger l il du spectateur en le fixant et en affir mant sa victoire dans le reflet de la glace trois faces Carla s impose comme la porteuse du regard en rendant le sien au public droit dans les yeux Le film d horreur est un genre tr s voyeuriste on s assoit dans une salle pour regarder des personnages poursuivis hant s Je voulais inverser a attaquer le voyeur d abord par un flicker agressif puis par cette provocation 1 Comme c est souvent le cas dans le
14. Le film s ouvre sur un zoom tr s lent vers un mur gris sur lequel des traits pars vont peu peu se laisser deviner comme le dessin d une femme nue plan 1 Le zoom et le temps n cessaire notre cerveau pour relier ces lignes contribuent imposer l id e d une mise au point un peu difficile Ce temps de recons titution ce moment suspendu identifie rapi dement le spectateur au personnage principal il s agit d un moment partag avec l homme lunettes qui essaie de reconstituer un pass elliptique Suit d ailleurs un contrechamp qui confirme la co ncidence des regards Le vieil homme lunettes regarde bien le mur comme le spectateur vient de le faire plan 2 Sa sil houette se d colle du d cor l arri re plan trois immeubles comme s il n appartenait d j plus ce lieu Le jeu sur les dimensions de l image fait se d tacher l homme de ce pr sent le laisse tre aspir par le pass J ai toujours port des lunettes dit il insistant sur l importance du regard dans cette histoire ainsi que sur la position particuli re de t moin narrateur qu il occupe Le plan suivant est un nouveau contrechamp sur le mur mais cette fois l homme lunettes fait partie de l image et le spectateur se retrou ve derri re lui Superposant son regard au sien plan 3 Le cadre s tant resserr la t te de l homme appara t dans le ventre de la femme dessin e prise entre sa poitrine et son sexe M taphoriquem
15. Ligne de vie Art et camps p 6 le peintre Zoran Music d port Dachau en 1944 y a r alis une centaine de dessins d crivant l horreur quotidienne du camp Jean Clair propose une r flexion ouverte et sensible sur le pouvoir de la m moire face la mort sur celui de l art face l indicible COQUIO Catherine dir Parler des camps penser les g nocides Paris Albin Michel coll Id es 1999 L Art et la m moire des camps Repr senter exterminer Paris Seuil 2001 Actes d un cycle de rencontres la Maison d Izieu M morial des enfants juifs extermin s 1999 2000 NI VUE NI CONNUE LE BERRE Carole Fran ois Truffaut Paris d de l toile Cahiers du cin ma coll Auteurs 1993 Doroth e Sebbagh cite souvent Fran ois Truffaut et son film n est pas sans lien avec certaines uvres de ce der nier Cette approche critique tr s document e du travail du r alisateur de La Peau douce et de l Histoire d Ad le H peut permettre d tablir quelques ponts avec Ni vue ni connue OUTER SPACE Photon Man Br ve introduction l uvre de Peter Tscherkassky in BREF n 50 automne 2001 pp 26 33 Dossier proposant un entretien in dit avec le cin aste une pr sentation g n rale de son uvre une ana lyse d Outer Space et une bio filmographie compl te BEAUVAIS Yann HIBON Dani le Found Footage Catalogue de la mani festation Found Footage Films retrouv s r cup ration
16. autre raison de ce choix concerne l volution tech nologique du cin ma Dans quelques ann es celui ci aura disparu dans sa forme tradition nelle J essaie avant tout d exposer les possibi lit s artistiques de la cin matographie fil mique classique fondamentalement diff rentes de celles du film digital Il s agit de sou ligner ce qui peut tre fait au cin ma mais pas avec un ordinateur Or le CinemaScope a t invent au moment o pour la premi re fois le cin ma devait affronter l image lectro nique la fin des ann es 50 C tait une r ac tion de l industrie cin matographique contre la t l vision Dans le troisi me volet de sa trilogie en CinemaScope Dream Work Tscherkassky pousse ce travail sur la mati re de l image encore plus loin avec la technique des rayo grammes de Man Ray 1 Voir Autour du film p 20 2 Technique qui consiste impressionner la pellicule en posant des objets dessus avant de l exposer la lumi re voir Propos de Peter Tscherkassky p 16 Format du film il est d fini par la largeur du film format standard 35 mm format substan dard 16 mm format r duit Super 8 format large 70 mm Format de l image dimensions relatives de l image inscrite sur le film ou projet e sur l cran Dans une m me largeur de film on peut inscrire plusieurs formats d image Dans la largeur stan dard on trouve notamment le standard du muet 1
17. choix seront finalement compar s aux images d Outer Space Agressions Se demander d o vient le malaise ressenti par le spectateur du film revient essayer de savoir qui est agress dans Outer Space La r pon se se situe trois niveaux au moins C est d abord Carla personnage de L Emprise en proie aux assauts d une cr ature invisible C est aussi la jeune femme du film de Tscherkassky qui subit l envahissement du cadre par des l ments ext rieurs Enfin le cin aste d finit tr s clairement son entreprise l instar de celle de tout cin ma exp rimental comme une agression du spectateur qui per oit le film comme une attaque contre s a propre perception et son d sir de croyance en une histoire qui lui serait racont e I s agit ici d une mise l preuve du regard d autant plus pertinente qu elle renvoie au specta teur sa situation de voyeur D autres cin astes ont t les artisans selon l expression d Andr Bazin d un sem blable cin ma de la cruaut assi milant le filmage un viol On peut voquer Le Voyeur Peeping Tom 1960 de Michael Powell o un psy chopathe filme l agonie de victimes ex cut es avec la cam ra Dans le domaine de l avant garde Rape 1969 de Yoko Ono montre le harc lement d une jeune femme traqu e par la cam ra de la r alisatrice AUTOUR DU FILM Found footage et flicker FOUND FOOTAGE De nombreux cin astes pratiquent le found
18. d oppositions le dessin son expressionnisme affirm presque tachiste et l image vid o num rique captures d objets r els comme la roue le chronom tre ou les tissus dans le vent incrust es ou plut t incorpor es dans la peinture le mouvement et la fixit faisant appara tre parfois les per sonnages comme des humains parfois comme des marionnettes des corps priv s de volont propre les ombres et les lumi res les bruns et les gris les lignes droites renvoyant souvent l id e de fuite d chapp e et les courbes symbole carc ral le chronom tre par exemple insiste sur l id e d un monde absur de ferm sur lui m me priv de vraie tempo ralit Une image incarne parfaitement cette dualit permanente ce sont les lignes bris es en gros plan qui se donnent voir autant comme des fils barbel s incarnant la souffran ce et la mort que comme les traits d un dessin sensuel des lignes de vie Si le film est construit sur tant de d chirures c est parce qu il parle de l indicible d une b ance de l horreur impossible formuler tant elle chappe la raison On dormait veill pour ne pas r ver surtout ne pas r ver dit le personnage alors qu il para t impossible de distinguer le cauchemar de la r alit Il convient sans doute de rappeler que Serge Av dikian est venu au cin ma par la qu te de t moignages des survivants d un g nocide celui des Arm niens en 1915 pe
19. derni re reprise du plan 12 dans laquelle le chef outre le fait d tre molest par les employ s d cha n s est coiff d une poubelle de bureau 31 AUTOUR DU FILM La r f rence comme point de fuite The Crimson Permanent Assurance est repr sentatif d un certain cin ma moderne qui de Tarantino Lynch en passant par les fr res Coen nous oblige repenser diff remment le r le de l image non plus enre gistrement d une r alit mais pierre d achoppe d une construction nomm e film Ce dernier se r v le alors comme inscrit dans une histoire des formes avant d tre r duit aux choses dont il fournit le reflet Cette conception implique le traitement cin matographique de la r f rence Elle pos s de un pr cieux h ritage les courants li s l art pictural et sculptural le mani risme la direction de certaines tendances architec turales le postmodernisme ou la reconsid ration de pans entiers de l histoire litt raire le baroque du XVIF si cle ont conduit leurs penseurs aborder une question que certains tenants de l impressionnisme conti nuent m priser Globalement on pourrait dire que rendre compte de ce sujet implique de d composer l autonomie d un texte filmique d identifier les mod les qu il h le et de r fl chir la mani re dont ils le traversent Cette pratique ostentatoire questionne hante et pose des probl mes commencer par celui du d voi lemen
20. deux situations a lieu apr s la s quence de l h tel en atteste le tr s beau plan rapproch d Alice au petit matin dans les rues de Lille Le visage fatigu le regard perdu dans le vague et le ralenti de l image laissent percevoir une faille dans ce personnage bien r d C est probable ment le moment le plus sinc re du film car d nu d arri re pens es Alice semble souffrir de l imposture laquelle elle s est elle m me condamn e elle est en constante repr senta tion elle vole elle ment et ne trouve de r pit que dans les bras d un inconnu LE CLICH DE LA RENCONTRE D TOURN Un homme invite une jeune femme boire un verre Le traitement de cette situation anec dotique ne rel ve pas ici du seul pittoresque Un jeu de pouvoir et de manipulation s instau re entre les deux personnages Alice d joue r guli rement les contr les de s curit et Pascal se doit de surveiller la client le m me si l une des clientes est particuli rement attiran te Chacun brave les interdits jusqu perver tir l autre dans ses agissements Alice pousse Pascal partir de la brasserie sans payer mais le fait il vraiment Pascal la m ne se lais ser prendre lors de la derni re s quence du film pourtant il ne l arr te pas et se conten te de r cup rer discr tement les disques vol s mais l ignore t elle vraiment Leur relation se noue autour du vol c est leur mani re de communiqu
21. entrer dans le discours pour insister sur le sens d un geste et faire r fl chir le spectateur On se souvient par exemple de l assiette bris e par un marin d clenchant la mutinerie dans Le Cuirass Potemkine 1926 o de la d molition de la statue du Tsar au d but d Octobre 1928 Ici apr s avoir montr le geste dans sa continuit Tscherkassky en reprend des frag ments en les d sordonnant Il insiste sur l ner gie et la violence de ce geste et l exacerbe en faisant raccorder le renversement de la com mode et l lan des bras projetant la lampe vers la cam ra image 7 Image 7 Carla semble s attaquer la cam ra elle m me Flicker 2 En m me temps que la jeune femme lance la lampe vers le spectateur plus d une dizaine de fois l image commence se d composer On voit ainsi passer les quatre bordures du cadre image 8 C est son acte d autolib ration pour ainsi dire elle se lib re de la cage du cadre de l image ce moment Tscherkassky pr f re parler d attaque du spectateur plut t que du personnage cause de l exp rience visuelle tr s physique profonde et intense que procure le flicker En contre attaquant elle d truit l image coh ren te Dans les derni res r p titions les surim pressions brouillent cette image motrice et lais sent place un enchev trement visuel et sono re images 9 10 et 11 Sur toute la largeur de la pellicule 35 mm visible gr ce au Scope
22. exp rience qui ne peut tre men e que parce que son res sort l interf rence de deux univers puis leur fusion est tendu par un dispositif revendi quant l analogie visuelle et sonore comme loi Gilliam s inscrit dans la tradition d un grand cran pr sentitiant l imaginaire en une synth se de formes semblables celles qui peuplent notre exp rience perceptive des choses De fait m me sa vision du banal le d but d cri vant l int rieur de la compagnie est envahie d l ments le rendant singulier La force du plan initial d voilant en profondeur d un Jeune patron la masse des vieux employ s dont les corps mus en un balancement d avant en arri re semblent r duits l tat de machines poussives est embl matique de cette volont La lenteur du rythme laquelle se conforme cet trange ballet de comptables vo t s est d abord celle du comique qui dans sa g n ralit bergsonienne exploite les confu sions entre le vivant et le m canique mais Gilliam ne s en tient pas cette d nonciation humoristique des conditions de travail Ainsi si m ler la repr sentation de travailleurs canoniques asservis des Golden Boys sans piti et celle de gal riens ployant sous le fouet de cruels contrema tres poursuit la critique sociale sur un mode iconoclaste cette derni re travers le montage altern voir Analyse de s quence qui semblable l utilisation qu en fait Chaplin dans L
23. gestes manuels et ses implications dans le r cit voque la marque de fabrique filmique l empreinte de la mani pulation cr atrice Naturellement pour les arts plastiques le geste artistique se d finit par une intervention directe de type action r action sur la mati re Au cin ma le travail de d coupage lors du tournage les coupes du montage les effets de trucage se rapportent un inconscient technique Aussi souvent quand le film met en abyme sa cr ation il convoque un hors cadre pictu ral dans l espace de r ception avec le geste du d miurge plasticien en r f rence en toile de fond dans l imaginaire du specta teur Ligne de vie oppose les courbures des corps d faits par le travail forc l v nement d un geste de lib ration travers le dessin de l homme barbe l insistance de la voix off sur le mouvement incessant de ses mains qui donnent une autre dimension au v cu d signe l ampleur spirituelle de ses traits Face aux gestes r p t s des tra vailleurs qui sont chronom tr s dans un puisement absurde les coups de crayon et de pierre de l artiste d limitent l tendue onirique d une r alit interdite un r ve de r alit sans avoir la peur au ventre qu il ne devienne un cauchemar Les donn es de la repr sentation n introduisent pourtant pas de distinction visuelle entre les dessins du r cit et le r cit dessin C est le d nouement narratif qui va tracer un mou
24. gion Centre en atteste sa mani re chacun des cinq films forts diff rents les uns des autres vient buter sur les visages de ses protagonistes Chaque r cit d roule le fil des bobines qui arpentent le champ et l impr gnent de leur singularit Ligne de vie film d animation de Serge Av dikian sur les camps de concentration fige et anime tour tour les visages ext nu s maci s d personnalis s de prisonniers affrontant quotidiennement le m pris et la honte la douleur et la mort la peur et l oubli de soi Le film s ouvre et se cl t pourtant sur un visage ayant retrouv son identit par la m moire celui d un vieil homme survivant des camps dont chaque trait chaque ride dessine sur sa peau parchemin son histoire personnelle et celle des disparus qu il n a pas oubli s Ni vue ni connue de Doroth e Sebbagh confronte le visage insouciant mais suspect lib r et mys t rieux d une jeune voleuse celui m fiant mais ouvert scrutateur et curieux d un vigile de centre com mercial La rencontre de leurs regards l amour qu ils se font avec les yeux sont l occasion non pas d un mim tisme entre les visages mais de l exaltation de leurs diff rences qui font le lit dans lequel s panouiront peut tre leurs treintes futures Le projet m me d Outer Space de Peter Tscherkassky tient par le visage d une actri ce de s rie B emprunt un autre film L Emprise de Sidney J Furie En s en prenant la pellicule m me
25. je citerai quelques noms Pasolini Fellini Tarkovski Paradjanov P l chian Le cin ma d animation s inscrit il dans cette forme po tique du cin ma Plus qu on le croit car c est le terreau m me du d calage imm diat et de la proposition d un univers mental compl tement transfigu r La technique employ e dans Ligne de vie est tr s tonnante Elle m le vid o et pein ture C est un travail de surimpression et de super position fusionnelle C est dire que les des sins du peintre en noir et blanc ex cut s l encre de chine pour la plupart taient scan n s puis prenaient place dans le logiciel After Effect A partir de ce moment l il y avait deux postes diff rents l un pour animer les dessins et l autre pour la cr ation de l univers esth tique souhait A ce stade intervenaient aussi des images vid o tourn es cet effet des l ments r alistes roue corde chronom tre fum e terre et pluie etc qui venaient se fondre dans la peinture pour cr er des profon deurs de champ et des mat riaux vivants Je ne peux en dire plus le reste est un travail couche par couche qui se rapproche finale ment du travail du peintre mais en utilisant les nouvelles technologies ANALYSE Arr ts sur Histoire s Con u partir d un sch ma narratif clas sique un l ment anodin quelques traits dessin s sur un mur incite un homme reve nir sur son pass douloureux et se retr
26. l Arm e des douze singes invoquent un d sordre rig en principe de composition Cette vision tourment e que l on peut rap procher du baroque se revendique comme projection nullement comme imitation et elle transcrit la fi vre d un esprit d vor par la peur de l enfermement et de l immobilisme luttant contre les bords du cadre pour la libert de son contenu libert qui est bien souvent celle du chaos Ainsi Gilliam prend place entre Fellini et Bergman cr ateurs vivant l image cin ma tographique comme prolongement de l image mentale la sacrant unique proposition for muler quant la possibilit de comprendre le monde Le fait qu une uvre aussi riche d nude ainsi son propre mat riau explique que entre ses projets avort s notamment un Don Quichotte inachev ses d m l s avec les studios am ri cains la version am ricaine de Brazil amput e de quelques sc nes clefs et son utilisation sin guli re des stars Robin Willams dans Fisher King Bruce Willis dans L Arm e des douze singes Sean Connery dans Bandits bandits le cin aste perp tue la repr sentation de l auteur luttant dans et contre l industrie pour red finir l art qui en est la source ANALYSE Un art de la m tamorphose Le fait que le cin ma articule les vertus du mouvement et de la photog nie lui permet de conf rer au principe de m tamorphose l illu sion du sensible En cela The Crimson Permanent Assurance est une
27. la Geste arthurienne mais tr s vite Gilliam ressent le besoin d une ind pendance artistique et il r alise seul Jabberwocky adapt d un po me de Lewis Caroll Les activit s collectives n en sont pas pour autant abandonn es en tant qu acteur La Vie de Brian pastiche du Nouveau Testament ou r alisateur The Crimson Permanent Assurance ce court m trage tant le prologue du Sens de la vie mais c est des projets personnels que Gilliam consacre d sor mais l essentiel de son temps LES R GIONS DE L IMAGINAIRE COLLECTIF Son cin ma se caract rise par une implanta tion solide dans les territoires du mythe cycle du Graal Fisher King Passion L Arm e des douze singes l gendes populaires Bandits bandits condens jubilatoire des h ros de l enfance parses figures de contes De haut en bas The Crimson Permanent Assurance Le Sens de la vie Brazil monstres ogres et autres cavaliers de l apoca lypse sont convoqu s de film en film s inscri vant au sein d un imposant Imaginaire collec tif Le propre de ces r f rences est de se r v ler au sein d univers modernes voire futuristes le r ve icarien de Brazil cr ant par leur intru sion un choc qui est d abord esth tique A contrario lorsque le cin aste choisit la voie du merveilleux il Impr gne celui ci d un trivial qui s il rel ve du go t de l anachronisme cher aux Monty Python Sacr Graal o le roi Arthur est 28 emb
28. le regard du spectateur afin qu il trouve une autre fa on de regarder le film qui puisse le maintenir dans un autre type de fiction Le spectateur cherche toujours rejoindre des mani res de voir traditionnelles Nous sommes tous profond ment marqu s par les savoirs culturels et lorsque de l in dit appara t on se r f re obligatoirement ce que l on conna t d j sinon on ne le verrait m me pas Cependant on commence s interroger sur le fait fondamental de tout art produire un pro bl me qui largit notre vision du monde 5 Mati re Image 1 Le visage de Carla s crase contre un miroir sous l action d une force invisible Flicker 1 Le violent clignotement de ce visage en souffrance avec son image n gative et celle de la chambre images 2 et 3 entra nant leur d cadrage image 4 est scand par ses cris et les pulsations des percussions AU c ur de ce flicker s effectue la transition de la femme asservie et agress e la contre attaque L image de Carla saisissant une lampe de che vet image 5 se substitue aux images 2 et 3 et met fin l intermittence du montage Image 6 Elle lance la lampe vers le miroir qui se brise puis elle renverse la commode Ce plan inaugure un autre type de montage qui exacerbe la d sarticulation temporelle et spa tiale des gestes et rappelle ainsi la m thode de Sergue M Eisenstein Le cin aste sovi tique appelait la d construction narrative et
29. leurs souvenirs qu elle r crit partir de leur premi re version En 2001 elle r alise un premier court m trage en 35 mm La D faite du rouge gorge Laura Henno Dominique Gilliot Fabienne Gaston Dreyfus Bernd Richter Jocelyne Desverch re Catherine Vinatier Manuela Gourary Quico Herrero Charles Pennequin Propos de Val rie Mr jen LA GEN SE J ai t invit e enseigner pour Une ann e au Fresnoy et dans le cadre de cette invitation il y a en plus du salaire d artiste invit un budget de production j ai donc eu la possibilit de r aliser un court m trage et j ai eu envie de repartir des Portraits film s en reprenant certaines histoires que j avais des regrets de ne pas avoir utilis es je les ai r crites et on a tourn en studio en 16 mm avec des com diens professionnels ou non qui ont d apprendre le texte Finalement l id e c tait de proposer une version de fiction de cette s rie o les gens au d part racontaient des souvenirs eux Les anecdotes sont toutes authentiques Ce sont des histoires que m ont racont des amis ou des gens que j ai rencontr s J aime bien des histoires qui n ont l air de rien mais qui ont une charge un peu tragi comique un c t absurde et dr le et triste en m me temps Par exemple cette histoire d un homme qui sa m re avait arrach une tique dans le dos avec ses ongles en fait c tait son unique grain de beaut Cette histoire
30. matographique s est labor autour de cette attente du public d avoir l illusion de voir la r alit Quand je regarde un film j ai inconsciemment l impression que l image est en quelque sorte produite par moi m me Quand je vois un film avant gardiste qui contre dit fortement les perceptions cod es de la r alit c est comme une attaque contre ma propre perception d o le refus du film avant gar diste de la part du public Ce film ne veut pas de ma croyance et deman de au contraire de maintenir une sorte de dialogue sinon il ne fonc tionne pas Photogramme image isol e d une s rie photographique enregistr e sur le film Le film sonore d file la fr quence standard de 24 photogrammes par seconde ANALYSE In on under outer the image L inscription d Outer Space dans la trilogie en CinemaScope permet de mieux en saisir l en Jeu Tscherkassky parle de l Arriv e comme d une tude technique pour Outer Space un moment o il n utilisait pas encore le stylo laser En r f rence au film des fr res Lumi re L Arriv e d un train en gare de La Ciotat on assiste l av nement du cin ma Au d part la pellicule blanche puis le train entre arriv e qui co ncide avec la naissance de la cin mato graphie Les surimpressions provoquent alors une immense collision avec une seconde loco motive Les d combres retombent troisi me arriv e une femme somptueuse descend du train Un homme l accueille
31. pr figurant le regard distanci de Polanski Pirates 1986 Spielberg Hook 1991 ou Verbinski Pirates des Cara bes 2003 repr sentent la quintes sence du film de flibuste tout en inaugurant l re du soup on les arch typiques Le Pirate noir Parker 1926 Capitaine Blood ou L Aigle des mers Curtiz 1935 et 1940 sont d j loin Autre sous genre convoqu par Gilliam le film de mutins a souvent li aventures maritimes et r volte sociale Le Cuirass Potemkine Eisen stein 1925 Les R volt s du Bounty Lloyd 1935 Benito Cereno Roullet 1968 d apr s Melville ou Amistad Spielberg 1997 ne font pourtant pas oublier que les gal riens de Gilliam sortent tout droit de Ben Hur Wyler 1959 De haut en bas Bandits bandits The Crimson Pirate Pastiche ou parodie Selon G rard Genette auteur de Palimpsestes 1982 toute r criture d cal e d un texte pr existant nomm hypotexte peut tre quali fi e d hypertexte on parlera par analogie d hy perfilmicit pour d signer la relation qui unit un film un autre dont il s inspire Terry Gilliam de Bandits bandits L Arm e des douze singes qui adapte La Jet e de Chris Marker a tr s souvent revendiqu l influence d autres films sur ses propres uvres La terminologie de Genette per met d aller plus loin dans l analyse des relations hypertextuelles ou hyperfilmiques la diff rence doit tre faite entre le pastiche qui r
32. prolonge l union charnelle On peut ainsi mettre en rapport les inserts des mains qui d robent et des doigts qui caressent Enfin la dimension ludique du vol stimulant rotique appara t comme un hommage d illustres devanciers Des extraits de quatre films peuvent tre cit s Dans Haute P gre 1932 d Ernst Lubitsch les deux h ros pickpockets reconnaissent leur alter ego en subtilisant l autre des objets intimes L Affaire Thomas Crown 1968 de Norman Jewison dont le titre original The Thomas Crown Affair associe d j les deux motifs fait du film une partie d checs entre une enqu trice amoureuse et un milliardaire bandit Mais c est Hitchcock que le clin d il est le plus manifeste outre Pas de printemps pour Marnie auquel est emprunt le travelling arri re accompagnant la jeune femme qui marche vers la cam ra La Main au collet 1955 propose une sc ne d amour entre Grace Kelly et Cary Grant suspect par l admiratrice moustill e d tre un gentleman cambrioleur L explicite feu d artifice qui illumine cette s quence devient chez Doroth e Sebbagh la grande roue d une f te foraine 12 fes Le couftism du BALTHAZAR Productions pr sente CNE aide mwg programmes d Entreprise du Centre R gional de Ressotwees Audiovisuelles et de n Frocirep Carton 1 Carton 2 Val rie Donzelli Carton 3 Guillaume Savurrel Carton 4 Un Film de Doroth e Sebbaqu Carton 5 Ni vue ni connue Carton 6
33. rient entre eux en d signant l Homme Blond L Homme Brun regarde en direction de l Homme Blond avec un air de d solation Extrait du sc nario de Serge Av dikian et Raymond Delvax NB Pour le story board nous n avons retenu ici que les vignettes laissant de c t les indications techniques qui les accompagnent EXERCICES Ligne de vie offre de multiples possibili t s de travail sur l adaptation cin mato graphique d une uvre litt raire sur la transcription d une forme de sc nario en une autre et sur le passage du sc nario au film l tude du processus d ap propriation de la nouvelle de Raymond Delvax par Serge Av dikian l analyse de la transformation des codes ver baux en codes visuels l examen des op rations de s lection et de modifica tion des donn es de la fiction originelle de la nouvelle la continuit dialo gu e de la continuit dialogu e au story board puis du story board au film d animation constituent autant d ap proches permettant d valuer la sp cifi cit de l criture cin matographique Nous avons retenu ici l incipit de la nou velle ainsi que le d but de la continuit dialogu e et du story board afin de faciliter une comparaison avec l ouver ture du film analys e dans le dossier principal TUDE DE L ADAPTATION l examen de chacune des tapes de l adap tation peut permettre de souligner les possi bilit s d expression mais aussi les con t
34. sont ensemble Or certains plans ponctuent avec malice cette narration tr s lin aire travers un jeu de reflets et de miroirs Par ailleurs dans les plans larges du grand magasin le vigile se retrouve souvent en arri re plan derri re Alice et les autres clients guettant insidieusement Ainsi lorsque la jeune femme s appr te sortir du magasin avec son grand sac et son nouveau butin Pascal envahit le cadre la confrontant alors au danger qu elle encourt et qui p se sur elle depuis le d part Au tout s curitaire Alice r pond par une atti tude qui lui conf re une honn tet d apparen ce salutaire pour ses activit s Dans la premi re occurrence du grand magasin v tue d un manteau rouge elle agit sans complexe et sans faire trop d efforts pour se cacher Sa tech nique consiste voler de mani re ostentatoire et exag r e pour paradoxalement passer inaper ue Lorsqu elle retourne dans le maga sin la fin du film la donne a chang Pascal est entr dans sa vie et sa technique de voleu se ne peut qu en tre alt r e Elle porte alors un trench myst rieux clich du film suspen 11 se des talons hauts bruyants et son attitude tourment e attire sur elle tous les regards y compris et surtout ceux de Pascal Le jeu initial du vol s est d plac vers la qu te de l autre au d triment de l objet La souris s est faite prendre son propre jeu Le basculement de l une l autre de ces
35. synopsis du film e Exercice 2 la continuit dialogu e Apr s avoir tudi l effet suscit par l absen ce de dialogue au style direct dans le court m trage demander aux l ves de choisir deux personnages et d crire une sc ne de dialogue entre eux sous la forme d une continuit dialogu e e Exercice 3 le story board Proposer aux l ves d imaginer une s quen ce suppl mentaire pour le film de Serge Av dikian et de la pr senter sous la forme d un story board 1 Voir Analyse de s quence pp 6 7 2 Voir le second atelier p 7 Synopsis r sum du sc nario sur une ou plusieurs pages selon la longueur du film venir r dig au style indirect et sans dialogues Continuit dialogu e description d taill e de l action du film d coup e en sc nes et comportant le texte des dialogues Chaque sc ne y est pr c d e des informations suivantes ext rieur ou int rieur jour ou nuit lieu de l action Story board d coupage du film pr sent comme une bande dessin e avec pour chaque plan une ou plusieurs vignettes g n ralement accompagn e s d indications techniques et d une br ve description de l action 38 R f rences LIGNE DE VIE ANTELME Robert L Esp ce humaine Paris Gallimard 1957 d revue et augment e 1996 CLAIR Jean La Barbarie ordinaire Music Dachau Paris Gallimard coll NRF 2001 Cit dans l un des ateliers sur
36. transformation appropriation Paris Galerie nationale du Jeu de Paume 1995 BEGHIN Cyril DELORME St phane LAVIN Mathias Entretien avec Peter Tscherkassky in Balthazar n 5 printemps 2002 pp 24 29 BL MLINGER Christa Visage trouv Sur Outer Space in Balthazar n 5 printemps 2002 pp 20 23 NOGUEZ Dominique loge du cin ma exp rimental Paris Paris exp ri mental coll Classiques de l avant garde 2 d revue et augment e 1999 CHAMONIX BOUQUET St phane L Occupation des sols in Pointligneplan cin ma et art contemporain L o Scheer 2002 VISINET Arnauld En qu te du r el in BREF n 45 t 2000 p 58 VISINET Arnauld Chamonix de Val rie Mr jen in BREF n 55 hiver 2002 03 p 33 THE CRIMSON PERMANENT ASSURANCE BARNIER Martin BOULLY Fabien Le Sens de la vie documents p dago giques Lyc ens au cin ma Lyon d AcrirA 2000 BOUINEAU Jean Marc Le Petit livre de Terry Gilliam Spartorange 1992 JACQUIN Philippe Sous le pavillon noir Pirates et flibustiers Paris Gallimard coll D couvertes 1988 KAHN St phane The Permanent Crimson Company in BREF n 55 hiver 2002 03 pp 40 41 LE COURT METRAGE EVRARD Jacky KERMABON Jacques Une encyclop die du court m tra ge Paris ditions Festival C t court Yellow Now C t cin ma para tre Les entr es de cette encyclop die entrem lent auteurs films
37. vacillement de ce qu il cherche en vain cerner l identit 1 Robert Bresson Notes sur le cin matographe op cit p 112 23 k LA POURSUITE EN VOITURE L ANNIVERSAIRE CHAMONIX ANALYSE DE S QUENCE Parler avec les mots des autres Constitu de mentions blanches d filant sur fond noir au son d une voix off le g n rique de fin de Chamonix abolit l image au profit du r gne sans partage du Verbe mais d un Verbe qui ne laisse pas d tre lui m me fort partag Son contenu d voile en effet au spec tateur un jeu subtil de distribution des r les et de transfert de la parole La liste des acteurs est class e par ordre d apparition celle des auteurs de r cits par ordre alphab tique impossible de savoir qui parle pour qui mais on remarque des r currences de noms ce qui suppose que certains racontent leur propre histoire d autres non en fait le dispositif est plus pervers encore puisque Dominique Gilliot auteur et actrice raconte l cran une histoi re de Val rie Mr jen On note que des membres de l quipe technique sont acteurs auteurs o les deux que la cin aste si elle r crit les r cits des autres leur a aussi confi l un de ses souvenirs personnels On constate enfin un d s quilibre entre les listes de noms 9 acteurs 8 auteurs un blanc qui suscite une nigme quel est le nom manquant Les mentions mat rialisent donc un double jeu sur le docum
38. 003 12 minutes 35 mm 1 1 66 Noir et blanc couleur Visa n 101 550 Filmographie N en Arm nie sovi tique en 1955 Serge Av dikian arrive en France lorsqu il est adolescent Il se passion ne pour la litt rature et le th tre fait le conservatoi re d art dramatique de Paris et conna t une belle car ri re d acteur entre th tre de Marivaux Tenessee Williams en passant par Genet t l vision en France en Suisse et en Allemagne et cin ma Le Pull over rouge de Michel Drach en 1979 Le Cahier vol de Christine Lipinska en 1992 o encore plus r cem ment Aram de Robert Kechichian en 2002 pour ne citer que quelques films Travers par le d sir de parler du peuple arm nien et de le confronter son histoire Av dikian au d but des ann es quatre vingt passe la r alisation par le documentaire Sans retour possible en 1983 Que sont mes camarades devenus en 1984 puis s essaye la fiction notamment Mission accomplie en 1992 M sieurs dames en 1997 et Entre deux rames en 2000 osant parfois des formes plus marginales J ai bien connu le soleil un po me cin matographique en 1989 ou Lux Aeterna en 1999 un montage d ar chives Super 8 du tremblement de terre de d cembre 1991 en Arm nie Il rencontre alors le nouvelliste et peintre belge Raymond Delvax avec qui il entreprend la r alisation de Ligne de vie Entretien avec Serge Av dikian Ligne de vie peut il tre vu comme une rupt
39. Buchstabe On peut se contenter d entendre dans cette confusion un cho aux troubles de la reconnaissance ou de l interpr tation qui pars ment les autres r cits et en faire le dernier sympt me d une irr ductible difficult d identification de d limitation des contours Mais la bifurcation de la proposition d signe aussi un point de but e parce qu elle engendre une r p tition celle du mot Name nom et non pr nom alors que l adjectif anonyme accol au mot cadeau dans la VF a disparu de la phrase En ce lieu de la signature qu est le g n rique que vient signaler ce trouble autour du nom Premi re remarque si on lit cette r p tition comme une r ponse l absence signal e d un nom dans la liste des t moins on ne sera pas surpris d apprendre que ce nom manquant est celui de Mr jen et que cette absence est elle m me la traduction d une r p tition deux de ses souvenirs sont racont s par deux actrices diff rentes fa on de marquer la pr sence de l auteur par une lacune un vide un retrait qui serait sa marque de fabrique sa signature voir les ellipses dans les r cits de rappeler en perturbant la logique de transfert des voix que ce qui se dessine dans le tissu des paroles chang es est bien un autoportrait mais en creux Deuxi me remarque qu est ce que le nom sinon ce qui pr tend l identification pos sible en inscrivant l identit dans le langage ce
40. Il ne s agit pas pour autant d un retour au point de d part puisque les lignes bris es difficilement interpr tables initialement d couvrent in fine un corps f minin d sormais reconnaissable AUTOUR DU FILM Agents de transmission Si le dessin anim dans sa frange la plus nor mative et commerciale se consacre g n rale ment au divertissement Ligne de vie n est pas le premier film d animation aborder un th me aussi grave que celui de la barbarie concentra tionnaire et plus vastement de la guerre Qu il s agisse de longs m trages destin s au grand public le Journal d Anne Frank de Julian Wolff en 2000 ou Le Tombeau des lucioles de Isao Takahata en 1988 de dessins anim s p dagogiques destin s la diffusion t l visuel le la s rie Il tait une fois l homme de car toons de propagande r alis s par les grands studios notamment am ricains durant la seconde guerre mondiale citons entre mille autres l tonnant cartoon Education for Death produit par Disney en 1943 ou encore de courts m trages d auteurs d une grande force m taphorique par exemple Voisins de Norman McLaren en 1952 la guerre n est pas un sujet tabou dans le cin ma d animation et les mani res de l voquer sont nombreuses Cela dit Ligne de vie est un film r ellement dif f rent de tous ceux que l on vient d voquer Il ne se destine pas sp cifiquement aux enfants n est en rien un film de propagande et affron te so
41. Intacts vierges int rieurement Enfin le conseil donn ces mod les Parlez comme si vous parliez vous m mes vise favoriser le monologue aux d pens du dialogue On pourra donc choisir l une des s quences de Chamonix et mettre en avant le travail du com dien neutralit apparente refus du jeu interdiction des gestes exag r s pour pr ciser l influence du cr ateur de Pickpocket 1959 et de L Argent 1983 sur les portraits de Mr jen avec par ordre d apparition Laura Henno Dominique Gilliot Fabienne Gaston Dreyfus Bernd Richter Jocelyne Desverch re Catherine Vinatier Charles Pennequin r gt Dispositif Chamonix permet de mettre en avant la notion de dispositif d une s quence l autre les l ves peuvent tre amen s rep rer les constantes de la mise en sc ne fixit du cadre recours au plan s quence unicit et immobilit du personnage fimage frontal regard cam ra neutralit du jeu vocation d un souvenir Pourtant si Val rie Mr jen joue de toute vidence sur la r p tition il convient aussi de mettre en avant les variations observables d un plan l autre Travail sur les couleurs g om trisation de l espace dur e des s quences alternance des acteurs ou relation des personnages l histoire sont autant d l ments qui mettent en relief chaque plan et permettent de le consid rer aussi comme une entit autonome l tape suivante en classe pourrait tre la pr
42. abordant d autres uvres Autour du film Le second niveau signal par les zones gris es et r dig par un enseignant propose des ateliers p dagogiques directement d duits du texte principal En outre dans le dossier sur Outer Space des encarts suppl mentaires introduisent les d finitions de termes techniques utilis s dans les diff rentes rubriques o elles sont signal es par des ast risques Par ailleurs une lecture transversale des cinq courts m trages du programme s ajoute ces deux niveaux elle explore plus librement une question non directement exploit e dans les autres textes Echos plastiques dans la cr ation filmique Enfin la rubrique Exercices d veloppe une ini tiation l analyse et l criture de plusieurs formes de sc narios Les r f rences donn es en derni re page du livret ne reprennent pas les ouvrages cit s dans les dossiers consacr s aux films elles sugg rent d autres lectures et indiquent d ventuels outils p dagogiques disponibles sur diff rents supports manuels de cin ma sites internet On trouve ra galement sur le site internet de l APCVL www apcvi com d autres compl ments notamment le sc nario de Ni vue ni connue le story board de Ligne de vie et la nouvelle de Raymond Delvax dont le film est l adaptation ainsi qu une version en ligne du livret p dagogique Ce pictogramme indique un lien direct avec la fiche l ve Ce pictogramme indiqu
43. aleur de symbole L acte cr ateur d Av dikian et de Delvax est en opposition totale avec la barbarie puisqu il choisit pr cis ment d utiliser le dessin pour la d noncer On pourra s attacher dans cette perspective proposer aux l ves des recherches sur des artistes tels que Zoran Music Felix Nussbaum ou Wladyslaw Streminski qui ont directement rendu compte de l univers concentrationnaire qu ils ont connu On remarquera en outre que leur statut d acteurs et de t moins de la trag die permet leur uvre d chapper un d bat qui concerne entre autres le film d Av dikian En d veloppant la th se selon laquelle crire un po me apr s Auschwitz est barbare Prismes 1951 le philosophe Theodor W Adorno a d nonc le processus obsc ne de banalisation du g nocide et d effacement de la m moire que serait le d sir de faire de l Art partir des camps ou simplement apr s la Shoah Puisque toute culture cons cutive Auschwitz y compris sa critique urgente n est qu un tas d ordure Dialectique n gative 1966 l art ne pourrait chapper cette culpabilit qu en se supprimant Th orie esth tique 1970 Pourtant il pr terait alors son concours la domination sans langage et c derait ainsi la place la barbarie ibidem Le paradoxe tient cette expression que les uvres d art r alisent la place des malheurs qui restent muets Th orie esth tique 1970 Il faut donc continuer r
44. alisa tion paradoxale c est le versant bressonnien de Chamonix mais aussi le texte dont la pr sence est souvent restitu e chez les cin astes de la parole par une transgression des r gles de la diction naturaliste Eug ne Green trans pose les r gles de diction du th tre baroque qu il a t ch de reconstituer avec l usage sys t matique des liaisons aux dialogues de son film Toutes les nuits adaptation de la premi re Education sentimentale de Flaubert enfin le silence la fois dans l nonciation les pauses et dans l nonc le non dit Ce dispositif imite aussi pour le pervertir celui du t moignage dans le documentaire jusque dans la volont ethnographique de recueillir D lits flagrants de Raymond Depardon 1994 des accents des parlures sp cifiques qu on retrouverait chez un Pierre Perrault De ce point de vue la r f rence majeure chez Mr jen est Depardon distance fixit des cadres m taphore du tribunal ou de la d posi tion qui voquent Faits divers et surtout D lits flagrants Mais si Depardon filmait la v rit de profil Mr jen ne peut filmer de face que des acteurs des personnages la parole filtre par le trou du masque per sonare sans doute parce que cette v rit m rite un d tour Celui de la r criture voque un autre grand mod le Eustache qui a explor successivement presque toutes les possibilit s de la par
45. ans mais aussi la texture la surface et l paisseur du ruban Ce travail sur la mati re se traduit par diff rents types d interventions d grader la pellicule avec des produits chi miques comme la Javel pour faire r agir les couleurs la gratter pour effacer l image et cr er d autres formes d coller les diff rentes couches de l mulsion pour ne garder qu une 20 empreinte fantomatique des figures film es la cin aste fran aise C cile Fontaine est alors une r f rence D autres effets peuvent tre obte nus en exposant les pellicules aux intemp ries par exemple en les oubliant dans un mar cage comme l a fait le trio allemand appel Schmelzdahin Les cin astes r v lent ainsi la beaut plastique de la pellicule en cr ant de nouvelles figures et veillent la sensibilit du spectateur ces effets sans pour autant sacri fier la part de discours des films qui ressort de la mani re dont leur Intervention alt re le sens et la visibilit de ces images trouv es et choi sies FLICKER Avec le flicker montage de photogrammes produisant un effet de papillonnement les cin astes choisissent d prouver le regard du spectateur celui qu il porte sur le monde et sur l image Son origine peut tre attribu e Peter Kubelka avec Arnulf Rainer r alis en 1958 60 Ce portrait du peintre se r sume un cligno tement d environ six minutes de purs noirs et blancs Tscherkassky a aussi travaill avec
46. arqu dans un v hicule de police s en loigne pourtant Jabberwocky et sa dulcin e odieuse Bandits bandits et son ogre perclus de douleurs d clinent les modalit s de cette contamination constitutive du style de Gilliam pour qui l image est multiple travers e de courants contradictoires qui l installent dans un d s quilibre fondamental L IMAGE EN MUTATION PERP TUELLE Cette obsession de l h t rog n it dont le premier signe h rit des Monty Python r side dans l apparition de dessins anim s aux c t s de figures de chair et de pellicule souligne la qu te de personnages vers les mod les que la fiction voque pour tresser leurs ombres Brazil o Fisher King En d terrant la valeur subver sive des fables ancestrales en r v lant les arch types au sein d une repr sentation de la r alit actuelle Gilliam raconte une histoire ternelle celle de la r volte de l homme contre un syst me qui l asservit Ce salutaire anarchis me s alimente d une r flexion autour de l ima ge men e d abord sur sa subjectivit fonda mentale d lire r ve hallucination elle est produite par un regard ensuite sur sa forme les fr quentes inclinaisons des cadrages le choix de t l objectifs heurtant les personnages aux parois de l objectif Las Vegas Parano de grands angulaires d couvrant des profondeurs vertigineuses la fin de Brazil la saturation du champ par une multitude d l ments l asile de
47. bjet de d sir ALICE AU PAYS DES MERVEILLES Alice volue dans un monde rempli d objets qui illustre parfaitement cette fameuse soci t de consommation dans laquelle nous vivons L environnement social qu elle laisse deviner par le biais des deux coups de t l phone permet de penser qu elle y est bien int gr e elle a un travail une famille sans trop de difficult s financi res et une vie a prio ri normale Alors pourquoi vole t elle Par manie par plai sir par jeu Elle semble trouver sa place gr ce au vol en poss dant des objets futiles Elle acquiert une certaine libert et exprime son statut social par ce pouvoir d achat d rob La spatialisation d Alice dans le film rel ve de cette th matique Perdue dans des cadres larges l int rieur des magasins elle s appro prie l espace et l objet Les gros plans de ce film en font une caract ristique majeure de son esth tique La dialectique plan large gros plan s applique r v ler le d tail Les mains expertes se laissent observer le geste est pr cis le regard franc l impunit totale La cam ra accompagne l paule les d lits introdui sant une proximit physique et une dynamique qui contrastent avec l anonymat et la fixit des grands magasins Si l anecdote du vol l tala ge ne trouve d autre finalit que dans le rap port au monde et par extension l autre le gros plan focalise sur l infiniment petit cr ant une intim
48. c est que pour moi son nom r sonne comme une promesse I ne suffit pas d avoir envie de filmer les gens il faut bien les filmer Pour la derni re s quen ce j avais l id e d un personnage qui se pre nait pour une h ro ne de roman policier un peu comme Fanny Ardant dans Vivement dimanche 1983 Une femme qui met un imperm able de polar avec une coiffure appr t e et des talons hauts Je recherchais le m me effet pour Alice mais je ne savais pas que les talons de ses chaussures allaient r son ner si fort dans le magasin Au final je n ai pas essay de feutrer ce bruit au contraire il agis sait comme un m tronome il cr ait une ten sion Toute l quipe s est cal e dessus de l in g nieur du son au machiniste qui r glait son travelling arri re Film d actrice Pas seulement J avais remar qu Guillaume Saurrel dans Carr ment l ouest 2001 de Jacques Doillon et depuis J avais envie de travailler avec lui L a priori il n avait pas le physique de l emploi il n est pas tr s grand ni tr s baraqu mais puisqu au cin ma on croit ce qu on voit on lui a mis un costume de vigile et un brassard Voil a donne une ambigu t au personnage la fois dragueur de supermarch et plut t tr s malin Et puis il avait le petit truc en plus une personnalit s duisante doubl e d une r ser ve f brile quelque chose de fi vreux qui le rend vraiment attachant ANALYSE Cet obscur o
49. culture comme un des cinq P les R gionaux d ducation l Image en France Cette reconnaissance nationale est cette ann e confort e puisque le Centre national de la cin matographie a confi l APCVL la r alisa tion de tous les documents dit s pour cette nouvelle dition de Lyc ens au cin ma Ouvrir chaque ann e les portes des cin mas de notre r gion plus de 10 000 lyc ens provo quer leur esprit critique et pourquoi pas susciter des vocations voil trois bonnes raisons de sou haiter une pleine r ussite cette neuvi me di tion de Lyc ens au cin ma en r gion Centre Le Pr sident de la R gion Centre Rapprocher les jeunes de la culture et de l du cation artistique sont deux axes prioritaires de l action du Minist re de la culture et de la com munication C est dans cette dynamique que s inscrit l op ra tion Lyc ens au cin ma mise en uvre par le Centre national de la cin matographie CNC et le Minist re de la culture et de la communica tion en partenariat avec le Minist re de l duca tion nationale et les Conseils r gionaux de 21 r gions Elle concerne aujourd hui 140 000 l ves de 1 110 lyc es et 525 cin mas parte naires privil gi s du dispositif Lyc ens au cin ma en r gion Centre 2003 2004 permet aujourd hui 11 200 l ves de 96 ta blissements lyc es d enseignement g n ral lyc es professionnels lyc es agricoles de se confronter la culture cin mat
50. de l exem plaire premi re strophe peut tre men e en ce sens Scribble away up up up your premium It s fun to charter an accountant And sail the wide accountancy To find explore the funds offshore And skirt the shoals of bankruptcy It can be manly in insurance We ll up your premium semi annually It s all tax deductible We re fairly incorruptible We re sailing on the wide accountancy 33 chos Si le court m trage poss de une r elle autono mie comme l indique son statut de compl ment de programme du Sens de la vie d autres images de l pisode tourn es par Gilliam figu rent dans le film Ainsi la fin de la V section le spectateur d couvre la m me attaque de la Very Big Corporation of America du c t des membres du conseil d administration interrom pus au milieu de leurs d lib rations Il est int res sant d tudier les cons quences de ce change ment de point de vue et tout particuli rement de comparer les diff rentes chutes La seconde fois un gratte ciel crase l immeuble des flibus tiers La voix off justifie cette m thode exp ditive par le n cessaire combat contre l intrusion de la s quence Les Python retrouvent ici l occa sion de ce film sketches l un des principes de leur s rie t l vis e qui fonctionne autant sur la r p tition que sur l encha nement de s quences h t roclites Les pr g n riques du Flying Circus qui d t
51. de la religion juive Empruntant la voie ouverte par d illustres pr d cesseurs des pionniers Guitry aux modernes Godard Oliveira Mr jen en pre nant le parti de la parole film e adopte le dis positif le plus radical le plus provocant non seulement elle ne filme que la parole comme v nement et r cit d v nements mais elle la filme de face et en son in instituant en r gle la transgression d un autre tabou du cin ma clas sique le regard cam ra Ainsi mise en lumi re la parole est tudi e sous deux angles D abord celui visuel de l mission la co ncidence de la voix et de sa source renvoie au fantasme d une subjectivit unifi e sans cesse menac e de dis sociation corps silencieux voix off elle r it re le miracle de l incarnation et fait appara tre la parole comme geste elle est aussi une Souvenirs de l infra ordinaire tentative pour capturer ce qui n a pas de bords discernables pour peindre la voix les cin astes de la parole de face de la prof ration de la parole sont aussi souvent des cin astes de l articulation jusqu l exag ration Straub qui comme Mr jen semblent vouloir d couper les contours de la parole en ma tri sant son flux Ensuite celui de l coute Il s agit de faire entendre la voix dans son accep tion physique intimit d une prise de son on ne peut moins th trale qui restitue la moindre d glutition et subjective par une neutr
52. des outils math matiques pour le montage m trique de Sechs ber Eins 1982 Si l on prend six chiffres 123456 il existe 720 possi bilit s de les combiner Une possibilit est de commencer par le plus petit 123456 le nombre suivant sera 123465 et le plus grand 654321 J ai attribu chaque chiffre un pho togramme avec une certaine valeur lumineuse de 1 6 on passe progressivement d un pho togramme compl tement blanc un autre compl tement noir Ce film de 3 minutes est donc un trange flicker de quelques 720 com binaisons de 6 photogrammes Rien ne se r p te il y a toujours un infime changement Si je ne le montre plus il m arrive d utiliser les math matiques pour structurer des transi tions Ainsi apr s la premi re attaque dans Outer Space quand les perforations qui appa raissent en relief partent de la droite du cadre et traversent l cran c est blanc et je voulais que cela devienne noir Le rythme nerveux du montage et les jeux de lumi re du flicker nous permettent d exp ri menter l intensit le surgissement de l nergie que le cin aste communique la lumi re se d pla ant en phase Renouveau visuel voir le film de cette fa on c est le conna tre sur un mode sensoriel avec la m me imm diatet que le syst me nerveux quand il reconna t que quelque chose est chaud Pennequin par Laurence Moinereau Sur des fonds abstraits de couleur variable travers s de taches
53. diff rentes approches analytiques du cin ma analyse textuelle analyse du r cit ana lyse de l image et du son psychanalyse analyse historique CHION Michel L audio vision son et image au cin ma Paris Nathan coll Fac Cin ma 1990 Sp cialiste de cette question Michel Chion pr sente ici une synth se tout fait accessible des non sp cialistes de ses diff rents travaux sur le son au cin ma SIETY Emmanuel Le plan au commencement du cin ma Paris Cahiers du cin ma CNDP coll Les petits cahiers 2001 Une tude approfondie des diff rentes questions li es au plan cin matographique qui d velop pe plusieurs analyses d taill es sur Les 400 coups Playtime O est la maison de mon ami et Pather Panchali et s enrichit de textes de cri tiques et de cin astes mais aussi de documents de travail Dictionnaires PASSEK Jean Loup dir Dictionnaire du cin ma Paris Larousse coll In Extenso 2 vol 1995 Dictionnaire tr s complet qui propose des entr es par cin astes acteurs producteurs techniciens genres coles mouve ments esth tiques mat riels et termes techniques PINEL Vincent Vocabulaire technique du cin ma Paris Nathan coll R f 1996 INTERNET www agencecm com le site de l Agence du court m trage qui propose une base de donn es sur les courts m trages fran ais et trangers diffu sion programmation actualit festivals et diff rents liens
54. e Le film explore les limites de la repr sentation filmique des pathologies psychiques travers des effets sp ciaux affichant clairement sur l cran les traumas et les angoisses de Marnie notam ment sa phobie du rouge et du bruit Cleptomanie m lancolie et comportements pathologiques ces affections s tendent au del du vol et se doublent g n ralement par le mensonge Pour chapper aux policiers Michel ment et use de stratag mes afin de cacher ses m faits il dissimule les bijoux vol s dans la plinthe de sa chambre de bonne et cache ses amis la provenance de ses reve nus Marnie elle n h site pas se teindre les cheveux et utiliser de faux papiers pour n tre pas reconnue et reprendre ses activit s malhonn tes Dans Comme elle respire 1998 de Pierre Salvadori Jeanne Marie Trintignant souffre de mythomanie Apr s avoir quitt son fianc elle se lie d amiti avec une vieille dame laquelle elle raconte ses malheurs elle serait rejet e par sa famille plu t t riche Ce mensonge entra ne des quipro quos et Jeanne finit par se faire enlever contre une ran on Sous le charme d un des malfrats elle s enfuit en Corse avec lui pour qu ils puis sent enfin s aimer jusqu au jour o elle s in vente une nouvelle histoire avant de repartir Croyant ses propres mensonges elle souffre au fond d une profonde m lancolie et malgr son caract re enjou son regard en atteste Elle
55. e que c est plus difficile je pense 1 Robert Bresson Notes sur le cin matographe Paris Gallimard 1975 p 18 ANALYSE Le vacillement du portrait La structure de Chamonix n est pas celle d un r cit mais d abord celle d un dispositif sc nique au sein duquel se d veloppent des micro narrations verbales successives Le dispositif est premi re vue contrai gnant ferm r p titif Les anecdotes sont vari es et surprenantes par leur invraisemblance la brutalit de leur chute ou l absence d un message qui en rendrait le sens lisible Le dispositif est marqu par la plan it et la frontalit Les r cits ench ss s dans ce cadre s ou vrent et se ferment comme une s rie de parenth ses ou de fen tres dessinant en arri re plan les fragments d une perspective Cette articulation d termine un sys t me dont il s agit d identifier les m canismes et les effets Le mod le esth tique le plus pr gnant dans Chamonix est celui du portrait peint ou photographi qu vo quent la frontalit le regard cam ra la fixit du cadre la plan it du fond A cela s ajoute la pose d acteurs quasi immobiles ainsi que leur silence en d but et en fin de prise Si portrait il y a c est donc que les acteurs sont des mod les mais des mod les dou s de la paro le ce qui nous entra ne du c t de Bresson de ses voix blanches de ses gestuelles minimalistes chez Mr jen comme chez lui ce qui appara t d ab
56. e d but de l hiver car en hiver les cailloux sont lourds de glace et les mains collent aux poign es de la brouette Tout est plus dur plus lent M me l Allemand au record d passe alors le quart d heure Si je n arrive pas treize minutes et cinquante neuf secondes avant le d but de l hiver il me faudra attendre le printemps pour am liorer ma performance Un cri retentit encore Pourquoi ces cris Nous savons tr s bien ce que nous devons faire Peut tre les gardiens crient ils pour se r chauffer pour faire savoir qu ils sont l Ce cri est peut tre la seule preuve de leur existence Il m est arriv de penser qu ils criaient simplement pour ne pas devenir fous Parce qu ils ne parvenaient plus supporter l insupportable Parce qu ils voulaient nous aider remplir pousser et vider nos brouettes et qu ils ne le pouvaient pas Oui il m est arriv de penser cela Extrait de la nouvelle de Raymond Delvax Extrait du story board de Serge Elissalde 37 Ext rieur Camp de concentration Le ciel est gris sombre Des charpes de brouillard entourent les baraquements d un camp de concentra tion lui donnant un aspect irr el Des projecteurs balaient l air empli de brouillard Quelques fant mes errent sortant des baraquement peines visibles Des pieds mal chauss s avancent petit pas en rang dans la boue Des mains sales re oivent des rations de pain La roue d une brouette avance lent
57. e de cr ation Descendre toute vitesse le courant de cette histoire aller chercher ici et l les images qui correspondent diss quer les l ments fondamentaux pour les multiplier les condenser et les recomposer tait un proces sus incroyablement jouissif Dans le film de Sidney J Furie l entit du titre original se manifeste dans plusieurs plans par des ph no m nes lumineux et lectriques une lampe de chevet qui s allume et s teint un clair aux formes anthropomorphiques le fr missement de l ombre des feuillages projet par l clat de la lune sur le visage de Carla endormie ainsi que sur les murs de sa chambre l intermitten ce du signal d alerte exposant ou laissant dans l ombre les yeux de Carla effray s par le spec tacle de l entit se lib rant du pi ge tendu pour la capturer Dans Outer Space les tech niques particuli res de montage de Tscherkassky utilisant le pointeur laser pour traquer le corps de la jeune femme ou la vio lence explosive du flicker ne trahissent elles pas galement une pr sence Pr sence d un regard celui du cin aste entr en force dans l image pour la remodeler mais aussi celui du spectateur voyeur pr sence galement de cet espace ext rieur d sign par le titre du film Outer Space engage en effet une r flexion sur l espace filmique et ses limites en explorant les entours de l image pas seulement le hors champ mais ce qui
58. e la pr sence de compl ments sur le site www apcvl com Ligne de vie par Dick Tomasovic Un homme g regarde trac sur un mur un dessin qui fait remonter en lui des souvenirs douloureux de l poque o il tait prisonnier d un camp de concentration Il se souvient des lourds cailloux qu il lui fallait porter sans rel che de la barbarie des gardiens et d un homme mort de cette t che absurde et cruelle Il se souvient surtout d un autre prisonnier un homme barbu qui ne cessait de dessiner en cachette seule preuve de vie et d humanit dans ce camp de la mort Un soir un des gardiens surprit le dessinateur et contre toute attente se mit dessiner avec lui Cependant ils furent bient t tous deux d couverts Le soldat fut pendu et l on coupa les mains de l homme barbu Ce dernier continua pourtant dessiner Les gardiens l abattirent alors froidement tandis qu il tra ait les traits d une femme sur un mur celui l m me que le vieil homme regarde actuellement La fresque seul reste du camp de concentration est devenue un m morial de Serge Av dikian FICHE TECHNIQUE Production Les Films de l Arlequin Sc nario Serge Av dikian Raymond Delvax d apr s sa nouvelle et ses peintures Story board Serge Elissalde Image Fred Tribolet Images vid o Fran ois Paillieux Son Christophe Bourreau Musique Michel Korsky Voix Bernard Ballet Montage Simon Pradinas Animation Alain Amielet France 2
59. ec des effets d apr s coup Chamonix ou le coup de fil propos de la lettre en chocolat implique une attente de plus ou moins longue dur e dix minutes pour le grand p re qui ne la supporte pas une Journ e pour l anniversaire plusieurs ann es dans Chamonix met le souvenir en ab me il se souvient que la dame est veuve r injectant de la dur e et donc du mouvement dans ce qui semblait le plus irr ductiblement inerte Toujours mort D placement d ordre herm neutique tous ces r cits reposent sur un m canisme de d calage Entre les apparences et la r a lit il engendre l erreur la poursuite en voiture entre l attente et son r sultat la d ception l anniversaire entre la cause et sa cons quence la surprise le m canisme jouant cette fois l endroit du spectateur l histoire du grand p re Ainsi rien n est conforme ce qu il y para t Dans Chamonix l apparente rigidit du syst me donne nais sance des variations et circulations multiples la pseu do cl ture s ouvre sur la labilit d un sens jamais conte nu dans les limites troites de l anecdote rebondissant sur des fausses chutes qui servent botter en touche C est que la nettet du trait dessin des silhouettes concision de la phrase clart de l locution d bouche sur l aporie qui est celle du portrait vouloir enclore la personne dans les limites de la figure et qu il faut y r introduire autrement le
60. egistr es Cette interrogation est suscit e par le passage d manations fumeuses par la reconnaissan ce de fragments de bitume au contact des roues en gros plan Ces bribes photogra phiques de la prise de vue traces fulgurantes d un r el brumeux difficilement repr sen table peignent un fond de l image qui ouvre une perspective autre que la troisi me dimension fatale de la d tention spatiale risque de continuit mortelle entre la figure et le lieu Le traitement par couches de mati res h t rog nes attribue au dessin film une profondeur temporelle Le dessein de l espace repr sent oscille ainsi entre une claustration des personnages dans des lieux concentrationnaires et une possibilit de lib ration dans les effets plastiques de la pro fondeur imag e Le traitement de l espace dans Outer Space se caract rise aussi par des probl mes d ins cription pour le corps film dans son cadre de vie Mais dans ce cas la mise mal de la repr sentation spatiale contient le sens du film plut t qu elle n exprime plastiquement les enjeux narratifs d sign s par le r cit La pr sence d une femme dans une maison est ici repr sent e de mani re mettre en pi ces cet tat donn Les diff rents proc d s de fragmentation et de d multiplication l image entre les images s emparent la fois du voyant le corps en jeu et du vu le lieu vide L affolement audiovisuel d truit la r f rence au mod
61. ement se frayant un chemin enfonc e dans la boue La brouette est remplie de cailloux La roue cogne se bloque Les cailloux se d versent se r pandent sur le sol humi de et froid Des cris des ordres des insultes Deux mains ramassent au plus vite les cailloux et les replacent dans la brouette Les cailloux en tas ressem blent aux quignons de pain Un Homme Brun se rel ve essouffl et attrape les barres de sa brouette Voix int rieure de l Homme Brun Le jour ne s est pas lev La roue se remet en marche La cadence s acc l re Arriv e destination la brouette d verse les cailloux sur d autres tas Un chronom tre dans une main gant e Le doigt appuie sur le bouton Le chronom tre indique 14 min 23 sec Les Gardiens rient entre eux en suivant la concurrence des prisonniers L un des Gardiens chronom tre assis sur un banc Voix int rieure de l Homme Brun Il m est arriv de penser que les Gardiens criaient sim plement pour ne pas devenir fous Parce qu ils n arri vaient plus supporter l insupportable Parce qu ils voulaient nous aider remplir pousser et vider nos brouettes et qu ils ne le pouvaient pas Le jour ne se l vera pas Les brouettes se croisent dans la boue Un Homme Blond et fort pousse rageusement sa brouette Il va de plus en plus vite Il court arrive au tas de cailloux et d verse Le Gardien chronom treur appuie sur le bouton 11 min 07 sec Les Gardiens
62. en r gion centre ligne de vie ni vue ni connue the permanent crimson assurance outer space SOMMAIRE La culture est un espace d expression de diff rence et de tol rance Respecter et comprendre l acte de cr ation s impose nous comme une n cessit vitale pour notre devenir collectif face l uniformatisation croissante des fa ons de faire et de penser C est pourquoi inciter les plus jeunes se construire un esprit critique mieux com prendre le monde qui nous entoure est un d fi permanent Cela est particuli rement vrai dans un monde o l image est omnipr sente et dont l histoire r cente a d montr qu elle pouvait tre sujette caution Lyc ens au cin ma s inscrit dans un vaste projet de sensibilisation et d ducation l image dans lequel la R gion Centre s est engag e Car si depuis plusieurs ann es nous soutenons l mer gence d une nouvelle g n ration de r alisateurs de l criture du sc nario la diffusion en salle des uvres cette action prend v ritablement sens travers un accompagnement simultan de l ducation critique du jeune public Chaque ann e depuis huit ans cette op ration permet aux lyc ens de notre r gion quels que soient leur fili re et le lieu o il sont scolaris s d avoir acc s ce savoir Cette op ration r gionale est coordonn e par l Atelier de Production Centre Val de Loire label lis par le Minist re de la
63. ent ces lignes rejouant sym boliquement l enfantement sont d j des lignes de vie M me au camp j avais r us si les garder pr cise le personnage Art et camps propos de ses lunettes Cette phrase est v rita blement l embrayeur du flash back Nommer les souvenirs prononcer le mot camp fait directement surgir le pass l cran Apr s l importance du regard c est la force de la parole en tant qu elle peut restituer l Histoire qui est mise en vidence Les images claires sont gagn es par l obscurit Fondu encha n G n rique plan 4A Un lent recul de la cam ra laisse alors appa ra tre un paysage boueux le mouvement d ap pareil a permis de glisser dans le pass L espace semble pr sent inintelligible contrairement au lieu du pr sent Des brumes des taches parfois font obstacle la vision Suit un long travelling qui expose le camp de concentration des fils barbel s s imposant au premier plan comme pour barrer le regard La cam ra ne peut que suivre ces lignes bris es auxquelles un tissu est accroch flottant dans le vent avec beaucoup de fluidit il s agit d une image vid o comme une vaine ligne de fuite qui ne serait l que pour renforcer la force carc rale des autres l ments du d cor plan 4B Nouveau fondu encha n qui contribue encore un peu plus perdre tout rep re spatio temporel L endroit confus se vit comme un cauchemar Il ne se laisse pas ap
64. entaire l ancrage dans le r el est assur par l identification de certains t moins et la fiction qui se glisse dans l cart entre les listes et soulignent le principe de superposi tion des voix t moin crivain acteur qui fait de chaque r cit un palimpseste ce que confir me d une autre mani re le r cit en voix off Cette voix est celle de l acteur Bernd Richter qui raconte nouveau mais en allemand l anecdote de la lettre en chocolat Il n est pas difficile de comprendre qu il s agit de sa rs Mod les Il n est gu re possible de comprendre les consignes donn es ses com diens par Val rie Mr jen sans faire r f rence Robert Bresson dont les Notes sur le cin matographe manifestent une extr me d fiance l gard des acteurs trop proches du th tre Plus ils s approchent sur l cran de leur expressivit plus ils s loignent Leur voix travaill e comme chez XT n est plus ni me ni chair Seule solution pour le cr ateur cin matographique avoir recours des mod les qui ignorent la notion de jeu Il ne s agit pas de jouer simple ou de jouer int rieur mais de ne pas jouer du tout L apparente monotonie de leur diction Soumets tes mod les des exercices de lecture propres galiser les syllabes et supprimer tout effet personnel voulu assure ainsi un gain en profondeur et en v rit Les mod les sont m canis s ext rieurement
65. entre la fin des ann es 60 et celle des ann es 70 Les auteurs qui font partie de ce mouvement international sont am ricains Paul Sharits canadiens Michael Snow autrichiens Kurt Kren Peter Kubelka ou encore allemands et anglais Le tra vail de chacun diff re mais on peut formuler deux principes fon damentaux le film est r flexif il se consacre lucider quelque chose de son propre fonctionnement et donc participe d une description voire d une d finition du cin ma il s inscrit dans un programme d investigation d ensemble sur les propri t s et les puissances du cin ma 2 Voir Autour du film p 20 Propos de Peter Tscherkassky L ARCH OLOGUE D COUVRIR LE FILM SOUS LE FILM Dans un film il existe beaucoup d autres films cach s Je pourrais confier L Emprise dix artistes de found footage on obtiendrait dix films com pl tement diff rents Derri re le sens premier des images fabriqu es industriellement partir desquelles je travaille se cache toujours un autre sens une autre Image J essaie d approcher de mani re arch olo gique le mat riau d y p n trer pour d couvrir d autres couches de sens Dans mes derniers films mon travail consiste extraire du mat riau fil mique les rudiments d une histoire afin d en laborer une nouvelle de faire interagir les personnages de mon histoire avec le mat riau d origi ne Je regarde des centaines de fois le footage choisi Ces l ments dev
66. envoie un processus d imitation ludique et la parodie qui implique une transformation humoristique de l objet de d part The Crimson Permanent Assurance appartient la premi re cat gorie le court m trage rel ve l gard du film de pirates d une entreprise imitative entre la moquerie et la r f rence admirative qui cherche retrouver le style d un genre et traiter Sa mani re une intrigue qui n aurait pas d s y rapporter L ing niosit du film consiste nous donner voir l imitation en acte en montrant des personnages et des l ments de d cor qui se parent progressivement des attributs du genre A l oppos Sacr Graal o La Vie de Brian rel vent d une intention parodique qui tient de la d pos session l enjeu est la transformation humoris tique de genres film de chevalerie ou hagiogra phie biblique qu il s agit de travestir et de subvertir Une petite chanson L humour des Monty Python s est souvent mani fest par l intrusion de la com die musicale dans le r cit Les pirates de la Crimson ne d rogent pas cette r gle Il s agit cette fois d imiter la chanson de marin traditionnelle en croisant les champs lexicaux de la comptabilit et de la navi gation gr ce des termes polys miques charter funds offshore des jeux de sonorit s accoun tancy laisse entendre sea o des expressions mixtes the wide accountancy the shoals of ban kruptcy scribble away Une analyse
67. epr senter l extermination quitte transgresser des tabous On citera cet gard deux artistes tr s diff rents Le premier Art Spiegelman avec la bande dessin e Maus 1987 raconte le g nocide travers les souvenirs de son p re survivant d Auschwitz il fait des Juifs des souris et des Nazis des chats Le second Zbigniew Libera propose un exemple plus controvers Son Lego Concentration Camp Set 1996 est constitu de briques permettant de construire la maquette d un camp D lib r ment provocatrice l uvre est une violente remise en cause de la banalisation et des m canismes de fonctionnement de nos soci t s Une barbarie sans nom Le camp du film n est jamais explicitement pr sent comme un camp nazi On peut travers un nouveau visionnage voir comment le r alisateur joue sur cette ind termination La voix off refuse ainsi de nous livrer des informations pr cises sur l espace et le temps Par ailleurs aucune identit n est donn e L homme sans cheveux ou l homme barbu n ont pas de nationalit Le dessin ne fournit pas davantage d indices refusant de s attacher des d tails drapeaux uniformes qui autoriseraient une identification Le propos du r alisateur qui convient que le spectateur ne pourra pas s emp cher de penser au nazisme est de souligner que l horreur perdurera tant que l humanit continuera exister dans un sch ma bourreaux victimes S inscrit alors en filigrane
68. er Ainsi le ton de leur rencontre s illustre dans la com die de ruptures en rup tures usant tour tour du suspense et du d sir mutique pour finir en romance embryonnaire ANALYSE DE S QUENCE Plans de vol Le g n rique de d but de film doit composer la fois avec les mentions crites extra di g tiques des diff rents artisans et avec la n ces sit de plonger le spectateur au c ur de l ac tion Ni vue ni connue imbrique imm diate ment le g n rique dans l histoire sans en ralen tir ou en suspendre l entr e en intrigue per met la caract risation imm diate du personna ge principal et la mise en place du r cit Alice est vue de mani re fragmentaire travers les gros plans de ses mains et du bas de son visa ge Le spectateur peut alors reconstruire men talement le personnage en l identifiant ses actes Car ses vols manifestes font d Alice une cleptomane d s le premier plan o elle d ro be un petit bracelet Le personnage identifi le sujet plant la s quence g n rique rev t une forme originale un r cit clos alternant efficacement les cartons et l histoire et fonc tionnant de mani re autonome avec une intrigue nou e autour du vol l talage et du risque de l arrestation et une chute la sonne rie surprenante du t l phone Les cartons jouant la carte de la pause narrative introdui sent dans le r cit un temps suspendu accen tu par la musique qui alourdit tr s rap
69. es Crimson bien qu ayant sous le joug de leurs jeunes patrons les d pass l ge de la retraite continuent de travailler tels des gal riens Le licenciement de l un d entre eux attise la r volte les vieux salari s muant les tampons encreurs en manches de sabre les portemanteaux en crochets et les bureaux en planches supplices an antissent alors les arrogants managers qui les asservissent Puis ces mutins d tachent leur immeuble du sol auquel l amarre une cha ne s av rant tre une ancre et bord du b timent lib r partent l abordage d autres antres de l oppression financi re Le Central Business District verra ainsi un de ses gratte ciel pilonn coup de tiroirs et ses raiders impavides r duits n ant Seules les limites de la terre plate qu ils arpentent pr cipitant leur glorieux difice dans le vide auront raison de ces septuag naires cumeurs 27 de Terry Gilliam FICHE TECHNIQUE Production The Monty Python Partnership Image Roger Pratt Son Debbie Kaplan Musique John Du Prez D cors Random Mickael Beard Westbridge Studios Peter Pullen Costumes Joyce Stoneman Cascades William Hobbs Maquillage Claire Careau Interpr tation Sydney Arnold Andrew Bicknell Myrtle Devenish Eric Francis Billy John Grande Bretagne 1983 15 minutes 35 mm 1 1 85 VOSTF Couleur Visa n 57 482 Filmographie 1974 Monty Python sacr Graal Monty Python and the Holy Grail co r a
70. es Temps modernes quand il fait se succ der la vue des ouvriers se rendant l usine celle d un troupeau de moutons assigne un statut d vidence la comparaison qu il dresse s av re ne poser que les pr misses d une mutation venir Elle est amorc e par d autres mati res expressives la musique en premier lieu toute en cuivres en cordes et en battements de tambours vo quant le film d aventures hollywoodien le bruit ensuite puisqu l crasement des tam pons et au maniement des calculettes se m le le claquement du fouet la voix enfin off et ext rieure l action qui d un ton autoritaire d crit le contexte et amorce l histoire garante de leurs vraisemblances et gardienne de la nar ration qui les utilise D s lors l enjeu de Gilliam sera de r duire le d calage entre les physiques path tiques et la grandiloquence lyrique des r f rences romanesques d att nuer les effets de similitude jusqu les dissoudre au sein d une m me image sonore Ce souci passe par l utilisation de la syllepse proc d symptoma tique des pouvoirs du cin ma puisqu il s agit de doter une chose d un sens diff rent de celui sous lequel on la per oit trivialement tout en conservant son aspect ordinaire seule l iconi cit fondamentale du cin ma peut muer les portemanteaux en crochets les pales du venti lateur en p es ou les tables en planches ex cuter les tra tres Cette red finition
71. est construite cadrage qui isole maniement qui transforme montage qui ach ve de changer l invention en constante la r currence des tampons utilis s comme 29 manches de sabres ces derniers n tant que des outils de rangement de bureau ou des toiles de protection de l chafaudage de l im meuble mu es en voiles Elle est suppl e par les effets sp ciaux m lange de maquettes de d cors r els et d images avec incrustation qui l ancre qu on d terre du trottoir o elle est enfouie l loignement du b timent voguant sur le sol prolongent l effet de r el obtenu par la m ticuleuse peinture de l im meuble d affaires dans son quartier cette flui dit assure que la fusion des deux mondes la trag die des sans grades du lib ralisme et les aventures chevel es des corsaires s effectue sans hiatus Le jeu pratiqu tient dans l utilisa tion d un certain nombre de situations muti nerie abordage d part en mer de plans le supplici s lan ant dans le vide les prison niers enferm s dans une cale ici un coffre fort la vue en contre plong e du toit de l immeuble comme poste de vigie voire de gestes le lynchage le combat l p e l action de jeter le grappin sur le navire le b ti ment piller connus pour stipuler la reven dication d une cat gorie th matico modale le film de pirates sous genre du film d aventures maritimes lui m me sous genre du film d aventu
72. et l embrasse Le train de la cin matographie nous livre ce que le cin ma aura si fortement impos notre univers l action la violence l amour ou le sexe Pour le second volet j avais encore plus envie d int grer le personnage central d un film et de le faire interagir directement avec le mat riel filmique Son travail alterne ici entre analyse et motion C est l que le titre Outer Space prend tout son sens ne s agit pas comme dans L Emprise de la lutte de Carla Barbara Hershey avec une force agissante une nergie d sincarn e et agressive venue de l espace sid ral sens pre mier de outer space mais de celle contre les incursions violentes des l ments venus des bords du photogramme perforations et bande son de l interaction entre ce qui est dans l image in et le support le corps de la pellicule qui parce qu il doit normalement demeurer invisible est d fini comme ext rieur out Toutefois cette deuxi me histoire r v l e par Tscherkassky semble d j inscrite dans les images de L Emprise Certains effets plastiques et un traitement particulier de la lumi re propre au film fantastique ont peut tre d clench le processus cr ateur d Outer Space permettant au cin aste de d couvrir une route qui l a conduit travers le film d origine et qui a abouti son film Ainsi partir d un certain moment la suite de chaque image devenait absolument vidente pendant l act
73. f 27607 VHS D lits flagrants DVD zone 2 Arte vid o Gaumont Tristar Home Vid o 2003 ADAV R f 15061 DVD Le Sens de la vie DVD zone 2 Columbia Tristar Home Vid o 2000 ADAV R f 37297 DVD Sources iconographiques tous droits r serv s Sauf mention contraire iconographie photogrammes Ligne de vie Les Films de l Arlequin Ni vue ni connue Balthazar Productions Outer Space p 0 e t picture production Sixpack Films Chamonix Le Fresnoy The Crimson Permanent Assurance The Monty Python Partnership P 8 Cecile Starr photo Jeff Guess p 22 APCVL J r me Parlange p 26 Connaissance du Cin ma p 28 Les Grands Films Classiques p 33 Carlotta Films Warner Bros Les droits de reproduction des illustrations sont r serv s pour les auteurs ou ayants droit dont nous n avons pas trouv les coordonn es malgr nos recherches et dans les cas ventuels o des mentions n auraient pas t sp cifi es l est une nigme que le cin ma d un genre l autre d poque en poque de film en film ne cesse d ex plorer sans jamais la r soudre celle du visage Enchev trement de lignes somme de traits succession d ex pressions agglutination de masques le visage dit en m me temps qu il donne voir la puissance motive du cin ma ce moment o l image rejoint et sublime l indicible m me Le nouveau programme de courts m trages s lectionn pour l op ration Lyc ens au cin ma en r
74. fait g n ralement beau coup rire et quand on y r fl chit elle est ter rible Je choisis aussi des histoires qui sont vraies mais qui paraissent tellement invraisem blables que je pense qu elles ne passeraient pas en fiction LA DISTRIBUTION DES R LES Dans Chamonix il y a trois com diennes pro fessionnelles Jocelyne Desverch re Manuela Gourary et Catherine Vinatier Jocelyne qui jouait d j dans La D faite du rouge gorge raconte ici un souvenir moi Quico Herrero raconte sa propre histoire et aussi Charles Pennequin Il est le seul improviser j avais r crit son histoire mais il ne l a pas apprise Dominique Gilliot tait r gisseuse et le dernier Jour il nous restait du temps et de la pellicule donc je lui ai propos de participer ainsi qu Laura Henno qui tait la photographe de pla teau Laura Henno raconte une histoire de Dominique Gilliot et Dominique Gilliot une his toire moi L histoire de Chamonix est une his toire de Yolande Decarsin l ing nieur du son LA DIRECTION D ACTEUR J essaie d viter les gestes que les gens font volontairement de fa on calcul e pour produi re un effet Comme le cadre est fixe le d cor tr s d pouill les gestes exag r s sont grossis Il reste les petits gestes que les gens font auto matiquement Par exemple Dominique Gilliot Jette des regards de droite et de gauche parce qu elle est inqui te je trouvais a bien J encourage les gens
75. ge miniaturisation d un Wall Street en carton p te partir de la mani pulation des objets se dessine une vision du monde entre falsification po tique et d nonciation satirique Le geste de d tour nement artistique par rapport aux enjeux du pouvoir financier r fl chit aussi les limites du trucage de l imaginaire Le dernier plan des sin o la conqu te spatiale se radicalise en chute comique montre que tout horizon artistique comporte dans sa r invention du r el un point de rupture Diane Arnaud 1 Louis Marin D truire la peinture Paris Flammarion coll Champs 1997 2 Voir ce propos l ouvrage de Pierre Francastel La Figure et le lieu Paris Den el Gonthier 1980 pour la r f rence l espace centr du Quattrocento de la pein ture italienne au c ur des d bats sur la perspective 3 Cf Fritz Lang Le Secret derri re la porte The Secret Beyond the Door 1948 4 Voir Analyse de s quence pp 12 13 EXERCICES Le sc nario LCR a LI FT ee gna i 27 octobre 1943 Quelque part dans le nord de l Allemagne Nous avons re u notre morceau de pain il y a d j long temps Il est toujours dans ma poche dur comme un caillou comme ces cailloux amoncel s l bas que je charge dans la brouette et que je transporte ici Des brouettes de cailloux des amoncellements de morceaux de pain durs Il faisait encore nuit quand on me mit en main ce quignon Il fait encore n
76. idement le suspense Le carton titre se donne de fait lire comme l apoth ose de l troite imbrication entre texte et image Alice la voleuse peut sortir du magasin ni vue ni connue De mani re subtile cette s quence annonce les partis pris narratifs et esth tiques du reste du film et en donne les cl s de lecture la dialec tique des gros plans d tails et des plans larges monstrateurs Cartons 1 et 2 Ces deux premiers cartons pr sentent la production du film et les diff rents organismes qui l ont soutenu Le fond rouge pr pare l apparition du manteau d Alice La musique originale d marre au d but du plan rythm e par des accords de synth tiseur Vol et baisers Plan 1 Cette premi re image fixe en gros plan des mains f minines qui survolent des brace lets qui en essaient un et le dissimulent sans difficult sous une manche Cette vision tron qu e r v le beaucoup sur le personnage mais aussi sur le sujet du film Alice est cleptomane et agit sans tre vue ni reconnue Elle n est pas facile saisir car si la s rie de gros plans qui suit s int resse aux objets du d lit et sa mani re de proc der elle ne livre qu une vision fragmentaire du personnage Et elle se double de l effet pris sur le vif que procure la cam ra l paule en l g re plong e Carton 3 Le troisi me carton pr sente l actri ce Val rie Donzelli en r ponse l apparition des mains d Alice La musi
77. ie du th tre et ses rapports avec l image sont sou vent pens s comme conflictuels On sait que l av nement du parlant a provoqu la vindicte des partisans d une suppos e puret de l art cin matographique On se rappelle moins en revanche que le premier film officiellement par lant Le Chanteur de jazz 1927 d Alan Crosland traite du conflit entre un fils qui veut se donner en spectacle dans les cabarets et son p re qui le veut chantre la synagogue l intrigue se noue autour du chant de Kol Nidr qui a lieu l entr e du jour du Grand Pardon et constitue avec la demande du pardon des p ch s dont le plus grave est l idol trie culte des images la c r monie centrale d une reli gion exclusivement fond e sur la parole Qu Hollywood r gle la question par une r con cillation ne peut tonner mais la pens e reli gieuse de la difficile articulation image parole ne cessera de nourrir la r flexion des cin astes de l appropriation d miurgique du Verbe par Welles la mise en sc ne de l interdit par Straub dans Mo se et Aaron Mo se incarnant le refus de la Trinit cin matographique de l image de l affect et de la fiction en pas sant par le discours godardien sur l Incarna tion Il est alors tentant de relire l interpr tation de la fin de Chamonix disparition de l image but e sur le nom la lumi re du prochain projet de Val rie Mr jen un documentaire sur l abjuration
78. iennent mon alphabet pour composer un nouveau film En montrant cette vie l int rieur des images je transforme la structu re horizontale du film narratif en une structure verticale selon la dis tinction classique entre la structure narrative de la prose o le r cit se d ploie suivant une ligne horizontale et la po sie o chaque mot est susceptible d avoir de nombreuses significations Je consid re mes films comme de la po sie cin matographique j aime travailler par stratifica tions par surimpressions Comme les principales caract ristiques freu diennes du travail du r ve je proc de par condensation et d placement Je sors ces images trouv es de leur contexte d origine les transf re sur la pellicule vierge pour cr er un nouveau contexte puis les condense par des superpositions multiples cr ant ainsi plusieurs nouvelles significa tions dans chaque photogramme L EMPRISE Au d part je ne connaissais pas L Emprise mais je savais ce que je vou lais faire provoquer des interf rences du mat riau avec l action repr sent e J ai choisi la copie dans un catalogue pour son co t moindre 50 et son r sum une femme est harcel e par un fant me invisible Quand j ai vu le film j ai su que j avais trouv J ai remarqu dans la pra tique du found footage que le film utilis d termine l atmosph re des uvres Le ton est tr s diff rent selon que l on choisit un film des ann es cinquante comme bea
79. insensible la lumi re rouge que j impressionne par contact en superposant les photogrammes que j ai rep r s dans un film ici L Emprise J ai alors deux options impressionner un certain nombre de photogrammes en me servant d un agrandisseur photo comme source lumineuse ou utiliser une sp cialit de mon invention un pointeur laser LE RAY MAN C est en voyant des enfants jouer avec ces stylos qui mettent une esp ce de rayon laser que l id e m est venue d utiliser cet instrument en chambre noire Je peux ainsi composer ma propre partition en impres sionnant seulement les parties des photogrammes qui m int ressent image apr s image Apr s cette op ration j enl ve le premier extrait pour en installer un autre dont j impressionne aussi uniquement les l ments qui m int ressent Ce n est absolument pas pr cis m me si je connais bien les images Cette part de hasard m int resse Je peux aussi impressionner la pellicule avec des objets Man Ray l un des premiers cin astes faire des films uniquement en chambre noire l a initi en 1923 dans Le Retour la raison pour lequel il a utilis divers objets tels que des punaises des aiguilles du sel qu il posait sur une pel licule vierge avant de l impressionner Je lui ai rendu hommage en recou rant ce proc d dans Dream Work ATTAQUER LE PUBLIC La cin matographie a t invent e pour enregistrer la r alit et pour la reproduire Le langage cin
80. iri geantes inscrite dans le jeu sur la profondeur plans 1 ou 12 la n cessit de l union pour les opprim s le travelling au plan 2 le mon tage des plans 9 10 et 11 le panoramique au plan 13 et de leur r volte plans 14 et 16 sont donn es comme tapes de la lutte des classes Le cin ma de Terry Gilliam con oit ses images comme lieux de passage entre deux poques deux tats deux contextes charg s de produire de l in dit Une d claration quasi militante pour un art en perp tuel mouve ment Plan 1 0 0 Un visage soucieux occupe le premier plan lorsque la cam ra pivote il s loigne d voilant une pi ce sombre o assis de vieux employ s r p tent les m mes mouvements robotiques d arri re en avant A son bloc notes on comprend que l homme est un chef Une voix off indique le contexte l Angleterre de 1983 en pleine D pression son emphase tant suppl e par une musique tout de cordes et de cuivres la tonalit dra matique Plan 2 0 11 Un travelling conjoint les plans rapproch s des employ s au labeur m ca nique ce mouvement se poursuit Jusqu la main d un chef qui crisp sur un formulai re gr ne un Consternant puis remonte jusqu au torse d un autre chef Celui ci rejoint un homme semblable allure avec lequel il parle le tout saisi en un mouvement semi circulaire La voix off pr cise le lieu une compagnie d assurance les opprim
81. isme d coratif plan fixe vue frontale cadrage du corps contre un pan de mur de couleur monochrome bleu parme orange qui entrave la pro fondeur de champ La subtilit du malaise spatial se joue travers le principe s riel de la cr ation Le principe de la r p tition du m me accentue l attention du spectateur sur des variations plastiques brillances et mati t s diff rentes nuances color es d clin es formes attenantes au corps film d plac es de la doublure de l ombre l clat lumineux du vernis laqu Le travail filmique de palet te graphique qui tend accentuer la plan i t dans la repr sentation spatiale sensibilise le spectateur des correspondances plas tiques entre chaque lieu tout en consid rant ces tableaux vivants de fa on autonome Il y a n anmoins une variation de taille dans ce dispositif de corps parlants Le dernier portrait de vie film introduit une nouveau t la pr sentation d une porte ferm e ouvrant potentiellement sur une des tranches du hors champ la poign e est visible juste au bord coupant de l image Une belle fa on de nous accompagner jus qu la sortie LE GESTE PLASTIQUE AU CIN MA DES MAINS VOL ES AUX MAINS VOLEUSES ET AUX OBJETS D TOURN S La gestuelle des personnages va maintenant motiver un second rapprochement fantas matique entre cin ma et peinture I s agit de voir en quoi le maniement intradi g tique l insistance sur les
82. it de ton et de situation en contras te avec les lieux publics Le visage d Alice lon guement scrut par la cam ra appelle cette intimit pour rentrer dans la confidence et le format large accentu par l utilisation des longues focales et par un son d lib r ment brouill permet le lien dans un m me plan entre l intime de l infiniment petit et l anony mat de l infiniment grand Alice est alors cer n e par des objets aux formes floues et aux contours uniformes c est elle qui focalise sur les d tails et laisse la cam ra suivre ses moindres faits et gestes LE JEU DU CHAT ET DE LA SOURIS La rencontre entre Alice et Pascal se place d s le d part sur le mode du mensonge Elle vole lui surveille elle d joue sa surveillance lui veille Un complexe jeu de regards se met en place pour d finir le r le de chacun Et une certaine Ind termination plane d ailleurs sur ce point partir de la s quence du m tro Pascal tait il d j au courant des agissements d Alice avant de l inviter prendre un verre Leur dia logue ambigu peut le laisser croire lorsque la jeune femme lui demande par provocation s il sait ce qu il y a dans son sac plastique il r pond que cela fait partie de son m tier de le savoir mais que le boulot c est fini et que de toute fa on il s en moque Le d coupage du film a cela de classique qu il op re un va et vient en champ contrechamp d s que ces deux personnages
83. le analogique et l unici t du regard port rendant caduque le d coupage analytique regard cam ra plan subjectif Le principe de la d structuration qui se contamine du lieu occup au lieu per u du visible au regard induit la folie d une vision projet e l ext rieur de soi Evoquant parfois les coups de couteaux du montage dans Psychose Hitchcock 1960 34 contre le corps nu de Marion Crane la pul sation de l image dans Outer Space tend son pouvoir voyeuriste et sadique envers la structuration de l espace filmique consa crant la p n tration du champ et du contre champ ainsi que l clatement du champ en crans multiples Le traitement de l espace cass et d doubl rend n cessaire pour le spectateur du film de prendre un certain recul devant les brisures de la repr sentation La discontinuit perceptive de l espace susci te ainsi une participation la vie des formes soustraites au principe de repr sentation mim tique ce qui interroge la port e de tout regard dans la salle obscure Chamonix ne pose apparemment pas le m me probl me de d structuration spatiale Le film tablit une reconnaissance imm dia te des personnages dans les lieux filmiques Le dispositif impose une fixit dans leur mode d apparition qui selon un mode expressif plus t nu que fracassant permet aussi de d caler l vidence perspective Les actes plastiques de parole sont empreints d un certain minimal
84. le souvenir du g nocide arm nien auquel Av dikian a consacr d autres films Un parall le pourra ainsi tre tabli entre Ligne de vie et Ararat d Atom Egoyan 2002 Le r alisateur arm no canadien voque deux fa ons de repr senter le g nocide Aux images pr tendument r alistes qui par une reconstitution historique cherchent en vain montrer ce qui s est pass s oppose l acte du peintre Arshile Gorky avant son suicide l artiste a fait un tableau d une photo le repr sentant en compagnie de sa m re Le cin aste r p te le geste du peintre en conservant la m moire de ce que le g nocide a an anti rs Cycles Il faut recr er le r el il faut le p trir d clare Serge Av dikian La pr sence de prises de vues r elles dans des plans dessin s participe bien d une fusion images vid o et peinture se confondent dans Ligne de vie On peut s appliquer rep rer les plus visibles des diff rents l ments emprunt s la vid o Chronom tre roue corde poss dent ainsi des caract ristiques communes Instruments de torture voquant la circularit et la contrainte ils renvoient travers la vie absurde que leur mouvement sugg re aux cycles des ch timents des Enfers de l Antiquit Si le faisceau de la lampe de poche des ge liers d limite lui aussi un p rim tre circulaire on remarquera que le film entier dont les premier et dernier plans sont identiques mime cette figure de l encerclement
85. lisateur avec Terry Jones co sc nariste animateur et interpr te 1976 Jabberwocky idem r alisateur 1979 Monty Python la vie de Brian Monty Python s Life of Brian de Terry Jones co sc nariste chef d corateur animateur et interpr te 1981 Bandits bandits Time Bandits r alisateur producteur et sc nariste 1982 Monty Python Hollywood Monty Python Live at the Hollywood Bowl de Terry Hughes co sc nariste et interpr te 1983 Monty Python le sens de la vie Monty Python s The Meaning of Life de Terry Jones r alisateur du compl ment de programme The Crimson Permanent Assurance et de la s quence qui le reprend dans le long m trage co sc nariste animateur et Interpr te 1985 Brazil idem r alisateur sc nariste 1988 Les Aventures du baron M nchhausen The Adventures of Baron M nchhausen r alisateur et co sc nariste 1991 Fisher King The Fisher King r alisateur 1995 L Arm e des douze singes Twelve Monkeys r alisateur 1998 Las Vegas Parano idem r alisateur et co sc nariste 2004 Good Omens en pr paration LE R ALISATEUR Terry Gilliam la cr ation jets continus Plac e sous le signe d une fr n sie de savoir la Jeunesse universitaire de Terry Gilliam n Minneapolis en 1940 se partage entre la phy sique les Beaux Arts et les sciences politiques Mais ces ann es Los Angeles sont surtout celles de son apprentissage a
86. lui des autres dont l individu est ainsi d s sa naissance prisonnier Le point de but e ici ce serait cette mal diction de l origine par la gr ce de la langue allemande dans laquelle le verbe cl t la subordonn e le mot de la fin de Chamonix est anfing qui signifie com men ait laquelle on chapperait en inver sant le m canisme en faisant parler les autres en parlant travers eux Jean Eustache dans La maman et la putain faisait dire Jean Pierre L aud Parler avec les mots des autres voil ce que je voudrais Ce doit tre a la libert J avais 17 ans et j tais l cole normale aux Pays Bas et dans ma classe sur un banc devant moi y avait une fille qui portait une blouse blanche Je ne la voyais que de dos et je pouvais percevoir que son soutien gorge tait tenu par un lastique blanc fendu et un bouton cousu artisanalement Pour comprendre mon tonnement il faut savoir que j ai t lev dans une boutique o on vendait des corsets et des soutien gorges et o la couleur dominante tait le rose saumon I y avait des lacets de 10 m tres des crochets des baleines et autre attirail Voyant ce spectacle de l lastique blanc je suis tomb amoureux Mais comme j tais tr s timide je ne savais pas comment le dire Heureusement il y avait la f te traditionnelle de Saint Nicolas o on s offrait des cadeaux anonymes et j ai donc d cid de lui offrir une lettre en chocolat corres p
87. n mise mal de la troisi me dimension et aux empreintes artistiques entre l il l esprit et la main du cr ateur des fictions fil miques Les diff rences visibles entre les uvres dessinent ainsi des rapprochements po tiques propres la fabrication de l uvre sur le plan de la figuration spatiale et de la repr sentation du geste plastique MALAISE DE LA PROFONDEUR DANS LA FIGURATION DE L ESPACE Ligne de vie Outer Space et Chamonix trai tent le probl me de la forme et du fond de la figure et du lieu selon diff rents styles et techniques visuels qui marquent tous une certaine forme de d r glement perceptif par rapport l espace repr sent L inscription des personnages dans leur lieu de vie tend d truire la profondeur perspectiviste Les mises en sc ne selon des styles divergents suscitent une perte de rep res plus ou moins vidente l chelle du lieu ou de l espace fil mique Cette possibilit expressive renvoie l univers de la peinture dans son approche de l abstraction li e la plan it du support de pr sentation La d n gation de la profon deur illusionniste implique le spectateur dans une d chirure de la repr sentation qui s carte du mod le de la mim sis imitation des apparences L cho pictural s entend par rapport la crise de l art figuratif qu il s agisse des dessins de Michaux et de L on Delarbre pour Ligne de vie du cubisme ana lytique de Braq
88. n sujet sans d tour m taphorique et sans refuge humoristique Serge Av dikian n a Jamais consid r son film comme un film d ani mation mais simplement comme un film qui utilise d autres mat riaux que l image photo graphique et la bande son n est en rien celle d un dessin anim et ne recourt pas au mic keymousing c est dire au bruitage stylis musicalement et caricatural comme c est le cas traditionnellement dans le cartoon Au contrai re toute la sonorisation du film est terrible ment r aliste Le court m trage n est d ailleurs pas confin aux festivals d animation et touche un public bien plus large que celui des aficio nados de ce genre tr s particulier En v rit s il fallait trouver une paternit pos sible ce film dans le registre du cin ma d ani mation on penserait ce tr s beau et remar quable film militant intitul L Id e et r alis par le Hongrois Berthold Bartosch Paris entre 1930 et 1932 d apr s les gravures sur bois du belge Frans Masereel Comme dans le cas de Ligne de vie il s agit d une adaptation cin ma tographique d un travail graphique pr existant et le film se propose en cons quence moins comme un dessin anim proprement dit que comme un d coupage anim cors par le dessin comme l crivait Lo Duca La sp cifi cit de L id e tient en partie sa technique qui utilise un nombre impressionnant de surim pressions et d objets divers
89. nc le rassemblement du photo maton la galerie de portraits mais en outre en d pit d une d multiplication des coupures des limites Isole ment tranchant du cadre noirs il autorise la circula tion de deux l ments qui semblent pouvoir ais ment les franchir les couleurs les r cits Les couleurs des fonds lient des plans par contigu t le kaki de l histoi re des enveloppes celui de l histoire du soutien gorge et de la lettre en chocolat ou distance le bleu de Chamonix le r cit titre revient dans le r cit final les couleurs des v tements la lettre en chocolat che mise violette et veste gris bleu puis l anniversaire veste violette tee shirt bleu mauve suscitent par leur d placement des associations entre les r cits dont le principe varie sans cesse le r cit titre et le r cit final lien structurel les enveloppes et le soutien gorge lien th matique la diff rence des sexes mais aussi cho entre deux motifs l enveloppe et la bo te aux lettres le sens se diffusant ainsi en r seau au travers des mailles d une parole unifi e par la r criture enco re une histoire de tissu textus Le d placement est galement l uvre dans les r cits eux m mes D placement d ordre temporel quand se d ploie dans le hic et nunc du portrait ranim l pais seur d un souvenir reposant sur la superposition de plu sieurs strates de pass l anecdote se d roule en deux temps av
90. ne supporte pas la solitude ni le manque d amour d faut d une vie int ressante elle pr f re tisser un r seau de mensonges pour attirer l attention des autres Si Alice dans Ni vue ni connue a besoin de passer par le vol pour engager une relation avec Pascal Jeanne choisit quant elle la voie de l affabulation Mais elle ne semble pas souffrir de cette imposture la diff rence d Alice Si l on pousse encore l examen de ce genre de traumas au cin ma notre r flexion croise la route de L Adversaire 2001 de Nicole Garcia Tir d un fait divers effroyable ce film retrace la souffrance de l imposture de Jean Claude Romand dont le double de cin ma Jean Marc Faure est interpr t par Daniel Auteuil Accul mentir pendant des ann es sa famille il finit par l assassiner pour ne pas avoir affronter son jugement D un film l autre de la d linquance au mensonge du mensonge au crime le cin ma r v le ainsi sa capacit explorer l me humaine au risque d ouvrir sur d insondables gouffres 1 Robert Bresson Notes sur le cin matographe Paris Gallimard 1975 coll Folio 1995 p 17 2 Le film est adapt du roman homonyme d Emmanuel Carr re Paris ditions PO L 1999 Paris Gallimard coll Folio 2001 La musique off ou extradi g tique compos e par Arnaud Taillefer des Troublemakers a une importance non n gligeable dans le film Un premier exercice consiste carac
91. nt c est tout ce qu on entend et qui n est pas dit ET LE SILENCE Je pense en ce moment filmer une situation silencieuse J ai beaucoup voyag ces derniers temps et pass du temps dans des h tels j ai me bien observer des gens au petit d jeuner quand ils vont au buffet se servir etc Je trou ve a tr s int ressant et je pense mettre en sc ne ces situations Je vais aussi faire des por traits photographiques Je n en faisais pas avant Un aphorisme de Bresson Aplatir mes images comme avec un fer repasser sans les att nuer C est vrai qu il y a une recherche d puration de gommage et de simplicit en tous cas dans Chamonix et c est vrai que je n ai pas forc ment envie de montrer les choses telles que je les vois mais de les tirer un peu comme un tissu par endroits J ai aussi pass beaucoup de temps tirer sur les plis des v tements des com diens pour viter que tel col soit mal pli ou qu il y ait des reflets PROJET Je pr pare un documentaire sur les gens qui sont n s dans des familles religieuses en Isra l et qui ont d cid de devenir la cs donc qui sont oblig s de se d faire de leurs habitudes et de transgresser tout ce qu on leur a appris depuis l enfance pour devenir non prati quants C est Un parcours qui est un peu contre pied de ce que les gens font plus g n ralement c est assez rare il y a moins de gens qui vont vers la la cit que le contraire parc
92. nt livret p dagogique Francisco Ferreira r dacteur en chef Pour l Atelier de Production Centre Val de Loire Luigi Magri coordinateur Lyc ens au cin ma Lyc ens au cin ma en r gion Centre est initi dans le cadre de la convention de d veloppement cin matographique sign e entre le Minist re de la Culture et de la Communication CNC DRAC Centre et le Conseil r gional du Centre L op ration est coordonn e par l Atelier de Production Centre Val de Loire P le R gional d Education et de Formation au cin ma et l audiovisuel et le Rectorat de l Acad mie d Orl ans Tours DARIC Action Culturelle et repose sur l engagement des enseignants volontaires et des salles de cin ma partenaires E SO i o filini me Fai a Uraaa I eari i ns LE R gion Centre TT
93. oduction par les l ves de r cits oraux rendant compte de souvenirs pr cis les plus int ressants pouvant faire l objet d une transcription visant les all ger de tout commentaire Chaque texte obtenu serait ensuite appris et interpr t par un ou plusieurs acteurs Si l on dispose d une cam ra le tournage de plusieurs portraits selon les contraintes pr c demment observ es pourrait alors tre envisag Dans un dernier temps diff rents encha nements des s quences film es seraient propos s et compar s mergeraient ainsi plusieurs principes construction d une progression d ensemble valorisation des temps forts am nagement de transitions th matiques qui donneraient ventuellement lieu une r flexion sur le montage cin matographique 24 langue maternelle ni de constater que son usage d truit la coh rence de l assemblage nonciateur r cit le souvenir d enfance se d roule aux Pays Bas Resurgissant comme le texte effac du palimpseste cette version ori ginale constitue une nouvelle strate du r cit Elle offre galement une alternative l occasion d une comparaison qui permet de faire encore Jouer le sens Entre la VO et la VF on note d abord r tros pectivement des erreurs de traduction cole normale pour Grundschule qui signifie cole primaire blouse pour Bluse qui signifie plut t chemisier embl matiques de la logique idiolectale d
94. ographique tra vers la programmation de deux films de long m trage et d un programme de courts m trages la d couverte des documents d accompagne ment et des interventions professionnelles en classe Un programme de formation sp cifique est propos aux enseignants participant au dis positif L op ration est accueillie par 29 cin mas de la r gion Centre Je tiens remercier ici l ensemble des acteurs qui contribuent cette r ussite les participants les chefs d tablissements et enseignants les pro fessionnels et notamment les exploitants de salles de cin ma nos partenaires de l Acad mie Orl ans Tours et du Conseil r gional du Centre Je f licite l Atelier de Production Centre Val de Loire APCVL pour son travail de conception et de coordination de l op ration qui avec son exi gence et sa combativit a su porter au niveau national le s rieux et la qualit dont b n ficient les documents p dagogiques dit s pour Lyc ens au cin ma en r gion Centre Jean Claude Pompougnac Directeur r gional des affaires culturelles Ce livret est d coup en deux grands niveaux Le premier correspond au texte principal consacr chacun des films et r dig par un critique de cin ma ou un universitaire se partage entre des parties informatives le synopsis du film la pr sentation du r alisateur un entretien et d autres plus strictement analytiques l analyse du film l analyse de s quence une tude
95. ole fil m e et de sa circulation le t moignage Num ro z ro l usage dans une fiction de dia logues intimes enregistr s et r crits La maman et la putain la r p tition d un m me r cit oral film comme une fiction puis comme un documentaire Une sale histoire la descrip tion mensong re dans Les Photos d Alix la voix d crit des images qui ne sont pas celles que l on voit Car chercher la v rit dans la parole c est aussi trouver le mensonge m me chez Depardon Muriel Leferle suite de D lits flagrants oppose les mensonges extrava gants d une d linquante la m thode du mensonge vraisemblable pr conis par son avocat et a fortiori dans les fictions de cin astes de la parole qui sont souvent de grands menteurs Guitry Talleyrand dans Le Diable bo teux Dieu a donn la parole l homme pour qu il puisse d guiser sa pens e Le titre de Chamonix est emprunt au r cit cruel et jubilatoire savamment compos de l histoire d une femme qui l on a racont des histoires et qui les a crues C est qu il faut tout le d sespoir de la parole trahie pour que l ve le grain de la fiction 1 Cf Youssef Ishaghpour La parole et l interdit des images Le chanteur de jazz et les juifs d Hollywood in l image et la parole Conf rences du Coll ge d Histoire de l Art Cin matographique sous la dir de Jacques Aumont Paris Cin math que fran aise 1999 2 Ibid p
96. ondant l initiale de son pr nom NB La ponctuation est r tablie d apr s la logique grammaticale et ne tient pas compte de la diction Les passages soulign s sont ceux qui ont disparu dans la version allemande o ils sont signal s par des toiles Les passages en gras signalent les probl mes de traduction ce sont les traces de la langue allemande dans le texte l italique isole la proposition finale comment e dans l analyse Version allemande Ich war siebzehn Jahre alt und war auf der Grundschule in Holland und in meiner Klasse auf der Bank vor mir saB ein M dchen mit einer weiBen Bluse Ich sah sie nur von hinten und konnte bemerken da ihr B stenhalten mit einem wei en Kautschuk befestigt war Um mein Erstaunen zu erkl ren m ssen Sie wissen da ich in einem Gesch ft aufgezogen war wo man Korsetts und B stenhalten verkaufte und wo die allgemei ne Farbe rosa war Beim Anblick des wei en Kautschuk verliebte ich mich in das M dchen Ich war aber so sch chten da ich nicht wu te wie ich ihr es sagen konnte Zum Gl ck waren wir ganz in der N he von dem Nikolaus Tag wo man normalerweise sich Geschenke macht und ich habe mich entschieden ihr einem Buchstaben aus Schokolade zu kaufen das mit ihrem Namen mit dem Buchstaben ihres Namens anfing 25 AUTOUR DU FILM La parole au cin ma l usage de la parole au cin ma provoque sou vent le m pris cin ma bavard ou la m fian ce la parole comme cheval de Tro
97. ons Sc nario Doroth e Sebbagh Image C line Bozon Son Maxime Gavaudan Montage Emmanuel Gabet Musique Arnaud Taillefer Interpr tation Val rie Donzelli Guillaume Saurrel Marie Gili Pierre Djibril Glissant France 2002 25 minutes couleur 35 mm 1 2 35 Visa n 104 355 La r alisatrice N e Lille en 1971 Doroth e Sebbagh se lance tr s t t dans des tudes de cin ma Apr s un Bac A3 option Cin ma elle r alise son premier court m trage Capricieuse en Super 8 Elle poursuit ses tudes Paris s adonnant l analyse filmique avant d int grer la promotion de 1995 de la f mis section r alisation la technique et le d sir de r aliser embo tent le pas de sa formation th orique initiale Apr s un documentaire sur Jean Cocteau Portrait de Jean Cocteau qui rendait compte de son univers po tique et un autre sur la J rusalem arabe occup e par l tat isra lien la f mis lui donne les moyens d exp ri menter le domaine fictionnel De La Main gauche Radio gazelle son film de fin d tudes en passant par Le Chat son ma tre et sa ma tresse Doroth e Sebbagh se frotte la mise en sc ne mesurant rapi dement les limites d une direction d acteurs amateurs Dans un cadre privil gi elle apprend les rouages de la production d un film et en profite pour rencontrer ses producteurs de Balthazar Productions avec qui elle signe Ni vue ni connue Leur collaboration se poursuit encore a
98. ontre avec J r me Dopffer qui est pro ducteur et ancien l ve de la f mis L id e de d part est une histoire vraie que je lui ai racon t e la f mis Il l a beaucoup aim e et m a contact e la fin de mes tudes pour qu on travaille ensemble Apr s il s est tout de m me coul trois ans entre le d but de l cri ture et la fin du montage entre autres parce que les financements sont arriv s tard DE L ANECDOTE L HISTOIRE Dans la premi re version du sc nario Alice n allait pas boire un verre avec le vigile L histoire n allait pas plus loin En crivant je me suis rendue compte que mon histoire n tait pas tr s g n reuse pour les person nages lls taient uniquement d finis par leurs statuts la voleuse et le vigile c taient deux petites marionnettes au service d une anecdo te J ai d cid de voir ce qui pouvait se passer s ils allaient prendre ce verre et c est alors que l histoire a commenc prendre forme et me plaire Il commen ait se passer quelque chose entre les personnages LE GROS PLAN Au del du fait de montrer le geste habile de la voleuse qui agit dans un univers satur d objets le gros plan sert montrer les mains Elles sont au centre du film Il y a un gros plan dans la s quence de la chambre d h tel qui est le c ur du film pour moi la main de Pascal allume l interrupteur de la lumi re et celle d Alice l teint imm diatement Il fait directe ment
99. ord comme contrainte ou syst me dans la direction d acteur est de toute vidence une puration Par le biais de la r cri ture le langage d barrass de ses scories fait entendre la singularit de la parole idiolecte de tel ou tel acteur d origine trang re et de la voix accent timbre estampille De m me pour le corps quand la volon t d interpr tation est entrav e une v rit obtuse irr ductiblement singuli re s affiche travers ces micro gestes non contr l s mains regards que le spectateur se met scruter sans pouvoir les d chiffrer Supprimer le naturel retrouver la nature La fausse syst maticit du dispositif ne met donc au jour que des variations y compris dans le dispositif sc nique qui n est jamais tout fait identique un fond uni mais travers de taches une plan it contredite par la pr gnance des ombres dont l emplacement varie avec les directions d clairage des compositions asym triques Pour avoir explor pr c demment l em prise sur l individu des codes langagiers et sociaux ou des structures familiales Mr jen sait qu il y a toujours un syst me on ne peut en faire fi mais on peut ruser lui en substituer un autre dont on se rend ma tre et dont on fait jouer le m canisme de fa on y faire appara tre des diff rences Diff rences qui leur tour engendrent des liens et recomposent un ensemble Non seulement le dispositif repose sur la s rie do
100. ournent souvent un genre sont ainsi repris en fin d mission LE 2 Il existe d autres l ments dans le compl ment de programme qui cr ent des liens avec le reste du film L un des plus int ressants est le cam o de Gilliam accompagn de Palin en laveur de carreaux le seau qui est son attribut est galement l embl me pythonien par excellen ce Horse a Bucket and a Spoon tait le pre mier titre pr vu pour le Circus Par ailleurs le seau anticipe la sc ne qui rendra Le Sens de la vie c l bre celle de l explosion au restaurant tous les anglais connaissent d sormais ces r pliques immortelles How do you feel today monsieur Better Better Better get a bucket I think l m gonna throw up LECTURE TRANSVERSALE chos plastiques dans la cr ation filmique Les relations entre cin ma et peinture peu vent tre envisag es par rapport un bascu lement esth tique propre la r ception de l uvre dans un hors cadre pictural Le hors cadre au sens de Louis Marin se r f re un espace cr face une peinture devant l image fixe o le spectateur a acc s de fa on fantasmatique aux conditions de cr ation et de pr sentation de l uvre Au del des influences stylistiques qui peuvent frapper l esprit on se r f rera davantage la fabrique picturale dans la compr hension des enjeux spatiaux discontinuit fragmen tatio
101. ouve finalement charg motionnellement narrati vement et symboliquement Ligne de vie est un film complexe et ambitieux Il s agit d abord d un double travail d adapta tion celui des uvres de Raymond Delvax d une part le film est tir de sa nouvelle inti tul e Quelque part dans le Nord de l Allemagne en 1943 et d autre part il repose visuellement sur ses propres peintures De la nouvelle Av dikian n a gard que l his toire sous une forme beaucoup plus elliptique qui bouleverse sa dramaturgie pour l loigner du litt raire et de l interpr tation et l emme ner vers le cin ma et la perception Il la prive par ailleurs de ses r f rents contextuels visant ainsi une sorte d universalit dans les situa tions qu il d crit sachant que celles ci ren voient de toute fa on et avant tout aux camps de concentration nazis Ce premier travail tout en restant soucieux du rapport la m moire et la transmission emp che le film de n appartenir qu au pass et l inscrit dans le pr sent De la peinture le r alisateur garde bien s r son caract re expressionniste et sa texture paisse d cidant de s en servir non comme d un cachet esth tique g n ral pour un dessin anim mais bien comme la mati re m me de son film La peinture est ainsi anim e de l int rieur pr servant la brutalit de sa mat rialit sa force graphique ses effets de Le traitement visuel prend galement en char ge nombre
102. ov faisait dans son Cin journal hebdomadaire un tra vail de montage partir des images qu il rece vait du front r volutionnaire russe Il envisa geait le cin il comme une machine voir la dynamique du monde et produire des associations l oppos on citera Fernand L ger qui dans ses notes pr paratoires pour le Ballet m canique donne sans doute la pre mi re esquisse d un trait du found footage employer des chutes de film quelconque sans choisir au hasard 1923 En travaillant cette mati re en perturbant la continuit d une s quence en r p tant des plans en les inversant en les fragmentant en les d cadrant les cin astes font surgir une polys mie l o initialement il n y avait qu une vision inscrivant l ordre domestique des choses lls interrogent ainsi la nature des images auxquelles nous sommes habitu s ce qu elles disent ce qu elles trahissent Par exemple en 1976 Bruce Conner d nonce avec Crossroads l explosion nucl aire sous marine du 25 juillet 1947 dans l atoll de Bikini par sa r p tition selon 27 points de vue diff rents Plus r cemment le travail de Yervant Gianikian et d Angela Ricci Lucchi de Hommes ann es vies 1990 Images d Orient 2001 partir d images d archives de l exode arm nien ou de la colonisation se fait plus virulent Ce type de montage fait r sonner les plans questionne ce qui s encha ne s quences pl
103. peut l investir depuis l outer space qui est lui m me envisager lat ralement intrusions des perforations et de la bande son verticalement l interimage rendu visible par le d cadrage et dans la pro fondeur l paisseur de l image Le film r v le alors ce qui surgit derri re la fiction sous l ima ge l arch ologue interroge l expression d un visage un geste et ce que l on projette sur ces images qu il s agisse des diff rentes couches surimpressionn es ou encore de la r action du spectateur de la fa on dont il se projette dans l image Ces diff rentes interven tions cristallisent la structure verticale propre ment po tique recherch e par Tscherkassky pour faire miroiter le sens des images et r v ler la capacit fondamentale du cin ma faire lever l imaginaire Cette approche particuli re de l image cin ma tographique a guid le choix d un format inha bituel pour le cin ma dit d avant garde le CinemaScope Habitu un format d image standard il semblait int ressant Tscherkassky d en changer l image projet e du Cinema Scope est de 1 x 2 35 au lieu de 1 x 1 37 pour les films sonores en 35 mm ou encore de 1 x 1 33 pour les films en Super 8 format de film qu il affectionne comme beaucoup de cin astes exp rimentaux et avec lequel il a longtemps tourn Ainsi en projetant toute 17 la largeur d une pellicule de format standard en Scope les perforations apparaissent L
104. points de vue historiques et th matiques r flexions sur les formats et les genres L ouvrage le plus complet jamais consacr la forme br ve embrasse le court m trage comme un vaste continent prot iforme trop souvent oubli par les histoires du cin ma EVRARD Jacky VASS Claire Cent pour cent court Cent films pour cent ans de cin ma fran ais Pantin C t court 1995 Chapitr par d cen nies cet ouvrage collectif raconte un si cle de courts m trages et com prend une solide filmographie s lective LE SCENARIO CHION Michel crire un sc nario Paris Cahiers du cin ma I N A 1985 PARENT ALTIER Dominique Approche du sc nario Paris Nathan Universit coll 128 1997 VANOYE Francis Sc narios mod les mod les de sc narios Paris Nathan coll Fac Cin ma 1991 L DUCATION A IMAGE Manuels sur le cin ma AUMONT Jacques BERGALA Alain MARIE Michel VERNET Marc Esth tique du film Paris Nathan coll Fac Cin ma 1983 2 d revue et augment e 1994 Ce manuel destin aux tudiants de premier cycle universitaire et aux enseignants du secondaire aborde le cin ma sous ses diff rents aspects l espace le plan le montage la narration le langage la r ception etc AUMONT Jacques MARIE Michel l Analyse des films Paris Nathan coll Fac Cin ma 1988 2 d 1996 Con u pour compl ter Esth tique du film ce manuel propose un panorama des
105. pr hender il est une sorte de no man s land un trou un lieu oubli Le camp c est nulle part Le mouvement d appareil garde une vitesse constante comme s il tait infini En cela il se laisse d sormais lire comme un panoramique comme un geste d appareil circulaire Il s agit moins d un plan descriptif que d un plan de surveillance pris du point de vue panoptique d un mirador D ailleurs arrivent dans le champ la m me vitesse que le mouvement d appareil une douzaine de figurines comme si elles taient contraintes d ob ir parfaitement au rythme du plan plan 5 Il s agit de sil houettes floues d charn es fragiles priv es de visages qui s apparentent davantage des marionnettes qu des humains Elles ne mar chent pas elles sont mues par un mouvement uniforme de translation Ces corps sont r duits des fonctions purement motrices comme l voque le plan suivant cadrant les pieds des prisonniers dans une d marche m canique plan 6 Un plan de demi ensemble en plon g e montre alors un soldat dominer la situa tion plan 7 Il a droit davantage de d tails dans sa figuration Le plan suivant est un plan serr des prisonniers toujours priv s de traits humains distinctifs r duits des ombres chi noises plan 8 Les soldats laissent ensuite affleurer des traits de visage des yeux un sou rire terrifiant plan 9 Contrairement aux pri sonniers Ils ont encore une existence indivi
106. que a repris avec une variation de violons Elle s arr te brusque ment Plans 2 et 3 Ils reprennent le m me processus d observation des gestes les mains en gros plan tentent d arracher un antivol sur des chaussures et glissent une paire de moufles dans un sac main La construction spatiale s effectue aussi de mani re fragmentaire dans un espace satur d objets o le son in intro duit une relative ind termination sons non marqu s discrets et bips non identifi s qui ponctuent la s quence Carton 4 Il mentionne l acteur Guillaume Saurrel la musique proc de comme pr c demment et les violons suscitent le suspense force d interruptions comme autant de points de suspension Plan 4 Le gros plan de la cabine d essayage permet de voir une autre partie du corps d Alice quand elle rentre dans la cabine le bas de son visage s affiche furtivement en plan rapproch avant la fermeture du rideau Plans 5 et 6 Ces deux gros plans encha n s par juxtaposition cut reprennent le jeu des mains d velopp aux plans 1 2 et 3 elles d cousent un pull pour enlever l antivol et le glisser dans le sac Carton 5 Le cinqui me carton indiquant la r alisatrice suit le m me rituel Plan 7 Ce plan constitue la fin de cette s quence inaugurale Seul plan plus large la sortie du magasin il accorde alors la visibilit de l ensemble de l action On y d couvre Alice et on identifie la source du danger que rep
107. r sentent le vigile et les portiques de s curit Ce plan laisse le son et le suspense agir sur le spectateur D s qu Alice passe le portique de s curit devant le vigile une sonnerie striden te retentit celle de son t l phone La surpri se fonctionne gr ce la ressemblance des son neries et conf re cette fin de s quence le pri vil ge d inclure une chute qui loin de conclure l histoire projette le spectateur dans les com bines d Alice La cam ra l paule prend donc le temps de l accompagner en travelling arri re On l coute parler au t l phone et se construire un environnement social sa famil le son travail Carton 6 Le dernier carton peut appara tre et r v ler le titre du film MN vue ni connue comme un pied de nez la situation un com mentaire fac tieux qui conclut la s quence Plan 8 Reprise de la fin du plan 7 qui s ach ve sur la satisfaction de la voleuse film e en plan rapproch poitrine alors qu elle essaye les moufles qu elle a d rob es Le film a d j com menc Ni vue ni connue lie deux th matiques vol et attirance amoureuse Loin d loigner les partenaires la d couverte de la duplicit de l autre cr e ou renforce les liens du couple clate alors une complicit qui repose sur un jeu L analyse de la derni re s quence du film montre qu Alice et Pascal jouent ensemble tous les sens du terme et que leur petit th tre d escamotage
108. r f rence un plan d un film de Fran ois Truffaut La Peau douce 1964 avec Fran oise Dorl ac et Jean Dessailly Ce plan est important pour moi parce que tout passe par les mains la relation entre eux le vol les caresses Je vou lais introduire l id e d une relation par les mains id e d clin e en amont par les gros plans des mains qui volent Bizarrement la construction du film sur les mains s est faite partir de son centre la s quence de la chambre d h tel plut t qu partir d une volont initiale FILM D ACTRICE Mes motions de cin ma sont toujours pass es par les com diens Elles se cristallisent sur eux Lorsque j ai rencontr Val rie Donzelli J ai trouv qu elle ressemblait Fran oise Dorl ac et puis je l ai vue quelques ann es plus tard dans le film de Sandrine Veysset Martha Martha 20011 Je me suis dit que si Fran ois Truffaut avait vu le film il aurait voulu filmer Val rie parce que c est une com dienne qui a une grande capacit tre habit e tout enti re par son personnage Dans Martha 10 Martha elle est habit e par une certaine forme de folie un peu comme Isabelle Adjani dans Ad le H 1975 Quand j ai cherch une interpr te pour le r le d Alice j ai repens Val rie Dans mon film je crois qu elle parvient avoir la fois un c t tr s joueur et une dimension m lancolique Une petite parenth se si je cite beaucoup Fran ois Truffaut
109. r ses actes que peut il dissi muler Dans son ouvrage Notes sur le cin matographe paru en 1975 Bresson nonce des aphorismes concernant le cin ma Il y affir me notamment que pour les acteurs ou mod les l important n est pas ce qu ils me montrent mais ce qu ils me cachent et sur tout ce qu ils ne soup onnent pas qui est en eux C est probablement dans cette faille qu expri me le regard perdu d Alice au petit matin qu il faut rechercher l invisible une m lancolie fugace habite la jeune femme et la pousse agir Sans pour autant entrer trop avant dans Vols et violons des consid rations psychanalytiques on peut dire qu Alice ressemble ces h ro nes de romans prisonni res de leur propre histoire Marnie est aussi de cette trempe Sous les traits de Tippi Hedren dans le film d Hitchcock Pas de printemps pour Marnie 1964 elle endosse diff rentes vies et se compla t jouer plusieurs r les Par plaisir Ce n est pas si vi dent sa motivation est plus profonde Elle touche la psychologie du personnage Apr s un traumatisme survenu dans sa plus tendre enfance Marnie tente de retrouver l affection de sa m re gr ce l argent qu elle lui envoie Elle se sent alors oblig e de voler et petit petit se laisse prendre au jeu Mark interpr t par Sean Connery se d voue jouer les cha perons l instar de Pascal et tente de la sau ver de cette spirale infernal
110. raintes des diff rents types de r cit qu elles repr sentent C est galement l occasion de r fl chir aux solutions de transposition r v l es par les formes transitoires que sont la continuit dialogu e et le story board e Exercice 1 de la nouvelle la conti nuit dialogu e Cette premi re op ration de transformation r v le d j un grand nombre de diff rences que ce soit au niveau de la pr sentation du cadre spatio temporel le 27 octobre 1943 qluelque part dans le nord de l Allemagne pour la nouvelle un clamp de concentration sans plus de pr cisions pour le sc nario de la description du camp dans la nouvelle elle est filtr e par la conscience du personnage narrateur elle traduit ses impressions dans le sc nario elle est d connect e du personnage et semble donc objective de la caract risation des personnages le narrateur du r cit de Raymond Delvax appara t en Homme Brun dans la continuit dialogu e tandis que le prisonnier allemand devient un Homme Blond de la part accord e l expression de l int riorit la nouvelle est enti rement focalis e sur le personnage nar rateur mais le sc nario ne peut videmment pas retenir toutes ses pens es on en retrou ve des bribes travers l utilisation de la voix int rieure ou de l actualisation des v ne ments racont s la distribution du pain et le chronom trage du chargemen
111. reprise du plan 1 mais l effet de comparaison induit par les pr c dents est tel que le caract re lugubre s en trouve accentu Plans 9 10 11 108 S rie de trois gros plans d employ s qui paraissent convenir ensemble du bon d roulement d une intention connue d eux seuls l un opine l autre se retourne le troisi me regarde fixement Plan 12 1 14 Ce plan moyen sur un chef qui d clare un employ qu il le licencie est le signal de la r volte la perspective est encore tr s profonde l action se passant dans une profondeur lat rale dont la distance est emplie par les employ s assis Plan 13 1 18 Un panoramique unit les plans rapproch s des employ s La cam ra s attarde particuli rement sur un homme qui r pondant d abord par la surprise ce que lui dit son coll gue le gal rien employ des plans 7 et 7 Tu as entendu Il l a vir Vir r agit ensuite en faisant mine de se lever Venez les gars on va leur faire voir La musique immobilise un instrument vent en une invite lyrique qui amorce un change ment de ton Plan 14 1 29 C est la reprise du plan 12 mais le chef se fait assaillir par les employ s vocif rant et violents La musique est celle d une pop e hollywoodienne Plan 15 1 32 Ce plan rapproch d taille la r action terrifi e des trois chefs qui surpris par le bruit se retournent vers l action Plan 16 1 34 C est la
112. res Que cette armature de conven tions voir Autour du film proposant comme variables des vieillards exploit s se rebellant contre l oppression conomique pro duise un effet comique ne doit pas faire oublier et l se situe la diff rence de Gilliam avec les autres Monty Python la nature du processus en uvre celui de l accession la fable Au fur et mesure l image la voix off et la musique s accordent dans le m me souffle pique la m me reconnaissance matri cielle D une comparaison on est pass une all gorie exclus des affaires et de la mer fusionnent en une seule imagerie qui manifes te le souci de ramener des repr sentations sociologiquement marqu es 1983 Londres soit une date et un lieu embl matiques du lib ralisme thatch rien un r f rent univer sel capable de les inscrire dans un temps anhistorique celui du mythe Ce faisant en ajustant ses arch types Gilliam cherche leur sch me commun et le trouve dans la figure de la r volte preuve que l comme ailleurs c est toujours le politique qui berce ses fictions et la rage qui les anime 1 Henri Bergson La Rire Essai sur la signification du comique Paris Presses Universitaires de France 1940 2 Syllepse figure consistant prendre un objet sous deux sens diff rents l un primitif l autre figur 3 Rappelons que ce court m trage a t r alis dans une totale ind pendance par Gilliam et figure comme prolog
113. reyfus Bernd Richter Jocelyne Desverch re Catherine Vinatier Manuela Gourary Quico Herrero Charles Pennequin D apr s des souvenirs de Tjeerd Alkema Val rie Brau Antony Aude Cox Yolande Decarsin Dominique Gilliot Quico Herrero Val rie Mr jen Charles France 2002 13 minutes 35 mm 1 1 85 Couleur Visa n 108 744 La r alisatrice N e en 1969 Val rie Mr jen a suivi des tudes d ex pression plastique l Ecole Nationale d Arts de Cergy Pontoise et expos ses uvres photos collages vid os entre autres Paris Galerie Cent8 au Centre d art contemporain de Basse Normandie au FRAC Languedoc Roussillon mais aussi Madrid ou Turin Evoluant dans la sph re de l art contemporain elle d clare se sentir avant tout litt raire et tout son travail prend sa source dans une recherche sur le lan gage En 1994 elle pr sente une s rie de cartes pos tales dont les textes sont compos s partir de noms d coup s dans l annuaire c est un moyen pour elle de venir l criture ce qu elle fait dans de courts romans Mon Grand p re 1999 L Agrume 2001 ou dans les dialogues r dig s pour des sayn tes tourn es en vid o avec des acteurs qui mettent en sc ne des situations familiales ou des conversations de la vie quotidienne parasit es par les lieux communs et les tics de langage Dans sa s rie suivante Portraits fil m s elle demande des personnes de son entoura ge de raconter un de
114. ription du r cit originel retenus dans la continuit dia logu e et pr sents dans les vignettes du story board Quelques questions peuvent orienter leur recherche quels dessins participent donner un aspect irr el au camp comment est figur e l impression que les prisonniers sont des fant mes quels traits permettent de distinguer les gardiens des prisonniers comment leurs visages caract risent ils les diff rents personnages En outre l apparition relativement tardive de l Homme Brun dans le story board ainsi que sa pr sence encore r duite ce stade du r cit dessin invite revenir sur la ques tion de la focalisation alors que le person nage est d embl e central dans la nouvelle sans qu il soit besoin de le d crire son r le se construit par tapes dans le story board et il est directement d pendant de l volu tion de sa repr sentation de vignette en vignette On pourrait donc sugg rer aux l ves d expliquer le statut particulier de ce personnage dans le story board et de cher cher les moyens dont dispose le dessin pour exprimer ses pens es ses sentiments et ses Impressions e Exercice 3 du story board au film On peut proposer d abord un travail sur la suggestion du mouvement et les effets de montage dans le story board par exemple la mani re dont le dessin d borde le cadre d une vignette l autre figure d j dans les six premi re
115. rp tr par les Turcs et pour lequel les documents et les pho d A tactilit s En quelque sorte le sujet du film D YA T tographies manquent singuli rement Il y a l c est aussi cette peinture Son titre renvoie 5 b cost FA Ats un v ritable trou dans l Histoire que le r alisa k d ailleurs tout autant la clef de l histoire qu RES 104 teur a tent sa mesure de combler en retra la forme m me du film qui est une peinture anim e Le film est donc le r sultat d une col laboration troite entre Av dikian et Delvax chacun trouvant son double incarn dans les personnages principaux du film le r alisateur dans la figure de l homme aux lunettes celui qui voit et qui raconte le t moin narra teur et le peintre dans la figure de l hom me barbu celui qui dessine et dont la pratique artistique est le seul gage d humanit dans le camp Ensuite le film est tout entier structur par une dichotomie porteuse de sens Ligne de vie oscille en effet entre diff rentes formes de dualit des p les multiples qui lui donnent un quilibre particulier Notons en quelques uns le r el l id e de la reconstitution de rendre visible l univers concentrationnaire tel que les historiens et les rescap s l ont d crit et l ima ginaire le traitement fantasmagorique la r cup ration ou la restitution du fait historique par l art pictural l objectif et le subjectif le m morial le souvenir pe
116. rs les attaques de l outer space repr sent par les perforations de la pellicule et le squelette de la bande sonore optique qui p n trent l espace filmique Dans le clignotement des images l explosion du montage le cr pitement de la bande sonore une lutte violente est engag e Mais la femme riposte d fiant le mat riau filmique d cha n A la fin s affirme la r sistance de son regard face aux d r glements de l espace et du temps Perforation trou rigoureusement quidistant du pr c dent et du suivant perc dans la pellicule pour en permettre l entra nement r gulier et pr cis Sur une pellicule 35 mm on compte une rang e de perforations chaque bord de la pellicule raison de 4 sur la hauteur d une image Son optique mode d enregistrement et de reproduction du son transform en image photographique sous forme de variations d clairement ou de temps d exposition pro c d dit densit variable ou sous forme de variations de la surface lumineuse proc d dit longation variable ou densit fixe Tscherkassky r v le les sinuso des de ce der nier proc d dans Outer Space 15 de Peter Tscherkassky FICHE TECHNIQUE Production p 0 e t picture production Distribution Sixpack Films Image son Peter Tscherkassky partir du film L Emprise The Entity de Sidney J Furie Autriche 1999 Exp rimental 10 minutes 35 mm 1 2 35 Noir et blanc Visa d rogation Le r ali
117. rsonnel le pr sent et le pass travers le flash back le sordide et le lyrisme la d tresse et l espoir vaillant le r el Chez lui la dramaturgie se trouve toujours malmen e parfois cartel e entre divers l ments L criture par fragments et la reconstruction d un puzzle qu on retrou ve ici via l effort de m moire de l homme lunettes et l encha nement elliptique des s quences s imposent comme mod les Ligne de vie tente sa mani re de coller des mor ceaux d Histoire de faire se joindre le pass et le pr sent d inscrire l abstrait dans le concret de la vraie terre a t film e pour ancrer les images dans la mati re de recr er le r el dans le r ve cin matographique mais aussi de dire une partie du r el par l imaginaire car l art est aussi un substitut aux images absentes C est tout le sens de la pr sence de l homme barbu il dessinait notre vie et lui donnait un visa ge 1 Cette sensation d paisseur de l image se retrouve chez d autres cin astes d animation comme Alexandre Petrov Feren Cako ou Caroline Leaf qui peignent directement sur des plaques de verre r tro clair es ou utilisent du sable ANALYSE DE S QUENCE Faire le mur en sens inverse La s quence d ouverture de Ligne de vie est un puissant embrayeur narratif mais elle r v le aussi l un des enjeux du film puisque la question de l individu face au fascisme y est d embl e pos e
118. rtistique Fang publication satirique o il commence dessi ner que parti pour New York en 1964 il poursuit via le magazine Help publi par Kurtzmann fondateur de Mad et qu il par ach ve en Europe notamment en France Pilote avec Gosciny De retour L A cette pr minence du pictural le verra travailler dans une agence publicitaire o il r alisera des affiches pour Universal LES ANN ES MONTY PYTHON Apr s son licenciement il se rend Londres et y vit comme dessinateur c est John Cleese rencontr comme acteur de roman photo dans Help qui le pr sente Barclay produc teur d une mission t l vis e comique Do not adjust now set o officient Eric Idle Terry Jones et Michael Palin Gilliam y occupe plu sieurs postes sc nariste acteur dont celui de r alisateur de s quences d animation sp ciali t qui restera sa marque de fabrique au sein des Monty Python qu avec ses camarades de TV Cleese et l humoriste Graham Chapman il fonde en 1969 apr s plusieurs participations des shows cathodiques dont le Marty Feldman s Comedy Machine anim par l inou bliable acteur des films de Mel Brooks Cette troupe caract ris e par un humour non sen sique et une agressivit v ritablement punk poss dera son show sur la BBC Monty Python s Flying Circus L cran devenant trop petit pour elle la joyeuse bande envahit les salles de cin ma en 1974 avec Sacr Graal m morable parodie de
119. s les employ s et les oppresseurs la nouvelle admi nistration Plan 3 0 43 Changement radical de contexte en un plan moyen un individu en tenue antique frappe d normes instruments percussions Plan 4 0 47 Transform s en gal riens r p tant le m me balancement mais servant cette fois ci actionner des rames les employ s pris dans un cadrage demi ensemble et inclin donnant l impression d un roulis subissent les coups de fouet d un contrema tre Au mar t lement de la cadence dont la source est donn e au plan pr c dent se m le encore une musique symphonique la tonalit extr me ment dramatique Plan 5 0 55 Un plan rapproch extrait deux employ s gal riens subissant le fouet Plan 6 0 57 En plan am ricain le garde qui fouette est d voil 30 Plans 7 et 7 0 59 Ces plans r sument l ambition de Gilliam celle de filmer la m ta morphose tandis qu en plan rapproch on voit un gal rien ramer le garde passe devant lui au premier plan Lorsqu il sort du cadre le vieil esclave est redevenu l employ Il s agit donc de deux plans dont la coupe est dissi mul e dans le noir provoqu par le passage du garde Ce type de raccord rendu c l bre par Hitchcock dans La Corde et qu on appelle par fois raccord von Bolvary du nom d un cin as te austro hongrois des ann es 20 donne ainsi l impression qu il s agit d un seul plan Plan 8 1 05 C est la
120. s films de Tscherkassky voir Autour du film p 20 L analyse peut partir d une constatation Outer Space exhibe ce que le cin ma ne montre pas Il ne s agit pas pour Tscherkassky de pr senter un envers du d cor mais un espace ext rieur renvoyant la mat rialit du support et de la projection Le court m trage peut ainsi tre l occasion de rappeler ce qu est un film A partir des d finitions du dictionnaire on montrera que le terme d signe d abord en anglais une membrane une pellicule pour rappeler qu il ne s applique une uvre cin matographique que par synecdoque cette figure de rh torique qui permet entre autres de d signer une chose par le nom de la mati re dont elle est faite livre tout l enjeu de la r flexion du cin aste Dans un second temps sera relev e la pr sence des l ments habituellement invisibles perforations de la pellicule bande son barres de s paration paisseur du film Image et cadre sont dissoci s le rapport traditionnel du spectateur l uvre est remis en question C est des comparaisons inattendues car loign es en apparence de la sph re exp rimentale que l enseignant peut d s lors inviter sa classe Hellzapoppin 1941 de Hank C Potter met ainsi en sc ne outre l irruption d un western dans le film son propre d cadrage Enfin travers le visionnage de plusieurs dessins anim s de Tex Avery on remarquera que l humour du dessinateur am ricain proc
121. s images le travelling qui suc c de au carton titre dans le film de m me les variations d chelle des vignettes ainsi que le d coupage de certaines actions d chargement des brouettes chronom tra ge pr parent ceux du dessin anim D autre part le film contient un ajout majeur par rapport aux autres versions du r cit le pr g n rique montrant le vieil homme devant le mur On demandera aux l ves d tudier ce que cela change l ex position et au d veloppement du r cit Quelques pistes parmi d autres le person nage principal est pr sent d s le deuxi me plan du film et il est aussit t associ la voix off ce qui permet de retrouver l effet de focalisation interne de la nouvelle et autori se en outre une identification imm diate du spectateur ce pr g n rique introduit galement un flash back qui met l accent sur le travail de m moire enfin cette sc ne devant le mur ouvre et cl t d sormais un r cit en boucle qui double le travail plas tique sur la circularit d j pr sent dans le story board et met en ad quation la struc ture du r cit et le contenu des images EXERCICES D ECRITURE Dans la continuit des exercices d analyse quelques exercices d criture peuvent sensi biliser les l ves aux r gles de r daction qui r gissent les diff rentes formes de sc nario voir l encart ci dessous e Exercice 1 le synopsis Inviter les l ves r diger un
122. sateur PO E T Peter Otto Emil Tscherkassky Avec plus de 25 films depuis 1979 Peter Tscherkassky est un des cin astes autrichiens les plus productifs Il appartient la g n ration de cin astes exp rimentaux qui a succ d l avant garde de l apr s guerre dont les principaux acteurs taient Peter Kubelka et Kurt Kren Influenc par le cin ma structurel et pratiquant le found footage son travail est avant tout remar quable par sa capacit explorer de nouveaux terri toires tenter de nouvelles exp riences Passionn de cin ma depuis l enfance l ann e 1977 il a dix huit ans est pour lui d cisive Alors qu il fait des tudes de journalisme Vienne et souhaite devenir po te il d couvre le cin ma d avant garde am ricain en assis tant cinq jours durant aux conf rences du c l bre critique P Adams Sitney Ce fut une r v lation J ai ainsi appris que l on pouvait envisager le film comme une uvre d art plastique en tant le seul cr ateur contr lant tout le processus d laboration Deux ans plus tard il part pour Berlin de loin la ville la plus vivante pour le cin ma Il ach te une cam ra Super 8 commence tourner Kreuzritter son premier film 1979 80 Freeze Frame 1983 Tabula Rasa 1987 89 puis ce sera la trilogie en CinemaScope L Arriv e Outer Space et Dream Work 1997 2001 1 Le cin ma structurel est un courant dominant dans le cin ma exp rimental
123. t riser les diff rents l ments qui la constituent bo tes rythmes nappes voquant les violons m lodies gren es au synth tiseur Dans un second temps on peut rep rer les sept moments o la musique intervient pour montrer en quoi elle se fait empathique puisqu elle semble chaque fois participer aux motions de la sc ne ou les commenter stress de l h ro ne qui a perdu son portefeuille effets de suspense L absence de musique off dans certaines s quences la nuit l h tel peut elle aussi tre interpr t e En ce sens les cartons du d but qui isolent des tranches sonores et laissent entendre les diff rentes sonorit s lectroniques utilis es dans le film cr ent une r elle attente l effet de fragmentation place Ni vue ni connue dans la perspective d une qu te d unit qui se poursuivra jusqu au g n rique final 14 Outer Space par T r sa Faucon Une maison dans la nuit une femme entre un couloir sombre un thriller Traqu e par un faisceau lumineux inqui t e par le tremblement de l image le d doublement de l espace et de sa propre image terroris e par les agressions d une force invisible cette femme venue d un film fantastique am ricain Barbara Hershey dans L Emprise The Entity de Sidney J Furie 1981 devient la figure principale d une nouvelle histoire Les l ments repr sentatifs les d cors les objets s estompent successivement autour d elle Elle subit alo
124. t d charge ment des brouettes pr sent s comme des v nements pass s et d crits bri vement dans le r cit litt raire sont actualis s et d velopp s dans le sc nario ils se d roulent au pr sent et constituent l action centrale du r cit Un premier exercice peut donc consister demander aux l ves de relever dans les deux textes les l ments se rapportant aux composantes du r cit suivantes temps et lieu de l action personnages v nements ils peuvent ventuellement pr senter ce relev sous la forme d un tableau compara tif D s lors l enseignant pourra les aider distinguer d une part les diff rences de trai tement tenant la nature m me du r cit lit t raire et la sp cificit du code visuel propre au sc nario et d autre part les diff rences r sultant des choix d adaptation Par ailleurs une tude de la pr sentation des deux textes pourrait montrer comment la continuit dialogu e tend d j vers la forme du film les retours la ligne notamment indiquent des choix de d coupage ce qu on pourra v rifier en observant les vignettes du story board et ou en visionnant le d but du court m trage e Exercice 2 de la continuit dialogu e au story board Avec le story board se d voilent les pre mi res solutions graphiques concernant la repr sentation du camp et celle des person nages On peut ainsi demander aux l ves de retrouver les l ments de desc
125. t du dispositif Voir l image sous l ima ge en un palimpseste de pellicule implique d admettre qu elle est cr ation donc de ne plus y croire ce doute est sans cesse sus ceptible de d stabiliser le film qui le prend en charge C est une autre dimension que nous sommes convi s prenons un exemple travers le rapport musique image de The Crimson Permanent Assurance Rejouer les partitions du romanesque holly woodien classique sur un plan de vieillards vo t s dans leurs prouvantes activit s de bureau essuyant m pris et remontrances de la part de jeunes coqs aux costumes tince lants peut para tre n impliquer que le seul effet post moderne de la juxtaposition de deux univers antinomiques Mais il ne s agit pas tant de railler ces vieilles silhouettes en leur opposant le reliquat d une grandeur lyrique impliquant bravoure courage et prestance ce pourrait tre le cas dans un sketch typiquement comique tel que ceux produits par Les quignols de l info quand les auteurs font voluer la marionnette de Raymond Barre sur une langoureuse musique de crooner que de poser cette source m lodique dans son rapport l men taire l cran comme son d ploiement m taphorique son ouverture proclam e et n cessaire en rappelant une tradition que les photogrammes n ont pas encore convo qu e la m lop e d voile leur caract re cen trifuge Le souci g n ral de creuser une image l aide d une a
126. tels des morceaux de vitres tent s du papier tissu et du savon Consid r e comme un film de propagande socialiste l uvre connut des probl mes de censure en France en Grande Bretagne et en Allemagne Dans la premi re partie du film L id e de Berthold Bartosch sous les traits d une femme nue issue d une n buleuse l Id e appara t un jeune homme pensif et solitaire L homme envoie l Id e la rencontre du monde Un cort ge fantomatique de martyrs la suit L Id e scandalise le monde Les hommes tentent de la rhabiller mais elle refuse ce compromis Un homme en tombe amoureux et il se retrouve menac traqu et jug Parce qu il veut la d fendre il est condamn mort et fusill Une foule silen cieuse porte dignement le corps du martyr La seconde partie du film montre l Id e rencontrer un autre homme Elle parvient s imposer et se retrouve imprim e et diffus e en centaines d exemplaires Mais un affrontement terrible se pr pare Un chef de guerre lance son arm e contre l Id e et ses partisans L arm e les mas sacre et l Id e merge peine du sang et des cadavres des hommes morts pour elle De pauvres silhouettes soul vent les corps et les emm nent au loin Dans la derni re partie du film l Id e r appara t clatante sur le visage du jeune homme du d but le fait dispara tre dans sa lueur et illumine la totalit de l image Une n buleuse pareille celle qui ouvrait le film
127. traduction de ce texte accompagnera une cassette vid o de L Id e dit e en novembre 2003 par Re Voir 2 Giuseppe Maria Lo Duca Le Dessin anim histoire technique esth tique Paris Prisma 1948 r d Paris Editions d Aujourd hui 1982 p 37 3 Voir sur ce sujet Karl F Cohen Forbidden Animation Jefferson USA McFarland amp Company 1997 p 92 par Sylvie Delpech Lille la veille de No l Alice vole dans les grands magasins avec l gance ses mains s activent agiles et expertes Elle fait ses courses singuli res pour No l Apparemment rien ne lui fait peur ni les antivols ni les vigiles Justement Pascal est vigile dans le dernier magasin visit par Alice mais elle ne le sait pas encore Son portefeuille oubli perdu puis retrouv suffit les r unir autour d un verre Et d cid ment rien n a l air de lui faire peur ni les r v lations de Pascal sur les vigiles en civil dans les rayonnages ni se sauver du bar sans payer leurs consommations au prix d une mise en sc ne des plus audacieuses Ils finissent par passer la nuit ensemble dans une chambre d h tel Le lendemain quelque chose semble perturber Alice qui se sauve sans bruit au petit matin Un lien s est nou discr tement entre elle et Pascal une complicit tacite D sormais rien ne peut lui faire peur car quelqu un veille sur elle 1 VUE ni connue de Doroth e Sebbagh FICHE TECHNIQUE Production Balthazar Producti
128. tructure mentale et la morale jud o chr tien ne est omnipr sente J ai toujours senti que le fonctionnement des tres humains qui m en touraient ainsi que ce qui se passait en moi tait plus complexe et plus indicible Sans approfondir par ailleurs la complexit des relations entre les tres il me semble que les zones d ombre et les questions sans r ponses sont l gion C est aussi pour cela que j ai opt pour la po sie l all gorie et la m taphore en tentant d chapper la psychologie primaire et tout en essayant de maintenir le fil de l his toire Vous d fendez l id e d un cin ma po tique Le po me cin matographique ou le cin ma po tique est une approche lyrique de l art cin matographique La plupart du temps cette approche vite les dialogues et privil gie la composition musicale du son La parole elle m me est trait e comme un son o une note et fusionn e avec les autres sons elle fait par tie du territoire sonore Ce qui ne veut pas dire qu elle ne g n re pas du sens bien au contrai re L autre territoire celui de l image se construit constamment en rapport troit avec celui du son Ils avancent en parall le et parfois se substituent l un l autre mais restent sou vent dans une fusion troite Le cin ma po tique se constitue aussi avec l intuition et n ob it pas des r gles strictes C est cela m me qui le caract rise Mes influences sont multiples mais
129. ucoup de cin astes autrichiens o un film plus r cent comme L Emprise D s le d but du travail sur Outer Space je me suis rendu compte qu un autre film encore tait dissimul au c ur des photogrammes des s quences merveilleuses que je ne pouvais pas utiliser pour ce film l Ainsi tout en r alisant Outer Space j ai commenc extraire de nom breuses images pour le film suivant Dream Work Mon travail a donc t beaucoup plus li L Emprise que ce qui tait pr vu l origine LA TRILOGIE EN CINEMASCOPE Pour r sumer cette trilogie L Arriv e 1997 98 partir d une bande annonce de Mayerling de Terence Young 1968 avec Catherine Deneuve et Omar Sharif fait r f rence aux d buts du cin matographe Outer Space 1999 est une c l bration des puissances filmiques du mat riau lui m me Dream Work 2001 renvoie aux d buts du cin ma d avant garde notamment Man Ray et Dziga Vertov lorsque l on voit des mains couper la pellicule comme dans L Homme la cam ra Pour faire deux jeux de mots par rapport Vertov je serais l homme sans cam ra et par rapport Man Ray je serais le ray man en r f rence ma m thode de montage 16 L HOMME SANS CAM RA Dans ma chambre noire sur une planche clous dont l espacement correspond aux perforations d une pellicule 35 mm je peux fixer 50 photogrammes soit un peu plus de deux secondes J utilise de la pelli cule vierge
130. ue de Monty Python le sens de la vie mis en sc ne par Terry Jones Gilliam y tant cr dit comme co sc nariste et animateur ANALYSE DE S QUENCE La contamination des images Cette s quence inaugurale pr cise l enjeu du court m trage entrem ler deux univers radi calement oppos s C est le principe de l alter nance qui d embl e permet d amorcer cette fusion en tablissant des effets de comparai son soit par montage de plans la s rie qui va du plan 1 au plan 6 soit par mise en place d un artifice la coupe franche dissimul e entre les plans 7 et 7 A ce stade le parall le des deux syst mes de repr sentation n est que symbolique C est par l utilisation d un dispositif r f ren tiel m aussi par la voix off sentencieuse et la musique surdramatique que la m taphore se substitue cette donne l o l l ment com par dispara t fondu qu il est dans l l ment comparant charg de l voquer ainsi les plans 8 16 C est en filant cette figure que d autres suggestions se font jour la r volte voque celle des mutin s du Bounty et la pou belle mise sur la t te du chef au plan 16 pos s de la valeur symbolique de la cagoule avec laquelle on recouvre le visage de certains condamn s mort Au del de cette esth tique de la contamina tion on peut aussi lire cette s quence comme une all gorie marxiste l ali nation du travail plans 1 11 la domination des classes d
131. ue et de Picasso pour Outer Space o de la nouvelle objectivit pour Chamonix Le malaise spatial souligne la r v lation d une souffrance motionnelle l image Dans Ligne de vie les personnages en papier sont d coup s et plac s dans une sorte de d placement flottant sur des vues d en semble dessin es elles m mes anim es par les mouvements d appareil axiaux et lat raux Cette d limitation mouvante des corps impose une discontinuit dans le champ visuel marquant une ligne de s paration entre les prisonniers et les lieux figur s Cette fracture au sein de l occupation spatiale exprime la menace de la d shumanisation l uvre dans les camps Les deux premi res morts celle du garde surpris de complicit et celle du prisonnier puis par le travail pin glent la d faite des corps qui sont an antis par le dessin du d cor traits charbonneux et lavis color s car ils ne sont plus prot g s par leur propre d tour Le d collage des figures sur leur lieu de d tention souligne un risque de mise mort tablit un principe de cl ture S en distingue un travail sur le fond de l image travers un jeu de transparence et d h t rog n it du visible Le traitement visuel de certains plans fait na tre aupr s du spectateur un questionne ment quant la fabrication de l image outre la technique du dessin film n y aurait il pas aussi un jeu de surimpression avec des bribes de vues enr
132. uis par la m moire spectatorielle pour mieux juger du d risoire relatif des cr atures qui s battent en leur sein cet effet anempathique cher ch par certains cin astes on peut songer au travail de d molition que m ne Eastwood dans le prologue d Impitoyable 1992 sur son propre personnage westernien ou celui de Tarantino dans Pulp Fiction 1994 lors qu il ridiculise ses tueurs gages d positaires de toute une culture de film noir est pourtant le plus usit La propension infla tionniste la parodie insuffl e par la t l vi sion Le vrai journal de Karl Z ro par exemple fait intervenir la r f rence d abord pour entretenir avec le public une relation de connivence apte le flatter ensuite pour syst matiquement d monter les rouages de la moindre imagerie institu e Le r sultat est la d cridibilisation latente des puissances de l image mouvante identifi e un produit dont on peut reproduire les ficelles La prolif ration des remakes des suites voire des s ries au sein m me du Septi me Art tend confirmer ce constat cynique que des producteurs r alisateurs comme Besson l vent la hauteur d une politique Le danger qui guette l utilisation de la r f rence est alors le m me que celui qui menace les samples en musique ces boucles musicales rajout es par les mixeurs o les DJ s pour agr menter leurs rythmes la revendication de l industrialisa tion de l art
133. uit maintenant Le jour ne s est pas lev Le ciel est gris sombre et des charpes de brouillard entourent le camp lui donnant un aspect irr el Quelques fant mes errent et l Des prison niers Des gardiens Quelle diff rence J ai du mal pousser cette brouette trop lourdement charg e Parfois la roue cogne se bloque et alors elle verse Tous ces cailloux se r pandent sur le sol humide froid Un cri que je n entends plus m ordonne sans doute de ramasser au plus vite encore plus vite de remettre la brouette en route et toujours plus vite d aller la d char ger l o il convient de le faire r o Li TEE LL ER ATE Sd Ce cri cet ordre et ces insultes ne sont pas n cessaires pourtant Je le sais bien que ces cailloux doivent arriver destination dans les meilleurs d lais je le sais que je suis un fain ant et que je dois m am liorer Hier Etait ce hier J ai charg pouss et d charg une brouette en quatorze minutes et vingt trois secondes Il faudrait que j arrive au dessous des quatorze minutes Un Allemand mais il est plus grand et plus jeune que moi d tient le record onze minutes et sept secondes C est inaccessible Je me dis qu il est Allemand et le gar dien chronom treur aussi Sa brouette tait peut tre moins charg e I avait peut tre re u un morceau de pain plus gros Je cherche des raisons ou des excuses Je dois quand m me arriver sous les quatorze minutes avant l
134. ujourd hui travers la pr paration d un second court m trage avec le m me acteur Guillaume Saurrel et en paral l le travers l criture de son premier long m trage une com die m lodramatique Propos de Doroth e Sebbagh UNE ENVIE DE CIN MA J ai l impression que j ai toujours voulu faire du cin ma Je crois que c est la magie qui se d ga geait des films qui m a touch e quand j tais enfant je crois m me celle des dessins ani m s de Walt Disney J ai demand mes parents de m expliquer comment fonction naient le cin ma la pellicule le d filement etc Je voulais faire du cin ma pour redonner un peu des motions que j avais ressenties D s lors ma formation m a paru logiquement trac e Baccalaur at A3 Cin ma puis fac de cin ma Paris parce que je pensais que c tait le meilleur endroit pour voir des films de mani re moins scolaire J ai choisi une activit cin phile le travail personnel de l analyse fil mique et j ai travaill sur Rivette et Franju Mais au fond je voulais faire des films J ai tent la f mis et par un concours de cir constances j ai t re ue une analyse de s quence qui me parle un jury bienveillant une rencontre et une admission La f mis m a donn les moyens de faire des films mais surtout de rencontrer des gens d autres tu diants avec qui je travaille maintenant Par exemple j ai r alis Ni vue ni connue gr ce ma renc
135. une r criture qui inscrit dans le texte portrait les traces de la parole lorsqu elle est singuli re Puis de la VF la VO la disparition de mots et de phrases soulign s dans le texte fran ais ci contre correspondant surtout des d tails descriptifs visuels la suppression du mot spectacle la VO dit juste beim Anblick des weiBen Kautschuk la vue de l las tique blanc semble confirmer le r gne de la parole Enfin d termin e par la dur e du g n rique la parole est elle m me soumise l crit la VO est plus courte que la VF elle s arr te au milieu de l histoire semblant battre en br che le principe de la chute en d non ant Version fran aise son caract re al atoire et refuser une derni re fois d faut de la cl ture du r cit celle du sens d autant que la derni re proposition en italique dans le texte allemand ci dessous est marqu e la fois par un lapsus une incoh rence syntaxique et une faute de grammaire Sa traduction exacte serait en effet j ai d cid de lui acheter une lettre en chocolat qui das commen ait avec son nom avec l ini tiale de son nom La langue fran aise est inapte rendre compte de la confusion de genre dont t moigne l emploi du pronom rela tif cens s accorder avec le nom das est neutre et employ la place de der puisque le nom lettre est en allemand mas culin der
136. ur les man uvres sexuelles fondues au noir dans un t tonnement de l change commen ant signaler une petite avance masculine La reprise en mains d Alice qui ferme la porte en partant de la chambre comme une voleuse laisse penser qu elle orchestre le d roulement rythm du r cit en images A la toute fin du film quand Pascal se sert gale ment de son agilit manuelle pour remettre les disques dans de bonnes mains la ques tion du geste se d place du montage corpo rel de l h ro ne entre fragmentation et asso ciation formelles celle de la manipulation du r cit qui a pi g la voleuse ni vu ni connu Dans The Crimson Permanent Assurance le geste des personnages met en sc ne un bas culement dans l imaginaire Le d tourne ment des objets par les employ s de bureau consiste transformer les instruments du lieu de travail en des armes de piraterie pour se rebeller contre le licenciement abusif Les m taphores nonc es par la voix du narra teur british et omnipotent sont prises la lettre par les assureurs matelots dans leur combat id ologique et maritime l assaut des hauts lieux de la finance Ce r assembla ge du quotidien sorte de r criture visuelle s agence comme un r ve surr aliste Le choc po tique entre une machine coudre et un parapluie Lautr amont pr side ici la m tamorphose de l espace repr sent immeuble vaisseau mais aussi la r inven tion de l ima
137. ure formelle au moins avec vos pr c dents films La rupture formelle n est que dans le choix des mat riaux Il se trouve que cette histoire ne pouvait tre transmise que dans la forme du pictural Elle manait d un peintre Raymond Delvax et devait d une certaine fa on s intro duire dans la magie de la peinture La concep tion du film outre les contraintes techniques et ses sp cificit s est pour moi rest e dans la droite ligne de ma mani re de proc der c est dire un travail par couches successives ins crit dans un artisanat labor Pourquoi ne pas avoir gard l ancrage his torique l Allemagne de la nouvelle de Raymond Delvax J prouve souvent le besoin d universaliser les histoires v cues par les uns et les autres I me semble que l art cin matographique dicte ce mouvement La sensibilit et la r ceptivit sont plus libres lorsqu elles sont d barrass es des r f rences Et puis il s agissait aussi de trans mettre que cela est arriv mais que cela arrive et arrivera encore et n importe o dans le monde Les hommes sont ainsi entre eux par fois Le film fait la d monstration de l absurdi t d un syst me totalitaire l absurdit du comportement des gens et des syst mes en particulier est une notion fonda trice dans l approche que j ai du cin ma en g n ral Presque tous mes films s y r f rent tant donn que j ai v cu les quinze premi res ann es de ma vie en e
138. utre de l accrocher la chaf ne arch typale qu elle d roule jusqu lui faire pouser son motif fondateur sous entend la pratique r f rentielle Ici lorsque le film de pirates surgit au milieu du film social ce travail de mutation amarre le cadre qui l autorise un univers auquel son prime abord ne nous a pas habitu s Loin de le cl turer sur l herm tisme d un formalisme narcissique o le cin ma se regarderait agir sans d autre ambition que de se faire des clins d il la r f rence trace donc des pers pectives On pourrait en dire autant de la mani re dont Lynch dans Mulholland Drive 2000 Almodovar dans Tout sur ma m re 1999 o les Coen avec The Big Lebowski 1997 vo quent d autres s quences d autres plans d autres instants pr c demment consacr s sur pellicule respectivement et pour res ter dans une simple num ration Eve 1950 de Mankiewicz Un Tramway nomm 32 d sir 1952 de Kazan et Le Grand Sommeil 1946 de Hawks Chaque analyse mettrait en vidence la sp cificit de diverses mises en abyme mais elles aboutiraient au m me constat Faire intervenir sous forme directe la citation ou non l allusion un second r seau d images au c ur du premier doit creuser celui ci en d voilant de quel mod le il participe ou il s loigne En un mot le travail de la r f rence n est pas uniquement celui d une valeur dont on exhi be les rep res pr suppos s acq
139. vement in dit de la part du dessinateur d tenu Le d pla cement de son corps mutil provoque une treinte entre l homme et l espace qui au lieu de d faire la vie le gardien pendu l homme sans cheveux transcende sa finitu de Le geste d compos par la discontinuit du montage est en m me temps rendu flui de par les fondus encha n s en transparence cr ant une impression de grande libert donnant vie l il et l esprit artistiques quand les mains manquent Le corps en entier devient un pinceau se substituant la cr ation tactile nonc e pr c demment L homme barbe d clarait apr s avoir caress le corps mort du prisonnier j ai la ligne dans ma main L acte de cr ation qui est un acte de r sistance Gilles Deleuze est marqu par ce geste Inscrit m me le pan de mur ce pan d Histoire encadrant le r cit r fl chissant la facture du film par rap port cet lan Dans Outer Space le basculement dans l es pace int rieur est introduit par un Insert sur la main de l h ro ne qui tourne la poign e renvoyant au secret derri re la porte des grands films classiques suspense Ici la mise en sc ne s affole partir de ce geste d ouverture Le plan suivant est tout simple ment renversant avec un angle de prise de vue sens dessus dessous D s lors la d cou pe et la multiplication de l image op r es par un geste plastique se retournent contre la
140. x 1 33 le standard du sonore 1 x 1 37 le CinemaScope d origine 1 x 2 55 le Cinema Scope actuel 1 x 2 35 Interimage ou barre de cadrage barre de s paration espace g n ralement opaque s parant deux photogrammes successifs ANALYSE DE S QUENCE La riposte Les crit res narratifs n tant plus d terminants le d coupage en s quences d Outer Space est difficile comme pour la plupart des films exp rmentaux Cependant le cin aste parle de son film comme d une seconde histoire sous L Emprise et le rythme de sa composition nous permet de relever des c sures Ainsi apr s les nombreuses attaques visuelles et sonores subies par Carla dont le paroxysme est atteint avec le flicker central survient la riposte Aux intrusions des perforations et des sinuso des de la bande son r pondaient jusque l les bour donnements le cr pitement de voix distor dues la stridence de la musique puisque la partition sonore du film a t compos e selon la m me m thode optique avec le stylo laser Tscherkassky choisissant des l ments syn chrones ou en pr levant d autres ailleurs Apr s une br ve accalmie o l on revient l ext rieur de la maison une derni re agres sion la jeune femme cras e contre le miroir catalyse sa revanche qui fait l objet d un trai tement filmique particulier On analysera ici l utilisation du flicker et du montage de la r p tition visant toujours mettre l preuve
141. x URSS il me semble que je suis tr s marqu par le fonctionnement irrationnel des syst mes mais aussi par l hu mour de l absurde que pratiquaient les gens pour se sortir de ce cauchemar Le film insiste sur le devoir de m moire et pose la question de la reconstitution Pourquoi avoir choisi la forme du cin ma d animation o l image est toujours fan tasmagorique plut t que la forme du cin ma photographique avec une image preuve L Image preuve ne prouve rien tant que les hommes ne peuvent voquer librement ce qui s est pass ou comment cela s est pass et tant qu il n y a pas de gens capables d en tendre les t moins L inconcevable capt par l image photographique d passe l entende ment I faut reconstituer l image en la trans cendant ou en la stylisant pour qu elle devien ne imaginable et pour que les gens puissent se l approprier C est le territoire de l art et c est en cela que l art est puissant La fantasmago rie constitue le cin ma que les gens ont dans leur t te et c est ce cin ma l qui m int resse Vous avez d clar avoir toujours refus une forme de dramaturgie correcte Qu entendez vous par l La dramaturgie classique de la trag die la com die en passant par le drame nous a appris comprendre ce que nous savions d j et ce que la soci t essaie de nous inculquer comme mod le de fonctionnement On chappe rarement au manich isme dans cette s
142. y aller doucement prendre leur temps parfois j indique des pauses pr cis ment apr s tel ou tel mot JOCELYNE DESVERCH RE MANUELA GOURARY PORTRAIT AUTOPORTRAIT LA PAROLE Si c est un autoportrait a passe par la parole Mais ce n est pas ma voix a peut donner cette impression parce que c est le m me type de fa on de parler pour tous assez neutre un peu lent un peu froid Je ne sais pas si je parle comme a C est un m lange je veux 22 aussi garder pr cis ment ce qui vient des gens Ce qui m int resse c est ce qui vient d eux mais je me l approprie par la r criture J enl ve des r p titions des insistances inutiles des formules utilis es l oral qui sont superflues mais je garde des expressions qui leur sont propres J essaie aussi de mettre en valeur la chute ou au contraire de la suppri mer J essaie d viter surtout la conclusion le commentaire que les gens ajoutent pour fer mer et pour garder le contr le de ce qu ils racontent C est aussi pour laisser une incerti tude j aime faire planer le doute sur la v raci t des r cits J avais travaill en vid o sur les mots qui ne veulent rien dire les trucs qu on r p te sans cesse Quoi de neuf Qu est ce que tu deviens Cette fois je voulais vraiment que les gens disent quelque chose d eux laisser tomber les mondanit s aller vers l humain Les histoires sont plus personnelles et aussi ce qui est importa

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