Michel Boulanger
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1. arua ee D Pa R aiii kz A OAV o P iice Association sp cialis e en addictologie FAMILLES ET ADLICTIONS PR SENTATION LE LA JOLIN EE Comme nous le rappelle Jean Marie Pelt a drogue remonte la nuit des temps et fait partie de l histoire de l humanit Avant d tre consid r e comme une maladie elle est d abord un objet de plaisir de passions elle soulage les souffrances s inscrit dans des rituels des cultures Un vivre ensemble M dicament ou poison l homme est responsable de son destin et de son aventure avec les drogues qui le gu riront le soulageront l anesth sieront le d truiront Et pourtant aujourd hui ces drogues sont devenues des addictions nous habitons dans une soci t addictog ne comme le note Bernard Stiegler Addictions non seulement aux substances r glement es comme l alcool ou le tabac qui rappelons le sont responsables en cumul de plus de 120 000 d c s pr matur s en France C est dire avant 65 ans Non seulement aux substances illicites comme l h ro ne la coca ne ou encore le cannabis qui est l objet aujourd hui d exp rimentation pour au moins un jeune sur deux 17 ans pla ant ainsi la France en t te des pays europ ens consommateurs et ceci en d pit d une l gislation consid r e comme l une des plus r pressives du continent Mais aussi les addictions l cran aux jeux d argent au sexe au sport au travail Autant de nouv2. elles formes addictives qui seront abord es par le Docteur Lucie Pennel dans la s ance pl ni re pr sid e par le Docteur Olivier Rogeaux Autant de conduites sociales et individuelles qui s inscrivent dans une soci t de la performance du plaisir de la r ussite mais aussi une soci t du repli de la solitude de l exclusion Il n y a pas que la personne en marge qui serait addict aujourd hui Au del des figures du toxico du junkie du pr caire du rebelle de l errant les addictions concernent aujourd hui tout chacun et ce quel que soit sa classe sociale Par exemple nous savons tous que prendre un produit aide tre plus performant au travail en faisant du sport dans ses relations sexuelles Etre plus performant Etre dans le plaisir R ussir S clater Dans un pr c dent colloque d di au temps des addictions en 2012 nous prenions l exemple de nos belles stations de ski qui l hiver accueillent de plus en plus de jeunes touristes fran ais ou trangers attir s par la neige la poudre la glisse et qui viennent faire la f te consommer alcool et drogues jusqu plus soif dans l ivresse d une folie douce Autant de figures diverses d interrogations multiples qui montrent que les addictions ne sauraient se r sumer une maladie car elles interpellent bien entendu la sant publique mais aussi le corps social la s curit publique nos organisations conomiques notre
3. ent ou un couple homoparental Pas de nostalgie ni de jugement ni de morale Les mod les id ologiques construits sur la culpabilit des familles leur incapacit duquer ne correspondent pas la r alit de la grande majorit des parents que nous recevons et qui sont confront s une conduite addictive La soci t s est rapidement transform e dans son rapport au savoir comme le note Michel Serre dans son beau livre Petite Poucette qui souligne et positive ce nouveau mode de communication lectronique pouces appui L acc s la connaissance est aujourd hui imm diat et virtuel gr ce aux nouveaux m dias informatiques il ne s embarrasse plus des temps institutionnels de l apprentissage ou de la pr sence d adultes transmetteurs de savoirs Les figures de l autorit incarn es par la famille particuli rement les p res et les instituteurs ceux que l on nomma les hussards de la r publique sont aujourd hui battues en br che L ducation est un nouveau m tier construire je voudrais avoir 18 ans l ge de Petite Poucette et de Petit Poucet puisque tout est refaire puisque tout est inventer Dans la table ronde anim e par Serge Ducrettet Ren e Mestrallet Jean Louis Voyron Anne Sophie Badin Murielle Neuenschwander et Catherine Delorme partageront leurs r flexions de professionnels et de parent autour de la pr vention de l ducation et de la place des familles dans ces processus dynamiques C
4. ertains courants de la psychologie et de la psychanalyse soulignent le risque qu il y aurait de remettre en cause les figures structurantes et identifiantes du p re et de la m re comme la compl mentarit fondatrice entre hommes et femmes C est dire la famille traditionnelle Avec enfin le risque de tuer le p re et la m re sur le parvis de l homoparentalit ou de la monoparentalit Cette conception qui trouvait sens aux si cles derniers 19 et 20 me si cle et fondait son approche th orique sur une organisation sociale aujourd hui r volue est bien videmment amen e tre revisit e par la r alit des familles d aujourd hui qui organis es autrement ne sont ni meilleures ni pires que celles d un pass nostalgique Le paysage familial est en profonde volution Les familles et les enfants seraient ils plus expos s plus vuln rables aujourd hui Non La plupart des parents ne sont pas d missionnaires mais d sempar s C est du moins ce que nous apprend l coute des familles qui nous sollicitent Nous disons souvent que la plupart des familles ont les ressources n cessaires mais n ont pas le mode d emploi Plus qu une th rapie elles viennent chercher une coute des conseils une r assurance et nous place dans une posture de m diation de reformulation d appui pour trouver des solutions qui leur appartiendront Solutions qu a potentiellement la famille m me si elle n est repr sent e que par un seul par
5. lle Pour autant quid du retour dans le milieu social et familial d origine per u comme toxique Quid des nombreuses rechutes auxquelles se confrontaient alors les personnes retournant chez eux Rechutes qui ne pouvaient que justifier encore et encore cette reconstruction distance Les exp riences th rapeutiques r alis es par Sylvie et Pierre Angel au sein du centre Monceau proposant une r ponse principalement aux familles de toxicomanes mais aussi celles pr sentant d autres troubles comme ceux des conduites alimentaires sont rest es marginales du courant de soin durant de nombreuses ann es malgr la richesse et la pertinence des r ponses De m me les coles italiennes avec notamment Luigi Cancrini avec lequel nous avons travaill Tr s vite nous avons appris que les grandes questions au travail chez le jeune pr sentant une conduite addictive s inscrivaient dans une probl matique familiale Au del du sujet addict pour lequel la famille vient consulter nous avons t rapidement confront s un ensemble d observations e les habitudes addictives chez d autres membres de la famille Alcool drogues m dicaments chez un membre de la fratrie un parent un grand parent ou un oncle loign e les addictions comme mode de communication et de r gulation des conflits e l impossibilit s autonomiser s individuer malgr de nombreux faux d parts les loyaut s invisibles existant entre tel ou tel
6. membre de la famille la difficult de se s parer le risque mortif re e la c cit familiale e les secrets de famille Merci Jean Paul Gaillard qui confrontera ses approches avec celles de nos deux coll gues Michel Cattin et St phane Bujold dans une conversation th rapeutique internationale et francophone autour des adolescents et de leurs familles S ance pl ni re pr sid e par Maxime Cloqui Les familles sont elles malades Comme le rappelle Jacques Miermont nous pr f rons aujourd hui parler de th rapie avec la famille plut t que de th rapie familiale ce qui renvoie inexorablement la repr sentation d une famille et de ses membres qui seraient malades et qu il conviendrait de soigner De quelle pathologie souffrirait alors la famille Serait elle responsable des pathologies individuelles de ses membres Dans le contexte th rapeutique et la suite des travaux de Guy Ausloss s appuyer sur les ressources des membres de la famille et leur laisser la place centrale dans le processus cr atif en cours d cale la position du th rapeute et les attentes son gard et cr e une dynamique porteuse de changement et d am nagements intrafamiliaux Comme les individus les familles sont elles m mes en profonde volution Les organisations comme les mod les familiaux se sont profond ment modifi s en quelques d cennies isolement g ographique par rapport sa famille d origine recomposition de
7. mod le et nos valeurs de soci t confront s des conduites qui sont autant d interrogations mais dont nous avons en m me temps les plus grandes difficult s saisir le sens Les drogues remontent la nuit des temps disions nous et elles sont aujourd hui le fruit le marqueur exacerb d une soci t hypermoderne Les addictions concernent tout le monde mais les jeunes constituent un public prioritaire Et ceci au regard des conduites de mise en danger auxquelles ils se confrontent des risques encourus par rapport leur sant leur int grit physique ou celle de leur entourage maladies transmissibles accidents d automobile ou autres agressions Sommes nous encore dans la passion du risque comme l crit David Le Breton expliquant la n cessaire et volontaire mise en danger de soi la confrontation ses limites individuelles et corporelles dans une soci t o la s curit bannira it l exc s N est ce pas sa peau comme dernier marqueur corporel comme terrain d aventures que la personne s en prend cherche la preuve physique de son existence Preuve qu elle ne trouve plus dans des rituels et des preuves sociales inop rantes Pour Marc Valleur l h ro nomane est proche de la conduite ordalique quand il s injecte une drogue dont l effet n est jamais s curis A cause de la qualit du produit notamment reproduisant ce rituel moyen geux qui exige une confrontation avec la mort pour trouver se
8. ns la vie Comme la roulette russe Les familles aussi sont concern es au premier plan et nous avons appris tr s t t que les addictions ne sont pas qu une histoire individuelle mais aussi familiale D s l ouverture du P lican il y a d j une g n ration nous avons t surpris de la demande importante des parents confront s une conduite addictive r elle ou suppos e chez un de leurs adolescents Que faire Comment r pondre aux familles sans occulter la demande de leur enfant Comment r server un espace de rencontre chacun Qui souffre Qui porte la demande de soins Comment l organiser Autant de questions mises au travail et labor es aujourd hui en particulier gr ce au mod le des th rapies syst miques Et pourtant ces r ponses ont eu les plus grandes difficult s se mettre en place dans un moment social celui des ann es 70 et 80 o la famille n avait pas bonne presse En g n ral et en particulier dans les milieux sp cialis s en addictologie si pas de la psychiatrie qui visaient un loignement du sujet par rapport un environnement et social et familial per u comme pathog ne Les cin philes se souviendront de ce beau film anglais Family Life qui met en sc ne les relations tumultueuses d une jeune femme schizophr ne avec sa famille C tait par exemple la mise en place des centres de postcure situ s en Ard che ou dans les C vennes loin des tentations de la ville ou de la fami
9. omment penser aujourd hui le r le et la fonction des ducateurs qu ils soient les parents ou les professionnels dans la transmission Comment dire l interdit Quelle place l exp rimentation A la transgression dans la construction de soi Comment accompagner Dire Les addictions on laura compris constituent une approche complexe car elles ne sauraient se r sumer une maladie comme dit plus haut et interpellent chacun d entre nous de par ses dimensions existentielles et soci tales Les addictions que la l gislation fran aise depuis quarante cinq ans maintenant consid re soit comme une maladie soit comme un d lit ont fait l objet r cemment de d bats dans le cadre de la loi de sant examinant plusieurs points importants comme le tabagisme l ducation la sant Une attention particuli re a t apport e au projet de loi de sant par la F d ration Addiction au plan national et le P lican concernant deux th matiques particuli res li es aux addictions la pr vention trop souvent pr sent e comme le parent pauvre de la politique publique et la r duction des risques avec l exp rimentation de salles de consommation moindre risque Merci Bernadette Laclais d avoir bien voulu accepter de partager ses r flexions avec nous autour de ces travaux auxquels elle a particip activement il y a quelques semaines Enfin pour ne pas conclure mais pour bien ouvrir cette journ e comment ne pas c der au plai
10. s familles difficult s autant individuelles que sociales et conomiques pour les enfants qu ils soient adolescents ou jeunes adultes s autonomiser Comment rep rer nommer les volutions des familles et des individus individus qu Alain Ehrenberg qualifiait d incertains Merci Odile Joly de nous proposer ses r flexions sociologiques autour de la probl matique qui nous r unit aujourd hui Famille et addictions Les parents seraient ils devenus de mauvais parents On pourrait le croire la lecture de nombreux journaux l coute de certains d cideurs dans des discussions dont le contenu pourrait s apparenter celui du caf du commerce Aujourd hui les parents seraient responsables de tous les maux et on voudrait les envoyer en stage d apprentissage ou de r ducation des droits et des devoirs familiaux supprimer les allocations familiales de certains d entre eux Bref Les duquer les sanctionner Que dire des familles monoparentales ou m me homoparentales L opprobre est souvent jet e ou a minima le soup on ce n est pas une vraie famille comment une m re pourrait elle lever son enfant seule sans p re Comment deux parents d un m me sexe pourraient ils repr senter les figures du p re et de la m re aupr s d enfants dont ils veulent avoir la charge Il s est construit un corpus id ologique contre l volution des nouvelles formes familiales b ti pour certains sur un fatras th orique C
11. sir de vous lire un extrait du journal Le Monde du 3 avril 2015 qui parle d addictions d crans et d adultes Vous pouvez baisser la t l que je puisse faire mes devoirs demande un adolescent ses parents dans une pub radio pour Volkswagen Exag r Pas vraiment quand on se r f re au sondage de M diam trie en f vrier 2015 qui note que si les 4 14 ans ont regard la t l vision deux heures et sept minutes par jour ce qui est d j beaucoup Leurs a n s les plus de 50 ans l ont regard e cinq heures et trente trois minutes quotidiennement Soit 3 heures 30 plus du double du temps pass par leurs enfants A quand l organisation par des adolescents l gitimement inquiets de soir es d bats dans le cadre des associations de parents d l ves soir es dont le titre pourrait tre le suivant Vos parents face aux crans Entre diabolisation et banalisation Michel Boulanger
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