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Guide du visiteur - Institut d`art contemporain

1. Commissaires de l exposition Jo l Benzakin commissaire d exposition ind pendant bas Bruxelles Nathalie Ergino directrice de l Institut d art contemporain Salles d exposition ACCUEIL ACCUEIL C YOUNG S SIERRA 1 S DENICOLAI amp 1 PROVOOST V COLSON 2 B BAZILE 3 F CURLET J KNIGHT S DENICOLAI amp PROVOOST 4 J PR VIEUX S DENICOLAI amp L PROVOOST COUR A OGUT B BAZILE S DENICOLAI amp PROVOOST S SIERRA F FINIZIO HALLE NORD S DENICOLAI amp I PROVOOST BAZILEBUSTAMANTE 5 J DELLER amp A KANE B BAZILE AUDITORIUM TOILETTES laboratoire espace cerveau UVRE L TUDE LIBRAIRIE 6 J T LLEZ 7 R HUGHES V COLSON S DENICOLAI amp I PROVOOST CYOUNG HALLE SUD A OGUT S DENICOLAI amp I PROVOOST F CURLET 8 M RAKOWITZ 9 S DENICOLAI amp I PROVOOST F CURLET E OZGEN amp S OZMEN 10 S DENICOLAI amp PROVOOST J DE GRUYTER amp H THYS accueil CAREY YOUNG accueil salle 7 N e en 1970 Lusaka Zambie Vit et travaille Londres Carey Young est surtout connue pour ses explorations de la culture d entreprise et du langage juridique Sa pratique artistique navigue entre des modes d expression tr s diversifi s incluant la vid o la photographie le texte les syst mes t l phoniques les conf rences performances pour cr er des sc narios fictionnels et absurdes qui abordent les notions de pe
2. des usagers dans diff rentes situations norm es est r current chez Julien Pr vieux Les nouvelles technologies sont aussi l un des sujets de pr dilection de Julien Pr vieux en tant que syst mes codifi s complexes Ainsi Menace 2 2010 renvoie la relation ambivalente que nous entretenons avec celles ci des outils qui peuvent autant supposer une mancipation qu un asservissement Chez Julien Pr vieux les outils de d chiffrement cr s par l homme sont autant d l ments d tourner pour proposer un objet artistique complexe pour la lecture des syst mes qui nous entourent Si les uvres de l artiste ont pour finalit d interroger l omnipr sence des codes soci taux et d en tudier notre appr hension en nous y confrontant elles portent aussi en elles un constat double l absence partielle de ma trise et la n cessit de renouveler l expression d une libert individuelle D octobre f vrier 2010 Julien Pr vieux r unit ici cinq pulls en laine r alis s de mani re artisanale En effet sa demande des tricoteuses se sont attach es la r alisation de ces v tements pr sent s sur des cintres dans l espace d exposition Les motifs pr sent s sur ces pulls sont des compositions abstraites de carreaux color s Chaque motif correspond en r alit une tape d une situation insurrectionnelle simul e l aide d un logiciel informatique L ensemble propose
3. il sous entend un non ass n et syst matique salle 6 JAVIER T LLEZ N en 1969 Valencia Venezuela Vit et travaille New York Les vid os performances et sculptures vivantes r alis es par Javier T llez sont souvent port es par la question de la folie qui traverse toute l histoire de l art et de sa gu rison Centrale dans son uvre cette question lui permet de travailler sur les fronti res entre normalit et pathologie et d aborder plus g n ralement diff rentes formes d exclusions sociale ethnique g ographique Habitu ces probl matiques de par son milieu familial fils de psychiatres humanistes qui ont consacr leur vie aux patients intern s l h pital psychiatrique de B rbula Venezuela Javier T llez entend donner la parole ceux qui ne l ont pas et brouiller les fronti res socio culturelles tablies par les institutions entre la sant et la maladie entre moi et l autre Ses uvres d veloppent une r flexion sur les situations de marginalit et les formes de stigmatisation elles sollicitent le plus souvent la participation de personnes souffrant de maladies mentales qui trouvent ainsi un autre lieu d expression Particuli rement int ress par les manifestations collectives comme les processions les festivals les cirques les carnavals etc Javier T llez cr e des situations de vie et des v nements communautair
4. autarcique et singuli re Dans cette logique nombreuses sont les interventions des artistes en espaces publics espaces urbains sites naturels programmes d art associatifs et institutionnels biennales dans l id e d occupation temporaire d un espace pour pouvoir op rer une digestion du r el et sa transformation dans une imm diatet l image du ver de terre qui r sume parfaitement la posture des artistes Le ver de terre avale son contexte le dig re et le d f que pour voluer dans son environnement Tout comme lui les artistes dig rent leur contexte et explorent ainsi d autres modes d appropriation du r el qui leur permettent de sculpter le pr sent Se d finissant comme des interm diaires interpr tes Denicolai amp Provoost se meuvent dans la multiplicit du monde actuel tr s sensibles l nergie collective par exemple celle de la rue pr ts int grer diff rentes formes de perturbations Ne pouvant chapper la condition capitaliste qui est devenue notre matrice politique conomique et sociale ni au syst me mondial de l art et de son march les artistes choisissent de travailler sur les questions de l int gration et de l mancipation en adoptant diverses micro strat gies d actions Ainsi usent ils de nombreux d placements contournements d tournements d calages renversements des codes et des langages pour interroger l
5. ce de deux euros L artiste joue sur une forme similaire pour pointer le contraste entre les r alit s conomiques politiques et sociales diff rentes des deux tats dont le rapprochement monopolise une bonne part des d bats mondiaux actuels SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST Facebook Collected 2010 Denicolai amp Provoost r alisent depuis 2008 une s rie de panneaux relatant l imparfait les commentaires de Wikipedia sur les plateformes d mocratiques Internet comme Google ou Youtube ex Youtube was a video 2008 Cet inventaire par anticipation qui nous projette dans un futur nostalgique s est tendu Facebook Le texte frais s inscrit sur un panneau suspendu avec une mise en couleur bleue pour certains mots reprenant l id e du lien sur Internet Ainsi apparaissent des liens hypertextes qui soulignent des mots cl s visitors ou jouent sur des accents s mantiques pauvres but en coulant ces mots en silicone bleu en relief Les artistes abordent ici sur un mode ludique les questions de l identit du r seau social et de l illusion Residenz 2002 Invit s en r sidence au Centre d art contemporain de Pougues les Eaux en 2002 et 2003 Simona Denicolai et Ivo Provoost ont con u un projet de sculpture publique habitable pour le Parc Saint L ger Soucieux de restituer la m moire conomique de cette r gion le Nivernais en Bourgogne les artistes ont imagin u
6. comme Shoot en 1971 demandait aux auditeurs de lui envoyer de largent son adresse Ce long texte tait la premi re personne apparent une litanie avec la pr cision de son adresse r guli rement r p t e ainsi que son nom et les divers motifs de sa requ te Dans son d tournement Ahmet Ogut garde les 55 minutes performatives et remplace simplement l adresse de Chris Burden par la sienne Amsterdam 1 of 1000 Ways to Stabilise a Woobly Table 1 des 1000 mani res de stabiliser une table bancale 2010 En support du poste radio r tro qui diffuse Send Him Your Money l uvre 1 of 1000 Ways to Stabilise a Woobly Table se compose simplement d une table de caf dont l un des pieds est cal par de vieux billets de banque Convoqu ici sous deux modes diff rents comme objet d suet d sacralis et m me un peu ridicule ou comme mode relationnel dans la reprise de la performance de Burden l argent a d j t mis en sc ne par Ahmet Ogut de mani re ironique et provocatrice L uvre Perfect Lovers Amants parfaits 2008 tait elle aussi une forme de d tournement de l uvre ant rieure d un artiste en l occurrence Perfect Lovers de Felix Gonzalez Torres o deux horloges identiques et parfaitement accord es taient suspendues l une c t de l autre Avec Ahmet Ogut ce sont deux pi ces de monnaie semblables que l artiste met c te c te une lire turque et une pi
7. dans les expositions accessibilit s aux lieux culturels m diatiques etc li s plus sp cifiquement au milieu de l art contemporain salle 10 SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST Trickster 2008 Trickster signifie litt ralement filou escroc mais peut galement d signer le fou du village Denicolai amp Provoost apposent le dessin d un smiley ou bonhomme sourire sur un lampadaire Ils d crivent ainsi leur personnage lampadaire idole de ling nuit dieu mineur de la malice et du troc de bonne humeur et insatiable s il vous pla t ne pas nourrir ou caresser Apparu d s les ann es 50 et surtout popularis partir des ann es 70 notamment utilis des fins commerciales le smiley a t repris en tant qu embl me de la culture techno et surtout de son courant acid house Ici il est dessin avec les yeux en croix sans regard notamment utilis s pour repr senter une personne alcoolique d autre part il tire la langue En amenant l int rieur ce qui constitue au d part un clairage de rue et en l associant une figure transgressive les artistes s int ressent aux limites impos es par la soci t Qui peut d passer les limites les rendant ainsi visibles Un artiste a t il plus de libert que quiconque dans l espace public Ou bien sa libert ne se cantonne t elle pas essentiellement l espace artistique JOS DE GR
8. inachev s restes de feux de bois tipis improvis s chaise longue fauteuils piquets de manifestations pelles et pioches pour chercher un tr sor A l image des parcs qui r pondent toujours une entreprise de domestication du monde et de la vie Promise Park de Finizio joue sur l attente d une promesse et sur la d ception qui s ensuit le projet de construction restant l tat de d sir SANTIAGO SIERRA Europe long play 2009 Produit par les ditions Schellmann Munich en novembre 2009 le disque vinyle Europe compile les pr occupations de Santiago Sierra propos des questions de nationalit de fronti re et de patrie Sur la face A sont jou s simultan ment et en continu les hymnes nationaux de 27 tats de la communaut europ enne Sur la face B l hymne national de la communaut europ enne est jou l envers et en continu En malmenant les hymnes nationaux et en les rendant m connaissables disharmoniques cacophoniques l artiste altermondialiste Santiago Sierra exprime sa r volte par rapport aux in galit s des rapports Nord Sud et envers le capitalisme galopant dans les pays occidentaux halle nord BAZILEBUSTAMANTE 1983 1987 A travers des uvres 4 mains qui se situent au carrefour du design et de l art la crois e du tableau de la photographie et de la sculpture Bernard Bazile et Jean Marc Bustamante formulent de nombreuses critiques sur la question
9. se r v le tre en partie des moulages Il ne s agit donc ici ni de r cup ration ni de ready made mais bien de r pliques hyperr alistes En choisissant de reproduire des formes issues de la pop culture Richard Hughes tend susciter un rapport intime entre l uvre et le visiteur qui pourrait alors charger l objet d une dimension narrative ou affective bien que paradoxalement il ne soit pas issu d une r alit quotidienne Les trucages de Richard Hughes sont donc multiples jouant autant sur la perception visuelle qu intellectuelle ou motionnelle Chez lui ce n est pas l objet qui est transform mais les possibilit s pour le visiteur de lire les uvres Dead Flies Mouches Mortes 2010 L uvre se pr sente comme un r seau complexe de tennis en toiles attach es des fils lectriques Les chaussures semblent avoir t salies par l accumulation de mouches mortes au fil du temps Richard Hughes reprend son compte une pratique issue du folklore adolescent am ricain le Shoefiti qui consiste jeter dans les airs ses chaussures nou es par leurs lacets afin de les faire pendre aux fils des poteaux lectriques ou aux lampadaires Cette pratique se retrouve d sormais travers le monde avec chaque fois des significations tr s diff rentes c l bration de la fin du service militaire comm moration d un d c s annonce d un mariage marquage d une fronti re entre
10. OPA fictive Il s agit de repenser le processus de fabrication et de diffusion de canettes de bi re en aluminium produites par P chiney aux USA et d imaginer une entreprise utopique une fiction sociale impliquant les sans abri dans l id e d une r cup ration des mat riaux qui seront alors soumis une reconversion et une transformation L artiste pr sente dans l espace d exposition un ensemble de documents proposant la d multiplication des proc dures de conception et de fabrication selon une cha ne d lucubrations po tiques et absurdes Avec Sea Food Fran ois Curlet interroge aussi la production artistique au sens large abordant indirectement la d l gation de la production des uvres et d une longue tradition moderne d un art de la seconde main Pascale Cassagnau Fair Trade 2008 L uvre se pr sente comme un filet noir tendu par ses quatre angles dans la salle d exposition Afin de traiter du commerce quitable et une fois de plus de s interroger sur les cha nes de production et de diffusion des produits de consommation courante qui entra nent une exploitation des terres et des travailleurs Fran ois Curlet choisit de mettre en sc ne un objet inattendu pour la raison suivante Dans la colline sauvage du caf du caf pour nos machines expresso Et pour acheminer notre caf what else Une main d uvre quitable trouver sur place pour pouvoir d guster
11. T llez est bien de r v ler autrement dit de mettre au jour ce que la psych collective laisse dans l ombre d introduire des v rit s humaines dans l image Il s agit aussi de d stabiliser le spectateur pour proposer des alternatives de regard de soins de pens e Les limites de la r alit et du th tre sont dissoutes travers la catharsis des rituels collectifs l implication active du spectateur et le carnavalesque ibid salle 7 RICHARD HUGHES N en 1974 Birmingham Grande Bretagne Vit et travaille Londres Richard Hughes pratique la sculpture selon des principes de trompe l il d illusion d optique et de trucages d objets fabriqu s Ses installations assemblages d l ments incongrus conduisent le visiteur d passer le premier impact visuel rechercher d autres points de vue et perspectives Les uvres de Richard Hughes emploient des l ments issus du quotidien du monde urbain et de la culture adolescente Consid rant cette derni re comme une source intarissable d inspiration ses r f rences la jeunesse peuvent tre autant contemporaines skateboard qu historiques comme l uvre Leslie s In The Shit With Denis hommage au morceau Lucy In The Sky With Diamonds des Beatles Ce qui se pr sente de prime abord comme des objets trouv s et assembl s afin de constituer des sculptures monuments au monde vernaculaire
12. aux entreprises de discuter de l avenir tout en n tant pas tenues de rendre des comptes si les pr visions ne se concr tisent pas Le vocabulaire est caract ristique du monde entrepreneurial estimation potentiel projet plan En utilisant le terme collectif nous mais sans savoir exactement qui il invoque le texte semble mettre en garde le lecteur spectateur par rapport la fiabilit des propos tourn s vers l avenir SANTIAGO SIERRA accueil cour N en 1966 Madrid Espagne Vit et travaille Madrid Les premi res uvres de Santiago Sierra sont des sculptures minimalistes avec lesquelles il rompt la fin des ann es 90 pour d velopper un travail de performer Il s engage alors dans la voie de la provocation et de la critique sociale pour une pratique artistique radicale qu il qualifie lui m me d activisme politique Ses uvres performances installations photographies vid os op rent toujours une lecture du contexte g opolitique dans lequel elles mergent sur un mode frontal brutal suscitant souvent des pol miques La virulence des propos de Santiago Sierra pour ne pas dire leur violence n ont pas d autre but que de d noncer les m canismes et effets du capitalisme et du n o lib ralisme tout particuli rement dans le domaine du travail Santiago Sierra fait intervenir dans ses performances des personnes qu il r mun re choisies pa
13. cette uvre SENER OZMEN N en 1971 Idil Turquie Vit et travaille Diyarbakir Auteur critique d art commissaire d exposition et artiste Sener Ozmen s attache l expression des diff rences culturelles et des traditions Ses r alisations vid os souvent ironiques et grin antes s inspirent la plupart du temps d un style documentaire la jonction entre le journalisme et la proposition artistique Si actualit politique turque et mondiale est pass e au crible au sein de ses installations vid os et de ses photographies Sener Ozmen propose la plupart du temps une expression m taphorique de ces troubles sociaux Ainsi pour Our Village 2004 l artiste filme deux fillettes entonnant une ritournelle sur leur village lieu a priori idyllique dans les premi res mesures du morceau Les uvres de Sener Ozmen supposent aussi souvent la vanit de l expression artistique Malgr une d marche engag e il s interroge sur la port e r elle du discours des artistes au sein d un march de l art souvent consensuel En 2004 il s associe l artiste Cenzig Tekin pour la vid o The Meeting or Bonjour Monsieur Courbet libre interpr tation du tableau 1854 de Gustave Courbet dans lequel l artiste fran ais se repr sente en conversation avec Alfred Bruyas qui a t l un de ses plus importants m c nes En reprenant leur compte cette sc ne pastorale les deux artistes t
14. de l enseignement du go t et de l autorit avec le n cessaire retour l objet et son d tournement En quelques ann es les deux artistes ont r alis une cinquantaine de pi ces Echappant tout genre d termin leurs uvres gardent un caract re nigmatique parfois proches de r bus Les images qu ils cr ent sont habit es de signes de pictogrammes qui semblent toujours mettre plat une r alit Mohamed Abdelwahab 1986 Mohamed Abdelwahab est la photographie couleur sur aluminium du musicien gyptien du m me nom au centre d une plaque peinte Mohamed Abdelwahab 1907 1991 tait un chanteur et compositeur gyptien tr s populaire sur la sc ne arabe au point d tre consid r comme l un des principaux artisans du renouveau de la musique arabe Il a galement jou dans plusieurs films et compos des chansons pour Oum Kalthoum Malgr cela il n est pas s r qu on le reconnaisse ici Extrait fortuitement de son contexte m diatique et culturel cette star de la chanson gyptienne devient ici l effigie d une personnalit sans doute connue en son temps mais que plus personne ne reconna t Le c t pop de l encadrement de l image en tondo accentue ironiquement ce d calage SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST Bad translations are cheaper 2008 Le projet Integratie 2007 des artistes Simona Denicolai amp Ivo Provoost a servi d amorce matricielle au projet
15. deux territoires de gangs ennemis indication de la pr sence d un dealer etc On retrouve dans cette uvre les th matiques ch res l artiste une proposition artistique pouvant s apparenter un ready made la culture adolescente le dialogue entre l art et la vie quotidienne l expression d une pratique porteuse d une forme de nostalgie mais sans cesse renouvel e VAAST COLSON Uused to be part of something Tu as eu l habitude de faire partie de quelque chose 2005 Il existe douze exemplaires de cette sculpture dition issus d un g teau rond d coup en parts gales Chaque dition num rot e comprend un morceau de g teau ainsi qu une bo te de transport qui sert de socle lors de la pr sentation de la sculpture Le titre de l uvre est par ailleurs pr sent chaque fois grav dans une plaque de bois et accompagn du dessin original Vaast Colson laisse cependant la possibilit de pr senter l ensemble de diff rentes fa ons Ce g teau se r f re aux diagrammes circulaires employ s pour les statistiques politiques conomiques sociologiques qui r pondent aux types d enqu tes men es ou command es parfois par les entreprises pour obtenir des renseignements sur leurs consommateurs Le titre Tu as eu l habitude de faire partie de quelque chose peut tre lu comme un clin d il ironique une soci t individualiste qui ne con oit la masse que dans
16. espace identitaire de l individu dans la soci t et dans l espace public pour questionner son rapport la chose politique Les limites entre l espace public et intime sont alors rendues moins nettes dans le travail de Denicolai amp Provoost Avec eux le langage est aussi un v ritable espace public qui va leur permettre de s emparer des m dias de la vie publique et des discours publics pour questionner le monde globalis les plateformes d mocratiques offertes l individu et l illusion de libert encore possible Bient t des ruines pittoresques depuis 2006 2011 Bient t des ruines pittoresques est une installation qui mixe des images et sons de CNN live avec une compilation de musique acide ou acid house genre de musique lectronique apparu Chicago dans les ann es 1980 et qui se r pand au d but des ann es 90 R activ e pour l exposition Yes we don t l uvre a d abord pour les artistes une finalit sculpturale en soi Ainsi le socle comporte une vitrine rendant transparente toute la machinerie technique n cessaire au fonctionnement du dispositif et change d esth tique selon le contexte Ici il s inspire des composantes architecturales du site en l occurrence le carrelage de l immeuble situ en face de l Institut La parabole install e l ext rieur du b timent et qui permet de capter la cha ne t l fonctionne comme une enseigne pour l exposition Les diff
17. le stand de march par exemple Pour Denicolai amp Provoost cette s rie d affiches trouve sa place c t de Bad translations are cheaper dans leur aspect d annonces publiques faites la population galement dans le paradoxe qu elles contiennent entre un appel au plus grand nombre et un contenu tr s pointu salle 5 JEREMY DELLER amp ALAN KANE cour salle 5 JEREMY DELLER N en 1966 Londres Grande Bretagne Vit et travaille Londres Pass par la Factory sur invitation d Andy Warhol rencontr en 1986 lors d un vernissage londonien Jeremy Deller ancre sa production dans le champ de la culture populaire qu il consid re comme un t moin de l histoire sociale en marche Ses interventions prot iformes largement influenc es par l id ologie rock o se combinent musique mise en sc ne des codes sociaux culturels et autres d tournements des genres sont teint es d ironie grin ante Les uvres de Jeremy Deller vont tr s vite s affranchir des codes de repr sentation habituels de l art contemporain En 1997 il d veloppe le projet Acid Brass dont le nom voque le rapprochement entre l acid house un genre de musique lectronique apparu Chicago au milieu des ann es 1980 et brass bands qui est le mot anglais d signant les fanfares L id e est donc litt ralement de faire interpr ter des morceaux d acid house par la fanfare de Williams Fairey
18. ne il se morcelle dans les rapports complexes que nous entretenons avec le r el Comment interagir avec son poque Est ce encore possible Quels sont les moyens sinon de perturber de noyauter le pr sent Peut on encore parler de territoires qui ne soient ni ceux des particularismes ni l espace abstrait de la globalisation ni ceux de l adh sion g n rale au politiquement correct Les artistes r unis dans cette exposition articul e autour des uvres de Bernard Bazile et de Simona Denicolai amp Ivo Provoost tentent d infiltrer des syst mes d int grer des zones d actions temporaires et d infl chir le processus de certaines r alit s Il s agit moins aujourd hui de d noncer ou de documenter que de pointer l espace critique et d y organiser les apparitions de multiples formes d insoumission La chose publique pouvoir politique et conomique espace de la rue et de la vie quotidienne r seau de la toile et media est alors mati re transformations ingestions d tournements transcodages micro actions individuelles et collectives Plus que support d engagement cr dule le langage y op re comme un outil transversal au service du non sens et d une ambivalence assum e Avec nergie et ironie m l es ces artistes laborent de subtiles strat gies par lesquelles ils affirment Yes une certaine n gativit we don t et manifestent leur subversion maintenant vite
19. p re d s son arriv e aux Etats Unis en 1946 et en raison des difficult s rencontr es par les Irakiens suite la guerre Michael Rakowitz cr e en 2006 une entreprise d import export entre l Irak et les Etats Unis Celle ci repose sur un principe double permettre aux familles irakiennes vivant aux tats Unis d envoyer gratuitement l objet de leur choix en Irak et pouvoir importer des produits irakiens suite la lev e des sanctions les concernant Si artiste choisit dans un premier temps les dattes madeleine de Proust de sa famille comme aliment d importation il prend conscience au fur et mesure des enjeux d une telle entreprise difficult s d accords de transports de douanes Son mauvais commerce en tant que bon art cristallise les nombreuses difficult s relationnelles de deux pays en guerre Cependant Return a aussi offert ses participants un espace communautaire et un r seau social Ils furent ainsi li s dans cette trange boutique par leur v cu et lattente des dattes l gendaires en Irak r put es les meilleures du monde salle 9 SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST To be here Happy 2005 Le projet est fond sur l id e d aller replanter un cactus dans son contexte d origine tout du moins un contexte fantasmatique la Death Valley dans le d sert californien et d utiliser les fonds de production pour r aliser une vid o qui
20. peut tre traduite en texte Ainsi chaque partie de l image correspond des coordonn es de chiffres et de lettres selon le code SVG dans lequel Denicolai amp Provoost ont cach le certificat d authenticit de la pi ce L image constitu e du mot PACE froiss comme un drapeau qui pend et de la ligne du pli est donn e par les artistes sous licence libre copyleft Elle peut donc tre librement copi e modifi e diffus e par le net tant que l historique des auteurs est mentionn Le collectionneur ou l institution qui ach te un ou plusieurs exemplaires de cette dition re oit donc en m me temps le certificat et la possibilit de rendre libre l image Les artistes incluent ainsi dans le m me objet le fonctionnement classique protectionniste du march de l art etun piratage positif de ce fonctionnement via le copyleft CAREY YOUNG I am a Revolutionary Je suis une R volutionnaire 2001 I am a Revolutionary est une vid o r alis e dans un espace vide de bureau o Carey Young se met en sc ne en situation laborieuse de formation sous le contr le d un formateur qui lui enseigne les techniques de pr sentation orale elle tente plusieurs reprises de formuler d une mani re convaincante la d claration I am a revolutionary L artiste r p te incessamment la phrase en travaillant le ton pour para tre cr dible dans une succession de tentatives plut t infruct
21. une vis e de consommation et de globalisation SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST Pace 2014 2028 2009 Pace est une dition de quinze impressions diff rentes sur papier coll es sur aluminium partir du m me motif du drapeau de la paix Les tirages se distinguent les uns des autres simplement par le fait qu ils perdent de l opacit et du contraste au fur et mesure La premi re utilisation du drapeau arc en ciel date de 1961 lors d une marche pour la paix il s inspirait alors des drapeaux multicolores employ s dans des manifestations contre les armes nucl aires Ce drapeau est devenu tr s populaire avec la campagne de 2002 commenc e comme une protestation contre la guerre en Irak Accroch sur de nombreux balcons notamment en Italie Pace da tutti i balconi ils se d coloraient peu peu Paix en italien le mot pace peut aussi se lire en anglais comme le rythme celui qui est notamment donn par la d clinaison des sept couleurs ainsi que par les d grad s de tons accroch s ici Le drapeau de la paix est proche galement du drapeau de la communaut homosexuelle six bandes color es En lisant contre sens cette partition de droite gauche on peut voir son volution chromatique vers l effacement comme une affirmation de la paix le blanc ou bien comme une m taphore de la d gradation de l engagement L image de Pace est un dessin vectoriel et
22. Bad translations are cheaper Invit s en 2007 Alost Aasit Belgique r aliser un 1 culturel dans le cadre de la r novation du centre d art Netwerk Denicolai amp Provoost se saisissent du concept d int gration activ par le principe de la commande publique Ils invitent la mairesse faire une performance en effectuant un geste inaugural in dit plut t que de cimenter la premi re pierre ou de couper un ruban il s agissait de jeter la pierre derri re elle par dessus son paule afin que celle ci tombe dans la rivi re la Dendre passant tout c t Ce geste qui r invente ici un rituel peut tre vu aussi bien comme celui de l indiff rence que comme celui d une superstition par exemple en Italie Pour annoncer cette performance les artistes ont r dig une annonce souvenir en n erlandais puis lont fait traduire en fran ais et en allemand les deux autres langues nationales ainsi qu en italien et en arabe les langues des deux plus importantes communaut s L utilisation de traducteurs automatiques gratuits comme Babelfish produit des textes d sarticul s qui s apparentent de la po sie sonore En pr sence de Edouard Martin d signe le mannequin sollicit par les artistes pour se faire le t moin officiel bien qu anonyme de ce moment symbolique Bad translations are cheaper constitue le second temps de cette action et permet de donner un souvenir personnel
23. EXPOSITION YES WE DON T 20 MAI 14 AO T 2011 INSTITUT D ART CONTEMPORAIN Villeurbanne Rh ne Alpes BERNARD BAZILE SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST VAAST COLSON FRAN OIS CURLET JOS DE GRUYTER amp HARALD THYS JEREMY DELLER amp ALAN KANE FRANCESCO FINIZIO RICHARD HUGHES JOHN KNIGHT AHMET OGUT SENER OZMEN amp ERKAN ZGEN JULIEN PR VIEUX MICHAEL RAKOWITZ SANTIAGO SIERRA JAVIER T LLEZ CAREY YOUNG Yes we don t est une affirmation paradoxale celle d un Non suspendu qui assume ouvertement son absence d illusion et de destination Il ne s agit pas ici de la r sistance d un Bartleby qui avec sa phrase rest e c l bre would prefer not to Je pr f rerais ne pas neutralisait la r alit pour en d r gler les normes Yes we don t serait plut t la formule d une attitude ludique transgressive parfois aux lisi res de l absurde le slogan d une posture o la suspension s affirme avant de d cider de ses possibles destinations et de mesurer l ampleur de sa r ception Yes we don t s nonce dans une p riode sans pr c dent multi polaire virtuelle et mondialis e marqu e par l acc l ration sans limites et sans rep res des donn es aussi bien m diatiques qu conomiques scientifiques et culturelles Ainsi la perception que nous avons du temps s est disloqu e pr cipit e tendue Le temps n est plus une notion homog
24. UYTER amp HARALD THYS Jos de Gruyter n en 1965 Geel Belgique Harald Thys n en 1966 Wilrijk Belgique Vivent et travaillent Bruxelles A travers des vid os installations dessins ou uvres sonores dans lesquels ils mettent en sc ne des personnages caricaturaux tragi comiques les deux artistes explorent la bestialit et la stupidit paradoxalement engendr es par la civilisation Jos De Gruyter et Harald Thys aiment jouer aux nigauds en s attachant davantage ce plaisir r gressif qu l expression d une critique soci tale stricte En ce sens et pratiquant assid ment la d rision la vision d senchant e et l auto d valuation de l art leur d marche rejoint la r flexion de Jean Yves Jouannais sur l idiotie dans l art qui pr ne un art vraiment idiot qui feint absence d intelligence L idiotie art vie politique m thode d Beaux Arts Magazine Paris 2003 En 2004 De Gruyter amp Thys organisent une performance reprenant les rites des communaut s furries une pratique initi e en Am rique du Nord o des individus se regroupent pour se livrer des f tes orgiaques d guis s en animaux Enferm s pendant deux jours dans une galerie visibles depuis la vitrine donnant sur la rue et rebaptis s pour l occasion Kwik et Kwak Les 48 heures Kwik Kwak les deux artistes caricaturent les pratiques de ces hommes et femmes visant lib rer leur anima
25. alors un hiatus entre la reproduction d un calcul d algorithmes et un travail manuel entre une production collective r alis e dans une bullition intellectuelle et une pratique la fois individuelle et paisible Si insurrection ou la r volution ont souvent t exprim es travers des repr sentations iconiques comme la figure r currente de Che Guevara Julien Pr vieux propose une nouvelle iconographie de la lutte issue d un proc d informatique r v lant ainsi l omnipr sence des nouvelles technologies dans notre vie quotidienne SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST ABC 2008 ABC est une vid o qui combine trois films pr sent s en boucle de dur es diff rentes C est tout d abord un film r alis dans une cole insertion Molenbeek commune bruxelloise o l on voit une classe d enfants d immigr s g s de six ans apprendre le n erlandais En raison de leur origine et de leur situation de vie ces enfants pourtant tr s jeunes apprennent donc ce qui peut tre consid r comme leur quatri me langue apr s l arabe ainsi que l criture coranique pratiqu s la maison et le fran ais parl dans la rue Le cours dans la classe s av re tr s vivant gestuel et corporel Sur un cran plac au premier plan appara t un film r alis en rotoscopie proc d cin matographique qui consiste transcrire image par image en animation la forme les actions et l
26. an zgen traitent de questionnements politiques li s ses origines kurdes et aux difficult s rencontr es en Turquie en raison d un nationalisme exacerb et d une arm e omnipotente Il se d finit comme un artiste activiste et traite dans ses photographies et ses vid os des probl mes sociaux et de la r alit quotidienne Diyarbakir o vit une majorit de r fugi s kurdes Ainsi pour la vid o Breath 2008 il se met en sc ne marchant dans les rues d sertes de la ville L artiste marche d un pas soutenu le visage couvert d un masque noir Ce n est qu la sortie de la ville qu il choisit de le retirer afin de respirer enfin Tout en s attachant d noncer la n gation de la culture kurde par le pouvoir central turc Erkan zgen produit des uvres qui voquent des probl matiques mondiales plus vastes En 2009 Eroristan pr sent e la Biennale d Istanbul traite la fois de la r forme de l alphabet par l tat turc qui gomme les lettres X Q et W de l alphabet kurde et de la soci t de consommation par un retournement du M d une c l bre cha ne de Fast Food Voil comment on peut interpr ter mon uvre McDonald est un symbole fort de la consommation mais dans mon pays c est la langue kurde qui est d vor e McDonald symbolise le Fast Food Or la consommation est la fois bas e sur la destruction et la production Et ces deux aspects cohabitent dans
27. cette performance avec des personnalit s publiques acteurs musiciens politiciens Est pr sent e la lettre la princesse Mathilde encadr e qui mat rialise le d but du projet et le synopsis de la performance Elle est accompagn e d une s rie de photographies de diff rentes princesses toutes align es par un m me trait de niveau qui les traverse Les artistes explorent ici le concept de repr sentation du pouvoir avec le passage de l image publique une situation priv e et interrogent galement les limites entre art et r alit entre imaginaire et r alit endormir pour de vrai une princesse repr sentant une incarnation in dite des contes de f e FRAN OIS CURLET Profiteur 2008 Fran ois Curlet reprend ici un dessin de Reiser sc nariste et dessinateur de bande dessin e qui a notamment particip au mensuel Hara Kiri et au journal Pilote dans les ann es 60 puis Charlie Hebdo dans les ann es 70 R alis sur une plaque maill e accroch e au mur par des illets en laiton le support du dessin voque les publicit s pour des produits de consommation L artiste d tourne ainsi l impact des marques en produisant un objet qui rappelle aussi une poque de contestation de subversion et d un type d expression non politiquement correct ERKAN ZGEN amp SENER OZMEN ERKAN ZGEN N en 1971 Mardin Turquie Vit et travaille Diyarbakir Les uvres d Erk
28. d art contemporain b n ficie de l aide du Minist re de la culture et de la communication DRAC Rh ne Alpes du Conseil r gional Rh ne Alpes et de la Ville de Villeurbanne INSTITUT D ART CONTEMPORAIN Villeurbanne Rh ne Alpes 11 rue docteur Dolard t l 33 0 4 78 03 47 00 69200 Villeurbanne fax 33 0 4 78 03 47 09 France www i ac eu
29. documente le projet Connaissant la l gislation qui emp che l importation d esp ces vivantes v g tales ou animales aux USA les artistes mod lent un faux cactus Le film montre les s quences d a roports et d avions puis l autorisation donn e pour le faux cactus entrer sur le territoire Il se termine par la plantation de celui ci un faux happy end qui accomplit la r alisation du projet tout en ex cutant un geste parfaitement st rile de planter un ersatz de cactus dans une terre aride Denicolai amp Provoost s int ressent ici aux questions de l original et de la contrefa on et pointent l opposition nature culture faussement r solue par un artefact Leaving the public 2010 Leaving the public est une performance que Simona Denicolai amp Ivo Provoost ont d j r alis e quatre fois Elle consiste inviter une personne c l bre qui apr s accord m dical accepte de prendre un somnif re L action se d roule dans la p nombre la fois pour favoriser l endormissement et viter tout voyeurisme en pr sence d un public relativement restreint Le projet a commenc en septembre 2010 avec une lettre remise la princesse Mathilde de Belgique par laquelle les artistes lui proposent le r le principal dans la performance Donnant la primaut au processus dans ce projet les artistes pr voient de solliciter l identique d autres princesses dans le monde et r alisent entretemps
30. du vide Balle perdue 2005 Ce film a t r alis pour inSite_05 pratiques artistiques dans l espace public San Diego en Californie la fronti re mexicaine quelques kilom tres de Tijuana Effectu e avec des patients d un centre de sant mentale mexicain l action consiste en une marche de protestation contre la vision de la maladie mentale v hicul e par la soci t actuelle Les manifestants portent des masques d animaux jouent de la trompette et arborent des pancartes faites la main Cette marche aux couleurs vives et festives l ambiance de carnaval culmine sur le site d une performance o David Smith homme transform en boulet de canon est projet dans le ciel franchissant ainsi la fronti re am ricano mexicaine mat rialis e par une palissade sous une pluie d applaudissements Le g n rique pr cisera qu il s agit du premier homme canon avoir franchi une fronti re Une fois de plus Javier T llez joue de la disjonction entre r el et r cit et associe t moignage documentaire et sc nario fictionnel Il combine deux pr occupations politiques distinctes bien qu ayant toutes deux voir avec l exclusion A la derni re s quence apr s l action spectaculaire de l homme projectile les participants enl vent leurs masques d voilant en gros plan leurs visages comme le portrait de toute une humanit qui se d voile peu peu Car ce qui int resse Javier
31. e forme moderne parce qu elles ont volu avec le temps et l histoire A la mani re d anthropologues ils ont cr une collection la fois t moin et hommage d une culture britannique qui inclut toutes sortes d opinions et de modes d expression sans craindre de choquer de d plaire voire m me de mettre en col re le public BERNARD BAZILE It s O K to say no 1989 1990 It s o k to say no tait le titre de l exposition de Bernard Bazile au Centre Pompidou Mus e National d Art Moderne en 1993 Formule la fois positive et n gative ce titre a valeur de logo Il s agit aussi du titre de la s rie r alis e en moquette partir d images issues de manuels d ducation pour les enfants L aspect g n ral est st r otyp la mani re des cartoons Quant au choix de la moquette il r pond l aussi un d sir d chapper la peinture en se situant d lib r ment dans un registre d art populaire et de reproduction Le titre pouvant se traduire par il est autoris de dire non formule une mise en garde l attention des enfants qui sont invit s se prot ger d fendre leur corps et leur int grit par rapport aux d sirs des adultes Une fa on d introduire une dissonance une id e de perversion dans cette s rie d images au vocabulaire na f Ici le perroquet devient l image embl matique de l ensemble par sa frontalit et la symbolique de la r p tition qu
32. es mouvements d un film avec fid lit et r alisme Ce film s inspire de la c r monie de remise des m dailles aux J O de Mexico en 1968 durant laquelle les coureurs noirs Tommie Smith et John Carlos ont brandi le poing gant pendant l hymne national am ricain en affirmation du Black Power et de sa protestation radicale et silencieuse contre le racisme Par un seul geste le podium olympique est alors transform en espace politique A droite de l image un deuxi me cran pr sente une compilation faite par Denicolai amp Provoost de dessins anim s existants dont ils ont essentiellement extrait des s quences agressives habit es de chiens qui aboient Sur fond d apprentissage scolaire dynamique d une dur e de 17 minutes se d roulent donc simultan ment la sc ne politique des sportifs 30 secondes et le collage d animation en contrepoint m taphorique d une oppression 3 minutes De par ces diff rentes temporalit s filmiques et les associations d images variables qu elles cr ent c est le regard du spectateur qui au final fait le montage La pr dominance du langage gestuel r active l id e d une protestation muette contre l exclusion en m me temps que la forme du dessin anim et l usage des couleurs renforcent l aspect p dagogique du message cour AHMET OGUT cour halle sud N en 1981 Diyarbakir Turquie Vit et travaille Amsterdam Pratiquant indiff remment
33. es qui m lent la r alit et la fiction les personnes et les personnages les acteurs et les regardeurs En 2004 avec La Passion de Jeanne d Arc Rozelle Hospital Sidney Javier T llez demande douze patientes d un h pital australien de r crire les dialogues du film de Carl Th Dreyer de 1928 Pour Caligari and the Sleepwalker Caligari et le Somnambule 2008 Javier T llez collabore de nouveau avec des patients d une clinique psychiatrique de Berlin pour d velopper une nouvelle narration partir du film allemand muet de Robert Wiene sorti en salles en 1920 Le Cabinet du Docteur Caligari Ce c l bre film expressionniste tait aussi l une des premi res repr sentations cin matographiques d un h pital psychiatrique L artiste joue avec le th me central du film l hypnose qui au del d une m thode th rapeutique est aussi un dispositif propre au cin ma par la puissance de l image Javier T llez consid re le medium populaire du cin ma comme un mode d expression permettant une pratique communautaire et une remise en question des id es st r otyp es Un film pour voir l cran comme un tableau noir sur lequel on peut r crire linfini Javier T llez in BOMB 2010 Non pas une pratique th rapeutique pour soigner les fous mais plut t pour soigner les sains d esprit de leur lucidit id One flew over the Void Bala perdida Un homme a vol au dessus
34. exion plus ouverte en regard avec les uvres pr sent es in situ des tablettes num riques sont pr sent es en acc s libre au public Le visiteur peut ainsi se connecter internet et d couvrir gr ce notamment aux r seaux sociaux une s lection d images de vid os et de sites web qui traitent des notions d infiltration de d tournement et de culture populaire abord es par les artistes de l exposition INFORMATIONS PRATIQUES YES WE DON T BERNARD Bazile Simona DEnicoLai amp Ivo Provoost Vaast CoLson FRAN OIS CURLET Jos De GRUYTER amp Haralo Thys JEREMY DELLER amp ALAN Kane Francesco Finizio RicHARD HUGHES JOHN KNIGHT AHMET OGuT SENER OZMEN amp ERKAN OZGEN JULIEN PR VIEUX MICHAEL RakowiTz SANTIAGO SIERRA JAVIER T LLEZ CAREY YOUNG Exposition du 20 mai au 14 ao t 2011 OUVERTURE du mercredi au dimanche de 13h 19h Visites comment es gratuites le samedi et le dimanche 15h ou sur rendez vous ACC S Bus C3 arr t Institut d art contemporain Bus 99 arr t Ferrandi re M tro ligne A arr t R publique Station v lo v 1 minute pied L Institut d art contemporain est situ 10 minutes de la gare Lyon Part Dieu TARIFS plein tarif 4 tarif r duit 2 50 CENTRE DE DOCUMENTATION sur rendez vous LIBRAIRIE sp cialis e en art contemporain accessible aux horaires d ouverture des expositions L institut
35. ge Une description du premier escalator dans un grand magasin d Ankara 1967 est ainsi incluse aux c t s du meurtre du journaliste arm nien Hrant Dink par un jeune nationaliste turc le 19 janvier 2007 Etudiant la repr sentation du pouvoir dont il tire des commentaires subversifs et teint s d humour noir l artiste m lange volontiers des documents r els avec des histoires fictives pour mettre l accent sur les r gles contraintes et incoh rences de la soci t et transformer la m moire collective uniformisante en une pluralit de r cits River Crossing Puzzle Puzzle de travers e de la rivi re 2010 River Crossing Puzzle est une installation interactive compos e de huit silhouettes de personnages grandeur nature que le visiteur est incit d placer librement en vue de r soudre l nigme propos e par un texte mural Ahmet Ogut transforme un puzzle traditionnel pour enfant en un jeu plaisant mais politiquement charg voire irr alisable Ainsi les protagonistes sont un soldat deux chiens de s curit un d mineur un kamikaze avec sa femme en fauteuil roulant et sa fille ainsi qu un colis suspect Les r gles du jeu faisant appel un syst me de logique exclusive invitent se creuser la t te pour trouver la bonne r partition de ce petit monde qui permettrait la travers e de la rivi re dans une fr le embarcation Au del des questions de logique c est la situation polit
36. iquement tendue entre les personnages qui complique s rieusement voire invalide la r solution du probl me moins de symboliquement tout faire sauter Avec l ironie qui caract rise souvent ses travaux Ahmet Ogut utilise le motif du jeu pour mettre en sc ne un arri re plan socio critique comme il l a fait pour d autres de ses uvres par exemple An Ordinary Day of a Bomb Disposal Robot Une journ e ordinaire d un robot de neutralisation des bombes 2009 o un robot sort d un sac suppos ment suspect un doudou SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST Let s have a look 2007 Le dessin r alis l adh sif se pr sente comme une application simple de la th orie des ensembles sauf que le plus petit d nominateur commun tabli ici par les artistes se fait dans la conjonction des verbes to look regarder et to have avoir par la proposition consensuelle et ironique let s have a look regardons Cette conjonction des deux verbes peut se lire comme une invitation ou une injonction Les termes renvoient aussi la question de l appropriation par la possession ou bien par le regard Elle illustre une pens e de l intersection qui joue sur le croisement des possibilit s en pr nant peut tre surtout la libert d observation Edit e en 25 exemplaires la proposition devient une uvre concept qui s ach te et qui interroge le statut d dition par rapport au dessin origina
37. itent la fois une perception imm diate et une lecture symbolique Associ e au sens de la vue la paire de lunettes se veut une figure embl matique valant comme mode d emploi utiliser comme un instrument d optique rendant perceptible le r el ceci pour bien s r d passer voire vacuer le niveau de la contemplation Nuance qui n existait pas dans les soci t s anciennes du Moyen Age au 18e si cle on parlait uniquement du roux alors tr s d consid r la couleur orange int resse tout particuli rement Bazile De mani re g n rale les couleurs sont toujours soigneusement choisies par l artiste qui tudie finement le mode de codification des couleurs leur emploi et leur symbolique selon les poques La carotte de bureau de tabac est associ e au sens de l odorat sens qui pour Bazile a un pouvoir fortement vocateur et a la particularit de n avoir pas de contour L enseigne du restaurant arabe est li e au go t toujours selon cet ventail des diff rents sens qui ont leur importance dans notre appr hension du r el Enfin la clef du serrurier symbolise louverture La clef est l donn e tout le monde je ne veux pas que l artiste paraisse le possesseur du sens Par rapport au petit commerce de l art ces enseignes indiquent sans doute ma volont de travailler tout commerce JEREMY DELLER amp ALAN KANE voir salle 5 Folk Archive Room 4 1998 2005 Snowdro
38. l ici magnifi et d multipli Noir between the sexes 2004 Invit s participer une exposition de groupe Lokaal 01 espace d art en deux lieux l un Breda Pays Bas l autre Anvers Belgique Denicolai amp Provoost ont film une performance en lien avec le passage de fronti re Deux limousines de location identiques roulant c te c te la m me vitesse constante entre les deux villes traversent la fronti re maintenant virtuelle entre la Belgique et les Pays Bas Le titre autorise plusieurs lectures Ses termes renvoient des probl matiques d exclusion ou de s gr gation dans la soci t noir sexes Mais le mot noir pourrait aussi tre remplac par art dans le titre de la vid o devenant alors une m taphore de la synergie de la pens e des artistes et de leur action cr atrice BERNARD BAZILE Les Enseignes 1991 Clefs bleues 1991 Assafir 1991 Lunettes orange 1991 Tabac 1991 Les Enseignes de Bernard Bazile sont bien repr sentatives de sa d marche orient e vers une r ception commune avec des formes usuelles renvoyant nos modes de repr sentation La relation imm diate qu il entend cr er entre la sph re artistique et le monde quotidien est ici exemplaire la forme et le mat riau sont choisis par rapport l exp rience que chacun peut en faire dans sa vie ordinaire Correspondant l imaginaire urbain Les Enseignes de Bazile susc
39. l italienne Et what else pour notre cha ne de production quitable Un filet lab lis pour attraper les cueilleurs Ensuite vient le sucre le coton des sacs what else JOHN KNIGHT N en 1945 Hollywood tats Unis Vit et travaille Los Angeles Architecte de formation John Knight d bute son activit d artiste la fin des ann es 60 sans que celle ci puisse tre assimil e seulement l art conceptuel tardif ou la conception radicale de l objet minimal La prise en compte d un contexte et son appropriation visant en r v ler la nature esth tique culturelle politique conomique etc constituent des axes majeurs du travail de l artiste John Knight d construit des signes provenant d un champ externe celui de l art ou bien modifie le sens de signes esth tiques en les transposant dans un r f rentiel extra artistique partir de 1976 dans une uvre intitul e Journal Piece il fait parvenir une centaine de connaissances des abonnements des magazines populaires tels que Sports illustrated New West ou Better homes and garden Cette ing rence dans leur intimit met galement en avant la strat gie de ce type de magazine dont on ne peut g n ralement se d barrasser sans avoir pris connaissance de leurs pages int rieures Celles ci proposent un ensemble de go ts et de repr sentations pr fabriqu es semblables des marchandises vendables des milli
40. la performance la photographie la vid o le dessin l installation ou l intervention dans l espace public Ahmet Ogut tisse des r cits polys miques qui naviguent entre cr ation artistique et vie sociale pour provoquer une conscience critique sur les ph nom nes socio politiques et les processus historiques des nations Ainsi l artiste se livre une observation pr cise de la vie quotidienne dont il rel ve souvent les absurdit s pour pointer les conditions d existence en fonction des contextes sociaux et conomiques S il entend restituer des faits de la r alit c est en les intensifiant ou en leur conf rant des images expressives ce qui peut les faire basculer vers la fiction Au del des petites histoires qui fa onnent n anmoins le corps de la soci t et du vivre ensemble Ahmet Ogut se pr occupe plus largement de l histoire des v nements historiques avec lesquels il faut souvent se r concilier ce dont ses uvres se font parfois la m taphore Cet int r t de l artiste pour l histoire se concentre le plus souvent sur les lacunes de celle ci sur les chemins de traverse de la m moire officielle de m me qu il est particuli rement li au devenir de son pays natal la Turquie Pour l installation Today of History 2007 et le livre d artiste ponyme Ahmet Ogut a compil des extraits de journaux turcs de 1961 2007 et a illustr chacun des textes par une ima
41. lit Une pr occupation centrale dans leur travail r side dans la notion de syst mes ferm s incapables de tol rer une influence ext rieure ce qu ils mat rialisent parfois physiquement dans l espace d exposition Il s agit d tre pers v rant et t tu de faire toujours la m me chose pour cr er un univers d cal dont la loufoquerie n a d gal que la d sesp rance Au c ur de leur production les objets omnipr sents sont t moins des idioties et de la vulgarit des hommes C est de constats d ceptifs port s sur l environnement quotidien que naissent quantit de projets et les situations absurdes qui vont notamment r p ter un acte volontairement d nu de sens en sont comme un prolongement La dimension symbolique merge alors du grotesque et de l outrance pour fustiger les modes par exemple dans le monde de l art contemporain les conservatismes le racisme etc Brigitte Pannecoucke 8 Impasse de la Pisselotte 59570 Houdain Lez Bavay France 2011 Pour cette uvre sonore Jos De Gruyter et Harald Thys ont compil diff rents r cits anecdotiques de fran ais moyen tels que l on peut parfois en saisir des bribes dans des bistrots Retranscrit en paroles par un logiciel le texte donne lieu une succession de petites histoires nonc es par une voix monocorde anonyme et toujours d cal e par rapport au propos Le phras ainsi fil
42. lle l entr e serait interdite un certain nombre de personnes This entrance is strictly prohibited tout en retournant cette proposition En effet les visiteurs qui lisent de nouveau ce texte le frottage g n rant un texte plus p le mais encore lisible ont d j franchi la premi re salle de l exposition Avec respect pour l uvre originelle Colson questionne galement la notion d auteur salle 2 BERNARD BAZILE salle 2 cour salle 5 N en 1952 Meymac France Vit et travaille entre Tulle et Paris Sans pr f rence de m dium Bernard Bazile pratique la photographie la vid o la sculpture la performance ou l installation Il d veloppe ses recherches autour de la notion d espace public et d espace publicitaire en abordant indirectement la question du r flexe pavlovien et du conditionnement de l individu Il explique qu il se pr occupe de questions qui concernent le champ de l exp rience afin de rendre visible perceptible et raisonnable l tat actuel du malaise et de l ins curit Il se tient en situation de vigilance face aux pouvoirs et au syst me des valeurs Bernard Bazile s int resse particuli rement la perception tactile et visuelle et s interroge sur la mani re dont notre acuit est stimul e afin de maintenir l adh rence au r el Accordant plus d importance l individu qu la soci t qui le domine il emploie volontairemen
43. n assemblage de divers l ments fournis par le contexte industriel et conomique du territoire selon ce qu ils appellent le principe du Play Mobil La maquette de Residenz pr sente un pavillon de jardin un hangar industriel d aspect moderniste une citerne une armoire m tallique en cho aux formes d j pr sentes couramment dans le paysage Elle comporte galement des produits d riv s dessins vid os table de travail plans plantes qui indiquent le caract re composite et modulable de cette habitation Ce projet vient la suite d autres travaux des artistes visant d j constituer un espace priv dot d une dimension publique avec une porosit sociale entre la sculpture et son contexte 1998 Nantes sur la Dan Graham Plaza Logos Saint Nazaire Building Underwood dans les Pyr n es en 1998 Outre la cr ation d un espace r sidentiel ind pendant sous la responsabilit des artistes l un des propos principaux de Residenz est d inverser les r les par rapport la politique de l art public en France Ainsi les artistes ne r pondent pas une commande mais proposent aux pouvoirs publics une pi ce qui engage leur vie puisqu il s agit d habiter r guli rement dans le parc Ils posent aussi la question de la propri t de l int rieur d une uvre d art Celui ci continue d appartenir aux artistes affirmant une autre forme authentique et forte de
44. n de nouvelles de l actualit jusqu les rendre incompr hensibles Earthworm since 2001 2001 Le dessin consid rablement agrandi d un ver de terre est appos par adh sif sur un mur Tr s stylis et l gend par les termes de pass pr sent futur il prend d embl e son statut all gorique Le ver de terre repr sente en effet pour Denicolai amp Provoost la m taphore de l esth tique cr atrice et au del d une certaine forme d esth tique de vie Totalement travers par son contexte le ver de terre avance par ingestion assimilation et excr tion En v ritable ing nieur du sol le ver de terre a du reste un r le cologique majeur pour le labourage et la fertilit de la terre la production de compost l limination des d chets etc Dans cette action permanente d avaler et de restituer son contexte pour survivre et voluer dans son environnement le ver de terre synth tise une image qui r sume la posture des artistes celle d un continuum cr atif poreux et assimilatif VAAST COLSON salles 1 et 7 N en 1977 Kapellen Belgique Vit et travaille Anvers Vaast Colson choisit d axer sa pratique artistique sur le processus m thodologique de la conception d une image plut t que sur l objet fini Appliquant les principes du Do It Yourself fais le toi m me les formes et les contenus de l artiste expriment souvent un regard ironique p
45. ne fusion singuli re entre art conceptuel persistances dada stes imagerie pop et sp culation mentale de type situationniste Avec une grande vari t d outils et de mat riaux l uvre de Fran ois Curlet emprunte aux domaines du conte de la t l vision des changes conomiques de la communication mondes m diatiques contemporains dont il concocte de savoureux d r glements Ainsi ces l ments qu ils soient objets signes messages sont soumis divers d placements et transformations qui d tournent ou invalident leurs fonctionnalit s Pour tablir ces glissements l artiste ne se prive pas d user de divers processus qui produisent galement des commutations de sens la discontinuit l hypertrophie et la r p tition des motifs la d construction du fait visuel l effet de pr sence incongrue les jeux linguistiques et les d rapages s mantiques Ces op rations de d calage se combinent une r flexion men e par Fran ois Curlet sur le monde conomique et les r gimes de production en int grant dans nombre de ses uvres des proc d s propres l conomie production flux tendu division du travail et sous traitance Ainsi a t il cr et d pos en 1996 la marque People Day qui lui permet d estampiller librement toutes les formes de son activit d artiste ainsi que leur diffusion Sea Food 1994 Avec Sea Food Fran ois Curlet met en sc ne une
46. ntifier imm diatement Ces hommes publics sont ici montr s dans des attitudes banales des gestes ordinaires qui vont l encontre des ic nes m diatiques en usage Bazile a voulu montrer comment des hommes d tat personnages habitu s l hypercontr le de leur image peuvent appara tre dans des situations o l image cesse d tre artificielle pour devenir commune Bernard Bazile compare volontiers la vision qu implique ce dispositif o il est difficile de capter simultan ment toutes les images qui d filent au syst me de vision p riph rique de la mouche facettes avec environ 300 images per ues par seconde contre 5 ou 6 pour l tre humain Organis selon un d roulement al atoire le d filement des images peut aussi voquer le fonctionnement d une machine sous L artiste veut inciter la mobilit du regard selon la conviction qu il n y a pas de perception sans mouvement Dans ce zapping de l il il s agit aussi de sensibiliser un tout politique indiff renci qui nous interroge de mani re grin ante sur des syst mes de valeurs salle 3 FRAN OIS CURLET salle 3 halle sud salle 9 N en 1967 Paris France Vit et travaille Paris La d marche de Fran ois Curlet est aussi bien conceptuelle que situ e aux lisi res de l exploration du non sens et de l inconscient H ritier la fois de John Knight et de Jef Geys l artiste op re u
47. ollaboration avec Jeremy Deller J ai toujours d fendu la position que l art existe avec ou sans l artiste professionnel Ainsi chacune des uvres d Alan Kane est consid rer comme une valorisation de la cr ativit populaire Alan Kane s associe souvent d autres artistes pour la r alisation de projets artistiques et dans le cadre de commissariats d exposition Sa collaboration avec Jeremy Deller dans le cadre du projet Folk Archive et de la r alisation de la Steam Powered Internet Computer en 2002 est la plus connue Folk Archive Room 4 1998 2005 Fonds documentaire collect par les artistes Jeremy Deller et Alan Kane afin de donner une autre vision de l an 2000 au Royaume Uni que celle propos e par les c r monies du mill naire Folk Archive est un rassemblement de tous les objets et les images qui repr sentaient une version non officielle de la Grande Bretagne Pendant pr s de cinq ans Deller et Kane ont parcouru le Royaume Uni pour r unir des objets des enregistrements vid os et des photographies qu ils consid rent comme des traces de traditions folkloriques et comme les t moins de la vie cr ative du pays La majorit des l ments r unis dans Folk Archive sont contemporains m me si beaucoup appartiennent une tradition vieille de plusieurs centaines d ann es Par exemple la plupart des f tes populaires sont tr s anciennes et prennent aujourd hui un
48. ons de lecteurs potentiels La formule 2008 La formule texte crit avec des n ons est pr sent sur le mur de la salle d exposition L emploi du mat riau renvoie d embl e une pratique courante chez John Knight l utilisation d objets du quotidien dont il va red finir les contours et la fonction l aide du langage Si l on peut apparenter visuellement l ensemble une enseigne publicitaire les mots agissent cependant comme des agitateurs s mantiques La formule suppose ainsi une multiplicit d approches et de lectures ch res John Knight id ologiques le bon mot politique conomiques le calcul le syst me sociales les convenances et coutumes comme la politesse culturelles le rituel magique ou religieux Cette uvre fut pr sent e pour la premi re fois en 2008 dans le cadre d une exposition intitul e Je pr f rerais ne pas en r f rence la c l bre formule du personnage de Bartleby de Herman Melville Devenue l un des symboles d une forme de r sistance passive cette phrase rencontre un cho fort dans la pratique de John Knight En effet l artiste est connu aussi pour avoir renforc sa posture atypique dans le champ de l art contemporain en refusant d adopter une formule artistique impos e par le march SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST Kisses 2006 Un sticker en format carte postale tenu par un aimant est pr sent sur un tablea
49. ort notamment sur les conventions du march de l art Ainsi lors de la foire Art Brussels en 2007 il propose de r aliser sur cinq jours une performance o il met en uvre un principe de troc devant donner lieu plus tard une dition et qui vient d une certaine mani re se positionner encontre du fonctionnement conventionnel d une foire d art contemporain Comme une r f rence aux enfants qui organisent un troc avec des pommes ou des ufs je voulais changer l une de mes uvres contre une autre uvre et ce travail contre un autre et ainsi de suite L id e derri re cette dition limit e tait de soutenir la galerie Maes amp Matthys dans la location de son stand car ils ne pr sentaient pas d uvres la vente Les qualificatifs ne manquent pas pour d signer le caract re parfois d routant du travail de Vaast Colson une recherche de la r sistance une attitude punk l une de ses uvres se r f re au morceau No More Heroes du groupe The Stranglers 1977 ou encore une farce ironique L artiste s interroge sans rel che sur la condition le r le ou la place de l artiste dans la soci t en r alisant de nombreuses performances live ou des sculptures photographies et dessins qui manent toujours d une situation ou d un contexte particuliers En proposant des relectures ou d tournements d uvres de ses pr d cesseurs et de principes m thodologiques du langage
50. ourd hui Ce dernier a pour vocation de concevoir et installer en milieu urbain des habitats nomades destination des sans abri du Massachusetts de New York et m me de Ljubljana en Slov nie Cette proposition artistique n e d un change de r flexions avec des populations locales de sans abri consiste en des habitats gonflables chauff s gr ce aux bouches d a ration des b timents D autres projets en lien avec la notion de nomadisme verront ensuite le jour comme P LOT une tente en forme de voiture permettant aux pi tons qui veulent faire du camping en bordure de la rue de s approprier les places de stationnement Marqu d s son plus jeune ge par les t moignages de ses grands parents venus se r fugier aux tats Unis dans les ann es 40 et par les images t l vis es de la premi re Guerre du Golfe Michael Rakowitz tend contrecarrer par ses propositions artistiques un processus de dislocation voire m me d effacement culturelle En 2006 il cr e The Enemy Kitchen des cours de cuisine dispens s dans certaines coles de New York et de Californie partir des recettes des m res des l ves afin de rendre visible la diversit des origines Return 2004 J ai ouvert en 2006 une boutique sur Atlantic Avenue Brooklyn l un des quartiers de la communaut arabe de New York dans le cadre d un projet intitul Return En hommage l activit professionnelle de son grand
51. p l l phant m canique 2004 Au milieu de la cour se dresse un l phant m canique nomm Snowdrop une machine con ue par Peter Clare inventeur anonyme qui parcourt la campagne anglaise avec son animal sur roulettes afin de comm morer les parades de cirque Snowdrop est l un des tonnants objets tout comme la banderole rouge qui l accompagne r colt s par Jeremy Deller et Alan Kane dans le cadre de leur projet Folk Archive dont une s lection est pr sent e en salle 5 FRANCESCO FINIZIO N en 1967 New York Etats Unis Vit et travaille Plouzan France Durant les ann es 2000 Francesco Finizio d veloppe des dispositifs qui poursuivent son exploration des questions de transaction de circulation et d exp rience et sa mise nu de la difficult de transmission Proc dant toujours par r sonances visuelles et associations d id es il se livre diverses exp rimentations qui passent par le jeu ou la r verie et qui fr lent souvent l absurde Les uvres de Finizio sont souvent des dispositifs d coute et de transmission qui rendent l action incertaine suspendent le temps et chappent totalement une logique de productivit de performance et d exactitude La transmission s effectue alors toujours dans l cart la perte et l approximation Centre de Tri Visuel 2002 2003 Finizio questionne notre potentiel d exp rience dans un monde ultra contr l commercialis e
52. plastique ou de l histoire de l art Vaast Colson s inscrit dans la prolifique sc ne d Anvers qui fut le lieu d une certaine avant garde dans les ann es 60 et 70 Il s associe tr s souvent avec d autres artistes tels que Lieven Sigers Pol Matth Dennis Tyfus ou encore Stijn Colson avec lequel il a fond le groupe de Kraut Rock The Heavy Indians Cette prolif ration cr atrice r v le aussi une volont de rechercher les limites de l art contemporain D un ton pourtant jamais dramatique les uvres de Vaast Colson portent malgr tout en elles autant d absence d espoir que d illusions contrari es produites par un artiste anti h ros aux actes souvent inutiles dont il ne reste la plupart du temps que des traces Frottage 2011 Vaast Colson a con u cette uvre dans un esprit d improvisation pour jouer d une situation celle de l exposition et en quelque sorte donner un prolongement la pi ce de Santiago Sierra qui accueille le visiteur l entr e Il a ainsi r alis un frottage de la plaque de Santiago Sierra Door Plate accroch exactement dans l axe de celle ci comme un cho Vaast Colson choisit la technique du frottage comme mode d expression tr s populaire permettant une appropriation facile Sur un mode ludique sans cynisme il s agit pour lui de relativiser le propos assez violent de Santiago Sierra et de d calquer l annonce ironique de Sierra selon laque
53. pour un hypoth tique parc d attraction des trous sont creus s dans le site des installations provisoires y sont r alis es dont il garde la trace par une s rie de photographies qui donnent lieu l dition de cartes postales Pour restituer Promise Park Francesco Finizio cr e un environnement l esth tique de chantier en contreplaqu et mat riaux de r cup ration dans lequel il met en vente la s rie de cartes postales Trois vid os sur moniteurs sont galement encastr es dans le mur et diffusent des plans fixes du site L artiste explique que le titre convoque la notion de promesse d un monde id al travers la mise nu du signe l image le clich le langage les objets l action et des m canismes du d sir Ainsi le terrain vague se pr sente comme un chantier sans finalit en perp tuelle transformation dont l artiste tente d puiser toutes les possibilit s Se succ dent des vues de crat res plus ou moins habit s d eau boueuse de signal tiques de chantier de mannequins costum s avec des v tements r cup r s de pancartes crivant sur fond de soleil couchant et de paysage aride des textes faits pour croire un monde meilleur DAY DREAM FREE PARKING ELDORADO SPACE MOUNTAIN Les vues de Francesco Finizio ont parfois un caract re hallucinatoire et semblent capter nos r ves collectifs travers des projets de constructions toujours
54. r sidence d artiste Ce projet a donn lieu l dition d un journal FRAN OIS CURLET MoonWalk 2003 Comme souvent chez Fran ois Curlet MoonWalk est une uvre qui se pr sente sous la forme d un objet du quotidien en l occurrence un outil de signalisation des passages pi tons am ricains que l artiste d tourne par une modification du m canisme et un jeu sur le langage En plus de d placer l objet hors de son contexte urbain Fran ois Curlet glisse entre les expressions Walk marchez et Don t Walk ne marchez pas une injonction au spectateur Moonwalk la fois chim rique marcher sur la lune chor graphique le pas dans de Mickael Jackson par lequel il se d place reculons tout en cr ant l illusion gestuelle qu il avance et donc ludique et humoristique salle 8 MICHAEL RAKOWITZ N en 1973 Great Neck Etats Unis Vit et travaille Chicago D origine jud o irakienne Michael Rakowitz s attache traiter de probl matiques politiques li es notamment aux relations entre l Occident et l Irak ou plus largement la reconnaissance des diff rences culturelles D s ses premi res uvres l artiste emploie un principe participatif afin de g n rer un dialogue et une construction commune avec les publics Alors qu il est encore tudiant Michael Rakowitz con oit un projet d envergure intitul paraSITE 1998 qu il poursuit encore auj
55. r le m me plan pour une harangue radicale qui finit par devenir sinon absurde et dr le en tout cas volontairement manich enne et ultra focalis e citoyens non am ricains non europ ens personnes pr tes faire des attentats contre les Etats Unis contre les int r ts de l Union europ enne etc Santiago Sierra entend une nouvelle fois mettre mal l aise le spectateur qui aura peut tre du mal se reconna tre dans cette liste moins qu il mait plut t du mal ne pas s y trouver salle 1 SIMONA DENICOLAI amp IVO PROVOOST salles 1 3 4 cour halle nord salle 7 halle sud salles 9 10 Simona Denicolai n e en 1972 en Italie Ivo Provoost n en 1974 en Belgique Travaillent ensemble depuis 1997 et vivent Bruxelles Multiformes et multi formats sculptures vid os dessins installations ditions les uvres de Simona Denicolai amp Ivo Provoost sont souvent volutives et peuvent entre autres consister en des actions directes et immat rielles qui font intervenir d autres personnes Elles jouent sur les interconnexions les rappels les renvois selon un principe permanent de porosit de genre de contenu et d attitude Leurs productions sont donc aussi bien des uvres traces que des uvres d riv es ou des projets d clin s qui portent en elles de nouveaux potentiels et constituent un continuum cr atif l encontre du mythe de l uvre achev e
56. rents l ments de l installation produisent une amplification r ciproque de significations ainsi la transmission d information bascule volontairement vers la saturation sonore et vers la distorsion Simona Denicolai amp Ivo Provoost associent un go t personnel le choix de la musique une information universelle autrement dit un espace priv l illusion d une objectivit publique Le socle cam l on chaque fois color par le petit monde d une situation locale garde en quelque sorte la m moire de divers habitats et se confronte au big world de la globalisation m diatique pour exprimer your world today votre monde aujourd hui Le titre de l installation provient d un graffiti d apr s mai 68 qui tait l un des premiers t moignages de la d ception quant l illusion de pouvoir changer le monde Times 2010 Times est une dition en cent exemplaires More Publishers Sunday Bruxelles pr sent e encadr e au mur Elle reprend la mani re dont les journaux sont repr sent s dans les bandes dessin es les pages de journal sont mim es par un dessin de type impressionniste o le texte est r duit sa plus simple expression des traits ou des taches Si la composition d ensemble ne laisse pas de doute quant l identit du document celui ci est ici sch matis jusqu l illisibilit Times r pond Bient t des ruines pittoresques par la distorsio
57. rformativit d esprit critique et d autonomie Les uvres de Carey Young mettent l accent sur les interconnexions entre les syst mes conomiques le vocabulaire juridique et la culture contemporaine L artiste utilise souvent le langage et les m thodes propres au monde des multinationales et des cabinets d avocats internationaux textes administratifs strat gies de formation Se pla ant elle m me comme une initi e ces syst mes pr dominants elle adopte une position volontairement ambigu entre critique et complicit Ainsi certaines de ses uvres consistent en des contrats juridiques des sessions de formation d entreprise ou des discours performatifs m lant langage politique et jargon professionnel Elle s adjoint fr quemment la collaboration de diff rents experts pour la r alisation de certaines de ses pi ces avocats soci t s de communications etc Cautionary Statement Mise en garde 2007 Cautionary Statement consiste en un texte mural en vinyle qui se pr sente comme les tests de contr le de la vue avec une diminution progressive de la taille des caract res chaque ligne jusqu l illisibilit l il nu Ce texte se base sur les d clarations prospectives ou communiqu s pr visionnels publi s dans les rapports annuels d entreprises aux Etats Unis et qui constituent une sorte de d gagement de responsabilit Ainsi ces d clarations de d menti permettent
58. rmi les franges les plus d sh rit es et marginales de la soci t En s attribuant lui m me le r le de l employeur oppresseur l artiste rejoue une logique de domination et d ali nation pour mieux d noncer l asservissement par le travail Ne se posant jamais en artiste d miurge et toujours d sireux de rudoyer la bonne conscience du spectateur Santiago Sierra largit sa d marche contestataire et provocatrice en n pargnant pas non plus les militants r volutionnaires eux m mes Door Plate Plaque de porte 2006 Une plaque en m tal au caract re coercitif This entrance is strictly prohibited Cette entr e est strictement interdite num re de nombreuses cat gories de personnes o il semblerait la premi re lecture qu une large part soit faite aux d favoris s d une r alit conomique et sociale malades mentaux sans abri prostitu es immigr s sans papier Mais l artiste tend son pan gyrique aux personnes affect es d une mani re ou d une autre d une d pendance d un handicap ou d un tat fragilisant fumeurs alcooliques toxicomanes aveugles sourds femmes enceintes gens sans compte en banque gens ne parlant pas anglais Sont ajout s des militants activistes quels qu ils soient terroristes gens portant des armes feu des armes nucl aires ainsi que des traits de caract re menteurs joueurs cyniques Tout le monde ou presque est mis su
59. s le pr sent un moyen d appr hender le contemporain tout en restant en prise avec l Histoire laquelle a d termin les contours de la soci t telle qu elle nous appara t aujourd hui En ce sens ce travail s int gre dans un champ de signes culturels comme une m diation un passage reliant poques et contextes au sein desquels semble se mettre en place une forme de lien immat riel ALAN KANE N en 1961 Nottingham Grande Bretagne Vit et travaille Londres La pratique d Alan Kane est multiple Photographies sculptures installations performances v nements et vid os sont le support de ses recherches qui concernent l histoire de l art le commissariat d expositions ainsi que ce qu il appelle les pratiques socialement engag es Il tend troubler les fronti res entre l artiste et le spectateur prouver le syst me hi rarchique qui privil gie certaines formes artistiques et tablit une distinction entre ce qui serait de l ordre du Grand Art et les activit s culturelles communes Ainsi il vise une d mocratisation de la production et de la diffusion de l art et de la culture La remise en cause des hi rarchies et des formes de production artistique ou culturelle a toujours t l un des aspects des projets que j ai entrepris Cela est vrai la fois dans le cadre de ma pratique personnelle mais aussi pour des projets long terme en c
60. situ e dans la banlieue de Manchester Selon les mots de Jeremy Deller il s agit de deux formes de musique ayant beaucoup de choses communes avec des traces videntes de folk et d activisme politique dans chaque cas En r unissant ces deux formes de musiques populaires fortement implant es dans le nord de l Angleterre et troitement li es aux classes ouvri res Jeremy Deller parvient faire cohabiter des symboles Sous le r gime lib ral de Margaret Thatcher alors que l industrie vivait un important d clin on encouragea les ouvriers rejoindre les fanfares afin qu ils vitent de se retrouver au pub Dans le m me temps alors que la soci t ne cessait de se durcir les clubs taient amen s fermer plus t t obligeant la jeune g n ration organiser des f tes clandestines dans des usines d saffect es c est ainsi que na tront les premi res rave parties co ncidant avec l apparition de la house Dans Acid Brass se joue donc une partie de l histoire sociale anglaise de la fin du XX si cle comme un trait d union entre deux g n rations que l on a tent de museler Cet int r t pour l histoire sociale au sein de la production de Jeremy Deller ne cessera de se r p ter La reformulation de la bataille d Orgreave The Battle of Orgreave 2001 en est une illustration significative Au regard de l uvre de Jeremy Deller la m moire agit comme un spectre du pass dan
61. t des formes mati res et couleurs choisies pour leur caract re familier pour la dimension commune publique de la r ception des uvres Ainsi ses uvres ont elles souvent un c t manifeste tablissant une relation imm diate entre la sph re artistique et le monde quotidien Au tout d but des ann es 80 Bazile met son travail l preuve d autres terrains que la galerie ou l institution et investit le m tro le terrain vague l appartement bourgeois Il travaille ensuite de 1983 1987 en collaboration avec l artiste Jean Marc Bustamante sous le nom de BazileBustamante devenu en lui m me une sorte de logo En 1989 il d cide de s attaquer une uvre embl matique du XX si cle la Merda d artista 1961 de Piero Manzoni Les Chefs d tat 1993 L installation vid o consiste en une projection simultan e sur quatre crans de grand format de portraits d une quarantaine de chefs d tat li s des p riodes des r gimes et des pays tr s diff rents Bernard Bazile a op r des rapprochements purement formels m mes gestes m mes situations qui peuvent s av rer parfois explosifs quand ils font se c toyer d mocrates et dictateurs ex Giscard d Estaing caressant ses chiens Hitler photographi dans la m me sc ne Toujours dans le souci d un inconscient collectif et d une culture commune Bazile montre des hommes connus que tout un chacun puisse ide
62. t pr fabriqu Ce regard d cal et doucement critique port sur la soci t et ses st r otypes peut aussi faire intervenir la pr sence animale Canary Island 2004 fait piloter de mani re impr visible par un canari la programmation musicale d une station radio pirate Francesco Finizio aime mettre en friche ou en mutation des lieux pour souligner un processus et pour mieux brouiller les fronti res par exemple entre le monde de l art et celui de l entreprise How I Went In amp Out of Business for Seven Days and Seven Nights 2008 galerie ACDC Bordeaux devenue un chantier commercialisant successivement divers mat riaux en sept jours Dans cet int r t pour les sites investis pouvant devenir des no man s land Finizio r alise Jackson Hole 2008 qui parodie et parasite Neverland le parc d attraction cr par Michael Jackson Promise Park 2010 Promise Park est une uvre qui a d abord t produite et pr sent e dans le cadre de la Biennale d art contemporain des Ateliers de Rennes Ce qui vient 2010 A Rennes Francesco Finizio a investi un terrain constructible pr t par la soci t LaMotte Immobilier Prenant le parc comme point de d part parc d attraction parc th me parcage de b tail ou zoo humain j ai abord le site comme une mine dont il fallait puiser les richesses Pendant plusieurs semaines l artiste transforme donc ce terrain vague en chantier
63. tr donne aussi l impression d tre ralenti comme si la narratrice avait du mal articuler et ordonner sa pens e Les r cits vont d une histoire de br lure apr s avoir trop fait chauffer un biberon de lait dans un micro ondes br lure soi disant gu rie par des pri res des consid rations narcissiques la femme prend le temps de masser son corps et red couvre avec plaisir la joliesse de ses courbes elle a pris des cours de danse lui permettant une am lioration de ses prestations sexuelles en passant par des blagues idiotes des vocations racistes et des commentaires d taill s sur des choix de d coration int rieure ou comment une uvre de Bruno Peinado achet e la Fiac 2006 peut entrer en harmonie chromatique avec les l ments d un salon A travers ces narrations besogneuses Jos De Gruyter et Harald Thys dressent un catalogue dans l air du temps digne d une certaine presse f minine o les questions soci tales se r duisent comment rester sexy Comment r ussir ses implants mammaires Comment am liorer son confort mat riel sans changer ses habitudes Au del de leur caract re path tique ces micro r cits d peignent galement une forme de d sarroi de l tre humain contemporain qui use sans cesse de micro strat gies quotidiennes pour maintenir un bien tre tr s menac LINKS Pour prolonger le propos de Yes we don t et permettre une r fl
64. u m tallique Il nonce de mani re sibylline un au revoir adress par le gouvernement la population Les artistes le commentent ainsi dernier au revoir du pouvoir ex cutif aux lecteurs sugg rant que les r gles routini res de la d mocratie ont finalement compromis la passion et la finesse d une histoire d amour prometteuse Oh cher o s en est all le vrai pouvoir Le message est volontairement en petit format pour repr senter une chelle intime Une r duction du public vers le priv s op re pour s adresser avant tout l individu salle 4 JULIEN PR VIEUX N en 1974 Grenoble France Vit et travaille Paris Les uvres de Julien Pr vieux se d clinent sur plusieurs supports vid os images peintures sculptures diagrammes lettres installation etc Toutes ont en commun l expression d une r sistance aux codes tablis sur un mode ludique et souvent irr v rencieux D s les ann es 90 l artiste r alise des vid os performatives interrogeant la n cessit d inventer un nouvel usage de nos espaces quotidiens d envisager une conduite in dite en soci t Avec Crash test mode d emploi en 1998 il propose ainsi une vid o de d monstration d un mod le de comportement adopter lorsque l on porte un tee shirt sp cifiquement r alis par l artiste et qui reprend la cible des crash tests automobiles Ce principe d interrogation des comportements
65. ueuses Les mots ne semblent pas poser probl me pour le formateur qui les traite comme n importe quel message pouvant tre d bit un public qui reste en l occurrence ind fini Tandis que l artiste exprime un malaise et essaie d int rioriser le message pour qu il puisse devenir cr dible ses propres yeux Cette phrase engag e h rit e d un esprit d avant garde pourrait tout aussi bien tre prononc e avec loquence par un dirigeant d entreprise que par un militant politique anti mondialisation Prononc e dans le monde actuel et dans ce contexte elle cristallise le fait que les modes de dissidence n chappent pas la marchandisation Film e dans un cadre professionnel o les parois de verre laissent entrevoir des employ s de bureau plong s dans leur t che au sein d espaces cellulaires la sc ne d peint l artiste et son coach dans la qu te path tique d une position radicale halle sud AHMET OGUT Send Him Your Money Envoyez lui votre argent 2010 Avec cette uvre sonore Ahmet Ogut r active une pi ce de l artiste am ricain Chris Burden Send me your money une performance r alis e en live sur la radio libre KPFK de Los Angeles le 21 mars 1979 Il s agissait d une pi ce parl e durant 55 minutes et 16 secondes par laquelle l artiste performer qui s tait rendu c l bre d s le d but des ann es 70 par ses actions corporelles le mettant parfois en danger
66. un moment protocolaire La r activation de la pi ce Integratie donne ainsi lieu une nouvelle performance Cinq tables dont le quatri me pied est toujours diff rent sont install es correspondant aux cinq langues Le public est invit reconstituer un puzzle dont l image v ritable ne lui est pas donn e mais seulement l image individuelle et mentale qu il peut forger partir du texte de l annonce Les artistes s attachent ici l id e d une laboration individuelle et active m me si l image reconstruire reste fragile tout comme le geste qu elle m morise Associ cette uvre bien qu autonome le cartel Ce qui s y passe est un texte issu d une promenade psycho g ographique dans Wikip dia Sur la base d un savoir encyclop dique et en se laissant aller des associations d id es le r cit se pr sente comme un cadavre exquis personnel dans lequel affleure la notion d ph m re Fordham 2009 2010 by a b a k e Sept affiches de la Fordham Gallery de Londres sont pr sent es de diff rentes dates et chacune avec une couleur diff rente Con ues par le collectif de graphistes londoniens a b a k e elles relatent les divers v nements artistiques organis s par la galerie dans l espace public Des photographies N amp B ins r es dans un syst me graphique de cadres color s embo t s montrent comment les expositions r utilisent des mod les existants
67. urcs choisissent de transformer le sens de la narration sur un ton proche du th tre populaire le m c ne vient en r alit critiquer de mani re acerbe l attitude et le travail de l artiste Cette uvre comme bien d autres participe de cette image de lui m me que Sener Ozmen emploie souvent dans son travail artistique celle d un anti h ros The Road to Tate Modern 2003 En 2003 Sener Ozmen organise l exposition Eyes Contact avec Erkan zgen au Centre d art de Diyarbak r capitale du Kurdistan turc Dans la vid o The Road to Tate Modern les deux artistes se mettent en sc ne habill s d un costume de cadre sup rieur chevauchant respectivement un ne et un cheval travers les montagnes d sertiques de la Turquie afin de rejoindre la Tate Modern le c l bre lieu d exposition londonien Le visiteur suit donc cette qu te la Don Quichotte dans un paysage naturel au cours de laquelle les deux protagonistes vont tour tour observer leur environnement de mani re m ditative se quereller r v lant ainsi le rapport hi rarchique de leur relation et interroger un voyageur qui croise leur chemin au terme d un voyage de quarante jours Cette situation humoristique permet aux deux artistes d aborder autant des r f rences litt raires et religieuses que de jouer sur des principes d anachronismes suscitant du burlesque tout en approchant des questionnements choix des artistes

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