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L`ethos de l`oralité comme forme de fiction énonciative dans

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1. la locutrice change fictivement de posture nonciative de point de vue Plut t que de renvoyer une forme de dialogue fictif avec un interlocuteur imaginaire comme en 9 et 10 la fiction nonciative instaure une forme de monologue int rieur en 11 c est dire de dialogue fictif avec soi de soi soi du locuteur effectif l tre du monde Tout comme le fait de s adonner un dialogue avec un destinataire imaginaire le monologue int rieur l crit repose sur le temps fictif de l oralit Parmi diff rents proc d s que nous n aurons videmment pas le loisir de tous passer en revue l autocorrection l crit joue elle aussi sur le temps fictif de l oralit en relation cette fois aussi bien un monologue int rieur qu l imaginaire d une interaction en face face Il n y a pas en effet de v ritables autocorrections l crit qui se trouvent normalement rel gu es la gen se de l uvre l autocorrection l crit ne peut tre que fictive associ e un effet rh torique comme dans les exemples suivants 12 L exposition que consacre Paris le Mus e des sciences de l industrie au Monde de Franquin est appel e conna tre un succ s populaire Car m enfin tous les ingr dients y sont Et dans la France des 35 heures r guli rement admonest e par Ernest Antoine de Mesmaeker pardon Seill res pour son manque de motivation sinon sa fa
2. personne que Lib ration 2 f vrier 2007 Seul l ethos discursif du locuteur que nous appellerons effectif le locuteur comme tel mais identifi au sujet parlant va nous int resser dans cette tude ind pendamment de tout effet polyphonique ou dialogique impliquant une forme d cho l ethos r f rentiel d un Comme on l a relev dans Perrin 2008 2009 les formules en question manifestent un soulagement du locuteur succ dant respectivement une inqui tude pr alable ouf une impatience enfin et une appr hension tant mieux Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds personnage Perrin 2005 Ainsi l ethos discursif dont attestent ci dessous l interjection h las et l interpellation Camarades mais aussi la phrase averbale Du g chis et le fait de sa r p tition ne va pas nous int resser car il repose sur une forme de citation directe au style direct libre de l ethos des dirigeants chinois 3 En Chine L ex cution par armes feu a t remplac e par l injection Ce serait plus humain para t il Ce doit tre plut t que des organes vendables taient d t rior s par les balles Du g chis h las camarades du g chis Delfeil de Ton Le Nouvel Observateur 8 14 d cembre 2005 Pas davantage que les s quences soulign es dans
3. L ethos discursif ne tient ni l ethos pr discursif associ l identit de Shlomo Sand en tant que sujet parlant intellectuel vivant Tel Aviv invit s exprimer dans le Journal Le Monde ni l ethos r f rentiel associ ce qui est dit de lui qui concerne l tre du monde pr sent comme juif isra lien fils de juifs victimes de s gr gations Il tient l ethos nonciatif plus insolent que victimaire de celui qui dit qu il l est Juif et Isra lien de celui qui ensuite s exclame Comment ne pas s effrayer et aussi qui fait usage d expressions axiologiques marqu es comme Efat juif purifi occupation actes meurtriers virus raciste L ethos r f rentiel domine d abord lorsque l nonc r f re au locuteur comme tre du monde Jsra lien fils de juifs Le locuteur comme tel alors est purement pragmatique il tient au fait de le dire l acte d affirmation qui n est en rien concern par le sens linguistique et le contenu de l nonc Mais l exclamation qui suit modifie le rapport la phrase exclamative atteste en quelque sorte des motions associ es sa propre nonciation Le locuteur comme tel l ethos discursif s inscrivent d s lors dans la structure s mantique de Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds la phrase a
4. ethos fictif il n y a qu un pas que nous ne franchirons pas compl tement du moins en ce qui concerne l exemple 2 o rien ne fait obstacle l identification par d faut du locuteur au sujet parlant On peut donc dire que le locuteur repr sente litt ralement le sujet parlant en 1 mais aussi dans toute la premi re partie de 2 Nous ne parlerons d ethos fictif que si l ethos discursif effectif du locuteur ne s ajuste pas localement l ethos pr discursif du sujet parlant qu il est cens repr senter ceci videmment sans qu il soit possible de r gler le conflit par assimilation de l ethos discursif l ethos r f rentiel d un personnage L ethos discursif en 1 et 2 n est donc pas fictif puisqu il s accorde au moins par d faut aux postures suppos es d un sujet parlant Et de m me dans nos exemples 3 5 l ethos n est pas fictif puisqu il s accorde l ethos r f rentiel d un personnage dont il est question 5 A N r N 2 Sauf peut tre les formules oui bien la fin de ce passage qui r pondent la r action fictive d un interlocuteur imaginaire Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds En 7 et 8 en revanche la fiction nonciative est av r e dans les s quences en gras les formules nos saints p res fondateurs b
5. nis soient leurs noms se rapportent un style liturgique en 7 Eh non les gars l esprit d une forme de camaraderie de troupe ou d quipe de football en 8 Dans les deux cas l ethos discursif ne s accorde litt ralement ni au sujet parlant dans le cadre de l interaction du journaliste son lecteur ni un quelconque personnage identifiable au plan r f rentiel 7 Le fiasco des r f rendums organis s en France comme aux Pays Bas sur la Constitution europ enne montre h las que nos Saint P res fondateurs b nis soient leurs noms ont eu tort de se fier aux Etats Nations pour construire l Europe Lib ration 9 juin 2006 8 Revenons trois minutes sur Davos Bill Clinton a rappel que 30 000 milliards de dollars taient partis en fum e lors du krach Nombre de participants la question de savoir quel tait le principal responsable de la crise ont r pondu la croyance que les march s s autor gulent Eh non les gars Bref pour le diagnostic tout le monde tait d accord Mais pour les rem des Le Canard encha n 11 d cembre 2009 L ethos fictif correspond un jeu rh torique o l ethos discursif effectif d noue ses liens par d faut au sujet parlant sans pour autant s associer l ethos d un personnage En 8 l ethos discursif met en sc ne une interaction fictive o le locuteur s adresse aux participants au forum de Davos comme un entra neur de foot ses
6. s celui qui endosse la prise en charge des actes de langage et des points de vue De Brabanter Dendale et Coltier 2009 Le langage est un jeu comme on le sait bien qui consiste mettre en sc ne diff rents r les nonciatifs Un nonc comme D fense de fumer quel que soit le sujet parlant susceptible d y tre indirectement associ v hicule une repr sentation de celui qui prend en charge l nonciation de la phrase imp rative sur laquelle repose l interdiction Que cela soit le fait de Pierre ou de Paul ou de telle ou telle institution selon les circonstances l nonc en question renvoie l ethos discursif d un locuteur une sc nographie de l ordre et de l autorit qui ne varie pas d un cas l autre en fonction de la situation Nous renvoyons sur ce point aux diverses publications collectives sur le sujet Bres amp al 2005 Perrin 2006 Colas Blaise amp al 2010 ainsi qu aux num ros 163 et 164 de la revue Langue fran aise entre autres Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds Cet ethos discursif la sc nographie qui s y rapporte sont videmment susceptibles d tre jug s plus ou moins ad quats ou l gitimes relativement l autorit effectivement accord e l ethos pr discursif de tel ou tel sujet parlant Une r ponse du genre Vous tes qui
7. PERRIN Laurent dir 2006 Le sens et ses voix Dialogisme et polyphonie en langue et en discours Metz CELTED Recherches linguistiques n 28 PERRIN Laurent 2008 Le sens montr n est pas dit dans Merete BIRKELUND Maj Britt MOSEGAARD HANSEN Coco NOREN ds L nonciation dans tous ses tats Berne Peter Lang p 157 187 PERRIN Laurent 2009 La voix et le point de vue comme forme polyphonique externe Langue fran aise n 164 p 61 79 RABATEL Alain 2008 Homo Narrans Pour une analyse nonciative et interactionnelle du r cit Limoges Lambert Lucas 12
8. comme tre du monde ou de tout autre personnage auquel l nonc r f re Il importe de bien pr ciser que l ethos discursif ne concerne ni un sujet ou une subjectivit forc ment identifi s un sujet parlant empirique ni non plus celui ou celle que l on peut repr senter Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds dans le langage et se repr senter mentalement au plan propositionnel si l on parle de soi ou pense soi comme tout tre du monde auquel on r f re Dans le cas d un nonc comme Je ne supporte pas la fum e ou Paul ne supporte pas la fum e l nonc r f re un tre du monde ces nonc s repr sentent en vertu de leur contenu propositionnel que le locuteur ou Paul en tant que personnages ou tres du monde ne supportent pas la fum e Le pronom je notamment tout comme le nom propre Paul sont purement r f rentiels Le sens linguistique de l nonc ne concerne en rien l ethos discursif du locuteur comme tel dans ces exemples C est alors au plan pragmatique exclusivement que l nonc atteste ou montre que le locuteur dit qu il ne supporte pas la fum e ou que Paul ne la supporte pas Ces deux niveaux de sens respectivement linguistique et pragmatique semblent pouvoir tre vus comme clairement distincts dans ce cas Le changement de niveau d termine d
9. pour me parler de la sorte par exemple ou Vous n tes pas autoris me donner des ordres consisterait pr cis ment refuser d op rer une telle assimilation de l ethos du locuteur celui de l auteur Le simple fait de pouvoir valuer le degr d ad quation de l ethos discursif d un nonc l ethos pr discursif d une situation le fait de pouvoir mesurer le degr de conformit du r le de locuteur de tel ou tel nonc envers l identit de tel ou tel sujet parlant t moigne de la n cessit d une telle distinction Dans un tout autre champ de consid ration g n rique l opposition entre l auteur et le narrateur en th orie litt raire repose sur la m me distinction ainsi que l opposition dans le discours poitico m diatique qui va nous int resser entre le sujet parlant empirique en l occurrence un journaliste un homme politique ou une autre personnalit et le r le ou les r les associ s la r alisation des actes de langages pris en charge par le locuteur dans la presse crite 2 L ethos discursif du locuteur comme tel et l ethos r f rentiel de l tre du monde Cette instance nonciative que nous appelons le locuteur l ethos discursif qui s y rapporte outre le fait qu ils ne doivent pas se confondre comme on vient de le voir avec le sujet parlant et l ethos pr discursif ne doivent pas non plus se confondre avec ce qui peut tre dit ou d crit le cas
10. 999 Voir aussi sur ce sujet Rabatel 2008 Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds officiel Selon les circonstances l auteur de l interdiction peut aussi rester plus ou moins ind termin on peut ne pas savoir si Pierre ou Paul parlent au nom de la loi en tant que fonctionnaires ou citoyens ou en tant que d tenteurs d une autorit plus personnelle L ensemble des informations manant de la personne physique ou psychologique ou encore de l tre social ou moral spirituel ou autre concerne le sujet parlant Ce dernier correspond ce que l analyse du discours associe l ethos pr alable ou pr discursif Charaudeau amp Maingueneau 2002 44 c est dire l ensemble des informations manant de ce que l on sait par avance et aussi de ce que l on per oit de l orateur malgr lui ind pendamment de ce qui tient au discours et l nonciation aux diff rents r les nonciatifs qui lui sont associ s qu il revendique par ses actes L ethos pr discursif et le sujet parlant sont tout fait trangers aux r les nonciatifs associ s au discours et la communication Ils ne peuvent que s y articuler indirectement dans certaines circonstances C est pourquoi nous s parerons scrupuleusement dans cette tude ce qui a trait l ethos pr discursif et au sujet parla
11. Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds L ethos de l oralit comme forme de fiction nonciative dans la presse crite Laurent PERRIN Universit Paul Verlaine Metz EA 3474 laurent perrin univ metz fr R sum Apr s avoir oppos trois formes d ethos associ es respectivement la figure du sujet parlant celle du locuteur comme tel et celle du locuteur comme tre du monde repr sent ceci en fonction des propri t s notamment linguistiques qui s y rapportent nous nous int resserons dans cette tude l ethos discursif que nous appellerons effectif ou ethos du locuteur effectif fond sur une identification du locuteur comme tel au sujet parlant L objectif sera d analyser diverses formes de fictions nonciatives associ es lethos discursif effectif dans la presse crite lorsque le discours se fonde sur une sc nographie qui ne s ajuste pas litt ralement l interaction d un journaliste son lecteur L ethos fictif de l oralit l crit sera l horizon de nos pr occupations qui aboutiront finalement assimiler le temps du discours celui de l oralit et donc concevoir le temps de l oralit comme forc ment fictif l crit Mots cl s Linguistique analyse du discours rh torique ethos sujet parlant locuteur nonciation orali
12. Delachaux et Niestl AUSTIN John L 1962 How to do things with words Oxford Clarendon Press BERRENDONNER Alain 1981 El ments de pragmatique linguistique Paris Minuit BRES Jacques Patrick HAILLET Sylvie MELLET Henning NOLKE et Laurence ROSIER dir 2005 Dialogisme polyphonie approches linguistiques De Boeck Duculot CoLAS BLAISE Marion Mohamed KARA Andr PETITIEAN et Laurent PERRIN dir 2010 La question polyphonique ou dialogique en sciences du langage Metz CELTED Recherches linguistiques n 31 DUCROT Oswald 1984 Le dire et le dit Paris Minuit CHARAUDEAU Patrick et Dominique MAINGUENEAU 2002 Dictionnaire d analyse du discours Paris Seuil DE BRABANTER Pierre Patrick DENDALE et Danielle COLTIER dir 2009 La notion de prise en charge en linguistique Langue fran aise n 162 MAINGUENEAU Dominique 1998 Analyser les textes de communication Paris Dunod MAINGUENEAU Dominique 1999 Ethos sc nographie incorporation dans Ruth AMOSSY Images de soi dans le discours La construction de l ethos Lausanne Delachaux et Niestl p 75 100 PEIRCE Charles Sander 1955 Philosophical Works of Peirce New York Dover Publications Inc PERRIN Laurent 2005 Polyphonie et s quence cho dans Jacques BRES Patrick HAILLET Sylvie MELLET Henning N LKE Laurence ROSIER Dialogisme polyphonie approches linguistiques De Boeck Duculot p 173 185
13. anti am ricanisme est une r gion trop instable mon go t Si cette foi d pend du r sultat des urnes c est qu elle est bien superficielle Surtout pour quelqu un comme moi du genre d mocrate qui a accept les divisions de la soci t et ses conflits internes J ai mes opinions que je voudrais voir partag es largement mais je suis pr par e la d faite Ni les victoires ni les checs ne sont d finitifs Les soci t s politiquement ouvertes d couragent les illusions mais prot gent du d sespoir Mes amis d mocrates aux Etats Unis sont inquiets ce n est pas le moment de les l cher ils ont besoin de moi La coterie qui d montre son incomp tence la Maison Blanche n a plus de politique pour l organisation du monde L anti am ricanisme ne la remplacerait pas Il n y a donc plus h siter j y renonce d finitivement Le Temps 2 juin 2004 Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds Le temps fictif de l oralit permet ici la locutrice d voluer entre le d but et la fin de ce passage de l h sitation au renoncement Dans le laps de temps virtuel de son discours mentalement oralis de sa prof ration int rieure par la force de ses propres arguments relatifs notamment l tre du monde qu elle repr sente par ailleurs quelqu un comme moi du genre d mocrate
14. au plan des contenus Finalement la fiction porte sur l tonnement feint du locuteur que marque la formule interrogative Comment la reprise diaphonique et la reformulation qui s y rapportent Vous faites tout votre possible face l intervention d un interlocuteur imaginaire Tout comme en 9 au del des circonstances de chaque sc nographie prise individuellement la reprise diaphonique instaure alors une forme de sc nographie de l oralit de l interaction en face face forc ment fictive dans le discours m diatique dont le destinataire absent exclu n a pas la parole De fa on tout fait g n rale l ethos fictif de l oralit joue un r le pr pond rant l crit notamment dans les crits journalistiques 5 Le temps de l oralit l crit Le temps du discours notamment appartient l ethos de l oralit et ne peut donc tre que fictif l crit En 11 le temps qui s pare les J h site du d but du J y renonce la toute fin est fictif 11 J h site faudra t il d sesp rer des am ricains si coup de millions et de trucages divers l actuel pr sident G W Bush parvient garder son poste Faudra t il les rendre responsables de la gabegie politique o nous sommes entra n s s ils en r lisent le fauteur J avoue qu une telle reconversion me co terait La pression s accro t pour que je me pr pare faire le pas mais j h site L
15. ch ant du locuteur comme tre du monde ou de tout autre personnage dont il serait question C est la seconde distinction qui va nous importer et nous importuner dans cette tude qui tient une troisi me sorte d information relative l ethos et la subjectivit dans le langage Si l on dit par exemple Je ne supporte pas la fum e l information que le locuteur donne de lui m me au plan du contenu savoir qu il ne supporte pas la fum e de m me que les informations susceptibles d en tre inf r es par exemple qu il s agit d un tre sensible ou asthmatique ne doivent pas se confondre avec les informations qu il donne de soi m me en tant que locuteur par le simple fait de produire un tel nonc qui pourraient le faire passer pour intol rant intransigeant l encontre des fumeurs Sans entrer ici en mati re sur l opportunit de distinguer par ailleurs diverses esp ces de locuteurs diff rents niveaux dans le cadre d un discours rapport par exemple ou sur celle de distinguer entre la figure du locuteur et celle d ventuels nonciateurs distincts selon diverses formes de polyphonies nous serons conduits n anmoins opposer l ethos discursif du locuteur comme tel au sens de Ducrot 1984 non seulement l ethos pr discursif d un sujet parlant mais une forme d ethos que nous appellerons propositionnel ou r f rentiel qui se rapporte ce qui est dit du locuteur
16. e de r futation non en 4 et de confirmation bien s r de correction en v rit en 5 la forme d ictique celui l la valeur d locutive de l expression c tait s r en 5 sans oublier les formes de phrases et autres propri t s stylistiques la chute de la pr position de dans c est leur faute en 4 la phrase cliv e par ant position du nom propre Lance Armstrong l attaque de 5 tous ces l ments font cho l ethos r f rentiel d un personnage respectivement Jos Maria Aznar et la photographe Dans le passage suivant en revanche comme c tait le cas des interjections ouf enfin tant mieux en 2 les formules Allons bon et Rien que a vont nous int resser dans la mesure o elles restent alors tout fait trang res l ethos d un quelconque personnage Ces formules repr sentent ici l ethos discursif ironique du locuteur effectif identifi au Journaliste plut t que l ethos r f rentiel du personnage dont il est question par ailleurs un certain G rard Saint Paul 6 Selon G rard Saint Paul directeur g n ral d l gu l information France 24 ce n est pas la voix de la France c est un regard fran ais Allons bon Un regard fran ais explicite t 1l c est un peu moins manich en que le regard am ricain de CNN c est un peu plus de dialogue il s agit d largir la focale de faire passer quelques valeurs fran aises le respect la tol rance qu
17. eux sortes d ethos diff rents respectivement r f rentiel ou propositionnel d une part discursif ou nonciatif de l autre Mais parfois le locuteur en tant que tel l ethos discursif sont instruits s mantiquement par le sens linguistique de l expression Dans le cas d un nonc comme Pouah je trouve a d gueulasse par exemple l interjection le pronom je ne renvoient plus l tre du monde ces expressions renvoient au locuteur comme tel L interjection la fonction modale du verbe trouver la premi re personne imposent le locuteur comme tel Et de m me en ce qui concerne la valeur axiologique d un adjectif comme d gueulasse Il fait peu de doute qu un tr s vaste ensemble d expressions dont rel vent notamment les interjections et exclamations les adverbes d nonciation plus largement l ensemble des expressions nonciatives concernent le locuteur en tant que tel et l ethos discursif Consid rons ce sujet un premier exemple authentique 1 En tant qu Isra lien fils de juifs qui se sont vu d nier au vingti me si cle le droit de citoyennet au motif de leur origine comment ne pas s effrayer de la perspective d un tat juif purifi Il y a donc urgence mettre fin l occupation et au cort ge d actes meurtriers qu elle nourrit mais aussi vacciner l Etat d Isra l contre le virus raciste qui menace de le contaminer Shlomo Sand Le Monde 14 avril 2006
18. hos se manifeste par la formule d adresse ou d interpellation mes enfants mais aussi par la forme performative je vous demande de rester calmes la reprise diaphonique je sais vous tes nerv s les autocorrections enfin vous je ne sais pas Moi je sais ou du moins je l esp re le lyrisme acad mique Je voudrais en guise de palmes d pos es sur le front moite et autres propri t s stylistiques Seul l ethos discursif est fictif ce qui est exprim au plan des contenus n est en rien fictif puisque cela concerne l actualit En 10 la fiction de l ethos prend la forme d un mode d emploi d une recette fictive une sorte de le on donn e un apprenti dictateur qui prend peu peu les traits de George Bush junior Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds 10 Vous voulez rendre le monde plus s r parce que telle est votre mission apr s l effroyable choc du 11 septembre Voici un mode d emploi Prenez une organisation terroriste Al Quaida Bombardez ses camps d entra nement en Afghanistan car l bas dans les replis de l Hindu Kuch se trament les attaques qui vont terroriser le monde civilis L affaire prend quelques semaines vos bombardiers sont plus forts que leurs vieilles p toires L ann e d apr s envahissez un pays du Moyen Orient L Irak Car
19. i sont celles de la R publique quand elles sont bien appliqu es Rien que a Et jur Saint Paul ne prendra pas ses ordres l Elys e ou au Quai d Orsay Lib ration 6 d cembre 06 A deux reprises dans ce passage le locuteur effectif oppose son personnage un ethos discursif moqueur que portent les formules Allons bon et Rien que a Quant la formule Qui fait ici cho l nonciation de l expression C est s r par la photographe Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds jur elle fait l objet d un emploi plus complexe impliquant comme en 4 et 5 une forme de style indirect libre mettant en sc ne G rard Saint Paul en train de jurer de ne pas prendre ses ordres l Elys e Nous en ferons donc ici abstraction pour nous int resser l ethos que nous avons appel effectif souvent plus ou moins fictif fond sur une assimilation du locuteur comme tel au sujet parlant le cas ch ant par le relais de l tre du monde lorsqu on parle de soi comme d un personnage 4 L ethos fictif et l ethos de l oralit dans la presse crite La gravit et le s rieux d un exemple comme 1 tiennent au fait qu il articule diff rentes informations associ es aux trois formes d ethos dont il a t question pr c demment Les trois face de l ethos sont alors p
20. in antise Le gaffeur ne saurait tre plus d actualit Le Monde 13 Cette cole o l on menace que dis je o l on frappe les institutrices avec des couteaux de cuisine est aussi celle o l on arr te des enfants de 6 ans pour les interroger pendant deux heures et o l on convoque au commissariat un gamin de 8 ans pour une bagarre dans la cour de r cr ation F Bazin Le Nouvel Observateur 2009 14 Comme toujours dans un succ s il a fallu que se rencontrent un chef de file et son public un discours et une attente Disons dans les termes de l conomie de march une offre et une demande Daniel Cohn Bendit avait en main la bonne partition Le Monde 10 juin 2009 En 12 apr s un effet polyphonique par la voix d un personnage bien connu le fameux Gaston Lagaffe l autocorrection Ernest Antoine de Mesmaeker Pardon Seill res met en sc ne une oralit fictive o le locuteur se reprend se corrige apr s avoir confondu soi disant par erreur ou lapsus le nom de son personnage avec celui de Franquin La force d excuse de la formule d adresse un interlocuteur imaginaire Pardon accentue ici l effet d oralit fictive de la reprise Le m me proc d est l uvre en 13 par le jeu de la formule autocorrective Que dis je Cette cole o l on menace que dis je o l on frappe les institutrices qui t moigne d une prise de conscience subite par le locuteur de
21. insi que dans le choix des termes valeur axiologique soulign notamment par les guillemets sur l adjectif purifi Les trois formes d ethos interagissent dans cet exemple m me si l ethos discursif prend finalement le dessus comme c est souvent le cas L tre du monde tout comme le sujet parlant font ici office de couverture en quelque sorte ou de l gitimation pr alable face l audace offensive du locuteur comme tel Imaginons un instant que l ethos discursif ici en jeu ne soit pas couvert pr alablement pr fac par l image d un Juif honorable et pr sent comme tel mais par celle d un Palestinien l effet sans aucun doute e t t diff rent mais l ethos discursif n aurait pas vari pour autant Quelles que soient les difficult s que l on prouve parfois isoler l ethos discursif du locuteur comme tel tant t par rapport l ethos pr discursif d un sujet parlant tant t par rapport l ethos r f rentiel d un tre du monde il n en reste pas moins que ces trois sortes d ethos sont souvent amen es interagir dans le discours 3 Formules nonciatives ethos rapport et ethos discursif effectif Bien qu tranger ce qui est dit au contenu propositionnel des nonc s l ethos discursif s inscrit n anmoins dans leur forme linguistique diff rents niveaux Sans entrer en mati re sur les points techniques on peut pr ciser que l ethos discursif ne tie
22. joueurs L exemple 6 peut tre interpr t de fa on analogue l ethos discursif qui s y trouve mis en jeu n est pas forc ment d pourvu de fiction si l on consid re que les formules renvoient localement une forme d interaction fictive avec G rard Saint Paul La port e de la fiction nonciative peut tre locale comme en 6 8 ou globale comme en 9 qui se pr sente comme une le on fictive donn e par un prof des l ves La fiction nonciative envahit alors l int gralit de la chronique 9 Mes enfants je vous demande de rester calmes encore quelques instants Je sais vous tes nerv s c est notre derni re classe de l ann e Demain nous partons en vacances Enfin vous je ne sais pas Moi je sais ou du moins je l esp re Si tout va bien l heure m me o vous poserez vos yeux puis s sur cette page je poserai mes ripatons dans l eau bleue du farniente Oui dans deux colonnes d ici nous en serons donc au terme de cette ann e scolaire et je sais qu il vous est difficile d tre concentr s Voici donc l heure de notre dernier cours je voudrais en guise de palmes d pos es sur le front moite d une saison riche en actualit s revenir sur deux v nements qui m ont particuli rement marqu Fran ois Reynaert Le Nouvel Observateur 1 7 juillet 2004 Tout ce qui a trait l ethos de la le on dans ce passage est fictif ou figuratif La fiction de l et
23. la gravit de la situation Comme si le locuteur prenait soudainement conscience dans le temps fictif de l oralit de son discours de la gravit de la situation En 14 l ethos fictif met en sc ne le locuteur l uvre cherchant ses mots comme si le discours se cr ait sous nos yeux comme l oral par t tonnements successifs Les connecteurs ou formules comme disons en 14 que dis je en 13 pardon et sinon en 12 enfin ou du moins en 9 jouent sur le temps fictif de l oralit l crit 10 Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds La composante temporelle est centrale en ce qui concerne bon nombre de propri t s de l ethos fictif l crit La question des ajouts apr s le point et autres formes d interruptions syntaxiques par la ponctuation qui n est pas sans rapport avec l autocorrection joue elle aussi sur le temps fictif de l oralit comme il appara t dans les exemples suivants 15 Juliette Greco est habit e par ses textes Sur sc ne elle se donne Et elle donne Tout Son instrument c est elle Elle joue du Greco Richard Cannavo Le T l Obs avril 2009 16 Il n a pas d ge Il parle comme une mitraillette a se passe dans une petite maison bretonne Il s appelle Didier On comprend sa vie par ces bribes et cet accent changeant tant
24. les exemples ci dessous dont les propri t s nonciatives font elles aussi cho au style indirect libre cette fois l ethos r f rentiel d un personnage 4 Quelle mouche a piqu Jos Maria Aznar Alors que l Espagne pleure ses morts le pr sident du gouvernement rageur r gle ses comptes avec ses propres services secrets Il les accuse tout bonnement de l avoir fourvoy apr s l attentat en l alimentant en notes ineptes Si on l a accus d tre un menteur un Pinocchio castillan un politicien qui aurait privil gi la piste de ETA pour gagner les lections c est leur faute Non il n a pas trich il a t victime de ses hommes de l ombre Et il le prouve le 18 mars la stup faction g n rale Le Nouvel Observateur 25 31 mars 2004 5 Lance Armstrong elle l a photographi pour la premi re fois en 1991 Elle ne sait plus bien s r quelle course en v rit Ce n tait pas sur le Tour que le futur vainqueur ne d couvrirait que deux ans plus tard Mais elle se souvient que l Am ricain avait tout juste vingt ans et que quelqu un lui avait sugg r de tirer son portrait car celui l c tait s r allait faire une jolie carri re Le Monde 19 juillet 2006 Dans le cadre de diff rents nonc s narratifs la troisi me personne imput s au locuteur effectif l ethos discursif se rapporte alors celui d un personnage auquel l nonc r f re Ainsi la formul
25. nt d une part du vaste ensemble d informations susceptibles d tre associ es l ethos que nous appellerons discursif d autre part la sc nographie qui s y rapporte au sens de Maingueneau 1998 71 76 1999 L ethos discursif concerne les r les nonciatifs d volus au locuteur en tant que responsable des actes de langage r alis s locutoires illocutoires argumentatifs ou autres le cas ch ant aux diff rents nonciateurs responsables des points de vue qui s y trouvent impliqu s Qu il s agisse du comportement locutoire de la gesticulation locutoire dont parle Berrendonner 1981 ou de ce qui a trait l illocutoire selon Austin 1961 de l assertion v ridiction aux diverses formes d exclamation question requ te etc ou m me au plan de l argumentation de ce qui a trait la prise en charge des points de vue Rabatel 2008 tous ces l ments sur lesquels repose l ethos discursif sous toutes ses formes n impliquent pas forc ment ni en tout cas directement de sujet parlant empirique Nous n allons pas entrer ici en discussion sur ce qui distingue les diverses approches nonciatives et polyphoniques ou dialogiques du sens Ind pendamment de ce qui oppose ventuellement ces approches il faut avant tout se mettre d accord sur la n cessit de bien faire la diff rence entre le sujet psychosocial l tre empirique correspondant au sujet parlant et les diff rents r les associ
26. nt pas ce qui est dit mais ce qui est montr conventionnellement par le sens des expressions Perrin 2008 Les instructions s mantiques qui y sont associ es ne sont pas soumises un fonctionnement symbolique mais indiciel au sens de Peirce 1955 qui les exclut de facto de ce qui est v riconditionnel l int rieur du sens L ethos discursif tient la force indicielle d volue certaines formes de phrases exclamatives imp ratives par exemple mais aussi au sens des interjections et autres formules nonciatives adverbes d nonciation modalisateurs etc Dans l exemple ci dessous les formules de soulagement ouf enfin tant mieux jouent un r le pr pond rant dans la formation de l ethos discursif du locuteur comme tel relay es par la forme exclamative des phrases finalement par les formules d assentiment oui bien qui marquent un effet de reprise diaphonique d une r action fictive de l interlocuteur et sans parler de la valeur axiologique de certains termes comme d ferlante m diatique hygi niste ou anti fumeur qui supportent galement l offensive nonciative du locuteur comme tel 2 Ouf C est enfin termin La premi re tape de protection contre le tabagisme passif est en place Tant mieux n en parlons plus La d ferlante m diatique l assaut des hygi nistes et le haro des anti fumeurs vont enfin s arr ter Oui nous avons bien dit les anti fumeurs Il n aura chapp
27. ons T es une vedette la familiarit associ e au tutoiement l interjection ou onomatop e m me Pof T es lu n a pas trait la temporalit pas uniquement du moins mais d autres propri t s de l interaction orale spontan e 17 C est bonnard T es une vedette de cin ma d Hollywood tu te pr sentes l lection de gouverneur en Californie Pof t es lu C est ce qui est arriv Schwarzenegger et vous savez quoi Il tient des vies d hommes dans ses mains maintenant Schwarzenegger Apr s l illusion la chair et le sang Le premier condamn qui il pouvait accorder la gr ce qu il lui a refus e sera ex cut le 10 f vrier Le Nouvel Observateur 5 11 f vrier 2004 Il n en reste pas moins que diverses propri t s syntaxiques dans ce passage notamment un compl ment de nom plac en apposition par la virgule T es une vedette de cin ma d Hollywood une phrase cliv e cataphorique I tient des vies d hommes dans ses mains maintenant Schwarzenegger jouent l encore sur le temps fictif de l oralit qui est bien la seule expression du temps du discours l crit 11 Actes du colloque Le fran ais parl dans les m dias les m dias et le politique Lausanne 2009 Marcel Burger J r me Jacquin Rapha l Micheli ds Bibliographie AMOSSY Ruth dir 1999 Images de soi dans le discours La construction de l ethos Lausanne
28. r sent es comme celles d un m me individu qui la fois signe un article en tant que sujet parlant se pr sente explicitement comme Juif en tant qu tre du monde mais surtout revendique par son r le de locuteur et l ethos discursif qui s y rapporte une posture offensive l encontre de l Etat isra lien Un exemple comme 2 est d j moins s rieux ou disons moins dramatique au sens th tral dans la mesure o le locuteur effectif est seul en jeu l ethos est exclusivement discursif en 2 d pourvu de renfort propositionnel ou m me situationnel Aucune repr sentation du locuteur comme tre du monde d peint comme un fumeur malheureux par exemple ne vient ici en renfort du locuteur comme tel qui s accorde quand m me par d faut un sujet parlant susceptible d tre pris plus ou moins au s rieux dans sa guerre contre les anti fumeurs Selon la fa on dont il se trouve mis en jeu dans le discours l ethos discursif peut tre plus ou moins s rieux Tout va d pendre de la relation du locuteur au sujet parlant ou parfois l tre du monde dont il est question En 2 comme en 6 l ethos discursif du locuteur n est qu un jeu sans gravit qui n implique de sujet parlant que par d faut et ne comprend surtout aucune allusion au locuteur comme tre du monde Le locuteur effectif adopte une posture soulag e en 2 ou moqueuse en 6 sans que cela ne porte cons quence De l parler d
29. t presse crite L ethos a trait aux motions la subjectivit du sujet de l nonciation Or de qui parle t on lorsqu on parle du sujet de l nonciation en s mantique et en analyse du discours Et de quoi lorsqu il est question de subjectivit et d ethos Nous ferons la distinction dans cette tude entre trois sortes d informations concernant l ethos et la subjectivit dans l interpr tation des nonc s 1 L ethos pr discursif du sujet parlant et l ethos discursif du locuteur La premi re sorte d information relative l ethos mane de ce qui a trait l tre social ou psychologique que l on d signe g n ralement comme l auteur ou le sujet parlant l tre empirique associ aux circonstances d une situation Il peut s agir d un tre individuel en chair et en os ou d une collectivit plus ou moins d sincarn e d une institution par exemple Pour interpr ter un nonc comme D fense de fumer on peut se demander qui est l auteur de l interdiction cela peut tre Pierre ou Paul si cela est crit sur la porte de leur chambre ou de leur maison mais il peut s agir plus abstraitement d une direction scolaire si c est sur la porte d une cole ou encore de la loi d un gouvernement si l interdiction correspond un d cret Sur la question de l ethos on pourra se r f rer l ouvrage collectif dirig par Amossy 1999 ainsi qu Maingueneau 1998 1
30. t du Nord un peu du Sud Une voix Des regards Une vie broy e par les m dicaments et l alcool la prison l h pital psychiatrique L enfant qu on lui a pris La femme partie Didier fume clope sur clope Il rit la cam ra joue la com die A la fin du mois il lui reste peu pour vivre A lui et son p re qu il appelle Ma couille Lib ration 2 mars 2010 Si l on prend par exemple le point apr s Et elle donne et avant Tout en 15 on peut relever qu il indique une forme de reprise corrective de la phrase qui pr c de qui serait tout fait trang re une phrase unifi e Elle donne tout Et de m me en 16 l num ration en plusieurs phrases nominales s par es par des points les effets rythmiques qui s y rapportent Une voix Des regards Une vie broy e ou alors la virgule dans La femme partie nouveau le point avant le compl ment lui et son p re pourtant associ fonctionnellement la phrase qui pr c de au plan syntaxique tout cela contribue instaurer la temporalit fictive d une oralit int rioris e r duite par moments un rythme pur po tique si l on admet que la po sie n est pas trang re l id e d oralit Evidemment la fiction de l oralit ne se r duit pas toujours une pure temporalit comme en 15 et 16 Ce qui a trait au registre C est bonnard ou la prononciation dans l exemple ci dessous aux abr viati
31. vous voulez toujours rendre le monde plus s r telle est votre mission Trouvez un pr texte c est important Proclamez la victoire apr s la fin des combats Et si quelques mois plus tard la guerre n est toujours pas finie convoquez une conf rence de presse et d mentez L ann e suivante parlez d lections et de retour la d mocratie Vous avez envahi le pays pour d autres motifs mais vous devez sauver les apparences Comment Vous faites tout votre possible Bagdad et l ins curit gagne du terrain Vous ne contr lez plus rien et vous ne comprenez pas pourquoi le pays est au bord de la rupture confessionnelle entre chiites et sunnites Vous avez l impression que des terroristes internationaux rompus au djihad traversent les poreuses fronti res nuitamment Convoquez une conf rence de presse et faites porter le chapeau Al Quaida Le public n y comprendra rien il est comme vous il a la g ographie embrouill e moins que pour une fois vous ayez vu juste force d invoquer la menace vous avez peut tre r ussi la mat rialiser Vous avez raison vous l avez ouverte la bo te Pandore Le Temps 3 mars 2004 La dimension fictive de l ethos tient alors non seulement l identit du locuteur et celle du destinataire en apprenti dictateur mais plus abstraitement la force directive ou prescriptive de l nonciation inappropri e aux faits pass s connus av r s relat s

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