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BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice

1. L esprit scientifique nous interdit d avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement Avant tout il faut savoir poser les probl mes Et quoiqu on dise dans la vie scientifique les probl mes ne se posent pas d eux m mes C est pr cis ment ce sens du probl me qui donne la marque du v ritable esprit scientifique Pour un esprit scientifique toute connaissance est une r ponse une question S il n y a pas eu de question il ne peut y avoir connaissance scientifique Rien ne va de soi Rien n est donn Tout est construit 7 Nous nous inscrirons dans une pist mologie constructiviste dont Bachelard est l un des fondateurs Le Moigne 1995 commente cette pist mologie constructiviste supposant deux hypoth ses une hypoth se relative au statut de la r alit connaissable qui pour tre connue doit pouvoir tre cognitivement construite ou reconstruite intentionnellement par un observateur mod lisateur et une hypoth se relative la m thode d laboration ou de construction de cette connaissance qui ne fera plus appel une norme vraie par d duction programmable mais une norme de faisabilit par intuition re programmable Le Moigne 1995 p 41 Lecourt 1974 p 159 68 Pour suivre les recommandations de Bachelard et Le Moigne avec nous l esp rons le nouvel es
2. des pratiques p dagogiques de la relation p dagogique Elle peut prendre des formes tr s diverses Parall lement nous retrouvons cette diversit chez Galatanu 1998 qui traite de la communication didactique dans une approche qu elle qualifie de pragamalinguistique Cette diversit des pratiques justifie la grande vari t des courants p dagogiques Pour tenter de rendre compte de cette diversit des courants p dagogiques De Peretti 1991 p 40 propose la grenade des m thodes en p dagogies Chaque courant p dagogique 210 est positionn sur cette grenade de mani re signifier la pr dominance du ou des paradigme s qui fonde ent ce courant parmi les huit identifi s et reli s repr sentations expression culture savoirs technologie op rations actions relations Cette repr sentation nous loigne encore davantage de la repr sentation triangulaire de Houssaye 2000 Elle donne aussi penser l extr me diversit des pratiques et des processus relationnels r sultant de cette articulation Mais au del d un rep rage formel certes utile pour rendre intelligible cette diversit il semble aussi que cette repr sentation nous permet de penser une volution de la relation En effet le Successeur a des attentes et des besoins diff rents au fur et mesure de ses apprentissages de la construction de son exp rience de ses connaissances Nous avons vu avec Winnykamen 1990 q
3. dix mille autres neurones L ensemble de connexions constituant ainsi des r seaux neuronaux La connaissance r sulte d une organisation de couplages structuraux construite un ensemble d activations lectro chimiques entre neurones et groupe de neurones Trocm Fabre 1987 Cette construction auto organis e se r active sous une impulsion similaire Le syst me int gre l information par le biais de ses capteurs sensori moteurs et construit reconstruit et fait merger ses nouvelles connaissances par d sorganisation r organisation des couplages structuraux d j existant Le syst me cognitif est donc consid r comme une forte densit de r seaux globaux distribu s parall les mergents et auto organis s correspondant ou r pondant des stimuli ext rieurs 108 Le cerveau est organis en centres sp cialis s que la neuro anatomie et la neuropsychologie tentent de pr ciser Le cerveau est divis en deux h misph res gauche et droit la surface desquels se situe le cortex c r bral divis en cinq lobes frontal pari tal temporal insulaire et occipital Chaque lobe comprend des centres sp cialis s r gissant des fonctions la parole la vue la motricit le sommeil la r gulation des hormones via les glandes endocrines Ces zones ne peuvent rentrer en fonction que si elles ont subi un apprentissage sp cifique l pig n se Le cablage du cerveau s effectue en fonction de l exp
4. tre une exception Que dire de sa motivation faut il le consid rer dans une tape de consolidation compte tenu de son exp rience ou faut il le consid rer comme un Novice atterrissant dans un nouveau contexte professionnel La typologie que propose Riverin Simard est certes pratique elle peut pr senter un int r t pour la compr hension des possibles volutions d aspirations des sujets cependant il nous semble qu une lecture simpliste peut r duire la vari t et la complexit des situations Revenons donc aux facteurs extrins ques et intrins ques de la motivation apprendre 8 3 1 Des facteurs extrins ques La motivation d pend de facteurs extrins ques l individu effectue des activit s pour en retirer quelque chose de plaisant ou pour viter quelque chose de d plaisant Lieury et Fenouillet 1997 p 58 Les motifs sont donc li s des r sultats des r compenses et des punitions des renforcements l environnement Nous l avons dit plus haut l entreprise comme pression sociale agit sur l estime de soi et la reconnaissance Mucchielli 1996 p 41 Le Successeur cherche pr server sa Valeur sociale en l occurrence au sein du syst me social qu est l entreprise L accession au poste par un recrutement interne ou externe l acc s de nouvelles responsabilit s un nouveau statut et possiblement la contrepartie financi re sont autant de punitions ou r
5. changer de partager de transmettre leurs savoirs sont moins souvent voqu es Or il nous semble que cette nouvelle tendance que nous avons pr sent e plus haut n est pas innocente en termes de pratiques sociales De notre point de vue le partage de connaissances instrumentalis ou pas suppose aussi un engagement et une action de transmission par les hommes qui d tiennent ces connaissances vers d autres 45 Watzlawick Weaklan Fisch 1975 58 hommes plus ou moins form s Le syst me informatique aussi performant soit il ne peut rien s il n y a rien capitaliser et transmettre sinon ce qui est d j formalis autrement L entreprise ne peut pas faire l conomie de la relation humaine Il nous semble que le mod le de l Entreprise Apprenante plus encore que celui de l Entreprise Qualifiante peut favoriser des formes de transmission de savoir faire et renouer avec des formes diverses de compagnonnage Les principes propos s par Prax 2000 et notamment la matrice de Nonaka favorisent des dynamiques de partage et d change Ainsi encore un paradoxe il faudrait attendre l adoption des mod les de pens e les plus modernes pour retrouver des pratiques sociales de transmission bien naturelles dont la r f rence s inscrit dans la nuit des temps l entreprise taylorienne retrouverait elle les vertus du lien social En clair l orientation dans le discours au moins des entreprises vers le
6. imagination capables de d cider et de coordonner leurs actions Ainsi l entreprise 76 volue avec de nombreuses interactions dans un environnement large clients fournisseurs concurrents sous traitants elle est organis e en sous syst mes hi rarchis s et interagissant directions d partements services unit s ateliers quipes L individu est la fois l ment du sous syst me consid r l ment du syst me entreprise et sous syst me complexe lui m me Il volue dans son environnement entreprise notamment nous verrons plus loin qu il volue aussi dans d autres environnements L individu est la fois plus et moins qu une partie de l entreprise elle m me ne peut tre r duite la somme des individus qui la constituent De la m me mani re nous consid rons la situation de transmission de savoir faire entre le Professionnel Exp riment et le Successeur sous l angle syst mique nous tudions la relation duelle comme un syst me de complexit croissante 6 3 2 La relation duelle comme un syst me complexe Lerbet Sereni 1994 adopte cette approche syst mique et la dynamique organisationnelle du syst me complexe pour tudier une relation duelle qu elle nomme une dyade L auteur nous propose une lecture particuli rement pertinente de la relation dyadique que nous souhaitons adopter Elle pose la relation entre deux comme une probl matique de lUn et du Multiple cult
7. mouvement circulaire de savoirs L auteur pr cise que la r ciprocit de la relation a t largement comment e sans avoir un sens univoque Cependant l auteur met en vidence des invariants s mantiques des l ments de signification communs tous les angles de vue et notamment la bilat ralit et le mouvement li des op rations inverses ventuellement d gale valeur Labelle 1996 p 141 Les notions cl attach es la r ciprocit sont la bipolarit le lien de solidarit entre les deux termes l change la proportionnalit l quivalence la sym trie l galit Mais l auteur insiste sur les notions de permutation inverse alternatif vice versa inh rentes l id e de mouvement aller retour Labelle 1996 propose de consid rer la r ciprocit de la relation andragogique tant au niveau de l apprentissage que de la relation A partir de cette approche l auteur remarque que la r ciprocit de la relation ducative peut aller jusqu la r versibilit des r les institutionnalis e ou pas mouvement alternatif dans un m me acte La r ciprocit de la relation andragogique suppose l ouverture l autre une d centration que pr ne par ailleurs Postic 1988a p 287 La reconnaissance d autrui suppose que l ducateur ait conscience qu il est originairement en relation avec lui et donc qu il cesse d tre le centre suffisant de lui m me la d
8. particuli rement dans l approche de leurs motivations respectives Ainsi donc la relation entre nos deux partenaires doit tre consid r e comme une relation complexe dans laquelle circulent des savoirs des processus affinitaires et se construisent des ips it s La relation n est ni simple ni fig e Nous avons pr cis aussi que ce syst me est finalis il a pour but l apprentissage du Successeur pour lui permettre de tenir son poste ou celui du Professionnel Exp riment Mais en m me temps elle conduit ce dernier une formalisation une explicitation une r appropriation de son savoir En ce sens nous suivons Lerbet S r ni lorsqu elle propose de consid rer l volution de la relation vers la socialit autonomisante la cr ation de soi via un alter dans une relation qui contribue g n rer une dynamique d autonomisation des sujets en relation Lerbet S r ni nous a permis de consid rer le caract re paradoxal du syst me complexe qu est ce syst me relationnel Nous avons ainsi voqu le paradoxe du M me et de l Autre de soi m me et soi autre de lidem et l alter qui conduit Ric ur proposer la notion d ips it Autre paradoxe celui du changement et de la permanence permettant de consid rer la dynamique d auto organisation du syst me relationnel allant du changement l hom ostasie Autre paradoxe encore celui de la relation allant de la possibilit de communication et de l inc
9. sociales juridiques Ces mutations s acc l rent et mettent en tension la logique 59 pr gnante de l entreprise La contrainte d mographique des grandes entreprises annonce une nouvelle secousse qui combin e aux autres mutations mettra en vidence la n cessit de d passer cette logique Le contexte de l entreprise dans lequel nous inscrivons notre recherche pr sente donc cette particularit d un cot l oubli d une pratique de transmission consid r e incompatible avec la logique dominante rationalisante de l autre la n cessaire volution de pens e et d action vers une nouvelle dynamique dans laquelle ce type de transmission trouve sa place Nous pensons relever l une tension dialectique entre deux logiques que l entreprise devra d passer En effet dans ce paradigme dominant la grande entreprise a cart de ses pratiques la reconnaissance explicite de l exp rience et par voie de cons quence la transmission de savoir faire que nous avons pr sent e comme une forme de compagnonnage Ainsi il est ais de constater que la transmission de savoir faire telle que nous venons d en tracer le contexte provoque des r actions diverses Suivant le cas on est tent de nier l existence d une transmission il n y a pas de passage de relais l exp rience tant alors assimil e une suite d essais erreurs au cours de laquelle l individu s est forg ses propres connaissances C est la
10. vis des l ves Nous notons aussi que Postic 1988 p 289 pr conise plut t de conserver cette distance n cessaire un recul qui sans tre de l indiff rence est protecteur pour l ducateur Toutefois ces r serves de Postic de Altet et de Lerbet S r ni ne concernent pas la relation que nous tudions La relation Professionnel Exp riment Successeur est une communication au sens de Ardoino 1990 dans laquelle les deux acteurs adultes et professionnels sont la fois metteur et r cepteur et dans ce mouvement de Flux et reflux les deux se transforment Compte tenu de cette sp cificit Postic 1988a p 180 nous laisse entrevoir la possibilit que cette relation puisse tre r ciproque Labelle 1996 d veloppe ainsi l id e de r ciprocit ducative que Postic 1988a voquait plus haut mettant en vidence la complexit de cette relation des non dits institutionnels qui se cachent et agissent L auteur situe son travail typiquement dans la formation pour adultes qu il propose d appeler andragogie Faisant r f rence aux t moignages crits l auteur explore la notion de r ciprocit sous quatre angles La r ciprocit dialogale plut t qu un discours la relation est un dialogue fait de questions de disputes de circulation interactive du savoir L auteur y voit le plaisir et la joie mutuels une proximit et une distance suffisante l aboutissement d une m
11. Expert en situation tend la fois raisonner par analogie et par abduction Bastien Tochon Son exp rience lui permet de concentrer sa r flexion sur des situations particuli res dont il appr hende les informations pertinentes Dans la situation de transmission 1l s agit pour lui de retrouver le chemin de son expertise de retrouver une heuristique de r solution avec et pour le Successeur La r solution du probl me ne peut plus tre par abduction comme en situation r elle le Successeur peut r soudre le probl me par d duction ou induction Cette reconstruction n cessite de la part du Professionnel Exp riment un effort de formalisation d explicitation de reconstruction et de planification Charlier Tochon Vermerch dans la phase pr paratoire de la transmission et dans la transmission elle m me Dans le second cas au contraire 1l s agit de saisir l incident le dysfonctionnement la panne dans le temps pr sent de l action C est aussi ce qu voque Poplimont 2000 p 169 La modalit de la relation est alors centr e sur le travail faire sur l action sur l incident ou le dysfonctionnement le probl me r soudre les enjeux les cons quences les risques Peut il s agir d une co action au sens de Lerbet S r ni Nous voyons l se profiler une tension dialectique chez le Professionnel Exp riment entre la r solution automatis e par analogie par abduction motiv e par l
12. acquisition cumulative l apprentissage pourrait tre expliqu par un mod le pig n tique chaque nouvelle tape int gre les pr c dentes tout en faisant une place plus grande l influence du milieu Dans ce courant contructiviste la m moire est une fonction indissociable de l apprentissage m morisation automatique ou consciente des effets produits que le comportement se modifie tant pour un apprentissage par conditionnement que par construction de la r ponse Berbaum 1984 nous propose de consid rer deux types de m moire La M moire Court Terme dans laquelle les informations sont stock es pendant quelques secondes elles subsistent si elles sont r employ es C est une m moire de travail car elle permet d utiliser les informations stock es dans la m moire long terme Au del de quelques secondes les informations peuvent s articuler avec les informations acquises ant rieurement restructuration des donn es ant rieures int gration La r organisation suppose une analyse des donn es La M moire Long Terme est bas e sur un processus d organisation qui constitue une contrainte au moment de la saisie les m thodes mn motechniques Chez l adulte les connaissances ne pourront tre retenues que si elles peuvent s articuler sur les connaissances anciennes si elles sont incompatibles elles sont rejet es Puis l auteur voque les lois de fonctionnement de la m moire pour nous proposer
13. activit ils s adaptent aux messages au raisonnement aux attentes de l enseignant Altet qualifie la communication de type s duction persuasion Altet 1994 p 80 Les savoirs sont ici impos s structur s argument s rationnellement ou affectivement par l enseignant Les l ves s adaptent au mode de communication se conforment aux r gles de production discursive c est un syst me d apprentissage r ception consommation qui favorise des op rations cognitives reproductives et informatives la saisie transformation et m morisation de l information Altet 1994 p 82 225 Nous faisons un parall le avec dans notre probl matique la dyade fortement dissym trique Winnykamen 1990 En effet nous pensons que dans le cas d une relation de transmission Expert Novice et compte tenu des besoins du Novice Dreyfus ce type de relation peut tre rep rable tout au moins au d but de la relation Un autre parall le est possible avec ce que proposait Galatanu 1998 p 107 111 notamment les activit s didactiques qu elle appelle l explicitation des savoirs Ces activit s sont pour l essentiel compos es d expos s d explications de discours de d finitions et d argumentations Mais Altet ajoute les activit s de l apprenant qui en l occurrence dans ce type d pisode est faible Dans notre probl matique nous pensons que ce type d pisode est rep rable au d but de la transm
14. auteur met ainsi l accent sur le formalisme par lequel la th orie devient une inscription et la confusion qui fait prendre cette inscription pour un savoir th orique Il rappelle que le Chercheur ne pense pas comme il formule sa th orie Le travail du chercheur peut tre analys et d crit comme celui de l ouvrier comme lui il a sa cuisine son fatras que l on oublie de d crire quand on formalise un savoir th orique Ainsi pour Latour 1998 p 134 Savoir c est toujours savoir faire et faire savoir On pourrait trouver chez Charlot 1997 une position voisine On le voit les positions sont l encore divergentes D un cot le savoir est une production plus ou moins formalis e identifiable de l autre il n y a de savoir que des 102 savoir faire indissociables de l individu Nous pourrions r sumer cette distinction par celle qui existe entre une proc dure et un processus Pour clairer cette distinction Barbier 1998 fait r f rence Popper Il associe la premi re acception savoir th orique au monde 3 de Popper celui des livres des biblioth ques des contenus formalis s disponibles pour comprendre le monde Le savoir est consid r comme une connaissance manifest e externalis e formalis e ou pour le dire comme les didacticiens objectiv e Dans la seconde acception Barbier 1998 fait r f rence au monde 2 de Popper le monde des exp riences sub
15. axe stimulant structurant 230 Style relationnel dont les facteurs socio psychologiques interaction fa ons d entrer en interaction relation ma ftre l ves climat socio motionnel repr sentations tactiques repr sentent l axe acceptant ordonnant Style didactique dont les facteurs op rationnels modalit s didactiques m dias m thodes techniques strat gies structuration du contenu formes de groupement planification repr sentent l axe guidant dirigeant Altet montre qu il existe une forme de stabilit li e aux dimensions personnelles et relationnelles qui se traduisent par ce qu elle appelle un pattern un profil g n ral En revanche il existe aussi une variabilit dans la dimension didactique Il semble que lorsque les contextes d enseignements et les types de le on diff rent cette variabilit est tr s importante contrario elle diminue au point de parler de constance lorsque les contextes sont identiques partir de ses observations elle propose une typologie des styles d enseignants Sur le plan personnel Le structurant se caract rise par une expression verbale importante un temps de parole tr s important une expression non verbale comporte beaucoup de gestes auto centr s et peu de d placements vers les l ves Le stimulant se caract rise au contraire par une expression non verbale plut t tourn e vers les l ves sollicitations d placements attitude d co
16. dossiers sp ciaux sur ce th me sont nombreux D autres organismes plus officiels publient des donn es explicites CES Infos 1997 Fraisse et De Foucauld 1996 3 1 4 2 Quelle est la position de l entreprise cet gard Il convient de s interroger sur la position de l entreprise l gard de ce choc d mographique pr visible Plusieurs pr cisions peuvent tre amen es Tous d abord il convient de pr ciser que la France a un des plus faibles taux d activit des plus de 50 ans en Europe Les observateurs invoquent deux raisons qui rejoignent le d veloppement historique de l entreprise que nous avons plus haut D une part la multiplicit des plans sociaux favorisant les d parts en pr retraites depuis les ann es 80 d autre part un niveau de recrutement insignifiant des plus de 50 ans 36 Liaisons sociales n 35 octobre 2002 Ces m tiers qui vont manquer de bras 37 Le monde 2 juin 2003 dossier Vive les vieux 49 Rappelons que les statistiques du Cereq montrent clairement que les param tres ges et cat gories socioprofessionnelles influent significativement sur l acc s la formation En clair lorsqu on est g de 50 ans et que l on est Ouvrier on a tr s peu de chance d acc der la formation professionnelle continue De Virville 1996 C est ce qui faisait dire Gu rin en 1996 que les quinquas sont au ban de l entreprise Cette enq
17. information sur le sujet dont la communication est l objet description explication destin e faire comprendre La fonction impressive ou conative qui vise impliquer l interlocuteur agir sur lui projeter l interlocuteur pour le valoriser Elle me place du point de vue du destinataire l imp ratif par exemple Tais toi La fonction po tique ou esth tique qui d passe largement le seul cadre de la po sie consiste en une projection de laxe des substitutions sur laxe des concat nations qui concerne le message linguistique I like Ike Un effet 229 s mantique est produit non pas par le contenu des mots choisis mais par leur ordre d cid et d termin parmi d autres ordres possibles ainsi que par l ordre des lettres Elle vise ajouter au message un suppl ment d motion d esth tique de plaisir de sens La fonction m talinguistique comme une fonction sur le code du message lui m me pour introduire une nouveaut un d calage Elle est une question ou une r ponse sur le code que nous employons qu entends tu par ce terme Cette grille de lecture est sans doute tr s pertinente elle est d ailleurs largement utilis e par de nombreux sp cialistes analysant les discours les relations Cependant il nous semble qu elle est moins ais e mettre en uvre dans le cadre de la relation ducative Notre d veloppement n avait pour but de faire u
18. le discours scientifique jusqu tr s r cemment peut tre m me encore aujourd hui dans certaines disciplines dans certains travaux Dans cette pens e l exp rimentation comme exp rience ordonn e fait rencontrer une m thode a priori et un r el pour d gager un sens objectif irr futable la science exacte Cette position renforce le d bat l opposition entre th orie et pratique entre th orie scientifique et empirisme Les sciences du vivant et les sciences humaines notamment posent de nouvelles questions pist mologiques et m thodologiques aux quelles le positivisme ne permet pas de r pondre La complexit du r el n cessite des approches plus larges moins lin aires la causalit cart sienne est limit e Depuis Kant et la ph nom nologie ensuite ce rapport dialectique est d pass La science construit des connaissances relatives des objets du r el mettant en regard des connaissances th oriques et des rapports l objet r el Toujours suivant De Villers 1991 il convient d attribuer Bachelard et Piaget notamment une nouvelle pist mologie dans laquelle la connaissance et la connaissance scientifique en particulier est une construction Le Moigne 1995 66 propose une pr sentation synth tique de ces pist mologies constructivistes Il n est plus question d opposer th orie et empirisme rationalit et r alisme esprit et r el Pour Bachelard 1987 l empirisme i
19. probl mes et donc sa performance De nombreux travaux se sont centr s sur ce mod le d s 1983 et ont mobilis de nombreux chercheurs avec des r sultats d cevants Pourtant outre les applications concr tes dont les syst mes experts font partie ces recherches ont permis d ouvrir un champ qui continue mobiliser la psychologie cognitive Nous notons que ce mod le est voqu non seulement par Bastien 1997 mais aussi Abernot 1993 et Tochon 1993 Dans ce mod le il est aussi question d une typologie propos e partir d une analyse ph nom nologique de l acquisition des savoir faire Dreyfus 1992 p 356 Cette typologie fait appara tre une succession de cinq stades correspondant un accroissement d exp rience et par la m me des aptitudes e le novice il ne poss de pas d exp rience il a besoin de r gles formelles g n rales e le d butant avanc a acquis ces r gles et interpr te ses premi res exp rimentations e la comp tence l exp rience acquise am ne articuler des ensembles d informations situationnelles et permet les prises de d cision des plans d action les choix qui engagent les r sultats de son activit et sont engageants motionnellement e l a ma trise permet la r flexion d tach e de l action sans effort conscient partir des nombreuses situations v cues et des plans d action men s l valuation et la combinaison conform ment la r gle e exper
20. proposant l action de guidage tutelle du formateur Bastien en remarque d ailleurs l efficacit potentielle sur l apprentissage l auteur nous invite prendre en compte la dimension sociale de l apprentissage C est aussi ce que nous pensons relever chez Kolb lorsque nous avons voqu l apprentissage exp rientiel du Professionnel exp riment notamment dans les phases d observation r fl chie et d exp rimentation active Cette dimension sociale de l apprentissage dans la construction de connaissance avec l exp rience est d ailleurs confirm e par les ethnologues qui travaillent sur la transmission de savoir faire Chevallier 1991 Nous poursuivons notre d veloppement dans cette direction 8 2 3 L apprentissage sous l hypoth se socio cognitive Dans nos d veloppements pr c dents relatifs au Professionnel exp riment la relation aux autres la mise en mots l change sont apparus comme l ments constitutifs de l apprentissage exp rientiel Les approches pr c dentes de l apprentissage nous invitent aussi prendre en compte la relation Professionnel Exp riment Successeur comme centrale dans l apprentissage du Successeur Ainsi Aumont et Mesnier 1992 par exemple confirment les effets des interactions sociales dans l acte d apprendre En ce sens la culture est bien transmise les savoirs individuels se construisant la fois partir de l exp rience personnelle et
21. tude sur l Emetteur le R cepteur le codage et le d codage le canal le feed back Mais comme le fait remarquer Abric cette approche quelque peu m caniste voire cybern tique est r ductrice en regard des filtres et des facteurs d terminants de la communication Il s agirait alors d voquer la nature des informations chang es des filtres personnels des influences psychologiques r ciproques Cette lecture simpliste m caniste consisterait penser cette relation comme l action de verser un liquide contenu dans une carafe pleine dans un verre vide Cette vision m caniste de la relation tend consid rer celle ci comme une mise la norme du Successeur une norme qu incarnerait le Professionnel Exp riment Cette image r ductrice est riche d enseignement Tout d abord elle montre comment une approche rationnelle simplifiante peut d former d naturer tronquer une r alit de mani re dangereuse Elle est simpliste pour trois raisons au moins le Professionnel Exp riment ne se vide pas en transmettant quelque chose de son exp rience le Successeur ne peut pas tre consid r comme un verre vide que l on remplirait la transmission ne peut tre assimil e une transfusion de savoir faire Notre d veloppement doit nous permettre d adopter une lecture de la relation plus compl te plus complexe 48 Shannon C F 1952 The mathematical Theory of Communicat
22. 1990 p 144 145 L auteur confirme que dans cette forme d imitation mod lisation interactive le sujet apprenant n est pas passif au contraire il est m me il est particuli rement actif Son activit peut servir plusieurs buts cognitifs ou relationnels L imitation n est pas con ue comme du mim tisme La compatibilit avec l approche psychologique pr c dente de l apprentissage est ici r affirm e L imitation est envisag e comme la mise en uvre par le sujet imitant des proc dures de mise en relation entre les moyens et les buts qu il a observ es chez le sujet mod le Cela suppose une activit cognitive de s lection et de traitement des informations utiles activit n cessairement li e au niveau actuel du sujet imitant Cela suppose aussi l intentionnalit du choix de ce moyen pour atteindre un but On peut reconna tre deux cat gories dans les buts vis s l accroissement des savoirs et savoir faire dans les diff rents champs de conduite il s agit alors d un objectif cognitif l accroissement du lien relationnel c est alors un objectif de communication Winnykamen 1990 p 334 Toutefois l auteur nous rappelle que l apprentissage sous tend l acquisition de connaissances qui suppose de part et d autre un effort L activit de l apprenant est ici confirm e se pose alors la question de sa motivation que nous devrons aborder plus tard Mais au del c est l e
23. Dans le m me article il reconna t en ce personnage son p re spirituel Si l on suit Vanier 1996 Sigmund Freud que l on consid re comme le fondateur de la psychanalyse revendique la filiation de ses travaux dans ceux de Charcot qu il admire Et par ailleurs Freud tient Darwin pour un de ses h ros Toujours dans le champ psychanalytique on oppose souvent le courant lacanien et le courant freudien Or Vanier 1996 nous explique que Lacan comme bien d autres psychanalystes inscrivent leur cole en r f rence aux conceptions freudiennes soit en lign e directe soit en rupture Il convient de pr ciser aussi que cette rupture s accompagne souvent d un conflit charg affectivement C est l sans doute un point qu il nous faudra d velopper Nous pourrions ainsi multiplier les exemples c l bres et remonter l histoire jusqu Socrate Platon et Aristote par exemple et peut tre m me jusqu Ernest fils d Edouard et narrateur du roman de R Lewis Steiner 2003 le fait avec une pr cision que nous n aurions pas pu concurrencer En effet Steiner propose de commenter la relation Ma tres et disciples au travers de nombreux exemples c l bres issus de la philosophie de la religion et de la litt rature et ce de Socrate nos jours Son ouvrage relate ces relations de ma tres disciples comme autant de ph nom nes largement inscrits dans les cultures de chaque p riode s accommod
24. Le Professionnel exp riment n est plus qu une motivation extrins que pour le Successeur il devient aussi motivation intrins que Et nous pouvons inverser les places de l un et de l autre Aumont et Mesnier 1992 attirent notre attention sur le fait que l ignorance est aussi porteuse de peur de savoir d pist mophobie Le sujet pr f re ignorer qu prouver la souffrance il fuit les motions d clench es par la relation l anxi t face au doute l apprentissage L ignorance peut alors agir comme inhibition agir n gativement sur l image de soi g n rer des d fenses c est la n gation du d sir de conna tre et de fait la neutralisation de la perte de la souffrance Ainsi le manque de motivation apprendre voire le refus d apprendre peut s enraciner dans des d fenses profondes intimes inconscientes L encore l action du formateur est agissante mais sur un niveau plus subtil psychop dagogique diraient certains Il ne s agit pas l d expliquer d argumenter de faire ou de faire faire mais d couter de dialoguer d encourager de rassurer d accompagner de faire ce que tout formateur doit savoir faire pour susciter l envie de savoir 8 3 3 Une articulation de facteurs motivationnels Nous avons relev avec Lieury et Fenouillet 1997 que les motivations apprendre s articulent se combinent Les auteurs utilisent l image d un puzzle p 124 Ils
25. Nous faisons ici un parall le avec nos d veloppements pr c dents En particulier il nous semble retrouver l ce que Winnykamen 1990 nous proposait dans l activit de guidage tutelle Bruner 1998 dans le cadre des dyades dissym triques Par ailleurs on a vu avec Piaget que l activit de l apprenant est au centre du processus d apprentissage Dans notre situation cette caract ristique est particuli rement 226 int ressante souligner compte tenu des composantes du savoir faire que nous avons tent de relever Toutefois suivant les besoins du Successeur cette activit n est possible accessible au Successeur que lorsqu il a int gr a minima les r gles les principes Cette modalit de relation suppose un apprentissage par le faire pour autant il est possible de faire quand on a d j acquis les pr curseurs Bastien 1996 n cessaires Parall lement ce type d pisodes suppose que le Professionnel Exp riment aborde des sujets des taches des activit s accessibles au Successeur dans la zone proximale de d veloppement Vygotski 1985 Mais cet apprentissage par le faire peut nous semble t il prendre plusieurs formes suivant qu elle oriente le Successeur dans l une des phases d apprentissage que propose Kolb 1984 Le professionnel Exp riment peut faire et montrer incitant l observation il peut faire avec et argumenter r guler favorisant l exp rimentation r fl chie il peut fa
26. Pour Aumont et Mesnier 1992 la motivation transforme le d sir de savoir en intention d apprendre qui conduit de la curiosit l acte d apprendre Elle se traduit par des aspirations des formulations de projections de d sir dans le futur Les auteurs voquent un axe imaginaire allant du d sir aux aspirations int grant l image de soi repr sentation de ses comp tences ses qualit s son degr de r ussite devant la t che et le sc nario motivationnel organisation de d sirs et des aspirations histoire imaginaire construite par le sujet Ils s appuient sur Nuttin 1985 pour donner la motivation une expression cognitive dans la r alisation d un objet but qui cristallise tout processus motivationnel en fonction d un tat de choses per u et d un tat de choses con u Pour les auteurs la motivation d apprendre s articule dans un syst me fait de motivations extrins ques parmi lesquelles r side l objet but la pression sociale le besoin li l agir sur le r el et de motivations intrins ques parmi lesquelles se situe le d sir d apprendre de conna tre les aspirations mais aussi le plaisir d apprendre Ce d sir est rapprocher du d sir du sein maternel dans la relation archa que la fois bon objet et mauvais objet Ainsi la relation la m re premier objet d investissement est la base de la construction du psychisme du Moi le d sir de conna tre est une
27. activit du sujet apprenant est centrale Suivant ce courant l apprentissage du Successeur est li son action et sa r flexion sur l action ses recherches et ses entreprises qui se rejoignent 8 2 2 Les apports du mod le fonctionnaliste Pour tudier les connaissances du Professionnel Exp riment nous nous sommes orient s vers la mod lisation que propose Bastien 1997 Nous avons vu que cet auteur 173 proposait un mod le moins structuraliste que celui de Piaget mod le dans lequel les connaissances sont activ es par le contexte Cet auteur nous permet de prolonger l approche constructiviste et connexionniste de l apprentissage Il propose de consid rer l apprentissage sous deux angles apprentissage implicite et explicite le deuxi me concerne des contenus expos s l apprenant Pour Bastien 1997 l apprentissage est d abord consid r sous langle de analyse fonctionnelle p 73 Cette premi re approche s int resse aux connaissances g n rales fond es sur l int gration cognitive d un traitement perceptif situationnel et aux connaissances symboliques Il aborde dans un premier temps les interactions entre informations perceptives et connaissances ant rieures dans l apprentissage de relation spatiales Les sujets sont mis en situation cette approche met en lumi re des transformations cognitives progressives le r le de la comparaison perceptive et le r le du sch me famili
28. autant plus grand pour celles pas si nombreuses qui ont accept de jouer le jeu Puisque j en suis voquer les souvenirs du voyage que je qualifiais pr c demment de pas si tranquille la m taphore du navigateur solitaire est d autant plus facile il existe cependant des s maphores s curisants et donnant du sens Comment rendre compte des diff rentes p rip ties des coups de vents des d ferlantes des calmes plats Outre la difficult de concr tiser la faisabilit des observations sur plusieurs terrains diff rents les alternances espoirs d ceptions au fil des courriers puis des entretiens il faudrait pouvoir relater les petits soucis divers et vari s qui ont maill ce voyage Les petites tracasseries administratives li es aux autorisations d acc s aux badges et autres autorisations de prise de vue pendant le plan vigie pirate les rendez vous manqu s pour cause d inondation d cembre 2003 pour cause de temp te de neige janvier 2004 de formation ou de r unions de mutations impr vues des participants annulant de fait les observations en cours les rat s de la technique notamment lors des retranscriptions des enregistrements audio et vid o les longues soir es d hiver dans une vielle maison d Ard che mal ou pas chauff e Il serait sans doute n cessaire de relater aussi les multiples tentatives d analyse de contenu chou es ou partiellement r ussies l
29. cues et formatrices qui sont inobservables donnant lieu des apprentissages qui ne sont pas attendus et donc non rep r s non connus y compris par l enseignant lui m me Le curriculum cach appara t alors le domaine du non dit de ce qui chappe la formulation pr cise m me s en tenir aux objectifs non cognitifs ou socio cognitifs Or ce non dit n existe qu en fonction d une exigence de rationalit et d explication des finalit s propre 207 aux sp cialistes de la didactique ou de l valuation p 47 Pour l auteur le curriculum r el inclue ce curriculum cach qu il est d licat de repr senter puisque cach y compris aux acteurs eux m mes Pour construire une repr sentation r aliste du curriculum r el et de ses rapports au curriculum prescrit peut tre faudrait il renoncer une opposition tranch e entre un curriculum manifeste et un curriculum cach et envisager plut t une gradation continue l int rieur du curriculum r el allant du plus manifeste au plus cach sans solution de continuit p 48 Il serait r ducteur de r sumer la transmission de savoir faire un quelconque programme une quelconque d finition de fonction ou r f rentiel de comp tence une d claration d intention de transmission aussi pr cise soit elle Ce p le savoir du syst me que propose de prendre en compte Lerbet S r ni 1994 est plus complexe encore
30. d anticiper de pr voir de formaliser d inventorier d ajuster de valider Certains pourraient m me voquer un n o taylorisme rep rable dans une sorte de coh rence entre les diff rentes m thodes qui sont d actualit l Assurance Qualit la GPEC Dans ce paradigme rationalisant pr gnant depuis Taylor et Fayol il convient de s interroger sur notre objet de recherche la transmission de savoir faire La sociologie des organisations Bernoux 1985 Stroobants 1993 d une part et l ethnologie Chevallier 1991 d autre part nous confirment que malgr la rationalisation dominante et ce depuis les formes les plus tayloriennes le compagnonnage les processus d change de transmission de partage existent au sein d un collectif de travail Ces auteurs nous conduisent aussi penser que les savoir faire existent aussi comme des 46 compl ments pr cieux et pr cisent que leur transmission s op re dans les situations ordinaires par interactions dans l action par la collaboration et dans la transmission par guidage par compagnonnage la plupart du temps tacites chappant l organisation Nous croyons voir ici encore une variante du mod le de r f rence que constituent les Compagnons du devoir Pour l entreprise cependant la pertinence d une transmission de savoir faire ne semble pas tre une vidence l exp rience elle m me est mal ou pas reconnue Un
31. d j manifeste pour la V A P la VAE d sormais et le tutorat Encore faut il tre prudent notre g n ralisation pourrait s av rer alors audacieuse Si l on en croit certains articles relatant des exp riences significatives Ces exp riences suivent les pr conisations de Darvogne et Noy 2000 organiser le travail pour qu il soit formateur et tout particuli rement celles contenues dans le chapitre 15 En effet suivant les pr conisations des auteurs il s agit de conserver le savoir faire d une personne qui s en va pour ne pas s appauvrir p 177 Ces entreprises mettent en uvre des actions de capitalisation d exp rience et de transfert de comp tence p 180 181 Il nous semble que ces actions s apparentent pour partie au moins des formes de compagnonnage Cependant eu gard l ampleur du ph nom ne pr visible les entreprises ne semblent pas toutes conscientes loin s en faut du risque et de la n cessit de promouvoir des dynamiques en ce sens Nous voyons l encore une forme de d ni de l exp rience de sa contribution une performance individuelle et collective et du risque encouru lors d un d part individuel ou collectif lors d une mutation lors d une embauche Nous pouvons revenir sur le paradoxe que nous voyions pr c demment se profiler Les d cisionnaires porteurs de ces certitudes convaincus que rien n a t oubli dans le Lib r
32. de ce mod le Son aspect pratique est certes ind niable Il manque sans doute une dimension rendant compte de la dynamique temporelle qui privil gierait la figuration circulaire une figuration spiral e et prendrait en compte l int gration des exp riences pass es Cependant le mod le de Kolb met en tension dialectique l action et la r flexion 94 l exp rience concr te sensible et la conceptualisation abstraite En ce sens l exp rience du professionnel est indissociable la fois de sa r flexion a priori et a posteriori ses connaissances sont inscrites la fois dans l action et dans la r flexion 7 3 3 L activit du Professionnel Exp riment Si nous consid rons que l exp rience est source d apprentissage il nous semble n cessaire de revenir sur les remarques propos es par De Villers 1991 et Mialaret 1998 Les auteurs pr cisent que l exp rience li e la nature de l activit ne peut tre source d apprentissage que si le sujet est ouvert actif et r flexif chercheur de solutions Les auteurs invitent aussi penser l exp rience comme potentiellement scl rosante lorsque l activit n est que reproduction sans r flexion de ce qui est d j acquis renforcement des sch mes d action d j l Il semble n cessaire de commenter ici ces aspects L apprentissage exp rientiel d pend la fois de la richesse de l activit et de la capacit du sujet questionner pr
33. der un poste soit par recrutement soit par mutation il peut tre suivant le cas un Novice un D butant Avanc un Comp tent au sens de Dreyfus Nous ne pouvons que formaliser le fait que dans tous les cas il est un Professionnel au sens de Altet 1994 titulaire d un contrat de travail donc sorti de ce qui est convenu d appeler la formation initiale Ce dernier point commun tous les cas de figures que nous tudions positionne le Successeur au del de ce que pourrait apporter la psychologie du d veloppement et comme pr c demment nous ne retiendrons pas la notion de stade de d veloppement Piaget 1975 Cependant Reboul 1997 p 9 voque aussi la maturit psychique de l adulte et comme pr c demment cette id e de maturation est la fois chez Piaget et chez Riverin Simard 1993 Si nous poursuivons cette id e apprentissage du Successeur d pendrait de son ge de sa maturit de l tape de vie au travail Nous reviendrons sans doute sur cet aspect plus loin 168 En regard de la fonction occuper nous supposons que le Successeur est pour partie au moins Novice il a besoin d apprendre pour occuper la fonction La situation de transmission que nous tentons d tudier a pour but justement de favoriser cet apprentissage Elle est m me motiv e par cet apprentissage pour faciliter l acc s du Successeur la fonction Pr c demment il nous paraissait d licat de rendre compte par un mod
34. des mentors des initiateurs voire des ma tres sans que ces m mes personnes soient n cessairement des Enseignants des Educateurs des Formateurs Nous voyons ici se dessiner un paradoxe qui nous questionne Pour tenter d claircir notre position il nous semble utile dans un premier temps d largir notre r flexion pour mieux la resserrer ensuite Nous envisageons tout d abord un d tour par quelques exemples qui peuvent illustrer notre propos 2 Un d tour par quelques exemples 2 1 La transmission de savoir faire naturelle Depuis les travaux de Darwin on sait que l volution des esp ces r sulte d une lente suite d adaptations et de s lections L homme moderne est ainsi le descendant d une des trois grandes esp ces d hominid s elles m mes ont leur origine commune dans une esp ce proche des grands singes L homme contemporain est donc le fruit d une lente volution d une famille de grands singes volution dont on peut d sormais rep rer les stades Coppens et Picq 2001a et b Puisqu il y a proximit certains disent m me cousinage l observation des comportements de grands singes comme le Bonobo le Chimpanz le Gorille montre des similitudes frappantes avec les comportements humains C est sans doute ce qui justifie le fait que les psychologues les ethnologues les sociologues s int ressent aux travaux des thologues Wallon 1970 63 88 On constate que le cousinage g n
35. des repr sentations symboliques un syst me de 170 repr sentation et traitement de l information L activit cognitive est centrale l apprentissage consiste modifier des repr sentations de situations ou de savoirs modifications internes au sujet Dans ce courant constructiviste l apprentissage appara t l comme une construction cognitive partir des perceptions de l environnement dans l interaction avec lui C est ce que propose la psychologie g n tique avec comme pilier les travaux de Jean Piaget d j voqu plus haut pour le Professionnel Exp riment Piaget 1975 privil gie dans l apprentissage le r le du sujet suivant 4 facteurs l h r dit jusqu la maturation le milieu physique exp rience le milieu social acquis culturels et changes interpersonnels l quilibration La maturation est l volution des connaissances en fonction de l ge le stade de d veloppement mental et un processus d quilibration qui coordonne les sch mes sch mas de pens e et d action organis s en une structure mentale dont il dispose L quilibration entre les sch mes et les objets se fait par un processus endog ne d abstraction r sultant de l assimilation assouplissement du m me sch me plusieurs situations et de l accommodation nouveau sch me nouveaux objets Lorsqu un sch me n est pas adapt pour interpr ter et agir sur un objet il y a un conflit cognit
36. du travail la p riode 28 32 ans la recherche d un chemin prometteur la p riode 33 37 ans aux prises avec une course occupationnelle Apr s l adulte de 38 52 ans entre dans une circonvolution orbitale faite de trois tapes 38 42 ans essais de nouvelles lignes directrices 43 187 47 ans en qu te du fil conducteur de son histoire puis 48 52 ans modification de sa trajectoire La tranche d ge 53 67 ans est d crite comme celle des man uvres de transfert interplan taires que le sujet effectuera de fa on ardue et p nible ou complexe mais sereine p 87 Suivant cet auteur le Successeur peut avoir des aspirations diff rentes en regard du travail du savoir faire et donc des motivations apprendre diff rentes suivant qu il est plus ou moins exp riment plus ou moins g C est aussi ce que pourrait nous laisser penser une premi re lecture de l ouvrage de Carr 2001 p 121 l auteur place dans son analyse la variable ge Mais son analyse statistique des facteurs influen ant l expression des motifs d entr e en formation tend montrer que l influence de l ge sur cette expression n est significative que si on le combine au terrain Les choses pourraient donc tre plus complexes encore Imaginons par exemple un Successeur g d une quarantaine d ann es changeant de fonction d emploi voire m me d entreprise Ce cas de figure est loin d
37. elle est pr sente naturellement dans toutes les activit s sociales et concerne tous les types de comp tences tous les niveaux de responsabilit s Ayant pos le cadre g n ral nous voici pr t aborder le champ de notre recherche centr sur l entreprise 26 3 LD Entreprise champ de recherche en Sciences de l Education Notre champ de recherche est centr sur le monde de l Entreprise et en ce sens nous sommes conscient d tre quelque peu loign des pr occupations usuelles des Sciences de l Education majoritairement ax es sur des probl matiques li es l Education Nationale et la formation initiale Le monde de l entreprise est un monde qui r v le tout un champ d investigation pour toutes les sciences dures ou molles et tout particuli rement pour les Sciences Sociales L Entreprise ne peut qu interroger les Sciences Sociales puisqu elle porte des ph nom nes humains individuels et collectifs Pour autant il faut bien le reconna tre le monde de l entreprise est plus sensible des paradigmes techniques conomiques financiers tel point que des termes comme capital humain capital immat riel sont largement utilis s pour voquer ce facteur humain Il est curieux de constater d ailleurs que ce capital humain n appara t pas au bilan comme le font remarquer Faure 1996 ou Tarondeau 1998 Parall lement certains discours proclam
38. exigence de la situation et la n cessit pour le Successeur de construire une heuristique un raisonnement argument la r solution est contrainte par sa compr hension et la r ussite Il s agit pour le Professionnel Exp riment d un obstacle directement li la relation l interaction l Autre sa pr sence et ses besoins d une part et aux imp ratifs de la situation d autre part En effet pour r soudre le probl me pos le Successeur a besoin de connaissances d j l construites Bastien 1997 il doit disposer des moyens cognitifs pour le r soudre Mais en m me temps r soudre le probl me avec l Expert supposerait soit qu il dispose de l exp rience de celui ci soit que l Expert formalise sa d marche de r solution de probl me de mani re la rendre explicite et donc accessible pour le Successeur Nous rep rons l un risque de passer d une co action souhait e une action auto r f renc e du cot de l Expert ou du cot du Successeur Il est plus facile pour le Professionnel Exp riment d agir de r soudre le probl me que de laisser le Successeur chercher et entreprendre Aumont et Mesnier 1992 essayer et se tromper en le guidant Bruner 1998 Vygotski 1985 juste assez pour ne pas faire tout seul Cet obstacle fait conflit cognitif chez le Professionnel exp riment 220 Par ailleurs Poplimont 2000 attire notre attention sur le fait que le probl me
39. exp rience le milieu social acquis culturels et changes interpersonnels l quilibration 117 La maturation c est l volution des connaissances en fonction de l ge son stade de d veloppement mental et un processus d quilibration qui coordonne les sch mes sch mas de pens e et d action organis s en une structure mentale dont il dispose L quilibration entre les sch mes et les objets se fait par un processus endog ne d abstraction r sultant de l assimilation assouplissement du m me sch me plusieurs situations et de l accommodation nouveau sch me nouveaux objets Lorsqu un sch me n est pas adapt pour interpr ter et agir sur un objet il y a un conflit cognitif r sultant du d s quilibre Assimilation et accommodation ne sont pas deux fonctions s par es mais sont deux p les fonctionnels L adaptation est la recherche d quilibre entre les deux processus dynamique par lequel le sujet reconstruit l objet la situation nouvelle qui provoque le d s quilibre C est ce qui caract rise la conceptualisation la prise de conscience et la compr hension du r el L quilibration s accompagne d une articulation croissante entre sch mes et entre sch mes et sous syst mes de sch me donnant lieu un quilibre entre des sch mes diff renci s et l ensemble qu ils constituent soit entre diff rentiation et int gration Piaget voque enfin l abstra
40. il convient aussi d voquer l approche valuative comme constituante de la relation Postic 1988b propose de prendre en compte l valuation comme partie int grante de cette relation ducative Cette valuation doit tout la fois permettre la responsabilit du sujet apprenant dans son propre trajet d apprentissage et donner l enseignant la capacit d une r gulation d une remise en question de son projet d enseignement Si on consid re que l action p dagogique doit tre con ue non comme l application de techniques mais comme la mise en uvre concert e d un projet sous tendu par une r flexion th orique sur les buts poursuivre et sur les moyens qui devraient permettre d y parvenir alors l observation de la r alit permet de v rifier le degr de coh rence entre le syst me philosophique de r f rence et ce qui est effectivement r alis Postic 1988b p 19 Selon l auteur dans toute action d enseignement l valuation est int gr e non pas comme une r f rence une norme port e par quelque instance externe mais comme 202 une r f rence un projet commun consensuellement accept par les sujets en action Il s agit plus d une valuation r gulation Dans une formule d valuation r gulatrice de la formation tous ceux qui participent la formation et qui en contr lent le d roulement sont oblig s de s accorder sur des objectifs et sur un syst
41. il faut aussi qu il me touche pour qu il y ait une relation qu il me soit proche pour reconna tre cette alt rit L auteur commente cette id e Il nous semble que la relation non plus narrative mais interpersonnelle qui n est pas strictement confusion et r p tition des identiques ni distanciation des alt rit s absolues mais qui les con oit conjointement dans leurs int grations leurs tensions et leurs dialectiques r ciproques conduit elle aussi cette mergence d ips it s Lerbet Sereni 1994 p 19 Cette approche est nous semble t il tr s pertinente pour notre probl matique D une part elle nous conduit penser l exp rience du professionnel comme la r sultante d une construction complexe dans son rapport au r el et dans ses multiples relations aux autres D autre part la relation entre le Professionnel Exp riment et son Successeur doit tre envisag e comme interpersonnelle susceptible d engendrer des int grations et constructions r ciproques des dialectiques r ciproques l un et l autre tant confront s l alt rit L auteur argumente et taye l id e de r ciprocit de cette construction d ipseit s sous l angle de la psychologie sociale La psychologie existentielle pr nant la construction avec l exp rience sans nier l essence de la personne propose de reconqu rir le sens de l tre la dialectique existentielle essentielle constitutive d
42. in my opinion it is Ella who left the most indelible mark Quittons pour un moment le sport et la musique pour chercher ailleurs d autres exemples significatifs Dans un autre champ plus proche de nos pr occupations universitaires nous nous souvenons d une conf rence d Edgar Morin en 1999 au D partement des Sciences de l Education Lambesc Cette conf rence a r uni tous les Professeurs des Universit s les Ma tres de Conf rence chercheurs et enseignants les tudiants que compte ce d partement et d autres encore venus d ailleurs Il semble que tous taient venus couter et voir l homme celui qui a v cu pens et crit toute cette bibliographie Et pourtant les publications d Edgar Morin ne manquent pas ses id es ses concepts ses recherches ses pens es sont largement disponibles et comment es tout particuli rement la biblioth que universitaire Dee Dee Bridgewater Dear Ella Polygram Compagny 1997 18 Lors d une autre conf rence en ce m me lieu Gaston Mialaret un des p res fondateurs des Sciences de l Education en France racontait quelques anecdotes v cues avec son ma tre Gaston Bachelard Autre exemple c l bre Hubert Rives astrophysicien m diatique confie dans un article du Monde que son enfance a t marqu e par un moine trappiste Louis Marie ami de la famille qui lui a donn le go t des sciences naturelles l observation l exp rimentation
43. l autre Cette dimension psychanalytique est donc bien pr sente dans la relation Notre d veloppement pr c dent mettait en vidence les facteurs intrins ques de la motivation de l un et de l autre des protagonistes Parmi eux nous avons voqu la filiation propos e par Legendre dans une perspective psychanalytique et argument e par Ric ur Braun Anzieu et Ka s Aumont et Mesnier Le Professionnel exp riment s ternise dans la relation au Successeur devenu Fils symbolique Pour le Successeur nous avons de m me voqu la dimension affinitaire le d sir de savoir comme facteurs intrins ques de la motivation apprendre le Professionnel exp riment est le P re symbolique la fois incarnation de l Interdit et celui qui permet l acc s au savoir devenu d sirable Nous l avons rapproch ce d sir d apprendre ce que Winnykamen appelle la motivation l attachement Il semble donc que la relation de transmission peut avoir comme moteur la filiation par 213 laquelle les acteurs se reconnaissent mutuellement comme p re et fils symboliques et ainsi peuvent instaurer une relation symbolique de P re Fils Nous l avons vu aussi cette relation parentale symbolique est confirm e par Levi Strauss 1974 dans une approche anthropologique comme un fondement structural de toute soci t condition pour que s exerce le don Mauss 1999 II nous semble que la relation de transmission entre le Pro
44. l h ritier 17 Pour notre part nous avons eu la chance d assister une master class anim e par Max Roach l un des plus grands batteurs de jazz l un des derniers survivants de l poque Be bop A plus de 75 ans il conseille et fait profiter de son exp rience les musiciens ou m lomanes pr sents plus ou moins jeunes d ailleurs Il raconte sa carri re professionnelle longue et riche qui l a conduit jouer avec de nombreux tr s grands musiciens comme Charlie Parker ou Dizzi Guillespie entre autres Il pr cise aussi que sa carri re professionnelle a d but l ge de dix huit ans avec celui qu il appelle Mister Duke Ellington montrant ainsi l admiration et le respect qu il lui voue Nous noterons que Duke Ellington est aussi objet d admiration de beaucoup d autres musiciens c l bres Claude Bolling par exemple le reconna t comme son ma tre Restons encore dans le m me registre comment ignorer le vibrant hommage de Dee Dee Bridgewater c l bre chanteuse de Jazz Ella Fitzgerald qu il est sans doute inutile de pr senter Nous noterons au passage le rapport filial qu elle revendique des grandes voix du Jazz Ella Fitzgerald along with other great ladies we ve lost like Billie Holiday Sarah Vaugan Carmen McCrae was a pioneer of vocal jazz It is because of their individual and collective efforts that singers such as myself can exist today They paved the way However
45. l informatique l ordinateur de Von Neumann et A Turing et la neurophysiologie d velopp e par Mac Culloch 7 4 3 1 Le cerveau le grand coordinateur Le sujet connaissant agit sur le r el qu il tente de comprendre de ma triser voire de modifier Son action se traduit par des actes concrets des gestes impliquant le corps les sens mais aussi des actes de pens e de langage des calculs des anticipations des choix des d cisions des intuitions des motions Le cerveau est le centre de nos actes et de nos pens es il commande et coordonne l ensemble de nos fonctions son activit est centrale pour tenter d aborder ce que nous appelons le savoir faire sous l angle de la connaissance Avec les sciences cognitives nous pourrions ainsi l aborder sous l angle physiologique convoquer la neurobiologie les neurosciences la psychomotricit la psychologie cognitive la linguistique Le cerveau est la concr tisation m me de la complexit du vivant il est le champ de recherche de nombreuses disciplines regroup es sous le terme neurosciences et des disciplines associ es comme la biologie et l informatique ou l Intelligence Artificielle sans qu aucune d entre elles puisse se targuer d en d tenir tous les secrets Varela 1996 d crit l volution des sciences cognitives suivant de grandes tapes chronologiques il nous invite consid rer deux grands courants de pens e la cognition 7 4 3 1 1 L
46. le des multiples apprentissages de l Expert qui avaient jalonn sa carri re professionnelle et sa vie extra professionnelle Les situations v cues nombreuses et vari es sont autant de situations d apprentissage et dont le Savoir faire tait le r sultat Nous nous sommes content de faire tat de l apprentissage exp rientiel justifiant le fait que l exp rience est porteuse d apprentissage Le Successeur m me Novice n est pas un vase vide 1l est professionnel et poss de lui aussi une exp rience En revanche pour le Successeur dans la situation de transmission que nous souhaitons observer il nous semble plus propice de tenter une mod lisation faisant appel aux th ories de l apprendre Les mod les de l apprentissage s int ressent aux m canismes d adaptation de tout organisme vivant en volution c est dire au fait qu il se transforme en s informant par l exp rience dans son environnement Apprendre est ici un processus caract risant le vivant et n cessaire sa conservation et sa reproduction Donnadieu Genthon et Vial 1998 p 18 Smolensky 1992 il nous propose un lien entre apprendre et exp rience Apprendre n est pas construire et afficher des formules mais ajuster graduellement les forces de connexion l exp rience avec le r sultat de modifier lentement les paysages d harmonie d adapter les concepts cat gories sch mes anciens et d e
47. ories Durozoi et Roussel 1997 p 348 La science est donc anim e par la volont de produire des connaissances g n ralisables Or la science a sa propre histoire et au fil de l volution de l humanit elle traduit et formalise le besoin que l homme a de conna tre de ma triser et d agir sur le monde dans lequel il volue Tout au long de son histoire la philosophie s est interrog e sur la connaissance la conscience humaine la compr hension du monde et de soi De fait la philosophie s interroge sur la science comme activit et la connaissance scientifique comme sa production 64 De la m me mani re pour produire de la connaissance g n ralisable la science a labor peu peu des th ories et des m thodes correspondant aux courants de pens e de chaque poque Steiner 2003 nous rappelle que notre soci t occidentale s est construite sur une double r f rence sur une double racine grecque d un cot et chr tienne de l autre De Villers 1991 nous propose une synth se des principaux courants de pens e la philosophie a oppos puis r uni ce qui est de l ordre des connaissances vraies Platoniciennes et les connaissances issues du rapport direct au r el empiriques L auteur rep re l volution de ce rapport dialectique entre id es vraies et empirisme depuis la Gr ce antique jusqu nos jours Nous notons que ces d veloppements sont aussi pr sents chez Abernot
48. passe t il dans cette situation de transmission de savoir faire lorsqu elle est mise en uvre Dans un deuxi me temps il s agit de proposer une construction th orique une probl matisation qui permette d une part de d crire cette situation faisant appel aux mod les issus de la syst mique de la psychologie cognitive de la psychomotricit de la psychop dagogie sans exclure des apports de la sociologie de l ethnologie et de la psychanalyse Cette construction doit me conduire poser des hypoth ses quant la relation entre les deux protagonistes objet de ma recherche Enfin l approche m thodologique t moigne du dispositif mis en uvre pour recueillir les donn es de la situation la formulation de variables et l interpr tation des r sultats La tentative de description de cette relation fait appara tre les volutions observables dans le cours de cette relation tant du point de vue de la communication ducative que des repr sentations des acteurs Il s agit de rep rer les volutions de la relation et les changements de part et d autre des manifestations d apprentissages chez l un et l autre des protagonistes de la transmission Ces observations et ces analyses nous permettent de proposer partir des tendances moyennes un mod le d volution de cette relation de transmission et mettre mon hypoth se l preuve des situations observ es Cette recherche a une vocation r solument
49. que de part et d autre tendance apprentissage vocationnel tendance participation identitaire Ce mod le est une construction de l auteur partir des attributions des adultes r pondants lors de son enqu te Cette repr sentation a le m rite toutefois de nous orienter vers une grande diversit de motifs extrins ques et intrins ques que nous pouvons supposer chez le Successeur Cependant dans cette typologie certains motifs ne nous semblent pas ad quats en regards de notre situation Nous ne pensons pas pertinents de consid rer les motifs la participation socio affectif h donique par exemple dans la mesure o nous tudions une relation dyadique En revanche nous conservons l id e que les motifs d apprendre sont potentiellement pluriels et parmi eux nous relevons aussi la prescription nous pourrions aller jusqu dire injonction de l entreprise Revenons sur ce qui nous questionnait pr c demment savoir le fait que le Successeur est un adulte et en corollaire la maturit Pour voquer la motivation de l Expert nous avons fait appel Riverin Simard 1993 pour prendre en compte les tapes psychologiques de la vie au travail Comme nous l avons d j dit plus haut l auteur d crit pour chaque tape des modes de vie au travail des aspirations et des significations diff rentes Ainsi la p riode 23 27 ans est assimil e un atterrissage sur la plan te du march
50. qui marque le passage du statut d Apprenti au statut de Compagnon p 86 Par ailleurs la sacralisation du travail l uvre le m tier complet et l homme inachev sont sans doute les valeurs fondatrices de ce mouvement S il est vrai que le Compagnonnage est ancr dans une tradition un p rim tre culturel Gu dez 1994 nous confirme toute l actualit de ce mouvement On ne peut r duire le compagnonnage une trace m moris e de pratiques dignes du mus e Le Compagnonnage est parfaitement inscrit dans l activit contemporaine tant au niveau des techniques que des valeurs des savoirs et savoir faire que des savoir tre pour rester dans le vocabulaire d Ardoino Par ailleurs Gu dez ajoute que le Compagnonnage pr sente sans doute une alternative aux syst mes d ducation en chec Ce point de vue tait d j celui des ethnologues que nous avons pr c demment voqu s Pour se convaincre de l actualit de ce mouvement il est ais de visiter la salle des chefs d uvre d une Maison de Compagnons Il est aussi possible de visionner un 8 Salomon 3 roi des H breux et fils de David 970 931av Jesus Christ Akrich et Boullier Le mode d emploi g n se forme et usage in Chevallier 1991 pp113 131 24 document film produit par L Universit de Provence Dans ce document on suit Louis Chiorino 72 ans Compagnon Menuisier du Devoir en retraite dit Louis le Dauphin qui se me
51. re cette difficult apparemment proc durale une difficult d un autre ordre Celle par exemple qu prouvent les entreprises et par voie de cons quence les institutionnels reconna tre la plus value de l exp rience des apprentissages qu elle induit des connaissances qu elle permet de construire De Virville 1996 posait comme Loi du 20 juillet 1992 d cret du 26 mars 1993 Proc dure de validation des acquis professionnels note de service n 94 201 du 11 juillet 1994 Loi du 18 d cembre 2001 promulgu e le 17 janvier 2002 77 Rebondir n 105 mai juin 2002 43 condition un engagement fort de l entreprise pour que cette reconnaissance soit possible Un autre commentaire peut aussi tre port sur cette volution de la FPC Il est noter que la formation altern e des jeunes de 16 18 ans date de 1982 Les SIVP se sont depuis transform s en Contrat de Qualification et Contrat d Adaptation la r forme annonc e de la FPC regroupera ces dispositifs dans la part du budget de formation consacr e l alternance Depuis lors et jusqu nos jours les dispositifs juridico financiers r gissant les formations des jeunes en alternance et en apprentissage se sont largement tay s Tout au long de cette p riode le l gislateur a voulu soutenir et inciter l insertion socioprofessionnelle de jeunes particuli rement d licate dans cette p riode de mont e du ch mage les ann es 90 D
52. repr sentations communicables et non communicables Sa structure interne volue avec le temps sans perdre son identit C est sans doute un point qu il nous faudra d velopper plus loin La dynamique de la relation dyadique est pr sent e par une approche syst mique Lerbet S r ni 1994 s appuyant sur les approches de De Rosnay 1975 et de Le Moigne 1990 propose de consid rer la relation dyadique comme un syst me ouvert sur son environnement elle change de l information de l nergie et produit de la n guentropie interne c est dire de l organisation L auteur nous pr cise que constitu e de deux processeurs dans notre cas le Professionnel Exp riment et le Successeur Le Moigne 1990 identifie de 2 12 inter relations Ainsi le syst me dyadique peut tre consid r comme un syst me complexe ou susceptible de se complexifier La dynamique g re les flux d nergie les boucles de r troaction positives amplification et n gatives freinage stabilit font osciller le syst me autour d un point d quilibre c est l hom ostasie Cette conception conduit consid rer l organisation du syst me qu est la relation dyadique Le syst me relationnel complexe est dynamique il est la fois en mesure de changement et d hom ostasie c est le principe d organisation par disponibilit l v nement l v nement tant consid r comme perturbation al atoire non programm e
53. s faciliter l acc s l emploi par la qualification et relevant l obligation l gale des entreprises 1 2 loi du 30 juillet 1987 puis 1 5 loi du 31 d cembre 1991 de la masse salariale Parall lement cette prolif ration juridique il est int ressant d observer l volution des pratiques de formation en entreprise au travers des statistiques du CEREQ Pour interpr ter les tendances g n rales d volution de la FPC trois indicateurs sont propos s le Taux de Participation Financi re TPF pourcentage du rapport entre le Budget Formation et la Masse Salariale Brute rapprocher de l imposition l gale la Dur e Moyenne de Formation moyenne des dur es effectives des stages de formation financ s par les entreprises Taux d acc s nombre de stagiaires ramen l effectif global en pourcentage encore appel l esp rance ou la probabilit d acc der la formation Le tableau ci dessous source C req montre l volution de ces trois indicateurs a 70 3 5 60 3 50 2 5 L 40 2 30 1 5 20 1 4 0 5 10 0 tt S 0 4 2 D D E SE SE D DS gt p A EELEE ES SP DE PSP SE PES P ES K EP K PS S TPF 6 Taux d acc s x10 Dur e moyen Ces trois indicateurs convergent vers une nette augmentation des budgets de formation jusqu 3 3 de la Masse Salariale en moyenne aujourd hui
54. s duire de nombreuses entreprises contraintes de r pondre une inflation des besoins de performance et de r activit et d sireuses d impulser un v ritable Management des Savoirs Tarondeau 1998 Ce mod le suppose de la part de l entreprise un changement de paradigme une autre vision du monde et d elle m me Si l on se r f re aux sept images de l organisation de Morgan apr s l entreprise vue comme une machine puis comme un cerveau biologique et cybern tique l Entreprise Apprenante repose sur une conception de l entreprise comme un organisme vivant un syst me complexe porteur de propri t s mergentes en forte interaction avec son environnement qui se transforme et s adapte aux brusques et profonds changements impos s par celui ci Ce mod le repose sur l apprentissage organisationnel Argyris et Sch n 1996 consid rant la capacit de l entreprise int grer et m moriser l information des exp riences et des savoirs externes et internes la capacit changer et adapter sa structure organisationnelle et ses Livian 2000 p 14 18 53 pratiques Il repose ainsi sur un ensemble de th ories et de concepts issus de nombreuses disciplines qui permettent de concevoir autrement l entreprise dans toutes ses dimensions Ce mod le influence l organisation et les modes de fonctionnement internes le management des ressources internes et particuli remen
55. se le Savoir Faire du Professionnel Exp riment Il nous semble n cessaire de revenir notre cheminement initial Il tait question de tenter une approche du Savoir Faire du Professionnel Exp riment Nous avons commenc poser le Savoir Faire comme un savoir un savoir en actes en situation Nous nous sommes r f r au mod le propos par Legroux in Lerbet 1997 pr sentant le savoir comme interm diaire d int gration entre l information et la connaissance un interface agissant tant en ent e qu en sortie du syst me cognitif Le Professionnel Exp riment a construit ses connaissances et les reconstruit dans de multiples situations dans les groupes sociaux aux quels il appartient Elles ont donc de multiples dimensions non seulement d claratives et proc durales Jorion 1991 mais aussi individuelles et culturelles identitaires symboliques Elles sont compos es de croyances de repr sentations individuelles et collectives Elles articulent des connaissances formalis es et empiriques th oriques et pratiques Le savoir faire processus interface entre connaissance et informations s exprime tant en entr e du syst me du Professionnel exp riment au niveau de la prise d information de sa s lection de son int gration qu en sortie par des manifestations en actes des r flexions des d cisions des relations aux autres comme des moyens d agir sur le r el c est dire sur les situation
56. tymologiquement s entend La connaissance est propos e comme un terme charg au sens commun de plusieurs sens elle pr c de l apprentissage et elle en est aussi le r sultat La Connaissance ne peut pas tre un stockage de savoirs transmis l apprentissage ce sont les savoirs qui sont incarn s d s que la personne peut agir sur et avec ce savoir par son projet c est l appropriation le changement la transformation du savoir et de la personne c est une r cursivit dans l interaction entre le sujet et le savoir C est l abstraction la perception la m morisation l laboration la transformation la restitution l utilisation l explication la compr hension l interpr tation des savoirs La connaissance est l exp rience d un savoir appropri c est dire transform par le sujet ce qui le constitue 116 comme personne car ce qui est appris s inscrit dans la dur e et laisse trace m me dans l oubli du savoir L apprentissage peut alors se d finir comme un processus par lequel un sujet transforme des savoirs en connaissance Donnadieu Genthon et Vial 1998 p 20 Nous soulignerons ici l id e de transformation et d appropriation particuli rement pertinente pour voquer le savoir faire du Professionnel Exp riment li e son exp rience professionnelle et donc appropri e personnalis e 74 3 3 1 L hypoth se constructiviste de Piaget Notre approche pist molog
57. un ou l autre on attribuera la v rit d un cot ou de l autre Cette opposition se retrouve aussi dans l articulation formation exp rience que commente De Villers Dans notre probl matique cette opposition pourrait trouver un prolongement dans l opposition entre professionnel qui sous tend comme nous l avons dit plus haut une qualification reconnue de savoirs formalis s un parcours de formation professionnelle balis valid et exp riment qui sous tendrait des savoirs pratiques non reconnus contextualis s localis s De Villers nous a conduit inscrire notre probl matique dans une pist mologie constructiviste propos e par Bachelard notamment Cette pist mologie propose de d passer le rapport dialectique entre esprit et r el entre th orie et pratique et donc entre th orie et exp rience La th orie s alimente du rapport au r el celui ci est aliment par les th ories d j l la connaissance se construit se reconstruit dans ce rapport complexe il s agit d un processus de construction permanente Ainsi il ne s agit plus d opposition mais d alimentation mutuelle dans ce processus de construction Pour qualifier la personne nous avons volontairement accol les deux termes Professionnel Exp riment Nous souhaitons justement prendre en compte le fait que la personne est la fois qualifi e porteuse d une qualification reconnue dans un emploi et
58. 1975 p 117 L objet lui m me sujet pensant est interpr tant il donne du sens ce qu il donne percevoir La d marche subjectiviste tend elle saisir la signification que le sujet donne ses attitudes r actions comportements ainsi qu ceux d autrui et son environnement la fa on dont il investit de sens ses exp riences et son monde v cu Le chercheur postule alors que tout ph nom ne humain poss de un sens qui ne peut tre d gag qu en r f rence aux hommes qui vivent ce ph nom ne Marc 1994 Dans cette approche la m thode privil gie la recherche et la prise en compte du sens pour le sujet c est l approche clinique qui s int resse l tude approfondie de cas individuels Grawitz 1996 p 324 247 Bachelard 1987 p 16 propose de d passer le d bat entre objectivit et subjectivit si la science cherche l objectivit celle ci r side dans l exposition la justification de la m thode d objectivation L objectivit ne peut se d tacher des caract res sociaux de la preuve On ne peut arriver l objectivit qu en exposant d une mani re discursive et d taill e une m thode d objectivation Il ne s agit plus de choisir entre objectivit et subjectivit la science dit exposer sa m thode d objectivation sans nier la subjectivit inh rente son action Pour aller dans le m me sens Ardoino 1993 voquant l implication
59. 1993 et Wallon 1970 Jusqu au XVII si cle la scolastique n a eu de cesse d articuler les philosophies de la Gr ce Antique notamment Aristote et Platon et les pr ceptes du Christianisme Dans un premier temps la science est fortement teint e de la pr sence de Dieu et des id es vraies Avec les Temps modernes Descartes affirme la souverainet de l esprit et inaugure l id alisme C est le sujet pensant cogito proc dant par raisonnement dont la validit doit s appuyer sur la preuve ontologique v racit de Dieu Pour ce faire Descartes pr ne la n cessit que le raisonnement soit conduit par une m thode Cette position a fond sans doute les principes de la science moderne En contre point l empirisme avec Bacon Locke et Hume pr ne le primat de l exp rience la r p tition des situations des ph nom nes en rapport au monde sensible comme premi re dans l inscription le transfert des impressions dans l esprit consid r comme une feuille blanche De Villers 1991 rep re avec Kant au XVII me une premi re tentative de d passement de ce discours dialectique et la proposition d une interaction entre esprit et perception du monde sensible Le premier est une structure formelle active des formes a priori de connaissance cat gories de l entendement sans contenu principal agent de production du savoir Le contenu vient de la sensibilit de l articulation n cessaire du su
60. 67 ans se caract rise par un choix de vie apr s le travail un choix de type de retraite Cette derni re remarque sera d velopp e plus loin Si la description des tats d me possibles autour de ces p riodes est nous semble t il pertinente nous ne sommes pas certain qu il faille s attacher strictement aux tranches d ge et aux limites que propose l auteur En effet nous pensons que le contexte et en l occurrence le d part anticip 57 ans peut bousculer modifier ces limites et chaque personne vit diff remment ces v nements son rythme Par ailleurs cette pr sentation n est pas sans rappeler les stades de d veloppement de Piaget qui pourraient se voir ainsi prolong s l ge adulte c est d ailleurs un parall le que l auteur fait aussi Or comme chez Piaget il n est pas tat de l influence de l environnement en l occurrence de l entreprise de sa culture de son domaine d activit Cette conception nous appara t certes plut t m caniste et lin aire Pour autant elle a le m rite de pointer le fait qu avec la diff rence d exp rience est prendre en compte la diff rence d ge possible Les aspirations et les tats d me peuvent tre tr s diff rents cette diff rence possible est souligner dans les m canismes l uvre dans la transmission Ces consid rations nous semblent importantes pour approcher la 155 motivation de l Expert transmettre
61. L attente de contre don 163 est aussi double L Expert attend de l un et de l autre des signes de reconnaissance de nature diff rente Il attend du Successeur une reconnaissance manifest e symboliquement le fils spirituel il attend de l entreprise un signe de reconnaissance plus formel explicite 7 5 1 6 Le r le de l entreprise Nous avons tent d voquer plus haut les facteurs extrins ques et intrins ques de la motivation du Professionnel exp riment transmettre son savoir faire Ces facteurs s articulent se combinent les premiers peuvent favoriser ou contraindre les deuxi mes Lieury et Fenouillet 1997 Mucchielli 1996 Nous avons d j dit combien l environnement l entreprise les autres peuvent tre agissants influents sur les facteurs de motivation L vocation des motifs intrins ques a confirm l influence de ces facteurs extrins ques Notre d veloppement nous confirme que la motivation de l Expert transmettre est fonction tout la fois de facteurs extrins ques li s la soci t au regard des autres la reconnaissance agissant sur l image de soi et de facteurs intrins ques que la psychanalyse d une part la psychologie sociale et l anthropologie d autre part nous ont permis d appr hender Dans cette perspective il s agit bien la fois d une pulsion et d une repr sentation symbolique o le Professionnel Exp riment l Expert a
62. La relation est auto organisatrice elle int gre le bruit de fond sa finalisation l apprentissage du Successeur ses actions et ses prises de d cisions caract risent ce syst me Nous retrouvons la logique paradoxale que l auteur met en avant Le changement n existe pas sans principe de permanence L aptitude du syst me complexe au changement est la condition de son auto organisation de sa complexification de son enrichissement Lerbet S r ni 1994 p 47 80 En suivant l auteur nous dirons que la relation entre le Professionnel Exp riment et son Successeur est un syst me relationnel dyadique cr ateur d ipseit s dans la relation paradoxale soumis un but l apprentissage du Successeur soumis des perturbations dynamique et non plus statique auto organis avec une certaine stabilit Les v nements constitutifs de l histoire du syst me sont autant de rep res de la dynamique du syst me de sa capacit cr atrice 1ls interviennent comme des possibilit s de recadrage ou comme des possibilit s de destruction s ils sont v cus comme des r p titions de vielles difficult s Rappelons ce propos que la relation de transmission que nous tudions se situe dans l entreprise en situation il est ais d imagier qu elle peut tre soumise des perturbations ext rieures des v nements L auto organisation du syst me complexe qu est la relation est comment e par L
63. Le curriculum r el de la situation que nous tudions est une interpr tation pragmatique qui int gre non seulement toutes les dimensions du savoir faire de l Expert dont nous avons pr cis le caract re polymorphe il int gre divers l ments non observables qui sont autant d apprentissages pour le Successeur par exemple l apprentissage du sens commun non attendus non rep rables qui pourtant ont des effets pertinents du point de vue de l int gration sociale au sens le plus large Perrenoud 1994 p 53 Nous pouvons penser ici tous les l ments culturels les valeurs l thique dont nous avons parl pr c demment lorsque nous voquions le savoir faire du Professionnel Exp riment 9 3 1 6 La relation Le deuxi me p le quant lui renvoie l interaction la relation l Autre l alter dans laquelle Lerbet S r ni 1994 1997 voit la construction des ipseit s Et dans cette relation se m lent comme nous l avons dit avec Lerbet S r ni des ph nom nes de communication interpersonnelle paradoxaux Lerbet Ser ni 1997 nous confirme ce que Coste 1977 et Wallon 1970 nous avait d j laiss penser propos du corps du geste dans l acte de communication On entend par interaction 208 l ensemble des moyens dont les hommes disposent pour changer entre eux leurs corps leurs gestes leurs d placements leurs entreprises autant que les mots dont ils usent tradui
64. Nous serons moins ambitieux 3 1 1 L Entreprise une volution historique 3 1 1 1 Des pyramides la r volution industrielle Il est coutumier de d crire l entreprise sous l angle de son organisation mais cette notion est assez r cente Livian 2000 Il semble vident que les Egyptiens les Grecs les Romains ont construit des ouvrages qui ont n cessit des formes d organisation du travail des r partitions de t ches des syst mes de coordination certains diraient des structures organisationnelles et des styles de management pour que ces r alisations soient possibles Ainsi des formes d organisation du travail ont vu le jour tr s t t dans l histoire de l humanit Deforge 1991 dans une approche historique de l entreprise met l accent sur l emprise du taylorisme dans les formes modernes d organisations Il nous pr cise toutefois que Taylor n a fait que prolonger un mouvement amorc de longue date gt par des organisateurs comme Vauban au XVII me si cle ou B lidor au XVII me si cle et argument par des conomistes comme A Smith au XIX me 1 Deforge 1991 p 207 29 Jusqu au XIX me si cle le travail est associ essentiellement une forme artisanale l homme de m tier au Compagnon La grande entreprise telle que nous la connaissons aujourd hui r sulte d une suite de formalisations des proc d s des techniques et des pratiques initi es au XIX me si cle ave
65. Professionnel est suivant le Robert une personne qui exerce r guli rement une profession pour laquelle il est r tribu C est aussi un sp cialiste qui poss de une certaine exp rience dans son activit Le sens commun lui associe alors une connotation de qualit de son activit Altet 1994 p 23 26 explore et d veloppe cette notion L auteur rep re tout d abord la distinction entre les termes m fier et profession en attribuant au premier l utilit au second le prestige Nous interpr tons ici une forme de reconnaissance sociale diff rente dans les deux cas Dans le m me d veloppement Altet conf re au m tier des savoir faire plut t li s des activit s manuelles transmis de mani re implicite par imitation et exp rience alors que pour la profession il est question de comp tences acquises dans un processus de formation explicite et rationnel qui permet aussi la construction de l identit professionnelle Le professionnel sait mettre ses comp tences en action dans toute situation c est l homme de la situation capable de r fl chir en situation et de s adapter de dominer toute situation nouvelle La professionnalit aboutit une pratique qui s appuie sur une base de connaissances rationnelles et int gre des pratiques r ussies en situation pour s adapter Altet 1994 p 24 Ainsi le d veloppement de Altet conduit penser le professionnel comme caract ris par des c
66. Professionnel Exp riment comme porteur d une connaissance pr cieuse et du Successeur comme capable d occuper la fonction capable d tre le l gataire de l Expert Ces manifestations concr tes de reconnaissance de part et d autre sont nous semble t il influentes sur la reconnaissance mutuelle Ric ur 1969 n cessaire la relation de transmission Ainsi la situation de transmission que nous tudions s inscrit dans un cadre institutionnel que nous ne pouvons ignorer tant il influence de multiples niveaux la situation et les deux protagonistes de cette relation Nous poursuivons notre d veloppement en nous int ressant maintenant l articulation relation savoirs 9 3 1 3 Une articulation relation savoirs Suivant Lerbet S r ni 1997 nous avons adopt l id e que la relation p dagogique entre le Professionnel Exp riment et le Successeur articule des repr sentations des formes de savoir dans un processus de communication Dans la m me perspective Labelle 1996 p 136 voque aussi l articulation entre savoir et relation 1l propose de consid rer le double rapport de contigu t le premier rapport de contiguit didactique relie le savoir l exp rience de l apprenant l autre rapport de contigu t relationnelle relie l apprenant aux autres sujets dans notre cas le Professionnel Exp riment Pour confirmer encore cette articulation Tochon 1993 consacre un chapitr
67. Tochon 1993 Pour tenter de prendre en compte ces m diations ces processus nous revenons au d but de notre probl matisation abordant la situation comme un syst me relationnel complexe 9 1 La relation Professionnel Exp riment Successeur comme un syst me complexe Nous avons engag notre probl matisation par une approche syst mique Nous avons fait r f rence Von Bertallanfy De Rosnay et Le Moigne pour consid rer la relation duelle Professionnel Exp riment Successeur comme un syst me complexe ouvert sur son environnement lui m me un syst me entreprise Cette approche nous a permis de consid rer les interactions et les boucles de r troactions agissantes au sein de ce syst me liant et transformant les deux protagonistes 195 Cette approche nous a permis aussi de consid rer l auto co organisation de ce syst me qui rend compte de la dynamique organisationnelle propre du syst me sa complexit croissante la construction de ses propres r f rences Dans cette approche nous avons fait r f rence Lerbet S r ni 1994 1997 qui explore la relation duelle voire la relation duale Cet auteur nous conduit penser la relation Professionnel Exp riment Successeur comme travers e de processus affinitaires et en m me temps de construction r ciproque d ips it s Ric ur 1990 Ces deux aspects ont nous semble t il t argument s en tudiant l un et l autre des acteurs et
68. acteurs Nous n interviendrons pas non plus dans le choix des acteurs ni des emplois concern s 253 62 f C est sur la base de ce contrat que nous passerons avec l entreprise et les acteurs que nous engagerons nos observations Ce contrat pourra inclure la possibilit d un retour comment de nos analyses Ce retour se fera aupr s de l entreprise et des acteurs eux m mes Il concernera toutes les analyses pour pr server l anonymat des acteurs 12 1 3 Le dispositif de recherche Compte tenu de notre ambition notre m thode articulera deux types d action des observations et des entretiens Les observations auront pour but de mettre en vidence l volution de la relation les entretiens auront pour but de mettre en vidence les volutions les changements de perceptions les apprentissages des acteurs Nous pr voyons de mener nos observations et nos entretiens aupr s de 10 dyades r parties dans plusieurs grandes entreprises r pondant notre probl matique c est dire d un effectif sup rieur 500 personnes et en situation d engager des transmissions de savoir faire Pour pr server notre posture distante ext rieure nous n aurons aucun autre lien avec ces entreprises pendant le temps de nos observations Nous n intervenons ni sur le choix des acteurs ni sur l organisation et le contenu de la transmission Nous ne pouvons r aliser nos observations que dans un milieu nature
69. apprentissages ant rieurs Le comportement de l entreprise est conditionn par les routines exp riences pass es interpr t es par les acteurs et incorpor es la m moire organisationnelle s lective perp tue ces routines et t moigne d un apprentissage organisationnel Mais ces routines peuvent aussi inhiber les innovations La mise en vidence de ces 54 capacit des Modifier la mani re dont les entreprises tous par ex Hayes Weelwright et apprenantes par ex Argyris apprentissages est faite par la r duction consid rable des temps de production et des co ts de production au fur et mesure de l accumulation de production 3 1 5 2 L apprentissage et le d veloppement individuel des membres des organisations Ici est abord e la capacit des individus s adapter et acqu rir un savoir tacite cette capacit est amplifi e par la mise en place de structures plates un travail en quipe L apprentissage individuel est un levier d am lioration du fonctionnement de l organisation La vis e des auteurs est essentiellement prescriptive 3 1 5 3 D velopper la capacit des entreprises changer gr ce une participation active et intelligente de tous L apprentissage et la participation de tous sont la base d un avantage concurrentiel durable le juste temps produit des interactions plus riches entre les acteurs comp tences relationnelles interpersonnelles Dans ce
70. aspect paradoxal de la relation Dans le et cette 82 relation faite d inter actions de co actions de trans actions laisse la place un troisi me terme Deux points de vue sont propos s l un proposant l auto organisation autour d un point fixe endog ne l autre proposant un tiers inclus comme un espace d j l et recr int rieur et ext rieur contribuant la construction des ips it s tiers inclus ou tiers exclu Les figures ternaires ou sch mas triangulaires ne manquent pas et Lerbet S r ni nous en propose plusieurs montrant le troisi me terme comme m diateur de la communication Rappelons que plus haut nous avons voqu un mod le triangulaire propos par Houssaye 2000 notamment dans ce mod le le tiers est exclu Lerbet S r ni explore les deux mod les 6 3 4 1 Le tiers exclu comme principe organisateur de la relation Dans ce mod le la m diation est externe une r gulation effective par r f rence au mod le loign et transcendantal mod le qui peut devenir aussi jalous et ha obstacle le sujet veut la destruction de son objet de d sir Ce troisi me terme externe principe r gulateur sup rieur peut donner lieu aussi la transcendance dans la mesure o la relation l autre permet de s en approcher C est dans ce cas la relation au divin m diatis e par le Christ propos e par Girard ou le surhomme propos par Nietzsche ou encore l Etat organisateur de la rel
71. association entre ouvriers d une m me profession des fins d instruction professionnelle et d assistance mutuelle c est aussi le temps pendant lequel l ouvrier sorti d apprentissage travaillait comme compagnon chez son patron chez son ma tre Ardoino 1978 lui aussi nous confirme cette transmission et la position relative du ma tre et de l apprenti Dans notre p rim tre culturel les traditions alchimistes le compagnonnage et certaines coutumes corporatives jouaient un r le en m lant intimement la formation morale l apprentissage du m tier Le grade de ma tre signifiait la maturit professionnelle avec tout ce que cela devait comporter sur le plan humain Pour compl ter l approche du compagnonnage il nous faut faire r f rence aux Compagnons du Devoir Les Compagnons du Devoir incarnent tout la fois une r f rence technique dans chacun des m tiers que nous pourrions qualifier de manuels et pour nous un exemple arch typique de cette transmission un mod le de r f rence de tout ce qui est assimil aujourd hui une forme de compagnonnage Ils nous donnent penser une forme de transmission trans g n rationnelle qui inclue non seulement des comp tences techniques mais aussi des r gles des valeurs des dimensions symboliques Gu dez 1994 nous donne une lecture tr s compl te et d taill e de ce mod le de r f rence qu est le mouvement compa
72. autre paradoxe semble se profiler Les dirigeants et les DRH des grandes entreprises qui ne reconnaissent pas l exp rience de leurs salari s ont quant eux un ge confortable leur conf rant une exp rience qu ils se reconnaissent Nous pourrions aussi dans le m me lan nous int resser l ge moyen des grands capitaines d industrie ou d empires financiers des dirigeants politiques notamment ceux qui sont aux plus hautes fonctions Apr s ces rapides r flexions sur l volution de l entreprise et la place de la transmission de savoir faire au sein de l entreprise il convient nous semble t il de pr ciser la sp cificit de notre poque du contexte socio conomique et des cons quences rep rables en regard de cette transmission acquisition de savoir faire que nous souhaitons tudier 3 1 4 L entreprise aujourd hui L actualit nous confirme tous les jours l incertitude croissante le rythme et la profondeur des changements techniques conomiques juridiques de notre soci t L entreprise vit dans et par cet environnement de plus en plus changeant Les bouleversements d j v cus dans les d cennies pr c dantes semblent non seulement plus profonds mais aussi plus fr quents plus rapides comme si les mouvements de l environnement s acc l raient depuis 1980 L acc l ration de ces mutations diverses et profondes est largement comment e par Mallet 1994 1996 Les r organisations regr
73. centration est n cessaire Labelle en vient d finir la r ciprocit ducative comme un jeu de qui donne gagne Plus loin il propose La r ciprocit serait la relation elle m me d o d coulerait l ducation des deux protagonistes Autrement dit dans cette perspective c est parce qu ils sont constitu s en relation r ciproque que l duqu s duque par l ducateur et qu l inverse l ducateur tire de 235 l duqu un b n fice ducatif pour lui m me Cette mani re de poser le probl me ferait appara tre que la r ciprocit ne serait plus la r sultante de l ducation mais sa condition et son fondement Labelle 1996 p 145 Suivant cet auteur la r ciprocit est originaire particuli rement dans le cas des adultes originaire et active puisqu elle construit la fois le cognitif et l affectif l autre aide percer la mati re par lequel il est s par de ce qu il est L auteur se situe dans une perspective ph nom nologique l exp rience est de l ordre de l tant o r sident la s paration et l h t rog neit mais elle est singuli re construite avec et par les autres Il s agit en fait d une andragogie de la personne p 187 189 ou plus exactement une andragogie coll giale s appuyant sur l exp rience v cue travailler et transformer par la r ciprocit De fait il en vient proposer le terme de r cipro
74. chercheur agissent ont des effets sur les comportements observ s Ce biais est aussi connu des p dagogues comme effet Pygmalion les attentes de l enseignant influencent les performances des l ves 6 L effet de halo est la tendance percevoir et valuer la situation partir de valeurs subjectives une impression dominante partir de l ensemble des observables L effet Hawthorne fait r f rence l exp rience de la Western Electric Compagny l observation d une quipe de production modifie la production exp rience d crite dans Bernoux 1985 L effet de congruence rel ve la distance entre ce qui est observ et les analyses ult rieures 250 d enregistrement La situation est potentiellement cr e puisque d cid e par l entreprise Pour autant elle ne peut pas tre consid r e comme situation exp rimentale de laboratoire L observation sera faible inf rence les interpr tations seront faites a posteriori Elle sera non participante ou tout au moins pr voira une discr tion maximale de l observateur Enfin l observation se veut transversale explicative dans la mesure o nous souhaitons observer des dyades diff rentes constitu es d acteurs diff rents d horizons professionnels diff rents Pour r sumer cette approche nous garderons l id e que propose Grawitz 1996 p 356 l auteur argumente aussi cet effet et conclue que l observation et l observateur ne sont jamais neutres Si
75. comme porteur de cette forme identitaire caract ristique de sa profession de son secteur d activit de son entreprise Pour le dire comme Sainsaulieu 1987 p 183 On ne vit pas impun ment des journ es des mois et des ann es de relations strat giques r p titives sans tre profond ment marqu jusque dans sa fa on de voir le monde et de juger soi m me et les autres ou encore C est le travail de ce fa onnement vers plus ou moins d acteurs et plus ou moins de complexit individuelle et collective dans leurs solidarit s internes qui sera en d finitive le r sultat de la fonction Identitaire de l entreprise p 212 Cette identit est construite int gr e et g n re des comportements que les sociologues mettent en vidence ce titre l identit professionnelle est une connaissance construite par le Professionnel Exp riment dont le savoir faire est aussi une manifestation en actes 7 4 3 3 5 3 L acteur ailleurs Invoquant l implication de l acteur au sein de l entreprise Sainsaulieu 1987 p 191 192 met en vidence la d multiplication potentielle de comportements des acteurs au travail sous l effet des volutions culturelles et en particulier le retrait et les affinit s Il propose une typologie d acteurs suivant l organisation des identit s au travail L acteur d action de masse caract ris par une identit de type fusionnel explique les revendica
76. compenses facteurs extrins ques de la motivation du Successeur apprendre Revient la question de savoir qui est l origine de la d cision de cette transmission le Successeur s est il port volontaire s il a postul ou bien s il a t 188 d sign notamment dans le cas d une mutation interne comment per oit 1l ce poste et le savoir faire n cessaire Si ces facteurs extrins ques influent sur la motivation du Successeur vis vis du poste du savoir faire de son acquisition nous n oublions pas d envisager le fait qu ils peuvent aussi agir n gativement Lieury et Fenouillet 1997 p 29 montrent aussi que le renforcement tue la motivation intrins que L encore le r le du tiers exclus qu est le syst me social les pairs la hi rarchie les normes est rep rable agissant sur l estime de soi la reconnaissance du Successeur Le Professionnel Exp riment est le mod le le m diateur dans l orientation des apprentissages il guide et taye explique montre encourage value r gule corrige valide Il est aussi le m diateur dans l mergence des processus de m tacognition du Successeur Dans la relation il agit sur l estime de soi et la reconnaissance du Successeur il agit sur des facteurs extrins ques de motivation pour le Successeur On peut donc supposer que le Professionnel exp riment agissant tout la fois sur sa motivation la comp tence et sa motiva
77. concepts valides une poque donn e qu il utilise pour construire son objet En revanche il est question d opposer esprit scientifique et opinion cette derni re ne pense pas elle traduit tout au plus le besoin de connaissances Bachelard invite consid rer les opinions qui s opposent aux connaissances scientifiques L opinion ne pense pas elle traduit le besoin de connaissances elle conduit poser un jugement sur l objet elle fait m me obstacle la connaissance scientifique Evoquant l histoire des sciences Bachelard montre comment une nouvelle connaissance scientifique vient clairer les d couvertes pass es d une nouvelle mani re De fait il 4 Lecourt D 1974 Bachelard Epist mologie textes choisis Collection Sup Paris P U F 67 affirme le caract re ph m re de la modernit de la science Lecourt 1974 p 203 S1 la connaissance est une construction elle n est jamais fig e elle n limine pas les connaissances anciennes elle se reconstruit elle est construction d construction et reconstruction dans un encha nement continu Cette construction allie empirisme et rationalisation Un nouvel esprit scientifique consiste savoir poser le probl me ceux ci ne se posent pas d eux m mes l esprit scientifique se caract rise dans le sens du probl me Nous nous loignons des connaissances vraies du monde des id es palotonicien Pour le dire comme Bachelard
78. consistera donc mettre en lien les r sultats de l observation et ceux des entretiens en regard du temps du moment de la transmission Une deuxi me articulation consistera confronter nos r sultats aux acteurs m mes de la transmission En effet comme nous l avons dit pr c demment nous sommes conscient de la subjectivit inh rente toute d marche de recherche et en l occurrence la notre Notre pr sence notre observation notre interpr tation seront teint es de subjectivit Or pour reprendre un propos de Tochon 1993 quoi de plus objectif qu un croisement de plusieurs subjectivit s Pour ce faire Dubet 1994 propose et met en place une validation des interpr tations par les acteurs eux m mes Il pr conise ainsi une restitution comment e des r sultats en r union collective observ e par une personne tierce Dans le contrat que nous passerons avec l entreprise et les acteurs nus proposerons la possibilit d organiser ce retour de nos analyses a posteriori Cette approche nous permettra d une part de confronter nos r sultats aux acteurs de la transmission et ainsi rep rer s ils se retrouvent dans cette volution D autre part elle nous permettra de recueillir des manifestations compl mentaires potentiellement non observ es non pr vues par notre probl matique ou notre m thode 12 1 5 Les observations Pour chaque dyade nous pr voyons de pr lever 10 observations de la relation Nous appelleront ces observat
79. d fense pr visibles au d but de l entretien imposent l interviewer de chercher rassurer la personne et veiller son int r t Il s agit alors d expliquer tr s clairement l objet de l entretien et le cadre de recherche dans lequel il s inscrit Il s agit aussi de confirmer la personne que le principe m me de l entretien pr servera l anonymat des personnes interview es Toutes ces pr conisations justifient les termes du contrat initial expos pr c demment que nous proposons aux entreprises rencontr es et aux acteurs concern s Enfin l influence des syst mes d intervention les interventions consignes sont des requ tes de discours assertif ou narratif produisant des r ponses diff rentes et les interventions commentaire sont des actes de langage d claration interrogation r it ration repr sentation de la r f rence niveau r f rentiel dictum ou op ration psychique niveau modal De fait Blanchet propose de consid rer six types d intervention de l interviewer dont chacune appelle un type de r ponse Les d clarations la compl mentation est une reformulation g n ralisante une d duction incertaine qui permet de soutenir le discours et viser l exhaustivit l interpr tation infirmative ou confirmative entra ne le consentement ou la r sistance de l interview la validation ou un retour de coh rence Les r it rations l cho r it ration du dictum provoque des r sistances
80. de l ducation celle qui consiste privil gier l activit libre l apprentissage par exp rience et d couverte le d veloppement d habilet s pour atteindre un but Dewey d nonce tout la fois les abus d une ducation purement magistrale essentiellement bas e sur la passivit de l apprenant D autres apr s lui et dans la m me pens e ont d nonc une ducation exclusivement bas e sur l exp rience et la d couverte l apprenant y est sans direction sans but On le voit le d bat entre th orie et pratique se prolonge jusque dans le choix des m thodes p dagogiques Pour Dewey l apprentissage est dialectique 1l int gre l exp rience et la th orie l observation et l action deux l ments li s ensemble et int gr s La th orie fournit une direction l exp rience elle m me donne l lan vital l nergie la th orie Nous retrouvons chez Dewey la volont de d passer la dialectique l id e d articulation entre th orie et pratique que Bachelard De Villers et Mialaret nous invitaient consid rer 93 Dans le m me courant que Dewey pour poursuivre dans le sens de l articulation entre exp rience comme preuve v cue et r flexion Kolb 1984 propose un mod le structurel de l apprentissage exp rientiel L apprentissage exp rientiel est un processus par lequel les connaissances nouvelles sont cr es partir de la saisie d une exp rience et
81. de ceux qui ont l exp rience de ces p riples de ces vieux routards de la recherche Alors comme chez les Compagnons du Devoir le rite de passage validera l int r t du voyage des souvenirs rapport s du travail accompli Je serai alors pass sur l autre berge o vraisemblablement un autre chemin se profile d j une autre route de nouvelles aventures Il sera alors temps d essayer de r pondre aux questions rest es en suspens et aux hypoth ses v rifier d aborder celles qui sont apparues au travers de ce travail Il s agira peut tre aussi de collaborer avec d autres engag s dans une aventure de ce type dans la mesure de mes nouveaux moyens Ce sera pour moi l occasion de rendre ma mani re tout ce que ce p riple et ceux qui l ont jalonn m auront donn C est au moins le souhait que j exprime 11 Premi re partie Probl matique pratique 1 Quelques r flexions g n rales pr alables Nous sommes tent de commencer nos premi res r flexions par un paradoxe Il est coutumier de dire que l exp rience d un individu ne profite qu celui qui l a v cue kd ya bi gt 3 qu elle est une lanterne n clairant que le chemin parcouru qu elle n est donc pas transmissible Parall lement chacun d entre nous est capable de citer une ou plusieurs personnes qui dans un domaine pr cis professionnel ou pas a ou ont t des r f rences fortes
82. de la fr quentation de l exp rience formalis e par autrui Chacun a besoin d interactions avec les membres de sa culture pour construire des apprentissages Devenir intelligent en ce sens c est bien s approprier personnellement ventuellement jusqu au niveau o il devient possible de la modifier une culture d appartenance transmise par l environnement Aumont et Mesnier 1992 p 198 177 Ceci nous incite envisager un troisi me courant de l apprentissage l apprentissage socio constructiviste Nous l avons d j voqu pr c demment Vygotski 1985 et Wallon 1970 sont sans doute l origine du troisi me courant que nous appellerons socio constructivisme ou apprentissage socio cognitif Pour ces auteurs l apprentissage suppose une m diation sociale r sultante d une construction humaine outill e par des moyens de communication que sont le langage et le geste Contrairement ce que pense Piaget le langage n est pas qu une manifestation en mots de la pens e le langage structure la pens e Vygotski propose de consid rer dans cette interaction une double construction dans l environnement la connaissance se forme dans l interpsychisme Pour Vygotski toute action sur la nature est m di e par un outil et par un les instruments psychologiques Le langage a donc une double fonction d une part il sert communiquer d autre part il structure la pens e Parall lem
83. de savoirs transmettre les r gles dont il a besoin Cette situation pourrait s apparenter un tutorat Dans le cas d un D butant Avanc le besoin se situera dans la rencontre de situations concr tes r elles ou simul es dans lesquelles il s agira pour lui d appliquer les r gles int gr es Dans le cas extr me d un Expert on peut s attendre ce que les diff rences d exp rience et d interpr tation rendent la relation proche de l auto confrontation crois e entre Experts que d crit Clot 1999 p 142 152 L la transmission prend une modalit dans laquelle les protagonistes confrontent leurs points de vue argument et contrargumentent oubliant de part et d autre sur ce qui est de l ordre de l vidence de l implicite Ainsi suivant l exp rience du Successeur en regard de l emploi nous pourrions sans doute rep rer des modalit s de la relation avec la grille de lecture dont nous avons d j parl celle de Benabou 1995 Ce dernier cas n est pas celui que nous souhaitons tudier tout d abord parce que nous ne sommes pas certain que ce cas est si fr quent dans l entreprise sauf ponctuellement ensuite parce que justement c est un cas extr me de transmission Nous pr f rons nous centrer sur les autres cas possibles cas dans lesquels nous pouvons imaginer une situation de transmission de savoir faire finalis e par l apprentissage du Successeur 167 Lorsque nous avo
84. des unit s d interactions entre plusieurs acteurs Altet 1994 p 77 Les pisodes sont constitu s d un ou de plusieurs changes sur un sujet l unit de sens de la communication permet de rep rer l ouverture la phase interm diaire et la fermeture de l pisode L ouverture et la fermeture sont particuli rement rep rables par des indicateurs verbaux paralinguistiques ou gestuels des marqueurs au sens de la linguistique Ils permettent de comprendre l encha nement le d roulement des interactions dans la progression p dagogique adopt e par l enseignant Altet 1994 p 78 L auteur d finit trois types d pisodes chaque type d pisode a une dominante qui serait rapprocher d une des m thodes p dagogiques dont nous avons parl plus haut Les pisodes inducteurs ils se caract risent par un mode discursif les changes sont particuli rement dirig s par l enseignant dans une relation de type compl mentaire rigide Cet pisode met en vidence la position magistrale dominante de l enseignant qui m ne le jeu par son discours occupe l espace et le temps de parole il adopte une attitude magistrale privil giant l affirmation l expos l explication ou une attitude interrogative privil giant le questionnement interrogatif mformatif valuatif Dans ce type d changes les l ves sont plut t passifs m me si les changes sont nombreux ils donnent l illusion d
85. dialectique d une part une polarisation dans laquelle nous engageons notre propre interpr tation une auto interpr tation et d autre part une co interpr tation dans le dialogue avec les autres C est dans ce mouvement dialectique que nous nous formons en tant qu humains c est dire sur le pole auto interpr tation comme capable d originalit de cr ativit de responsabilit d autonomisation mais en m me temps sur le pole de la co interpr tation comme partageant un destin commun dans notre appartenance une communaut C est dans cette polarit que nous vivons pleinement notre humanit dans ses dimensions individuelles et collectives Jorro 1991 p 197 Il nous semble qu un rapprochement est possible avec les d veloppements pr c dents La relation duelle qu tudie Lerbet S r ni 1994 fait r f rence la construction d ips it s dans le rapport l autre Ric ur 1990 L exp rience v cue provoqu e ou subie est transform e dans le rapport l autre et ce faisant elle transforme celui qui a v cu l exp rience Cette dimension sociale du processus de transformation par l exp rience est pour nous centrale tant dans la construction m me de l exp rience du Professionnel Exp riment 89 que dans la relation de transmission qui le lie son Successeur En effet le Professionnel Exp riment n a pas travaill trente ans isol sur une le d sert
86. diff rente Les uns restent prostr s attach s cette entreprise leur emploi et leur identit professionnelle les autres rebondissent s impliquent sur d autres projets Mais au del cette typologie et notamment l acteur ailleurs nous permet aussi de prendre en compte le fait que le Professionnel Exp riment construit des connaissances individuelles et collectives ailleurs qu au sein de l entreprise Il est porteur de repr sentations individuelles sociales et d identit s diverses cons cutives de ses appartenances multiples sur plusieurs sc nes sociales Sainsaulieu 1987 p 192 Et lui seul articule et mobilise en situation ces diverses repr sentations lui seul leur donne du sens en situation L acteur ailleurs est pour nous int ressant puisqu il ouvre la possibilit de consid rer le Professionnel Exp riment actif aussi dans d autres sph res que celle du travail de l entreprise Il est membre d une association caritative ou sportive en assure la pr sidence ou g re la tr sorerie entra neur des jeunes musicien et ou m lomane il voyage l tranger il est philat liste amateur d ornithologie d histoire d art Peut tre m me est il tout simplement p re ou m re de famille A tous ces titres peut tre plusieurs en m me temps il construit des connaissances il entretient des relations sociales dans ces autres sph res il est aussi porteur aussi de ces ide
87. e par Aumont et Mesnier 1992 qui intitulent leur ouvrage L acte d apprendre Ces auteurs s appuient sur le constructivisme de Piaget et sur la notion de projet de Boutinet pour d velopper le fait que l apprenant agit suivant deux types de processus un processus entreprendre et un processus chercher Ces deux processus sont compl mentaires et se rejoignent dans l action n anmoins l individu privil gie l un des deux sans exclure l autre L action est le moteur de l apprentissage Si la pratique n est pas d elle m me productrice de l apprendre la conduite autonome d un projet constitue un socle incontournable pour la construction du savoir gr ce une relation originale qui s tablit alors entre le sujet apprenant et l objet Aumont et Mesnier 1992 p 171 172 Si l on consid re l exp rience professionnelle comme une suite de situations diverses v cues amenant l individu vivre des suites d essais erreurs dans lesquelles il pense et raisonne il assimile et accommode ses sch mes d j l dans ce processus l individu est actif il alterne des recherches de r ponses de gestes d actions et il entreprend des actions ces deux processus s alimentant mutuellement La m moire est centrale elle sert de lieu de stockage d informations disponibles au professionnel elle est caract ristique de l exp rience L apprentissage est une adaptat
88. et l issue de cette transmission 240 10 2 Formulation de l hypoth se Enfin Labelle 1996 nous a permis de consid rer la r ciprocit de cette relation tant sur le plan cognitif et notamment de l apprentissage que sur le plan de l attachement Ainsi notre d veloppement th orique nous permet de formuler notre hypoth se Elle r sulte de notre construction th orique et repose particuli rement sur la proposition de Labelle 1996 Nous consid rons la sp cificit due la relation duelle ducative entre adultes entre le Professionnel Exp riment et le Successeur Hypoth se la relation ducative entre le Professionnel Exp riment et le Successeur tels que nous les avons pr sent s est volutive et r ciproque Cette r ciprocit suivant Labelle est consid rer sur le plan des apprentissages des deux partenaires sur le plan des investissements affectifs des positions symboliques respectives mais aussi du processus relationnel Notre hypoth se consiste concevoir la situation de transmission de savoir faire entre le Professionnel Exp riment et le Successeur comme un syst me qui a sa propre dynamique organisationnelle qui s auto eco organise dans le temps Ce syst me se complexifie dans le temps les interactions entre les deux protagonistes et entre le syst me et l environnement s enrichissent La relation entre les deux acteurs finalis e par l apprentissage du Successeur est trav
89. et aux syst mes d apprentissage 23 items Cette grille d analyse lui permet de rep rer des styles d enseignement dominant partir de la fr quence des fonctions didactiques dans les s quences observ es film es et analys es Ce style d enseignement dominant comporte trois dimensions qui caract risent trois espaces espace cognitif espace social espace organisationnel Style personnel dont les facteurs personnels style cognitif structure cognitive attitudes facteurs motivationnels repr sentent l axe stimulant structurant Style relationnel dont les facteurs socio psychologiques interaction fa ons d entrer en interaction relation ma ftre l ves climat socio motionnel repr sentations tactiques repr sentent l axe acceptant ordonnant Style didactique dont les facteurs op rationnels modalit s didactiques m dias m thodes techniques strat gies structuration du contenu formes de groupement planification repr sentent l axe guidant dirigeant 224 Nous reviendrons sans doute sur les d veloppements que propose Altet sans oublier que l auteur observe des enseignants en situation de formation initiale la situation que nous tudions est quelque peu diff rente 9 3 2 3 Un concept op ratoire les pisodes En prolongement de ses travaux et pour analyser la relation ducative Altet 1994 p 77 88 propose aussi un concept op ratoire les pisodes qui sont
90. exigences du poste Ainsi cette relation est travers e tout la fois par des ph nom nes d apprentissage et d enseignement des rapports respectifs au savoir faire et des m diations plurielles au milieu de ce syst me p dagogique 194 Stroobants 1993 nous confirme la direction explorer puisque citant Yvette Lucas elle dit L essentiel du savoir faire professionnel la v ritable ma trise du travail concret se transmettent sur le mode compagnonnique par contact et par change Stroobants 1993 p 83 Nous avons fait r f rence pr c demment l ouvrage dirig par Chevallier 1991 Les ethnologues qui tudient les situations de transmission de savoir faire en milieu professionnel et particuli rement dans le monde artisanal nous confirment cette orientation compagnonnique Or dans notre probl matique pratique nous avons vu que le Compagnonnage pouvait adopter des modalit s relationnelles diff rentes aux quelles Benabou 1995 attribue les termes de coaching de tutorat de mentorat Nous avons pr c demment montr comment le Successeur est dans une situation d apprentissage dans une relation m diatis e cognitivement et affectivement par le Professionnel Exp riment Celui ci a de son c t une double relation g rer deux p les articuler l organisation des s quences en termes d objectifs de savoir et d autre part la relation au Successeur comme nous le rappelle
91. exp riment e c est dire qu elle a v cu de multiples situations comme autant d preuves par lesquelles la personne s est transform e Mais De Villers 1991 p 19 rend plus complexe encore la question Pour nous r sumer nous dirons que dans l histoire d une vie l exp rience rev t des fonctions et prend des valeurs qu il convient de distinguer selon que l on 91 consid re soit l exp rience premi re et le cort ge des savoirs et comportements qui s y condensent soit ce qui s en solidifie en forme d id ologie pratique jusqu faire obstacle toute interrogation nouvelle soit encore l exp rience comme rupture la fois existentielle et pist mologique soit enfin la formation exp rientielle comme effet d une probl matique de l exp rience premi re et comme production de nouveaux modes de se signifier autrui dans le monde Pour De Villers l exp rience n est pas synonyme d apprentissage elle peut m me tre un obstacle tout apprentissage et conduire une id ologie pratique Il nous semble trouver un d veloppement identique chez Mialaret 1998 En effet l auteur commente l exp rience des enseignants et propose de consid rer trois types d exp rience lexp rience scl rosante exp rience enrichissante et exp rience scientifique Mialaret 1998 p 168 Le premier type est li une activit anarchique sans retour sur elle m
92. gories reprenant les th mes probl matis s Il s agit de rep rer ce que notre interlocuteur dit de lui de l autre de l environnement et de la relation Ainsi notre grille comportera 4 cat gories Soi l Autre Tiers exclu Relation Pour chacune des cat gories nous envisageons des sous gat gories qui permettent d affiner l analyse Les sous cat gories sont li es aux d veloppements de notre probl matique th orique Ainsi les cat gories ci dessus compteront les sous cat goiries suivantes Soi apprentissage motivation apprendre ou transmettre autres L Autre apprentissage motivation transmettre ou apprendre autres Tiers exclu Relation eros philia agap sym trique dissym trique tiers inclus Les sous cat gories motivation apprendre et motivation transmettre seront elles m mes d taill es en sous cat gories issues de notre probl matique Ainsi pour la motivation transmettre nous utiliserons les motifs intrins ques Filiation Don et Deuil Pour la motivation apprendre nous utiliserons les motifs intrins ques Epist mique Attachement Comp tence Comme nous l avons dit dans notre probl matique les motifs propos s par Carr 2001 ne sont pas tous pertinents notre 264 situation ceux que nous retenons sont regroup s en fonction des propositions de Winnykamen 1990 et Aumont et Mesnier 1992 La lec
93. hommes qui sont de fait autant d objets de recherche pour toutes les sp cialit s de la psychologie clinique et cognitive Pour le dire comme Clot 1999 le travail a aussi une fonction psychologique Pour ce qui nous concerne l entreprise est aussi un lieu o se construisent des connaissances des savoirs des savoir faire voire des savoir tre que l entreprise cherche d sesp r ment inventorier normer g rer et optimiser Les notions de comp tences de transfert de comp tence d employabilit peuplent les discours des Directeurs de Ressources Humaines Dubar 2000 Les volutions quantitatives et qualitatives des politiques des budgets des pratiques de formation peuvent tre interpr t es comme significatives de la prise en compte de ce capital immat riel d sormais incontournable dans la strat gie de l entreprise Lors de colloques conf rences clubs de r flexions pour chefs d entreprise ou encore dans la presse orient e strat gie d entreprise on annonce volontiers que l entreprise du XXI me si cle sera celle du savoir En ce sens le monde de l entreprise est un champ qui pr sente pour les Sciences de l Education de nombreux objets de recherche et int resse tout la fois la Didactique l Apprentissage l Evaluation la P dagogie ou devrions nous dire l Andragogie Notre int r t se situe dans ce monde de l entreprise que nous c toyons depuis plus de qui
94. il doit bricoler avec la complexit que vivent les enseignants et formateurs Tochon 1993 Nous avons vu pr c demment en effet que le Professionnel Exp riment n est pas forc ment en mesure de formaliser tout son savoir faire et d anticiper de planifier son action de transmission Cette transmission donne lieu des apprentissages par imitation mod lisation interactive Winnykamen 1990 dont certains sont implicites Bastien 1997 ou par frayage Joshua 1998 particuli rement pr sente dans tous les processus de socialisation et des apprentissages explicites Bastien 1997 peut tre m me une tude Joshua 1998 Ainsi cette lecture de l apprentissage par imitation mod lisation interactive permet de rendre compte de l int raction dans laquelle les deux partenaires sont actifs l un s efforce de guider de favoriser l apprentissage de l autre ce dernier cherche et entreprend interagit mod lise et construit ses connaissances A l instar de notre approche pr c dante du Professionnel Exp riment il nous semble pertinent de nous int resser la motivation du Successeur En effet Bandura 1980 p 25 insiste sur la personnalit de l apprenant et met en avant sa motivation Aumont et 185 Mesnier 1992 d une part et Winnykamen 1990 eux aussi nous invitent explorer les facteurs motivationnels d terminants dans l acte d apprendre 8 3 La question de la mo
95. information des codes symboliques abstraits et donc des repr sentations par computation Le symbole a une valeur physique et s mantique la computation est donc symbolique ou repr sentationnelle puisque conditionn e par cette r alit le sens est donn par l interpr tation du symbole Cette approche pr sente la cognition comme une d marche analytique d composable en op rations simples 74 3 1 2 Le connexionisme l mergence une alternative la manipulation des symboles Le connexionisme s inspire des travaux de Mc Cullouch sur les r seaux neuronaux L activit du cerveau est ainsi abord e comme une multitude de n uds neurones reli s entre eux par des connexions Chaque n ud peut prendre diff rents tats physiques en fonction des stimulations ext rieures et l tat des n uds voisins Les sch mas d interconnexion varient en fonction du stimulus sensoriel Le connexionisme tudie et met en vidence la corr lation entre la nature des stimuli et les architectures des interconnexions Le cerveau est organis selon une architecture qui va de la mol cule de la cellule au groupe de neurones des groupes de neurones des aires sp cialis es de plus en plus grandes Les neurones cent milliards environ sont compos s d un noyau de synapses de dendrites et d axones permettent la circulation d information par l interm diaire des synapses par couplage lectro chimique Chaque neurone est reli
96. int gration de l information qui la transforme en savoir pist m interface qui rompt le face face volatile puis lui m me int gr 5 in Lerbet G 1997 p 76 86 100 devient de la connaissance compl tement int gr e appropri e Le niveau d int gration progressif transforme l information en savoir puis ce savoir en connaissance La connaissance se manifeste par un savoir gnose en sortie du syst me vers le monde ext rieur Lerbet 1997 p 98 Cette derni re appellation pose probl me philosophique car elle renvoie un savoir sot rique Durozoi et Roussel 1997 p 166 Ceci nous loigne de notre cadre professionnel Plus prosa quement nous retiendrons que ce savoir en sortie du syst me cognitif est la manifestation en actes langagiers cognitifs psychomoteurs d une connaissance construite appropri e int gr e Cette mod lisation claire notre construction dans le sens o d une part elle nous permet de pr ciser ce que nous entendons par le savoir faire de l individu d autre part elle nous renvoie porter notre int r t sur la construction de la connaissance dont le savoir faire est la manifestation en actes en situation Enfin cette repr sentation oriente notre vision de la transmission que nous aborderons plus tard Cette approche nous donne penser le savoir comme d une part en entr e du syst me de l information int gr e mais pas suffisamment pour tre conserv e
97. l ducation ne peut pas tre r duite une ducation spontan e lever ni une ducation intentionnelle dans une institution enseigner Si nous suivons cet auteur la situation que nous tudions s apparente plus a priori une formation finalis e par la pr paration de l individu telle ou telle fonction sociale p 17 Cependant rien n exclut que dans cette transmission de savoir faire 1l y ait de l enseignement Nous avons vu que dans l Institution qu est l entreprise il existe des formes de savoir des proc dures des r gles qui peuvent faire l objet d enseignement Rien n exclut non plus que dans cette transmission il y ait de l ordre du savoir tre Ardoino des valeurs Nous avons mis l accent sur le caract re polymorphe du savoir faire de l Expert objet de la transmission Reboul pose que l ducation est de l ordre du compromis dont le contenu est variable la n cessit d tre duqu est inh rente l homme C est bien ce lien fondamental avec l humain qui fait de l ducation autre chose qu un dressage ou qu une maturation spontan e Etre homme c est apprendre le devenir on ach ve jamais de devenir homme Reboul 1997 p 25 Reboul propose une d finition de l ducation 199 L ducation est l ensemble des processus et des proc d s qui permettent tout enfant humain d acc der progressivement la cul
98. l poque propose un bilan mitig de la F P C Il fait tat de disparit s profondes que nous avons voqu es plus haut tant au niveau des pratiques d entreprises que des dispositifs destin s aux demandeurs d emploi En clair et pour frapper les esprits De Virville 40 explique qu entre un ouvrier non qualifi du B timent en Normandie ou en Corse et un Ing nieur ou Cadre chez EDF dans la r gion parisienne l esp rance de suivre une formation par an passe de 1 100 Il est bon de noter aussi que le rapport De Virville pr conise certaines r formes qui seront d ailleurs fortement controvers es destin es permettre chacun de se former tout au long de sa vie Depuis nous avons assist deux changements de gouvernement la r forme de la Formation Professionnelle Continue est attendue sa mise en application semble tre d actualit alors que nous crivons ces remarques Le slogan d j promu avec la loi dite Delors se former tout au long de sa vie est repris non seulement par De Virville mais aussi plus tard lors de la campagne pr sidentielle de 2002 et aujourd hui par la r forme de la FPC Au del d une approche quantitative certes bas e sur des chiffres officiels il nous semble pertinent de conforter cette analyse par une approche qualitative centr e sur les pratiques elles m mes Compte tenu de la grande diversit des entreprises leurs tailles leurs domaines d activ
99. la transmission la motivation filiale la figure symbolique du Professionnel Exp riment est celle du P re Anzieu et Kaes 1973 Braun 1988 Legendre 1996 donnateur Mauss 1999 et que celui ci a besoin d tre reconnu en tant que tel par son Successeur nous sommes tent de penser que ce dernier adopte la figure symbolique du Fils et reconnaisse le Professionnel Exp riment comme le p re symbolique et ait besoin d tre reconnu comme fils symbolique de Nous pensons que la motivation l attachement que propose Winnykamen sous tend cette reconnaissance symbolique Dans le m me esprit si avec Winnykamen le Successeur int gre le mod le que repr sente le Professionnel 193 Exp riment 1l doit aussi l accepter le reconna tre comme mod le comme p re symbolique Lieury et Fenouillet 1997 explorent les liens r ciproques entre les facteurs motivationnels et l apprentissage Ils s appuient sur la psychologie sociale Moscovici 1998 et analysent les expressions par lesquelles le sujet apprenant attribue ses r ussites ou ses checs des causes internes ou externes Il peut aussi exprimer une r signation globale ou sp cifique cette r sigation apprise peut se r v ler comme un tat stable ou temporaire p 51 56 Les auteurs proposent de consid rer les expressions du sujet r v lant l autod termination et la comp tence per ue L autod ter
100. le IT 3 1 5 7 Quelques commentaires L Entreprise Apprenante est un mod le tr s attractif et il nous para t heureux que des entreprises s en inspirent tout au moins qu elles disent s en inspirer Car il est bon de rappeler qu l heure o nous crivons il nous semble d licat de rep rer pr cis ment une entreprise que nous pourrions qualifier explicitement d apprenante Nous avons vu plus haut que les entreprises se r clamant de l Entreprise Qualifiante et de la logique comp tence sont nombreuses les normes ISO relatives la certification qualit se sont enrichies et ont int gr l approche processus Pour autant il semble que les pratiques soient encore fortement teint es de rationalisme 4 G A R F juillet 1998 57 Il semble donc que passer d un paradigme Entreprise Qualifiante voire de l Entreprise Formatrice un paradigme Entreprise Apprenante n cessite un changement de point de vue de vision du monde et de l entreprise d organisation de pratiques Pour le dire comme Watzlawick il s agit pour l entreprise d un changement de type 2 changement rupture changement de paradigme de conception et non d un simple r am nagement des conceptions existantes dans la continuit Passer d une culture taylorienne ou n o taylorienne une culture d Entreprise Apprenante impliquant ouverture r activit mobilit transversalit transfert et par
101. le est appel constructivisme psychologique contrairement au constructivisme pist mologique piag tien Ce dernier n est qu une repr sentation d analyse La connaissance humaine objet social n est ma tris e par aucun individu les structures tudi es par le constructivisme pist mologique conditionnent son appropriation par les sujets individuels laquelle est objet du constructivisme psychologique 123 La m thode de l analyse fonctionnelle consiste d composer les fonctions dites sup rieures du syst me cognitif en sous fonctions lesquelles correspondent aux structures physiologiques et logicielles jusqu atteindre les sch mes sensori moteurs et semio op rateurs qui correspondent aux l ments de base de l action et de la repr sentation Bastien 1997 p 39 Cette analyse fonctionnelle suppose les interactions de trois grands syst mes d quilibration un syst me phylog n tique volution de l esp ce un syst me sociog n tique changes synchroniques et diachroniques intra et inter g n ration croissance g n tique au travers de g n rations un syst me psychog n tique acquisition des individus agissant dans des chelles de temps diff rentes et ce dans une approche n o darwinienne L auteur retient trois aspects la psychog n se et la sociog n se ont un fondement phylog n tique mais exercent une action retour sur la phylog n se
102. le est d ailleurs encore tr s visible de nos jours On le voit l acte de transmettre de diffuser de partager les connaissances s inscrit dans l histoire de l humanit comme dans celle de nos cousins les grands singes Cette pratique est m me consubstantielle du d veloppement et de l volution de l homme Les diff rentes civilisations ont donn la fonction d ducation des statuts diff rents Chez les Grecs par exemple l esclave tait charg de l ducation des enfants Au moyen ge c est l Eglise qui maf ftrisait voire qui monopolisait cette fonction sociale De nos jours l ducation est une fonction pr pond rante une pr occupation nationale un m tier un art diraient certains L ducation est aussi un champ disciplinaire universitaire Il semble donc que toute action de formation aujourd hui formalis e professionnalis e instrumentalis e ait R Lewis 1994 Pourquoi j ai mang mon p re Paris Actes Sud 15 comme racine une pratique somme toute bien naturelle Certains auteurs vont m me jusqu dire que cette version scolaire de transmission formalis e doit apprendre de cette activit ordinaire qui s exerce naturellement sur tant de champs tant de comp tences langagi res sociales et normatives Pour suivre ces auteurs nous poursuivons notre exploration d exemples communs et tentons de rep rer cette activit si naturelle dans notre vie sociale contempor
103. mod le de l Entreprise Apprenante voit ici une application concr te certes largement motiv e par une contrainte contextuelle conjoncturelle Et justement la question de l engagement de l entreprise m riterait d tre approfondie cet engagement est il contextualis de circonstance ou est ce r ellement un engagement durable une orientation strat gique et manag riale Transmettre et changer les savoirs nous semblent pourtant correspondre une activit bien naturelle inscrite dans les processus sociaux dans et hors de l entreprise En fait on pourrait dire qu il s agit pour l entreprise de renouer avec une fonction sociale ou socialisante qu elle a contribu ranger aux oubliettes au profit de cursus formels de savoirs valoris s par un dipl me d une part et une comp tence requise et valid e d autre part Malgr ces contraintes culturelles conomiques et autres certaines entreprises soumises aux perturbations d crites ci dessus mettent en uvre des actions visant permettre la transmission acquisition de savoir faire 3 2 Objet de la recherche Il nous paraissait utile et n cessaire de faire ce d veloppement pr alable pour inscrire notre objet de recherche dans un contexte une histoire et une mise en perspective de l entreprise Celle ci ancr e dans une logique de normalisation des proc dures des comp tences des structures vit des mutations de tous ordres techniques conomiques
104. modalit s ne sont pas que des formes d change d information Elles sont des modes d auto eco organisation du syst me relationnel un processus complexe et volutif dans lequel se m lent non seulement des interactions communicationnelles des apprentissages mais aussi de l affect Pr c demment nous avons fait appel la filiation au complexe dipien au d sir pour tenter d approcher les motivations respectives du Professionnel Exp riment et du Successeur Nous notons que l encore nous avons recours avec Wallon la psychanalyse pour voquer la relation fusionnelle puis la s paration On trouve aussi des d veloppements similaires chez Anzieu et Ka s 1973 p 171 voquant la relation ducative comme un processus de domination soumission mais pr cisent le caract re provisoire de cette d pendance et consid rent l autonomisation de l apprenant Nous notons aussi que Postic 1988a pp 237 253 consacre un chapitre entier au commentaire la relation ducative sous l angle de la communication inconsciente L auteur consid re la relation ducative travers e par des transferts et des contre transferts c est dire des d placements dans la relation de figures parentales de d sirs de sentiments initialement relatifs un parent ou un enfant On peut donc penser que les dimensions intrins ques des motivations de chacun s expriment dans la relation de transmission de savoir faire dans la relation
105. ne peut pas tre celle du Professionnel Exp riment tout du moins dans le cas qui nous int resse elle nous semble trop limit e 137 Stroobants 1993 attire notre attention sur le fait que les O S sont d tenteurs de savoir faire tout aussi p nalisant pour l organisation d s lors qu ils disparaissent Nous nous int ressons un professionnel dont l exp rience n est pas n cessairement reconnue et surtout pas au point de le qualifier d Expert au sens d Ardoino Son exp rience est traduire en termes de connaissances de l activit en capacit s faire avec les meilleures performances en capacit s r soudre des probl mes quelques fois en faisant appel des situations particuli res rencontr es et m moris es 7 4 3 3 6 1 Le mod le de l Expert Novice D autres approches de l Expert sont possibles et pour notre probl matique l Expert est entendu comme porteur d une exp rience confortable en regard d une activit Pour tenter de r pondre deux approches peuvent tre envisag es L une de type comportementaliste avec la typologie de Bloom rappel e par Abernot 1993 par Altet 1994 et par Malglaive 1994 notamment qui propose une progression d objectifs d apprentissage Ceux ci sont rep r s par des capacit s faire Il est noter d ailleurs que ce mod le a largement contribu au d veloppement des d marches bas es sur la comp tence GPEC logique comp te
106. nous dit que la neutralit l objectivit pure du chercheur n existe pas Le fait m me que le chercheur est en interaction avec son objet entra ne des influences de part et d autre Le chercheur et l objet se trouvent alt r s par la relation qui les unit malgr le d sir d objectivit du chercheur Si bien que l auteur parle d inter subjectivit Pour les sciences humaines la subjectivit inh rente l objet de recherche au chercheur et la relation qui les lie conditionnent tout la fois le choix de la m thode et la posture du chercheur 11 3 Exp rimentation observation Dans cette Querelle des m thodes en corollaire du d bat objectivit subjectivit se trouve un autre d bat entre exp rimentation observation Nous l avons dit plus haut la recherche d objectivit la volont de montrer la preuve de d montrer de chercher la raison causale a anim la science Du coup les m thodes exp rimentales ont investi les m thodes de recherche privil giant l exp rimentation exp rience ordonn e et m thode a priori Le chercheur con oit les conditions d exp rimentation formule les variables sur lesquelles il veut agir la situation d exp rimentation est labor e a priori elle est r alis e en laboratoire cherchant ma triser les variables L observation quant elle a acquis son statut de m thode scientifique d s lors qu il s est trouv des chercheurs pour l utiliser et
107. occuper C est le plein emploi et l on fait appel l immigration pour couvrir les besoins C est la cr ation de l AFPMO association pour la formation de la main d uvre le CERP AFP de Ouvriers et M taux qui donneront lieu plus tard ce que nous connaissons aujourd hui sous le nom de l AFPA 13 CGOS Toute entreprise est une aventure humaine 2003 31 C est sur ces fondements que tous les secteurs conomiques voluent sur une p riode appel e les 30 glorieuses caract ris e par une progression constante de l conomie des march s de la technique de l emploi De v ritables empires industriels et financiers se cr ent C est aussi l apog e du taylorisme transpos en France d un mode d organisation rationaliste pyramidal d une conception de l entreprise faite de certitudes de pr visions d un management dit paternaliste Linhart 2003 fait une description pr cise de l entreprise industrielle dans cette p riode et montre comment certaines ont conserv jusqu nos jours ce mode fonctionnement C est aussi un mode de relations sociales dans et hors de l entreprise bas sur une certaine stabilit des qualifications Plus largement c est un mod le de soci t qui est construit sur la base de classes et de la promotion sociale la lin arit des cursus professionnels prolongeant des formations ad quates et sp cialis es au m tier une relative stabil
108. origine dans la frustration et la douleur la n gation de la m re l interdit de savoir elle est marqu e par le lien affectif du sujet l objet D sirer savoir c est aussi vouloir transgresser l Interdit incarn par le P re pour se saisir de l objet conna tre la m re Cette transgression suppose la n gation qui est l origine du conflit intellectuel En ce sens transgresser l Interdit c est aussi prendre des risques Ce d sir de savoir est sublim en int r t intellectuel projet de recherche ou de cr ation Pour tayer leur d veloppement sur l origine inconsciente du d sir d apprendre Aumont et Mesnier font une analogie entre le triangle dipien et le triangle p dagogique de Houssaye que nous avons esquiss au d but de notre probl matique Ils remarquent que dans les deux cas l objet d sir la m re dans un cas premier objet conna tre le savoir dans l autre est au sommet du triangle Ils notent aussi que dans le triangle p dagogique l enseignant tient la place du P re Dans ce d sir du savoir le P re incarne l Interdit mais aussi l acc s possible au savoir C est aussi ce que d veloppent Aumont et Mesnier 1992 p 201 lorsqu ils voquent le r le du m diateur dans l orientation des apprentissages Au del de tout ce qu il fait pour orienter tutorer guider accompagner il laisse passer son propre d sir sa propre passion vis vis du savoir Il i
109. partir de crit res objectivables en particulier pour un observateur ext rieur Aussi nous ne nous attarderons pas sur ce point Nous retenons cependant que les ethnologues distinguent principalement les mythes d origine cosmologique eschatologique messianique politique philosophique suivant le temps dans lequel ils s inscrivent pass pr sent avenir et l aspect de la soci t qu ils id alisent ou remettent en question Suivant les courants de l ethnologie les mythes sont analys s de mani re diff rente C est sans doute Levi Strauss 1980 qui dans le prolongement de Malinowski formalise la conception fonctionnaliste du mythe En effet Levi Strauss attribue au mythe une fonction qui est de garantir la stabilit de l organisation sociale Il se transmet de g n ration en g n ration et v hicule des valeurs et des normes Certains ethnologues plus particuli rement ceux dont l approche se situe dans l anthropologie psychanalytique cherchent analyser la symbolisation de fantasmes inconscients Levi Strauss quant lui privil gie une approche structuraliste et propose une pens e 33 Copans J 1996 Introduction l ethnologie et l anthropologie Collection 128 Paris Nathan 134 mythique qui proc de par l entendement A ce point de notre d veloppement nous ne sommes pas en mesure de privil gier l une ou l autre des dimensions Dans l entreprise dans le gro
110. propos une lecture riche d exemples concrets en entreprises d alliances tacites entre des ouvriers et des techniciens de maintenance L organisation elle m me g n re des modes de relation et des comportements Bournonville 1998 Livian 2000 Mintzberg 1990 Cette approche sociologique nous conduit penser que l exp rience du Professionnel Exp riment lui a permis aussi de construire des relations des collaborations tacites 129 au del des relations formelles rep rables sur un organigramme Ces alliances ces jeux de pouvoir ces collaborations tacites sont aussi exp riment s dans le temps Et l on peut supposer que le Professionnel Exp riment s inscrit dans un r seau relationnel qui chappe pour partie au moins toute formalisation Ces jeux de relations interpersonnelles sont construits dans le temps elles sont constitutives de ce que les sociologues appellent le milieu du Professionnel Exp riment 7 4 3 3 5 1 Une culture socioprofessionnelle La sociologie des organisations propose et d veloppe aussi la notion de culture r sultante d une construction collective de repr sentations Sainsaulieu 1987 p 142 notamment propose de consid rer la culture comme La culture appara t comme un r servoir int rioris transmis soigneusement labor par l histoire d un ensemble de valeurs de r gles et de repr sentations collectives qui fonctionnent au plus profond des rappo
111. pulsion d investigation chez Freud ou pulsion pist mophilique chez Klein La s paration de la m re fait de cet objet un autre elle cr e le manque et l avidit conna tre elle initie le complexe d dipe Le dualisme freudien pulsion de vie pulsion de mort fait du lien l objet un tr pied de relations caract ris es par l Amour la Haine la Connaissance cette derni re assimil e la pulsion conna tre Les auteurs voquent la pluralit des th ories psychanalytiques mais pr cisent quoi qu il en soit des th ories respectives des diff rents psychanalystes elles se rejoignent en un point nodal la pulsion conna tre existe chez l infans d entr e de jeu d s la naissance profond ment li e aux pulsions d amour et de haine et soumise aux avatars de celles ci Aumont et Mesnier 1992 p 143 La probl matique dipienne la base de laquelle est la s paration fait appara tre l Autre que lui le P re d sirant la m re L enfant est renvoy son alt rit et son deuil deuil de la m re devenue objet externe et deuil de son tat d enfant merveilleux 190 tout puissant L objet devient Autre La pulsion pist mophilique rapprocher du motif pist mique de Carr 2000 est renforc e de toute sa libido et la pulsion sexuelle est refoul e Le refoulement est la base de la peur de l inconnu La pulsion conna tre prend son
112. rayon d action L o un tableautiste conduisait une partie de l outil de production avec des appareils de contr le commande classiques le tableau il conduit d sormais une partie plus importante gr ce des crans des synoptiques des SNCC Syst mes Num riques de Conduite Centralis e La polyvalence et la mobilit sont plus que jamais de rigueur Lors des recrutements lorsqu il y en a l entreprise rel ve encore son niveau d exigence Par exemple dans les entreprises industrielles dans cette p riode on recrute des op rateurs de fabrication avec un BTS alors que ceux qui occupent l emploi ont un CAP dans le meilleur des cas On pourrait d cliner dans d autres secteurs ce surcro t d exigence La logique du dipl me devient tout la fois incontournable pour les entreprises et insuffisante pour les candidats S1 pr c demment les d marches qualit h sitaient entre une recherche de certification et une orientation Qualit totale c est l orientation certification ISO qui prend largement l ascendant privil giant la formalisation et la validation de proc dures la description d incidents leurs causes leurs r solutions bref vers la formalisation Il faut dire ce que l on fait et faire ce que l on dit Les d marches de certification d passent l entreprise et vont impacter les sous traitants et fournisseurs Si la p riode pr c dente tait celle des ing nieurs celle
113. rep rable d s le d but des ann es 80 Le temps moyen des stages diminue progressivement et le Taux de 38 participation augmente montrant ainsi une rationalisation de l utilisation des d penses de formation Cette volution n est pourtant pas lin aire le Cereq rep re trois p riodes d volution diff rentes de 1971 1980 le TPF volue peu l g rement au dessus de l obligation l gale les dur es de stage sont importantes peu de personnes vont en formation La formation est per ue comme un imp t indirect sans lien apparent avec la strat gie ou la performance globale de l entreprise Les formations sont le plus souvent organis es sous la forme de stages individuels essentiellement l initiative du salari l entreprise assure et finance la formation des individus ou des groupes d individus r pondant ainsi aux demandes exprim es de 1980 1990 une forte volution du TPF la dur e moyenne baisse fortement le taux d acc s augmente Cette poque correspond une r appropriation du budget de formation par l entreprise pour r pondre aux nouvelles contraintes que nous avons voqu es plus haut notamment la n cessit de re qualifier le personnel Elle correspond aussi la mise en place de nouvelles m thodes Management Participatif Assurance Qualit GPEC Cependant l entreprise propose des solutions formation pour compenser des carts de comp tence La formati
114. respectives chacun des deux acteurs traverse la relation fusionnelle puis vit la s paration Chacun des deux int gre reconstruit les savoirs dans la relation Chacun des deux acteurs est confront l autre qui bouscule remet en cause les acquisitions d j l Chacun aussi fait l exp rience de la transmission dans laquelle chacun apprend du nouveau C est avec la dynamique organisationnelle du syst me et les changements qu elle provoque que se construisent r ciproquement les ipseit s Ric ur chacun se construit par la relation l autre et en m me temps s en distingue c est une andragogie de la personne Labelle une transformation des deux partenaires par la relation qui les lie et r cursivement une volution de cette relation elle m me En clair nous pensons que l exp rience de la relation l autre relation andragogique les deux acteurs sont transform s les deux acteurs changent et se construisent dans une relation qui s organise vers plus de r ciprocit dans les changes Les positions symboliques l uvre au c ur des motivations de l un et de l autre voluent aussi Les positions de P re et de Fils symboliques sous tendant les d sirs pour l un de se projeter pour l autre d apprendre se transforment dans la relation L autonomisation la s paration marque l panouissement de la relation Le fils symbolique est devenu adulte n est plus d pendant du p re sy
115. rience du sujet Par ailleurs le cerveau fait preuve d une plasticit qui rend possible la r organisation des centres et de leur fonctionnement ce qui rend leur localisation sp cifique d licate Les capteurs sensori moteurs permettent l individu d tre en interaction avec son environnement Chaque sens vision audition toucher odorat go t et les sensations psycho motrices est une source d interaction Trocm Fabre 1987 une entr e d informations int gr es participant l organisation et la r organisation des couplages structuraux une possibilit d intervenir sur son environnement Var la 1996 pr sente la r gle de l apprentissage de Donald Hebb Le syst me r gissant l interconnexion proc de par changement graduel sous des stimulations diff rentes A chaque changement de stimuli il r organise la distribution des neurones connect s Puis lorsqu on pr sente le stimulus le sch ma correspondant d interconnexion se r tablit il y a apprentissage Ce courant donne lieu a des investigations sur les t ches cognitives impliquant des transformations li es l exp rience Deux modes d apprentissage sont propos s e Apprentissage par corr lation Il s agit l d une application de la r gle de Hebb on montre au syst me une s rie de stimuli qui le conditionnent pour d autres situations e Apprentissage par imitation par l utilisation d un mod le tendant provoquer des liens e
116. son exp rience Mais elles nous semblent aussi pertinentes pour clairer la motivation du Successeur apprendre lorsque nous l aborderons 7 5 1 2 Une approche par la psychanalyse la filiation Nous souhaitons poursuivre notre d veloppement de la motivation transmettre et pour continuer explorer les facteurs intrins ques de la motivation nous reprenons les propositions de Riverin Simard En effet Riverin Simard proposait dans l tape de vie au travail correspondant au d part pr visible les r flexions testament le besoin de laisser un message Braun 1988 nous encourage explorer ce champ l auteur voque la filiation motivation de tout enseignant tout formateur transmettre son savoir Transpara t ici en filigrane l id e de filiation selon laquelle les p res ou les m res universitaires donnent leur savoir en esp rant que leur fils ou leur fille tudiants continueront agrandir le champ des connaissances en reprenant le travail au point o eux m mes l ont laiss Braun 1988 p 35 Ces deux propositions nous conduisent explorer des facteurs intrins ques de motivation que Mucchielli aborde sous l angle psychanalytique Or la psychanalyse propose une approche la fois conceptuelle et th rapeutique Vanier 1996 nous explique qu elle peut tre abord e comme moyen d intelligibilit du psychisme humain tayant l arsenal conceptuel et en tant
117. subjectivit 246 11 3 Exp rimentation observation 248 12 La m thode de recherche 252 12 1 1 Objectif de la recherche 252 12 1 2 Notre posture de chercheur 253 12 1 3 Le dispositif de recherche 254 12 14 L articulation de l observation et des entretiens 255 12 1 5 Les observations 255 12 1 6 Les entretiens 256 12 1 7 Le choix des variables 260 12 2 Pr sentation synth tique de la m thode 266 12 2 1 Rappel du dispositif 266 13 Recueil de donn es 275 13 1 Rappel de l hypoth se 275 13 2 Rappel des techniques d analyse 275 13 3 Les terrains d observations 276 13 3 1 Des pr cisions n cessaires 277 13 3 2 Commentaires 278 13 4 Recueil des donn es par dyade 279 13 4 1 Dyade 0 279 13 42 Dyade 1 280 13 43 Dyade 2 289 13 4 4 Dyade 3 297 13 45 Dyade 4 302 13 4 6 Dyade 5 307 13 4 7 Dyade 6 312 13 4 8 Dyade 7 317 13 4 9 Dyade 8 322 13 4 10 Dyade 9 327 13 4 11 Dyade 10 332 13 5 Remarques 337 13 6 Analyse moyenne des donn es 338 13 6 1 La Dyade pr sentant 2 s quences D9 338 13 6 2 Les Dyades pr sentant 5 s quences D2 D4 D10 339 13 6 3 Les Dyades pr sentant 10 s quences D1 D3 D5 D6 D7 D8 349 13 7 Se d gage t il une tendance g n rale 362 13 7 2 Le cas particulier de la dyade 9 369 13 8 Une tendance g n rale 370 13 8 1 Evolution de la relation 370 13 8 2 Les entretiens 375 13 8 3 Commentaires compl mentaires 380 13 8 4 Interpr tation des analyses de contenu les positions symboliques 387
118. t te sous l eau que l on apprend nager Parall lement la normalit de la comp tence l ad quation un r f rentiel un ensemble de proc dures transcrites est la seule garantie de performance Celle ci n est acquise que lorsque l individu agit en conformit avec ce qui est prescrit La gestion des comp tences sous tend une mise en forme une mise la norme que la DRH ma trise g re et contr le les dipl mes et les parcours formalis s et valid s rel guent le compagnonnage la tradition Or si les budgets de formation ont consid rablement augment si la rationalisation des d penses de formation est r elle avec de nouvelles m thodes et de nouveaux supports l insuffisance du budget de formation pour r pondre au besoin de r activit devient criante Les entreprises se trouvent r ellement confront es des besoins de performance et de r activit leur imposant des comp tences multiples nouvelles et partag es mobiles et rapidement transf rables Les changements organisationnels et les d parts en retraite d j amorc s n cessitent des transferts de comp tences voire des d veloppements rapides de nouvelles comp tences Dans le m me temps il s agit aussi de valoriser et partager les connaissances internes isol es parfois confin es dans des gisements compl tement ignor s jusqu ce qu un d part ou une mutation les r v le 60 brutalement pr cieuses Ces v nements p
119. tant en fait le fruit de l exp rience qui a vacu les ventuelles inf rences qui ont permis de l tablir Bastien 1997 p 38 Plus loin l auteur confirme sa pens e en proposant la strat gie de devinement qui caract rise en l occurrence le lecteur expert ou du lecteur comp tent 140 Or un processus en s automatisant change de nature puisque par d finition et contrairement au processus qui a pr sid son acquisition il n est plus contr l les d clencheurs ne sont pas n cessairement les unit s qui ont t pertinentes pendant l apprentissage et le raisonnement inf rentiel ou analogique ne joue aucun r le Bastien 1997 p 110 Pr c demment nous avons approch la connaissance et sa construction sous plusieurs angles Nous avons ainsi donn aux connaissances de multiples dimensions construites dans de multiples situations et mobilis es dans l action Or nous notons que le caract re non conscient que nous proposent Dreyfus et Bastien sous l angle cognitif est aussi voqu par Coste sous l angle psychomoteur Le corps se manifeste et participe dans l expression de ce savoir faire plusieurs niveaux au travers de gestes et d attitudes depuis une gestualit tr s op rationnelle jusqu une communication non verbale Mais en m me temps Coste nous dit que Plus l acte fut r p t plus l attention est faible plus le projet moteur est spontan et in
120. terniser pour conserver l attention du lecteur C est avec cette prudence que je tente ici une exploration explicative de mon parcours en vitant de tomber dans ce qui pourrait tre mon histoire de vie Pr cisons tout d abord que ma formation initiale et ma premi re exp rience professionnelle sont fortement teint es de sciences dures et de technique Une premi re bifurcation interm diaire moriente vers l organisation d actions de formations dans le cadre de la Formation Professionnelle Continue financ e par les entreprises Ces actions ont une premi re connotation techniques industrielles puis petit petit elles s orientent vers d autres domaines plus relationnels ou m thodologiques Une nouvelle bifurcation se profile quelque temps apr s me proposant une orientation vers le m tier de consultant C est dans ce passage que la n cessit de recourir un cursus universitaire m appara t comme une vidence Les Sciences de l Education m accueillent en 1996 pour pr parer un DESS Responsable de Formation Dans le m me temps une entreprise industrielle r gionale me demande de r fl chir une mani re de conserver le Savoir Farre d Anciens fortement exp riment s atteints par la limite d ge 57 ans pr vue dans un plan social Et c est ainsi que tout commence Le sujet est attractif il devient le sujet de mon m moire de DESS RF et parall lement une action concr
121. un aper u des exercices destin s la restructuration du sch ma corporel Les exercices visant la restructuration du sch ma corporel r activent le d veloppement m me de cette structure fondamentale tant du point de vue gnosique sch mes formels et intellectuels que praxique sch mes de r alisations motrices Coste 1977 p 107 114 Ces conceptions sont pour nous particuli rement clairantes Elles nous permettent de consid rer le geste comme partie int grante du savoir faire et les m canismes psychomoteurs l uvre dans la gestualit Suivant l auteur nous retenons que le geste est aussi le r sultat d un apprentissage d un r apparentissage que le sch ma corporel se construit non seulement dans le rapport du sujet au r el mais aussi dans le rapport aux autres Un autre l ment nous semble aussi clairant il concerne la dimension communicationnelle du corps Coste nous pr cise que le corps participe activement dans tous les ph nom nes de communication Gr ce au langage donc l homme vit dans un monde de significations les gestes veulent dire quelque chose le corps a un sens qu il peut toujours interpr ter traduire comme il peut traduire la danse des abeilles Coste 1977 p 51 Le corps v hicule des messages par le regard la mimique la gestualit Il existe un langage corporel fait de comportements dont les uns sont inn s et les autres acquis En ce sens auss
122. utilis comme moyen p dagogique n cessite pour le Successeur une probl matisation c est dire une fa on de poser le probl me de se le repr senter Ceci rejoint nous semble t il ce que Bastien 1997 p 53 nous proposait de consid rer En cela on peut s attendre ce que le Professionnel Exp riment invite le Successeur exprimer formaliser sa probl matisation et r gule cette formalisation par des questionnements ou des ajustements Nous retrouvons l le d veloppement que nous avons fait sur l exp rience comme source d apprentissage pour le Professionnel Exp riment et notamment le mod le de Kolb Ceci nous conduit penser que celui ci doit engager le Successeur dans une formalisation a posteriori de sorte que la r solution de probl me laisse la place une connaissance construite C est ici nous semble t il que les pr conisations de Malglaive savoir une p dagogie l envers peuvent prendre corps Ainsi le probl me comme moyen p dagogique nous permet de penser plusieurs modalit s relationnelles possibles alternant explications questionnements narrations co actions inter actions voire trans actions Nous faisons ici un parall le avec les tapes d apprentissage exp rentiel de Kolb En effet la situation probl me peut permettre au Successeur d explorer les observations r fl chies des exp rimentations directes des conceptualisations abstraites des exp rim
123. 10 ans l Expert partant en retraite est porteur de37 ou 40 ans d exp rience La subjectivit tant de mise doit on chercher une base de crit res objectifs pour d terminer qui a une exp rience experte L entreprise a t elle les moyens a t elle int r t s engager dans cette approche Si les Experts eux m mes ne sont pas en mesure de formuler tout ce qu ils savent faire si l abduction est une caract ristique de l Expert laquelle les recherches ne se sont pas int ress es l entreprise peut elle adopter cette caract ristique pour choisir les experts La question clairement pos e m riterait d tre abord e sous l angle de l valuation et elle int resserait aussi bien le chercheur que le DRH Cette question ne nous appartient pas l entreprise bard e d outils d valuation et de validation de comp tence est par ailleurs celle qui s engage dans cette initiative Il lui appartient en premier lieu de d terminer de choisir de nommer bref de reconna tre qui est Expert qui est porteur d une exp rience significative qu il serait utile ou n cessaire de transmettre 149 Pour ce qui nous concerne nous pensons qu une personne forte de 10 20 ou 30 ans d exp rience a potentiellement des connaissances qu elle a construites dans son milieu professionnel et ailleurs qu elle mobilise dans les situations professionnelles pour agir avec efficacit sur ces situations Quelle
124. 13 9 Conclusions partielles 390 13 10 Les entretiens post transmission E3 391 13 10 1 Pr alables 391 13 10 2 Les dyades D11 D16 392 13 10 3 Analyse des entretiens E3 pour les dyades D11 D16 394 13 10 4 La tendance moyenne des entretiens E3 401 13 10 5 Comparaison et commentaires 406 13 10 6 Des r flexions compl mentaires 411 Conclusion g n rale 418 14 Rappel du contenu de la th se 419 15 Nos interpr tations 421 15 1 Des r flexions pour l action 424 16 Un compagnonnage ou une relation Ma tre Disciple 427 17 Des prolongements possibles 429 17 1 Evolution des figures symboliques 430 17 2 Un moment cl de changement de la relation de transmission de savoir faire 430 17 3 L valuation dans la relation de transmission de savoir faire 17 4 Que devient le savoir faire 18 Bibliographie 19 Index des auteurs cit s 431 431 434 449 Introduction Le document pr sent ici est la fois le r sultat d une recherche men e depuis 2000 et le prolongement de pr c dents travaux universitaires Il convient donc de le positionner dans cette dynamique pour en saisir le sens au moment o il est produit En clair pour reprendre un conseil de Jean Jacques Bonniol il est bon de faire tat de son r f rentiel dire d o l on parle Deux difficult s apparaissent positionner dans cette histoire le curseur du d but et celui de la fin Ne pas tre r ducteur pour pr server le sens ne pas s
125. 1997 met l accent sur l importance des connaissances d j construites activ es dans la situation et le raisonnement par analogie C est justement ce que ne met pas en vidence le mod le de Kolb et ce qui nous faisait dire plus haut que ce mod le nous apparaissait simpliste La repr sentation circulaire de ce cycle ne rend pas compte des apprentissages d j op r s elle gagnerait sans doute int grer cette dimension temporelle et s orienter vers une repr sentation spiral e En synth se nous gardons lid e que chaque auteur dans cette approche de l apprentissage montre l activit du sujet une activit diff renci e personnelle dans son rapport l activit et l environnement C est une dimension que tout formateur se doit de consid rer et en l occurrence le Professionnel Exp riment charg de former le Successeur Les propositions de Bastien 1997 de Aumont et Mesnier 1992 et de Kolb 1984 nous invitent voquer une dimension sociale de l apprentissage Aumont et Mesnier 1992 p 187 consacrent le 3 chapitre de leur ouvrage au courant socio constructiviste Ils rappellent qu on n apprend pas tout seul l environnement social 176 est un facteur primordial de l apprentissage Dans sa double approche apprentissage implicite et apprentissage explicite Bastien nous l avons vu plus haut propose la notion de guidage cette notion fait r f rence aux travaux de Bruner 1998
126. 5 claire encore cette premi re d finition la motivation humaine prend naissance lorsque l individu est en situation de tension la situation actuelle est per ue comme insatisfaisante et la situation future peut tre per ue comme satisfaisante Levy Leboyer 1998 traite de la motivation en entreprise il attire notre attention sur le fait que la motivation ne peut tre abord e par un mod le simple qu il s agit d un processus complexe et instable qui implique l intention et l action et lie la personnalit et son environnement La motivation doit tre abord e par une approche plurielle 150 permettant de mettre en vidence les multiples facteurs de la motivation Mucchielli 1996 nous propose une vision panoramique des courants qui expliquent les motivations et leurs sources Cet auteur nous pr sente la motivation comme une construction de signification de chaque conduite en rapport quelque chose rapprocher de la notion de besoins fondamentaux ou secondaires Pour lui la signification appara t dans la combinaison de multiples facteurs internes et externes en interaction avec le contexte Elle d pend de plusieurs facteurs intrins ques la personne et des facteurs extrins ques tous li s l environnement Les ressorts inconscients et irrationnels de la conduite humaine sont nombreux Ils sont soit inn s soit acquis soit d pendants des interactions et des situations Ils sont soit commun
127. 74 3 3 5 2 Une identit professionnelle La sociologie des organisations propose en parall le de la culture la notion d identit professionnelle L identit permet l acteur de se d finir socialement en r f rence au groupe social auquel il appartient Le groupe d appartenance auquel l acteur fait r f rence peut tre li son origine g ographique sa famille ses loisirs son engagement politique Bernoux 1985 p 199 L identit ne conf re pas l identique elle renvoie au groupe social et au sentiment d appartenance qui permet l acteur de se d finir Pour autant l identit renvoie soi comme unique On retrouve ici le rapport dialectique entre Soi et l Autre entre M me et Autre que propose Ric ur 1990 L acteur se construit en tant que sujet il se subjective dans le rapport l autre aux autres Avec Ricoeur nous pourrions dire que dans ces rapports sociaux se construisent des ipseit s Dans le cas de l entreprise une identit collective se construit propre au groupe socioprofessionnel consid r Elle se caract rise par des normes relationnelles 5 Bataille Blin Jacquet Miasc et Pasier 1997 p 85 131 particuli res qui g n rent des comportements communs sans exclure les comportements individuels L encore on peut concevoir le Professionnel Exp riment caract ris par une longue exp rience professionnelle au sein de l entreprise du groupe social
128. Faire le deuil consiste en un processus physique par l expression des motions comme la col re ou la tristesse Il s agit aussi d un processus social puisqu il se fait en relation avec les autres ceux avec qui on partage les motions 162 Pour notre probl matique le Professionnel Exp riment est nous l avons dit dans le cas d une mutation ou d un d part la retraite ou en pr retraite Nous ne pouvons rien dire de l attachement du Professionnel exp riment son entreprise au groupe social d appartenance il n est pas certain que l exp rience m me longue est synonyme d attachement Cependant nous ne pouvons ignorer qu avec cette exp rience s est construite une identit professionnelle La rupture le d part annonc peut tre v cu comme une perte de soi d une partie de soi et l nous pouvons penser qu il y ait un attachement Nous pouvons consid rer avec Linhart 2003 que la rupture annonc e souhait e ou subie peut provoquer ce travail de deuil Nous pouvons supposer aussi que ce travail de deuil suivant son avancement suivant son intensit peut modifier la perception des situations actuelle et future comme satisfaisante ou non l image de soi le d sir de transmettre En un mot le travail de deuil cons cutif du d part annonc envisag peut influer sur les facteurs intrins ques de la motivation 7 5 1 5 La transmission comme un don La figure du P re symbolique et la
129. Le savoir faire manifestation d une connaissance Aborder la connaissance pose l encore la question pist mologique que nous avons rencontr e plus haut Nous ne reprenons pas ici notre approche pist mologique relative la connaissance scientifique nous confirmons cependant notre inscription dans une pist mologie constructiviste propos e par Bachelard 1974 et comment e par Le Moigne 1995 Lorsque nous avons abord l exp rience comme source d apprentissage la connaissance du Professionnel Exp riment est apparue comme une construction une reconstruction dans son rapport au r el D s lors la connaissance est intimement li e l exp rience du sujet connaissant Le Moigne 1995 p 71 prolonge cette approche avec l hypoth se ph nom nologique posant l exp rience du sujet comme le moyen de construire la connaissance dans une conception active Pour l auteur connaissance et repr sentation sont indissociables la premi re est entendue comme exp rience intentionnelle du sujet la seconde comme construction t tonnante l une et l autre s alimentant mutuellement La connaissance est donc tout la fois le processus de construction qui la forme et le r sultat de cette construction Ce r sultat n est pas consid rer comme un r sultat statique fig mais un processus permanent de construction et de reconstruction Nous notons au passage la distinction entre connaissance et repr sentation sur la
130. UNIVERSITE AIX MARSEILLE I Universit de Provence U F R de Psychologie D partement des Sciences de l Education N attribu par la biblioth que THESE Pour le dipl me de Doctorat en Sciences de l Education Transmission de Savoir Faire une relation p dagogique de l Expert au Novice Pr sent e par Jean Louis BOUTTE Sous la Direction de Monsieur Yvan ABERNOT Professeur des Universit s Membres du Jury Yvan ABERNOT Professeur des Universit s Marguerite ALTET Professeur des Universit s Claude BASTIEN Professeur des Universit s Jean Marie LABELLE Professeur des Universit s Jeanne MALLET Professeur des Universit s Roger PHAN TAN LUU Professeur des Universit s 2004 Remerciements Puisqu il est d usage de pr senter ses remerciements autant joindre l utile l agr able et profiter de l occasion qui m est offerte pour exprimer ici sinc rement toute ma reconnaissance aux personnes qui de pr s de ou de loin ont contribu aid favoris peut tre m me sans s en rendre compte l laboration de ce travail En tout premier lieu je tiens remercier vivement Yvan Abernot qui m a accompagn guid et encourag sans jamais s imposer La pertinence de ses remarques de ses questions l int r t qu il a su manifester tout au long de ce p riple a soutenu chez moi la motivation n cessaire parfois d faillante En second lieu je tiens aussi remercier viv
131. a cognition sous l hypoth se cognitiviste 1956 1979 Les mouvements de pens e pr gnants sont repris par les sciences cognitives qui d crit le fonctionnement du cerveau comme un ensemble de fonctions logiques et math matiques C est l tape cybern tique des sciences cognitives qui donnera de nombreuses r alisations concr tes les premiers robots par exemple Pour le cognitivisme le cerveau est une machine traiter de l information des symboles et donc 106 des repr sentations par computation L hypoth se du cognitivisme pourrait se r sumer dans une formule simple Penser c est calculer L hypoth se est donc que les ordinateurs offrent un mod le m canique de la pens e ou en d autres mots que la pens e s effectue par une computation physique de symboles Varela 1996 p 39 L analogie entre le cerveau et l ordinateur s appuie sur trois postulats e Il existe le m me rapport entre cerveau et pens e qu entre support mat riel hardware et programme software A chaque symbole ou op ration correspond un tat mat riel de la machine e L intelligence est de m me nature qu un programme informatique Le langage de la pens e est donc un langage formel Des proc dures d ductives r gles d inf rence permettent de construire des nonc s complexes en associant entre eux des symboles abstraits e C est au contact du monde physique que les symboles abstraits prennent tel contenu t
132. aciliter l intelligibilit du ph nom ne tudi Le syst me finalis et soumis aux perturbations de son environnement se r gule La notion de r gulation emprunt e la cybern tique indique un processus par lequel le syst me parvient maintenir un quilibre par adaptation volution modification de son agencement ou organisation Cette r gulation s op re par des boucles de r troactions positives et n gatives qui agissent en amplificateur ou en stabilisation en regard de la perturbation De Rosnay 1975 Ce bouclage est consid rer comme une 75 relation r cursive Morin 1990 c est dire que la sortie agit sur l entr e comme l entr e agit sur la sortie Ainsi le syst me est en quilibre mais un quilibre dynamique en mouvement disponible l v nement Le syst me est donc capable d hom ostasie et de changement En cela Lerbet S r ni 1994 voit un paradoxe une des caract ristiques de l approche syst mique est de pouvoir prendre en compte des aspects antagonistes jusque l s par s mais d sormais joints 6 3 1 Le syst me complexe Un syst me complexe est un syst me que l on tient pour irr ductible un mod le fini d termin Il se caract rise par une notion d impr visibilit potentielle ou une pr visibilit incalculable Le syst me g n ral est en quelque sorte une matrice Un syst me complexe n est donc qu un mod le d un ph nom ne per u compl
133. adulte enfant fonctionne avec pour objectif une transmission de connaissances que cet objectif soit ou non clairement explicit Winnykamen 1990 p 333 334 Nous suivons Winnykamen et ses propositions Les dyades sont fortement dissym triques en regard des comp tences sp cifiques La relation prend une forme de guidage tutelle au sens de Bruner qui suppose l activit des deux partenaires le mod le dans notre cas le Professionnel Exp riment apporte les modifications son activit en fonction de l observation de la production de l imitant dans notre cas le Successeur l objectif relationnel commun savoir le maintien de l interaction les objectifs cognitifs diff rents qui se rejoignent dans la r duction des diff rences dans la ma trise de la t che Pour l auteur deux formes de situation d apprentissage par observation sont possibles le cas o le mod le ne modifie pas sa production il n y a pas de contact social la relation n est pas interactive et le cas avec intention de mod liser modification de la production par l Expert en fonction du Novice puis modification de la production du Novice Cette forme interactive du fonctionnement para t caract ristique des situations dissym triques expert novice ici sujet mod le sujet imitant lorsque l intention de transmission de la part du mod le accompagne l intention 182 d acquisition de la part du sujet imitant Winnykamen
134. aine 2 3 Quelques exemples contemporains Une quipe de football est compos e de onze joueurs cinq de plus forment le corps des rempla ants chacun poss dant ses propres qualit s ses performances physiques et techniques Les onze joueurs n ont pas tous les m mes aptitudes ni les m mes r les La r ussite de l quipe ne tient pas exclusivement l addition des performances individuelles judicieusement organis es mais aussi et surtout une sorte de performance collective li e une osmose une alchimie que tous les entra neurs s vertuent cr er ou d velopper Or il est int ressant de noter que la quasi totalit des entra neurs d quipes de football voluant en Ligue 1 anciennement en 1 division du championnat de France et d ailleurs sont eux m mes d anciens joueurs de 1 division voire d anciens internationaux On peut imaginer qu au del de leur dipl me d entra neur indispensable pour assurer cette fonction leur exp rience reconnue de joueur leur permet non seulement une cr dibilit n cessaire mais aussi une r elle transmission de savoir faire Par ailleurs notons aussi que les s lectionneurs des quipes dites d lite essaient d allier des cadres joueurs exp riment s et des nouveaux joueurs de jeunes pousses prometteuses Les premiers sont charg s de canaliser la fougue le temp rament l inexp rience des seconds et d apporter l quipe l exp rience du hau
135. aissances connexes n cessaires Pour le dire comme Abernot 1993 p 187 Pour b tir haut il faut faire de larges fondations pour creuser profond il faut creuser large Consid rer l expertise comme un spectre troit de connaissances centr es exclusivement sur un domaine sp cifique nous semble tr s r ducteur voire illusoire Le Professionnel Exp riment pour tre expert dans un domaine sp cifique a construit et mobilis en m me temps des connaissances dans des domaines plus ou moins voisins et qui pour lui et lui seul sont compl mentaires lui seul les articule dans l action et leur donne le sens Le spectre des connaissances est bien plus large que le seul domaine d expertise C est 143 d ailleurs de notre point de vue ce qui fait d faut aux logiques comp tences et autres GPEC En effet si ces approches ont tendance prendre en compte des spectres ventuellement larges de comp tences requises elles n voquent jamais comment l individu les articule comment il les met en lien avec d autres savoir faire que le r f rentiel ignore Elles mettent d autant moins en vidence les connaissances de l expert que celui ci ne peut lui m me en faire tat Deuxi me remarque si notre Professionnel Exp riment est un Expert dans son activit au sens de Dreyfus il est potentiellement un Novice en mati re de formation de transmission Ce sera l un point qu il nous faudra aborder 7 4 4 Une synth
136. aleurs sociales agissent sur un fondement de la force motivationnelle une composante principale l estime de soi Celle ci repose sur deux l ments majeurs la confiance en soi p 80 certitude existentielle valeur personnelle de ce qu on fait elle vient de la relation la m re et la force du Moi auxquels l auteur ajoute d autres l ments comme l valuation de notre influence sociale de nos actions de nos succ s et checs les normes d action et l id al de soi Ces derniers aspects nous conduisent aborder les facteurs intrins ques de la motivation Mucchielli 1996 propose de consid rer les conceptions inn istes qui font appara tre les besoins primaires et secondaires comme source de la motivation Ces besoins associ s l id e d tat de tension insatisfaisant li e une n cessit existentielle Un besoin est donc un tat de tension insatisfaisant li une n cessit biologique psychologique ou sociologique existentielle orient vers une cat gorie d objets satisfacteurs qui pousse l individu rechercher un tat d quilibre plus satisfaisant par l atteinte d objets appartenant un certain ensemble p 27 Nous retrouvons ici la proposition de Nuttin 1985 La liste exhaustive des besoins fait d bat semble t il Sans vouloir pr tendre une position tranch e nous nous contenterons de consid rer qu ils sont d ordres biophysique psyc
137. alis comment pourrait il tre planifi Charlier 1988 nous apporte quelques clairages compl mentaires en notant les deux temps forts la phase de planification et la phase interactive que nous retrouvons aussi chez Tochon 1993 Durant la phase de planification l enseignant pr voie des embo tements automatis s d activit s qu elle appelle aussi activations de routine et de d cisions de planifications traduites en comportements La phase interactive met en interaction les comportements d enseignement et les comportements des apprenants A cette occasion les v nements que l enseignant per oit le conduisent poursuivre ses activit s comme pr vu ou apporter des ajustements Sa recherche consiste identifier les relations entre les informations per ues et les d cisions de planification L enseignant g re essentiellement ses comportements moins souvent ceux des apprenants et tr s rarement les relations entre les acteurs du processus ducatif enseignant apprenants apprenants apprenants Son analyse est centr e sur les types de d cisions que prend l enseignant en fonction des situations En clair Charlier 1988 p 128 montre que les enseignants sont essentiellement centr s sur leurs propres actions la planification est la fois r gie par des d cisions sp cifiques et par d autres applicables plusieurs chapitres Nos observations montrent que g n ralement les choix d
138. ancipation L interaction est consid r e comme un aller retour bas sur la tol rance et l ouverture l autre il y a r ciprocit dans la mesure o l enseignant apprend La r ciprocit d adaptation l enseignant est dans un r le nouveau qui le conduit collaborer conseiller s adapter aux enseign s leurs besoins et leurs sp cificit s pour tre digne de leur confiance La r ciprocit comme retour d investissement elle s exprime par un apprentissage ou un r apprentissage dans la relation aux apprenants par l acquisition d un savoir nouveau cons cutif aux nouvelles questions par la r organisation de ses savoirs enseigner Nous noterons l le rapprochement avec notre d veloppement pr c demment voquant le r apprentissage du savoir faire par la formalisation l explicitation dans la relation au Successeur 234 Les qualifications de la relation r ciproque au del d une r ciprocit binaire bas e sur le donner recevoir l auteur propose une r ciprocit par ricochet par des changes r ciproques de savoir la mise en commun des exp riences individuelles support des relations transg n rationnelles Suivant cette investigation la r ciprocit s exprime de mani re diff rente mettant l accent sur les aspects d apprentissage de r apprentissage ou apprentissage de nouveaux savoirs de part et d autre ou bien sur la r ciprocit des changes un
139. ans cette situation de p nurie Et malgr tous ces dossiers sp ciaux malgr ces r flexions officielles il semble que les employeurs adoptent la politique de l autruche Mieux encore il semble que les plans sociaux continuent d tre de mise allant l encontre de la volont et de la r forme minist rielles Ces m mes entreprises ont depuis trente ans multipli les plans sociaux Les cons quences de ces d parts sont multiples elles sont connues et largement 38 Liaisons sociales Les quinquas au ban de l entreprise octobre 1996 9 Liaisons sociales Ces m tiers qui vont manquer de bras octobre 2002 50 comment es notamment par les sociologues Dubar 2000 Dubet 1994 Linhart 2003 Les journalistes eux m mes ont relat sous toutes les formes possibles les diff rentes cons quences individuelles et collectives Nous n allons pas toutes les num rer ici En revanche il nous semble utile de mentionner la perte de savoir faire qu occasionne chaque d part et par voie de cons quence la perte 2 LA qu occasionneront in luctablement les d parts massifs Il nous semble l encore voir se manifester de mani re durable le d ni de l exp rience le jeunisme dont nous parlions pr c demment Derri re cette difficult prendre en compte ces l ments nous voyons un prolongement coh rent de la difficult reconna tre l existence et la plus value de l exp rience
140. ans l artisanat formalisent le statut de l apprenti en situation d apprentissage chez un patron Ces contrats pr voient une alternance entre une formation formelle qualifiante et ou dipl mante et un temps de travail en entreprise nous pourrions dire en situation de transmission Par ailleurs des formes de compagnonnage sont rep rables ailleurs dans d autres champs professionnels dans d autres types d entreprises Prenons un exemple porteur la m decine Dans son parcours formatif le jeune m decin fait son internat pendant lequel il est suivi par un patron certains diraient un mandarin Cette forme 10 Sapi ga 1998 De l arbre l ouvrage S F R S Aubagne Universit de Provence Nous faisons allusion ici d une part au contrat d apprentissage financ par la Taxe d apprentissage et d autre part aux contrat de qualification contrat d orientation et contrat d adaptation financ s par la part du budget de formation appel e l alternance vers e par les entreprises aux OPCA 25 de compagnonnage est aussi une variante de celui pratiqu par les Compagnons du Devoir Comme pour l artisanat il y a transposition du mod le cependant nous gardons l id e qu il se transmet quelque chose entre le Ma tre et l Apprenti entre le Chef de service et l Interne L volution du monde du travail et des entreprises a transform les prat
141. ans son rapport De Virville regrette que ces i se 29 dispositifs aient un succ s modeste Il convient de rep rer aussi avec De Virville la faible efficacit voire l inefficacit totale du tutorat obligatoire pour ce genre de dispositifs pourtant incit financi rement depuis 1996 Pourtant d autres auteurs comme Jedliczka et Delahaye 1994 ou Poplimont 2000 ont tudi ces types de formation altern e et font appara tre le tutorat comme l ment cl du dispositif Nous noterons au passage que le Contrat de Qualification est aujourd hui tendu aux adultes soit aux plus de 26 ans et que les difficult s de mise en uvre se font sentir aussi 3 1 2 2 Le d ni de l exp rience Notre d veloppement ci dessus tend mettre en vidence le fait que les acquis de l exp rience ont quelques difficult s tre reconnus par l entreprise et par extension par des institutions agissantes sur le monde du travail En cela nous pouvons dire avec De Virville 1996 que la reconnaissance des dipl mes est encore tr s pr gnante Les g n ralisations sont certes d licates mais il convient de dire en suivant De Virville et Meignant que les grandes entreprises pr sentent des pratiques de GRH assez loign es des pr conisations de l Entreprise Qualifiante dont elles se r clament Loi du 2 mars 1982 De la m me mani re De Virville pointe la difficile mise en uvre du CIF et du Bilan de Comp t
142. ant des techniques orales puis crites de communication L auteur met aussi en vidence les volutions de ces relations affectives passant de l homo rotisme la trahison et la r pudiation Il nous faudra sans doute revenir sur cet aspect affectif de la relation Gardons pour le moment le fait que suivant Steiner tous les grands hommes sont au cours de leurs carri res disciples d un autre grand homme puis leur tour ma tres d un autre grand homme Si tA Cojean Chers parents Le Monde 29 ao t 2002 19 le d veloppement historique de Steiner est tr s argument nous ne souhaitons pas reprendre le scepticisme que nous pensons d celer dans son pilogue Steiner 2003 p 181 186 En effet l actualit nous fournit des confirmations du fait que des relations Ma tre Disciple perdurent sans doute sous des formes diff rentes plus actuelles inscrites dans une autre culture et peut tre d autres modes de communication Outre les exemples contemporains que nous avons voqu s plus haut nous notons dans ce sens un exemple assez remarquable En janvier f vrier 2004 le verdict du proc s d Alain Jupp sur le financement du R P R est largement couvert par les m dias A cette occasion Alain Jupp est pr sent comme le fils spirituel le fils pr f r proche et fid le collaborateur de Jacques Chirac depuis pr s de trente ans et jusqu alors pressenti comme le Successeu
143. ap autonome qui d passe le paradoxe s paration fusion Or l auteur reconna t elle m me les limites de cette grille En particulier elle pointe l ambigu t des significations attribu es au Nous cachant potentiellement des Je 223 qui ne peuvent ou ne veulent pas se dire en particulier dans les relations p dagogiques Lerbet S r ni 1997 et celles relatives au on qui peut tre entendu comme un Nous familier ou un tiers une g n ralisation impersonnelle Nous notons aussi que Labelle 1996 fait r f rence aux m mes marqueurs linguistiques pour analyser la relation ducative Nous retenons la possibilit d utiliser les marqueurs linguistiques mais nous notons les r serves que propose Lerbet S r ni quant aux ambigu t s qu ils peuvent entra ner 9 3 2 2 Une approche fonctionnaliste Nous l avons vu plus haut pour rendre compte des processus interactifs Altet 1994 p 63 66 s appuie sur Postic De Landsherre et Bayer pour tayer une approche fonctionnaliste des processus L auteur rep re ainsi cinq fonctions d enseignement information transmission organisation structuration stimulation activation valuation r gulation et deux syst mes d activit s d apprentissage r ception communication du savoir par instruction expression production par l action L auteur tente d analyser ainsi la relation partir des items relatifs aux fonctions didactiques 37 items
144. approche large devait poser les l ments historiques juridiques culturels qui permettent de lire la situation largement partag e par nombre d entreprises d organisations d administrations ou de collectivit s Les cons quences des restructurations des r organisations des mutations internes et des d parts massifs et pr visibles naturels ou anticip s de personnes fortement exp riment es conduisent certaines entreprises mettre en uvre des transmissions de savoir faire Nous sommes convaincu qu il s agit l d un enjeu majeur des dix prochaines ann es Mais apr s avoir d crit le contexte il convient d sormais d adopter une autre grille de lecture pour tenter de d crire et affiner la situation qui met en sc ne un Professionnel Exp riment et son Successeur peu ou pas exp riment voire d butant Le but poursuivi de cette situation de transmission tant donc de favoriser l acquisition par le deuxi me des savoirs professionnels cons cutifs de l exp rience du premier Il s agit donc pour nous d articuler les th ories les concepts les mod les qui nous semblent pertinents et nous clairent pour nous amener construire des hypoth ses 5 Approche pist mologique La science est une activit humaine elle peut aussi devenir inhumaine Atlan 2002 qui se donne pour but de d couvrir et d noncer des lois auxquels ob issent les ph nom nes et de les rassembler dans des th
145. aspects de la personnalit vie affective et volont attention motivation attitudes opinions projets influen ant l apprentissage Les actions simples peuvent tre apprises m caniquement la prise de conscience la connaissance des effets peut d ailleurs tre un renforcement pour peu qu il y ait un travail d analyse r flexive Pour l homme l exemple ou l exp rience d un autre une information peut jouer ce r le sans qu il y ait exp rience heureuse ou malheureuse Le renforcement automatique serait exceptionnel Dans ce champ limitation est privil gi e le sujet utilise l exp rience d un autre supposant attention reproduction et motivation Il est noter que l imitation tait consid r e par Piaget comme une particularit qu il associait au simple mim tisme Chez Wallon 1970 p 131 167 l inverse l imitation est consid r e comme un ph nom ne majeur de l apprentissage du geste du mouvement de lacte l auteur y consacre un chapitre Mais pour Wallon limitation n est pas passive l auteur associe non seulement l activit motrice du sujet apprenant mais aussi le langage et son activit 179 r flexive C est aussi ce que propose Bandura 1980 l imitation est envisag e comme un processus dans lequel le sujet est actif r flexif observant agissant et dialoguant dans cette interaction L apprentissage socio cognitif par observation ASCO est d autant plus efficace que
146. ation Ma tre esclave Cette approche s oppose voire est incompatible avec l autonomie du syst me relationnel entre le Professionnel Exp riment et le Successeur Cette approche nous conduit penser que la relation de transmission entre le Professionnel Exp riment et le Successeur ne peut pas se concevoir en soi comme objet seul et autonome Nos interlocuteurs sont inscrits dans un syst me entreprise repr sent e par une hi rarchie une DRH des pairs des proc dures r glements des contraintes des normes une culture des attentes en regard de cette transmission qui intervient comme m diateur organisateur externe de la relation elle m me L autonomie de cette relation sans m diation externe de l entreprise conduirait penser que cette relation s auto organise de telle sorte que l entreprise n ait plus aucune possibilit d intervention de r gulation voire de contr le Dans notre contexte ceci nous semble d licat La pr sence de l entreprise peut se concevoir ais ment d une part dans les interventions directes des autres au sens g n ral mais aussi dans les interventions indirectes mais toutes aussi agissantes dans des r gles des obligations et interdictions 83 des proc dures des consignes des objectifs des injonctions des interdictions voire avec Enriquez 1992 des dimensions mythiques 6 3 4 2 Le tiers inclus comme principe organisateur de la relation Dans cett
147. ation du 4 mars 1996 Les entreprises fran aises ont perdu la m moire l Entreprises et Carri res n 349 du 09 au 15 juillet 1996 Des solutions pour viter la perte de m moires des entreprises L Usine Nouvelle n 2453 du 21 avril 1994 Les Experts de P chiney partagent leur savoir 51 recensement et la formalisation des comp tences et des proc dures persuad s que leurs salari s g s de plus de 50 ans ne sont plus aptes et ne pr sentent aucune plus value ces grands capitaines d industrie ces grands dirigeants politiques ces DRH ont souvent d pass la cinquantaine parfois depuis fort longtemps Il serait fastidieux de lister tous les grands d cisionnaires jusqu aux plus hautes fonctions et responsabilit s qui ont d pass l ge l gal de la retraite L encore nous relevons ce propos un exemple r cent qui nous semble r v lateur En 2003 la r forme de la retraite que menait Fran ois Fillon tait largement soutenue par Henri Mer alors Ministre de l Economie et des Finances Un peu plus tard en 2004 ce m me Henri Mer est pressenti pour prendre la pr sidence de EDE entreprise publique soumise une limite d ge des dirigeants fix e 65 ans Un amendement est propos puis rejet pour permettre Monsieur Mer d acc der cette pr sidence A priori le discours et les actes sont en coh rence Mais il suffit de se souvenir que Monsieur Mer avant d tre Ministre tait Pr s
148. au sens de la linguistique L auteur d finit trois types d pisodes chaque type d pisode a une dominante qui serait rapprocher d une des m thodes p dagogiques De Peretti 1991 Les pisodes inducteurs caract ris s par une large occupation du temps de parole de L Expert dans une relation de type compl mentaire rigide 1l adopte une attitude magistrale privil giant l affirmation l expos l explication ou une attitude 260 interrogative privil giant le questionnement interrogatif informatif valuatif Le Successeur est passif ou donne l illusion d activit la communication est de type s duction persuasion Les savoirs sont ici impos s structur s argument s rationnellement ou affectivement par l enseignant Les l ves s adaptent au mode de communication se conforment aux r gles de production discursive c est un syst me d apprentissage r ception consommation qui favorise des op rations cognitives reproductives et informatives la saisie transformation et m morisation de l information Altet 1994 p 82 Les pisodes m diateurs caract ris s par une grande vari t d changes dans laquelle l enseignant sollicite l activit de l apprenant notamment par des mises en situation ou des r solutions de probl mes Les interactions multiples pr sentent des sollicitations des questions r ponses des renforcements des explications La relation est qualifi e de compl menta
149. bilisables et parmi elles les connaissances d velopp es Tarondeau 1998 Il n est donc pas surprenant que les entreprises pr sentes dans des secteurs concurrentiels et fortement technologiques particuli rement soumises ces perturbations soient les plus engag es dans des approches strat giques int grant la formation comme l ment cardinal de leur expansion ou de leur survie En fait ces contraintes ces risques ces difficult s qui se profilent et pour quelques unes d j bien r elles conduisent peu peu l entreprise se questionner et chercher de nouveaux mod les de nouvelles fa ons de penser de se penser et nous l esp rons de nouvelles fa ons de faire C est ainsi que certaines d entre elles se tournent vers un nouveau mod le mergent l Entreprise Apprenante 3 1 5 Une nouvelle tendance l Entreprise Apprenante L Entreprise Apprenante Mallet 1994 1996 fait l objet de nombreuses parutions pr sent e comme un prolongement et une synth se des mod les d organisation d j pr sents depuis la derni re d cennie Des colloques et s minaires organis s sur ce th me r unissent dirigeants d entreprises consultants et universitaires Pour autant ce terme reste ambigu compte tenu du double sens que l on peut lui pr ter l entreprise est elle sujet acteur de l apprentissage ou bien est elle un lieu d enseignement L Entreprise Apprenante semble en effet
150. bjet contrairement la vision binaire Ego Objet privil gi e par les approches psychologiques Moscovici 1984 p 9 10 Dans ce courant l apprentissage est m di par un alter partant du fait qu on n apprend jamais seul Aumont et Mesnier 1992 p 182 Pour se convaincre de la place de l interpsychisme dans les m canismes apprentissage Malson 1964 retrace les cas d enfants sauvages retrouv s apr s plusieurs ann es isol s sans environnement social Tous les cas relat s sont des enfants qui ne savent pas parler ne savent pas se tenir debout et pr sentent de graves lacunes intellectuelles et psychomotrices Ainsi l influence de l environnement social est majeure dans l apprentissage du sujet Le Professionnel Exp riment n a pas appris tout seul son m tier il a confront son exp rience ses pratiques celles de ses pairs au regard de ses sup rieurs hi rarchiques des clients des formateurs De la m me mani re le Successeur acc dant un nouveau poste construit ses connaissances en regard des exigences du poste dans l interaction avec le Professionnel Exp riment et plus largement dans l ensemble des interactions avec son environnement social C est ce que propose de consid rer Bandura 1980 notamment par l apprentissage socio cognitif par observation ASCO La mod le social de l apprentissage au del des fonctions mentales de repr sentation met en avant les
151. c la m canisation Cette rationalisation cette formalisation des proc d s constitue une attaque frontale en direction des savoir faire sous jacents gt D autres auteurs comme Bernoux 1985 ou Linhart 2003 viennent compl ter cette description de l volution de l entreprise moderne Ainsi cette formalisation exacerb e a profond ment d natur les pratiques et les techniques qui par ailleurs pouvaient tre celles des artisans et des Compagnons Le XIX me si cle p riode appel e aussi la r volution industrielle est sans doute le point culminant de cette formalisation donnant lieu la p riode d industrialisation domin e par un courant de pens e rationalisant La division des t ches et l Organisation Scientifique du Travail pr n es par Taylor ont fortement et durablement marqu les organisations et les cultures des entreprises Il est noter cependant que c est au XXi me si cle sous l impulsion de Jean Milhaud Secr taire G n ral de la CGOST commission g n rale de l O S T au sein de la CGPF conf d ration G n rale de la Production Fran aise que l O S T trouvera un cho en France particuli rement en 1926 apr s la premi re guerre mondiale A cette poque pour l industrie la recherche de l am lioration de la productivit le calcul et l optimisation du co t de revient deviennent prioritaires C est le d but de l re de la production de masse de la m canisation l
152. car productrices d un milieu l volution sociog n tique produit un milieu logiciel qui conditionne la psychog n se adaptation obligatoire L auteur distingue parmi les connaissances acquises les connaissances cat goriques et les connaissances sp cialis es pist miques et heuristiques en IA Les premi res sont communes c est un savoir partag constituent les cadres conceptuels assimil s aux exp riences individuelles indispensables la co op ralit les secondes r sultent d une s lection sociog n tique contraignant les psychog n ses individuelles converger vers un tat d quilibre op ratoire partag il y a l un change de connaissances sp cialis es possible en regard d un probl me d termin L auteur propose de consid rer les Sch mes et m tasch mes A la diff rence des mod les connexionnistes 1l s agit d un mod le autoconstructeur la suite des acquisitions n est pas une chronique mais une volution Il s agit de d formations locales comme des chemins pr f rentiels pour le d veloppement il y a convergence plus rapide par des valeurs cibles par transmission au syst me cognitif d informations heuristiques La codification phylog n tique de ces r gles pig n tiques qui d finit l tat initial du syst me psychog n tique 124 L acquisition de connaissances suppose trois tapes construction d une structure de sch mes fonction particuli
153. ccompagne aide et taye Winnykamen 1990 Bruner 1983 La relation est aussi travers e de conflits socio cognitifs Bandura 1980 Winnykamen 1990 On peut supposer que si l Expert a planifi son action en s quences en objectifs et qu il s appuie sur la formalisation de son savoir faire et des formalisations existantes la relation comme communication peut mettre mal la planification anticip e C est aussi ce que nous permet de penser Tochon 1993 p 88 Il nous explique que la planification des objectifs ne peut pas tre un cadre rigoureux et limit la planification processus cyclique non lin aire est modifi e par l interaction le contexte d enseignement les besoins et attentes des apprenants La planification doit tre adaptative On comprend mieux aussi que le curriculum r el peut diff rer du curriculum formel Perrenoud 1994 il en est une interpr tation pragmatique parce que remis en cause par la relation l autre cette relation tant une communication et non une information Ardoino 1993 Nous pouvons revenir l articulation Relation Savoir que nous propose de consid rer Lerbet S r ni 1994 L articulation relation savoir est une des pr occupations majeures des p dagogues et des didacticiens abordant cette articulation sous un angle pr f rentiel de la relation pour les uns des savoirs pour les autres Postic 1988b p 34 35 insiste sur le pouvoir interne de variabilit
154. ce filiale quelques fois m me pour mieux s en d marquer pour mieux les trahir pour mieux les r pudier L on con oit ais ment que le fait d tre l l ve de telle 20 personnalit reconnue soit un gage de comp tence de l gitimit de cr dibilit Mais au del ne s agit il pas aussi d un h ritage plus pr cieux que de simples techniques trucs ou astuces jalousement gard s secrets d un gage de valeurs transmises par un lien trans g n rationnel fondement m me de notre soci t C est du moins ce que laisse penser l ouvrage de Steiner 2003 2 5 Un exemple embl matique Apr s tous ces exemples c l bres nous pouvons voquer en synth se le superbe roman d Umberto Eco Le nom de la rose En effet la richesse de ce roman nous semble pouvoir justifier d une multitude d int r ts pour les ph nom nes humains et de questionnements pour les Sciences Humaines Pour ce qui nous concerne nous voyons dans cette histoire une remarquable illustration de notre objet d tude Le narrateur Adso de Melk accompagne son ma tre Guillaume de Bakersville ex inquisiteur dans une Abbaye b n dictine italienne au XIV me si cle L histoire pr sente une nigme que G de Bakersville tente de r soudre son novice Adso de Melk vit cette histoire avec son ma tre et d crit notamment la ruse l intelligence la culture dont il fait preuve Le roman raconte aussi la relation de transmissi
155. ce les volutions techniques qui elles aussi ont fortement marqu les entreprises tant du point de vue des modes de production des modes d organisation des savoirs et des savoir faire n cessaires et des modes de relation et de communication Pour ne citer que cela c est dans cette p riode que la micro informatique vient supplanter les gros syst mes Les micro ordinateurs 34 apparaissent peu peu sur tous les secteurs de l entreprise les r seaux relient ces ordinateurs et permettent la circulation des informations entra nant des volutions des missions individuelles et collectives Les petits carnets ne r sistent pas aux syst mes d information Les emplois int grent la fois un largissement des taches et les composantes techniques li es l utilisation de ces nouveaux outils Les r f rentiels de comp tence s toffent avec les r f rentiels emploi L encore l entreprise se transforme et s adapte aux nouvelles donnes sociales techniques conomiques Les r organisations se multiplient toujours vers plus de souplesse de mobilit les organigrammes s aplatissent les lignes hi rarchiques se raccourcissent encore Les plans sociaux se multiplient le taux de ch mage s envole et notamment celui des jeunes dipl m s ou pas Ce dernier point est notre avis tr s important pour la suite Tout d abord en interne les emplois de moins en moins nombreux gagnent en responsabilit en
156. ces significatives d volution des pratiques de formation Ce sont d ailleurs des champs de recherche pour les Sciences de l Education Nous notons que parall lement la forte volution des d penses globales de formation les d penses de formation interne restent en moyenne stables autour de 16 des d penses totales Le Cereq ne nous donne pas plus de d tails qui vraisemblablement montreraient aussi de profondes disparit s d une entreprise l autre De Virville 1996 pointait d j la pr gnance du dipl me dans la reconnaissance de la qualification et la promotion sociale au d triment de la FP C et a fortiori de l exp rience professionnelle Ainsi les pr conisations de l Entreprise Qualifiante ne sont que peu suivies tout du moins toutes les entreprises ne les suivent pas dans leurs pratiques Nous noterons aussi que la validation des acquis professionnels le dispositif VAP existe depuis 1992 elle reconna t ainsi que l activit professionnelle est productrice de comp tences et de connaissances Les vaines tentatives de mises en uvre et leur faible impact conduisent le l gislateur revoir sa copie La loi de modernisation sociale transforme la proc dure la simplifie et au passage la VAP devient la VAE validation des acquis de l exp rience Pour autant les difficult s de mise en uvre ne sont pas gomm es si l on en croit le magazine Rebondir Ne faut il pas entendre derri
157. choix de la m thode il s agit de l opposition entre objectivisme et subjectivisme L opposition objectivisme et subjectivisme recouvrirait en fait une grande diversit d approches du r el Celles ci varieraient selon l objet tudi les objectifs de la recherche et les niveaux d explication retenus Chacune des d marches serait la fois probante et partielle C est ce pluralisme m thodologique qui a aujourd hui le vent en poupe Weinberg 1994 Observer le r el et en d gager des lois de nouvelles connaissances peuvent tre a priori les objectifs premiers poursuivis Le d sir d objectivit qui anime le chercheur pose la question du rapport du sujet l objet de recherche et donc ce que constitue pour lui le r el question philosophique r currente tout au long de l histoire de l humanit des sciences et de la connaissance Grawitz 1996 p 1 73 pr cise que les d bats ont t nombreux et fournis depuis Aristote pour d crire cette relation cette interaction Nous l avons d j dit plus haut la science moderne a pendant longtemps t marqu e par la recherche d objectivit de v rificabilit Il convient pour pousser plus loin la r flexion de rappeler que l objectivit renvoie objectif c est dire plac devant qui existe ind pendamment de tout jugement de tout l ment affectif L objet de 246 recherche est ainsi une cho
158. ci est celle des gestionnaires la suivante sera celle des financiers A quand la p riode des DRH 35 Pour tenter de r pondre aux nouvelles contingences internes et externes de nouveaux mod les d organisation inspir s d exemples japonais par exemple le mod le Toyota proposent des structures matricielles un management par projet Bournonville 2003 Livian 2000 des cellules d centralis es et autonomes toujours vers plus de flexibilit Comme les autres m thodes qualit management maintenance la GPE volue et devient la GPEC puis GPPECS La validation des comp tences l employabilit l auto formation le co investissement peuplent les discours des DRH Les nouvelles pratiques de la gestion pr visionnelle des emplois et des comp tences d crites par les responsables formation Garf 1998 et pr conis es par de nombreux auteurs comme Le Boterf 1995 ou Zarifian 1999 s inscrivent dans ce que les auteurs appellent l Entreprise Qualifiante Parlier 1998 Dans la p riode pr c dente l entreprise tait formatrice se contentant de traiter d un c t les apports par la formation et de l autre le travail L Entreprise Qualifiante se distingue de l Entreprise formatrice par la proposition d articuler la formation et le travail pour faciliter l apprentissage et les transferts d apprentissage Le mot d ordre est organiser le travail pour qu il soit format
159. cit ducatrice car productrice et non plus ducative qui signifie un tat Pour autant la relation andagogique suppose un engagement mutuel dans lequel chacun accepte l autre son existence et son identit les r gles et la finalit de la transmission Nous retrouvons ici l id e de contrat p dagogique que propose Postic mais aussi les transactions dans lesquelles ce contrat se n gocie Pour Labelle l attachement est indissociablement li la relation ducative L attachement mutuel des consciences est aussi le moteur de l apprentissage En prenant comme point de d part l exp rience de l alt rit du savoir dans la perception attachante de l enseignant comme autre l apprenant d couvre la voie de devenir autre par la connaissance en empruntant le chemin o lui m me marche de concert avec le ma tre et sa parole qui lui semblaient tous deux primitivement trangers Nous tenons ici la justification rationnelle du mouvement que plus haut nous avons ph nom nologiquement mis en relief propos du rapport que l adulte instaure avec sa formation Labelle 1996 p 184 Ceci nous renvoie d une part aux auteurs que nous avons convoqu s plus haut et aux d veloppements que nous avons faits pr c demment quant la motivation et aux 236 figures symboliques respectives du Professionnel Exp riment et du Successeur La relation ducative entre les deux protagonistes croise et art
160. ction comme un processus de construction de connaissances partir de l action Trois formes d abstraction progressives sont ainsi propos es La premi re abstraction est tir e des actions mat rielles exerc es sur l objet et sur leur coordination la connaissance produite est tir e des pr c dentes ant rieures Le syst me de sch mes li aux actions mat rielles sans conceptualisation constitue d j un savoir labor un savoir faire Le deuxi me palier celui de la conceptualisation tient la prise de conscience de l action enrichie de nouveau concept c est l abstraction r fl chissante port e sur les op rations effectu es sur les raisons de r ussite Le troisi me palier consiste en une abstraction des abstractions r fl chissantes une m ta abstraction L volution de la connaissance est con ue comme r gulation entre les formes assimilatrices et les accommodations Suivant les stades la conceptualisation est en retard sur l action aux premiers stades puis l influence de la conceptualisation sur l action anticipation de la compr hension sur l action Ces travaux influencent l organisation des situations d apprentissage dans la mesure o on l on sait qu il importe de rendre possible la rencontre entre l organisation des sch mes du sujet et les situations les observables du milieu Dans cette conception il s agit de ne privil gier ni 118 le processus de maturation ni l
161. ctions circonstancielles dans un contexte particulier finalis es par des 127 taches sp cifiques Les connaissances quant elles ont une permanence elles ne sont pas d pendantes de la tache tant qu elles ne sont pas modifi es elles sont suppos es se maintenir sous la m me forme En fait connaissance et repr sentation mentale sont des constructions cognitives elles ne diff rent que par leur niveau de sp cificit de particularit et de permanence Du point de vue du fonctionnement cognitif la diff rence entre connaissance et repr sentation est que les connaissances ont besoins d tre activ es pour tre efficientes alors que les repr sentations sont imm diatement efficientes Richard 1990 p 11 Bastien 1997 p 53 71 montre comment le changement de repr sentation mentale peut permettre le contr le de l activit et donc tr s utile pour le formateur dans la situation de guidage de l apprentissage Bien entendu ce point est important pour le Professionnel Exp riment en situation de transmission Mais au del nous gardons l id e qu en retour le changement de repr sentation r v le l apprentissage Nous avons dit plus haut que le mod le de Bastien 1997 est d un grand int r t pour notre probl matique Mais au del des int r ts d j relev s ce mod le nous apporte des pistes suppl mentaires pour tenter de comprendre le savoir faire du Professionnel Exp rim
162. ctro chimiques entre neurones et groupe de neurones Trocm Fabre 1987 Cette construction auto organis e se r active sous une impulsion similaire Le syst me int gre l information par le biais de ses capteurs sensori moteurs et construit reconstruit et fait merger ses nouvelles connaissances par d sorganisation r organisation des couplages structuraux d j existant Le syst me cognitif est donc consid r comme une forte densit de r seaux globaux distribu s parall les mergents et auto organis s correspondant ou r pondant des stimuli ext rieurs Mais gr ce la nature configurationnelle du syst me une coop ration globale en merge spontan ment lorsque les tats de chaque neurone en cause atteignent un stade satisfaisant Varela 1996 p 61 Toute information n est pas forc ment porteuse de sens pour le syst me le sens d pend de la construction cognitive d j pr sente des connaissances d j construites On retrouve ici un des aspects que nous avons rep r plus haut avec la mod lisation de Legroux Lerbet 1997 le savoir pist m comme capacit s lectionner l information la discriminer l int grer Le syst me filtre les informations il op re une s lection d informations qu il int gre La cognition est inextricablement li e l historique de ce qui est v cu la r currence des couplages structuraux ant c dents et des interactions du syst me avec son e
163. d analyse est celle qui permet effectivement d analyser la s quence visionn e au magn toscope Elle fait appara tre les rep res magn toscope de d but et de fin de s quence 30 minutes soit 1800 secondes les rep res magn toscopes de d but et de fin des pisodes permettant le calcul de la dur e de l pisode le type d pisode les conflits socio cognitifs observables Les donn es recueillies lors des analyses r alis es pour chaque dyade sont report es dans un tableau Excel Le tableau est pr sent comme deuxi me grille C est partir de ce tableau pour chaque dyade que nous envisagerons un traitement global des donn es 268
164. de Expert Novice dans l autre cas sym trique pour la relation Expert Expert Nous avons cependant cart le cas de la dyade Expert Expert qui nous semble t il rel ve d une modalit particuli re Nous nous 184 contenterons d une relation l g rement dissym trique dans le cas d un Successeur plus exp riment moins Novice d j comp tent Ce mod le permet de penser aussi l volution de la dyade au d but dissym trique elle tend vers ce que l auteur appelle la dyade faiblement dissym trique voire sym trique au fur et mesure des apprentissages du Successeur Dans cette volution et suivant Winnykamen 1990 p 86 92 la dyade devenant moins dissym trique engendre plus de conflits socio cognitifs c est l un point que nous retenons et sur lequel nous reviendrons Dans notre probl matique le Professionnel Exp riment doit se muer en formateur et en cela doit favoriser l apprentissage du Successeur Son action doit privil gier les mises en pratique le faire sans exclure les r flexions L plus qu ailleurs les pr conisations de Malglaive 1994 sont pertinentes 1l Expert doit adopter la p dagogie l envers Mais en m me temps le Professionnel Exp riment doit se d centrer sur le Successeur adapter son action son rythme organiser son savoir en fonction des pr curseurs Bastien 1998 du Successeur tenir compte de la zone proximale de d veloppement Vygotski 1985 En un mot
165. de consid rer le contrat p dagogique r gissant la relation et les acteurs de la relation dans une sorte de pacte n goci et ren goci en permanence une suite de transactions entre les partenaires Les didacticiens Raisky et Caillot 1996 reprennent cette notion de contrat didactique comme un ensemble de r gles tacites ou explicites Ce cadre institutionnel est aussi l objet de transactions ayant pour enjeux les int r ts droits pouvoirs et devoirs de chacun Postic 1988a p 189 Pour les didacticiens le contrat ne concerne pas uniquement la situation enseignant enseign Toute situation d enseignement s inscrit dans un contexte institutionnel qui la conditionne la contraint la renforce Un m tacontrat didactique appara t comme un ensemble de r gles plus ou moins implicites qui lient l institution de r f rence l entreprise l Expert enseignant le Successeur apprenant et les relations savoir faire Si la relation ducative s inscrit dans un tel contrat il nous semble que la situation de transmission que nous tudions pr sente aussi un contrat p dagogique Comme nous l avons dit plus haut la transmission Expert Successeur s inscrit dans une demande une attente de l entreprise un objectif op rationnel que l on ne peut ignorer La question que nous nous sommes pos e plus haut savoir qui est l origine de la transmission laissait entrevoir la possibilit d une transaction entre les dif
166. de nouvelles techniques viennent r pondre la recherche de gain de productivit C est ainsi que l automatisation de l outil de production et l informatisation annoncent une nouvelle re technologique cr ant par contrecoup le besoin de nouvelles qualifications Ces revers et ces changements ont des incidences sur la gestion des ressources humaines La logique de poste de sp cialiste c de du terrain la logique de l emploi de la polyvalence de la mobilit Les ann es 80 se caract risent aussi par l apparition de nouvelles m thodes pr sent es comme des panac es qui conna ftront un vif succ s Avec l arriv e des cercles de qualit de la maintenance pr ventive du management participatif et d autres encore l entreprise s int resse la GPE Gestion Pr visionnelle des Emplois 17 Centr Inffo 1990 33 Dans les secteurs techniques et de production la p riode pr c dente des petits carnets o chacun poss dait ses petits secrets laisse la place C est l re des formalisations de proc dures des modes op ratoires Les notions de comp tence et de mobilit accompagnent la nouvelle logique d emploi De nouveaux cursus et dipl mes professionnels tentent de r pondre aux nouvelles exigences de l entreprise Dans cette vague de m thodes il est aussi question de remotiver le personnel Cette p riode se caract rise enfin par une appropriat
167. de parent symbolique agissante dans toute organisation sociale Nous avons vu avec les anthropologues que le rite de passage est rep r non seulement dans les soci t s archa ques mais aussi dans les organisations professionnelles chez les forgerons et les alchimistes Eliade 1977 chez les constructeurs de cath drales Jacq 1980 chez les Compagnons du Devoir Gu dez 1994 Dans ce rite de passage nous voyons aussi une mani re d officialiser de formaliser la s paration de la rendre visible tous et en l occurrence aux deux protagonistes Suivant Labelle 1996 nous consid rons que la relation de Transmission de Savoir Faire entre le Professionnel Exp riment et son Successeur s panouit dans une forme rituelle d intronisation de prise de fonction marquant l autonomie du Successeur la s paration Ce rite est la fois ce qui permet la distanciation comme aboutissement de 237 la relation la reconnaissance concr te de la socialit autonomisante qu voque Lerbet S r ni 1997 en clair la reconnaissance d une certaine autonomie acquise construite et r ciproque le fils symbolique est devenu adulte et reconnu comme tel par le p re symbolique et par l entreprise L approche de Labelle nous semble coh rente avec les d veloppements pr c dents que nous avons faits quant au syst me relationnel et la sp cificit de chacun des protagonistes de cette relation La re
168. de sa comp tence Son savoir faire est en grande partie devenu implicite non formalis Il peut avoir pr vu une organisation didactique anticip l ordre d analyse et d vocation Mais la rencontre du Successeur avec ses connaissances et surtout ses non connaissances va conduire le Professionnel Exp riment questionner ce qu il n avait pas pr vu r organiser modifier ajuster son organisation didactique s il en avait une Nous le verrons plus loin le Successeur est actif dans son apprentissage mais il est aussi d sirant et r sistant La n cessit de formaliser et d articuler ce qu il ne sait plus qu il sait et pourquoi pas ce qu il ne sait pas de trouver des explications des argumentations qu il ne poss de plus ou pas En clair nous pensons que dans la relation au Successeur le professionnel Exp riment est conduit faire ce travail de didactisatisation tayer et toffer son savoir faire Abernot 1993 propose de consid rer la P rimaftrise r sultante de l apprentissage au del de la ma trise La p rima trise consiste d passer la ma trise par la possibilit de discourir sur de parler de activant ainsi des connaissances connexes au domaine de ma trise De son cot Barbier 1998 pose l hypoth se que le travail de mentalisation de formalisation de recherche est aussi un acte de formation Aussi nous rejoignons 148 Abernot 1993 et Barbier 1998 et
169. de sa transformation deux dimensions que l auteur appelle la pr hension et la transformation La pr hension est la compr hension imm diate de l exp rience elle est compos e de deux modes oppos s la compr hension avec des repr sentations mentales une abstraction une interpr tation th orique et l appr hension reposant plut t sur des caract ristiques tangibles concr tes ressenties de la situation La transformation repose l encore sur deux modes oppos s transformation par intention c est l observation r fl chie et la transformation par extension manipulation du monde ext rieur c est l exp rimentation active Ainsi partir de ces deux dimensions et pour chacune ces deux modes le mod le de Kolb pr sente quatre styles d apprentissage exp rientiel Exp rience concr te saisie par appr hension Observation r fl chie transformation par intention Conceptualisation abstraite saisie par compr hension Exp rimentation active transformation par extension Mais au del d un inventaire de styles que chaque personne met en uvre diff remment ce mod le pr sente quatre tapes d un cycle par lequel l apprentissage se produit passant de l abstrait au concret de l actif au r fl chi Ainsi ce mod le propose un cycle de transformation articulant exp rience sensible et r flexion Il n est pas question pour nous de nous prononcer sur la validit
170. des bases Or Dreyfus nous dit Si l on demande des r gles un expert on le force en fait r gresser au niveau d un d butant et noncer les r gles dont il se souvient encore mais qu il n utilise plus Dreyfus 1992 p 367 Difficult d autant plus grande que l Expert n a plus conscience n est plus en mesure de retrouver le chemin de son Expertise Tochon 1993 p 131 Nous avons vu que cette caract ristique de l Expert se manifeste dans toutes les dimensions de ce que nous avons appel le Savoir Faire L Expert doit reconnecter sa m moire de travail refaire le geste retrouver l heuristique pour montrer analyser expliquer Il est confront aux questions aux difficult s de compr hensions du Successeur Dans cette interaction il est amen questionner ce qu il ne sait plus qu il sait ce qu il a partiellement oubli et tout ceci est justement ce dont le Successeur a besoin Or Vygotski 1985 d une part et Wallon 1970 d autre part nous ont permis de consid rer la r cursivit entre langage et pens e et entre geste et pens e La n cessit de mettre en mots et en actes pour faire faire faire comprendre faire apprendre conduit le Professionnel Exp riment l Expert reformuler r articuler ce qu il sait et dont il n a plus conscience Cette n cessit de mettre en mots et en gestes pour le Successeur conduit le Professionnel Exp riment faire en re
171. des formes concr tes son orientation dynamique en la transformant en structures moyens fins c est dire en buts et en projets partir des relations requises des besoins constituant l aspect dynamique du fonctionnement C est donc dans la situation de transmission elle m me que l Expert peut trouver sa motivation transmettre de la m me mani re c est dans cette situation 153 que le Successeur construira sa motivation apprendre La motivation ne se d cr te pas elle n est pas automatique elle se construit et s entretient L encore l entreprise est sollicit e elle a sa carte jouer des strat gies d ployer pour inciter et soutenir la motivation des acteurs concern s 7 5 1 1 Un facteur agissant l ge Pour poursuivre sur sa motivation transmettre il nous semble pertinent de prendre en compte son ge et pour ce faire d voquer ici la proposition de Riverin Simard 1993 En effet cet auteur propose une analyse du d veloppement vocationnel suivant l ge au travail A partir d une tude triennale men e au Qu bec Riverin Simard 1993 propose de consid rer les tapes psychologiques de vie au travail sous la forme d un voyage interplan taire Elle identifie une volution de la trajectoire vocationnelle au travers de trois circonvolutions orbitales jalonn e de neuf tranches d ge d une dur e approximative de cinq ans entre 23 et 67 ans A chacune de ces tapes d
172. des r sonances plus profondes plus intimes Sans vouloir faire de ce travail une psychanalyse sauvage il m appara t clairement que ce questionnement n est pas r duit uniquement un exercice de style r pondant un cahier des charges de l Institution Universitaire Le fait est que le th me est le m me il semble bien que ce soit lui qui me pousse depuis 1996 Pour autant le changement de posture de questions d approche de mod les fait de ce voyage une nouvelle aventure L approche retenue consiste dans un premier temps d crire le contexte dans lequel s inscrit cette situation de transmission que je souhaite observer et ce qui la justifie Compte tenu des contraintes de leur environnement les entreprises sont en volution acc l r e et en m me temps certains mod les semblent perdurer se confirmer enracin s dans une conception taylorienne Parall lement de nouvelles id es fleurissent et tentent de proposer des approches innovantes une mise en lien syst matique une ouverture permanente une plasticit n cessaire Dans cette mouvance on red couvre les gisements de savoirs tacites oubli s et l int r t de favoriser ce que les Compagnons du devoir et les artisans n ont jamais abandonn savoir le Compagnonnage La d mographie des grandes entreprises et le rythme des changements mettent en exergue la n cessit de favoriser l change le partage du savoir D o la question que se
173. descriptive pour autant qu un mod le puisse se contenter de cette finalit D crire pour comprendre comprendre pour agir et agir autrement La vocation descriptive n exclut pas de proposer des pistes de r flexion pour des recherches compl mentaires et pour l action C est ainsi qu est propos e la conclusion de ce travail La lin arit du texte qu impose la recherche de formalisation et d intelligibilit ne peut rendre compte des allers retours des doutes en bref du processus de recherche Tout au plus je peux tenter ici de rendre compte de quelques uns de ces aspects Je peux par exemple t moigner des difficult s rencontr es pour obtenir des terrains de recherches et des situations observables Si les d parts massifs de la g n ration baby boom occasionnant des pertes pr judiciables d exp rience concernent effectivement de 9 nombreuses grandes entreprises celles ci semblent tout la fois tre conscientes de cette situation et manifester certaines r ticences ou pudeurs recevoir un observateur ext rieur C est du moins l impression que m ont laiss e les multiples contacts que j ai tent s de provoquer lors de ma recherche de terrains d observation Je ne parlerai pas des entreprises qui voyant l l occasion de s offrir un consultant tudiant m ont propos de profiter d observations hypoth tiques pour uvrer la mise en place d un projet concret et gratuit Le m rite est d
174. deux positions extr mes que sont la relation fusionnelle tendance l homog n isation et la relation individualisante tendance l h t rog n isation Le tiers inclus est structurant syst matisant il poss de des degr s allant d une position l autre il t moigne par une lecture du conflit intra et inter personnel d une relation du troisi me type correspondant l acceptation du paradoxe du contradictionnel de la relation et du psychique 198 C est donc la relation p dagogique syst me relation savoirs qui en tant que variable du syst me relationnel est consid rer comme une communication finalis e par l apprentissage du Successeur travers e d investissements affectifs et de repr sentations Cette relation p dagogique est aussi la variable d auto eco organisation du syst me relationnel que nous tentons d tudier 9 3 Une relation ducative Ainsi donc l approche syst mique que nous avons adopt pour rendre compte de la relation duelle Professionnel Exp riment Successeur nous conduit avec Lerbet S r ni 1994 1997 consid rer le syst me relation savoir comme variable du syst me relationnel et cette relation comme une relation ducative Il convient d s lors d aborder une question que se posent les Sciences de l Education qu est ce que l ducation Reboul 1997 p 15 met en avant des termes associ s Eduquer Elever enseigner former Pour Reboul
175. diale 48 entre l exp rience d un c t et le dipl me de l autre Cette cohabitation difficile a d j t rep r e dans les ann es 80 puis lors des faibles recrutements dans les ann es 90 La deuxi me cons quence encore plus pr visible r side dans les d parts massifs en retraite ou pr retraite de la g n ration baby boom A ce propos les d mographes pr voient au niveau national une acc l ration des d parts en retraites cette acc l ration s intensifiant de 2006 2020 Ainsi on estime qu partir de 2006 200 000 actifs de plus partiront la retraite par an soit 40 de plus qu en 2000 Tous les secteurs conomiques sont concern s ce ph nom ne est transversal et au del des secteurs purement marchands l Administration et les Collectivit s territoriales reconnaissent aussi cet tat de fait ceci constituant l un des enjeux de la campagne pr sidentielle de 2002 Or si les plus g s porteurs d une grande exp rience partent massivement dans un temps relativement court et si parall lement les jeunes mettent du temps entrer inexp riment s la productivit reposera sur la tranche d ge interm diaire d j pr sente mais peu nombreuse qui pourra t on demander de compagnonner de tutorer les jeunes Ces aspects sont connus depuis longtemps d j et la presse que l on pourrait qualifier de s rieuse ou sp cialis e fait largement cho ce ph nom ne Les
176. divers et vari s des activit s changeantes des mutations technologiques organisationnelles relationnelles qui lui ont impos des volutions des largissements de ses taches Quelques fois m me cet expert a eu l occasion au sein m me de l entreprise de conna tre plusieurs types d activit qui lui donnent aujourd hui une connaissance plus large que ne le laisse entendre le mod le de Dreyfus ou que nous le pr cise Tochon Enfin il nous semble aussi pertinent de consid rer que notre expert est aussi un acteur ailleurs Sainsaulieu 1987 Nous avons dit pr c demment qu ce titre il porte aussi une exp rience de vie dans la sph re personnelle familiale dans la sph re des activit s extra professionnelles Cette vie hors de l entreprise et du m tier est aussi porteuse d exp rience et le lien le sens en est donn par l expert lui m me dans l ensemble de ses comportements de son savoir faire dans toutes ses dimensions en fonction des contextes Son expertise s tend plusieurs domaines et 1l articule dans le contexte de son action les connaissances construites et m moris es lui seul donne du sens cette articulation Abernot 1993 nous encourage dans cette r flexion et propose la p rima trise au del de la ma trise Cette approche est particuli rement clairante pour nous puisqu elle nous propose de consid rer la ma trise d un domaine par un individu tay e par des conn
177. dopte une posture de p re symbolique pr t faire don de son savoir faire partager son exp rience en contre partie de quoi il attend que le Successeur soit le fils symbolique reconnaissant et capable de le prolonger de porter ses projections Mais il attend aussi de la part de l entreprise incarn e par la hi rarchie les pairs des signes de reconnaissance explicites Au del des aspects plus op rationnels organisationnels vis vis de la transmission l entreprise a aussi un r le jouer une confirmation une reconnaissance une m diation symbolique jusqu la s paration castratrice n cessaire dans l autonomisation du Successeur Le d part annonc voulu ou subi s accompagne d un travail de deuil du Professionnel Exp riment l entreprise peut avoir l aussi une action l environnement social peut tre attentif aux tats motionnels de l Expert et faciliter ce travail pour que l Expert s engage motionnellement vers un nouveau projet 164 Nous arr tons ici l exploration du Professionnel Exp riment que nous pouvons appeler d sormais Expert dans la situation de transmission de son savoir faire un Successeur et dont les motifs transmettre sont pluriels De la m me mani re il nous faut pr sent aborder le deuxi me protagoniste du syst me relationnel que nous tudions celui que nous avons appel le Successeur Dans la situation que nous tudions le Success
178. duit explorer ce que pouvait tre la relation de transmission entre les deux acteurs Nous avons consid r cette relation comme une action de communication finalis e vers le but annonc vers l apprentissage du Successeur En fait la relation dyadique est peupl e d activit s p dagogiques de l Expert et d activit s d apprentissage du Successeur comme autant d actes de communication verbale et non verbale Postic 1988a Notre probl matisation nous a permis de penser une volution une auto eco organisation de cette relation r sultante des processus d apprentissage et relationnels la dyade voluant de dissym trique vers plus de sym trie Winnykamen 1990 Nous appuyant sur Winnykamen 1990 et Aumont et Mesnier 1992 nous pensons que deux situations extr mes th oriques nous permettent de penser l volution fonctionnelle de cette relation A une extr mit la dyade est fortement dissym trique Expert Novice l autre extr mit la dyade sym trique ou faiblement dissym trique Expert Expert Les besoins du Successeur apprenant sont tr s diff rents suivant qu il est Successeur Novice ou Successeur Expert Dreyfus Tochon Dans chacun de ces cas les modes d interaction sont diff rents passant d un mode guidage tutelle un mode de co laboration Winnykamen Lerbet S r ni Cette volution est rep rable par les actes de communication les changes au c ur de cette relation L voluti
179. e la connaissance de l expert enseignant Il rel ve notamment le double agenda de l enseignant p 154 correspondant une double fonction de gestion des contenus et de gestion de l interaction double fonction didactique et p dagogique Il pr cise que l enseignant situe son attention focale sur un point de jonction des deux p les des deux processus peu compatibles anticiper et s adapter 204 9 3 1 4 La planification L un des p les renvoie la planification des contenus centre d int r t des didacticiens Tochon 1993 explore cette planification ce plan mental ce mod le abstrait un mod le cognitif anticipateur et hi rarchis p 155 qui correspondrait une activit assez naturelle de l homme qui tend pr voir s quencer choisir et hi rarchiser Mais s attachant aux enseignants experts l auteur pr cise que ces plans sont surtout pr gnants chez le Novice d ss curis l enseignant chevronn quant lui fonctionne en pilote automatique quitte reconstruire le plan posteriori surtout pour justifier son action Nous retrouvons l les routines de l expert voqu es plus haut Si l on suit Tochon peut on consid rer que le Professionnel Exp riment potentiellement Novice dans lacte p dagogique s attachera la planification de ses interventions Il nous faut relativiser ce point de vue le savoir faire n est pas forc ment explicit form
180. e Son activit est aussi faite de nombreuses int ractions formelles ou informelles Son exp rience professionnelle est aussi faite de rapports aux autres rapports que les sociologues analysent l entreprise dans laquelle il travaille est aussi un groupe social L exploration de la notion d exp rience nous conduit penser la transformation de la personne r sultante des mises l preuve nombreuses durant la vie professionnelle D s lors il convient de s interroger sur le fait que l exp rience puisse ou non tre l occasion d apprentissage 7 3 L exp rience source d apprentissage Ces deux conceptions du terme exp rience supposent deux orientations temporelles la premi re vers l avenir la deuxi me vers le pass Pour qualifier notre Professionnel Exp riment il nous semble vident d invoquer le deuxi me sens l exp rience comme r sultante de l preuve et notamment des preuves pass es au moment o s engage la transmission il poss de une grande exp rience professionnelle mais aussi une grande exp rience de vie Pour autant il nous semble n cessaire aussi de prendre en compte la premi re acception dans la mesure o il nous faut tenter de r pondre la question en quoi l exp rience pr sente t elle une plus value par rapport au professionnalisme en quoi est elle source d apprentissage en quoi elle participe la construction du Savoir Faire Notre question nous re
181. e approche le tiers est inclus au sein du syst me Pour Lerbet S r ni 1994 p 98 le tiers est alors l absolu de la dyade du couple il est auto r f rence pour le syst me relationnel et co r f rence pour les membres du couple Ce tiers est un monde commun non pas pr d termin mais construire ensemble cr ation r alis e par une mise en commun Auto r f rence donc de ce syst me auto producteur d un monde commun d un sens commun travers la r ciprocit des discours et la circularit permanente de l change de l un l autre membre en m me temps que par l un et l autre membre Lerbet S r ni 1994 p 101 Ce tiers inclus est aussi un entre deux de la dyade du la diff rence entre les deux interlocuteurs et les reliant c est un inter monde la fois commun et propre construit dans lequel chacun se retrouve qui contribue la dynamique relationnelle C est un lieu de reconstructions permanentes dans la rencontre avec l autre auto et inter constructions C est une co r f rence ce dont on parle c est un sens commun incluant le Je le Tu et le Il entre le Je et le Tu Enfin ce tiers inclus est consid r comme une variable du syst me relationnel par le biais du conflit fondamental t moignant de la r action du syst me deux positions extr mes que sont la relation fusionnelle tendance l homog n isation et la relation individualisan
182. e base elle ne semble plus gu re jouer de r le ensuite De fait l exp rience commune du march du travail et des crit res d embauche confirme cette repr sentation du dipl me comme tremplin Apr s quoi c est en forgeant qu on devient Ainsi nous avons essay d esquisser ce qu un Professionnel Exp riment peut tre au sein de l entreprise l annonce de son d part en pr retraite ou de sa mutation Si nous tenons le fait que sa qualification et son exp rience sont autant de situations 97 d apprentissage Nous poursuivons notre d veloppement par le Savoir Faire du Professionnel Exp riment comme r sultant de ces constructions diverses et objet de la transmission au Successeur 74 Le Savoir Faire du Professionnel Exp riment Nous avons appel la situation que nous tudions transmission de savoir faire Le Professionnel Exp riment fort d une qualification et d une exp rience confortable se caract rise par une performance une capacit agir r soudre des probl mes en un mot par un savoir faire qui explique pourquoi les op rateurs d butants les mieux form s munis des meilleures instructions ne sont pas aussi performants et surtout aussi fiables que les op rateurs ayant quelques ann es de pratique De Montmoulin 1998 p 194 Il convient de pr ciser ce que ce terme il signifie pour nous La pr cision sera d autant plus n cessaire qu
183. e de chercheur en regard de cet objet est celle d un observateur ext rieur le plus neutre possible le plus transparent possible le moins interf rant possible Il s agit de privil gier la plus grande transparence vis vis des acteurs de pr server la distance n cessaire pour influer le moins possible sur les situations d adapter les observations aux contingences locales sans d naturer la m thode Pour ce faire la rencontre du terrain sera l occasion de pr ciser les conditions d observations Nous proposerons et organiserons une r union pr alable avec d une part les d cisionnaires responsables de l entreprise et d autre part les acteurs eux m mes les Professionnels exp riment s et les Successeurs Au cours de ces r unions les conditions d observation seront pr sent es Th me de la recherche observation d une transmission de savoir faire Dispositif de recherche Principes et conditions de r alisation volontariat des acteurs respect de l anonymat des acteurs calendrier des observations convenir avec les acteurs observations r alis es sur les lieux de travail Notre volont de demeurer le plus neutre et distant possible nous interdit d intervenir de quelque mani re que ce soit sur la situation de transmission pas plus au niveau de l organisation que du contenu ou de la mani re de transmettre Les situations que nous observerons seront d cid es par l entreprise et les
184. e global de l approche du corps con u comme une entit psychologique et physiologique indissociable Pour la psychomotricit le mouvement d finit comme tout d placement d un ou plusieurs segments ou du corps dans son ensemble est un terme g n rique Coste 1977 nous propose de distinguer tout 112 d abord le mouvement passif que subit le sujet du mouvement actif n cessitant l intervention du sujet Ces derniers sont encore pr ciser entre les mouvements r flexes inn s ou acquis r actions conditionnelles comportements et rites socioculturels gestes conscients ou actes manqu s Le geste est un mouvement qui suppose une intentionnalit du sujet c est un mouvement d termin par une fin consciente ou inconsciente d o l id e de projet moteur avec une certaine efficacit poursuivie par le sujet N anmoins ce projet moteur n agit pas comme un plan pr tabli ind pendamment des structures tonico motrices Il s agit en fait d une r gulation dans l action en de de la conscience en fonction des sensations corporelles en regard de cette r alit et du corps lui m me en particulier au travers de l image corporelle que le sujet se construit au fur et mesure des exp riences v cues La psychomotricit propose des concepts cl s que nous nous proposons d aborder pour nous clairer le sch ma corporel et le tonus Le sch ma corporel est un concept incluant l image spat
185. e la personne et de son d veloppement L auteur explore ainsi la cure th rapeutique que propose la psychanalyse pour peu que le th rapeute adopte les pr conisations de Rogers la sociom trie de Moreno consid rant Autrui comme objet d lection ou de rejet La relation autrui facilite ce d veloppement c est le rapport interpersonnel qui l emporte la relation n est pas confusion mais diff renciation L lection affinitaire r ciproque suppose une connivence narcissique entre les partenaires qui peut se muer en communion proprement transitive 78 Dans le jeu complexe des rapports interpersonnels et intergroupaux nous percevons donc sous des formes diff rentes et compl mentaires la pertinence pour la construction du sujet de relations dyadiques particuli rement signifiantes et engageantes La relation devient ainsi n cessaire cette construction la fois comme lien et comme initiatrice de processus de diff renciation comme l attachement et non confusion Cela suppose la reconnaissance la fois en soi comme l autre de chacun comme conjointement M me et Autre pour que soit possible la relation diff renciatrice et constructrice du sujet comme 1ps it Lerbet Sereni 1994 p 23 Ainsi donc la relation entre les deux partenaires doit tre consid r e comme une relation complexe dans laquelle se jouent des affinit s et se construisent des ips it s La relation n est n
186. e nous avons fait r f rence pr c demment aux distinctions propos es par Altet 1994 p 23 26 entre d une part l homme de m tier porteur d un savoir faire et d autre part le professionnel porteur de comp tences Il nous faudra pr ciser pourquoi nous voquons le Savoir faire du Professionnel Exp riment Dans un premier temps nous pouvons dire que le savoir faire est un savoir agir sur dans avec l environnement Pour le dire comme De Montmoulin 1998 p 193 le savoir faire renvoie un savoir dans l action Il se traduit par une aptitude r aliser une activit donn e ou attendue un ensemble de t ches Le sens commun associe au savoir faire l id e de performance acquise avec l exp rience et dans le m me ordre d id e le m tier de travail bien fait dans les r gles de l art Le sens commun associe au savoir faire une id e de geste d activit psychomotrice du faire La performance est donc sous tendue cons cutive de cette aptitude autrement dit le savoir faire c est faire bien du premier coup Le savoir faire est indissociable de l action du faire et de la performance Il est li l activit pass e m moire pr sente performance et avenir volution anticipation 98 Or nous l avons dit plus haut l activit du sujet au travail est complexe L ouvrage dirig par Barbier 1998 et celui dirig par Chevallier 1991 montrent la difficult de rendre c
187. e peut pas oublier que cette relation a pour finalit l apprentissage du Successeur et ce faisant la communication de savoir Le tiers inclus est une co construction dans laquelle s changent circulent des repr sentations des savoirs Car c est bien dans le temps propre de cette relation que les savoirs doivent circuler se mettre en forme s acqu rir se restituer se confronter s articuler pour pouvoir de fa on intrapersonnelle pour chacun s int grer un syst me propre de connaissances ant rieures int rioris es par des processus qui sont en somme ce que l on nomme appropriation Lerbet S r ni 1997 p 122 Nous pourrions repr senter le syst me relationnel que nous tudions partir du sch ma ue propose Lerbet S r ni 1997 p 125 Relation Faj i Professionnel Exp riment Successeur N x Savoir Faire Ainsi donc pour l auteur la relation p dagogique est consid rer en termes de relations savoirs pivot essentiel de sa r organisation Elle est faite d inter actions dialogues entre les deux partenaires inter r f rence savoir chang de co actions travail et parole conjoints c est le sens du savoir de frans actions le pacte p dagogique du syst me l organisation du savoir Enfin ce tiers inclus est consid r comme une variable du syst me relationnel par le biais du conflit fondamental t moignant de la r action du syst me
188. e reconnaissance mutuelle d j largement construite Ainsi il nous semble que si la modalit de transmission s oriente vers la narration ou le conseil tel qu il est entendu par Benjamin on peut supposer qu elle puisse s orienter aussi vers d autres modalit s 9 3 1 9 L expos de l explication du questionnement Postic 1988 montre qu il existe une multiplicit d activit s de l enseignant et de l apprenant dans la relation p dagogique Ces activit s ont des formes vari es tant langagi res que corporelles Les actes p dagogiques ont une fonction ils induisent une activit diff rente de l apprenant L apprenant est actif ou r actif sollicit ou pas Cependant Postic 1988 p 180 nous confirme aussi que les actes langagiers sont r v lateurs des modes d interaction Galatanu propose de distinguer la communication didactique de la communication p dagogique la premi re concerne les changes visant explicitement la transmission la compr hension et l appropriation des savoirs c est dire 216 tous les changes qui concernent directement l acte d enseignement ou comme on disait dans la p dagogie plus traditionnelle l instruction Galatanu 1998 p 103 L auteur propose de consid rer les activit s d explicitation des savoirs parmi les quelles sont regroup es les d finitions les expositions les argumentations Ce sont des discours d fini
189. e sujet pist mique le processus d quilibration est endog ne or notre probl matique tend mettre en vidence la construction de connaissance d un acteur dans tout son parcours professionnel et extra professionnel Or dans cette exp rience l acteur n est pas isol nous devons consid rer aussi la relation l autre comme participant au processus de construction de connaissance En revanche les travaux de Piaget montrent aussi le caract re actif du sujet le sujet est central Cet aspect est nous semble t il important tout d abord pour le Professionnel Exp riment En effet il conduit consid rer l intentionalit ou la finalit du sujet connaissant Le Moigne 1995 p 74 Cet aspect sera aussi d velopper plus tard lorsque nous aborderons plus tard le Successeur en situation d apprentissage D ores et d j retenons que la connaissance chez le Professionnel Exp riment ne se construit pas malgr lui tout au long de son parcours professionnel Nous relevons aussi que le constructivisme piag tien sous r serve de ne parler que des adultes est semble t il compatible avec le d veloppement que nous avons fait pr c demment de l apprentissage exp rientiel du Professionnel Exp riment C est aussi l id e que d veloppe Francine Landry dans l ouvrage coordonn par Courtois et Pineau 1991 p 21 28 mettant en regard les propositions de Piaget de Dewey et de Kolb Il n
190. e vie au travail segments de la trajectoire correspondent deux battements majeurs une phase de questionnement et une phase de consolidation Elle d crit pour chaque tape des modes de vie au travail des aspirations et des significations diff rentes Ainsi la p riode 23 27 ans est assimil e un atterrissage sur la plan te du march du travail la p riode 28 32 ans la recherche d un chemin prometteur la p riode 33 37 ans aux prises avec une course occupationnelle Apr s l adulte de 38 52 ans entre dans une circonvolution orbitale faite de trois tapes 38 42 ans essais de nouvelles lignes directrices 43 47ans en qu te du fil conducteur de son histoire puis 48 52 ans modification de sa trajectoire La tranche d ge 53 67 ans est d crite comme celle des man uvres de transfert interplan taires que l Expert effectuera de fa on ardue et p nible ou complexe mais sereine p 87 Cette p riode se caract rise par des perceptions vari es ponctu es de remises en questions et de besoins divers la fois des questionnements sur la finalit de son parcours de vie le besoin de faire un bilan de sa vie professionnelle et de laisser un message de sa carri re un besoin de reconnaissance de son utilit une pr paration sa sortie prometteuse de fin de carri re Pour Riverin Simard ce long processus s tale sur quasiment une dizaine d ann es jusqu au d part e
191. el sens comme pour l ordinateur qui manipule des symboles dont le sens est donn par le programmeur et interpr t par l utilisateur Le cognitivisme distingue donc le symbole que manipule et traite la machine cerveau et le sens l interpr tation que lui donne l individu C est ici que la notion de computation symbolique intervient les symboles ont une r alit physique et s mantique et la computation est conditionn e par cette r alit s mantique Varela 1996 p 38 Et plus loin Les repr sentations mentales sont assimil es aux l ments d un syst me formel auxquelles la dynamique de l esprit attribue le relief interpr tatif les croyances les d sirs la planification Varela 1996 p 47 L approche cognitiviste consid re l intelligence comme une suite d op rations logiques de calculs de d ductions contenus dans un programme elle correspond une d marche de type analytique Le cognitivisme enfantera de l Intelligence Artificielle qui donnera de multiples applications importantes au Japon d abord puis en Europe et aux Etats Unis La Psychologie Cognitive et la Grammaire G n rative prennent leurs racines dans ce courant et dont Noam Chomsky posera les universaux 107 Ainsi pour l approche cognitiviste la cognition du syst me est compar e une suite d op rations logiques de calculs de d ductions une computation Le cerveau est une machine traiter de l
192. elque chose imiter ou ne pas imiter il faut que le sentiment de sa propre personne l emporte momentan ment sur lacte envisag Cette identification distincte de ses actes de ses repr sentations et de soi m me suppose qu il identifie corr lativement la personne d autrui d o il tire des mod les et dont il devient l mule Wallon 1970 p 155 Pour nous clairer l auteur pr cise que limitation n est pas qu automatique ou spontan e elle est intelligente et complexe Pour en rendre compte Wallon fait r f rence la psychanalyse au d sir dipien et discute les propositions freudiennes Pour Wallon la base de l imitation se trouve le d sir de rapprochement de ressemblance d assimilation autrui L auteur dit alors que la fusion est d abord imaginaire Mais cette fusion par laquelle la mod lisation s op re n est pas fig e en fait elle permet et favorise la lente construction des conditions de la s paration Le disciple ou le fid le ne peuvent plus supporter m me l image du ma tre ou du chef Une fid lit absolue risque de se changer en app tit de suppression C est en se 212 voulant semblable au mod le qu il s oppose la personne et qu il doit bien finir par se distinguer aussi du mod le Wallon 1970 p 157 Ainsi la relation traverse des modalit s Eros puis Philia c est dire des modalit s de fusion puis de s paration Mais ces
193. emble en effet que le Professionnel Exp riment l Expert d sire s terniser dans cette transmission de son savoir faire Nous trouvons l un moteur 157 intrins que cette transmission Cependant ces m mes auteurs explorant la formation des psychanalystes insistent sur le r le de l institution r le de tiers perturbant dans la relation duelle de l l ve et de l enseignant Ils mettent en avant la fonction primordiale symbolisante et d fusionnelle de l institution comme repr sentant de la n cessit Anzieu et Ka s 1973 p 101 qui permet une castration symbolique par laquelle le sujet renonce la toute puissance l intemporalit l indiff renciation la totalit l autog n se Comme nous l avons voqu plus haut l entreprise en tant qu institution agit concr tement et symboliquement sur la transmission en particulier sur les repr sentations symboliques de l Expert On voit ici une dimension particuli re symbolique que nous rapprochons de ce que nous propose Lerbet S r ni 1994 savoir l entreprise comme tiers exclu agissant par des trans actions sur la relation de transmission que nous tudions sur la s paration entre le Professionnel exp riment et le Successeur Legendre 1996 commente le concept de filiation qui nous semble prolonger et compl ter cette premi re approche La filiation conduit consid rer la relation p re fils dans
194. ement employables Pourtant certains secteurs d activit semblent d plorer une p nurie de candidats Il semble qu une forme de jeunisme se propage tacitement sans s annoncer Il y aurait beaucoup dire sur les motifs annonc s et cach s de cette forme de s lection le dossier de Jean Yves Gu rin est loquent ce propos Nous nous contenterons de constater qu au travers de cette nouvelle donne du march de l emploi nous voyons la confirmation de ce que nous appelions plus haut un d ni de l exp rience Nous notons aussi que ce d calage entre l exp rience de ceux qui sont l et les besoins de nouvelles comp tences est certains gards tr s ressemblant celui rencontr la fin des ann es 70 lorsqu il s agissait de trouver des nouvelles comp tences avec l automatisation et les r organisations Les approches comp tences mises en place depuis n ont pas compl tement r solu la question puisqu elle se pose nouveau dans des termes tr s voisins 25 ans apr s Liaisons sociales Les quinquas au ban de l entreprise octobre 1996 45 Ce d ni pourrait sans doute s expliquer par une pr dominance largement partag e d une logique rationaliste soubassement des approches purement gestionnaires dominantes et notamment de l approche comp tence qui l on pr te depuis la fin des ann es 80 des vertus qu elle n a pas forc ment d montr es En l occurrence el
195. ement Jeanne Mallet et Bernard Donnadieu qui avaient assum ce r le d encadrement pour des travaux pr c dents Qu ils voient dans ce travail la manifestation de ma gratitude Plus largement je tiens aussi remercier l quipe d enseignants chercheurs des Sciences de l Education de Lambesc ils sont trop nombreux pour les citer tous Ma reconnaissance leur est acquise Je veux aussi remercier d autres personnes des proches et des amis qui se reconna tront particuli rement V ronique et Didier Yvonne et Xavier Fran oise et Jean Jacques Emmanuel pour leur aide technique et logistique Marie Dominique et Roger pour leurs r flexions constructives et pour leurs encouragements tout au long de ce travail Enfin je voudrais garder une pens e particuli re pour B atrice celle qui m accompagne celle qui a v cu au quotidien les enthousiasmes les doutes et les d ceptions Je souhaite ici lui exprimer toute ma gratitude pour son soutien pr cieux Je souhaite aussi la remercier d avoir su faire preuve d une r elle coute et en m me temps d avoir su garder la distance n cessaire pour se pr server me pr server nous pr server Pour tout cela je souhaite l associer ce travail il est de fait devenu aussi le sien A mon p re Sommaire i Introduction en inna r ae a ana a a ar a aaa Premi re partie Probl matique pratique 12 1 Quelques r flexions g n rales pr alables 13 2 Un d tou
196. ences 30 Loi du 6 mai 1996 44 Une autre lecture encore des statistiques du C req peut nous clairer et nous conforter encore dans cette id e En effet l exploitation des d clarations Cerfa 2483 montre aussi une r partition toutes entreprises et toutes cat gories socioprofessionnelles confondues des stagiaires de la formation professionnelle continue en fonction de la tranche d ge Il appara t nettement que les 50 ans et plus ont nettement moins de chances de b n ficier d une formation que les tranches d ge inf rieures Le dossier de Jean Yves Gu rin d taille dans les faits avec des t moignages loquents ces pratiques plus ou moins conscientes Cette forme de rejet des quinquas est croiser avec une nouvelle donne apparue depuis la fin des ann es 90 p riode qui a vu la croissance revenir l explosion des TIC technologies de l information et de la communication le boom des Net entreprises et des start up certains ont voqu la bulle internet qui d ailleurs a explos depuis Les recrutements semblent tre nouveau d actualit Bien entendu les contrats en alternance dont nous parlions pr c demment sont aussi en d veloppement ils sont devenus un des moyens de recrutement tr s conomique de jeunes Or ph nom ne de balancier les employeurs cherchent s duire les jeunes dipl m s Parall lement les demandeurs d emploi de 50 ans et plus semblent difficil
197. ent et la situation de transmission que nous essayons d tudier En effet nous retenons chez Bastien l id e d explorer en prolongement la notion d Expert Nous retenons aussi que Bastien comme les auteurs pr c dents Cosse Vygotski Wallon nous invite consid rer la connaissance non seulement comme une construction du sujet en l occurrence le Professionnel Exp riment mais aussi une construction qui se fait dans l interaction sociale Pour le dire comme Jean Marc Monteil in Lerbet 1997 p 91 si le processus de production de savoir est intra individuel son origine elle est interindividuelle Nous privil gions ainsi la d marche relationnelle comme d marche vers le savoir Tout en mettant en vidence les risques et difficult s encourus D s lors il nous faut compl ter notre approche par une dimension sociale des connaissances du Professionnel Exp riment 128 7 4 3 3 5 Une dimension sociale des connaissances Nous nous effor ons de donner au Savoir Faire du Professionnel Exp riment manifestation de ses connaissances une lecture la plus large possible pour tenter de rendre compte de sa complexit Nous avons abord plus haut l tude du Professionnel Exp riment en commentant ces deux qualificatifs Or chacun d entre eux la Professionnalit d une part et 1 Exp rience d autre part nous ont renvoy de mani re diff rente au rapport l autre aux autres et d
198. ent Wallon 1970 montre le rapport circulaire entre geste et pens e entre geste et repr sentation L auteur montre aussi que le corps intervient dans l acte de communication C est aussi ce que nous a confirm Coste En ce sens l activit motrice le geste comme le langage participent la relation interindividuelle et interpsychique dans laquelle le sujet apprenant construit des connaissances Nous l avons vu aussi Vygotski propose une zone proximale de d veloppement mettant en vidence la proximit n cessaire de ce qui est apprendre avec ce qui est d j appris Dans l int raction avec l autre l individu apprend ce qu il n aurait pas pu apprendre seul Nous retrouvons l un rapprochement possible avec les propositions de Bastien 1997 En effet dans l interaction l apprentissage ne peut se faire qu partir des connaissances d j l le formateur doit activer ces pr curseurs de l apprenant pour le guider dans son activit A partir de Vygotski et Wallon le courant socio constructiviste s int resse aux m canismes d apprentissage l uvre dans la relation duale enseignant enseign m re enfant et pour nous Professionnel exp riment Successeur Cette approche ne remet pas en cause les m canismes cognitifs de l apprenant voqu s ci dessus Ce courant s inscrit dans une approche psychosociale de l apprentissage mettant en avant 178 la vision ternaire Ego Alter O
199. ent que la richesse de l entreprise r side principalement dans le potentiel humain les hommes et les femmes qui la constituent Certaines entreprises utilisent largement dans leurs campagnes publicitaires l argument du savoir faire de leur personnel garantissant la qualit et l authenticit de leurs produits Il y aurait sans doute beaucoup dire sur cette promotion abusive d une image authentique sur cette revendication de savoir faire d exp rience d histoire de culture Conservons uniquement l id e que l encore l entreprise pr sente des sujets d int r ts pour les sciences sociales entre autres la psychologie et la sociologie L entreprise est une action organis e un groupe social organis en fonction d un but A ce titre la sociologie et en particulier la sociologie des organisations Crozier et Freidberg 1981 Dubet 1994 Linhart 2003 Sainsaulieu 1987 et la psychologie sociale Moscovici 1984 trouvent l une source d tude et d interrogations intarissables D autres encore plus ou moins proches des sociologues et des ergonomes 27 s int ressent aussi l Entreprise comme lieu de formation de construction psychologique Clot 1999 La forme d organisation elle m me g n re des modes de relation et des comportements elle est ainsi l objet d tude Bournonville 1998 Livian 2000 Mintzberg 1990 Ce fameux capital humain est constitu de femmes et d
200. entations actives au cours de ces tapes le Professionnel Exp riment taye guide puis d s taye le Successeur Bruner 1998 Winnykamen 1990 au fur et mesure de son apprentissage de sa r solution de probl me donnant ainsi la possibilit de conflits socio cognitifs entre les deux L encore nous voyons se confirmer des modalit s relationnelles diverses mais aussi l volution de ces modalit s au fur et mesure que la dyade devient moins dissym trique au sens de Winnykamen 9 3 2 Comment rendre compte de la relation savoir Notre pr c dent d veloppement avait pour but de donner sous plusieurs angles de vue le caract re vari et volutif de la relation entre Professionnel Exp riment et Successeur que nous tentons d tudier Cette relation articulant processus communicationnel et savoirs processus d enseignement et d apprentissage est finalis e par l apprentissage du Successeur sa socialit autonomisante Nous nous sommes appuy s sur plusieurs auteurs pour tenter de rendre intelligible la relation et son volution compte tenu des 221 sp cificit s de la situation et des protagonistes Postic dit mieux que nous ne saurions le faire la vari t des formes de la relation et leur volution dans le temps Le dialogue constructif rev t des formes diversifi es selon les niveaux de connaissance selon la nature du message le genre de traitement de l information que l l
201. entes r gions corporelles un rep rage spatio temporel une tonicit que la psychomotricit tudie et d montre Les ethnologues qui se sont int ress s aux m tiers et aux savoir faire montrent bien la n cessit de consid rer la multiplicit des aptitudes requises et mises en uvre et particuli rement la gestuelle Nous l avons d j voqu Bril 1990 nous propose une analyse des gestes de percussion de leur variabilit tant en fonction des m tiers observ s que des situations pour un m me m tier ou d un individu l autre Pr cisons que l activit du professionnel ne peut se r duire un ensemble de gestes de percussion elle est plus diverse vari e le savoir faire plus riche et complexe qu une s rie de percussions possibles Par ailleurs le d veloppement que nous avons fait plus haut sur la professionnalit et l exp rience nous ont conduit consid rer que le savoir faire r sultait de multiples transformations non seulement cognitives mais aussi corporelles gestuelles Comme nous l avons vu plus haut le cerveau est le centre coordinateur de tous nos actes et de nos pens es Si le savoir faire est la manifestation de connaissances elles m mes contenues construites et reconstruites l activit du Professionnel Exp riment engage aussi d autres fonctions que les fonctions strictement cognitives abstraites en l occurrence psychomotrices Coste 1977 nous confirme le caract r
202. ep r s de tel ou tel type dans les s quences film es et analys es Une remarque nous semble n cessaire Rien n emp che de penser qu au cours d une s quence on puisse obtenir autant d pisodes inducteurs m diateurs adaptateurs et que ces pisodes aient des dur es tr s diff rentes De fait le d nombrement montrerait une r partition quivalente des pisodes alors que la s quence pourrait tre majoritairement sur une modalit Nous pensons qu il est n cessaire pour une m me s quence de rep rer les pisodes de chaque type de compter les pisodes de chaque type et de prendre en compte le temps cumul des pisodes de chaque type Ainsi la dur e des s quences analys es devient un l ment primordial une variable Rappelons que nous enregistrerons au camescope des s quences d une dur e d une heure environ et que l analyse de la s quence portera sur les 30 derni res minutes 262 Enfin l analyse des s quences prendra en compte les conflits socio cognitifs Nous avons vu avec Winnykamen 1990 que la relation s oriente de fortement dissym trique faiblement dissym trique voire sym trique au fur et mesure que le Successeur apprend Nous avons vu aussi avec cet auteur que les conflits socio coginifs sont plus nombreux lorsque la relation est faiblement dissym trique ou sym trique Enfin nous avons dit aussi que les conflits socio cognitifs sont rep rables dans l change dans la m
203. eption tentait de montrer en quoi l exp rience comme mise l preuve provoque une transformation mineure ou majeure de la personne psychique et ou corporelle Dans la seconde acception l exp rience est con ue comme r sultante de mises l preuve celles ci ayant eut lieu nombreuses et vari es L exp rience est dans ce sens le moyen d acqu rir une connaissance elle est aussi le r sultat atteint cette 88 connaissance elle m me Dans la seconde acception la mise l preuve ayant eu lieu et en l occurrence plusieurs l exp rience devient le r sultat de ces transformations on parle alors d un homme d exp rience C est l la troisi me modalit que d crit Jorro 1991 savoir non seulement un v cu particulier mais un ensemble de v cus qui a travaill au fur et mesure la personne La transformation de cette exp rience consiste r fl chir par exemple par un travail biographique mode d laboration de l exp rience qu elle appelle Penser ses exp riences certains pourraient aussi dire Panser ses exp riences Nous notons au passage que dans les diff rentes modalit s qu elle d veloppe exp rience comme preuve exp rience a priori OU a posteriori exp rience comme r sultat de la mise l preuve Jorro pose le rapport autrui comme processus de transformation de l exp rience Dans ce rapport r flexif l exp rience l auteur voit un mouvement
204. er dans l apprentissage Il pr cise que ces connaissances acquises sont fortement contextualis es Puis dans un deuxi me temps l auteur voque le guidage de l acquisition par l analyse du fonctionnement l apprentissage par l action et le guidage en temps r el dans la r solution de probl mes Il pr cise que dans le guidage il ne peut s agir ni de d terminer un mode de r solution optimal faire acqu rir ni d interpr ter les performances r ussites ou erreurs Cette approche met en avant l importance des connaissances initiales les pr curseurs En effet c est sur ces connaissances initiales que peut s exercer le guidage elles constituent aussi un point d ancrage pour d autres acquisitions La deuxi me approche consid re l apprentissage explicite p 91 L le contenu de l apprentissage est expos L auteur s appuie sur des mod lisations de r solution de probl me et propose la contextualisation fonctionnelle des connaissances acquises agissante dans toute situation d apprentissage Il propose de consid rer l apprentissage comme le fait de structurer fonctionnellement des connaissances nouvelles et anciennes Il annonce que chaque sujet a son chemin d acquisition et il doit pouvoir en fonction de son but adopter des chemins diff rents sur le syst me Il distingue deux bases une base de connaissances organis es selon une logique g n rale concepts d compos s en sous concepts e
205. erbet S r ni partir des propositions de Morin 1990 de sa conceptualisation de la complexit et notamment de ce qu il appelle l auto co organisation Lerbet S r ni consid re les boucles r cursives de la relation et s int resse la liaison auto g no ph no ego co re organisation dans laquelle auto repr sente la capacit se reproduire s individualiser g no l origine la m moire informationnelle ph non individualis au sein d un environnement le re l interaction dynamique entre les termes La boucle auto h t ro tient du co de l action commune conjointe c est l auto h t ro co organisation La relation est alors formalis e suivant trois formes que l auteur illustre par la relation amoureuse L amour Eros la fusion identitaire est ainsi mod lis e comme auto co h t ro organisation l amour Philia union entre deux syst mes autonomes chacun est renvoy lui m me est mod lis comme auto co re organisation co h t ro co re organisation enfin l amour Agap syst me auto po tique l auto organisation est garante de la vitalit du syst me tient de l auto co h t ro co re organisation Lerbet S r ni 1994 p 69 Cette perspective du co dessine la pertinence du troisi me terme op rateur entre les deux dans la relation paradoxale que l auteur d veloppe plus loin Pour compl ter le commentaire de l auto po ese d velopp e pa
206. ers e de multiples processus cognitifs relationnels affectifs transf renciels Dans cette relation le savoir circule il est manipul transform int gr La relation les actes p dagogiques les activit s du Professionnel exp riment et du Successeur voluent au fur et mesure de l apprentissage du Successeur il devient plus actif plus r actif Le Professionnel exp riment est contraint de questionner son savoir faire de l expliciter de le r organiser et de le r apprendre Les conflits socio cognitifs viennent ponctuer la relation La relation projet e appelle une d centration de chacun des deux acteurs Chacun doit porter son attention sur l autre la relation s organise sur un mode fusion d pendance Les interactions deviennent co actions Chacun des deux acteurs agit en fonction de l autre dans lequel il se voit lui m me et en m me temps est chang par l autre 241 La relation favorise l apprentissage du Successeur qui ce faisant a besoin de manifester son autonomie Il prend plus de place occupe plus l change affirme contredit prend l initiative La relation pr pare la s paration l autonomisation Les modes relationnels changent les conflits socio cognitifs sont plus nombreux D attitude magistrale le Professionnel Exp riment devient une personne ressource c est le Successeur qui le sollicite Dans cette transformation du syst me des modes de relations des postions
207. ert le d sir d apprendre pour le Successeur donnent cette relation une dimension symbolique et sont les constituants de la reconnaissance mutuelle Ric ur 1969 La relation symbolique P re Fils est aussi volutive puisque symboliquement et concr tement elle suppose un processus de d pendance autonomisation Postic 1988a Lerbet S r ni 1994 En clair et pour reprendre nos deux situations extr mes th oriques de la relation il nous semble qu au cours de cette relation la posture symbolique de chacun des partenaires volue d une relation P re Fils dans la situation Expert Novice une relation Pair Pair l autre extr mit dans la situation Expert Expert La relation apr s la fusion n cessaire pour la mod lisation s panouit dans l autonomie du Successeur Labelle 1996 Postic 1988a la s paration la socialit autonomisante Lerbet S r ni 1994 Pour conserver la m taphore filiale on passerait d une relation P re Fils une relation Adulte Adulte pour paraphraser l Analyse Transactionnelle d une dyade fortement dissym trique une dyade faiblement dissym trique ou sym trique Nous pensons que l analyse de l volution de la relation doit mettre en vidence ces passages par rupture jusqu au moment o le Successeur est autonome adulte Nous pensons aussi qu il est possible de rendre compte des repr sentations symboliques en amont pendant la transmission
208. es actes de communication des processus d enseignement et d apprentissage Postic 1988a et Altet 1994 nous conduisent penser que toutes les interactions refl tent des fonctions d enseignement et des activit s d apprentissage Lerbet S r ni 1997 Altet 1994 et Postic 1988 nous conduisent penser que la relation ducative peut tre analys e partir d actes langagiers Pour ces auteurs c est dans ce registre qu il faut chercher des indicateurs de cette relation et pour nous de son volution Ceci n exclut pas les autres vecteurs les autres actes de communication dont nous avons d j voqu la grande diversit ni les actes non observables mais pr sents dans la relation Pour rendre compte des formes que peut rev tir la relation duelle Lerbet S r ni 1994 1997 comme nous l avons dit s int resse aux interactions verbales A partir de son d veloppement th orique elle identifie trois marqueurs linguistiques qu elle rapproche des Inter actions des co actions des trans actions Ces marqueurs linguistiques sont le Je et le Tu pour les interactions le Nous pour les co actions le Il pour les trans actions Cette grille de lecture lui permet de rep rer les volutions de la relation et les trois formes d auto co organisation du syst me relationnel Eros domin par la fusion d pendance Philia domin par la s paration autonomie Ag
209. es contenus enseigner et des m thodes d enseignement sont sp cifiques au chapitre Par contre les m mes 205 conduites valuatives et les m mes objectifs d enseignement sont souvent adopt s pour plusieurs chapitres de cours Le temps d enseignement est r gi tant t par des d cisions concernant diff rents chapitres et tant t par des d cisions qui se rapportent un seul Le choix des activit s d apprentissage sont sp cifiques au chapitre envisag en revanche le temps et les objectifs d apprentissage sont g r s la fois par des d cisions sp cifiques au chapitre et par d autres Nous retrouvons l les d veloppements que nous avons faits lorsqu il tait question du Professionnel Exp riment consid r comme un Expert Mais ceci tait pertinent pour rendre compte de son savoir faire et de son exp rience dans le cadre de son activit Qu en est il de la transmission Nous l avons dit plus haut le Professionnel Exp riment est potentiellement Novice en mati re de formation Par ailleurs en tant qv Expert nous avons vu aussi qu il avait une grande difficult retrouver le chemin de son expertise Tochon 1993 nous avons dit aussi qu une explicitation tait n cessaire Vermerch 1996 La phase de pr paration qu voquent Tochon et Charlier correspond sans doute une premi re approche de ce travail d explicitation et de mise en programme Mais il nous semble l
210. es interlocuteurs selon des formes qui tiennent en partie la relation contractuelle qui les lie l observateur Massonat 1998 p 26 27 L observation se veut neutre et distante Pour autant ceci n exclut pas les travers inh rents toute m thode de recherche Trognon 1998 met en regard l exp rimentation qui cherche prouver une causalit et l observation qui se veut neutre et distante En ce sens l observation et l exp rimentation semblent r pondre au souci d objectivation Trognon attire notre attention sur le fait que l observation comme l exp rimentation sont paradoxales en ce sens qu elles induisent des biais L observation sens e rendre compte d un r el des activit s des acteurs observ s dans leur cadre normal induit le fait que ces acteurs se Dictionnaire de la langue fran aise en 4 volumes et 1 suppl ment 1863 1873 dont l auteur est Emile Littr lexicographe positiviste disciple d A Comte 249 sentent observ s et donc modifient leurs comportements Quant l exp rimentation elle produit l effet Rosenthal par lequel le chercheur influence par ses propres attentes les comportements observ s Nous retrouvons l la confirmation de la subjectivit voire m me l inter subjectivit inh rente toute recherche Massonat 1998 attire lui aussi notre attention sur les conditions de mise en uvre et les fameux travers induits L auteur nous pr cise qu en sciences
211. es r ajustements successifs qui provoquent chaque fois qu ils s av rent indispensables des remises en cause profondes des doutes des espoirs naissants des d couragements Il aurait t judicieux ce propos de comptabiliser les ramettes de papier consomm es au fur et mesure indice r v lateur me semble t il de ce processus Il faudrait aussi pouvoir rendre compte des tats d me fluctuant au rythme de ces petits v nements Il serait aussi int ressant de parler des r gulations interm diaires avec mon directeur de recherche Yvan Abernot de la relation voluant au fil de la recherche De 10 la m me mani re 1l aurait t int ressant de noter les diverses r actions des responsables des entreprises concern es et de celles des protagonistes d sireux en cours d analyse de retours sur ces observations Mais ce travail n a pas pour objet principal de formuler un carnet de voyage m me si tous ces v nements font partie int grante de la recherche du processus dans lequel elle s inscrit et par voie de cons quence des apprentissages qu elle a permis D autres occasions ult rieures me permettront sans doute d en rendre compte lorsque l aventure aura plus de contenu encore plus de souvenirs de voyage plus d anecdotes raconter Ce travail a pour objet de formaliser retranscrire expliciter et exposer mon r cit de voyage au regard des autres de prendre le risque de la critique
212. es temps de parole sont quivalents partag s r ciproques la relation est dite sym trique les identit s respectives sont affirm es dans leurs diff rences Ces 261 pisodes favorisent le syst me d apprentissage expression production et des op rations productives formatrices 12 1 7 2 Commentaires et choix des variables pour les s quences Les fonctions du langage que propose Jacobson sont particuli rement pertinentes pour analyser les messages verbaux et non verbaux Elles sont d ailleurs largement utilis es pour analyser les discours et messages Mounin 1971 Cependant dans notre cas il nous semble que cette grille d analyse est plus d licate utiliser Nous orientons notre choix vers la grille d analyse propos e par Altet 1994 La grille que propose Altet nous semble d une part plus ais e d autre part plus ad quate pour rendre compte de l volution de la relation Nous notons ce propos que les pisodes Inducteurs M diateurs Adapateurs sont pr sent s dans cet ordre montrant une participation de l apprenant plus effective En fait l ordre de pr sentation des pisodes montre une r ciprocit croissante des changes Les pisodes nous semblent plus adapt s pour rendre compte de l auto eco organisation du syst me relationnel ils doivent nous permettre aussi de montrer que cette auto eco organisation volue vers plus de r ciprocit Cependant Altet d nombre les pisodes r
213. essionnel comme dans notre probl matique ou autre Nous retrouvons l la reconnaissance de l exp rience du Professionnel Exp riment et de son savoir faire Cette cr dibilit est assimil e la sagesse par Benjamin Le conseil tiss dans l toffe d une vie v cue devient sagesse Benjamin 1991 p 209 Le mode oral la narration est sans doute un mode naturellement utilis il est vraisemblablement pr sent de mani re tr s significative dans la relation Expert Successeur Deux modes apparaissent d j celui de la narration il se raconte et celui du conseil Dans ces deux modes nous pouvons imaginer des interactions diff rentes Dans la premi re modalit on suppose le Professionnel Exp riment se racontant dans la seconde modalit on peut imaginer le Successeur sollicitant le conseil du Professionnel Exp riment Il y a tout lieu de penser que dans la situation qui nous int resse ces deux modalit s soient privil gi es Pour autant Lerbet S r ni 1997 rep rerait sans doute dans cette modalit un auto r f renciation du cot de l Expert une h t ro r f renciation du cot du Successeur Il ne peut y avoir dans cette modalit d inter r f rence d espace tiers le savoir ne peut que s changer d un acteur l autre p 106 107 Ce mode de communication suppose l acceptation de part et d autre d un d voilement de l Expert Nous pensons que ce mode suppose un engagement affectif un
214. esure o ils manifestent un d saccord Nous compterons dans la s quence analys e les conflits socio cognitifs manifestes rep rables dans l change par des justifications questionnements et argumentations autour d un point qui fait obstacle confrontation d saccord entre les protagonistes 12 1 7 3 L analyse de contenu des entretiens Nous avons dit que les entretiens sont enregistr s et retranscrits il s agit d sormais d aborder l analyse des entretiens et les variables qui seront retenues L Analyse de Contenu est pr sent e par Bardin 1998 comme une herm neutique fond e sur l interpr tation et la d duction l inf rence Elle permet au chercheur d acc der au non dit au cach au latent elle lui permet de nier sa position de voyeur analyste masqu e derri re sa scientificit L auteur pr cise l analyse de contenu appara t comme un ensemble de techniques d analyse des communications utilisant des proc dures syst matiques et objectives de description du contenu des messages Bardin 1998 p 42 L analyse de contenu repose sur deux grandes tapes la description est la 1 tape l interpr tation est l tape ultime Les inf rences portent sur les causes ou ant c dents ce qui a conduit ou les effets possibles quelles suites du ou des messages Le chercheur analyste a une double d marche comprendre le sens de la communication et d caler son regard vers une autre signif
215. et distingue l entretien de recherche de l entretien th rapeutique et du questionnaire L entretien de recherche a pour but de faire produire un discours continu lin aire de favoriser une construction de connaissance objectivante par l tude des faits port s par la parole Pour autant conduit enregistr et interpr t par l interviewer il reste emprunt de subjectivit Inscrit dans le cadre d une recherche il est utilis pour l tude d actions pass es de repr sentations sociales du fonctionnement ou de l organisation psychique Il est consid r comme un outil de recueil de donn es l aspect m thodologique se situe dans le traitement l analyse de contenu Nous aborderons plus tard cette analyse de contenu Grawitz 1996 propose une typologie d entretiens utilis s par la recherche en fonction de la directivit Dans cette typologie notre choix se porte sur des entretiens relatifs aux m thodes cliniques qui s int resse l tude approfondie de cas individuels Grawitz 1996 p 324 Nous portons notre choix sur le type d entretien centr d crit par Grawitz 1998 p 589 Ce type d entretien permet d interviewer des personnes impliqu es dans la situation concr te des personnes faisant partie du groupe qui ont v cu l exp rience ce qui est notre cas Pour ce type d entretien l objectif est plus pr cis centr sur l objet de recherche les questions sont pr vues l avance La libert de l interviewer et de l
216. et donc volatile Le savoir est donc la manifestation d une capacit prendre s lectionner discriminer puis int grer l information Le Professionnel Exp riment parce qu il est porteur de connaissances construites par sa professionnalit et son exp rience capte d tecte s lectionne l information pertinente de la situation que le n ophyte ignore D autre part en sortie du syst me le savoir est la manifestation de la connaissance construction cognitive dans par et pour son exp rience humaine du rapport de l homme au monde Ce processus d int gration d appropriation est aussi un travail de r interpr tation de d formation Ainsi donc pour Legroux le savoir se distingue de la connaissance par un degr d int gration Nous retenons aussi avec Lerbet que le savoir en entr e comme en sortie reste en relation en rapport avec le syst me cognitif 7 4 1 1 Des typologies de savoir Nus l avons dit Altet distingue l homme de m tier porteur de savoir faire et le professionnel porteur de comp tence Les d finitions de la comp tence sont nombreuses chaque auteur propose sa conception si bien que la notion de comp tence appara t pour certains comme une illusion Joshua 1998 Notons cependant que la 101 comp tence et ce quel que soit l auteur qui la d finit fait appara tre diff rentes formes de savoir mobilis es dans l action Du coup des typologies de savoir sont nomb
217. eu d imagination beaucoup d humour et de talent nous pourrions comme Roy Lewis crire une histoire romanesque une fiction pr historique d crivant les p rip ties d une famille d Homo Erectus En effet le roman de Lewis donne penser les premiers pas de l humanit dans le sens de l volution de la d couverte de la connaissance de la civilisation Nous n avons certes pas ce talent de romancier Mais nous pensons percevoir dans cette fiction pr historique que l humanit depuis ses tous premiers pas construit de nouvelles connaissances et les diffuse les partage Ce partage nous est d crit aussi par Deforge 1991 p 203 comme une lente volution spiral e vers la formalisation et ce depuis la production de silex Pour cet auteur il semble que l homme s est distingu de son cousin le singe par une capacit d invention comportant une r flexion sur puis par un partage des activit s enfin par l mergence d un langage articul et d un mode d expression graphique Dans le roman de Roy Lewis Edouard le p re est la fois le chef de la horde et le g nial inventeur oppos Vania l oncle r actionnaire ennemi du progr s Ce p re est aussi celui qui se charge d enseigner les connaissances issues de ses d couvertes aux membres de sa horde La plupart des civilisations ont cultiv ce mod le patriarcal dans lequel les Anciens font office de sages respect s de tous Ce mod
218. eur Darvogne et Noy 2000 Le travail est un lieu d apprentissage il faut favoriser l articulation entre comprendre et faire Le but est de professionnaliser les salari s et permettre le transfert des acquis dans de nouvelles situations La comp tence doit int grer des dimensions nouvelles la capacit d apprentissage et la dimension collective donc la qualit relationnelle Zarifian 1999 p 95 Le mod le de l Entreprise Qualifiante pr ne d sormais la logique comp tence int grant ces nouvelles dimensions Nous verrons plus loin les budgets de formation qui jusque l augmentaient se stabilisent voire pour les plus grosses entreprises r gressent Les d penses de formation se rationalisent Ceci pourrait laisser penser que ces nouvelles pr conisations trouvent un cho dans les pratiques manag riales dans la gestion des comp tences Cependant le rapport De Virville 1996 montre que l entreprise reste majoritairement sur l approche pr c dente Les dipl mes et les parcours de formation norm s et valid s garantissent la comp tence Le compagnonnage quant lui est rang au mus e comme une pratique d su te qui n a plus sa place dans la gestion des comp tences et l assurance qualit L int gration d un nouveau est faite par un parcours balis valid 18 Gestion Pr visionnelle et Pr dictive des Emplois et des Comp tences 36 norm La gestion des comp tences condi
219. eur est apprenant 8 Le Successeur apprenant Notre probl matisation consiste tudier le syst me que constituent le Professionnel Exp riment et le Successeur en situation de transmission Nous avons abord le Professionnel Exp riment porteur de connaissances construites dans sa professionnalisation son exp rience professionnelle et son exp rience de vie Il s agit d sormais d voquer le deuxi me protagoniste du syst me que nous tudions le Successeur charg d acqu rir d int grer le savoir faire de l Expert Les contextes que nous avons d taill s dans notre probl matique pratique nous conduisent consid rer le Successeur plus ou moins exp riment il peut tre un jeune nouvellement embauch un moins jeune d j dans l entreprise d j comp tent et promis succ der l Expert voire m me un Expert dans une activit quelque peu diff rente De la m me mani re il peut arriver de l ext rieur tre mut en interne La diversit des cas possibles rend d licate l expos d un Successeur type 8 1 Le savoir faire du Successeur Nous avons essay plus haut de d finir le Savoir Faire du Professionnel Exp riment Notre d veloppement nous est utile pour aborder le Successeur En effet le Successeur n est pas un verre vide il a construit lui aussi des connaissances dans des situations de travail de formation initiale et continue il est lui aussi un professionnel a
220. eure Augmenter l autonomie du sujet apprenant c est augmenter sa libert de choix l gard des proc dures et des m canismes disponibles Winnykamen 1990 p 335 A nos yeux c est sans doute le mod le de l apprentissage social et en l occurrence l apprentissage par imitation mod lisation interactive qui peut rendre compte de mani re pertinente de la situation de transmission apprentissage que nous tentons de d crire Il s agit de prendre en compte les m canismes l uvre dans ce processus d enseignement apprentissage entre l Expert et le Successeur et il nous semble que la proposition de Winnykamen 1990 rende compte des processus l uvre En effet ce mod le propose de consid rer l apprentissage par imitation mod lisation int ractive relation dans laquelle l apprenant est actif Il nous semble que cette approche est compatible avec l acte d apprendre tel qu il peut l tre dans l approche de Aumont et Mesnier 1992 et en m me temps introduit les ph nom nes li s l interaction Expert Novice Le Successeur cherche et entreprend avec l aide le guidage du Professionnel Exp riment Dans cette interaction le Successeur mod lise ce que lui donne voir ce que lui explique et montre le Professionnel Exp riment A partir de cette conception nus pouvons penser les deux cas extr mes que nous avons imagin s comme dans un cas fortement dissym trique dans le cas d une dya
221. ex de la main gauche coup ce qui semble tre assez fr quent chez les menuisiers Dans le premier cas la personne cherche se transformer via l preuve c est une tentative dont le r sultat ne peut tre qu esp r Dans le second cas c est l preuve qui transforme la personne Dans l un et l autre des cas la transformation pourra se faire avec plaisir ou d plaisir Pour les distinguer Jorro 1991 donne ces deux modalit s des termes d exp rience a priori et exp rience a posteriori Mais elle pr cise que dans l exp rience a priori aussi de l inattendu surgit m me si l on a pr par les conditions de l exp rience Ce surgissement est d abord d formateur en faisant clater la forme L auteur commente l accompagnement et la r adaptation des t trapl giques et des parapl giques r cents l exp rience est alors l preuve l accident qui provoque l irruption du handicap physique transforme la personne hysiquement et psychiquement 87 ant rieure Pineau 1991 p 30 31 pr cise que devant cet inattendu exp rience a priori ou a posteriori la personne passe par quatre tapes successives l tonnement la surprise qui interrompt une logique par rupture par suspension d automatismes une tentative d analyse de l v nement de la situation en surbrillance de ce qui est v cu ressenti observ une tentative d interpr tation par la m diation du langa
222. exe que l on construit par mod lisation syst mique Lugan 1993 p 96 Il peut tre repr sent par un syst me d actions multiples un complexe d actions un enchev trement de processus articulant des fonctions de m morisation stockage transformation traitement computation transport transmission La vari t d un syst me d pend du nombre d tats possibles des processeurs du syst me Le Moigne 1990 propose la mod lisation des syst mes complexes une typologie en neuf niveaux de complexit croissante Nous retiendrons le huiti me mod le de syst me typique des syst mes humains non seulement il est identifi distinct de son environnement actif et r gul il s informe par des codes des symboles de l information sur son comportement il d cide de son comportement par traitement cognitif de cette information les m morise coordonne ses d cisions d action il imagine et con oit de nouvelles d cisions ou solutions Mais cette mod lisation montre aussi que la dynamique organisationnelle peut favoriser une complexit croissante du syst me Le paradigme syst mique a investi de nombreux champs d tudes notamment dans les sciences humaines L individu un groupe social une soci t peuvent tre tudi s par une approche syst mique Nous choisissons de consid rer l individu la relation duelle et l entreprise comme des syst mes complexes dot s d une m moire et d une
223. f rents partenaires Nous faisons ici un rapprochement avec ce que propose Lerbet S r ni 1997 savoir les trans actions agissant comme un pacte plus ou moins explicite qui d passe les acteurs leurs inter actions leurs co actions Suivant cet auteur le Tiers exclu en l occurrence l entreprise intervient du dehors sur le syst me relationnel et la relation 7 Shubauer Leoni in Raisky et Caillot 1996 p 165 201 soit de mani re tacite soit de mani re explicite L auteur rep re ainsi trois modes d interventions possibles du tiers exclu Tiers juge tiers m diateur tiers miroir et les am nagements divers que les circonstances imposent entre ces trois grandes dominantes interviennent comme tiers exclu dans la relation momentan ment introduits pour aider r guler une tension qui devient obstacle l change efficace entre ses p les Lerbet S r ni 1997 p 139 Le tiers exclu qu est l entreprise est un l ment r gulateur du syst me relationnel de mani re implicite ou explicite en fonction de sa pr sence affich e ou pas Ceci nous conduit voquer l valuation qui pour Postic est inh rente la relation p dagogique 9 3 1 2 La place de l valuation Puisque la relation de transmission que nous tudions s inscrit dans m ta contrat un ensemble de r gles plus ou moins implicites avec l institution et puisque chacun des acteurs n gocie le pacte
224. favoriser des processus d int gration d change de partage de circulation de l information des savoirs des connaissances pour permettre l mergence de nouveau d impr vu Tarondeau 1998 2000 nous confirme aussi que dans cette tendance la strat gie doit centrer ses efforts sur la gestion des savoirs formalis s mais aussi sur la dynamique favorisant le partage la mise en commun des savoirs tacites non formalis s individuels ou cat goriels et ainsi encourager l apprentissage organisationnel Prax 2000 p 110 113 formule ces processus comme Bench Marking interne et externe Ainsi l entreprise adopte un fonctionnement syst matique d int gration individuelle et collective suivant une matrice propos e par I Nonaka croisant le tacite et l explicite d une part le collectif et l individuel d autre part Du tacite individuel vers l explicite individuel la formalisation De l explicite individuel vers l explicite collectif la combinaison De l explicite collectif vers le tacite collectif int riorisation Du tacite collectif vers le tacite individuel la socialisation Le mouvement en spirale est ainsi adopt et rig en mod le g n rique de cr ation de partage de connaissances Une des cons quences concr tes de cette approche conduit mettre en uvre des syst mes d information bas s sur des r seaux intranet ou extranet destin s favoriser cette diffusion d
225. fessionnel Exp riment et le Successeur tend favoriser cette position respective et de fait tend favoriser une relation de type fusion d pendance au d but au moins lorsque la dyade est fortement dissym trique au sens de Winnykamen Mais l apprentissage du Successeur par imitation mod lisation interactive pr pare le Successeur son autonomie c est l autonomisation Du coup la relation est paradoxale Lerbet S r ni 1994 1997 elle est tension entre fusion et s paration Nous pourrions illustrer aussi ce paradoxe par une autre tension dialectique entre distance et proximit A ce propos Postic 1988 pr ne le maintient d une distance minimale et Labelle 1996 se prononce pour une proximit une r duction de cette distance ou pour le dire comme Postic Dans la relation que l enseignant tablit avec la personne en formation que celle ci soit enfant ou adulte se joue un devenir Postic 1988 p 165 Ceci rejoint et confirme la proposition de Lerbet S r ni savoir l volution de la relation vers la socialit autonomisante la cr ation de soi via un alter dans une relation qui contribue g n rer une dynamique d autonomisation des sujets en relation Le fils symbolique grandit en regard de son mod le et revendique son autonomie le p re symbolique voit grandir sa prog niture et cette croissance le menace dans sa position Chacun des deux partenaires est pris dans le parad
226. ffectif dont elle distingue trois p riodes 1 la recherche d une sortie prometteuse 53 57 ans 2 le transfert de champ gravitationnel 58 62 ans 3 aux 154 prises avec la gravit vocationnelle de la plan te retraite 63 67 ans Riverin Simard 1993 p 87 Parmi toutes les interrogations et perceptions diverses Riverin Simard nous pr cise que d s la tranche 53 57 ans l individu identifie la retraite annonc e la mort p 90 et semble vouloir laisser son milieu de travail le message d une carri re qui aura t remplie et utile pour l organisme employeur p 89 Il nous faudra revenir plus loin sur cette id e de mort annonc e d une part et sur l id e de laisser le message Compte tenu du contexte que nous avons d crit dans notre probl matique pratique nous sommes conduit aussi consid rer l ge relatif de notre Professionnel Exp riment d une part et du Successeur d autre part Nous pensons en effet que l ge des deux protagonistes conditionne la relation ducative que nous verrons plus loin Pour ce qui concerne le Professionnel Exp riment nous rappelons que notre contexte mettait en situation un expert en situation de quitter son poste mutation ou l entreprise pr retraite ou retraite La p riode 58 62 ans se caract rise par des r flexions testaments Riverin Simard 1993 p 107 et des tats d me qui peuvent tre diff rents La p riode 63
227. ffort du mod le pour nous le Professionnel Exp riment qui est aussi not et nous avons pr c demment explor la question de sa motivation Au plan de l acquisition de connaissances il en va autrement La r gulation interindividuelle se fait n cessairement dans le sens d une plus value cognitive plus value d termin e par les efforts de l imitant mais aussi par ceux du mod le Cette fois les efforts ne rel vent pas de la recherche d un moyen terme mais bien plut t de la part du mod le de la recherche de la clarification de la simplification du maintien de l attention sur l objectif qui 183 font de la mod lisation explicit e une forme particuli re d interaction de tutelle p 334 Il semble bien que nous soyons dans ce type d interaction et l activit de l Expert dans la transmission n est pas neutre elle est intentionnelle centr e sur l objectif l acquisition par le Successeur apprenant d une forme d autonomie professionnelle Nous avons dit pr c demment que cet effort de formalisation de planification de clarification avait une action en retour sur les connaissances du Professionnel Exp riment Dans la dyade asym trique o l adulte comp tent favorise les progr s de l enfant dans la juste mesure de la zone de d veloppement proximal le jeu interactif prend diverses formes L imitation mod lisation interactive en constitue une tout fait maj
228. filiation tendent nous orienter vers ce que l anthropologie et en l occurrence Levi Strauss 1974 p 56 62 met en vidence dans les soci t s dites primitives En effet l auteur rep re qu au del des liens de parent naturels organiques il se constitue dans les soci t s les liens de parent essentiellement symboliques L auteur poursuit l id e que cette structure permet seule d appliquer la r gle du don Or Mauss 1999 p 142 273 dans un texte c l bre Essai sur le don forme et raison de l change dans les soci t s archa ques largement comment depuis propose de consid rer le don comme un ph nom ne plus complexe que la repr sentation commune Le don ne signifie pas unilat ralit il implique un contre don un retour un don implique une dette Ainsi si la transmission de savoir faire peut tre assimil e un don de l Expert cela suppose un change Le retour l autre partie de l change est une reconnaissance Le don d apr s Mauss est consid rer comme un change d obligations mutuelles constitutives de la vie en soci t qui laissent derri re elles des liens privil gi s entre les partenaires Nous transposons la proposition de Mauss 1999 p 258 dans notre cas le b n ficiaire du don est double d une part le Successeur mais d autre part aussi l entreprise et au del les Anciens aupr s de qui le professionnel Exp riment a une dette
229. ge de mise en mots pour les autres une tentative de potentialiser l exp rience v cue en la transposant dans d autres contextes en la rapprochant d une s rie dont elle serait une variante en constatant qu elle inaugure une nouvelle s rie Enfin pour rester dans cette premi re acception l exp rience comme preuve porteuse de transformation de la personne est comment e par Jorro 1991 elle distingue exp rience existentielle et apprentissage par l exp rience Le premier terme concerne le tout de la personne son identit profonde Le second terme concerne des transformations mineures dans le sens o la transformation des savoirs faire acquisition d une comp tence ne m tamorphose pas n cessairement l tre Toutes ces pr cisions sont pertinentes pour notre probl matique nous pensons que le professionnel exp riment parce que justement 1l a t confront au r el la pratique a eu l occasion de vivre des exp riences comme des preuves de tous ordres tant dans le domaine professionnel que dans le domaine extra professionnel On peut supposer qu cinquante sept ans cas extr me du d part en pr retraite ou un peu plus jeune et mut les occasions n ont pas manqu l individu de se transformer la vie n est pas un long fleuve tranquille la vie professionnelle non plus 7 2 L exp rience comme r sultat des mises l preuve La premi re acc
230. gnonnique Si son origine officielle est dat e 1941 ce mouvement revendique ses origines la Notons aussi que le Compagnon est celui avec qui on partage le pain TArdoino 1978 p 53 23 construction du Temple de J rusalem initi e par Salomon Ceci marque sans doute toute la dimension symbolique omnipr sente du mouvement compagnonnique Si les origines sont fortement teint es des m tiers de construction le mouvement s est largement d velopp le mouvement compagnonnique couvre aujourd hui une Encyclop die des m tiers Gu dez 1994 p 161 Le Compagnonnage se caract rise notamment par la formation des Compagnons L apprenti apprend son m tier au cours d un long parcours codifi dans lequel il alterne les tudes et des situations r elles sous la responsabilit de son ma tre Dans sa formation il fait son Tour de France parcours initiatique dans lequel il apprend d autres techniques d autres pratiques d autres secrets du m tier mais aussi des mani res d tre Cette forme d enseignement apprentissage formelle rigoureuse est inscrite dans la tradition des Compagnons du devoir Nous notons aussi que dans cette relation Ma tre Apprenti Gu dez voque la sph re des sentiments p 126 et que l on peut rapprocher nous semble t il de la relation homo rotisme de Steiner Le formalisme et le symbolisme vont jusqu la r alisation du Chef d uvre
231. h mes Il influence la d composition et la s quentialisation le parcours ascendant et descendant l arborescence du plan La r cursivit de la subordination des moyens caract ristique de l intelligence humaine th oriquement infinie est en fait limit e par le caract re fini des machines d ex cution Le probl me est r solu par la subdivision de toute activit et l origine de toute construction en unit s correspondant cette dimension soit module assimilable une seule centration et indicateurs entre modules et r seau d acc s comme fonctionnement d ensemble Bastien 1997 p 44 Le mod le de Bastien met l accent sur la contextualisation des connaissances tant au niveau de leur construction que de leur activation Cet aspect est pour nous tr s important car 1l oriente notre approche du savoir faire du Professionnel Exp riment Au niveau des m canismes d activation l auteur rappelle que nous ne r solvons pas les probl mes auxquels nous sommes confront s en raisonnant mais en faisant appel des connaissances m moris es ou d faut en appliquant des heuristiques diverses souvent d licates formaliser elles m mes d pendantes des connaissances ant rieures Bastien 1997 p 145 L auteur propose quelques vidences sur le r le de l activation L analogie dans la r solution de probl me et dans l acquisition de connaissances met l accent sur l activa
232. hase est celle de du decathexis du d lire stade ultime la conscience est ailleurs vers un nouveau projet Comme toute typologie ce mod le est aussi transposer avec prudence Les auteurs attirent notre attention sur le fait que ce travail est un processus en ce sens le mod le de Kubler Ross ne peut fournir que des points de rep re le travail de deuil est quant lui plus incertain plus variable dans la succession des phases dans la dur e et l intensit de chacune d elles On voit bien d ailleurs chez Linhart 2003 que toutes les personnes ayant v cu la m me rupture la m me perte d emploi la m me perte d identit professionnelle n ont pas toutes les m mes mani res de vivre l v nement Les unes rebondissent sur de nouveaux emplois de nouveaux projets les autres restent marqu es longtemps apr s certaines ne parviennent pas d passer cette perte Pour les auteurs cit s plus haut le travail de deuil est li l attachement de la personne L attachement est un besoin instinctif une pulsion vers la proximit qui existe chez tous les mammif res Ce lien ce flot d nergie se constitue trois niveaux sur le plan physique sur le plan psychologique ou motionnel sur le plan spirituel Lorsque cet attachement a lieu l nergie augmente l enthousiasme se cr e la joie appara t Dans la s paration on laisse partir alors que dans le d tachement on coupe l attachement
233. he nous conservons l id e que le Professionnel Exp riment dans la situation de transmission dans le syst me relationnel avec le Successeur est amen questionner expliciter mettre au jour ce qui fait son expertise mais qu il n est plus en mesure d exprimer directement La relation l Autre le conduit retrouver les r gles les principes le cheminement n cessaire 7 4 5 1 Un effort de formalisation et de planification En effet si l on suit Jorion 1991 et Deforge 1991 pour tre transmis le savoir faire du Professionnel Exp riment doit tre formalis au moins en mots et en gestes On peut supposer aussi que la n cessit de transmettre le savoir faire donne lieu des formalisations plus ou moins officielles valid es On peut aussi supposer que le Professionnel Exp riment utilise des formes de savoir d j existantes dans l entreprise sur les quelles il peut d velopper son action p dagogique Enfin comme nous l avons dit le savoir faire du Professionnel Exp riment est polymorphe il se distingue des formalisations existantes pour le dire comme Latour 1996 p 142 La carte n est pas le territoire On peut donc s attendre ce que des aspects non formalis s peut tre non formalisables demeurent non communicables Jorion 1991 nous pr cise aussi que la transmission suppose des articulations s quentielles entre argumentations explications suivant des logiques e
234. hologique sociologique Dans notre probl matique il semble pertinent de retenir des besoins de valeur sociale et des besoins li s ce que la psychanalyse appelle les pulsions Pour aborder les besoins de valeur sociale Mucchielli explore l influence du contexte socioculturel sur les besoins secondaires Il rep re dans un premier temps les diverses r actions de d fense qui lui permette de conclure un besoin de se valoriser de reconnaissance de se faire reconna tre Les r actions d fensives visent toutes annuler le risque de jugement ou la d valorisation subie par la connaissance des r sultats connus ou venir Tout ce passe comme s il y avait un besoin profond des individus de pr server leur valeur sociale Toutes ces tudes concourent donc 152 d montrer l existence d une motivation prot ger sa valeur sociale D autres psychologues ont t plus loin et ont postul un besoin de se valoriser ou de se faire reconna tre tout aussi fondamental que celui de prot ger sa valeur sociale Mucchielli 1996 p 41 L encore nous voyons l impact de la dimension sociale dont le Professionnel Exp riment est porteur d une part et laquelle il est soumis d autre part Le groupe socioprofessionnel l entreprise le service l quipe les pairs les hi rarchiques sont donc influents la fois sur des facteurs intrins ques et extrins ques de la moti
235. i les aspects socio culturels trouvent ici s exprimer en tant que gestualit culturelle on ne dit pas tous bonjour de la m me mani re La marche est culturellement marqu e et identifiable En clair le geste participe la communication joindre le geste la parole soit en soutien en redondance m me de ce qui est dit soit en tant que source autonome de signification Enfin nous relevons aussi chez Coste 1977 p 46 que Plus l acte fut r p t plus l attention est faible plus le projet moteur est spontan et involontaire plus le geste est automatique Il y a donc une automatisation du geste sans pour autant qu il perde du sens pour le sujet sans que l id alit du geste disparaisse Nous notons que l exp rience supposant un rapport cons quent l activit agit sur le sch ma corporel sur les r gulations qu assure la fonction tonique et de fait construit un geste professionnel qui s affine qui s ajuste au fil du temps Ces aptitudes psychomotrices sont pour une grande partie r sultante d un apprentissage Le corps se manifeste et participe dans l expression de ce savoir faire plusieurs niveaux au travers de gestes et d attitudes depuis une gestualit tr s op rationnelle jusqu une 115 communication non verbale Nous conservons le fait que dans son activit le sujet connaissant le Professionnel Exp riment a construit et reconstruit des connaissances donnant lie
236. i simple ni fig e Elle peut s orienter vers une relation dans laquelle l attachement et le rejet sont possibles Lerbet Sereni 1994 poursuit en consid rant la relation comme communication La relation est une possibilit de communication mais aussi et en m me temps la possibilit de non communicable Elle est communication mat rialis e par le verbe et d autres formes non verbales elle est aussi non communicable p 37 L encore il s agit d un paradoxe entre relation et s paration proximit et distance La relation est tension entre deux menaces celle de la solitude pour ne pas se confondre et la fusion pour chapper la mort deux modes de d fense pour chapper l angoisse de s paration La relation est aussi un engagement spatial et temporel dans la mesure o chacun est pr sent est l et avec autrui chacun accepte de lever le voile en partie seulement et s engage dans un futur qui permet la rencontre avec autrui C est aussi la dialectique du Je et du Tu dans laquelle chacun reconna t l alt rit de l Autre et le fait qu ils interagissent qu ils se nomment Je et Tu ils peuvent donc s engager dans une relation authentique entre deux ipseit s 79 6 3 3 Un syst me complexe relationnel dyadique paradoxal La relation est pr sent e comme structure mouvante et paradoxale Lerbet Sereni 1994 rappelle les deux paradoxes M me et Autre relation et s paration la circulation de
237. iale du corps et tablissant une relation entre les sensations per ues dans le corps coenesth sie et les repr sentations visuelles de celui ci Coste nous explique que le sch ma postural l origine du sch ma corporel n est pas une r alit statique mais essentiellement plastique en perp tuelle construction confront e aux aff rences sensorielles int rosceptives venues des visc res et propriosceptives des muscles et des articulations Sherrington Coste 1977 p 20 Plus loin l auteur nous pr cise que Ce sch ma s acquiert progressivement dans un processus actif d volution Coste 1977 p 21 L encore interviennent les notions de construction permanente d apprentissage et d volution avec l exp rience que nous avons voqu es plus haut Nous parlons de construction psychomotrice nous parlons de connaissance Nous relevons aussi que cette construction est aussi li e la relation aux autres 113 notre image du corps est donc bien le r sultat en grande partie de l exp rience v cue au travers des al as de la communication avec notre entourage Coste 1977 p 22 Sur le plan corporel l auteur commente l autre concept fondamental de la psychomotricit le tonus quant lui est propos comme un ph nom ne nerveux tr s complexe trame de tous les mouvements sans dispara tre dans l inaction il s investit tous les niveaux de la personnalit p
238. ication son analyse vise tayer des impressions des jugements conduisant des r sultats fiables Suivant Bardin nous orientons notre analyse de contenu vers l analyse th matique telle que Bardin 1998 la pr sente Nous d couperons le contenu en unit s de codage ou d enregistrement sur la base de la phrase comme unit de sens Si le texte pr sente 263 une ambigu t de sens nous prendrons en compte des unit s de contexte sup rieures l unit de codage et non prises en compte dans le d nombrement mais utiles pour la compr hension C est aussi ce qu on appelle l analyse cat gorielle les cat gories sont comme des rubriques significatives le chercheur d nombre la fr quence de pr sence ou absence d items de sens Le d coupage de la communication en cat gories doit suivre des r gles pour la validit de l analyse pour la recherche d objectivit que nous poursuivons n cesssaire aux comparaisons L analyse doit tre homog ne pas de m lange exhaustive tout le texte exclusive le m me l ment pas dans la m me cat gorie objective codeurs diff rents m me r sultats ad quate et pertinente adapt es au contenu et l objectif Bardin 1998 p 40 Une premi re lecture flottante permet de rep rer dans le texte les notions ou concepts voqu s dans notre probl matique Cette premi re lecture permet de concevoir une grille de cat
239. icule des motivations respectives parmi lesquelles nous avons relev la motivation filiale et la motivation l attachement La relation est aussi une communication inconsciente Postic 1998a p 237 habit e de transferts et de contre transferts Postic 1988a p 242 de positions respectives de p re et fils symboliques Nous pouvons imaginer l attachement mutuel r ciproque inh rent cette relation et moteur des apprentissages Toutefois Labelle 1996 p 187 nous pr cise que cet attachement se d robe son propre ach vement en ce sens que son terme lui chappe dans le secret du devenir de l autre que lui m me ignore La fin de la relation ducative s panouit paradoxalement dans le d tachement Nous pouvons faire ici un rapprochement avec la proposition de Lerbet S r ni 1994 voquant la relation fusionnelle Eros puis s par e Philia Nous avons vu avec Wallon 1970 que la relation fusionnelle est n cessaire la mod lisation l apprentissage par imitation mod lisation interactive Winnykamen 1990 Nous avons vu aussi que cette fusion cette mod lisation pr pare la s paration la socialit autonomisante Ceci am ne quelques r flexions En effet que deviennent les figures respectives de p re et fils symboliques de nos deux protagonistes Si l on suit la double proposition de Legendre d une part et de Levi Strauss d autre part nous raisonnons sur la filiation une forme
240. idactique des savoirs professionnels Au contraire les savoirs professionnels sont des r alit s complexes qui ne rel vent pas d une mod lisation analytique Raisky et Caillot 1996 p 51 Le Professionnel Exp riment a un rapport ces formes de savoirs Charlot 1997 Ce rapport est typiquement subjectif complexe puisqu il est de l ordre de l acc s ces savoirs formalis s de l int gration de l apprentissage donc de la r interpr tation Au niveau du Professionnel Exp riment le Savoir Faire est donc une manifestation dans l action d une connaissance construite Ce savoir faire se manifeste comme une capacit agir sur l environnement pist m et une capacit capter discriminer interpr ter l information dans l environnement En cela le savoir faire est un processus une interface dynamique entre le syst me cognitif qu est le Professionnel Exp riment et son environnement Il allie action et r flexion et appara t comme un continuum Joshua 1998 de formes de savoir une articulation ces savoirs entre eux et dans l action et la r flexion Malglaive 1990 Nous pourrions d s lors dire que le Savoir Faire du Professionnel Exp riment est un complexe de savoir Puisque le savoir faire est une interface entre la connaissance et l information l environnement il nous faut poursuivre notre d veloppement et aborder maintenant la connaissance 104 7 4 2
241. ident du Groupe Usinor Sacilor l empire sid rurgique et fleuron de l Industrie fran aise qui d s le d but des ann es 80 a montr l exemple en mati re de plans sociaux de d parts massifs en pr retraite et bien entendu de logique comp tence L homme m me s il est ministre n est pas un paradoxe pr s 3 1 4 3 L entreprise aujourd hui une synth se En synth se les d veloppements pr c dents nous ont permis de pr senter la grande entreprise comme r sultante d une histoire et d une volution L ancrage historique au mod le taylorien est encore visible l entreprise qualifiante est le paradigme majoritaire Nous avons tent de relever la fr quence et l ampleur des changements aux quels sont soumises les entreprises et la difficult qu elles ont pr voir et pr venir ces changements Parmi ces changements l approche d mographique nous a montr que les effectifs des grandes entreprises publiques et priv es ont une moyenne d ge lev e Le gel des recrutements dans les ann es 90 a aggrav le trou de g n ration La g n ration baby boom est sur le d part la r forme des retraites ne pourra au mieux que retarder un peu les d parts massifs Dans ces contextes nouveaux caract ris s par l incertitude la complexit les changements brusques la strat gie de l entreprise doit revoir ces concepts initiaux La 52 strat gie doit prendre en compte ses ressources mo
242. ie pour Altet l appellation de Professionnel Mais dire que le Professionnel Exp riment a int gr ces savoirs formalis s c est aussi dire qu il les a reconstruits qu il les a int gr s ainsi il les a transform s pour en faire son propre Remarque judicieuse de Y Abernot la lecture de ce document nous rendons C sar 103 savoir sa propre interpr tation et qu il les a r articul s enrichis au travers de son exp rience Par ailleurs ces formes de savoirs lui sont accessibles il sait les trouver les interpr ter les utiliser peut tre m me les transformer Pour le dire autrement les savoirs formalis s existent au sein de l entreprise ils sont identifiables rep rables car objectiv s Ces formalisations sont de diff rentes natures et renvoient tant des formalisations scientifiques des formalisations proc durales propres l entreprise ou secteur d activit Pour les didacticiens des disciplines les savoirs formalis s disciplinaires sont rep rables en tant que savoirs savants Joshua 1998 quitte prendre en compte leur transposition Chevallard 1991 dans l tude de ces savoirs Dans le monde professionnel les savoirs formalis s sont multiples et se r f rent de nombreuses disciplines Par ailleurs les savoirs ne sont pas tous formalis s et ceux qui sont formalis s ne sont pas tous des savoirs disciplinaires C est en substance ce que disent les tenants de la d
243. iens et les nouveaux Le novice prend en suite la place de celui qui l a tutor et forme son tour celui qui arrive La filiation partout dans l humanit est un difice normatif fond sur l imp ratif structural mis en uvre g n alogiquement de permutation symbolique des places l op ration symbolique qui commande la reproduction du statut subjectif travers les g n rations un p re est un fils qui c de sa place d enfant son propre enfant derri re cela il faut lire c der sa demande d enfant demande inconsciente inconditionnelle adress e ses propres parents son enfant lequel subjectivement peut ainsi avoir acc s au statut de fils Autrement dit entrer subjectivement dans la filiation ne va pas de soi cela suppose que les parents chacun pour son compte se soient dessaisis de leur propre demande inconsciente laquelle renvoie au statut de P re dans la famille d origine de chacun Legendre 1996 p 219 La filiation selon Legendre tend nous donner lire des liens de parent symboliques agissant de mani re non consciente au sein de l entreprise Le concept de filiation nous permet d envisager cette relation comme une relation entre un p re incarn par le Professionnel Exp riment et le fils qu est le Successeur La filiation peut tre aussi prolong e par les propositions de Ric ur En effet l auteur introduit la notion de reconnaissance et nota
244. if r sultant du d s quilibre Assimilation et accommodation sont deux p les fonctionnels indissociables L apprentissage r sulte de l adaptation la recherche d quilibre entre les deux processus dynamique par lequel le sujet reconstruit l objet la situation nouvelle qui provoque le d s quilibre C est ce qui caract rise la conceptualisation la prise de conscience et la compr hension du r el L quilibration s accompagne d une articulation croissante entre sch mes et entre sch mes et sous syst mes de sch me donnant lieu un quilibre entre des sch mes diff renci s et l ensemble qu ils constituent soit entre diff rentiation et int gration Piaget voque enfin l abstraction progressive comme un processus de construction de connaissances partir de l action abstraction tir e des actions mat rielles exerc es sur l objet sans conceptualisation puis l abstraction r fl chissante la conceptualisation port e sur les op rations effectu es prise de conscience de l action enrichie de nouveau concept enfin une abstraction des abstractions r fl chissantes une m ta abstraction Suivant les stades la conceptualisation est en retard sur l action aux premiers stades puis l influence de la conceptualisation sur l action anticipation de la compr hension sur l action 171 Dans cette approche l apprentissage pourrait tre expliqu par un mod le pig n
245. information et de savoir en particulier lorsque le probl me de la distance g ographique est pr gnant C est notamment le cas des entreprises multi sites En compl ment de ces syst mes d information des biblioth ques lectroniques GED des bases de donn es dites intelligentes articulent organisent mettent en lien des savoirs formels et informels recens s et formalis s Les travaux de Ermine et Chaillot 1995 1996a et b sont ce propos exemplaires Il existe de nombreuses applications informatiques d j commercialis es Prax 2000 en donne d ailleurs les principes 3 1 5 6 Modifier les th ories d action pour rendre les entreprises apprenantes L Entreprise Apprenante ne rejette pas les conceptions pr c dantes elles sont int gr es et d pass es car insuffisantes Parlier 1998 Si les comp tences individuelles et collectives sont n cessaires en tant que telles elles sont insuffisantes Il faut consid rer 4 in Prax 2000 p 56 56 leur coordination leur articulation leur combinaison dynamique et leurs volutions En prolongement de la typologie de travaux relatifs l apprentissage organisationnel Moingeon et Ramanantsoa 2000 mettent en perspective l ouvrage de Argyris 2000 Son ouvrage s inscrit en coh rence avec ses pr c dents travaux dans une vis e prescriptive et privil giant l acc s par l Individu La trame commune de ses travaux est de s attaquer au statut quo remet
246. interpersonnel comme condition sine qua non au d sir de transmission et de d apprentissage au d sir de construction de soi avec l autre Elle oriente aussi notre r flexion vers la motivation du Successeur que nous aborderons plus loin Enfin Mucchielli 1996 propose de consid rer les productions imaginaires comme expression de l affectivit cr ant des repr sentations imaginaires mythes et utopies dont l image de soi qui influence les conduites de l individu Cette image de soi conditionne nos attitudes face autrui face l action et l avenir Une repr sentation imaginaire renvoie un sch me moteur inn ou acquis reli lui m me une attitude posturale qui s actualise dans diff rents symboles Par del ces ph nom nes l imagination est m me con ue comme un lan vers les v ritables valeurs humaines comme une th ophanie Mucchielli 1996 p 103 A ces productions imaginaires l auteur ajoute les aspirations qui mergent dans le contexte porteuses de repr sentations plus ou moins conscientes et r fl chies sur 160 lavenir Il propose de prendre en compte l intentionnalit li e au temps la projection comme facteurs agissant sur la motivation Implications au travail niveau d aspiration productions imaginaires projets intentions cadrage de la situation sont autant de processus complexes qui s appuyant sur des traces motivationnelles biol
247. interview sont relatives puisque le champ des questions est d limit par avance l entretien est guid un guide d entretien est labor N anmoins il ne peut s agir d un entretien directif une libert n cessaire l expression du cadre perceptif doit tre pr serv e Ceci impose de la part de l interviewer une attitude emphatique une compr hension un respect de la personne interview e Blanchet 1998 pr cise que l entretien n est pas exempt de travers il est pour partie co construit par l interview et l interviewer l entretien de recherche est soumis plusieurs influences Tout d abord celle de la situation respective des protagonistes incluant leur rapport au pouvoir et au langage Dans notre cas 1l ne peut y avoir de rapport de pouvoir explicite puisque nous n appartenons pas l entreprise Quant aux rapports implicites de pouvoir et aux rapports au langage il nous appartiendra d adopter amp Nous joignons en annexe 3 les guides d entretiens relatifs aux Experts et aux Successeurs pour les entretiens E1 E2 E3 257 l attitude emphatique la compr hension et le respect de la personne interview e que pr conise Grawitz L influence du contrat de communication inclue les savoirs partag s implicites et explicites des interlocuteurs sur les enjeux et les objectifs d ailleurs ren gociables ceci implique l tablissement d un contrat initial Par ailleurs les r actions n gatives ou m canismes de
248. ion University of Illinois Press Urbana Anecdote relat e par Jean Jacques Bonniol lors d une conf rence en 1997 Cette image semble t il a t utilis e par un ministre qui joignant le geste la parole versa une partie de l eau cot du verre 70 Il s agira sans doute d tudier la relation sous l angle de la communication celle ci tant fortement influenc e par d autres aspects qu il faut tenter d lucider Nous ne pouvons pas adopter cette mod lisation 6 2 Une figure triangulaire Une figure triangulaire compl te la premi re approche et fait appara tre avec les deux interlocuteurs un troisi me terme le savoir Houssaye 2000 propose de consid rer la situation p dagogique comme un triangle p dagogique fait de trois p les l Enseignant le Savoir et l l ve ou les l ves entre lesquels des processus sont l uvre Ce mod le largement utilis depuis a t repris par les p dagogues et les didacticiens Il est int ressant de noter que Houssaye propose de consid rer au travers de son mod le les types de p dagogie privil giant des relations deux deux le troisi me terme faisant alors figure de fou ou de mort Bien que cette mod lisation apparaisse comme pratique elle nous para t l aussi quelque peu simplifiante En effet cette vision ne rend pas compte de la dynamique relationnelle n1 de l influence de l environnement sur la situation p dagogique el
249. ion par l entreprise du budget de formation impos par la loi de 1971 loi dite Delors qui jusque l n avait eu que peu d effet Nous reviendrons sur ce point Le compagnonnage la transmission de savoir faire qui jusque l taient certes tacites mais l uvre aussi dans la grande entreprise perd du terrain peu peu au profit de parcours de formation de plus en plus formalis s La logique des dipl mes sanctionnant des parcours de formation professionnelle gagne du terrain 3 1 1 4 Les ann es 90 la r cession Le d but des ann es 90 apporte au monde de l entreprise son lot de nouveaux bouleversements La crise conomique de 1992 marque une nouvelle fracture dans la dynamique engag e et mise en uvre la fin des ann es 70 et au d but des ann es 80 Et avec elle les volutions du contexte politique le march commun la premi re guerre du Golf de 1992 Ces nouvelles contraintes ont un impact sur le contexte conomique et donc sur les entreprises leurs march s et leurs orientations Il est de nouveau question de recherche d un gain de productivit Les ann es 80 ont d j montr qu une des variables d ajustement est la masse salariale Les r organisations regroupements et conomies d chelle les recours la sous traitance les plans sociaux s intensifient Commencent alors ce que nous pourrions appeler les ann es ch mage Bien entendu on ne peut pas passer sous silen
250. ion progressive dans ce rapport l activit Ainsi l individu construit sa propre exp rience en faisant en essayant en se trompant en cherchant en ajustant et en m morisant cette m morisation tant discriminante Les connaissances se construisent partir de celles d j l Dans le m me courant Malglaive 1990 propose ainsi de consid rer que les savoirs pratiques dans l action permettent d acc der par le biais d une formalisation aux savoirs proc duraux puis aux savoirs th oriques L articulation th orie pratique se fait par et dans l action Sa proposition est ainsi d articuler une p dagogie l envers partant du v cu de la pratique pour acc der au savoir formalis th orique Ce processus d int gration ne peut pas tre assimil une absorption passive il suppose la mise en acte le faire voire le transfert c est dire la mise en uvre dans des situations diff rentes d placement et transformation Il nous semble que les apports de Aumont et Mesnier 1992 et de Malglaive 1990 sont rapprocher des propositions faites Dewey 1947 et par Kolb 1984 s agissant d apprentissage exp rientiel et voqu plus haut pour le Professionnel Exp riment Nous retrouvons en effet la construction de connaissance dans l articulation de la pratique et de la th orie de l action et de la r flexion Nous retrouvons l aussi des processus qui s articulent se combinent et l
251. ionnel Exp riment comme un Expert Etymologiquement l Expert est celui qui porte l exp rience et ce titre la d finition pourrait convenir notre probl matique N anmoins le terme d expert est souvent connot dans le langage usuel et particuli rement dans le monde de l entreprise Le terme Expert est ambigu dans la mesure o il sous tend l id e d expertise unique reconnue l Expert est ainsi per u comme l individu seul porteur d une connaissance rare et pr cieuse incontestable et indiscutable bref l Expert est celui qui dit le vrai 136 Or les d bats contradictoires entre experts sont l gions ainsi l actualit nous montre quotidiennement des d bats fournis entre experts lors de proc s m diatis s Dans cette acception il nous semble qu il s agit d une posture d expert ou d une imposture comme nous l explique Ardoino 1990 Ardoino 1990 d finit l Expert comme un sp cialiste reconnu comme tel auquel un commanditaire fait appel pour r soudre un probl me un cas particulier L Expert utilise sa connaissance acquise dans un domaine pr cis et offre une forme de garantie puisque investi d une autorit de comp tence L auteur met l accent sur les deux volets de cette expertise l un est technique l autre juridique Cette derni re notion la comp tence doit d ailleurs tre elle m me comprise selon deux acceptions l une technique con
252. ions des s quences rep r es de SI S10 Les s quences d observation seront r parties dans le temps de la relation de transmission Elles seront enregistr es au camescope et analys es ult rieurement L analyse des fr quences d apparitions des variables pendant les s quences enregistr es mettra en vidence 255 l volution de la relation entre les deux acteurs Il nous faudra pr ciser plus loin dans la description de nos grilles d analyse les variables que nous auront retenues Nous l avons dit plus haut nous souhaitons mettre en vidence l volution de la relation or pour qu une comparaison soit possible une unit de temps doit tre d finie commune toutes les s quences Nous prenons en compte les pr conisations de Masonnat 1998 et les remarques pos es par Altet 1994 et souhaitons limiter les effets de l observation sur les observ s Nous enregistrerons des s quences d une heure environ et l analyse portera sur les 30 derni res minutes Ainsi le sentiment d tre observ voire les r sistances possibles d crites par Altet 1994 s estomperont avec l accoutumance la pr sence de la cam ra Par ailleurs ce d lai permettra la relation de s installer le biais que pourraient g n rer les phases de d marrage et de mise en route sera ainsi hors de la p riode d analyse Cette pr caution tant g n ralis e toutes les s quences elles seront toutes analys es suivant le m me princ
253. ipe sur une dur e d analyse de 30 minutes L enregistrement des s quences de m me dur e film es puis analys es permettra d identifier l volution dans le temps des pr sences respectives de ces fonctions en regard de l apprentissage du Successeur Nous chercherons aussi identifier le moment d affranchissement la rupture en vue de l autonomisation propos e par Postic 1988 la s paration Lerbet S r ni 1994 au cours de ces interactions 12 1 6 Les entretiens Pour confirmer ou infirmer la r ciprocit de la relation nous souhaitons rendre compte de l volution des perceptions respectives de la reconnaissance mutuelle des acteurs partir du discours de chacun des attributions lautre qu ils formulent Pour ce faire nous envisageons de recueillir aupr s de chacun des acteurs des traces significatives de l volution des repr sentations de la transmission Nous souhaitons conduire ainsi pour chaque dyade et avec chaque acteur un entretien en d but de transmission E1 sur la repr sentation graphique et un entretien en fin de transmission E2 sur la repr sentation graphique nous souhaitons aussi mener une s rie d entretiens compl mentaires apr s un d lai suffisant plus de six mois au del de la transmission E3 sur la repr sentation graphique 256 Pour pr ciser ce que nous entendons par entretiens nous nous r f rons d une part Grawitz 1996 et d autre part Blanchet 1998 Blanch
254. ique nous avait conduit positionner notre probl matique dans une pist mologie constructiviste dont Bachelard et Piaget apparaissent comme fondateurs Le Moigne 1995 p 66 88 Les travaux de Piaget sont incontournables Dans ce courant les connaissances ne sont ni transmises ni initi es par des sensations elles sont construites par l individu par l interm diaire des actions qu il accomplit sur les objets Ces actions int rioris es constituent des sch mes organis s en structures op ratoires Piaget 1975 propose un mod le structuraliste une organisation structurale de sch mes de pens e et d action construits et d velopp s pendant l enfance et l adolescence suivant un long processus de maturation endog ne Par ailleurs une structure hi rarchis e de concepts de cat gories de niveau d abstraction croissante est activ e par inf rence Ces concepts sont organis s en structure d informations stables et m moris es Bastien 1997 nous en donne une vision plus explicite les cat gories sont constitu es par un ensemble d informations stables et bien structur es en l occurrence un ensemble de propri t s qui sont conjointement suffisantes et individuellement n cessaires pour d terminer l appartenance ou non d un l ment cette cat gorie Bastien 1997 p 22 Piaget 1975 privil gie le r le du sujet suivant 4 facteurs l h r dit jusqu la maturation le milieu physique
255. iques nous le verrons plus loin De fait les variantes de compagnonnage sont nombreuses dans la pratique dans la forme et dans l appellation Pour exemple on trouve chez Benabou 1995 des termes comme Coaching Mentorat Tutorat Accompagnement aux quels l auteur attribue des activit s d apprentissage dans une interaction entre l accompagnateur et le prot g Pour les rep rer l auteur propose deux axes l un orient r flexion d un cot et action de l autre l autre axe est orient directivit et non directivit Benabou r partit les formes de compagnonnage dans les quatre quadrans ainsi obtenus Cette repr sentation nous confirme que diff rentes formes de compagnonnage existent donnant la priorit la r flexion ou l action dans une relation plus ou moins directive Toutes ces formes quelle que soit la priorit et le mode de relation agissant d signent des pratiques diff rentes tacites ou formalis es qui se r f rent de pr s ou de loin au compagnonnage des Compagnons du Devoir Ce d tour par quelques exemples nous a conduit de proche en proche voquer des relations dans lesquelles il se transmet quelque chose d un individu l autre et ce jusque dans un cadre professionnel Nous avons volontairement diversifi les domaines techniques artistiques sportifs car nous pensons que cette transmission est g n rique transversale
256. ire 1l requiert un code en partie au moins commun l encodeur et au d codeur il requiert un contact tablir et maintenir la communication chacun de ces facteurs donne naissance une fonction linguistique diff rente aspects fondamentaux un message remplirait difficilement une seule fonction la diff rence tient la hi rarchie entre celles ci fonction pr dominante que le linguiste doit prendre en compte m me si la fonction r f rentielle d notative cognitive ou conative est la t che dominante Facteurs Fonctions Contexte R f rentielle Destinateur Message Destinataire Emotive Po tique Conative Contact Phatique Code M talinguistique Jacobson 1963 d finit en effet six fonctions pr sentes des degr s divers dans tout acte de communication La fonction phatique sert entrer en contact Allo elle vise tablir et entretenir un contact avec les interlocuteurs une injonction suscitant l attention l int r t l attractivit la reconnaissance La fonction expressive est celle par laquelle je me place du point de vue de l metteur en parlant exclamatif par exemple Quelle joie Elle vise exprimer aux interlocuteurs l identit la personnalit les valeurs ceci pour garantir identifier et authentifier La fonction r f rentielle me place du point de vue du contexte le XX me si cle va commencer elle signifie la capacit informer d livrer de l
257. ire faire invitant l exp rimentation directe il peut enfin puis laisser faire invitant l exp rimentation directe et la conceptualisation abstraite lors de r gulation a priori ou a posteriori Ce type d pisodes est sans doute rep rable dans notre situation pour une bonne partie de la transmission Nous rapprochons aussi ce type d pisodes des inter actions et des co actions pos es par Lerbet S r ni 1994 1997 o Je et Tu sont en relation paradoxale Mais en m me temps le paradoxe de fusion s paration n est pas d pass Nous pouvons tre l dans une relation de d pendance rejet le Nous Par ailleurs il nous semble utile de revenir plus loin sur place de la r solution de probl mes simul s transposition des situations r elles ou directement en prise avec celles ci Nous voyons l un rapprochement possible avec ce que Galatanu 1998 p 111 appelle exercices ou manipulation des savoirs Les pisodes adaptateurs refl tent ici la r ciprocit de la relation ils sont centr s sur l apprenant personnalis s et se caract risent par un mode d ajustement interactif Le mode de communication est de type adaptatif l attitude de l enseignant est le m diateur le guide la personne ressource Les activit s p dagogiques vari es sont centr es sur l activit de l apprenant et des rem diations personnalis es Ce type d pisodes est rapprocher de la p dagogie de projet p
258. ire souple L enseignant guide l apprenant dans son activit et accepte aussi d tre guid par lui en accepte les initiatives les propositions La relation est centr e sur l activit laquelle chacun contribue c est une relation r ciproque L auteur pr cise que la relation est sur le mode int gratif que l on peut rapprocher des m thodes dites actives favorisant les changes venant des apprenants pouvant tre majoritaires L activit des l ves sont dans un syst me d apprentissage expression production mettant en uvre des op rations informatives et formatives productrices Altet 1994 p 84 Les pisodes adaptateurs refl tent ici la r ciprocit de la relation ils sont centr s sur l apprenant personnalis s et se caract risent par un mode d ajustement interactif Le mode de communication est de type adaptatif l attitude de l enseignant est le m diateur le guide la personne ressource Les activit s p dagogiques vari es sont centr es sur l activit de l apprenant et des rem diations personnalis es La communication sur les strat gies et tactiques les types d actes p dagogiques et l attitude de l enseignant Ce type d pisodes est rapprocher de la p dagogie de projet privil giant la strat gie d apprentissage de l apprenant par adaptation de l enseignant L auteur voque une r gulation interactive Le mode de communication est dit de compr hension adaptation L
259. isins Benjamin 1991 propose en particulier la transmission orale de l exp rience dans un texte intitul Le narrateur La position du narrateur d crite par Benjamin nous semble correspondre un mode de communication possible voire probable qui permet la transmission du savoir faire tel que nous l avons pr sent c est dire incluant les repr sentations les valeurs le savoir tre et bien s r le savoir et les pratiques professionnelles Ce mode de transmission renoue avec la tradition orale dont le compagnonnage est le t moignage encore vivant Ce que le narrateur raconte il le tient de l exp rience de la sienne propre ou d une exp rience communiqu e Et son tour il en fait l exp rience de ceux qui coutent son histoire Benjamin 1991 p 209 Ainsi donc le narrateur communique son exp rience et donc son savoir faire par voie orale tout en pr servant les aspects relationnels Mais cette modalit nous semble aussi pertinente pour ce qu elle porte comme type de relation affective que nous rapprochons de la relation fusionnelle pr c demment voqu e Le narrateur devient alors celui aupr s de qui on aime se r fugier fraternellement et retrouver la mesure l chelle des sentiments et des faits humains normaux Benjamin 1991 p 207 215 Le narrateur peut aussi avoir la posture du conseil dont la cr dibilit repose sur la richesse du v cu qu il soit prof
260. ission moment o le Successeur n a pas les moyens d agir de r agir en revanche le Professionnel Exp riment expose explique et se raconte Benjamin 1991 C est sans doute aussi une p riode pendant laquelle le Professionnel Exp riment commence l explicitation du savoir faire ou s il l a commenc e pendant la p riode de planification Tochon 1993 il l a poursuit Les pisodes m diateurs ces pisodes se caract risent par une grande vari t d changes dans laquelle l enseignant sollicite l activit de l apprenant notamment par des mises en situation ou des r solutions de probl mes Les interactions multiples pr sentent des sollicitations des questions r ponses des renforcements des explications La relation est qualifi e de compl mentaire souple L enseignant guide l apprenant dans son activit au sens de Bruner et accepte aussi d tre guid par lui en accepte les initiatives les propositions La relation est centr e sur l activit laquelle chacun contribue c est une relation r ciproque L auteur pr cise que la relation est sur le mode int gratif Altet 1994 p 83 que l on peut rapprocher des m thodes dites actives favorisant les changes venant des apprenants pouvant tre majoritaires Les l ves sont dans un syst me d apprentissage expression production mettant en uvre des op rations informatives et formatives productrices p 84
261. it des emplois Pour autant on apprend aussi et surtout son m tier sur le tas des formes de compagnonnage plus ou moins institutionnalis es sont l uvre inspir es du monde artisanal et bas es sur des alliances et collaborations tacites Crozier et Freidberg 1977 Chevallier et Chiva 1991 des formes de solidarit s locales des cooptations Les p riodes de compagnonnage sont tr s longues il est coutumier de dire qu cette poque dans la sid rurgie 1l faut une dizaine d ann es pour faire un haut fourniste La formation professionnelle continue n existe qu la marge confidentielle l initiative personnelle du salari La loi dite Delors n appara tra que plus tard en 1971 mais elle ne sera suivie des r elles pratiques de Formation qu la fin des ann es 70 Nous reviendrons sur ce point 3 1 1 3 Les ann es 80 la fin des 30 glorieuses Mais comme nous l avons d j remarqu l volution de l entreprise est indissociablement li e aux grandes volutions tant sociales que politiques conomiques ou techniques Le Centre des Jeunes Dirigeant retrace les volutions de la soci t et des entreprises de 1938 1988 A partir de 1968 des bouleversements sociaux se 1 C J D 1988 50 ans qui ont chang l entreprise Communica International 32 profilent Le temps de travail hebdomadaire passe de 48 40 heures puis les v nements de mai 1968 remettent en ques
262. it s leurs march s leur style de management Il semble difficile de pointer des pratiques communes N anmoins Meignant 1986 nous propose une typologie de 4 paradigmes significatifs de cette diversit de pratiques Paradigme 1 Formation Imp t la formation est ici per ue comme une contrainte une taxe obligatoire la motivation est donc de r pondre aux besoins individuels et d tre en conformit avec la loi Paradigme 2 Formation Pactole la formation est alors per ue non seulement comme une taxe obligatoire mais aussi comme une possibilit de subventions le but est alors de r pondre aux probl mes court terme et de saisir les opportunit s d aides publiques Paradigme 3 Formation S curit la formation est alors une d pense sociale un moyen de servir une politique sociale soucieuse de r guler de pr venir des conflits sociaux d acheter une paix sociale Paradigme 4 Formation D veloppement l la formation est l gitim e par la strat gie de l entreprise et en ce sens elle est un investissement un levier de management servant l efficacit collective Loi du 18 d cembre 2001 promulgu e le 17 janvier 2002 41 L ordre m me dans lequel ces paradigmes sont pr sent s met en vidence une volution de pratiques vers plus d int gration de la formation dans une dimension strat gique Il y aurait sans doute un rapprochement possible entre cette typologie et l approche histori
263. it il apprendre une partie d finie par les attendus du poste une partie sp cifique et d termin e ou tout ce qu il peut r cup rer de l exp rience du Professionnel Exp riment Comment est valu e et par qui l acquisition des connaissances comment sont pris en compte et r gul s tous les aspects influents sur la transmission Nous pourrions multiplier ainsi les questions auxquelles l entreprise doit r pondre dans le cadre de ce m ta contrat Comment exclure l valuation contr le du syst me relationnel que nous tudions L entreprise nous l avons dit est agissante aussi dans la reconnaissance des qualifications des statuts des comp tences Cette reconnaissance peut faire l objet d valuation contr le Nous pensons donc que si la relation Professionnel Exp riment Successeur est travers e par 203 des valuations r gulations des transactions des n gociations entre les deux acteurs elle est aussi travers e habit e de normes que porte le Tiers exclu qui agit comme principe organisateur un valuateur peut tre m me un contr leur Mais au del de ces m diations op rationnelles nous avons pr cis plus haut que l entreprise par ses interventions agit comme facteur extrins que de la motivation tout particuli rement sur la reconnaissance et l image de soi de l un et de l autre L entreprise peut formaliser la l gitimit de la transmission par la reconnaissance du
264. ites Pour reprendre les termes de Lerbet S r ni il y a des possibilit s de communication et de l incommunicable Nous pensons que cette diversit de formes possibles est d autant plus vive que le savoir faire du Professionnel Exp riment poss de de nombreuses dimensions il est polymorphe comme nous l avons dit plus haut La relation comme communication est aussi change de repr sentations dans la mesure o ces repr sentations interm diaires entre v cu activit s sensori motrices et con u activit s op ratoires circulent Non seulement elles interviennent comme une grille de lecture commune du monde c est le syst me de repr sentations ou repr sentations collectives a minima qui permet l change mais elles permettent aussi chacun de leur donner un sens en soi de modifier ses repr sentations propres d agir sur elles La communication devient alors un jeu d inf rences construites C est ainsi que Lerbet S r ni 1994 en vient proposer le tiers inclus de la relation comme l absolu de la dyade comme auto r f rence pour le syst me relationnel et co r f rence pour les membres du couple p 98 Le syst me relationnel dans la circularit permanente dans l change entre les deux par l un et l autre est auto 197 producteur d un monde commun p 101 non pas d termin mais construire ensemble dans cette relation paradoxale Pour autant on n
265. jectives c est aussi le monde de la cognition des processus cognitifs de la construction et production de connaissance Si la premi re acception faisait du savoir une connaissance objectiv e la seconde acception renvoie une connaissance individuelle faite de composantes identitaires indissociables faites tout la fois d motions de croyances de repr sentations d attitudes 7 4 1 2 Le Savoir faire du Professionnel Exp riment Si nous consid rons le savoir faire comme un degr interm diaire d int gration entre Informations et Connaissances Legroux Lerbet le savoir faire du Professionnel Exp riment que nous tentons d voquer est plut t un savoir comme processus cognitif comme rapport au monde et aux exp riences subjectives Nous avons d ailleurs pr c demment essay d voquer l exp rience comme source de construction de connaissance articulant r flexion et action Le Savoir Faire est un savoir et r ciproquement Pour autant faut il occulter l autre acception Le Professionnel Exp riment volue dans une entreprise dans laquelle des savoirs formalis s existent ils sont constitutifs de son environnement direct et agissent en temps que r f rences normes r gles proc dures abaques Le Professionnel Exp riment a int gr ces savoirs formalis s au travers de sa professionnalisation de son exp rience de la formation continue C est d ailleurs ce qui justif
266. jet au r el ce dernier ne livre que ce que le sujet peut en appr hender La connaissance produite n est pas subjective elle est commune tous les hommes et r sulte d une construction du sujet connaissant 65 Le XIX me si cle voit avec Hegel la ph nom nologie de l esprit caract risant le mouvement par lequel l esprit se produit dans ses manifestations par et pour la conscience l esprit se r approprie ses manifestations et se constitue en Etre Absolu Par ailleurs cette poque est aussi celle du romantisme avec Husserl puis plus tard Bergson pour qui l exp rience est premi re pr c dant tout jugement l acc s de la conscience au r el est imm diat par l intuition On le voit ce rapide r sum loin d tre exhaustif montre que les conceptions de la conscience de la connaissance et par extension de la connaissance scientifique ont largement volu Aussi l pist mologie en tant qu tude de la science et tude des processus de production de connaissances est aussi appel e la philosophie des sciences puisque tymologiquement pist m est le savoir rationnel pour Platon Avec la recherche de g n ralisation des connaissances produites l objectivit et la v rificabilit ont occup pendant longtemps le discours de la science moderne notamment celui des positivistes comme Auguste Comte et Emile Durkheim Le rationalisme de Descartes nous l avons dit a fortement marqu
267. l activit peut poursuivre deux objectifs l un tourn vers ext rieur l autre tourn sur l activit elle m me sur soi m me C est dans ce d veloppement que Wallon consid re l activit motrice et sensorielle comme facteur indispensable d accommodation de soutien et de pr paration Wallon 1970 p 233 Elle est pour l auteur la premi re forme de conscience subjective rendant possible un accord minimum entre soi et l autre Dans cette relation l autre Wallon commente la place de l imitation L imitation est un processus qui permet l ajustement de sch mes jusqu des repr sentations En fait limitation pour Wallon est un processus g n ralis dont l homme se sert dans son activit d abstraction En fait pour Wallon le geste comme la parole est imm diat L une et l autre servent aussi entretenir vivifier le rapport l autre Le mot comme le geste peut avoir un double but provoquer une modification du monde ext rieur en y suscitant une action faire retenir en soi le monde ext rieur par une sorte de mim tisme plastique Wallon 1970 p 237 L auteur conclue son ouvrage en rep rant deux formes d intelligence intelligence discursive op rant sur la repr sentation et les symboles et intelligence des situations op rant sur le plan sensori moteur supposent toutes deux un rapport l espace Mais de lacte moteur la repr sentation il y a eu transposi
268. l celui de l entreprise pour peu qu elle engage ce type de transmission Nous nous contenterons de pr lever une s rie de 10 s quences de chaque dyade et analyserons les observables que notre grille de lecture nous permettra de pr lever Notre m thode comportera aussi des entretiens que nous m nerons avec chacun des acteurs et que nous analyserons l aussi avec une grille labor e partir de notre probl matique A noter que ce contrat est formalis par une convention de stage officialisant notre position d observateur dans l entreprise voir annexe 1 254 Il s agit d articuler entretiens et observations pour rendre compte des volutions de la relation et des volutions des acteurs pour chaque dyade L articulation des observations et des entretiens et les grilles d analyse devront tre communes toutes les dyades observ es pour permettre des analyses group es et des comparaisons ult rieures 12 1 4 L articulation de l observation et des entretiens Il convient maintenant de d crire comment les deux types d action se compl tent quelle mise en lien nous envisageons Nous dirons tout d abord que l une et l autre des approches doivent nous donner la possibilit de faire tat d une volution dans le temps au fur et mesure de l avancement de la transmission La liaison entre les deux approches se fera donc en fonction du temps rep r dans la transmission Une premi re articulation
269. la notion de globalit La notion de globalit intervient pour souligner qu il est plus efficace d apprendre une t che dans son ensemble ou selon un d coupage tel que les parties retenues forment un tout plut t que par petites parties ne formant pas en elles m mes des unit s coh rentes D o l importance du d coupage de la mati re pour en faciliter la m morisation ce qui suppose d abord une vue d ensemble puis une reprise successive des diff rentes parties Berbaum 1984 p57 Abernot 1993 p 135 nous pr cise cependant que la m moire n est pas un entrep t le sujet recr e ce qui est retenu se d forme se rattache un grand nombre d unit s Dans l activit de m morisation il y a construction reconstruction s lection transformation 119 Donnadieu Genthon et Vial 1998 nous disent que ce courant est aussi rapprocher d une lecture biologique des sciences cognitives courant que nous avons appel plus haut connexionnisme Nous l avons dit plus haut les travaux de Piaget sont incontourbables cependant ils ne nous clairent que partiellement Bien entendu nous ne retiendrons pas la notion de stades de d veloppement dans notre probl matique les acteurs sont adultes professionnels Pour le dire comme Malglaive 1990 nous pensons que l approche piag tienne ne nous dit rien des adultes qui sont les sujets de notre recherche Par ailleurs Piaget consid re l
270. la science moderne pr f re aborder la complexit du r el et construit son objet produit d une observation d velopp e en regard d un cadre conceptuel lui aussi complexe l observation pas plus que l exp rimentation ne peut pr tendre l objectivit Ainsi Bachelard 1987 p 16 invite privil gier l observation du r el complexe L observation scientifique est toujours pol mique elle confirme ou infirme une th se ant rieure un sch ma pr alable un plan d observation elle montre en d montrant elle hi rarchise les apparences elle transcende l imm diat elle reconstruit le r el apr s avoir reconstruit ses sch mas Conscient des biais possibles de l intersubjectivit inh rente notre d marche nous tenterons de justifier notre d marche d objectivation Nous suivrons les recommandations de Massonat lorsqu il rejette la volont pratiquer une observation objective et qu il insiste sur les pratiques d observation et la constitution des grilles Si nous pensons que notre observation est plut t fortement structur e puisqu elle repose sur notre probl matisation th orique nous nous contenterons de dire comme l auteur Nous proc derons en fait des tentatives de r duction objectivantes qui valent ce que valent nos formulations des probl mes et nos capacit s bien les traduire en cat gories Massonat 1998 p 61 A partir de ces pr alables nous poursuivons not
271. la th oriser Comme l exp rimentation l observation r pond au souci d objectivit mais l observation ne cherche pas prouver une causalit L observation tente prendre en compte le r el tel qu il se pr sente dans sa complexit Massonat 1998 propose une d finition de l observation compl tant de 248 son point de vue les diverses d finitions existantes depuis le Littr jusqu la litt rature contemporaine En r sum l observation est un mode d laboration des connaissances partir de probl mes directement observables ou non des fins de culture de formation professionnelle et de recherche L observation syst matique se fait partir d un contact direct ou film avec des situations qui permettent l tude de probl mes pr alablement explicit s L observateur construit seul ou en groupe des significations de plus en plus labor es partir d une s lection d informations par la vue et l coute Les diff rentes op rations de s lection et de traitement mobilis es tout au long de l acte d observation sont fortement infl chies par le degr de pr cision du probl me tudi ces op rations sont sollicit es galement par les cadres d analyse ant rieurs de l observateur par ceux qui sont requis directement et enfin par le dispositif construit pour produire des donn es Tout ce travail se concr tise dans une description vis e explicative ou compr hensive communiqu e d
272. laquelle le p re engage sa projection son d sir d ternit sa pulsion de vie ou de survie Une fa on tr s simple de dire les choses est que l image dite paternelle condition que la fonction soit l uvre s accommode de mille exemplaires concrets ou symboliques d objets p re hommes de la parent de l entourage social ma tres vivants ou ma tres penser diss min s dans les si cles Legendre 1996 p 60 Suivant cet auteur la filiation est abord e comme m canisme central g n rationnel dans la construction du psychisme de l individu La filiation a pour horizon la survie la vie l expansion et la mort dans l esp ce pour modalit s les techniques invent es et r invent es de la reproduction des fils fils de l un et de l autre sexe selon la formule du juridisme latin pour ressort en chaque homme le d sir et sa spirale ind finie Legendre 1996 p 187 L auteur tend sa conception de la filiation elle est un fondement dans la construction m me de l humanit une reproduction une identification aux images fondatrices 158 Legendre 1996 p 200 En fait l humanit repose sur un m canisme de permutation symbolique des places la base de la reproduction symbolique des g n rations De notre point de vue nous pouvons transposer ce m canisme de permutation symbolique dans l entreprise en particulier dans ce lien g n rationnel entre les Anc
273. lation Professionnel Exp riment Successeur a t abord e sous l angle d un processus communicationnel supposant la r ciprocit des changes Si la transmission de Savoir Faire a pour but affich l apprentissage par le Successeur de quelque chose de l exp rience du Professionnel Exp riment on peut s attendre ce que cette relation transforme l un et l autre des acteurs Dans notre d veloppement nous avons consid r le Successeur comme apprenant dans la relation au Professionnel Exp riment Nous avons consid r cette situation d apprentissage sous langle de limitation mod lisation interactive que propose Winnykamen 1990 ainsi la dyade Professionnel exp riment Successeur comme voluant de dissym trique faiblement dissym trique voire sym trique En suivant Labelle le Professionnel Exp riment apprend aussi dans cette relation L auteur propose des apprentissages possibles par lesquels l ducateur tire de l duqu un b n fice ducatif pour lui m me Labelle 1996 p 145 Nous retrouvons aussi ce que nous avons d velopp pr c demment En effet nous avons consid r l explicitation du savoir faire Vermerch 1996 par la mise en mots et en geste par une action circulaire du langage et du geste sur les repr sentations Vygotski 1985 Wallon 1970 Nous avons vu aussi comment l Expert charg d expliciter puis de planifier son savoir faire et enfin de question
274. lativit des normes et un choix d lib r parmi les valeurs Postic 1988a p 159 Ce processus dialectique de d pendance autonomie peut nous semble t il tre rapproch du paradoxe fusion s paration de la relation rep r par Lerbet S r ni 1994 Nous 211 avons vu plus haut que pour cet auteur la relation s auto eco organise dans une modalit fusionnelle Eros qu elle sch matise par 1 1 1 ou dans une modalit de s paration Philia sch matis par 1 1 2 L auteur proposait aussi une modalit Agap paradoxale articulant les deux modalit s pr c dentes antagonistes et sch matis e par 1 1 3 Dans un autre registre nous avons aussi rapproch cette volution de la relation entre fusion et s paration avec l vocation des relations Ma tre Disciples de Steiner 2003 Un premier commentaire pourrait tre apport ici Nous avons voqu avec Winnykamen 1990 l apprentissage du Successeur par imitation mod lisation interactive Nous avons vu que la place de l imitation active tait d j pr sente chez Wallon 1970 Or Wallon d veloppe l imitation sous de nombreux angles nous dit L imitation s inscrit entre deux termes contraires fusion ali nation de soi dans la chose ou participation l objet et d doublement de l acte ex cuter d avec le mod le Wallon 1970 p 144 Mais plus loin l auteur nous dit Du moment qu il s oppose le mod le comme qu
275. le mod le pr sent donne lieu une reconstitution mentale un mod le int rioris La reproduction d pend des sch mes comportementaux disponibles Les savoir faire acquis b n ficient la fois de l observation du mod le et d une autocorrection par l cart que le sujet peut saisir entre le mod le int rioris et la production comportementale Ainsi le mod le permet il une approximation am lior e par l observation de l cart entre effets attendus et effets observ s Il ne s agit pas d une r ponse un stimulus comme pourrait le proposer le b haviorisme mais d une interpr tation d une reconstruction Bandura 1980 p 38 affirme cette distance avec le b haviorisme en pr cisant qu il ne s agit pas d un stimulus d clenchant et d un stimulus de renforcement La th orie sociale de l apprentissage propose au contraire un renforcement par anticipation l attention du sujet apprenant est orient e vers tel mod le qu il int riorise avant d ex cuter le comportement nouveau Ceci permet de prendre en compte l activit du sujet et au del son orientation Nous nous situons bien dans une pist mologie constructiviste voire socio constructiviste Dans cette conception la motivation est centrale contrairement Piaget car elle permet le renforcement et l attention avant que la maturation ne permette le comportement On le voit entre les deux conceptions certaines oppositi
276. le ne rend pas compte non plus de l volution de cette situation enfin nous ne pouvons consid rer le Savoir Faire comme ext rieur Tiers exclu objectiv l instar d un savoir disciplinaire Or nous le verrons il nous para t difficile de rapprocher le Savoir Faire d une et d une seule discipline et par ailleurs dans la relation ducative le curriculum r el diff re du curriculum prescrit il existe aussi un curriculum cach Perrenoud 1994 A cette figure triangulaire les didacticiens pr f rent la notion de syst me didactique faisant tat des diverses interactions et m diations du milieu de l environnement de l institution Chevallard 1991 Raisky et Caillot 1996 Du coup cette figure triangulaire Chevallard 1991 propose de consid rer la relation ternaire R E S e Ce triangle p dagogique est certes incomplet particuli rement dans notre contexte mais il a le m rite de nous permettre de rep rer et orienter les termes que nous aurons d velopper pour tenter d claircir la complexit de la situation Comme nous l avons d j dit notre milieu est le monde professionnel et plus particuli rement l entreprise Sa pr sence est influente agissante non seulement sur 71 chacun des interlocuteurs mais aussi sur la situation de transmission elle m me que nous souhaitons tudier Nous ne pourrons n gliger cette influence Si l on s en tien
277. le peine r soudre le d ficit d exp rience lorsqu il se manifeste brutalement Pour autant les diverses r organisations ou restructurations que l entreprise vit depuis les ann es 80 les mutations la mobilit la polyvalence sont de mise Ainsi en interne l entreprise d place des personnes et leur confie des missions parfois tr s loign es de leurs emplois pr c dents l ajustement tant op r par des stages N y a t il pas l un paradoxe 3 1 3 Une synth se historique Tout notre d veloppement pr c dent avait pour but de rep rer les principales tapes d volution des entreprises et plus pr cis ment au cours du si cle dernier Il nous semble que cet clairage est n cessaire pour comprendre le monde de l entreprise sa culture ses pratiques sociales et manag riales en un mot le contexte dans lequel nous situons notre recherche Or ce contexte est largement marqu par cette histoire r cente On pourrait tre tent de penser que les nouvelles pratiques des DRH et des Responsables de formation en entreprise sont tr s loign es des conceptions tayloriennes adopt es au d but du XX me si cle En fait certains auteurs et en particulier certains sociologues Linhart 2003 Stroobants 1993 montrent qu il n en est rien Malgr les mod les de penser l entreprise et leurs pr conisations ces pratiques montrent leurs caract res formalistes une logique rationalisante Il s agit de g rer
278. les ann es 80 puis quasiment arr t s dans les ann es 90 De fait sans tre un grand d mographe ou prospectiviste il est possible d imaginer le d s quilibre d mographique que peuvent repr senter les effectifs des grandes entreprises Pr cisons toutefois que ce d s quilibre est surtout observable dans les grandes entreprises Les PME et les TPE sont g n ralement moins concern es compte tenu du fait qu elles ont rarement une histoire aussi longue que leur turnover est souvent plus important et que durant les ann es 90 elles constituaient les principaux gisements d emplois Pour adopter le langage des DRH les grandes entreprises pr sentent des pyramides des ges d s quilibr es une sur repr sentation de ce qu il est convenu d appeler la g n ration baby boom Ce d s quilibre pr sente deux cons quences pr visibles La premi re r side dans la difficult de lien entre les g n rations autrement appel trou de g n ration entre celle des baby boom et celle qui au mieux arrive dans l entreprise Le trou de g n ration peut constituer une difficult de cohabitation entre deux g n rations qui ont des repr sentations tr s diff rentes une concurrence possible 33 Fraisse et De Foucauld 1996 Les Echos Management dossier du 5 mars 1996 Pyramide des ages 3 Ph nom ne d mographique caract ris par un surcro t des naissances apr s la 2 guerre mon
279. m me courant certains auteurs travaillent sur la culture d entreprise et notamment les hypoth ses de bases tacites et partag es labor es partir des incoh rences existant entre les pratiques culturelles rep r es et les valeurs pous es d clar es par les acteurs 3 1 5 4 Modifier la mani re dont les individus raisonnent pour cr er des entreprises apprenantes Ici le levier d action est l individu sa capacit prendre des d cisions et agir efficacement L entreprise est appr hend e comme un syst me complexe Il s agit d agir sur les mod les mentaux des acteurs et de faciliter la prise de conscience de leur r le au sein du syst me et des cons quences de leurs propres d cisions 3 1 5 5 Le Knowledge Management Une nouvelle approche de l entreprise s inspirant de ce courant de pens e et des pr conisations formul es par ces auteurs propose une approche strat gique et un ensemble d actions concr tes relatives tout la fois l organisation ses modes de fonctionnement et de diffusion de l information son mode de management Cette approche globale pr ne le management des savoirs Tarondeau 1998 le management des connaissances ou encore le Knowledge Management Prax 2000 55 Dans cette approche la transversalit est de mise les projets transversaux les quipes pluridisciplinaires les syst mes d information sont largement pr n s Il s agit de
280. mbolique celui ci doit accepter la finalit l issue de la relation son fils symbolique lui chappe D s lors il nous appartient de mettre notre hypoth se l preuve du r el du terrain Il s agira d analyser l volution de la relation Professionnel exp riment Successeur au cours de cette transmission acquisition et relever les volutions des repr sentations respectives des deux partenaires induites par cette transmission chez l un et l autre 242 Troisi me partie M thodologie de recherche 243 La premi re partie de notre travail est consacr e l tude du contexte dans lequel s inscrit notre recherche A partir du questionnement formul la deuxi me partie est consacr e la probl matisation c est dire la construction th orique de la relation de transmission de savoir faire entre un Professionnel Exp riment et un Successeur Cette construction th orique nous a permis d mettre une hypoth se Celle ci consiste consid rer que la relation de transmission de savoir faire est r ciproque La r ciprocit de cette relation doit se traduire par des changements des apprentissages de part et d autre et par une volution de la relation vers plus de r ciprocit dans les changes Il s agit d sormais de concentrer notre tude sur un ou plusieurs terrains pour valider ou infirmer l hypoth se formul e dans notre probl matique th orique Notre approche se veut r s
281. me sans r flexion sur l action sur les r ussites ou les checs l activit n est qu une reproduction inlassablement de ce qui est fait et n entra ne aucun changement psychologique chez l individu Le second type au contraire est li une activit r fl chissante l individu se pose des questions cherche profiter de son exp rience pass e et pr sente mais aussi de celle des autres cette d marche est du type ph nom nologique Mialaret 1998 p 168 et en ce sens elle est enrichissante Le troisi me type d exp rience qualifi e de scientifique est li une activit dans la quelle les modes d adaptation de r flexion de modification sont faits selon des modalit s plus objectives Si l on suit le d veloppement de Mialaret l exp rience scl rosante ne conduit qu un savoir localis empirique l exp rience enrichissante et l exp rience scientifique conduisent un savoir prax ologique qui s alimente des savoirs th oriques Ces pratiques r fl chissantes mettent en lien th orie et pratique elles les articulent l une et l autre se f condent mutuellement Ainsi chaque situation est v cue comme un probl me r soudre l individu a l esprit constamment en veil et cherche de nouveaux sch mes d action pour aboutir la solution Mialaret 1998 p 180 L auteur pose la r solution de probl me comme centrale du processus de construction 92 de c
282. me de r f rence Postic 1988b p27 Le contrat p dagogique que propose Postic 1988a formalise les attentes et l engagement respectifs de chacun au travers de r gles prescriptions droits et devoirs r ciproques Ce contrat est le produit d une n gociation entre les partenaires des contraintes obligations et modalit s de fonctionnement et des crit res d appr ciation de la ma trise des comp tences Nous pensons que ces aspects sont particuli rement pertinents dans notre probl matique mettant en sc ne des acteurs adultes dans un contexte professionnel L valuation r gulatrice telle que pr sent e par Postic est notre sens une r gulation de la relation savoir un ajustement permanent des deux p les entre les deux partenaires Pour autant cette valuation s inscrit aussi dans le m ta contrat l ensemble des r gles implicites et explicites avec l institution Ces aspects institutionnels cette pr sence du tiers exclu dans ces diff rentes interventions ont pour nous un impact fort sur la relation En effet des m diations op rationnelles concr tes sont l uvre Par exemple la disponibilit des deux partenaires l Expert est il d tach la formation du Successeur ou cette transmission se fait elle en doublette en situation r elle ou bien encore est elle pr vue s quenc e avec un rythme une fr quence et laquelle sur quelle dur e totale de transmission Le Successeur do
283. ment qu il se transmet quelque chose dans cette relation entre un individu exp riment et un autre d butant quel que soit le domaine consid r Nous sommes tent de penser que cette transmission est une pratique sociale largement pr sente et naturelle Il nous semble que cette transmission est un fondement du processus de socialisation Il nous faut poursuivre notre revue d exemple mais pour ce faire nous recentrons notre regard sur le monde professionnel 2 6 Un recentrage sur un cadre professionnel Cependant une transposition s impose dans le temps et l espace Quittons le XIV me si cle et l Eglise le sport la musique pour nous rapprocher de notre objet Pour compl ter notre exploration et recentrer notre propos sur notre champ de recherche il nous para t ici n cessaire d voquer le travail comme activit humaine porteuse de cette forme de transmission horizontale et verticale que nous essayons d illustrer par notre s rie d exemples La forme artisanale d organisation du travail est sans doute la forme la plus ancienne qui perdure aujourd hui Nous irons m me jusqu dire que l artisanat montre une surprenante vivacit face aux autres formes d entreprise Les m tiers traditionnels artisanaux sont eux aussi exemplaires Certains d entre eux sont connus pour d tenir une technicit teint e d une dimension artistique qui se transmet naturellement depuis des d cennie
284. ment vont investir et enrichir ce concept Parmi toutes les d finitions propos es nous retenons celle de Enriquez cit par Sainsaulieu 1987 p 113 Nous appellerons syst me tout ensemble organes diff renci s en admettant une vari t en son sein de composants en connexion les uns avec les autres qui poss de des fronti res rep rables qui peut maintenir identit et coh rence au travers des modifications qu il subit et qui est donc capable d hom ostasie Un syst me sera dit ouvert lorsqu il sera dans une situation de d pendance autonomie avec d autres syst mes gaux sup rieurs ou subordonn s Un syst me sera consid r comme clos s il n admet ni entr e ni sortie vers l ext rieur et si toutes les transformations qui l affectent sont r ductibles au jeu de ces composantes internes L approche syst mique s int resse en priorit aux interactions aux relations aux flux d nergie de mati re d informations entre le syst me et son environnement entre syst mes et entre les l ments constituant le syst me En fonction du nombre 73 d changes avec son environnement le syst me peut tre dit ouvert ou ferm ou clos Cependant le syst me ferm demeure un concept purement th orique on a l habitude de consid rer que les syst mes clos qui n changent rien avec l environnement sont rares et que peut tre ils n existent pas dans la nature sauf ven
285. mination est manifest e lorsque le sujet s attribue la cause de son activit et par l m me son libre arbitre Par opposition il peut attribuer la cause de son activit un autre ou autre chose la cause est externe c est une contrainte De la m me mani re le sentiment comp tence per ue influe sur la motivation intrins que si le sujet se sent autod termination Le continuum amotivation motivation extrins que motivation intrins que est pr sent sur un syst me de deux axes la comp tence per ue et l autod termination Lorsque le sujet est intrins quement motiv il se sent autod termin et comp tent lorsqu il est extrins quement motiv il se sent contraint et nul Ce d veloppement nous semble retenir non seulement pour le Successeur apprenant mais aussi pour l Expert Ces sentiments d autod termination ou de contrainte de comp tence ou d incomp tence peuvent se manifester et voluer avec la dynamique relationnelle et les apprentissages de l un et de l autre Pour poursuivre notre d veloppement il nous faut revenir d sormais sur la dynamique du syst me la relation qui unit ces deux protagonistes 9 La relation Professionnel exp riment Successeur Le syst me relationnel Professionnel Exp riment Successeur est finalis il a pour but l appropriation par le Successeur du Savoir Faire que le Professionnel Exp riment lui enseigne en regard des
286. mm diat mobilise la pens e et quitte la connaissance imm diate la pens e mobilis e permet de revenir l exp rience quitte produire des obstacles pist mologiques La connaissance scientifique se construit dans ce rapport entre esprit et r el Pareillement il n est plus question d opposer des connaissances actuelles aux connaissances pass es les premi res ne chassent plus les secondes Les connaissances scientifiques se construisent en r articulant en reconstruisant en transformant celles qui ont permis la construction pr alable Dans une pist mologie contemporaine il n est plus question de respecter une m thode universelle s appuyant sur une Raison immuable la mani re de Descartes Pour le Savant l Etre n est saisi en un bloc ni par l exp rience ni par la raison Il fait donc que l pist mologie rende compte de la synth se plus ou moins mobile de la raison et de l exp rience quand bien m me cette synth se se pr senterait philosophiquement comme un probl me d sesp r Bachelard 1987 p 20 A l exp rimentation exp rience ordonn e et m thode a priori la science moderne pr f re aborder la complexit du r el et construit son objet produit d une observation d velopp e en regard d un cadre conceptuel lui aussi complexe des m thodes multiples L homme de science anim du nouvel esprit scientifique Bachelard 1987 pr cise l ensemble des
287. mment de celle du p re symbolique s il y a paternit elle ne peut s entendre que d sign e l engendrement lui est de l ordre du naturel La reconnaissance du p re voil l enjeu il n y en aura pas d autres dans les deux registres que nous consid rerons ult rieurement Ce sera en particulier la t che d une histoire des figures de mettre en place des 159 m diations de l avoir du pouvoir du valoir et du savoir qui articulent cette d structuration structurante Ric ur 1969 p 461 Dans la relation filiale le fils reconna t son p re mais une reconnaissance du fils par le p re est aussi n cessaire Ric ur parle en effet d une reconnaissance du p re mais parle aussi d une double reconnaissance ou d une reconnaissance mutuelle comme d signation r ciproque Reconnaissance mutuelle d signation r ciproque avec ce syst me nous touchons la fronti re commune la psychanalyse et une th orie de la culture Ric ur 1992 p 461 Ainsi le d sir de transmettre ne peut merger que si l Expert reconna t son l gataire et en corollaire nous pouvons imaginer que la transmission ne peut s envisager que si ce dernier reconna t l Expert comme son p re professionnel Un rapprochement pourrait tre fait entre cette double reconnaissance et le fait de voir soi m me comme un autre Ric ur 1990 Cette double reconnaissance met en vidence l aspect
288. motivation la comp tence et motivation l attachement De leur cot Aumont et Mesnier 1992 mettent en avant des motifs intrins ques li s au d sir dipien et d autre part des motifs extrins ques parmi lesquels se trouvent le projet les enjeux sociaux les aspects relationnels li s la relation de guidage tutelle rejoignant ainsi Bandura 1980 Bruner 1998 et Winnykamen 1990 Carr 2001 confirme cette pluralit de facteurs internes et externes il rep re les motifs d engagement en formation aupr s d un chantillon d adultes Les motifs rep r s sont r partis suivant deux axes un axe motif intrins que motif extrins que et un axe orientation vers l apprentissage orientation vers la participation En 186 croisant ces deux axes dix motifs d engagement en formation sont r partis sur les quatre quadrans Quadran 1 motif intrins que et orient vers l apprentissage motif pist mique Quadran 2 motifs intrins ques et orient s vers la participation motifs socio affectif h donique Quadran 3 motifs extrins ques et orient s vers la participation motifs conomique prescrit d rivatif Quadran 4 motifs extrins ques et orient s vers l apprentissage motifs op ratoire personnel op ratoire professionnel Deux motifs suppl mentaires hybrides sont positionn s sur l axe motif intrins que extrins
289. munication de significations plurielles de dimensions symboliques et fonctionnelles Ardoino 1990 Anzieu et Kaes 1973 Aussi comment rendre compte de l volution de cette relation objet insaisissable vanescent Postic 1988 p 134 135 fait r f rence ses propres travaux pour rendre intelligible l volution de la relation partir d observables multiples dans la relation En effet les gestes les mimiques les postures corporelles mais aussi les expressions 222 les questions ouvertes et ferm es les interventions de l un de l autre leurs importances relatives la mani re d occuper l espace sont autant d observables que le chercheur peut tenter de prendre en compte pour analyser la relation A titre d exemple la revue Les sciences de l ducation dans son num ro du 4 5 1988 intitul Analyse des pratiques et formation des enseignants pr sente les textes de sept auteurs qui d taillent leurs analyses Nous notons par exemple que Ferrao Tavares 1988 p 135 150 s attache analyser les comportements non verbaux des enseignants Postic 1988a pr cise que cette tentative ne peut pr tendre l exhaustivit dans la mesure o il existe dans cette relation de l inobservable C est aussi ce que formalise Lerbet S r ni 1997 p 65 9 3 2 1 Des marqueurs linguistiques Nous avons vu plus haut que la relation Professionnel Exp riment Successeur articule des savoirs et d
290. n ralement l entreprise suppos e avoir conscience de l int r t que pr sentent ces savoir faire r cup rer capitaliser diffuser partager Nous voyons l une forme de ce que Prax 2000 p 112 appelle le Bench marking interne inscrite dans la dynamique propos e par la matrice de Nonaka Prax 2000 p 56 Les modalit s d change sont nombreuses actions de formation interne groupe de travail pluridisciplinaire ou transversal retour d exp rience compagnonnage tutorat etc Toutes ces situations d changes et de partage peuvent aussi mettre en uvre des nouvelles technologies Malgr l int r t que pr sentent toutes ces modalit s instrumentalis es ou pas notre objet de recherche est centr sur une seule de ces situations Nous nous int ressons la relation p dagogique entre deux individus mise en sc ne en entreprise dans le cadre d une transmission de savoir faire la transmission d exp rience de l un d entre eux vers un autre 61 3 2 1 Le questionnement Nous nous int ressons la relation de transmission de savoir faire entre deux professionnels l un est porteur d une exp rience professionnelle confortable plus ou moins reconnue l autre n est pas exp riment ou moins en regard des exigences de l emploi Cette situation est motiv e par le d part annonc en retraite ou pr retraite la mutation du Professionnel exp riment le recruteme
291. n cr er de nouveaux Smolensky 1992 p 100 Mais au del de cette approche biologique il est consid rer l homme seul capable de se comprendre apprenant seul l homme se sait apprenant Ainsi l apprentissage ne peut se passer du point de vue anthropologique C est un champ qu abordent les sciences de l ducation 169 Donnadieu Genthon et Vial 1998 nous pr cisent aussi qu une distinction est faire entre d une part apprendre qui rel ve du processus et donne lieu des mod les th oriques et d autre part les situations d apprentissage dans lesquelles peuvent s op rer les processus d apprendre Ces auteurs nous renvoient l ouvrage de Berbaum 1984 pour une lecture plurielle Genthon 1996 des mod les de l apprendre Pour tenter cette lecture plurielle nous nous appuierons ponctuellement sur de Giordan 1998 et celui de Donnadieu Genthon et Vial 1998 dans la m me vis e Dans notre pr c dent d veloppement nous avons cependant relev que la r p tition du geste op re une restructuration du sch ma corporel tant au niveau des sch mes formels et intellectuels que des sch mes de r alisation motrice et influence la performance Coste 1977 p 107 La r p tition favorise l apprentissage du geste son automaticit le projet moteur devient spontan et involontaire Nous avons relev aussi le processus de socialisation est un long processus de condi
292. n est un processus compl mentaire aux processus d induction et de d duction il s agit d une connaissance directe instinctive arationnelle d velopp e avec l exp rience qui permet l expert de formuler des hypoth ses sans lien avec le raisonnement r sultantes de la perception de l intuition Il est noter aussi que cette forme de raisonnement est rep r e par Bastien 1997 p 110 comme strat gie de devinement Il nous semble que les travaux sur les grands sportifs montrant la prise d cision par un acc s m moire courcircuitant la m moire de travail est aussi rapprocher de ce mode de raisonnement Il nous semble aussi pertinent de rapprocher cette caract ristique de l expert de la m tis grecque intelligence rus e au del de la praxis activit pratique qui ne renvoie rien d autre qu elle m me et de la poiesis qui renvoie l uvre Poplimont 2000 151 153 142 Ce d veloppement est pour nous important il permet de consid rer le Professionnel Exp riment comme un Expert au sens de Dreyfus avec les caract ristiques que nous avons relev es Nous devons formuler toutefois quelques remarques Ce mod le renvoie l id e de l expert porteur d une exp rience relative un domaine sp cifique La r alit nous semble plus complexe En effet la dur e d exp rience tant pr gnante notre expert au sein de l entreprise a eu l occasion de vivre des contextes
293. n inventaire exhaustif 1l existe sans doute d autres de nombreuses mani res d analyser les relations didactiques Les ouvrages de Postic et de Altet notamment font tat de nombreux travaux en ce sens Il nous semblait utile de relever ces mani res d analyser pour pouvoir montrer les liens possibles entre elles D autre part il nous semble int ressant de prendre en compte ces grilles d analyses utilis es pour mod liser les relations analys es 9 3 2 5 Des analyses des relations ducatives Nous avons vu qu il tait possible de tenter de rendre compte de l organisation de l volution de la relation ducative Il nous semble donc utile de revenir sur les grilles d analyses propos es par Altet 1988 1994 et les mod lisations qu elle propose Nous avons vu que Altet propose d analyser les processus d enseignement apprentissage partir d une grande vari t d activit s des enseignants et des l ves Nous avons vu aussi que cette grille d analyse lui permet de rep rer des styles d enseignement dominant partir de la fr quence des fonctions didactiques dans les s quences observ es film es et analys es Ce style d enseignement dominant comporte trois dimensions qui caract risent trois espaces espace cognitif espace social espace organisationnel Style personnel dont les facteurs personnels style cognitif structure cognitive attitudes facteurs motivationnels repr sentent l
294. naissances th oriques et pratiques exp rience au besoin de l objet du champ des proc dures et des outils utilisables l autre juridique pouvoir de conna tre d une affaire de traiter un dossier et de dire localement le Droit r put universel Sa fonction de l gitimation est effectivement pr minente Ardoino 1990 p 74 Dans notre probl matique nous nous int ressons l acteur Professionnel Exp riment dans sa fonction au sein de l entreprise et ce quel que soit son statut ou sa position hi rarchique L Expert au sens de Ardoino plus exactement la posture d Expert sous tendrait d une part une s lection une validation une reconnaissance de la part de l entreprise et d autre part une vision r ductrice des activit s cognitives Il s agirait alors de ne prendre en compte que des savoirs formalis s savants fonctionnels et organisationnels Notre probl matique pratique nous a permis de rep rer justement que ces fameux professionnels exp riment s sont souvent oubli s rarement reconnus quelques fois m me d nigr s par l entreprise Notre d veloppement pr c dent s est efforc de montrer la diversit des formes du savoir faire articulant th orie et pratique action et r flexion quelle que soit la qualification du Professionnel Exp riment Nous ne pouvons pas consid rer le Professionnel Exp riment comme un savant exp riment Cette acception
295. nce et de la p dagogie par objectifs PPO courante dans le champ de la formation professionnelle Cette premi re approche permet de rep rer les capacit s li es ou r sultantes de l exp rience des apprentissages divers et vari s en situation par imitation par la formation par la r solution de probl mes Comme nous l avons dit plus haut s il s agissait d aborder notre probl matique sous langle de l valuation cet aspect serait envisager De fait l valuation de ces capacit s conditionne la reconnaissance du professionnel son statut sa qualification son salaire son plan de formation voire son plan de carri re et il y aurait beaucoup dire sur ce point L autre approche issue des sciences cognitives et en particulier du courant connexionniste avec le mod le de l Expert et du Novice propos par H L Dreyfus qui met en avant la dimension cognitive de l acquisition de connaissances et des performances cons cutives Pour Tochon 1993 l int r t de ce mod le r side dans la volont depuis l origine des sciences cognitives de mod liser le fonctionnement cognitif de l expert Il s agit de rep rer de reproduire et simuler en Intelligence Artificielle les heuristiques et les inf rences significatives de l expert face aux situations Dreyfus H L 1992 La port e philosophique du connexionnisme in Andler D Introduction aux sciences cognitives Paris Gallimard pp 353 373 138
296. nditions dans lesquelles la transmission va s op rer Nous sommes conscient de la pertinence de ce questionnement mais nous ne d velopperons pas cet angle de vue la vari t des situations possibles fait que nous ne pouvons pas avoir une lecture exhaustive Concr tement ces situations ne nous appartiennent pas elles sont contingentes et d pendent de d cisions prises dans l entreprise Nous n avons pas les moyens de s lectionner les situations encore moins d intervenir sur ces d cisions Pour tudier le Professionnel Exp riment nous nous sommes appuy s pr c demment sur le mod le de l Expert et du Novice propos par Dreyfus 1992 Ce mod le nous a permis de prendre en compte une caract ristique cognitive du Professionnel Exp riment Ce mod le nous permet aussi d aborder le Successeur La diversit des situations possibles permet de penser qu en regard des exigences de la fonction le Successeur peut tre consid r de Novice Expert suivant son parcours Ceci nous permet d imaginer deux cas extr mes de la situation dans un cas la relation est du type Expert Novice dans l autre cas la relation est du type Expert Expert Ce mod le nous a aussi permis de prendre en compte ce dont besoin le Successeur suivant son niveau d exp rience En effet Dreyfus propose une typologie propos e partir d une analyse ph nom nologique de l acquisition des savoir faire Dreyfus 1992 p 356 Ce
297. ner son plan et son savoir faire dans la relation p dagogique pouvait apprendre ou re apprendre dans cette relation l Autre Labelle nous confirme que les deux protagonistes apprennent se transforment dans cette relation Les deux protagonistes sont en relation paradoxale avec l Alter et l Ego et dans cette relation paradoxale les deux se transforment tant par des connaissances nouvelles ou reconstruites mais aussi dans leur relation l Autre Nous retrouvons chez Labelle 1996 un processus dialectique de d pendance autonomisation la relation tend favoriser pr parer la s paration l autonomisation du Successeur En cela nous retrouvons bien la construction d ipseit s comme av nement d une identit qui par le 238 passage assum d idem et d alter peut se reconna tre ipse la fois soi m me et soi autre Ricoeur 1990 Lerbet S r ni 1994 1997 10 Hypoth se 10 1 Une synth se de notre probl matique Notre probl matisation nous a conduit explorer la situation de transmission de savoir faire mettant en sc ne un Professionnel Exp riment porteur d une exp rience professionnelle confortable qui lui conf re des connaissances construites et un Successeur charg d acqu rir tout ou partie du savoir faire Nous avons abord la relation duelle la situation de transmission dans une approche syst mique Lerbet S r ni 1994 1997 notre d veloppement nous a con
298. nnel les pisodes sont majoritairement inductifs Nous notons aussi que les conclusions de Altet sont rapprocher du texte de Charlier 1988 voqu plus haut qui tendait montrer que les d cisions des enseignants taient peu relatives aux apprenants et refl taient une auto centration Si l on suit les travaux de Altet le Professionnel Exp riment doit tre porteur d un style d enseignant pr sentant une certaine stabilit Cependant nous l avons dit le Professionnel Exp riment n est pas un enseignant 1l est potentiellement Novice en 232 mati re de formation Il aura tendance adopter un mod le connu Tochon 1993 Or si une stabilit si une tendance maintenir une attitude expositive est rep rable chez les enseignants professionnels doit on penser que le Professionnel Exp riment est plus stable encore moins sensible l autre son apprentissage ou au contraire d couvrant la fonction p dagogique et la relation l autre est il plus souple plus changeant plus adaptable Pour tenter de poursuivre dans cette voie nous nous proposons d explorer la r ciprocit de la relation ducative 9 3 2 6 La r ciprocit de la relation ducative Les diff rents auteurs que nous avons convoqu s pour tudier la relation ducative voquent tour tour la r ciprocit de la relation La question de la r ciprocit est d autant plus pertinente que notre approche initiale d
299. nnel Exp riment correspondant des fonctions didactiques et des syst mes d apprentissages du Successeur qui se combinent et s articulent Cette articulation cette combinaison des activit s de l un et de l autre est dynamique c est dire qu elle s auto eco organise dans le temps privil giant les explications les questionnements les argumentations les r gulations 218 Winnykamen nous a donn penser que la dyade faiblement dissym trique ou sym trique favorisait les conflits socio cognitifs Nous sommes donc amen s penser que qu avec l apprentissage du Successeur l expos l explication laissent progressivement la place aux questionnements aux argumentations aux interventions l activit du Successeur 9 3 1 10 La r solution de probl mes Altet 1994 p 61 66 et Galatanu 1998 p 111 plus haut nous invitent consid rer la r solution de probl mes comme activit didactique exercice ou manipulation de savoirs et activit du syst me d apprentissage dans ce processus relationnel complexe dont les modalit s sont variables Nous avons vu que le probl me avait un statut p dagogique notamment dans le courant qu a initi Dewey dit de la p dagogie active Le probl me est pour le p dagogue qu est cens tre le Professionnel Exp riment un moyen de mettre le Successeur dans une situation provoquant l apprentissage tout au moins de cr er chez lui un confli
300. nnement qui len distingue comporte des l ments plus ou moins h t rog nes et un r seau de relations ne peut tre r duit la somme des parties qui le constitue Il est surtout le r sultat de qualit s ou de propri t s mergentes dues aux interrelations entre les parties elles m mes e L organisation ce concept d finit l tat d agencement des relations entre l ments ou unit s qui composent le syst me et qui tendent maintenir sa p rennit son quilibre dynamique Le syst me peut tre organis en sous syst mes sp cialis s et ou en niveaux hi rarchiques L organisation du syst me rev t un aspect structurel c est l ensemble des r gles d assemblages et un aspect fonctionnel c est la capacit d adaptation d volution d am lioration de l organisation par la modification de 74 l agencement L organisation d finit aussi le processus d agencement des l ments constituant le syst me lorsque ce processus est g n r par le syst me lui m me on parlera d auto organisation Morin 1990 enrichira cet aspect La perm abilit du syst me son environnement introduit des facteurs de perturbations que le syst me int gre et r gule pour s auto organiser on parlera donc avec Morin 1990 d auto eco organisation e La complexit L aptitude du syst me s auto organiser est caract ristique de sa complexit La complexit du syst me d pend du nombre d l me
301. non termin es etc N anmoins nous souhaitons limiter nos propres interpr tations les retranscriptions seront produites sans ponctuation L crit ne peut faire tat des variations d intonation des variations de fluidit verbale de l expression non verbale qui ponctuent et modulent le discours Les auteurs insistent sur la polys mie du discours et sur les travers possibles de l interpr tation En effet le projet de sens de chacun d tourne celui de l autre et est d tourn par celui de l autre Mais au del la parole de chacun est aussi vers soi L interview r pond en fonction de l exigence qu il se doit lui m me En fait le sens est co construit par l interviewer et l interview Ainsi donc nous devrons tre vigilant ne pas induire par nos questions ou tout au moins tenter d induire le moins possible le sens du discours Cette vigilance est porter non seulement sur la construction du guide d entretien mais aussi sur la conduite des entretiens Enfin cette vigilance devra aussi nous animer lors de notre analyse de contenu d s la formalisation d une grille d analyse 259 12 1 7 Le choix des variables 12 1 7 1 Les s quences L observation des s quences r parties dans le temps de la transmission entre le Professionnel Exp riment et le Successeur Expert Novice a pour but de rendre compte de l volution de la relation et nous confirmer ou nous infirmer la r ciprocit de la relation andragogique Nous a
302. ns voqu plus haut pour traiter de l exp rience du Professionnel Exp riment Nous l avons vu Kolb propose un mod le certes simpliste mais qui a le m rite de formaliser encore davantage l activit du sujet apprenant et de poser des chemins d acquisition comme le dirait Bastien diff rents Si l on consid re que l exp rience comme preuve peut tre rapproch e d une situation probl me on voit bien chez Bastien 1997 comme chez Aumont et Mesnier 1992 et Kolb 1984 des mani res diff rentes individuelles de construire la connaissance par l action et la r flexion fes Cette mod lisation permet de prendre en compte tout la fois la r flexion du sujet rapprocher du processus chercher de Aumont et Mesnier 1992 et l action rapprocher du processus entreprendre Elle permet aussi de consid rer l articulation ainsi formalis e entre th orie et pratique et confirme la proposition de Malglaive 1990 d une p dagogie l envers d autres diraient une p dagogie active Ceci donne penser aussi que l apprentissage implicite et l apprentissage explicite sont aussi pris en compte dans ce cycle Il nous semble que cette repr sentation de l apprentissage rend compte du r le actif et diff renci du Successeur dans son apprentissage et de la diversit des composantes du Savoir Faire que nous avons tent de d crire plus haut En revanche le mod le de Bastien
303. ns abord le Professionnel Exp riment dans la situation de transmission nous avons fait r f rence la zone proximale de d veloppement de Vygotski 1985 Cette conception permet de comprendre l ajustement n cessaire au niveau des acquis d j l pour que l apprentissage puisse s op rer Bastien 1997 nous confirme cette id e il n y a pas d acquisition de connaissance sans pr curseur La prise en compte des acquis du Successeur par le Professionnel Exp riment est donc indispensable Bien que les situations puissent tre vari es suivant le contexte il nous appara t que dans la situation de transmission le Successeur est typiquement dans une situation d apprentissage et ce quelles que soient sa qualification et son exp rience d j acquise 8 2 Le successeur en situation d apprentissage Nous l avons dit le Successeur charg d acqu rir quelque chose du Savoir Faire de l Expert est un adulte C est sans doute ce qui distingue la situation que nous observons des situations classiquement tudi es par les Sciences de l Education Or pr senter le Successeur comme adulte peut poser la question comment d finir l adulte L adulte est associ l id e de croissance et de d veloppement aboutis de maturation qui peut tre d velopp e dans une approche philosophique sous des angles biologique psychologique psychanalytique Reboul 1997 p 8 9 Dans notre cas le Successeur est suppos acc
304. nt la concurrence et la technologie et d autre part le temps Les pratiques de formation se professionnalisent se rationalisent sous l influence directe d un rapprochement in luctable de la FPC avec la DRH et la Strat gie cons quence directe de l influence de la pr gnance de l environnement concurrence technologie La Formation Professionnelle Continue contribue au d veloppement des comp tences individuelles et collectives composantes strat giques du d veloppement du potentiel humain Pour autant ces fortes volutions tant quantitatives que qualitatives ne masquent pas les limites de la FPC Nous l avons d j voqu plus haut le rapport De Virville en 1996 faisait de nombreuses remarques qu il concentrait sous le titre un bilan mitig Nous 42 nous contenterons de reprendre quelques unes d entre elles et notamment celles qui clairent notre questionnement Nous avons d j vu que les budgets et surtout les plus lev s ceux des plus grandes entreprises se stabilisent et m me r gressent depuis 1990 La rationalisation des d penses de formation conduit chercher de nouvelles approches p dagogiques pour tenter de r pondre aux besoins de plus en plus divers nombreux et sp cifiques L individualisation des parcours de formation l auto formation avec les centres de ressources le co investissement la formation en ligne intranet internet e learning sont des tendan
305. nt interne ou externe du Successeur une r organisation une nouvelle d finition des r f rentiels emplois une volont de favoriser le partage l change de savoir faire Que se passe t il dans cette relation p dagogique particuli re o ce qui est transmettre r side dans l exp rience d un professionnel exp riment Comment peut on mod liser cette relation Que peut on dire de cette relation lorsque l autre celui qui est charg d acqu rir ce savoir faire est de comp tence ou d exp rience diff rente Pourquoi ce professionnel exp riment consentirait il donner le fruit de son exp rience sa plus value dans un contexte marqu par la concurrence la comp tition le besoin de pr server son emploi et son statut De la m me mani re pourquoi le professionnel peu ou moins exp riment accepterait il d apprendre d une personne dont l exp rience n est pas reconnue C est partir de ces questions d autres pourront surgir encore que nous poursuivrons notre p riple conscient que ce questionnement n cessite l clairage d apports th oriques multiples et que nous devrons sans doute resserrer nos ambitions peut tre m me nos illusions 62 Deuxi me partie Probl matique Th orique 63 4 Pr alables Nous nous sommes efforc dans la premi re partie de d crire un contexte g n ral celui du monde de l entreprise et notamment de la grande entreprise Cette
306. ntit s l de ces cultures l Lui seul articule ces connaissances construites ailleurs lui seul les active dans son contexte professionnel et l on ne peut luder ces dimensions du savoir faire 133 7 4 3 3 5 4 Des repr sentations symboliques Nous consid rons les dimensions collectives des connaissances du Professionnel Exp riment Pour cela nous avons consid r l entreprise comme un syst me social une soci t au sens de la sociologie lieu de constructions de repr sentations sociales de cultures et d identit s professionnelles Or cette dimension soci tale nous conduit aussi voquer ce que l ethnologie nous propose En effet l ethnologie g n ralement consid r e comme la science des soci t s exotiques ou primitives s int resse aussi aux groupes sociaux contemporains constitutifs de notre soci t certains pourraient ajouter en les tribalisant Or l ethnologie met en avant le mythe un type de r cit particulier qui pr sente deux traits essentiels d une part son caract re fondateur qui porte sur le sens ou l origine des choses et d autre part son caract re symbolique il est impossible d interpr ter ses l ments par les seules donn es empiriques Le caract re symbolique tend le rapprocher d une croyance religieuse Les ethnologues ne sont pas tous d accord sur la distinction entre le mythe le conte et la l gende distinction qu il semble d licat de poser
307. ntrairement la premi re grille propos e il nous semble que le recours aux pisodes est plus ais pour analyser la relation et rep rer son volution Il nous semble aussi que des parall les sont possibles avec les autres auteurs aux quels nous avons fait r f rence 9 3 2 4 Les fonctions du langage Une autre grille de lecture peut tre abord e pour rendre compte de la complexit de la relation que nous tentons d tudier et de son volution Nous avons d j dit que la relation Expert Successeur tait une relation de communication finalis e par l apprentissage du Successeur de quelque chose du savoir faire de l Expert Suivant Postic 1988 nous avons adopt l id e que tout acte de communication dans la relation p dagogique avait une fonction didactique et relationnelle Par ailleurs Postic Lerbet S r ni Altet nous ont aussi convaincu que la communication complexe et enchev trant divers moyens peut tre analys e sous l angle de la communication verbale Il est donc possible d analyser ces interactions par le biais d une analyse fonctionnelle en nous inspirant des fonctions de la communication que propose Jacobson 1963 Cette approche fonctionnelle est d ailleurs coh rente avec la position de Postic 1988 228 Pour Jacobson le destinateur envoie un message au destinataire le message verbal ou susceptible d tre verbalis requiert un contexte le r f rent saisissable par le destinata
308. ntre neurones les plus proches possibles de ceux qu on attend Le mod le connexioniste met en vidence des propri t s du syst me cognitif l mergence et l auto organisation Les r seaux globaux d interconnexion r sultant de la multitude d actions locales entre les neurones s tablissent spontan ment sans intervention d unit centrale de traitement ou de contr le sous l effet de propri t s mergentes qui ne sont pas propres aux syst mes neuronnaux La capacit du syst me 109 construire un tel sch ma global non contr l et non pr d termin est nomm e auto organisation Ce transfert de r gles locales la coh rence globale est le c ur de ce qu il est convenu d appeler l auto organisation pendant les ann es de la cybern tique Aujourd hui on pr f re parler de propri t s mergentes ou globales de r seaux dynamiques ou non lin aires de syst me complexes ou encore m me de synerg tique Varela 1996 p 61 Le syst me cognitif est donc consid r comme une forte densit de r seaux globaux distribu s parall les mergents et auto organis s correspondants ou r pondant des stimuli ext rieurs Contrairement au cognitivisme le sens n est pas contenu dans un symbole mais il d pend de la configuration et de l activit du syst me Le connexionisme consid re que l intelligence proc de par impression globale par intuition et correspond la rep
309. nts de la quantit d interactions entre eux et avec l environnement De Rosnay 1975 Le paradigme de complexit est propos par Morin 1990 qu il distingue de la complication pour appr hender l Humain La complexit du syst me tient au nombre et la caract ristique des l ments des liaisons entre eux et des liaisons avec l environnement Pour Morin 1990 la complexit est le tissu de constituants h t rog nes ins parablement associ s tress s ensemble posant le paradoxe de l un et du multiple Morin 1990 parlera d auto co organisation mettant en vidence la contingence des effets de l environnement et du syst me lui m me sur son organisation Morin 1990 affirme que le Tout est la fois plus et moins que la somme des parties mettant en vidence la coexistence des qualit s mergentes et des contraintes propres au syst me En corollaire les parties sont la fois plus et moins que les parties du Tout l mergence est un produit de d organisation irr ductible et ind ductible elle appara t aussi au niveau des l ments Le Moigne 1990 donne au syst me un caract re finalis Le syst me ne peut se concevoir que dans une perspective de projet Par ailleurs il pr f re consid rer les l ments comme des processeurs qui n existent qu en fonction de processus en interactions Le syst me est consid r comme un tout en mouvement un complexe d actions susceptible de f
310. nvestit le savoir d un enjeu fort il fait que ce savoir devient pour l apprenant un objet d sirable Pour reprendre les termes des auteurs le m diateur cristallise la motivation d apprendre sur l objet alors reconnu d sirable Pour exemple la r solution de probl me qu utilise le p dagogue agit sur la curiosit pour activer les structures cognitives L individu ignorant est amen apprendre pour r soudre l nigme qui se pr sente lui la pulsion d investigation renforce le d sir de savoir et pousse explorer et agir sur l environnement Nous trouvons ici le pendant de la motivation filiale pr sent e plus haut pour le Professionnel Exp riment Si ce dernier est anim du d sir de s terniser par le Successeur per u comme le Fils symbolique celui ci peut voir dans le Professionnel Exp riment le P re symbolique la fois incarnant l Interdit et l acc s au savoir d sir Pour le dire comme Charlot 1997 p 53 il n y a pas de d sir sans objet de d sir Cet objet de d sir en derni re analyse c est toujours l autre La reconnaissance mutuelle 191 que propose Ric ur 1969 est alors consid rer sur le plan symbolique l un et l autre se reconnaissent respectivement comme P re et Fils le deuxi me acceptant d apprendre du premier le premier acceptant de donner les moyens de l autonomie du second L un et l autre deviennent objet de d sir pour l autre
311. nvironnement La construction de connaissances se produit suivant deux ph nom nes compl mentaires l ontogen se l histoire des r organisations structurales du syst me et la phylogen se l histoire de l volution du groupe social et de ses interactions Ces deux courants de pens e permettent de consid rer l activit du cerveau la cognition sous l angle des m canismes biologiques ils sont influents sur d autres disciplines de la cognition et en particulier la psychologie cognitive Il est noter le lien tr s fort entre l tude du fonctionnement du cerveau sous l angle des neurosciences et les travaux en informatique notamment en Intelligence Artificielle mais aussi la psychologie cognitive La conception connexionniste inspir e des r seaux neuraux donne penser 111 la cognition comme un ensemble de r seaux s mantiques auto organis s et mergeants de concepts 7 4 3 2 La connaissance par une approche psychomotrice Nous avons dit pr c demment que le savoir faire capacit agir sur l environnement est pour partie au moins manifeste dans le geste lui aussi coordonn par le cerveau En prolongement de notre approche pr c dante il nous semble int ressant d aborder l activit sous l angle de la gestuelle En effet une aptitude gestuelle le geste professionnel le bon geste suppose une coordination de mouvement une habilet des postures des sensations venues de diff r
312. nvoie l approche pist mologique que nous avons abord e au d but de notre probl matique 7 3 1 Rappel pist mologique Poser la question en quoi l exp rience est elle source d apprentissage pose nouveau la question pist mologique qu est ce que la pratique la th orie la connaissance Nous avons vu avec De Villers 1991 que depuis la Gr ce antique jusqu nos jours les courants philosophiques ont consid r la connaissance et en particulier la connaissance scientifique sous le rapport dialectique entre l esprit et le rapport direct au r el Mais au del l article de De Villers nous propose aussi de positionner le statut de l exp rience en regard de ces courants de pens e une lecture historique des courants de pens e philosophique de l exp rience Ces positionnements 90 philosophiques et pist mologiques proposent des statuts diff rents de l exp rience dans le rapport de l homme au monde mais en filigrane se pose la question de la validit de la connaissance issue de l exp rience en regard de celle de la connaissance scientifique et les liens dialectiques qui les unissent ou les opposent comme nous l avions pr c demment vu plus haut De fait la difficult demeure tant qu elle oppose d un cot les savoirs de l exp rience et les savoirs dits savants le praticien et le th oricien la pratique et la th orie Et suivant la position adopt e on donnera le primat l
313. nze ans sous l angle de la Formation Professionnelle Continue Notre ambition est de porter plus loin notre r flexion et notre connaissance des ph nom nes l uvre Pour autant pr tendre l exhaustivit serait pr somptueux illusoire nous sommes conscient qu une certaine humilit est conserver face la complexit des situations que nous voulons d crire 12 JC Tarondeau L art de la strat gie Les Echos jeudi 20 avril 2000 28 3 1 Le monde de l entreprise un contexte volutif Nous avons tent d illustrer la transmission de savoir faire une pratique sociale largement pr sente dans l histoire de l humanit par une panoplie d exemples vari s dans diff rents domaines et ce jusqu aux Compagnons du devoir et au monde artisanal Qu en est il de l entreprise La question nous semble pertinente dans la mesure o il existe de grandes diff rences culturelles et organisationnelles entre la grande entreprise et l entreprise artisanale De fait on peut s attendre ce que la nature des activit s des personnes la r partition des t ches les relations entre les personnes les modes d acquisition et ou de transmission puissent largement diff rer Pour comprendre l entreprise d aujourd hui il nous semble important de la situer dans son histoire L aussi nous pourrions remonter Homo Faber pour retrouver les premi res formes d organisation des t ches dans une communaut
314. obl matiser cette activit Nous ne pouvons nous prononcer sur capacit du sujet probl matiser son activit Elle suppose des connaissances d j l mais aussi une envie une dynamique pour le dire comme Mialaret Cette dynamique est individuelle personnelle elle rel ve de l attitude de la motivation du sujet au travail La richesse de l activit quant elle est li e la nature de l emploi aux exigences de l entreprise au domaine d activit dans lequel volue l entreprise L encore il para t difficile de se prononcer d une mani re g n rique Mais il nous semble opportun de relever quelques remarques ce sujet Tout d abord notons que notre d veloppement historique de l volution de la grande entreprise fait appara tre de nombreuses mutations techniques organisationnelles relationnelles manag riales Ces mutations ont modifi les emplois les taches les comp tences Le sujet exp riment a donc v cu ces transformations son niveau tout au long de son exp rience Il est possible aussi qu au cours de cette exp rience le sujet lui m me ait chang d emploi de qualification voire m me d entreprise Parall lement nous avons vu aussi que la Formation Professionnelle Continue a accompagn ces changements La Formation Professionnelle Continue les d marches qualit la Gestion 95 des Comp tences les Retours d exp rience sont autant de r flexions formalisation
315. obl mes Il n a plus conscience et donc plus acc s direct cette base Cette deuxi me approche nous permet de mettre en vidence les processus cognitifs de l Expert dont les savoirs sont int gr s naturalis s diraient les didacticiens au point que les t ches les fa ons de faire de raisonner de r soudre des probl mes sont devenues pour parties non conscientes Ses connaissances sont de l ordre de l vidence des automatismes il ne sait plus qu il sait Toujours dans le registre cognitif Bastien 1997 s appuie sur ce mod le et l taye il voque des travaux sur les experts dans des domaines diff rents comme le diagnostic m dical la conduite de chaufferie le pilotage d avions de chasse les uns comme les autres proc dent rarement par raisonnement l essentiel de leur activit consiste activer des connaissances En second lieu ces connaissances sont organis es par les contextes dans lesquels elles trouvent leur pertinence c est dire par les types d action sur les pi ces pr lev es pour les m decins ou par les types de t ches r soudre chez les op rateurs de chaufferie On constitue ainsi des regroupements fonctionnels de concepts pour les uns et des mod les causaux pour les autres Dans un cas comme dans l autre les liens entre l ments concepts ou v nements ne sont pas typ s sinon par une relation qui pourrait se nommer voque cette vocation
316. ogiques affectives et culturelles g n rent des interpr tations du monde et donc des significations p 109 Ces repr sentations symboliques influencent la signification de la situation de transmission On doit pouvoir trouver dans ces repr sentations symboliques quelque chose qui a voir avec la tradition du Compagnonnage d crite par Gu dez 1994 et des relations Ma tre Disciples que d taille Steiner 2003 tant au niveau de la symbolique du m tier que de celui de la transmission elle m me Nous avons voqu plus haut les repr sentations symboliques construites dans le groupe socioprofessionnel on peut s attendre ce que l Expert fort d une exp rience confortable ait particuli rement int gr ces dimensions 7 5 1 4 La mort professionnelle partir c est mourir un peu Riverin Simard 1993 nous laissait entendre plus haut que les derni res tranches d ge les derni res tapes de vie au travail taient l occasion de r flexions testaments Le d part en retraite renvoie une mort professionnelle annonc e Face l ch ance de sa mort professionnelle annonc e son d part en pr retraite ou sa mutation le Professionnel Exp riment peut donc tre donc anim d un d sir de se projeter de se prolonger de s terniser Mais en m me temps l Expert vit une rupture et peut engager un travail de deuil de sa fonction de son statut de son identit professionnelle de ce qui a cons
317. olument descriptive Notre recherche doit d sormais s orienter sur l approche m thodologique troisi me partie de notre travail qui doit nous permettre de d crire des situations r elles et ce faisant mettre l preuve du r el notre hypoth se S interroger sur la m thode c est aussi s interroger sur la recherche son objet son but La recherche peut ainsi avoir pour objectifs de d crire de classer de mesurer d expliquer de comprendre le r el Watzlawick 1975 p 116 pose ce propos la question de la signification du r el et par la m me propose de consid rer la relativit in vitable du r el il ne peut s agir d une objectivit d termin e et ext rieure Le r el auquel on se r f re est constitu plut t d opinion dans le sens d Epict te ou comme nous pr f rons le dire du sens et de la valeur accord s au ph nom ne en question Nous sommes loin de la supposition simpliste mais assez r pandue selon laquelle il y a une r alit objective quelque part l ext rieur et que les personnes dites saines d esprit en sont plus conscientes que les fous Watzlawick 1975 p 117 Nous retrouvons ici la question pist mologique que nous avons abord e au d but de notre probl matique th orique que nous avons retrouv e plus tard lorsque nous avons voqu l exp rience du Professionnel Exp riment comme porteuse d apprentissage 244 11 R flexions pr alables Lorsque nou
318. ommunicable conduisant des r actions complexes entre s paration et fusion L volution du syst me relationnel que nous souhaitons tudier est typiquement complexe Elle se joue dans le temps partir des paradoxes et des constructions r ciproques dans la mise en pr sence de deux ips it s et leurs dialectiques r ciproques 196 La relation n est pas qu un lien m canique avec un savoir hypoth tiquement formalis Il s agit bien d un processus de communication complexe dans lequel s enchev trent les affinit s des reconnaissances r ciproques et volutives et des formes de savoir 9 2 Le syst me relation savoir Lorsque nous avons initi notre probl matique nous n avons pas retenu la repr sentation triangulaire propos e par Houssaye et reprise par les didacticiens dans une approche syst mique Cette repr sentation aurait pu nous amener consid rer le Savoir Faire comme un objet de savoir ou un savoir objectiv Nous nous sommes orient dans une approche privil giant le savoir faire comme un processus Nous avons dit que la transmission n cessite une formalisation Nous avons dit aussi que l entreprise tiers exclu de la relation est aussi pr sente par des m diations plurielles et par exemple des formes de savoir formalis es des r gles des normes Pour autant nous pensons que ce qui s change ce dont on parle prend de multiples formes des plus formalis es aux plus tac
319. omp tences qu il met en uvre et qu il am liore qu il adapte partir de savoirs rationnels et formalis s que lui conf re sa qualification sa formation et dont 1l sait rendre compte Il se caract rise aussi par une autonomie et une responsabilit personnelle une adh sion des normes collectives une appartenance un groupe Nous retenons aussi la reconnaissance sociale explicite les strat gies de valorisation et de l gitimation inh rentes au groupe d appartenance Compte tenu de la pr sentation du contexte et notamment de l volution de l entreprise que nous avons esquiss e dans notre probl matique pratique ces d veloppements sont pour notre approche tr s pertinents Ils mettent en lumi re les parcours formalis s par lesquels la professionnalit se construit par le biais de la formation institu e initiale et continue professionnelle dont nous avons d crit quelques aspects dans notre approche pratique Les cursus et les savoirs sont identifi s rep r s et donc contr lables par des dipl mes des qualifications des r f rentiels de comp tences D autre part ces d veloppements r v lent dans cette professionnalit la dimension sociale le groupe 86 d appartenance l identit professionnelle et suivant une approche sociologique les valeurs les repr sentations sociales propres ce groupe d appartenance Exp riment ce qualificatif vient compl ter le premier terme qui po
320. ompte des activit s de professionnels artisans ou ing nieurs manuels ou intellectuels techniques ou administratifs Cette difficult est d ailleurs confirm e par les ergonomes De Montmoulin 1998 p 199 Les ethnologues qui s int ressent aux savoir faire des artisans Chevallier 1991 ou des hommes de m tiers nous confirment cette vari t d actes Par exemple Bril 1991 montre la diversit des gestes de percussion pour un m me professionnel puis montre que ces gestes sont encore plus vari s lorsqu on observe plusieurs professionnels ayant le m me m tier encore plus vari s si l on tient observe des professionnels d activit s diff rentes Un autre exemple est celui que propose Comte 1997 sur la diversit des outils des professionnels L outil en effet a un double int r t prolongement de la main du professionnel il est lui m me une r alisation de l homme preuve de son ing niosit de sa cr ativit de sa r flexion Or la diversit des outils en dit long sur la diversit des actes en fonction des m tiers et des r gions dans lesquelles ils sont r alis s Si l on croise la diversit des outils et la vari t des utilisations possibles de chacun d eux on prend conscience de l infinie variation de gestes professionnels et des r flexions qui les accompagnent Et c est sans doute aussi ce que tend signifier le sens commun Le savoir faire est principalement associ au geste a
321. on devient un levier de management La formation des individus ou des groupes d individus est int gr e dans une recherche de qualification reconnue norm e Il est question l de mettre les comp tences en conformit avec un r f rentiel pr tabli Le mod le pr gnant est celui de l Entreprise Formatrice Mallet 1994 Parlier 1998 Les ann es 90 nos jours une stabilisation du TPF autour de 3 3 en moyenne imposition l gale 1 5 et un mouvement constant d augmentation du Taux d acc s et de diminution de la Dur e Moyenne de Formation La crise conomique impose une rationalisation accrue des budgets dits annexes et en m me temps une n cessit plus pr gnante de qualifier de requalifier de professionnaliser le personnel La notion de comp tence propos e dans la pr c dente d cennie est int gr e Il s agit de former plus mieux plus de monde et avec moins d argent avec de nouvelles approches de formation en lien avec les situations de travail Est 7 La nouvelle r forme de la FPC de 2004 impose 1 6 de la Masse Salariale Brute pour les entreprises de 10 salari s et plus 39 ce l adoption des pr conisations de l Entreprise Qualifiante ou l effet de contraintes conomiques et budg taires Ces indicateurs mettent en vidence les m mes p riodes d crites plus haut sous l angle des changements conomiques et sociaux Cette premi re lecture des statistique
322. on entre ces deux personnages Le contexte religieux de l histoire donne cette transmission une dimension sacr e et exacerbe le caract re secret du savoir Il montre aussi en quoi le poids de l institution influe sur l un et l autre des personnages Mais cette histoire pose aussi en filigrane la question du savoir pr sent ici comme une fabuleuse biblioth que inaccessible secr te interdite Il est vrai qu cette poque encore l Eglise d tient le savoir et donc un certain pouvoir gr ce l criture En un mot le roman d Umberto Eco est une superbe illustration une synth se quasi caricaturale des exemples c l bres que nous avons survol s et au del de notre objet de recherche Nous remarquons que ce roman a t adapt et port l cran par Jean Jacques Annaud Sean Connery y incarne Guillaume de Baskerville Or il nous semble que cet acteur reconnu joue des r les de mentors de tuteur de ma tre dans une dizaine de films diff rents dont celui ci Notre curiosit nous pousserait volontiers questionner Sean Connery sur les motifs pour lesquels il accepte ces r les en quoi ces personnages SU Eco Le nom de la rose 1986 21 r sonnent 1ils dans son parcours Mais ceci nous entra nerait trop loin de notre objet de recherche Peut tre est ce l une nouvelle aventure possible une prochaine tude proposer Tous ces exemples et particuli rement ce dernier nous confir
323. on n est pas lin aire elle se fait par ruptures Postic 1988a des passages qui doivent se manifester dans la relation et dans les perceptions relatives des acteurs 239 Par ailleurs nous avons voqu les caract ristiques de l Expert Dreyfus et la n cessaire explicitation de son savoir faire non seulement dans le cadre d une pr paration pr alable si elle existe mais aussi et surtout dans la relation elle m me Cette approche nous a men consid rer l apprentissage ou le r apprentissage de l Expert dans la relation l Autre Il r organise ses savoirs pour mieux les transmettre Abernot il active ses connaissances Bastien ses actes Wallon les conscientise Vermerch il r interpr te ses r solutions de probl mes il les argumente les explique en fonction du Successeur Vygostki r pond ses questions value son apprentissage La relation en cela est cause de destructuration restructuration des connaissances d j l Mais au del il acquiert pour et par la relation de nouvelles connaissances Les deux partenaires sont engag s dans la transmission par des motifs pluriels la motivation transmettre et apprendre et que parmi ces motifs certains sont d ordre psychanalytique Cette relation est travers e par des repr sentations symboliques psychanalytiques des transferts et des contre transferts Postic 1988a La filiation le d sir d ternit le p re symbolique pour l Exp
324. on voire la r pudiation Il nous para t certes difficile d assimiler la relation Professionnel Exp riment Successeur une relation amoureuse N anmoins nous conservons la proposition de Lerbet S r ni selon laquelle le syst me relationnel s auto eco organise avec une dynamique qui lui est propre la relation peut prendre plusieurs formes et la dynamique auto eco organisationnelle peut faire voluer la relation d une forme l autre dans le temps Cette relation faite d inter trans co actions dans lesquelles un monde de connaissances un sens nouveau peut merger si un travail r ciproque une relation paradoxale est accept e par les interlocuteurs laissant alors l espace de r alisation des sujets des ipseit s Lerbet S r ni pr cise que la temporalit est un op rateur du syst me sp cifique li et liant contribuant l auto organisation du syst me Pour autant l auteur consid re le temps de la relation comme tourbillonnaire intra tourbillonnaire dans la mesure o la relation dans le temps sera auto po tique partir de son pass et assumera son avenir par le projet qui d terminera son orientation Lerbet S r ni 1994 p 83 6 3 4 Le tiers inclus le tiers exclu A partir des d veloppements pr c dents Lerbet S r ni 1994 1997 en vient poser la question du tiers dans la relation interpersonnelle probl matique ternaire dans la conjonction des contraires dans l
325. onc l entreprise vue comme groupe social Ceci nous conduit voquer la dimension culturelle des connaissances du Professionnel Exp riment Bastien nous a confirm que les connaissances de celui ci se construisent dans ces interactions sociales elles gardent pour partie au moins cette dimension commune au groupe social Nous conservons l approche syst mique pour aborder l Entreprise groupe social organis en forte interaction avec son environnement Le syst me entreprise est auto co organis il est plus et moins que la somme des personnes qui le constitue Chacune d entre elles n est pas d termin e par le syst me elle est la fois l ment qui construit le syst me et construite par lui il y a une r cursivit Suivant cette approche syst mique la sociologie des organisations d une part et l ethnologie d autre part nous clairent sur les dimensions culturelles du groupe social qu est l entreprise En effet depuis Crozier et Freidberg 1981 nous pouvons consid rer l entreprise comme un syst me social et la personne comme un acteur Le rapport de l acteur au syst me fait l objet de d bats nombreux et fournis comme le montre Dubet 1994 Les acteurs sont porteurs de strat gies propres explorant des zones d incertitude que g n re in vitablement l organisation Les relations entre acteurs sont faites de jeux de pouvoir et d alliances tacites Stroobants 1993 donne ce
326. onflit est saillant dans l apprentissage il se manifeste dans l interaction comme une contradiction une confrontation de points de vue notamment dans la r solution de probl me la co laboration le partage des t ches cr ant des destabilisations Le regard des pairs leurs avis diff rents interviennent dans la r gulation des actes successifs Le conflit socio cognitif cr e des d stabilisations sur le mode de repr sentation et le mode de r solution de probl me du sujet apprenant Dans cette approche et en prolongement de Bandura les aspects motivationnels et relationnels sont fondamentaux Dans le deuxi me type les dyades dissym triques la personne ressource reconnue comp tente est le d clencheur dans une relation de compagnonnage teint e d affectif elle joue le r le de m diateur dans les orientations des apprentissages de guidance de m diateur de l mergence des processus de m tacognition de m diateur l accompagnateur organisateur L auteur fait r f rence Bruner 1998 En effet Bruner 1998 p 261 rejoint ce m me courant socio cognitif de l apprentissage et pr ne une psychologie culturelle Bruner 1998 propose de consid rer l interaction de tutelle par laquelle l enseignant le formateur le parent aide l apprenant dans sa construction de solution et de connaissance Par l aide l tayage la m diation du Professionnel Exp riment l apprenant d passe la premi re
327. onnaissance par la pratique elle suppose une attitude ouverte de l individu qui le conduit se poser des questions et chercher des r ponses autres que st r otyp es La probl matisation qui consiste poser construire le probl me puis la r solution du probl me se substitue ce qui faisait obstacle C est aussi ce que Poplimont 2000 p 166 177 d veloppe comme argumentation pour une alternance int grative Le probl me int rioris int gr fait de la r solution une construction de sens Il est int ressant de noter que chez Poplimont comme dans l article de Jorro 1991 au cours de l exp rience v cue comme preuve comme situation probl me c est toute la personne qui est engag e produisant un cheminement exp rentiel qui favorise le passage de l exp rience sensible l exp rience intelligible Nous prenons en compte les pr cisions de De Villers et Mialaret et consid rant que l exp rience professionnelle peut tre peupl e d preuves surmonter de probl mes r soudre de r flexions sur l action mener nous pensons que l exp rience peut tre source d apprentissage 7 3 2 L apprentissage exp rientiel Pour voquer l apprentissage exp rientiel nous explorons un courant de pens e qui a promu ce qui est convenu d appeler la formation exp rientielle ou l exp rience comme mode d apprentissage Dewey 1947 propose une approche progressiste
328. ons sont rep rables Cependant il nous semble qu il y ait plus compl mentarit qu opposition entre ces deux courants constructiviste et socio constructiviste Mettant en avant les aspects de la personnalit ce mod le ne place pas l activit cognitive endog ne comme centrale comme Piaget le curant socio constructiviste ne s int resse pas sujet pist mique mais un sujet r el en situation Ce qui est mis en vidence ce sont les influences diverses et notamment sociales l influence des mod les m me si le sujet apprenant choisit ses mod les Dans cette perspective socio constructiviste Winnykamen 1990 explore la place de l imitation dans les diff rents courants th oriques que nous avons voqu s S appuyant 180 sur le mod le de l apprentissage social propos par Bandura elle tudie les m canismes l uvre dans des interactions de nature diff rentes Elle consid re notamment ce qu elle nomme des dyades sym triques entre pairs et des dyades dissym triques Dans le premier type les dyades sym triques ou faiblement dissym triques l auteur propose de consid rer des interactions co op ratives Dans ces relations elle commente le conflit socio cognitif d passant le conflit cognitif piag tien Les diff rentes centrations cognitives pr sentes am nent l individu une d centration cognitive moyen d apprendre par la confrontation des points de vue Le c
329. orm d tre en capacit de Il est utilis quelques fois dans le sens de pouvoir Quand il est utilis comme un nom le savoir est associ l id e de connaissances acquises La confusion peut persister Les auteurs peuvent nous clairer Ardoino 1978 p 304 tout d abord nous conforte dans l id e de consid rer le savoir faire comme un savoir il en donne une d finition commune Cependant cette d finition utilise un ensemble de connaissances acquises de techniques et d exp rience en vue d une certaine ma trise de la r alit Les deux termes sont encore li s l un a l autre l un pour l autre Lerbet 1997 nous invite consid rer la proposition de Legroux inscrite dans une approche syst mique Legroux consid re le syst me cognitif et son rapport la connaissance l information au savoir Pour cet auteur la connaissance est le degr d information le plus int gr appropri propre au syst me cognitif l information est le degr le moins int gr ext rieur au syst me cognitif le savoir se situe un degr interm diaire d int gration par le syst me cognitif Consid rant Homme et l entreprise comme des syst mes complexes cognitifs nous adoptons la repr sentation de la construction cognitive des connaissances comme un processus d int gration de l information Lerbet 1997 p 97 propose de consid rer en entr e du syst me le processus d
330. ortent alors un coup s rieux aux d marches avou es d inventaire et de normalisation de comp tence Nous pensons que cette transmission de savoir faire peut s inscrire dans une approche Entreprise Qualifiante elle peut tre aujourd hui mise en lumi re sous les feux de l Entreprise Apprenante et trouver sa justification dans la dynamique de partage et de d change que ce mod le propose S il est vrai qu ce jour peu d entreprises s inspirent concr tement du mod le de l Entreprise Apprenante et que les mani res d aborder la F P C sont diverses il n en demeure pas moins que quelques tentatives concr tes sont initi es ici ou l motiv es par la n cessit de r pondre des situations nouvelles des probl matiques complexes qui mergent de ces contextes Les situations justifiant cette transmission sont plurielles des d parts naturels un plan social occasionnant des d parts anticip s des mutations une r organisation entra nant des changements de fonction de r f rentiel emploi des recrutements internes ou externes Ces contextes multiples n cessitent des actions particuli res qui s inscrivent typiquement la crois e des approches pr sent es par Moingeon et Ramanantsoa 2000 la fois prescriptives et descriptives individuelles et collectives Les individus sont bien entendu concern s ceux qui d tiennent ces savoir faire et ceux qui sont charg s de les int grer mais aussi plus g
331. ou soumissions des explicitations de l assertion remet en cause la v rit de la proposition r it r e le reflet reformulation de sentiments modal r it ration d attitudes qui entra nent un retour sur la personne r tro r f rence centration sur la pens e expression des pens es intimes et priv es Les interrogations 258 Les questions sur le contenu questions sur l attitude appellent un registre discursif elles peuvent g ner voire remettre en cause le contrat initial si elles sont trop nombreuses Le discours r sultant est donc le produit de ces interactions constitu es d interventions et de r ponses et inscrites dans un contexte d finit par un contrat Blanchet 1998 p 114 Nous prenons en compte les pr conisations et remarques de Grawitz et Blanchet Pour mener les entretiens un guide d entretien sera labor et joint en annexe 3 pour chaque type d entretien Compte tenu des formulations de Blanchet nous n excluons pas les interventions possibles en cours d entretien pour favoriser chez l acteur interview l explicitation la reformulation les compl ments les pr cisions nous n excluons pas non plus les relances lorsque cela s av rera n cessaire Les entretiens seront tous enregistr s au magn tophone et retranscrits joints en annexe 4 avec le souci de reproduire aussi fid lement que possible les expressions les silences l enthousiasme les r p titions les phrases
332. oupements rachats OPA plus ou moins agressives se multiplient Qui plus est la mondialisation des changes et des march s fait que les d cisions qui engagent l entreprise sont souvent prises par des financiers tr s loign s g ographiquement et 3 Deforge 1991 p 202 47 culturellement des lieux de production Apr s les grandes man uvres dans les secteurs industriels initi es fin des ann es 80 ces m mes ph nom nes s tendent d sormais d autres secteurs bancaires assurances grande distribution transport Et lorsqu un secteur est plut t pargn par ces bouleversements d autres comme l Am nagement et la R duction du Temps de Travail ARTT ou mieux encore les 35 heures viennent le secouer La fr quence et la profondeur de ces mutations techniques conomiques sociales juridiques font que certains auteurs parlent de crise de l entreprise Roux Dufort 1996 et plus largement de la soci t Dubar 2000 Si certains changements ont des origines connues rep r es de nouveaux bouleversements s annoncent 3 1 4 1 Une nouvelle contrainte la d mographie Nous avons vu pr c demment que les entreprises et notamment les grandes celles qui ont une certaine histoire r sultent d une p riode faste les 30 glorieuses Une forte partie des effectifs cadre et non cadre est issue des fortes vagues de recrutements de cette p riode Ces recrutements se sont d abord ralentis dans
333. ous importe de poursuivre plus loin d autres psychologues apportent des compl ments qui nous semble t il sont tr s pertinents pour notre approche 120 7 4 3 3 2 Les apports de Vygotski et Wallon Vygotski 1985 apporte les l ments d un d bat aux travaux de Piaget Pour Piaget la connaissance r sulte d un processus endog ne d quilibration et de maturation le sujet est central Pour Vygotski l apprentissage suppose une m diation sociale r sultante d une construction humaine outill e par des instruments fabriqu s Parmi eux se situe tout ce qui nous sert communiquer et notamment le langage c est dire la langue les codes signes Contrairement ce que pense Piaget le langage structure la pens e Vygotski propose de consid rer dans cette interaction une double construction dans l environnement la connaissance se forme dans l interpsychisme Pour Vygotski toute action sur la nature est m di e par un outil et par des instruments psychologiques Le langage a donc une double fonction d une part il sert communiquer ce que l on pense d autre part il structure la pens e en retour Il est int ressant de noter que la linguistique Mounin 1971 p 76 autre discipline des sciences cognitives d veloppera cette id e Le langage n est pas qu une expression de la pens e elle est aussi agissante en retour sur la pens e Il y a donc une r cursivit entre pens e et langage Vygotski pro
334. oxe de la relation d pendance autonomie fusion s paration sur base de conflits L aussi nous pouvons comprendre une volution des modes de communication en fonction de l volution des positions respectives des acteurs au fur et mesure de leurs transformations respectives Nous venons de voir que la relation est un processus complexe susceptible d auto eco organisation vers des modalit s volutives Il convient d s lors de tenter de rep rer les 214 modes de communication possibles dans la relation que nous souhaitons tudier Nous ne pr tendrons pas reproduire de mani re exhaustive tous les ph nom nes de communication que d autres auteurs et particuli rement Postic 1988a ont fait remarquablement Nous chercherons uniquement relever des rep res utiles des observables pour rendre compte plus loin de l volution de cette relation 9 3 1 8 La relation p dagogique comme une narration Une premi re approche possible pourrait consister voquer la narration comme mode privil gier de communication dans lequel l Expert se raconte reconstruit son histoire de vie Le document vid o Sapi ga 1998 dont nous avons d j parl montre effectivement Louis Chiorino Compagnon menuisier du devoir dans la relation son apprenti Or tout au long de ce document Louis Chiorino se raconte narre l volution de son m tier l utilisation des outils ses relations avec les autres m tiers vo
335. p rateur garder au lieu d enlever semble une heuristique g n rale Nous serions tent de consid rer la relation de transmission comme une situation d apprentissage explicite assimil e une action de formation dans la mesure o le Professionnel Exp riment formalise pour partie son savoir faire et peut utiliser des savoirs d j formalis s disponibles dans son environnement Toutefois nous avons vu pr c demment que le Savoir Faire du Professionnel Exp riment tait polymorphe en grande partie automatis implicite Par ailleurs la situation de transmission se situe au sein de l entreprise le Successeur est donc immerg dans le syst me socio technique dans lequel il peut rencontrer des situations probl mes r elles ou simul es Nous ne pouvons donc pas rejeter l apprentissage implicite au sein m me de la relation de transmission L explicitation et la formalisation du Savoir Faire pendant l interaction ne peut pr tendre tout formaliser il y a de l incommunicable dans ce savoir faire Lerbet S r ni 1997 nous pensons que le Successeur apprend aussi de mani re implicite dans la relation mais aussi hors de la relation avec le Professionnel Exp riment dans l entreprise avec d autres ou tout seul 175 Il nous semble pertinent de rapprocher les d veloppements de Bastien 1997 de Aumont et Mesnier 1992 et de Malglaive 1990 avec le mod le de Kolb 1984 que nous avo
336. p 42 Les sch mes sont ainsi organis s par mati re magasinage fonctionnel liens fonctionnels ou structuraux en fonction des types de t ches ceci exclut l organisation par indexation mode d adressage mais acc s direct aux connaissances acquises par composition de proche en proche La psychog n se organise les connaissances structur es fonctionnellement les liens entre sch mes partir des situations r soudre les liens constituent les chemins d acc s syst me s mantotopique comme des indicateurs d itin raires hi rarchis s accessibilit diff rentielle aux sch mes productivit jalonnent les itin raires heuristiques Ici contrairement PIA les op rations se font dans la m moire et non ext rieures Bastien 1997 p 43 En prolongement Bastien d veloppe l id e de Situateur et groupement op ratoire des centrations Il n y a pas de recherche tendue syst matique ceci conduit consid rer un situateur vous tes ici point de d part de l vocation centration s mantotopiquement situ d o l importance du contexte qui situe le syst me cognitif 125 dans l espace des sch mes Ce situateur a un double r le l adaptation assimilatrice de la centration du r el et un groupement op ratoire des centrations subordination d un sch me moyen un sch me but comme une planification cons cutif ce d placement d pendant de la construction du syst me de sc
337. pens e en action incarn e D apr s Dreyfus 1992 p 353 355 il semble que cette caract ristique de l Expert soit depuis longtemps r v l e il en donne pour exemple des traces remontant Socrate Nous l avons dit Tochon 1993 s int resse lui aussi aux experts et particuli rement aux experts enseignants Il propose de consid rer la planification comme activit principale de l expert enseignant dans laquelle les routines lui permettent une conomie cognitive planification qui nous semble t il est rapprocher de la capacit d anticipation strat gique que proposait Dreyfus L activit interne de planification inclut donc un certain nombre de niveaux de routinisation ench ss s et se d roule d une mani re plus complexe qu on pouvait le penser L utilisation de routines pr sente au moins trois avantages elle permet de diminuer le nombre d indices traiter en m me temps de r duire le nombre de d cisions prendre en minimisant le besoin de planifier chaque l ment d une activit d augmenter la pr dictibilit de l action de l enseignant e pour ses l ves et de diminuer ainsi l anxi t de ces derniers Tochon 1993 p 78 Il nous semble int ressant de relever cette caract ristique pour deux raisons au moins La premi re consiste relever le fait que l Expert face un probl me est susceptible de raisonner par abduction Tochon nous pr cise que l abductio
338. pensons que dans cette mise en mots et en gestes en argumentations et explications le Professionnel Exp riment explicite son savoir faire et ce faisant r apprend ce qu il sait autrement et peut tre apprend du nouveau Il nous para t donc que l explicitation que provoque la relation au Successeur cr e un nouveau rapport au savoir Charlot 1997 tant par la formalisation de ce qui est implicite que par l utilisation ou la r utilisation l vocation la d monstration des savoirs d j formalis s dans la r cursivit que posent Vygotski et Wallon Il nous faudra aborder cet aspect plus loin lorsque nous voquerons la relation entre le Professionnel Exp riment et le Successeur 7 4 5 2 Quelques remarques Nous avons laiss en suspend une question qui peut resurgir savoir qui d finit qui value l expertise du Professionnel Exp riment Question pr cis ment opportune puisque nous avons pr cis plus haut que Professionnel Exp riment n tait pas forc ment reconnu au sein m me de l entreprise Tochon 1993 formalise cette question en proposant quelques crit res de choix de l expert Il conclue tr s justement que chaque crit re en soi est tr s subjectif et que la dur e de l exp rience elle m me est une condition n cessaire mais pas suffisante pour rendre compte de l expertise Il estime cette dur e n cessaire 7 ans Lieury et Fenouillet 1997 p 118 l estiment
339. pose une zone proximale de d veloppement mettant en vidence la proximit n cessaire de ce qui est apprendre avec ce qui est d j appris Dans l int raction avec l autre l individu apprend ce qu il n aurait pas pu apprendre seul Les propositions de Vygotski sont pour nous tr s importantes D une part elles tendent confirmer le r le du rapport l autre dans le processus de construction de connaissance du Professionnel Exp riment et notamment dans l apprentissage exp rientiel vu plus haut D autre part dans la situation de transmission que nous essayons d tudier le Successeur est en situation d apprentissage en relation avec le Professionnel Exp riment Par ailleurs nous avons voqu avec la psychomotricit le geste professionnel comme composante du savoir faire du Professionnel Exp riment Wallon 1970 tudie la relation complexe entre acte et pens e Dans ce rapport les deux sont troitement li es mouvements et repr sentations sont dans un rapport circulaire Le mouvement ne se produit pas sans susciter des effets qui deviennent des causes en les suscitant leur tour de mani re veiller explorer ordonner les sensibilit s 121 correspondantes ce sont les r actions circulaires Wallon 1970 p 232 Il propose deux types d effets ult rieurs ceux tourn s vers le monde ext rieur visibles d autres plus intimes sur les repr sentations D s lors
340. pproche donnent penser que les professionnels quels que soient leurs statuts leurs qualifications leurs domaines d activit sont porteurs de mythes inscrits dans une tradition une histoire du groupe d appartenance m me si la transposition est vertigineuse Cette pr sence symbolique mythique est aussi confirm e par les diff rents ethnologues qui ont contribu l ouvrage coordonn par Chevallier 1991 Pour compl ter ce tour d horizon nous pouvons aussi faire r f rence l ouvrage d j cit de Gu dez 1994 qui d crit de mani re tr s fine les repr sentations symboliques rep rables dans les diff rents rites tr s actifs chez les Compagnons du Devoir Ce d veloppement avait pour but de donner au Savoir Faire du Professionnel Exp riment une dimension la fois individuelle et collective culturelle et identitaire que nous ne pouvons pas ignorer Ce Savoir faire est une manifestation en contexte de connaissances de repr sentations construites dans par avec son activit professionnelle et ailleurs dans par avec le groupe social les groupes sociaux aux quels appartient le 135 Professionnel Exp riment Ces connaissances collectives sont multiples elles comprennent aussi des repr sentations symboliques propres au groupe socioprofessionnel au m tier son histoire ses mythes Elles participent aussi la construction identitaire du groupe et le Professionnel Exp riment a aus
341. prit scientifique nous tentons de construire le probl me qui nous pr occupe de r pondre la question que nous nous sommes pos e pr c demment Il s agit maintenant de construire une probl matique 6 Probl matisation Probl matiser la transmission de savoir faire consiste adopter un regard pluriel de cette situation au travers d une paire de lunette th orique que nous avons choisie une lecture th orique et donc abstraite mais aussi consciente de la situation C est laborer une heuristique englobant les mod les articul s Une forme de m ta mod le dans lequel s inscrivent en coh rence les mod les th oriques convoqu s Mais ce choix implique aussi de laisser de renoncer d abandonner certains mod les moins pertinents ou moins coh rents avec la vision que nous souhaitons adopter Notre probl matisation ne peut pas pr tendre l exhaustivit et encore moins la v rit Pour notre probl matique il s agira d adopter une certaine vision du monde de l homme et de sa place dans ce monde et par voie de cons quence une certaine conception de la connaissance du savoir du savoir faire de leur construction et de leur transmission au centre de notre probl matique Il s agit donc de s interroger sur ce qu est un Savoir faire une Connaissance sa construction et comment elle se transmet Notre objet de recherche est complexe pour construire notre probl matique nous emprunte
342. que chose qui pourrait tre appel une transmission d un savoir faire Il nous faut maintenant quitter nos cousins les grands singes et nous recentrer sur l homme 2 2 Qu en est il de l Homme Notre histoire est marqu e par une succession d adaptations que l humanit a capitalis es Comme pour les autres esp ces les d veloppements successifs se sont largement diffus s horizontalement et verticalement avant m me que l homme n institutionnalise ne professionnalise cette action de transmission Nous l avons d j voqu le singe sait utiliser des outils pour parvenir ses fins ou ses faims Une des caract ristiques qui nous diff rencient du singe est que nous transformons l outil nous le cr ons nous le fa onnons nous l adaptons l utilisation que nous pr voyons Wallon 1970 Il semble que cette caract ristique est av r e depuis plus de 2 Millions d ann es Coppens et Picq 2001a et b puisque Homo Habilis utilisait des outils taill s pour la percussion dure et toutes ces inventions se diffusaient d j avec sans doute des modes de communication primitifs Les pal ontologues reconnaissent chez Homo 14 Sapiens il y a 100 000 ans la capacit de transmettre ses inventions au point de parler de culture Bien entendu l apparition plus tard du langage articul a permis L Homme une diffusion plus large et plus complexe Avec de solides connaissances en pal ontologie un p
343. que de l entreprise que nous avons esquiss e plus haut Les ann es 70 pourraient montrer une pr dominance d une formation imp t les ann es 90 et au del pourraient laisser penser une approche Formation D veloppement Si cette typologie semble un peu caricaturale et dat e nous pensons qu elle en a gard quelque pertinence aujourd hui encore Nous pensons qu il est possible aujourd hui de rencontrer des entreprises pr sentant des pratiques de formation tr s diverses mod lis es par les paradigmes de Meignant Cette typologie traduit des perceptions de la formation expliquant les tendances chiffr es voqu es plus haut Elle pointe aussi le fait que les pratiques de formation sont r v latrices d une conception des ressources humaines Nous serions tent s de dire aux Chefs d entreprise Dis moi qui comment et combien tu formes je te dirai qui tu es 3 1 2 1 Quelques commentaires s imposent L analyse pr c dente de l volution de la Formation Professionnelle Continue tant quantitative Cereq que qualitative Meignant 1986 Parlier 1998 montre une tendance forte de rapprochement progressif entre la Formation et la DRH traduisant une professionnalisation de la FPC Mallet 1994 1996 confirme ce mouvement et propose de consid rer l volution des rapports entre les trois sph res Strat gie GRH et Formation en fonction d une part de deux param tres influents li s l environneme
344. que telle la psychanalyse ne peut tre r duite une propri t intellectuelle exclusivement r serv e aux initi s aux lus Notre intention est bien de convoquer ici les conceptions psychanalytiques en tant que grille de lecture des ph nom nes l uvre dans notre probl matique Pour la psychanalyse l Inconscient est le lieu o se joue des ph nom nes agissant sur la psych et donc sur les actes du sujet c est l autre sc ne Trois instances sont l uvre le a si ge de pulsions de vie et de mort le Surmoi ou Id al du Moi si ge du contr le de la r gle morale de la norme int rioris e de l interdit et le Moi o se concr tisent en r el les ph nom nes monde du conscient et de l adaptation au r el La pulsion comme processus dynamique consistant dans une pouss e qui fait tendre 156 l organisme vers un but une pouss e interne ayant pour finalit la suppression de la tension Ces pulsions se transforment dans leurs expressions par des m canismes psychiques internes des m canismes de d fense du Moi destin s viter ou neutraliser l angoisse interne Ces m canismes sont au nombre d une vingtaine il les regroupe en cat gories le refoulement la projection la sublimation les annulations Vanier 1996 nous confirme que le d sir manifestation d une pulsion est l origine de la reproduction de l esp ce de la survie L tre humain est en p
345. quelle il nous faudra revenir plus loin Gardons l id e que l une et l autre sont des constructions cognitives du sujet Ainsi c est en adoptant ce paradigme constructiviste articulant r alisme et rationalisme du rapport r cursif et auto organisateur de la connaissance que nous poursuivons notre laboration de la connaissance dont le savoir faire est une manifestation 7 4 3 La connaissance sous l angle des sciences cognitives En rupture avec le b haviorisme qui ne s int resse qu aux comportements observables de l individu les sciences cognitives mettent ce que vit le sujet ce qu il ressent ce qu il con oit au centre de l analyse bref ce qu il y a dans la boite noire Les sciences cognitives s int ressent la question comment pense le sujet et proposent une diversit de disciplines regroup es dans diff rents courants qui s auto alimentent par une forme de continuit une certaine compl mentarit sans exclure les d bats D une 105 mani re g n rale le domaine du cognitif s int resse tout ce qui a trait la connaissance de la perception visuelle auditive tactile l intelligence calcul r solution de probl mes intuition choix strat gique sans oublier le langage la m moire l apprentissage etc Les sciences cognitives prennent leurs origines dans les ann es 1945 1950 sous l influence intellectuelle de la cybern tique cr e par N Wiener
346. r La suite pourrait nous faire penser comme Steiner un abandon une r pudiation D autres exemples sur tout l chiquier politique pourraient sans doute tre rep r s et comment s Mais ce domaine nous est suffisamment tranger il est aussi g n rateur de d bats qui ne nous int ressent pas pour l heure nous garderons une distance prudente Toujours dans l actualit mais dans une sph re diff rente le 05 f vrier 2004 un reportage r alis par Philippe Azoullay est diffus la t l vision Il relate la rencontre Rio de Janeiro organis e par le r alisateur entre Vincent Cassel et G rard Depardieu le jeune com dien prometteur et le monstre sacr du cin ma La rencontre dure quelques jours suffisamment pour concr tiser une v ritable estime mutuelle une r elle admiration r ciproque entre les deux personnages Or les changes mettent en vidence ce qui les rapproche et ce qui les diff rencie Les deux se racontent et se d couvrent et au cours de l change des analogies apparaissent avec pour l un son p re et pour l autre son fils Cette panoplie disparate d exemples certes loin d tre exhaustive essaie de nous conduire vers ce qui sera pour nous notre objet de recherche Nous nous contenterons de dire que de tout temps les philosophes les guides spirituels et religieux les scientifiques les artistes les sportifs et m me les responsables politiques revendiquent leur r f ren
347. r cise aussi que si l information a une dimension essentiellement fonctionnelle la communication suppose un enchev trement de dimensions symboliques et fonctionnelles Lerbet S r ni 1994 p 100 positionne sa conception de la communication et s appuie sur une repr sentation de l interaction communicationnelle emprunt e F Jacques Dans cette sch matisation S1 et S2 sont les personnes le couplage relationnel engendrant un syst me relationnel Ce sch ma fait appara tre non seulement les interactions mais aussi des boucles r troactions r cursives sur chacun des protagonistes Ainsi chacun est metteur et r cepteur chacun est potentiellement alt r par le processus relationnel 209 La situation de transmission de savoir faire que nous tudions est une relation de communication dans le sens o les deux partenaires sont actifs r actifs Le Successeur est ici apprenant et nous l avons vu plus haut il est actif voire r actif il a ses propres connaissances d j l et il a ses propres besoins Nous avons pr cis plus haut que le Successeur tait adulte et en cela il revendique son exp rience Labelle 1996 Le Professionnel Exp riment doit lui faire prendre conscience des manques et en m me temps reconna tre cette exp rience d j l il ajuste son action en fonction des pr curseurs Bastien 1997 du Successeur invite une progression avec une zone proximale de d veloppement Vygotski 1985 il a
348. r par quelques exemples 13 2 1 La transmission de savoir faire naturelle 13 2 2 Qu en est il de Homme 14 2 3 Quelques exemples contemporains 16 2 4 Quelques exemples c l bres 17 2 5 Un exemple embl matique 21 2 6 Un recentrage sur un cadre professionnel 22 2 7 Le Compagnonnage 23 3 L Entreprise champ de recherche en Sciences de l Education 27 3 1 Le monde de l entreprise un contexte volutif 29 3 1 1 L Entreprise une volution historique 29 3 1 2 La Formation Professionnelle Continue en volution permanente 37 3 1 3 Une synth se historique 46 3 14 L entreprise aujourd hui 47 3 1 5 Une nouvelle tendance l Entreprise Apprenante 53 3 2 Objet de la recherche 59 3 2 1 Le questionnement 62 Deuxi me partie Probl matique th orique 63 4 Pr alables 64 5 Approche pist mologique 64 6 Probl matisation 69 6 1 Une premi re approche bipolaire 70 6 2 Une figure triangulaire 71 6 3 La relation duelle un syst me complexe 72 6 3 1 Le syst me complexe 76 6 3 2 La relation duelle comme un syst me complexe 77 6 3 3 Un syst me complexe relationnel dyadique paradoxal 80 6 3 4 Le tiers inclus le tiers exclu 82 7 Le Professionnel Exp riment 85 7 1 L exp rience comme une preuve 87 7 2 L exp rience comme r sultat des mises l preuve 88 7 3 L exp rience source d apprentissage 90 7 3 1 Rappel pist mologique 90 7 3 2 L apprentissage exp rientiel 93 7 3 3 L activi
349. rdre Ainsi pour la 8 dyade nous appellerons les entretiens de d but de transmission D8 EE1 pour l Expert et D8 ES1 pour le Successeur D8 EE2 et D8 ES2 les entretiens de fin de transmission pour l Expert et le Successeur de la 8 dyade D8 EE3 et D8 ES3 les entretiens post transmission de l Expert et du Successeur Chaque s quence est film e en situation de transmission la dur e de l enregistrement pr vue est d une heure environ Chaque s quence est analys e l analyse porte sur les 30 derni res minutes de la s quence 266 12 2 1 1 Pr sentation synth tique du dispositif Nous reprenons ci dessous le sch ma d j pr sent plus haut Il permet de situer les appellations que nous utiliserons plus tard Repr sentation sch matique du dispositif pour la dyade 1 D but de la S rie de s quences Fin de la Fin de la transmission transmission d observations transmission 6 mois au moins de DISI DIS10 E S1 S2 Entretiens 2 Entretiens 3 DIEE2 DIES2 DIEE3 DIES3 Entretiens 1 D1EE1 D1ES1 12 2 1 2 Dyades et terrains de recherche Nous pr voyons de mettre en uvre notre dispositif aupr s de 10 dyades Professionnel Exp riment Successeur rep r es D1 D10 Le contrat initial Le contact avec les entreprises pr voit une phase initiale d information dans laquelle les principes et les conditions de la recherche sont propos s Respect du volonta
350. re valuation de la majoration apport e au syst me cognitif conservation de cette acquisition avec accessibilit en m moire proportionnelle sa valeur estim e Bastien 1997 p 41 La construction d un nouveau sch me d une nouvelle fonction est li e la productivit diff rentielle qu il apporte au syst me dans son ensemble modifiant la surface adaptative le syst me est en r novation constante L auteur parle d une strat gie ax e sur la conservation et l int gration des acquis qui tend faire passer l quilibration du syst me de l tat de t tonnement exhaustif aucune connaissance un t tonnement nul c est dire l ex cution d un sch me c est le cas de l expert Les m tasch mes sont la fois producteurs et coordinateurs de sch mes et fonction d valuation support de comp tence heuristique Les sch mes qui ont surv cu aux remaniements peuvent tre transmis par les changes sociaux entre g n rations donc pr d termination phylog n tique Bastien commente l Organisation s mantotopique et cheminements L auteur fait r f rence aux travaux de Cellerier qui montrent le lien entre la localisation des aires c r brales somatotopie et la hi rarchisation des couches c r brales s mantotopie une pr architecture du cerveau divis horizontalement aires cognitives sp cialis es et verticalement machines d ex cution sp cialis es Bastien 1997
351. re d veloppement et exposons ci dessous la m thode de recherche que nous adoptons 251 12 La m thode de recherche Notre d veloppement m thodologique avait pour but de poser les soubassements pist mologiques et th oriques qui supportent les principes de notre m thode de recherche Mais la m thode suppose aussi un retour au r el une confrontation de l hypoth se au terrain de recherche Nous nous proposons donc d aborder maintenant cet aspect Il nous semble n cessaire d une part de faire une pr sentation synth tique de notre m thode Elle comportera un rappel sch matique du dispositif pr vu une pr sentation technique de nos grilles d analyse une pr sentation succincte de nos terrains de recherche Il nous faut d sormais construire notre m thode Celle ci doit la fois permettre la rationalisation que nous sugg re notre d sir d objectivit et en m me temps laisser la place au r alisme au sens que ne manquera pas de manifester notre objet de recherche Le choix de la m thode est motiv par l objet de recherche ses buts ses ambitions 12 1 1 Objectif de la recherche Notre recherche a pour vis e de v rifier ou infirmer l hypoth se formul e pr c demment dans notre probl matique th orique savoir que la relation andragogique Professionnel Exp riment Successeur est r ciproque Notre objet de recherche est une situation de transmission entre deux acteurs professionnels en ent
352. re dans l int raction qui les unit Le d veloppement pr c dent que nous proposait Lerbet S r ni 1994 mettait en lumi re le caract re paradoxal de la relation paradoxe de la diff renciation et de la confusion M me et Autre fusion et s paration dans lequel chacun se construit La reconnaissance mutuelle m le tout la fois des aspects symboliques des aspects relationnels des aspects de comp tence Elle traverse les processus interactifs elle est pr sente dans toutes les m diations cognitives et didactiques Comme le montrent Lieury et Fenouillet 1997 l action du Professionnel Exp riment dans la relation au Successeur peut entretenir inciter la motivation intrins que apprendre de celui ci Il peut aussi provoquer une r signation apprise un d couragement en tuant la motivation intrins que Nous l avons d j dit le Successeur est un adulte professionnel en regard du r f rentiel emploi il peut tre Novice D butant avanc Comp tent Ma tre ou Expert Dreyfus 1992 Et suivant le cas 1l aura des besoins diff rents tant sur le plan cognitif que sur le plan de la reconnaissance Les facteurs extrins ques vont aiguillonner soutenir ou pas la motivation apprendre du Successeur depuis la d cision initiale et tout au long de la transmission jusqu l autonomie en regard du poste Ils agissent nous l avons dit sur l image de soi ils r pondent au besoin de reconnaissance Si dans
353. re des ing nieurs Les activit s sont d coup es en t ches simples et r p titives ne demandant a priori aucune r flexion aucune initiative Le film de Charlie Chaplin Les temps modernes illustre et caricature peine cette p riode Cette nouvelle approche de l organisation du travail a aussi profond ment marqu les pratiques et les relations sociales les liens sociaux les styles de management Cette formalisation est aussi comment e par Deforge 1991 comme une id ologie dans les enseignements techniques mouvement lui aussi engag depuis fort longtemps Cette mise en forme rationalisante semble concurrencer non seulement les savoir faire les rel guant des m tiers en voie de disparition mais aussi le mode d acquisition des savoirs pratiques des techniques pr nant un enseignement m thodique Notons ce 14 Deforge 1991 p 208 30 propos que c est dans les ann es trente que le Management devient une discipline enseign e aux Etats Unis Si l on suit ces auteurs l entreprise d aujourd hui se distingue fortement des m tiers traditionnels ou artisanaux par des savoirs des techniques et des pratiques formalis es mis en forme et des modes d enseignement m thodiques Ces d veloppements pourraient nous laisser penser que les modes de compagnonnage la transmission naturelle de savoir faire illustr e par nos exemples plus haut n a pas de place dans l entrep
354. re les deux partenaires cette approche ne nous semble pas plus pertinente que la pr c dente 6 3 La relation duelle un syst me complexe Nous avons vu plus haut que le mod le cybern tique de Shannon puis le mod le triangulaire de Houssaye taient limit s pour rendre compte de la situation qui nous int resse Nous avons vu aussi que les didacticiens nous orientent vers l approche syst mique pour aborder la relation duelle liant le Professionnel Exp riment et son 12 Successeur dans une relation de transmission acquisition de savoir faire Pour ce faire il nous semble n cessaire d clairer cette approche et en quoi elle nous semble pertinente Le concept de syst me est propos par Von Bertalanffy 1972 juste avant la deuxi me guerre mondiale sous l expression de la th orie du syst me g n ral Le syst me est ainsi d fini par Von Bertalanffy 1972 p 25 un ensemble form d l ments en interaction qui entretiennent des rapports r ciproques avec l environnement ce qui occasionne des modifications internes Les sciences vont s approprier ce concept qui favorise la prise en compte de la complexit du r el Ainsi tout m canisme physico chimique tout tre vivant tout organisme animal ou humain peut tre consid r et tudi comme un syst me ensemble born d l ments identifiables et li s entre eux par des relations d interd pendances Les sciences humaines notam
355. re th oriques Et au del de cette professionnalit il est par ailleurs porteur d une exp rience professionnelle et d une exp rience de vie qui lui conf rent des savoirs et des comportements moins ou pas reconnus parce que typiquement subjectifs Lui seul a articul les th ories les proc dures les bonnes pratiques que lui proposent ou lui imposent la formation initiale la formation continue l entreprise d une part et d autre part ses exp riences v cues dans l entreprise et ailleurs Lui seul en a reconstruit le sens dans par et pour l action dans toutes ces situations concr tes et dans son rapport aux autres dans les r flexions et formalisations a priori ou a posteriori Nous noterons ce propos que les diverses r organisations mutations re qualifications r orientations lot de la plupart des entreprises et depuis plusieurs ann es rendent d licate et disons le na ve une association lin aire coh rente du cursus de formation et de l exp rience professionnelle Ou pour le dire comme Stroobants 1993 p 83 Alors que la recherche du GLYSI Bernoux et al 1984 inviterait creuser la corr lation entre le titre scolaire et les connaissances implicites le dipl me appara t comme un attribut une condition n cessaire mais non structurante des acquis ult rieurs Parce que la formation scolaire pr c de l insertion professionnelle parce qu elle est par d finition d
356. rencontre du probl me de la situation Le niveau de guidage est ajust en fonction de l apprenant et de ses besoins jusqu au d s tayage o le formateur prive progressivement l apprenant de son aide favorisant son acc s la ma trise Nous notons aussi que Bruner fait r f rence la zone proximale de d veloppement de Vygotski le formateur aide l apprenant d passer son premier rapport la situation pour faire un pas de plus 181 Parmi les dyades dissym triques Winnykamen 1990 voque les dyades Expert Novice qui pour nous sont d un int r t majeur puisqu elles correspondent un des cas que peut pr senter la relation que nous tudions Dans cette partie l auteur prolonge son d veloppement de l apprentissage socio cognitif et propose de consid rer l apprentissage par imitation mod lisation interactive Nous proposons la notion d imitation mod lisation interactive l o le sujet modifiant ses conduites en fonction de celles du mod le provoque chez ce dernier une inflexion des siennes partir d une prise en consid ration des transformations comportementales qu il a induites chez l observateur Cette analyse s applique particuli rement la dyade fortement asym trique quant aux savoirs et aux pouvoirs que l enfant constitue avec l adulte Ce dernier repr sente les mod les culturels acqu rir ou rejeter C est le cas de tous les moments o la dyade
357. rencontrer un autre paradoxe que vit le Professionnel Exp riment En tant qu Expert il ma trise son activit ses connaissances sont incarn es il ne s attache plus aux plans mais en m me temps en tant que formateur Novice il a besoin de plan formalis qui le rassure d autant plus que le savoir en l occurrence son savoir faire doit tre reconstruit explicit mis en forme en programme 9 3 1 5 Des curricula formel r el cach Si l on suppose que le Professionnel Exp riment a pu anticiper planifier mettre en programme minima ce qu il projette de transmettre incluant peut tre les prescriptions de l entreprise qu en est il de l articulation entre ce programme et ce qui est fait dans la relation Tochon 1993 traitant des enseignants experts nous pr cise que ce qui est fait dans l acte d enseignement dans la phase interactive n est pas rigoureusement ce qui tait planifi 206 Perrenoud 1994 nous apporte un clairage suppl mentaire Etudiant les situations d enseignement scolaire il voque le curriculum terme emprunt Dewey et s opposant au programme pour signifier toutes les intentions de formation public cible finalit s objectifs contenus syst me d valuation planification des activit s effets attendus Pour Perrenoud il existe trois formes de curriculum le curriculum formel est celui prescrit par l institution scolaire Il est ai
358. reprise Lors de notre probl matisation nous avons tent de prendre en compte la complexit de notre objet de recherche Suivant les pr conisations de Bachelard notre m thode doit nous permettre de rendre compte des volutions de cette situation et pour ce faire privil gier l observation Nous ne cherchons pas prouver une quelconque causalit Notre m thode cherchera pr lever des observables de la situation avec la volont d objectiver ces observations Nous chercherons limiter notre influence sur nos observations sur les acteurs sur leur relation sans la nier Pour confirmer ou infirmer la r ciprocit de la relation nous souhaitons mettre en vidence les volutions rep rables de la communication et les volutions de repr sentations des deux acteurs Au del nous n excluons pas la possibilit de voir 252 merger du r el une v rit que notre approche th orique n aurait pas abord e Il s agit donc de rep rer les volutions de la transmission de savoir faire au travers d un dispositif construit propos et mis en uvre Notre recherche s inscrit dans une vis e descriptive et une recherche d objectivit de neutralit de distance sans pour autant nier l intersubjectivit Il nous appartient d voquer notre posture de chercheur en regard de notre objet de notre terrain 12 1 2 Notre posture de chercheur Notre d marche de recherche privil gie l observation Notre postur
359. reuses et il est hors de propos d en faire ici l inventaire L ouvrage dirig par Barbier 1998 nous propose des commentaires partir de la distinction entre savoirs th oriques et savoirs d action Cette distinction est rapprocher de celle propos e par les didacticiens comme Chevallard 1991 ou Joshua 1998 qui consid rent des savoirs savants et des savoirs techniques Mialaret 1998 donne aux savoirs th oriques la pr tention d tre un savoir g n ral et au savoir empirique le statut de savoir localis particulier Nous pourrions d s lors retomber dans un d bat opposant th orie et pratique Mais Mialaret 1998 p 175 nous dit que ces savoirs ne doivent pas tre oppos s hi rarchis s Dans une autre approche Latour 1998 discute cette distinction entre savoirs th oriques et savoirs pratiques Pour lui les savoirs th oriques sont aussi des productions qui n cessitent un savoir faire des tours de main Pour illustrer son propos il relate le fait que des math maticiens sont oblig s de rencontrer Einstein pour apprendre r soudre ses quations Ils se conduisent exactement de ce point de vue comme des compagnons apprenant leur expertise du corps habile d un ma tre M me pour produire une th orie il faut un corps entra n des lieux adapt s des groupes de discussion et des habitudes riv es au corps par un long training Latour 1998 p 136 L
360. riat des acteurs Respect de l anonymat des acteurs Aucune intervention du chercheur dans l organisation le contenu de la transmission Aucune intervention du chercheur dans le choix des acteurs Calendrier et choix du lieu des observations et des entretiens convenus avec les acteurs Les 10 dyades seront r parties dans plusieurs entreprises plusieurs terrains de recherche Les entreprises cibl es sont des grandes entreprises plus de 500 personnes 267 12 2 1 3 La grille d analyse des observations film es S quences L analyse de la s quence est r alis e partir des pisodes rep r s en d but et en fin par des marqueurs linguistiques et qualifi s comme Inducteurs M diateurs Adaptateurs et des conflits socio cognitifs Les pisodes en nombre et en temps cumul Pour chaque s quence analys e nous d nombrons les pisodes de chaque type Le rep rage du d but et de la fin de chaque pisode permet de cumuler les temps de chaque type d pisode Le temps cumul de chaque type d pisode est exprim en secondes la s quence de 30 minutes est convertie en 1800 secondes Les conflits socio cognitifs L analyse des s quences d nombre aussi les conflits socio cognitifs rep rables dans l interaction A partir de ces variables nous laborons deux grilles d analyse des s quences que nous pr sentons ci apr s La grille premi re grille
361. rise pas plus que les savoir faire Les premi res sembleraient remplac es par des formes m thodiques d enseignement une formation professionnelle et qualifiante les autres par des savoirs formalis s des proc dures crites des modes op ratoires Or il est int ressant de constater que Jean Milhaud lui m me disait Dans un groupe de vingt personnes qui changent sinc rement leurs exp riences si chacun abandonne un pr tendu secret il s enrichit de dix neuf exp riences se L change d exp rience et la formation des cadres deviennent d actualit ils deviennent par exemple l activit d organismes comme ce qui est aujourd hui la CEGOS l origine la CGOS le CSMO centre scientifique de la main d uvre Cependant dans cette p riode l volution de la grande entreprise de l industrie en particulier est intimement li e aux besoins de la nation et aux ph nom nes sociaux comme la crise conomique de 1936 ou la seconde guerre mondiale Les techniques la gestion et les modes de management s enrichissent le taylorisme se confirme comme le mode d organisation de r f rence 3 1 1 2 Les 30 glorieuses Aux lendemains de la seconde guerre mondiale la reconstruction de la France appelle une main d uvre massive jusque l tr s loign e du monde de la grande entreprise de l industrie et du b timent Il faut former cette main d uvre peu qualifi e aux techniques et aux emplois
362. rivil giant la strat gie d apprentissage de l apprenant par adaptation de l enseignant L auteur voque une r gulation int ractive Le mode de communication est dit de compr hension adaptation Altet 1994 p 88 Les temps de parole sont quivalents partag s r ciproques la relation est dite sym trique les identit s respectives sont affirm es dans 227 leurs diff rences Ces pisodes favorisent le syst me d apprentissage expression production et des op rations productives formatrices Ici l activit du Successeur apprenant est premi re le Professionnel Exp riment est une ressource un m diateur Il nous semble retrouver l les activit s didactiques que Galatanu 1998 p 113 appelle les changes de savoirs Mais ces activit s supposent que le Successeur ait appris suffisamment pour pouvoir faire montrer expliquer son tour argumenter Il nous semble l trouver un parall le faire avec les dyades faiblement dissym triques ou sym triques que proposait Winnykamen Suivant cet auteur c est dans ce type de relation que se manifestent des conflits socio cognitifs Par ailleurs nous notons que cette modalit est r ciproque Enfin nous notons aussi que les identit s diff renci es sont respect es Nous retrouvons l encore un paradoxe pos par Lerbet S r ni dans ce qu elle voque comme paradoxe de la fusion s paration Ce d veloppement est pour nous tr s utile Co
363. roduction d activit s comme la reconnaissance de forme et la perception en g n ral Cette volution plus qu une rupture est per ue comme un rapprochement de deux courants compl mentaires une approche descendante et ascendante un largissement de l appr hension de la cognition par Un rapprochement fertile entre le cognitivisme moins orthodoxe et l approche de l mergence o les r gularit s symboliques mergent de processus parall les distribu s est une r alit concr te Varela 1996 p 87 Par ailleurs le connexionnisme semble tre une voie de d veloppement compl mentaire pour l Intelligence Artificielle Il a permis le d veloppement de nouvelles disciplines comme la psychologie cognitive les neurosciences et la linguistique Une des applications crois es de la Linguistique et de l Intelligence Artificielle sera le R seau S mantique sch matisation graphique destin e repr senter des connaissances par un sch ma compos d tiquettes qui repr sentent des concepts auxquels on attachera le sens et des liens qui les relient Les travaux de Ermine et Chaillot 1995 1996a et b notamment montrent des mod lisations en Intelligence Artificielle utilisant ces conceptions 110 L approche connexionniste pr sente la cognition comme une activation de nombreux r seaux neuronaux La connaissance r sulte d une organisation de couplages structuraux construite un ensemble d activations le
364. roie un d chirement du fait de sa sexualit et de son lien avec la mort assurer sa survie propre mais dans le m me temps il doit r pondre aux exigences de l esp ce et assurer la survie de celle ci parfois aux d pens de la sienne Vanier 1996 p 838 7 5 1 3 La filiation des figures symboliques Nous notons avec Charlot 1997 p 53 qu il n y a pas de d sir sans objet de d sir Cet objet de d sir est en derni re analyse c est toujours l autre Le d sir du Professionnel exp riment se manifeste dans son rapport l autre au Successeur Dans cette perspective psychanalytique Anzieu et Kaes 1973 proposent de consid rer le d sir d ternit comme moteur de l action de survie raisons actives de vivre Avoir des enfants fonder une institution produire une uvre tels sont les modes habituels par lesquels l tre humain satisfait le besoin de s assurer d une survie et trouve du coup des raisons actives de vivre d faut lever ou soigner les enfants des autres maintenir ou d velopper une institution une uvre re ue de la g n ration pr c dente et la transmettre vivante et s il le faut r nov e la g n ration suivante constituent des quivalents suffisants nous prot ger pendant toute l existence de la mort Anzieu et Ka s 1973 p 96 Ce d sir d ternit nous semble tout particuli rement clairant dans notre probl matique Il s
365. rons et tenterons d articuler des mod les th oriques et des concepts plusieurs disciplines diff rentes En cela notre recherche s inscrit bien dans ce qui est appel les Sciences de l Education puisque Reboul nous confirme Une premi re remarque il y a des sciences de l ducation et ce pluriel est irr ductible Reboul 1997 p 7 Toutefois il nous faudra choisir les concepts pertinents et les transposer la situation qui nous int resse Elle se singularise en effet des approches p dagogiques et didactiques dans le sens o d une part les acteurs sont des adultes non des enfants ou 69 adolescents d autre part les savoirs en question sont des savoirs professionnels et non des savoirs disciplinaires Par ailleurs l institution dans laquelle se situe cette action est l entreprise et non l cole le coll ge ou le lyc e 6 1 Une premi re approche bipolaire La relation entre le professionnel exp riment et son successeur est finalis e elle a pour but l apprentissage par le deuxi me de quelque chose de l exp rience du savoir faire du premier En premi re approximation la situation que nous souhaitons tudier est une situation de communication interindividuelle dont l objectif est l apprentissage du Successeur Une premi re lecture sous l angle de la communication pourrait nous conduire suivant le mod le de Shannon d crit par Abric 1999 p 7 8 centrer notre
366. rtir de la complexit vue par Morin l auteur s appuie sur les conceptions de Varela L autonomie du syst me est d finie partir du concept de cl ture op rationnelle elle est alors consid r e comme r sultante d une interpr n tation de deux niveaux diff rents un niveau intra psychique et un niveau inter psychique dont la sp cificit mutuelle est l origine du 81 surgissement de la dynamique relationnelle l interaction paradoxale dans laquelle se forment les ips it s L autonomie du syst me est l mergence d une dynamique par cl ture op rationnelle des sujets advenants comme ipseit s si la relation est paradoxale authentique r ciproque et qu elle ne trivialise pas les sujets Ces deux approches sont pour nous tr s porteuses En effet ces conceptions donnent une lecture d une dynamique auto eco oragnisatrice de la relation entre le Professionnel Exp riment et le Successeur La formalisation amour Eros fusion d pendance amour Philia s paration autonomie amour Agap auto po etique doit tre transpos e avec prudence Cependant nous pensons retrouver ici ce que nous avions d j rep r pr c demment dans l vocation des relations Ma tres Disciples que d crit Steiner 2003 En effet Steiner d crit de nombreuses relations c l bres Ma tre Disciples qui voluent et font une large place l affect la relation passant de l homo rotisme la trahis
367. rts humains Ainsi la culture pourrait tre assimil e une connaissance construite collectivement et partag e par le groupe social consid r construite dans l action et dans l interaction un ensemble de repr sentations sociales propos es par la psychologie sociale et notamment Jodelet 1998 p 364 comme une mani re d interpr ter et de penser notre r alit quotidienne une forme de connaissance sociale connaissance de sens commun une connaissance socialement labor e et partag e Bataille nous pr cise que ces repr sentations sociales sont des objets composites ni savoirs scientifiques ni savoir de sens commun qui orientent l organisation la r gulation des conduites et des communications sociales Bataille Blin Jacquet Miasc et Pasier 1997 p 61 Bataille attribue la repr sentation sociale des groupes professionnels plusieurs fonctions cognitive de protection de l identit de groupe d orientation des conduites de communication et de justification des conduites Il associe cette repr sentation les valeurs privil gi es l thique la d ontologie professionnelle Sainsaulieu 1987 explore ainsi la culture socioprofessionnelle r sultant de trois facteurs principaux la culture acquise ant rieurement la situation de travail actuelle les rapports de pouvoir Cette culture socioprofessionnelle est donc li e au groupe professionnel consid r Ainsi l entrepri
368. rvatoire portent avec eux beaucoup plus qu une r putation Ils sont marqu s par ce parcours Par ailleurs il n est pas rare de voir l entra nement un avant centre S essayer au poste de gardien de but ou de lib ro il n est pas rare de constater que le saxophoniste hors concert et quelques fois m me en concert s essaye au piano ou la batterie avec une virtuosit surprenante L individu au sein d un collectif apprend il construit des connaissances qui ne lui sont pas forc ment requises mais r sultantes de son appartenance au groupe social consid r Et en m me temps ce rapprochement cr e et est cr par une forme de relation dans la quelle il se transmet quelque chose 2 4 Quelques exemples c l bres Poussons encore un peu plus loin notre d tour pour illustrer plus pr cis ment encore notre pens e Nous notons que plusieurs exemples c l bres nous confortent dans notre intuition En effet d illustres personnages dans divers domaines techniques scientifiques artistiques sont souvent voqu s comme s ils taient apparus talentueux spontan ment Or on le sait il n y a pas de g n ration spontan e Lorsque l un d entre eux se raconte raconte son histoire son parcours ou lorsqu un biographe se charge de relater l histoire de vie de ce personnage appara t alors la r f rence une ou plusieurs personnes non moins illustres dont il se r clame l l ve l mule le disciple
369. s beaucoup d individus soit strictement personnels Ils se situent diff rents niveaux du psychisme et peuvent se rapporter diff rents contextes biologique affectif social culturel et imaginaire id el Mucchielli 1996 p 122 Parmi les facteurs extrins ques l influence de groupe social est incontournable Le groupe agit comme porteur de normes de conduites produisant des valeurs sociales plus ou moins int gr es par l individu Ces valeurs guident puissamment les conduites sociales des individus Peut tre comme certains le disent parce qu un des besoins fondamentaux de l homme est d tre estim par ses semblables et que faire les choses dans le sens des valeurs sociales ne peut que valoir l estime des autres Mucchielli 1996 p 82 Le Professionnel Exp riment se caract rise par une grande exp rience donc une dur e importante pendant laquelle il a v cu avec cette pression du groupe social professionnel Ces r f rences de conduites ces normes ces valeurs sociales sont particuli rement pr sentes int gr es elles exercent sur l individu un contr le social p 86 par le regard l observation et donc le jugement des autres que sont les pairs les collaborateurs la hi rarchie Nous pouvons consid rer aussi que le Successeur influe sur les facteurs intrins ques de la motivation transmettre de l Expert 151 Mucchielli nous pr cise aussi que ces normes et v
370. s de penser la transposition possible dans notre probl matique Ici l institution les technocrates de l ducation sont remplac s par l entreprise avec ses r gles ses attendus d finition de fonction comp tence r gles proc dures et la hi rarchie d finissant les objectifs de la transmission les priorit s le curriculum r el est l ensemble des exp riences v cues par les l ves apprenants Il r sulte d une interpr tation du curriculum formel Dans notre probl matique il s agit de l ensemble des exp riences v cues par le Successeur au cours de la transmission sans exclure celles qu il peut vivre en dehors de la relation au Professionnel Exp riment le curriculum r el tel que nous l entendons ici n est pas seulement une interpr tation plus ou moins orthodoxe du curriculum formel Il en est une transposition pragmatique Autrement dit curriculum formel et curriculum r el ne sont pas de la m me nature Le curriculum formel est une image de la culture digne d tre transmise avec le d coupage la codification la mise en forme correspondant cette intention didactique le curriculum r el est un ensemble d exp riences de taches d activit s qui engendrent ou sont cens es engendrer des apprentissages Le curriculum r el n est jamais la stricte r alisation d une intention du ma tre p 43 le curriculum cach est pour l auteur l ensemble des exp riences v
371. s l ves sont ici des ex cutants Ainsi les travaux d Altet 1994 la conduisent montrer que la grande majorit des enseignants restent sur des attitudes magistrales et adoptent des m thodes expositives voire dans les meilleurs cas des m thodes de questionnement Si le questionnement a pour but de rendre actif les l ves il semble que les questions servent plus l enseignant pour construire son propre discours partir des r ponses qu il attend des l ves Altet 1994 p 121 En fait les analyses de Altet montrent que les enseignants demeurent dans un mode de communication dont les changes sont majoritairement des pisodes inductifs Le dialogue p dagogique est un pseudo dialogue c est presque toujours le professeur qui pose des questions et qui a l initiative des changes Altet 1994 p 121 L enseignant n ajuste pas syst matiquement sa strat gie initiale aux r actions des l ves Il ne donne pas clairement l objectif de son activit privil gie l implicite laissant les l ves t tonner p 125 Ceux ci sont passifs les apprentissages sont approximatifs L l ve est passif les apprentissages approximatifs L approche de Altet 1988 1994 est pour nous la fois tr s int ressante mais aussi surprenante Les deux grilles d analyse qu exploite Altet la conduisent penser que les enseignants tendent conserver une forme de stabilit dans leur style relationnel et perso
372. s parfois depuis des si cles par diff rentes formes de compagnonnage plus ou moins institutionnalis es Les ethnologues se sont largement int ress s aux sp cificit s de ces m tiers inscrits dans une historicit certaine aux techniques qui leurs sont propres aux dimensions culturelles qu ils v hiculent aux rites qui les habitent et aux modes de transmission Chevalier et Chiva 1991 synth tisent les nombreuses tudes ethnologiques sur les m tiers de verriers de tailleurs de pierre des fa enciers entre autres Ils annoncent les th mes majeurs de l ouvrage centr s sur ce qu ils appellent L introuvable objet de la transmission trait diff remment sous plusieurs angles par plusieurs auteurs Cet ouvrage sera sans doute au c ur de notre travail comme un fil rouge de nos d veloppements ult rieurs 22 2 7 Le Compagnonnage La transmission du savoir faire dans le champ professionnel est souvent pr sent e comme un Compagnonnage Nous trouvons ce terme largement utilis chez les ethnologues Chevallier 1991 mais aussi chez des sociologues Par exemple Stroobants 1993 nous confirme la direction explorer elle cite Yvette Lucas et dit L essentiel du savoir faire professionnel la v ritable ma trise du travail concret se transmettent sur le mode compagnonnique par contact et par change Stroobants 1993 p 83 D apr s le Petit Robert le compagnonnage est une
373. s secondes Les connaissances scientifiques se construisent en r articulant en reconstruisant en transformant celles qui ont permis la construction pr alable L pist mologie constructiviste que propose Bachelard apporte aussi un point de vue sur la m thode de recherche Suivant Bachelard dans une pist mologie contemporaine il n est plus question de respecter une m thode universelle s appuyant sur une Raison immuable Bachelard propose d aborder l objet complexe par des m thodes multiples 58 Dossier La Querelle des M thodes Sciences Humaines n 35 janvier 1994 245 En effet d s que l objet se pr sente comme un complexe de relations il faut l appr hender par des m thodes multiples Bachelard 1987 p 16 La recherche d objectivit qui anime le chercheur ne peut pas exclure la subjectivit inh rente l objet de recherche au chercheur et au rapport entre eux particuli rement lorsque la science s int resse l humain La science ne peut plus faire abstraction de l inter subjectivit pour le dire comme Ardoino 1993 inh rente aux sciences humaines Il s agit de d passer le d bat objectivit subjectivit 11 2 Objectivit subjectivit Au c ur de ce d bat de la querelle des m thodes se trouve le rapport dialectique entre objectivit et subjectivit Une opposition qui vient en prolongement de l approche pist mologique conditionne le
374. s avons engag notre probl matique th orique il nous est apparu n cessaire d inscrire notre probl matisation dans une approche pist mologique La science productrice de connaissance inscrit son action et donc ses m thodes dans un rapport au r el qui est questionn Nous avons vu plus haut que ce rapport au r el est conceptualis de mani re diff rente en fonction du courant philosophique dans lequel la recherche s inscrit Suivant les auteurs et les courants de pens e on oscille entre id alisme et empirisme opposant la primaut aux Id es et la th orie ou l exp rience directe au rapport direct au r el De fait il existe au moins autant d options m thodologiques que d options pist mologiques Pour s en convaincre une lecture panoramique et synth tique est propos e dans un dossier de la revue Sciences Humaines intitul la Querelle des M thodes 11 1 Notre approche pist mologique Pour engager notre probl matique th orique nous avons inscrit notre probl matisation dans une pist mologie constructiviste Nous avons vu qu avec Bachelard 1987 notamment le rapport dialectique entre th orie et pratique tait d pass Pour le nouvel esprit scientifique 1l n est plus question d opposer th orie et empirisme rationalit et r alisme esprit et r el Il n est plus question non plus d opposer des connaissances actuelles aux connaissances pass es les premi res ne chassent plus le
375. s de l action La sociologie des organisations la psychologie du travail et l ergonomie tudient l activit salari e Pour exemple Bernoux 1985 p 151 Clot 1999 Stroobants 1993 donnent penser l activit autrement que sous la forme d une gestuelle routinis e et norm e par une suite de proc dures pr crites crites par d autres Penser l activit du sujet comme une simple reproduction l identique de proc dures ou des recettes comme le dit Mialaret 1998 nous renverrait un taylorisme le plus dur Or De Montmoulin 1998 p 192 nous confirme que l activit du sujet ne peut tre r duite un travail prescrit le travail r el est inscrit dans des contraintes op rationnelles dans le cours temporel de l action Le sujet au travail se trouve dans des situations toujours un peu nouvelles et parfois surprenantes L activit r elle est aussi travers e de transgression des r gles de travail Girin et Grosjean 1996 Ceci nous loigne du film de Charlie Chaplin les temps modernes L activit du salari est un complexe d actions m lant des actes physiques concrets et des actes cognitifs des relations avec les autres avec les pairs les sup rieurs les collaborateurs les clients ou fournisseurs Ce faisant De Montmoulin nous pr cise que l analyse du travail des op rateurs montre que les savoirs th oriques et savoirs d action se retrouvent tous deu
376. s du CEREQ n est pourtant pas compl te En effet les indicateurs utilis s ci dessus peuvent aussi tre crois s avec d autres param tres la taille de l entreprise son secteur d activit code NAF17 son implantation g ographique Ils montrent alors de profondes disparit s manifestes tant au niveau du taux de participation que du taux d acc s Le tableau ci dessous tir des statistiques du C req illustre les grandes diff rences d volution du T P F en fonction de la taille d entreprise 6 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 10 19 salari s E 20 49 salari s 50 499 salari s X 500 1999 salari s K 2000 salari s et Enfin ces m mes indicateurs et d autres encore peuvent aussi tre crois s avec les cat gories socioprofessionnelles le sexe et l ge des stagiaires L encore de grandes disparit s apparaissent en particulier quant au Taux d Acc s En synth se les statistiques du CEREQ d voilent une grande vari t de pratiques de formation Ces chiffres traduisent non seulement des degr s d int gration de la formation tr s diff rents d une entreprise l autre mais aussi une in galit sociale profonde face la possibilit de se former tout au long de sa vie Le rapport de De Virville 1996 mandat par Jacques Barrot Ministre du Travail de
377. s professionnelles en l occurrence Il est cependant la manifestation de connaissances dans toutes ces dimensions 144 Ce savoir faire est aussi li des savoirs formalis s pr sents dans l entreprise qu ils soient th oriques ou proc duraux Le Professionnel Exp riment a int gr certains de ces savoirs formalis s il peut acc der certains autres il peut aussi transgresser certaines proc dures certaines r gles Les raccourcis m moire les automatismes que le Professionnel Exp riment fait sans en tre conscient rendent encore plus d licate la formalisation dont nous parlions pr c demment Le Savoir Faire du Professionnel Exp riment en tant que processus peut d autant moins tre repr sent par une comp tence un inventaire norm d crit avec plus ou moins de pr cision Or ce Professionnel Exp riment est en situation de transmission de son savoir faire dans un syst me relationnel avec celui que nous avons appel son Successeur 7 4 5 Le Professionnel Exp riment dans le syst me relationnel Nous avons tent d approcher le Professionnel Exp riment d tenteur non seulement d une qualification mais aussi porteur d une exp rience professionnelle importante au point de le consid rer comme un Expert D s lors il nous faut penser ce Professionnel Exp riment dans le syst me relationnel que nous avons envisag au d but de notre probl matisation Or la particularit de la sit
378. s que soient la nature des emplois et les qualifications consid r es le Professionnel Exp riment a un savoir faire qui peut tre objet de transmission vers celui qui arrive qui d couvre qui doit apprendre 7 5 La question de la motivation transmettre Nous avons tudi le Professionnel Exp riment et son savoir faire nous avons vu le Professionnel Exp riment comme un Expert dans son domaine professionnel il est aussi potentiellement Novice dans l acte de transmettre Les derni res remarques nous ont permis d esquisser les difficult s qu il pouvait rencontrer dans cette situation de transmission Une question demeure savoir quelle est la motivation de l Expert transmettre son exp rience son savoir faire Tenter de d finir la motivation n est pas ais tant il est vrai qu il existe de nombreuses th ories port es par plusieurs champs disciplinaires comme la physiologie la psychanalyse la psychologie sociale la psychologie cognitive Si l on suit le Petit Robert la motivation est ce qui motive un acte ce qui pousse agir Nous trouvons quelques compl ments chez Lieury et Fenouillet La motivation est donc l ensemble des m canismes biologiques et psychologiques qui permettent le d clenchement de l action de l orientation vers un but ou l inverse pour s en loigner et enfin de l intensit et de la persistance Lieury et Fenouillet 1997 p 1 2 Nuttin 198
379. se en tant que syst me social est porteuse d une culture d entreprise ensemble de repr sentations et de valeurs communes la 130 plupart des personnes constituant l entreprise Mais cette culture d entreprise est elle m me constitu e de micro cultures relatives aux diff rents sous syst mes sociaux constituant le syst me entreprise Mais Sainsaulieu d une part et Bataille d autre part attirent notre attention sur le fait que la culture se caract rise par une dynamique li e au sens et l implication de l acteur dans son activit Bataille voque le contexte professionnel comme lieu de ren gociation du sens d adaptation l volution historique des lieux d exercice et de subjectivation de la place de l individu dans l organisation proximale et distale Ainsi donc le Professionnel Exp riment se caract rise par une longue exp rience de sa fonction dans l entreprise dans son groupe socioprofessionnel A ce titre il est porteur de cette culture d entreprise de la micro culture du groupe socioprofessionnel auquel il appartient Toutefois cette culture comme connaissance commune du groupe est interpr t e subjectiv e et ren goci e en contexte c est dire aussi avec les autres par le Professionnel Exp riment Le savoir faire du Professionnel Exp riment est aussi la manifestation de cette culture de ces valeurs de ces repr sentations sociales int gr es
380. se concr te plac e devant perceptible ext rieure ind pendamment de tout jugement du chercheur de l observateur L objectivit est donc le d sir de rendre objectivable v rifiable et indiscutable Dans cet esprit la m thode de recherche est labor e pour r pondre cet objectif de recherche Les m thodes exp rimentales sont motiv es par cet objectif S1 les sciences dites dures ont imprim par le biais de m thodes exp rimentales une volont d objectivit constante dans la recherche des lois qui r gissent la nature elles n ont pas pour autant limin la part de subjectivit inextricablement li e la relation du sujet l objet Les sciences humaines quant elles s int ressent l humain individuel ou en groupe de fait son objet de recherche est lui m me porteur de subjectivit Comme nous le pr cise Marc 1994 L id e d objectivit est particuli rement probl matique en sciences sociales o sujet et objet ne sont pas enti rement distincts puisque le chercheur fait partie de l univers qu il tudie elle constitue une prise de distance de l observateur par rapport aux ph nom nes observ s La subjectivit contrairement l objectivit consid re ce qui est de l ordre de l individu du sujet pensant donc interpr tant Il n est plus question d objet perceptible parce qu ext rieur indiscutable Le r el est emprunt de cette subjectivit Watzlawick
381. sent leur mode de relation aux autres et au monde ce qu ils ressentent et ce qu ils savent Lerbet Ser ni 1997 p 64 La relation qui lie les deux acteurs est une relation de communication et Postic 1988a voque la structure de communication qui la r git La relation d enseignement est avant tout une relation de communication finalis e dans laquelle l enseignant a pour intention de favoriser l apprentissage de l l ve Qu entend on par communication Il est hors de question de reprendre l ensemble de l ouvrage de Abric 1999 pour passer en revue les diff rentes conceptions et mod les de la communication et des ph nom nes de communication Nous nous contenterons de pr ciser ce que nous entendons par communication Il s agit d une communication au sens o l entend Ardoino 1993 c est dire non seulement un change d information entre metteur et r cepteur mais aussi un processus relationnel potentiellement habit de conflits de n gociations d interpr tations r ciproques et dans notre approche syst mique de r troactions de boucles r cursives C est aussi ce que propose Postic Cependant le processus d interaction en classe au lieu de se r duire des formes de communication entre les partenaires et d interd pendance de comportements peut s largir la cr ation d une dynamique sociale fond e sur la n gociation Postic 1988a p 164 Ardoino 1993 nous p
382. si construit sa mesure ces repr sentations sociales Nous avons tent d explorer dans une approche constructiviste les diff rentes dimensions des connaissances que le Professionnel Exp riment a construites qu il reconstruit en action qu il active dans son activit Nous ne cherchons pas l exhaustivit cependant il nous semblait n cessaire de donner une option large pour pouvoir ensuite aborder ce que nous essayons d appeler le Savoir Faire du Professionnel Exp riment Mais il nous faut poursuivre encore notre d veloppement Les auteurs que nous avons convoqu s notamment Bastien et Coste nous invitent consid rer le Professionnel Exp riment comme un Expert 7 4 3 3 6 Le Professionnel Exp riment est il un expert Bastien 1997 et Varela 1996 nous confirment que les sciences cognitives ont tent de rep rer comment les experts r solvaient les probl mes soit pour construire des machines intelligentes soit pour tenter de comprendre les m canismes cognitifs Nous avons tent pr c demment d tudier les connaissances sous l angle cognitif et psychomoteur Les diff rents auteurs convoqu s Bastien et Coste notamment leurs mani res et dans leurs registres font r f rence l Expert Ce terme est aussi utilis dans le langage usuel et particuli rement dans le monde de l entreprise Il convient donc de nous interroger sur la pertinence de consid rer le Profess
383. sitionnait d j notre individu comme professionnel d sormais porteur d une forte exp rience Notre probl matique pratique positionnait en effet ce Professionnel comme fortement exp riment dans son emploi dans son entreprise dans son activit professionnelle le cas extr me tant celui de la transmission occasionn e par son d part en retraite Pour poursuivre notre d veloppement nous recourrons l tymologie de l exp rience Celle ci nous donne deux pistes explorer l exp rience comme preuve et l exp rience comme r sultat de la mise l preuve voire des mises l preuve 7 1 L exp rience comme une preuve Dans le premier sens l origine latine experientia dont la racine est grecque signifie l preuve l exp rience est con ue comme l essai la mise l preuve Dans ce sens il s agit de faire l exp rience de Mais cette mise l preuve est souhait e voulue provoqu e ou l inverse subie accidentelle c est le surgissement de l inattendu Dans ces deux situations il s agit d un ph nom ne de transformation de la personne elle peut tre m me traumatisante et cette transformation est potentiellement psychique et ou corporelle comme le d crit Moyse 1991 Pour compl ter les commentaires de Moyse notons que dans le document film de Sapi ga 1998 Louis Chiorino Compagnon Menuisier du Devoir appara t avec l ind
384. sociales les lois d pendent de l observateur le fait scientifique est construit par nos observations qui influencent les points de vue L encore l implication in vitable du chercheur est relev e 1l s agit de la contr ler Les conditions agissent sur l observateur et les observ s et favorisent des activations de biais comme l effet de halo l effet Hawthorne ou l effet 61 de congruence Massonat pr cise que quatre types de d marches de recherche peuvent tre envisag es suivant que l observation est plus ou moins associ e une exp rimentation Ainsi l observation peut tre flottante inductive en spirale hypoth tico d ductive associ e l exp rimentation inductivo hypoth tico d ductive tout au long d un processus d exp rimentation Hypoth tico inductivo d ductive L auteur nous propose de d finir l observation partir de dimensions telles que globale focalis e narrative attribuative faible ou forte inf rence situation naturelle ou cr e non participante participante transversale explicative longitudinale fonctionnelle Notre d marche de recherche est suivant la pr sentation de Massonat hypoth tico d ductive Dans notre cas notre observation ne peut tre focalis e elle s attachera enregistrer l ensemble des interactions pendant l unit de temps d finie Elle sera narrative dans la mesure o elle rep rera les p riodes et les dur es fix es L effet Rosenthal les attentes du
385. sychomotrice et participe toutes les fonctions motrices quilibre coordination dissociation de plus il est le support essentiel de la communication infraverbale du langage corporel Coste 1977 p 27 Le tonus intervient comme r gulateur des mouvements vitant la production d coups Tout mouvement y compris m me la station debout en quilibre ou les manifestations motionnelles est ainsi r gul ajust par la fonction tonique au point que l on parle dans ses extr mes d hypertonie ou d hypotonie lorsqu il est trop ou pas assez mobilis Coste 1977 p 74 propose de consid rer la structuration spatio temporelle comme donn e majeure d une adaptation favorable de l individu son milieu Elle lui permet de se mouvoir de se reconna tre dans l espace de coordonner son activit et d organiser sa vie Cette structuration concerne les notions de temps dur e d espace distance relationnelle intime personnelle sociale publique de rythme structuration temporelle rythmes internes et externes Dans un dernier chapitre l auteur propose de consid rer la r ducation psychomotrice et ce faisant il expose les fondements des techniques de r ducation Elles reposent sur des conditionnements partir d exercices des attitudes relationnelles et notamment du th rapeute L auteur pointe aussi l influence de la demande parentale et institutionnelle Il donne
386. syst mes d activit s d apprentissage repr sentant 23 items chez les l ves Nous pensons rep rer ici la distinction entre la communication p dagogique et communication didactique que propose Galatanu Avec Altet et Postic nous pouvons prendre en compte les interactions de la relation 1l ne s agit pas de r duire l observation aux seuls actes didactiques aux postures de l enseignant En effet Altet 1994 propose de prendre en compte non seulement les activit s didactiques dans lesquelles se trouvent les explications les d finitions les argumentations mais aussi toutes les activit s de r gulation de renforcement de questionnement d valuation Altet prend en compte aussi les activit s des apprenants r parties en deux syst mes d apprentissage r ception consommation et expression production Dans le premier syst me l acquisition se fait par instruction supposant de la part de l enseignant des modalit s expositives dans l autre syst me l acquisition se fait par l action l apprenant produit et s approprie ses connaissances L encore les activit s des apprenants sont tr s diverses suivant l un ou l autre des syst mes op rant Nous pensons en suivant Altet et Postic que la relation Professionnel Exp riment Successeur pr sente une multitude de modalit s articulant des activit s de l un et de l autre Elle est faite d actes p dagogiques du Professio
387. t du Professionnel Exp riment 95 7 4 Le Savoir Faire du Professionnel Exp riment 98 74 1 Le Savoir Faire est un Savoir 100 74 2 Le savoir faire manifestation d une connaissance 105 74 3 La connaissance sous l angle des sciences cognitives 105 7 4 4 Une synth se le Savoir Faire du Professionnel Exp riment 144 7 4 5 Le Professionnel Exp riment dans le syst me relationnel 145 7 5 La question de la motivation transmettre 150 8 Le Successeur apprenant 165 8 1 Le savoir faire du Successeur 165 8 2 Le successeur en situation d apprentissage 168 8 2 1 L apprentissage sous l hypoth se constructiviste 170 8 2 2 Les apports du mod le fonctionnaliste 173 82 3 L apprentissage sous l hypoth se socio cognitive 177 8 3 La question de la motivation apprendre 186 8 3 1 Des facteurs extrins ques 188 8 3 2 Des facteurs intrins ques 189 8 3 3 Une articulation de facteurs motivationnels 192 9 La relation Professionnel exp riment Successeur 194 9 1 La relation Professionnel Exp riment Successeur comme un syst me complexe 195 9 2 Le syst me relation savoir 197 9 3 Une relation ducative 199 9 3 2 Comment rendre compte de la relation savoir 221 10 Hypoth se 239 10 1 Une synth se de notre probl matique 239 10 2 Formulation de l hypoth se 241 Troisi me partie M thodologie de la recherche 244 11 R flexions pr alables 245 11 1 Notre approche pist mologique 245 11 2 Objectivit
388. t Piaget un obstacle la compr hension Poplimont 2000 p 167 168 un d passement de ce conflit par la r solution de probl me et le changement de repr sentation Bastien 1997 l apprentissage d une notion ou d un concept Le p dagogue est charg d imaginer d organiser de proposer des situations probl me telles qu elles s inscrivent dans la zone proximale Vygotski 1985 que l apprenant puisse avec la m diation du p dagogue r soudre ce probl me d passer le conflit Dalongeville et Huber 2000 Nous avons vu pr c demment que le Professionnel Exp riment se caract risait par une base de donn es de probl mes r solus ou pas en tous cas v cus base de donn es r sultante de son exp rience et lui conf rant une capacit d ployer des strat gies multiples en contexte Dreyfus Tochon Bastien Par ailleurs la relation de transmission est finalis e elle a pour but l apprentissage par le Successeur des connaissances n cessaires requises par le poste par l activit La situation probl me peut tre simul e comme le ferait tout formateur elle peut aussi tre provoqu e ou saisie opportun ment dans l action dans la situation r elle Dans le premier cas le probl me est construire avec ou sans r f rence aux probl mes d j v cus Il s agit d une construction dans une temporalit diff rente de celle de 219 l action Or nous l avons dit l
389. t des successions temporelles qui ont gard aux situations Le Professionnel Experiment va planifier Tochon 1993 organiser de mani re anticip e ces formes de savoirs leur donner non 147 seulement des formes utiliser celles existantes mais aussi un ordre d apparition d argumentations et d explications On pourrait alors voquer une organisation didactique de ce qui est transmettre Mais Poplimont 2000 p 171 pr cise que cette organisation anticip e planifi e suppose une analyse globale de la situation de travail Dans le m me ordre d id e Malglaive 1990 p 112 propose une p dagogie l envers mettant en avant l approche par la pratique et supposant une analyse des situations de travail pour y rep rer les savoirs en usage Un dernier aspect est consid rer cette formalisation et cette organisation didactique d pendent du Successeur de ses besoins de son parcours de ses connaissances de son exp rience en regard de la situation de travail et du domaine d expertise du Professionnel Exp riment Ce dernier doit ajuster son action p dagogique en fonction du Successeur de ses pr curseurs Bastien 1997 pour conserver une zone proximale de d veloppement Vygotski 1985 n cessaire et suffisante Or qu en est il du Professionnel Exp riment Novice en mati re de transmission Nous pensons que l organisation didactique la formalisation n est pas forc ment
390. t donc cette premi re repr sentation syst mique outre l environnement que constitue l entreprise notre probl matique devrait donc s int resser aux trois l ments du syst me p dagogique lui m me inscrit dans un syst me qu est l entreprise Le Professionnel Exp riment charg de transmettre son savoir faire Le Successeur ici charg de r cup rer et de s approprier le savoir faire en question en clair d apprendre et construire son propre savoir faire Le Savoir Faire du Professionnel Exp riment r sultant de son exp rience et objet de la relation de transmission Il nous appartiendra d clairer chacun de ces p les Il s agira aussi de pr ciser les processus qui traversent ce syst me figure triangulaire Il nous incombera donc de pr ciser ce qu est l apprentissage du Successeur l action du Professionnel Exp riment et la relation entre les deux Mais comme nous l avons dit cette repr sentation triangulaire laisserait supposer le Savoir Faire du Professionnel Exp riment comme un objet objectiv identifiable distinct des deux interlocuteurs Si cette conception est pertinente pour une approche didactique nous ne sommes pas certain qu elle l est dans notre situation Il nous faudra pr ciser plus loin ce qu est le savoir faire et en quoi notre approche se distingue de l approche didactique Par ailleurs nous souhaitons tudier la relation ent
391. t en sc ne se raconte et raconte son m tier l histoire les techniques les outils les termes de son m tier La mise en sc ne pr voit aussi le fait qu il transmet son savoir faire son Apprenti l occasion pour lui d affirmer que cette transmission est une mission pleine et enti re du Compagnon du Devoir Nous reviendrons sans doute sur ce document pour ponctuer nos d veloppements ult rieurs tant les possibilit s de commentaires sont nombreuses Ainsi malgr le go t du secret Gu dez 1994 p 94 les Compagnons du Devoir communiquent exposent expliquent leur mouvement leurs valeurs leur culture Outre le mod le que repr sentent les Compagnons du devoir le compagnonnage est aussi tr s pr sent dans d autres champs professionnels notamment l artisanat L encore le compagnonnage est inscrit dans une tradition On pourrait dire aussi que la proximit des m tiers des valeurs des formes d entreprise explique l adoption des modes d apprentissages proches de la tradition compagnonnique Pour autant nous ne sommes pas certain que le compagnonnage pratiqu par les artisans soit en tout point la reproduction formelle de celui pratiqu par les Compagnons du Devoir Il n en demeure pas moins que l artisan forme aussi son ou ses apprentis cette transmission s inscrit dans une culture dans une tradition rep rable de nos jours encore Il est noter que des contrats de travail largement utilis s d
392. t les hommes avec leurs connaissances leur capacit de cr ation et d innovation individuelle et collective Les travaux inscrits dans ce courant proposent non seulement des approches th oriques permettant de penser l entreprise complexe et apprenante mais aussi des pr conisations d action Moingeon et Ramanantsoa 2000 nous proposent une lecture synth tique de ce courant et r partissent les travaux relatifs l apprentissage organisationnel en quatre groupes suivant des approches descriptives ou prescriptives d une part et un acc s par l organisation ou l individu d autre part A partir de ces quatre axes les auteurs proposent la r partition des travaux dans un tableau croisant les deux variables Organisation Individu Vis e descriptive Le fonctionnement organisationnel comme produit de l incorporation des ant rieurs apprentissages par exemple Lewitt et March 1988 Etude de l apprentissage et du d veloppement individuel des membres des organisations par ex Pedler Burgoyne et Boydell 1990 Vis e prescriptive D velopper la entreprises changer gr ce une individus raisonnent participation active et intelligente de cr er des Clark 1988 1982 Tableau tir de Moingeon et Ramanantsoa 2000 p 312 Les auteurs apportent quelques commentaires sur ces travaux 3 1 5 1 Le fonctionnement organisationnel comme produit de l incorporation des
393. t niveau la s r nit n cessaire lors des grands rendez vous Les seconds quant eux apportent leur fra cheur leur enthousiasme et en m me temps bousculent remettent en question les acquis des premiers De la m me mani re mais dans un autre registre un big band de jazz ou un orchestre symphonique ne peut se r sumer l addition des qualit s intrins ques de chaque musicien L motion transmise et provoqu e chez les m lomanes tient aussi et surtout Akrich et Bouiller Le mode d emploi g n se forme et usage in Chevallier 1991 pp 113 131 16 l harmonie la complicit diront certains bref l alchimie construite dans l orchestre Malson 1988 Certains m lomanes sont capables de raconter avec une forte motion des concerts mythiques des moments magiques li s des rencontres particuli res et une alchimie indescriptible impr visible et inoubliable Or quel jeune footballeur ne serait pas enthousiaste l id e de jouer avec Zinedine Zidane par exemple Quel jeune musicien de jazz ne serait pas mu l id e de rencontrer ou mieux encore de jouer avec Max Roach Michel P trucciani Michel Camillo Sonny Rollings Claude Bolling ou d autres encore Pour autant l individu le musicien le sportif porte aussi en lui les traces de cette construction collective Un jeune footballeur issu de tel Centre de formation CFA un jeune musicien issu de telle cole de tel Conse
394. t une base de probl mes situations probl mes qui n cessitent pour tre 174 r solues des connaissances de la premi re base Des liens fonctionnels s tablissent entre les deux bases la r solution d un probl me fait appel des connaissances de la premi re base De fait l apprentissage guid repose sur l activation de connaissances ant rieures par analogie par l tablissement de nouveaux liens fonctionnels p 142 Nous retenons avec Bastien 1997 que les apprentissages implicite et explicite posent de mani re diff rente la r solution de probl me comme processus d apprentissage Nous notons aussi que Poplimont 2000 commente dans le cas des formations altern es largement la r solution de probl me comme centrale Pour Bastien 1997 p 53 le probl me pos active des repr sentations Richard 1990 qui correspondent l espace de recherche d finit par l identification d un tat initial d un tat terminal et des actions possibles permettant de passer d un tat l autre Le sujet fait appel des connaissances d j l m moris es et d faut il applique des heuristiques diverses elles m mes d pendantes de connaissances ant rieures La r ussite ou l chec de la r solution de probl me conduisent le sujet changer de repr sentation suivant diff rentes strat gies Cependant la r duction de l espace du probl me par rapport l espace de recherche par changement d o
395. t une lecture fonctionnaliste plus dynamique de la connaissance de son activation de sa construction que celle propos e plus haut Cette approche fonctionnaliste ne se concentre pas sur le sujet pist mique ni sur les stades de d veloppement la proposition de Bastien cherche mod liser les connaissances du sujet enfant ou adulte en interaction avec son environnement Cette approche tente aussi d tablir un lien pertinent entre des branches loign es des sciences cognitives que nous avons esquiss es plus haut notamment la psychologie cognitive et l I A Pour l auteur le d bat opposant les mod les symboliques combinatoire donn es et connexionnistes activation connaissances est vain les deux conduisent des visions limit es L auteur propose un mod le qui inclut et d passe les deux rien n exclut que du symbolique puisse merger d un r seau les processus d activation ne sont pas r serv s aux processus sensori moteurs L auteur rappelle que ce ne sont que des mod les de repr sentation des processus ce ne sont pas les processus eux m mes Bastien 1997 propose une mod lisation de l activit cognitive qu il appelle fonctionnaliste inscrite pleinement dans la psychologie cognitive L auteur s appuie sur une parution de Inhelder collaboratrice de Piaget les cheminements des d couvertes de l enfant qu il qualifie d v nement pour la psychologie cognitive constructiviste Ce mod
396. tage ne peut pas se faire sans r sistances Ces r sistances sont certes concevables au niveau de l entreprise elles le sont aussi au niveau des individus Accepter de remettre en cause ses th ories d action et partager des connaissances acquises diffuser son savoir faire son exp rience sa plus value peut ne pas appara tre aussi naturel aussi vident lorsqu on a v cu longtemps dans un contexte de comp tition de concurrence de normalisation de validation Cependant sous l effet des contraintes environnementales le mod le de l entreprise apprenante inspire dans les faits certaines entreprises plus particuli rement dans certaines de leurs pratiques de Gestion des Ressources Humaines et de Management Cette tendance est suffisamment forte pour g n rer des actions concr tes destin es promouvoir ces changements Le Knowledge Management donne lieu tout la fois la mise en place de m thodes de plans d action et de syst mes informatiques concourant cette nouvelle fa on de manager les hommes et les connaissances La litt rature traitant de l architecture et de la judicieuse configuration d un syst me d information d un syst me de E learning de Gestion Electronique Documentaire leurs aspects techniques leurs extensions leurs applications leurs co ts est d ailleurs abondante Si les projets techniques sont eux d j propos s et mis en uvre les approches permettant aux hommes d
397. tant en cause les ordres tablis et les modes de pens e traditionnels qu il appelle Mod le I Les th ories d actions classiques sur les quelles s appuient les individus g n rent un fonctionnement d organisation apprentissage limit en simple boucle Il s agit d amener les individus et en particulier les dirigeants questionner leurs proc dures et modifier leur th orie d action puis les modifier pour conduire des savoirs actionnables cr s par l apprentissage organisationnel L individu agit suivant une th orie un ensemble de propositions un programme ma tre Dans les cas mena ants il y a un cart entre la th orie profess e voqu e par l individu et la th orie d usage sous jacente ses actes celle ci est du mod le I proph ties auto r alisatrices auto Jjustificatrices valuation et attribution sans justification sans v rification sans illustration Ces strat gies d action d fensive conduisent des routines d fensives organisationnelles Ces th ories d usage sont d crypt es par le diagramme d action Les valeurs directrices sous jacentes ne sont pas questionn es L apprentissage en double boucle suppose d abord une prise de conscience par les acteurs de l cart entre les th ories profess es et les th ories d usage puis l acquisition de nouvelles valeurs directrices qui doivent supporter leurs th ories profess es et d usage c est le mod
398. tant plus important dans le discours dans la pens e de l interview De fait les volutions des repr sentations cat gorielles entre chaque type d entretien doivent montrer pour chaque individu l volution de ses repr sentations elle nous donnera une approche de l apprentissage de l individu 265 12 2 Pr sentation synth tique de la m thode 12 2 1 Rappel du dispositif Les dyades nous appelons dyade le couple form du Professionnel Exp riment et du Successeur en situation de transmission de savoir faire Nous pr voyons de mener nos observations et entretiens aupr s de 10 dyades r parties dans plusieurs grandes entreprises Pour les rep rer nous les appellerons de D1 D10 nous attribuerons le num ro en fonction de l ordre dans lequel nous engagerons les observations Pour chaque dyade le dispositif articule des entretiens individuels et des s quences observations film es Les entretiens ils sont de trois types Entretiens de d but de transmission El Entretiens de fin de transmission E2 Entretiens post transmission E3 plus de six mois apr s la fin de la transmission Pour chaque dyade observ e ils sont men s avec l Expert EEI EE2 EE3 et avec le Successeur ES1 ES2 ES3 Les s quences Pour chaque dyade 10 s quences sont pr vues r parties dans le temps de la transmission et rep r es de S1 S10 Elles seront rep r es par la dyade et leur num ro d o
399. te conception permet aussi de ne pas ignorer la pr sence l influence du tiers exclu qu est l entreprise incarn e par la hi rarchie les pairs v hiculant les normes et valeurs culturelles de l entreprise Ce Tiers exclu agit en m diateur sur le syst me relationnel Notre approche de la relation n est pourtant pas termin e Pour poursuivre l tude de ce syst me relationnel complexe nous concentrerons notre regard sur les l ments pr cit s sans omettre toutefois de signaler chaque fois que cela s av rera possible l influence de l environnement que constitue l entreprise Si donc notre situation est donc un syst me complexe dot de qualit s mergentes li es son auto co organisation il convient de poursuivre notre probl matisation en tentant d tudier chacun des interlocuteurs puis le processus relationnel qui les lie 7 Le Professionnel Exp riment Notre probl matique pratique a pr cis le contexte dans lequel se situe notre recherche Deux individus sont en situation de transmission apprentissage l un d entre eux est fortement exp riment l autre beaucoup moins ou pas du tout Nous avons qualifi le premier personnage de Professionnel Exp riment deux termes qui peuvent appara tre a priori pl onastiques Notre choix est d lib r mais il convient de pr ciser ce que nous entendons par chacun de ces termes et en quoi ils est pertinent de les joindre 85 Le
400. te professionnelle r alis e sur trois ans A l issue de cette premi re action le DESS tant lui aussi valid deux sentiments se m lent Celui d avoir particip une r alisation enthousiasmante qui me renvoie ma propre exp rience et celui de n avoir pas compl tement trait la question pourtant si engageante C est ainsi qu avec un deuxi me un troisi me puis un quatri me projet sur un th me voisin la poursuite du cursus aux Sciences de l Education m appara t vidente Le m moire de DEA se r dige comme une tentative de compl ment du premier m moire et en m me temps les pr misses de la Th se La rencontre d Yvan Abernot d clenche la d cision d engager la recherche Du DEA au Doctorat il n y a qu un grand pas que je me propose de franchir Bien entendu le questionnement a volu Apr s m tre int ress aux solutions existantes de capitalisation ou de transmission de savoir faire objet de mon DESS et quelques errements plus tard j oriente mon regard vers ce qui se passe dans cette relation andragogique entre un professionnel exp riment et un professionnel d butant moins ou pas du tout exp riment dans le contexte de la grande entreprise Il y aurait beaucoup dire sur les motifs pour lesquels je poursuis ce voyage pas si tranquille En quoi mon exp rience professionnelle et extra professionnelle r sonnent elles dans ce questionnement N y a t il pas aussi
401. te tendance l h t rog n isation Le tiers inclus est structurant syst matisant il poss de des degr s allant d une position l autre il t moigne par une lecture du conflit intra et inter personnel d une relation du troisi me type correspondant l acceptation du paradoxe du contradictionnel de la relation et du psychique Cette approche est pour nous une lecture pertinente de la relation et de son volution de son auto organisation pour reprendre les termes de l auteur Toutefois nous ne pouvons consid rer que cette relation entre le Professionnel Exp riment et son Successeur soit syst matiquement ou naturellement authentique paradoxale Agap Ce tiers inclus 84 objet de la relation et en m me temps construit dans la relation peut nous amener consid rer que plut t qu un savoir formalis issu de l exp rience ce dont il est question est d une construction deux une co construction suivant une temporalit et une dynamique propre au syst me relationnel En clair les d veloppements de Lerbet S r ni 1994 1997 nous conduisent penser la relation entre nos deux interlocuteurs comme un syst me complexe dont les l ments sont les deux personnages consid r s en relation et le tiers inclus qu est la relation savoir faire ce dont il est question objet de la relation de transmission construit dans cette transmission variable de cette auto organisation du syst me Cet
402. tes approches de l activit cognitive la repr sentation est comment e diff remment Bastien 1997 p 53 commente le contr le de l activit par le changement de repr sentation Bastien nous renvoie l acception propos e par Richard 1990 La repr sentation est un substitut de la r alit une construction intellectuelle momentan e transitoire qui permet de donner un sens une situation Pour cela la repr sentation utilise active des informations stock es en m moire de travail et en m moire long terme et des informations issues de l environnement pour attribuer une signification d ensemble aux l ments issus de l analyse perceptive Richard 1990 p 9 Cette premi re approche montre la proximit entre repr sentation et connaissance Bastien 1990 p53 met en vidence la place de la repr sentation mentale dans la r solution de probl me il pr cise que l chec de la r solution peut conduire le sujet changer la repr sentation d finir un nouvel espace probl me terme emprunt Richard pour d finir l tat initial l tat terminal et les actions possibles permettant le passage de l un l autre La distinction entre connaissance et repr sentation semble d licate Richard 1990 p 10 11 nous apporte quelques pr cisions Comme Le Moigne pr c demment il nous dit que l une et l autre sont des constructions les repr sentations sont des constru
403. tion l attachement Winnykamen 1990 Pour reprendre les termes de Mucchielli 1996 p 82 c est dans le regard et la pr sence de l autre que s exerce un contr le social auquel on associe le fait d tre jug Lieury et Fenouillet 1997 montrent l influence positive ou n gative des facteurs extrins ques sur les facteurs intrins ques et donc sur l apprentissage Comme nous l avons d j vu avec le Professionnel Exp riment plus haut les facteurs extrins ques s articulent se combinent avec les facteurs intrins ques Il nous faut donc explorer les facteurs intrins ques de la motivation apprendre 8 3 2 Des facteurs intrins ques Pour Lieury et Fenouillet 1997 p 57 la motivation intrins que signifie que le Successeur effectue l activit d apprendre uniquement cause du plaisir qu elle lui procure L encore 1l convient de rep rer les facteurs intrins ques de la motivation du Successeur apprendre et notamment dans ce que Aumont et Mesnier 1992 appellent les origines du processus d apprendre enracin s dans l intime du sujet dans l Inconscient Comme pr c demment ceci nous oriente vers les conceptions psychanalytiques que nous avons explor es avec Vanier 1996 189 Pour Aumont et Mesnier 1992 apprendre prend racine dans l histoire du sujet c est un enracinement inconscient o le d sir de conna tre fait appara tre les l ments affectifs et cognitifs
404. tion sublimation de cette intuition qui d incluse dans les relations entre l organisme et le milieu physique est devenue sch matisation mentale Entre l acte et la pens e l volution s explique simultan ment par l oppos et par le m me Wallon 1970 p 239 Ainsi ces deux auteurs ouvrent une nouvelle piste qui privil gie le rapport de soi l autre aux autres dans ces m canismes de construction et de reconstruction de la connaissance En m me temps l un et l autre montrent que dans ce rapport l autre le langage et l acte moteur ont un effet r cursif sur la pens e Ces deux approches sont 122 pour nous pertinentes puisque nous avons dit que l activit du Professionnel Exp riment est vari e compos e de gestuelles d actes de pens e et de rapports aux autres Le savoir faire du Professionnel Exp riment manifestation des connaissances construites dans de multiples activit s et situations r sulte aussi de ces interactions interpersonnelles Par ailleurs il nous semble pertinent de retenir pour plus tard dans ce rapport l autre la r cursivit entre actes de langage et moteur et connaissance Nous reviendrons aussi sur la place de l imitation lorsque nous aborderons le Successeur en situation d apprentissage 7 4 3 3 3 Un mod le fonctionnaliste et contextualis La proposition de Bastien 1997 pr sente plusieurs avantages nos yeux Tout d abord elle perme
405. tion des connaissances fonctionnelles ant rieures qu il appelle pr curseurs l effet d indices contextuels d encodage et de restitution c est dire de rappel d items Ceci montre que le premier processus est le d clenchement de r ponses connues sinon le syst me cognitif cherche dans toutes les r ponses connues la situation proche analogue et tente d adapter pour les deux activations des connaissances en m moire Sinon il y a activit inf rentielle d pendante de la situation contextualis e et des connaissances acquises Finalement le caract re contextuel des connaissances qui permet de n activer instantan ment que les connaissances pertinentes sans que se posent des 126 probl mes d explosion combinatoire l importance des processus d activation et la capacit d adapter des connaissances anciennes des situations nouvelles loin d appara tre comme des limites ou les imperfections de l esprit humain se r v lent tre en fait les caract ristiques qui lui donnent ces capacit s extraordinaires d adaptation rapide des situations tr s diverses capacit s dont les syst mes artificiels les plus sophistiqu s sont encore tr s loin Bastien 1997 p 146 147 7 4 3 3 4 Connaissance et repr sentation mentale Au d but de notre d veloppement Le Moigne nous avait sugg r une distinction entre connaissance et repr sentation mentale Nous avons vu qu au travers des diff ren
406. tion le mod le de soci t Un peu plus tard en 1974 puis 1975 les deux chocs p troliers apportent leurs perturbations qui r sonnent avec la premi re secousse de 1968 et sonnent le glas des 30 glorieuses Cette deuxi me puis troisi me secousse ont quelques ann es plus tard des cons quences conomiques profondes et par ricochet bousculent la stabilit des entreprises A la fin des ann es 70 celles ci voient leur environnement muter de nouvelles contraintes merger brutalement tant conomiques que sociales L heure est la crise qu il faut tenter de g rer mais cette crise est profonde D s lors le monde de l Entreprise condamn s adapter aux nouvelles donnes conomiques et sociales se transforme Elle entre dans une nouvelle recherche de productivit d efficacit Des r organisations profondes de nombreuses grandes entreprises s engagent les formes d organisations s orientent vers un peu plus de souplesse pour plus de r activit Les structures pyramidales par fonction voluent on parle de structure par divisions Livian 2000 Les premiers plans sociaux font leur apparition notamment dans certains grands empires industriels comme la sid rurgie ou la construction navale Le crac boursier de 1987 comme celui de 1936 pr c demment vient encore bousculer les difices qui jusque l demeuraient solides Les ann es 80 sont aussi marqu es par la mont e du ch mage Dans le m me temps
407. tionne aussi les actions de formations rationalis es comme des mises la norme des r ductions d carts de comp tence Nous reviendrons aussi sur ce point Les DRH et plus particuli rement la Formation Professionnelle Continue sont largement concern es par ces n cessaires adaptations Et en m me temps ces m mes fonctions vivent aussi leurs propres mutations Il s agit d s lors de former plus mieux plus de personnes et moins cher Une nouvelle quation que de nombreux organismes de formation qui jusque l avaient connu un d veloppement constant ne sauront pas r soudre Pour rendre compte de toutes ces volutions de l entreprise une autre lecture peut ainsi tre propos e sous l angle de la Formation Professionnelle Continue nous rapprochant ainsi des Sciences de l Education Il nous semble pertinent en effet de retracer l volution de la Formation Professionnelle Continue financ e par les entreprises depuis la loi fondatrice du 10 juillet 1971 dite loi Delors 3 1 2 La Formation Professionnelle Continue en volution permanente S il appara t naturel aujourd hui qu une entreprise assure la formation de son personnel il est bon de rappeler que la Formation Professionnelle Continue n a qu une trentaine d ann es En effet on attribue souvent la loi dite Delors de 1971 l origine de la Formation Professionnelle Continue Il convient de pr ciser que cette loi est en fait un abo
408. tionnels et d signatifs descriptifs et narratifs Pour l auteur c est au travers de ce type de discours que se produisent les changes de savoirs que s articulent les syst mes de croyances des apprenants et les syst mes de savoirs propos s par l enseignant L enseignant occupe une position d nonciateur allant du concept vers la forme dans un processus communicationnel Il peut aussi adopter un discours d argumentation didactique transformation d un discours de d monstration scientifique Chevallard 1991 dirait une transposition didactique Galatanu propose aussi une activit qu elle appelle exercice ou la manipulation des savoirs Galatanu 1998 p 111 dans lesquelles l enseignant fait subir des transformations aux savoirs li es l acquisition des comp tences Dans ce type d activit l auteur fait appara tre l injonction pr sente dans l instruction des nonc s des consignes l instruction des op rations mentales d crivant des savoirs op ratoires Enfin Galatanu 1998 p 113 propose des activit s change de savoir comme rencontre des syst mes de croyance et de savoirs dans la communication didactique Pour l auteur il s agit d un aspect authentique des changes d une confrontation des repr sentations d une communication vraiment dialogique que revendiquent les m thodes actives Cet auteur nous montre que la relation que no
409. tionnements et impr gnations continue par lequel l individu int gre des r les sociaux des normes sociales et des valeurs sociales de son environnement socio culturel Mucchielli 1996 p 76 Nous avons pos plus haut que ces aspects sociaux sont aussi des composantes de ce que nous avons appel le Savoir Faire du Professionnel Exp riment Nous ne pouvons ni les exclure de la situation ni m me nier l influence de l environnement Mais plut t que de parler de conditionnement qui nous conduirait dans une approche b havioriste il nous semble plus pertinent d voquer l apprentissage implicite comme le fait Bastien 1997 ou le frayage comme le fait Joshua 1998 laissant la possibilit d entrevoir une certaine activit m me relative de l apprenant Nous avons inscrit notre probl matique dans une pist mologie constructiviste Ceci exclue l approche b havioriste de l apprentissage 8 2 1 L apprentissage sous l hypoth se constructiviste Comme pr c demment dans notre approche pist mologique du Savoir Faire de l Expert l hypoth se constructiviste consid re les m canismes cognitifs de l apprendre ce qui se passe dans la boite noire entre le stimulus et la r ponse l activit du sujet Le sujet est un syst me cognitif avec entr es sensorielles interocepteurs ext rocepteurs propriocepteurs et sorties comportements la boite noire est une architecture cognitive
410. tions collectives L acteur strat gique caract ris par une fonction professionnelle reconnue et un r le social agissant lors de n gociations d oppositions de qu tes d alliances ou de coalitions en vue de conflit L acteur de soi caract ris par une motivation centr e sur l int gration sociale une reconnaissance personnelle une promotion technicienne et hi rarchique L acteur ailleurs caract ris par un retrait en situation professionnelle des appartenances culturelles d autres sc nes sociales 132 Comme toute typologie celle ci est forc ment r ductrice et ne peut rendre compte de mani re exhaustive de toutes les formes identitaires et des implications possibles Non seulement nous n excluons pas la possibilit que le Professionnel Exp riment se comporte comme un des quatre types d acteurs mais nous pensons aussi qu il peut pr senter des caract ristiques de plusieurs d entre eux Cependant Sainsaulieu a le m rite de nous montrer que cette identit professionnelle n est ni uniforme ni fig e La diversit des contextes dans leur nature et dans le temps peut faire voluer les manifestations culturelles et identitaires du Professionnel Exp riment A titre d exemple Linhart 2003 montre comment face un v nement majeur qu est le plan social les acteurs concern s ou pargn s par ce plan puis plus tard par la fermeture de l entreprise vivent cet v nement de mani re tr s
411. tique chaque nouvelle tape int gre les pr c dentes tout en faisant une place plus grande l influence du milieu La m moire est une fonction indissociable de l apprentissage m morisation automatique ou consciente des effets produit que le comportement se modifie tant pour un apprentissage par conditionnement que par construction de la r ponse Nous l avons dit pr c demment Berbaum 1984 nous propose de consid rer deux types de m moire la m moire Court Terme appel e aussi m moire de travail dans laquelle les informations sont stock es pendant quelques secondes elles subsistent si elles sont r employ es Au del de quelques secondes les informations peuvent s articuler avec les informations acquises ant rieurement restructuration des donn es ant rieures int gration La m moire Long Terme est bas e sur un processus d organisation qui constitue une contrainte au moment de la saisie les m thodes mn motechniques Par ailleurs Piaget nous l avons d j dit tudie le sujet pist mique ce quoi Vygotski 1985 et Wallon 1970 opposent une action de l environnement social avec lequel le sujet interagit change Nous reviendrons sur l apport de ces psychologues A inverse les travaux de Piaget montrent aussi le caract re actif de l apprenant le sujet est central le processus d quilibration est endog ne Il apprend en faisant Cette id e est reprise et largement comment
412. tique plus de 98 de la cha ne ADN se traduit aussi par 13 des comportements surprenants Ces animaux sont capables d apprentissages de r solutions de probl mes d utilisation d outils et de m moriser ces comportements Enfin ces esp ces vivent en soci t et en cela elles nous renvoient encore notre propre existence En effet les comportements ou r solutions de probl mes d velopp s par un individu dans une situation naturelle ou provoqu e par l homme sont rapidement diffus s horizontalement au reste de la communaut dont est issu l individu et verticalement de mani re trans g n rationnelle Pour exemple Varela et Matsurana 1994 p 194 195 rapportent les tudes faites sur une colonie de macaques r sidant sur une le japonaise Ces tudes montrent l apprentissage de nouveaux comportements par une femelle elle lave la pomme de terre avant de la manger elle jette les grains de bl avec le sable dans l eau puis ramasse les grains de bl flottant Ces tudes montrent aussi que ces inventions sont ensuite acquises par la colonie Les auteurs parlent ainsi de comportements culturels patterns comportementaux acquis ontog n tiquement dans la dynamique communicative d un environnement social et qui pr sentent une stabilit d une g n ration l autre Varela et Matsurana 1994 p 195 Ainsi observe t on chez les animaux et en particulier chez ceux qui nous sont les plus proches quel
413. tiques il convient d apr s Postic 1988a de lire la relation ducative sous plusieurs angles c est sans doute ce que Ardoino 1993 appelle la multir f rentialit La relation ducative est l ensemble des rapports sociaux qui s tablissent entre l ducateur et ceux qu il duque pour aller vers des objectifs ducatifs dans une structure institutionnelle donn e rapports qui poss dent des caract ristiques cognitives et affectives identifiables qui ont un d roulement et vivent une histoire Postic 1988a p 22 Chacun des deux acteurs occupe une fonction institutionnelle soutenue par l entreprise l un et l autre ont un r le jouer l Expert doit transmettre et favoriser l apprentissage du Successeur celui ci est suppos remplacer l Expert ou occuper une fonction 200 n cessitant un savoir faire acqu rir Mais au del la relation ne peut tre r duite cette seule transmission elle est travers e par des ph nom nes psychologiques voire psychanalytiques La relation interindividuelle relative la transmission est conditionn e par les tats psychologiques que vivent les deux acteurs et l tat de la relation entre les deux donc la perception respective de l autre 9 3 1 1 Un cadre institutionnel Postic 1988a Labelle 1996 et Houssaye 2000 insistent sur les aspects institutionnels qui influencent la relation ducative Postic 1998a p 177 201 propose
414. tise la grande exp rience des situations v cues permet un classement des types de tactiques adopt es et r ussies les r ponses deviennent imm diates et intuitives quelques fois m me sans appr hender la signification de la situation L auteur s appuie sur des exemples emprunt s aux joueurs d checs pour montrer qu au del d une planification consciente ou non l expert r agit chaque situation au coup par coup d une mani re qui lui a r ussi dans le pass il appara tra qu il atteint ses anciens objectifs sans avoir eu besoin de les visualiser consciemment ou inconsciemment Ainsi Pexpert s engage t 1l dans la br che du futur et sans former des anticipations conscientes est n anmoins r gl sur certaines situations auxquelles il sait r agir Que les v nements prennent une tournure qui ne lui est pas famili re il sera surpris et dans le meilleur des cas 139 r gressera au niveau de la comp tence simple Dreyfus 1992 p 364 L auteur rep re dans la r solution de probl me l intervention de la m moire et la difficult d tablir de rep rer la m thode propre de l Expert L exp rience de l Expert se traduit par une base de donn es stock e en m moire et compos e de situations v cues et de strat gies r ussies de plans d action multiples articul s en styles sur laquelle s appuie Bastien dirait qu il active l Expert dans sa r solution de pr
415. titu un part importante de sa vie professionnelle L tude que propose Linhart 2003 nous confirme que cette rupture peut tre v cue par le sujet comme une perte l auteur intitule son ouvrage perte d emploi perte de soi La perte de l emploi m me souhait e ou accept e officiellement peut tre v cue comme une perte d une partie de soi Cette perte est susceptible de provoquer un processus de deuil que De Broca 1997 Pillot 1989 Ripon 1992 pr sentent chacun sa mani re et dans son champ Pour voquer ce processus de deuil ces auteurs font 161 r f rence au mod le de Elisabeth Kubler Ross Le travail de deuil est pr sent comme un processus de d structuration restructuration une succession de sept phases d tats motionnels alternant l espoir et le d sespoir Pillot 1989 p 45 et 46 La premi re phase est celle du choc de l immobilisation de la prostration La deuxi me phase est celle de la n gation le sujet ne peut pas y croire cette phase est aussi appel e le d ni La troisi me phase est celle de la r volte contre le monde entier contre ceux que la personne tient pour responsables La quatri me phase est celle de la d pression l apathie le repli La cinqui me phase est celle du marchandage un nouvel espoir n goci entre rationalit et irrationalit la personne passe des pactes La sixi me phase est celle de la paix de l acceptation La septi me p
416. tivation apprendre Nous avons abord l apprentissage du Successeur sous l angle cognitif puis socio cognitif Avec l activit du Successeur apprenant ces d veloppements ont mis en lumi re la motivation comme fondamentale dans l apprentissage Les didacticiens nous confortent dans l id e d aborder la motivation apprendre sous plusieurs angles Raisky et Caillot 1996 p 245 nous pr cisent que le triangle didactique doit tre consid r globalement avec de multiples m diations intrins ques ou m diations cognitives et extrins ques ou m diations didactiques mettant en vidence non seulement le caract re subjectif du savoir mais aussi la n cessaire interaction humaine l investissement humain pour tout acte de transmission L encore le d veloppement que nous avons fait pour le Professionnel Exp riment est pertinent En effet nous avons d j voqu l approche int gratrice de Mucchielli 1996 et fonctionnelle de Nuttin 1985 L encore la motivation peut tre pr sent e comme un processus dont les racines sont multiples un processus li au projet qui ici est d apprendre en vue d occuper le poste Lieury et Fenouillet 1997 p 5 24 confirment la complexit des facteurs de motivation intrins ques et extrins ques en interaction avec les l ments du contexte dans l acte d apprendre Pr c demment Winnykamen 1990 p 77 nous proposait deux types de motivation apprendre
417. tour ce cheminement cette r activation de la m moire de travail dont parlent tout la fois Bastien 1997 Dreyfus 1992 Zoudji D bu et Thon 2002 Evoquant ces difficult s et cette r flexivit Vermerch 1996 propose de consid rer l explicitation de ce qui est devenu implicite chez l Expert Vermerch propose des techniques d entretiens permettant de mettre au jour par la formalisation langagi re ce que l Expert n est plus en mesure de formaliser tout seul Ces techniques reposent sur un questionnement privil giant le comment au pourquoi privil giant l entr e par 146 le contexte Ceci nous semble pertinent en regard du mod le de Bastien 1997 et de l activation des connaissances par le contexte L entretien est men par un Autre charg de formuler ce questionnement de provoquer cette activation et en m me temps d tre le miroir dans lequel le Professionnel Exp riment se voit diff remment Nous notons par ailleurs que cette explicitation est aussi propos e par d autres coles visant la capitalisation par Intelligence Artificielle Ermine et Chaillot 1995 1996a 1996b Nous ne sommes pas convaincus que tous les Experts en entreprise b n ficient de ce genre d accompagnement en vue de former leurs Successeurs Ce n est d ailleurs pas la situation que nous avons d crite dans notre probl matique pratique Nous ne d velopperons pas ces techniques d entretiens En revanc
418. tte typologie fait appara tre une succession de cinq stades correspondant un accroissement d exp rience et par la m me des aptitudes 166 e le novice il ne poss de pas d exp rience il a besoin de r gles formelles g n rales e le d butant avanc a acquis ces r gles et interpr te ses premi res exp rimentations e la comp tence l exp rience acquise am ne articuler des ensembles d informations situationnelles et permet les prises de d cision des plans d action les choix qui engagent les r sultats de son activit et sont engageants motionnellement e la ma trise permet la r flexion d tach e de l action sans effort conscient partir des nombreuses situations v cues et des plans d action men s l valuation et la combinaison conform ment la r gle e expertise la grande exp rience des situations v cues permet un classement des types de tactiques adopt es et r ussies les r ponses deviennent imm diates et intuitives quelques fois m me sans appr hender la signification de la situation S 1l nous est apparu pertinent de pr senter le Professionnel Exp riment comme un Expert qu en est il du Successeur Suivant son profil son parcours son exp rience dans l entreprise dans le service en regard de la fonction ses besoins de connaissance diff reront Dans le cas du Novice par exemple le besoin sera de baliser le champ et le but de la transmission le type
419. tuellement pendant un laps de temps tr s limit Lerbet 1997 p 11 Pour compl ter cette approche syst mique nous suivons ces auteurs et d autres comme De Rosnay 1975 Durand 1979 Morin 1990 notamment Un syst me se caract rise par quatre concepts e L interaction la relation entre deux l ments n est plus uniquement une action causale elle comporte une double action de l environnement sur le syst me et du syst me sur l environnement ou d un l ment sur un autre et r ciproquement dans laquelle circulent des informations de l nergie La communication est un exemple d interaction L interaction syst me environnement constitue des entr es et des sorties du syst me Une r troaction est une forme d interaction particuli re d j mise en vidence par la cybern tique du syst me sur lui m me de l l ment sur lui m me de sa sortie sur son entr e Cependant les r troactions sont positives ou n gatives les premi res tendent entretenir et augmenter les perturbations les divergences elles agissent comme des amplificateurs les secondes tendent au contraire maintenir la situation initiale contrer la perturbation L action seule des premi res tendrait mener le syst me vers l explosion l action seule des secondes tendrait finaliser le syst me e La globalit le syst me caract ris par une fronti re plus ou moins perm able qui le s pare de son enviro
420. ture l acc s la culture tant ce qui distingue l homme de l animal Reboul 1997 p 25 Ainsi la situation que nous observons est certes apparent e une formation elle est une ducation dont le contenu est variable de multiples dimensions peuvent la traverser Dans ce sens nous pouvons donc consid rer la relation ducative entre le Professionnel exp riment et le Successeur Pour compl ter notre approche de cette relation nous nous orientons vers ce que proposent les p dagogues et les didacticiens Nous n oublierons pas de consid rer que les acteurs sont ici des adultes en entreprise changeant des savoirs professionnels Postic 1988a tudie la relation ducative sous plusieurs points de vue disciplinaires Comme Postic 1988a b nous consid rons que la transmission de savoir faire est une communication interpersonnelle et au del un acte p dagogique dans notre cas un acte andragogique comme dirait Labelle 1998 dans lequel s articulent des processus d enseignement et d apprentissage Le but de cette transmission est l apprentissage par le Successeur des savoir faire n cessaires la tenue d une fonction pr sente ou future La m diation de l entreprise tiers exclu dans la d finition de l objectif de la transmission la d finition du poste occuper les proc dures les r gles est toujours visible Cette relation a des dimensions sociales psychosociales didactiques et psychanaly
421. ture flottante des entretiens nous confirmera la pertinence de ces cat gories Les grilles d analyse sont identiques pour les entretiens El E2 E3 ceci pr s que nous inversons bien entendu les sous cat gories de Soi et Autre notamment motivation apprendre motivation transmettre suivant que l interview est l Expert EE ou le Successeur ES Nous laborons ainsi une grille d analyse commune toutes les dyades et particuli rement tous les Experts d une part et tous les Successeurs d autre part Pour chaque dyade les unit s d enregistrement de chaque entretien sont copi es coll es dans la grille correspondant chaque th me et sous th me cat gorie et sous cat gorie Ce traitement sera appliqu aux entretiens de d but de transmission El de fin de transmission E2 et de fin de transmission avec 6 mois au moins de d lai E3 Suivant les propositions de Bardin nous d nombrons les unit s d enregistrement relatives chaque cat gorie et sous cat gories Nous reportons ces chiffres dans un tableau r capitulatif qui permettra tout la fois de mettre en regard les analyses des entretiens Expert et Successeur mais aussi les entretiens El E2 et E3 Le d nombrement des unit s de codage repose sur l id e que si une cat gorie est fortement repr sent e si le nombre d unit s d enregistrement est lev le th me correspondant est d autant plus pr sent d au
422. u des gestes professionnels dans lesquels tout le corps est engag Nous reprendrons aussi l id e d automatisation du geste ainsi que le r le du corps dans la communication Nous poursuivons notre construction th orique de la connaissance avec l apport de la psychologie cognitive 7 4 3 3 La connaissance sous l angle de la psychologie cognitive Notre approche pr c dente avait pour but d aborder le savoir faire comme une manifestation d une connaissance construite dans une grande diversit de situations et conf rant l homme une aptitude agir sur le r el penser raisonner r soudre des probl mes imaginer se m moriser une aptitude articuler en situation des formes diverses de savoir La connaissance a t abord e sous l angle des sciences cognitives mettant en lumi re l extr me complexit des m canismes lectrochimiques dont les neurosciences tentent de rendre compte m canismes l uvre dans toute l activit cognitive et motrice de l homme Un autre angle de vue peut tre adopt compl mentaire pour tenter de d finir le Professionnel Exp riment porteur d une connaissance La psychologie cognitive cherche mod liser les processus cognitifs soit les modes de pens e et ainsi tente d approcher ce qu est la connaissance comment elle se manifeste et se construit Ainsi pour Donnadieu Genthon et Vial 1998 p 20 conna tre c est na tre avec
423. u te mettait aussi en vidence le fait que les DRH pour justifier cet tat de fait pr sentaient les 50 ans et plus comme inadapt s aux mutations technologiques et aux exigences des nouvelles organisations Mais cette position a t elle volu e depuis 1996 On est tent de le penser si l on prend en compte certains v nements r cents Le sujet a attir semble t il les autorit s et en particulier le Minist re du Travail et des Affaires Sociales Nous en avons eu une manifestation criante lors de la r forme des retraites de 2003 men e par le Ministre de l poque Fran ois Fillon La r forme propos e et adopt e avait pour principe de prolonger la dur e de cotisation et donc de travail et de donner la possibilit ceux qui le veulent de travailler plus longtemps encore D apr s le Ministre il semble que l on soit capable de r fl chir d agir d innover d tre motiv bien au del de 60 ans Parall lement la presse multiplie les dossiers sp ciaux les hors s rie sur ce choc d mographique et la r forme des retraites t moignant ainsi de l urgence prendre en compte le probl me Pour compl ter l analyse d mographique certains projettent des p nuries profondes dans certains emplois les jeunes qui arriveront sur le march du travail ne compenseront pas les d parts partir de 2006 ils ne couvriront pas les besoins de recrutement Certains secteurs certains emplois sont d j ce jour d
424. u psychomoteur Cette composante on vient de le voir est d une richesse certaine Pour autant faut il limiter le savoir faire au geste L activit du professionnel est bien plus complexe elle lengage dans tout son tre Le geste la parole la pens e les motions sont indissociables de l activit du professionnel agissant D ores et d j nous pouvons dire que l activit est compos e d actes multiples actes physiques de gestuelles nous pouvons aussi voquer les actes langagiers mais aussi d actes cognitifs actes de pens e Le savoir faire li e cette activit complexe est un savoir agir dans cette vari t d actes Mais il nous faut pousser plus loin notre investigation et pour cela consid rer tout d abord le Savoir Faire du Professionnel Exp riment comme un Savoir 99 7 4 1 Le Savoir Faire est un Savoir Consid rer le Savoir Faire du Professionnel Exp riment comme un Savoir suppose que l on d finisse le Savoir Or contrairement la langue anglaise le fran ais propose deux termes Savoir et Connaissances qui ont donc des d finitions distinctes Nous nous trouvons l devant une question pist mologique Notons que Savoir peut tre utilis comme un nom ou comme un verbe alors que connaissance et conna tre se distinguent Par ailleurs l tymologie de savoir le verbe renvoie au latin sapere qui sous tend l id e d tre inf
425. u sens de Altet 1988 titulaire d un contrat de travail par lequel l entreprise r tribue sa qualification qu elle reconna t Comme le Professionnel Exp riment il a sa propre exp rience professionnelle et personnelle Il est lui aussi porteur d un savoir faire dans les multiples dimensions que nous avons tent d aborder plus haut 165 Mais sa qualification et son exp rience sont elles adapt es en regard du r f rentiel emploi des exigences de la fonction qu il est suppos assumer en rempla ant terme le Professionnel Exp riment Bien entendu se pose l une question d valuation qui m riterait d tre travaill e En effet on peut se demander tout d abord comment sont valu es ses connaissances sa qualification et son exp rience qui est l origine du choix du recrutement interne ou externe du Successeur Par ailleurs on peut aussi se demander dans quelle mesure ce recrutement est plut t le projet du Successeur ou celui de l entreprise et si le Professionnel Exp riment a particip ce recrutement Sur quels crit res s est fait ce choix Comment a t on valu la pertinence de la candidature non seulement sur le plan de l cart de comp tence des connaissances qu il a acquises dans son parcours dans la m me entreprise ou dans une autre mais aussi sur le plan de la motivation du candidat Ces questions sont certes tr s int ressantes elles influencent sans doute les co
426. u syst me relationnel avec Lerbet S r ni 1994 nous a conduit voquer la dynamique organisationnelle du syst me par laquelle l autonomie du syst me r sultante suppose la relation paradoxale authentique et r ciproque Postic fait appara tre une diff rence entre formation pour adultes et formation pour enfants ou adolescents C est en formation d adultes qu il tend davantage vers la sym trie Dans le dialogue en formation d adultes le formateur guide l volution du groupe en formation et au fur et mesure de la session il subit en retour une influence qui entra ne sa propre volution Postic 1988a p 180 Pour l auteur le dialogue peut tre constructif et occasionner une volution conjointe En revanche dans le cadre de la formation d enfants ou d adolescents l ducateur s interroge et volue par le biais de brusques ruptures dans le dialogue ducatif L volution ne r sulte pas d un processus conjoint d une action r ciproque Pour Postic la r ciprocit peut tre consid r e comme constituant particulier de la relation de formation pour adultes 233 Nous observons que la r serve de Postic est aussi relev e par Lerbet S r ni 1997 p 171 179 dans le cadre scolaire et de la m me mani re par Altet 1988 1994 Pour tous ces auteurs l enseignant en situation scolaire demeure dans sa posture distante et magistrale maintenant une distance une r serve vis
427. uation fait que le Professionnel Exp riment expert dans son activit a pour but de transmettre ce qu il sait ce qu il sait faire un Autre que nous appelons le Successeur Ce dernier ne sait pas faire ou sait moins faire ou encore sait faire autre chose Ce syst me relationnel est finalis par l apprentissage du Successeur et non plus exclusivement l efficacit de l activit professionnelle Le but pour le Professionnel Exp riment ici n est plus de faire efficacement mais de faire apprendre de faire avec de faire faire de laisser faire Et pour cela le Professionnel Exp riment peut utiliser tous les moyens de communication dont il dispose le langage verbal le langage non verbal et plus largement tous les supports de communication qui peuvent tre sa disposition Cette situation pr sente pour le Professionnel Exp riment quelques difficult s Nous l avons d j voqu l Expert plac dans un domaine autre que son domaine d expertise peut r gresser au point d tre un Novice dans cette nouvelle activit Le Professionnel 145 Exp riment est un Expert dans son activit mais peut tre un Novice dans l activit de transmission Par ailleurs l Autre le Successeur est nous le verrons plus loin potentiellement un Novice suivant la typologie propos e par Dreyfus 1992 son apprentissage sa compr hension peut n cessiter un retour des r gles des principes
428. ue la dyade pouvait voluer de dissym trique faiblement dissym trique voire sym trique Parall lement le Professionnel Exp riment est lui aussi alt r par la relation nous avons dit que cette relation tait une communication Suivant Lerbet S r ni 1994 1997 le syst me relationnel s auto co organise dans le temps et les relations savoirs se r gulent au sens o l entend Lerbet S r ni On peut penser que le Professionnel Exp riment Novice en formation a peu de latitude pour choisir une m thode p dagogique a priori En revanche on peut penser comme Tochon 1993 p 95 qu il aura tendance reproduire un mod le connu Puis la relation avec toutes les r gulations que nous supposons lui donne aussi l occasion d exp rimenter d apprendre donc de transformer sa posture de formateur 9 3 1 7 Des positions respectives Nous avons dit que dans ce processus relationnel complexe les modalit s relationnelles sont variables La relation ducative peut adopter des modalit s dans lesquelles les protagonistes occupent des positions diff rentes Ainsi pour Postic 1988a p 159 la relation ducative fait appara tre un processus dialectique de d pendance autonomie L autonomisation pour Postic passe par un affranchissement En effet Postic nous dit L autonomie v ritable passe par l affranchissement mais il s agit d une rupture consciente cons cutive la prise de connaissance de la re
429. upe socioprofessionnel consid r nous pouvons penser que les deux dimensions sont l uvre Il semble clair que notre soci t dite moderne moins archa que est moins porteuse de mythes ou tout au moins que ses mythes sont moins pr sents notre soci t tant plus complexe Nous pourrions cependant nous poser la question de savoir si elle n en construit pas de nouveaux tout aussi agissant Le monde du travail bien qu inscrit dans la modernit est nous semble t il porteur de ses mythes d origine inscrits dans l histoire l origine de la profession L entreprise en tant que groupe social organis porte ainsi des mythes fondateurs que proposent de consid rer des auteurs comme Enriquez 1992 Pour nous en donner un aper u il nous semble incontournable de faire r f rence ici deux ouvrages faisant tat de racines profondes qui influencent les repr sentations symboliques li es au m tier Le premier celui de Eliade 1977 traite de la tradition des forgerons et des alchimistes Ces figures mythiques sont sans doute rep rables chez les sid rurgistes et les chimistes contemporains par exemple Le deuxi me celui Jacq 1991 voque le message des constructeurs de cath drales Ces figures mythiques peuvent sans doute se rep rer dans les m tiers du b timent de la construction des Travaux Publics et peut tre m me chez les architectes Ces deux ouvrages d autres pourraient aussi tayer cette a
430. ure et humanit le m me et le diff rent la relation dyadique sp cifique de l un individu et du multiple socius vers la socialit autonomisante la cr ation de soi via un alter dans une relation qui contribue g n rer une dynamique d autonomisation des sujets en relation Son approche traite de la relation duale qui contrairement la relation duelle n est pas fond e sur l antagonisme ni duel ni confusion elle contribue l mergence de l autonomie et de l identit de chacun des l ments La relation est tout d abord abord e sous un angle philosophique comme relation Autrui entre confusion et diff renciation Lerbet S r ni 1994 s appuie sur le paradoxe propos par Ric ur 1990 et conceptualis comme ipseit av nement d une identit qui par le passage assum d idem et d alter peut se reconna tre ipse la fois soi m me et soi autre Ce paradoxe repose sur deux conceptions antagonistes qui renvoient les sujets soit une alt rit respective c est en synth se la position de Descartes Hegel et Sartre soit une indiff renciation position des philosophes id alistes Platon Ces deux conceptions 14 accr ditent pour l auteur le fait que par la relation s effectue la diff renciation qui rend possible la construction d une personne dans son originalit Lerbet S r ni 1994 p 18 Mais si l Autrui est l alt rit
431. us souhaitons tudier peut adopter des modalit s expositives dans lesquelles la pr sentation l explication la d finition la d monstration ont une place de choix D autres modalit s plus actives peuvent mettre au premier rang l activit du Successeur en regard d une situation simul e ou r elle Enfin la relation peut s orienter vers une modalit plus authentique dans laquelle le d bat la confrontation sont centrales Dans le prolongement de Postic Altet 1988 1994 confirme cette vari t de processus interactifs des actes langagiers Altet 1994 p 61 66 reprend l id e de Postic selon 217 laquelle Tout acte p dagogique a une fonction p 62 et propose une grille de 5 fonctions pour les modes d action de l enseignant information transmission organisation structuration stimulation activation valuation r gulation et 2 syst mes d apprentissage des l ves r ception consommation expression production Pour chaque fonction didactique et chaque syst me d apprentissage l auteur d taille les diff rentes activit s de l enseignant et celles des l ves rep rables dans la relation p dagogique Elle rep re ainsi dans les fonctions didactiques 37 items correspondant des activit s de l enseignant remplies par les actes p dagogiques qui refl tent l intention dominante et le niveau d intervention de l enseignant Elle rep re de la m me mani re deux
432. ute pr sence physique Sur le plan relationnel interactionnel Le questionneur de la classe ou l instructeur se caract rise par un mode d entr e en contact avec les l ves plut t orient vers le collectif il privil gie les interactions la classe Le style ou pattern interactif est appel ordonnant dans la mesure ou les interactions sont verticales l enseignant organise les changes Le questionneur d l ve qui s adresse directement l l ve individu ou le moniteur guide qui favorise l expression de l l ve individu dans ses prises de parole ou ses actes Le questionneur mixte quant lui joue sur les deux dimensions individuelle et collective dans son questionnement et dans la place qu il laisse aux expressions Le style ou pattern interactif pour ces trois derniers est appel acceptant les interactions viennent autant des l ves que de l enseignant les int ractions sont horizontales et triadiques Sur le plan organisationnel 231 Le guidant est centr sur l l ve apprenant peu sur le contenu Il favorise la participation des l ves les r solutions de probl mes les activit s de recherche individuelle puis en groupe Les l ves sont alors collaborateurs actifs ils sollicitent l enseignant qui est une personne ressource Le dirigeant quant lui est plut t centr sur le contenu ce qui est transmettre et moins sur les apprenants sur leurs t ches Le
433. utissement de multiples tentatives d accords pr alablement perceptibles L ancrage de cette r volution est plut t situer dans les mouvements sociaux de 1968 donnant lieu aux accords de Condorcet et certains accords de branches professionnelles Il nous semble pertinent d observer l volution de l approche formation comme une autre lecture de l volution de l entreprise Pour ce faire nous nous appuyons sur des documents publi s par le Centr Inffo manation du Minist re du Travail de l Emploi et de la Formation pour une approche juridique et des statistiques du CEREQ publi es annuellement partir d un traitement des donn es issues des d clarations CERFA 2483 D Centr Inffo Hors s rie 1996 les 25 ans de la Formation Professionnelle Continue 2 Cereq 2003 La formation professionnelle continue financ e par les entreprises n 172 juillet 2003 21 D claration des d penses de formation faite annuellement par l entreprise et adress e la DRTEFP 37 La loi du 10 juillet 1971 impose aux entreprises de plus de dix salari s de consacrer 0 8 de la masse salariale brute la formation de leurs salari s l objectif sous tendu tant de permettre tout individu de se former tout au long de sa vie Depuis l arsenal juridique s est tr s fortement d velopp notamment partir des ann es 80 plus fortement encore dans les ann es 90 multipliant les dispositifs destin
434. vation transmettre L Expert peut prouver le besoin d tre valoris et l entreprise peut agir pour r pondre ces besoins de valorisation facteurs de motivation rejoignant ainsi ce que dit Levy Leboyer 1998 Notre d veloppement nous a permis de rep rer la complexit des facteurs motivationnels et leur implication dans la conduite humaine Nous avons rep r ainsi deux ordres de facteurs motivationnels l un intrins que l autre extrins que qui s articulent et se combinent Les auteurs ont attir notre attention sur le fait que la motivation n est pas un processus stable elle suppose d une part une approche int gratrice des diff rents facteurs et d autre part qu il convient de prendre en compte l interaction entre ces facteurs et les l ments du contexte r alit subjective du sujet Dans cette perspective Nuttin 1985 propose une approche fonctionnaliste de la motivation comme un dynamisme du comportement la motivation ou dynamisme du comportement qui trouve sa source non pas dans une s rie de besoins autonomes et juxtapos s mais dans le fonctionnement unitaire et int gr qui s identifie la vie m me de l individu Nuttin 1985 p 126 Pour Nuttin le besoin de base de l tre est un auto d veloppement correspondant au d ploiement optimal de toutes ses capacit s en relation fonctionnelle avec le monde dans l interaction de l homme et du monde Il construit
435. ve peut appliquer C est en formation d adultes qu il tend davantage vers la sym trie les interlocuteurs formateurs et form s par leurs exp riences diversifi es par leurs mani res diff rentes d analyser les probl mes s clairent mutuellement ils organisent les confrontations d opinions d couvrent la r alit de leurs jugements et ils vont vers la recherche non d une v rit qui serait impos e par l un d eux mais d un sens donner leur propre d marche Leurs rapports s tablissent sur la base d une compl mentarit fonctionnelle Par l change le dialogue ducatif devient alors le moyen d une volution conjointe Postic 1988 p 180 Un autre aspect est alors tudier celui de cette volution de l auto co organisation du syst me relationnel Lerbet S r ni 1997 nous confirme toute la difficult de rendre compte de cet objet due son caract re vanescent insaisissable qui fait que l on peut trouver des manifestations de la relation mais non de la relation Lerbet S r ni 1997 p 63 Nous avons d j relev que la communication ne pouvait tre ramen e aux seuls actes de langage aux mots Lerbet S r ni 1997 Ardoino 1990 et Coste 1977 nous ont convaincu que les hommes disposaient de nombreux moyens d change entre eux la communication utilise de nombreux vecteurs Outre l change d informations les hommes investissent leur com
436. volontaire plus le geste est automatique Coste 1980 p 46 Il y a donc une automatisation du geste avec l exp rience sans pour autant qu il perde du sens pour le sujet sans que l id alit du geste disparaisse Cette caract ristique est d ailleurs tudi e chez les sportifs de haut niveau par Zoudji Debu et Thon 2002 Ces travaux font aussi r f rence au mod le de Dreyfus pr sent plus haut Ils mettent en vidence des prises de d cision plus rapides chez l Expert que chez le Novice Ces performances sont attribu es au fait que la m moire de travail grande consommatrice de ressources allou es au traitement des op rations cognitives est court circuit e A l instar des joueurs d checs pour Dreyfus les sportifs pr sentent des performances dues au fait que les informations des situations relatives au domaine d expertise sont stock es de fa on automatique dans la m moire implicite ainsi la prise de d cision la bonne d cision est acc l r e lorsque la situation se reproduit En clair dans les deux dimensions cognitive et psychomotrice les connaissances de l expert sont int rioris es automatis es routinis es dirait Tochon 1993 p 131 au point qu il n a plus conscience de comment il fait l expert a oubli le chemin de 141 son expertise il n est plus capable de dire ce qu il sait La connaissance experte est une connaissance int gr e une
437. vons pr c demment voqu cette relation sous l angle de la communication les relations savoirs tant une variable du syst me relationnel Lerbet S r ni 1997 Nous avons vu avec Postic 1988a et b Lerbet S r ni 1994 1997 et Altet 1988 1994 que la communication utilisait de multiples moyens d changes verbaux et non verbaux Ces auteurs nous ont convaincu que nous pouvons rendre compte de l volution de la relation par l analyse des actes langagiers Nous avons envisag deux grilles de variables possibles La grille d analyse propos e par Altet 1994 compos e d pisodes inducteurs m diateurs adaptateurs Les six fonctions du langage de Jacobson 1963 la fonction phatique la fonction expressive la fonction r f rentielle la fonction impressive la fonction po tique ou esth tique la fonction m talinguistique Notre choix se portera sur la grille d analyse propos e par Altet 1994 nous reprenons ci dessous les particularit s Notre choix sera comment plus loin La grille d analyse propos e par Altet 1994 compos e d pisodes qui sont des unit s d interactions entre plusieurs acteurs Altet 1994 p 77 l unit de sens de la communication permet de rep rer l ouverture la phase interm diaire et la fermeture de l pisode L ouverture et la fermeture sont particuli rement rep rables par des indicateurs verbaux paralinguistiques ou gestuels des marqueurs
438. voquent aussi l id e d un continuum allant de l amotivation la motivation extrins que puis la motivation intrins que Les facteurs extrins ques et intrins ques interagissent les premiers renforcent ou touffent les seconds Si l on suit ces auteurs nous pouvons consid rer que la motivation apprendre du Successeur n est pas acquise d entr e elle n est pas un tat stable elle est potentiellement variable tout au long de la transmission Elle d pend de son d sir de conna tre de l ordre de l intime comme nous l avons vu et ce titre nul ne peut en faire de pronostic nul ne peut se prononcer et encore moins agir sur Sa motivation d pend aussi de dimensions sociales sur lesquelles l entreprise tiers exclu de la transmission peut avoir une action Le Professionnel exp riment est influent sur la motivation extrins que et 192 intrins que Mais de la m me mani re le Successeur est un motif extrins que et intrins que de transmettre pour le Professionnel exp riment Lorsque nous avons abord la motivation du Professionnel Exp riment nous avons fait r f rence la reconnaissance mutuelle que propose de consid rer Ric ur 1969 Le Successeur tout comme le Professionnel Exp riment a besoin de reconnaissance Pour l un comme pour l autre cette reconnaissance leur est fournie certes par l entreprise ers exclu mais aussi par l Aut
439. x d une part dans les savoirs n cessaires et en g n ral prescrits pour comprendre et agir d autre part dans leur mise en uvre dans l action par des op rateurs en situations r elles De Montmoulin 1998 p 193 Nous pouvons consid rer que l exp rience professionnelle peut tre porteuse d apprentissage Ainsi quels que soient la nature de son l emploi et le niveau de ses responsabilit s le Professionnel Exp riment a construit et articul dans son activit des connaissances d j l par sa professionnalisation et son exp rience professionnelle Au l Il est noter d ailleurs que dans ce film Chaplin incarne l ouvrier sur travaillant la cha ne il essaie de rattraper son retard en regard du tapis roulant et des pi ces qui avancent et se retrouve pris dans des engrenages de la machine Preuve que dans les organisations les plus tayloriennes les incidents les probl mes viennent contredire la belle m canique et par l meme que l homme n est pas un robot 96 fil de ces exp riences il a articul r flexion et action construit et reconstruit ces connaissances En d autres termes et suivant la pens e de Dewey 1947 et Kolb 1984 nous caract risons notre Professionnel Exp riment comme tant d une part professionnel c est dire porteur d une qualification reconnue au sein de l entreprise en regard d un r f rentiel formalis des savoirs identifi s voi

BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice

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