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1. Paul R B langer et Beno t L vesque sociologues d partement de sociologie UQAM 1991 La th orie de la r gulation du rapport salarial au rapport de consommation Un point de vue sociologique Un document produit en version num rique par Jean Marie Tremblay b n vole professeur de sociologie au C gep de Chicoutimi Courriel jmt_sociologue videotron ca Site web p dagogique http www uqac ca jmt sociologue Dans le cadre de la collection Les classiques des sciences sociales Site web http www uqac ca Classiques des_ sciences sociales Une collection d velopp e en collaboration avec la Biblioth que Paul mile Boulet de l Universit du Qu bec Chicoutimi Site web http bibliotheque uqac uquebec ca index htm Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 2 Cette dition lectronique a t r alis e par Jean Marie Tremblay b n vole professeur de sociologie au C gep de Chicoutimi partir de Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation du rapport salarial au rapport de consommation Un point de vue sociologique Un article publi dans la revue Cahiers de recherche sociologique no 17 1991 pp 17 51 Montr al d partement de sociologie UQAM MM B langer et L vesque sont sociologues et enseignent au d partement de sociologie de l Universit du Qu bec Montr al Avec l a
2. crise de crise structurelle seront celles o cette compatibilit n existe plus On entrevoit ainsi comment pour les r gulationnistes les cadres sociaux g n raux conditionnent l activit conomique de sorte qu une grande crise par exemple est non seulement une crise conomique mais aussi une crise politique et une crise culturelle un crise des aspirations collectives et individuelles Les r gulationnistes ont donc propos un ensemble hi rarchis de notions interm diaires dont les plus importantes les notions cl sont celles de r gime d accumulation de mode de r gulation de forme institution nelle de rapport salarial de bloc social h g monique de paradigme soci tal dont la conjonction d finit un mod le de d veloppement Dans cette perspective le capitalisme devient une sorte de m tasyst me plus large dans sa port e historique plus mall able dans ses r alit s concr tes 5 Ces notions interm diaires utilis es dans le but de donner la priorit aux rapports sociaux permettent de rendre compte aussi bien de la diversit d une communaut l autre que de la variabilit d une poque l autre de la configuration des formes sociales et donc des sp cificit s historiques et nationales de la croissance et des crises selon des p riodisations plus pr cises que celles propos es jusqu ici Elles ont galement permis de mettre en vidence aussi bien la sp cificit de la croiss
3. 1991 25 L analyse de la forme institutionnelle de ce syst me nous incite d abord rendre compte des forces sociales qui l ont constitu e le mouvement ouvrier repr sentant les travailleurs de la sant et parlant aussi au nom de usagers de m me que le mouvement tudiant le mouvement des femmes le mouvement des comit s de citoyens etc bref divers mouvements sociaux groupes d int r t et partis politiques Elle nous incite aussi caract riser sa forme qui a pris les traits suivants au plan des rapports de travail une forme qu on pourrait qualifier de fordiste au plan des rapports de consommation le syst me de sant se caract rise par l universalit et la gratuit des soins en change d une gestion tatique centralis e c est dire un compromis o les appareils technocratiques d finissent les besoins et la consommation en change d un acc s universel et gratuit Donc un mode de consommation passif et consum riste o les individus usagers n ont aucun droit de regard sur leurs propres soins de sant Ce rapport de consommation nous le qualifions de providentialiste Le providentialisme comme volet de la forme institutionnelle est autonome et distinct du volet salarial en ce sens que ce dernier rend compte du niveau de consommation ou mieux de la progression des salaires des employ s mais ne peut expliquer la formation des normes de consommation des usagers du syst me Ces normes de consommation consacrent l
4. compatibilit entre elles et avec un r gime d accumulation qui peut tre extensif ou intensif c est dire centr sur l investissement dans les moyens de production ou dans les moyens de consommation Les p riodes de grande 1 Nous tenons remercier nos coll gues du d partement de sociologie Lizette Jalbert Micheline Labelle et Gilles Bourque qui ont accept de nous lire et de nous faire des commentaires qui ont permis d am liorer consid rablement ce texte Nous n en revendi quons pas moins l enti re responsabilit en ce qui concerne aussi bien le fond que la forme 2 Le terme th orie est employ improprement pour d signer l approche de la r gulation Parler de th orie signifierait que les approches ont enfin produit un r sultat achev pour l essentiel Il n en est rien A Lipietz La r gulation les mots et les choses Revue conomique vol 38 no 5 1987 p 1050 De nombreux auteurs qui n appartien nent pas l cole de la r gulation utilisent ce terme dans une perspective th orique autre Mentionnons Michel Crozier qui parle de r gulation sociale de r gulation politique et de r gulation conomique M Crozier tat modeste tat moderne Paris Fayard 1987 galement J D Reynaud Les r gles du jeu L action collective et la r gulation sociale Paris Armand Colin 1989 306 p Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 6
5. du travail en Europe Paris La D couverte 1986 331 p Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 14 services collectifs etc Que ce soit au niveau des quatre piliers du rapport salarial fordiste ou des composantes identifi es pr c demment la diversit des rapports salariaux selon les pays semble constituer la norme Tout se passe comme si la crise faisait para tre des diff rences majeures qui taient partiellement cach es quand la croissance tait stable et rapide 4 Ce ne serait qu aux tats Unis et en France qu on retrouverait un rapport salarial fordiste typique pour ne pas dire authentique bien que dans le cas am ricain il serait orient plut t par le march alors que dans le cas fran ais l tat y aurait jou un r le pr dominant Ailleurs on retrouverait une diversit de rapports salariaux fordistes et donc de fordismes un fordisme f l au Royaume Uni un fordisme mal appari mal assorti en Italie un fordisme flexible en Allemagne un fordisme hybride au Japon pays qui se singularise sur toutes les composantes du rapport salarial un fordisme corporatiste en Autriche un fordisme d mocratique ou social d mocrate en Su de un fordisme perm able au Canada etc Ces divers qualificatifs tentent tant bien que mal de mettre en lumi re la diversit du rapport salarial fordiste on peut se demander si ces qualificatifs ne rendent pas le fordisme un p
6. serait sinon le mod le de l avenir du moins le mod le le plus avanc D s lors on peut se demander si le mod le de l avenir n est pas un peu ou m me beaucoup le mod le du pass 7 videmment un pays ne peut choisir son mod le comme on fait l picerie puisque les choix sont toujours en partie cons quence des formes de r gu lation pass e Les mod les ne sont pas compl tement d termin s pour autant en raison du nombre de dimensions sur lesquelles une soci t peut influer 71 Ce dernier cas n est possible que s il existe une n gociation centralis e des politiques macro conomiques de restructuration industrielle et de formation sans oublier des interventions nombreuses de l tat travers des institutions sp cifiques et des transferts sociaux importants Dans la mesure o le compromis au niveau de l entreprise inclut la s curit d emploi Japon et Saturne l entreprise est ainsi incit e valoriser la qualification Par ailleurs on constate que pour Boyer la n gociation est r duite au partage de la rente c est dire des salaires C est ce que sugg re une lecture de Choisir l audace Une alternative pour le XXIe si cle Paris La D couverte 1989 p 155 Pour une synth se de cet ouvrage voir A Lipietz Apr s fordisme et d mocratie Les Temps Modernes no 524 mars 1990 p 97 121 R Boyer interpr te d ailleurs la mont e des conflits de travail en Su de et en Autriche comme une indication de r
7. thodologique qui impose l id e que les structures ne sont qu un effet de composition des projets des pratiques des agents rationnels Is refuseront la fois les structures sans agent et les agents sans structure 107 R Delorme et C Andr L tat et l conomie Un essai d explication de l volution des d penses publiques en France 1870 1980 Paris Seuil 1983 p 672 108 Michel Crozier op cit 109 Michel Gauchet article cit 110 Robert Boyer op cit 1986 p 23 IT A Lipietz op cit CEPREMAP no 8816 1988 p 1 112 On retrouve galement ces expressions chez A Touraine Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 31 Les formes institutionnelles comme produits de compromis institution nalis s permettent d articuler le micro et le macro ll l individuel et le collectif Facteur et le champ et donc de d passer en un sens l opposition entre holisme et individualisme m thodologique Comme elles sont le r sultat de luttes sociales les formes codifient des r gles par nature collectives qui en retour conditionnent les comportements des acteurs de sorte qu autonomie des acteurs et contraintes v hicul es par les cadres sociaux les plus g n raux se combinent en permanence En somme en donnant la primaut aux rapports sociaux aux acteurs qui produisent travers des luttes sociales les conditions dans lesquelles ils voluent soit les st
8. Le partenariat la rescousse du d veloppement r gional les 20 21 septembre 1991 para tre 98 100 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 28 Il est bien certain que les demandes des mouvements sociaux ne sont pas port es par des organisations centralis es comme c est le cas pour le mouve ment ouvrier puisque ces mouvements s organisent sous forme de r seaux Cela n emp che que leurs demandes qui s expriment de diverses fa ons sont de plus en plus prises en consid ration en raison d un nouveau paradigme soci tal qui leur donne une port e nouvelle non seulement l chelle de la soci t mais galement de ses diverses institutions y compris les entreprises Comme pour l inclusion des travailleurs celle des usagers consommateurs peut se faire selon le mode de l individualisation ce que peuvent r aliser les tudes de march ou selon le mode de la n gociation ce qui implique la reconnaissance des mouvements sociaux par l entreprise Une th orie sociolo gique de la firme est d s lors incompl te si elle ne r ussit pas prendre en charge non seulement le march mais galement le rapport la consommation dans toute sa complexit 101 Pour toutes ces raisons il nous appara t indispensable d un point de vue sociologique de compl ter l approche de la r gulation par celle des nouveaux mouvements sociaux si l on veut que les rapports sociaux occupent une p
9. d affrontement affrontement du plan capital au contre plan de la classe ouvri re o les strat gies en pr sence ne peuvent tre que la r pression d un c t et l action r volutionnaire ou son d faut le terrorisme de l autre La rupture avec de telles approches s impose d autant plus fortement que pour les r gulationnistes les entreprises et autres insti tutions ne peuvent plus tre d finies comme compl tement ext rieures aux travailleurs puisque leur forme r sulte de compromis o ces derniers sont partie prenante Pour les r gulationnistes le rapport salarial ne se r duit pas une relation marchande d finie par le salaire comme le laissaient supposer les th ori ciens de l change in gal Ce rapport est plut t constitu de l ensemble des conditions qui r gissent l usage et la reproduction de la force de travail qu il s agisse de l organisation du proc s de travail de la hi rarchie des qualifica tions de la mobilit de la force de travail ou encore de la formation et de l utilisation du revenu salarial Cette d finition laisse bien voir l amplitude d un rapport dont les composantes concernent non seulement les rapports de travail organisation du travail et compromis entre le capital et le travail mais aussi les conditions de reproduction de la force de travail Comme nous l avons d j indiqu l extension du rapport salarial fordiste sera plus forte et sa centralit plus manifeste que c
10. emprise du mod le bio m dical sur le malade et donc d un mode particulier de gestion de la sant Par ailleurs il convient de remarquer la coh rence et la compl mentarit des deux rapports sur le mode de l exclusion de l absence de participation Cette conceptualisation du syst me est essentielle la compr hension de la crise de la gestion tatique centralis e et technocratique des services pu blics dans les ann es 1970 Car c t de la crise des rapports de travail dans les services publics les citoyens remettent en cause le type de consommation et de rapports aux usagers Au premier chef et de mani re exemplaire le mouvement des femmes refuse le contr le des corps par les m decins et conteste le caract re passif type consommation de masse du syst me de soins de sant Dans cette foul e l usager consommateur fait irruption comme sujet et une multitude de groupes communautaires mergent aussi bien comme distributeurs de services exp rimentateurs d alternatives organisationnelles et th rapeutiques que comme base de mouvements de protestation ou de d fense de droits Ces nouveaux mouvements sociaux se multiplient d ailleurs dans tous les secteurs d intervention de l tat habitation services sociaux cole sant communications culture am nagement du territoire etc Dans le secteur sant ce sont ces mouvements qui permettent d expliquer l mergence de nouvelles formes institutionnelles tels les Cen
11. gulation ne sont pas les m mes Ainsi dans la r gulation fordiste les industriels et les syndi cats qui ont souvent fait alliance pour promouvoir le progr s technologique et un d veloppement allant dans le sens du productivisme sont de plus en plus en conflit avec les nouveaux acteurs groupes cologiques groupes pacifistes autochtones groupes de conservation etc qui remettent en cause le productivisme au nom d un d veloppement plus cologique et en fonction d un autre mode de r gulation disons postfordiste 22 Les groupes cologiques et les syndicats ne se retrouvent d s lors pas n cessairement du m me c t de sorte que l alternative ne se situe pas dans la polarisation droite gauche pro pre au paradigme ant rieur fordien Autrement dit l alternative ne peut pas se situer la gauche de la gauche si par la seconde occurrence du mot gauche on entend la gauche actuelle ou plut t la gauche des ann es soixante dix c est dire la gauche du compromis fordiste 7 De m me G Breton et J Jenson dans une analyse r cente de l chec du Lac Meech et l accord de libre change montrent bien l incapacit des partis politiques r soudre des questions qui sont devenus beaucoup plus complexes pour la bonne raison qu il n y a pas accord sur les enjeux les uns se situent en r f rence une 120 L expression est de Robert Boyer R flexions sur la crise actuelle Paris CEPREMAP no 8706 p 45
12. ont permis la formation du fordisme au Canada fut dans l imm diat apr s guerre celui d une nation construire plut t qu un discours de classes Par la suite et en cons quence la crise du fordisme au Canada a t moins celle du syndicalisme et du mod le social d mocrate que celle de l unit nationale Enfin dans la recherche de nouveaux compromis qui seraient post fordistes Gilles Breton et Jane Jenson montrent galement tr s bien comment se constituent de nouveaux espaces collectifs et par le fait m me l arriv e de nouveaux acteurs collectifs que sont les nouveaux mouvements sociaux et notamment les groupes colo giques les communaut s de base les minorit s les autochtones les groupes de femmes etc Dans la m me veine on pourrait faire appel aux probl matiques des nou veaux mouvements sociaux pour appuyer l id e de l mergence de nouveaux acteurs collectifs dans les soci t s contemporaines et l importance de leur action dans la production de ces soci t s elles m mes et de leurs institutions Alain Touraine a depuis longtemps soulign que la dynamique des rapports sociaux repose de plus en plus sur l opposition entre les grands appareils ou agences technocratiques d une part et les usagers consommateurs sujets d autre part Les questions centrales sont alors celles du mod le culturel de d veloppement de l autonomie des populations et de leurs modes de vie id e laquelle Alain Lipietz semble souscri
13. sociaux et les groupes communautaires Toutes les probl matiques de d centralisation insistent sur le fait que les syndicats vont perdre leur monopole de repr sentation c est dire que le rapport salarial ne sera plus le seul d terminant de la forme sociale des entreprises 95 P Lorino Pour une d mocratie vraiment participative tre citoyen dans l entreprise Le Monde diplomatique septembre 1991 p 24 96 M J Piore et C F Sabel op cit 97 Ce fut manifestement le cas dans le domaine des t l communications Voir le m moire de M Messier Intervention tatique et restructuration de l industrie des services de t l communications au Canada Montr al m moire de ma trise en sociologie UQAM 1991 319 p C C Heckscher The New Unionism Employee Involvement in the Changing New York Basic Books 1988 En fait les syndicats ont t pratiquement absents de ces n gociations C est ce que montre tr s bien la th se de C Gagnon Dynamique sociospatiale enjeux territoriaux et red ploiement de l industrie de l aluminium au Saguenay Lac Saint Jean l aube des ann es quatre vingt dix Montr al Facult d am nagement 1991 343 pages et xcviii p Beno t L vesque et L Mager Vers un nouveau contrat social l ments de probl matique pour l tude du r gional et du local communication pr sent e l Universit du Qu bec Chicoutimi dans le cadre du colloque international intitul
14. ussite de ce mod le dans la mesure o la mont e des gr ves r v le une situation de quasi plein emploi Pour plusieurs les trente glorieuses se caract risent par une sorte de compromis social d mocrate entre syndicalisme et patronat et une intervention de l tat aussi bien dans l conomie que dans le social En Europe de l Ouest c tait g n ralement une social d mocratie o l on retrouvait un mod le plus tatiste alors qu aux Etats Unis il s agissait d un mod le plus orient vers le march et plus d centralis TA Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 20 compte tenu du bloc social en voie de devenir h g monique Cela admis faut il pour autant favoriser le mod le social d mocrate comme nous le sugg re R Boyer On peut sans doute h siter r pondre affirmativement puisque le mod le social d mocrate de compromis comme mod le centralis de n gociation et comme mod le relativement tatiste pose plusieurs difficult s y compris en Su de D une part le compromis tripartiste syndicat patronat tat comme l a d j montr Christine Buci Glucksmann 74 ne fait aucune place aux nouveaux mouvements sociaux et ne permet pas de prendre en charge les nouvelles demandes sociales qui ne sont pas port es par le mouve ment ouvrier D autre part pour les travailleurs eux m mes la dimension centralis e de la n gociation ne permet pas de prendre facilement en
15. vue il faut reconna tre que l approche de la r gulation en limitant ses recher ches aux rapports de travail et en faisant du rapport salarial la notion centrale est en quelque sorte handicap e non seulement pour tudier le changement 74 C Buci Glucksmann dir La gauche le pouvoir et le socialisme Paris P U F 1983 Voir galement la contribution de Chantal Mouffe dans cet ouvrage Au Qu bec cette incapacit des grandes centrales syndicales et des f d rations nationales s exprime par la multiplication des syndicats ind pendants moins bureaucratiques et moins centralis s et plus capables que les grandes centrales de porter par exemple les demandes sp cifiques certaines cat gories d employ s comme les infirmi res Dans cette perspective la n gociation centralis e est remise en cause non seulement par le patronat et l Etat mais aussi par des cat gories de travailleurs de plus en plus nombreuses Voir les recherches que Michel Grant r alise au sein de notre quipe le collectif CRISES M Grant et J Lebeau El ments de probl matique pour l analyse des strat gies syndicales et patronales Montr al UQAM 1991 E Mingione Diffusion des activit s informelles et transformations socio conomiques actuelles le cas de l Italie dans B L vesque A Joyal et O Chouinard L autre conomie une conomie alternative Qu bec PUQ 1989 pp 109 128 79 76 Paul R B langer et Beno t L vesque La t
16. La D couverte 1989 p 36 M Crozier L entreprise l coute Apprendre le management post industriel Paris InterEditions 1989 58 La litt rature sur les organisations est tr s volumineuse et on y retrouve pratiquement toutes les tendances Il est donc difficile de g n raliser m me si l on peut dire que la production fran aise en raison entre autres de l influence du marxisme est plus sensible la dimension politique et donc institutionnelle Il existe aussi un courant institutionnel dans la litt rature anglo saxonne o l on distingue l organisation de l institution qui remonte Selznick 1957 Voir les analyses propos es par J F Chanlat L analyse sociologique des organisations un regard sur la production anglo saxonne contemporaine 1970 1988 Sociologie du travail no 3 1989 pp 381 400 et L analyse des organisations un regard sur la production de langue fran aise contemporaine 1950 1990 Montr al Ecole des HEC cahier de recherche no 91 09 1991 59 C M nard op cit p 29 60 A Touraine op cit p 68 61 R Boyer Revue de synth se article cit 1989 p 278 62 B Coriat L atelier et le robot Paris Christian Bourgois 1990 p 277 et suiv 57 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 17 n cessit de bien distinguer ces deux dimensions ajoutons deux pr cisions En premier lieu il faut bien voir que la dimension organisationnelle et l
17. M Crozier et E Friedberg L acteur et le syst me Paris Seuil 1977 504 p J P Waaub d crit tr s bien ce nouveau paradigme de d veloppement dans Croissance conomique et d veloppement durable vers un nouveau paradigme du d veloppement J A Prades Jean Guy Vaillancourt et R Tessier dir Environnement et d veloppement Questions thiques et probl mes socio politiques Montr al Fides 1991 pp 47 72 A Lipietz Choisir l audace op cit p 71 G Breton et J Jenson article cit N N N 123 124 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 34 r gulation fordiste avec une vision centralis e de l tat et les autres parmi lesquels on retrouve surtout de nouveaux acteurs r gionaux autochtones femmes etc se situent en r f rence un cadre postfordiste et ne font pas confiance aux partis politiques pour porter leurs revendications S1 la question des acteurs peut tre clarifi e 1l reste expliquer pourquoi l on passe de la crise de la lutte la r gulation la n gociation dans un cas et de la r gulation la crise dans l autre Dans le premier cas on invoque un n cessaire Il armistice social que supposent les compromis sociaux Pour les r gulationnistes les bellig rants cessent leurs luttes destructrices parce qu ils ont atteint la limite de la fatigue et de l puisement Comme aucune des parties ne peut imposer unil
18. SC les mouvements sociaux et plus r cemment sur la modernisation sociale des entreprises qu b coises Au niveau de l enseignement nous nous sommes galement inspir s de cette approche entre autres dans un s minaire annuel de doctorat que nous avons donn conjointement et dont le titre tait Rapport salarial et mouvements sociaux 23 R Boyer op cit 1986 p 48 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 10 traversent les formes structurelles et lieu privil gi d institutionnalisation et de codification des principaux rapports sociaux 74 Un mode de r gulation est ainsi form d une n buleuse de formes institu tionnelles qui codifient sans doute les rapports sociaux que nous venons d identifier mais galement tous les autres qui sont reconnus comme tels dans une soci t donn e par exemple la famille Ce faisant le mode de r gulation assure la compatibilit des comportements dans le cadre d un r gime d accu mulation donn De m me qu il est possible de rep rer divers r gimes d accumulation au sein du capitalisme on peut identifier divers modes de r gulation Ces divers modes de r gulation sont la r gulation l ancienne qui correspond au plan politique des r gimes plus ou moins absolutistes o l conomie est encore encastr e dans le social la r gulation concurrentielle qui correspond la grande transformation telle qu analys e par Karl Pola
19. a dimension institutionnelle ne se situent pas au m me niveau et qu elles doivent donc tre hi rarchis es l une fournit les r gles du jeu la dimension institu tionnelle l autre renvoie a la partie que jouent les acteurs a partir de ces r gles Autrement dit les regles du jeu d terminent en grande partie le type d organisation du travail qu une direction d entreprise peut imposer Ainsi le compromis fordiste a favoris la diffusion et la g n ralisation d une organisa tion tayloriste du travail L clatement de ce compromis a permis une diversit d exp rimentations au sein des entreprises En deuxi me lieu nous donnons un contenu diff rent ces deux dimensions un contenu un peu plus sociologique qu conomique En ce qui concerne la dimension organisation nelle et plus sp cifiquement le proc s de travail il nous semble que certains r gulationnistes mettent parfois trop l accent sur la dimension technolo gique Cette focalisation sur la technologie est manifeste dans la typologie des variantes du proc s de travail que propose R Boyer dans un texte r cent o il identifie une division taylorienne du travail qu il qualifie de tayloriste une division du travail avec cha ne de montage et automation qu il qualifie de fordiste une organisation et une automation flexible qui rejoint ce que Sabel et Piore appellent la sp cialisation souple une automation flexible avec effet d exp rience flexibilit dynamique avec co
20. ail que la France et les tats Unis sont dits typiquement fordistes la division taylorienne y est plus prononc e qu ailleurs Pourquoi ne pas dire cette situation tayloriste Pourquoi ne pas conserver le terme de fordisme pour d signer un type de compromis entre les syndicats et le patronat un compromis qui permet l panouissement des degr s divers des m thodes tayloriennes et qui fait appel certains m canismes pour que ce rapport soit r gul autrement que par la seule concurrence du march et qui fait donc appel la n gociation collective la rigidit des salaires la baisse la mobilit du travail aux salaires indirects C est ce que sugg re par ailleurs R Boyer propos de la controverse sur le fordisme quand il crit que la contractualisation longue de la relation salariale et donc la n gociation collective ou mieux le compromis entre le patronat et le syndicat est la caract ristique essentielle du rapport salarial fordiste De m me dans leur typologie des nouvelles relations salariales Dani le Leborgne et Alain Lipietz distinguent bien la dimension organisation du travail de celle du compromis Il faudrait sans doute r server le terme fordisme pour d signer exclusivement le compromis syndicat patronat et celui de taylorisme pour les proc s de travail et de gestion Ainsi au lieu de tout inclure dans le fordisme en ce qui concerne le rapport salarial on pourrait distinguer deux dimen
21. ance de l apr s guerre 1945 1975 p riode caract ris e par un r gime amp accumulation intensif et un mode de r gulation dit fordiste que celle de la crise qui l a suivie Les r gulationnistes donnent priorit non plus aux seuls rapports d exploi tation des travailleurs mais au rapport marchand et au rapport salarial dont la 3 Si l on admet cette perspective l analyse de la crise ram ne profond ment au change ment qui s introduit dans l individu lui m me travers ce type d organisation sociale qui va inscrire dans l individu des possibilit s et des revendications d autonomie qui ne sont plus compatibles avec les compromis ant rieurs Il n y a pas de crise qui n ait un aspect subjectif fondamental Il n y a pas de crise si les transformations s op rent uniquement au niveau des structures sans que les gens interviennent Michel Aglietta Les m tamorphoses de la soci t salariale Interventions conomiques no 17 hiver 1987 p 178 R Boyer Les th ories de la r gulation Paris Barcelone New York R flexions autour du colloque international sur les th ories de la r gulation Revue de synth se IVe S no 2 avril juin 1989 p 277 Pour une d finition pr cise de ces notions voir R Boyer La th orie de la r gulation une analyse critique Paris Agalma La D couverte 1986 chap 1 et 2 principalement 5 A Lipietz article cit p 1058 6 A Lipietz Accumulation crises et sorties de
22. at ralement sa volont et comme m me le parte naire dominant a besoin de la participation de l autre pour atteindre ses fins on accepte de n gocier et d s lors le compromis s impose aux deux parties m me si l une est en meilleure position que l autre 5 En somme tout conflit social s institutionnalise et sur ce point les th oriciens des mouvements sociaux sont aussi d accord Mais dans le second cas celui du passage de la n gociation la lutte la r ponse est plus complexe Spontan ment les r gulationnistes r pondent par fois que c est en raison du ras le bol que l on remet en cause les r gles du jeu ayant cours jusque l comme ce fut le cas avec les nombreuses gr ves sauvages du d but des ann es 1970 Mais pourquoi Une partie de la r ponse renvoie au fait que contrairement ce que croit le fonctionnalisme la forme institutionnelle ne repr sente pas un consensus mais un compromis qui de ce fait n limine jamais compl tement le conflit Outre le fait que l int rieur des rapports h g moniques les acteurs auront tendance utiliser les r gles du jeu leur avantage l int riorisation des normes et les habitus n excluent pas la divergence puisque l autonomie la cr ativit ou l insatisfaction des individus et des groupes sociaux cons quence de l aspect contradictoire du rapport les poussent proposer de nouvelles normes de nouveaux rapports 7 Cette autonomie des acteurs repose non seulemen
23. ble des trente glorieuses 1945 1975 Comme le fordisme repose sur une baisse du co t du travail sans baisse des salaires il s ensuit que ce rapport salarial est au c ur de l articulation de la section des biens de production et de celle des biens de consommation et qu il permet ainsi l ajustement quasi automatique de la norme de consommation la norme de production de masse en l occurrence A Lipietz a insist peut tre plus que d autres sur la rupture l gard des analyses des althuss riens et des op ra stes italiens qu op re le rapport salarial pour traiter des rapports de travail Cette rupture repose sur le fait que les r gulationnistes donnent la priorit la contradiction du rapport marchand En prenant au s rieux la complexit du capitalisme crit A Lipietz nous refusons de tout d river du rapport d exploitation et r introduisons la contradiction pos e par Marx d s le chapitre I Le Capital celle qui constitue la marchandise S en tenir au rapport d exploitation ajoute t il est unilat ral 35 la diff rence de l approche althuss rienne les analyses de la th orie de la r gulation n accordent plus la premi re place au capital et l extraction de la plus value mais l envers du capital le salariat et ses m tamorphoses le rapport salarial et ses antagonismes En orientant ainsi 29 R Boyer Rapport salarial et analyses en termes de r gulation Une mise en rapport av
24. canismes dont le r le propre est de combiner l unit de la gestion politique et la repr sen tation d int r ts sociaux divergents ou conflictuels Dans l entreprise le contenu de cette dimension institutionnelle est produit par le compromis syndicat patronat qui d finit en quelque sorte les r gles du jeu codifi es dans le contrat de travail au niveau de l entreprise et dans des lois pr cises code du travail au niveau soci tal Dans le compromis fordiste les directions patronales prennent l initiative pour le remodelage de l organisation du travail conform ment aux principes tayloriens et les syndicats obtiennent le droit de n gociation ou de gr ve pour un partage des gains de productivit associ s ces transformations Le compromis fordiste repose donc sur une exclusion des travailleurs au profit des droits de g rance qui sont ainsi reconnus en change d avantages salariaux En revanche un compromis post fordiste qui reposerait sur la participation et l inclusion des travailleurs s inscrirait dans le sens d un sc nario coop ratif et de d mocratie salariale 62 Ainsi le rapport salarial doit clater en deux dimensions la dimension organisationnelle et la dimension institutionnelle Tout en insistant sur la 56 Pour Philippe Lorino Taylor est le th oricien non seulement de l organisation scientifique du travail mais aussi de l cole de gestion scientifique P Lorino L conomiste et Le manageur Paris
25. conditions de travail mais dans le sens d une requalification qu on pourrait appeler californienne Enfin le mod le de rapport salarial le plus favorable se caract riserait par une inclusion dans les d cisions et par une requalification comme cela peut tre observ Kalkar et Uddevalla de ce point de vue ces deux cas ne seraient pas diff rents m me si pour le deuxi me on retrouve des technologies plus avanc es et plus flexibles Business Week 6 juin 1988 Les industriels am ricains ont d vers de l argent flot dans les plus r centes technologies manufacturi res Beaucoup de ceux qui ont fait la course aux d penses dans les nouvelles technologies s y sont br l s En pratique la promesse de la technologie n a pas t remplie Voir aussi les conclusions du rapport A Riboud Modernisation mode d emploi rapport au Premier ministre Paris Christian Bourgois 10 18 1987 214 p 70 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 19 concerne toutes les entreprises alors que la modernisation technologique n est pas n cessairement aussi imp rieuse moins d opter pour un productivisme tous azimuts Autrement dit et nouveau le premier enjeu porte moins sur la technologie comme telle que sur la qualification et l implication Le deuxi me choix strat gique concerne la fa on et le niveau o sera n goci le partage des rentes associ es la modernisation technologi
26. consid ration les demandes plus locales ou plus sp cifiques des cat gories de travailleurs Enfin on peut se demander s il n est pas actuellement pr matur d essayer d identifier des mod les nationaux qui pourraient s imposer court terme Pour les tats Unis Philippe Messine n a t il pas retenu trois mod les le mod le californien le mod le saturnien et le mod le n o tayloriste Enzo Mingione ne propose t il pas pour l Italie trois mod les de r gulation f les trois Italie En ce qui concerne le Canada on pourrait facilement identifier trois ou quatre mod les de d veloppement et de rapport salarial Par cons quent ce qui semble s imposer ce n est pas seulement la diversit de mod les selon le pays mais galement la diversit des configurations l int rieur de chacun des pays ou tout au moins la coexistence de deux mod les ce qui permet de mieux identifier les ressorts de chaque soci t S agit il d une tape transitoire propre une p riode o les compromis et les formes institutionnelles sont clat s ou d un trait caract ristique des conomies et soci t s de demain La crise de l Etat nation la globalisation des conomies et la mont e des nationalismes et r gionalismes pourraient rendre cette derni re hypoth se de plus en plus plausible Enfin s il y a un domaine o l approche de la r gulation pourrait tre enrichie par la sociologie c est bien celui des rapports sociaux De ce point de
27. crise quelques r flexions m thodologiques autour de la notion de r gulation communication Nordic Summer University Helsingor 2 4 mars CEPREMAP no 8409 1984 p 9 Cette approche s est constitu e partir de la th se de doctorat de Michel Aglietta qui portait sur le cas des Etats Unis R gulation et crises du capitalisme L exp rience des Etats Unis Paris Calmann L vy 1976 334 p Cette th se a t discut e dans le cadre d un s minaire organis l INSEE en 1974 1975 Elle a ainsi inspir des travaux notamment sur le cas fran ais Particip rent ces travaux R Boyer A Lipietz J Mistral et C Ominami Pour plus de pr cision sur cette p riode voir A Lipietz Crise et inflation pourquoi Paris Fran ois Maspero 1979 pp 1 57 Voir galement R Boyer op cit 1986 chap 1 Le rapport marchand est caract ris par la s paration horizontale des unit s de production de sorte que la production travail priv ne devient sociale que lorsque Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 7 reproduction n est jamais assur e comme en t moignent le ch mage les faillites d entreprise et plus g n ralement la surproduction Ce renouvellement de perspective marqu par la conjoncture de la seconde moiti des ann es 1970 participe au changement de paradigme qui s op re alors dans les sciences sociales Si l inspiration althuss rienne est certaine la ruptur
28. d entreprises Elle comporte cependant des limites car elle est trop englobante Il est sugg r dans un premier temps de distinguer au sein de ce rapport deux dimensions l organisation division coordination du travail et l institution compromis social puis de compl ter l approche de la r gulation en ajoutant un rapport de consommation qui permet de saisir la relation entre les citoyens usagers consommateurs et les entreprises ou agences tatiques Enfin une r flexion sur le rapport entre structure et acteurs montre que les notions de reproduction et de r gulation ne sauraient tre confondues Summary The concept of wage earner relation rapport salarial is original and helpful to understand the models of societies or enterprises However it is too comprehensive It is suggested to distinguish two dimensions in that relation the organisation division and coordination of work and the institution social compromise and further to complete the regulation approach by adding a relation of consumption which allows to include the relation between the Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 39 citizens users consumers and the enterprises or state agencies Lastly a critical examination of the relation between structure and agents shows that the notions of reproduction and regulation must not be confused Fin du texte
29. de rassembler des chercheurs provenant de l ensemble des sciences sociales et humaines 133 A Caill Critique de la raison utilitaire Paris La D couverte 1989 140 p 134 K Polanyi op cit 1983 premi re dition 1944 135 L int r t qu a suscit le dernier congr s de la Society for the Advancement of Socio Economics qui s est tenu en juin dernier Stockholm en t moigne Les sociologues ont tendance donner l conomie un sens plus large incluant le non marchand et le don par exemple que celui port par la science conomique y compris le marxisme C est le cas des sociologues qui s int ressent l conomie informelle De nombreuses bibliographies laissent bien voir l importance des publications sur ce th me Voir R E Pahl et J Laite Bibliographies on Local Labour Markets and Informai Economy Londres Social and Economic Council 1982 galement M Shiray L conomie cach e bibliographie francaise largie Paris Centre international de recherche sur l environnement et le d veloppement 1983 Sur l conomie alternative voir les actes du colloque de l AEP B L vesque A Joyal et O Chouinard L autre conomie une conomie alternative Montr al PUQ 1989 C est le cas galement des sociologues de plus en plus nombreux qui s inspirent de l uvre de K Polanyi ou encore qui remettent en cause la rationalit conomique et l utilitarisme dans la foul e du MAUSS Voir la revue du MAUSS Dans un ar
30. dront sans doute les syndicats et le patronat mais galement les groupes de personnes g es et les administrations tatiques de ces pro grammes Une analyse de la plupart des programmes constitutifs de l tat providence permettrait sans doute d identifier diverses cat gories de citoyens dans le cadre d associations hors travail ou du cadre de vie Dans cette perspective le fordisme renverrait d avantage au rapport de travail au compromis syndicat patronat et le providentialisme au rapport de consommation au compromis nouveaux mouvements sociaux Voir Anne Marie Guillemard Etat et politique sociale Le cas de la politique fran aise de la vieillesse communication pr sent e au colloque international L Etat contemporain au c ur de la Soci t Montr al 16 18 juin 1986 94 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 27 parties prenantes aux politiques d entreprise Dans cette vis e le rapport salarial est lui seul insuffisant pour rendre compte de l organisation du tra vail non seulement dans les services collectifs mais aussi dans les entreprises et l conomie Les consommateurs utilisent le plus souvent le march pour faire connaitre leurs pr f rences en particulier lorsque le rapport de consommation se caract rise par la d pendance et la passivit Ainsi comme l ont fait remarquer Piore et Sabel les changements des habitudes de consommation ont entra n la r
31. e essentielle pour la sociologie et les sciences sociales Avec l analyse strat gique l et celle des mouvements sociaux l approche de la r gulation a contribu redonner une place aux acteurs et d gager l analyse des perspectives structurelles mettant l accent sur la reproduction des soci t s que ce soit par les valeurs du syst me social des fonctionnalistes ou par la domination sans merci du capital distribuant les agents leurs places avec le code culturel correspondant Dans cette perspective les acteurs n exis taient pas sauf sur le mode de l ali nation de l illusion de la mystification de la fausse conscience La v rit du discours ou de l action se trouvait dans l inconscient ou l infrastructure Le structuralisme comme le souligne Marcel Gauchet est une probl matique du soup on On entrevoit ici qu en r habilitant le sujet la th orie de la r gulation participe au changement de paradigme dans les sciences sociales qui s est effectu au milieu des ann es 1970 3 1 Ni structuralisme ni individualisme m thodologique Retour la table des mati res M me si la filiation marxiste les conduit privil gier une d finition structurale et holiste les r gulationistes refuseront comme point de vue exclusif la fois celui d un structuralisme o les actions et les pr visions des agents ne sont que le reflet des exigences de la reproduction des structures sociales et celui d un individualisme m
32. e de sorte que les compromis sociaux 113 Comme l crit Mark Main c est seulement dans la perspective de la r gulation qu on retrouve un effort original pour int grer les forces externes dans la constitution des unit s individuelles comme telles Dans cette perspective m me les forces plus larges et les crises globales sont vues comme ayant une origine locale La perspective de la r gulation ajoute t il est celle qui arrive le mieux comprendre les unit s individuelles comme constituant toujours un flux comme une perp tuelle situation de r sistance et d accommodation des processus d influence plus large qui sont aussi bien l int rieur qu l ext rieur du contexte local Ce faisant la r gulation permet de mener des tudes au niveau micro au niveau des entreprises ou des organisations pour cerner des probl mes qui ne le sont g n ralement qu partir de concepts macro comme la crise l internatio nalisation des changes ou la globalisation de l conomie et l mergence de mod les nationaux de relations industrielles Puzzling Out the Post Fordist Debate Technology Markets and Institutions Economic and Industrial Democracy vol 11 1990 p 33 114 R Boyer article cit Annales 1989 p 1402 115 A Lipietz op cit CEPREMAP no 8816 p 22 116 Tbidem 117 Thidem p 23 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 32 fondamentaux sont ciment s pa
33. e est non moins clairement affirm e Alain Lipietz n h site pas d finir les r gula tionnistes comme des fils rebelles des althuss riens et Michel Aglietta ne craint pas d crire que la th orie de la r gulation s est constitu e en r action contre la r duction du marxisme au structuralisme son f tichisme de la reproduction et son idol trie des lois g n rales M me si de telles affirma tions exigeraient des explications et des r serves elles permettent pour le moment d indiquer qu il existe la fois une rupture et une continuit entre la notion de r gulation et celle de reproduction Un mode de r gulation assure dans une certaine mesure la reproduction des rapports sociaux mais cette reproduction ne va pas de soi puisque sa remise en cause par les divers groupes sociaux est toujours possible et qu elle demeure ainsi ouverte Outre l influence d conomistes tels John Maynard Keynes et Fran ois Perroux il existe des convergences entre l approche de la r gulation et celle des conomistes radicaux am ricains tant sur la question des compromis sociaux ayant caract ris la p riode de croissance que sur le diagnostic de crise structurelle Une telle convergence existe galement avec les analyses valid e par le march Or comme l crit A Lipietz il s agit d un saut p rilleux la vente de la production capitaliste n est jamais assur e pas plus que la vente de la force de travail C est ce que refu
34. e libert offertes l individu ou des groupes A Lipietz op cit 1988 p 5 Concernant le dilemme structures agents A Lipietz fait r f rence A Giddens The Constitution of Society Londres Polity Press 1984 19 A Lipietz ibidem p 4 20 Jbidem p 5 21 R Boyer article cit 1989 p 282 5 16 17 18 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 9 sur nos recherches qui s inspirent largement de l approche de la r gulation Notre contribution sera divis e en trois parties Dans la premi re nous montre rons la fois l int r t et les limites sociologiques de la notion de rapport salarial notion qui occupe une position strat gique dans la th orie de la r gulation et qui en constitue l apport le plus original Nous insisterons sur l importance de bien distinguer au sein de ce rapport la dimension organisa tionnelle l organisation du travail de la dimension institutionnelle le com promis social Dans la deuxi me partie nous tenterons de montrer comment le rapport salarial est insuffisant pour rendre compte de l organisation du travail non seulement dans les services collectifs mais aussi dans les entre prises et dans l ensemble de l conomie En nous inspirant de l approche des nouveaux mouvements sociaux nous chercherons ainsi compl ter l approche de la r gulation en ajoutant une autre notion celle de rapport de consom mation soit le ra
35. ec les th ories de la segmentation du march du travail conomie appliqu e t XXXIII 1980 pp 498 499 30 A Lipietz op cit 1984 p 20 et suiv 31 Expression de Jacques Attali pour synth tiser l originalit du fordisme Jacques Attali Pr face dans M Aglietta et A Orl an La violence de la monnaie Paris PUF 1982 p 7 Cette baisse du co t n est possible que parce que la productivit des biens de consommation est en hausse constante ce qui suppose que la plus grande partie de ces biens sont produits selon la logique du capital Michel Aglietta op cit 1976 voir le sch ma de la page 130 la contradiction du rapport marchand soit aux formes que prendront la concurrence le rapport entre les unit s de production et le rapport salarial le rapport entre les capitalistes et les travailleurs compte tenu de la double s paration 34 A Lipietz op cit 1979 p 27 35 Jbidem p 74 36 G Breton et C Levasseur Etat rapport salarial et compromis institutionnalis s dans G rard Boismenu et D Drache dir Politique et r gulation Mod le de d veloppement 33 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 12 l analyse sur les formes structurelles comme r sultat de compromis sociaux entre les parties ou groupes sociaux les r gulationnistes se d marquent galement des op ra stes italiens qui analysent l conomie et l entreprise exclusivement en termes
36. elle des autres types de rapport salarial puisque dans ce cas le salaire indirect s curit sociale et assurances concernant le ch mage et la maladie et les services collectifs dans le domaine de la sant et de l ducation sont g n ralement institutionnalis s travers l tat providence De ce point de vue la pr pond rance du salariat sur les autres rapports sociaux constituerait un des changements historiques qui font appara tre les conomies modernes comme des circuits macro conomiques nationaux En prenant quelque distance par rapport la for mulation initiale de la th orie de la r gulation M Aglietta montre bien comment avec le fordisme c est le m me mouvement qui int gre le salariat et trajectoire canadienne Montr al M ridien 1990 pp 75 76 galement A Lipietz op cit 1979 p 55 37 Voir entre autres A Negri La classe ouvri re contre l tat Paris Galil e 1978 dition italienne 7972 38 Michel Aglietta et A Brender op cit 1984 p 18 39 Samir Amin L accumulation l chelle mondiale Paris Anthropos 1970 591 p et L change in gal et la loi de la valeur Paris Anthropos 1973 143 p Claude Meillassoux a tr s bien montr l insuffisance d une position qui ne prenait pas en consid ration les conditions de reproduction de la force de travail Femmes greniers et capitaux Paris Fran ois Maspero 1980 40 R Boyer article cit 1980 p 494 Voir galement R Bo
37. emise en question de la production de masse Mais ce rapport peut s acti ver les consommateurs individuels peuvent se transformer en groupes sociaux en mouvements sociaux pour imposer aux entreprises des change ments technologiques organisationnels ou institutionnels N ayant pas de prise directe sur les entreprises ces derni res ann es leurs exigences se sont manifest es quelquefois par l interm diaire des syndicats comme dans le cas de l galit entre hommes et femmes mais le plus souvent elles sont port es directement au niveau soci tal par la mobilisation de l opinion publique et ont transit par le syst me politique et les r glementations Il en est ainsi des normes de protection de l environnement de la nondiscrimination en emploi de l quit salariale On peut cependant faire l hypoth se que les mouve ments ont tendance p n trer dans l entreprise ou tout au moins tenter de n gocier directement avec les entreprises cet gard on peut citer l exemple de l Alcan o les n gociations r centes pour la restructuration de son usine d Arvida et pour son red ploiement dans la r gion du Saguenay Lac Saint Jean ont t beaucoup plus faciles et plus rapides avec les syndicats qu avec les citoyens les groupes environnementaux et cologiques De m me toutes ces exp riences de d veloppement local et de districts territoires font intervenir de plus en plus de nouveaux partenaires tels les mouvements
38. es de notre temps Paris Gallimard 1983 premi re dition 1944 27 A Lipietz op cit 1979 p 175 28 A No l Action collective politique partisane et relations industrielles dans G rard Boismenu et D Drache dir Politique et r gulation Mod le de d veloppement et trajectoire canadienne Montr al M ridien 1990 pp 75 76 et p 112 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 11 historique du cas fran ais du XIXe si cle nos jours comme d ailleurs le cas am ricain laisse voir que les formes de la concurrence et le type d interven tion de l tat jouent un r le moindre que le rapport salarial dans la constitution des diverses formes de r gulation Cette centralit est encore plus manifeste dans les analyses du rapport salarial tel qu il s inscrit dans la r gulation dite fordiste qui pr vaut depuis la derni re guerre mondiale Dans ce mode de r gulation la r alisation des marchandises se fait ex ante par la m diation de formes structurelles comme le contrat collectif de travail et le cr dit qui assurent l avance la vente des marchandises et de la force de travail 3 Des institutions telles que la n gociation et la convention collective les diverses lois sur le travail et l tat providence permettent dans le cadre de cette r gulation une certaine r gularit du rapport du capital et du travail comme en t moigne la croissance relativement sta
39. eu plus ambigu puisqu ils renvoient souvent des composantes diff rentes de sorte qu on en vient douter de l identit des l ments constituant la sp cificit du rapport salarial et oublier qu il s agit d un id al type qui de toute fa on n existe nulle part l tat pur Comment arriver qualifier de fordiste un pays comme le Japon qui d apr s Boyer se singularise selon toutes les composantes du rapport Le Japon qui exp rimente ce que plusieurs consid rent comme la solution la crise du fordisme serait il post fordiste sans avoir t fordiste Il faut dire que plusieurs des auteurs qui se situent dans la mouvance de la r gulation sont peut tre responsables de cette ambigu t En effet le terme de fordisme est utilis en des sens tr s divers Il est employ parfois pour d signer le r gime d accumulation pour qualifier le mode de r gulation ou pour caract riser une trajectoire technologique sans oublier videmment le 41 R Boyer The Capital Labor Relation in OECD Countries From Fordist Golden Age to Contrasted National Trajectories Paris CEPREMAP no 9020 1990 p 7 et suiv 48 Jbidem 49 Alain Touraine Le mod le japonais in Centre d tude sur la soci t et l conomie du Japon Le Japon le consensus mythe et r alit s Paris Economica 1984 Voir galement le dernier livre de B Coriat qui porte sur le mod le japonais Selon ce dernier la m thode japonaise inaugure l re de
40. eurs dans l entreprise ou l organisation de l autre qui font que le fordisme comme le providentialisme sont en crise La solution semble passer par l inclusion des acteurs concern s et donc par une d mocratisation aussi bien du mode de production que du mode de consommation S1 les chercheurs peuvent limiter leur recherche l un ou l autre de ces rapports ils ne peuvent caract riser une soci t donn e et l ensemble de ses enjeux en s en tenant un seul de ses rapports ou encore ce qui revient en un sens au m me en subordonnant l un l autre Pour cette raison nous nous d marquons galement de l approche des mouvements sociaux de Alain Touraine dans la mesure o dans sa recherche d un rapport sp cifique la soci t post industrielle il sugg re que les nouveaux mouvements sociaux remplaceront le mouvement ouvrier dont le d clin serait irr m diable l Pour nous les formes structurelles doivent tre con ues comme r sultat des deux types de conflits l un autour du travail salari l autre autour des modes de consommation avec diverses possibilit s de tensions de compatibilit ou d opposition et de d calage entre ces deux types de rapports sociaux ou m me de dominance de l un ou de l autre selon les p riodes 3 Le rapport entre structure et acteurs Retour la table des mati res La validit de la notion de forme structurelle ne se limite pas au rapport salarial et au rapport de consommation puisque
41. h orie de la r gulation 1991 21 social mais galement pour tudier le travail et m me les entreprises C est ce que nous tenterons de faire partir de l approche des nouveaux mouvements sociaux 2 Rapports de consommation et providentialisme Retour a la table des mati res Comme nous l avons indiqu les r gulationnistes ont donn une amplitude telle au rapport salarial que celui ci inclut non seulement les rapports de travail mais galement les conditions de reproduction de la force de travail Si cet largissement correspond bien aux transformations du rapport salarial au cours des derni res d cennies il n en demeure pas moins que ce rapport n est pas le seul influer sur la production et la reproduction de la soci t De plus en subordonnant tous les autres rapports sociaux au rapport salarial les r gulationnistes ont t fortement critiqu s et m me accus s d conomisme Apr s avoir rappel l insuffisance du rapport salarial dans la production des compromis sociaux nous sugg rerons la n cessit de tenir compte d un autre rapport social dans l explication de la forme m me des institutions nous prendrons appui sur l tude des services collectifs puis des entreprises 2 1 Insuffisance du rapport salarial dans la r gulation tatique Retour la table des mati res S il est certain que les syndicats et principalement dans les pays o la n gociation patronale syndicale est centrali
42. imensionnel Retour la table des mati res Parmi les r gulationnistes fran ais R Boyer est sans doute celui qui a d fini le plus clairement le rapport salarial et qui nous en a livr les analyses comparatives internationales les plus suggestives Selon ces analyses le rapport salarial fordiste repose sur quatre piliers un approfondissement de la division du travail dans le sens du taylorisme un compromis sur le partage des gains de productivit qui apporte une r gularit de la demande l indexa tion des prix la consommation et les anticipations en termes de productivit sont alors int gr es dans la formation des salaires la connective negociation en vertu de laquelle le secteur manufacturier exerce un effet de locomotive sur les autres secteurs Etat providence et l Etat keyn sien qui permet une solidarit interg n rationnelle et interpersonnelle salaire indirect 42 Michel Aglietta Les m tamorphoses de la soci t salariale Interventions conomiques no 17 hiver 1987 p 173 43 I s agit d une int gration que r alise entre autres la reconnaissance syndicale et la n gociation collective mais cette int gration ne va pas sans une exclusion comme le manifeste la reconnaissance des droits de g rance On peut faire le m me raisonnement pour les rapports de consommation 44 Ibidem 45 Michel Aglietta et A Brender op cit 1984 p 13 46 Voir entre autres R Boyer dir La flexibilit
43. imensions doivent tre distin gu es parce que de niveaux diff rents 1 3 Alternatives au rapport salarial fordiste et choix strat giques Retour la table des mati res Concernant les choix strat giques qui se posent chacune des soci t s devant la crise du fordisme et du taylorisme R Boyer en retient deux Le premier concerne la fa on dont seront utilis es les avanc es des nouvelles technologies d information pour restructurer l organisation du travail De ce point de vue il conc de qu une m me invention technologique peut donner lieu des formes de gestion diff rentes des relations de travail Ce faisant il donne priorit la modernisation sociale sur la modernisation technologi que Ce qui nous semble tout fait juste puisque la modernisation sociale est un enjeu plus large que la seule modernisation technologique et qu elle 69 Si l on tient compte des deux dimensions on aurait dans le cadre d un contrat codifiant l exclusion deux formes de fordisme l une avec d qualification o le compromis porterait sur les salaires l autre avec requalification o le compromis se ferait sur la s curit d emploi Saturne La dissolution des normes ou l absence de contrat collectif pourrait galement prendre deux formes l une avec segmentation temps partiel et d qualification par exemple le secteur public que l on pourrait qualifier de n o fordiste l autre avec une individualisation des salaires et
44. iology Past and Present Sage Publications 1987 222 p et de A Martinelli et N J Smelser Economy and Society Overviews in Economic Sociology Sage Publications 1990 325 p n identifient aucun titre se r f rant explicitement 4 la th orie de la r gulation si l on se fie aux analyses propos es par les auteurs et aux courants th oriques identifi s Au niveau des publications sociologiques qu b coises on retrouve tr s peu de r f rences la th orie de la r gulation comme en t moigne une lecture rapide des trois revues qu b coises de sociologie au cours des cinq derni res ann es 132 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 37 holiste refusant la s paration du politique et de l conomique et l id e de situer les rapports sociaux au centre de l analyse constituent en un sens des postulats Comme le montre bien Alain Caill dans son manifeste l la sociologie parce qu elle refusait de s parer le politique de l conomique s est constitu e en opposition aussi bien la science politique qu la science conomique Dans cette perspective l apport de la r gulation appara t sans doute moins original aux sociologues qu aux politicologues et conomistes h t rodoxes dont la tradition repose n anmoins sur une certaine s paration du politique de l conomique C est en bonne partie pour cette raison que la sociologie dans ses rapports avec les autres disciplines a
45. jusqu ici inspir s de la th orie de la r gulation On peut penser que les r serves que nous avons formul es pr c demment expliquent en grande partie leur peu d int r t mais de mani re g n rale nous avancerions deux hypoth ses En premier lieu les sociologues qui s taient toujours oppos s l althuss risme de m me que ceux qui l ont critiqu apr s s en tre inspir s ne peuvent qu tre surpris voire choqu s par l conomisme d une approche qui pr tend donner priorit aux rapports sociaux dans ses analyses Cet cono misme est manifeste dans le fait que l approche de la r gulation conf re au rapport salarial une centralit que remettent en question aussi bien la crise du travail que les nouvelles valeurs et les nouveaux mouvements sociaux En deuxi me lieu pour toute une tradition de la sociologie qui remonte Auguste Comte pour l Europe et l implantation de la discipline dans les universit s am ricaines la fin du XIXe si cle la n cessit de proposer une analyse 131 Voir entre autres R Boyer Capitalismes fin de si cle Paris P U F 1986 p 244 Invitation qu il reformule dans R Boyer Economie et histoire vers de nouvelles alliances op cit pp 1416 1417 l chelle internationale on arriverait probablement au m me constat En t moigne un aper u de la litt rature dans le domaine de la sociologie conomique Sur 1550 titres retenus les trend reports de R Swedberg Economic Soc
46. la r gulation par implication mais il s agit d une implication incit e et pas encore de l implication n goci e Par rapport Taylor Ohno nous oblige penser l envers B Coriat Penser l envers Paris Christian Bourgois 1991 p 173 A Lipietz dont les d finitions sont habituellement exemplaires laisse planer une certaine ambigu t lorsqu il emploie le terme fordisme pour caract riser le proc s de travail Ainsi il crit qu la fin de la Premi re Guerre mondiale le taylorisme se d veloppe rapidement lui m me en fordisme c est dire pour ce qui concerne le proc s de travail une incorporation du savoir faire ainsi expropri dans le syst me automatique des machines Reconnaissons cependant que dans son contexte historique cette lecture n est pas fausse bien que d un point de vue sociologique l apport d Henry Ford se situe d abord au niveau du compromis qui s tablit dans son entreprise A Lipietz op cit CEPREMAP no 8409 p 25 50 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 15 rapport salarial Et l int rieur du rapport salarial le fordisme peut tre utilis pour qualifier l une ou l autre des composantes compromis organisation du travail etc Sur quelle base privil gier une dimension ou une autre pour d cider qu il s agit en derni re analyse d un fordisme authentique Ainsi c est en grande partie sur l organisation du proc s de trav
47. lace centrale dans l analyse Ce compl ment s impose non pas parce que les r gulationnistes ignorent ce que nous appelons le rapport de consommation mais parce qu ils le subordonnent au rapport salarial La plupart d entre eux admettent que le rapport salarial n est exclusif ni dans les soci t s o le sala riat n est pas g n ralis ni dans celles o il l est La plupart d entre eux utilisent galement les termes de mode de vie conditions d existence du salariat norme sociale de consommation mod le de consommation vivre autrement rapports de consommation etc Mais m me M Aglietta qui a crit des pages suggestives sur ce rapport le subordonne au rapport salarial lui refusant ainsi l autonomie que nous lui accordons En somme s il existe un rapport de consommation il est pour les r gulationnistes subordonn au rapport salarial pour des raisons qui rel vent plus des exigences d une conomie con ue comme circuit macro conomique national que de la nature des rapports sociaux identifi s dans une soci t donn e 101 J L Laville tente d int grer cette dimension dans une approche socio conomique de la firme J L Laville Participation et modernisation dans les entreprises Paris CRIDA 1990 196 p A Granou Crise et reproduction des rapports sociaux l ments de m thode dans X Greffe et J L Reiffers L Occident en d sarroi rupture d un syst me conomique Paris Dunod 1977 p 96 Po
48. larial et par la suite des acteurs sp cifiques au champ politique partis groupes d int r t et mouvements sociaux c t de la r gulation du rapport salarial ils posent ainsi une r gulation dite anthroponomique qui concerne les processus de production et de reproduction des tres humains en tant que vivants et non plus en tant qu agents conomiques et travailleurs 8 A Lipietz Accumulation crises et sorties de crise quelques r flexions m thodologiques autour de la notion de r gulation communication Nordic Summer University Helsingor mars 1984 CEPREMAP no 8409 p 4 78 A No l op cit p 103 79 Ibidem p 104 80 D Leborgne et A Lipietz op cit 81 G Breton et C Levasseur Etat rapport salarial et compromis institutionnalis s dans G rard Boismenu et D Drache op cit p 78 82 Ibidem p 94 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 23 D autres contributions de politicologues allant dans le m me sens peuvent nourrir l analyse des processus sociaux Ainsi Jane Jenson dans sa recherche sur la sp cificit du cas canadien montre bien que les rapports de classes au sens troit ne sont pas les seuls organisateurs des formes structurelles et que les rapports entre centre et r gions ou d oppression nationale doivent tre mis profit pour caract riser la forme qu a prise le fordisme au Canada Le discours ayant pr sid aux compromis qui
49. lasses et mouvements sociaux s institutionnalisent et fa onnent les formes sociales qui r gularisent les comportements 2 2 Rapport de consommation et providentialisme Retour la table des mati res _ En ce qui concerne les services collectifs il faut d abord reconna tre que l Etat doit tre pens non seulement comme un simple redistributeur de revenus par des transferts aux citoyens ou des services gratuits ni seulement comme op rateur central des divers compromis institutionnalis s par exemple la convention collective mais aussi comme appareil ou institution gestionnaire de services aux populations sur un mode non marchand Les agences centrales de gestion de services instituent ainsi un rapport des populations consommatrices susceptibles de devenir des acteurs sociaux La consommation constitue donc un rapport social entre appareil gestionnaire et usagers rapport distinct du rapport salarial qui par ailleurs caract rise cet appareil rapport que nous avons nomm mode de consommation ou rapport de consommation Le syst me de sant par exemple se trouve constitu de deux types de rapports un rapport de travail salarial et un rapport de consommation 90 Paul R B langer et Beno t L vesque Le syst me de sant et de services sociaux au Qu bec Crise des relations de travail et du mode de consommation Sociologie du Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation
50. lations patronales syndicales en Am rique du Nord clatement d un mod le ou recomposition Quelques exp riences au Canada aux tats Unis et au Qu bec Revue Travail Paris para tre 67 Recherches que Rashid Bagaoui et Mario Huard r alisent sous notre direction 68 Nous rejoignons ainsi la position de P Messine Les Saturniens Quand les patrons r inventent la soci t Paris La D couverte 1987 220 p Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 18 l exclusion peut prendre la forme d une absence de contrat collectif comme le sugg re le mod le n o lib ral Mettre l accent sur la qualification ou la non qualification d un c t et sur l implication ou l exclusion de l autre met coup s r les rapports sociaux au centre de l analyse et laisse bien voir les enjeux des exp riences en cours Ainsi l inclusion ou la participation dans l organisation du travail suppose la qualification ou la requalification des travailleurs alors que l inclusion dans l institution passe par un partage des droits de g rance et donc par des r gles du jeu autres que celles reposant sur les pr rogatives patronales ou des droits de g rance En somme les enjeux dans les entreprises et les syndicats pour les ann es venir seraient d une part la qualification ou la requalification des travailleurs et de l autre la d mocratisation des lieux de travail Bien qu intimement li es ces deux d
51. levons qu l occasion d un colloque de l Association d conomie politique sur la crise M Piore et R Boyer avaient tous les deux fait une communication o il tait possible de voir certaines convergences Voir Gilles Dostaler dir La crise conomique et sa gestion Montr al Bor al 1982 Dans l avertissement l dition fran aise de The Second Industrial Divide M Piore et C Sabel crivent C est partir d un sch ma emprunt la th orie de la r gulation que nous avons con u ce livre et labor les th ses qu il d veloppe Le m rite d avoir cr ce sch ma revient des chercheurs fran ais et nous devons quant nous beaucoup Robert Boyer et Michel Aglietta M Piore et C Sabel Les chemins de la prosp rit De la production de masse la sp cialisation souple Paris Hachette 1989 p 10 traduction de The Second Industrial Divide 1984 R Boyer conomie et histoire vers de nouvelles alliances Annales conomies Soci t s Civilisations vol 44 no 6 novembre et d cembre 1989 pp 1397 1477 R Boyer rel ve que l cole des Annales nous apprend qu une grande crise est d pendante de l tat des structures productives et des rapports sociaux R Boyer article cit 1989 p 277 Par ailleurs A Lipietz insiste sur le fait que l cole des Annales accorde une place majeure la p rennit des structures lourdes au poids des normes pesant sur le quotidien la minceur des espaces d
52. litique hasardeuse crit A No l en reprenant l expression d Alain Lipietz alors que l conomie aurait l apparence contraire d un syst me de lois endog nes d termin es Au lieu de s en remettre au hasard politique ou encore la n cessit conomique il nous semble impor tant de rappeler que la crise conomique elle m me est un produit social et que la crise du travail occupe une place importante dans la crise du fordisme M me si l analyse des processus sociaux de production des structures sociales a t jusqu ici peu labor e m me si ces structures sociales sont pr sent es comme des trouvailles il n en reste pas moins que certaines d entre elles se stabilisent pour assurer la r gulation Cependant si la s lection ne s op re que selon le crit re de la compatibilit ou de la coh rence avec le r gime d accumulation il y a un risque manifeste de ne consid rer certaines institutions que sous l angle de leurs effets conomiques De ce point de vue l tat des r gulationnistes comme l ont relev Gilles Breton et Carol Levasseur est un tat du travail tout part du salariat et du rapport salarial et y revient par un processus de boucle de sorte que la fonction de l Etat est r duite l int gration statutaire des salari s l ordre de la consommation de masses Cherchant rendre compte de la sp cificit du politique ces deux politicologues ont identifi divers rapports autres que le rapport sa
53. mme les ambassadeurs des nouvelles formes structurelles 12 Or avec ces nouvelles formes structurelles les acteurs disparaissent ou plut t ayant int rioris les nouvelles normes et habitudes ils ne voient alors ces derni res que comme contraintes ou comme un environnement l int rieur desquelles ils laborent des strat gies En somme le potentiel de l approche de la r gulation n est pas suffisamment actualis quant au rapport entre structures et acteurs comme nous l avons d j indiqu Cela dit 1l nous semble que l int r t et l originalit de la th orie de la r gulation c est de fournir les l ments th oriques et notamment la notion de forme structurelle qui permettent de faire appara tre comme produit social ce que d autres comme M Crozier et E Friedberg et les analyses strat giques posent comme un environnement comme r gles du jeu limitant les d placements et les revendications des acteurs Le deuxi me commentaire concerne le danger de confondre les acteurs En effet les acteurs qui n gocient l int rieur de formes structurelles pour maximiser leurs avantages ne sont pas les m mes sociologiquement que les acteurs des luttes sociales qui remettent en cause ces formes Autrement on confond Crozier et Marx nouveau A Lipietz semble pleinement conscient que les acteurs qui revendiquent dans le cadre d un mode de r gulation donn et que ceux qui revendiquent pour mettre fin ce mode de r
54. nomie d exp rience selon Benjamin Coriat nouveau cette typologie montre combien les termes fordistes et tayloristes sont employ s indiff remment pour qualifier l organisa tion du travail Ces auteurs supposent videmment que ces diverses formes d organisation du travail et de technologie vont de pair avec des niveaux variables de qualification Comme nous l avons montr ailleurs la qualification semble tre l l ment le plus significatif sociologiquement pour caract riser l organisation du travail puisqu elle renvoie directement au mode de division du travail et aux m canismes de coordination Dans ce cadre l automation peut tre aussi bien occasion de d qualification que de qualification De m me comme nous avons pu l observer dans le domaine de l automobile et de l industrie du meuble des techniques traditionnelles peuvent tre occasion de requalifi cation travers une certaine polyvalence le travail d quipe et un investisse ment dans la formation En ce qui concerne la dimension institutionnelle et notamment le contrat de travail l l ment le plus significatif concerne la participation ou la non participation 6 l inclusion ou l exclusion dans les m canismes de d cision tels que codifi s dans le contrat de travail la limite 63 Ibidem 64 OR Boyer op cit CEPREMAP no 9020 p 43 et suiv 65 M J Piore et C F Sabel op cit 1989 441 p 66 Paul R B langer et Beno t L vesque Les re
55. nyi le travail la terre la monnaie deviennent r gul s par le march le jeu de l offre et de la demande la r gulation monopoliste ou fordiste o diverses formes structurelles telle la n gociation collective et notamment la rigidit du salaire la baisse assurent l avance la vente des marchandises et de la force de travail Comparativement la r gulation concurrentielle la r gulation fordiste pose des filets qui rendent moins p rilleux selon l expression d Alain Lipietz les sauts que repr sentent la validation sociale de la production et de la force de travail 1 1 Centralit du rapport salarial et originalit de la notion Retour la table des mati res La plupart des analyses de la th orie de la r gulation arrivent la conclusion que le rapport salarial constitue la cl de vo te de la r gulation des soci t s l re du capitalisme Si l on s en tient aux premi res recher ches des r gulationnistes la centralit du rapport salarial s impose sans quivoque d une part la p riodisation de la nature des crises propos e est assez directement li e l tat du rapport salarial d autre part l tude 24 Michel Aglietta R gulation et crise du capitalisme L exp rience des Etats Unis Paris Calmann L vy 1976 p IX nouvelle dition 1982 galement A Lipietz op cit 1984 25 A Lipietz ibidem p 20 26 K Polanyi La grande transformation Aux origines conomiqu
56. omads of the Present Social Movements and Individual Needs in Contemporary Society Londres Hutchinson Radius 1989 85 86 87 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 24 pour qui les classes sociales traditionnelles perdent leur place centrale Claus Offe soutient que l avenir des soci t s d pend de la configuration des alliances qui se noueront entre les divers acteurs que sont les syndicats les mouvements sociaux et le patronat Ces brefs rappels ne sont pas faits pour sugg rer un quelconque bricolage th orique ou une annexion d une approche par l autre Ils sont n cessaires la compr hension m me des transformations sociales en cours On conviendra facilement que la crise du fordisme est aussi celle du mod le de d veloppe ment et que les mouvements sociaux au premier chef le mouvement cologiste ont remis en question le mod le productiviste fond sur une croissance ininterrompue comme indice unique de progr s Ces mouvements laborent travers d bats et luttes quelquefois spectaculaires un rapport nouveau entre l tre humain et la nature un rapport non plus de harnachement et de domination mais d quilibre et de survie Plus sp cifiquement nous voulons montrer que ces mouvements interviennent aussi dans la production m me des formes institutionnelles et organisationnelles des services collectifs agences et des entreprises En d autres termes rapports de c
57. on R sum Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 4 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation du rapport salarial au rapport de consommation Un point de vue sociologique ET fay ET ha PROBL MES CONTEMPORAINS Un article publi dans la revue Cahiers de recherche sociologique no 17 1991 pp 17 51 Montr al d partement de sociologie UQAM Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 5 Introduction Retour la table des mati res La th orie de la r gulation vise remettre les rapports sociaux au centre de l analyse conomique et renouveler ainsi l conomie politique Pour caract riser les diverses phases du capitalisme et pour expliquer l alternance de p riodes de relative stabilit et de p riodes de crise l approche de la r gulation fait appel entre autres la notion de mode de r gulation Cette notion qui est nouvelle dans les approches d inspiration marxiste d signe un ensemble coh rent de codifications des divers rapports sociaux de formes structurelles telles que les institutions les normes et la routine sociale qui forment un syst me et assurent ainsi une certaine r gularit ces rapports dans une soci t donn e pour une p riode donn e Les p riodes de croissance relativement stables sont celles o les formes des rapports sociaux sont en
58. pport entre citoyens usagers et administration agences d tat Enfin nous reviendrons sur la contribution de l cole de la r gulation pour comprendre le rapport entre structure et acteurs et verrons ainsi comment les notions de reproduction et de r gulation ne sauraient tre confondues 1 Rapport salarial et fordisme Retour la table des mati res Pour les r gulationnistes le capitalisme peut tre caract ris par cinq rapports sociaux fondamentaux codifi s par des formes structurelles Ces rapports sociaux sont le rapport marchand rapport de biens produits s par ment dont la validation sociale est r alis e par le march m canisme op rant partir de la contrainte mon taire le rapport salarial qui repose sur une double s paration celle du capital et du travail et celle provenant d une division du travail au sein de l unit de production le rapport entre les entreprises qui se fait travers la concurrence qui d crit ainsi les modalit s de mise en rapport des unit s de production 233 ces trois rapports les r gulationnistes ajoutent de fa on plus ou moins explicite les rapports entre tats nations o modalit s d adh sion au r gime international et l tat une forme arch typale qui est la fois totalisateur des tensions sociales qui 22 I s agit surtout de recherches sur les mouvements sociaux sur le syst me de sant et notamment sur les Centre locaux de services communautaires CL
59. que et ajoutons nous celles reli es la modernisation sociale Trois possibilit s existent s en remettre aux m canismes du march et donc une individualisation des rapports de travail opter pour le compromis et la n gociation collective au niveau de l entreprise m so corporatisme contrat long terme pour le partage de la rente choisir le compromis et la n gociation non seulement au niveau de l entreprise mais aussi au niveau de l ensemble de l conomie compromis social d mocrate 7 R Boyer comme la plupart des r gulationnistes l exception sans doute d Alain Lipietz consid re le compromis social d mocrate centralisation des n gociations comme le plus avanc parce qu il permet l investissement dans la formation l chelle de la soci t et qu il poss de les instruments pour faire de l emploi une priorit travers l tablissement d une politique indus trielle Cette pr f rence est confirm e par l analyse de quatre grandes strat gies nationales concernant le rapport salarial ou relations de travail En effet des quatre trajectoires nationales que constituent le rapport salarial n o fordiste flexibilit d fensive l am ricaine le rapport salarial toyotiste micro corporatisme japonais le rapport salarial social d mocrate mod le Uddevella su dois et le rapport salarial hybride europ en R Boyer semble bien sugg rer que le mod le social d mocrate dans sa variante Uddevellaienne
60. r ce que J Jenson 8 et A Lipietz appellent un paradigme soci tal qui redouble au niveau des id es des comportements le mod le de d veloppement de la soci t Ces p riodes sont donc celles o une vision du monde relativement partag e d finit l accord sur un certain mode de vie en soci t pr supposant une certaine conception du moral du normal du d sirable 11 En revanche les p riodes de grande crise se caract risent par l clatement du bloc social h g monique et des compromis sociaux et par la remise en cause du paradigme soci tal D s lors en raison de l clatement des compro mis les structures ou mieux les formes structurelles n arrivent plus r guler la fois les nouvelles demandes sociales des acteurs qui taient parties pre nantes des anciens compromis et celles des nouveaux acteurs qui n existaient pas ou qui n taient pas reconnus lorsque les anciens compromis avaient t scell s Dans ces p riodes de grandes crises les deux interpr tations celle qui centre son attention sur les structures et celle qui met l accent sur les individus ne sont plus convergentes on red couvre alors les acteurs Autre ment dit la crise met en vidence l autonomie et l irr ductibilit des deux aspects structure et acteurs et donc la fois la capacit des acteurs diverger des formes structurelles et le fait que la reproduction ne va pas de soi 3 2 Quelques r serves concernant le rapport entre s
61. rch s C M nard L conomie des organisations Paris La D couverte 1990 p 19 20 C est ce que Touraine suppose galement quand il d finit l organisation comme un ensemble de moyens de gestion mettant en rapport des objectifs et des ressources techniques A Touraine Production de la soci t Paris Plon 1973 p 78 53 54 55 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 16 l expression fran aise d organisation scientifique du travail La division taylorienne du travail va de pair avec des m canismes tayloriens d int gration et de coordination r glementation pr cise surveillance etc Dans une organisation du travail post taylorienne o l on privil gie par exemple la polyvalence et le travail en quipes et donc une certaine autonomie des tra vailleurs on peut supposer que les r gles comme m canisme d int gration seront remplac es par la culture et l int riorisation des normes En rendant compl tement autonome cette dimension la plupart des tudes organisa tionnelles 5 en arrivent consid rer l entreprise sous l angle unique de son fonctionnement autonome rejetant ainsi dans l environnement ce qui en constitue pour nous une seconde dimension La dimension institutionnelle renvoie aux contraintes historico sociales ou encore ce qu Alain Touraine appelle les m canismes de formation des d cisions l gitimes dans une unit politique m
62. re bien timidement propos de l importance de l cologie dans l laboration d un nouveau paradigme soci tal Toujours dans le m me sens Claus Offe oppose l ancien paradig me mettant en relation propri taires capitalistes et syndicalisme autour de l enjeu de la redistribution au nouveau paradigme constitu dor navant de trois acteurs patronat syndicats mouvements sociaux et d enjeux non n gociables tels la survie de l humanit l galit la d mocratie l identit l autonomie 7 la diff rence d Alain Touraine 8 et d Alberto Melucci 39 83 J Jenson Different but not exceptional Canada s permeable fordism Canadian Review of Sociology and Anthropology Revue canadienne de sociologie et d anthropologie vol 26 no 1 1989 p 81 84 G Breton et J Jenson After Free Trade and Meech Lake Quoi de neuf Studies in Political Economy vol 34 printemps 1991 p 202 et suiv Alain Touraine op cit Egalement Alain Touraine La soci t post industrielle Paris Deno l 1969 A Lipietz Choisir l audace Une alternative pour le XXIe si cle Paris La D couverte 1989 p 70 et suiv C Offe New Social Movements Challenging the Boundaries of Institutional Politics Social Research vol 52 no 4 Voir galement C Offe Disorganized Capitalism Contemporary transformations of Work and Politics Oxford Polity Press 1985 88 A Touraine L apr s socialisme Paris Bernard Grasset 1980 89 A Melucci N
63. re patronat et syndicat c est ce que les r gulationnistes appellent le rapport salarial et aussi entre appareil de production et usagers consommateurs c est dire les mouvements sociaux c est ce que nous appelons le rapport de consommation Ce double rapport est pr sent non seulement dans les services collectifs tatiques mais galement dans toutes les entreprises productrices de biens et de services d une fa on plus ou moins d terminante et plus ou moins directe 2 3 Rapport de Consommation et entreprises Retour la table des mati res Il est bien certain que les usagers consommateurs ne sont pas physique ment pr sents dans les entreprises productrices de biens et de services comme le sont les malades dans un h pital ou encore un comit de parents dans une cole On ne peut pas dire pour autant que dans les entreprises les usagers consommateurs n interviennent que par la m diation des travailleurs ou de leurs organisations les syndicats Comme l crit Philippe Lorino les consommateurs les habitants des communes d implantation les salari s des fournisseurs des distributeurs des sous traitants sont de mani re vidente 93 Paul R B langer Beno t L vesque et M Plamondon Flexibilit du travail et demande sociale dans Les CLSC Qu bec Les Publications du Qu bec 1987 352 p C est ce qu a bien montr pour la France Anne Marie Guillemard propos des politiques de retraite sur lesquelles intervien
64. ructures arbitraires et contingentes qui mod lent les comportements les habitudes et m me les mani res de penser la th orie de la r gulation renoue avec le Marx de ce sont les hommes et les femmes qui font l histoire Comme l explique bien Alain Lipietz il existe deux points de vue sur un processus social qui se r alise avec une certaine r gularit dans son cours gt de sorte que le chercheur peut orienter sa recherche partir de l un ou de l autre Dans un cas il s int resse la structure soit la reproduction du rapport travers le temps dans l autre il se pr occupe exclusivement des acteurs et de leurs trajectoires individuelles Autrement dit dans une approche structuraliste le chercheur met en vidence le fait que le rapport d coupe un syst me de places hi rarchiques ou non alors que dans une approche plus individualiste il tente de comprendre le rapport comme juxtaposition et interaction de trajectoires individuelles d agents ou de groupes poursuivant leur propre but en fonction d une repr sentation des cons quences de cette interaction 16 Ces deux explications ne sont pas n cessairement compl mentaires Elles le sont dans les p riodes de stabilit ou de croissance soutenue quand la structure n est rien d autre qu une conceptualisation de la compatibilit obser v e des trajectoires individuelles 7 Dans ces p riodes de relative stabilit il existe un bloc social h g moniqu
65. s centrer nos recherches la fois sur les formes structurelles et 128 Lipietz op cit CEPREMAP no 8816 p 24 129 P Zarifian La culture syndicale face la n cessit de propositions industrielles Critique de l conomie politique nos 23 24 avril septembre 1983 pp 263 284 130 Jhidem Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 36 sur les conflits annonciateurs de transformations nos probl matiques risquent tre cycliques une d cennie centr es sur la reproduction de la soci t une autre sur la production de la soci t Ce faisant nous serions incapables d apercevoir ni l ordre social ni le changement selon les p riodes En somme m me si elle n est pas toujours actualis e l intuition de base de la th orie de la r gulation nous semble juste il faut passer des structures aux acteurs et des acteurs aux structures sans r duire les uns aux autres Conclusion Retour la table des mati res Le rayonnement de la th orie de la r gulation d passe nettement celui de la seule science conomique Les invitations que les r gulationnistes ont lanc es aux chercheurs des diverses sciences sociales ll pour qu ils s asso cient eux pour red finir un nouveau programme de recherches ont apparemment t re ues avec plus d empressement par les politicologues et les g ographes que par les sociologues Pourquoi si peu de sociologues se sont
66. s e ont contribu largement d terminer la configuration des soci t s il n en demeure pas moins que d autres rapports sociaux ont t l uvre et notamment le rapport entre citoyens et Etat Les r gulationnistes sont in galement conscients de ce pro bl me Ils se sont attach s tout particuli rement l tude du rapport salarial quitte le laisser absorber tous les autres soit qu ils aient pens que c tait le cas dans la r alit soit qu ils aient pens que ce rapport tait ce point Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 22 dominant que toutes les autres formes sociales pouvaient tre con ues comme des perturbations 7 Les r gulationnistes ont bien identifi les structures sociales propres au fordisme cependant leur explication de l origine des crises et des forces et processus qui cr ent les structures reste largement sous d velopp e comme l a d j soulign Alain No l 78 Ainsi les structures sociales sont le plus souvent pr sent es comme des trouvailles historiques r sultat de luttes sociales et politiques certes mais r sultat compl tement ind termin et impr visible En insistant comme ils le font sur la notion de trouvailles et en vitant de formaliser leurs analyses politiques les r gulationnistes risquent d accorder une part si grande l absence de d termination que toute structure deviendrait le fruit d une volution po
67. s en modifier les normes 12 Si les m mes rapports peuvent prendre des formes diff rentes dans l histoire il faut aller plus loin et se demander devant un conflit s il s agit du m me conflit opposant les m mes acteurs qui r appara t ou si l on veut les m mes contradictions et les m mes classes S il s agit des m mes acteurs comment expliquer que des travailleurs d finis comme force de travail changer au meilleur prix sur un march se transforment en sujets revendi quant cr ativit et autonomie Nous soutenons qu il ne s agit pas du m me conflit couvant sous les cendres ni des m mes acteurs Si l on fait appel l influence du lib ralisme on risque de revenir l ali nation et au soup on Si on n invoque que des transformations structurelles telle la fusion des capitaux on fait peu de place aux luttes sociales dans la production de nouvelles structures nouveau comme nous avons tent de le montrer nous Croyons que pour peu qu elle s ouvre l apport des th oriciens des mouvements sociaux la th orie de la r gulation dispose des instruments th oriques n cessaires pour r pondre de fa on plus que satisfaisante cette question Enfin un troisi me danger guette la th orie de la r gulation Apr s avoir pos les luttes sociales et donc les acteurs les r gulationnistes semblent parfois ne s int resser qu aux modes de r gulation en mergence aux mod les en formation et donc aux variables
68. s historiens de l cole des Annales 6 tels Georges Duby et Fernand Braudel 7 et certains sociologues tels Alain Touraine Anthony Giddens 8 et Pierre Bourdieu avec lesquels il existerait une certaine proximit Ainsi comme pour la r gulation l approche des nouveaux mouvements sociaux mettrait bien en lumi re la capacit des acteurs modifier des syst mes trop statiques pour les conduire un nouvel quilibre De m me l approfondissement des concepts d habi tus et de strat gie aurait conduit l cole de Bourdieu explorer les m mes probl mes que l cole de la r gulation 2 savoir comment les individus arrivent par la socialisation adopter librement des comportements correspon dant aux normes sociales par exemple En somme comme l crit Robert Boyer l approche de la r gulation s inscrit l entrecroisement de diverses traditions en mati re de recherche en sciences sociales Sans pr tendre donner le point de vue de la sociologie sur l approche de la r gulation ce qui serait d autant plus p rilleux qu il existe une diversit d approches au sein de cette discipline nous tenterons d en donner une lecture sociologique pour les chercheurs qui s int ressent aux mouvements sociaux et la sociologie du travail et de l entreprise Pour ce faire nous nous appuierons Martinelli et N J Smelser Economy and Society Overviews in Economic Sociology Londres Sage Publications 1990 pp 103 132 Re
69. sait de voir Althusser lorsqu il conseillait de ne pas commencer la lecture du Capital par le chap I Voir A Lipietz op cit 1979 p 16 et suiv et 172 et suiv M Gauchet Changement de paradigme en sciences sociales Le D bat no 50 mai ao t 1988 L approche de la r gulation rejette la fois l id e des lois g n rales transhistoriques qui s appliqueraient tous les syst mes socio conomiques voir R Boyer article cit 1989 p 277 et la n gation du sujet ainsi que l anti humanisme voir A Lipietz op cit 1988 p 3 Les r gulationnistes conservent cependant de cette approche certains traits essentiels la soci t comme tissu de rapports sociaux nou s des niveaux relativement autonomes A Lipietz article cit 1987 p 1051 Michel Aglietta et A Brender Les m tamorphoses de la soci t salariale Paris Calmann L vy 1984 p 16 note 1 partir de la notion de fordisme l approche de la r gulation montre bien l importance de Keynes comme th oricien de la demande effective De m me elle explique bien ce que Keynes avait constat concernant l incapacit du march d assurer le plein emploi En ce sens il existe une certaine convergence mais la diff rence entre Keynes et les r gulationnistes est par ailleurs immense ne serait ce parce que ces derniers placent les rapports sociaux au centre de leur analyse Ce faisant ils offrent un regard neuf sur l approche keyn sienne son int r t et
70. ses limites Voir entre autres les contributions d Alain No l et de G rard Boismenu dans G rard Boismenu et Gilles Dostaler dir La th orie g n rale et le keyn sianisme Montr al ACFAS Politique et Economie 1987 Notamment en ce qui concerne la recherche d une alternative la notion d quilibre la proposition d un principe d quilibration o jouent les luttes concours et les conflits coop rations Voir A Lichnerowicz F Perroux G Gadaffre L id e de r gulation dans les sciences Paris Maloine Doin 1977 Voir Robert Boyer Avant propos l dition fran aise dans S Bowles D Gordon Th Weisskopf L conomie du gaspillage Paris La D couverte 1986 pp 295 318 Voir galement J Berger Market and State in Advanced Capitalist Societies dans A 9 10 11 12 13 14 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 8 des relations industrielles et de la firme qui s inspirent de l approche institu tionnaliste notamment les travaux dirig s par Michael Piore sur le dualisme du march du travail et la sp cialisation flexible la polyvalence du travail dans la production en s ries restreintes 5 Les sources d inspiration d passent cependant le domaine de l conomie politique Ainsi les r gulationnistes ont eux m mes identifi un certain nombre d auteurs qui ont pu influer sur la formulation initiale de leur approche Ils ont identifi certain
71. sions fort diff rentes et relativement autonomes la dimension organisationnelle et la dimension institutionnelle Il importe donc de bien s entendre sur le contenu de ces deux dimensions La dimension organisationnelle concerne la fois la division du travail et les m canismes d int gration de sorte qu elle renvoie g n ralement l autorit et la hi rarchie pour coordonner des d cisions selon une architecture technico organisationnelle De ce point de vue le taylorisme comme l a bien montr Philippe Lorino touche aussi bien le proc s de travail que le mode de gestion En ce sens il est tr s r ducteur de traduire l expression am ricaine utilis e par Taylor pour d signer sa th orie le scientific management par 5 R Boyer op cit CEPREMAP no 9020 p 13 32 R Boyer Les th ories de la r gulation Paris Barcelone New York Revue de synh se IVe S no 2 avril juin 1989 p 282 D Leborgne et A Lipietz Deux strat gies sociales dans la production des nouveaux espaces conomiques Paris CEPREMAP no 8911 1989 p 13 C est ce que M Aglietta et A Brender appellent le double caract re du rapport salarial celui que lui donnent la coop ration et l antagonisme M Aglietta et A Brender op cil 1984 p 74 Comme l crit Claude M nard le cadre qui d finit l organisation comporte une composante volontaire y compris dans le court terme que n ont ni les institutions ni d ailleurs les ma
72. susceptibles de les caract riser formes d organisation du travail technologies et types de relations du travail etc Une recherche centr e sur le seul rep rage des mod les risque de faire oublier la diversit des forces sociales en pr sence leurs repr sentations et leurs modes d organisation La recherche devient abstraite et formelle si on ne peut comprendre pourquoi tel mod le de relations de travail merge en France tel autre au Qu bec tel autre en Allemagne Il s agit moins de freiner la recherche sur les formes structurelles que d orienter l attention sur l histoire des entre prises des r gions et des soci t s et donc sur la sp cificit des forces sociales en pr sence ainsi que des compromis souvent laborieusement labor s et presque imm diatement remis en question En somme la recherche doit tre men e la fois sur les formes institu tionnelles par lesquelles les soci t s se d finissent et sur les tensions sociales porteuses de transformations On ne peut donc qu tre accord avec Alain Lipietz pour qui la contradiction n est pas tellement entre structure et acteurs ou mieux entre structure et action mais l int rieur m me de l action elle m me entre son aspect routinis r ifi reproductif et alors par dualit on a aussit t la structure et son aspect potentiellement divergent novateur auto nome g n ratif r volutionnaire peut tre ou du moins instituant Si on ne r ussit pa
73. t accus e d imp rialisme plus d une reprise Cependant dans la mesure o les sociologues la suite de K Polanyi 4 red couvrent l conomie ne serait ce parce que cette derni re est encastr e dans le social comme le r v lent les recherches sur le march on peut penser que la th orie de la r gulation pourrait inspirer un renouvellement de la socio logie conomique entendue au sens large incluant le non marchand et le don gt Dans la mesure galement o elle s efforce d accorder la priorit aux rapports sociaux dans l analyse qu elle propose une voie susceptible de d passer l opposition entre le structuralisme et l individualisme m thodolo gique qu elle invite les chercheurs tenir compte la fois de l organisationnel et de l institutionnel de l instituant et de l institu travers l tude des formes structurelles et des processus structurant ces formes la th orie de la r gula tion est susceptible d inspirer le renouvellement non seulement de la sociologie conomique mais aussi de la sociologie politique et de la plupart des sociologies sp cialis es qu il s agisse de la sociologie du d veloppement du travail des organisations de l entreprise Enfin parce qu elle s inspire des diverses sciences sociales et que ces derni res pourraient en tirer profit l approche de la r gulation est sans doute pour l heure l une des seules proposer un programme de recherches interdisciplinaires susceptible
74. t sur le caract re contradictoire du rapport comme l irr ductible aspiration des individus la libert mais sur ce que M Aglietta appelle les Il multi appartenances crois es c est dire le fait qu un individu soit membre d une famille qu il travaille dans une entreprise qu il participe diverses associations etc Ces multi appartenances crois es dessinent un espace d autonomie de l individu par rapport certaines structures La socialisation de l ducation l ind pendance de l adolescence et l mancipation des femmes remettent en question la coh rence de la structure familiale par exemple Ainsi plus particuli rement dans les soci t s com plexes les individus et les groupes sociaux ne sont jamais d finis par un seul rapport de sorte qu ils entrent dans un rapport qui les d finit sous un certain angle avec une individualit toujours d j donn e qui se modifie par leur entr e et leur permanence dans ce rapport mais qui tout autant donne sa 125 Sur la notion de compromis institutionnalis voir R Delorme et C Andr op cit pp 681 689 126 A Lipietz op cit CEPREMAP no 8409 p 5 127 M Aglietta article cit 1987 p 177 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 35 forme concr te sp cifique au rapport qui peut le modifier le transformer les professions lib rales par exemple ne sont pas entr es dans le salariat san
75. ticle r cent B Guerrien marque la distance qui existe entre le MAUSS et la th orie de la r gulation r f rence 4 Robert Boyer voir La th orie conomique mythes et r alit La revue du Mauss no 9 1990 pp 125 146 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 38 En retour nous croyons que la sociologie est susceptible plus que toute autre discipline d largir et d enrichir l approche de la r gulation Dans ce sens notre contribution demeure modeste et partielle puisque notre lecture de l approche de la r gulation s est faite en fonction de recherches relativement circonscrites qui nous ont conduits montrer qu il existait un autre rapport social que le rapport salarial et que cet autre rapport que nous avons appel rapport de consommation ne lui tait pas subordonn Les r gulationnistes eux m mes ont d j tir profit des contributions de la sociologie en ce qui concerne par exemple la notion d habitus On peut penser galement que l apport de la sociologie pourrait tre important au plan de l pist mologie Ce faisant la sociologie pourrait contribuer tr s positivement la seconde g n ration de la r gulation Paul R B LANGER Beno t LEVESQUE D partement de sociologie Universit du Qu bec Montr al R sum Retour la table des mati res La notion de rapport salarial est centrale pour la compr hension des mod les de soci t s et
76. tout rapport social famille etc peut tre codifi travers une forme institutionnelle qui permet ce rapport de se reproduire avec une certaine r gularit et une certaine perma nence et donc d tre reconnu comme tel l Ces formes structurelles ne sont pas ternelles puisqu elles peuvent devenir des l ments de rigidit et tre 105 Paul R B langer et J P Deslauriers Mouvements sociaux et renouvellement de la d mocratie Nouvelles pratiques sociales vol 3 no 1 1990 pp 21 28 106 Sur ce point Alain Lipietz est sans doute celui qui apporte la contribution la plus significative op cit CEPREMAP no 8409 1984 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 30 ainsi remises en cause par toutes les parties impliqu es S il en est ainsi c est parce que ces formes ou codifications des rapports sociaux sont dans une soci t d mocratique le produit de compromis institutionnalis s entre les divers acteurs impliqu s dans le rapport 7 L apparition de nouveaux acteurs ou simplement de nouvelles demandes sociales peut faire qu une forme structurelle cesse d tre instrument de r gulation pour devenir l ment de rigidit en raison de son incapacit canaliser les nouveaux conflits On entre voit ainsi qu il est difficile de ne pas s inscrire dans le d bat sur les acteurs et les structures tant la th orie de la r gulation y a apport une contribution majeur
77. tres locaux de services travail no 2 90 pp 231 244 Voir galement Paul R B langer et Beno t L vesque Une forme mouvement e de gestion du social les CLSC Revue internationale d action communautaire 19 59 pp 49 64 A Melucci Mouvements sociaux mouvements post politiques Revue internationale d action communautaire 10 50 automne 1989 pp 13 30 92 Paul R B langer et Beno t L vesque Le mouvement social au Qu bec continuit et rupture 1960 1985 dans Paul R B langer Beno t L vesque R Mathieu F Midy dir Animation et culture en mouvement Fin ou d but d une poque Qu bec PUQ 1987 pp 253 266 91 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 26 communautaires CLSC dont les rapports de travail et les rapports de consommation sont tout autres Ces mouvements expliquent galement certaines transformations de l organisation du travail dans le syst me domi nant comme l entr e des sages femmes dans les h pitaux Ils ont de plus r ussi imposer leur pr sence comme acteurs dans les m canismes de prise de d cision En d autres termes le rapport salarial ne peut lui seul rendre compte des dimensions institutionnelle et organisationnelle des services de sant En somme les formes institutionnelles sont bien des compromis r sultant des rapports sociaux mais ceux ci sont de deux types entre classes et plus sp cifiquement ent
78. tructure et acteurs Retour la table des mati res L approche de la r gulation explique de fa on convaincante comment le rapport entre structure et acteurs se pose diff remment selon que la soci t traverse une p riode de relative stabilit ou une grande crise au cours de laquelle l ensemble des formes structurelles et donc le mode de r gulation sont remis en cause Dans le premier cas ann es qui ont suivi la derni re guerre par exemple tout fonctionne apparemment la reproduction alors que dans l autre les acteurs expriment la fois leur divergence et leur cr ativit sociale L avenir devient pleinement ouvert alors qu auparavant tout semblait fig S il est certain que l histoire est marqu e par des p riodes plus efferves centes que d autres et qu il n est pas possible de maintenir l imagination au pouvoir sur de longues p riodes il n en demeure pas moins qu il existe un danger que ces deux moments soient dissoci s p riodis s comme le sont la r gulation et la crise Aux acteurs la crise aux structures la r gulation Une 118 J Jenson article cit 1989 119 A Lipietz op cit 1989 p 24 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 33 fois qu ils ont pos la crise et les rapports sociaux les r gulationnistes s empressent trop souvent et trop rapidement de rechercher les nouvelles formes institutionnelles Ne se d finissent ils pas eux m mes co
79. ur nos soci t s o le salariat est g n ralis R Boyer crit que l tat a aussi le pouvoir d instituer certains groupes comme titulaires de droits conomiques pauvres ch meurs v t rans minorit s ethniques qui ne sont pas la simple projection du rapport salarial R Boyer dans S Bowles D M Gordon T E Weisskopf op cit p 315 Pour lui ce sont les transformations du salariat qui donnent le ton du changement social Michel Aglietta article cit 1987 p 171 De m me il affirme que la pr pond rance du salariat sur les autres rapports sociaux fait appara tre les conomies modernes comme des circuits macro conomiques nationaux Michel Aglietta et A Brender op cit p 75 103 104 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 29 Par cons quent si la th orie de la r gulation peut encore nous inspirer c est dans la mesure o nous refusons de r duire les rapports sociaux aux classes traditionnelles et o nous r ussissons inclure dans la m me perspective th orique les nouveaux mouvements sociaux De ce point de vue les rapports de travail et les rapports de consommation sont diff rents et ne peuvent tre r duits les uns aux autres Cela ne veut pas dire qu ils ne sont pas interd pendants et qu ils ne partagent pas des caract ristiques Ainsi c est l exclusion des usagers dans les services collectifs d une part et l exclusion des travaill
80. utorisation conjointe de MM Paul R B langer et Beno t L vesque sociologues et professeurs de sociologie l UQAM accord e le 8 avril 2004 3 At Courriels Belanger Paul R uqam ca levesque benoit uqam ca Polices de caract res utilis e Pour le texte Times 12 points Pour les citations Times 10 points Pour les notes de bas de page Times 10 points Edition lectronique r alis e avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh Mise en page sur papier format LETTRE US letter 8 5 x 11 Edition num rique r alis e le 8 novembre 2004 Chicoutimi Ville de Saguenay province de Qu bec Canada b Fait avec Macintosh Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 3 Table des mati res Introduction 1 Rapport salarial et fordisme 1 1 Centralit du rapport salarial et originalit de la notion 1 2 Un rapport contrast et multidimensionnel 1 3 Alternatives au rapport salarial fordiste et choix strat giques 2 Rapports de consommation et providentialisme 2 1 Insuffisance du rapport salarial dans la r gulation tatique 2 2 Rapport de consommation et providentialisme 2 3 Rapport de Consommation et entreprises 3 Le rapport entre structure et acteurs 3 1 Ni structuralisme ni individualisme m thodologique 3 2 Quelques r serves concernant le rapport entre structure et acteurs Conclusi
81. yer La crise actuelle une mise au point en perspective historique Critique de l conomie politique nos 7 8 1979 p 9 note 3 4l M Aglietta et A Brender op cit 1984 p 75 Paul R B langer et Beno t L vesque La th orie de la r gulation 1991 13 au capitalisme et qui pose des contraintes au capital Alors que le capita lisme du XIXe si cle tait fond sur la propri t et fonctionnait l exclusion sociale comme l exigeait la r gulation concurrentielle le capitalisme du XXe si cle conform ment au mode de r gulation fordiste est fond sur l organisa tion et sur l int gration int gration partielle comme nous le verrons Ce mode d organisation du salariat aurait transform une masse en classe stratifi e et diff renci e C est ce que Michel Aglietta et Anton Brender appellent la soci t salariale soci t o la demande sociale porte l empreinte des comportements des salari s Le syndicalisme travers la n gociation collective par exemple a sans doute contribu largement l arrimage de la nonne de consommation la nonne de production et par le fait m me une certaine r unification de l co nomie et du social Cette r unification demeure cependant partielle puisque le social est alors r duit la n gociation du salaire et donc un niveau de vie qui ne peut rendre compte lui seul de la diversit des modes de vie 1 2 Un rapport contrast et multid

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