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Fast Film

1. D SIX COURTS M TRAGES D ANIMATION ATAMA YAMA de Koji Yamamura LIGNE DE VIE de Serge Av dikian FAST FILM de Virgil Widrich UN JOUR de Marie Paccou WHEN THE DAY BREAKS de W Tilby et A Forbis HARVIE KRUMPET d Adam Elliot par Charlotte Garson Elisabeth Lequeret et Vincent Malausa CAHIERS LYC ENS AU CIN MA CINEMA Ligne de vie when the day breaks CAHIERS CINEMA ui 1 L a re me i E ine a S i l L i TE FAST FILM 2003 de Virgil Widrich UN JOUR 1998 de Marie Paccou par Charlotte Garson Fg LIGNE DE VIE 2002 de Serge Av dikian ATAMA YAMA 2002 i y de Koji Yamamura iF w Pe La AE par Vincent Malausa WHEN THE DAY BREAKS 1999 de A Forbis amp W Tilby HARVIE KRUMPET HARVIE KRUMPET 2003 d Adam Elliot par Elisabeth Lequeret Directeur de publication V ronique Cayla Propri t CNC 12 rue de L beck 75784 Paris Cedex 16 t l 01 44 34 36 95 www cnc fr Directeur de collection Jean Douchet R dacteur en chef Emmanuel Burdeau Coordination ditoriale et conception graphique Antoine Thirion Auteurs du dossier Charlotte Garson Elisabeth Lequeret Vincent Malausa R dacteur p dago gique Laurent Can rot Conception et r alisation Cahiers du cin ma 12 passage de la Boule Blanche 75012 Paris t l 01 53 44 75 75 fax 01 43 43 95 04 www cahiersducinema com Les textes sont la propr
2. jusqu ce qu un petit cerisier lui pousse sur le cr ne Six ans de travail ont t n cessaires la fabrication du film Produit en toute ind pendance Afama yama n utilise aucun effet de 3D mod lisation ou rotoscoping et recourt seulement de classiques techniques de dessin en 2D encre peintures et crayons sur papier Pour cr er un effet de relief j ai peint s par ment des ombres et des lumi res avec des crayons je les ai scann es et les ai ajout es au reste avec le logiciel RETA s Pro Cette technique donne au film ses effets de relief Par exemple lorsqu appara t le personnage principal dans son appartement son visage se d tache nettement des objets qui l entourent par un simple d calage des ombres et lumi res dans le cadre Malgr sa technique tr s artisa nale le film remporte un immense succ s international obtient le Grand Prix du festival du film d animation d Annecy et une nomi nation l Oscar du meilleur court m trage d animation en 2003 OUVERTURE P DAGOGIQUE Comment le film sugg re t il l avarice obsessionnelle du personnage Elle prend la forme d un d lire d entassement d engloutissement Sa grosse t te ronde envahit le champ en tr s gros plan d s le d but du film Il ne cesse d occuper le centre du champ Le d cor de sa chambre r v le un entassement h t roclite d ob jets Les s quences d bordent les unes sur les autres par l effet de fondus encha n s
3. alisation Serge Av dikian Dessins Raymond Delvax Graphisme et image Fr d ric Tribolet Animation Alain Amielet Voix Bernard Ballet Montage Simon Pradinas Musique Michel Karsky Production Les films de l Arlequin Dur e 12 17 Format 35mm couleur REALISATION Serge Av dikian face l oubli en 1955 Erevan Arm nie Serge Av dikian migre en France en 1970 avec ses parents D abord pressenti pour une carri re de footballeur il est s lectionn dans l quipe nationale d Arm nie il se passionne pour le th tre et le travail de com dien ou de metteur en sc ne Alors qu il tudie au Conservatoire d art dramatique de Meudon une pi ce qu il a lui m me mont e lui permet d tre remarqu lors du fes tival d Avignon Gr ce ce succ s le cin ma lui ouvre ses portes Nous tions un seul homme Philippe Vallois 1978 et Le Pull over rouge Michel Drach 1979 lui offrent la c l brit mais Av dikian repart sur d autres fronts remonter vers ses origines arm niennes exprimer la voix des minorit s lutter contre l oubli Il d bute dans la r alisation d s 1981 Son uvre de r alisateur se partage entre documentaires Histoire d a mour colombe et avedis 1981 Sans Retour possible 1983 fictions Entre deux rames 2000 et po mes cin matographiques J ai bien connu le soleil 1989 S il poursuit sa carri re d act
4. picerie du quartier Tandis que le premier en sort son panier char g de provisions diverses Ruby qui s appr te entrer dans la boutique le croise et renverse par m garde son panier Les citrons roulent sur la chauss e Lun d eux tombe dans une bouche d gout mal scell e C est le point de basculement du film les quelques secondes pendant lesquelles Monsieur Poulet furieux regarde le citron rouler puis finalement tom ber dans l gout lui co teront la vie distrait par l accident il traverse au feu rouge et se fait renverser par une voiture Si la mort de Monsieur Poulet constitue le cli max de When the day breaks celle ci est toute fois trait e sur le mode de l ellipse seule la bande son un coup de klaxon un crissement de pneus permet d en d livrer un premier indice L encha nement qui suit constitue le second Celui ci vient apporter une double confirmation Confirmation narrative d une part qui apporte la preuve avant m me les quelques plans flashes faudrait il dire tant ils sont brefs et fragmentaires sur l ambulance qui vient emporter le cadavre que l accident fut bien fatal en m me temps qu il confirme et approfondit la vision du monde que d livre le film 1 Travelling lat ral sur des os nettoy s d j blanchis dispos s fa on mus e d Histoire naturelle ou planche anatomique on y distin gue tr s nettement le br chet caract ristique des carcasses
5. te Atama yama Ces fantaisies narratives s ancrent dans une recherche de la profondeur commune aux six r alisateurs tous avides de fouiller la texture de mettre en crise aplats et ligne claire L animation ce n est plus simplement le dessin anim et son cellulo transparent Vamamura m lange peinture et crayons pour cr er du relief tandis que Virgil Widrich fabrique des origami qu Adam Elliott mod le des figurines que Serge Av dikian superpose les couches d images peintes que Marie Paccou creu se le noir et blanc comme on sculpte sur bois et qu Amanda Forbis et Wendy Tilby anthropomorphisent le mouvement de leurs animaux Origami l effigie de Margaret Lockwood utilis s pour la fabrication de Fast Film Emancip s de la photographie donc de la reproduction analo gique les cin astes de ce programme ne se d barrassent pas pour autant du r el qui revient par les voies d tourn es d une tech nique une variation sur la rotoscopie pour When the Day Breaks l obsession d une cin philie boulimique lunivers visuel du cin ma classique dans Fast Film la question de la repr sen tabilit ou non d un point de non retour historique la Shoah dans Ligne de vie ou encore mais peut tre surtout la pure mat rialit de cet art Naviguant avec aise entre le d tail micro scopique et le vertige macroscopique les six courts m trages se confrontent in vitablement au r el absolu la mort
6. Dans un dessin anim en noir et blanc la lumi re diminu e jusqu l obscurit compl te ou l objet noir emplis sant le champ de la cam ra sont strictement quivalents on ne peut distinguer la mati re d un objet parapluie robe Pas de dif f rence donc entre la lumi re propre aux trois dimensions sen sible au relief donc la mati re d une surface et la valeur propre aux deux dimensions en noir et blanc Sous l apparence d un film enti rement narratif Un jour le binarisme noir blanc fraie une voie vers l abstraction les noirs se donnent peut tre surtout voir pour eux m mes ATELIER chaque fois que le cadrage ou les mouvements de cam ra vo quent le cin ma en prise de vue r elle ceux ci se r solvent brus quement en l image d un cercle blanc soulign par l effet de vibra tion Le visage rond de la femme travers la robe les cercles de pluie la cage d escaliers d couverte par le panoramique vertical l eau du bain dans laquelle plonge la main de la femme son visage la sortie du bain ces plans rythment le r cit et annoncent l image finale du ventre vide Comment interpr ter ce motif Symbole d une temporalit caract ris e par la r p tition des actions les plus sim ples le cercle interrompt l avanc e du r cit pour faire appara tre le dessin dans sa mat rialit et ouvrir elle aussi la voie vers l abstraction Ligne de vie LIGNE DE VIE France 2002 R
7. Pour cha cun des courts l usage de la voix off r pond donc c est sa fonction premi re une logique de clarification du r cit R duite au minimum dans Uz Jour ouverture et fin du film ou fil qui accompagne l histoire dans les trois autres la voix off permet d accompagner les images tout en explicitant ce que celles ci ne suffisent pas exprimer Mais si la voix off ne sert qu enrichir le film de pr cisions familiales dans la chronique Harvey Krumpet voix objective informative elle demeure dans Ligne de vie et surtout Afama yama une instance qui d passe ce simple statut sa teneur est po tique musicale et rythmique A son graphisme volontairement pauvre anim par le glissements des strates de peintures la voix atone un peu teinte du narrateur de Ligne de vie ajou te une couche suppl mentaire elle explicite moins l action qu elle ne Pa lourdit de d tails incongrus se fixant sur des faits tr s pr cis quant Pim portance des lunettes pour le narrateur aux jeux atroces des matons La voix appara t par bribes entre les silences c est une instance du souvenir qui sur git par bouff es tragiques d nu e d un r el principe d efficacit Dans Atama yama m me fonction po tique de la voix off la voix du personnage principal grognements phrases primaires est redoubl e par un chant guttu ral et n anmoins narratif Mani re pour le cin aste de jouer entre l objectif la c
8. de poulets 2 Dans la continuit sans nette rupture de plan passage une autre dimension une succession de dessins si rapi des qu ils semblent le r sultat d un rapide balayage panoramique ultra speed op r la surface d une seule et m me planche d Histoire naturelle De 1 2 c est le m me style de graphisme qui pr vaut celui de la grande tradition de la le on de choses os pour l un fleurs lierre papillons et autres insectes pour l autre Hyperr alistes ces dessins inci tent faire le raccord d une dimension l autre en m me temps qu il suppriment toute hi rar chie que celle ci rel ve du temps ou de l ord re naturel C est la morale ou plut t Panti morale du film le d roul habituel d une vie n est ici trait que sous un mode allusif m to nymique en 1 m taphorique en 2 D un mon tage lin aire et organique s appuyant sur les mouvements des corps on passe en somme une mise plat anatomique du vivant 3 ces deux plans vient s adjoindre un plan fixe d un cadre l ancienne portraiturant un coq possiblement Monsieur Poulet Sr fixant d un air martial objectif du photographe Lui succ deront une succession de plans du m me ordre cadrant successivement un b b un enfant un adolescent dans la pose classique du joueur de hockey avant le match un couple de mari s Cette s rie vient nourrir l encha ne ment d une dimension nouvelle D
9. et retour au Rakugo dont le film est l adaptation La clar t de cette s rie tient en trois points le motif r curent du cercle l art du mouvement et celui de la rupture acc l ration et figement Le motif du cercle figure centrale des trois plans rompt avec l aspect tr s carr des plans frontaux du film Sil prend diverses formes visage en 1 puis astre blanc ou noir en 2 et 3 le cercle garde sa place au centre du cadre dans les trois plans assurant unit et quilibre l encha nement l acc l ration vertigineuse du plan 1 d multi plication de petits doubles du personnage qui surgissent de son cr ne succ de la fixit de 2 et 3 qui rel vent presque du tableau film Le mouvement est donc celui de la rupture ampli fi e par l inversion en 2 du noir et du blanc Le mariage des contraires trou du cr ne en 1 ou globe rempli en 2 blanc ou noir envers ou endroit des buildings permet Yamamura d ouvrir sur l trange quilibre du plan 3 para doxal en ce qu il est tout la fois visiblement plus structur que les autres calme d une vue en retrait sur la sc ne de th tre loin de lagita tion de 1 ou de l tranget de la disposition des buildings de 2 et r siste n anmoins l viden ce les formes noires qui entourent la sc ne rel vent d un art abstrait o l on ne distingue que quelques motifs lastre au centre du plan la bouteille en haut du cadre Entre l effet d
10. la cam ra ferait le tour avec des mouvements des effets de lumi re etc Or Widrich s en tient la fixit de la prise de vue r alis e avec un appareil photo num rique haute d finition et n ex ploite que peu les origami comme s ils taient des figurines le plus souvent on ne voit que le profil des wagons du cheval etc sauf dans de rares plans tel celui o Buster Keaton en M cano de la G n rale 1927 conduit l un des wagons en pleine course Pli le papier se d ploie en profondeur mais c est pour mieux servir de pure fa ade quand Sean Connery l ve les yeux vers la femme suspendue dans sa bo te au plafond il fait tournoyer le pliage La face arri re de la bo te en papier r v le au spectateur son fond de papier vierge sans image le c t pile du pliage n tant pas imprim travers cette utilisation du papier comme d cor creux le cin ma gonfl par le pliage est subitement ramen ses deux dimensions et au fastidieux proc d de reproduction qu exige l a nimation image par image Fast Film lettre d amour au cin ma de genre fait du papier plus qu un support la m taphore incandes cente de la force et de la fragilit du cin ma robuste mais inflam mable au plus haut point la fois cran de projection et cran au sens de cache Car ces feuilles vierges au verso et porteuses de tant de m moires de films au recto d noncent en m me temps qu elles la c l brent tout
11. mais photogra phi es l aide d un appareil num rique de haute d finition Ces minutieuses op rations donnent aux 14 minutes ultra rapides de Fast Film leur triple degr de transformation de l image de cin ma 7 on appliquait ce principe la litt rature ce serait comme si je s lectionnais des vers du th tre de Shakespeare et que j en crivais un po me d amour qui son tour raconte une histoire Par ce double pli Widrich aplatit le cin ma en le consignant sur papier mais il le r anime d un vigoureux bouche bouche un baiser inaugu ral et final YOUPIM TIBJIA VIRGIL WIDRICH FILMOGRAPHIE courts m trages sauf mention particuli re 1980 My Homelife 1980 Gebratenes Fleisch 1980 Drei Mal Ulf 1981 Auch Farbe kann tr umen 1982 Monster in Salzburg 1983 1985 Vom Geist der Zeit long m trage 1998 tx transform co r alis avec Martin Reinhart 2000 Heller als der Mond long m trage 2001 Copy Shop 2001 Linksrechts 2003 Fast Film OUVERTURE P DAGOGIQUE Hommage critique au cin ma hollywoodien le r cit de Fast Film fait appara tre ses codes narratifs moraux esth tiques A partir d un conflit tr s sim ple un homme poursuit une femme le r cit est structur en trois parties la poursuite la traver s e du territoire ennemi la fuite et la destruction des ennemis La premi re partie multiplie Les dan gers et les trai
12. personnages et les plis et replis du dispositif Fast Film est constitu de 65000 impressions sur papier de photogrammes tir s de 300 films Un premier montage a t constitu par l auteur avec des morceaux de pellicule recycl e Sorte de storyboard sur pellicule ce film de brouillon a t pr cieux pour rep rer des points de raccord et des chos entre les plans de diff rents films Une fois ce premier bout bout num ris et mont gr ce au logiciel AfterEffects d Adobe il est imprim image par image avec l emplacement des pliages non encore existants Une recherche collective de Widrich et de ses collaborateurs extrait de plus de 2000 films des motifs visuels et sonores r currents L quipe a ainsi compil sur ordinateur une banque de donn es th matique et gestuelle o puiser le son d un train entrant en gare le geste d un revolver sorti d une poche un baiser sous la pluie etc Ce n est qu un an et demi apr s le d but des recherches que commence un long processus d animation et de montage Douze animateurs dont une sp cialiste du papier pli japonais origami et une collaboratrice sp cifiquement en charge des d chirures et froissements travaillent sans rel che pendant un an pour plier les images imprim es en divers objets cheval train avion puis animer ces origami image par image Les prises de vues chacune tr s br ve la plus longue dure 21 secondes n ont pas t film es
13. s y donnent voir 1 2 l exultation puis la s r nit de Harvie reprennent et condensent la trajectoire du film que vient contredire le plan 3 Pour Harvie dont la vie n a t qu une suite ininterrompue de bri mades et d avanies deux seuls refuges possibles celui de l amour sa femme sa fille Wilma celui aussi des mondes imaginaires o le conduisent la folie douce qu il tient de sa m re le petit carnet de Faits suspendu son cou la maladie Alzheimer et les dro gues morphine et Prozlac De ce double point de vue le film est l inverse d une trajectoire initiatique Partager l amiti d une morte y quivaut bien attendre un bus imaginaire ce n est pas en lisant les signes du monde que Harvie trouve le bonheur mais en le niant Sy noue la dialectique de Harvie Krumpet entre un monde r duit ses acqu ts les plus sinistres d charge h pitaux mouroir et les refuges ph m res que Harvie aura fini par s y trouver Carpe diem ou strat gie au petit pied lustre des grandes causes ou morale des plaisirs minuscules au fond du pareil au m me TEXTE TRANSVERSAL En voix off Point commun la majorit des courts m trages ici rassembl s une absence Ligne de vie Un Jour ou une rar faction Harvey Krumpet Atama yama des dialogues Le cin ma d animation se rapproche souvent du muet ce que les cartons r currents de Harvey Krumpet symbolisent parfaitement
14. s jour fut provi soire Rien d univoque pourtant cette p n tration provisoire Un jour n est pas une fable en attente de moralit ni un conte tio logique sur l origine des nourrissons Pourtant la position strat gique des derni res phrases dites off pendant le g n rique leur conf re une fonction d pilogue qui vient infl chir l vocation de la grossesse et faire de ce s jour ventral plut t la m taphore d une relation amoureuse Les hommes d apr s les mal ajus t s soit trop petits soit trop grands etc comme la soupe trop chaude ou trop froide de Boucle d or et les trois ours par tagent un trait commun l inad quation Qu il soit amant ou f tus le visiteur est d abord l absent Le un jour inaugural est r trospectivement repouss un temps perdu jamais ce n tait pas malgr la succession de gestes quotidiens une p rio de comme les autres mais une chance qui a trop peu dur Beance La libert qu offrent les moyens de l animation est ici utilis e pour une stylisation d une simplicit confondante gagnant en puissance par son vidence le deuil impossible du petit bon homme parti on ne sait o ni comment ni pourquoi est mat ria lis par une b ance Perdre l autre c est perdre un morceau de OUVERTURE P DAGOGIQUE En d pit de la trivialit avec laquelle est consid r le surgis sement de l homme traitement du m
15. tandis que les fondus au noir ryth ment sa plong e dans la folie Dans sa volont de se grossir de tout ce qu il trou ve il se d double d s le d but du film dans un miroir avant de se d multiplier finale ment dans le reflet du lac Sa mort logi quement ne pouvait prendre que la forme d un engloutissement Le rythme m me du film r pond cette logique folle beau coup de plans le plus vite possible POINT DE VUE PARTI PRIS Le monde selon Yamamura Eclosion mouvement tama yama fonctionne sur l opposition dynamique de deux mou vements D abord la logique de conservation et d enfermement du personnage principal qui ram ne tous les aliments qu il peut son domicile pour les conserver dans des bocaux ou les d vorer jusqu la derni re miette Satire sur l avarice et le d sir de poss der le film oppo se ensuite ce d lire d enfermement du personnage un mouvement contraire ressort burlesque qui peut tre vu comme une mise en abyme de l art de Yamamura un univers de l closion permanente symbolis e par un bourgeon qui pousse sur le cr ne du h ros jusqu devenir arbre et accueillir sous ses branchages une nu e de citadins et le monde tout entier Tout le film repose sur cette opposition entre avarice obsession nelle du personnage et g n rosit de la mise en sc ne de Yamamura mutations transformations mouvement perp tuel Contraste d formation Le dispositif mis en pl
16. un univers en dur fait de bois et de plastique Harvie ne sait pas marcher ses mains agit es de tics trop grosses au bout de bras trop maigres ne lui permettent ni de ma triser les objets ni de com muniquer avec les autres Pour tra duire ses motions Harvie n a m me pas le langage mais les gro tesques d formations de sa bouche ou les mouvements de ses yeux Harvie conscience muette enfer m e dans un corps tranger sou mis la maladie plong e dans un univers tranger soumis la vio lence aurait pu tre un personnage de Beckett S RIE O git le reel arvie Krumpet qui est en train de glisser dans les mon des imaginaires de la maladie d Alzheimer finit ses jours dans la sinistre maison de retraite Pleasant Paddocks Les enclos plaisants Il y fait la connaissance d une vieille femme atteinte d un goitre canc reux avec qui il d cide de se sui cider la morphine Au matin celle ci est morte mais Harvie com prend qu il lui reste encore quelques instants vivre Wilma est le derni re personne avec qui on le verra partager le cadre le point est souligner dans un film o seuls l amour ses parents sa femme Valerie sa fille Ruby la maladie Wilma ou les pers cu tions endur es en commun son ancien camarade de classe marty ris lui aussi par les autres l ves semblent rendre possible le par tage du cadre 1 Rest seul Harvie Krumpet a t ses
17. urbaines mais tr s reli es dont When the day breaks reconduit le double programme C est ce que confir me ici le montage altern qui fixe Monsieur Poulet et Madame Ruby vaquant leurs occupations matinales dans leurs appartements respectifs puis dans la rue chacun se h tant vers la petite picerie du quartier M me la collision des deux personnages ob it cette logique de cloi sonnement si leurs trajectoires sont vou es se croiser Monsieur Poulet et Ruby ne seront jamais cadr s dans le m me plan Comme le sous entend son titre When the day breaks d crit la commu naut des hommes sous un angle moins classiquement narratif des aspi rations des affects des histoires partager que sous la double ligne d un temps et d un espace communs ici r unis dans un lieu on ne peut plus banal l picerie du quartier Au del de besoins communs remplir son frigidaire pr parer le d jeuner qu est ce qui au del de l anecdote f t elle funeste relie ces vies La continuit d une bande son hyperr aliste qui capte les bruits de la ville d une part la musique d autre part Celle de When the day breaks a t crite par Judith Gruber Stitzer qui les deux r alisatrices ont demand de s inspirer de standards des ann es quarante et cinquante Effet On conna t la chanson si l on veut ici la musique est le fil t nu mais omnipr sent qui ne cesse d organiser le rac cord entre les deux soli
18. v tements mais conserv ses bottes de trappeur Il d chire la pancarte Nudity is strickly sic forbidden en souriant Ce plan fait r f rence une sc ne pr c dente l un des premiers moments de bonheur connus par Harvie la d couverte du naturisme R volte d risoire contre le r glement de l hospice une premi re tentative d Harvie a t interdite par les infirmi res d o le panneau mais aussi geste ulti me de celui qui sait venue sa derni re heure L une des caract ris tiques d Harvie est d tre celui qui subit sans limites les pers cu tions des autres ses camarades d cole comme plus tard l hospi ce celle de son compagnon de chambr e et les avanies d un des tin qui semble ironiquement s acharner sur lui accidents et mal adies diverses et ses proches sa femme Val rie meurt d un cancer des poumons Quelques instant plus t t Harvie a remerci Wilma de lui avoir permis de partager ses derniers instants c l bration d une amiti aussi inattendue qu ph m re ironiquement scell e dans la mort Ce Merci adress un cadavre est l une des rares paroles prononc es par Harvie au long d un film de vingt trois minutes De sa valeur lib ratoire les deux plans qui suivent confir ment l hypoth se 2 Harvie attend au faux arr t de bus de la maison de retraite install pour une vieille dame atteinte elle aussi de la maladie d Alzheimer Ici se d nudent l
19. Arlequin Diffusion en DVD Lardux Films Format 35mm couleurs Dur e 4mn20s MARIE PACCOU FILMOGRAPHIE 2002 Le Jardin 2000 Moi lautre 2000 When you re asleep 1998 Un jour R ALISATION Marie Paccou l artisanat num rique e en 1974 Dakar Marie Paccou s int resse pour la premi re fois l animation travers les pastels anim s du Canadien Fr d ric Back auteur de la c l bre adaptation d une nouvelle de Jean Giono L homme qui plantait les arbres 1987 Apr s des tudes de Lettres Bordeaux elle int gre l Ecole Nationale des Arts D coratifs Paris o elle contribue fonder la section animation Sur les conseils de son professeur elle transforme Us jour initialement imagin comme une s rie de gravures sur m tal en un film d animation d velopp sur ordinateur Le logiciel fran ais Tic Tac Toon exploit depuis au Canada sous le nom de Toon Boom a cette particularit qu il ne requiert aucun dessin sur papier Paccou a dessin directement sur la tablette graphique au lieu de scanner des dessins dans l ordinateur Afin d obtenir un trait brut elle a employ non pas le stylo fourni avec la tablette mais l outil utilis pour remplir les zones L aspect de gravure sur bois d Uz jour tient galement aux influences avou es de Paccou l auteur de bande dessin e Thomas Ott et sa technique de la carte gratter noire sans bulles et
20. Hour Psycho Douglas Gordon tire Les 109 minu tes de Psychose d Hitchcock sur une dur e de 24 heures M me la t l vision a us du recyclage dans ses g n riques les portes du couloir d Alphaville pour Cin ma cin ma le baiser de stars successives pour Le Cin ma de Minuit L avant garde autrichienne Dieter Brehm Peter Tscherkassky Gustav Deutsch pratique aujourd hui le recyclage avec une vigueur particuli re se r appropriant classiques hollywoodiens home movies et obscures s ries B pour ciseler des joyaux analytiques Photogramme contre plan Le travail de Widrich entretient des affini t s particuli res avec les films de ses compatriotes Matthias M ller n en 1961 et Martin Arnold 1959 Dans Home Stories 1990 M ller monte des extraits de diff rents films en jouant sur la r p tition de certains gestes Arnold dans Pi ces touch es 1989 tire sur 15 minutes 18 secondes d un film hollywoodien Tous retravaillent des films soit m me la pellicule soit en jouant d effets visuels soit en modifiant la vitesse de d filement Au plan comme unit organique du cin ma ils substituent le photogramme brisant doublement le syn tagme filmique une fois en extrayant une s quence de son film d o rigine une seconde fois la d composant en 24 photogrammes par seconde Un mus e imaginaire L esth tique classique allait du fragment l ensemble la n tre qui va souvent de l ensemble au fragment tro
21. ace par le cin aste repose essentiellement sur une opposition entre int rieur et ext rieur Pour l essentiel Atama yama tient en une suite de gros plans qui se partagent entre vues subjectives du per sonnage principal par exemple lorsqu il mange ses cerises et vues sym triquement invers es sur son visage ou sur son cr ne Par cet effet de frontalit du gros plan se trouvent amplifi s les effets de chacune des vues d une part la monstruosit int rieure du personnage de l autre la d formation du monde ext rieur qu elle entra ne par ricochet Deux exemples 1 le personnage engloutit les cerises et les noyaux dans un d luge de sons peu rago tants noyaux qui croquent bruits de glotte ou de dents 2 son cr ne vu en gros plan avec le cerisier en son centre devient une plage de repos sur laquelle d barque une nu e de vacanciers Qu il corresponde une vision int rieure ou ext rieure le gros plan per met une distorsion de la r alit qui se pose autant comme reflet de la folie dans laquelle sombre le personnage que comme organisation du monde selon Yamamura un univers o l infiniment petit soin du d tail qui res sort de la manie du personnage ramasser noyaux tiges ou bourgeons dans ses doigts boudin s rejoint l infiniment grand le cr ne vu comme une surface du globe sur laquelle volue tout un micro monde Principe de la fractale par lequel toute chelle se perd et o la raide volont de
22. ange ment de plan est ici utilis e avec une certaine ironie Le h ros et l h ro ne changeant tout le temps l illusion de continuit est mim e pour mieux tre min e Mais champs et contre champs suivent la direction des regards Humphrey Bogart cigarette au bec l ve les yeux vers le cheval envahissant le split screen Cary Grant ouvrant une porte d couvre Margaret Lockwood prisonni re de la bo te Ce minutieux travail de d montage remontage s appuie sur un type de r cit id al car par nature agglom rant la poursuite Commune plusieurs genres western film noir film d action et bur lesque elle bouleverse la marche routini re de l entourage des pro tagonistes pour cr er une communaut in dite Via le raccord des regards et des gestes se tisse tout un continuum cin matographique dans lequel Boris Karloff volens nolens interagit avec Buster Keaton ou John Wayne L histoire du cin ma sens dessus dessous D chronologis s les morceaux de films sont parfois le support d une tonalit l giaque envers le paradoxe du cin ma il fixe sur pellicule un visage jeune jamais Cary Grant en noir et blanc dans Soupcons mais enregistre aussi les cheveux blancs du m me acteur en couleur Charade Rupture de rythme la chute verticale de la voiture rouge o sont assis Grant et Kelly substitue au suspens de la poursuite une suspension pensive Schiz s l int rieur du m me pare brise les deux a
23. ans un film qui joue constamment du brouillage entre humain et animal un poulet habill en petit fonctionnaire un cochon pomponn comme une midinette des rats maf eux des chiens flics elles tirent le personnage vers sa domi nante humaine en le recadrant comme person nage central d un album de famille Mais la rapidit de l encha nement toute une vie qui d file en quelques secondes autant que le trembl de l image apportent une qualit d motion suppl mentaire la s rie de la cellule l uf de l uf l enfant de l enfant au col l gien du coll gien l adulte de l adulte la morgue tas d os ou mis rable petit tas de sec rets nulle hi rarchie ne s esquisse Ainsi le montage tr s pr cis du film en met tant galit tous ces niveaux organise t il un incessant va et vient entre dimension humaine et animale anatomie et psychologie mat riali t du corps r sum en une poign e d os de cellules de vaisseaux vie familiale et sociale et ordre naturel De la naissance la morgue une m canique s est d r gl e mais c est aussi dans la mort que tout fusionne et s accomplit dans la grande indiff rence du n ant ATELIER Par quels proc d s le film cr e t il cette impression de confusion entre l humain l animal la chose l immat riel On notera d s le d but du film le recours aux gros plans qui donnent aux objets les plus banals une dimensi
24. ccentrics Excentriques urbains et vient de terminer The to Z Monsters Les monstres de Z fiction pour enfants qu il a mis huit ans achever Livre ou film il n a pas encore d cid Harvie Krumpet a obtenu en 2004 l Oscar du meilleur film d animation 1 entretien sur www sleepybrain net POINT DE VUE PARTI PRIS Une vie modeler ertains naissent grands Certains deviennent grands D autres encore lt 4 se votent attribuer la grandeur Et puis ily a les autres Si elle tient plus de l pitaphe que du faire part de naissance la phrase par laquelle s ouvre Harvie Krumpet tiendra toutefois lieu de programme son h ros ponyme A quoi dans quoi peut tenir une vie Celle de Harvek Milos Krumpetzki alias Harvie Krumpet n en Pologne en 1922 d un p re b che ron et d une m re au sang satur de plomb peut ais ment se r sumer une somme d checs et de d sastres Bildungsroman ou trajectoires initiatiques toutes les fictions d apprentissage se pr sentent sous le double signe de Pin teraction entre le monde et un personnage frottement au terme duquel celui ci se voit progressivement conduit sur le sentier de l accomplissement per sonnel Dans Harvie Krumpet cette ligne narrative prend une forme singuli rement grin ante Martyris l cole par ses camarades puis consign la maison Harvie passera l essentiel de sa vie collecter des Faits Des pre
25. conservation du h ros se heurte aux mutations et mouvements d un monde en perp tuelle closion Satire folie L obsession du bourgeonnement chez Yamamura trouve dans Atama yama une forme d aboutissement Le motif du cerisier y est logiquement pr texte un d lire purement formel entra nant dans son sillage un d r glement g n ral des chelles et des formes Mais il est aussi mis au servi ce d une satire sociale dont tout Rakugo doit tre porteur En adaptant l histoire de ce r cit ancien au Japon contemporain vue des buildings de Tokyo en arri re fond Yamamura n oublie pas cet enjeu satirique Par bre symbole de culture est le produit d une confrontation entre raideur de la tradition on peut voir la manie de la conservation comme la m ta phore d un comportement r actionnaire et boulimie consum riste de la modernit les salarymen et office girls qui s ment le d sordre sous ses branchages D o la violence qui irrigue le film lorsqu un des hommes en costume ne peut s emp cher d uriner au milieu de la foule et l aspect chaotique de la derni re partie qui conduit au suicide final du personna ge principal D un principe de mise en sc ne pr texte un joyeux d cha nement de corps et de figures Yamamura tire une amplitude noire ouvrant peu peu vers une folie qui d passe largement celle de son per sonnage principal c est le sens de cette brutale inversion des couleurs la fin
26. cteurs tir s de films diff rents ont bien jou ensemble dans La Main au collet mais ils sont ici rassembl s des ann es de distance par collage flottant en roue libre La mort par accident de voiture de Grace Kelly r f rent lointain r de autour de cette sc ne m lancolique La vampirisation Fast Film se distingue des autres films par l utilisation du papier pli qui met en sc ne une vampirisation r ciproque du cin ma en prises de vue r elles et de l animation Le film d animation est envahi par l image photographique et les arch types du cin ma de genre Mis contribution celui ci est son tour d compos image par image puis acc l r Les s quences du Faucon maltais La Mort aux trous ses ou Godzilla subissent un double traitement en surface les m saventures du papier et dans le mou vement les boug s de l animation image par image Des fragments de classiques trait s et retrait s Widrich conserve un souvenir l ima ge d une image une trace de cin ma UN JOUR France 1998 R alisation sc nario image montage Marie Paccou Animation Marie Paccou Alexis Appert avec Tic Tac Toon Interpr tation Christine Gagneux Montage son Fabrice G rardi Bruitage Eric Grattepain Musique et vibraphone Matthieu Aschehoug Violoncelle St phane Manent Mixage Emmanuel Crosset Production 2001 Distribution Les Films de l
27. du film qui transforme la t te du h ros en un globe sombre soleil noir de fin des temps vision apocalyptique voquant l explosion d Hiroshima Perte de rep res qui voit le film renverser la satire fantasque en mise en sc ne de la folie ordinaire du monde SERIE Soleil noir la fin de Arama yama une s rie de trois plans donne voir l art du cin aste faire respirer par un jeu complexe de correspondances d inver sions et de ruptures l apparente rigidit du dispositif visuel du film Afama yama repose en majeure partie sur une succession de plans fron taux sur le visage ou sur le cr ne du personnage principal Le plan 1 en est l arch type le per sonnage principal au bord de la folie se mire dans l eau L image est son reflet ce que confir me l effet de trembl de la surface du plan 2 cr e une rupture en montrant une sph re blan che au dessus de buildings vus l envers A noter une inversion brutale des couleurs en cours de plan du dessin noir sur fond blanc on passe un dessin blanc sur fond noir Enfin 3 prolonge la rupture par une brusque prise de recul le globe devenu noir par l inversion des couleurs en 2 tr ne d sormais au centre de ce qui appara t comme une sc ne de th tre Le mouvement de la s rie est limpide passage du descriptif en 1 l homme qui se mire dans l eau au symbole 2 puis la mise en vidence d une repr sentation 3 nouvelle distance
28. e trembl de 1 annonciateur du trouble et la folie tr s contr l e du plan 3 une rupture d ci sive l inversion brutale des couleurs en 2 signe d un renversement passage vers la folie et la mort le personnage se suicide cet instant pr cis qui ouvre d une certaine mani re l a paisement et la lib ration de 3 La fin du film offre donc par l effet de d calage et de recul induit par le plan d ensemble final un salut par Pall gorie ATELIER Suite l analyse de cette s rie de plans on peut rechercher le motif du cercle dans l ensemble du film et chercher en donner une interpr ta tion Sur le plan narratif on notera la structure r p titive du r cit Sur le plan plastique on rel vera la forme du visage et les yeux du personnage les cerises l closion des salarymen et des office ladies le trou laiss par l ar bre sur le haut du cr ne la lune Ce motif appara t comme la figure dyna mique d o surgit toute chose la flo raison de l arbre et o tout retourne les p cheurs absorb s par la lune Le cercle motif central du drapeau japonais manifeste aussi l enferme ment du personnage dans sa folie qui constitue son identit aux d pens de l existence du monde per u seule ment travers ses hallucinations et ses obsessions Seuls les deux plans o le personnage attend au passage niveau opposent la figure du cercle celle de la ligne mais le train comme une m tap
29. e l artificialit du canon hollywoodien SERIE Une femme disparait Imn 10 du d but de Fast Film un encha nement de quatre plans marque le triomphe de l animation en volume sur le cin ma en prises de vue r elles 1 Humphrey Bogart assis se l ve le regard inquiet en direction d un hors champ situ notre gauche 2 Margaret Lockwood est enserr e dans une bo te en fer pourvue de manettes et de volants pos e sur une plate forme ferroviaire en mouvement Derri re un paysage de western de type Monument Valley en couleur La plate forme devient train qui poursuit sa course et s enveloppe autour de la bo te contenant la femme C est la figure ma tresse du montage entre deux personnages qui arti cule 1 et 2 le raccord d un champ un contrechamp Mais la lon gueur in gale de 1 et de 2 infl chit le rapport de force en d faveur de Bogart qui assiste impuissant la mise en bo te de la femme Pourquoi Bogart para t il doubl par ce qu il voit Parce qu il est encore un personnage de cin ma il volue dans deux dimen sions Or entre 1 et 2 la feuille imprim e unique c de le pas une d multiplication des images 4 la femme figure d coup e dont on aper oit l g rement l envers vierge b la bo te articul e par pliage c le train autre feuille imprim e d ses rails galement imprim s sur une feuille de papier pos e au sol et enfin e le fond cinq impressions diff rentes f
30. e y marche arrivant du haut du cadre en ressortant par le bas Son parapluie envahit le champ cran noir De nouveau les flaques elle repasse dans l autre sens m me parapluie m me noir saturant le champ Dans un film d animation enti rement en noir et blanc ces trois crans noirs successifs constituent les images qu ils encadrent en entit significative Du point de vue du r cit 1 mat rialise l accep tation totale par la femme jusque dans son quotidien de la pr sence de l homme son ventre vient d int grer sans douleur un corps tranger ici elle ampute sa garde robe sans tat d me Ouvert sur l opaque tissu noir de la robe et clos sur la mousseline diaphane du rideau le long plan 1 r introduit une fluidit que l on attendait impossible apr s l annonce de l trange v nement L ellipse d une sc ne on ne voit pas o va la femme on la voit seu lement partir et revenir agit comme une concentration centrip te sur l int rieur maison ou matrice L homme est d finitivement ce qui habite la femme Ces trois plans organisent un jeu d chos minutieux entre les for mes rondes trou d coup dans la robe chapeau 2 parapluie bomb comme une pomme et ondes produites par les gouttes dans les flaques 3 Contamin par cette forme la sph ricit trop parfaite Un jour sugg re dans son dessin m me la m taphore d une grossesse La femme comme tous les objets dont elle se sert
31. ein usage des techniques de l animation permet Marie Paccou d viter la confession psychologique renfort de voix off Un homme est entr pass compos et verbe d action ne d crivent pas des sentiments ils annoncent qu un fait a eu lieu Le relais de l image intervient imm diatement en incarnant cette trange visitation Dans une fiction en prise de vue r elle ce bond du mot l image n cessiterait des effets sp ciaux Dans Un jour l v nement est l g rement surprenant sans plus il ne constitue pas en tout cas un basculement dans le fantastique qui impliquerait qu un tat naturel normal soit bris par un l ment surnaturel La pr sence de cet homme d passant des deux c t s de la femme est trait e de la mani re la plus triviale simple diffi cult ajout e au quotidien de l h ro ne faire ses courses prend re un bain croiser sa voisine Et la femme de s adapter sans bron cher de faire deux trous dans sa robe pour laisser sortir la t te de l homme de lui procurer une petite assiette de soupe de lui vis ser sur le cr ne un chapeau lorsqu elle sort sous la pluie Porter nourrir habiller laver sont videmment des t ches maternelles La miniaturisation de l homme mais aussi la posture de la femme tout en rondeurs montant les escaliers en se tenant le dos convergent vers cette vocation de la grossesse L homme est entr puis reparti Comme celui du f tus son
32. er Ivanceanu la maison de production Amour fou qui offre une plateforme de cr ation au jeune cin ma autrichien et aux cin astes exp rimentaux comme Martin Arnold Deanimated The invisible Ghost Identit s dupliqu es C est durant les longues journ es et nuits de tournage de Copy Shop 2000 court m trage couvert de prix et nomin aux Oscars que lui vient l id e de Fast Film Dans Copy Shop un homme photocopie son portrait jusqu en saturer le champ Impossible pour le spectateur apr s un certain nombre de photocopies de distinguer l original de ses clones Nous avons d chir une grande quantit de papiers pour produire les bruitages de Copy Shop explique Widrich Le soir une v ritable mer de papiers joncha t le sol Le vertige de ce tapis de photocopies aux diff rences parfois infimes lui inspire un film d ani mation en trois dimensions fait d assemblages de papiers sur lesquels des films sont projet s Familier des logiciels d criture de sc nario amateur de cin ma classique Virgil Widrich structure Fast Film selon une trame famili re le bonheur d un couple est bris par l enl vement subit de la femme que l homme part imm diatement lib rer bataillant contre maintes emb ches La maigreur volontai re de ce canevas organis autour d une poursuite propice au d filement en ruban des sc nes mont es l une apr s l autre souligne la richesse des m ta morphoses des
33. erveilleux qui peut vo quer les univers de Pr vert et de Queneau celui ci transfor me la femme en chim re Le processus d hybridation se transmet aux costumes aux objets aux actions quotidiennes L intimit d un couple est repr sent e comme une monstruo sit La chambre r duite et sombre appara t non seulement comme un refuge mais comme une cachette o dissimuler cette intimit monstrueuse aux regards ext rieurs Marie Paccou r introduit dans la repr sentation du couple une forme de brutalit qu on retrouve aussi l uvre dans sa technique d animation soi m me dit la vulgate psychanalytique L emploi d un dessin noir et blanc au trait brut proche de la gravure sur bois accom pagne visuellement le travail du n gatif Jour et nuit noir et blanc ainsi fonctionne Un jour qui s ouvre sur un panorama urbain bient t parcouru de traits blancs de plus en plus nomb reux l aube c est le grattage du noir par le blanc une pulsation de plein et de vide Ce n est pas un hasard si cette m me vue d immeubles en vis vis r appara t au dernier plan qui montre la femme sa fen tre contre jour Cette position qui selon une logique r aliste de la lumi re la fait appara tre comme une sil houette noire souligne le trou b ant qu elle porte au milieu de son corps Entre premier et dernier plan sur la ville la pr sence de la femme r duit le champ ce cercle d ext rieur n gatif d une int ri
34. es plus abstraites du films architectures urbaines souterraines c bles tuyaux et fils lectriques Et Judith Gruber Stitzer qui a compos la partition inspir e de standards populaires des ann es quarante et cin quante partir de laquelle Wendy Tilby et Amanda Forbis ont com menc travailler en lui adjoignant une bande son qui reproduit de fa on hyper r aliste la rumeur de la ville When the day breaks a obtenu en 1999 la Palme d Or du meilleur court m trage au festival de Cannes 1 National Film Board du Canada qui a notamment produit When the day breaks OUVERTURE P DAGOGIQUE L angoisse de la mort se manifeste ici comme une angoisse de l indiff renciation entre animaux et tres humains tres et choses mati re et immat riel concret et abstrait d but et fin Alors que la premi re partie du film oppose en montage alter n les deux personnages la seconde par tie qui confronte la Cochonne l id e de la mort relie en un seul plan son apparte ment l univers qui l entoure Le film mul tiplie les chos sonores et visuels entre ses trois parties donnant une importance particuli re aux figures arrondies le citron le soupirail l ampoule la prise lectrique qui renvoient par excellence l id e d une totalit indiff renci e En ce sens le dernier plan est ironique la Cochonne oubliant le mort tire sur le cro chet rond du store et fait entrer dans le champ une lumi
35. es deux lois parall les du film La premi re creu ATELIER L analyse des derniers plans du film implique de poser la ques tion du sens de ce r cit de vie Celle d Harvie Krumpet marqu e par la souffrance les deuils la maladie vaut elle la peine d t re v cue Les faits collect s par Harvie lui ont fait prendre conscience de l tranget radicale du corps et du monde en m me temps que des limites et de la vanit du savoir Bien que la le on de la statue soit trait e sur le mode satirique il semble bien pourtant que le sens du film soit chercher du c t du Carpe Diem d Horace pour lequel il s agit dans cette vie non pas de chercher le plaisir mais de le trouver dans le seul fait de vivre Harvie Krumpet seul sur son banc dans la chaleur du soleil levant lib r de l impatience semble avoir trouv in extremis une forme de paix int rieure Solitude contact tactile avec la mati re patience sont autant de traits qui peuvent aussi d finir le travail de cr ation d Adam Elliot se chaque plan d un path tique discret dans un cas Harvie nu lib r comme dans l autre Harvie attendant cigarettes aux l vres un faux arr t de bus il na t du diff rentiel entre une cause infi me et ses effets suppos s les petits bonheurs que Harvie aura finit par extraire de la sinistrose g n rale La seconde court entre 1 2 et 3 vue a rienne qui recadre la maison de retraite Pleasant Paddocks Deux choses
36. eur Av dikian ne cesse de revenir ce travail sur la m moire de ses origines c est ainsi qu il fonde en Arm nie une association audiovisuelle destin e recueillir les images de t moins du g nocide arm nien de 1915 Cette obsession pour la m moire au cin ma conduit Av dikian concevoir une forme singuli re le po me cin matographique seul capable selon lui de capter l indicible opter pour la po sie l all gorie et la m taphore en tentant d chapper la psychologie primaire tout en essayant de maintenir le fil de l histoire Avec Ligne de vie Serge Av dikian fait ses premiers pas dans l animation Adaptation d une nouvelle de l crivain et plasticien bruxellois Raymond SERGE AV DIKIAN FILMOGRAPHIE 1981 Histoire d amour Colombe et Avedis 1983 Sans retour possible 1984 Que sont mes camarades devenus 1989 J ai bien connu le soleil 1990 Bonjour Monsieur 1 1992 Mission accomplie 1994 Le Cinqui me r ve 1996 Au revoir Madame 2 1997 M sieur Dames 3 1999 Lux Aeterna 2000 Entre deux rames 2001 A la rencontre d Irina Brook 2002 Ligne de vie Delvax le film reste dans la droite ligne de la mani re de proc der d Av dikian un travail par couches successives inscrit dans un artisanat labor Pour cette adaptation Av dikian dont le r le de cin aste consiste organiser tout un mat riau dont il n est pas l au
37. eurs R ALISATION Virgil Widrich l homme laboratoire es d buts pr coces de Virgil Widrich dans l animation maison por tent en germe la virtuosit technique l oeuvre dans Fast Film N en 1967 Salzburg Widrich fr quente son voisin Peter Handke chez qui il rencontre Wim Wenders 14 ans il assemble plus de mille transparents d coup s pour Auch Farbe kann tr umen La couleur r ve aussi inspir par un documentaire t l vis sur Walt Disney Par le biais de la science fiction Widrich m le l ann e suivante dans un m me court m trage acteurs r els et figurines anim s image par image En 1984 le jeune Widrich se passionne pour l informatique et programme des jeux vid o A la fin des ann es 1980 il fonde avec deux associ s une soci t de distribution de films d art et d essai Classic Films puis poursuit cette voca tion de montreur en cr ant le festival de cin ma autrichien de Graz Diagonale avec Martin Schweighofer et Peter Tscherkassky Creusant le sillon du multim dia Widrich dirige une quipe qui installe 35 postes dans le Mus e de la Technique de Vienne en pleine r novation apr s avoir alli cin ma et informatique dans le court m trage x transform r alis avec Martin Reinhart en 1998 Ses activit s multim dia se poursuivent depuis 1999 travers une soci t qu il a co fond e Checkpointmedia En 2001 il fonde enfin avec Gabriele Kranzelbinder et Alexand
38. ge photographique d passe l entendement On reconna t dans cette d claration l un des centres n vralgiques de l art de la seconde moiti du vingti me si cle la repr sentation de la Shoah Question r cemment r activ e par le d bat qui entoura en 2004 la parution de l article et du livre Images malgr tout de Georges Didi Huberman ditions de Minuit et simplifi e en une lutte r duc trice entre partisans de l image salvatrice vive l image au nom de Godard contre ennemis de toute forme de reconstitution bas l image titre d un c l bre article de Jacques Lanzmann paru l occasion de la sortie de La Liste de Schindler de Spielberg Si le choix de gommer toute r f rence historique dans Ligne de vie histoire au sein d un camp nazi dans la nouvelle dont il s inspire s inscrit d une certaine mani re dans la logique de la seconde cat go rie il ouvre n anmoins la question de la repr sentation de l horreur des camps et plus largement la notion de g nocide et d interdit de la repr senta tion La forme de l animation appara t comme une voie m diatrice la fan tasmagorie constitue le cin ma que les gens ont dans la t te et c est ce cin ma l qui m int resse D o la n cessit de passer par deux modes de narration sub jectifs jeu avec l paisseur physique des images peintes et puissance simple de la m taphore Profondeur La technique empl
39. hanson tir e du Rakugo et le subjectif l int riorit sonore du h ros pour passer sans cesse de l int rieur l ext rieur de l espace mental la distance critique ou encore du r cit au mythe Litt ralement musicale la voix off d Atama yama prolonge la fonction dynamique de celle de Ligne de vie en donnant au film son rythme et sa respiration Elle garde bien s r sa fonction informative mais elle sert aussi mettre le film en mouvement ainsi de la sc ne o le cerisier bourgeonne et o la voix r p te la m me s quence sonore pour cr er un effet de r p tition et annoncer un d traquement visuel suivre Aux principes d encadrement et d accompagnement des voix off d Un Jour et de Harvey Krumpet celles de Ligne de vie et d Atama yama ajoutent donc un enjeu d cisif elles participent d un projet artistique complexe qui plut t que de d tacher le son de l image les m lent en une p te indistincte de bruits de mots et de couleurs Alors la voix off prend elle une part active et efficiente dans l action du film battement qui dicte l image sa voie c ur secret qui anime le d coupage de sa pulsation lente Ligne de vie ou rapide Atama yama en un m me lan de fusion et de rassemblement S LECTION BIBLIOGRAPHIQUE SUR LE PROGRAMME 2005 2006 Les six films ici rassembl s constituent galement Le programme du second volume Courlt s de cin ma dit par le SC REN CRDP de Lyon On se re
40. hore de l Histoire passe trop vite ven the day breaks WHEN THE DAY BREAKS Canada 1999 R alisation Amanda Forbis et Wendy Tilby Sc nario Wendy Tilby Production Barrie McLean David Verrall Musique originale Judith Gruber Stitzer Montage Amanda Forbis Wendy Tilby Son Shelley Craig Marie Claude Gagn Andy Malcolm Geoffrey Mitchell Gaetan Pilon Effets visuels Susan Gourley Technique Animation 2D et rotoscoping Dur e 9mn40s Couleur R ALISATION Amanda Forbis Wendy Tilby d un support l autre ben the day breaks est le fruit de la collaboration de deux jeunes r alisatrices canadiennes Amanda Forbis et Wendy Tilby C est en 1985 l Ecole d art et de design Emily Carr de Vancouver que Forbis et Tilby se rencontrent Forbis est l ve de premi re ann e tandis que Tilby est en troisi me ann e d cole d partement d animation A l origine du film une id e de Wendy Tilby Je voulais faire un film abstrait conduit par la musique qui mettrait en regard nos composant immat riels nos pens es souvenirs et exp riences et concrets les os les cellules Forbis J tais Vancouver o je terminais The reluctant deckhand une commande du NFB 1 quand Wendy Tilby ma demand si je voulais la rejoindre Montr al pour travailler sur When the day breaks Pour When the day breaks Forbis et T
41. i t du CNC Publication septembre 2005 Dossier ma tre et fiche l ve sont la disposition des personnes qui participent au dispositif sur www lyceensaucinema org SOMMAIRE AVANT PROPOS MODE D EMPLOI FAST FILM R ALISATION L homme laboratoire POINT DE VUE PARTI PRIS Dans les plis S RIE Une femme dispara t TEXTE TRANSVERSAL Hollywood coup coll UN JOUR R ALISATION Artisanat num rique POINT DE VUE PARTI PRIS Le travail du n gatif S RIE Voir Le jour LIGNE DE VIE R ALISATION Face l oubli POINT DE VUE PARTI PRIS L art comme salut S RIE Entre deux images ATAMA YAMA R ALISATION Entre Rakugo et modernit POINT DE VUE PARTI PRIS Le monde selon Yamamura S RIE Soleil noir WHEN THE DAY BREAKS R ALISATION D un support l autre POINT DE VUE PARTI PRIS Solitudes urbaines S RIE Qu est ce que l humain HARVIE KRUMPET R ALISATION Humour et pathos POINT DE VUE PARTI PRIS Une vie modeler S RIE O g t Le r el TEXTE TRANSVERSAL En voix off S LECTION BIBLIOGRAPHIQUE MODE D EMPLOI Ce livret est d coup en deux niveaux Le premier est Le texte principal r dig par trois membres de la r daction des Cahiers du cin ma Six courts m tra ges d animation tant ici r unis ce texte principal doit simultan ment r pondre deux exigences d une part livrer informations et analyses pour chacun des films en insistant particu li
42. i le fond parfois multiple Il est l toffe des personnages et le mat riau des d cors par exemple le monstre de Frankenstein James Whale 1931 qui s l ve dans le wagon sous les traits de Boris Karloff est fait du m me papier que son cercueil pli lequel n est constitu que par le pliage de la photo Fendu le sol se d robe sous les pieds des acteurs un int rieur noir et blanc s ouvre sur des int rieurs Derri re le papier imprim d chir appara t une autre couche comme dans les affiches lac r es des artistes Raymond Hains et Jacques Villegl jusqu ce que guette le n ant de la feuille blanche Mais les propri t s du papier si elles enserrent les femmes dans des bo tes ou des roues de torture permettent aux hommes pi g s des chapp es inattendues comme un h ros de BD for ant le carcan des cases James Wood se d fait de ses cha nes l aide d un briquet Cet embrasement salvateur fait cho l inflammabilit du m dium cin matographique longtemps dangereux car chimiquement insta ble avant l invention du support cellulo d de nombreux incendies ont t caus par les bobines de nitrate Epluchage Plusieurs strates de papier creusent ainsi la platitude du mat riau La subtilit de Fast Film tient cependant au choix de son r alisateur de se tenir sur le seuil de l animation en volume Le papier pourrait tre mis en boule froiss et fa onn la fa on de marionnettes dont
43. ilby ont invent une technique in dite commencer par filmer les principales sc nes du sc nario en vid o avec des amis grim s en animaux les deux personnages princi paux du film sont un poulet et un cochon partir de cette pellicu le transf r e sur support VHS elles ont extrait une s rie de cadres qu elles ont imprim s Mat riau qu elles travaillent par ajout sous traction ou r p tition de fa on obtenir des effets d acc l ration ou de ralentissement de l image Les s quences ainsi obtenues sont photocopi es sur papier constituant le support sur lequel les deux r alisatrices vont peindre et dessiner ajoutant becs groins museaux et ailes aux personnages humains qu elles ont film s mat riau qui est enfin film en 35 mm La plus grande difficult rencontr e au cours de ce long processus est d obtenir un liss de l image les diff rentes FILMOGRAPHIES AMANDA FORBIS 1994 Seven crows a secret 1995 The reluctant dec khand 1999 When the day breaks 2003 Joe WENDY TILBY 1986 Tables of content 1991 Cordes 1995 nside out 1999 When the day breaks touches de peintures et les d calages de lignes pouvant cr er la lon gue un effet de floutage ou de tremblement parfois g nant Les deux autres collaborateurs notables du projet sont Martin Rose condisciple de Ecole Emily Carr qui a dessin et anim les sc nes l
44. la maladie sa femme Valerie infirmi re d vou e l pouse dans le pavillon des canc reux Sa fille d adoption victime de la Thalidomide et n e sans mains en cela le parfait oppos de Harvie Seconde partie du film o le gro tesque s infl chit sur une pente plus sentimentale sans jamais se d partir d une solide dose d humour noir c est en d couvrant les joie du nudisme et du militantisme il adh re au MLP Mouvement de lib ration des poules de la vie conjugale puis de la paternit que Harvie reprend go t la vie C est sans doute l que r side la particularit de Harvie Krumpet la profonde sub tilit de son humour trajectoire sadienne selon laquelle un personnage mar tyris par tous poursuit sa route sans jamais perdre espoir sur une pente mais aussi itin raire au terme duquel un tre d muni de tout apprendra trouver dans son existence sordide de minuscules raisons de vivre eee mn a TE E LARIT HUMAIN de OUVERTURE P DAGOGIQUE En quoi la technique d animation d Adam Elliot sert elle le r cit de la vie d Harvie Krumpet Personnage soumis aux coups du destin qui peut tout moment l craser une fois pour toutes Harvie ne subit pas autant de d forma tions physiques que son corps de p te modeler pouvait le faire craindre En revanche Adam Elliot exprime mat riellement l opposi tion entre Harvie et le monde qui l entoure Harvie est un corps mou dans
45. lus marquants L Ascenseur 1991 Kid s Castel 1995 You Choice 1999 sont marqu s par un go t pour l anomalie fantasque les assonances po tiques et les structures en boucle Un univers qui doit autant au burlesque des Monty Python qu la folie transformiste de Bill Plympton ou au g nie estonien de l animation Pritt P rn ma tre avou de Yamamura Atama yama 2003 son film le plus c l bre prolonge les grands th mes de l uvre tout cr ant une rupture Beaucoup de mes films sont aim s des enfants les dialogues sont limit s les voix sont Koji Yamamura FILMOGRAPHIE 1987 Aquatique 1990 Les Recherches du chercheur 1991 L Ascenseur 1999 You Choice 1995 Kid s Castle 1996 Le Livre de Bavel 2003 Atama yama r duites et douces Ici les mots prennent une influence d cisive J ai d cid d animer un Rakugo empli de non sens un r cit comique en tentant de d velopper le th me de l identit et des enjeux sociaux dans une perspective assez profonde rejoignant la question de lexis tence du monde Le Rakugo est un art narratif traditionnel japo nais dans lequel un homme seul sur sc ne d clame de courtes his toires satiriques ou humoristiques face au public Narr e par la voix d un chanteur traditionnel le film de Yamamura modernise un vieux Rakugo en adaptant l histoire d un vieil homme si avare qu il mange m me les noyaux des cerises pour ne pas g cher
46. m me les ciseaux est ronde Mais au moment m me o 1 dit un accueil de la pr sence de l homme trou d coup pour que sa t te d passe il anticipe sur le trou que creusera sa disparition La ron deur en fin de compte ne sera plus celle d un plein mais d un vide d coup dans la vie de la femme comme le tissu de sa robe en 1 quant aux noirs de 1 et 3 ils mettent en place une drama turgie purement visuelle de la disparition du trou noir venir le g n rique Ne plus trouver homme son ventre comme on dit chaussure son pied c est continuer de vivre avec un jour en soi C est toute l amphibologie du mot jour espace de lumi re ajour comme une fen tre ou un soupirail et unit temporelle que d ploient les quatre minutes de Marie Paccou Le champ par trois fois envahi par un morceau de tissu robe ou parapluie flirte avec les moyens propres au cin ma en prise de vue r elle Ces crans satur s miment deux proc d s du cin ma tra ditionnel le tr s gros plan par lequel un objet parce qu il est tr s volumi neux ou vu de tr s pr s d borde du champ Cela implique l illu sion de la pr sence d une cam ra donc d un regard Par trois fois la femme semble obstruer d lib r ment le champ On peut imagi ner que c est la voix off r trospective qui au cours de sa narration est tent e de jeter un voile noir sur ce pass d finitivement r volu englouti le fondu au noir
47. miers d livr s par une m re aux trois quart folle r guli rement sujette des hallucinations Les papillon sentent avec leurs pieds Les l phants ne peuvent pas sauter au num ro 116 Certaines grenouilles revivent si on les d cong le le petit cahier dans lequel il inscrit compulsivement chaque nou velle connaissance ne se r v le la longue qu une somme h t roclite de bille ves es d lires et contre v rit s diverses A cette dimension r pond en cho la facture d un film presque enti rement compos de plans fixes les personnages Harvie le premier y sont le plus souvent cadr s en pied immobiles regardant la cam ra la mani re de repris de justice Comment faire d filer des vies aussi sinistrement plac es sous le signe de l chec Sur Harvie n sens dessus dessous la somme des exp riences humaines ne semble courir que selon la ligne de plus grande pente Qui est Harvie Krumpet Un accumulateur de catastrophes A ceci la foudre qui lui fend le cr ne sur un terrain de golf et litt ralement le magn tise tient lieu de m taphore Harvie n est rien d autre qu un aimant d sas tres et traumas tous ordres Autrement dit un tre emp tr dans la pure mat rialit du monde ce que confirme aussi bien l pisode de l aimant que le P Tep phe RETARDED M Miara BECOMES HUMAN MAGN ET me m a a kos Pee aiaia syndrome de Tourette qui fra
48. mprunt bancaire A titre indicatif le budget de Chicken Run Peter Lord et Nick Park 2000 r alis avec une technique similaire est de 60 millions de dollars Si Elliot d clare aimer les premiers films de Nick Park Wallace et Gromit les sources d inspiration de ce jeune cin aste australien n en 1972 sont ailleurs Michael Leunig po te et caricaturiste qui parvient trouver un quilibre assez juste entre l humour et le pathos et Barry Humphries un chansonnier australien dont les monologues sont dr6 les tristes et puissants 1 De ce go t pour la noirceur et l humour d ca l tous ses films portent la marque l instar de Cousin film de quatre minutes dont le personnage principal handicap se r ve super h ros Tr s timide atteint d une maladie neuronale qui l oblige prendre des anti pileptiques Adam Elliot se souvient qu enfant il aimait s enfermer dans sa chambre pour dessiner et construire partir de cure pipes et de cartons ufs d tranges cr atures Ses personnages sont des marginaux affect s de troubles physiques et psychiques qui rendent vaine toute ten tative d int gration sociale Elliot n a encore jamais film quelqu un en train de marcher perspective qui dit il le terrifie Dans Harvie Krumpet il a film pour la premi re fois des d ambulations en chaise roulante Adam Elliot crit actuellement pour la cha ne de t l vision SBS une s rie intitul e Urban e
49. ns en fonction d une logique de duplication qui souligne le caract re m canique de la construction narrative des sc narios hollywoo diens Le deus ex machina permet seul de donner au r cit une fin heureuse La deuxi me partie fait appara tre la cruaut avec lequel Hollywood traite le corps f minin en contraste avec sa timidit dans la repr sentation de la sexualit id e sugg r e par un plan tr s rapide non pli de Cyd Charisse ouvrant son manteau dans la troisi me partie Enfin Fast Film r duit l esth tique du film holly woodien la recherche du spectaculaire et l emploi expressif du gros plan POINT DE VUE PARTI PRIS Dans les plis a l gende dit qu une unique et vaillante machine a imprim les 80 000 feuilles qu a n cessit la fabrication de Fast Film Malgr son opacit le papier fait office chez Widrich d ava tar visible de la pellicule Au lieu de gratter m me le film comme le Canadien Norman Mc Laren ou d utiliser de la pellicule en d composition comme l Am ricain Bill Morrison le cin aste autrichien part de fragments de films hollywoodiens imprim s sur papier pour y introduire froissements pliures escamotant partie puis tout de l image Le papier rend visibles les m tamorphoses des h ros comme si l piderme filmique peau est bien l tymolo gie de pellicule tait victime d une affolante contamination Les veux s carquillent les femmes crient moin
50. ois de plus de l ordinateur pour mettre en uvre une esth tique artisanale Elle a r alis un film en 3D qui lui a servi de brouillon puis l a rotoscop pour le redessiner enti rement en sable et obtenir les effets de mati re et de lumi re de ce mat riau Pour Le Jardin 2002 son premier film en couleurs mais toujours sans dialogues Marie Paccou a utilis une technique dans laquelle comme avec le sable il est impossible de faire marche arri re de modifier l image pr c dente la peinture l huile Chaque modification de l image est effectu e minu tieusement l aide d un coton tige enduit de white spirit Marie Paccou pr pare actuellement un nouveau court m trage Henri r alis en sable preuve que la nouvelle g n ration de cin astes d animation sait combi ner primitivisme et high tech POINT DE VUE PARTI PRIS Le travail du n gatif oir et blanc aust re notes rares et basses du violoncelle voix grave et neutre de la narratrice conf rent Uz jour une tonalit m lancolique Pourtant d s les premiers mots cette gravit tranquille est comme trou e par le r cit Un jour un bomme est entr dans mon ventre P n tration Viol Grossesse Un panoramique vertical vient couper l herbe sous le pied de cette question suivant de haut en bas le regard de la femme vers son ventre c est bien un homme fich l en travers l exacte perpendiculaire Si m taphore il y a le pl
51. on quivalente celle des personnages aux d pens m me du d cor qui tend vers l abstraction L emploi des couleurs fait par contraste ressentir leur absence Le montage tr s rapide permet d associer comme dans cette s rie de plans des images relevant d ordres diff rents Le dessin permet de passer sans transition de la repr senta tion d un objet visible l ampoule l invi sible l lectricit Enfin c est la tech nique d animation elle m me cf Gen se qui enl ve la prise de vue r elle son poids de r alit pour la faire tendre l ab straction et avec l effet de flout qui en r sulte la menace de se dissoudre dans une blancheur indiff renci e comme ont disparu les passagers du m tro entraper us dans l obscurit du tunnel HARVIE KRUMPET HARVIE KRUMPET Australie 2003 R alisation sc nario lumi re Adam Elliot Voix Geoffrey Rush narrateur Julie Forsyth narrateur Kamahl Cic ron John Flaus Harvie Production Melanie Coombs Montage Henry Karjalainen Bill Murphy Son Peter Walker Technique claymation Dur e 22mn Format 35mm couleur ADAM ELLIOT FILMOGRAPHIE 1996 Uncle 1998 Cousin 1999 Brother 2003 Harvie Krumpet R ALISATION Adam Elliot Humour et pathos 2 Oncle Cousin de Fr re Harvie Krumpet quelle fratrie se des sine Adam Elliot aime dire que tous
52. ont concurrence Bogart seul pourvu des moyens de fortune du priv aux semelles lim es Entre 1 et 2 une m canique s est emball e un d filement lat ral rend difficile les rac cords de regard si vident dans les sc nes de baiser qui pr c dent le champ s est creus le papier simple cran de cin ma a pris du volume Bogart doit prendre le train en marche Sil avait reconnu Margaret Lockwood et le film dont le photogramme de la femme est extrait il aurait compris plus t t l escamot e est tir e d Une femme dispara t 3 Split screen gauche Bogart en buste s allume une cigarette en noir et blanc droite une partie du paysage de western en couleur Seul un portrait f minin de Renoir reconnaissable au mur rappelle dans l image la femme disparue Un cheval fait irruption dans le champ et s arr te entre les deux morceaux du split screen La multi plication des couches de papier en 2 s accentue en 3 Le raccord champ contrechamp est ici repli dans l image sous la forme du split screen Mince ligne blanche entre les deux parties de l image la d chirure centrale cloisonne deux genres film noir western de m me qu il oppose les composantes plastiques noir et blanc cou leur personnage paysage 4 Plan large Sur le fond derri re le cheval mais devant le paysage on revoit la sc ne inaugurale de Fast Film Bogart en imperm able clair ouvre une porte Le cheval fait des mouvemen
53. ontrechamp instaurent le point de vue du narrateur Les plong es sur le camp miment son travail de m moire Les gros plans sur les roues des brouettes les matraques le chro nom tre surgissent comme des images obsessionnelles et cauche mardesques A l loignement des prisonniers montr s en plan large s oppose pour lui la proximit mena ante des bourreaux cadr s en plan rapproch Le montage rapide dans les s quences de nuit tra duit son angoisse Le fondu au blanc lors de l enterrement de l hom me sans cheveux fige le moment du pacte entre le dessinateur et le narrateur dans la m moire de celui ci Le passage travers les buil dings qui s ouvrent pour d couvrir les ruines du camp la fin du film est une image de sa m moire et de son histoire SERIE Entre deux images ne s quence cristallise importance dans Ligne de vie de lacte de repr sentation comme parade contre Poubli c est le portrait du prisonnier dessinateur au travail observ d un coin de la cellule par le narrateur Ponctuant de lents mouvements de recadrages trois plans non cons cutifs embl matisent cette question 1 Au premier plan droite du cadre le narrateur de trois quarts dos obs erve gauche du cadre le prisonnier dessiner 2 Au c ur de la s quence gros plan sur une feuille de papier o est repr sent le narrateur 3 A la toute fin gros plan sur le visage du narrateur qui met ses mains devant ses yeux Dispos s en o
54. orit qui vient de s vider Mais cette chronique d un amour sous forme de ha ku l giaque prend dans ce dernier plan un tour cocasse contamin par son support anim Le dessin anim m me s il s loigne du cartoon par son rythme ou ses techniques de dessin conserve la m moire des corps burlesques de Wolfie Tom et autres Bugs Bunny maintes fois aplatis d coup s trou s maintes fois revenus leur forme originale comme s ils taient faits de caoutchouc Comme eux la narratrice survit l ulc re son r cit enjambe la derni re image et continue pendant le g n rique Mais tout a chang et contrairement celui des h ros de cartoon le corps de la narratrice quoique vivant est entam visuellement si pleine auparavant satur e de noir elle se trouve priv e de son centre de gravit la fois transparente au monde et partiellement absente elle m me SERIE Voir le jour ne fois l homme entr dans le ventre de la narratrice quatre plans int grent cet homme son quotidien 1 Enfilant une robe la femme la lance face cam ra remplis sant le champ cran noir Avec de gros ciseaux elle la d coupe et l ajuste autour de son corps et de celui de l homme Elle sort de la chambre le rideau bouge la fen tre 2 La femme visse un chapeau sur la t te de l homme 3 Elle sort avec son parapluie 4 Les gouttes de pluie tombent dans les flaques Vue de dessus la femm
55. oy e par Av dikian est artisanale l animation y na t du glis sement de diverses couches d images superpos es en l occurrence les peintu res sur papier de Delvax Cette simplicit offre une richesse d vocation para doxale aux plans du film par la profondeur qu elle leur apporte Le d fil des prisonniers qui l on impose de faire la course par exemple joue de ce jeu de glissements de plans en donnant l image une paisseur litt rale Lorsque s y ajoute la pluie l effet agit comme une simple couche suppl mentaire qui pais sit encore le plan Lorsqu au contraire la technique est r duite au minimum un ou deux plans superpos s l effet est tout aussi puissant il permet d amplifier la noire puissance d vocation des peintures de Delvax au dessin si rugueux qu on songe l art brut et Jean Dubuffet ou au contraire de jouer sur une opposition binaire de mati res ou de motifs par exemple dans la sc ne de la mort du dessinateur l image du narrateur sur laquelle se plaque une larme qui glisse sur sa joue La pauvret apparente de cette technique de superposition o l animation tient parfois un petit d tail dans le plan battement d une matraque mouvement d un crayon permet ainsi de jouer la fois sur une fixi t tragique des images force paradoxale du cin ma d animation de cr er de saisissants effets de frottement ou de glissements et de redonner l image une p
56. portera avec profit aux bonus ainsi qu aux fiches imprima bles r alis es cette occasion L accent y a t port sur la mise en relation des films afin de d gager certaines sp cificit s du cin ma d animation place du spectateur ad quation des tech niques au propos expression de la mort etc et de profiter des possibilit s techniques offertes par le DVD SUR LE CIN MA D ANIMATION Le cin ma d animation Bernard G nin Ed Cahiers du Cin ma Animation now livre DVD Julius Wiedemann Ed Taschen SUR LE RECYCLAGE DU CIN MA PAR LE CIN MA Yann Beauvais et Jean Michel Bouhours dir Monter Sampler l chantillonnage g n ralis d du Centre Pompidou Scratch 2000 Cin mas Limite s du montage volume 13 num ros 1 2 Automne 2002 en ligne http www erudit org revue cine 2002 v13 n1 index html St phane Delorme Found footage mode d emploi Cahiers du cin ma hors s rie Aux fronti res du cin ma avril 2000 Katherina Thomadaki et al Recyclages d constructions et remodelages du temps de l espace du mouvement disponible en ligne sur www ina fr rubrique Inath que puis Coll ge ic nique s ance du 24 11 1999 Dick Tomasovic R animer le cin ma R animer l histoire du cin ma quand l animatographe explore le cin matographe Cin mas vol 14 n 2 3 printemps 2004 EN LIGNE HARVIE KRUMPET Site officiel du film photos dossier de pre
57. ppe le h ros qui enfant ne peut s emp cher de toucher le nez des personnes qu il rencontre Si son existence d file en vingt trois minutes de film c est d abord ainsi par la maladie et les accidents qu el le s exprime D vor de tics afflig du syndrome de la Tourette cr ne fendu par un accident et balafr d une hideuse cicatrice cancer des testicules Harvie est enfin atteint par la maladie d Alzheimer de son corps autant que de son visage les capacit s de d formation semblent infinies La p te mode ler fait ici office de mat riau id al suffisamment fruste et incarn pour faire tendre son visage vers la caricature quelque chose entre Daumier et Homer Simpson suffisamment plastique pour le d former ad libitum Harvie Krumpet engloutit indiff remment dans ses collures quelques secon des ou plusieurs ann es Aucune hi rarchie et pour cause la pente tragique de l existence d Harvie semble irr sistiblement le reconduire vers la case d part tout autant que dans sa condition de figure de p te modeler Si son cadre de vie ne cesse de changer de sa Pologne natale au bateau qui le conduit vers Eldorado australien de la d charge o il trouve son premier travail hospice sinistre o s ach ve sa vie c est vers une chambre d h pital ou une d charge publique que sa destin e semble in luctablement le condui re M me les v nements qui rythment sa vie semblent plac s sous le signe de
58. qu elle soit voqu e comme l apog e d un humour macabre Harvie Krumpet le deuil irr m diable de qui a laiss une trace Ligne de vie Un jour When the Day Breaks ou l issue sc naristique en forme de point d exclamation Afama yama Preuve que quel que soit le ton quel que soit l outil l animation a atteint son ge d homme l ge o elle peut parler de tout et lorqu elle Pesti me justifi tout montrer Charlotte Garson UOHPIM 1151A FAST FILM Autriche Luxembourg 2003 R alisation sc nario montage Virgil Widrich Image Martin Putz Supervision de l animation Walter Rafelsberger Markus Loder Taucher Animation interm diaire Gernot Egger Michael Lang Markus Loder Taucher Alexandra Pauser David Reischl Walter Rafelsberger Christian Ursnik Vinh San Nguyen Carmen V lker Mario Waldhuber Gerald Zahn Aide l animation Eveline Consolati Thomas Grundnigg Andreas K nz Stefan Braulik Origami et conception des objets Mine Scheid Jakob Scheid Carmen V lker Conception sonore Fr d ric Fichefet assist de Markus Reumann Producteurs Bady Minck Virgil Widrich Production Amour Fou Filmproduktion Minotaurus Film Luxembourg Virgil Widrich Filmproduktion Distribution Autour de minuit Dur e 14 mn Format 35mm coul
59. re blanche dans laquelle l image se dissout d finitivement POINT DE VUE PARTI PRIS Solitudes urbaines n conna t le th or me de Lorenz le battement des ailes d un papillon au Br sil peut d clencher une tornade au Texas When the day breaks reconduit cet nonc en le d clinant sous une forme plus triviale Si Monsieur Poulet m avait pas en d vorant ses toasts beurr s du matin relev qu il manquait de citrons et de biscuits si Ruby la Cochonne pr parant un rago t de pommes de terre n avait pas remar qu que son lait avait tourn ils ne se seraient jamais crois s dans la rue Mais encore Si par maladresse et inadvertance Ruby n avait bouscul Monsieur Poulet celui ci n aurait pas tr buch Ses citrons n auraient pas roul dans le caniveau Ayant travers la rue quelques secondes plus t t il n aurait pas t percut par une voiture quoi tient une vie Papillon ou citron les causes divergent mais les conclusions diff rent peu c est bien du basculement d un destin qu il s agit Strings pr c dent film de Wendy Tilby produit comme When the day breaks par le National Film Board du Canada explorait la possibilit d une rencontre entre deux trangers une vieille femme passionn e par la construction d une norme maquette du Titanic et son voisin du des sous un violoniste g Rencontre aux modalit s d j tr s domestiques provoqu e par une fuite d eau Solitudes
60. rement sur les techniques d anima tion qui s y trouvent chaque fois mises en uvre d autre part la faveur de deux textes dits transversaux jeter d un film l autre des ponts qui per mettent une approche plus large de l a nimation en g n ral tout en faisant ressortir la coh rence du programme propos Signal par les zones gris es r dig par un enseignant agr g le deuxi me niveau concerne la p dagogie propre ment dite IL se d coupe lui m me en deux volets Le premier est constitu d Ouvertures p dagogiques direc tement d duites du texte principal le second d Ateliers dont l objectif est de proposer des exercices impliquant la participation des l ves AVANT PROPOS L animation en pleine maturite u moment m me o la 3D a conquis les crans et o les studios Disney ont d finitivement dit adieu au dessin bidimmensionnel le programme de films r cents tudi s ici prend acte d une diversit des techniques et des formes signes d une animation en pleine maturit La fantasmagorie affirme Serge Av dikian Ligne de vie constitue le cin ma que les gens ont dans la t te Comme lui Koji Yamamura Marie Paccou ou Virgil Widrich ordonnent leur libert plastique un tel credo Un personnage peut vivre dans un film d animation avec un homme fich en travers de son ventre Un jour le cr ne fendu par la fou dre Harvie Krumpet ou un cerisier enracin sur sa t
61. roducteur Distributeur Koji Yamamura Yamamura Animation Inc Technique ordinateur 2D encre peinture et crayon sur papier Couleur Dur e 10mn R ALISATION Koji Yamamura entre rakugo et modernit il n a uvr que dans le format du court m trage ombre des superproductions de Miyazaki Le Ch teau dans le ciel 2005 ou Takahata Le Tombeau des lucioles 1988 Koji Yamamura est aujourd hui consid r comme un des grands ma t res de l animation japonaise Dipl m de l Universit des Arts Plastiques de Tokyo il tourne le dos aux modes de production tra ditionnels refuse d entrer dans un des grands studios du pays pour rester farouchement ind pendant D s ses d buts dans la deuxi me partie des ann es 1980 Aquatique 1987 la mise en place d un univers tr s personnel o les visions surr alistes d vorent toute trace de r cit lui vaut une solide r putation Mais c est en fondant en 1993 son propre studio Yamamura Animation que le cin aste atteint une reconnaissance internationale Bien qu elle recourt mille techniques et mati res cellulo d p te modeler gouache photocollage l uvre touche tout de Yamamura tient en quelques obsessions sc narii candides et minimalistes b tir une maison manger un sandwich ou avaler des noyaux de cerise digressions absurde plaisir de la m tamorphose et des transforma tions vue Ses films les p
62. rofondeur paisseur d passant sa simple bidimensionnalit M taphore Le th me du dessin pr sent dans l histoire travers le personnage du dessina teur met en abyme lacte de repr sentation Ainsi trouve t on en plusieurs instants cruciaux des plans sur le dessinateur en train de griffonner des lignes ou des portraits sur ses feuilles de papiers ou sur un mur le film semble alors se dessiner sous nos yeux en toute frontalit et ram ne la question de l im portance du r le de l art capable en figurant l horreur m me de la situation des personnages de leur redonner une dignit et cette part d humanit qui leur a t d rob e Cette transparence de la m taphore renforc e par la technique de superposition de plaques d images amplifie la force d vocation de motifs sou vent tr s simples les lunettes du narrateur celui qui observe en silence le crayon du dessinateur la matraque du maton etc Cette toute puissance des motifs plaqu s sur la force fixe et enveloppante des d cors supplante la relati ve pauvret artisanale de la technique employ e dans Ligne de vie donnant un relief aux objets ou d tails qu une technique plus sophistiqu e noierait proba blement dans son mouvement La simplicit dans Ligne de vie est affaire de transparence et de puissance d vocation C est le sens des trois premiers plans qui ouvrent le film des lignes sur un mur vue de face sur le narrateur qui ob
63. s devant une vision d horreur aper ue en contrechamp que parce que les personnages de papier voient se d grader la mati re m me dont ils sont faits Ecran et volume Le mat riau premier de Fast Film est porteur d un paradoxe dont Widrich joue merveille il est la fois plat et blanc comme un cran et mall able pliable Widrich combine ces deux propri t s en multipliant les arr tes les origami cr ent de multiples surfaces crans o viennent s accrocher non plus un mais plusieurs films sur un m me objet de papier sa mani re Fast Film poursuit les exp rimentations qui ont agit l histoire du cin ma et ouvert la voie aux installations vid o multi crans Dans Napol on 1927 Abel Gance avait d j d multipli l cran de projection pour confronter diff rents points de vue Widrich r ve d un montage fond sur la juxta position autant que sur la succession des plans embl matis par le d filement des wagons d un train dont chacun affiche un fragment de film diff rent Fast Film choisit le compromis hollywoodien sur cette question les crans multiples sont int gr s dans le cadre et non l tape de la projection sous la forme du split screen divi sion plut t que multiplication de l cran La troisi me dimension est redoubl e dans Fast Film loin de ser vir uniquement de support aux s quences emprunt es objets pla c s devant un fond neutre le papier constitue auss
64. sans couleur ou la cin aste Caroline Leaf dont elle a vu et aim Entre deux s urs 1990 grav sur pellicule 70 mm teint e L originalit du travail de Marie Paccou tient dans l alliage recherch entre des outils num riques et un rendu artisanal Tic Tac Toon s il per met des mouvements de cam ra comme le panoramique des premi res secondes de la vue de la ville la fen tre de la narratrice ne pousse pas la perfection aseptis e de certains dessins anim s par ordinateur ou a for tiori r alis s en 3D En effet Un jour est anim raison de 12 images par seconde sans que le logiciel ait combl les 12 images manquantes sur les 24 par seconde dans un film en prises de vue r elle Derni re touche au fini artisanal Marie Paccou a recopi plusieurs fois les images afin d obtenir un effet de vibration chaque copie tant l g rement diff rente Film de fin d tudes r alis en un an Un jour a voyag dans de nombreux festivals o il a r colt plusieurs prix et permis la r alisatrice d animer des ateliers d animation dans sa r gion d adoption le Puy de D me Depuis Marie Paccou a sign plusieurs courts m trages d animation aux techniques vari es mais dont les sc narios s apparentent toujours de brefs contes po tiques Dans les courts m trages When You re Asleep et Moi l autre 2000 deux films de fin d tudes au Royal College of Art de Londres elle s est servi une f
65. serve les traits en contre champ du plan pr c dent le cr ne nu du narrateur face au mur qui voque visuelle ment un visage blanc une figure sans traits Transparente m taphore de l oubli qui cherche dans le dessin son salut OUVERTURE P DAGOGIQUE Quels effets Av dikian tire t il de la technique d animation employ e pour rendre compte de l irrepr sentable Les visages peine esquiss s fig s dans une seule expression manifestent la sup pression de l humanit chez les victimes comme chez les bour reaux Les jeux de lumi re sur les couches d images superpos es multiplient les nuances de blancs et de noirs annulant toute tentati ve d interpr tation symbolique ou morale La fixit des d cors sur lesquels semblent glisser les per sonnages traduisent une s para tion radicale avec l ordre du monde avec sa mati re m me avec sa temporalit L animation des mouvements qui semble par fois s parer la continuit entre l a vant bras et la main et parfois faire d une matraque ou d un stylo un appendice du bras r v lent lal t rit des corps L horreur se manifeste dans la suggestion de l absence dans la puissance du n gatif n Au Fn m i i ATELIER Une analyse m me rapide du cadrage et du montage permet de faire saisir la notion de point de vue dans ce film la premi re personne Quelques exemples d analyses possibles les trois premiers plans par la figure du champ c
66. ses films sont autobio graphiques inspir s d amis ou de proches Elliot voulait deve nir v t rinaire mais c est finalement le d partement d tudes cin mato graphiques du Victorian College of the Arts de Melbourne qu il int gre en 1996 Il a d j en t te Oncle le premier volet de sa trilogie familiale pour lequel il entend avoir recours aux techniques de l animation clas sique Mais ses professeurs apr s avoir vu lune de ses r alisations pr c dentes un spot publicitaire mettant en sc ne un petit escargot gris en claymation le persuadent de conserver cette technique pour son pro chain projet Cette technique artisanale dont l tymologie vient de Pan glais clay argile ou terre glaise les figurines sont le plus souvent compos es de p te modeler exige une habilit manuelle que Elliot tient des travaux de menuiserie qu il faisait avec son p re propri taire d une ferme piscicole Les mod les de Harvie Krumpet de la taille d une bouteille de vin sont faits en p te modeler tandis que les d cors dans lesquels ils voluent sont en bois Elliot les filme avec une cam ra Bolex classique dispositif auquel s ajoute une cam ra vid o assist e par ordinateur Une journ e ordinaire de travail permet d obtenir cinq secondes de film Harvie Krumpet qui contient 280 plans pour 23 minutes de film a n cessit quatre ans de travail et un budget de 400000 dollars financ sur un e
67. sse biographie d Adam Elliot bande annonce etc wWwWw harviekrumpet com WHEN THE DAY BREAKS Site du National Film Board canadien pr sentation du NFB d tails techniques sur le film et d autres produits par le NFB etc www onf ca whenthedaybreaks D tails sur la m thode de travail de Wendy Tilby et Amanda Forbis www animationshow com films 05 when theday html FAST FILM Site de Virgil Widrich www Widrichfilm com LIGNE DE VIE Site de Serge Av dikian www serge avedikian com R DACTEUR EN CHEF Emmanuel Burdeau COORDINATION DITORIALE ET CONCEPTION GRAPHIQUE Antoine Thirion R DACTEURS DU DOSSIER Charlotte Garson est r dactrice aux Cahiers du cin ma et membre du comit de r daction Elle y dirige Le num ro hors s rie annuel Atlas consacr aux cin mas du monde Elisabeth Lequeret est journaliste Radio France Internationale et membre du comi t de r daction des Cahiers du cin ma Elle collabore aussi r guli rement au Monde Diplomatique Vincent Malausa est r dacteur et membre du comit de r daction des Cahiers du cin ma R DACTEUR P DAGOGIQUE Laurent Can rot enseigne les lettres et le cin ma au lyc e L Essouriau des Ulis Ancien l ve de l ENS et agr g de Lettres Modernes il est titulaire d un DEA de Cin ma Audiovisuel CAHIERS CINEMA
68. taires Mais c est surtout l infrastructure de la ville qui les relie secr tement Ultrarapide le panoramique d ouverture qui glisse le long du cordon du grille pain de Monsieur Poulet en offre un aper u que la suite du film ne fait que confirmer routes et c bles t l phoniques gouts et barres d immeubles sont les seuls espaces qui relient ces deux cr atures dont la rencontre n est trait e que sous le mode de Fel lipse C est toutefois bien de rencontre qu il faut ici parler en pr cisant les ter mes de l enjeu fortuite non organis e tout aussi susceptible de condui re la catastrophe qu au happy end Les choix minuscules que nous fai sons chaque seconde peuvent d finitivement incliner la pente de notre destin c est cette hypoth se tr s borg sienne qui donne son fil conduc teur When the day breaks Ici se tient la cruaut de l histoire de Monsieur Poulet et Ruby la Cochonne pas de sens juste l arbitraire par fait de deux lignes qui se rejoignent soudain pour pr cipiter un person nage dans la tombe Un pur moment arrach au pr sent sans avant ni apr s Ruby retourne dans son appartement en sifflotant le rago t de midi sera pr t temps comme un dysfonctionnement ordinaire des grandes structures urbaines SERIE Qu est ce que l humain onsieur Poulet et Ruby la Cochonne viennent de quitter leurs apparte ments respectifs pour aller faire leurs courses dans la petite
69. teur direct des sins texte litt raire d cide de gommer les pr cisions de lieu et indica tions historiques de la nouvelle un camp nazi en 1943 pour chapper aux r f rences et rester dans le champ du symbole La technique employ e a n cessit plus de mille dessins en noir et blanc tous r alis s pour l occasion par Raymond Delvax des peintures sur papier qui s ani ment par effets de superposition et de glissement Le recours la 2D une poque o triomphe l animation 3D avec les films en images de syn th se permet Av dikian d en revenir une forme primitive de l anima tion renforc e par le recours la voix off qui narre l histoire La force de ces op rations est avant tout m taphorique un homme voit arriver dans le camp o il est retenu prisonnier un dessinateur qui repr sente ses sem blables et redonne par ce simple geste espoir aux cod tenus du camp Pour Av dikian il s agit avant tout de mettre en jeu une forme d interdit de la repr sentation de ce qui exc de les possibilit s selon lui d une sim ple reproduction photographique du r el Pai choisi de reconstituer l image en la transcendant ou en la stylisant pour qu elle devienne ima ginable et que les gens puissent se l approprier Propos repris du site de Serge Av dikian http www serge avedikian com POINT DE VUE PARTI PRIS L art comme salut our Serge Av dikian l inconcevable capt par l ima
70. ts d encolure comme pour lui enjoindre de l enfourcher Sur le cheval on voit le deuxi me plan de Fast Film Bogart en costume sombre vient d ou vrir une porte Le cheval se cabre et part au galop Le pliage est d sormais plus labor plus pais c est un cheval en origami qui franchit seul la fronti re la d chirure entre les deux par ties de l cran divis Enti rement blanc il s offre la projection d autres images l criture de la suite de l histoire En 4 le split screen dispara t Bogart est presque dans le paysage Mais c est en passant de ce second plan au premier le cheval qu il pourra enta mer la cavalcade Pour cela c est pr cis ment le raccord de geste ouverture d une porte d un c t apparition sur le seuil de l autre c t que Widrich r introduit Ici le raccord assure le passage d une couche de papier l autre de l observation l action Entre 2 et 4 l in galit du traitement sur papier de l homme et de la femme est criante jamais cisaill aux entournures Bogart traverse les sur faces sans mal imperturbable dans ses deux dimensions filmiques puis cheval sur la troisi me dimension origami Pantin de papier femme objet aux mains de Hollywood Lockwood est r duite sa fixit de photo imprim e Courir la d livrer c est donc avant tout ouvrir au mouvement une ic ne de papier glac lui rendre les propri t s de l animation B
71. tt ralement le personnage du narra teur entre sa condition d objet dessin et son statut de sujet prisonnier Outre le motif r current des lunettes et le mouvement d an nihilation de la distance qui sont en jeu ici c est la cor respondance plastique entre 2 et 3 qui frappe le plus dans cette s rie compos es de mani re identique en plans de face serr s les deux images font du visage le centre de la sc ne lieu o les traits de crayon du visage fusionnent sans bruit nul besoin de voix off en 2 ou 3 pour l exprimer Impossible alors de d terminer la limite entre sujet et reflet en se r pondant de la sorte comme le double l un de l autre 2 et 3 t moignent de la force du dispositif d Av dikian force qui repose autant sur la pauvret appa rente du style moins les traits sont nets plus cet effet de d doublement entre plans est rendue possible que sur une grande simplicit de composition rendant aux notions de cadre d axe ou de point de vue leur puissance originelle At MEAD L mant chi ATAMA YAMA Japon 2002 R alisation Koji Yamamura Sc nario Shoji Yonemura d apr s Rakugo Atamayama Graphisme Koji Yamamura Storyboard Koji Yamamura Layout Koji Yamamura D cor Koji Yamamura Animation Koji Yamamura Musique Takeharu Kunimoto Son Koji Kasamatsu Montage Koji Yamamura Voix Takeharu Kunimoto P
72. u ve dans la reproduction un incomparable auxiliaire Apr s Marcel Proust et Walter Benjamin Andr Malraux soulignait le r le de la photographie dans la diffusion des autres arts nous connaissons aujourd hui d une uvre davantage ses reproductions que l original Fast Film en photographiant le cin ma se constitue en mus e imaginaire base de don n e de gestes et de regards L arch type Cette brochette de citations a surtout une vertu critique Fast Film cf fast food d busque la similarit des sc narios l interchangeabilit des vedettes Sa bande son condens de pr s de cent bruitages et musiques de films vocatrices de diver ses motions y contribue car les films de long m trage se servent dans les m mes sonoth ques remarque Widrich La machine tor turer les femmes qui fait tourner les t tes des actrices comme pour choisir celle convenant le mieux au cri de la bande son souligne la cruaut du star system friand de frais minois Le cin ma des studios usine saucisses selon les mots d Otto Preminger est montr comme un recyclage d arch types voire de st r otypes une foire aux visages et aux corps cycliquement film s froiss s et jet s Poursuite et raccord Ayant d bit les mor ceaux Widrich les r assemble selon un mon tage invisible propre au cin ma classique fond sur le raccord Cette convention qui main tient l illusion de continuit lors d un ch
73. ut de la longue course pour suite quoi l on pourrait r sumer Fast Film redonner vie travers l animation un canon hollywoodien trop souvent emp tr dans le clich ATELIER La premi re s quence de Fast Film invite une r flexion sur la notion de raccord Elle d nonce l illusion de continuit cr e par le raccord sur le regard Elle r v le en m me temps la diff rence qu Hollywood tablit entre le regard masculin auquel est index le regard du spectateur et Le f minin lequel se livre surtout comme objets Si Le raccord sur le regard permet le d veloppement du r cit en retour le r cit tablit une codification des regards Les personna ges varient mais leurs regards dans une m me situation drama tique restent les m mes Au contraire par la multiplication des d tails dans le plan par son montage rapide Fast Film invite le spectateur se d tacher du regard du h ros hollywoodien TEXTE TRANSVERSAL Hollywood coupe coll uels effets induit la pratique de l emprunt lorsque au del de la citation ponctuelle un cin aste la radicalise pour faire d au tres films la substance principale du sien Le recyclage Virgil Widrich n est pas un pion nier de ce que Nicole Brenez nomme le rem ploi plus souvent appel found footage Initi par l Am ricain Joseph Cornell 1903 1972 il s est g n ralis dans le cin ma exp rimental des ann es 1970 et dans l art vid o Dans 24
74. uverture centre et fermeture de la s quence ces trois plans en constituent la charpente Ils se font cho via un motif essentiel dans le film les lunettes du narrateur Renvoyant d ordinaire au statut d observateur du personna ge ce motif se renverseentre 1 et 3 d observateur vu de trois quart dos le narrateur devient l observ vue de face La s quence s articule sur un mouvement de r duction pro gressive de la distance entre dessinant et dessin de mani re rendre l objet de la repr sentation son statut de sujet l cart maximal entre dessinateur et narrateur chacun une extr mit du cadre 1 succ de l effet de proximit entre spectateur et narrateur dans le plan 3 une frontalit qui pousse le narrateur mettre ses mains devant ses yeux en une expression tr s picturale de la pudeur ou du recueille ment Que s est il pass entre 1 et 3 La rencontre du nar rateur avec lui m me en 2 plan subjectif du narrateur qui observe son portrait Le mouvement interne de la sc ne repose sur les bascule ments de point de vue de ces trois plans vue de dos 1 vue subjective 2 vue de face 3 La vue subjective appara t comme le point n vralgique de la sc ne la disposition du plan transforme visuellement la feuille de papier sur laquel le est repr sent le narrateur en miroir Par cet effet ce miroir dont le reflet est le narrateur lui m me la sc ne se renverse et d double li

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