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mémoire de fin d`études sous la direction de Cédric

1. courir en silence pendant quelque temps et le vent sifflait si fort aux oreilles d Alice qu elle avait l impression qu il lui arrachait presque les cheveux Allons Allons criait la Reine Plus vite Plus vite Elles allaient si vite qu la fin on aurait pu croire qu elles glissaient dans l air en effleurant peine le sol de leurs pieds puis brusquement au moment o Alice se sentait compl tement puis e elles s arr t rent et la fillette se retrouva assise sur le sol hors d haleine et tout tourdie La Reine l appuya contre un arbre puis lui dit avec bont Tu peux te reposer un peu pr sent Alice regarda autour d elle d un air stup fait Mais voyons s exclama t elle je crois vraiment que nous n avons pas boug de sous cet arbre Tout est exactement comme c tait Bien str r pliqua la Reine comment vou drais tu que ce f t Ma foi dans mon pays moi r pondit Alice encore un peu essouffl e on arriverait g n rale ment un autre endroit si on courait tr s vite pendant longtemps comme nous venons de le faire On va bien lentement dans ton pays Ici vois tu on est oblig de courir tant qu on peut pour rester au m me endroit Si on veut aller ailleurs il faut courir au moins deux fois plus vite que a Je vous en prie j aime mieux pas essayer Je me trouve tr s bien ici sauf que j ai tr s chaud et tr s soif Je sais ce qui te
2. La poubelle a p dale est une poubelle dot e d une particule et cou ronn e d un couvercle que l on peut ouvrir et fermer sans les mains Le mot de poubelle a d abord t un nom propre sous tous rapports avant qu une sale histoire ne le vulgarise en un nom bien commun tous l origine il s agissait du nom de famille que portait le pr fet de la Seine qui prit ses fonctions en 1883 Cette ann e l Eug ne Ren Poubelle prit galement des mesures concr tes destin es endiguer les probl mes d hygi ne de la capitale dus l amoncellement des d chets dans les rues Un service de ramassage des ordures m nag res s imposait et pour les col lecter des r cipients furent mis la disposition des habitants Ces bo tes se retrouv rent tout bonnement affubl es du sobriquet de Poubelle qui se r pandit rapidement d autres de la m me esp ce et il dut abandonner sa majuscule le jour o un dictionnaire le d clara officiellement commun Seule la corbeille papier tint conserver son nom de jeune fille Apr s tout elle tait hors de cause dans cette affaire orduri re elle qui ne rev t pas m me de sac D sormais si l appellation de poubelle peut tre revendiqu e par n importe quelle bo te qui remplit la simplissime fonc tion de contenir des d chets il n est cependant pas donn toutes de se voir un jour d cerner une d signation honorifique Certaines se retrouvent tout
3. la main Machine n 1 Machine n 2 J ai pas encore essay la 7 Personne regarde gauche Personne regarde droite En profiter pour d poser mes petites culottes vite fait bien fait dans le tambour Une astuce ne pas divulguer racler la poudre qui s est progressivement accumul e sur les surfaces en d croch des parois du distributeur de lessive Juste a hauteur de main La verser dans le bac B et mettre de l adoucissant dans le bac C Quel programme Synth tique me para t le moins risqu Respecter les instructions la lettre car une fois lanc e on ne peut plus arr ter la machine J ins re la monnaie dans la centrale de paiement et l instant m me o la derni re pi ce parvient faire le compte la machine situ e trois pas en arri re se r veille et se met automatiquement s emballer C est parti pour un cycle de 45 minutes La machine m offre 45 minutes d oisivet l instar d Alexandre le Bienheureux qui met ses efforts fabriquer une installation qui lui permet ensuite de rester bien au chaud sous ses draps afin d chapper aux sollicitations de son voisinage faire l effort de sortir de chez soi avec son linge sous le bras et l adoucissant sous l autre se rendre ala machine a laver est une facon de se d gager une certaine marge de manoeuvre Dans cette salle d attente avec laquelle on a rendez vous le cycle de la machine nous dispense le temps d une lessiv
4. loges sur l autarcie accomplie du v lo d appartement quantit d autres personnes continuent bille en t te se rendre a la salle de sport pour pouvoir grimper sur l un de ceux que le club met a la disposition des abonn s Peut on se contenter d attri buer des raisons financi res ce ph nom ne alors qu un abonnement une salle de sport repr sente lui aussi un investissement consid rer D barrassons nous ici m me de cet argument obscur d plac et irrece vable Il est un autre argument qui pr sume que ces sportifs du dimanche n ont peut tre tout simplement pas envie de faire l acquisition d une telle machine Il se pourrait bien qu ils ne souhaitent pas s encombrer des soi disant privil ges qu octroie cet appareil Ils pr f rent les conc der et se contraindre se rendre la salle de sport si cela peut leur permettre de garder leurs distances avec cet objet w En tout cas aussi paradoxal que cela puisse para tre il semble que plupart d entre eux s y rendent par l interm diaire des transports en com mun ou de leur voiture S rement pour ne pas piocher dans les calories qui seront d pens es sur place Puis le m me trajet est refaire dans le sens inverse Rares sont ceux qui pr f rent se rendre la salle de sport en v lo puis passent un bon moment p daler dans la semoule sur un v lo d int rieur et changent nouveau de monture pour repartir comme il
5. tre reconfigur a loisir par le lecteur Roland Barthes L Empire des signes Paris Skira Flammarion 1970 p 47 Les rues de cette ville n ont pas de nom Il y a bien une adresse crite mais elle n a qu une valeur postale elle se r f re un cadastre par quartiers et par blocs nullement g om triques dont la con naissance est accessible au facteur non au visiteur la plus grande ville du monde est pratiquement inclass e les espaces qui la composent en d tail sont innomm s Cette oblit ration domiciliaire para t incommode ceux comme nous qui ont t habitu s d cr ter que le plus pratique est tou jours le plus rationnel principe en vertu duquel la meilleure toponymie urbaine serait celle des rues num ros comme aux Etats Unis ou Kyoto ville chinoise Tokyo nous redit cependant que le rationnel n est qu un syst me parmi d autres Pour qu il y ait ma trise du r el en l occurrence celui des adresses il suffit qu il y ait syst me ce syst me f t il apparemment illogique inutilement com pliqu curieusement disparate un bon bricolage peut non seulement tenir tr s longtemps on le sait mais encore il peut satisfaire des millions d habi tants dress s d autre part toutes les perfections de la civilisation technicienne Abracadabrantesque Inventeur passionn par les applications possibles et imaginables de la m canique et de l lectricit Jean Eug
6. Comment on devient sorcier Omnibus Paris 2006 ROUGEMONT de Denis Penser avec les mains Paris Gallimard 1972 SERIS Jean Pierre La Technique Paris Presses universitaires de France 1994 SIMONDON Gilbert Du Mode d existence des objets techniques Paris Aubier 1958 TERRAGNI Emilia sous la direction de Classiques Phaidon du Design Paris Phaidon 2007 VIAN Boris L Ecume des jours Pauvert 1987 WELLS Herbert George La Machine explorer le temps Paris Gallimard 1972 Revues Technologies du quotidien la complainte du progr s dirig par Alain GRAS amp Caroline MORICOT Autrement n 3 mars 1992 Les Rh toriques de la technologie Traverses Revue du Centre de Cr ation Industrielle ditions de Minuit n 26 oct 1982 Pour penser la technique Alliage n 21 1994 Dictionnaire Le Petit Robert sous la direction de Alain REY et Josette REY DEBOVE M moire de fin d tudes de l ENSCI HONNET Thibault Civilisation de la panne dirig par Bruno Jacomy 1994 Films BOUTANG Pierre Andr L Ab c daire de Gilles Deleuze tourn en 1988 dif fus en 1996 CHAPLIN Charlie Les Temps Modemes 1936 GODARD Jean Luc Week End 1967 GILLIAM Terry Brazil 1985 ROBERT Yves Alexandre le Bienheureux 1967 TATI Jacques Playtime 1967 Trafic 1971 GERONIMI Clyde JACKSON Wilfred LUSKE Hamilton Alice au pays des merveilles Walt Disney Productions
7. Et voila le bouquet Qu est ce que c est encore que ce machin l fit madame Ledieu en frongant le sourcil Je ne sais pas dit Marcel mais a n a pas l air mal A quoi a sert L objet ne le heurta pas comme une aber ration agressive ou quelque raret sentationnelle certes le machin n tait pas ordinaire loin de l il ne sautait pas aux yeux avec un nom et la mani re de s en servir mais enfin il se pr sentait avec la bonhomie des objets qui sans utilit im p rieuse tiennent se justifier par une vague in tention artistique Telle fut la premi re impression Un grand nombre d images vinrent alors s offrir M Guesdon pour lui soumettre une parent pos sible avec l objet mais aucune ne fut retenue et chaque fois qu il se lan ait sur une piste peu pr s plausible l objet r v lait de soi m me quel que aspect nouveau absolument incompatible et se retranchait placidement dans un herm tisme pais Modifiant son point de vue d observateur M Guesdon crut comprendre qu il ne s agissait pas d un appareil ou d un fragment d appareil comme l industrie en fabrique et en rejette tous les jours selon les besoins du progr s et qui ne sont pas destin s faire la moindre carri re en dehors du circuit pour lequel ils ont t con us Non l objet sugg rait plut t l id e d une aventure anodine en marge de l volution technique il r pondait des fins n
8. Jetable Kodak Lavomatic Lucidit Machin Machine Machine a grappin Machine a sous Main Marge Minuterie Mode d emploi Normes Obsolescence Pachinko Panac e Patraque P dale P nible Percolateur Poubelle a p dale Pri re Progr s Question R alit Refrain Remonter R parer Rocambolesque Rolodex Strapontin Tapette souris T l phone Usine gaz V lo V lo d appartement Violence WC XYZ Ab c daire Les rouages de cette machinerie sont des mots qui introduisent un film une image un extrait de texte un personnage une anecdote une cita tion une expression une d finition revisit e pour l occasion une r flexion un concept Certaines de ces entr es annoncent une approche th orique d une notion qui nervure l ensemble de la recherche ils posent les jalons du sujet D autres sont des mots subsidiaires par l interm diaire desquels est inject e de la substance la th orie Toutes ces entr es ne s agencent pas dans le fameux ordre du g n ral au particulier ni n apparaissent au fil d un d coupage de type th se antith se synth se elles s articu lent selon une logique tout aussi rigoureuse voire rigide celle de l ordre alphab tique Le fait que l ordre d apparition des rouages soit impos par une logi que de classement ext rieure l intention pr alable au raisonnement est en rapport direct avec le sujet trait l homme face au d terminisme tec
9. Mais je n ai pas pour habitude de supporter l entremise d un chronom tre entre le monde et moi et la vitesse qui m int resse qui me touche qui me satisfait n est pas un rapport de temps et d espace c est d abord un sentiment Je re ois la vitesse par les yeux par les oreilles par la peau par le creux de l estomac et comme je suis un d licat un rien suffit me combler Cette sen sation je l prouve en descendant la rue d Assas en v lo mais je ne fais que la percevoir artificieu sement dans la voiture qui selon l expression tape le cent quarante sur l autoroute Que cette voiture aille vite je n en disconviens pas mais la v ritable motion est pour elle tandis que rue des Ecoles en plat ou rue Lac p de en descente la vitesse est bien moi j en ai en tout cas une responsabilit plus directe une jouissance mieux r partie je me la tire des jambes ou je la re ois de la pesanteur comme un privil ge de ma condition humaine en outre j ai le temps de voir les gens et les objets que je d passe de les reconnaitre choses tr s impor tantes car il me parait essentiel de savoir qui ou quoi on laisse derri re soi quitte faire entendre un de ces coups de frein path tiques ou joyeux qui font vibrer jusqu aux moelles l orgueil des lans dompt s Ajoutez cela les m andres de la course les lacets d esquive ou de pure fantaisie les frei nages la semelle sur le
10. d gager un temps pr cieux Ainsi depuis l invention de l automobile et celle de la cocotte minute un des principaux objectifs assign s l inno vation technique est de nous faire gagner du temps d acc l rer le temps d en lib rer C est comme cela qu conomiser du temps minute par minute a pu s tablir comme une fin en soi un r flexe isol de la r alit Telle machine vous permet d en grapiller une ici telle autre d en r cup rer une la Il n y a pas de petites conomies Depuis longtemps on nous affirme que pour gagner du temps il faut aller plus vite D s lors nous applaudissons chaque accroissement de la vitesse des voitures ou des avions m me si force de vouloir aller toute berzingue on finit parfois par faire du surplace pris dans d inextrica bles embouteillages Galvanis s par l appat du gain de temps et le pouvoir d ubiquit que les machines semblent dispenser certains en arrivent perdre pied pris d une soif insatiable de nouveaut s technologiques Or l exp rience montre que plus nous gagnons du temps et moins nous en avons S agit il d un paradoxe Non c est le sympt me d un sys t me de r ciprocit s Beaucoup de t ches demandant un travail acc l r sont maintenant faites par les machines mais la vie globalement est contrainte une vitesse croissante du fait m me de ces machines f Car si la technologie produit du temps dispo
11. e Cette fois ci il ne s agit pas d appuyer sur un bouton puis se contenter de regarder se d rouler un v nement Le v lo ne peut pas faire cavalier seul son mouvement est en totale corr lation avec celui de son cavalier Le v lo d multiplie une force imm diate tout en se jouant pas mal de la gravit La force centri fuge que le v lo convoque implique de renoncer ses appuis au sol pour s lancer vers de nouvelles sensations Et puis tomber Remonter en selle Faire plusieurs m tres et tomber nouveau Faire preuve de pers v rance Trouver son quilibre Il n y a pas de secret pas d instruction miracle et encore moins de mode d emploi Comme on apprend marcher na ger on apprend faire du v lo Il s agit d prouver le d placement dans l espace sous un autre angle de se mouvoir dans un autre milieu dans lequel on doit acqu rir de tout autres r flexes une toute autre gestuelle un tout autre vocabulaire Enfourcher son premier v lo c est entrer dans une langue que l on mettra sa vie assimiler c est transformer chaque geste et chaque v ne ment en un secret pour le pi ton Ce jour ci j avais fait la plus grande d couverte de ma vie jusqu pr sent j avais donn une nouvelle tournure mon existence peut tre bien une tournure d cisive la progression m canique sur des roues C est donc ainsi que le cycliste rencontre le monde il le rencontre d en haut Il s
12. faire des choses qui s usent Mais tu crois qu ils n aimeraient pas mieux rester chez eux et embrasser leur femme et aller la piscine et aux divertissements Non dit Colin parce qu ils n y pensent pas Mais est ce que c est leur faute si ils croient que c est bien de travailler Non dit Colin ce n est pas leur faute C est parce qu on leur a dit le travail c est sacr c est bien c est beau c est ce qui compte avant tout et seuls les travailleurs ont droit tout Seulement on s arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en pro fiter Mais alors ils sont b tes dit Chlo Oui ils sont b tes dit Colin C est pour a qu ils sont d accord avec ceux qui leur font croire que le travail c est ce qu il y a de mieux a leur vite de r fl chir et de chercher pro gresser et ne plus travailler Parlons d autre chose dit Chlo C est puisant ces sujets l Dis moi si tu aimes mes che veux Elle jeta un coup d il timide la vraie Reine en pronon ant ces mots mais sa compagne se contenta de sourire aimablement et lui dit C est tr s facile Si tu veux tu peux tre le Pion de la Reine Blanche tant donn que Lily est trop jeune pour jouer Pour commencer tu es dans la Seconde Case et quand tu arriveras dans la Hui ti me Case tu seras une Reine Juste ce moment je ne sais pourquoi elles se mirent courir En y r
13. fl chissant plus tard Alice ne put compren dre comment cela s tait fait tout ce qu elle se rappelle c est qu elles taient en train de courir la main dans la main et que la Reine courait si vite que la fillette avait beaucoup de mal se maintenir sa hauteur La Reine n arr tait pas de crier Plus vite et Alice sentait bien qu il lui tait absolument impossible d aller plus vite quoiqu elle n e t pas assez de souffle pour le dire Ce qu il y avait de plus curieux c est que les arbres et tous les objets qui les entouraient ne changeaient jamais de place elles avaient beau aller vite jamais elles ne passaient devant rien Je me demande si les choses se d placent en m me temps que nous pensait la pauvre Alice tout intrigu e Et la Reine semblait deviner ses pens es car elle criait Plus vite Ne parle pas Alice ne songeait pas le moins du monde parler Elle tait tellement essouffl e qu il lui semblait qu elle ne serait plus jamais capable de dire un mot et la Reine criait toujours Plus vite Plus vite en la tirant de toutes ses forces Est ce que nous y sommes bient t parvint articuler Alice tout haletante Si nous y sommes bient t r p ta la Reine Mais voyons nous avons pass devant il y a dix minutes Plus vite Lewis Carroll 1865 De l autre c t du miroir Paris Gallimard Folio r dition 1990 p 212 215 Elles continu rent
14. leur v ritable leitmotiv consiste exclusivement le relever avec succ s force de parties les joueurs se familiarisent avec la sensibilit des manettes ils se mettent anticiper les r actions de la machine et pren dre le coup de main Et force d entra nement et de pers v rance ils peuvent esp rer choper tous les coups un des Mickeys qu ils m prisent pourtant Eux ce qui les fait vibrer c est l exploit c est pater la galerie en gagnant un x Mickey la seule force de leur adresse puis l offrir la foule qui en redemande Le fonctionnement de la machine nous laisse entendre que l issue de la partie ne d pend que de notre adresse Seulement l impartialit de la machine grappin a t mise en doute lors d une r cente pol mique celle ci r v lait l existence au c ur de ces machines d un programme dissimul inaccessible pour le joueur mais ajustable par le propri taire Ce r glage permettrait de modifier la pression avec laquelle le grappin se referme et ainsi de faire en sorte que celle ci ne soit suffisante qu une fois sur deux qu une fois sur trois voire qu une fois sur quinze selon la volont des propri taires qui ont tous d menti Siles machines a grappin sont ainsi pip es alors elles mentent et elles trompent sur leurs agissements Elles emploieraient l une forme d esca motage qui introduit dans le syst me un dysfonctionnement programm etintentionnel Ce qui r
15. machine rel ve du domaine de la langue fonc tionnelle machin rel ve du domaine subjectif de la parole Ce que le machin le truc laisse a entendre c est une fonctionnalit vague sans limites qui est plut t l image mentale d une fonctionnalit imaginaire d un simulacre fonctionnel Il y a un rapport troit de complicit entre l Humain trop humain et le Fonctionnel trop fonctionnel l impr gnation du monde humain par une finalit technique est toujours en m me temps une impr gnation de la technique par la finalit humaine pour le meilleur et pour le pire Nous sommes davantage sensibles la perturbation de la relation humaine par l intervention absurde et totalitaire de la tech nique nous le sommes moins la perturbation de l volution technique par l volution absurde et totalitaire de l humain C est pourtant bien l ir rationnel humain et ses fantasmes qui derri re toute machine alimen tent la condition obscure du machin 1 Jean Baudrillard Le Syst me des objets Paris Gallimard 1968 p 162 2 Le Schmilblick est un objet imaginaire cr dans les ann es 1950 par Pierre Dac selon qui cet objet ne sert absolument rien et peut donc servir tout 3 4 Jean Baudrillard ibid extraits p 161 165 Marcel sortit enfin du panier un objet 4 premi re vue ind termin de taille modeste et de poids moyen qu il posa sur la table en disant
16. que de tiges m talliques Pour armer le stratag me l une d entre elles qui se constitue gachette doit tre plac e d licatement dans une posture bien pr cise Elle se retrouve alors maintenir un quilibre qui a juste ce qu il faut de pr caire entre un ressort de torsion en tension comme ceux utilis s sur les pinces linge et la d tente ainsi soulev e Cette op ration demande concentration et doigt et pour ne pas se retrouver pris a leur propre pi ge certains l accomplissent en apn e Ils ne reprennent leur souffle qu apr s avoir m ticuleusement d pos le pi ge d sormais tendu le long d une plinthe car tout le monde a d j pu remarquer que les souris ont une f cheuse tendance raser les murs La tapette ainsi arrang e on aura beau prendre son mal en patience au bout d un moment il faudra se rendre l vidence elle n attire nulle ment les faveurs des souris Rien d alarmant ni de surprenant cela il se trouve que le protocole d taill par le menu ci dessus a saut le dernier repas du condamn et ainsi a n gligemment omis d voquer cette pi ce ma tresse du puzzle En effet une tapette n aura rien de tr s aguichant sans une petite contribution de votre part et en y d posant un peu de votre nourriture c est bel et bien la derni re fois garanti que vous pren drez cette souris a y fourrer son nez Trois millisecondes apr s y avoir plant ses incisives ac r
17. rentes En effet dans le domaine du Prieur de tels agissements ne s apparentent plus des performances furtives il s agit d sormais de v ritables installations qui se destinent des usages d finis D s lors ce n est plus Robert Houdin qui ex cute le tour de magie il en devient l instigateur Et son insu le spectateur devient quant lui acteur et usager il prend part au num ro Ainsi sans plus attendre voici r v l le stratag me dont Robert Houdin usa pour rendre ses domestiques plus d vou s qu ils ne se savaient eux m mes Robert Houdin avait install plusieurs cadrans d horloge sur l ensem ble du domaine Mais tous ces cadrans il fallait une sonnerie unique une sonnerie pouvant tre entendue des habitants du Prieur Sur le fa te de la maison est une sorte de campanile abritant une cloche d un certain volume dont on se sert pour l appel aux heures des repas Il pensa coupler le syst me r gulateur des horloges un m canisme qu il adjoint a cette cloche Je pla ais au dessus de cette cloche un rouage suffisamment nergique pour soulever le marteau en temps voulu et pour remonter chaque jour le poids de cette machine j tablis entre la porte battante de la cuisine situ e au rez de chauss e et le remon toir de la sonnerie plac au grenier une communication dispos e de telle sorte qu en allant et venant et sans qu ils s en doutent les dom
18. selon lesquelles sont classifi s ces brevets sont criantes d loquence Plus barbares les unes que les autres elles ont le m rite d annoncer clairement la couleur de la sauce laquelle la victime va tre mang e Au programme des hostilit s empal e frapp e touff e ou enserr e compri m e lectrocut e ou explos e D autres pi ges souris que l on consid re comme plus civilis s se contentent de leur mettre le grappin dessus et leur laissent la vie sauve provisoirement Le sort de la captive se retrouve alors entre les mains de son ge lier Il choisira tr s certainement de condamner sa proie l exil UU en la bannissant du foyer sa tendance a l indulgence ayant t attest e par son penchant pour ce type de pi ge Mais a moins de rel cher l animal graci a une distance suffisante son odorat tr s d velopp aura vite fait de lui indiquer le chemin du retour l envoyeur et rentr e au bercail elle r cidivera sans vergogne Apr s l chec de cette premi re mais louable tentative on ne repren dra plus ce gedlier charitable a faire preuve de sensiblerie cela aura suffi a lui faire baisser les bras Sa philanthropie a ses limites il a donn leur chance aux souris qui ne se sont pas montr es conciliantes pour un sou s obstinant a lui mener la vie dure Cela ne se reproduira plus c est lui qui vous le dit L pilogue qu il s tai
19. un bombardement de brouillard un visage de jeune fille qui disparut aussit t juste apr s avoir boug d un poil le bouton Il s appliqua la chercher mais ne la trouva plus Il bouge l interrupteur tr s doucement il obtint la voix faible on discutait italien sans sous titres ni traduction Il tait d concert Il essaya d ajuster l image mais si l image devenait nette la voix dis paraissait et si la voix s claircissait c tait l image qui attrapait la rougeole Il arriva un moyen terme qui le satisfaisait Il se d p cha Regarda le chauffe eau Il pensa qu il manquait peut tre d eau Ou qu il y en avait trop Il ouvrit le robinet et l aiguille commen a monter lentement 1 2 Entre le 4 et le 5 il y avait un trait rouge qui avait tout l air d indiquer danger Les entrailles du monstre commenc rent murmurer On aurait dit que d un moment l autre le chauffage allait s enclencher Il donna murmurer On aurait dit que d un moment lautre le chauffage allait s enclencher Il donna plus d eau L aiguille arriva au 3 Il ferma le robinet L aiguille continua de monter pendant quelques secondes Elle s arr ta au dessus du 4 Il s assura que le robinet tait bien ferm L aiguille oscillait un cheveu du trait rouge Le bruit du monstre avait augment de ton jusqu devenir un sifflet aigu la flamme se r pa
20. 1951 Sites www wikipedia org ttp www angusmacegyver fr ttp shukaba org Machines html ttp multiboule tumblr com ttp www universalis fr encyclopedie premier kodak ttp rickcicciarelli com traps html ttp www tunturi fr historique tunturi html ttp eu toto com site TOTO Templates ProductDetail aspx pageid 22 amp cc FR o nD RASH ee a ee 5 Bandes dessin es FRANQUIN Andr Gaston Lagaffe Gaffe gogo Dupuis album n 3 1964 Gaston Lagaffe Tome 19 Dupuis album n 19 1999 Bidouilleur H ros de la s rie am ricaine du m me nom et bidouilleur hors pair MacGyver est un agent secret qui se refuse a utiliser ne serait ce qu une arme a feu il en a une sainte horreur Cette phobie s explique par un v nement tragique qui remonte son enfance alors que lui et trois de ses amis jouaient innocemment avec un revolver le coup part tout seul et l un d eux est tu accidentellement Depuis MacGyver ne porte sur lui qu un couteau suisse par le biais duquel il a d velopp des tr sors d ing niosit de cr ativit et de d brouillardise Capacit s auxquelles il fait confiance pour faire des objets qui lui tombent sous la main les moyens du bord aptes a le sortir de n importe quelle situation Mac Gyver con oit de nombreux stratag mes qui d montrent la bidouillabilit de bien des appareils et des syst mes Il remonte au niveau de leur logique constitutive la reconfigure e
21. 1987 p 83 Bien que la vitrine du magasin regorge d lectro phones divers des plus techniques les deux vendeurs qui je demande un appareil cassettes sont incapa bles de me le vendre L un le plus jeune ne sait pas faire marcher l engin qu il me montre tout un ca fouillis de boutons press s pour un r sultat inattendu couvercle qui saute bruits p nibles piles chang es et point de musique elle ne veut pas sortir L autre le patron occup je ne sais quoi maussade se d sint resse et conclut tout de suite une d fectuosit de la livraison Et c est avec tout cela qu il faut avoir envie d acheter un appareil de quatre vingt mille francs D multiplier Linstitution de principes m caniques l mentaires tels que le bras de levier ou le treuil ont commenc par permettre aux hommes de d multi plier leur force m canique et d optimiser leurs efforts physiques Bien des machines ont t imagin es depuis certaines se sont annex des moteurs pour soulager le bras de l homme et poss dent leur propre puissance Elles ne requi rent de l action physique de l homme qu une d licate impulsion Une modique pression sur un bouton bien choisi suffit l usager pour acc der une multitude de fonctions que lui propose une m me machine 2en1 3en1 4en1 5en1 6en1 en1 100 000 en 1 t En automatisant et multifonctionnalisant ses objets au lieu de tendre une structu
22. Cependant des rapprochements restent possibles mais seulement si ceux ci s effectuent un autre niveau d observation C est ainsi que si l on se concentre sur l appr hension intellectuelle de la constitution des sys t mes m caniques lectroniques ou informatiques on observera que la transposition entre le monde du m canicien et celui de l lectronicien ou de l informaticien est tr s directe Les ensembles les plus complexes sont cr s sur la base d un nombre limit d entit s La mati re a chang mais pas l extraordinaire combinatoire que permet l assemblage de ces pi ces l mentaires D un c t cames engrenages leviers et manivelles de l autre r sistances diodes microprocesseurs qu on appelle compo sants lectroniques ou bien encore programmes routines ou ressources 1 Bruno Jacomy L Age du plip Paris Seuil 2002 p 70 2 3 4 5 6 extraits p 71 et 151 D i i ee 14 FHI j PE t se niis qae ak z i D g 50 I 7 Fi Pfr p y y a 4 ET a FUSIBLE L u J4 DIJONCTEUR Har 0 ot rapid m e o ojh He fe L X hs y Ng cls N a Ht FA R26 oe C a cN o Na T o o os sE o ry ae S le ols BY i 000 3
23. accroch e la touche PPR une note Note 1 toutefois cette proc dure n est plus op ratoire en fin de programme Pour ce cas sp cifique se reporter au chapitre 17 3 me paragraphe Le p re cherche dans la notice le chapitre 17 Mais sa vision se brouille I sent monter en lui une tristesse celle de l absolue solitude Le monde est nain autour de lui Il hausse les paules Tout est l r p te t il cette fois avec lassitude I suffit de lire le chapitre 17 le cas ch ant Le cas cherra t il Je ne saurais le dire Qui penserait annuler la s lection en fin de programme Pas moi hasarde l a n des enfants qui pense avoir souvent souffert de ce genre de soup on La m re ne voit que le carton C est une fronti re naturelle son intelligence o allons nous le mettre interroge t elle Car son instinct de femme lui montre l vidence malgr son ignorance crasse des lois de la perspective et de celles de la g om trie dans l espace que jamais la machine ne trouvera sa place dans le placard Tu as pay beaucoup d argent pour a demande t elle Et imm diatement elle regrette la question qu elle voudrait ravaler elle craint l explosion de l homme elle a conscience de la mesquinerie totale de ce point de vue de m nag re Elle voudrait s enfuir dans un r ve Mais l homme hausse les paules Sa lassitude est indulgente I dit C est un investissement l argent ne
24. bord du trottoir l exquise impression des prises de virage vingt cinq degr s les imp tueux d marrages en danseuse la royale allure combin e de roue libre et de guidon l ch bras arrondis et petit doigt lev pour ajuster la casquette avec t l guidage subtil par coincement des fesses sur le bec de selle enfin cette noblesse inh rente l quilibre lin aire deux roues en ligne sur la terre tangente une stabilit toujours remise en question et toujours reconquise par l agencement des plus nobles r flexes dont nous partageons le privil ge avec le funambule le m ta physicien le politique et le carambouilleur Voila quelques uns des facteurs qui conf rent au v lo l exclusivit d une vitesse digne de l homme libre d une vitesse sa mesure L honneur du cycliste est de rester un pi ton La plus belle allure du cycliste est peut tre la marche pied de conserve avec son v lo marche comme tout le monde il se compla t avec une tranquille assurance dans la foule du commun mortel car il tient par devers lui sa vitesse dispo nible Certes on peut voir des automobilistes mar cher pr s de leur voiture en la poussant mais la posture n est pas heureuse et le visage rarement serein En revanche vous admirerez la d marche du cycliste qui d ambule en couple avec son v lo haut le pied c est celle d un homme vraiment ma tre de sa destin e Jacques Perret Le V lo in Le Machin Paris Gallim
25. carton et demande Qu est ce que c est Des hommes parmi les plus grands g nies de la m canique ont con u cette machine pour la plus grande gloire des femmes Elle est pour toi mon pouse Qu est ce que c est r p te la m re Une machine je te le dis pour soulager ta peine Une esclave m canique Mis re soupire la m re Que vais je faire de a D un geste tonnamment pr cis tel un magicien au sommet de son art le p re a ouvert le sommet du paquet pour en extraire une brochure qu il jette sur la table La m re tressaille et examine la chose comme un canard le ferait du calendrier des postes Sur la couverture bleu glacier de l opuscule est crit BZ22 carter apparent MODE D EMPLOI Tout est l dit le p re Le regard de la m re se d tache lentement de la brochure Oui tout est l pense t elle il n y aura jamais rien d autre Le p re s impatiente Il l ouvre en son milieu se plante l aplomb de l ampoule et dans le silence glac qui suit le bris du verre d chiffre voix haute Pour annuler la s lection revenir au mode pr c dent et apr s r it ration des tapes 2 et 5 reprendre la proc dure en ayant soin de tenir enfonc e la touche PPR Le voyant bleu s allume Le voyant bleu s allume tout est l Un carr de ciel vesp ral qui subrepticement ira illuminer la domestique contingence dune r miniscence d den Ah je vois
26. ce que met en sc ne Jacques Tati dans son film Trafic lorsqu il imagine un accident qui se d roulerait comme pr vu tel un m ca nisme bien huil au programme pr d termin Les collisions se synchro nisent et s enchainent parfaitement les unes les autres elles s articulent en une chor graphie r gl e comme du papier musique Il n y a ni de peur ni de mal pas de d g ts mais un simple d mant lement En orchestrant l accident comme si celui ci n chappait en rien la logique inscrite dans les pi ces des engins Tati sugg re que l accident lui m me appartient l in vention de l automobile Cet accident bien coordonn rappelle galemen que lorsque nous perdons le contr le d un v hicule sa course continue de r pondre aux lois de la physique l accident est une occurrence in vi table due l effet des lois naturelles immuables ct Au travers des l ments m caniques qui r gissent la conduite d une automobile le volant les p dales de frein d embrayage et d acc l ra tion nous entretenons une forme de relation sensible et continue avec l automobile Nous en tenons les r nes L accident se produit lorsque quel que chose dans cette continuit nous chappe que ce soit d a une er reur d valuation de la part de l homme ou aux r nes de la machine qui lachent Sans maitrise la puissance n est rien scande Pirelli construc teur de pneumatique et fournisseur offi
27. d essai Il multipliait outrageusement les actes de sabotage qu il revendiquait de ses initiales Deux mois auparavant il s en tait pris l ascenseur qui restat immo bilis pendant plus de quatre jours Quelques semaines apr s c est la pho tocopieuse qui fut prise pour cible suivie de pr s par la machine a caf C en tait trop Ce HS avait d cidemment une dent contre ces engins et ne manquait pas de le faire savoir Les bruits de couloir n voquaient plus que lui et sa rage envers les machines Les suspicions allaient bon train Mais nous n avons jamais r ellement souhait qu il soit confondu Parce que quelque part et m me si nous ne nous sommes jamais confi s sur ce point nous savions que nous l admirions tous secr tement Il avait la bra voure le culot d un Ars ne Lupin et la force de ses convictions Un h ros des temps modernes Ce petit jeu aurait pu continuer bien longtemps si nous n avions un jour r alis qu aucun de nous n avait pour initiales HS C est alors que nous nous rend mes l vidence Outre des initiales HS tait gale ment l acronyme de Hors Service Mais on ne sut jamais qui avait pr cautionneusement d pos ce billet dans l intention d avertir la prochaine personne susceptible d utiliser la machine que celle ci risquait fort de la d cevoir Apr s un tel charivari personne n osa jamais se d noncer Cette initiative anonyme le resta Ma
28. e La souris est donc bien devenue une b te noire que l on ex cre et que l on abomine la petite b te que l on cherche abattre Et cette condam nation unanime a suffi pour autoriser sa traque et sa mise mort sans sommation et sans encadrement r glementaire particulier Il y a fort parier que la SPA ne s offusquera pas de la perte d un de ces tres d cid ment sans d fense D s lors tous les moyens sont bons pour capturer une souris morte ou vive Depuis qu on leur a d clar une guerre sans merci les souris ont vu les hommes d ployer des tr sors d ing niosit et de machiav lisme L inventaire de l US Patent Office institution cr e en 1838 r v le que les inventeurs am ricains d tiennent eux seuls ne serait ce que 4400 brevets relatifs des pi ges souris Et leur cr ativit semble inlassable sur ce th me de pr dilection environ 50 brevets de plus viennent lar gir chaque ann e l ventail des traquenards Sans lien de cause effet cette mulation se r v le pourtant tonnamment analogue la fabuleuse propension qu ont les souris se reproduire Les inventeurs ont fait de cette traque un sujet intarissable ils y puisent l inspiration et y d ver sent toutes sortes de ressentiments tels que leur aversion leur animosit leur avidit de pers cution certains allant jusqu d voiler leur penchant sadique au grand jour Les d nominations des 39 sous cat gories officielles
29. employ e ne repr sente pas un acte gratuit En effet ils connaissent les raisons de ce geste la pr sence de poussi re et en mesurent parfaitement les cons quences ils savent que celui ci remettra les pendules l heure et les id es au clair du t l viseur Probablement mesurent ils leur force et savent ils exactement o frapper pour remettre en place efficacement la connexion instable Mais bien diff rents sont les cas o le recours a la violence s en tient une explication rationnelle Au contraire c est lorsque la logique semble nous avoir compl tement abandonn s et que la situation nous d passe que d sesp r s nous frappons vainement faisant notre tour preuve de d raison G n ralement avant d en arriver l d autres solutions ont t envisag es pour r animer l appareil qui malgr tout s obstine avec opi ni tret faire le mort HS Un par un les branchements et les connexions ont t v rifi s Et plut t trois fois qu une sans parvenir lui extirper la moindre r action Une fois avoir retourn la question et la machine dans tous les sens nous voici face un mur Nous savons que quelque chose nous chappe mais si nos investigations sont rest es infructeuses jusque la c est qu elles sont rest es p riph riques la machine Entit qui nous le savons sans l avoir v rifi parce qu on nous l a dit est elle m me com pos e d autres entit s Mais tout cela rest
30. ferait plaisir d clara la Reine avec bienveillance en tirant une petite bo te de sa poche Veux tu un biscuit N oublions pas que notre devoir c est d tre libres Allons moins vite nous arriverions l heure La libert c est de n arriver jamais a l heure jamais jamais pour nos exercices de libert D sob issons avec ensemble Non pas ensemble une deux trois le premier un le deuxi me deux le troisi me trois Voil toute la diff rence Inventons chacun un temps diff rent quoique ce soit bien fatigant D sob issons individuellement au caporal des hommes libres Alfred Jarry Ubu encha n in uvres Compl tes tome I Paris Gallimard 1972 p 430 431 Interf rences Cette histoire se d roule a la fin des ann es 60 John Draper la tren taine pass e est rest un fervent amateur de c r ales au petit d jeuner C est ainsi qu un matin il d couvre dans sa boite de Cap n Crunch un petit sifflet en plastique jaune offert gracieusement par la soci t distributrice Quaker Oats Uniquement destin a promouvoir le produit aupr s des en fants John va trouver ce jouet une utilit tout fait inesp r e La parti cularit de ce sifflet est que celui ci est accord sur le la aigu Certes pour un sifflet de pacotille ce d tail para t futile mais c est pourtant ce qui va lui conf rer une certaine valeur aj
31. histoire ano nyme tome III Les Machines dans la maison Paris Deno l Gonthier 1983 GIONO Jean Voyage en Italie Paris La Palatine 1983 JACQUARD Albert Ab c daire de l ambigu t Paris Seuil 1989 JACOMY Bruno L Age du plip Paris Seuil 2002 JARRY Alfred uvres Compl tes tome I Paris Gallimard 1972 LAFFERTY Peter Forces et mouvement Paris Gallimard 1993 LE CL ZIO Jean Marie Gustave Ha Gen ve Skira Flammarion 1971 La Guerre Paris Gallimard 1970 LEROI GOURHAN Andr Le Geste et la parole tome II La M moire et les rythmes Paris Albin Michel 1964 MAEDA John De la simplicit Paris Payot 2007 MAUROIS Andr Lettres l inconnue Arth me Fayard 1956 MONZO Quim Olivetti Moulinex Chaffoteaux et Maury Paris Le Serpent a plumes 1994 MUMFORD Lewis Le Mythe de la machine tome I La Technologie et le d velop pement humain Paris Fayard 1973 OROSA Ernesto Rikimbili PU Saint Etienne 2009 ORWELL Georges 1984 Paris Gallimard 1950 PAWLOWSKI de Gaston Les Derni res inventions de M de Pawlowski Fallait y penser Paris Balland 1973 PAMIES Sergi Aux confins du fricandeau Paris Le Serpent plumes 1994 PERRAULT Charles 1697 Contes de ma m re I Oye Paris Classiques r di tion 1978 PERRET Jacques Le Machin Paris Gallimard 1955 RAISON Bertrand L Empire des objets Paris ditions du May 1989 ROBERT HOUDIN Jean Eug ne
32. la flamme allum e De peur de les avoir oubli es il lut les instructions imprim es sur le bouton 1 Ouvrir le robinet d arr t de gaz situ au bas de l appareil 2 Pousser ce bouton fond et tourner vers la droite Allumer la veilleuse Attendre environ 15 secondes Pousser de nouveau fond en tournant vers la gauche puis rel cher Le robinet d arr t de gaz tait d j ouvert Il poussa ce bouton fond et le fit tourner vers la gauche Lentement il le rel cha La flamme s teignit nouveau la buanderie il essaya de nouveau d allumer le chauffe eau Il poussa fond le tourna vers la droite le lacha ensuite le poussa nouveau et le fit tourner jusqu sa position initiale Le lib ra tr s douce ment la flamme se dissipa Il essaya encore quatre fois il n y avait rien faire L a il tait en panne Sans trop d espoir il essaya nou veau d allumer le chauffe eau Il r p ta chaque geste de nombreuses fois l fin il laissa tomber un coup de poing sur le chauffe eau Il se rappela qu autrefois son p re traitait ainsi un transistor japonais le premier qu il ait jamais vu Peut tre avec le chauffe eau pas japonais mais fran ais fallait il utiliser de semblables m thodes Il redonna un coup de poing plus fort celui l La t le grin a et il lui sembla que la machine ren clait Confiant il refit les op rations Mais en rel chant le bouton la flamme s teigna
33. le m canisme Rolodex 1 Billy Wilder La Gar onni re 1960 2 Extraits de Classiques Phaidon du Design volume II 334 666 Paris Phaidon 2007 objet n 417 Strapontin Le strapontin appel autrefois estrapontin est une assise fixe et escamotable On l abaisse a l horizontale afin de s y asseoir et quand on se rel ve le strapontin effectue automatiquement le m me mouvement pour reprendre ainsi sa position verticale contre la surface a laquelle ila t fix Cependant il est important de comprendre et de garder en t te que le syst me de ressort en tension qui anime le strapontin ne lui per mettra pas de nous accompagner dans le mouvement inverse Lorsqu un strapontin a t abaiss par la main de l homme puis maintenu dans cette position par son poids il est programm pour se relever t t ou tard irr m diablement Mais pour reprendre sa position de d part cette assise n a pas besoin d attendre docilement que l utilisateur lui tende nouveau la main et le raccompagne jusqu a sa position initiale Lorsque ce dernier se rel ve le strapontin interpr te syst matiquement ce geste comme un acte d abandon et il n attendra s rement pas l approbation de son usager pour se refermer illico comme une huitre Bien entendu cette initiative a t pr m dit e programm e par l homme au moment de sa conception et est provoqu e par un automatisme m canique Vous pouvez disposer Ce cara
34. loi gne une allure folle sans toucher la surface terrestre de ses pieds L aisance vient en p dalant Et un jour on ose enfin l cher le guidon lever fi rement les deux mains avec un peu d h sitation Mais ressentir P quilibre alors parfait qui nous lie au v lo dans un m me mouvement K Enfourcher un v lo ce n est pas monter sur une machine pour loublier c est au contraire entamer un d bat permanent avec elle 1 Paul Fournel Besoin de V lo Paris Seuil 2001 p 7 2 Thomas Bernhard Un Enfant Gallimard Folio 1984 p 14 3 Paul Fournel ibid Comme son nom l indique le v lo repr sente ici bas dans l ordre des cr ations humaines l id e de vitesse Au commencement c tait le v locip de mais en n gligeant le suffixe relatif aux pieds pour ne garder que le radical vocateur de la rapidit en soi en donnant son engin et lui seul le nom m me de la v locit En choisissant v lo nous nous sommes interdit de trouver ici bas plus v loce que le v lo On pourrait croire que nos grands p res eussent mieux fait de r server l avenir en gardant v lo pour d signer des v hicules ventuellement plus rapides que la bicy clette et m me d en faire une appellation tempo raire un titre ali nable incessamment reconduit par le progr s mesure qu un nouvel engin d classe le pr c dent Ainsi de nos jours seraient appel s v los les seuls engins supersoniques
35. o o 000 z 900 7 wes o oo 00 o on oO D l yo o aN MINE o lu E 8 ale of ILES Ne alle Le HOO ale 000 Oo 000 O o 2 4 ve coe DOO REE 010 es 4 Qt Qt kod o ose O oe o o o z io o lo 10 ee 4 r o lo rO n op L Gi o PTT 7 o o p io u of b eo 7 0 o o fw 4 Sih ae Va 5 2 ii o oT J1 e EE EEE o L EEE DBS FEMELLE VERS PC ALIM EXT r EJ 18V TURUERRURARRAR ATT n Epluche pomme Cette machine datant de 1963 se vante de pouvoir a la fois peler la pomme la couper en quartiers et l vider On embroche le fruit sur une fourchette La main fait tourner l arbre de transmission au moyen d une manivelle qui entra ne une cr maill re qui entra ne a son tour un engrenage droit et fait ainsi tourner la pomme contre la lame Alors que la poign e effectue une course semi circulaire la pomme est pel e d un bout l autre en ne formant qu une seule pelure Le principe qui est celui de toute m canisation consiste remplacer le va et vient de la main par un mouvement rotatif continu Le principe de cette machine est visible au premier coup d il l action du tour a t tendue aux fruits 2 1 Siegfried Giedion La M canisation au pouvoir Contribution l histoire anonyme tome III Les Machines dans la maison Paris Deno l Gonthier 1983 p 40 41 2 Ibid bk TL jii Roue dent e Cr maill re semi circul
36. p 54 Gis le Prassinos Les Machines infernales in Technologies du quotidien la complainte du progr s Autrement n 3 1992 p 88 Depuis quelques semaines chez moi le lave linge et le lave vaisselle rejettent par leurs interstices une sorte de rouille mousseuse Je m inqui te et me pose des questions quant la fa on dont je les ai trait s Ai je cru seulement les aimer et les comprendre Cette mission de bave assez importante marquerait elle le commencement de leur agonie J en ai le frisson Le guichet bancaire automatique me remercie de retirer de l argent Mais qui me remercie Un amas de puces et de cables Veuillez patienter pendant que nous traitons votre demande me r pond la machine Nous Vous n existez m me pas Vous n avez pas d me Vous n avez jamais p ch aim hai t d prim s ou eu la gueule de bois De quel droit ce nous Richard Cohen Donnez moi juste le num ro in Pour penser la Technique Alliage no 20 21 1994 p 194 Appareils Bip Allo c est Maman l appareil Tu ne r ponds pas Tu dois d j tre a bord de l appareil Je voulais te pr venir tu as oubli ton appareil sur la table Tu n as vraiment pas la pareille en mati re d tourderies Et tant que j y suis n oublie pas qu ton retour tu as rendez vous pour te faire enlever ton appareil Je t embrasse et passe de bo
37. peut agrandir l espace que s il l a r tr ci pr alablement Nul passager n est cens ignorer les bonnes m urs en vigueur dans les transports en commun dont le renoncement est un des fondements tacites C est au bon jugement de chacun d estimer quand est venu le mo ment d actionner son si ge jectable Cette initiative sera plus ou moins spontan e et pr venante suivant l o chacun place le curseur entre r partition de l espace pour le bien de tous et confort individuel Or lorsqu une personne consid rant qu il est temps de consentir se lever se sacrifie la premi re alors il est de bon ton pour ses voisins de strapontin de prendre son parti en suivant son exemple Mais si certains mettent trop longtemps se d cider alors des regards r probateurs se chargeront de faire passer le message Il y a aussi des strapontins dans les salles de cours de type amphith a tre Ils permettent de restreindre l espace utile entre chacune des rang es pour ainsi accro tre la capacit d occupation de la pi ce Ces salles en gra dins poss dent aussi une acoustique tonnante qui permet Madame ou Monsieur Le Professeur de pouvoir sans trop d effort diffuser son savoir jusqu aux oreilles des tudiants du dernier rang Mais voila dans le silence de la concentration g n rale qui s est enfin instaur e apr s les dix premi res minutes du cours c est aussi elle qui fait soudain r sonner le grincement stri
38. pour consacrer pleinement son emploi au confort d autrui D sormais courbettes et r v rences ne sont plus d usage face a la poubelle a p dale Mais cette adjonction n a pas comme unique et honorable but d viter de r veiller des douleurs lombai res c est aussi et surtout pour cet objet un moyen de garder ses distances Car malgr sa bonne volont la poubelle est et restera un paria un objet qui renferme le condens de ce que l on rejette Il nous est donc pr f ra ble que le contact ne s tablisse que sur la pointe du pied tandis que l on y d pose nos d chets en main propre l emploi du singulier insinue que l une des deux mains est exempt e de toute coop ration et peut vaquer d autres occupations Ce fameux l ment semble avoir fait sa premi re apparition dans un salon de coiffure tenu par une d nomm e Marie Axelsen dans la petite ville danoise de Randers En 1939 elle vient de faire l acquisition de ce lieu tout comme elle vient d pouser Holger Nielsen qu elle d cide de mettre tout de suite contribution Un bon nombre d l ments manquent cruel lement sa panoplie de parfaite coiffeuse et la poubelle fait partie de ceux l Artisan de m tier Holger Nielsen passe celui d artisan de renom en cr ant la Vipp Une premi re poubelle p dale digne de ce nom qui signifie basculer en danois En effet les clientes de Madame sont imm diatement subjugu es par une tel
39. que son ventre pour s y introduire se rouler dans la farine et en r pandre tellement plus que d ing rable Le museau enfarin elle d guerpit aussit t repue S en suit l horripilante d couverte de nos placards ainsi saccag s et le contrariant pressentiment qu un bon nombre des victuailles entre pos es se verront subir t t ou tard le m me sort Car une bonne partie de nos emballages gaines lectriques ou boiseries figurent aux menus de la souris et lui sont tout fait digestes moins qu elle ne se casse les dents sur du verre ou du m tal et elle le prouve en grainant par la suite ses petites mais non moins nombreuses crottes l o bon lui semble La souris manque d cid ment insupportablement de savoir vivre et de telles mani res lui valent d ailleurs d tre fortement soup onn e de contribuer la propagation d effrayantes maladies Prise en grippe la souris est deve nue un paria qui suscite la hantise le d go t voire m me des acc s de rage chez certains La moindre de ses apparitions et ce malgr leur caract re furtif et inoffensif est accompagn e de cris et de hurlements L crivain Ambroise Bierce la d finit comme un animal dont le chemin est jonch de femmes vanouies et donc n ayant pas eu le temps de grimper sur la premi re chaise venue afin de se jucher hors d atteinte de l animal Ces r actions disproportionn es mais av r es t moignent d une psychose g n ralis
40. ret indigne que de rudoyer l appareil comme le font nos tri cheurs occidentaux son chemin est pr d termin par le seul clair de sa lanc e Roland Barthes L Empire des signes Gen ve Skira Flammarion 1970 p 41 Panac e Panac e dont le nom signifie la secourable est une d esse de la mythologie grecque qui commen a par prodiguer aux hommes des rem des par les plantes L homme n en attendit pas moins d elle et un tel apostolat lui inspira bien vite la perspective de jours meilleurs Il implora la conjura de lui fournir une th rapie capable de le soustraire a la p nibilit de son existence Face a une telle invocation Panac e r alisa que le pouvoir des plantes tait limit Il fallait donc trouver une alternative a cette forme de traitement dor navant inapte a accomplir de tels desseins Panac e abandonna donc sa vocation d herboriste et d cida de s int resser de plus pr s la technique Lintuition f minine fit une nouvelle fois ses preuves elle y d nicha le rem de universel et sans ordonnance la Machine Ainsi Moulinex lib ra la femme tandis que l homme put penser quand la machine travaillait C est ainsi que par extension le nom de la d esse Panac e est devenu un nom commun d signant l antidote capable de gu rir tous les maux physiques ou moraux dont peut souffrir l homme Et depuis ce temps l l homme ne cesse de voir en les machines l incarnation de sa panac
41. tre ainsi l usager ne peut s emp cher de consid rer la machine comme dou e d intention capable de discernement et en arrive lui attribuer une me d faut de comprendre ses tenants et ses aboutissants il se r fugie dans une croyance qui lui offre la possibilit d esp rer pouvoir in teragir avec la machine sur un plan humain Chacun y va de sa m thode Parfois des supplications arriveraient peut tre persuader l appareil de se mettre en marche Comme il n a pas le droit de nous l cher du moins pas maintenant alors on lui dispensera des encouragements Allez allez tu peux le faire Mais comme tout ce qui sert se montre rebelle tend s insurger et se rendre ind pendant au final il est peu probable qu il se laisse attendrir et il n en fera qu sa t te C est croire que certaines machines se plaisent nous rendre la vie difficile alors qu elles sont cens es nous la faciliter Croit qui veut bien y croire mais il para t que les machines traitent tr s mal ceux qui ne les aiment pas 1 Bruno Jacomy L Age du plip Paris Seuil 2002 p 152 2 Gilbert Simondon Du Mode d existence des objets techniques Paris Aubier 1958 p 138 3 Hans Dieter Bach Le Rossignol et le robot ou quelques r flexes sur la vie fantoma tique des automates in Les Rh toriques de la technologie Traverses n 26 1982 p 127 4 Andr Maurois Lettres une inconnue Arth me Fayard 1956
42. Il avait aussi soif que faim la cuisine il entendit un infime goutte goutte qui ne naissait d aucun robinet c tait le r frig rateur qui ne fonctionnait pas Le peu de glace qui s tait form en quelques heures se d congelait lente ment Il le d brancha Avec des efforts qui lui parurent titanesques il le retourna Il ne pigea Olivetti Moulinex Chaffoteaux et Maury Quim Monz Thomson Braun Corber6 Philishave in Paris Le Serpent a plumes 1994 extraits de p 19 a 33 que dalle ce hi roglyphe de serpentins Il remit le frigo sa place et le brancha nouveau m me la lampe t moin ne s alluma pas Avant de sortir de la cuisine il alla la buanderie et regarda le chauffe eau la flamme tait bien sa place Il palpa les radia teurs ils taient tous froids Il courut vers le chauffe eau la flamme tait sa place mais le thermom tre indiquait z ro degr Il ouvrit l eau 3 4 4 et demi Le trait rouge tait loin derri re L eau en exc s s coulait par un petit tube dirig vers l ext rieur du b timent Le chauffe eau grogna la flamme semblait pr te se r pandre sur le br leur mais elle s teignit Il pensa pr parer le caf Voyant le bocal plein de grains entiers il se rappela que le moulin caf tait en panne depuis la derni re fois On sonna la porte un blanc bec venait r parer le chauffe eau de la part du patron du bar Pol
43. Le d sarroi est total L nervement est son comble C en est trop Les menaces la laissent peut tre de marbre mais il nous reste au moins le pouvoir de les mettre ex cution d faut de r ussir lui faire entendre raison montrons lui par le moyen le plus primaire qu il soit que nous avons encore un peu d emprise sur elle Allons en d coudre avec elle Emport s par une fureur vengeresse frappons frappons encore Voyons voir qui de nous deux est le plus fort ce jeu l Je lui lan ai une bourrade qui l envoya atterrir plus loin sur le plancher Finalement le dispensateur d images virtuelles perdit sous ma main h tive et nerveuse quelques dents plusieurs langues et ses yeux s teignirent jamais me signifiant de la sorte qu il ne voulait plus avoir affaire moi Il devint par ma faute compl tement aveugle et aphasique Nous ne pouvons commu niquer je n ai aucun remords Venant de d truire la patraque du Lapin Blanc grands coups de maillet le li vre de Mars affirmait Il n y a qu un moyen d arr ter une montre folle gt 1 Depuis le 7 f vrier 1962 les Etats Unis op rent un embargo conomique commer cial et financier l gard de Cuba 2 Ernesto Orosa Rikimbili PU Saint Etienne 2009 p 57 3 Quim Monz Thomson Braun Corber6 Philishave in Olivetti Moulinex Chaf foteaux et Maury Paris Le Serpent a plumes 1994 p 23 4 Jean Pierre S ris La Te
44. Pour rendre r ellement fut e l utilisation de la roue sur un v lo d appartement il a fallu en chan ger la taille et donc passer de roue roulette car m me si cet objet reste la plupart du temps immobile il doit tout de m me tre d pla able et les roulettes bien dispos es de certains mod les rendent la t che plus ais e Il est amusant de relever que pour faire effectuer un d placement ce type de v lo il faudra une fois n est pas coutume lever les pieds des p dales et descendre de la selle Ces deux composants selle et p da les sont les seuls l ments qui sont parvenus traverser les diff rentes phases de mutation qu a connues le v lo classique dans son volution vers un v lo immobile Ils sont aujourd hui toujours pr sents sur le v lo d appartement moderne et n ont subi aucun bouleversement visant leur usage Au m me titre que la roue d autres ont d s adapter et se refreiner C est le cas du guidon qui pr c demment offrait la capacit de nous orienter de modifier une trajectoire au gr de chacun et celui des obs tacles rencontr s Sa nouvelle version l a fig dans une simple et unique position dont il ne d mordra plus le guidon est devenu un l ment inerte qui nous remet dans le droit chemin Il pr ne la ligne droite qui math matiquement est admise comme la distance la plus courte pour se rendre d un point A un point B et ainsi il nous guide droit au b
45. TS DE TEMPS ou encore UTILISE MIEUX TA VIE ECONOMISE TON TEMPS Michael Ende Momo Paris Stock 1980 p 184 185 des jours Pauvert 1987 p 123 124 pe Boris Vian L Ecume Pourquoi sont ils si m prisants demanda Chlo Ce n est pas tellement bien de travailler On leur a dit que c est bien dit Colin En g n ral on trouve a bien En fait personne ne le pense On le fait par habitude et pour ne pas y penser justement En tout cas c est idiot de faire un travail que des machines pourraient faire Il faut construire les machines dit Colin Qui le fera Oh videmment dit Chlo pour faire un uf il faut une poule mais une fois qu on a la poule on peut avoir des tas d ufs I vaut donc mieux commencer par la poule Il faudrait savoir dit Colin qui emp che de faire des machines C est le temps qui doit man quer Les gens perdent leur temps vivre alors il ne leur en reste plus pour travailler Ce n est pas plut t le contraire demanda Chlo Non dit Colin Si ils avaient le temps de construire les machines apr s ils n auraient plus besoin de rien faire Ce que je veux dire c est qu ils travaillent pour vivre au lieu de tra vailler construire des machines qui les feraient vivre sans travailler C est compliqu estima Chlo Non dit Colin C est tr s simple a devrait bien entendu venir progressivement Mais on perd tellement de temps
46. ains de m me nature sortant de la porte semblent indiquer le mot Frappez qui est plac en dessous d elles Le visiteur soul ve le marteau selon sa fantaisie mais si faible que soit le coup l bas quatre cents m tres de distance un carillon nergique se fait entendre sans blesser pour cela l oreille la plus d licate Pour ouvrir la serrure il suffit de pousser un bouton plac dans le vestibule En m me temps que fonctionne la serrure le nom de Robert Houdin dispara t subitement et se trouve remplac par une plaque en mail sur laquelle est peint en gros caract res le mot Entrez cette intelligible invitation le visiteur tourne un bouton d ivoire et il entre en poussant la porte qu il n a pas m me la peine de refermer un ressort se chargeant de ce coin Curieusement au vue de ce sc nario on constate que louverture de la porte ne s effectue pas automatiquement Mais si Robert Houdin qui en a pourtant les moyens n pargne pas au visiteur la lourde t che de pousser la porte ce n est absolument pas anodin En effet lorsque le visiteur s ex cute il interagit avec le m canisme qui en retour va fournir Robert Houdin des indications indispensables au bon d roulement du tour suivant Le visiteur en entrant ne s est pas dout qu il a envoy des avertisse ments ses futurs h tes La porte en s ouvrant et en se fermant a ex cut aux diff rent
47. aire Lame TL d g661 prewulyey sueg juawananow ja S29101 Ku JJeT 19184 MPTP i Ext riorisation Andr Leroi Gourhan dans son livre Le Geste et la Parole La M moire et Les Rythmes d crit les diff rentes tapes qui au cours de l volution humaine ont enrichi les modes d action de la main dans son processus op ratoire et ont ainsi particip a l ext riorisation progressive du geste technique lt Dans l action manipulatrice des Primates pr hension p trissage manipulation geste et outils se confondent Puis avec les premiers Anthropiens et l apparition du percuteur du chopper et des bois de cervid s utilis s les op rations de section de broyage de modelage de grattage et de fouissement migrent dans les outils qui deviennent alors s parables du geste moteur La main en motricit directe cesse d tre outil pour devenir moteur l tape suivante franchie peut tre avant le N olithique les machines manuelles annexent le geste et la main en motricit indirecte n apporte que son impulsion motrice Au cours des temps historiques la force motrice elle m me quitte le bras humain l impulsion musculaire se d gage du corps la main d clenche le processus moteur dans les machines animales ou les machines automotrices comme les moulins puis n intervient plus que pour en alimenter ou en suspendre l action Il d pend de l homme d en augment
48. aire qui le grisent N ai je pas dans l lectri cit et la m canique des auxiliaires intelligents et sur le service desquels je puis compter 1 Jean Eug ne Robert Houdin Comment on devient sorcier Paris Omnibus 2006 p 382 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Ibid extraits p 943 951 Accident Par un beau week end Corinne et Roland d cident de partir voir du pays au volant de leur belle automobile Mais il semble que bien d autres aient d cid d en faire de m me car peine ont ils pris la route que Corinne et Roland se retrouvent aux prises avec un inextricable embouteillage Ainsi commence le film Week End r alis en 1967 par Jean Luc Godard Alors que chaque protagoniste reste bloqu dans sa voiture la cam ra remonte l interminable cort ge des v hicules la route est comparable un endroit o la guerre a frapp les voitures d chiquet es et imbriqu es les unes dans les autres les incendies qui continuent consumer les car casses les corps abandonn s au milieu de flaques de sang Au fur et mesure de ce plan rebours on reconstitue l enchainement des accidents dont cet engorgement est la cons quence la m me cadence d filent devant nos yeux les cadavres des victimes comme les conducteurs bout de nerf qui en d sespoir de cause n ont de cesse de klaxonner sans repren dre leur souffle Ce d tachement dans la fa on d exposer l embouteillage souligne no
49. ait donc que plus les moyens techniques mis disposition des usagers deviennent labor s et plus ils les dispensent non seulement d efforts physiques mais galement de comp tences techniques Ainsi nous vivons dans un monde o le capital de savoir technique accumul est colossal et en m me temps nous sommes bien plus que nos anc tres dispens s de tout savoir technique Quant au surcro t d automatisme des objets technologiques il pr ne une utilisation qui offre tous m me aux plus ing nus un acc s imm diat l tendue de ses possibilit s qui en contrepartie a d tre restreinte et fig e Mais encore faut il savoir sur quel bouton appuyer Et pour cela la m thode la plus radicale et la plus efficiente reste d appuyer sur l un d entre eux puis de constater ce qu il s est alors pass vos risques et p rils Dans bien des cas nul est besoin de comprendre le pourquoi du com ment de la m canique interne d une machine pour parvenir int grer son fonctionnement et en devenir un utilisateur averti On peut tout aussi bien r ussir ma triser les capacit s d un appareil en appr hendant et en assimilant ses r actions de fa on empirique Car une comp tence n est pas un savoir inn elle est induite par une relation c est donc une facult qui s acquiert et volue au fil des utilisations C est en mettant la main la pate que l on prend le coup de main En se familiarisa
50. apper l avarie Les rafiots de ce genre l dit il naviguent mal au vent arri re Si tu ne mollis pas temps l coute d embrayage tu empannes c est fatal Pour te d haler gar on tu vas virer sur ta roue tribord arri re venir au vent prendre deux ris la capote de misaine coper le carter raidir la balancine de l essuie glace et d marrer au plus pr s bon plein A Dieu vat A ces mots survint un troisi me altruiste qui portait un chapeau noir avec une chemise gros carreaux et un gilet crois Je me d brouille assez bien dans le d pan nage introspectif dit il car j ai le don d identifier le sujet l objet Pench sous le capot il fit son introspection puis sans m me lever la t te me d clara d une voix pleine d assurance que si les virtualit s scholas tiques l g rement benzol es dans leur essence s ac tualisaient en quatre temps syllogistiques au feu apollinien de mes bougies il lui apparaissait que ma pompe huile pompait dans le non tre d o le sentiment de libert gripp dans l absurde Et il s ensuit comme de juste ajouta t il cette amphigourie paralogique o nous voyons que se meuvent contradictoirement vos pignons antino miques comme autant de concepts rejet s a priori de l empirisme la transcendance A votre place et vu l ensemble plut t cart sien de votre syst me je renoncerais au carburateur surr aliste qu
51. ard extraits des p 76 79 et 93 94 annan V lo d appartement Le v lo d appartement appel aussi v lo d int rieur permet de pra tiquer chez soi une activit sportive que l on a longtemps eu l habitude d exercer l ext rieur C est un v lo qui ne doit pas bouger et dont l quilibre s affranchit totalement du pouvoir de la force gyroscopique qu invoque le v lo ordinaire lorsque celui ci prend de la vitesse Gr ce au v lo d appartement p daler ne nous fait d sormais plus subir la fatalit d un d placement dans l espace C est en 1969 qu est produit par la firme finlandaise Tunturi le pre mier v lo d appartement le Tunturi W1 traduisez du finnois au fran ais montagne arrondie W1 Vendu plus d un million d exemplaires ce sp cimen de v lo encore unique en son genre n est quip que d une seule roue l avant exhauss e du niveau du sol et tourne ainsi en l vitation Par la suite on s est interrog sur son sort Puisque ce v lo d appartement arrivait tr s bien se passer de l une des deux encombrantes roues que n cessite l usage d un v lo habituel ne pourrait il pas de la m me fa on se d faire de l autre quoi bon lutter sans cesse pour ne pas tre entrai n par le mouvement de leur rotation Et comment se contenter de leurs points d appui ind cis qui sont au nombre insuffisant de deux Indubi tablement personne n a rechign s en d lester
52. ave la bonne ligne de conduite inculqu e l objet un parjure son int grit Pour la peine vous me copierez 100 fois le mode d emploi 1 Dominique Boullier La vie sans mode d emploi in Technologies du quotidien la complainte du progr s Autrement n 3 Mars 1992 p 158 2 Ibid 3 Ibid 4 Gis le Prassinos Les Machines infernales in Technologies du quotidien la com plainte du progr s Autrement n 3 1992 p 89 5 Dominique Boullier ibid p 161 6 Ibid p 161 162 7 Ibid p 160 BES MOV Ant ES as A ee oe Se EEE ST oe Lisez attentivement ce manuel avant d utiliser l appareil et conservez le pour un usage ult rieur Danger Ne plongez jamais l appareil dans l eau ou dans tout autre liquide Avertissement Avant de brancher votre appareil v rifiez que la tension indiqu e au fond de la machine caf correspond bien la tension secteur locale Cet appareil n est pas destin tre utilis par des personnes notamment des enfants dont les capacit s physiques sensorielles ou intellectuelles sont r duites ou par des personnes manquant d exp rience ou de connaissances moins que celles ci ne soient sous surveillance ou qu elles n aient re u des instructions quant l utilisation de l appareil par une personne responsable de leur s curit Veillez ce que les enfants ne jouent pas avec l appareil Nvutilisez jamais l appareil si la fiche le cordo
53. blement partie du jeu et du folklore De ce panorama il ne reste que quelques mar ches a descendre pour faire son entr e sur la piste rev tue de moquette Et maintenant Ou donner de la t te Vers laquelle se tourner Elles font toutes les yeux doux Avant de se ruer sur la premi re machine venue il faut d abord se pr cipiter au guichet car vous n en obtiendrez rien avant d avoir chang quelques billets contre un seau rempli de jetons sonnants mais non tr buchants qui donnent l agr able sentiment d avoir d j gagn au change Il s agit d sormais de jeter son d volu sur l une des machines dis ponibles et de prendre place sur le tabouret haut rembourr situ face elle Une fois confortablement assis on commence par introduire sa mise l endroit indiqu quant au d clenchement de la machine il y a peu de chance pour que vous ayez a tirer le levier du fameux bandit manchot Cet l ment embl matique tait inh rent au fonctionnement enti rement m canique des premi res machines sous paiement automatique telle que la Liberty Bell qu inventa Charles August Fey en 1905 Celle ci fonc tionnait gr ce une combinaison complexe de leviers de crans et de res sorts Les rouleaux taient rattach s un arbre lui m me connect un levier En ins rant un jeton on d bloquait ainsi le m canisme du levier qui pouvait alors tre abaiss Ce mouvement entrainait celui des roul
54. cambolesque aura g n r une perte globale de six milliards de dollars et un pic de la natalit neuf mois plus tard 1 Guglielmo Ferrero Discours aux sourds ditions du Sagittaire 1924 p 46 2 Bernward Joerges et Ingo Braun L Art m nager branch sur le r seau in Tech nologies du quotidien la complainte du progr s Autrement n 3 1992 p 188 3 Guglielmo Ferrero ibid p 52 m2 Georges Orwell 1984 Paris Gallimard 1950 p 269 D s le moment de la parution de la premi re machine il fut vident pour tous les gens qui r fl chissaient que la n cessit du travail de l homme et en cons quence dans une grande mesure de l in galit humaine avait disparu Si la machine tait d lib r ment employ e dans ce but la faim le surmenage la malpropret l ignorance et la maladie pourraient tre limin es apr s quelques g n rations En effet alors qu elle n tait pas em ploy e dans cette intention la machine en produi sant des richesses qu il tait parfois impossible de distribuer leva r ellement de beaucoup par une sorte de processus automatique le niveau moyen de vie des humains pendant une p riode d environ cinquante ans la fin du xrxe si cle et au d but du xx Dans un monde dans lequel le nombre d heures de travail serait court o chacun aurait suffisam ment de nourriture vivrait dans une maison munie d une salle de bains et d un
55. chnique Presses universitaires de France 1994 p 47 48 5 Gis le Prassinos Les Machines infernales in Technologies du quotidien la com plainte du progr s Autrement n 3 1992 p 91 22 amp cc FR http eu toto com site TOTO Templates ProductDetail aspx pageid WG Toto est un fabricant japonais de mat riel sanitaire En 1980 il lance sa gamme Washlet Les toilettes Washlet comprennent notamment un abattant quip d un capteur qui s ouvre et se ferme automatiquement et une chasse d eau automatique La buse r glable propose un d bit d eau par oscillation en position de lavage avant ou arri re avec un contr le facile de la pression et de la temp rature de l eau et elle s auto nettoie avant et apr s chaque utilisa tion Plusieurs fonctionnalit s de lavage par Washlet sont disponibles comme le lavage par oscillations et un lavage doux ainsi qu un s chage l air chaud Pour encore plus de confort vous pouvez r gler la temp rature du si ge votre convenance et le d sodorisant se d clenche automatique ment lorsque vous vous asseyez XYZ XYZ 2 V lo 5 Rolodex v amp Fe UV oO g Poubelle p dale installation d Alexandre le Bienheureux pluche pomme Strapontin T ph 3 S A g Os DO pe SE g T En E V lo d appartement QU L ps UD wn v YT G SS g SE g we S5 e outil s parable du geste moteur machine manuelle Ext
56. ciel du championnat de Formule 1 Non elle n est pas rien elle est une puissance qui bouillonne avec laquelle nous entretenons un rapport de force constant Notre maitrise doit tre continue faute de quoi nous perdons le contr le d une puissance dispro portionn e aux emballements ravageurs Pour tenter de contrer ces emballements les constructeurs automobi les ont opt pour la d multiplication de capteurs int gr s aux v hicules afin d anticiper les al as qui peuvent se manifester le long d un trajet et HUGE aes eee 1 67 oufvay ner senboe d adapter la r ponse optimale au probl me rencontr L accident suf fit justifier l immixtion pullulante de toutes sortes de ces dispositifs de s curit Par leurs capacit s d anticipation ceux ci d lestent l homme et l excluent progressivement de bien des op rations d valution et de prise de d cision que sollicite d ordinaire l action de conduire D s lors partir d un certain degr d automatisme c est l homme qui devient une g ne parce qu il est impr visible 1 Ce travelling est l un des plus longs de l histoire du cin ma film sur trois cents m tres en une seule prise Godard choisit de le couper en deux au moment du montage 2 Bruno Paradis L Automobile ou De la conqu te de la mobilit la saturation de l objet technique in Pour penser la technique Alliage n 21 1994 p 69 3 Lou
57. compte pas Et il ajoute Il y a dix ans seul un milliardaire pouvait se paver a Il regarde le paquet FRAGILE et il pressent que cette femme mis re SA femme vient d en faire voler en clats le contenu pr cis et d licat C est une tueuse de r ve une terrienne une assassinatrice d espoir I pense ses fr res les hommes qui ont par leurs machines vaincu les pesanteurs qui les clouaient au sol celles des masses du labeur de l inertie de la mati re qui ont cr au prix de sacrifices peine imaginables un monde nouveau scintillant de guirlandes lectriques de tramways de robots et de cocottes minute Sans eux les femmes seraient rest es dans leurs cavernes allaitant des enfants couverts de poils Pierre Alain Mercier Pas de progr s que du regret me dit Anna in Pour penser la Technique Alliage n 21 1994 p 201 203 Normes Si la vis tourne vers la droite l objet est d origine am ricaine si elle tourne vers la gauche il est sovi tique boutade cubaine Emesto Orosa Rikimbili PU Saint Etienne 2009 p 5 Obsolescence Un t l phone portable c est bien connu a ne se r pare pas Non pas qu on ne sache pas le faire mais il est devenu plus cher d entreprendre des r parations que d en acheter un neuf Surtout avec tous ces points que l on nous fait collectionner Ainsi le moindre p pin fournit la preuve incontestabl
58. consonances douteuses il para t que a marche tous les coups Uuuuuuu http multiboule tumblr com Flipper Contrairement n importe quel jeu le d butant au flipper ne se d finit pas d abord par la m diocrit de sa technique Le novice se caract rise par l erreur suivante il croit que le flipper est la merci du hasard que la boule rebondit qu elle va et qu elle vient En d autres termes le d butant est candide II sup pose que lorsque la balle arrive au milieu elle tombe et puis c est tout quel que soit le niveau du joueur Que de temps en temps il faut bien qu elle tombe sur le c t et que cela est imparable Il croit que les sons et les lumi res sont d coratifs Qu il est pr f rable que le flipper soit fix au sol pour ne pas tilter Que les bons joueurs ont d abord de la chance Et puis apr s deux ou trois parties aupr s d un maitre le d butant s il est un peu attentif devra se rendre l vidence au flipper le hasard n existe pas La chance tant le nom donn au hasard quand on estime qu il va dans notre sens sans qu on en soit la cause Tr s vite l apprenti passera alors du m pris pour les finesses du jeu au m pris pour le novice qu il tait D s qu il comprendra que les billes ne tombent sur le c t que lorsqu elles ont mal t renvoy es son regard changera oui le flipper doit tre appri vois ma tris manipul Le d butan
59. ct re syst matique fait partie des lignes de conduite que l homme a inocul es cet objet Un strapontin est amovible mais non d pla able C est pourquoi on le trouve dans des espaces publics dont la fr quentation est plus confortable en position assise mais dont le nombre d occupants s av re constamment variable et fluctuant Il y a des strapontins dans les transports en commun Seulement ceux ci ne sont pas les places de premier choix on leur pr f re les assi ses fixes N anmoins lorsque ces derni res ont d j trouv preneur il n y a plus qu s accommoder d un strapontin Ce si ge rabat sur lequel on se rabat n est autre qu une alternative il faut dire qu il n assure pas une immunit de confort la position assise qu il offre est pr caire car dur e ind termin e En effet tout moment toute station un attrou pement intempestif et non pr dictible peut faire irruption Si la horde de passagers se densifie jusqu a devenir un conglom rat alors la biens ance veut qu avant d en arriver la chaque occupant de strapontin ait d ja bondi de sa sellette dans un lan solidaire et rejoint ceux rest s sur le carreau Le si ge sur lequel on s tait rabattu doit son tour tre rabattu Ainsi on peut dire que les strapontins sont une soupape pass un certain seuil d occupants ils distendent l espace a leur fa on afin de temporiser un d bordement qui tait imminent Mais un strapontin ne
60. damnation deux mois de prison Le d tournement dont fait partie le piratage informatique montre que l homme du commun est capable d agir sur un savoir sacralis par les pr tres de la techno science Dans une sorte de boucle de r troaction cr e par l usage la connaissance ordinaire reprend ses droits sur la connaissance savante La m me observation peut se faire de mani re plus prosaique par exemple lorsque les syst mes sont bricol s les modes d emplois contourn s les instructions n glig es au profit de proc dures toutes personnelles 1 1 Alain Gras Le Bonheur produit surgel in Technologies du quotidien la complainte du progr s Autrement n 3 1992 p 25 26 Inventer De semaine en semaine Voyelle r sume ses tudes et fabrique des cahiers recopi s et dat s o l on peut lire son cheminement pu ril et inqui tant Il est assez tonnant de voir Voyelle r inventer la calculatrice m canique de Pascal pour mieux pr voir les clipses de Soleil Mais personne ne s attendait le voir r inventer un vieux v lo de l poque aux roues cercl es de bois pour se d placer plus rapidement sa lunette sur l paule On se dit C est facile On se dit Il n invente rien Pourtant Voyelle a lair tr s authentique pench sur ses papiers lorsqu il retrouve par t tonnements le principe du moteur vapeur ce qui lui permet de se fabriquer un v hicule automobile
61. de mettre pied terre et par l m me de reprendre son souffle quelques instants Des occasions pareilles se pr sentent rarement lorsque l on pra tique le v lo d appartement car en possession des pleins pouvoirs la d cision de l arr t ne pourra venir que de notre propre chef Lourde res ponsabilit lorsque l on doit statuer sur la d cision de s arr ter derri re laquelle peut se cacher son double sens d abandonner Mais quand le temps se d grade on peut encore se d lecter presque en tout bien tout honneur du spectacle que nous offrent les l ments en se d chainant et en se d versant sur les inconscients rest s a l air libre tout en pers v rant d penser nos calories bien l abri des intemp ries et de tout le reste aussi Bien entendu il existe quantit d autres alternatives contemplatives L une d entre elles consiste se tourner plut t vers des paysages virtuels l vocation de cette cat gorie resurgit alors celui pr c demment d crit comme le paysage que le v lo d appartement nous donne prouver physiquement C est le moment de d voiler que les v los d appartement modernes en ont imagin une version cod e visualisable et intelligible Et depuis une retranscription de ce parcours virtuel s affiche en temps r el sur un cran LCD plac entre nos mains fix au centre du guidon Cet cran et ce qu il affiche sont r ciproquement la seule partie visible
62. dent d un strapontin qu un retardatai re jusque la discret tente de d plier Et malgr toutes les pr cautions qu il pourra employer on sait tous par exp rience que ce grincement est in vitable A croire qu il est formellement interdit d entretenir la m canique aride des strapontins Et lorsque sonne la fin du cours magistral la salle comble des tudiants se rel ve et ovationne la prestation du professeur par un tonnerre de claquements Tapette a souris La tapette a souris est un pi ge l tal con u pour radiquer ce type de rongeurs de nos habitations o ils n ont jamais t les bienvenus En effet au m me titre que la fourmi le cafard la mite ou la gu pe la souris qui r pond aussi au nom moins familier de mus musculus est consid r e comme un nuisible Voici nonc le crime qui met sa petite t te et sa longue queue prix Les faits qui lui sont reproch s concernent principalement des actes de vandalisme Une souris ne consomme pas plus de cinq grammes de nourriture par jour cependant son caract re omnivore tant bien plus d velopp que le n tre elle se permet non seulement de manger tous nos rateliers mais de s attaquer aussi aux rateliers Car lui est comestible tout ce qu elle trouve se mettre sous ses deux incisives aff t es Ainsi une souris n a jamais la d licatesse d ouvrir un paquet de farine comme il se doit Elle y d coupe immanquablement la base un trou plus gros
63. des objets techniques Paris Aubier 1958 p 145 146 Machine a grappin Une f te foraine ne va jamais sans son lot de machines a grappin Celles ci sont r put es pour leur indocilit bien que leur principe semble simple au premier abord Le joueur doit guider le grappin l aide de deux manettes l une permettant un d placement sur l axe des abscisses et l autre sur l axe des ordonn es jusqu un emplacement qu il consid re comme judicieux en fonction de la configuration prise par l amas de lots A ce moment la il appuie sur un bouton et d clenche ainsi la course du grappin Celui ci plonge alors vers le fond du bocal se referme sur un lot ou sur lui m me selon la bonne ou moins bonne estimation du joueur d livre le lot ou rien puis va reprendre sa position initiale Pour corser la chose il arrive que l on ajoute au fonctionnement de ces machines d autres contraintes Sur certaines le temps est compt et la fin des secondes imparties le grappin se d clenche automatiquement D autres n ont pas de bouton d clencheur le grappin plonge d s que l on exerce plus aucune pression sur les manettes Le niveau de difficult est alors accentu mais cela ne signifie nullement que le lot en vaille dou blement la chandelle En effet c est rarement l app t de la peluche car c est presque toujours des peluches qui sont en jeu qui motive les joueurs encha ner les parties Cette machine leur lance un d fi
64. e norm ment de bruit individuellement cr ent un fond sonore incessant Combien de moteurs tournent dans nos int rieurs et participent a ce bruit de fond continuel contre lequel on ne peut rien Sans compter les gr sillements et les grincements d autres appareils qui viennent alimen ter ponctuellement cette bande son technologique Mais contrairement a ces derniers qui sont interpr tables le bruit dun moteur n a pas en lui m me valeur d information il prend cette valeur par sa variation de rythme son changement de fr quence ou de timbre son alt ration des transitoires qui traduisent une modification du fonctionnement 1 Bruno Jacomy L Age du plip Paris Seuil 2002 p 223 2 Gilbert Simondon Du Mode d existence des objets techniques Paris Aubier 1958 p 139 Lair conditionn ronfle doucement avec son bruit tuer les microbes f 60T d TZ6T UOUEWIUETI LINS aAVUAaD IDH OJD aT aavysny OUEN UEO Bureaux nornin Comp tences Lomnipr sence des objets techniques ne signifie pas que nous ayons des op rations techniques d licates ajust es et difficiles a accom plir pour en user Bien au contraire la publicit en fait un argument de vente en vantant les m rites d objets qui n imposent aucun savoir faire et tendent alors r duire z ro la comp tence exig e de l utilisateur Il sembler
65. e de toute obligation Un d compte 3 2 1 Fin du temps mort Le tambour ralentit et le linge qui batifolait retombe soudain sur lui m me Inventaire C est pas moi cette chaussette noire Elle n a rien faire parmi mes jeans Elle a t vrai semblablement oubli e dans le tambour par l utilisateur pr c dent a colle aux parois une chaussette mouill e Heureusement qu elle n a pas d teint Et maintenant le s chage Lucidit La mer n a pas de poign e Ni l amour de courroie Par quoi je pourrais en faire des outils ou des armes Et c est ainsi qu une large partie du monde Echappe mon pouvoir Roland Dubillard La Bo te outils D cines L Arbal te 1985 p 55 Machin Notre langage est tr s en retard sur les structures et l articulation fonctionnelle des objets dont nous usons Il y a dans notre civilisation de plus en plus d objets et de moins en moins de termes pour les d signer Machin mais aussi truc bidule engin affaire schmil blick sont parmi ceux que l on peut emprunter pour tenter de d signer ces innommables choses ces objets informul s ou difficilement formu lables par des n ologismes ou des paraphrases Objet d suni de sa fonction le machin recouvre tout ce qui a force de se sp cialiser et de r pondre a aucune exigence collective chappe a la formulation et tombe dans la mythologie Si
66. e et le remue m nage un expert poussi reux mais charmant voulut bien jeter un coup d ceil Parlez moi en toute franchise dit Marcel et prisez moi a c ur ouvert Entre nous r pondit l homme je ne sais pas ce que c est sauf que c est un chantillon mineur de l industrie humaine et probablement occiden tale D accord ma s quoi a sert Nous y voil On dit que ces choses l d g n rent parce qu elles ont plus ou moins oubli l troitesse du premier usage reni leur cr ateur et que chacun d sormais s en sert sa mani re mon avis c est le signe au contraire d une g n reuse ascension vers l universel et d une difiante escapade vers la libert D accord mais qu en ferais je Mille choses ou rien Les clefs de ce machin l sont en vous Machine chaque machine n est pas une unit absolue mais seulement une r alit technique indivi dualis e la machine individuelle repr sente l homme mais l homme repr sente l ensemble des machines car il ny a pas une machine de toutes les machines alors qu il peut y avoir une pens e visant toutes les machines On peut nommer attitude technologique celle qui fait qu un homme ne se pr occupe pas seulement de l usage d un tre techni que mais de la corr lation des tres techniques les uns par rapport aux autres Gilbert Simondon Du Mode d existence
67. e attention nos relations au paysage s en trouvent irr m diablement transform es Par la posture que nous fait rev tir cet appareil nous nous retrouvons affect s un poste d observation de contr le voire de surveillance Voil qui explique pourquoi beaucoup de pratiquants postent leur machine face une fen tre Dans ce cas mieux vaut pr f rer le c t rue car pencher pour le c t cour serait se rendre coupable d indiscr tion au regard du voisinage Apost ce qui aurait tendance prendre des allu res de mirador on toise all grement les terribles conditions auxquelles on chappe c ans D ici on a une vue plongeante et imprenable sur le d fil des voitures qui sont maintenant trop loin pour esp rer encore nous effleurer de leurs queues de poisson quant leurs gaz d chappement naus abonds ils ne nous atteignent m me plus Observons tous ces v hi cules se r signer leur triste sort condamn s passer au compte goutte les feux tricolores tandis que nous voil lanc s dans une course irr fr n e dont rien ni personne ne peut plus entraver le bon d roulement pas m me en nous mettant des b tons dans les roues et adressons leur tous un joli pied de nez Mais si on veut quand m me jouer ce petit jeu l alors il faut du coup r aliser que ces feux rouges que l on a tant d cri s repr sentent autant d opportunit s manqu es et d excuses cautionn es par le code de la route
68. e et lui t moigne sa reconnaissance en lui vouant un v ritable culte Mais nous autres usagers savons que l histoire ne s arr te pas l Les choses ne sont pas aussi simples que Moulinex le pr tend C est pourquoi cette histoire m rite un pilogue Malgr les nombreuses machines qu ils avaient cr es qui taient leur enti re disposition et qui leur proposaient autant de solutions les hommes n taient jamais assez gu ris Il y avait sans cesse quelque chose qui les pesait Ce qui ne leur avait jamais sembl p nible jusque l le devenait soudainement Mais alors Combien de machines fallait il encore construire avant d atteindre enfin la b atitude Quid de cette panac e Avait on fait fausse route Apr s tout les machines n taient peut tre pas le bon rem de C est le concept m me de panac e qui les avait induits en erreur jamais il n avait t fait mention des retomb es qu engendre toute solu tion En effet il est du propre des solutions de se donner pour uniques d finitives radicales et de devenir tyranniques en affirmant que non seule ment elles r solvent les probl mes mais qu elles les liminent jamais Or les solutions ont toutes des effets plus ou moins pervers qui font qu elles viennent se r ins rer dans les probl mes cela signifie non qu elles soient ou vaines et n gligeables mais qu elles rel vent elles m mes de la trag die laquelle elles ve
69. e machine finira par payer La probabilit de toucher le jackpot est toujours la m me que ce soit au premier ou au 500 000 tirage 2 Bertrand Raison L Empire des objets Paris ditions du May 1989 p 38 Andr Leroi Gourhan Le Geste et la parole tome II La M moire et les Rythmes Paris Albin Michel 1964 p 62 Main Ne rien savoir faire de ses dix doigts ne pas avoir penser avec ses dix doigts quivaut manquer d une partie de sa pens e normalement philog n tiquement humaine Marge Jean Echenoz d clare On invente avec un stylo on se juge a la machine t Sur ce Vil m Flusser d ajouter Une erreur commune est de croire que la machine limite la libert du geste On est plus libre quand on tape que quand on crit avec un stylo parce que la machine permet mieux de d passer les r gles du geste que le stylo pr cis ment parce qu elle les rend videntes La libert n est pas le m pris de r gles possible avec le stylo mais le changement des r gles possible avec la machine 1 Jean chenoz entretien non identifi 2 Vil m Flusser Les Gestes D ARTS HC 1999 p 19 20 Gaston de Pawlowski Les Derni res inventions de M de Pawlowski Fallait y penser Balland 1973 p 65 Minuterie Le Voltaire minuterie est un nouveau fauteuil pour audiences qui rendra les plus utiles services aux personnages press s qui re oivent beaucoup de
70. e obscur Nous nous contentons de passer en revue les l ments qui sont notre port e En effet la diff rence des Cubains nous sommes bien peu savoir de quoi nos appa reils sont faits et donc peu frapper bon escient Mais en retour bien peu nombreuses sont les machines qui nous laissent entrevoir une partie de leurs m canismes Pour beaucoup d entre nous leurs coques renfer ment donc un myst re imp n trable Nous avons peur d ouvrir une bo te qui serait celle de Pandore Peur de l inconnu Peur aussi de ne pas tre rembours s par le service apr s vente Ainsi apr s avoir fait tout ce qui tait en notre pouvoir pour convaincre l appareil blind de coop rer nous nous retrouvons seuls face une bo te noire face notre impuissance la faire fonctionner et donc notre incapacit la comprendre Sa facult rester imperturbable est si exasp rante que a contrario notre sang froid nous abandonne et c est la moutarde qui commence petit petit nous monter au nez ce moment de d sespoir si le recours la violence est envisag c est en tant qu op ration de la derni re chance l ultime tenta tive de faire entendre raison la machine sans se faire trop d illusion non plus C est pourquoi la frappe doit rester mesur e si l on veut garder une chance infime que la machine reparte Bien s r cet acte de malveillance semble peu susceptible d am liorer la situation mais il para t qu a
71. e que ce vieux machin a fait son temps et est l occasion toute trouv e de se rabattre sur la fiabilit flambant neuve du dernier mod le Mais face a ce ph nom ne de remplacement outrance c est d abord le savoir r parer qui devient obsol te Pachinko Lart de ce jeu diff re aussi de celui de nos machines Pour le joueur occi dental la boule une fois lanc e il s agit surtout d en corriger peu a peu le trajet de retomb e en donnant des coups dans l appareil pour le joueur japonais tout se d termine dans le coup d envoi tout d pend de la force imprim e par le pouce au clapet le doigt est imm diat d finitif en lui seul r side le talent du joueur qui ne peut corriger le hasard qu l avance et d un seul coup ou plus exactement le lanc de la bille n est au mieux que d licatement retenu ou h t mais nullement dirig par la main du joueur qui d un seul mouve ment meut et surveille cette main est donc celle d un artiste la mani re japonaise pour lequel le trait graphique est un accident contr l Le Pachinko reproduit en somme dans l ordre m ca nique le principe m me de la peinture alla prima qui veut que le trait soit trac d un seul mouve ment une fois pour toutes et qu en raison de la qualit m me du papier et de l encre il ne puisse tre jamais corrig de m me la bille lanc e ne peut tre d vi e ce serait une grossi
72. e soldera par un fracas m tallique mieux vaut lever le pied Priere lt Je vous salue Machines gt lt Pleines de d terminisme gt lt Mon c ur balance entre tous vos programmes V lt Maintes Machines M res du Progr s gt lt uvrez pour nous autres assist s gt lt Toastez nous aujourd hui notre pain de ce jour gt lt Et ne nous soumettez pas la d faillance gt lt Mais d livrez nous du moindre effort gt lt Que notre volont soit faite gt lt Maintenant et l heure de notre essor gt lt Html gt Progres Telle est ma libert de jugement l gard des v hicules tant t j honore le progr s d hier et tant t je cultive la tradition de demain Jacques Perret Le V lo in Le Machin Paris Gallimard 1955 p 54 un philosophe anglais fati un jour par trouver la bonne question Et quoi a sert l utilit E 3 E E g D un amp O Bo 5 CO 8 g D 8 3 std Z66T E ou quouwuorny sasboud np ajuiv dwod v uapyonb np abojouyoar ut afasins yMpoid moyuog 27 seID urey 26 d 8661 aneuoer surea anbibojouyray njg 27 nity senboe red 9419 anbnuenb anbtuedsul ej ap uoneoyips 1 g yodde uos mod nuuod siouep uatotsAyd 7961 S881 1404 SPIN La mati re le r el R alit c est ce que mes appareils permettent d enregistre
73. eaux qui au bout de quelques secondes taient stopp s dans leur lan par un syst me de freinage s affichait alors une combinaison de symboles Quant la machine elle identifiait la position des rouleaux gr ce un syst me de crans profondeur variable inscrits dans les disques des rouleaux le cran assign au jackpot tait plus profond que les autres crans puis son programme lui permettait d associer cette combinaison un lot Mis part des d tails inh rents au changement de technologie tel que l viction du levier par le bouton vous me direz que le protocole de jeu des machines modernes semble se d rouler dans le m me ordre des choses C est tout bonnement que celles ci ont t con ues pour donner l impression d tre des mod les m caniques or elles sont pourvues de moteurs et de fonctionnements informatiques qui assurent l articulation de tous leurs m canismes Lorsque le joueur appuie sur le bouton il lui semble que au m me titre que lorsqu il s agissait d abaisser un levier cette action a pour r action directe la mise en mouvement des rouleaux Ainsi durant quelques secondes il croit en la chance qui figerait ceux ci en une configurationt gagnante Mais en r alit les jeux sont faits depuis le moment m me o le joueur a d clench la partie Au moment pr cis o il a exerc une pression suffisante sur le bouton lumineux un g n rateur qui fait d filer en continue des nombres a
74. efois promues au rang de poubelle de table poubelle de salle de bain voire m me poubelle de cuisine Ces titres sont rattach s au nom de la circonscription territoriale dans laquelle elles exercent leurs fonctions Et ainsi selon la quantit et la nature des d chets produits dans la parcelle qu on leur a chacune attitr e les poubelles se sont galement r parties les tailles les formes et les mat riaux Ma s la diff rence des titres pr c demment nonc s qui rel vent d un placement dans l espace de l attribution d une pi ce celui de la poubelle p dale salue un compo sant qui est son apanage et l a fait sortir du rang en bouleversant l usage consensuel de la poubelle il s agit de la p dale La poubelle p dale est issue d une lign e qui n a eu de cesse que de donner ses lettres de noblesse la poubelle Elle a d abord fait ses classes en tant que simple vide ordure Puis elle s est illustr e en se dotant d un couvercle afin de devenir herm tique et par la m me pr server son entourage des mauvaises odeurs en les remisant en son for int rieur Ayant gagn de la sorte ses premiers galons la poubelle d sormais a cou vercle s est par la suite annex un m canisme de commande a distance d ouverture et de fermeture Faisant une nouvelle fois preuve de son d vouement la poubelle a couvercle n a nullement h sit a renoncer a certains privil ges acquis par son rang
75. el verait du sabotage p riodique puisque certaines parties seraient alors perdues d avance et se r p teraient une fr quence d termin e Dans ce cas les joueurs se soustraient une fatalit dont ils ignorent l existence en effet on fait en sorte qu ils per oivent une quit continue alors qu op re une partialit cyclique Machine a sous La machine a sous est un appareil automatique qui permet de s adon ner au jeu de l argent et du hasard pur La sc ne se d roule tant et tou jours dans un casino faute de quoi elle deviendrait le th tre d activit s ill gales Tant t une com die tant t une trag die le qualificatif de pur signifie que le r sultat s en remet enti rement au hasard pour le d termi ner aucun talent ni atout particulier ne peut d jouer le bon d roulement des combinaisons Aucune connaissance ni processus initiatique n est non plus n cessaire quant au bon usage d une machine sous il s agit v ri tablement d un jeu d enfant Il faudra cependant attendre d avoir atteint la majorit afin de pouvoir y placer ses billes Une mise en garde s impose d entr e de jeu il s agit d un jeu dangereux C est pourquoi la machine sous fait partie de ces quelques objets dont on ne peut pas faire l acquisition pour un usage priv Mais est il d j pass par la t te d un joueur inv t r l envie de poss der l objet de son d sir afin de pouvoir continuer jouer tranquil
76. ent donc tr s bien et tendent se compl ter physiologiquement Veillons quand m me garder un esprit sain dans un corps sain La plupart des v los d appartement peuvent se compacter pour tre rang s plus facilement or tant cens nous y atteler r guli rement on pr f rera le laisser bien en vidence Ce qui lui permettra sa moindre intrusion dans notre champ de vision de nous rappeler nos bonnes r solu tions D s que l on a une minute soi chez soi on peut choisir de d penser ce temps sur son v lo d appartement en pensant que c est toujours a de gagn ou plus exactement de perdu puisque cette pens e s adresse bien videmment nos kilos superflus Nul besoin d atteindre un point d arriv e ou de revenir un point de d part L effort d pend du temps que l on veut bien y consacrer Ce temps n est plus relatif un parcours Le temps s est scind de l espace la diff rence du v lo roues le v lo d appartement ne n cessite pas d entretien ni de maintenance particuli re Il ne faudrait pas qu il puisse un jour subir la rudesse du monde ext rieur alors on le garde bien l abri ainsi il ne s alt re ni ne s use notablement Ce n est pas nous d entretenir le v lo d appartement c est lui de nous entretenir Et c est pourquoi sa long vit est fondamentale il se doit de nous survivre de nous user avant que nous l usions Tandis que beaucoup ne tarissent pas d
77. er es seulement je vous remercie Confiture J oubliais la confiture un oubli regrettable c est comme a qu arrive un accident Moutarde Moutarde Ne soyez pas ridicule Un peu de citron c est diff rent Maintenant elle doit marcher Regardez a Elle devient folle Mis ricorde Mon Seigneur Elle est folle Montre folle Montre folle Montre folle Oh le th Vous croyez que c est le th Je parie qu il tait trop fort Il n y a qu un moyen d arr ter une montre folle Deux jours de retard c est ingu rissable 1 Une patraque est une vieille montre d traqu e comme celle que poss de le Lapin Blanc et que le Chapelier Tocqu et le Li vre de Mars pensent savoir r parer P dale Il est admis que le mot p dale vient du latin pes qui veut dire pied et ala qui veut dire aile P dale est donc l aile du pied ou le pied ail Les hommes blouis se voyaient d ja soustraits aux vieilles tyrannies de la nature comme la pesanteur la pression atmosph rique et la marche pied C tait le v lo mancipateur le v lo icarien la p dale a l e enfin comme la sandale de Mercure Il n est pas d fendu d introduire la po sie dans la m canique et Dieu sait que les muses n ont pas craint d enfourcher la bicyclette mais si la p dale est une des pi ces les plus lyriques du v lo elle est d abord la plus dynamique la plus sensible Pef fort de l ho
78. er la carte Ni certificat ni fric Rien Sergi Pamies Distributeur automatique in Aux confins du fricandeau Paris Le Serpent a plumes 1994 p 105 106 El mentaire On conna t depuis l Antiquit les machines simples qui constituent la base du langage classique de la m canique la roue le levier le plan inclin le coin et la vis Mais avec la r volution industrielle ces quel ques caract res ne suffisaient plus a crire les machines complexes de ce nouvel age Il a donc fallu en inventer d autres cr er un alphabet moderne assez concis pour manier un langage nouveau avec aisance et suffisamment complet pour tout r aliser Ainsi tout au long du XIX si cle de nombreux m caniciens ont tent de dresser une nomenclature raisonn e un peu l image du travail scientifique r alis sur la chimie ou les sciences du vivant au si cle pr c dent Ce travail consistait d finir un nombre restreint de m canismes l mentaires dont les multiples combinaisons permettraient de construire les machines les plus com plexes qui soient La constitution de cet alphabet m canique instaure cette discipline en tant qu art combinatoire Depuis l lectronique et l informatique se sont adjointes nos pos sibles techniques Les moyens qu elles mettent en uvre se distinguent totalement de ceux de la m canique elles n ont aucun lien de parent
79. er ou d en r duire la puissance Ainsi la machine automotrice offre un tout autre rapport entre l homme et sa force ext rioris e C est la vapeur qui consacre d finitivement ext riorisation du mus cle Mais la participation humaine est encore consid rable et le si cle de la vapeur est aussi celui o l asservissement du travailleur manuel est le plus crasant En effet la machine automotrice du XIX si cle n a ni cer veau ni main Elle dispose d une force constante mais aveugle Louvrier est en face d elle la main qui porte la nourriture au feu qui pr sente la mati re a l outil qui oriente qui rectifie Et le passage a la motricit industrielle met l ouvrier en pr sence de tron ons de cha nes mesur es au rythme de la machine de s ries de gestes qui le laissent l ext rieur Enfin au dernier stade la main d clenche un processus programm dans les machines automatiques qui non seulement ext riorise l outil le ges te et la motricit mais qui empi te sur la m moire et le comportement machinal Cet engagement de l outil et du geste dans des organes ext rieurs l homme a tous les caract res d une volution biologique puisqu il se d veloppe dans le temps par addiction d l ments qui perfectionnent le processus op ratoire sans s liminer l un l autre Autemps actuel l adaptation n est pas termin e l volution a attaqu un nouveau palier celui de l ext ri
80. es CLAC le pi ge se referme sur elle sans m me lui avoir laiss le temps de sursauter 1 Ambroise Bierce Le Dictionnaire du Diable N o 1987 p 83 Jean Marie Gustave Le Cl zio La Guerre Paris Gallimard 1970 p 154 155 T l phone Et les gestes Est ce que tu fais des gestes Non je n y arrive pas Il n y a pas moyen je ne peux pas gesticuler devant une machine Tu as tort il faut gesticuler Tu dois dire je vais par l et tu dois montrer avec le bras Mais quoi a sert puisque tu ne le vois pas Mais tu ne comprends pas C est le t l phone Le t l phone Ce n est pas n importe quelle machine C est comme la t l vision la radio ou la bagnole Si tu veux comprendre ce que c est qu un rite il faut que tu croies en lui Autrement tu restes en dehors tu comprends Oui peut tre tu as raison il faut que j essaie Ce n est pas n importe quoi le t l phone C est une machine pour heu se confesser tu es enferm e dans une cabine et tu parles tout le monde tu comprends Alors quand je saurai t l phoner avec la voix les gestes et tout a n aura plus d importance qui je t l phone Finalement non a n aura plus d importance a a veut dire que je pourrai m me t l phoner sans personne qui parler Oui m me en faisant des num ros au hasard alors il n y a plus d interlocute
81. es informations qu on y a inscrit Cette forme de manipulation diff re de celles d autres r pertoires dont on tourne habituellement les pages de droite a gauche Un Rolodex n a pas de d but ni de fin on passe aussi bien du B au C que du Z au A Tel un classeur il ne poss de pas un nombre de pages pr d fini celles ci sont amovibles c est a l usager de les agencer Le terme Rolodex a t form par la contraction de deux mots an glais rolling qui signifie roulant et index Il a t cr en 1952 par VPam ricain Arnold Neustadter qui avait d j son actif un bon nombre d inventions en mati re d accessoires de bureau tous d di s a la nota tion et au classement d informations et tous affubl s du suffixe dex l encrier Swivodex la perforatrice Punchodex le Clipodex et l Autodex r pertoire t l phonique qui par un syst me de curseur s ouvre automa tiquement a la lettre choisie C est suite son apparition dans un film a succ s que le Rolodex se fait connaitre du grand public Il figure comme la repr sentation d un large r seau ainsi il devient un symb le de puissance et de r ussite pro fessionnelle Malgr les outils num riques actuels le Rolodex reste populaire Il s en vend toujours plusieurs millions d exemplaires chaque ann e Des pro grammes informatiques ont m me t cr s afin de pouvoir imprimer soi m me des cartes perfor es compatibles avec
82. estiques remontent incessamment le poids de ce rouage C est presque un mouve ment perp tuel dont on a jamais s occuper L o d autres n auraient vu qu agitation en ces d placements it ra tifs Robert Houdin lui y a vu une force perdue ou pour mieux dire non utilis e l instar de ses pr c dents coups il est bien le seul avoir connaissance de l astucieux proc d mis en place Par contre cette fois ci il n a pas de spectateur il n y a que Robert Houdin qui puisse constater la bonne marche de sa manigance Ce qui lui permet sans tre inqui t le moins du monde de piper les aiguilles et le tocsin sa convenance Lorsque je veux avancer ou retarder l heure de mes repas je presse secr tement sur certaine touche lectrique plac e dans mon cabi net et j avance ou retarde mon gr les cadrans et la sonnerie de la mai son 1 Et Robert Houdin tr s satisfait de se f liciter de la fiabilit de ses installations bien huil es Mon concierge lectrique ne me laisse donc plus rien d sirer Son service est des plus exacts sa fid lit est toute preuve sa discr tion est sans gale quant ses appointements je doute qu il soit possible de moins donner pour un employ aussi parfait t Mais au del des services rendus par ses auxiliaires lectriques et m caniques c est autant sa ma trise de la technique et les pouvoirs qu il s attribue par son interm di
83. et le produit d un syst me qui s emploie convertir un mouvement en une repr sentation toute particuli re Pour s y prendre la machine dispose de capteurs bien plac s qui lui permettent de pr lever d un mouvement des donn es de vitesse de temps d en d duire d autres distance calories d pens es Toutes sont imm diatement converties la machine les exprime d s lors en combinaisons de chiffres et de nombres Ne lui reste plus qu les restituer en un agencement de diagrammes et de chiffres versatiles qui sont constamment se supplanter les uns les autres sur une surface qui en devient fr tillante de clignotements Quelle satisfaction de voir le 2 se transformer en 3 Cette surface agitation variable met un simulacre de nos performances sportives Une matrice a capt et crypt un paysage pourtant impalpable En l attente de r sultats perceptibles l effort est appr ci uniquement pour ses coordonn es Les performances sont essentielles mais pour tre efficace l astreinte se doit avant tout d tre r guli re Quant aux aficionados du petit cran autre paysage virtuel tr s pl biscit ils peuvent tirer parti des tr sors d assiduit qu ils sont capa bles de d ployer l gard d une s rie t l visuelle quotidienne captivante La t l vision propose un paysage dont la contemplation s effectue immo bile et le v lo d appartement immobilise un mouvement tous les deux s accord
84. eune femme charmante Elle me dit que le boulanger n a pas encore livr les croissants Il faut qu Il signor Cavalliere attende un petit moment Je suis tr s honor du titre qu elle me donne Une autre femme qui est derri re un ventaire de corbeillons a patis serie vient la rejoindre et pour me faire passer le temps elles font un peu de coquetterie Je les f licite de leur magnifique percolateur Aussi tot elles le font jouer pour moi C est un tel concert de sifflements de hoquets et de jets de vapeur que nous prenons peur tous les trois Le gar on qui r pandait la sciure vient et r tablit l ordre ou plus exacte ment donne au d sordre un sens plus profond Il m explique que cet ustensile n est pas sp cialement destin distribuer des jets de vapeur et que convenablement mani il est capable de produire sept ou huit sortes de caf Il me laisse entendre qu il est lui en particulier expert en la mati re L dessus les deux jeunes femmes le prennent partie et me font juge Nous d cidons de mettre ce gar on au pied du mur C est un endroit o il va volontiers On aligne quatre tasses sur le comptoir car de toute vidence nous sommes quatre copains engag s dans une affaire qui ne porte pas rigoler Apr s une premi re manipulation qui me semble moi fort habile nous avons une rasade Le gar on me demande ce que j en pense C est de l excellent caf Tourn vers les dames il triomp
85. fficilement qu il puisse encore flancher Ainsi la seule excuse encore digne d absolution et irr pr hen sible reste celle qui pr texte un dysfonctionnement technique m me si elle est parfois douteuse En se servant d une panne de r veil comme alibi l homme moderne atteste se soumettre l ascendant de la techno logie et fait valoir son assujetissement comme la raison de son retard Certes accuser la technique est une conduite d excuse qui revient faire de la technique une force qui nous d passe mais c est justement en allant dans le sens de ce discours que sous couvert de soumission le retarda taire l gitimise son laxisme Il revendique les d faillances d un syst me qu on lui a impos pour mieux s en affranchir Face aux exigences exigu s de la soci t moderne la d faillance technique est une des seules br ches qui permette encore de se d gager une certaine marge de manceuvre Non sans une certaine lachet il n aura qu a dire que son r veil n a pas sonn Je passe dans un tunnel a va couper Feindre une configuration a laquelle les limites techniques se heur tent est une porte de sortie toute trouv e pour s extraire de l absoluit des commodit s que la technologie a instaur es tre court de batterie est une autre porte d rob e pour ne pas avoir a expliquer a son interlocuteur qu il est temps d abr ger la conversation Roland Barthes Incidents Paris Seuil
86. formance Alors que le fonctionnement d un automate doit rester myst rieux pour que l effet voulu se produise qu est ce qui dans l int r t de l utilisation d une machine justifie la censure de ses moyens La vuln rabilit de leurs m canismes d licats para t une raison valable ce que ces objets destin s la manipulation se parent d une solide carapace On peut aussi avancer des crit res de s curit et d esth tisme Seulement cette peau tendue sur les machines reste outre son aspect fonctionnel un cran opaque a la compr hension de leur fonctionnement autant qu la possibilit de suivre leur volution Mais il est aussi des machines sans int riorit qui livrent au regard le jeu des transmissions et des transformations qui s accomplissent en elles 6 qui d voilent le spectacle de leur fonctionnement Cependant lorsque les moyens sont exhib s lorsque la machine laisse tout para tre il y a constatation mais pas forc ment compr hension Soit ces rouages parlent l usager et il se sentira de connivence avec l appareil soit il en voudra cette machine qui en faisant talage de ses savantes intrica tions le met face son ignorance et arbore l ascendant qu elle a sur lui Alors est ce par humilit ou par peur d effrayer que certaines pr f rent ne rien laisser para tre et que l usager s en tienne sa superficie Au del du fait que la machine nous
87. he De l excellent caf disent elles Et apr s Tout le monde sait qu on fait ici le meilleur caf de Brescia Qu a cela ne tienne voici une deuxi me manipulation Celle l j avoue qu elle me laisse un tantinet pantois Il faut la fois soulever un couvercle abaisser un levier tourner une roue fermer un robinet et donner un fort coup de poing sur une p dale La machine rue comme un cheval de rod o Les jeunes femmes s cartent Le gar on les rassure avec un bon sourire et d une voix de capitaine courageux il leur dit d approcher les tasses Nous avons une deuxi me rasade C est de l excellent caf Non non non on me fait remarquer le l ger cerne dor qui reste sur la tasse Suit une conversation anim e en termes techniques o j ai un r le muet Les jeunes dames ont l air compl tement subjugu es Le gar on a ce triomphe modeste si insupportable celui qui ne triomphe pas Entre un client v tu d un long imperm able mastic On le fait galement juge Il a un vocabulaire technique gal celui des trois sp cialistes sinon m me sup rieur C est lui qui d couvre dans le l ger cerne dor les tra ces d une ondulation onctueuse Il fait claquer sa langue contre son palais pour bien faire comprendre tout le monde en g n ral et moi en particulier que c est l que se trouve la saveur exceptionnelle Jean Giono Voyage en Italie Paris La Palatine 1983 p 25 Poubelle a p dale
88. hnique Choisir l ordre alphab tique comme pr cepte de mise en forme c est s imposer d lib r ment une contrainte En effet cela implique que le contenu ait s y accommoder Cette conciliation exige d valuer les marges de man uvre inh rentes la r gle instaur e D s lors ces miscellan es ne proc dent pas de propos isol s elles sont poreuses participent un m me mouvement aux m mes man uvres en marge elles se r pondent se recoupent selon leur positionnement elles anticipent voquent celles venir ou font cho aux pr c dentes L articulation de ces r ciprocit s et de ces causalit s par del l ordre alphab tique fa onne alors un syst me signifiant une machinerie qui laisse affleurer ce qui pourrait tout comme ce qui ne pourrait pas rentrer dans le syst me Pour les raisons tout juste voqu es la r sultante compara t donc visi blement fragment e et apparemment disloqu e On y passe du coq a l ane puis de l ne au coq C est pas du tout cuit Lincommodit a bien des torts et elle n en est pas moins honorable Si pour nous la technique c est de l h breu et que nous acceptons de le perdre dans cet imbroglio c est pour mieux le retrouver plus loin ainsi on prend part avec connivence au d nouement de cet enchev trement Enoncer une pens e selon la trame d un ab c daire c est la d mon ter pour la remonter en un nouveau syst me symptomatique libre d
89. i appartient de plus en plus Le r frig rateur la t l vision le magn toscope trouvent ainsi leur terroir En vain les journaux les radios les m dias demandent a Voyelle de s expliquer Et la soci t est contrainte de laisser ce hors la loi combler en toute impunit les trous historiques de ses d terminismes Jean Luc Coudray Le Travail de Voyelle in Pour penser la Technique Alliage n 21 1994 p 207 208 Jetable Le jetable c est l appareil photo des sorties scolaires et des colonies de vacances Parce qu il n est m me pas question que papa nous pr te le sien auquel il tient comme la prunelle de ses yeux et qu il ne sort que pour les grandes occasions Celui ci fera bien l affaire Le jetable c est l appareil des petites occasions qu on immortalisera en 27 photos dont 3 offertes Et pour les moyennes occasions on pourra en acheter deux Le jetable c est l appareil qu on peut se permettre de fourrer n gli gemment dans son sac a dos c t du pique nique Et c est bien pour cela qu il ne faut jamais r armer son jetable juste apr s avoir pris une photo Ne pas anticiper la photo mais attendre qu elle se pr sente Car le m canisme remont aura vite fait d tre malencontreusement d clench au moindre contact entre le bouton fleur de peau et la bouteille d eau Le jetable c est celui dont les photos d insectes r v leront qu il ne fait pas la mise au point quant celles prise
90. i favo rise le d p t des reliquats kantiens dans le chemi nement des id es pures et du gaz en soi d j fort obscurci ne vous rien celer de calamine h g lienne en d pit des refoulements freudiens de vos pistons Pour tout dire dans la mesure o le per mettrait le coefficient p ripat tique de votre car burant j encouragerais tant soit peu les latences affectives du joint de culasse et ne tarderais pas a faire psychanalyser le pont arri re que je soup onne inhib par une s quelle d onirisme consis tant Oui vidanger les complexes Et dites vous bien que la plus nitzsch enne des compressions ne saurait pr valoir contre un ch ssis manifestement tent par les solutions de l h donisme Enfin con seil banal ne confondez pas l essence tourisme avec l accident d fini par saint Thomas Selon Saint Thomas d Aquin l accident est ce qui est ajout une substance l accident ne peut exis ter qu en pr sence d une substance Jacques Perret Le V lo in Le Machin Paris Gallimard 1955 p 59 62 Dissimul La machine est un spectacle Les r alisations des constructeurs d automates du XVIII si cle en sont probablement l illustration la plus loquente A cette poque la d mocratisation des sciences amorc e par le si cle des Lumi res pr ne la fin de l obscurantisme et d mystifie les croyances fumeuses Des m caniciens comme Jacques de Vaucanson
91. ie invraisemblable ses traductions l emporte pi ce et ses sch mas incompr hensibles mal plac s ou d contextualis s n est rien d autre qu un complice objectif de la machine et non un alli de l usa ger Les modes d emploi sont tout aussi ind chiffrables que les textes de loi J ignorais totalement de quelle fa on m adresser son acolyte le magn toscope Plut t fi re je me refusais l avouer en public Alors je me suis lanc e dans l tude de son mode d emploi Pas longtemps D s les premi res phrases je fus indign e Pour qui me prenait on Je suis assez sentimentale et quand on me parle par exemple de s lection de fonction de matrice st r o ou de prise fictive et j en passe mon c ur se serre de solitude Le mode d emploi suppose qu en disant le faire en mettant des mots sur les actions les difficult s d utilisation seront r duites Il pr tend guider l usager et lui dire exactement quel sera son parcours Il tente pour cela de d crire une manipulation mais l criture n est peut tre pas e mode de pr dilection de la transmission d un savoir faire qui s exprime par des gestes Le mode d emploi est par exemple incapable d expri mer la dur e d une pression sur une touche Il ne peut r p ter sans cesse qu appuyer sur cette touche signifie implicitement rel cher la touche Il ui est difficile de faire se coordonner des mouvemen
92. ien son pingle de ce jeu Jouez avec mod ration ou il vous plumera Napol on en tait tellement conscient que soucieux de prot ger son peuple vuln rable il a impos aux casinos de toujours lire domicile a proximit d un point d eau Par cette injonction il ciblait les lieux ou argent coulait a flots les stations baln aires qui taient les ghettos de a bourgeoisie de l poque Mais cessons ici d tre vieux jeu faisons nous jeu des pr cautions poussi reuses de notre lointain Empereur et de tou te simagr e mal plac e pour se pr ter enfin au jeu que le hasard nous r serve En effet les casinos se sont d mocratis s depuis tout en conser vant leurs d cors de grand apparat le tapis rouge est toujours de mise Et il est encore d actualit et de bon ton de soigner sa pr sentation seu lement l tiquette a t consid rablement all g e et l on ne refusera pas l entr e l as de pique La maison vous souhaite la bienvenue Les portes s ouvrent et devant vos yeux blouis et vos oreilles abasourdies s tend et s entend le parc des machines sous Les casinos ont b ti leur fond de commerce sur une ima ge commun ment admise mais l g rement d fra chie du luxe en misant sur l opulence le clinquant et le tape a l ceil plut t que sur le calme et la volupt Ce d ballage plus ou moins contr l contribue a rendre bien particuli re l atmosph re qui r gne en ces lieux il fait indissocia
93. ieozahhxjaaow awhxwixzdejanea jfp biiykbbpxabxiyxjy efkbofb kggacjjzlccqybcyjzykzafglcpgec lhrbdkk mddrzcdzk zl bghmdgqhd miscellan es de la machinerie njtdfmmbnfftaefambanbdijnfsjf okuegnncoggubfgbncbocejkogtkg plvfhoodphhvcghcodcpdfklphulh qmwgippeqiiwdhidpedqeglmqivmi rnxhjqqfrjjxeijeqferfhmnrjwnj soyikrrgskkyfjkfrgfsginoskxok tpzjlsshtllzgklgshgthjoptlypl uq kmttiumm hlmhtihuikpqumzqm vralnuujvnnaimniujivjlqrvn rn wsbmovvkwoobjnojvkjwkmrswoaso xtcnpwwlxppckopkwlkxlnstxpbtp yudoqxxmyqqdlpqlxmlymotuyqcuq zvepryynzrremqrmynmznpuvzrdvr wfqszzo ssfnrstnzon oqgqvw sews axgrt pbttgosuo poaprwxbtfxt byhsuaagcuuhptvpaqpbqsxycugyu czitvbbrdvviquwgbracrtyzdvhzv d juwceccsewwjyrvxrcesrdsuz ewi w eakvxddtfxxkswysdtsetv afxjax fblwyeeugyyltxzteutfuwabgykby gcmxzffvhzzmuy ufvugvxbchzlcz hdnt ggwi nvzavgwvhwycdi md miscellan es de la machinerie astrid hauton m moire de fin d tudes sous la direction de C dric de Veigy Ensci Les Ateliers 2010 Ab c daire Abracadabrantesque Accident Alexandre le Bienheureux Animisme Appareils Automatisme Auto mobile Bibliographie Bidouilleur Black out Bobinette Branch Bruit Bureaux Comp tences Comptine Confiance D clic D faillances D multiplier D tournement Diagnostic Dissimul Distributeur El mentaire Epluche pomme Ext riorisation Fatalit Fer a friser le persil Flipper Gr sillement Grincement HS Incantation Insaisissable Interf rences Inventer
94. il plongea sous le capot ausculta palpa percuta se redressa enfin pour formuler son di ic R tention biliaire dans le carburateur dit il et pr sence de calcul dans le gicleur lithiase para schisteuse L insufflation serait inop rante il fau dra sonder Je ne vous cacherai pas en outre que l tat g n ral est mauvais Vieille cirrhose du bloc moteur avec ulc ration des segments scl rose en plaques des accus et soupapose chronique J ai vu d j dans ma client le de pareils cas d ovalisation du gros colon par encalaminage des pylores d ad mission Je note galement des panchements de synovie aux t tes des bielles une tendance Par thrite au niveau du delcoide et un ced me du vile brequin qui m ennuie un peu Je prescris d abord un graissage l huile menthol e deux cuiller es soupe au d part En cours de route l ger massage de l arbre came et jusqu nouvel ordre di te lact e soixante octanes hormonis es Avant de s loigner le praticien tapota le pneu arri re droit puis d plia son mouchoir et colla une oreille dessus Au bout d un instant il se redressa en d clarant avec une moue que mon pneu tait bacillaire Suppression des rustines ordonna t il tout net et changement d air Cependant un deuxi me personnage au teint h l s approchait son tour et d une voix bourrue mais sympathique affirmait que gr de la sorte je ne pouvais ch
95. iminuer comme une peau de cha grin s installe alors un sentiment de d saffection et telle une fatalit il se r sout cohabiter avec elles Pour que la machine puisse r pondre pertinemment la singularit de sa demande il faut que son programme permette de la prendre en consi d ration C est pourquoi Jean Baudrillard et Gilbert Simondon s accordent dire que la v ritable fonctionnalit ne correspond pas un surcro t d automatisme mais au contraire au fait que le fonctionnement d une machine rec le une certaine marge d ind termination La pr sence ou non de cette marge d ind termination permet d tablir un crit re de distinction entre les machines dites ouvertes car sensibles une information ext rieure et les machines ferm es Simondon pr cise que l existence d une marge d ind termination qui laisse la machine ouverte doit tre entendue comme l existence d un certain nombre de phases critiques dans son fonctionnement la machine qui peut recevoir une information est celle qui localise temporairement son ind termina tion des instants sensibles riches en possibilit s 1 Gilbert Simondon Du Mode d existence des objets techniques Paris Aubier 1958 p 138 2 Jean Baudrillard Le Syst me des objets Paris Gallimard 1968 p 155 3 Gilbert Simondon ibid p 11 et Jean Baudrillard ibid p 156 4 Jean Baudrillard ibid p 156 5 Gilbe
96. is Vincent Thomas Fantasmes de mort et technologie de pointe in Les Rh toriques de la technologie Traverses ditions de Minuit n 26 oct 1982 p 45 4 Ibid 5 Jacques Ellul Le Bluff technologique Paris Hachette 1988 p 392 6 Ambrose Bierce Le Dictionnaire du Diable N o 1987 p 23 7 Bruno Paradis ibid p 70 8 Paul Virilio Exposer l accident in Les Rh toriques de la technologie p 39 Pendant quinze jours il me donna toute satisfaction sauf que l improviste mon coup de p dale s emballait a vide avec un bruit de catastrophe Angoissante impression de perte de vitesse l homme n est plus ma tre de la machine la cha ne et le pignon vident leurs querelles sous ses pieds impuissants il ne peut que p daler b tement dans le n ant comme frapp d un ch timent mythologique en attendant que s accrochent nouveau le maillon pr caire sur la dent de fortune Jacques Perret Le V lo in Le Machin Paris Gallimard 1955 p 80 Alphonse Allais uvres Posthumes 1877 1905 Robert Laffont Bouquins Paris 1990 p 204 TERRIBLE ACCIDENT Un troupeau de locomotives sauvages par qu dans les hangars de Versailles s tait chapp la nuit derni re et s est dirig toute vapeur vers Paris Ce troupeau apr s avoir d vor compl tement le pont d Asni res et ravag une douzaine de villas a pris la direction de l
97. is si aucun de nous n tait respon sable comment la machine s tait elle soudain retrouv e hors d tat de nuire Pour la x fois on fit appel au service de maintenance qui nous envoya un de ses agents d intervention et on lui posa la question croire qu il ne le savait pas vraiment lui m me il s embrouilla dans des expli cations obscures voquant tant t les consommables tant t un circuit d faillant Le refrain habituel quoi Alors nous lui fimes notre hochement de t te habituel quoi Incantation S same ouvre boite Insaisissable Il existe un myst re la fois extraordinaire et tout fait banal Tous les hommes le partagent chacun le connait mais bien peu cherchent l approfondir la plupart ne s en tonnent pas le moins du monde Ce myst re c est le temps Pour le mesurer ce temps il y a les montres les calendriers Mais cela ne signifie pas grand chose chacun sait qu une heure peut para tre interminable ou passer comme un clair tout d pend de ce que l on vit pendant cette heure pr cis ment 1 En ce qu il est insaisissable le temps se d robe toutes nos tentatives de le retenir de le ma triser ou m me d en produire L homme n a pas encore invent la machine allonger le temps Pour contrecarer cette imparable vanescence une alternative a consist produire des machines et des appareils qui en se substituant nous s efforceraient de nous
98. it Il envoya un troisi me coup de poing si fort cette fois ci que la plaque Chaffoteaux et Maury tomba par terre Il s affola Il avait caboss la t le et maintenant le bruit augmentait progressive ment Ecartant son visage il refit les op rations dans un tat d me o se m laient l espoir d une nuit sans froid et la peur d une explosion qui le d capiterait Cette fois il gagna en l chant le bouton la flamme demeurait comme si c tait la chose la plus simple du monde Il se sentit un peu g n car il lui semblait qu il avait d faire quelque chose de travers pr c demment puisque mainte nant tout avait t si facile Il regarda la t le bos sel e et ramassa la plaque Il ouvrit chaque radia teur Plus relax il alluma la t l vision Des lignes Il essaya de bouger l antenne Les lignes se trans form rent en un tissu de grains qui bougeaient constamment comme de la neige fondue Il se rappela que l on captait tr s mal les missions Il tourna l interrupteur et h sita sur le nom du bouton qui dans un t l viseur a les m mes fonc tions que l interrupteur dans un poste de radio Finalement il lui sembla que les images taient d une qualit sinon correcte du moins accep table tant donn les conditions et le lieu Il poussa le bouton de PUHF L cran tait lac r de lignes transversales Il refit les op rations essaya d ajuster l image Peu a peu apparut au milieu d
99. l atoires a fait correspondre une donn e chiffr e qui a instantan ment d termin un r sultat La machine utilise ensuite des moteurs afin de faire tourner les rouleaux puis de les arr ter en une configuration correspondant ce r sultat Autrement dit un programme est charg de recr er l illusion du temps de latence qui relevait d une r alit m canique D s lors les rouleaux n ont plus d utilit que de maintenir dans l esprit du joueur la m taphore d une m canique du hasard Ainsi celui ci continue d prouver cette trange exaltation a d pendre de la d cision d une machine a se soumettre a son bon vouloir d s lors qu elle lui fournit la dose de suspense et d adr naline qui motive lacte de jouer et qui contribue en grande partie ce que les gagnants reviennent se faire la main et que les perdants titill s par ce coup du sort repassent le lendemain Ainsi en changeant de technologie la chronologie des v nements qui r gissait le protocole du jeu ainsi que les relations de cause a effet qui articulaient ces v nements ont t boulevers es L introduction de lectronique et de l informatique a proc d a une redistribution des r les entre les diff rents l ments constitutifs de la machine En passant du evier au bouton le geste d clencheur a perdu de son ampleur il s effec tue avec moins d efforts et plus de rapidit ce qui permet d enchainer les parties avec une certaine i
100. le bo te ordures dont on se prend penser que son couvercle s ouvre par la force du Saint Esprit mais tout le m rite revient en r alit une force venue de plus bas Ces derni res s empressent alors de r pandre la bonne nouvelle comme une tra n e de poudre et celle ci est parvenue jusqu nos cuisines et nos salles de bain o elle a fait des mules Ce concept a donc depuis g n r bien d autres mod les qui utilisent le m me syst me m canique Celui ci consiste transformer et transmettre PRimewe VIENS voie T u m QUE JE PEUX FAIRE MOI NEURE ORSU ey ie ROUBEUE DE DEUX SEMAINES a Andr Franquin Gaston Lagaffe album n 19 Dupuis 1999 Jacques Tati Playtime 1967 une force engendr e par une pression au niveau de la p dale pour qu elle s applique un peu plus haut au couvercle et le mette en mouvement Seu lement chaque dispositif poss de sa propre sensibilit m canique car en transformant l effort il absorbe au passage plus ou moins de son intensit C est pourquoi pour chaque poubelle p dale comme pour chaque objet ou instrument p dale il faut apprendre doser sa force Une p dale est un variateur qui fait voluer un objet d un tat vers un autre en passant par tout un nuancier d entre deux alors qu un interrupteur n en autorise qu un nombre tr s restreint et bien d termin Et ainsi toute brusquerie ass n e une poubelle p dale s
101. lement chez soi toute heure du jour et de la nuit comme certains f rus de billard flipper ou autre jeu de comptoir qui transforment leur grenier en un sanctuaire d di leur passion Apr s tout l int r t de cet objet ne tient il pas au fait qu il ne nous appartient pas Pensez tout l argent qu il contient ce n est pas non plus le n tre du moins pas encore car l espoir de tout joueur est bien d en changer la donne Quant au propri taire de la machine sous et de son contenu pour le moment et jusqu ce que le vent tourne c est l tablissement du casino Un casino pourrait se pr senter lui m me comme une version l g rement modifi e mais tr s dulcor e des tablissements bancaires que l on conna t notez le revirement de d cor litt ralement blouissant L tablissement est toujours sous haute surveillance mais ici plut t que d tre dissimul s pr cautionneusement les coffres forts sortent le grand jeu ils sont expos s racoleurs et invitent tout un chacun tenter de sortir le bon code pour ainsi soit il toucher le gros lot Approchez et venez saisir votre chance de faire sauter la banque La parole est d sormais a la voix de la raison qui se doit de chuchoter les avertissements en vigueur comme elle s en charge galement pour les publicit s pour boissons alcoolis es Un casino n est en aucun cas une association a but non lucratif c est un miroir aux alouettes qui tire tr s b
102. lui montra non seulement le chauffe eau mais aussi toute la gamme de vieux engins qui taient en panne et les radiateurs un par un Il perdit trop de temps dans les explications l appela pour lui expliquer combien il tait facile de ne pas perturber le radiateur condition de d visser au d but la poign e dans le bon sens l ext rieur l attendait le jeune homme Ensemble ils v rifi rent le bon tat de fonction nement du chauffe eau des radiateurs du moulin caf du frigo et du gril Pour plus de s curit ils contr l rent le rasoir aucun probl me Tous les radiateurs fonctionnaient mainte nant fond l air s emplissait d une chaleur exa g r e Il alluma une cigarette Il se mit taper Il sut tout de suite ce qu il devait crire cette suite de tracasseries qui l avaient angoiss pendant vingt heures Il transpi rait il enleva son tricot et teignit le chauffe eau dans la buanderie Cette fois ci il n eut m me pas peur d avoir fait un geste irr versible Mais soudain une touche de l Olivetti sauta en lair d un bond acrobatique En quelques secondes la machine tait d figur e elle se r duisit une pile de vis de tiges et de res sorts Rolodex Le Rolodex est un r pertoire rotatif compos de cartes perfor es mon t es sur un cylindre En tournant une mollette fix e sur un axe de rota tion on peut ainsi faire d filer l ensemble des fiches et d
103. ment l ensemble de la ville mais s tendre jusqu au Canada Les ouvriers et les employ s devenus impuissants en m me temps que leurs appareils quittent les usines et les bureaux par les escaliers Les rues se remplissent peu a peu de pi tons et s engorgent de voitures car les feux tricolores sont hors service Des centaines de personnes sont bloqu es dans des dizaines de rames de m tro immobilis es Du coup des flots de marcheurs forc s investissent les ponts qui relient Manhattan aux autres quartiers de la ville Les r seaux des op rateurs de t l phonie mobile sont satur s les t l phones portables ne sont donc plus d aucune utilit et les vieilles cabines sont prises d assaut Les centrales de traite ment et d puration ont cess de fonctionner l eau des robinets n est plus potable Le courant n a toujours pas t r tabli lorsque la nuit commence tomber sur la ville dont on dit qu elle ne dort jamais En effet depuis que la f e lectricit a permis l homme de s affranchir du cycle des jours et des nuits impos par la course du soleil l insomnie du monde a com menc Mais dans un m me temps l homme s est asservi au rende ment et aux crit res des machines que l lectricit lui a permis de cr er et de faire tourner Les appareils domestiques sont souvent per us comme des objets isol s et autonomes or tous ces appareils d pendent et d pendront de plus en plus de grands s
104. mme P daler est l op ration de base le premier moteur le moyen et la fin le deus ex machina l action quasi divine dans la perfection circulair et cosmique de sa double rotation Jacques Perret Le V lo in Le Machin Paris Gallimard 1955 p 88 89 Tina wt fr P nible Lorsqu il est utilis pour qualifier une activit l adjectif p nible sp cifie que celle ci est accomplie avec peine c est a dire qu elle requiert de la part de celui qui l ex cute un effort qui lui p se Cette appr ciation ne correspond en rien a un tat de fait il ne peut s agir que d un jugement personnel C est de la distance critique entre gestes et pens es que nait la p nibilit Il n existe pas de p nibilit en soi Chacun la construit en perdant l harmonie avec la routine acquise Sous le regard critique le geste sort alors des profondeurs silencieuses et perd ses automatismes Il devient lourd ressenti par le corps comme un fardeau que l on porte hors de soi 1 Mais les machines en proposant des alternatives beaucoup de nos gestes quotidiens ont dans un m me temps contribu les condamner et les instituer en tant que labeur C est idiot de faire un travail que les machines pourraient faire s exclame Chlo dans L Ecume des Jours de Boris Vian Quand la p nibilit devient un pr texte l abandon de gestes d sormais consid r s comme superflus alors le savoir fai
105. monde dans la journ e C est un fauteuil qui se place devant le bureau du ministre ou du personnage influent qui re oit et sur lequel prend place le solliciteur D s qu il est assis son poids d clenche un mou vement d horlogerie et le fauteuil mont sur pivot commence tourner lentement Il fait un demi tour en cinq minutes Apr s deux ou trois minutes de conversation l importun com mence comprendre qu il est assis de profil il est oblig de tourner la t te pour continuer parler Bient t la g ne deve nant excessive il se l ve et l on en profite pour faire semblant de croire qu il prend cong Si par hasard on se trouve en pr sence si je puis dire apr s cinq minutes de conversation d un raseur incorrigible qui reste assis et vous parle en tour nant le dos il est facile de s clipser et lorsque cinq minutes apr s le solliciteur se trouve de nouveau face au bureau il constate que s on interlocuteur est parti C est l un syst me discret l gant pour conduire les raseurs Il sera tr s appr ci dans toutes les grandes administrations Mode d emploi Dans la pr tendue d mocratie des objets techniques nul n est cens ignorer le mode d emploi Pourtant alors qu il est cens jouer un r le de passeur d un objet vers l univers personnel de l utilisateur t il devient clair d s que l on en tourne les pages que le mode d emploi avec sa terminolog
106. n a plus aucune activit de concentration fournir et ainsi tous nos efforts ne sont plus qu exclusivement d vou s l exercice physique Quelques uns y verront une occasion rare et donc pr cieuse de se vider la t te et d c lent des vertus apaisantes dans cette pratique machinale Or au bout de quelques kilom tres un dilemme pourtant anodin en arrive toutefois a nous per turber en plein acte d introspection Notre regard nous rappelle l ordre et nous pose probl me Alors que nos oreilles peuvent tre tranquillement occup es a couter de la musique nos yeux cherchent d sesp r ment sur quoi se poser En effet apr s avoir fait l inventaire du contenu de la pi ce scrut les fissures au plafond et d couvert au passage plusieurs toiles d araign e pass es jusque l inapercues ils r clament qu on leur procure d autres distractions Car il en est bel et bien ainsi notre esprit en veil est sans cesse en app tit de stimulations ext rieures en qu te d emp cheurs de laisser tourner en rond le petit v lo qu on a dans la t te et qui a d j fait maintes fois le tour de la question A d faut de quoi force est de constater que l ennui s insinue au bout d une dur e qui a bien souvent une longueur d avance sur les 40 minutes d exercice quotidien pr conis es Du fait que la pratique du v lo en appartement annihile tout ph nom ne d interac tion avec le monde et ne sollicite nullement notr
107. n d alimentation ou l appareil lui m me est endommag Sile cordon d alimentation est endommag il doit tre remplac par Philips un Centre Service Agr Philips ou un technicien qualifi afin d viter tout accident Attention Confiez toujours l appareil un Centre Service Agr Philips pour r paration ou v rification N essayez jamais de r parer l appareil vous m me toute intervention par des personnes non qualifi es entra ne l annulation de la garantie N utilisez jamais de caf moulu ordinaire ou des dosettes d chir es dans la machine caf SENSEO car elle risquerait de se boucher N utilisez pas la machine caf avec un transformateur pour viter tout accident Placez toujours l appareil sur une surface stable et plane Ne laissez jamais la machine caf fonctionner sans surveillance N utilisez pas la machine caf une altitude sup rieure 2 200 m La machine caf ne fonctionne pas une temp rature inf rieure 10 C Faites fonctionner l appareil uniquement l eau claire avant la premi re utilisation voir le chapitre Avant la premi re utilisation La chaudi re se remplit d eau ce qui est absolument n cessaire pour le bon fonctionnement de la machine caf N utilisez jamais la machine caf SENSEO avec un adoucisseur d eau qui change les ions de calcium et de magn sium contre les ions de sodium La m re regarde le
108. ndit sur le br leur et le chauffage commen a fonctionner Il v rifia radiateur par radiateur Ils taient froids mais les coups de canon faisaient un tel concert qu il tait vident que bient t la maison serait un paradis Des six radiateurs de l appartement quatre taient d j un peu chauds Un des deux qui ne fonction naient pas tait celui de l entr e il n en avait que faire Mais l autre tait celui de sa chambre Il v rifia s il tait ouvert il l tait Il essaya de d visser la poign e Chercha un tournevis et en trouva un trop petit Il d vissa en for ant Le tournevis se tordit comme un vilebrequin mais la vis tournait vide En tirant la poign e l eau jaillit sous pression comme le jet d un tuyau d arrosage Il arriva difficilement introduire de nou veau la poign e et en le faisant il claboussa les murs qui n avaient pas t touch s la visser avec les doigts et la laisser tranquille coulant goutte goutte et le radiateur teint Il jugea des possibilit s il pouvait fermer la cl de l eau et le r parer mais il avait eu tant de mal faire fonctionner le chauffage qu il ne voulait pas se risquer ce que le chauffe eau lui joue nou veau un mauvais tour Il consid ra ce radiateur comme hors d usage Il donna nouveau un coup d il au chauffe eau tout allait merveille L absence de bruit le r veilla L cran tait blanc il l teignit
109. ndolence Et pourtant c est d sormais ce geste et plus pr cis ment l instant de ce geste et non plus la position des rou eaux qui d termine le r sultat de chaque partie ceux ci se contentent dor navant de jouer une simple mascarade Ainsi c est la finalit de la partie qui est contenue dans ce geste d cisif devenu cependant d risoire Mais cette configuration tacite n est pas anodine en effet elle participe au ph nom ne de d possession que le casino tente d exercer sur le joueur afin que celui ci se d leste naturellement de ses r flexes de protection Ainsi vous ne verrez jamais une horloge dans l enceinte d un casino la course du temps qui passe n est pas perceptible le temps n est plus que suspendu aux doigts des joueurs cette latence du tirage et ce spectacle de l ind termination sans cesse rejou Vous n y verrez pas de fen tre non plus le joueur ne doit pas avoir l impression d y jeter son argent En cr ant la sensation que le temps ne passe pas le casino d poss de les joueurs de leur conscience du temps et comme le temps c est de l argent 1 Par l interm daire de ce g n rateur il a ainsi t possible d attribuer chaque machine un taux fixe de redistribution Selon la loi en vigueur celui ci doit tre compris entre 85 et 99 99 Mais comme s applique l chelle de plusieurs millions de parties il est inutile de croire que l acharnement ou que la d votion consacr e un
110. ne Robert Houdin fut plus connu sous la casquette d illusionniste Chaque soir devant son Th tre des Soir es Fantastiques la foule se bousculait pour se laisser bluffer par ses tours de passe passe ou admirer la dext rit renomm e de ses automates Un tel succ s a contribu a occulter son activit d inventeur Certains d entre vous seront donc peut tre tonn s d apprendre entre autres qu il collabora l am lioration de l ampoule a incandescence et con u un r veil briquet Robert Houdin prit part l Exposition Nationale de 1844 l occasion de cet v nement l un des membres du jury lui conf t sa d ception que celui ci n ait pas appliqu a des travaux s rieux les efforts d imagina tion qu il avait d ploy s pour des objets de fantaisie Par le terme de s rieux ce n est pas l approche scrupuleuse et rigoureuse des travaux de Robert Houdin que cet homme contestait Ce qu il d savouait par la c est la manie que cet inventeur avait de leur donner invariablement la tournure d artifices Il d plorait cet emploi des sciences s alliant la duperie et pr tant son concours au spectaculaire et l abracadabrantes que Cela rel ve d une atteinte au s rieux scientifique Confront es un tel raisonnement les r alisations de Robert Houdin se voient pr ter des allures de frasques et pingl es de fantaisistes Son penchant pour l il lusion qui avait fait sa ren
111. nible ce temps gagn a ten dance servir des activit s qui ont permis cette conomie de temps Ainsi la boucle se referme l individu utilisant la technique pour retrouver ce qu elle lui a fait perdre C est ce qu on appelle soigner le mal par le mal Nous nous sommes impos s des cadences que nous devons d sor mais maintenir co te que co te Et comme on n arr te pas le progr s c est nous de lui courir apr s de nous y accommoder de nous caler son rythme pour ne pas tre distanc s par celui ci et sans cesse le talonner Comme Alice le personnage de Lewis Carroll nous ne pouvons pas nous permettre de reprendre notre souffle si nous voulons rester dans la course Mais quoi reconna tre que l on est arriv si l on ne s arr te jamais 1 Michael Ende Momo Paris Stock 1980 p 69 2 Guglielmo Ferrero Discours aux sourds ditions du Sagittaire 1924 p 48 3 Jacques Ellul Le Bluff technologique Paris Hachette 1988 p 427 4 Albert Jacquard Le Dictionnaire de l ambigu t Paris Seuil 1989 p 98 99 5 Jacques Ellul ibid p 429 6 Ibid p 413 7 Alain Gras Le Bonheur produit surgel in Technologies du quotidien p 23 24 En ce qui concerne les machines elle est prise d une v ritable rage elle en veut toujours plus guette la moin dre nouveaut et agrandit avec le plaisir que procure le sentiment du pouvoir la cohorte de ses esclaves m caniques Elle les ad
112. nnes vacances Automatisme Alors que la relation qui se nouait entre la main et l outil relevait d une accommodation r ciproque qui donnait lieu l acquisition progres sive d un savoir faire l outil s adaptant la main et la main l outil face la machine automatis e notre geste n est plus que d clencheur un pro gramme est venu se substituer cette r ciprocit une action donn e il fait co ncider une r action pr d termin e en amont au moment de sa conception que nous ne pouvons que constater et r it rer ce stade la machine est un geste humain d pos fix devenu st r otypie et pouvoir de recommencement Ce principe d automatisme en faisant correspondre une r ponse un besoin a longtemps t envisag comme la solution de commodit En effet nous rendre la vie plus commode c est bien l la vocation des machines et des appareils qui partagent notre quotidien Or pour rendre une machine automatique il faut sacrifier bien des possibilit s de fonctionnement il faut la st r otyper dans sa fonction En devenant automatique cette fonction s accomplit mais s ach ve aussi elle devient exclusive L utilisateur n a pas la possibilit de faire plier les machines ses d sirs c est lui de s accommoder de leur r ponse d ajuster ses atten tes et de se faire leurs programmes Face un automatisme outranci l usager voit sa marge de man uvre d
113. ns le deuxi me pisode de la saison 4 2 D apr s les sc naristes ces inventions fonctionneraient presque toutes ils auraient m me d rendre plus succinctes les descriptions de fabrication d explosifs pour vi ter les accidents domestiques 3 La bidouillabilit d un objet technique ou d un outil d signe sa capacit a tre d tourn de sa vocation initiale en vue d essayer de lui trouver de nouveaux usages Il se dit aussi d un syst me dont on peut observer le fonctionnement interne pour le comprendre en vue de le modifier La bidouillabilit ne tient pas compte de la l galit de la d marche Le terme bidouillabilit correspond a la traduction fran aise du terme anglais hackability lui m me issu du mot hacker qu un abus de langage r cent surtout dans les m dias a eu tendance a restreindre au sens de pirate informatique Black out Il fait 31 degr s Celsius a New York City en ce d but d apr s midi du 14 ao t 2003 Climatiseurs ventilateurs et ordinateurs tournent plein r gime dans les b timents d affaires du c ur de Manhattan Et puis aux alentours de 16h tous ces appareils s accordent soudain pour s arr ter net pile au m me moment Cela ne fait de doute pour personne il s agit la d une simple coupure d lectricit on en a connu d autres Mais les New Yorkais vont tour tour r aliser que celle ci est d une envergure inhabituelle car elle va toucher non seule
114. nt avec l objet de fa on autonome sans jamais se reporter son mode d emploi on peut arriver a en tirer satisfaction sans savoir jusqu o cela correspond des usages tablis ou non 1 Jean Pierre S ris La Technique Presses universitaires de France 1994 p 5 2 Alain GRAS Le Bonheur produit surgel in Technologies du quotidien p 19 3 4 Jean Pierre S ris ibid Don t think O K N 9002 JoysiagAD anbusummu ozoyd p 1edde mod Auos arteyorqnd susedu Comptine J ai 1 appareil tout en un incroyable Qui ne s y prend pas 2 fois deux mesures En 3 fois rien de temps trois mouvements Il se plie a mes A volont s en quatrieme vitesse Il me re oit D sur cinq me r pond du tac au tac Il m assiste tant et si bien qu en 6 circonvolutions Cet engin a d ja fait tourner fois son vilebrequin Dans son moteur 8 cylindres huil s C est Q fois moins de temps qu il ne faut Pour dire distinctement Que je n ai rien faire de mes 1 O doigts Confiance Il est vrai que les machines actuelles et particuli rement celles qui se disent la pointe de la technologie mettent en uvre des consid rations dont la compr hension chappe la plupart d entre nous Si leur utilisa tion exigeait la totale ma trise de leur fonctionnement technique bien peu y aurait acc s mais nous leur accordons tout de m me notre confiance Il est m me rare que nous regardions de plus p
115. nt de distribu tion automatique Il est deux heures du matin La formule de bienvenue s efface et un texte tr s cour tois appara t qui me prie de former mon num ro personnel d identification J appuie sur les touches correspondantes et la r action de la machine est imm diate et parfaite je dois choisir le genre d op ration Il y a six possibilit s et comme de juste j opte pour celle qui consiste retirer de l argent Je ne comprends pas qu on puisse s int resser aux autres L cran veut conna tre le montant exact Je t che de ne pas me tromper Maintenant il s agit de savoir si tout est correct Je continue Aucun message n est mis pendant un laps de temps mais la fin une phrase digitale m annonce que l op ration est en cours Je men r jouis Je remarque que les entrailles de l engin transmettent mes ordres triturent l information archivent et r sument les donn es en inscriptions minuscules parmi lesquelles on peut noter la succursale le jour et l heure Le texte change Mais le fric ne sort pas Le message revient par intermittence en combinai son avec d autres qui m informent que la centrale veut savoir POURQUOI je veux retirer de largent deux heures du matin Comme il n existe pas de touche qui permette l usager de les envoyer chier j essaie de garder mon calme et j attends les instruc tions suivantes L engin tremble comme une machine 4 laver et m ordonne de retir
116. offre ou non la possibilit de comprendre son fonctionnement c est l honn tet qu elle d montre dans sa d marche de dissimulation ou d exhibition qui va influer sur le sentiment de proxi mit que pourra ressentir l usager et sur le type de relation qu il va tablir avec elle Autant les automates dissimulaient leurs subterfuges autant ils ne s en cachaient pas Le spectateur d cidait donc de se laisser prendre au jeu ou non Dans cette configuration c est avec son consentement qu il se laissait berner et n avait donc pas le sentiment d tre abus Quant a l appareil photo qui est l exemple type de la bo te noire si celui ci nous fait des cachotteries quant la fa on dont il proc de cela se justifie par les contraintes inh rentes au proc d qu il met en uvre Par contre la machine grappin qui se montre sous des dehors avenants profite de son habillage pour y dissimuler des stratag mes malveillants Quant la tapette souris ou l installation d Alexandre le Bienheureux elles en restent leurs plus simples appareils 1 Jean Pierre S ris La Technique Presses universitaires de France 1994 p 157 2 Ibid p 153 3 Ibid 4 Thibault Honnet Civilisation de la panne 1994 p 59 5 Ibid p 59 6 Jean Pierre S ris ibid p 153 Distributeur J INTRODUIS LA CARTE l endroit indiqu et j attends L cran s allume pour me souhai ter la bienvenue au service permane
117. omm e dans le monde du spectacle avait donc son pendant dans le domaine de l objet utile En 1852 Robert Houdin se retire d finitivement de la sc ne et part s installer au domaine du Prieur Saint Gervais pr s de Blois En ce lieu qu un de ses amis rebaptisera par la suite l Abbaye de l Attrape il imagine et arrange plusieurs dispositifs en fonction de la vie qui s y d roule Lun d eux a t con u dans l int r t de pouvoir remplir automatiquement les fonctions d un concierge Ainsi nonc e cette installation semble destin e accomplir distance l ouverture de la porte du domaine puis sa fermeture apr s l entr e du visiteur Dans ce cas elle serait en quelque sorte l anc tre de nos portes ouverture automatique La porte doit bas culer d une position a une autre d un tat a un autre ouverte ferm e ouverte ferm e Il s agit donc d un m canisme binaire on ne peut plus l mentaire Mais Robert Houdin n est pas du genre se contenter d un fonctionnalisme d pouill il s ing nie donner chacun des dispositifs du Prieur la tournure d un v nement fantastique inattendu doubl d un usage ing nieux La porte des visiteurs est peinte en blanc Sur cette porte immacul e appara t hauteur d il une plaque en cuivre dor e portant le nom de Robert Houdin Au dessous un petit marteau galement dor une petite t te fantastique et deux m
118. on n cessaires et sans doute chappait la connaissance encyclop dique Outil outil murmura M Guesdon il n est pas du tout s r que ce soit un outil En tout cas il n est pas rien qu un outil ajouta t il en haussant la voix pour s couter un peu parler la rigueur il pr senterait les apparences d un ustensile mais certains moments je suis d rout comment Jacques Perret Le Machin Paris Gallimard 1955 extraits p 13 34 dirais je par l esp ce de gratuit intrins que sous le masque de l usuel et frapp aussi bien par l har monie des volumes visiblement con us dans l espoir d un chef d uvre Objet peut tre murmurait M Guesdon mais plut t machin machin visant l objet Pas facile mais on l aura Malgr sa pr tention vidente au particularisme ce n est pas une chose unique la bor e par dilettantisme ou pour tel besoin occa sionnel et personnel Non il y a eu des gens pay s pour faire a en atelier ou fa on avec un prix de revient L opinion selon laquelle il pouvait s agir d un prototype en souffrance dans l absolu d une ma quette cherchant sa voie ou d une anticipation ind termin e fut recueillie au minist re de la Pro duction Industrielle de la bouche pinc e d un de ces petits sous directeurs qui jouent d j aux pon tifes en consid rant tout objet manufactur comme une esp ce d abstraction r cr ative Dans le tumult
119. on neveu une pastille au menthol dans une bonbonni re ressort qui elle aussi fit p ter son d clic Un troisi me et dernier d clic beaucoup plus d licat fut obtenu par la montre savonnette Jacques Perret Le Picnic in Le Machin Paris Gallimard p 119 Tina wt fr D faillances Excusez moi du retard c est mon r veil qui n a pas sonn Cette phrase a servi si souvent d excuse qu a force d en user et d en abuser elle en a perdu toute cr dibilit A en croire les retardataires c est la faute de l appareil si celui ci n a pas fonctionn A contrario il arriverait parfois que celui ci se d clenche de lui m me sans qu on ne lui ait rien demand J ai rien touch le coup est parti tout seul Ce qui sous entend qu il s agit d un accident l initiative m me de l appareil qui pourtant ne poss de pas de libre arbitre D cid mment la technique a une f cheuse tendance se d rober et nous jouer bien des tours Mais qui n a jamais utilis un tel alibi Qui ne l a jamais incrimin e pour se d charger de la lourde responsabilit d une mauvaise manipula tion non intentionnelle L excuse de la d faillance technique sert bien souvent de couverture la d faillance humaine Revenons en au cas du r veil La technique en fournissant l homme moderne tous les moyens d tre irr prochable a rendu par la m me ses manquements ill gitimes On lui conc de di
120. onctionnement de l appareil Il s agit la de ce qu on appelle des dysfonctionnements ceux ci affectent son tat a diff rents degr s Parmi eux on trouve a marche moins bien ca marche encore ca marche de temps en temps a marche presque plus Avant d tre mis au rebut ces appareils peuvent tre r par s ou rafistol s avec les moyens du bord les moyens de fortune ou ce qu on a sous la main Ainsi leur temps de vie sera prolong Tiendra le temps que a tiendra Apr s tout tant qu on arrive faire en sorte que l appareil accomplisse plus ou moins efficacement son devoir pourquoi le remplacer La r paration peut tre d finie comme le processus par lequel nous rendons un objet en totalit ou en partie les caract ristiques techni ques structurelles d usage de fonctionnement ou d apparence que cet objet a partiellement ou compl tement perdues Quand on r pare une relation complexe s tablit avec l objet qui d passe le simple fait de se servir dun produit D une certaine fa on la r paration quilibre la d pendance de chacun aux objets pla ant ceux ci dans une position de d pendance notre gard C est dire que le pouvoir qu impose l objet l usager travers ses limitations est contrebalanc par intrusion volontaire d une technologie port e par l usager Le r parateur violente la technologie de l objet et l accommode selon ses besoins Au
121. oquilles innombrables qui pour d barrasser les individus des t ches inutiles l ont aussi d barrass de sa propre repr sentation Leroi Gourhan se demandait d j ce qui resterait de l homme apr s que celui ci aura tout imit en mieux Il craignait que dans mille ans l homo sapiens ayant fini de s ext rioriser se trouve embarass par cet appareil ost o musculaire d suet h rit du Pal olitique 1 Extraits de Andr Leroi Gourhan Le Geste et la Parole La M moire et Les Rythmes Paris Albin Michel 1964 p 41 a 49 2 Ibid p 75 3 Ibid p 58 4 5 6 7 8 Anne Cauquelin Lettre aux frictionnaires in Traverses n 26 oct 1982 p 154 155 9 Andr Leroi Gourhan ibid p 52 Fatalit Ah les maudites machines Elles sont l et l on ne peut pas faire comme si elles n y taient pas Jean Claude Kaufmann Les Deux mondes de la vaisselle in Technologies du quotidien la complainte du progr s Autrement 1992 p 39 Fer a friser le persil Comment a vous n avez jamais entendu parler de fer a friser le persil auparavant Peut tre n avez vous jamais travaill dans la restauration et donc jamais eu a friser du persil Car aux dires du Chef qui ne se rappelle jamais o il a bien pu le mettre ledit ustensile s av re absolu ment indispensable a une telle op ration Ainsi combien de jeunes ser veuses d vou es et d apprentis cuistots serviable
122. ore pour leur ob issance docile pour le doux ronronnement de leur fonctionnement qui d multiplie sa propre vie Oui c est cela elles lui donnent de la vie en plus Elle ne cherche m me pas calcu ler le temps qu elle gagne vraiment et s il est vraiment bien cer tain qu elles lui permettent d en gagner L important est de les com mander d appuyer sur le bouton d entendre pas trop fort leur mouvement Cela suffit pour la convaincre de la r alit du temps conomis pour la vraie vie Jean Claude Kaufmann Les Deux mondes de la vaisselle in Technologies du quotidien la complainte du progr s Autrement p 36 37 Michael Ende Momo Paris Stock 1980 p 81 Permettez moi alors de vous souhaiter la bienvenue en tant que nouveau membre au sein de la grande communaut des pargnants de temps dit l agent en se levant A partir de maintenant vous tes vraiment un homme moderne un homme d avant garde Je vous en f licite Dix fois par jour la radio la t l vision et les journaux expliquaient et vantaient les avantages de nouvelles trouvailles pour cono miser du temps et ainsi garantir la libert et la vraie vie pour les temps a venir Des affiches avec toutes sortes d images du bonheur avaient t coll es sur tous les murs des maisons et les colonnes Morris avec des slogans comme LES EPARGNANTS DE TEMPS VONT TOUJOURS MIEUX OU L AVENIR APPARTIENT AUX EPARGNAN
123. orisation du cerveau le surpassement a gagn la bo te cranienne et du point de vue strictement technologique la mutation est d j faite Cette id e est partag e par Anne Cauquelin qui dans un article publi en octobre 1982 dans la revue Traverses d crit aussi ce ph nom ne Tandis que je tape n gligemment sur mon clavier les anciennes facult s qui composaient l me se trouvent en dehors de moi ily a l un lexique un pr cis d orthographe les r f rences n ces saires qui s inscrivent en marge de mon texte et les images que je choisis sont tri es par le dictionnaire des m taphores que le centre m a allou 1 S op re ainsi une mise en dehors des op rations jadis effectu es dans la pens e Par l interm diaire d appareils technologiques hautement sophistiqu s tels que l ordinateur l homme en est venu ext rioriser ses facult s intellectuelles il n a plus besoin d accumuler les donn es dans son cerveau celles ci et bien d autres sont stock es dans ses devices Il n a plus besoin de se creuser les meninges pour accomplir des op rations qu un ordinateur effectue bien mieux et bien plus vite que lui Ainsi par le biais de ces organes ext rieurs substitutifs et annexes il tend mettre hors de lui sa parole son langage les consid rant la fois comme n ces saires et excentr s Seulement il ne peut se former aucune image int rieure au milieu de ces c
124. ou Jean Eug ne Robert Houdin se prennent manigancer des tours et des escamotages ils mettent leurs savoirs au service de l extraordinaire du fabuleux Et leurs spectacles respectifs d automates enthousiasment les foules alors qu une autre poque ils auraient t qualifi s de sorciers pour moins que a Car c est seulement en toute connaissance de cause que l homme se laisse duper et en prouve du plaisir Il doit avoir conscience qu il y a une explication plausible mais que celle ci lui chappe L auto mate et toute la surcharge de mise en sc ne qu il d ploie d montre au spectateur que la solution est l devant lui qu elle est juste inaccessible Lorsque les moyens sont camoufl s la compr hension n est pas sollicit e on ne peut avoir recours qu des suppositions Par le biais de leurs automates Vaucanson et Robert Houdin font la d monstration d un sa voir faire insaisissable donc intriguant donc fascinant En dissimulant leurs m canismes ces machines exhibent l ing niosit humaine Comme les automates beaucoup de machines et d appareils qui par tagent notre quotidien cachent leurs agissements ils n impressionnent que par leur sortie ou leur output mais cette fois ces derniers ont plut t tendance se pr senter au regard sous des dehors peu am nes de bo tes noires Pour les objets pourvus d utilit l effet se veut d di un usage et non plus une per
125. ouest en pous sant des sifflements terribles Des t l grammes ont t lanc s de tous c t s La consternation r gne dans le pays Fort heureusement aucun monument historique n a t atteint jusqu ici Alexandre le Bienheureux Alexandre fais ci Alexandre fais a Quand tu auras fini de faire ci tu penseras a faire a Travailler travailler toujours travailler D cidemment Alexandre n en avait jamais fini de s ex cuter Continuellement derri re son dos son pouse ne lui laissait jamais une occasion de se reposer Alors orsque celle ci d c de brusquement dans un malencontreux accident de a route Alexandre loin d tre pleur y entrevoit plut t son salut Dor navant plus personne ne lui dira ce qu il a faire Personne ne l obligera plus a quitter son lit S rement pas On l en a trop priv Alors tant qu il n en aura pas d cid autrement tant qu il aura du sommeil rattraper il ne mettra pas le pied terre et restera blotti dans ses draps a sera ainsi et pas autrement telle est sa d termination Et il est bien d cid s y tenir Pour mettre son caprice ex cution Alexandre installe un ing nieux syst me de poulies et de cordelettes au dessus de son lit ce qui lui permet de disposer d un n cessaire port e de la main Celui ci se compose notamment d un saucisson de bouteilles de vin d oignons frais mais aussi d un pupitre et d
126. out e En effet John Draper r alisa par on ne sait quel coup du sort que la fr quence mise par un coup de ce sifflet reproduisait la tonalit a 2600 Hz utilis e par une compagnie t l phonique pour ses lignes longue distance A partir d un tel constat il mit en place un stratag me lui permettant de passer des appels gratuitement en interf rant avec le signal du r seau t l phonique Il composait un num ro de t l phone longue distance lorsque la tonalit retentissait il utilisait son sifflet pour envoyer un son a la fr quence de 2600 Hz faisant ainsi croire au central t l phonique qu il avait raccroch et tait alors libre de continuer sa conversation aussi longtemps qu il le souhaitait sans pour autant d bourser un centime C est ainsi que John Draper s illustra comme l un des pionniers du phreaking Ce terme anglais d signe l ensemble des techniques de d tournement des syst mes t l phoniques il a t obtenu par la contrac tion de phone pour t l phone et de freak signifiant marginal ou personne appartenant une contre culture Cette pratique s apparente celle du hacking Bon nombre de phreakers sont des passionn s cherchant juste effectuer une prouesse technique sans intentions ill gales Lill ga lit n est que la cons quence de la r ussite Cette trouvaille valut John Draper une certaine notori t et le sur nom de Captain Crunch mais galement une con
127. p di s son propri taire pour 10 dollars Le syst me propos par Eastman tait alors r volutionnaire pour la premi re fois il s parait ce que tout le monde tait capable de faire prendre une photographie avec un appareil simple et maniable des savoir faire et des installations n cessaires la pratique du laboratoire photographique _ http www universalis fr encyclopedie premier kodak 4 S S Q amp Q aS N 8 x w N Y S wy 6 N gt Se Lavomatic Contre un mur les machines a laver sont adoss es contre un autre les s che linge Juste a c t les petites annonces du quartier pingl es sur un tableau en li ge et une horloge qui s est arr t e 17h38 d on ne sait quel jour disposition des prospectus d pos s par les T moins de J hovah et le T l jours d il y a deux semaines La dame qui fait une lessive de rouge est en train de lire celui de cette semaine Dans un coin un paquet de chaussettes abandonn es laiss es pour mortes Les paniers en plastique ont tous les poign es rafistol es au scotch marron il n y a pas d exception Trier les couleurs Le vert avec bleu plut t qu avec le jaune J aurais d faire a chez moi Les mati res Mince j aurais pas d couper les tiquettes de mes v tements qui d passaient tout le temps et me grat taient insidieusement a a m riterait peut tre d tre lav
128. pas des vendeurs Une culasse clat e un arbre cames en miettes un carter rempli d une sorte de farine d acier il en faudrait plus pour les troubler Les par ties saines phares portes qui ferment ch ssis solide les impressionnent davantage quant aux autres eh bien pr cis ment ils sont l pour les r parer Les tacots les plus rebutants ils les d montent les ren forcent avec des pi ces arrach es aux camions les transforment en blind s increvables C est un travail d improvisation admirable jamais pareil Parfois ils signent coups de tournevis un rapi age particuli rement r ussi On ne s ennuie pas on gagne bien en soudant en ajustant on fait dorer des toasts sur le charbon de forge on grignote des pistaches dont les coques recrach es couvrent l tabli et la th i re bouillante n est jamais bien loin La plupart de ces m canos sont d anciens camionneurs qui ont vu du pays leurs lieux leurs souvenirs leurs amours sont distribu s sur une vaste province Cela vous fait des gens clair s et port s sur le rire Rocambolesque Il appuya sur le bouton du compteur lectrique ouvrit la cl d approvisionnement de l eau alluma quelques ampoules dans la maison et inspecta chaque chambre Dans la buanderie il tourna les cl s du gaz et du chauffage Il essaya d allumer le chauffe eau Il s y prit a trois fois mais il n arriva pas maintenir
129. qu elle ne consentit m me pas nettoyer Elle enveloppa l objet macul dans un jour nal et avec un m pris qu elle ne dissimulait pas elle le porta jusqu au d p t d ordures le plus proche Naturellement d s le len demain elle redevenait seule ma tresse des regards des d gusta tions et des piq res sur viandes au dessus de ses r cipients pr f r s Gis le Prassinos Les Machines infernales in Technologies du quotidien la complainte du progr s Autrement no 3 1992 p 87 88 Auto mobile Auto mobile est une sculpture m ta m canique sur b quille roulette r alis e par Tinguely en 1954 que les spectateurs ne pou vaient regarder parce qu elle s enfuyait a leur approche Elle est une machine c libataire qui se suffit elle m me et s oppose toute relation avec autrui Cette attitude n est que la r sultante d un programme que son cr ateur lui a insuffl Il a d cid qu il en serait ainsi que l homme n aurait non seulement aucune possibilit de pouvoir interagir avec sa machine mais que celle ci se refuserait lui Elle tourne par elle m me pour elle m me et en elle m me Ces machines que l on a affranchies et qui laissent l homme en dehors emportent souvent des connotations de solitude de d r liction contrairement d autres les machines c li bataires ne peuvent rien pour quiconque Elles d montreraient la capacit des moyens
130. r Refrain J ai un nouveau t l viseur Avec les trois cha nes en couleur Reli au r frig rateur Qui peut aussi me donner l heure Ma vie se r sume en ces mots cr dit et en st r o Eddy Mitchell cr dit et en st r o 1974 Remonter Remonter le m canisme en retendant le ressort relach et red marrer Recadrer le rejeton rebelle en lui remontant les bretelles Remonter le temps en rembobinant les regrets a rebours et en se revanchant des remords a reculons Se remonter le moral d un remontant rem de et repartir requinqu R parer N avez vous pas d j trouv injuste et cruelle la fa on qu ont certains appareils de passer sans crier gare et sans transition de l tat de a marche celui de a ne marche pas Et ce sans m me avoir montr le moindre signe avant coureur d une d faillance Juste un jour ils s arr tent et ne repartent jamais Et moins d en conna tre un rayon en lec tronique et en lectricit la seule issue possible dans ce cas est de faire appel au service apr s vente si vous tes encore sous garantie dans l espoir qu ils pourront faire quelque chose Heureusement d autres appa reils ont un verdict moins tranch sur l tat de marche de leurs m canis mes Avant d en arriver la panne ceux ci s alt rent s usent cela donne lieu une s rie de couacs qui font tat de troubles du f
131. r frig rateur poss derait une automobile ou m me un a roplane la plus vidente et peut tre la plus importante forme d in galit aurait d j disparu Devenue g n rale la richesse ne conf rerait plus aucune distinction Il tait possible sans aucun doute d imaginer une soci t dans laquelle la richesse dans le sens de possessions personnelles et de luxe serait galement distribu e tandis que le savoir resterait entre les mains d une petite caste privil gi e Mais dans la pratique une telle soci t ne pourrait demeurer longtemps stable Bobinette Tire la chevillette la bobinette cherra r dition 1978 p 7 Charles Perraud 1697 Le Petit chaperon rouge in Contes de ma m re l Oye Paris Classiques Branch Salut a te brancherait une petite partie Tu serais pas en train d essayer de me brancher la Pas du tout il parait que c est l activit branch e du moment J tais pas au courant C est bon tu peux y aller j ai branch l appareil Ouais mais t as pas connect les manettes Pas besoin elles sont sans fil Bruit Aujourd hui on ne peut pas passer cing minutes chez soi sans entendre le compresseur du r frig rateur la pompe du lave vaisselle le ventilateur du micro ordinateur celui du four bref une multitude d objets qui ronflent ronronnent ou bourdonnent et qui sans fair
132. r s ces m canismes auxquels nous allons pourtant parfois jusqu confier nos vies car avoir confiance en une puissance plus grande que la n tre est une habitude qui est en nous depuis la naissance Ainsi nous sommes aujourd hui dans un monde de chauffeurs du dimanche qui ne se sont jamais pench s sur leur moteur et pour qui les choses ont non seulement pour fonction mais pour myst re de fonctionner Nous avons tendance miser sur ce rapport de confiance ce qui explique qu en cas d incident nous nous sentions trahis par la machine Or toute machine est susceptible de dysfonctionnement et Darty le sait c est pourquoi Darty a imagin le contrat de confiance Pour que vous ne vous sentiez plus jamais seul et d muni face une telle preuve On peut se demander si inconsciemment nous n accordons pas plus facilement notre confiance aux machines qu nos semblables 1 John Maeda De la simplicit Paris Payot 2007 p 141 2 Jean Baudrillard Le Syst me des objets Paris Gallimard 1968 p 163 D clic Arriv s au carrefour des Trois Anglais ils s ar r t rent sous le poteau indicateur L oncle pongea le cuir de son chapeau puis choisit un nouveau cigare dans son bel tui cinq compartiments deux mains nickel es qu il referma comme un applaudissement sec en faisant p ter le d clic Le cigare allum il fit sauter trois boutons de son gilet et offrit s
133. ration fluide et ouverte des pratiques l homme r v le d une certaine fa on la signification qu il prend lui m me dans une soci t tech nique celle du plus bel objet tout faire celle de mod le instrumental dans un souci de performance qui aspire l omnipotence Tout en 1 1 Il existe ce jour plus de 100 000 applications t l chargeables sur 1 Iphone 2 Jean Baudrillard Le Syst me des objets Paris Gallimard 1968 p 158 D tournement NE POURRAI ME D TENDRE QUEL LES SECONDES COMME CECI ILYA UN LOUSO CONFORTAB NZ ROOH TIN 4 E EET MIEUX NON Z SY Va DE TRAVAILLER MACHINE a VE VAIS ME REPOSER A REPIONGER LE gael 3 Andr Franquin Gaston Lagaffe Dupuis album n 3 1964 Diagnostic Bient t reprenant espoir je ne tardai pas a constater que les lieux du sinistre taient fr quen t s par des tres compatissants et fraternels anim s d une gale vocation pour le d pannage Le pre mier qui vint moi se frotta les mains avec une gravit m l e de bonhomie et d clara qu pre mi re vue il s agissait d un accident pour ainsi dire h patique Avec bien entendu les complications intes tinales habituelles ajouta t il en passant derri re la voiture pour tater l orifice du tuyau d chappe ment je m en doutais reprit il nous faisons un peu de temp rature Puis ayant retrouss le bas de ses manches
134. re tend deve nir obsol te Au regard des solutions fournies par les machines les gestes auxquels elles se proposent de rem dier se r v lent soudainement contrai gnants C est ainsi qu en inventant le lave vaisselle faire la vaisselle de fa on non automatis e a t lev au rang de corv e elle requiert peut tre peu d effort physique mais il s agit tout de m me de lui consacrer un peu de son temps Et lorsqu il y a du temps en jeu on n a jamais trop affaire aux machines pour nous en faire gagner Or n oublions pas qu tre peinard n est qu une affaire de consid ration personnelle et qu il en va de m me pour le temps perdu En effet le temps n est perdu qu partir du moment o il est consid r ainsi Et ceux qui ne poss dent pas de lave vaisselle alors qu ils en auraient les moyens ne sont pas forc ment masos Ils se sentent bien avec leurs gestes de vaisselle la main ils ne pensent pas au temps perdu ils ne souhaitent donc rien changer tout simplement 1 Jean Claude Kaufmann Les Deux mondes de la vaisselle in Technologies du quo tidien la complainte du progr s Autrememt n 3 mars 1992 p 41 2 Boris Vian L Ecume des jours Pauvert 1987 p 123 124 3 Jean Claude Kaufmann ibid p 37 Percolateur L tablissement sur la terrasse duquel nous avons pass la soir e pr c dente a une fort jolie machine a faire le caf La m canicienne est une j
135. riorisation du geste selon les crit res d Andr Leroi Gourhan Tentative de rassemblement des principaux objets examin s dans un re p re orthonorm Automobile Accident l Flipper Concierge lectrique Abracadabrantesque Machine a grappin Voltaire a minuterie Tapette souris Machine sous Pachinko Distributeur automatique Auto mobile machine automotrice machine automatique XYZ Je remercie C dric de Veigy de m avoir accompagn e de A jusqu a Z sans passer par le droit chemin Je remercie mille fois ma famille H et les personnes qui par leur sou tien sinc re et enthousiaste leur contribution spontan e et engag e ont marqu ces pages et cette p riode En cela j adresse un merci tout parti culier mon amie C
136. rt Simondon ibid p 141 Ma grand m re recut en cadeau de sa fille une maniaque du gadget le premier mod le de Cocotte minute Certes c tait un bel objet la carrosserie lourde au couvercle la fois crisp physi quement et exclusif de caract re puisque seul il pouvait avoir un regard sur la cuisson des aliments C est ce qui d routa mon a eule excellente cuisini re ayant l habitude de surveiller de pr s l va poration des sauces et de les tater de la langue dans le but d obte nir non seulement une consistance id ale mais pour chaque esp ce un go t un fumet inscrits dans sa m moire depuis bon nombre d ann es Et puis comment savait on si c tait assez cuit sans tou cher de la fourchette ou du couteau pointu On avait beau lui expliquer que a se faisait tout seul qu il n y avait qu compter les heures et les minutes elle ne comprenait pas On l obligea assister un premier essai On l engagea lorsque la cocotte fut bou cl e et programm e aller s occuper ailleurs c tait l lui dit on l int r t de cette casserole particuli re Pourtant elle ne put se r soudre quitter l ennemie tournant autour d elle avec inqui tude un souci au front une larme l il parce qu elle se sentait supplant e dans sa t che primordiale Heureusement pour elle ce premier essai livra un rago t pateux et br l sa base Je l entends encore rire mauvais l intention de sa rivale
137. s sont venus la force de leurs jambes Comme si les autres machines les ayant dispens s d efforts ils pr f raient consacrer pleinement leur trans piration cet appareil dont l unique finalit est de solliciter leur corps Violence Il est de notori t publique que les machines les appareils et les dis positifs sont bien plus sujets a des actes de violence et de maltraitance que les objets statiques Mais pourquoi tant de haine Cette violence se manifeste a diff rents degr s A Cuba o un embargo fait rage les habitants ont d en venir aux mains avec les machines Mais s ils en sont arriv s a les d monter cela a toujours t dans le but de mieux les remonter dans le souci de les faire perdurer Et lorsque l une de leurs machines se met a d bloquer ils savent exactement quelle remontrance lui ass ner Les gens donnaient un coup aux t l viseurs russes pour ajuster la s lection de la cha ne et viter les interf rences Cela est d au bouton de s lection des canaux de ces t l vi seurs qui se remplissaient de poussi re et donner des coups au t l viseur permettait qu il se remette au point exact ou l on r ceptionnait la cha ne En d autres occasions on donnait un coup pour supprimer les lignes hori zontales qui g naient le t l spectateur A force de dissections les entrailles des machines n ont plus beau coup de secrets pour les Cubains Ainsi dans le cas pr sent la violence
138. s angles de son ouverture et de sa fermeture une sonnerie d un rythme particulier Cette musique bizarre et de courte dur e peut indiquer si l on re oit une ou plusieurs personnes si c est un habitu de la maison ou un visiteur nouveau si c est enfin quelque intrus Au travers du langage m canique et de signaux lectriques Robert Houdin a tabli un code qui lui permet de transcrire un mouvement l bas en un son ici Il le r interpr te ensuite pour en d duire des renseignements pr monitoires sur le ou les visiteurs a l approche Grace ce truchement astucieux qui pr c de de plusieurs ann es l invention de l interphone Vextraordinaire se produit Robert Houdin devient quelqu un d extralu cide s alloue un don qui contribua probablement a instituer sa dange reuse r putation d un homme poss dant des pouvoirs surnaturels Bien entendu pour que cela continue de d passer l entendement le pot aux roses ne doit pas tre d couvert C est le lot de tout bon magicien que de garder jalousement ses trucs Car pour continuer susciter l merveille ment il doit s assurer que les moyens qu il d ploie cet effet ne soient pas expos s tels quels Si c tait le cas ils se donneraient comprendre or ceux ci doivent rester nigmatiques pour jouer en faveur de l illusion Si Robert Houdin use de prestiges similaires au domaine comme la sc ne il s agit pourtant de deux configurations bien diff
139. s ont t charg s a la demande apparemment anodine de leur sup rieur d aller emprunter un de ces appareils a la concurrence Ils auront eu beau s enqu rir a tous les restaurants possibles remuer terre et mer aucun d eux n est jamais parvenu a mettre la main dessus Cette qu te est depuis toujours rest e infructueuse Apr s parfois plusieurs heures de pers v rance et de temps pass imaginer quoi pouvait bien ressembler un tel objet tous ont d se r soudre revenir penaud et bredouille avec l appr hension de se faire cataloguer d incapable Mais tous furent accueillis par le sourire visible ment plus amus qu indulgent de leur sup rieur qui n eut pas l air d en faire tout un plat Les ricanements suspects du reste de l quipe laissant entendre qu on s tait bien jou du petit nouveau Mais il est des leurs d sormais Le fer friser le persil est un objet fictif n d un simple jeu de mot et il n a jamais exist que sous cette forme et les repr sentations mentales qu ont pu s en faire ceux qui ont cherch lui mettre la main dessus Cet objet n est qu une pure affabulation qui r git un rituel de bizutage une brimade gentillette Sorte de Graal des arp tes et des grouillots il n est pas le seul dans son genre le Chef peut aussi avoir besoin d une chelle monter les ufs d un seau de vapeur pour ouvrir les moules d huile de coude ou d un moule croissants Malgr leurs
140. s pendant la veill e elles d mon treront que sa vitesse de prise de vue est d a peu pr s 1 100 de seconde Mais il parait que jetable ca ne se dit pas ce n est plus correct on lui pr f rera la d nomination de pr t photographier caract ristique plus fl teuse pour cet objet usage unique Et puis au retour on pen sera aller le faire d velopper Op ration qui lui sera fatale mais t t ou tard c est ce qui l attendait Avec un peu de chance il sera recycl Ainsi l appareil photo dispara t et seules les photos restent Les appareils photo num riques proc dent exactement au ph nom ne inverse En s affranchissant du processus de d veloppement qui tait jusqu alors le tirage lui m me est devenu facultatif Ainsi les photos ont d sormais tendance ne plus sortir des appareils que ce soit de l appareil de prise de vue ou de l ordinateur de stockage Kodak LAm ricain George Eastman invente en 1888 l appareil photographique pour tous A cette occasion il d pose un nom de marque facile prononcer dans toutes les langues Kodak Pour promouvoir son produit il lance le slogan Appuyez sur le bouton nous faisons le reste En effet cet appareil vendu 25 dollars et charg pour 100 vues tait retourn apr s exposition chez Eastman qui d veloppait et tirait les preuves mont es sur carton Celles ci ainsi que l appareil de nouveau charg taient r ex
141. se mouvant trente kilom tres l heure dans une grande combustion d nergie Toutes ces inventions lui aiguisent l esprit le tournent vers la philosophie et le portent d finir la m thode du doute syst matique rudiment de l esprit scientifique Voyelle s isole de plus en plus du monde moderne Mais Voyelle commence int resser le grand public lorsqu il invente l anc tre de la fus e objet qui justement n a pas d anc tre Bien stir la fus e de Voyelle ne va ni tr s loin ni tr s haut mais quelle ing niosit On y retrouve le g nie de l ancien si cle qui ne se contentait pas de fabriquer des machines mais leur donnait les formes et les d tours de v ritables uvres d art De plus en plus les inventions de Voyelle se d tournent de l astronomie et viennent combler les cha nons manquants dans l volution des objets articul s Ainsi Voyelle invente certaines loco motives qui trouvent parfaitement leur place dans les places justement manquantes de l histoire de la locomotive Voyelle fabrique un jour une esp ce de rudiment de brouette si bien fait qu on se demande si la brouette a bien t invent e d un coup sans passer par cet interm diaire si r ussi et si important Voyelle propose des anc tres aux objets apparemment les plus modernes et les plus gratuits Son long travail souterrain enracine le monde actuel scientifique et artificiel dans un pass qui lu
142. t largit ainsi sa marge de man uvre en allant jusqu les adapter des situations pour lesquelles ils n ont pas t con us En cr ant des interactions inhabituelles entre plu sieurs appareils il r v le ainsi que ceux ci r pondent des logiques de fonctionnement et des lois de la physique qui d passent de beaucoup l usage que nous en avons En d coupant une carte de cr dit en lamelles qu il coince ensuite dans la minuterie des feux tricolores et il parvient ainsi les d r gler un un Coinc en haut d une falaise pour chapper ses poursuivants il doit s loigner suffisamment de la paroi de roches afin de pouvoir ouvrir son parachute pour cela il aplatit le canon d un fusil de d tresse et en fait un r acteur dont l impulsion le propulse dans le vide En cr ant des coupures de courant par intermittence au niveau d un disjoncteur il teint et allume distance toutes les lampes branch es sur l installation lectrique et peut ainsi communiquer en morse avec des personnes situ es dans d autres pi ces En pla ant l aimant d un t l phone sous une table de jeu il affole la roulette qui s y trouve En allumant tous les appareils lectriques d une cuisine et en pla ant tel une parabole un bol sur l axe d un robot mixeur il parvient cr er des interf rences qui perturbent alors toutes les cam ras et tous les micros de surveillance des alentours 1 Cette anecdote est r v l e da
143. t constatera chez le maitre que si par hasard la bille arrive au milieu un subtil coup sur le pied du flipper auquel s ajoute une fourchette peuvent la sortir d affaire Gr sillement Cr pitement parasite qui est la manifestation audible d un ph nom ne d interf rence entre des ondes Il se manifeste au travers d appareils de transmission Il est le pendant lectrique du grincement Exemple Chut J entends gr siller la t l les enfants ne sont s rement pas couch s Grincement Son strident d un frottement m canique C est un sympt me qui renseigne et rend possible un diagnostic l oreille Celui ci conclut dans la grande majorit des cas a un d faut d entretien caract ris par un manque cruel d huile C est aussi un indice qui trahit un utilisateur qui se voudrait discret Il est le pendant m ca nique du gr sillement Exemple Vite teinds la t l J ai entendu la porte grincer les parents viennent s rement de rentrer HS C est aux alentours de 11h30 qu elles furent d couvertes Griffonn es avec virulence sur le premier bout de papier machine venu deux lettres avaient ensuite t scotch es sur la machine qui ne marchait plus HS Stupeur g n rale talonn e par un rale de d sappointement La machine tait en panne et il faudrait d sormais faire sans elle HS avait encore frapp Il faut dire qu il n en tait pas son coup
144. t donn tant de mal a viter par de bonnes intentions apparait dor navant comme la seule issue au probl me Mais il ne peut se r soudre rev tir le r le de bourreau et faire son office de ses propres mains contrecceur tout de m me il finit par se r signer em ployer des moyens plus radicaux Parce que quitte en rester le comman ditaire ne vaut il pas mieux laisser un pi ge accomplir la sale besogne Tous comptes faits bien y regarder par le petit bout de la lorgnette c est se demander si la tapette souris n est pas un d nouement qui concilie au mieux nos divers tats d me en faisant du moins pire qu elle peut Car il faut reconna tre que la tapette souris ex cute sa sentence avec une efficacit redoutable tout en s abstenant de faire du z le C est galement le souci de son apparence qui s en tient un d pouillement et une pauvret de moyens franchement saisissants C est un objet irr duc tiblement complexe auquel il ne reste plus quoi que ce soit de superflu ou d accessoire ter ce m canisme se pr sente impun ment dans son plus simple appareil Simple mais pas vident un peu de temps est donc g n ralement n cessaire pour comprendre et apprendre manier ce syst me Une petite planche de bois sert de support une partie de ce socle est arti cul e autour d un axe pour devenir le d clencheur du reste du dispositif qui lui n est plus exclusivement constitu
145. techniques s manciper 1 Michel Conil Lacoste Tinguely L Energ tique de l insolence tome I Paris ditions de la diff rence 1989 p 34 2 Ibid 3 http shukaba org Machines html 4 Marc Le Bot Fonction et hasard in Les Rh toriques de la technologie Traverses ditions de Minuit n 26 oct 1982 p 67 Bibliographie Ouvrages ALLAIS Alphonse uvres Posthumes Paris Robert Laffont 1990 BARTHES Roland Incidents Paris Seuil 1987 L Empire des signes Gen ve Skira Flammarion 1970 BAUDRILLARD Jean Le Syst me des objets Paris Gallimard 1968 BERNHARD Thomas Un Enfant Paris Gallimard Folio 1984 BIERCE Ambroise Le Dictionnaire du diable N o 1987 BOUVIER Nicolas L Usage du monde Paris Payot 2005 BRUN Jean Le R ve et la machine Paris La Table Ronde 1992 CARROLL Lewis 1865 De l autre c t du miroir Paris Gallimard Folio 1990 CORNIL LACOSTE Michel Tinguely L nerg tique de l insolence tome I Paris Editions de la diff rence 1989 DUBILLARD Roland La Bo te outils D cines L Arbal te 1985 ELLUL Jacques Le Bluff technologique Paris Hachette 1988 ENDE Michael Momo Paris Stock 1980 FERRERO Guglielmo Discours aux sourds Editions du Sagittaire 1924 FLUSSER Vil m Les Gestes D ARTS HC 1999 FOURNEL Paul Besoin de v lo Paris Seuil 2001 GIEDION Siegfried La M canisation au pouvoir Contribution l
146. tre propre d tachement face un tel v nement consid r par tout un chacun comme un fait du quotidien comme une contingence in vitable Les m saventures du progr s technique dues l erreur humaine la d faillance de la machine un fait impr visible nous sont famili res et nous avons une f cheuse tendance consid rer l accident comme une fatalit ce qui revient en faire le prix payer pour profiter des bienfaits de la technique l cran c est l indiff rence ces sc nes d horreur de la part de ceux qui continuent rouler qui perturbe qui semble le plus tragique et c est bien cette indiff rence qui engendre cette fatalit comme si nous acceptions d tre la merci de ce qui nous rend service Nous nous en remettons la technique nous avons foi en elle et conduire une auto mobile en revient lui confier sa vie Et si toutefois il arrivait malheur c est la faute pas de chance Un accident est toujours malencontreux dans le sens o il se d fait de toute volont Seulement on ne peut pas vincer l accident en arguant le hasard il fait partie int grante de la technique Les faits qui sont hors du plan sont souvent interpr t s comme des aberrations ou des accidents alors que pr cis ment ce sont ces faits hors s rie qui doivent retenir notre attention pour caract riser non ce que l on pr tend faire mais ce qui se passe r ellement C est
147. trement dit quand la r paration est capitale o quand son ampleur inclut la refonc tionnalisation de l objet alors na t un nouveau type de paternit Celle du r parateur qui finit par tre d positaire des secrets techniques du produit Pour autant les r parations ne sont pas toujours d finitives parfois elles sont consid r es comme des palliatifs des soins momentan s ou simple ment des maquillages qui donnent au produit l illusion du neuf R parer est une fa on de reconna tre de restituer et dans une certaine mesure de l gitimer les qualit s des objets Mais force de raccommodages et de rapi ages l engin arrive parfois un point o le dysfonctionnement est tel qu il en devient importun Son syst me est branlant d traqu il ne tient plus que par la force des choses il est de moins en moins fiable et de plus en plus caract riel Certains se disent qu il faudra penser le changer tandis que d autres n y songent m me pas Tant qu il ne nous a pas l ch s on peut encore faire avec 1 Ernesto Orosa Rikimbili PU Saint tienne 2009 p 28 Nicolas Bouvier L Usage du monde Paris Payot 2005 p 315 316 Ici o l on use les machines jusqu la ruine sans souci de les revendre les garagistes ignorent ce r per toire de mimiques constern es ou m prisantes qui chez nous font honte au propri taire d un clou et l obligent acheter du neuf Ce sont des artisans
148. ts ou d indiquer une suite d actions qui sont en fait simultan es D placer un curseur ne veut pas dire le maintenir dans la position d arriv e puisqu au contraire il est pr vu pour revenir a sa place initiale automatiquement mais comment l expliquer D couper une action en phrases devient une op ration linguistique au succ s improbable Le mode d emploi d s lors parvient seulement dispenser des instructions qui rel vent plut t d une sorte de Savoir proc der Quant sa soi disant exhaustivit parlons en Il affirme nous confier toutes les cl s Si a ne marche pas c est tout bonnement que nous n avons pas fait comme il tait pourtant crit noir sur blanc de faire il ne peut pas en tre autrement Et on a beau plucher le mode d emploi il ne fait jamais mention de notre probl me nous Et s il n y a pas de solution c est qu il n y a pas de probl me telle est la philosophie du mode d em ploi C est sans scrupule qu il nous abandonne ainsi notre d convenue Nul n est cens ignorer le mode d emploi Le mode d emploi n est en aucun cas seulement relatif l emploi c est dire une utilisation technique performante il est en m me temps une prescription un code d emploi qui cherche dire comment bien uti liser son appareil selon les normes suppos es par les concepteurs Tout autre agissement non r pertori toute tentative de bidouillage est une entr
149. ulent mettre un terme t Elles donnent naissance ce quoi elles pr tendent mettre un terme signe que la maladie et le rem de poss dent un d nominateur commun 1 Jean Brun Le R ve et la machine Paris La Table Ronde 1992 p 345 2 Ibid p 163 Gaston de Pawlowski Les Derni res inventions de M de Pawlowski Fallait y penser Balland 1973 p 3 Patraque D montrons patiem ment et classons s par ment les rouages de notre montre cela serait bien surprenant st notre ira vail achev nous ne d couvrions pas l heure qu il est ee aes a iii Clyde Geronimi Wilfred Jackson Hamilton Luske Alice au pays des merveilles Walt Disney Productions 1951 Oh Je suis en retard affreusement en retard Si vous croyez que a m tonne Votre horloge est d traqu e elle retarde de deux jours De deux jours Deux jours et dix secondes Oh malheur Mais nous allons arranger a Rien d tonnant cette m canique est pleine de mauvaises dents Oh ma pauvre montre et de visses Oh mes roues mes ressorts Attendez Bien s r c est vident il faut du beurre Du beurre Du beurre Ah du beurre il n y a rien de meilleur pour les rouages Ah non non non vous allez mettre des miettes Celui l est garanti sans miettes Th Du th je n y avais pas song Bien s r il faut du th Du sucre Du sucre deux cuill
150. un tuba Le temps de cette installation n est ni montr ni voqu dans le film de Yves Robert mais un tel dispositif induit forc ment un investissement de temps et d efforts avant qu Alexandre ne puisse enfin jouir de l autarcie la plus plaisante Alexandre a chafaud sa paresse en fabricant une machine oisivet Mais cela ne fait pas de lui un paresseux bien au contraire car pour parvenir ses fins il n a pas h sit sortir les grands moyens Pour une fois la technique apporte une retribution directe au travail d Alexandre celle de ne plus avoir travailler Animisme La terminologie utilis e en m canique pour nommer les organes de la machine est particuli rement loquente quant l analogie qui a t tablie entre les assemblages m caniques et les organes de l homme on parle de dents de chevilles de machoires de gorges de genoux d articu lations de rotules de doigts de t tes t Cette d nomination qui se veut fond e sur des ressemblances d ordre anatomique est galement une interpr tation de l homme une projection de son corps sur sa cr ation Mais au niveau des fonctionnements corporels la relation analogique en tre l homme et la machine ne r siste pas la machine ne se nourrit nine se repose Cependant face des r actions de l objet technique qui lui chappent qui lui semblent irrationnelles malgr sa conscience qu il ne peut pas en
151. ur plus de t l phone plus rien Mais a c est un tat id al je ne sais m me pas si quelqu un y est d j arriv Tu es s r que c est comme a qu il faut faire Je crois oui Tu comprends si tu veux vraiment non pas gagner la guerre mais tre dedans tous les jours savoir ce qui va se passer quand a va clater il faut que tu saches ce que tu fais Il faut que tu ailles au bout des machines de tous ces trucs les radios les t l phones les voitures les avions les cin mas les crayons bille les machines laver et les radars C est terrible je Et la seule fa on c est de comprendre ce qu ils cachent ce qu ils ont l au fond d eux Usine a gaz Un objet qui pr sente une utilit d risoire par rapport l arsenal tech nologique qu il implique peut tre qualifi d usine a gaz La complexit d un objet qui s est donn pour mission de nous facili ter la vie et dit se mettre a notre service peut paraitre aberrante per turbante voire effrayante C est ce moment l qu intervient la fameuse injonction Tout a pour a Mais dans certains cas la d pendance l objet et aux besoins qu il a cr s mettra la cr dibilit de sa complexit hors d atteinte UUUURAUUNUUUUUUUUUU Charlie Chaplin les Temps Modernes 1936 Rube Goldberg Self Operating Napkin V lo Le v lo n est pas une machine programm
152. ut en vitant les chemins de traverse qui nous d tourneraient de notre objectif Bien entendu dans cette configuration les points A et B ne sont pas des points de l espace Rappelons une nouvelle fois que la pratique du v lo d appar tement annule tout ph nom ne de d placement l effort physique est totalement d di son effet sculptural qui modifie la forme d un corps Ainsi il ne s agit pas de se transporter mais de se transformer de A en B Les publicit s qui vantent les m rites de ce type d engin de remise en forme ont d ailleurs souvent recours la juxtaposition de deux images affubl es respectivement des l gendes avant et apr s repr sentant une m me personne qui en partant d un point A a atteint un point B joliment m tamorphos e Pour parcourir cette distance il lui a fallu prouver physiquement un paysage virtuel Pour ce faire le v lo d appar tement g n rique actuel est quip d une r sistance r glable qui permet d intensifier ou de r duire la difficult de l effort ce qui quivaut a des siner les cols les monts et les vaux de l tape du jour La topographie du parcours est la solde de nos dispositions un simple variateur actionner d un geste tout aussi simple permet de la moduler et ainsi notre volont est faite Bien assis aux commandes de notre engin stationnaire notre regard ne se doit plus d tre vigilant ni attentif L esprit est lib r il
153. vec les transistors japonais ou les t l viseurs russes a marche la fin il laissa tomber un coup de poing sur le chauffe eau Il se rappela qu autrefois son p re traitait ainsi un transistor japonais le premier qu il ait jamais vu Peut tre avec le chauffe eau pas japonais mais fran ais fallait il utiliser de semblables m thodes Il redonna un coup de poing plus fort celui la La t le grin a et il lui sembla que la machine ren clait Comme on s y attendait dans la plupart des cas c est peine perdue Soupir un moment ou un autre la r signation commence gagner Et elle s accompagne d une insupportable pens e Mais alors il va fal loir faire sans elle trouver une alternative Ainsi nous r alisons que lorsque la technique habituelle se r v le momentan ment d faillante c est brutalement le but vis qui appara t hors de port e alors qu on l avait presque sous la main et ses ventuels substituts semblent se d ployer en une cha ne d interm diaires plus ou moins al atoires Face au mutisme d une machine nous voici donc d munis Et c est ainsi que nous prenons soudain conscience que la machine a de l ascendant sur nous et pas des moindres Et dire que jusque l nous tions persuad s d avoir les pleins pouvoirs et la mainmise sur la situation Comment ose t elle nous tenir t te N est elle pas cens e nous ob ir Quel revirement de situation Et quelle humiliation
154. yst mes d approvisionnement et de traitement les macro syst mes techniques La d pendance ces macro syst mes forge des comportements qu un te black out met soudain en lumi re et en ce soir du 14 ao t 2003 tandis que la ville se retrouve plong e dans le noir les New Yorkais ressortent des bougies du fond de leurs tiroirs Par cette chaleur qui est celle de New York en t les bi res se r chauffent vitesse grand V et les glaces se mettent fondre dangereusement Les frigos r duits au silence doivent tre vid s les stocks de denr es p rissables doivent tre coul s Partout dans la ville de la nourriture est distribu e des barbecues et des ap ros sont organis s Les habitants sortent de chez eux et se mettent partager l oppulence du surplus accumul dans leurs r frig rateurs l abondance d une soci t stopp e en pleine vitesse Ce relan de chaleur humaine sou ligne a quel point la machine lorsqu elle fonctionne a tendance s inter poser entre les hommes sans que ceux ci ne s en apercoivent plus Ce ne sont pas les machines qui actuellement travaillent pour satisfaire nos besoins c est nous qui devons nous imposer nous m mes des besoins nouveaux afin que les machines que nous avons invent es continuent cr er une abondance qui est notre tourment Il faudra quatre jours pour que tout revienne la normale comme si de rien n avait t Cet v nement ro

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