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1. faire le deuil En effet faut il le rappeler comme le formule Gaston Bachelard 19 Ernest Pignon Ernest dans Ernest Pignon Ernest Paris Herscher 1990 70 Voir le texte d Andr Velter dans Ernest Pignon Ernest Gen ve B rtschi Salomon 2006 p 108 1 Ce lien physique et spirituel est d ailleurs pr sent dans la d finition m me du terme habiter qui peut signifier occuper un logis mais aussi tre pr sent dans l me gt et avoir des relations charnelles avec quelqu un Dictionnaire culturel en langue fran aise sous la direction d Alain Rey Paris Le Robert 2005 p 15191 la maison est une des plus grandes puissances d int gration pour les pens es les souvenirs et les r ves de l homme La maison dans la vie de l homme vidence des contingences elle multiplie ses conseils de continuit Sans elle l homme serait un tre dispers Elle maintient l homme travers les orages du ciel et les orages de la vie Elle est corps et me Elle est le premier monde de l tre humain Avant d tre jet au monde comme le professent les m taphysiques rapides l homme est d pos dans le berceau de la maison Et toujours en nos r veries la maison est un grand berceau A travers la s rie des Expuls s c est la dispersion de l homme ayant perdu son foyer qui est mise jour En ins rant des l ments de fiction dans le r el un r el qui se r sume ic2. tels des vestiges t moignant d poques r volues Ce faisant l artiste s inscrit lui aussi dans la m moire des lieux puisque son travail ph m re mais spectaculaire ne peut manquer de frapper les esprits et marque n cessairement l histoire d un quartier dont les habitants se font les gardiens puisque les b timents neufs n en conservent nullement la trace L uvre de G Matta Clark est cependant revenue habiter d une pr sence fantomatique le quartier de Beaubourg lorsqu en 1996 Pierre Huyghe a projet une photographie de Conical Intersect sur le b timent neuf rempla ant d sormais l immeuble autrefois perc par l anarchitecte Dans la nuit parisienne cette nouvelle d coupe dans le temps montre que l habitat demeure le support id al pour une r verie et qu il ny a finalement de lieu comme l crit Michel de 1 Georges Perec La Vie mode d emploi op cit p 167 1 Gordon Matta Clark souhaitait que ses b timents d coup s soient parcourus visit s de l int rieur avant d tre d truits 12 Paul Auster explorant la maison de son p re r cemment d c d voque cet trange sentiment et en d duit Si dans un sens le monde marque nos esprits de son empreinte il est vrai aussi que nos exp riences laissent une trace dans le monde Le pass pour reprendre les mots de Proust est cach dans quelque objet mat riel Errer de par le monde c est donc aussi errer en nous m mes
3. Ce qui revient dire qu aussit t entr s dans le champ de la m moire nous p n trons dans l univers dans L Invention de la solitude Paris Actes Sud 1988 p 172 18 Pierre Huyghe cit dans Airs de Paris catalogue de l exposition pr sent e au Centre Pompidou du 25 avril au 16 ao t 2007 Paris ditions du Centre Pompidou 2007 p 52 Certeau que hant par des esprits multiples tapis l en silence et qu on peut voquer ou non On n habite que des lieux hant s ERNEST PIGNON ERNEST A FLEUR DE MURS Les esprits multiples qui hantent nos villes semblent galement affleurer dans l uvre d Ernest Pignon Ernest artiste travaillant depuis quarante ans m me l piderme des villes qu il traverse En effet s il n op re pas de grandes trou es dans l espace comme Gordon Matta Clark E Pignon Ernest n en fait pas moins un travail en profondeur visant sonder le corps symbolique des villes explorant tout ce qui constitue petites m moires ou grande Histoire de la cit Les figures humaines anonymes historiques religieuses ou mythologiques trac es sur des papiers fragiles viennent ainsi peupler les murs de nos cit s et intriguer le passant qui s y trouve confront Ces dessins puissants et fascinants ne sont cependant jamais dispos s au hasard Inspir s par un site d termin ils ne sont pas expos s pour eux m mes mais contribuent r v ler l endroit dans l
4. et isol cit par Christophe Domino dans A Ciel ouvert L Art contemporain l chelle du paysage Paris Scala 2006 Les d molisseurs viendront et leurs masses feront clater les cr pis et les carrelages d fonceront les cloisons tordront les ferrures disloqueront les poutres et les chevrons arracheront les moellons et les pierres images grotesques d un immeuble jet bas ramen ses mati res premi res dont des ferrailleurs gros gants viendront se disputer les tas Bien que Matta Clark se garde de tout sentimentalisme pour Splitting en 1974 il te tout ce qui peut voquer trop pr cis ment les anciens occupants quelque chose de tr s mouvant se d gage finalement de ses sculptures insolites exhibant avec une certaine pudeur la m moire des lieux ici on a v cu on a grandi on s est disput on a aim La connivence entre l habitant et son logement demeure en effet perceptible et parcourir ces difices vid s on peut avoir l impression d entrer dans l habit d un autre ayant conserv l empreinte du corps absent Finalement en sculptant ces difications Gordon Matta Clark travaille galement l histoire du lieu et se fait en quelque sorte arch ologue de notre monde moderne les tranches de b timent qui sont parfois expos es Bronx Floor Treshold 1973 par exemple r v lent ainsi les superpositions de mat riaux op r es par les diff rents habitants des lieux
5. faites d argile et de bois elles voquent pr cis ment des modes de construction plus primitifs et naturels et renouent avec les fables m lant 77 Gaston Bachelard op cit p 146 8 Voir Charles Simonds Valence Institut Valenci d Art Moderne 2003 p 152 et Charles Simonds 1994 op cit p 36 Voir Charles Simonds 1994 op cit p 36 Gilles A Tiberghien Land art Paris Editions Carr 1993 p 73 citant Lucy R Lippard l origine de l homme la terre De cette mani re Les Dwellings de Charles Simonds font cho aux propos de Pierre Sansot rappelant que la ville et l homme se rapprochent dans leur tre La premi re s imbibe de pens es de r ves elle est comme un pr cipit de mati res et d esprits Quant l homme de la cit il est fa onn par le d cor urbain il devient comme pierreux sa compagne introduit de la g om trie et de l acuit dans sa silhouette Le primitivisme des r alisations de C Simonds peut tre critiqu tout comme la croyance de l artiste en une efficacit de son uvre dont la fonction serait selon ses propres termes activiste et provocatrice Sans aller jusque l il nous semble toutefois que ces cr ations po tiques ne sont pas d nu es d une dimension politique ne serait ce que parce qu elles prennent place au c ur de la cit et parce qu en y instillant la fable et le mythe elles incitent repenser la mani re dont nous habitons le
6. microcosme d un immeuble parisien Enfin depuis les ann es 1960 un certain nombre d artistes choisissent d exploiter cet imaginaire en inscrivant leurs uvres m me la ville travaillant l habitat comme un peintre le ferait d une toile ou d une palette comme un sculpteur le ferait d un bloc de pierre C est partir de ces pratiques hors les murs hors des ateliers galeries et mus es que nous envisagerons la notion d habitat quel regard ces artistes 1 Pierre Sansot Po tique de la ville Paris Payot amp Rivages 2004 p 453 J imagine crit G Perec lorsqu il voque le projet de cet ouvrage dans Esp ce d espace un immeuble parisien dont la fa ade aurait t enlev e de telle sorte que du rez de chauss e aux mansardes toutes les pi ces qui se trouvent en fa ade soient instantan ment et simultan ment visibles Georges Perec Esp ces d espaces Paris Galil e 1974 2000 p 81 voir aussi Georges Perec La Vie mode d emploi Paris Hachette 1978 portent ils sur le logement et plus globalement sur la ville Leurs uvres contribuent elles rendre nos cit s plus habitables GORDON MATTA CLARK L ANARCHITECTE N New York en 1943 et mort pr cocement en 1978 Gordon Matta Clark a suivi des tudes d architecture avant de se tourner vers les arts plastiques Loin d oublier cette premi re vocation G Matta Clark utilise en les d tournant ses connaissances et ses savoir faire d
7. monde Les travaux de Charles Simonds nous aident peut tre nous souvenir de l habiter apprendre habiter nous installer sur la terre sans l exploiter sans l puiser attentif ce qui m rit en elle ce qui partir d elle pousse et s difie CONCLUSION Les artistes que nous venons d tudier travaillant l habitat dans ses multiples dimensions r elles politiques affectives etc apportent leur mani re des l ments de r ponse la question plus complexe qu il ny para t qu est ce qu habiter A travers leurs uvres il appara t que ce terme n est peut tre pas seulement synonyme de r sider entre quatre murs Habiter c est certes demeurer dans une maison un appartement Cependant toute cit qui g n re des st Terre corps personne et maison ne font qu un affirme d ailleurs C Simonds dans Charles Simonds 2003 op cit p 154 Cette relation est exploit e dans d autres uvres de l artiste comme Landscape lt gt Body lt gt Dwelling 1971 Pierre Sansot R veries dans la ville Paris carnetsnord 2008 p 192 33 Carter Ratcliff critique par exemple les positions de artiste empreinte de sentimentalisme envers le mythe du bon sauvage 4 Voir Charles Simonds 2003 op cit p 152 3 On pourrait dire que le travail de Charles Simonds rel ve davantage d un art micropolitique pour reprendre le concept forg par Deleuze et Guattari repris par Paul
8. Ardenne un art micropolitique se qualifiera outre par ses objectifs plus mesur s par labsence d une vision pr dictive et en voie de cons quence par sa pr f rence des actions de port e imm diate Le territoire d expansion d un art micropolitique encore se cantonnera volontiers un espace compt sans pr tention une occupation globale du terrain esth tico politique voir Paul Ardenne L art micropolitique g n alogie d un genre dans L Art dans son moment politique Ecrits de circonstance Bruxelles La lettre vol e 2000 p 265 Gilbert Lascault cit dans Charles Simonds 1994 p 72 logements n est pas pour autant habitable c est dire vivable et respirable C est que la notion d habitat ne concerne pas seulement le b ti elle d borde tout d abord la simple demeure pour toucher l environnement alentour le quartier la ville le pays etc mais a galement trait des ingr dients imaginaires presque alchimiques qui chappent toute planification si bien d ailleurs que l univers rationalis est inhabitable l o manque la dimension symbolique Or cette dimension semble surgir l o les artistes choisissent d investir des portions de l espace public Aussi peut tre n est il nullement besoin d tre s dentaris dans une ville pour prouver le sentiment de l habiter nomades uvrant dans diff rentes cit s qu ils parcourent et marquent de leurs emprei
9. Marie Escorne L HABITAT VU PAR L ART CONTEMPORAIN Etant donn un mur que se passe t il derri re Jean Tardieu cit par G Perec Esp ces d espaces Paris Galil e 1974 2000 p 77 INTRODUCTION J appr cie tout particuli rement les moments o traversant une ville la pointe du jour ou la tomb e de la nuit mon il indiscret peut observer les int rieurs des appartements et les silhouettes de ceux qui les habitent Les fen tres faisant d ordinaire cran la vue des passants apparaissent en ces instants comme autant d ouvertures sur d autres mondes que mon imagination se pla t explorer et je m tonne alors d avoir un aper u de la simultan it de ces existences qui s ignorent la plupart du temps tout en contribuant faire battre le c ur d une ville L habitat a ainsi en commun avec l habit de susciter l imagination et le fantasme parce que le corps qui l occupe n est souvent connu que par de menus d tails peine entraper us capables eux seuls pourtant de d clencher une r verie de l intimit Or cette r verie a donn naissance de nombreuses uvres une pulsion scopique anime le h ros de Fen tre sur cours d Alfred Hitchcock 1954 La Maison imaginaire de Robert Doisneau photomontage de 1947 juxtapose des tranches de vies sur la silhouette d un b timent quatre tages La Vie mode d emploi de Georges Perec repose enti rement sur ce d sir d tudier dans le d tail le
10. architecte au service d un projet radical nomm anarchitecture Dans ses derni res uvres qui sont aussi les plus connues en raison sans doute de leur aspect spectaculaire Treshole 1972 Splitting 1974 Conical Intersect 1975 Gordon Matta Clark choisit ainsi de travailler avec des b timents d saffect s en voie de d molition Au premier abord l action de l artiste sur ces objets architecturaux peut certes appara tre comme une destruction violente transposant en quelque sorte le geste de Lucio Fontana Matta Clark entaille creuse et d coupe les murs de ces difications Cependant tout comme le sculpteur doit avoir une pleine connaissance de son mat riau pour savoir exactement comment celui ci r agira sous ses outils l anarchitecte doit utiliser le b timent tel un tant donn qui dicte ses contraintes et impose ses r gles du jeu Il faut en effet avoir une grande compr hension et un profond respect des structures des r partitions des masses etc pour sculpter un b timent qui donne finalement l impression de fr ler l effondrement tout en restant solidement rig Bien qu il retire de la mati re G Matta Clark fait galement figure de constructeur parce qu il fa onne par le vide des figures g om triques cercle 3 Une vid o de la r alisation de Conical intersect est visible sur http vodpod com watch 1502282 gordon matta clark conical intersect Le rapprochement e
11. chitecte ou de l urbaniste est en effet le plus violent quand il s agit de l habitat ou du tissu urbain Le plasticien rejoint en cela G Perec questionnant l apparente invuln rabilit des immeubles et d non ant la brutalit que repr sente leur d molition Qui en face d un immeuble parisien na jamais pens qu il tait indestructible Au regard d un individu d une famille ou m me d une dynastie une ville une rue une maison semblent inalt rables inaccessibles au temps aux accidents de la vie humaine tel point que l on croit pouvoir confronter et opposer la fragilit de notre condition l invuln rabilit de la pierre Mais la fi vre qui vers mille huit cent cinquante aux Batignolles comme Clichy M nilmontant comme la Butte aux cailles Balard comme au Pr Saint Gervais a fait surgir de terre ces immeubles s acharnera d sormais les d truire 7 Les termes anglais building cut ou building dissection employ s pour parler du travail de Matta Clark montrent cette connivence avec le travail d un l giste 8 Gordon Matta Clark cit par Stephen Walker op cit p 15 Gordon Matta Clark affirme ainsi En d construisant je romps une situation de cl ture qui est pr conditionn e au del des n cessit s pratiques par la soci t industrielle qui dans les villes et les banlieues fait prolif rer des petites bo tes pour rassurer un consommateur passif
12. deur jusque dans les entrailles de l difice De cette mani re l habitation corch e r v le ses structures son ossature les strates et les fonctions dont on se contentait auparavant de soup onner la pr sence Habituellement explique l artiste ce qui m int resse c est de produire un geste qui d une mani re tr s simple complique l aire visuelle dans laquelle je travaille Regarder travers la coupure regarder le tranchant de la coupure devrait cr er un nouveau sens de l espace Matta Clark avoue de la sorte sa volont de bouleverser les rep res des citadins en d voilant ce qui n est pas vu ou plus vu non seulement parce que les architectes cachent la plupart du temps le syst me constructif sous la pierre ou le b ton mais aussi et surtout parce qu une trop grande familiarit avec l architecture provoque la c cit des citoyens Id alement le spectateur de ces uvres devrait ensuite percevoir autrement son environnement b ti et s veiller la mani re dont la cit enti re se fa onne dans une sorte de fr n sie de destruction l vation etc Inscrite au c ur de l espace public l uvre de Matta Clark est donc politique puisqu en d cloisonnant au sens propre le b timent il tente pr cis ment d ouvrir des failles dans ce syst me bien huil Autrement dit sans pr tendre apporter des solutions le travail de G Matta Clark interroge in vitablement les habitants lequel de l anar
13. equel ils s inscrivent En effet E Pignon Ernest envisage les lieux comme des palettes qui doivent leur richesse tant leurs qualit s sensibles lumi re couleurs mati res qu tout ce qui rel ve en eux d un invisible histoire symbolique M me si le mur n est pas le seul constituant de ces espaces dans lesquels l artiste puise son inspiration il se pr te peut tre tout particuli rement ce regard 18 duel et ce n est sans doute pas un hasard si E Pignon Ernest pr f re les murs ext rieurs griff s d labr s fatigu s d avoir tant v cu et tant vu aux cimaises des mus es et leurs parois sans ge sans couleur et sans qualit Ce double int r t mat riel et spirituel pour les murs des villes s exprime notamment lorsqu Ernest Pignon Ernest raconte l motion et la s duction prouv es devant le mur commun deux habitations dont l une reste dress e tandis que l autre est d molie 14 Michel de Certeau L Invention du quotidien 1 Arts de faire Paris Gallimard 1990 p 162 15 Expression employ e par Anne Cauquelin Essai de philosophie urbaine Paris PUF 1982 i Exemples Avortements 1975 immigr s 1975 Rimbaud 1978 Pasolini 1980 Neruda 1981 Prom th e 1982 diff rentes s ries Naples Certaines de ces uvres sont visibles sur le site officiel de l artiste http www pignon ernest com 17 Voir Ernest Pignon Ernest Gen ve B rtschi Salom
14. i des bribes des traces d absences Ernest Pignon Ernest rend finalement hommage ces petites m moires qui font la ville et semble redonner un espace libre pour le r cit au sens o l entend Michel de Certeau les dessins guident notre regard vers une autre lecture du lieu et incitent le passant couter ce que les murs ont dire ressusciter par l imagination ou le souvenir la vie des habitants de ces immeubles fant mes En effet comme le sugg re Pierre Sansot Les pierres enregistrent les v nements auxquels elles ont assist La poussi re du pass il ne faut pas la chercher ailleurs que dans celle de ces murs effrit s par des mains par des genoux par des dos humains Il n est pas besoin d tre un voyant pour d couvrir dans leurs l zardes les lignes de l histoire CHARLES SIMONDS VILLES DANS LA VILLE Les l zardes des murs voqu es par Pierre Sansot sont pr cis ment le support des interventions de Charles Simonds En effet si L onard de Vinci incitait les artistes trouver l inspiration dans les craquelures des murs Charles Simonds choisit pour sa part d investir ces failles pour y construire des demeures miniatures appel es Dwellings Essaim es par la peuplade des Little People invent e par l artiste dans les ann es 70 ces difications minuscules incitent le 7 Gaston Bachelard La Po tique de l espace Paris PUF Quadrige 2001 p 26 3 Michel de Certeau
15. ntes les plasticiens montrent que pour habiter il faut peut tre avant tout s approprier les lieux m me provisoirement et m me si cette r appropriation passe par la destruction le d tournement la subversion ou bien au contraire par des actes discrets et peu visibles l important tant sans doute de faire un effort pour d tourner de leur fonction premi re des constructions de la ville afin de les rendre habitables et de retrouver ainsi notre vocation d tre au monde 3 David Le Breton Anthropologie du corps et modernit Paris PUF 1990 p 88 38 Alain Cambier Qu est ce qu une ville Paris Vrin 2005 p 45 BIBLIOGRAPHIE ARCHER Michael L Art depuis 1960 Paris Thames and Hudson 1997 ARDENNE Paul L Art dans son moment politique Ecrits de circonstance Bruxelles La lettre vol e 2000 ARDENNE Paul Un Art contextuel Cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation Paris Flammarion 2004 ARENDT Hannah Condition de l homme moderne Paris Calmann L vy Pocket 1983 AUGE Marc Non lieux Introduction une anthropologie de la surmodernit Paris Seuil 1992 AUSTER Paul L Invention de la solitude Paris Actes Sud 1988 BACHELARD Gaston La Po tique de l espace Paris PUF Quadrige 2001 CAMBIER Alain Qu est ce qu une ville Paris librairie philosophique J Vrin collection chemins philosophiques 2005 CAUQUELIN Anne Essai de philosophie u
16. on 2006 p 104 18 Voir Norbert Hilaire op cit pp 136 137 Avec le mur et travers lui si l on peut dire l espace se donne penser sentir prouver dans ses dimensions la fois sociales et mentales et c est pourquoi le mur est indissolublement individuel et collectif subjectif et objectif physique et ph nom nal int rieur et ext rieur etc Je trouvais saisissant bouleversant ces immeubles ventr s cette mise nu cette projection aux yeux de tous des traces de l intimit de la vie des gens Je me souviens d une chambre d enfant du papier bleu des bateaux d coup s et coll s qui dessinaient l emplacement d un lit Cette exhibition me semblait d une grande violence comparable un viol Par ailleurs il est vident que ces espaces d termin s par les traces des planchers et des cloisons peuvent appara tre aussi comme une organisation de couleurs de mati res de lignes ces murs font irr sistiblement penser des recherches plastiques qui plus est charg s d motions et de souvenirs Au fond on aurait pu tout aussi bien les signer Afin de d voiler sans doute la beaut de ces surfaces mais surtout l injustice commise vis vis des habitants d log s de ces immeubles Ernest Pignon Ernest r alise la s rie des Expuls s Sur les parois d labr es un couple ayant rassembl quelques affaires valises sacs matelas cadres de photos fait face aux passants lair digne mais a
17. op cit p 161 163 4 Pierre Sansot op cit p 245 L anecdote est notamment rapport e par Gaston Bachelard qui poursuivait N y a t il pas un plan d univers dans les lignes dessin es par le temps sur la vieille muraille Qui n a vu dans quelques lignes qui apparaissent en un plafond la carte du nouveau continent Le po te sait tout cela Mais pour dire sa fa on ce que sont ces univers cr s par le hasard aux confins d un dessin et d une r verie il va les habiter Il trouve un coin o s journer dans ce monde du plafond craquel op cit p 146 Le rapprochement entre cette anecdote et l uvre de Charles Simonds est fait par Pierre Restany dans Little People Omonucoli les demeures de Charles Simonds pour un peuple imaginaire Domus Milan n 5 f vrier 1976 pp 52 53 cit dans Charles Simonds Paris galerie nationale du Jeu de Paume r union des mus es nationaux 1994 p 52 passant quelque peu attentif se pr ter au jeu d une r verie po tique A peine visibles les r alisations de C Simonds donnent alors acc s tout un univers fantasmagorique nich dans le r el preuve que le minuscule porte troite s il en est ouvre un monde Le d tail d une chose peut tre le signe d un monde nouveau d un monde qui comme tous les mondes contient les attributs de la grandeur La miniature est un des g tes de la grandeur Ces uvres de patience dispos es dans la rue sou
18. par Oristelle Bonis Paris Actes Sud 2002 TIBERGHIEN Gilles A Land art Paris ditions carr 1998 VELTER Andr MONDZAIN Marie Jos ROUAUD Jean Ernest Pignon Ernest Gen ve B rtschi Salomon 2006 WALKER Stephen Gordon Matta Clark Art architecture and the attack on modernism London New York I B Tauris amp Co 2009 Catalogues Charles Simonds Paris galerie nationale du Jeu de Paume r union des mus es nationaux 1994 Charles Simonds Valence Institut Valenci d Art Moderne 2003 Airs de Paris catalogue de l exposition pr sent e au Centre Pompidou du 25 avril au 16 ao t 2007 Paris ditions du Centre Pompidou 2007 Gordon Matta Clark dit par Corinne Diserens textes de Thomas Crow Judith Russi Kirshner et Christian Kravagna Londres Phaidon 2003 Gordon Matta Clark You are the measure dit par Elisabteh Sussman Whitney Museum of American Art New York Yale University Press New Haven London 2007
19. rbaine Paris PUF 1982 COUTURIER Elisabeth Ernest Pignon Ernest Paris Herscher 1990 DE CERTEAU Michel L invention du quotidien 1 Arts de faire Paris Gallimard 1990 DELEUZE Gilles et GUATTARI F lix Capitalisme et schizophr nie 2 Mille plateaux Paris Minuit 1980 DOMINO Christophe A Ciel ouvert L Art contemporain l chelle du paysage Paris Scala 2006 HENRIC Jacques entretien avec Ernest Pignon Ernest Faire uvre des situations Art Press n 277 mars 2002 HILAIRE Norbert L Exp rience esth tique des lieux Paris L Harmattan 2008 LE BRETON David Anthropologie du corps et modernit Paris PUF 1990 LEMOINE St phanie et Terral Julien n Situ Un panorama de l art urbain de 1975 nos jours Paris Alternatives 2005 PEREC Georges Esp ces d espaces Paris Galil e 1974 2000 PEREC Georges La Vie mode d emploi Paris Hachette 1978 POINSOT Jean Marc Quand l uvre a lieu L art expos et ses r cits autoris s Gen ve MAMCO Institut d art contemporain amp Art dition 1999 RANCIERE Jacques Le Partage du sensible esth tique et politique Paris La Fabrique 2000 RUBY Christian L Art public Un Art de vivre la ville Bruxelles La Lettre Vol e collection Essais 2001 SANSOT Pierre Po tique de la ville Paris Payot amp Rivages 2004 SANSOT Pierre R veries dans la ville Paris carnetsnord 2008 SOLNIT Rebecca L Art de marcher essai traduit de l am ricain
20. st fait par Rem Koolhaas was fascinated by Matta Clark thought he was doing to the real world what Lucio Fontana did to canvas At the time the most shocking aspect of his work was maybe the glamour of violation Now I also think that his work was a very strong early illustration of some of the power of the absent of the void of elimination i e of adding and making cit par Stephen Walker Gordon Matta Clark Art architecture and the attack on modernism London New York I B Tauris amp Co 2009 xii 5 Nous reprenons ici une partie du titre de la c l bre installation de Duchamp d ailleurs parrain de G Matta Clark Etant donn 1 la chute d eau 2 le gaz d clairage 1946 1966 L architecte travaille t il d ailleurs autrement que par le vide Voici la r ponse que donne Norbert Hilaire cette question Le mur prot ge et r fl chit la fois Il est abri et reflet il est s paration et union Le mur est un agent double il nous enseigne que toute s paration est liaison Ainsi a t on raison de souligner que l architecture c est l invention du trou dans le mur au moins autant que l art de l dification de celui ci Norbert Hilaire L Exp rience esth tique des lieux Paris L Harmattan 2008 p 224 ligne parall l pip de c ne en r alit tr s complexes Effectivement l artiste ne se contente jamais de sculpter une seule surface du b timent mais op re au contraire dans la profon
21. ussi profond ment triste et las L image a I regarder les photographies t moignant de ces quelque chose d arch typa collages il est impossible de d terminer l poque ou la nation laquelle cet homme et cette femme appartiennent car ils rappellent tous les exils les exodes li s la guerre et l oppression Or cette universalit ne fait que renforcer le sentiment de malaise la d molition d une habitation pour des projets immobiliers serait elle aussi inhumaine que le bombardement d une maison Quelle guerre se livre ainsi en silence Quelles souffrances se vivent sous nos yeux sans que l on n y pr te attention Ce qui transpara t finalement travers cette s rie c est le lien affectif et presque charnel qui unit un homme sa maison habiter un lieu ce n est pas seulement vivre dans une bo te c est se l approprier la marquer de son empreinte faire corps avec elle jusqu la consid rer comme un appendice un prolongement de soi non seulement parce qu on peut lire notre histoire dans les asp rit s des ses murs mais aussi parce que notre propre vie est indissociable des lieux que nous avons habit s On comprend d s lors la douleur qui peut r sulter de la d molition d une maison tre d poss d de son habitation donne la sensation d tre priv d une partie de soi et de son histoire Quelle qu en soit la cause cette perte est souvent subie comme une mort symbolique dont on aurait
22. vent dans des quartiers d favoris s sont n cessairement ph m res fragiles comme tout ce qui est pr cieux dans l existence elles sont expos es aux intemp ries et aux d gradations des habitants notamment ceux qui les endommagent en voulant se les approprier Qu importent ces contingences pour C Simonds estimant que la destruction des Dwellings fait finalement partie de la vie de ces uvres cr es pour l espace public et v ritablement offertes aux habitants Au final leur pr servation compte d ailleurs moins que le processus de construction durant lequel l artiste descendu de sa tour d ivoire cr e autour de lui de micros v nements amenant les gens se rencontrer et changer parfois m me participer l laboration de l uvre Les photographies de ces cr ations t moignent de l harmonie qui existe entre les habitations des Little People et les b timents qui les abritent r alis es sur des murs effrit s les petites difications sont elles m mes plus ou moins d labr es formes et couleurs se r pondent etc Microcosmes fa onn s l image du macrocosme les Dwellings r v lent ainsi que la maison comme chez les Dogons est une petite ville et la ville une grande maison et chacune refl te n 30 gt l image de l autre Habilement int gr es dans le paysage urbain les demeures de C Simonds semblent n anmoins apporter un contrepoint nos cit s contemporaines
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