Document - La Fabrique
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1. GS V 2 p 1073 De mani re plus g n rale toute la discussion m thodo logique qui a oppos Benjamin Adorno dans la corres pondance qui a suivi la premi re r daction du Baudelaire 1 P Missac Dispositio dialectico 689 706 o benjaminiana in H Wismann d 2 Th W Adorno Uber Walter Walter Benjamin et Paris Paris Benjamin R Tiedemann d Le Cerf coll Passages 1986 p Francfort sur le Main 1970 p 22 16 baudelaire7 indd 16 24 0913 11 49 C0 CS nm Introduction s claire une fois qu on a bien pr sente l esprit ce que la pr sente dition devrait permettre de faire la m thode de composition de Benjamin ainsi que le concept de construction qui l anime son ami qui lui reproche d avoir omis la m dia tion par la th orie et d tre ainsi rest emp tr dans une exposition tonn e de la pure factualit Benjamin objecte fermement la n cessit de ce qu il appelle une pr caution m thodologique implicite dans la construction Je pense que la sp culation ne prend son vol et un vol n cessairement audacieux vers une certaine r ussite que si au lieu de mettre les ailes de cire de l sot rique elle cherche dans la construction seule sa source d nergie La construction voulait que la seconde partie du livre soit faite essentiellement d un mat riau philologique Il s agit l moins d une discipline asc tique que de dispositions m2. 4 6 Notes de r gie 947 VI 4 7 Th mes 949 VI 5 Sur quelques th mes baudelairiens 951 VI 6 Autres fragments r dig s 994 VI 6 1 Le type et la valeur d change 994 VI 6 2 Notes pour la r daction 1007 VI 7 Appendices 1010 VI 7 1 Notes sur les Tableaux parisiens de Baudelaire 1007 VI 7 2 R sum de eM 1019 VII Au del du texte 1023 VII 1 Le progr s n est aucunement 1025 VII 2 Nouvelles th ses 1026 VII 3 Sur le concept de pr histoire du x si cle 1029 Pour l explication d taill e du contenu des sept sections voir le paragraphe IV de l introduction de Giorgio Agamben p 18 baudelaire7 indd 7 24 09 13 11 49 C1 CS nm Introduction d une dition historico critique des textes de Benjamin quand bien m me une telle d cision aurait d pass les limites d une telle dition GS VII 2 p 736 Le pr sent volume est une tentative d offrir sinon une telle dition historico critique de fait en traduction elle n est tout simplement pas pensable du moins une dition histo rico g n tique qui permette sur la base de l ensemble de la documentation aujourd hui accessible de suivre de mani re exceptionnellement riche et articul e la gen se et le d velop pement dans les diff rentes phases de sa r daction du work in progress que constitue en un certain sens la somme du der nier Benjamin L occasion a sembl d
3. intellect divin mais notre propre exp rience historique Une nouvelle fois et selon le principe m thodique que les th ses sur le concept d histoire surent extraire du work in progress sur Baudelaire la pens e qui la mani re d un buvard s est laiss totalement impr gner par l encre th ologique n en laisse pas subsister la moindre gouttes IV La pr sente dition essaie de restituer le plus troitement possible le processus de composition propre au travail de Benjamin en suivant le devenir de l uvre dans les diff rentes phases de son laboration de sa protohistoire pour ainsi dire sa posthistoire L ensemble de la base textuelle compos e de textes dit s et d in dits a ainsi t dispos en sept sections 1 Protohistoire t moignages d une phase o le livre est encore confondu dans le projet du Passagenwerk 1935 1937 1 bid 62 p 372 2 Adorno Benjamin Briefwechsel 3 GS V 1 p 588 N 7a 7 1928 1940 op cit p 381 trad cit 18 baudelaire7 indd 18 24 0913 11 49 C0 CS nm Introduction 2 De la lecture la documentation la phase que Benjamin d signe comme le d pouillement de la litt rature Durch sicht der Literatur qui correspond l hiver 1938 3 De la documentation la construction la phase que Ben jamin d crit comme pr paration du mat riau et sch ma tisation Bereitstellung des Materials et
4. autant plus pr cieuse que Benjamin qui il arrive de discuter avec ses amis de mani re souvent minutieuse des pr suppos s th oriques de son travail semble en revanche avoir tenu maintenir jalou sement le secret sur les processus pour ainsi dire mat riels de sa production C est pourquoi on le sait ils ont ainsi fini par assumer aux yeux de ses amis et des critiques une aura l gendaire d sot risme Or pr cis ment dans la mesure o il permet de suivre dans toutes ses phases et de mani re extr mement articul e le processus de sa gen se et de son d ve loppement le livre sur Baudelaire fait mentir cette l gende et pr sente au contraire dans son processus m me le mod le d une criture mat rialiste telle que Benjamin l appelait de ses v ux une criture dans laquelle non seulement la th o rie illumine les processus de la cr ation mais o ces derniers jettent leur tour une nouvelle lumi re sur la th orie Benjamin distingue dans son travail la phase de la docu mentation et celle de la construction Espagne et Werner qui ont attir l attention sur cette distinction ont raison d obser ver qu elle ne doit pas tre entendue comme une division chronologique entre deux phases de travail mais comme une distinction syst matique entre deux mani res de tra vailler fondamentalement diff rentes qui du point de vue chronologique avancent de mani re parall le Et de fait Benjamin p
5. ce volume tiennent exprimer leur gratitude R Tiedemann envers qui tous ceux qui ont travaill sur Benjamin ont contract une dette particuli re M Espagne et M Werner qui ont ouvert la voie l tude des manuscrits parisiens B Witte qui a fourni des conseils g n reux et 19 baudelaire7 indd 19 24 0913 11 49 CO G CS nm Baudelaire M Callu directrice du D partement des manuscrits de la Biblioth que nationale de Paris qui a facilit l acc s aux manuscrits Giorgio Agamben baudelaire7 indd 20 24 09 13 11 49 CO G CS Dm L gendes sigles abr viations mode d emploi L gende lt gt insertions des diteurs des Gesammelte Schriften pour les textes publi s et des diteurs de la pr sente dition pour les textes in dits X gt mot ind chiffrable XX plusieurs mots ind chiffrables gt lecture incertaine mots ray s par Benjamin Sigles et abr viations GS Walter Benjamin Gesammelte Schriften uvres compl tes R Tiedemann et H Schweppenh user d Francfort sur le Main Suhrkamp 1974 1989 7 vol PW Walter Benjamin Das Passagen Werk Le Livre des pas sages C est l organisation r alis e par R Tiedemann de GS V 1 2 Comme pour GS les tr s nombreux frag ments de PW ont re u chacun une cote alphanum rique comme par exemple J 32a 8 ou bien C 7 1 Ces cotes sont reprises dans la pr sente dition AM Aufzeichnungen und Materi
6. du livre sur Paris qui selon EW ne comptent au d but du travail sur Bau delaire que deux feuillets sur un total de 92 cela explique pourquoi cette section elle seule constitue pr s d un quart du fonds de recherche des AM Mais au cours du travail de documentation les sections N Th orie de la connaissance th orie du progr s X Marx M Le fl neur D L ennui ternel retour S Peinture Jugendstil Nouveaut se d ve loppent consid rablement EW p 628 Lors de cette phase pr liminaire c est comme si la pr paration du Baudelaire se manifestait essentiellement comme une expansion une v ri table gestation du fonds documentaire des Passagen dont le Baudelaire ne constitue encore qu un chapitre Lors de cette phase la d couverte du livre d Auguste Blan qui L ternit par les astres est d cisive Ces derni res semaines crit il Horkheimer le 6 janvier 1938 j ai eu la chance de faire une trouvaille rare dont l influence sur mon travail sera d terminante je suis tomb sur le texte 32 baudelaire7 indd 32 24 09 13 11 49
7. la foule se trouvent chez Engels et Poe La foule est un voile travers lequel la ville famili re h le le fl neur sous l aspect d une fantasmagorie Elle y est tant t paysage tant t salon Tous deux sont ensuite compl t s par le grand magasin qui met la fl nerie elle m me au service du chiffre d affaires Le grand magasin est le dernier lieu de musarderie pour le fl neur Avec le fl neur l intelligentsia descend au march Pour voir pense t elle mais d j en v rit pour y trouver un acheteur ce stade interm diaire o elle a encore des m c nes mais commence d j se familiariser avec le mar ch elle appara t sous les traits de la boh me l ind termi nation de sa position conomique correspond l ind termina tion de sa fonction politique Celle ci trouve son expression la plus flagrante chez les conspirateurs professionnels qui sans conteste appartiennent la boh me Leur champ d acti vit initial est l arm e plus tard ce sera la petite bourgeoi sie occasionnellement le prol tariat Mais cette couche de la population consid re les v ritables meneurs de celui ci comme ses adversaires Le manifeste communiste vient 25 baudelaire7 indd 25 24 0913 11 49 CO G CS nm Baudelaire mettre un terme son existence politique La po sie de Bau delaire tire sa force des protestations path tiques de cette couche de la population Baudelaire se range aux c t s des asocia
8. thodologiques Au reste cette partie philologique tait la seule pouvoir tre livr e en avance sous forme de texte autonome ce dont il me fallait tenir compte Lorsque vous parlez d une pr sentation tonn e de la factualit vous caract risez l attitude philologique dans sa v rit Il fallait l ins rer dans la construction non seu lement pour les r sultats qu elle donne mais justement pour ce qu elle est L apparence de factualit close sur elle m me qui s attache l tude philologique et qui envo te le chercheur dispara t dans l exacte mesure o l on construit l objet dans la perspective historique Les lignes de fuite de cette construction confluent l int rieur de notre propre exp rience historique L objet se consti tue ainsi comme monade Dans la monade tout ce qui au terme de l analyse du texte s tablit dans une rigidit mythique prend vie La r f rence au concept leibnizien de monade doit ici tre prise la lettre D une part le fait que la monade n ait pas de fen tre par laquelle quelque chose pourrait entrer ou sortir implique que ses transformations proviennent de son prin cipe interne D autre part puisque la nature des monades 1 Th Adorno W Benjamin Philippe Ivernel Paris La fabrique Briefwechsel 1928 1940 H Lonitz 2002 p 362 ci apr s CTA d Francfort sur le Main 2 1bid p 379 380 CTA p 371 372 Suhrk
9. 33 1940 trad Didier Renault et Pierre Rusch Paris d de l clat 2010 ci apr s CS Correspon dance Adorno Benjamin trad Philippe Ivernel Paris La Fabrique 2002 r d Gallimard 2006 ci apr s CTA Dans les autres cas ces citations sont traduites de l allemand par Patrick Charbonneau Pour la longue section III 2 Liste des th mes on trouvera dans la pr sentation p 75 la fa on de s orienter dans la lecture Les mots en italique suivis d un ast risque sont en fran ais dans le texte Pour les mots qui reviennent souvent l ast risque n est pr sent qu la premi re occurrence Les notes d diteur traducteur sont appel es par des chiffres arabes Celles de Walter Benjamin sont appel es par des chiffres romains On ne s tonnera pas de trouver en plusieurs endroits dans ce livre des fragments semblables et m me identiques Ce sont des mat riaux pour lesquels Benjamin n avait pas choisi entre plusieurs places dans le livre projet Nous avons choisi de les faire figurer chaque place envisag e 22 baudelaire7 indd 22 24 09 13 11 49 CS l I Protohistoire 23 baudelaire7 indd 23 24 0913 11 49 C0 CS Dm Baudelaire En mai 1935 la demande de Friedrich Pollock Benjamin r digea un Expos pour pr senter le projet sur les Pariser Passagen l Institut f r Sozialforschung La cinqui me par tie consacr e Baudelaire que n
10. C0 CS Dm Sommaire Introduction 7 I Protohistoire 23 I 1 Baudelaire ou les rues de Paris 25 I 2 Qu est ce que l aura 29 II De la lecture la documentation 31 II 1 Blanqui et l ternel retour 35 II 2 Notes sur des po mes de Baudelaire 39 II 3 Questionnaire 56 IT 4 Liste de noms 59 IT 5 Questionnaire II 60 IL 6 Liste des revues dans lesquelles Baudelaire a publi 61 III De la documentation la construction 63 III 1 Sch mas et projets 67 MI 1 1 Lettre de Walter Benjamin Horkheimer 16 avril 1938 67 III 1 2 Plan de l uvre 68 M 1 3 Sch ma 1 72 M 1 4 Sch mas 73 M 1 5 Sch ma de la troisi me partie 74 III 2 Les listes th matiques 75 III 2 1 Sch ma code 78 IMI 2 2 Listes des th mes Premi re partie 80 IMI 2 3 Listes des th mes Deuxi me partie 188 IT 2 4 Listes des th mes Troisi me partie 395 baudelaire7 indd 5 24 09 13 11 49 CO G CS Dm IV Vers le texte 615 IV 1 Notes de r gie 619 IV 1 2 Les sch mas de coordonn es 626 IV 1 3 Constellation 628 IV 1 4 L impuissance comme principe de mort 629 IV 1 5 Le d ploiement du travail dans le jeu 630 IV 1 6 Baudelaire et Nietzsche 631 IV 1 7 Le surgissement du Je 634 IV 1 8 Sch me de l identification 635 IV 2 Zentralpark 636 IV 3 Vers la r dacti
11. Listes th matiques et aux Feuillets bleus respectivement les sec tions MI 2 et IV 3 1 de la pr sente dition il soit possible de suivre de pr s le mouvement int rieur travers lequel la documentation dans son d veloppement vers la r daction est venu croiser le r seau gradu de la construction C est un peu comme si en plus de poss der le fichier d un auteur dans notre cas la section Notes et mat riaux pour le livre sur Paris et l uvre qui en r sulte ou au moins une partie de cette uvre nous pouvions gr ce un prodige d ani mation observer le fichier pendant qu il se transforme et s ordonne vers la r daction en montrant nu ses lignes de 1 Cf infra p 82 N 7a 1 15 baudelaire7 indd 15 24 09 13 11 49 CO G CS nm Baudelaire d veloppement interne Or ce mouvement du mat riel n est pas neutre th oriquement mais se trouve accompagn sans qu il soit possible de d cider la mesure dans laquelle ce sont les r flexions th oriques qui mettent en mouvement le fichier ou l inverse la vie des mat riaux qui s cr te la perle de la th orie d une imposante production d clats de caract re philosophique ou m thodologique dont Zentralpark est la concr tion la plus importante et elle se trouve le fait est symptomatique constamment interrompue par des obser vations m tatextuelles sur l ordonnancement et la disposi tion des textes La phase que la r
12. Schematisie rung men e terme en mars 1938 4 Vers le texte comprend des notes m tatextuelles des r flexions critico philosophiques Zentralpark et une nouvelle organisation du mat riau en vue de la r daction les Feuillets bleus chronologiquement cette phase culmine pendant l t 1938 5 Premi re r daction partielle Paris du second Empire chez Baudelaire ainsi que les mat riaux qui se rapportent cette section r daction achev e en septembre 1938 6 Nouvelle r daction partielle nouvelle phase de travail qui retraverse tous les moments de la r daction pr c dente de la r organisation du mat riau la composition de Sur quelques th mes baudelairiens cette phase va de l hiver 1938 1939 l automne 1939 7 Au del du texte fragments qui se r f rent la gen se des Th ses sur le concept d histoire con ues comme arma ture th orique pour l ach vement de la r daction du Bau delaire Chaque section est pr c d e d une notice qui fournit des informations sur la phase de travail correspondante l int rieur de chaque section chaque texte est pr c d d un bref avertissement qui indique la r f rence la pagination des GS quand il s agit de textes dit s et fournit en plus des donn es synth tiques sur les manuscrits et sur la date de composition mais aussi toute autre information pouvant aider la lecture Les diteurs de
13. alien Notes et mat riaux in PW p 79 989 PSEB Das Paris des second Empire bei Baudelaire Le Paris du second Empire chez Baudelaire in GS 1 2 p 511 604 eM ber einige Motive bei Baudelaire Sur quelques th mes baudelairiens in GS 1 2 p 605 653 GB Walter Benjamin Gesammelte Briefe Lettres com pl tes C G dde et H Lonitz d Francfort sur le Main Suhrkamp 1995 2000 6 vol 21 baudelaire7 indd 21 24 09 13 11 49 CO G CS Dm EW M Espagne M Werner Les Manuscrits parisiens de Walter Benjamin et le Passagen Werk in H Wismann d Walter Benjamin et Paris Colloque international 27 29 juin 1983 Paris d du Cerf 1986 p 849 882 Ms BA Manuscrits dans les Benjamin Archiv Ms BN Manuscrits retrouv s la Biblioth que nationale aujourd hui regroup s avec BA Ms BR Manuscrits conserv s par Giorgio Agamben Les textes BR et une grande partie des BN sont publi s ici pour la premi re fois Dans les notices r dig es par les diteurs ici traduites de l italien figurent des extraits de la correspondance de Ben jamin Nous avons le cas ch ant utilis les traductions disponibles en fran ais Gretel Adorno Walter Benjamin Correspondance trad Christophe David Paris Gallimard 2007 ci apr s CGA Walter Benjamin Correspondance trad Guy Petitdemange Paris Aubier Montaigne 1979 ci apr s Co Benjamin Gershom Scholem Th ologie et utopie correspondance 19
14. amp 1994 p 368 Trad fr 3 Leibniz Monadologie 7 et 11 17 baudelaire7 indd 17 24 0913 11 49 CO G CS nm Baudelaire est repr sentative chacune d entre elles repr sente aussi avec l ensemble de l univers le corps qui lui a t attribu en particulier Que la pi ce philologique de la documentation se pr sente dans la construction comme monade cela signifie donc qu elle n a pas besoin pour tre interpr t e de l inter vention m diatrice de la th orie au contraire c est seulement si l entrelacement de la documentation et de la construction a t men jusqu son terme que l uvre peut tre touch e boulevers e m me par l interpr tation On trouve dans la m thode de Benjamin comme une reprise de la doctrine m di vale selon laquelle la mati re contient d j en elle toutes ses formes et se trouve d j pleine de formes l tat inchoatif et potentiel la connaissance revient alors faire advenir la lumi re eductio ces formes cach es inditae dans la mati re Ce qu Adorno a pu consid rer jusqu la fin comme une relique a dialectique se trouve tre en r alit une adh sion constructive cette forme flottante forma fluens disaient les m di vaux dans la mati re elle m me Cependant le point de fuite vers lequel converge le devenir constructif de cette forme mati re n est pas comme pour les th ologiens m di vaux l
15. dont la cote dans un pre mier temps est la hausse Les non conformistes se rebellent contre le fait que l art soit livr aux lois du march Ils se regroupent sous la banni re de l art pour l art Ce mot d ordre donne naissance la conception de l uvre d art totale qui tente de soustraire l art l influence des progr s techniques La solennit avec laquelle l uvre d art totale se c l bre est l quivalent des distractions qui transfigurent la marchandise Dans les deux cas on fait abstraction de l existence sociale de l homme Baudelaire succombe la fascination de Wagner Ms BA GS V 1 p 54 56 Les mots en italique suivis d un fr quemment l ast risque n indique ast risque sont en fran ais dans le que les premi res occurrences texte Pour les termes qui reviennent 21 baudelaire7 indd 27 24 09 13 11 49 baudelaire7 indd 28 24 09 13 11 49 CO G CS Dm I 2 Qu est ce que l aura Trois feuillets de 18 5x11 cm d tach s d un bloc publicitaire Chaque feuillet porte en haut gauche le symbole de l eau min rale San Pellegrino Benjamin s est peut tre procur ce bloc lors de son s jour San Remo pendant l t 1937 Sur la marge sup rieure du premier feuillet Benjamin a not Regard dans le dos rencontre des regards lever les yeux r pondre un regard La r flexion sur laura contenue dans ce texte sera reprise y compris textuellemen
16. graphie Notes d un fou Marcel R j L Art chez les fous Paris 1907 p 131 Le dernier po me des Fleurs du mal Le voyage Mort vieux capitaine il est temps Levons l ancre Le dernier voyage du fl neur la mort Sa destination le Nouveau Au fond de l Inconnu pour trouver du Nouveau Le Nou veau rec le une qualit ind pendante de la valeur d usage de l objet C est l origine de l apparence qui est inali nable pour les images que produit l inconscient collectif C est la 26 baudelaire7 indd 26 24 0913 11 49 CO G CS Dm Protohistoire quintessence de la fausse conscience dont la mode est l agent infatigable Cette apparence du Nouveau se refl te comme un miroir dans un autre dans l apparence de la r p tition du m me Le produit de cette r flexion est la fantasmagorie de l histoire de la civilisation dans laquelle la bourgeoisie berce sa fausse conscience L art qui commence douter de sa mission et cesse d tre ins parable de l utilit Bau delaire doit faire du Nouveau sa valeur supr me Le snob devient en mati re d art l arbiter novarum rerum Il est l art ce que le dandy est la mode Si au xvir si cle l all go rie devient le paradigme des images dialectiques ce r le est tenu au xix si cle par la nouveaut Les journaux viennent pauler les magasins de nouveaut s La presse organise le march des valeurs spirituelles
17. h torique classique situait entre l inventio nous dirions aujourd hui la documentation et l elocutio qui correspond l exposition ou r daction qu elle appelait dispositio et que Cic ron d finissait comme rerum inventarum in ordinem distributio merge ainsi au premier plan dans le processus cr atif de Benjamin dans un contraste saisissant avec le privil ge que les modernes ont voulu accorder la r daction mais avec des caract ristiques si particuli res qu on a pu parler raison d une disposition dialectico benjaminienne Cela permet en outre de mettre en perspective ce montage litt raire que Benjamin a pu identifier comme la m thode la plus propre de son travail GS V 1 p 574 Il ne s agit pas tant comme a pu le penser Adorno de ne laisser appa ra tre les significations qu travers un montage choquant schokhafte Montage des mat riaux ou d crire une uvre qui ne serait faite tout enti re que de citations il s agit en mettant la dispositio au centre du processus de la com position de permettre aux formes de d veloppement et au lien interne contenus dans les mat riaux philologiques de conduire la r daction par la seule force de leur construc tion De ce point de vue comme le sugg re Tiedemann le livre sur Baudelaire permet certainement d imaginer l as pect qu aurait pu avoir cette r daction des Passagen laquelle Benjamin n a pu parvenir
18. ne connaissabilit d termin e Dans ce maintenant la v rit est charg e de temps jusqu l explosion Il ne s agit pas de soutenir que le pass jette sa lumi re sur le pr sent ou l inverse le pr sent sur le pass mais que l image est ce en quoi ce qui a t s unit la vitesse de l clair avec le maintenant dans une constellation En d autres termes l image est la dialectique dans l immo bilit GS V 1 577 578 Jamais comme dans ce cas l analyse concr te du proces sus productif propre Benjamin n aura permis d clairer les cat gories fondamentales de sa th orie de la connaissance tout comme le moment constructif ne s impose pas a poste riori sur le mat riel de la recherche documentaire mais se trouve lib r de son mouvement intime qui se d ploie dans ses diff rentes phases jusqu la r daction finale de m me loin d tre un moment qu on ne pourrait situer chronologi quement qu l int rieur du pr sent l actualit Jetztzeit est cette constellation au sein de laquelle ce qui a t s unit la vitesse de l clair avec le maintenant et o un fait historique d termin se polarise dans sa pr et sa post histoire III Un hasard probablement unique dans l histoire de la litt rature historico philosophique et en tout cas certaine ment unique dans l uvre de Benjamin a voulu que gr ce aux manuscrits parisiens et en particulier gr ce aux
19. nf rieures sans pour sa part tre tudi par elles rev t la plus grande importance Une technique qui rend cela possible m me si elle est utilis e d autres fins tr s diverses a quelque chose d incroyablement rassurant Elle peut long terme masquer quel point la situation est devenue dangereuse l int rieur de la soci t humaine Sans le film on ressentirait de plein fouet de fa on insupportable le d clin de l aura Ms BN 30 baudelaire7 indd 30 24 09 13 11 49 CS II De la lecture la documentation baudelaire7 indd 31 24 0913 11 49 C0 CS Dm Baudelaire La premi re phase du travail est celle que Benjamin d finit comme le d pouillement de la litt rature Durchsicht der Literatur J en tais bel et bien r duit la Biblioth que nationale crit il Adorno le 17 novembre 1937 en lui annon ant qu il doit quitter son appartement en raison du bruit continu qui l emp che de travailler o j ai pu avancer plus ou moins le d pouillement de la litt rature secondaire sur Baudelaire GB V p 610 CTA p 297 Dans le Charles Baudelaire que j ai mis en chantier je ne suis pas encore sorti de la phase de d pouillement de la litt rature secondaire ibid p 612 CS p 226 Cest probablement pendant cette phase au cours du d pouillement que Benjamin r dige une grande partie des fiches qui constituent la section J des AM
20. njamin crit Gretel Adorno le 9 octobre 1935 qu il est arriv dans les derniers temps un point d cisif dans le r seau progres sif de la construction qui se trouve pour ainsi dire coup de celui de la documentation il exprime de la mani re la plus imag e qui soit la distinction ainsi que l interp n tra tion de la documentation et de la construction du mode de la recherche et du mode de l exposition Il arrive ici pour le rapport entre documentation et construction quelque chose d analogue ce que Benjamin avait d crit pour la rencontre entre pass et pr sent dans le maintenant de la connaissa bilit Jetzt der Erkennbarkeit un des concepts les plus secrets de Benjamin qu il avoue lui m me avoir con u de mani re totalement sot rique et qui devient dans cette perspective parfaitement transparent La trace historique des images ne dit pas seulement en effet qu elles appartiennent une poque d termin e mais surtout qu elles n atteignent leur lisibilit qu une poque d termin e C est pr cis ment le fait d atteindre cette lisibilit qui d termine un tournant dans leur 1 GB VI 2 p 170 171 2 1bid p 171 14 baudelaire7 indd 14 24 0913 11 49 C0 CS nm Introduction d veloppement int rieur Chaque pr sent se trouve d termin par ces images qui se d ploient dans le m me temps chaque maintenant Jetzt est le maintenant d u
21. on 668 IV 3 1 Feuillets bleus 668 IV 3 2 Exemple d une cat gorie des Feuillets bleus 683 IV 3 3 Derniers sch mas 700 V Premi re r daction partielle 705 V 1 Le Paris du second Empire chez Baudelaire 709 V 2 Appendices 795 V 2 1 Fragment d une introduction 795 V 2 2 Premi re r daction du fragment d une introduction 797 V 2 2 Le go t 802 V 2 4 L mergence des produits 805 V 2 5 Variantes de r daction 807 V 2 6 Variante de r daction II 814 V 2 7 Sur une passante 823 VI Nouvelle r daction partielle 825 VI 1 Lettres 829 VI 1 1 Lettre de Theodor W Adorno Walter Benjamin 10 novembre 1938 829 VI 1 2 Lettre de Walter Benjamin Theodor W Adorno 9 d cembre 1938 835 VI 1 3 Lettre de Walter Benjamin Theodor W Adorno 23 f vrier 1939 840 VI 2 Notes pr paratoires et sch mas 843 VI 2 1 Table des th mes et des concepts 844 VI 2 2 Baudelaire ou les rues de Paris 846 VI 2 3 Th mes 849 VI 2 4 Notes pour la r vision du PSEB 850 VI 2 5 v rifier 853 VI 3 Listes des th mes 854 baudelaire7 indd 6 24 0913 11 49 C0 CS Dm VI 4 Vers la r daction 932 VI 4 1 Passages du Ringbuch 932 VI 4 2 Sur le noctambulisme 941 VI 4 3 Comme le nageur 942 VI 4 4 L exp rience v cue 943 VI 4 5 Baudelaire en face 946 VI
22. oss dait parfaitement la distinction propos e par Marx entre mode de la recherche Forschungsweise et mode de l exposition Darstellungsweise Il la cite expres s ment dans la section N des Passagen 1 M Espagne M Werner Vom op cit p 602 Passagen Projekt zum Baudelaire 13 baudelaire7 indd 13 24 0913 11 49 CO G CS nm Baudelaire La recherche doit s approprier des mat riaux dans les d tails elle doit analyser les diff rentes formes de son d veloppement Entwicklungsformen et en retracer l ar ticulation int rieure inneres Band Ce n est qu une fois que ce travail a t men bien que le mouvement r el peut tre expos de mani re convenable Si cela marche si la vie du mat riel das Leben des Stoffs se pr sente de mani re id alement r fl chie on peut croire alors qu on a affaire une construction a priori GS V 1 p 581 Pour qui entend mener une analyse correcte des processus du travail intellectuel il convient de bien prendre la mesure de ce passage loin d tre inerte le mat riel que la recherche rassemble pr sente quelque chose de vivant qui contient d j en soi les formes de son d veloppement ainsi que le principe de son articulation La t che de la recherche est de mener la lumi re ces formes et cette articulation de mani re que ce soit la vie elle m me du mat riel qui finisse par se pr sen ter comme une construction a priori Quand Be
23. ous reproduisons ici 1 1 contient d j certaines des cat gories centrales du travail venir et peut donc tre consid r e comme le noyau originel partir duquel se d veloppera trois ans plus tard le livre inachev Le deuxi me texte sans doute crit fin 1937 voir la lettre de Benjamin Karl Thieme in GB V p 607 se trouve parmi les manuscrits parisiens et il contient une r flexion sur laura qui sera reprise parfois textuellement dans la version du travail sur Baudelaire 24 baudelaire7 indd 24 24 09 13 11 49 CO G CS nm I 1 Baudelaire ou les rues de Paris Tout pour moi devient all gorie Baudelaire Le cygne L esprit de Baudelaire qui se nourrit de m lancolie est de nature all gorique Chez Baudelaire Paris devient pour la premi re fois objet de po sie lyrique Cette po sie n est pas une po sie de terroir au contraire le regard de l all goriste qui rencontre la ville est le regard de celui qui s y retrouve tranger C est le regard badin du fl neur dont le mode de vie entoure encore d une lueur conciliante celui d sesp rant de l habitant de la grande ville Le fl neur se tient encore sur le seuil la fois de la grande ville et de la classe bourgeoise Ni l une ni l autre ne l a encore assujetti Il n est encore chez lui ni dans l une ni dans l autre Il cherche refuge dans la foule Les premi res contributions la physiognomonie de
24. si bien nocturne que diurne Une telle disposition du regard peut en certaines circonstances appara tre massivement Elle sur git lorsque la tension entre les classes a d pass un certain degr Il en r sulte alors que pour ceux qui appartiennent une classe le regard de ceux qui appartiennent une classe ennemie reste utile voire charmant mais qu tre regard par la premi re est ressenti par la derni re comme g nant 29 baudelaire7 indd 29 24 0913 11 49 C0 CS nm Baudelaire voire nuisible Ainsi se fait il qu on est dispos contrer promptement le regard de l ennemi de classe cette disposi tion est avant tout mena ante de la part de ceux qui sont en majorit On en arrive une antinomie Les conditions dans lesquelles vit la majorit des exploit s s loignent toujours plus de celles qui sont habituelles pour la minorit des exploi teurs et m me si elles ne sont qu imagin es La contradic tion de ces derniers consiste Plus l int r t de ces derniers contr ler les premiers augmente plus il aura de mal tre satisfait Depuis fort longtemps d j le prol tariat au travail n a plus gu re l occasion de voir ceux qui b n ficient de leur travail Les regards qui attendent ceux ci en r ponse leurs regards inquisiteurs menacent d tre toujours plus hostiles Dans de telles conditions la possibilit d tudier en toute qui tude ceux qui appartiennent aux classes i
25. t pour partie dans le travail sur Baudelaire L exp rience qu on a de l aura s explique par le report sur la relation entre la nature et l homme d une forme de r action courante dans la soci t Celui qui est regard ou se croit regard l ve les yeux r pond par un regard Faire l exp rience d un ph nom ne ou d un tre c est se rendre compte de sa facult de jeter un regard de r pondre un regard Cette facult est pleinement po tique Un homme un animal ou un tre inanim vient il lever les yeux sous notre regard il nous entra ne tout d abord vers le lointain son regard r ve nous attire dans son r ve L aura est l apparition d un loin tain aussi proche qu il puisse tre Les mots eux m mes ont leur aura Kraus l a d crite particuli rement bien Plus on regarde un mot plus il r pond en regardant de loin Autant d aura dans le monde qu il y a de r ve en lui Mais l il veill ne perd pas l art du regard quand le r ve en lui est teint Au contraire ce n est qu alors que le regard devient vraiment p n trant Il cesse de ressembler au regard de l amante qui sous le regard de l amant l ve les yeux il commence ressembler davantage au regard par lequel le m pris r pond au regard du contempteur l opprim au regard de l oppresseur De ce regard tout lointain est effac c est le regard de celui qui s est veill de tout r ve aus
26. ux C est uniquement avec une putain qu il parvient r aliser une communaut sexuelle Facilis descensus Averno Virgile L n ide Ce qu il y a d unique dans la po sie de Baudelaire c est que les images de la femme et de la mort fusionnent en une troisi me celle de Paris Le Paris de ses po mes est une ville engloutie plus subaquatique que souterraine Les l ments chtoniens de la ville sa formation topographique l ancien lit abandonn de la Seine y ont sans doute laiss leur empreinte Mais chez Baudelaire ce qui est d cisif pour l idyllisme macabre de la ville c est un substrat social un substrat moderne La modernit est un des accents essen tiels de sa po sie Le spleen est cet accent nouveau qui vient fendre en deux l id al Spleen et Id al Or la modernit jus tement cite toujours l histoire ancestrale Ici cela se fait au travers de l ambigu t qui est celle des rapports sociaux et des productions de cette poque L ambigu t est l apparition sous forme d image de la dialectique la loi de la dialectique l tat fig Cet tat fig est utopie et l image dialectique est donc image onirique La marchandise fournit une telle image comme f tiche Les passages fournissent une telle image eux qui sont aussi bien immeuble que rue La putain fournit une telle image elle qui est la fois vendeuse et marchandise Je voyage pour conna tre ma g o
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