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Identité personnelle Les séjours de vacances entre jeunes de la cité

1. MITRANI M L acc s aux vacances des jeunes de 18 25 ans les ditions des Journaux Officiels 2001 pp 22 23 41 Nonobstant mon choix d une nouvelle orientation professionnelle je ne pourrais r ussir me d tacher de cette identit d animateur sans mener ce travail de r flexion qui englobe la fois ma personne mon environnement et mon identit professionnelle L engagement dans la recherche action correspond une approche compl tement renouvel e du public et de l action Je l aborde la fois avec enthousiasme et anxi t dans la perspective de trouver des r ponses aux questions qui me taraudent Le s jour de vacances collectives renforce t il adh sion le sentiment de d pendance au groupe Le s jour vacances renforce t il le sentiment d appartenance au groupe et acc l re t il un processus de d crochage des individus Le v cu du groupe au quotidien en dehors du quartier lui fait il perdre son caract re id al les individus en per oivent tils les limites Les solidarit s exprim es lors de la constitution des groupes perdurent elles et constituent elles un point d appui pour s adapter aux exigences de la soci t contemporaine 42 p me partie La recherche en action 43 Chapitre 3 Une recherche d acteur 3 1 l mergence du praticien chercheur Jai engag cette recherche action partir de mon exp rience professionnelle de la cr ation et du suivi pendant cinq ann
2. Les premiers r sultats t moignent que le dispositif r pond une attente des jeunes de la ville La commission a si g cinq fois 23 projets ont t pr sent s et 114 jeunes ont t soutenus pour un d part autonome en vacances Les gar ons repr sentent 82 des b n ficiaires Les s jours se d roulent majoritairement en France 15 Malgr ce succ s apparent le dispositif est contest au sein de la collectivit Les coll gues du service enfance qui ont t invit s si ger au sein du jury l on vivement critiqu et d cid de ne plus y participer Ils reprochent au dispositif de ne pas avoir de dimension ducative Dans la mesure o les animateurs du S M J n exercent pas d influence identifiable sur les jeunes quant au choix de la destination des activit s du mode de transport ils ne font que contribuer la reproduction et l amplification des modes de consommation dont les m dias et la publicit font la promotion Le 7 novembre 1997 le Maire est destinataire d un courrier en provenance de l adjoint au Maire de la Rochelle dont le D put Maire est Michel Cr peau A l occasion du festival des Francopholies de la Rochelle des incidents s rieux provoqu s par des groupes de jeunes ont eu lieu L interpellation de plusieurs dizaines d entre eux a permis de conna tre leur origine g ographique Beaucoup provenaient de la r gion parisienne et selon des sources polici res plus pr ci
3. 2 Programme commun de la gauche 1980 n Le service se renforce avec l arriv e d un nouveau coll gue prenant en charge le secteur vacances aide aux projets Apr s le choc du 21 avril la jeunesse du pays s est mobilis pour faire barrage J M Le Pen l lection pr sidentielle Lors des lections l gislatives qui suivent le Maire de la ville perd son mandat de d put avec un cart de seulement 22 voix Il poursuit cependant sa d marche visant faire de la politique autrement et le projet de requalification urbaine de Bobigny Au cours de l t les d marches des groupes de jeunes conna tront une affluence record En septembre le bilan fait tat de 592 jeunes touch s par le dispositif dont 422 hommes et 170 femmes Les b n ficiaires d un soutien pour leur d part en vacances sont au nombre de 512 Le recueil de donn es ne permet pas d appr hender la situation sociale de chacun avec pr cision cependant 60 des jeunes se d clarent lyc ens ou tudiants 35 salari s int rimaires ou demandeurs d emploi et 5 sans pr cision d activit Les moyens financiers mobilis s par la collectivit s l vent plus de 76 000 euros La gestion du dispositif est rendue d licate compte tenu la fois du nombre croissant de projets et du versement de l aide sous la forme de ch que de valeur valable uniquement pour les destinations en France m tropolitaine Malgr une actualisation permanente de nos pratiques l
4. HASSET Communaut s europ ennes Comit Economique et Social Avis de la section Emploi affaires sociales citoyennet sur le Livre Blanc Politique de la Jeunesse CES 887 2000 fin p 19 MIGNON P Lorsque la gal re des banlieues s choue sur la plage Agora d bats jeunesse n 8 pp 67 78 MITRANI M Conseil Economique et Social L Acc s aux vacances des jeunes adultes de 18 25 ans les ditions des journaux officiels 2001 pp 22 23 129 BEATEP BEPC DHEPS DSTS ENS FOOT HAND HLM MJC PAJECOT PAIO PDG SIDA SMJ SMJ UE URSS Liste des abr viations et des sigles Brevet d Etat d Animateur Technicien de l Education Populaire Brevet d Etudes du Premier Cycle Dipl me de Hautes Etudes de Pratiques Sociales Dipl me Sup rieur de Travail Social Ecole Normale Sup rieure Football Handball Habitations Loyers Mod r s Maison des Jeunes et de la Culture Plan d Accueil des Jeunes dans les Communes Touristiques Permanence d Accueil d Information et d Orientation Pr sident Directeur G n ral Syndrome Immunitaire de D ficiences Acquises Service Municipal de la Jeunesse Solidarit Multiforme pour les Jeunes Association Union europ enne Union des R publiques Socialistes Sovi tiques 130 A l occasion d un s jour de vacances en autonomie les jeunes de la cit remettent ils en jeu une part de leur identit collective Leur relation f
5. qu ils provoquent sont expliqu es par les rumeurs les repr sentations qui les pr c dent les accompagnent sur les lieux de vacances Leur fa on d tre la tenue vestimentaire la mani re de se mouvoir et surtout les modes d locution et d expression ainsi que leur fa on d tre ensemble de se d placer en bande seraient les sp cificit s du groupe de banlieusards Dans notre quipe jeunesse Bobigny nous sommes convaincus que les jeunes ont des vacances les m mes repr sentations et attentes que tout chacun Les d nigrements dont ils sont victimes participent la construction des attitudes des postures de provocation par lesquelles ils s arrogent le droit de cit Dans un contexte o des villes du d partement sont suspect es d avoir improvis des d parts de jeunes en vacances acheter la paix sociale sur leur territoire nous sommes pr occup s par le rejet dont les jeunes pourraient faire l objet et r solus ne pas accepter les discriminations Le Maire adjoint charg de la jeunesse d sign par le bureau municipal lu en 1995 est un jeune homme d origine alg rienne une communaut fortement repr sent e sur la commune Animateur professionnel il occupait pr c demment la fonction de responsable de secteur au Service Municipal de la Jeunesse Il est la fois porteur des nouvelles orientations municipales et d un regard positif sur les jeunes des quartiers avec lesquels il a cr des liens
6. Mme HASSET E CES 887 2000 Fin E AL RD ad ma La politique jeunesse dans l Union europ enne 2 6 p 4 Op cit p 8 19 In Actualit s Sociales Hebdomadaires n 2259 19 avril 2002 p 5 36 faveur des jeunes sera cart e au b n fice d un compromis autour de l acc s la formation et l institution d une allocation commune aux lyc ens et aux tudiants venant se substituer au syst me complexe et opaque des bourses Le 23 janvier 2001 l association Vacances Ouvertes organise la maison de la mutualit Paris une journ e sur le th me D part des jeunes en vacances autonomes m thodes outils et responsabilit s juridiques La ville de Bobigny est invit e en la personne du Maire Adjoint en charge de la jeunesse pr senter son dispositif Notre lu est indisponible pour cause de campagne lectorale Il est candidat la prochaine cantonale de mars En qualit de directeur du service jeunesse je serai charg de cette intervention La revue Actualit s Sociales Hebdomadaires rend compte de la journ e et de l originalit de notre approche centr e sur les groupes constitu s A Bobigny de septembre d cembre 2000 le S M J a conduit une action baptis e le Kiosque Citoyen gt Son objectif tait de stimuler l inscription des jeunes adultes sur les listes lectorales ainsi que leur participation aux ch ances 2001 lections cantonales et municipales En quelques semaines avec comme su
7. permis d identifier des jeunes adultes sans document d identit sans couverture sociale dans l ignorance de leurs droits sociaux Nous avons prodigu de nombreux conseils aux jeunes concernant les contrats de locations de voyages d assurance Les risques li s la conduite d un v hicule sans permis ou sans assurance ont t de nombreuses fois explicit es chaque fois que les jeunes en ont exprim le besoin ou la demande ils ont t orient s vers des travailleurs sociaux Pour des raisons d ontologiques je me suis refus mettre en place une valuation prenant en compte la trajectoire individuelle de chaque jeune dans le dispositif Nous aurions pu solliciter l accord de la Commission Nationale Informatique et libert La saisie et le traitement informatique de l ensemble des informations concernant les jeunes aurait permis d op rer un croisement de donn es de construire une typologie des groupes de d terminer des indicateurs d insertion sociale La soci t doit elle chercher casser les groupes de jeunes qui sont pr sent s comme des menaces jusque dans les halls des immeubles o ils r sident Au contraire ne faut il pas orienter et soutenir les projets socialement acceptables dans la perspective de faire ressentir chaque individu les limites du groupe dans lequel il s inscrive Comment les jeunes vivent ils le soutien au projet de vacances collectives quelle incidence sur la vie du groupe ses activit s
8. 96 Indicateur 5 2 Mise en jeu des repr sentations voir et tre vu positivement Le s jour hors de la cit a permis aux jeunes de confronter leurs repr sentations de s interroger et de porter un regard critique ou d id aliser Cependant ce qui nous a le plus marqu dans leurs propos c est une propension t moigner de l int r t pour des personnes occupant une fonction un emploi correspondant ce que nous d signons aujourd hui par la condition ouvri re le ma tre d h tel la femme de m nage la directrice de camping un commer ant l h tesse d accueil de l h tel les gendarmes mon gastes Cette attention ce respect est significatif d un changement de comportement Dans leur environnement quotidien les jeunes manifestent le plus souvent du m pris ou de l indiff rence voir de la provocation l gard des personnes qui occupent professionnellement les chelons les moins envi s de l chelle sociale comme s ils voulaient par cette attitude conjurer le sort qui les d signe les y rejoindre A travers les extraits qui suivent les jeunes d montrent une attention pour ceux que l on pourrait nommer les gens d en bas Ils manifestent leur besoin d tre reconnus que l on porte sur eux un regard positif et qu enfin on les aime A la question de savoir si le groupe a t bien accueilli Fabien r pond sans h sitation Rien dire l accueil tait formidable M me la fin les ma tres
9. A l issue de sa convalescence Aim Jean Baptiste rejoint Antonine en Creuse Apr s leur mariage le couple vient s installer Paris dans le 15 arrondissement Antonine est couturi re de haute couture premi re main Aim Jean Baptiste peintre en b timent Avec la naissance de leurs trois premiers enfants en 1921 1923 et 1924 la famille s loigne de la capitale et s installe Palaiseau La mortalit infantile frappe les deux premiers enfants d Antonine chacun l ge de trois ans Gr ce un change de main d uvre tr s pratiqu l poque mon grand p re entreprend la construction de sa maison avec l aide de ses compagnons de chantiers les ma ons les pl triers peintres lectriciens En 1931 Antonine donne naissance un dernier enfant Claude qui allait devenir mon p re La maison d Aim Jean Baptiste est d truite par les bombardements en 1944 La famille part alors s tablir au Blanc Mesnil dans le d partement de la seine et Oise devenu depuis la Seine Saint Denis Antonine tient une mercerie et effectue des travaux de couture sur mesure De l enfance et de la jeunesse de mon p re d c d l ge de 47 ans mon ge aujourd hui je nai pas de trace Les plus anciennes photographies jaunies le repr sentent en coureur cycliste au service militaire et posant aux c t s de ma m re sur une motocyclette Il occupait un emploi en trois huit de chauffeur sur les pistes de l a roport du Bourget Il a
10. Dans le contexte d une collectivit locale g r e sans discontinuit par le m me parti politique aux pratiques h g moniques la lutte contre les in galit s sociales l acc s aux loisirs et aux vacances constituent mon principal point appui pour proposer et conduire des actions d animation Je n tais pas communiste je navais pas la pr tention de sortir du lot j avais celle de ne pas en faire partie Voici ce que j aurai pu exprimer les id es taient bonnes nobles g n reuses mais que faire de tout ce g chis Que faire de l URSS de la nomenklatura des permanents du parti de l invasion de la Hongrie de Prague l Afghanistan l archipel du goulag les proc s de Moscou le pacte de 39 Ceausescu que faire des files d attentes du caviar sous le manteau de la Pologne et de l Allemagne de l Est Alors parce que qui n est pas avec nous est contre nous il fallait souvent taire ses r serves sur la politique du parti de la ville Cette posture ne r pondant pas la demande d engagement politique de la municipalit mon volution professionnelle en sera affect e 3 FILIPETTI A Les derniers jours de la classe ouvri re Edition Stock p 154 L essentiel de mon intervention dans les quartiers aux contacts des adolescents et de leur famille proc de de ce que l on appelle aujourd hui la politique de la ville Incidemment quelques actions vont me permettre d tre en prise avec les voluti
11. Ils se r investissent de la question de la direction de soi et de la conqu te de leur autonomie La fusion ne correspondant pas la r alit des relations entre les jeunes de la cit je proposerai aujourd hui de les appr hender sous langle d une sous culture sp cifique au microcosme social 5 4 Limites et int r t de la recherche Les limites de cette recherche sont perceptibles plusieurs niveaux Au niveau pratique l appr ciation de la personnalisation travers les deux fonctions int gratives et assertives limit e quelques mois d intervalles est malais e Les r f rences th oriques de cette recherche sont plus a m me de mesurer des transformations de la personnalit sur de longues p riodes partir d entretiens ou de r cits de vie plus cons quents D autre part cette recherche aborde la question de la personnalisation partir de la relation entre les jeunes au sein de la cit et l ext rieur de celle ci durant les vacances estivales Cependant une large part de notre analyse met en vidence le rapport entre les jeunes et des institutions telles que la famille l cole ou les clubs sportifs Le changement personnel ne peut pas tre d connect du changement social La r flexion TAP P La soci t Pygmalion Int gration sociale et r alisation de la personne Bordas Paris 1988 p 39 115 de Pierre Tap auteur sur lequel je me suis appuy invite par ailleurs s interroger sur l i
12. Son r le sera d terminant tant dans l institution municipale que dans la relation aux groupes de jeunes L aventure du dispositif d aide aux projets que nous allons concevoir et tenter d am liorer ann es apr s ann es commence l automne 1997 Je suis en poste depuis un peu plus 5 Annexe 1 MIGNON P Lorsque la gal re des banlieues s choue sur la plage revue agora jeunesse n 8 pp 67 78 20 d une ann e et mon obstination tendre vers un v ritable service public en direction des jeunes de la ville b n ficie du soutien de la hi rarchie Cependant le dispositif d aide aux projets de vacances des jeunes 16 25 ans ne sera pas pr sent et valid comme d autres actions par le bureau municipal et restera jusqu en 2002 ce qu il est convenu d appeler une modalit p dagogique 21 Chapitre 2 Une pratique interroger 2 1 La cr ation du dispositif d aide aux projets de vacances Dans le cadre de ses attributions l une des missions ducatives de l association Solidarit Multiforme pour les jeunes est de soutenir les jeunes dans la r alisation de leurs projets C est partir de ceux ci que les jeunes rencontrent le monde adulte et pour certains d entre eux s y inscrivent Ces projets si diff rents tant sur le fond que sur la forme repr sentent le creuset d une forme de participation la vie sociale de la commune Le soutien aux projets appara t comme un outil id al pour renforcer la partici
13. acc l re t il un processus de d crochage des individus Le v cu du groupe au quotidien en dehors du quartier lui fait il perdre son caract re id al les individus en per oivent ils les limites 32 KAUFMANN J C L invention de soi une th orie de l identit Armand Colin 2004 p 8 T Les solidarit s exprim es lors de la constitution des groupes perdurent elles et constituent elles un point d appui pour s adapter aux exigences de la soci t contemporaine En mai 2003 ma question de recherche tait formul e ainsi Sous quelles formes un dispositif d aide au d part autonome en vacances en direction des jeunes de 17 25 ans peut il participer au passage d une identit de groupe une identit individuelle en favorisant la construction du je les hypoth ses Dans l identification au groupe nous les jeunes font face au monde des adultes qui ne leur semble pas pr t les accueillir comme tel nous refuge Le nous des jeunes exprime l opposition aux adultes d tenteurs des r les sociaux valoris s dans la soci t nous distinction Les jeunes sous la d pendance du microcosme de la cit expriment l intensit de leur relation dans un nous fusion Le huis clos du groupe de jeunes pendant le s jour vacances favorise la rivalit l alt rit avec les semblables et l mergence de l individualit je distinctio
14. agir dans le sens d un apprentissage l autonomie et la responsabilit favoriser la r alisation de chaque jeune en tant que personne autonome Dans la perspective de trouver dans l identit personnelle un cadre de r f rence pour ma recherche action j ai tout d abord consult l Encyclop dia Universalis p 898 L identit y est d finie sous langle de la philosophie de la psychologie et de l anthropologie En psychologie la nature et la dimension de l identit personnelle sont clair es par plusieurs affirmations Au sens litt ral de la similitude absolue l identit personnelle je suis je n existe pas l identit interpersonnelle je suis un autre n existe pas non plus L identit collective est galement impossible les membres d un nous tant tout au plus des semblables Le caract re paradoxal de l identit personnelle est quelle se construit par la confrontation de la similitude et de la diff rence Elle est d finie comme un processus permanent tout au long de l existence dont je retiens que pour que l identit s instaure comme un syst me relativement unifi et continu elle doit tre initialement pos e et pos e de nouveau en ses moments successifs par des actes de s paration et d affirmation par la diff rentiation cognitive et l opposition affective sans lesquelles l individu s installe dans la d pendance et l assimilation autrui 51 La construction identitaire est la fois un cad
15. autres animateurs je n ai jamais port un regard complaisant sur les jeunes Je ne les consid re pas comme des victimes et je ne suis pas dans la compassion J ai toujours pens qu il fallait s efforcer de rapprocher les personnes partir de ce qu elles ont en commun plut t que de mettre en avant leurs diff rences 1 7 Soutenir les projets de vacances des jeunes L id e d apporter un soutien financier direct aux jeunes pour la r alisation de leur projet de vacances travers un dispositif formalis est d j pratiqu dans d autres communes du d partement Les services jeunesses de la ville d Aubervilliers et de Montreuil ont t pionni res en mati re de politiques jeunesses dans ce domaine Notre d marche se distingue des pr c dentes par la prise en compte du contexte local et la mise en perspective du b n fice de cette action en prenant pour cible les groupes de jeunes les plus loign s voir r fractaires une relation avec l institution En effet l innovation de notre pratique ne r side pas dans un appel la constitution de projets Elle s exprime dans notre volont de concevoir et d adresser cet outil p dagogique aux jeunes les plus socialis s dans des groupes de pairs souvent d sign h tivement et de mani re p jorative comme des bandes Nous souhaitons d passer la question des codes de la reconnaissance et de l acceptation de la pr sence de l animateur pour mettre disposition des groupes co
16. ils ne suivent ni un enseignement ni une formation n occupent pas d emploi et n ont pas le droit aux allocations de ch mage En France la question de l autonomie financi re des jeunes et de la cr ation d une allocation d autonomie jeunesse est voqu e lors de la conf rence de la famille Suite une proposition de loi d pos e par les d put s communistes une commission pour une autonomie responsable et solidaire pr sid e par Jean Baptiste de Foucauld est cr e le 4 juillet 2001 Les pouvoirs publics semblent la fois divis s par la perspectives de d penses publiques importantes mais aussi par les oppositions id ologiques qui s expriment D un c t les partisans de la familiarisation qui veulent conduire la progression vers l autonomie en diminuant la d pendance sans dissoudre les liens avec la famille De l autre les partisans de l individualisation qui ne veulent pas mettre sur le m me plan la situation d un jeune sans formation ni emploi ni revenu et le d sir d autonomie r sidentielle choisie d un jeune tudiant ou d un jeune adulte ayant un emploi stable Le r sultat de cette commission rendu discr tement le 13 avril 2002 sera qualifi de vaine concertation d cevant la fois les repr sentants des tudiants et les syndicats d non ant la pression du Ministre du budget L id e d une allocation unique en 1 CES 887 2000 Fin E AL RD ad ma rapporteuse
17. inventer leur avenir que dans des r pertoires modestes et r duits La tr s l g re mise en mouvement de l chiquier des chances a cependant t suffisante pour secr ter dans les mentalit s une id ologie de la responsabilit et de la r ussite individuelle Le destin a t m tamorphos en futur chacun est cens pouvoir tre lui m me responsable de ce qui lui adviendra Plus la repr sentation de la comp tition inter individuelle se d veloppe plus les individus se persuadent de leur responsabilit personnelle L chec devient donc de moins en moins imputable au destin au hasard de la naissance o une responsabilit collective La m diatisation des jeunes de la cit pr sente leur nous comme une menace une forme de r gression sociale une sorte de maladie dont il faudrait limiter la propagation l ensemble de la soci t ex le qualificatif de sauvageons employ par J P Chev nement ex Ministre de l int rieur A contrario ce nous des jeunes de la cit est une d fense pour les individus qui s y inscrivent C est un point d appui possible pour limiter l emprise de ce on dont nous venons de voir qu il conduit la destruction du je et du nous Cependant malgr l intensit de leurs liens le nous des jeunes de la cit est une construction fragile En premier lieu il y a lieu de consid rer l environnement dans lequel ce nous s est instaur Les habitants des
18. mais en vue d un accomplissement de soi et d une transformation de l tat actuel d quilibre ou du mode actuel d adaptation Pierre Tap s interroge sur l illusion d une adaptation constructive id alis e L individu n est il pas d pendant et ali n dans ces groupes d appartenances comme ceux ci le sont des organisations plus complexes elles m mes inf od s aux syst mes culturels qui constituent et instituent les normes et valeurs de r f rence Posant que tout syst me organique ou social est toujours parti d un syst me plus vaste l Homme serait lui m me un syst me deux faces Selon qu il se tourne vers l int rieur pour s prouver comme une r alit unique autonome ou vers l ext rieur comme partie d pendante de son milieu naturel et social D s lors deux fonctions oppos es mais compl mentaires interviendraient il s agirait d une part de la fonction int grative et de l autre de la fonction assertive La fonction int grative s exprime notamment par le besoin d appartenance un groupe comme le sont les jeunes adultes sujets de cette recherche La fonction assertive se manifeste par l gocentrisme l effort pour s imposer la comp tition La fonction int grative est l uvre la fois dans le pr sent et pour l avenir fonction de progr s alors que la fonction assertive est conservatrice mais suppose des capacit s de diff renciation de ce qui est soi et de ce qui est autre et organi
19. paration du projet de vacances sont sans quivoque Les jeunes se sont organis s entres eux plut t facilement ils n ont aucune appr hension d clarer Et pourtant dans un premier temps il m a sembl que mes questions suscitaient g ne et retenue Les jeunes ne sont ils pas tent s de renvoyer ce que l institution attend d eux Lorsque j avais en charge l organisation et le suivi du dispositif d aide aux projets vacances 17 25 ans n avais je pas en t te un mod le partir duquel je jugeais du bon fonctionnement du groupe Le programme institutionnel pour reprendre l expression de Fran ois Dubet ne consistait il pas inciter les groupes de jeunes se conformer un mod le de fonctionnement d mocratique Le bon groupe tant celui pr sent au complet au S M J pour se renseigner prendre le dossier effectuer une r servation t l phonique venir chercher les ch ques vacances en faisant preuve de gratitude l gard des animateurs Le bon groupe tant aussi celui o chaque membre prend part aux discussions gage d une pratique de concertation celui enfin dont le langage permet de ne pas tre catalogu imm diatement comme jeunes probl mes Bien s r les propos des jeunes interrog s ne constituent qu un aspect de la r alit Il serait pr somptueux de croire qu ils s expriment en toute sinc rit N anmoins les jeunes soutiennent une solide confiance les uns envers les autres et
20. rechercher des indices d un processus d individuation une transformation de l identit personnelle dans le sens de l acteur social d finit par Pierre Tap L entretien compr hensif doit permettre de d tecter les indices des comportements que je veux observer La composition des groupes de jeunes la proximit spatiale de ses membres l influence de la cit sur le choix de la destination peuvent constituer des moyens compl mentaires de validation Cependant la gestion du temps de la recherche et l incertitude quant la richesse des l ments recueillis au cours des entretiens m incitent une certaine prudence Dans l ouvrage de Jean Claude Kaufmann l attention est port e sur la constitution de l chantillon dont il faut retenir qu il doit tre repr sentatif ou s approchant de la repr sentativit soit d fini autour de cat gories pr cises J ai raisonn pour ma part de la mani re suivante partant du constat que les jeunes hommes taient davantage concern s par les ph nom nes d enfermement dans le microcosme social de la cit j ai cart les groupes mixtes homme femme et les groupes compos s exclusivement de jeunes femmes En ne retenant que des groupes compos s de jeunes hommes je restreins la port e de ma recherche sans invalider pour autant la possibilit d une transformation identitaire dans les autres groupes J ai retenu le principe suivant proposer aux jeunes de conduire des entretiens
21. son r le tait davantage orient vers de maintien de la coh sion et la formulation des normes du groupe L attribution d un r le de s ducteur William n est qu une projection elle n a pas valeur de pr diction quand son comportement Dans le second registre de cet indicateur nous constatons que l effort individuel s imposer est faible En r f rence la dynamique de groupe il faut poser que le syst me d interd pendance propre un groupe un moment donn explique le fonctionnement du groupe et sa conduite aussi bien le fonctionnement interne sous groupes affinit s r les que l action sur la r alit ext rieure la r side la force du groupe ou plut t le syst me des forces qui le font agir et qui l emp che d agir L effort s imposer dont les jeunes ont d faire preuve Palma et en Mac doine est pass par le groupe 5 ANZIEU D MARTIN J Y La dynamique des groupes restreints P U F 1986 p 85 94 Les jeunes du projet Castellas ont r agit la fois collectivement et individuellement pour se faire accepter dans le camping La directrice du camping a mis les choses au clair d s le d but elle nous a pos les r gles On a respect il n y a pas eu de souci lls nous aiment bien et ils ont dit l ann e prochaine Castellas Oscar an p 42 et Brice d ajouter propos de l accueil au camping On a fait connaissance et tout Ensuite la fin on a m me fait des f
22. Denis l assume il r fute une ventuelle contestation par ces mots Ils n ont pas eu se plaindre Mac doine Denis an p 30 92 La personnalit de Denis son sens du devoir et la satisfaction qu il en retire apparaissent dans ce nouvel extrait de l entretien Ils ne connaissaient pas la langue et j tais oblig de les assister mais bon quoi moi a me faisait plaisir et je savais que j avais une t che accomplir en quelque sorte gt Mac doine Denis an p 31 Les participants du projet Castellas n ont pas eu de difficult se reconna tre les uns et les autres des r les particuliers Oscar D j c est moi qui ai conduit la voiture exclusivement Donc j tais taxi j tais chauffeur vu que c tait ma voiture c est un peu normal quoi On a toujours peur qu il y ait un petit probl me au moins si c est moi qui cassais la voiture Sinon part a on se partageait vraiment tout Castellas Oscar an p 43 Ce r le tait d autant moins contestable qu en plus d tre propri taire de la voiture seulement un des trois autres compagnons de voyage d Oscar poss dait le permis de conduire II semble que de l exp rience de ce r le Oscar dresse un bilan mitig et que le c t chauffeur de taxi ne rencontre pas toute son adh sion Dans la suite de l entretien voquant de prochaines vacances il d clare Je me ferais un peu plus plaisir La voiture prendre une voiture de location immatricu
23. Il peut redevenir un dispositif p dagogique s inscrire dans une d marche ducative et qualitative Je sugg re que l accompagnement des projets prenne des formes nouvelles d instaurer des temps de rencontres ou de d couvertes th matiques en pr sence de professionnels du tourisme et du tourisme thique de conseillers juridiques de passionn s de la culture et d amateurs clair s pouvant susciter des projets de solidarit Elles pourraient tre organis es tout au long de l ann e bien en amont du d p t des projets permettre aux jeunes d acqu rir des connaissances reconnues comme des comp tences par la commission Au regard de mon exp rience et de ce que m a apport cette recherche action il me semble que l objectif principal du dispositif consiste donner envie aux jeunes de la cit de s ouvrir la connaissance et la d couverte des autres de se diff rentier et de s manciper L appropriation du dispositif d aide aux projets vacances par les jeunes de la ville depuis 1997 montre qu il peut tre le support une mulation dans l acquisition de nouvelles comp tences relationnelles et sociales C est sur l engagement des animateurs jeunesse que repose la r ussite de cette orientation Elle suppose qu ils s inscrivent personnellement et pour eux m me dans ce type de d marche par le biais de la validation d acquis d exp rience ou la formation professionnelle continue et deviennent donc moins d pendants du mic
24. Les entretiens r alis s apr s les vacances se sont d roul s entre le 19 septembre et le 10 octobre soit environ de deux mois apr s le s jour Cette p riode est marqu e par le ph nom ne de la rentr e Pour la grande majorit des jeunes il s agit de reprendre ou poursuivre son parcours scolaire ou de formation La rentr e est galement propice de bonnes r solutions le s rieux y est contagieux Les jeunes sont plus que les autres cat gories d ges touch s par des changements importants dans leur vie quotidienne et leur r seau relationnel compte tenu de l organisation en cycle des parcours de formation de l orientation de la r ussite ou de l chec aux examens Dans ce contexte l enjeu principal pour les jeunes de la cit consiste se maintenir dans la norme ne pas se laisser distancer ou mettre l cart La prise de conscience d une possible sortie pr coce du parcours de formation initiale provoque un lectrochoc et pr cipite l acceptation d une orientation par d faut Certains jeunes du nous m mes que nous avions rencontr s au d but de la p riode estivale pourraient tre confront s l angoisse de ne pas pouvoir se maintenir dans une trajectoire comparable celle des autres jeunes de leur classe d ge Apr s ce temps de vacances en groupe ou On se parlait vraiment entre nous et on essayait de tous se comprendre Castellas Charles an p 63 quelle place prend le groupe
25. On s est revu tout le mois d ao t et de toute fa on on habite au m me endroit alors C est mes voisins nous dit Oscar Castellas an p 46 5 MEAD G H L esprit Le soi et la Soci t P U F 1963 p 151 3 La proximit d habitation rend in vitable le maintien du contact mais elle ne qualifie pas l volution de la relation Pour Fabien une certaine prise de distance a commenc d s le retour En effet j en ai revu et il y en a d autres qui ont commenc retravailler directement le lundi 18 et sinon d s fois on fait des sorties cin ma sinon on fait des petits plans boites des trucs comme a Palma Fabien an p11 A travers les propos d autres jeunes on per oit que le groupe du projet tendrait se diluer dans le microcosme social des jeunes de la cit On se voit souvent on reparle des vacances On en parle d autres qui sont motiv s On a m me influenc d autres personnes aller les ann es apr s Palma William an p 24 Brice vient compl ter les propos pr c dents Bah D s que l on a retrouv les copains ils nous ont demand s comment cela s tait pass et on a mis du temps expliquer la semaine que l on avait pass e Mais a fait un changement quoi On tait des petites stars Castellas Brice an p 55 Les jeunes partis en s jour doivent leur retour faire all geance aupr s des autres jeunes de la cit prendre le temps de se montrer ensembles et s
26. Palma an p 14 Participant galement au projet Palma Fabien compl te on a tous volu s en m me temps au niveau scolaire malgr qu il y ait eu des redoublements gt an p 3 Le lien entre la composition du groupe et la fr quentation scolaire est tablie ainsi par Darius du projet Evasion En fait on s est rencontr s depuis longtemps on tait tous dans la m me cole donc comme Djamel le responsable du groupe j ai toujours t dans la m me classe depuis la maternelle on a toujours t ensemble Il y a quelques personnes que j ai rencontr es au fur et mesure on s est retrouv au m me coll ge puis il y en a un qui est plus vieux que j ai rencontr aussi au coll ge On s est connu en fait l cole an p 73 Aux paroles des jeunes j associe la connaissance que jai de cette ville o les quipements de proximit ont t construits aux pieds des tours en centre ville Les coles maternelles et primaires sont tellement dans la proximit spatiale des lieux d habitation qu elles ne favorisent aucun brassage social En dehors du turn over des enseignants pouvant pr tendre au bout de quelques ann es une meilleure affectation les jeunes de la cit nont pas fait d autres rencontres que celles des enfants des nouvelles familles devant se faire adopter par la cit se soumettre ses codes et ses 79 r gles Ainsi la remarque de Mourad prend elle tout son sens Des amis qu
27. Pour l quipe jeunesse la mise en place du dispositif a n cessit un investissement important des animateurs dans les quartiers et de multiples ajustements Nous avons choisi d aller vers les jeunes qui se connaissent et se fr quentent depuis l enfance ceux qui jour apr s jour se retrouvent pour discuter de tout et de rien dans ce que nous appelons famili rement La cage d escalier adoss s une barre ou assis sur une inconfortable barri re con ue l origine pour prot ger l acc s un carr de pelouse IIS nous connaissent ils nous saluent parfois avec ironie Alors la mairie a va Quoi de neuf Pour retenir leur attention il faut aller vite aller l essentiel voquer les mille francs par personne pour partir en vacances Ensuite donner la r gle du jeu il faut faire un projet Le mot projet ils le connaissent pour certains ils l ont d j trop entendu c est un mot pi ge souvent utilis par les institutions pour ne pas r pondre leur demande gagner du temps ou se d barrasser d eux Cette fois c est diff rent faire un projet de vacances ils s en sentent tous capables 26 Ce que nous avons d clench avec le dispositif d aide au projet s apparente parfois au jeu du chat et de la souris Nous avons annonc les principes fix des r gles du jeu nous pr tendons au travers du dispositif d montrer aux jeunes que l institution les prend en consid ration instaurer une relation de c
28. accompagnement des groupes de jeunes reste en partie insatisfaisant A la marge certains jeunes transgressent les r gles et cherchent d tourner le dispositif de son objectif en sollicitant le financement d un projet fictif Une nouvelle fois la question de l valuation de l ensemble du dispositif est pos e La municipalit donne depuis l organisation des premi res assises de la Ville en 1998 la priorit la d mocratie participative Dans la perspective des troisi mes assises qui se tiendront le 7 d cembre elle lance une nouvelle d marche le budget participatif Elle doit permettre d associer la population de la ville la construction du budget 2003 Dans ce contexte le service jeunesse est invit solliciter l ensemble des b n ficiaires du dispositif d aide aux projets vacances 17 25 ans afin de d battre avec les lus Cette rencontre doit permettre d voquer les orientations du dispositif L une des questions r currentes chez les jeunes est Pourquoi ne financez vous que les projets de vacances et non les stages l tranger dans le cadre des tudes Les crit res d acc s au dispositif seront d battus ainsi que le r le de chacun la commission les r f rents l organisation administrative Enfin les jeunes seront associ s une r flexion sur leur engagement dans la d marche de projet 39 Cette rencontre th matique doit galement permettre d inviter les jeunes participer aux troisi
29. assum es au nom du groupe suivant les probl mes r soudre et les comp tences respectives de chacun La pr paration du s jour constitue avant tout pour les jeunes une s rie de contraintes autour des d marches effectuer des dossiers remplir des incertitudes quant l h bergement Ils conviennent de ces n cessit s mais en r alit ils sont d j dans le plaisir escompt de leur r ve Indicateur 3 2 La similitude d attentes et de go ts des jeunes Un petit coin de paradis La densit relationnelle entre les jeunes l habitude de fonctionner ensemble sont importantes c est au dessus de tout Tout et n importe quoi parler aller sortir quelque part ou quoi que ce soit Evasion Bernard an p 68 Les repr sentations des vacances renforcent cette convivialit exceptionnelle un endroit de r ve magnifique la journ e avec beaucoup de soleil 35 l ombre la plage du karting des sorties le soir les boites bien entendu J esp re que ce voyage sera m morable Palma Fabien an p 5 L ouverture des rencontres f minines les rivalit s qu elles pourraient engendrer sont voqu es ironiquement comme faisant partie d un jeu sans affecter la complicit entre nous 85 Les jeunes s appr tent participer la grande migration estivale Ils partagent en cela une aspiration r pandue dans l ensemble de la population changer de d cor changer d air Ils le disent avec le
30. aux groupes et cat gories d appartenances Car elle devient son tour ali nante si le sujet n op re pas une diff rentiation critique une objectivation des identifications divergentes une double tentative de d passement de l gocentrisme et du socio centrisme d une part et de la contrainte et de l ob issance l autorit d autre part ce d passement ne peut tre obtenu que par une double aventure temporelle et sociale Par le projet et le programme de vie le sujet se lib re des suj tions cherche d velopper ses potentialit s largir le champ des possibles Par la coop ration et la confrontation l adh sion et la critique par la participation aux actions et aux projets collectifs le sujet prend conscience des d terminants exog nes de ses propres blocages et conflits autant que des aspects d fensifs et autocentr s de ses conduites Voici pos l un des enjeux de ma recherche tenter de trouver en quoi le projet de d part autonome en vacances de jeunes de dix sept vingt cinq ans participe la personnalisation ou de l ali nation des membres de ces groupes travers les fonctions int gratives renvoyant au Nous et assertives du Je 57 3 5 Renforcement th orique de l hypoth se La compr hension des comportements et des formes de socialisation des jeunes ne peut s affranchir d une r f rence la crise et au projet de l adolescence L adolescence est qualifi e la fois de mo
31. ce qui a t pr sent par Fabien du projet Palma C est une figure de style qui s duit les jeunes soucieux de donner la meilleure image de leur groupe de pairs Elle m rite d tre relativis e en retenant les propos de Brice et de Charles et c est pourquoi nous proposons de d signer la forme de libert organisationnelle mise en uvre le chacun pour soi ensemble Indicateur 4 2 La place de chacun et l effort s imposer Tout sauf chef Dans la perspective de la personnalisation il nous a sembl pertinent de rechercher si le s jour vacances avait t l occasion pour les jeunes de tenir un r le La notion de r le ne vient pas ici contester l authenticit du comportement des jeunes elle ne peut pas tre r duite au para tre d un acteur ni la prescription d une institution Le r le est ici un moyen par lequel le jeune acquiert des comp tences nouvelles le jeune l labore en m me temps qu il l interpr te et il pourrait tre en mesure de le r investir ult rieurement Dans le contexte de la libert organisationnelle les r les ne sont pas syst matiquement d sign s ou r partis d avance ils sont prendre dans une d marche explicite ou implicite William et Fabien avouent ne pas avoir eu d exp riences dans ce domaine au cours de leur s jour Non bah Non vu que l on tait en club quoi Palma William an p 20 William fait tat de difficult communiquer du fait de la
32. cessit d une transformation identitaire J tais encore cependant tr s attach ma pratique professionnelle et en particulier au dispositif d aide au projet que j avais port et qui avait pour moi le m rite de concilier l int r t des jeunes et celui de la soci t La d marche consistant lever les obstacles habituellement rig s pour en limiter l influence et offrir des prestations aux groupes constitu s peut se justifier de diff rentes fa ons L enjeu majeur pour moi a toujours t de pouvoir provoquer des changements au sein des groupes et de permettre aux personnes de choisir le moment d en sortir de s individualiser Mon engagement dans la d marche de la recherche action consiste trouver les moyens d interroger ma pratique sur le plan th orique et d finir le cadre d analyse permettant d en discuter les effets Apr s cette d claration d intention ou profession de foi comme on l entendra il me restait choisir parmi les angles d analyse celui par lequel je pr tends acc der une d marche scientifique de recherche C est autour de cette question de l identit barbe papa pour reprendre la formule d Erwing Goffman cit 31 GOFFMAN E Stigmate les usages sociaux des handicaps Paris Minuit 1975 p 74 47 par de J C Kaufmann que je vais construire mon objet de recherche Goffman fait appara tre l identit personnelle sous la forme d un enregistrement unique et ininte
33. comme un milieu pathog ne est devenu une pens e institu e laquelle il est difficile de r sister 107 Avant de livrer les r sultats de ma recherche il me semble n cessaire de proc der une d construction de ma question de recherche et un rep rage des repr sentations des cat gories de pens e institu es pr sentes dans la formulation de la question et de l hypoth se Le terme de transformation retenu pour la question de recherche a remplac celui de passage entre une identit de groupe et une identit individuelle Ainsi en choisissant d observer la transformation d une chose en une autre je me suis situ dans un processus l o le terme de passage gt sugg rait davantage l av nement d une rupture L adolescence est qualifi e de passage en tant que p riode de la vie se situant entre l enfance et l ge adulte Par contre placer le dispositif d aide aux projets dans un passage entre identit de groupe et identit individuelle reviendrait envisager un basculement complet de l un vers l autre D s les premi res approches th oriques de l identit je me suis aper u que cette formulation relevait d une repr sentation inscrivant en opposition les diff rents aspects de l identit collective et personnelle Je suis progressivement pass d une vision simplificatrice m caniste de l identit l approche d une notion complexe mouvante insaisissable comportant plusieurs di
34. comme un processus psychologique par lequel un sujet s approprie un aspect une propri t un trait d un autre sujet et se transforme en tout ou en partie sur le mod le de celui ci En psychanalyse le terme renvoie avec Freud et Lacan au sens de s identifier Pour Freud il a valeur centrale c est l op ration par laquelle le sujet se constitue l identification n est pas une simple imitation mais appropriation fond e sur la pr tention une tiologie commune Elle exprime un tout comme si et se rapporte un l ment commun qui se trouve dans l inconscient Cet l ment commun est un fantasme ainsi l agoraphobe s identifie inconsciemment une fille des rues et son sympt me est une d fense contre cette identification et contre le d sir sexuel que celle ci suppose L autre incontournable th oricien de l identification est le psychologue Jacques Lacan Dans son expos sur le stade du miroir il conclut la n cessit du passage par cette phase dans le d veloppement de l enfant l accession par celui ci l image sp culaire est con ue comme fondatrice de l instance du moi L enfant qui reconna t son image dans le miroir assure son statut un point d ancrage d finitif dans l ordre imaginaire et cette identification narcissique originaire ouvrira la porte toute une s rie d autres identifications de nature proc der la constitution du moi et ayant la fonction de normal
35. d un engouement pour la diversit ethnique et culturelle symbolis par le slogan Black Blancs Beurs un repli sur le club ferm de l Europe chr tienne A l appellation affectueuse des beurs qui incitait assumer sa part de francit ont succ d es les Reuno et les Reubeus Ces expressions d signant les nouveaux barbares ont occup le devant de la sc ne m diatique sur le th me de la confrontation des gangs des posses Comment ne pas y voir une incitation un encouragement lanc aux jeunes mystifier leurs origines Aujourd hui on abuse des termes arabe et juif les guerres de civilisation n envahissent elles pas les ondes pour stigmatiser encore plus les diff rences Au nom de la tol rance et du respect un glissement s est op r favorisant l emprise des pratiques culturelles et religieuses y compris dans les activit s socio ducatives A titre d exemple la composition des menus en collectivit tend aujourd hui supprimer purement et simplement si j ose dire la viande de porc La mixit est am nag e afin de conforter les parents dans leur souhait d une s paration entre les filles et les gar ons d s les premiers signes de la pubert Dans mon milieu professionnel les pratiques communautaires ne sont pas per ues comme un facteur d enfermement au contraire Elles participent ce qu il est convenu d appeler un retour vers la culture d origine Cette d marche est pr
36. d une transformation de l identit personnelle N anmoins la transformation le changement peuvent s av rer provisoires et superficiels Alors que les jeunes entrevoient la possibilit de s affranchir du modelage social de la cit se r investissent de la question de la direction de soi et de la qu te de leur autonomie un autre danger les guette La r alisation de soi travers la consommation la synchronisation des appareils de mod lisation culturelle menacerait tout la fois la constitution du nous et du je qui seraient interd pendants Le processus identitaire et la personnalisation pourraient se voir r duit au renouvellement des choix de consommation l adoption de la nouveaut dont l avantage pour le syst me est qu elle ne reste jamais neuve et qu il en n existe toujours une nouvelle pour la faire vieillir Le dispositif d aide aux d parts autonome en vacances en direction des jeunes de 17 25 ans pour tendre la plus grande efficacit doit selon moi s attacher demeurer un dispositif p dagogique Les pr conisations que je formule visent restaurer l accompagnement ducatif organiser en amont du projet de vacances des rencontres th matiques permettant aux jeunes d acqu rir des connaissances qui pourront tre r investies au cours du s jour de vacances ainsi que dans la cit Les animateurs socioculturels ont leur r le jouer pour stimuler les jeunes dans la r alisation de projets e
37. d incapacit d agir de fa on personnelle dans le pr sent impossibilit de pr voir l avenir pour soi et pour les autres Par un jeu complexe de r gulation entre le moi les autres les nous et les institutions la personnalisation est en fait un constant effort de d cloisonnement et de re personnalisation de lutte contre les clivages internes et les ali nations exog nes Par l inversion des dimensions utilis es pour d finir l ali nation Pierre Tap p 56 d finit cinq dimensions de la personnalit qui sont l uvre dans le processus de personnalisation La qu te de pouvoir le pouvoir d fini comme moyen de relation de n gociation avec autrui 58 La qu te du sens et de la signification Donner du sens en fonction de sa propre histoire de ses origines et de ses esp rances Trouver ce sens dans des r f rents collectifs dans des groupes auxquels il adh rera par choix plut t que par encha nement La qu te d autonomie sortir de sa suj tion d enfant abandonner les r f rences h t ronomiques parentales ou scolaires Construire ses propres limites et les r gles qu il accepte de se donner lui m me La hi rarchisation de nouvelles valeurs et projets le sujet r organise ses conduites personnelles tenant compte des situations conflictuelles qu il affronte des malaises qu elles g n rent en lui Il est oblig d opter entre diff rentes repr sentations r alistes ou id ales de soi
38. dans le comportement des jeunes adultes sur lesquels j ai choisi de porter mon regard A l oppos elles pourraient donner croire que mon interrogation concernant l identit personnelle des jeunes n est pas fond e 56 Le troisi me chapitre de l ouvrage de Pierre Tap s intitule Histoire de vie et strat gie de la personne Ce titre tablit une correspondance directe avec le sujet de ma recherche En effet je nai pas pr tention rendre compte du processus identitaire dans son ensemble mais observer en quoi un projet v cu participe d un mouvement La personnalisation me semble tre une notion pertinente pour la poursuite de ma r flexion Elle est pr sent e comme une coordination des fins et des moyens des id aux et des capacit s r elles et actuelles du moi Elle s labore n cessairement dans les relations duelles avec autrui dans des processus interpersonnels dans des interactions et des communications dans le jeu des prises de r les et des repr sentations La personnalisation peut nous dit Pierre Tap dans un premier temps tre favoris e par l identification cat gorielle de sexe dans la mesure ou elle permet une affirmation identitaire Car en cherchant tre comme les autres valoriser les similitudes le sujet renforcerait sa propre estime de lui m me et sa coh sion interne Cependant P Tap invite percevoir les limites de ce qu il d signe par le terme de fusion oc anique p 59
39. de ce dispositif d aide au d part en vacances et la r action qu il a suscit e de l institution polici re aux op rateurs du tourisme Le troisi me chapitre constitue le c ur de la recherche de l mergence de l apprenti chercheur la pr sentation du recueil de donn es Ma question de recherche est formul e ainsi Sous quelles formes un dispositif d aide au d part autonome en vacances en direction des jeunes de 17 25 ans peut il participer une transformation de l identit personnelle L hypoth se que je vais tenter de v rifier est la suivante Le s jour vacances en autonomie serait une tape annonciatrice du d clin de la relation fusionnelle au groupe au b n fice de la prise de conscience de son individualit passage du Nous au Je Le mod le d analyse est labor autour d un concept central la transformation de l identit personnelle Celle ci se construit par la confrontation de la similitude et de la diff rence L identit personnelle d finie comme un processus tout au long de l existence doit tre pos e par des actes de s paration et d affirmation par la diff rentiation cognitive et l opposition affective En prenant appui sur l ouvrage de Pierre Tap intitul La soci t Pygmalion Int gration sociale et r alisation de la personne j ai retenu deux fonctions oppos es et compl mentaires Il s agit d une part de la fonction int grative qui se manifeste par le besoin d appartenance
40. de la microsoci t laquelle ils appartiennent d s leur enfance Le terme de microsoci t s applique une matrice psychosociale qui remplit plusieurs fonctions instrumentale affective et normative C est une configuration relativement stable en r seaux qui constitue une communaut locale Elle r gule des aspects priv s et publics de la vie de ses membres Se reconna tre jeunes de la cit constitue une r sistance identitaire face l ext rieur la fois individuelle et collective tre inscrit dans cette microsoci t influence l adolescence et les modes de sortie de ce moment de vie Nous l avons vu la cit est le point d ancrage de la composition des groupes C est souvent la faveur des d saffections des jeunes de la cit que le groupe s ouvre la participation d autres jeunes du quartier de la ville Le choix de la destination du lieu de vacances n chappe pas l influence de la cit et la transmission de l exp rience favorise l adh sion l int riorisation des valeurs partag es au sein de la microsoci t L exceptionnelle convivialit entre les jeunes de la cit leur passion commune pour le football participent d une identification fraternelle qui prend valeur de diff renciation face l ext rieur Acteurs sociaux l chelle de leur territoire de vie les jeunes de la cit doivent se montrer solidaires ils sont ali n s dans leur groupe d appartenance Leur participation
41. de s jours trouver des solutions pour prendre en compte la fluctuation du nombre de personnes les appartements propos s taient soit trop petits soit trop grands et enfin qu ils devaient pouvoir tre rembours s s ils changeaient d avis Les probl mes de voisinage dans les r sidences la diff rence de mode de vie entre les jeunes et les autres publics les couples les familles ont rapidement conduit les agences de voyages renforcer leurs exigences implication et contr le des jeunes par le service jeunesse puis nous carter des offres les plus int ressantes de m me pour les sites et les p riodes Enfin le S M J tait responsable des dommages caus s dans les appartements A la suite d incidents survenus dans le cadre d une location effectu e pour assister aux Francopholies de la Rochelle le service a eu beaucoup de mal faire reconna tre aux jeunes leur responsabilit et obtenir r paration Toutes ces difficult s les m diations avec les uns et les autres les efforts consentis pour trouver des solutions aux probl mes nous ont aid s mieux analyser les besoins des jeunes Mon implication en tant que chef de service dans le r glement des litiges le soutien au personnel administratif aux animateurs m a permis d acqu rir une l gitimit pour proposer 18 l quipe de nouvelles orientations Je me d finis professionnellement comme un agent public au service de l int r t g n ral Contrairement d
42. de se retrouver ailleurs Les jeunes de la cit vivent au 73 sein d une communaut de paroles Ils se racontent se mettent en sc ne souvent avec humour Pour se distinguer puis retrouver leur place dans ce nous des jeunes de la cit ils mettent en r cit les tranches de vie v cues l ext rieur Ainsi dans le choix de la destination de vacances il y a des passeurs Leur r le consiste transmettre leur exp rience donner envie aux autres de la reproduire La confiance entre les jeunes de la cit renforce l authenticit de ces exp riences Les jeunes sont convaincus d tre des semblables influenc s par l opinion du groupe de pairs qu ils ne pensent pas rencontrer la d ception dans cette reproduction Le projet Palma donne une bonne illustration de cette transmission Fabien Mourad comme il est parti l ann e derni re Palma c est lui qui nous a inform parce qu il nous a dit que Palma c est int ressant les sorties tout a c tait cool franchement il n y avait rien dire C est lui qui a apport l id e Palma an p 4 Le r cit de Mourad diff re du point de vue de l intention puisque celui ci modestement exprime Tout d abord j ai t l ann e derni re a m a plu j en ai parl des amis et m me je leur ai donn un bon aper u de Palma et ils m ont dit si je ne voulais pas y retourner J ai accept parce que a m a d j plu justement l ann e derni re moi c est une a
43. des m les dans la famille De son enfance des privations du racisme subi notamment durant les ann es d occupation ma m re ne m a pas donn de d tails Je sais seulement qu elle a du interrompre tr s t t sa scolarit pour travailler dans la couture Elle m a fait de sa jeunesse le r cit d une p riode insouciante v cue sous la protection de ses cousins italiens C est cependant en dehors de cette communaut qu elle a choisi tardivement 7 pour l poque un mari pour fonder une famille Devant la p nurie de logement mes parents ont du cohabiter chez mes grands parents maternels puis paternels pendant leurs premi res ann es de mariage avant d acc der un logement ind pendant C est ma naissance en 1957 qu ils viennent r sider Bobigny ville communiste depuis 1920 et le congr s de Tours mais pas encore chef lieu du d partement de la seine Saint Denis Du c t paternel mes origines ne sont pas moins ouvri res Mon grand p re Aim Jean Baptiste est n en Belgique dans la r gion de Louvain en 1894 Il a combattu pendant la premi re guerre mondiale dans l arm e belge aux c t s des fran ais Bless et gaz dans les tranch es en 1917 il est exp di l h pital de Roscoff Comme ses camarades de combats fran ais et anglais il re oit la correspondance d une jeune femme fran aise une marraine de guerre C est ainsi qu il fait la connaissance d Antonine une jeune creusoise
44. en banlieue parisienne dans une ville municipalit communiste qui ceinture la capitale au nord est Nous tions trois amis et nous nous retrouvions comme chaque soir au pied d un b timent pour refaire le monde Nous habitions des cit s HLM au nom vocateur Karl Marx Bons Enfants La discussion tait anim e En quelques mois chacun de nous venait d chapper au service militaire Deux avaient t exempt s et le troisi me avait obtenu d tre r form apr s quelques semaines d incorporation en Allemagne Nous avions vingt ans en 1977 et tions sorti de l cole avec pour seul dipl me le BEPC Par d rision et provocation nous nous revendiquions bon rien pr t tout Nous partagions le sentiment d avoir gagn une ann e de notre vie et nous nous demandions quoi faire de ce bonus L un d entre nous sugg ra de partir au Maroc l aventure au soleil la mani re des routards qui faisaient les bonnes pages du magazine Actuel Notre pr paration fut sommaire un sac de v tements quelques centaines de francs en poche et nous voil partis Sur les ondes de la Radio T l vision Luxembourgeoise une mission intitul e les routiers sont sympas mettait en relation chauffeurs et auto stoppeurs Elle tait anim e par Max en direct de l entrep t Ney porte d Aubervilliers Nous nous sommes rendus aux entrep ts Apr s nous tre s par s en deux groupes nous avons embarqu bord d un camion de trent
45. entre des valeurs antagonistes de se faire exister dans l avenir comme acteur potentiel et de construire des vis es de d passement de ces conflits par le projet R aliser pour se r aliser gr ce l actualisation des dimensions pr c dentes l individu en vient se cr er lui m me dans le jeu de groupes eux m mes cr ateurs Il a besoin de se mettre en cause et de faire uvre Par l uvre il peut construire et consolider une identit continue coh rente et positive Il peut anticiper et pr voir s ouvrir et s enrichir dans la communication avec autrui 3 6 Le mod le d analyse Dans l aventure que constitue la recherche action l apprenti chercheur est confront ses repr sentations L association des deux termes mod le et analyse m est d abord apparue comme contradictoire Spontan ment je rejetais l id e d une mod lisation pr alable l analyse Pour moi l organisation du sens tait indissociable de la fonction m me de l analyse Du travail d analyse d coulait logiquement une trame devant servir la v rification des hypoth ses et la pr sentation des r sultats N anmoins suivant les conseils des formateurs je me suis conform au r le d apprenant et j ai adopt le mod le d analyse d fini par Quivy et Van Campenhout 40 QUIVY VAN CAMPENHOUT Manuel de recherche en sciences sociales Dunod 1995 59 recherche action construction du mod le d analyse D a
46. le mercredi 25 juin 2003 Deux groupes constitu s uniquement de jeunes hommes ont t s lectionn s Le premier tait compos de huit jeunes trois d entres eux ont accept de participer la d marche en deux temps un entretien avant et un second apr s le s jour Le second groupe est compos de trois jeunes deux d entre eux ont r pondu mes sollicitations En raison d une mauvaise manipulation du microphone l un des entretiens a t interrompu et son contenu est rendu inexploitable Au cours de cette premi re s ance j ai du improviser car je n avais pas anticip le fait que la salle de d lib ration de la commission soit sonoris e Des microphones taient la disposition des jeunes et des membres de la commission L amplification du son risquait de rendre les enregistrements des entretiens inexploitables Bien que je me sois livr une prise de contact la semaine pr c dente j tais relativement mal l aise car c tait la premi re fois depuis mon changement de fonction que je reprenais contact avec le public jeunesse sur ce dispositif que j ai contribu cr er et d velopper Le mercredi 9 juillet 2003 trois groupes de jeunes pr sentaient leur projet devant la commission L un de ces groupes tant constitu d un jeune homme et d une jeune femme s agissant d un couple je ne les ai pas sollicit s Les deux autres compos pour lun de sept jeunes hommes et pour l autre de quatre Au cours
47. loin devant les animations et le scolaire Entre cinquante et cent jeunes au maximum connus des services de police seraient les principaux acteurs de la d linquance Cette vision de noyaux durs ou th orie 8 Circulaire du 25 mai 1998 orientations du Premier ministre du 17 et 18 mars 1999 30 des cinq pour cent a souvent t pr sent e comme une vidence de terrain Dans ce contexte le soutien au projet vacances et le lien tabli par le service jeunesse avec plus d une cinquantaine de groupes de jeunes adultes n est pas identifi comme une d marche de pr vention Pourtant 60 des personnes interrog es dans le cadre de la pr paration du plan local de pr vention de la d linquance s inqui tent des relations difficiles des jeunes avec les figures traditionnelles de l autorit Au S M J la reconduction du dispositif en 1999 est pr c d e d une recherche afin d acc l rer le traitement des dossiers apr s le passage devant la commission Notre volont est aussi de rendre chaque participant sa part de responsabilit et de lui donner les moyens de faire entendre sa voix dans le groupe pendant le s jour J impulse afin que nous tablissons des conventions avec l Agence Nationale des Ch ques Vacances le groupe Ch que D jeuner et la soci t Total de mani re substituer la prise en charge et au remboursement de prestations acauitt es la remise de ch ques de valeur Nous cherchons
48. mergence de l apprenti chercheur p 44 La construction de l objet de recherche p 48 3 3 R flexion th orique l apport de la psychologie p 50 3 4 R f rence th orique la personnalisation et l int gration sociale p 54 3 5 Renforcement th orique de l hypoth se p 58 3 6 Le mod le d analyse p 60 3 7 La m thodologie et le cadre op ratoire p 62 3 8 Le recueil de donn es p 65 Chapitre 4 analyse des entretiens p 71 4 1 Entretiens r alis s avant le d part en vacances la fonction int grative p 71 4 11 Composante 1 influence du microcosme social de la cit p 71 4 12 Composante 2 la cit territoire de vie p 77 413 Composante 3 les relations au sein du groupe p 84 4 2 Les entretiens r alis s apr s le s jour la fonction assertive p 87 4 21 Composante 4 l gocentrisme p 87 4 31 Composante 5 la personnalisation p 95 3 partie Le temps du bilan p 104 Chapitre 5 Les r sultats de la recherche p 105 5 1 Auto valuation du parcours p 105 5 2 La compl mentarit entre les fonctions int gratives et assertives p 110 5 3 La validation partielle de l hypoth se p 114 5 4 Limites et int r t de la recherche p 115 Chapitre 6 Bilan et perspectives p 118 6 1 L individuation contrari e p 118 6 2 Le devenir du dispositif d aide aux projets vacances pr conisations p 123 Conclusion p 126 Bibliographie p 128 Liste des sigles et des abr viations p 130 Introduction L histoire se d roule
49. mes assises 2 8 S engager dans la recherche action Le r cit de cette exp rience aurait pu s achever ici lavenir du dispositif d aide aux projets de vacances paraissant assur Je me pr parais la fin de l ann e 2002 quitter mes fonctions de Directeur de L Association S M J chef du Service Municipal de la Jeunesse ainsi que le secteur de l animation socioculturelle Pendant sept ann es j ai contribu au sein d une quipe laquelle je rends hommage animer un service et promouvoir des actions socio ducatives J ai consacr au dispositif d aide aux projets vacances plus de temps et d nergie qu tout autre projet dans ma vie professionnelle Cette action est un l ment d une politique publique en direction de la jeunesse cat gorie sociale avec ses attentes l gard du politique et de la soci t Elle repose sur des principes que j ai toujours d fendus et qui font l honneur du service public le respect de la personne et de ses choix de vie la non discrimination de sexe d origine de religion de milieu social l galit d acc s au service Le dispositif d aide aux projets vacances 17 25 ans a contribu d velopper du lien social et civique Les repr sentants de neuf associations locales et de quartiers ont particip au jury de la commission Cinq lus de la municipalit l ont pr sid Les repr sentants des services municipaux des sports de l enfance des relations internationa
50. mon identit professionnelle 1 4 Quitter l enfance Je pourrais poursuivre le r cit de mon exp rience professionnelle au service enfance de cette ville laquelle je suis attach voquer mes illusions et mes d ceptions Je garde le souvenir d une ducation au jeu libre et inventif d une p riode aujourd hui r volue ou la t l vision et la publicit ne venait pas envahir les cours de r cr ation et imposer son rythme de consommation effr n Parfois les animations taient directement inspir es de positions id ologiques sc naris es et par exemple les enfants de la ville d guis s en 13 colombes de la paix pour protester contre l installation des fus es Pershing en Europe Dans la logique d une r ponse aux besoins la municipalit a consenti des moyens importants pour d velopper une offre de loisirs de proximit et un acc s aux activit s sportives et de plein air Ces services de proximit accessibles tous gr ce au quotient familial ont t l orgueil des municipalit s communistes C est dans ce contexte que la reconnaissance de mon travail au sein de la collectivit ma permis de b n ficier de promotions successives et sans omettre aucun chelon jusqu au poste de directeur d association chef de service la jeunesse que j ai occup de 1996 2002 Ma prise de fonction en juin 1996 comme chef de service directeur de l Association S M J a t pr c d e de deux v nements professionnel
51. n est pas arriv William a til des regrets Il n a pas fait la rencontre qu il esp rait pour quelles raisons Caprice du destin Echec personnel Sera t il tent de modifier son comportement de rechercher s impliquer dans un autre groupe comportant des pairs de l autre sexe l occasion de prochaines vacances Dans les faits la communaut de vie du groupe de jeunes commen ait d s le r veil et le premier lev allait toquer la porte des autres pour les r veiller nous a d clar William Palma an p 22 Fabien n a pas le m me ressenti que William et affirme Personnellement on tait tous soud s Palma an p 9 Il compl te Toutes les d cisions taient prises en groupe Il n y avait personne qui se d gageait du lot Il n y en avait pas un qui allait manger l bas ou un autre qui allait l bas on y allait tous ensembles an p 9 Fabien est fier d exprimer la coh sion du groupe ses r gles ses pratiques pour lui c est la preuve de la solidit du lien qui les rassemble Il ajoute encore Il y avait de l ambiance il ny avait pas de groupe on tait huit soud s Palma Fabien an p 11 Son enthousiasme pour ce mode de relation est tel que l on peut consid rer que cela correspond un id al On a pass des vacances fabuleuses huit franchement il n y a rien de mieux huit mecs Palma Fabien p 11 L importance de la relation entre pairs du m me sexe e
52. par ment de discuter pour r quilibrer les relations Dans le microcosme social de la cit constituer de mani re trop ostensible un sous groupe ou la jouer solo c est prendre le risque de s affaiblir de se couper du soutien de la cit Dans l une des cit s excentr es de la ville un groupe de jeunes qui avait pris l habitude de tout faire ensemble sans calculer leurs pairs avaient t baptis par provocation et d rision Les communistes Les codes sociaux en usage pour vivre dans la cit en tant reconnu et respect sans avoir s engager fr quemment dans des rapports de force exigent que chacun consacre une partie de son temps aux autres Quand tu allumes ton ordinateur tu actives ton anti virus il balaie tes fichiers a prend du temps et apr s tu peux aller surfer ou jouer tranquille A la cit c est pareil quand tu sors de l appartement tu dis bonjour tous ceux que tu croises tu prends des nouvelles tu t arr tes et prends le temps de discuter apr s tu fais ta vie tranquille quoi Propos recueillis au S M J en marge des entretiens 57 Expression argotique maintenir un minimum de relations sociales donner le change 100 Apr s le s jour les rencontres entre les jeunes du groupe projet viennent galement s espacer et se r duisent parfois la fin de semaine En fait vu qu il y a l cole non Mais c est surtout le week end quoi Castellas Brice an p
53. par ma m re et belges par mon p re ou plus exactement flamande Mon ducation et mes repr sentations sont empreintes de l influence maternelle Ma grand m re Pascaline est n e en 1905 Castel Del Monte dans la r gion des Abruzzes en Italie Elle immigre en 1912 dans l Est de la France accueillie par un grand oncle forgeron Elle se marie avec un italien Franco lectricien de profession Le couple part s installer Hom court en Meurthe et Moselle En 1926 il donne naissance un enfant Cl onice ma m re Deux ann es plus tard Franco d c de d une maladie des bronches Pascaline jeune veuve et son enfant se rendent dans le Nord de la France Pascaline y rejoint son fr re Elle travaille dans une usine au polissage du marbre puis comme femme de m nage En 1930 ils quittent le Nord de la France Le fr re de Pascaline vient d obtenir un contrat de travail pour le chantier de orphelinat d Auteuil Ils s installent Livry Gargan en r gion parisienne une ville o la communaut italienne est importante En 1933 Pascaline se remarie avec Joseph italien et ma on de profession De cette union na tra quatre filles et ma m re deviendra l a n e de cette nouvelle fratrie On m a souvent racont la d ception la r signation et la joie qui accompagnait la naissance des enfants de Pascaline et de Joseph Le gar on tant attendu ne sera pas au rendez vous et il faudra attendre la g n ration suivante pour voir na tre
54. pensent ne pas pouvoir sortir Dans ce cas quitter son quartier leur semble insurmontable Brice On a fait quelques recherches sur Internet sur les adresses et tout ensuite on est all au S M J pour approfondir ces recherches on a t l ohon plein plein de campings et c est un des seuls qui nous a ouvert ses portes Castellas an p 49 Enfin le troisi me l ment nous est livr par Charles Bah C est par rapport l ann e derni re on a eu notre permis de conduire et on a dit venez on va Nice parce que l on est jamais parti l bas Castellas an p 58 L obtention du permis de conduire vient ici stimuler le d sir de sortir du quartier Le choix de la destination tout en s op rant dans la Conseil Economique et Social l acc s aux vacances des jeunes adultes de 18 25 ans Paris les ditions des Journaux Officiels 2001 75 cit devient dans ce cas subsidiaire l essentiel tant de mettre profit cette nouvelle possibilit de mobilit La transmission s op re ici sur l exp rience du projet soutenu par la mairie dont Charles nous dit Bah On s tait d j renseign s parce qu une personne avait d j fait le projet pour lui et ses copains Il nous avait d j expliqu des trucs Castellas an p 58 Le projet Evasion dans la ville rose vient renforcer l influence de la cit la fois dans la constitution du groupe 6 jeunes sur 7 r sident dans le m me ensemble de b t
55. personnalisation dans la mesure o elle permet une affirmation identitaire une r action un tat ant rieur d inf riorit de suj tion En cherchant tre comme les autres valoriser les similitudes et le consensus intersubjectif le sujet renforce sa propre estime de lui m me et sa coh sion interne Cependant qualifier d embl e de fusionnelles les relations entre les jeunes ne revient il pas refuser de les dissocier les uns des autres et renoncer par avance regarder leurs relations comme une production originale Les regroupements affinitaires et la sociabilit effective des jeunes de la cit apparaissent actuellement d autant plus inconvenants qu ils s affichent au c ur d un environnement o les adultes apparaissent le plus souvent isol s et absents des espaces publics La sociabilit mise en uvre par les jeunes suscite en retour des manifestations de rejet et de racisme Le racisme aigu constat dans la banlieue s explique en partie par une forme de nostalgie communautaire actualis par la sociabilit effective mise en uvre par les Maghr bins notamment l isolement appara t d autant moins tol rable que des regroupements affinitaires solides s affichent au c ur de la cit pourtant r put pour son anonymat Le racisme a ici un caract re d envie Un choix plus judicieux des termes de la question de recherche et de l hypoth se aurait permis de s affranchir plus rapide
56. peut aujourd hui distinguer le loisir de la consommation dans le sens o la pratique d un loisir et des vacances sont v cus comme un moyen d appartenir la soci t SPIRE A citation de Joffre Dumazedier in le web de l humanit www humanit presse fr journal 2002 95 Les opinions exprim es par les jeunes au cours des entretiens refl tent une bipolarisation entre d une part l appartenance la soci t travers la pratique d activit s socialement valoris es et de l autre la hi rarchisation des plaisirs s inscrivant soit dans une d marche personnelle ou collective Nous pouvons distinguer ainsi la pr occupation premi re de l argent des petites pizzas pas trop ch res Palma Fabien an p 8 avec le jet ski il y en un qui n tait pas tr s chaud car il avait des probl mes financiers tu vois fallait d penser un peu gt Palma wiliam an p 22 ou bien encore c est un pays assez pauvre Mac doine Denis an p 32 et on tait un peu trop juste au niveau du budget Castellas Oscar an p 44 et s il y en avait un qui n avait pas son argent on lui avan ait et tout et on r glait a apr s Castellas Brice an p 52 Le souci de l argent comme moyen d acc s la consommation au plaisir est unanimement partag par les jeunes L argent est une condition de la coh sion du groupe dans la mesure o les disparit s d argent entravent ses possibilit s et menace sa
57. pr paration du projet de vacances 3 2 la similitude d attentes et de go t La fonction assertive je Elle s exprime par la capacit de diff renciation de soi et de ce qui est autre Elle organise les sentiments d ind pendance et d autonomie Elle se manifeste par l effort s imposer la comp tition l gocentrisme Composante 4 Egocentrisme l gocentrisme est une tentative rapporter les choses soi individu les centrer sur soi entrer en comp tition avec les autres tre ind pendant indicateurs 4 1 Affirmation de son autonomie 4 2 Place de chacun effort s imposer Composante 5 Personnalisation La personnalisation consiste man uvrer entre les multiples barri res sociales choisir les voies susceptibles de sauvegarder un maximum de potentialit s personnelles Elle se d finit par la qu te du pouvoir la qu te du sens de la signalisation la qu te d autonomie la hi rarchisation de nouvelles valeurs et projets Indicateurs 5 1 accord d saccords entre d sirs et contraintes 5 2 la mise en jeu des repr sentations 5 3 la diminution de la fr quence des rencontres du groupe 5 4 projet individuel 61 J ai pris conscience que l laboration conceptuelle du mod le d analyse devait articuler les concepts retenus dans la partie th orique pr parer la collecte de donn es hi rarchiser et organiser la recherche d informati
58. r investi une part de mon exp rience professionnelle au contact des jeunes Le mod le d analyse s est r v l un outil pr cieux pour ne pas sombrer dans des digressions Le r sultat de la recherche peut s appr cier dans cette ambivalence qui concilie une grande inexp rience dans la fonction de chercheur et l exploitation de constats ant rieurs int rioris s 5 2 La compl mentarit entre les fonctions int gratives et assertives 5 21 La fonction int grative pivot de la construction identitaire L analyse des l ments recueillis lors de la premi re s rie d entretiens convergent et placent la fonction int grative au centre de la construction identitaire des jeunes Les jeunes de la cit subissent une sorte de modelage social D s l enfance leur histoire en tant que sujet personnel tend se confondre avec celle du quartier qui oriente leur choix lls suivent un parcours scolaire indiff renci dont ils nous disent qu ils y ont appris se conna tre avant de devenir des amis l ext rieur Ils sont initi s au langage aux codes 110 en usages dans les espaces de la cit en suivrent les r gles Pour caract riser cet ensemble o la personne est ins r e dans un syst me culturel de significations j utilise l expression microcosme social emprunt e Jo lle Bordet L auteur nous en livre la description suivante Les jeunes de la cit vivent un mouvement d inclusion d attirance centrip te au sein
59. sert s par les adultes qui constituent de v ritables terrains d aventures A l cole les enfants de la cit ont des complicit s qui s expriment dans la cour de r cr ation mais le respect de la discipline et des enseignants assur s du soutien inconditionnel des parents s impose L un de mes souvenirs de cette premi re exp rience de la cit remonte aux v nements de mai 1968 Comme la plupart des travailleurs mon p re participe la gr ve durant plusieurs semaines Les enfants ne sont plus accueillis l cole Un matin l alimentation en eau de la cit est interrompue et les pompiers viennent d poser une citerne Les familles autour de cet unique point d eau partagent leur espoir et leurs inqui tudes sur l issue du mouvement social En 1971 nous devons quitter la cit suite au divorce de mes parents Ma m re seule avec trois enfants charge acc de un logement a quelques centaines de m tres dans une nouvelle cit H LM du centre ville rue des Marais b tie en lieu et place d un presbyt re ou se donnait auparavant les cours de cat chisme La cit des Bons enfants est compos e de cinq b timents de six tages avec ascenseur En dehors de la proximit de la voie ferr e et d un foyer de travailleurs du b timent et des m taux d o s chappent des musiques aux sonorit s orientales l endroit est calme presque luxueux Les halls d entr e sont clairs et spacieux orn s de magnifiques plantes ver
60. t licenci apr s dix sept ann es de service A Roissy Charles de Gaulle on se passerait de ses comp tences 1 2 Grandir la cit La cit est un ensemble de trois petits b timents de quatre tages laquelle on acc de en passant sous un porche C est un espace clos entour d exploitations mara ch res Une partie des logements est en accession la propri t l autre en location La cit est un lieu protecteur et rassurant pour les parents o il est interdit de marcher sur les pelouses sous peine d amende Les enfants se r unissent en bas par classes d ge pour jouer les filles d un c t les gar ons de l autre La population de la cit est diversifi e Elle comprend une majorit de familles europ ennes mais aussi des personnes venant des d partements d outre mer d Afrique du nord et d Asie Nous avons avec d autres familles des contacts r guliers car pendant plusieurs ann es avant de reprendre un emploi ma m re garde des enfants la maison Le manque d insonorisation des appartements les vide ordures install s dans les cuisines permettent de suivre comme la radio la vie quotidienne des voisins Nos parents nous recommandent cependant de ne pas nous m ler de la vie des autres Dehors sur l aire de jeux tous les enfants se retrouvent et chacun doit trouver sa place dans le groupe lci les histoires des autres sont l affaire de tous Pendant des ann es la cit semble rester la m me S
61. tes ensembles On a pris des verres ensembles rires Oui Ils nous ont tr s bien accueillis pas de probl me Castellas Brice an p 51 A travers cet pisode de l accueil dans le camping on s aper oit que les jeunes ont gomm l effort fait par chacun d entre eux pour s adapter la situation pour ne retenir que la performance du groupe qui s impose et se fait accepter 4 31 Composante 5 la personnalisation Indicateur 5 1 Accords d saccords entre d sirs et contraintes Pour le plaisir et la f te Le temps des vacances les loisirs sont le plus souvent appr hend s comme une parenth se dans la vie quotidienne Ainsi le sociologue Joffre Dumazedier a voqu dans les ann es 60 l av nement d une civilisation des loisirs En opposant le temps contraint du travail salari celui du loisir il a t pr curseur d une interrogation sur l ali nation par le travail et la r alisation de soi Le loisir est un ensemble mouvant et complexe d occupations auxquelles l individu s adonne de plein gr soit pour se d lasser ou se divertir soit pour d velopper sa participation sociale ses go ts ses informations ses connaissances ou ses aptitudes apr s s tre lib r de toutes les obligations professionnelles familiales ou sociales Avec la soci t de consommation s est d velopp e une demande de plus en plus forte de loisirs laquelle r pond une offre de plus en plus importante On ne
62. utilisation des vocables nous et on Dans le langage familier il est courant de remplacer nous par on et la discussion n en est pas affect e parce que pr c demment chacun des protagonistes a t voqu et se devine N anmoins dans le contexte d un entretien avec une personne compl tement ext rieure au groupe l usage altern du nous et du on est ambigu car il laisse en suspend l implication r elle de celui qui raconte par rapport l action relat e Comme on se connaissait tous bien on a d cid de la faire et puis on est parti se pr senter l agence on a d j fait on a d j pay le quart de la somme pour chaque personne et ce qui fait apr s on nous a dit que la Mairie pouvait nous donner des aides puis aujourd hui on se pr sente la commission pour savoir si on aura une aide Palma Fabien an p 4 Avec le on l action est subie c est le renvoi une forme de passivit au contraire du nous qui exprime l implication l adh sion C est qu au d part on avait une id e de faire du camping l activit tait assez plaisante On a fait quelques recherches sur Internet sur les adresses et tout ensuite on est all au SMJ pour approfondir ces recherches et on a t l phon plein plein de campings et c est un des seuls qui nous a ouvert ses portes Donc on a choisi celui l Castellas Brice an p 49 Je suis rest un moment avec mes interrogations et j
63. 2 Les membres d un groupe de rap et leur entourage forment un posse 46 soci t qui ont fait la France d aujourd hui m apparaissent la fois comme discutables quant la moralit dont on pourrait s enorgueillir et respectables dans leur ensemble Cette conscience dans le contexte d une instrumentalisation politique du droit la diff rence du m tissage ou de la soci t multiculturelle est devenue presque inavouable Dans la perspective de se rapprocher de la r alit sociologique des populations les villes ont favoris la professionnalisation des jeunes issus des quartiers dans l animation socioculturelle et dans la m diation sans qu ils aient re u une formation professionnelle A mon niveau cela ma conduit travailler avec des personnes qui ne partageaient pas mes valeurs mes pr occupations et mes inqui tudes sur l avenir de la soci t Au cours de mes derni res ann es dans le secteur de l animation socioculturelle en d pit de mon exp rience j ai rencontr des difficult s croissantes Ma motivation pour le travail de terrain les relations aux publics jeunes s est mouss e dans la r p tition des situations Les incompr hensions avec les membres de l quipe d animation se sont multipli es et j ai du faire face des situations de conflits traumatisantes Il devenait urgent de trouver une porte de sortie d abandonner l animation et la jeunesse qui elle aussi m avait quitt J tais plac devant la n
64. 56 Elles peuvent aussi prendre une nouvelle forme qui ne figurait pas dans les pratiques avant le s jour On est all au restaurant la derni re fois tous ensembles pour se rem morer a quoi Castellas Brice an p 56 La relation au groupe n est plus la priorit les jeunes vivent au pr sent ils ont cette p riode de l ann e d autres pr occupations mais ils maintiennent cependant le contact entre eux R guli rement non pas trop mais on s est parl au t l phone on s est donn rendez vous et l on s est vu Castellas Charles an p 65 R actualiser les relations avec les pairs du quartier pour maintenir sa place dans la cit garder contact avec les potes du groupe vacances tout en vitant la saturation d crocher une affectation et se remobiliser pour une nouvelle ann e scolaire tel est le programme des jeunes leur retour de vacances La particularit de ce programme tient aussi l opposition entre deux modes de vie diam tralement oppos s Pour sch matiser nous pourrions dire que les vacances sont caract ris es par l ouverture et la cit par le confinement Les vacances c est l ouverture l inconnu la recherche de sensations nouvelles des rencontres in dites une grande libert organisationnelle La cit est marqu e par une faible mobilit des entrants locataires ou de passage un r seau relationnel structur par des pratiques et des usages r p titifs des espaces publi
65. CERPE Centre d Etudes et de Recherches pour la Petite Enfance CFPES CEMEA Centre de Formation aux Professions Educatives et Sociales INFOP CEMEA Institut de Formation Professionnelle PARIS III Universit Sorbonne Nouvelle Centre de formation Continue Identit personnelle Les s jours de vacances entre jeunes de la cit facteurs de transformation M moire pour le Dipl me Sup rieur en Travail Social Pr sent et soutenu par Franck VAN DAMME Directeur de Recherche M Francis ALFOLDI D cembre 2004 Sommaire Introduction p 3 1 partie Chronique Balbynienne p 6 g me Chapitre 1 Une destin e singuli re p 7 1 1 1 2 1 3 1 4 1 5 1 6 1 7 Livrets de famille p 7 Grandir la cit p 9 Une vocation d animateur p 11 Quitter l enfance p 13 La jeunesse une priorit p 15 Changer les pratiques p 16 Soutenir les projets de vacances des jeunes p 19 Chapitre 2 Une pratique interroger p 22 2 1 2 2 2 3 2 4 2 5 2 6 2 7 2 8 partie La cr ation du dispositif d aide aux projets de vacances p 22 Des r sultats encourageants une pratique contest e p 25 1998 une ann e d euphorie p 27 Faire voluer les modalit s de soutien p 30 Une exp rience partag e p 33 L autonomie des jeunes en d bats p 36 La d mocratie participative entre en sc ne p 38 S engager dans la recherche action p 40 La recherche en action p 43 Chapitre 3 Une recherche d acteur p 44 3 1 3 2 L
66. La suite est encore un peu floue Apr s a devient l universit a devient le travail quoi gt Le projet de Brice pr sente cette particularit de d finir un objectif en survolant les tapes L entretien r alis est trop bref pour approfondir le sujet Brice semble d termin r aliser son projet en reconnaissant cependant qu il rel ve du d sir plus que d une vocation professionnelle Charles se montre encore moins expansif que son fr re sur la question de ses projets Terminer l cole trouver un m tier et c est bon Castellas Charles an p 65 On pourrait s tonner de cette s paration entre l cole et le m tier comme si ce qui tait acquis dans l un ne conduisait pas l autre Charles projette de travailler comme son fr re Brice dans l informatique 103 me 3 __ Partie Le temps du bilan Chapitre 5 Les r sultats de la recherche 5 1 Auto valuation du parcours L valuation du parcours comporte deux registres Le premier concerne le cycle de formation et les mutations survenues au plan professionnel et le second la recherche action comme moteur de changement et de positionnement personnel Il m appara t que mon entr e dans le cycle de formation DHEPS DSTS le 26 novembre 2001 est le r sultat d un processus de changement personnel En effet ce projet est cons cutif d un ressenti de saturation professionnelle et d initiatives personnelles dont un bilan de comp tence
67. NALYSE CONCEPT CENTRAL La transformation de l identit personnelle Construit par la confrontation de la similitude et de la diff rence l identit personnelle est un processus tout au long de l existence Elle doit tre pos e par des actes de s paration et d affirmation par la diff rentiation cognitive et l opposition affective Dimensions La fonction int grative nous Elle se manifeste par le besoin d appartenance un groupe Elle est l uvre la fois dans le pr sent et pour l avenir Elle intervient par des strat gies des adaptations qui donnent naissance des comportements complexes Composante 1 Influence du microcosme social de la cit la microsoci t laquelle les jeunes appartiennent est une matrice psychosociale qui remplit des fonctions instrumentales affective et normative indicateurs 1 1 Nombre de jeunes de la m me cit au sein du projet de vacances 1 2 R le de la cit dans le choix de la destination Composante 2 La cit territoire de vie Les jeunes vivent un mouvement d inclusion d attirance centrip te au sein de la microsoci t 2 1 Anciennet ou mobilit r sidentielle 2 2 fr quentation des coles du quartier 2 3 pratiques sportives et de loisirs lieux de rencontre Composante 3 les relations au sein du groupe recherche de la domination ou de la tendance au repli fusionnel Indicateurs 3 1 la
68. ai rencontr nouveau cette situation lors des entretiens r alis s apr s le s jour Cette fois c tait le je et le on qui semblaient se confondre La fonction du on dans la phrase pouvant tant t tre de remplacer le je et tant t le nous Si on a fait les courses en commun mais chacun payait sa part et s il y en avait un qui n avait pas son argent on lui avan ait et tout et on r glait a apr s Castellas Brice an p 52 118 Ces questions entrent dans le champ de comp tences des linguistes L analyse s mantique l talonnage et la fr quence des mots peuvent tre abord s avec l aide de logiciels mais je ne poss de pas cette ma trise Pour tenter de comprendre le sens de ce on je m appuie sur la r flexion philosophique de Bernard Stiegler Il affirme que nous connaissons une sorte de crise du narcissisme primordial et que la violence et l ins curit dans laquelle nous vivons t moignent d un processus de perte d individuation Il d finit le narcissisme primordial comme une structure de la psych indispensable son bon fonctionnement cette part d amour de soi qui peut devenir parfois pathologique mais sans laquelle aucune capacit d amour quelle qu elle soit ne serait possible II poursuit en affirmant Il y a un narcissisme primaire aussi bien du je que du nous pour que le narcissisme de mon je puisse fonctionner il faut qu il puisse se projeter dans un narc
69. ale pour l accueil des jeunes en vacances 12 Vacances Ouvertes 1 rue de Metz 75 010 Paris 13 DUBREUIL B Premi res vacances entre jeunes tude exploratoire sur les vacances aid es par des dispositifs jeunesse Vacances ouvertes d cembre 2000 33 A l initiative du Ministre d l gu la ville de la Ministre de la jeunesse et des sports de la Secr taire d tat au tourisme et des associations d lus une Convention nationale pour une politique d accueil des jeunes dans les communes touristiques est sign e le 19 juin 2000 Le point central du programme est l tablissement d un partenariat entre la commune d origine et la commune d accueil des groupes de jeunes Ce partenariat s appuie sur la pr sence d un coordinateur local dans chacune des deux communes les deux coordinateurs devant tre en contact d s qu un projet prend forme Cette d marche prendra le nom de PAJECOT Les communes des grandes agglom rations sont invit es transmettre la composition la date d arriv e des groupes de jeunes se rendant dans l une des villes touristiques Un comit d accueil est organis de sorte que les jeunes puissent tre identifi s d s leur arriv et tre dissuad s de causer des troubles sous le couvert de l anonymat Une vague relation de m diation est voqu e pour permettre de r soudre d ventuelles difficult s avec l espoir de contribuer r soudre les rejets exprim s par les responsables de camping e
70. ann e prochaine Oui Non Pourquoi lt Depuis le s jour vous tes vous revus avec les camarades du s jour lt Quels sont tes projets aujourd hui 69 Malgr de nombreuses relances en raison de rendez vous accept s et annul s au dernier moment de jeunes absents sans pr venir je mai r alis que cinq entretiens apr s le s jour vacances Cependant je crois m tre montr plus l coute disponible et je pense que les jeunes ont prouv un r el plaisir se rem morer leurs vacances Cela se ressent sur la dur e des entretiens m me si les jeunes se montrent assez exp ditifs dans leurs r ponses Une nouvelle fois je reconnais que la conduite d entretien compr hensif requiert une technique et une pratique que je suis loin de ma triser 70 Chapitre 4 analyse des entretiens 4 1 1 Les entretiens r alis s avant le d part en vacances la fonction int grative 4 11 Composante 1 influence du microcosme social de la cit Indicateur 1 1 Nombre de jeunes de la m me cit au sein du projet de vacances Une longue connaissance La cit est le point d ancrage de la composition des groupes rencontr s Le nombre de jeunes de la m me cit participant au projet de vacances varie cependant selon les groupes Projet Palma 3 jeunes sur 8 Projet Mac doine 2 jeunes sur 3 Projet Castellas 2 jeunes sur 4 Projet Evasion dans la ville rose 6 jeunes sur 7 Le grou
71. ar exemple les forfaits t l phoniques baptis s infinis gt J observe un risque de les voir se construire une identit par la consommation ou par la frustration de cette consommation qu ils per oivent et revendiquent comme l gitime pour eux autant que pour les autres La destruction du narcissisme primordial chez les jeunes de la cit pourrait conduire une fureur d vastatrice dont les violences urbaines nous donnent un aper u Dans ce cadre il me semble que le microcosme de la cit malgr ses d rives ses exc s joue un r le temporisateur et protecteur pour les individus comme pour la soci t Le microcosme social de la cit pr serve en partie de la comp tition inter individuelle de cette machine fabriquer des perdants surtout dans les milieux populaires Les jeunes sont amen s se consid rer comme des semblables en r f rence leurs origines leurs enracinements dans le quartier et leurs parcours scolaires indiff renci s Les 70 op cit p 18 71 Ce que nous vendons Coca Cola c est du temps de cerveau humain disponible 120 tudes longitudinales sur l volution de la mobilit sociale dans la longue dur e concluent une progression positive mais extr mement lente Bien que l univers des possibles s largisse ceux qui sont socialement improbables restent fortement improbables Le destin social p se encore tr s lourd surtout pour les plus pauvres qui ne peuvent jouer r
72. asse des bons de prise en charge nominative correspondant la subvention allou e par la commission d aide au projet Un document type projet jeune est r alis par l imprimerie municipale C est la fois un support et un guide Il permet d valuer dans un premier temps les points faibles pour guider le soutien des animateurs et l int r t et la validit du projet pour les membres du jury Une campagne d information est lanc e dans la ville sur les projets jeunes 16 25 ans sous forme d un d pliant mode d emploi pour pr ciser la d marche ainsi que les lieux relais sur la ville La diffusion est assur e dans les lieux et quipements publics les lyc es dans les quartiers et aupr s des associations 24 2 2 Des r sultats encourageants une pratique contest e D s la fin du mois d ao t 1997 je propose que nous engagions une d marche de bilan et d valuation dont la premi re tape est la r daction d un document de bilan discuter en quipe Elle devait tre suivie d une note la municipalit Le Maire Adjoint en charge de la jeunesse est tr s investi dans le dispositif Il prend l initiative de se d placer dans le sud de la France pour rencontrer des groupes de jeunes pendant leur s jour Malgr cela la note la municipalit sur la commission d aide aux projets vacances ne sera pas valid e Le sujet sera voqu uniquement sous l angle quantitatif dans le bilan des op rations t Ville Vie Vacances
73. at sur lallocation d autonomie jeunesse voqu dans la premi re partie de ce document avait le m rite de poser la question dans ces termes L analyse des entretiens r alis s au retour de vacances du s jour en autonomie permet d entrevoir l articulation entre la fonction int grative la participation et l identification au groupe et la fonction assertive par une domination de l gotisme d fini comme le culte du moi et l int r t sa propre personnalit La fonction assertive s exprime cependant avec pond ration ce qui indique que le s jour n a pas provoqu un sentiment d exasp ration de l appartenance au groupe Un changement est cependant perceptible dans la composition entre les deux fonctions oppos es et compl mentaires Le s jour vacances en autonomie participe une ouverture temporelle et sociale provisoire 113 5 3 La validation partielle de l hypoth se L hypoth se formul e au d part de la recherche n est que partiellement valid e Le s jour en autonomie des jeunes de la cit est une tape Le terme d tape exprime l id e d une pause au cours d un trajet dont la personnalisation demeure la finalit Pour ces s jours con us et labor s dans la cit les jeunes sont partis avec en t te les repr sentations partag es dans le microcosme de la cit Il s av re qu au cours de leur voyage selon les circonstances ils ont tendance se d lester peu peu de ce bagage si particulier L
74. avec tous les membres de leur groupe avant et apr s leur d part en vacances Sachant que les groupes sont constitu s en moyenne de quatre personnes aller la rencontre de quatre groupes revenait r aliser trente deux entretiens 16 avant et 16 apr s le s jour vacances 42 KAUFMANN J C l entretien compr hensif Paris Nathan 1996 p 119 8 op cit 63 La premi re s rie d entretiens est programm e lors de la pr sentation par les jeunes de leur projet en vue de l obtention d un financement J ai proc d par entretien individuel dans un espace prot g des interventions ext rieures Pr alablement l enregistrement des entretiens le cadre universitaire et professionnel de la recherche a t pr sent chaque personne L utilisation des l ments recueillis dans le respect de l anonymat devant servir d arguments pour p renniser le dispositif d aide aux projets Pour la seconde s rie d entretiens j ai opt pour les locaux du service municipal de la jeunesse Ce choix pr sente l inconv nient de rappeler au jeune son rapport l institution qui a contribu e au financement de leurs vacances N anmoins le service jeunesse tant situ en dehors de la cit et identifi comme un lieu ressource ordinaire de la ville il b n ficie d une sorte de neutralit Dans le domaine de la construction des guides comme dans la conduite des entretiens je r alise posteriori que je me suis situ en marge d
75. cances 10 13 ans de la ville En septembre des moyens budg taires suppl mentaires sont affect s au S M J qui devient l op rateur principal de l offre de vacances en direction des adolescents Cette d cision acc l re la construction d un continuum ducatif sur l offre de vacances de 12 18 ans L identification des d marches des acquisitions encourager des formes de vie collectives promouvoir en vue de permettre aux jeunes de partir en autonomie est pos e Le dispositif d aide aux d parts autonomes est devenu une r f rence sur la commune et semble avoir eu raison de ses d tracteurs 35 2 6 L autonomie des jeunes en d bat Les politiques jeunesses et l autonomie des jeunes vont susciter en 2001 un surcro t d int r t Le Comit Economique et Social de la communaut europ enne a rendu le 20 novembre 2 000 un avis sur le Livre Blanc Politique de la jeunesse L acc s des jeunes un revenu suffisant est pos comme une n cessit afin de leur permettre d exercer pleinement leurs droits et leurs responsabilit s Dans le domaine de l int gration sociale le rapport souligne les structures de soutien pr vues pour les jeunes ne suffisent plus compenser les probl mes inh rents l exclusion sociale et aux risques divers de la soci t contemporaine En particulier l on a calcul que 10 environ de jeunes dans certains tats membres de l U E ont le statut z ro en d autres termes
76. ccompagnement de ses groupes nous accapare parfois Les valeurs ducatives de l quipe jeunesse la solidarit et l esprit d quipe sont mis l preuve Le soutien de ces groupes de jeunes n est pas sans risque pour la collectivit et pour les jeunes La cohabitation d un nombre sup rieur de personnes la capacit d h bergement le mode de transport chang au dernier moment par l utilisation d un v hicule pr t ou lou la difficult assumer financi rement ou l exigence d un remboursement sans d lai sont des situations fr quemment rencontr es Nous observons d autre part des esquisses de trajectoires personnelles ou collectives dans l appropriation du dispositif Les m mes personnes reviennent d une ann e sur l autre soit dans la m me configuration de groupe avec un changement de destination soit dans un groupe plus restreint soit pour reproduire un projet semblable a celui r alis l ann e pr c dente par un autre groupe 32 2 5 une exp rience partag e L association Vacances ouvertes cr e en 1990 a pour vocation l aide au d part en vacances des personnes qui en sont exclues Depuis 1999 gr ce des fonds europ ens elle met en place des ateliers de formation et d changes de pratiques ouverts aux professionnels des structures de terrain Elle lance un appel projet pour l t 2000 et propose aux structures publiques ou associatives son soutien pour la mise en uvre de dispo
77. cit Cette r ponse s apparente celle d un travailleur investi depuis de nombreuses ann es dans une entreprise et qui se souvient comme v nement marquant sa vie du jour de son embauche dans l usine comme de celle de ses camarades Poursuivons le parall le 77 avec le monde du travail les tapes de la vie professionnelle l apprentissage l adaptation aux changements les v nements v cus et partag s Au fil des ann es les jeunes de la cit ont assist la succession de couples de gardiens aux op rations de r habilitation la mise en place puis au retrait de la police de proximit certains ont particip l in vitable demande de locaux dans la cit aupr s du bailleur au temps de l adolescence Les jeunes de la cit sont de v ritables experts de leur cit leur nous d ici constitue un capital d exp riences sociales dont ils gardent la m moire Les jeunes de la cit se reconnaissent dans un nous d ici s identifient leur territoire de vie et int grent dans la repr sentation qu ils se font de leur pr sent comme de leur avenir un destin social Le ch mage massif des jeunes de banlieue persiste depuis une vingtaine d ann es la pauvret s est enkyst e dans ce que l on a appel les territoires d sh rit s de la R publique Ce ph nom ne a amen les cit s se refermer sur elles m mes Les r voltes des cit s dont la cause profonde serait l exclusion du monde du travail sus
78. citent g n ralement r probation et peurs Les jeunes tenus l cart des lieux traditionnels de production des biens et des richesses sont devenus une nouvelle classe dangereuse A la diff rence de certaines luttes spectaculaires des salari s de Lip Levi s ou de Lu qui refusent de subir les effets de la mondialisation les r voltes des jeunes n ont pas bonne presse La persistance de l attachement s accompagne de ressentis diff rents selon les personnes En r ponse aux questions Vous habitez Bobigny Vous y avez toujours v cu Bernard Evasion Affirme avec fiert Toujours je suis n ici moi gt Pour Bernard tre n ici est une marque de distinction un gage d authenticit une l gitimit suppl mentaire se penser et vivre comme un membre de ce nous A l inverse pour Darius il y a comme du regret de la fatalit tre assign l j ai dix neuf ans je vais avoir vingt ans et j habite toujours Bobigny Evasion an p 72 Pour sa part Oscar se distingue en se rappelant qu il a habit quelques mois la capitale il ne va pas 4 BEAUD S PIALOUX M Violences urbaines violence sociale Fayard 2003 p 405 48 En 1976 pour faire face aux probl mes sociaux les salari s de la fabrique de montres prennent possession des stocks de l usine et organisent la vente sauvage En 1999 suite la d cision de d localiser en Turquie la fabrique des jeans 541
79. coh sion La recherche de sensation par la pratique d activit s le jet ski le tatouage le sexe et la fr quentation de lieux r put s Monaco Ibiza sont en concurrence dans une hi rarchisation des plaisirs Autour des choix collectifs et personnels se joue une part de l estime de soi et de la distinction que l on pourra ressentir et faire valoir au retour la cit Un autre registre de contraintes et de satisfactions est perceptible dans les r ponses des jeunes Denis exprime j tais entre guillemets oblig de les assister mais bon quoi moi a me faisait plaisir et je savais que j avais une t che accomplir en quelque sorte Mac doine Denis an p 31 Ce sens de la responsabilit est galement formul par Charles qui a pris conscience des dangers de la route lors du retour de nuit du sud de la France vers la r gion parisienne Les jeunes qui font ici l exp rience d une responsabilit auto proclam e r alisent qu elle peut tre source de satisfaction de prise de confiance pour soi Enfin les jeunes pl biscitent la f te L bas j tais lib r Palma Fabien an p 8 comme une valeur propre leur cat gorie d ge l ambiance l bas c est la f te et ici c est silence c est Bobigny quoi C tait une autre ambiance comme au paradis quoi Palma William an p 23 La f te d sinhibe efface les barri res sociales le langage du corps supplante les autres formes de communication
80. collective et vie personnelle Le s jour en autonomie est reconnu par les jeunes comme un temps fort de la relation entre les membres du groupe A leur retour les jeunes sont port s d une part s inscrire dans une trajectoire de formation et de projets personnels et de l autre r investir les relations en direction de l ensemble des personnes qui constituent le r seau du microcosme social SINGLY F de les uns avec les autres quand l individualisme cr e des liens Paris A Colin 2003 p 2 A l issue de cette recherche il n est pas d montr que la prise de conscience de son individualit soit un effet de la participation au s jour en autonomie des jeunes de la cit La question de recherche trouve cependant un d but de r ponse positive en ce qui concerne la transformation de l identit personnelle En effet loin de la cit les jeunes n acc dent pas seulement une libert organisationnelle ils redeviennent des sujets singuliers dans l interpr tation du sens de ce qu ils vivent Ils sont encourag s dans l acquisition de nouvelles comp tences sociales En regard des cinq dimensions de la personnalisation d finis par Pierre Tap le processus de personnalisation est stimul par le s jour en dehors de la cit Par la m diation des situations v cues pendant les vacances les jeunes entrevoient la possibilit de s affranchir du modelage social du cadre de r f rence et du syst me de r gles de la cit
81. combien de temps habitez vous la cit la ville Les coles les activit s pratiqu es 3 les relations entre les individus au sein du groupe Comment ce projet est il n La constitution du groupe Comment vous tes vous organis s pour monter ce projet Qui faisait Quoi Comment d cririez vous le lieu de vos vacances 67 Apr s l coute des enregistrements de la premi re s ance je me suis rendu compte que les questions Votre groupe a t il un nom Comment l appelez vous N taient pas pertinentes Elles ont tout au plus suscit une remarque ironique Comme des chanteurs J ai supprim ces questions et encourag les jeunes raconter comment leur groupe s tait form Compte tenu des difficult s rencontr es lors de la s ance pr c dente j ai r alis les entretiens dans la salle du conseil municipal isol e des bruits ext rieurs et ce apr s le passage des groupes devant la commission Le travail de recherche a ensuite laiss la place aux vacances estivales pour les jeunes comme pour l apprenti chercheur J ai recommenc contacter les jeunes mi septembre exclusivement par t l phone comme nous en avions convenu Pour un groupe le s jour vacances s tait achev fin juillet pour un second la mi ao t et enfin les deux derniers fin ao t La reprise de contact a t difficile d une part parce que les jeunes m avaient communiqu des num ros de t l ph
82. cs d grad s ou d sinvestis La diminution de la fr quence des relations entre les membres du groupe vacances le r quilibrage au b n fice du groupe des jeunes de la cit tant pos nous allons maintenant nous int resser aux aspirations et aux projets de chaque jeune Indicateur 5 4 Projet individuel encore quelques ann es et puis apr s on verra bien Des six jeunes rencontr s apr s le s jour vacances un seul Charles a r pondu la question portant sur ses projets uniquement sous langle des vacances Mes projets silence pour les vacances Ce serait de partir Center parc ou aussi au ski cet hiver on ne sait pas encore Palma William an p 24 Est il embarrass par 101 la question Ind cis Nous interpr tons sa r ponse comme un enracinement de ses projets dans le groupe Le choix de la destination est secondaire car vraisemblablement William suivra les copains au Ski comme Center park Il a besoin de la chaleur et peut tre aussi de la protection du groupe signe ventuel d un manque de confiance en lui Fabien a lui aussi particip au s jour Palma la question portant sur ses projets il r pond Bah Mon projet professionnel au niveau des tudes c est d j d avoir le Bac car l an dernier je lai rat Apr s de faire un BTS action commercial et puis au niveau des vacances il y a des vacances qui vont arriver de repartir en Espagne mais je ne sais pas o peut tre Be
83. d sign Le succ s du dispositif a justifi la cr ation au S M J d un poste de responsable d animation charg du secteur vacances aide aux projets A l automne le D put Maire lance une grande consultation aupr s de la population sur les projets de requalification urbaine Le service jeunesse participe au succ s de cette initiative et pr s de 3000 jeunes du coll ge l universit sans oublier les quartiers r pondront au questionnaire de la Consult action 2 7 La d mocratie participative entre en sc ne Le dispositif d aide aux projets vacances conna t lors du premier trimestre 2002 une forte demande des tudiants Le p le universitaire qui se d veloppe sur le site de l illustration en accueille d j 7000 Les membres du jury de la commission s interrogent sur la capacit r pondre l accroissement de leurs demandes En effet deux groupes compos s de plusieurs dizaines d tudiants ont pr sent en f vrier un projet de vacances collectives au sport d hiver et de s jour en Irlande Ils r pondent aux crit res pos s mais dans leur majorit ne r sident pas sur la commune terme ne vont ils pas carter les jeunes de la ville des quartiers moins prompts se mobiliser pour b n ficier du dispositif Alors qu il existe des dispositifs en faveur des tudiants est il l gitime que la ville de Bobigny se substitue aux organismes et collectivit s territoriales dans lesquels ils s inscrivent
84. d h tel ils taient devenus nos copains Palma Fabien an p 7 et plus loin La femme de m nage elle venait le matin elle nous r veillait et faisait les lits an p 8 Pour Fabien il est manifeste que le personnel de l h tel a t au del de faire son travail que les jeunes balbyniens ont suscit un v ritable int r t De m me Fabien nous relate les relations avec un petit commer ant proximit du club II y avait un commer ant il tait c t de chez nous on y allait tout le temps On achetait des petits sandwiches et celui l on l aimait bien ce commer ant il tait trop gentil il nous demandait qu est ce que l on faisait il nous expliquait les endroits pour s amuser le soir tel endroit tel endroit an p 8 Fabien semble convaincu d avoir avec ses camarades transform l change instaur par la pratique commerciale en relations comportant une dimension affective et sa r ciprocit Expression utilis e par Jean Pierre Rafarin Premier ministre de la France depuis mai 2003 que l on qualifie aujourd hui de rafarinade 97 Il serait int ressant de savoir comment Fabien sera tent de r investir ce savoir faire relationnel qui prendrait alors la dimension d une ressource personnelle Les jeunes du groupe Castellas se sont montr s pr occup s v rifier si la stigmatisation des jeunes du 93 voqu e dans le quartier tait r elle ou fantasm e A cet gard i
85. dans un cadre familial Denis convient il ny avait rien de sp cial faire c est ma tante qui s occupait de tout de l alimentation et du linge Mac doine Denis an p 30 89 C est pourquoi de la libert organisationnelle et de la part d ind pendance laiss chacun Denis nous dit simplement Comme on tait constamment ensemble en g n ral on avait le m me rendement on dormait en m me temps on se couchait en m me temps on se levait peu pr s en m me temps on n avait pas de probl me Mac doine Denis an p 31 Le terme de rendement associ l vitement des probl mes donne penser que le mode d h bergement tait source de contraintes sur lesquelles le groupe n avait pas r ellement de prise Les jeunes l exception de Denis ont eu s adapter accepter les d pendances sp cifiques de leur s jour plut t que l opportunit d affirmer leur autonomie Le fonctionnement des jeunes du groupe Castellas peut se r sumer dans cette formule chacun pour soi ensemble Ces jeunes ont choisi de partir de Bobigny quatre dans une voiture berline 306 Peugeot pour camper pendant 9 jours dans le sud de la France Il s agit pour chacun d eux des premi res vacances entre jeunes Charles et Brice deux des trois interview s sont fr res Brice est mineur au moment du s jour Chacun d eux voque la vie collective au cours de leur s jour vacances Pour Oscar On se partageait vra
86. de cette deuxi me s ance j ai r alis cinq entretiens 65 PRESENTATION DE L ECHANTILLON Noms Age Domicile Entretien avant le s jour Entretien PROJET x PALMA DE apr s le s jour MAJORQUE T A 16 Fabien tudiant Cit Juin 19ans P Eluard Septembre Cit P V Echec 3 Maurad tudiant 21 ans Couturier Juin tentatives Cit Karl William tudiant 19 ans Marx Juin Septembre Maison individuelle PROJET proximit MACEDOINE Denis tudiant 23 ans de la Cit Juin Septembre DU 28 de JUILLET AU l Abreuvoir 24 AOUT Chang tudiant 18 ans Cit P V Juin Echec Couturier 4 tentatives Oscar lyc en 18 ans Cit Juin Septembre PROJET P Picasso CASTELLAS DU 18 AU 26 Cit P V JUILLET Brice lyc en 17 ans Couturier Juin Octobre Cit P V Charles tudiant 20 ans Couturier Juin Octobre Bernard Cit H PROJET demandeur 19 ans Berlioz Echec EVASION d emploi Juillet dans la ville rose DU 01 AU 15 AOUT Darius Salari 20 ans Cit H Juillet Echec Berlioz 10 jeunes ont t sollicit s sur 22 participants 4 projets 16 entretiens ont t r alis s 66 Guide d entretien n 1 1 Influence du microcosme social de la cit Comment votre groupe s est il constitu Comment l appelez vous Quels sont les liens entre ses membres 2 La cit territoire de vie Depuis
87. de responsabilit dans ce ph nom ne Dans la ville de Bobigny le service communication et le Maire ont repris l expression neuf trois employ e par les jeunes L utilisation de ce langage consiste retourner le stigmate en particulier vers l Etat qui n assumerait pas l ensemble de ses responsabilit s l gard de ce territoire et rechercher la sympathie des jeunes en se r appropriant une de leur expression Cette d marche d sappointe les ducateurs qui demandent aux jeunes de renoncer au langage de la cit pour s ouvrir d autres espaces de relation Elle fait sourire les jeunes qui ne sont pas dupes de cette r cup ration et s empressent de l abandonner pour en inventer une nouvelle Ainsi en quelques semaines les jeunes de Bobigny ont ils remplac neuf trois par neuf cube pour maintenir cette complicit de langage caract ristique du nous autres Indicateur 2 3 Pratiques sportives et de loisirs lieux de rencontre Fr res de foot Le Football tient une place essentielle dans la socialisation des jeunes C est l activit la plus fr quemment mentionn e et pratiqu e Plus qu un centre d int r t elle participe de la construction et de la r gulation des relations entre les jeunes dans l enclave de la cit Au d but on ne se connaissait pas tu vois on tait jeune on ne se connaissait pas et puis on s est habitu eux mais en faisant du foot ensemble on s est rencontr on s est con
88. e Mac doine il est dans une double appartenance Brice et Oscar deux des jeunes participants au projet Castellas ne sont ni l un ni l autre des passeurs lls t moignent cependant de plusieurs l ments d terminants dans la d cision de d part et le m canisme du choix de la destination Le premier c est la frustration accumul e Ecoutons Oscar Bah En r alit a fait deux ans que l on est pas parti en vacances on s est dit que se serait bien que l on puisse justement visiter un petit peu la France que l on ne conna t pas vraiment r ellement Castellas an p 39 Brice compl te Au d part on se conna t depuis longtemps donc on a confiance en chacun de nous m mes Bon ensuite comme cela fait beaucoup d ann es que l on est pas parti en vacances on a d cid tous ensemble de faire un petit projet entre copains Castellas an p 48 Le deuxi me l ment c est le choix d une formule conomique de camping dans le sud de la France et les difficult s rencontr es par les jeunes pour se faire accepter Le rapport du Conseil Economique et Social sur l acc s aux vacances des jeunes adultes de 18 25 ans atteste que les raisons financi res sont voqu es par un jeune sur deux comme cause de non d part et que seulement 59 8 de cette classe d ge partent r guli rement en vacances aborde galement la situation d exclusion ou ressentie comme telle par les jeunes dont ils ne peuvent se sortir ou
89. e ann e d euphorie Le service jeunesse va conna tre en 1998 une volution importante de son organisation et de ses missions A la faveur du rattachement du secteur adolescents des centres de loisirs 12 16 ans et du dispositif nouveaux emplois nouveaux services cr ation de 6 postes de m diateur de quartier par la ville le service jeunesse met en place des 27 quipes d animation de quartier Elles sont compos es de deux animateurs permanents et d un m diateur de quartier emploi jeune Cette r organisation s inscrit dans une perspective de d concentration des services municipaux et de d veloppement social des quartiers Le projet et le fonctionnement du service reposent sur une conviction largement partag e dans l quipe d animation que l action socio ducative de proximit constitue l une des r ponses la plus pertinente aux difficult s rencontr es par les jeunes L accompagnement et le suivi des dossiers d aide aux projets vacances sont d l gu s aux quipes de quartier La France conna t sur le plan conomique social une embellie Avec le succ s de l quipe de France la coupe du monde de football c est l euphorie Le moral des fran ais est au Z nith Le meneur de jeu de l quipe de France Zinedinne Zidane est c l br sur les Champs Elys es et dans les quartiers La France championne du Monde est devenue dans les m dias multiculturelle multiraciale cosmopolite Cet t l les jo
90. e d influence de leur cit La cit supplante le quartier sur lequel semblait se focaliser l attention de la politique de la ville Quartiers d favoris s sensibles Cependant avec l apparition d un nouveau concept la r sidentialisation des H L M la fin des ann es 90 l action publique tente de r duire l attraction de la cit Dans l intention d aider les locataires se r approprier leur habitat on red coupe l espace autour des immeubles pour d limiter l espace priv et 4 DESFONTAINES M Un nouveau concept la r sidensialisation des H L M la gazette 2004 n 13 1735 pp 40 43 72 l espace public L objectif semble bien d emp cher les plus forts de s emparer de l espace c est dire les adolescents et les jeunes adultes de la cit La conscience d appartenance territoriale s accompagne chez les jeunes d un attachement la communaut largie des jeunes de la cit La composition d finitive du groupe s est semble t elle op r e par d faut en laissant tous ceux qui avaient d autres projets et en particulier celui de travailler pendant l t libre de ne pas participer La singularit et la force des liens entre les jeunes sont exprim s ainsi On a tous volu s en m me temps nous dit Fabien Palma an p 3 Nous sommes des amis des connaissances des potes de Bobigny exprime Mourad Palma an p 13 Oscar r v le Nous sommes des amis de longues date
91. e dynamique identitaire alors que le processus de la construction de l identit personnelle est la fois complexe et continu Les contributions th oriques sur le th me de l identit sont si nombreuses et pour certaines tellement abstraites qu elles ne semblent s adresser qu aux sp cialistes Les moyens d investigations pour r pondre cette ambition sont ils ma port e L cart entre ce qui me semble accessible et le temps qui m est imparti ne devrait il pas me conduire r viser l ensemble de mon projet de recherche C est dans ce 50 questionnement que ma production crite a t tour tour diff r e frein e et je dois la rencontre d ouvrages passionnants ma pers v rance dans l approche th orique de l identit personnelle Mes repr sentations au d part de cette recherche revenaient d finir l identit comme un ensemble relativement stable de caract ristiques de la personne parmi lesquelles son nom et pr nom son sexe L identit personnelle labor e dans le cadre familial durant les premi res ann es de la vie parvenait se confondre avec la personnalit L volution de l identit tout au long de la vie correspondait ensuite aux diff rents r les et statuts sociaux m apparaissait raisonnable de reconna tre la multiplicit des identit s comme autant d appartenances une famille un peuple une classe sociale En tant qu animateur il allait de soi que mon r le consistait
92. e huit tonnes direction Lyon premi re tape de notre voyage Sept jours plus tard apr s avoir peu dormi mal mang pass des heures le pouce lev au bord des routes fouett s par le vent et la pluie ou r fugi s dans une station service nous tions de retour Le manque de pr paration d argent de pers v rance avait eu raison de notre enthousiasme La solidarit du groupe avait vol en clats deux d entre nous tions rentr s en auto stop sur Paris et le troisi me avait choisi de s offrir un retour en train sans billet avec une amende cons quente la clef Nous sommes rest s des amis Nous avons retrouv notre humour pour embellir notre aventure notre retour dans la cit mais nous n avons plus parl de repartir ensemble Apr s chacun a pris des directions diff rentes L un s est d couvert la passion des longs voyages plusieurs mois en Jama que quelques ann es au Br sil avant de revenir s tablir dans une commune voisine Le second avide de sensations a particip des courses de motos mont une soci t de transport puis trop vouloir atteindre le ciel par l usage de diff rentes substances fini par y demeurer Je suis le dernier comparse de cette aventure devenu animateur socioculturel et je suis rest dans cette ville Vingt ans plus tard en 1997 directeur du service municipal de la jeunesse j ai t l un des instigateurs du dispositif d aide aux d parts en vacances en auto
93. e jai connus l cole et on s est cr des relations tout a et maintenant on est devenu des amis de l ext rieur Palma an p 13 Les jeunes qui ont voqu l cole au cours des entretiens font tat d un parcours banal et d termin ne conduisant pas une trajectoire personnelle puisque si certains ont redoubl comme le dit Fabien On s est tous retrouv au coll ge et au lyc e nous sommes tous des lyc ens part deux qui sont en BTS Palma an p 3 La prise de conscience de cette trajectoire commune tend renforcer ce que j ai intitul le nous m mes Dans leur attachement leur territoire de vie une troisi me dimension se d gage des propos des jeunes elle concerne ce que j appelle le nous autres I s agit de cette propension se concevoir comme un ensemble distinct s par des autres de l ensemble de la soci t et qui doit se prot ger Comment interpr ter la remarque de Fabien qui d signe son lieu de vacances par cette expression le lieu o l on va trouver refuge Palma an p 3 Mon hypoth se est que la vie quotidienne dans la cit provoque une fatigue d tre soi et que le maintien et l actualisation de la sociabilit au sein du microcosme requi rent une disponibilit une attention aux autres plus importante que dans d autres modes de vie Ainsi Brice exprime propos de son prochain s jour a va me d contracter de la banlieue Castellas an p 49 Faut il ente
94. e le cit Il favorise des changements relance le processus de personnalisation par l incorporation de nouvelles exp riences qui largissent le r pertoire de r ponses aux situations rencontr es Mais l impact sur le processus de personnalisation d pend tr s largement des opportunit s et des choix qui se pr sentent chacun pour le pr sent et lavenir 75 Annexe 8 lettre du 20 mars 2003 adress e la population par la Pr sidente de la commission d aide aux projets 124 Une tude des parcours des jeunes dans l appropriation ann es apr s ann es du dispositif vacances pourrait nous clairer sur l articulation entre les pratiques de vacances et la prise de distance avec le microcosme social de la cit Les documents existent au service jeunesse permettant de r aliser cette recherche Compte tenu de la faible mobilit des jeunes de la ville il me semble possible de retrouver des jeunes b n ficiaires multir cidivistes du dispositif Les parcours de ces jeunes pourraient tre reconstitu s en prenant en compte les diff rentes volutions la composition du groupe la destination les moyens de transport avec en parall le la formation ou l emploi les changements de situations sociale et familiale En 2004 le dispositif d aide au d part en vacances des jeunes de 17 25 ans n est plus consid r localement comme une tape vers le versement d une allocation d autonomie l ensemble des jeunes tant mieux
95. e lorsque dans les commentaires d apr s match un de ces jeunes joueurs issus des quartiers laisse transpara tre sa vrai nature et voulant parler un langage polic loign de celui de la cit d clare Moi je nai jamais jou au P S G je tiens le signaliser 51 Interview de Patrice Evra joueur de l AS Monaco apr s la victoire de son club sur le club anglais de Chelsea le 20 avril 2004 82 Dans la cit dix sept ou vingt cinq ans selon que l on prend au s rieux le jeu o que l on pratique le football en dilettante sa fonction est distincte A dix sept ans le jeune qui fait preuve de ma trise et de talent port par toute la cit peut encore r ver de devenir un joueur professionnel A vingt cinq ans tout est d j fini mais il reste la possibilit de vivre par procuration la r ussite d un semblable Dans chaque cit un virtuose un champion est capable de porter au sommet son art et de r habiliter la T ci cit par ses exploits Pour Fabien g de dix neuf ans le r ve est pass Il reconna t avoir pris ses distances avec la passion du football Moi je ne fais plus de foot maintenant je me suis reconverti au Hand il y en a qui se sont arr t s d autres se sont consacr s aux tudes Palma an p 6 Dans le cadre des op rations Ville Vie Vacances le football entre les jeunes de la cit a t investi depuis une vingtaine d ann es par les institutions L organisation de tourno
96. e pouvait s av rer d terminant En consultant les listes de participants j ai pu remarquer que les participants aux activit s vacances du service taient souvent les m mes Ils taient en quelque sorte coopt s par les animateurs La pratique du service tait notamment centr e autour d une identification culturelle entre les jeunes et les animateurs Les animateurs et les jeunes laboraient des projets de s jours de vacances que les premiers taient charg s de mettre en forme rendant ainsi possible le financement par la collectivit Il y eut par exemple un s jour intitul Mise en valeur de la culture maghr bine et organisation d un s jour au Maroc gt Ma r action devant ces pratiques a consist mettre en avant les in galit s d acc s des jeunes au service public le faible nombre de jeunes touch s entre quarante et cinquante au maximum sur l ann e au regard des moyens humains et financiers mobilis s En prenant appui sur ces l ments objectifs le petit nombre de jeunes b n ficiaires par rapport la demande et au besoin social la mauvaise image du service la pr somption de client lisme j ai amen l ensemble de l quipe s interroger sur nos pratiques J ai t aid en cela par un incident survenu au cours d un week end de ski au cours duquel les jeunes encadr s par un animateur du service s taient livr s un pillage dans une station service L intervention de la gendarmerie
97. e sens de la communication du groupe s inverse il est orient vers l ouverture aux autres et les changes relationnels alors que dans le quartier les m canismes de d fense de repli identitaire ou groupal dominent Le s jour de vacances en autonomie est galement une tape dans la mesure ou il permet d acc der une libert organisationnelle de vivre une premi re exp rience de d cohabitation familiale et d assumer une responsabilit conomique Cependant contrairement l affirmation contenue dans l hypoth se le s jour vacances en autonomie n annonce pas le d clin de la relation au groupe de d part en vacances et encore moins celui de l appartenance au groupe des jeunes de la cit Dans un premier temps nous avons constat l influence de la cit du quartier dans la composition des groupes Mais nous avons remarqu que cette composition tait galement soumise la contingence et la disponibilit des jeunes de la cit A quelques exceptions pr s la pr sence d un passeur ou d un organisateur les participants sont recrut s au sein du microcosme social et sont interchangeables La relation qualifi e de fusionnelle au groupe de d part n est pas confirm e Il subsiste cependant une d pendance aux attentes et aux jugements du microcosme social qui tend diminuer au cours du s jour Au cours de ce dernier le chacun pour soi ensemble permet aux jeunes de pr server leurs int r ts de concilier vie
98. e vie Indicateur 2 1 Anciennet ou mobilit r sidentielle Atfachements D apr s Le petit Robert l attachement renvoie au sentiment qui unit une personne aux personnes et ou aux choses qu elle affectionne Les jeunes rencontr s ont en commun un attachement leur territoire de vie Il m appara t que celui ci s exprime compl mentairement dans trois directions La premi re correspond ce que je nommerais le nous d ici Mobilit r sidentielle des jeunes i i nr Changement de Pr nom Anciennet sur la Ville Mobilit externe g quartier sur la ville depuis 1984 soit Fabien p f depuis sa naissance no no Maurad depuis la matemelle nona n n n 9 originaire de la Mac donie depuis longtemps quasiment toujours v cu quelques j ai fait plusieurs habit Bobigny mois sur Paris quartiers rice toujours v cu Charles __ toujours v cu Bernard _ je suis n ici j habite toujours Darius j non non Bobign Au cours des entretiens r alis s des jeunes ont valu en termes de dur e de vie leur pr sence dans la cit la ville Certains ont annonc spontan ment la date d arriv e dans la cit et celle de leurs compagnons de voyage une personne est venue en 1996 moi en 1984 Palma Fabien an p 3 J ai t surpris d entendre ce jeune adulte se rep rer si pr cis ment dans le temps et se souvenir de son arriv e dans la
99. en Sciences Sociales auteur de La technique et le temps STIEGLER B Aimer s aimer nous aimer du 11 septembre au 21 avril Editions Galil e Paris 2003 p 15 op cit p 15 119 industrielles je suis progressivement annul et dans cette annulation progressive de mon je je ne m aime plus Or si je ne m aime plus je n aime plus les autres puisque les autres ne sont jamais autre chose que le miroir de mon amour propre c est en cela que consiste le narcissisme primordial Plusieurs mois avant la d claration sensationnelle de Patrick Le Lay PDG de TF1 Bernard Stiegler exprimait ceci Au cours du XX me si cle avec l apparition de m dias de masse qui sont des technologies r tentionnelles la conscience peut tre vis e et commercialis e comme mode d acc s au march Le march c est essentiellement une masse de conscience habitant des masses de corps qui consomment Dans la conclusion de l ouvrage pr c demment cit l auteur r affirme que Pour que je m individue il faut que mon individuation participe individuation du nous auquel j appartiens et participe de cette individuation Je vais maintenant tenter de resituer cette r flexion dans le cadre de ma recherche sur l identit personnelle des jeunes de la cit Je discerne que ces jeunes sont particuli rement vis s par les appareils de mod lisation culturelle l adoption du nouveau la consommation sans limite p
100. ent dans une tour de 18 tages au sein d un ensemble de tour pendant une dizaine d ann es J ai toujours habit le centre ville et non l un des quartiers p riph riques ou les jeunes revendiquent aujourd hui de mani re exacerb e une identit de territoire Jai t le t moin et un acteur de l volution de la place des jeunes dans la ville 1 3 Une vocation d animateur Je suis devenu animateur seize ans pendant ma scolarit et peu peu par go t et par n cessit avec obstination j en ai fait mon m tier C est par l encadrement des centres de loisirs que j ai commenc mon parcours et la d couverte du r le de animateur a t une r v lation En devenant celui qui fait jouer qui raconte les histoires conduit le groupe et communique avec chacun j ai revisit mon enfance et trouv le mode de relation l autre la place qui me correspondait Pendant les six premi res ann es j ai accumul les exp riences d animation et de formation aupr s des mouvements d ducation populaire tel que les Francs et Franches Camarades et les Centres d Entra nement aux M thodes d Education Active J tais ce que l on appelle aujourd hui encore un animateur vacataire Je travaillais le jeudi le soir en semaine apr s la classe le samedi apr s midi et r guli rement le dimanche ainsi que pendant toute la dur e des vacances scolaires Le terme d animateur vacataire d signe une partie du personnel d ani
101. er ou en t les jeunes choisissent des destinations r put es le co t de s jour est plus lev et ne correspond pas leur ressources financi res lls sont tr s rarement anim s par un d sir de retour la nature et les stations de sport d hiver sont retenues pour l tendue de leur domaine skiable et la proximit d quipements de loisirs patinoire cin ma et surtout discoth ques les Arcs les Deux Alpes Serre Chevalier Tignes Val d Is re Val Thorens La diversit des destinations est plus importante sur la saison estivale et un vaste choix de s jours l tranger s exprime Espagne Etats Unis Mali Malte Maroc Mexique Portugal Tha lande Tunisie Turquie Yougoslavie Les jeunes des quartiers populaires partagent des aspirations r pandues dans l ensemble de la population fran aise Des perspectives sont d finies pour l ann e suivante Elles concernent la r partition des dossiers entre les animateurs r f rents d un quartier la mise en place d une r union avec l ensemble du groupe l volution des modalit s de soutien financier et plus globalement l implication des animateurs du service J ai observ dans les ann es 80 apr s les ravages de l h ro ne dans la population jeune de la ville la mont e de la consommation quotidienne du haschich et des bi res fortement alcoolis es qui lui a succ d Cette consommation a modifi les comportements et les rapports des groupes de jeune
102. es d un dispositif de soutien au d part autonome en vacances de jeunes de 17 25 ans La mise en place de ce dispositif a d abord t pr sent e comme une r ponse p dagogique permettant d aller la rencontre d un public rejetant les agents des institutions dont font partie les animateurs socioculturels La nouvelle forme d intervention a d abord t justifi e comme une adaptation aux attentes et la demande des publics dans le cadre d une offre de loisirs vis e ducative Mais elle s est aussi labor e dans un contexte d incivilit s urbaines et d une plus grande visibilit et appropriation par les groupes de jeunes de l espace public dans les quartiers populaires Ainsi cette forme d intervention a rapidement suscit m fiances et critiques Elle a t d nonc e comme un moyen d acheter la paix sociale dans les quartiers en finan ant le d part des jeunes en vacances et d exporter les probl mes de la banlieue sur les sites touristiques Dans le pr c dent chapitre j ai d crit la ville dans laquelle j ai grandi et o j ai r alis mon parcours professionnel L architecture de cette ville de la banlieue parisienne lui a valu d tre consid r e tort comme une ville nouvelle Des tours en constituent le centre ville des cit s s tendent la p riph rie et entre les deux une zone pavillonnaire m thodiquement grignot e par les b tisseurs L inqui tude soci tale sur ce que nous d signons co
103. es peuples des Balkans les Mac doniens sont diss min s dans diff rents Etats dont la Gr ce et la Bulgarie qui ne veulent pas voir leurs fronti res actuelles remises en cause Lors de notre premi re rencontre Denis s est pr sent comme l organisateur du s jour il nous a expliqu qu il a l habitude de se rendre chaque t dans sa famille en Mac doine Il a propos ses camarades de l accompagner et d tre h berg s en pr cisant j ai une maison sur place l bas Mac doine Denis an p 27 L affirmation de son autonomie Denis en a pris l orientation avant son d part Il vit dans une double appartenance d un c t la France avec un mode de vie et son r seau personnel de relations constitu partir de ses activit s dont le football de l autre la Mac doine et la famille largie La d marche de Denis consiste remplir ses obligations l gard de sa famille et prendre la responsabilit de ses amis au cours de son s jour ce qui peut lui permettre la fois de se lib rer de certaines contraintes familiales Denis a d j fait plusieurs fois le voyage en voiture et reconna t en g n ral quand j ai des difficult s c est la douane mais il n y a pas eu trop de probl me Mac doine Denis an p 31 Il nous fait part de sa ma trise de la situation et donne penser qu il agit en connaissance de cause ce qui atteste de son autonomie Nonobstant en raison de l accueil
104. es pratiques de l entretien compr hensif Contrairement aux pr conisations de l ouvrage d j cit j ai formul des questions et soumis chaque jeune la s rie de questions en essayant de ne pas induire les r ponses par des interventions des acquiescements intempestifs Je me suis attach une certaine neutralit qui m a inhib pour effectuer des relances et faire durer l entretien Un chercheur averti pourra s tonner de la bri vet des entretiens sur une th matique priori propice aux panchements ou aux affabulations Lors de la retranscription des entretiens les pr noms des jeunes ont t chang s tout en conservant la consonance culturelle de ceux ci Il est probable qu un chercheur exp riment eut choisi d autres modes op ratoires pour conduire cette recherche Plut t que d isoler chaque membre du groupe des entretiens collectifs auraient ouvert des perspectives de contradiction entre les jeunes entre l image lisse qu ils veulent donner au repr sentant de l institution et la r alit des relations interpersonnelles v cues Naturellement j assume ces imperfections qui participent la d marche de formation tout en souhaitant trouver dans les entretiens r alis s mati re poursuivre mes investigations 64 3 8 Le recueil de donn es Il est constitu de 15 entretiens Les dix premiers entretiens sont r alis s avant le d part en s jour de vacances Les cinq premiers entretiens se sont d roul s
105. est une r alit L hypoth se de recherche selon laquelle le s jour vacances en autonomie serait une tape annoncerait le d clin de la relation fusionnelle au groupe au b n fice de la prise de conscience de son individualit est partiellement valid e En l tat actuel de la recherche la relation entre les jeunes des groupes ne rev t pas un caract re fusionnel D livr de la tutelle des adultes le mode d organisation des jeunes pendant le s jour Chacun pour soi ensemble leur refus d une hi rarchie dans le groupe tout sauf chef permet de concilier vie collective et choix personnels Le besoin de voir et d tre vu positivement de restaurer l estime de soi s exprime fortement au cours du s jour Ainsi les vacances entre jeunes permettent chacun 126 d acqu rir de nouvelles comp tences sociales et de mettre en jeu ses repr sentations A leur retour de vacances les jeunes se montrent absorb s par leur avenir personnel leur int gration sociale et professionnelle l acc s ou la poursuite d un cycle d tudes Ils portent galement leur attention r tablir les contacts avec l ensemble du r seau relationnel de la cit et se projettent d j dans de nouvelles escapades hors de la cit de pr f rence avec de nouveaux comparses du microcosme social A partir de ces r sultats le dispositif d aide au d part autonome en vacances en direction des jeunes de 17 25 ans semble bien participer
106. grands ensembles et des cit s populaires en sont l origine Elle correspond un retournement du stigmate port par les habitants de quartiers d finis comme sensibles d favoris s qui sont des lieux de rel gation spatiale et sociale Cette forme de nous est analys e par Jacques Donzelot qui s attache tablir une typologie des entit s urbaines et en donner les principales caract ristiques Il pose que les habitants des grands ensembles forment une soci t marqu e par la nature contrainte de l entre soi dans laquelle une partie vit sa localisation comme un sujet d opprobre et une autre en fait une part positive de son identit Il pr cise Ces habitants des cit s o dominent les minorit s ethniques se trouvent comme pris par une double injonction l une tacite de rester entre eux l autre 7 KAUFMANN J C L invention de soi une th orie de l identit Armand Colin 2004 p 1989 7 sociologue professeur l universit Paris X 121 explicite d viter de constituer un nous qui donnerait trop voir ce qu ils ont en commun 4 Ces quartiers d favoris s donnent ce que Donzelot appelle le spectacle de l immobilit volontaire Dans les cit s o les espaces communs sont synonymes d ins curit la tr s faible mobilit des r sidents se traduit par le retrait dans le logement Chez les jeunes la pratique consistant soit s approprier les espaces communs collectivement ou e
107. iment tout il n y avait pas de soucis au niveau du rangement un petit peu tout montage des tentes on a tout fait en commun Castellas Oscar an p 43 Il compl te plus loin On a tout fait en collectif on a pr serv une soir e pour la lessive on la faisait tous Au niveau de la nourriture on allait tous les jours Leclerc an p 48 Oscar met l accent sur l investissement de chacun dans la vie collective compte tenu des conditions d h bergement et de transport celui ci tait indispensable Brice et son fr re Charles nous livrent une autre version de leur mode de fonctionnement Chacun lavait son linge et rangeait ses affaires chacun achetait sa nourriture personnelle et tout apr s s il y avait un diff rent d argent on se le r glait entre nous et c est tout Castellas Brice an p 52 Il ajoute On a fait les courses en commun mais chacun payait sa part et s il y en avait un qui n avait pas son argent on le lui avan ait et tout et on r glait a apr s p 52 Charles confirme a changeait tout le temps en fait C tait ou tous ensemble ou on se r partissait les t ches Castellas Charles an p 62 90 Oscar Brice et Charles s expriment tous les trois dans le registre de la satisfaction en ce qui concerne leur autonomie personnelle au cours du s jour lls pr sentent cependant chacun une version diff rente du fonctionnement du groupe Le tous et tout ensemble d Oscar ressemble
108. iments et sur le choix de la destination Bernard Ce qui se passe c est que l on habite tous la m me cit on se conna t tous depuis l enfance et il y a un groupe qui tait d j parti comme il l a d j expliqu la commission Toulouse Evasion an p 68 La transmission prend ici valeur de parcours initiatique pour les jeunes de la cit Hector Berlioz qui se rendent Toulouse sur les traces d autres jeunes de la cit Ils sont pr c d s d une reconnaissance puisque la cit de Bobigny accueille aussi d autres moments de l ann e des jeunes venant de Toulouse Une investigation plus pouss e aurait probablement permis de retrouver le passeur celui qui donne acc s la location de l appartement de mettre jour des liens familiaux ou autres de comprendre comment le groupe de jeunes doit exprimer son intention pour tre d sign par la cit et perp tuer la tradition La th matique de l influence du microcosme social de la cit d finit comme une micro soci t la marge de la soci t partageant des valeurs des codes et des conduites sp cifiques vient d tre abord e sous l angle de la constitution des groupes et du choix de la destination de vacances Dans la partie qui suit la question de l attachement territorial sera examin e partir de l anciennet ou de la mobilit r sidentielle ainsi que sur le r le de l cole dans la socialisation 76 4 12 Composante 2 la cit territoire d
109. imposer cette pratique pour tous les voyages en France La simplicit sur le plan administratif la rapidit de r ponse aux projets la concertation qu elle implique au sein du groupe de jeunes lors de l utilisation justifie cette modalit Les jeunes balbyniens sont toujours plus nombreux s emparer du dispositif Au total celui ci a concern 304 jeunes dont 245 auxquels nous avons accord une aide On note une augmentation des jeunes hors crit res signe que les balbyniens ont des relations sociales largies Le nombre de groupe est pass de 52 59 La diversit des destinations tant en France qu l tranger d montre que les jeunes sont la fois des consommateurs avertis et des pr curseurs de nouvelles tendances On d nombre 15 destinations diff rentes durant l hiver et 48 pendant l t dont 15 l tranger Ce succ s est le signe d une communication forte entre les jeunes de la ville Les jeunes qui viennent retirer leur dossier d tiennent d j des informations Ils ont t conseill s aid s dans le quartier quelque fois par les plus g s lls savent comment faire avec le S M J ses attentes et anticipent quelquefois nos questions Pour l alimentation on va mettre Cf Annexe 4 Contrat local de s curit de la ville de Bobigny SOFRES politique opinion des habitants p 20 1 DEBARDIEUX E les cahiers de la s curit int rieure n 42 4 me trimestre 2000 p 109 125 11 Cf Annexe 4 C
110. in est venu Palma Fabien an p 10 Les commentaires que nous inspire cet pisode sont les suivants d une part Fabien a d rechercher conseil aupr s de sa m re redevenir l enfant pour comprendre ce qui lui arrivait et de l autre en consultant un m decin il a entra n tous ses amis reconsid rer leurs attitudes Sans l initiative de Fabien dans une caricature de comportement viril les jeunes auraient pu continuer de se persuader mutuellement que la g ne tait supportable et pouvait dispara tre d elle m me Pour l avenir la prise d initiative de Fabien semble de nature lui permettre de relativiser les comp tences du groupe constitu de semblables se pr occuper de son bien tre Denis instigateur du projet Mac doine assume depuis le d but un r le d organisateur Les propos qu il nous livre donnent penser qu il a r fl chi pr alablement son r le et qu il a cherch informer pr alablement ses compagnons de voyage de l environnement et des situations qu ils allaient rencontrer On tait assez d accord puisque je leur avais d j expliqu l avance les activit s que l on pouvait faire l bas et puis de toute fa on eux ils taient partis pour voir et d couvrir autre chose Vu que je connaissais quand m me un peu mieux le pays c est moi qui d cidais entre guillemet mais avec qui ils taient d accord Mac doine Denis an p 32 L autorit dont il a fait preuve durant le s jour
111. ir des activit s des jeux traditionnels des activit s manuelles et de cr ation pour chapper la s duction de la consommation Mais les adolescents cibles des publicitaires et leaders d opinions dans l adoption du nouveau ont fait chavirer tout ce monde bien pensant qui depuis s est r solu adopter le software et le t l phone mobile Ceci pour dire q une analyse portant sur la construction de l identit personnelle et ses changements devrait aussi s inscrire dans une compr hension de l organisation de la consommation L originalit de cette recherche r side dans le fait d couter les jeunes de la cit sans voquer les probl mes de violences de d linquance de drogue de la disparition des valeurs morales de l ins curit des incivilit s Cette recherche explore les interactions entre les individus et le milieu dans lequel ils vivent la cit Elle permet de s interroger sur le devenir de ces jeunes Sont ils assujettis passifs ou bien en train de se construire de devenir des sujets des acteurs autonomes et coop ratifs dans l ensemble de la soci t 5 BAUMARD M in le Monde de l Education N 328 septembre 2004 p 50 Pm Chapitre 6 Bilan et perspectives 6 1 L individuation contrari e Je vais maintenant aborder un aspect qui m a interpell lors de l coute des enregistrements des entretiens Dans l expression des jeunes l vocation de l appartenance au groupe est partag e entre l
112. is de foot inter villes ou de tournois des cit s a multipli sous couvert de restaurer des vertus substantielles du sport les occasions de confrontation footbalistique Ces animations encouragent la constitution d une quipe de cit stable autour de son joueur f tiche capable comme Zidane de faire la diff rence n importe quel moment L quipe est alors investie du devoir de repr senter la cit de d fendre sa r putation de faire parler la loi du terrain et l on ne joue que pour la gagne La victoire a une valeur symbolique elle permet de rompre la spirale de l chec de la mauvaise r putation De retour dans la cit les jeunes pourront alors se consoler en affirmant Nous sur le terrain on ne perd jamais Ainsi vont les fr res de football dans la complicit et la rivalit d une passion commune aux multiples retentissements En comparaison avec la passion du football les autres activit s pratiqu es par les jeunes de la cit paraissent subsidiaires On joue r guli rement au foot tous ensemble ou alors on peut aller sur Paris Castellas Oscar an p 88 Ces pratiques collectives l ext rieur de la cit contribuent elles desserrer l emprise du microcosme social de la cit ou n en sont elles que le prolongement 83 413 Composante 3 les relations au sein du groupe Indicateur 3 1 La pr paration du projet de vacances Motiv s Les r ponses des jeunes aux questions portant sur la pr
113. isation libidinale L approche psychologique de la question de l identit travers des concepts seulement esquiss e comme celui de l identification ne me semblant pas encore correspondre au sens et l conomie de ma recherche j ai poursuivi ma qu te d tayage th orique 3 Encyclop die Hachette Multim dia 2001 FREUDS Introduction la psychanalyse 1887 1902 37 LACAN J Le stade du miroir 1936 1949 53 3 4 R f rence th orique la personnalisation et l int gration sociale C est l ouvrage de Pierre Tap intitul e La soci t Pygmalion Int gration sociale et r alisation de la personne qui m a nourri de ce que je consid re comme le socle th orique de ma recherche Il propose une r flexion th orique sur la dynamique entre l acteur individuel et le syst me socioculturel Il soutien que l individu ne peut se comprendre en dehors des syst mes dans lequel il se meut qu il n est pas passif bien au contraire et que c est un acteur social Il cherche d montrer que tout individu est acteur de sa propre histoire tout autant que de l histoire collective Le premier chapitre est consacr au rapport entre int gration sociale et int grit personnelle p 13 L auteur expose les limites du couple int gration adaptation Dans la conception classique un groupe entrant cherche manifester son aptitude s approprier les objectifs propres au groupe d accueil et son d sir les promouvoi
114. issisme du nous Sa r flexion nous entra ne consid rer que le processus d individuation de nature mn motechnique ou mn motechnologique est pass dans le domaine de l exploitation industrielle Pour Bernard Stiegler hyper synchronisation des appareils de mod lisation culturelle conduit la destruction du je et du nous La consommation rel ve d un processus d adoption du nouveau qui ne constitue ni un nous ni un Je mais un on En voici un exemple Le jet ski on a fait tout plein de trucs on s est m me fait tatouer l bas plein de trucs quoi Palma Wiliam an p 20 et un second Le Canada C est un pays que l on aimerait bien visiter parce que plus on visite de pays mieux c est Castellas Oscar an p 46 Le consommateur est d personnalis d sincarn par le processus d adoption du nouveau L organisation de la consommation qui consiste synchroniser les je au point de nier leurs diff rences parce qu un je est une diachronie parce que je peux dire je que dans la mesure ou mon temps n est pas votre temps est ce qui tend annuler l amour de soi l amour propre En effet si ma singularit est annul e par la synchronisation de mon comportement c est dire de ma consommation avec le comportement des autres c est dire la consommation des autres ce qui permet la r alisation d conomies d chelle 57 Bernard Stiegler est directeur de l Ircam docteur de l Ecole des Hautes Etudes
115. it Sur le coup je pouvais dire Toi tu fais a Toi tu fais a oui mais bon il le faisait mais il ny a pas eu trop de chef Castellas Charles an p 62 Au cours des entretiens nous avons constat qu aucun des jeunes ne revendiquait pour lui m me ou l un de ses camarades le r le de chef Ce r le nous devrions dire cette fonction est cart e par les jeunes comme une limite ne pas franchir Se d cr ter le chef c est se positionner comme Sup rieur alors que le fondement du groupe c est l galit entre les pairs Cependant Charles s est senti investi d une certaine responsabilit et autorit morale que nous pouvons mettre en rapport avec la pr sence de son jeune fr re D autres t ches je ne sais pas quoi Cela peut tre le r le aussi d un je ne sais pas comme un p re S il y en avait un qui commen ait faire des conneries le grand fr re Castellas Charles an p 63 Les entretiens r alis s confirment l attention port e par les jeunes aux r les qui ont t leur port e ou au contraire inaccessible Selon le mode de s jour le nombre de personnes composant le groupe le contenu de la vie quotidienne un ventail de r les plus ou moins large s est pr sent La plupart des jeunes ont voqu des r les centr s sur la t che conduire faire la cuisine monter les tentes ranger Charles a fait r f rence la cellule familiale le p re et le grand fr re
116. it d ouvrir l chantillon aux autres types de groupe et d enrichir l analyse Cependant j avais plus de chance de v rifier mon hypoth se en limitant la cat gorisation des groupes L entretien r alis avant le s jour aurait gagn tre d connect du passage devant la commission attributive de l aide mais les refus de participation des jeunes auraient t plus nombreux compte tenu de leur m fiance l gard des institutions L appr hension de la r alisation de la personne peut elle aujourd hui s exclure d une r flexion sur la soci t de consommation L h donisme des jeunes ne se retrouve t il pas pi g dans cette devise Je d pense donc je suis Les jeunes sont de plus en plus nombreux construire leur identit par la consommation Un adolescent prend op cit p 3 BEIGBEDER F 99 francs Grasset Paris 2000 p 19 116 un r le de consommateur non pour acqu rir un produit mais pour se construire une histoire se forger une personnalit et commencer crire ainsi sa biographie Aussi avant d tre sien le produit est d abord lui Parce qu avoir le droit de faire des achats c est avoir le droit de choisir donc d avoir ses propres opinions Durant mes ann es de pratiques l antagonisme entre ducation et consommation a t souvent une position confortable sur laquelle des animateurs socioculturels ont cru pouvoir se reposer Comme s il suffisait de promouvo
117. it de belles affinit s comme a c est comme a qu on s est connu quoi Palma Fabien an p 4 Au contraire le foot entre les jeunes dans la cit est un jeu un amusement o la coop ration supplante l opposition et o l adversaire n est pas l ennemi La recherche du beau geste la ma trise du ballon la gratuit de l effort physique sont au c ur de cette pratique masculine dans laquelle subsiste un parfum d enfance En r ponse toutes les tensions du quotidien le foot entre jeunes de la cit est d foulement apaisement harmonie C est un autre de ces nous que je d couvre dans les entretiens que m ont accord s les jeunes et dont je per ois aussi les enjeux et les limites La plan te football est pr sente dans toutes les t tes avec ses sp cimens d ascension et de r ussite sociale spectaculaire Les jeunes r vent d chapper aux difficult s d insertion sociale et professionnelle aux discriminations qui les attendent la sortie du parcours scolaire lls se repr sentent le foot comme un domaine o celui qui a le don et la volont conserve toutes ses chances L int r t marqu pour les quipes professionnelles se porte en particulier sur les jeunes joueurs dont la presse r v le pour maintenir l illusion qu ils sont issus des quartiers populaires Les jeunes de la cit ne sont pas cr dules mais ils les regardent les coutent et s identifient un moment ces semblables lls d codent et rient ensembl
118. l e de l bas et un peu plus spacieuse Castellas Oscar an p 45 Brice ne tient pas tre en reste de r le sp cifique au cours du s jour Quand on a fait certains barbecues c est moi qui m en occupais Les tentes c tait moi aussi ensuite toutes les autres t ches taient r parties entre nous chacun s occupait de soi quoi Castellas Brice an p 53 Il insiste sur le caract re volontaire de cette prise en charge J ai dit moi m me que j allais le faire an p 53 pour bien signaler son interlocuteur que sa position de benjamin du groupe ne la pas d sign recevoir des ordres des autres En ce qui concerne l effort s imposer lors des discussions dans le groupe et sur l opportunit de privil gier la ville ou la plage Brice nous surprend par son flegme Moi il y en avait aucune qui me d rangeait rester sur la plage a ne me d rangeait pas sortir a ne me d rangeait pas donc apr s cela se discutait entre eux quoi Brice Castellas an p 54 Brice semble avoir exp riment au sein du groupe une attitude d observateur participant il refuse de s engager plus d un c t que de l autre trouve des satisfactions personnelles dans chaque situation Par cela il s affirme comme une personne distincte de son fr re avec sa propre personnalit 93 Charles fr re a n de Brice marque sa diff rence Pour lui l organisation du groupe n cessitait quelquefois de la directiv
119. la cit lieu de rel gation sont conscients des distances sociales et la difficult les franchir Leur petit coin de paradis qu il soit vasion refuge ou d couverte ne renie pas le nous de la cit qui a contribu positivement leur identit il le prolonge Ce nous est sa mani re une illustration de l id al r publicain qui s inscrivait jadis au fronton des difices publics mairie coles Libert Egalit Fraternit 86 4 2 Analyse des entretiens r alis s apr s le s jour la fonction assertive 4 21 Composant 5 l gocentrisme Indicateur 4 1 Affirmation de son autonomie Chacun pour soi ensemble Il est d usage pour les praticiens du travail social de d finir la notion d autonomie par opposition la d pendance et d assimiler l autonomie l ind pendance Dans le cadre de notre recherche Il nous semble plus pertinent de consid rer l autonomie comme une combinaison d un ensemble de facteurs Lors de la phase de pr paration des entretiens nous avons eu acc s aux coordonn es personnelles des jeunes composant les quatre groupes retenus pour la recherche Chacun des vingt deux jeunes g s entre dix sept et vingt trois ans a d clar habiter au domicile familial Ceci vient confirmer la repr sentation r pandue dans l animation socioculturelle selon laquelle les vacances entre jeunes constituent la premi re exp rience de d cohabitation familiale La capacit r aliser
120. langue Il a pris conscience que pour nouer des contacts il faut ma triser l anglais et la langue du pays d accueil mais cela n entre pas dans ses comp tences Cependant il fanfaronne On a fait plein de connaissances comme a tu vois que ce soit des filles ou des gar ons Puis bon il y a des filles a a march je me rappelle une fois cela c est tr s bien termin tu vois William Palma an p 22 91 Pr c demment William avait d j exprim son int r t pour les personnes de l autre sexe il est perceptible travers ses propos que le personnage de s ducteur l attire et qu il s efforce de cerner ce qui len loigne encore Fabien pour sa part se d clare satisfait du confort des chambres de leur propret mais regrette La clim Elle tait trop froide Fabien Palma an p 8 et il se souvient les maladies puisqu on a attrap la grippe mais c est pas grave on est des r sistants on allait quand m me en boite on allait la piscine apr s vers la fin on a appel le m decin Fabien Palma an p 10 L pisode de la venue du m decin nous est ensuite livr dans son int gralit toujours par Fabien C tait moi le premier avoir consult parce qu avec la piscine quand on plongeait j avais mal l oreille puis j ai appel ma m re et j ai senti que c tait une otite puis ma m re m a dit C est une otite appelle un m decin Je l ai appel tout de suite et le m dec
121. les de la sant ainsi que l office de tourisme ont si g dans les diff rentes commissions et apport leurs conseils et leur soutien aux jeunes L efficience du dispositif na cess de cro tre au fil des ann es La population jeune 17 25 ans de la ville est valu e 7200 personnes Avec une progression annuelle de pr s de 20 des b n ficiaires en 2003 le dispositif touchera 10 de la classe d ge de la ville Le d part des jeunes en vacances constitue la principale mesure de l efficacit de l action A l chelle de la commune on ne dispose pas d l ments 40 d appr ciation ant rieurs l impact du dispositif sur le d part des jeunes Le Conseil 17 donne deux indicateurs Le Economique et Social dans son avis et rapport 200 taux de d part de 58 3 des 20 24 ans est tr s inf rieur celui des 14 19 ans qui est de 67 Les causes de non d part sont multiples mais dans les enqu tes disponibles les raisons financi res sont cit es 47 D autre part certains jeunes se trouvent dans une situation d exclusion ou ressentie comme telle dont ils ne peuvent sortir ou pensent ne pas pouvoir sortir Dans ce cas quitter son quartier peut para tre insurmontable L efficience de l accompagnement est l aspect le plus difficile valuer Devant la multiplicit des intervenants des demandes et des attentes nous pouvons seulement affirmer avoir r alis un travail de pr vention Le dossier d aide aux projets
122. lou des appartements dans des r sidences de vacances pour les mettre disposition des jeunes adultes de la ville Une exp rimentation de soutien financier sur projet aux groupes de jeunes autonomes a t conduite La limitation de l offre et la mise en place d un suivi administratif afin de contr ler l galit d acc s de tous les jeunes de la ville ont confirm ce que j avais pressenti savoir la pression des jeunes pour am nager les conditions g n rales d inscription et l intervention des animateurs pour d roger aux crit res tablis Dans leur rapport au S M J certains jeunes s autorisaient frauder sur leur ge ou leur statut pour s inscrire dans les activit s revendiquaient un traitement de faveur pour r server leur place Ainsi les dispositions prises n ont pas produit les effets escompt s Les s jours ont t plus difficiles compl ter Les groupes ainsi constitu s taient plus d licats g rer Les jeunes n taient pas anim s au d part par un d sir de vivre ensemble mais par l opportunit d acc der des prestations de qualit moindre co t En ce qui concerne l offre de mise disposition d appartements et de r sidence de vacances nous avons rapidement d chant s Cette proposition rencontrait un cho favorable chez les jeunes mais ils n taient pas en capacit de pr voir et de respecter leurs engagements Ils consid raient que le S M J devait leur permettre de changer leurs dates
123. ls ont v cu plusieurs situations La premi re c est la mise en garde d s leur arriv e de la directrice du camping laquelle ils ont r pondu par l acceptation des r gles et qui leur a valu une gratification dont ils sont fiers Ils ont pu b n ficier de pr t de couverts ont obtenu de l eau fra che ont t invit s boire des verres et revenir l ann e prochaine La deuxi me c est la vir e Nice au cours de laquelle ils se sentent observ s menac s Les gens comment ils nous regardaient on s est dit on n est pas les bienvenus On n a pas eu de probl me mais bon c est juste le regard des gens Castellas Charles an p 62 et Oscar d ajouter C est un peu exag r Des gens qui s arr tent m me pas notre niveau et qui font un d marrage am ricain Castellas Oscar an p 42 et de conclure Peut tre que l on est pas parti le bon jour c tait samedi soir et les gens sont plus excit s ce jour l mais vraiment je sais que si j avais laiss ma voiture c tait fini avec la plaque Castellas Oscar an p 44 La troisi me situation correspond la visite de la ville de Monaco dont les jeunes font leur meilleur souvenir de vacances Oscar nous livre ses impressions C est vraiment une ville qui ma subjugu A l arriv e on a vu tout tait beau Il y a des cam ras de surveillance partout on voit que c tait vraiment s curit Les gens il y a pas de vol les voitures les vitres ouve
124. marches de pression sur la ville ou ses repr sentants Je consid re que les compassions bienveillantes leur gard ont souvent renforc l exclusion dont ils se sentaient victimes Dans cette perspective le dispositif d aide au projet op re comme un contre feu La ville va la rencontre des jeunes structur s en groupe Elle les d fie de s engager collectivement dans une action qui les r int gre dans la norme des jeunes qui veulent profiter de l t et partir en vacances D s 1998 le dispositif d aide au projet vacances avait gagn ce pari d tre la d marche de r f rence pour ne pas gal rer pendant l t Bobigny 2 4 Faire voluer les modalit s de soutien L ann e 1999 est marqu par la signature du contrat local de s curit Cette politique contractuelle entre les collectivit s territoriales commune et d partement l Etat repr sent par le Pr fet le Procureur le recteur d Acad mie est pr c d e d un diagnostic local dans lequel les adolescents et les jeunes sont d sign s comme responsables des incivilit s Il ressort des sondages et questionnaires r alis s aupr s de la population que le lien entre l ins curit et la d linquance des jeunes est un l ment central de la perception de la vie urbaine Les th mes de la d linquance et celui de l emploi sont au centre des attentes des habitants L augmentation des effectifs de police est consid r e comme l action urgente mettre en uvre
125. mation qui se voit appliqu e par d rogation au code du travail un r gime particulier les cotisations sociales de l employeur et du salari sont ramen es deux heures de travail par jours travaill s Ce statut ma p nalis tant pour l acc s un v ritable emploi que pour le droit la formation professionnelle Je d plore aujourd hui encore que ces ann es ne soient pas reconnues comme des ann es de travail dans le service au public En 1980 ma candidature sur un poste d animateur permanent l association para municipale dans laquelle j ai d but est retenue C est mon premier contrat de travail et c est Bobigny la ville o j ai toujours habit pratiqu du sport et o je vis l essentiel de mes relations sociales que j obtiens ce poste La fonction d animateur exige de moi une grande disponibilit et devient un mode de vie Je prends l habitude de partir en vacances en dehors de la p riode estivale intervenant souvent en soir e et le week end ma vie personnelle est conditionn e par mes engagements professionnels Le sport est mon second centre d int r t je participe de nombreuses comp titions en Boxe fran aise cela me conf re une r putation dans la ville et contribue mon autorit aupr s des adolescents Ma pratique professionnelle s organise autour de mon attachement au d veloppement de l offre de loisirs en direction des adolescents et du projet politique de la municipalit communiste
126. mensions La notion de l identit recouvre un champ tr s large de la carte d identit ou passeport l identit sexuelle culturelle mais aussi g n tique et num rique A l id e de transformation je substituerai aujourd hui celle de changement plus m me de traduire le mouvement dans la complexit et la cr ation L hypoth se formul e s appuie sur un pr jugement qualifiant de fusionnelle la relation entre les jeunes La perspective de l volution de la relation n est envisag e que sous la forme du d clin La prise de conscience par les jeunes de leur individualit serait fortement corr l e l affaiblissement de la relation qualifi de fusionnelle au groupe de pairs En psychologie le sentiment de fusion est voqu par Freud dans son ouvrage intitul Malaise dans la civilisation le sentiment oc anique tend exprimer la source du besoin religieux de l Homme D clin ensuite en fusion oc anique il 108 d signe l attachement de l enfant sa m re Dans un sens commun le terme de fusion appliqu aux relations humaines tend exprimer l incorporation d un tre dans un autre et est employ pour d signer un tat amoureux ou passionnel Il est galement d fini comme une extr me proximit intersubjective Pierre Tap voque la fusion oc anique partir de l identification cat gorielle de sexe il nous dit Elle peut dans un premier temps favoriser la
127. ment des cat gories de pens e institu es Je consid re aujourd hui que ma question de recherche aurait gagn tre formul e ainsi 58 KAUFMANN J C La femme seule et le prince charmant Paris Nathan 1999 p 57 TAP P La soci t Pygmalion Int gration sociale et r alisation de la personne Paris Bordas 1988 52 bo VILLECHAISE DUPONT A Am re banlieue les gens des grands ensembles Paris Grasset 2000 p 305 109 Par quels m canismes un dispositif d aide au d part autonome en vacances en direction des jeunes de 17 25 ans peut il participer un changement de l identit personnelle Dans le chapitre consacr la recherche en action j ai pr sent la m thodologie et le cadre op ratoire et souhait m inspirer de la sociologie compr hensive Lors du travail d analyse des entretiens j ai pu mesurer l cart entre cette intention et ma pratique Pour r aliser les entretiens j ai du r investir le terrain professionnel que je venais de quitter J tais mal l aise vis vis des jeunes car mon intervention se situait hors de la l gitimit institutionnelle dont j tais pr c demment d positaire Les entretiens r alis s s apparentent davantage des entretiens semi directifs les relances et la reformulation qui aurait permis de prolonger l entretien sont souvent absentes Pour compenser ses faiblesses jai consacr beaucoup de temps l coute et la lecture des entretiens et
128. mettent leurs comp tences personnelles au service du projet On a tout fait de notre c t les papiers tout a et puis apr s on s est t l phon on s est donn rendez vous pour aller l agence Le S M J comme il y en a qui travaillent ils taient en stage on est parti par groupe de deux ou trois Palma Fabien an p 5 Une personne du groupe prenait en charge tous les documents qu il fallait Elle allait voir les personnes et prenait les documents les photocopies Palma Mourad an p 15 DUBET F Le d clin de l institution Seuil Paris 2002 p 13 84 L implication dans le projet est d abord une implication dans le groupe D j il a fallu que les horaires de disponibilit puissent co ncider puisque chacun voulait travailler pendant l t pour gagner de l argent et donc il fallait d j que les horaires les dates coincident Castellas Oscar an p 39 Cependant alors que certains sont actifs d autres comme Darius se laissent porter Moi je ne me suis pas occup de a C est Djamel justement qui s est occup de tout cela lls nous a propos donc il nous a dit de le laisser faire il savait d j Moi en fait je n ai jamais fais de projet donc lui vu qu il connaissait il m a dit tu me passes tes papiers on va aller une commission on va discuter et tout a j ai dit OK il y a pas de probl me Evasion an p 73 Dans d autres cas les responsabilit s sont r parties et
129. mme le probl me des banlieues ne date pas d aujourd hui J ai d couvert dans un entretien d Annie Fourcaut professeur d histoire contemporaine L ENS Lyon que cette inqui tude avait d j une histoire En 1957 une commission d experts sur les probl mes de la vie dans les grands ensembles d habitation pr sid par Pierre Sudreau tait cr e Le minist re r digea un projet de note relative loptimum d mographique et social des grands ensembles 4 In Urbanisme n 322 janv f v 2002 p 41 Ecole Normale Sup rieure de la ville de Lyon 44 d habitations Parmi les risques psychologiques et sociaux voqu s figurait cette interrogation comment recr er une communaut chez ses habitants venus de partout La solution retenue fut dans les quipements la construction proximit des grands ensembles des aires de jeux des parcs des coles des centres sociaux des dispensaires polyvalents des maisons de jeunes Le tableau que l on dresse aujourd hui de la banlieue en g n ral et des grands ensembles devenus entre temps la cit est d une toute autre nature Jo lle Bordet sociologue au Centre Scientifique et Technique du B timent a crit un ouvrage intitul les Jeunes de la cit Cet ouvrage r sultat d une recherche men e entre 1987 et 1993 sur la vie des adolescents d une cit de la Seine Saint Denis m a beaucoup marqu Je suis tent d inscrire ma recherche dans
130. mpagnement des pratiques culturelles associ es au mouvement Hip Hop le Rap le graph la danse Il a contribu faire reconna tre dans leur singularit les jeunes d origines maghr bines et africaines comme des acteurs de la vie sociale des quartiers L investissement des animateurs dans la politique de la ville via la ma trise d uvre urbaine sociale a contribu l mergence d association de jeunes Les initiatives locales contre le racisme et les rencontres festives inter quartier ont permis d largir le public des actions culturelles de la ville Enfin le service jeunesse a t pr curseur sur l identification des besoins en mati re de pr vention sp cialis e comme pour l acc s des publics quartiers aux quipements sportifs de la commune 1 6 Changer les pratiques Dans le domaine des vacances le service jeunesse organisait des week end et des s jours l intention des jeunes 18 25 ans Il prenait en compte des attentes formul es par des jeunes les sports d hiver s jour Cuba au Maroc Les animateurs permanents du service ainsi que des vacataires participaient l encadrement des jeunes adultes L existence de relations privil gi es entre une partie des jeunes de la ville issus des m mes quartiers et les animateurs contribuait alimenter la rumeur d une s lection des b n ficiaires Au regard du nombre de places offertes par s jour entre 15 et 20 l avantage donn par une information direct
131. n Au cours du s jour en autonomie les jeunes sont au sein de leur groupe dans des situations nouvelles en comp tition les uns avec les autres pour la reconnaissance de leur fonction et de leur statut je affirmation Le s jour autonome marque un changement dans le temps du groupe une prise de conscience de son individualit s op re et chacun devient responsable de la gestion de son temps je autonomie J ai renonc cette formulation de la question de recherche et des hypoth ses Elle entretenait une confusion entre les constats du praticien et les hypoth ses de l apprenti chercheur 49 Depuis septembre 2003 Ma question de recherche et mon hypoth se sont Question Sous quelles formes un dispositif d aide au d part autonome en vacances en direction des jeunes 17 25 ans peut il participer une transformation de l identit personnelle hypoth se Le s jour vacances en autonomie serait une tape annonciatrice du d clin de la relation fusionnelle au groupe au b n fice de la prise de conscience de son individualit passage du nous au je 3 3 R flexion th orique L apport de la psychologie La dialectique entre la r flexion suscit e par les lectures et la m thodologie de la recherche action me conduisent porter un regard de plus en plus critique sur ma question de recherche Comment pr tendre observer une transformation un d placement ou un
132. n identitaire Mots ou expressions cl s Identit personnelle jeunes de la cit microcosme social autonomie fonction int grative fonction assertive personnalisation animation socioculturelle Bobigny
133. nationale avait permis de poser la question des difficult s pour les quipes d encadrement garder la ma trise du d roulement du s jour avec des jeunes majeurs Pendant plusieurs semaines lors des r unions ou bien au cours d entretiens le sujet a t d battu Les animateurs ont accept de rechercher des solutions afin de toucher un plus grand nombre de jeunes de mieux utiliser les ressources financi res de tendre une galit d acc s l offre de vacances Pour les animateurs attach s l encadrement de s jours de jeunes adultes cette activit tait un moyen d approfondir des relations avec les jeunes de stimuler des projets d impliquer les jeunes sur la ville de faire se rencontrer des jeunes de diff rents quartiers La participation des animateurs permanents aux s jours avait pour cons quence d accumuler des heures de travail suppl mentaires qui devaient en fin d ann e tre r mun r es ou r cup r es soit l quivalent par an d un mois de salaire et ou de cong Le renouvellement d une partie de I quipe a permis de r duire l influence des partisans de la poursuite de l activit vacances sous la forme de s jours encadr s d argumenter en s appuyant sur les nombreuses id es de projets et de sugg rer d largir notre action Dans un premier temps les s jours vacances n ont pas t supprim s L offre a t orient e sur les jeunes lyc ens entre 18 et 20 ans D autre part le service a
134. ncore s isoler dans l appartement familial est reconnue La situation semble se p renniser par del les efforts des politiques publiques nous dit Donzelot car les nouveaux emplois de services r clamant peu de qualification demeurent difficilement accessibles pour les habitants de ces quartiers L id e d une hyperesth sie spatiale est avanc e trois motifs sont voqu s Le premier est la distance spatiale avec les emplois disponibles et le surco t du transport qui rend le salaire quivalent au revenu du ch mage ou de l aide sociale Le second s exprime par la distance sociale par rapport l emploi le manque de contacts porteurs d informations sur les opportunit s d emploi Le troisi me c est la distance l gale qui correspond l mergence dans les cit s d une conomie parall le permettant certains habitants des cit s de d velopper des activit s en marge de la loi Enfin pour conclure le nous des jeunes de la cit subit l rosion du temps Les jeunes qui sont en passe de r ussir leur int gration professionnelle ou sociale prennent leur distance avec la cit laquelle ils restent cependant attach e affectivement Pour ceux ci apr s une p riode plus ou moins longue l int gration au r seau d inter connaissance de la cit diminue D autre part comme nous avons pu le voir au cours de l enqu te le nous des cit s se construit dans la rivalit des unes par rapport aux autres et par la tran
135. ndre que la vie quotidienne dans la cit peut s av rer prouvante ou seulement que Brice comme tout un chacun a besoin d tre en vacances Le groupe de jeunes qui s appr te partir Toulouse a intitul son projet Evasion pourtant ils ne s vadent que tr s partiellement de la cit dans la mesure o avant m me leur arriv e leur origine sera connue Dans le choix de leur destination de vacances les jeunes du nous autres tentent malgr tout d chapper l attraction de la cit et son mode de vie Comme c est un endroit o on ne trouve pas souvent des personnes qu on conna t c est mieux d aller dans des endroits comme a nous dit Fabien Palma an p 4 et Chang d ajouter Pourquoi pas partir et tenter l exp rience au lieu de rester dans les banlieues Bobigny surtout gal rer dans les cit s rien faire de sa vie Mac doine an p 35 Les jeunes se savent aussi marqu s collectivement par l image de la banlieue de la cit Cependant pour Brice ce n est pas irr m diable La banlieue parisienne ils sont mal vus l bas on va essayer d am liorer cette vue leurs yeux et j esp re que a va marcher Castellas an p 50 80 Cette question de l image de la banlieue ou des cit s fait l objet d une surench re de la part des jeunes dans la revendication du sentiment d appartenance qui a t voqu e plus haut Les institutions les m dias et les lus ont aussi leur part
136. nfants et des jeunes Enfin dans une p riode plus r cente les animateurs ont t mobilis s sur la pr servation la paix sociale dans la ville Ils ont particip notamment contenir les d bordements des enfants et des jeunes de la cit par une offre d activit s de loisirs subventionn s par la municipalit Pour les animateurs comme pour d autres travailleurs sociaux la formation est devenue un moyen de re appropriation du sens de ses pratiques d interpr tation et d analyse qui permet de s extraire du terrain et de se projeter sur des postes responsabilit moins expos es L volution dans un parcours de formation est de ce point de vue une th rapie et un rem de Une th rapie par la prise de distance par rapport au terrain et un rem de dans le sens ou les probl mes pos s dans le cadre de la formation sont susceptibles de trouver une r ponse par opposition aux probl mes sociaux qui sur le terrain demeurent insolubles 106 Dans la premi re partie de ce document j ai rendu compte de ma pratique professionnelle en direction des jeunes de 17 25 ans A partir de cette monographie d autres questions de recherche qui suscitent mon int r t ont t cart es notamment autour De la situation sociale des habitants des grands ensembles touch s de plein fouet par l exclusion conomique Des vell it s de diff rentiations culturelles et ethniques qui prennent de l ampleur dans les popula
137. nidorm ou Tenerife on verra sinon dans deux ans peut tre une croisi re Palma Fabien an p 12 Pour Fabien les projets consistent rejoindre les membres de sa classe d ge dans le domaine des tudes et profiter des cong s pour accrocher des destinations prestigieuses vivre des vacances r put es luxueuses comme un palmar s Fabien fait il l acteur en laissant parler son imagination et sa r verie Est il plus profond ment conscient qu il doit donner ses ann es de jeunesse un clat tel qu il lui permettra d accepter plus tard une existence plus ordinaire Denis Mes projets moi continuer la fac donc bah Non je n en ai pas Mac doine Denis an p 33 Denis comme les autres jeunes veut continuer ses tudes ayant engag un cycle universitaire il voit bien la situation se prolonger quelques ann es Il nous dit qu il na pas de projet professionnel et qu il veut se donner le temps de voir D s le premier entretien nous avons pu constater que Denis faisait preuve d autorit du sens de l organisation et des responsabilit s Au retour de s jour il semble s tre affirm davantage il n voque plus la possibilit de se rendre comme chaque ann e en Mac doine l t prochain Il para t d cid a imposer son autonomie aux contraintes familiales Les projets d Oscar sont formul s comme un v u J aimerai passer en licence de droit c est la chose qui me tient le plus c ur maintenan
138. nomie pour les jeunes de 17 25 ans Pendant cinq ann es j ai travaill la mise en place au suivi et au d veloppement de ce dispositif dont plus de cinq cents jeunes b n ficient encore aujourd hui en 2004 Lorsque j ai d cid en novembre 2001 de m engager dans la formation au Dipl me de Hautes Etudes de Pratiques Sociales je souhaitais quitter l animation socioculturelle et je ne savais pas encore si j y parviendrai Cependant je ne pouvais pas me r soudre infl chir ma trajectoire professionnelle sans chercher conna tre les effets de la pratique sur laquelle ont port mes efforts C est ainsi que le th me de ce m moire s est impos il comporte trois parties une chronique Balbynienne la recherche en action et le temps du bilan Dans le premier chapitre je vous invite d couvrir de quelle fa on s enchev tre histoire personnelle et collective dans une ville singuli re Je vous pr sente comment je suis devenu un animateur socioculturel et confront l volution de la question sociale des jeunes de la cit jai construit et analys ma pratique Dans le second chapitre je porte votre connaissance les tapes de la cr ation d un dispositif p dagogique et vous propose de relever comment il est travers la fois par des enjeux de soci t la remise en cause de pratiques professionnelles et des sp culations politiques Je vous convie appr cier la mani re dont les jeunes s emparent
139. nstitu s des moyens de sortir du quartier de r aliser leur projet La mobilisation des animateurs recrut s pour partie sur des comp tences relationnelles et de m diation nous permet d adopter cet angle lls sont flatt s d tre pr sent s comme les piliers de cette d marche et esp rent pouvoir en tirer partie en termes d image et de reconnaissance de la ville En 1997 le dispositif est mis en place Lors des t s pr c dents des journaux r gionaux et nationaux ont rendu compte des probl mes pos s par les jeunes de banlieue sur les lieux de vacances Pour les animateurs que nous sommes l accueil r serv aux groupes du d partement est une difficult laquelle nous sommes confront s depuis plusieurs ann es Dans un article intitul Lorsque la gal re des banlieues s choue sur la plage Paul Mignon d crit les ph nom nes de rejet que d clenche la venue des jeunes banlieusards dans les stations du littoral des Pyr n es orientales Il distingue sept cat gories principales de jeunes aux origines et pratiques qui les identifient clairement e premier de ces groupes par sa visibilit par sa turbulence et par la stigmatisation dont il est l objet est celui des jeunes banlieusards o les Maghr bins sont tr s largement majoritaires la pr sence de filles en leur sein est extr mement rare ce groupe est le mieux organis et le plus complexe gt Les r actions qualifi es d irascibilit
140. nt de leurs actions dans le r alisme des jeunes de la cit C est un ensemble disparate 112 dans lequel cohabitent le conformisme de leurs d sirs la projection dans les prochaines vacances le d sir d tre comme tout le monde l vocation de la chance pour surmonter les obstacles et la tentation de laisser glisser le temps avant d entrer dans la vraie vie Sans tomber dans la confusion entre le soi et l autre le mode de fonctionnement des jeunes de la cit tend contenir la question de la diff rentiation l assujettir la r alisation d aspirations exprim es sous la forme de v ux aux opportunit s que la chance leur permettra de saisir Dans son dernier ouvrage Fran ois de singly affirme C est gr ce au poids plus important des liens de d pendance impersonnelle par la m diation d institutions et de la redistribution que l mancipation et la diff rentiation sont possibles L id al des relations avec d autres personnes est d tre sans d pendance Il poursuit Comment certains jeunes adultes qui n ont pas de ressources propres suffisantes peuvent ils prendre de la distance vis vis du quartier de leur culture d origine de leur famille du groupe de leur pairs La logique relationnelle l attention autrui la construction d une identit personnelle ne peuvent s imposer que si les hommes et les femmes sont pris dans un r seau de relations impersonnelles Le d b
141. nt l acc s des biens et des services aux habitants du centre Dans la population de Bobigny en r action au ressenti d une stigmatisation les jeunes des quartiers excentr s se plaisent assimiler et d signer les jeunes r sidents dans les diff rentes cit s du centre ville comme des habitants ordinaires du centre L appartenance territoriale et la renomm e de la cit tant devenues des l ments d identification des adolescents chaque ensemble r sidentiel s est trouv en comp tition avec les autres pour affirmer son existence et faire reconna tre ses sp cificit s Les adolescents se sont investis pour populariser le nom de leur cit Ils construisent parfois autour de certains v nements de v ritables l gendes lls revendiquent aujourd hui leur appartenance leur bloc de b timent et en assument l image Il subsiste cependant une difficult pour les habitants du centre ville se reconna tre d un quartier dans la mesure o ils sont concern s par de multiples d coupages carte scolaire bureau de vote r union de d mocratie locale A cela viennent s ajouter des d limitations et obstacles la ligne du tramway l autoroute A86 le centre commercial la gare routi re Ces ruptures dans l espace physique viennent renforcer chez les jeunes la r f rence la cit comme porte identit Le quartier lui est aujourd hui d termin par les jeunes comme une appr ciation fluctuante de la zon
142. nterstructuration du sujet et des institutions Il pose que les actes des personnes sont des actes de communication labor s dans les changes avec des individus concrets sources d identifications et d oppositions des actes sociaux suscit s par les crises qui existent dans les institutions Ces actes interrogent la valeur des institutions en fonction des rapports interpersonnels dans lequel l individu est plac Ainsi si l ouverture constat e durant le s jour constitue la pr misse d une transformation de la personnalit elle doit s inscrire dans une dimension temporelle et sociale puis s tendre au rapport avec les institutions Sur le plan m thodologique la recherche r alis e ne s appuie pas sur un chantillon repr sentatif des jeunes de la ville de Bobigny ni l ensemble des b n ficiaires du dispositif d aide aux projets La port e des r sultats tablis sur un chantillon de 15 personnes sur plus de 500 jeunes doit donc tre relativis e Il faut souligner en particulier l absence de groupes compos s exclusivement de jeunes femmes mais aussi de groupes mixtes et enfin de groupes constitu s de jeunes de la ville et de communes avoisinantes Le raisonnement selon lequel les jeunes hommes seraient davantage concern s par les ph nom nes d enfermement dans le microcosme social de la cit me semble aujourd hui erron et participer des cat gories de pens es institu es L approche qualitative permetta
143. nu on a jou donc Mac doine Chang an p 34 La pratique ludique du foot dans la cit fonde et actualise le vivre ensemble des jeunes Dans la cit chaque classe d ge son mode de pratique les enfants jouent spontan ment peu pr s n importe o jusqu ce que l on les d loge les adolescents s approprient l espace le plus adapt et les jeunes adultes viennent y imposer leur pr sence avec ou sans partage selon leur bon vouloir On joue r guli rement au foot tous ensemble dans la cit ou alors on peut aller sur Paris Castellas Oscar an p 38 Au travers du football les jeunes de la cit ont une certaine vision du monde de la vie Ambivalence du sport le plus m diatique et marchandis de la plan te qui a le pouvoir de vider en quelques minutes la cit de tous ses habitants pour les sceller devant leur poste 81 de t l vision et de faire descendre des milliers de personnes dans la rue en d clenchant une liesse populaire La plan te football est le miroir de la comp tition mondiale g n ralis e et incontournable on y retrouve tous les ingr dients La propagande et lintoxication informationnelle la strat gie la langue de bois et les discours pontifiants des petits soldats ou des h ros toujours fiers d arborer leurs maillots les troph es clinquants l apologie du c est le r sultat qui compte Au niveau du foot c est comme a qu on s est connu et puis on a fa
144. o Paris Nathan 1999 p 281 KAUFMANN J C L entretien compr hensif Paris Nathan 1996 p 122 MEAD G H L esprit le soi et la soci t Puf 1963 p 332 SARTRE J P L existentialisme est un humanisme Folio essai Gallimard 1996 p 109 SINGLY F de Les uns avec les autres Quand l individualisme cr e du lien Armand Colin 2003 p 297 128 STIEGLER B Aimer s aimer nous aimer du 11 septembre au 21 avril Galil e Paris 2003 p 90 TAP P La soci t Pygmalion int gration sociale et r alisation de la personne Dunod 1988 p 243 VILLECHAISE DUPONT A Am re banlieue les gens des grands ensembles Paris Grasset 2000 p 321 2 Articles de revue ou d ouvrage collectif BAUMARD M Ados dis moi ce que tu ach tes je te dirai e Monde de l ducation n 328 septembre 2004 pp 50 52 DEBARDIEUX E Les Cahiers de la s curit int rieure n 42 4 me trimestre 2000 pp 109 125 Direction des ressources documentaires et historiques Chroniques balbyniennes 2 300 ans d histoire Ville de Bobigny 2003 p 42 DESFONTAINES M Un nouveau concept la r sidentialisation des H L M La gazette N 13 1735 2004 pp 40 43 DUBREUIL B Premi res vacances entre jeunes Etude exploratoire sur les vacances aid es par des dispositifs jeunesse publication Vacances Ouvertes 2000 _ FOURCAUT A trois discours une politique Urbanisme N 322 2002
145. ombre de b n ficiaires du dispositif d aide aux projets vacances se poursuit Le nombre de commissions est pass de 7 9 sur l ensemble de l ann e 80 projets ont t pr sent s 377 jeunes diff rents ont sollicit un soutien pour leur d part en vacances L affluence des jeunes pose au service des probl mes d organisation et d administration et le recrutement d une personne charg e d animer le dispositif est voqu Je tente de constituer avec les travailleurs sociaux de la mission locale du club de pr vention et des services sociaux de la ville un r seau de r f rents pour apporter du soutien aux jeunes dans la phase de pr paration du projet Cette d marche s appuie sur le constat qu un grand nombre de groupes parvient devant la commission sans avoir t accompagn et que les travailleurs sociaux n ont pu utiliser la dynamique du projet vacances pour donner tablir une relation de confiance avec les jeunes Un outil d valuation du parcours d accompagnement sera conjointement mis en place Nous souhaitons galement enrichir le d roulement des commissions favoriser les changes entre les groupes et apporter des l ments d informations sur des questions telles que les destinations la pr vention des risques sanitaires les contrats des agences de voyages les assurances Au cours de l t des animateurs du service jeunesse sont intervenus pour remplacer l quipe ducative d faillante d un centre de va
146. ommission un courrier est adress aux parents Le montant et la nature de l aide accord e sont pr sent s et une autorisation parentale est demand e pour le versement du soutien par le S M J Ce dispositif pour viser l efficacit doit viter certains cueils comme de devenir un guichet ou l inverse un rouage administratif suppl mentaire soit un leurre pour les jeunes Le type de projet ligible au soutien est d fini il ne pourra s agir que de projets collectifs de vacances Les aides ne seront pas vers s en esp ces mais sous forme de prestation de services transport location d appartement emplacement de camping pr t de mat riel de camping voyages achet s aupr s d agences billets de train Dans la phase de pr paration les animateurs du S M J apportent une aide logistique t l phone t l copie photocopie et du soutien pour diversifier les demandes de financement Il est pr cis qu un jeune ne pourra tre aid qu une fois dans l ann e Les jeunes doivent pr senter leur projet par crit manuscrits ou dactylographi s Le dossier comporte l intitul du projet les objectifs les partenaires ou personnes associ s le budget et la prise en charge des jeunes la demande financi re au S M J les autres partenaires sollicit s financi rement l identit des participants 23 Le lieu choisi pour la tenue des commissions est hautement symbolique puisqu il s agit du salon d honneur de l h tel de
147. ones mobiles dont certains n taient plus en service tous les participants du projet vasion dans la ville rose mais aussi parce que les jeunes se montraient peu dispos s remplir leur engagement Ils n taient pas disponibles ou r pondaient Les vacances sont d j loin Nous vivons dans le pr sent Nous sommes pass s autre chose 68 Guide d entretien n 2 lt Bonjour tu es parti cet t en groupe Comment cela s est il pass lt Votre groupe a t il t bien accueillis sur le lieu de vacances lt Es tu satisfait des conditions d h bergement lt Comment vous tes vous organis s pour la vie quotidienne lt Peux tu me raconter le d roulement d une journ e lt Avais tu un r le particulier Prenais tu en charge des t ches particuli res au cours du s jour ou pour le groupe lt Les avais tu choisies lt Avez vous rencontr des difficult s pendant le s jour lesquelles lt Comment ont elles t r solues lt Etais tu personnellement d accord avec cette solution Est ce que selon toi on aurait pu faire autrement lt Etais tu toujours d accord avec les autres Oui Non Pourquoi lt Quel est ton meilleur souvenir de ces vacances lt Si c tait refaire repartiras tu dans les m mes conditions lt Avec les m me personnes lt Comment s est pass le retour dans la cit lt Avez vous le projet de repartir ensemble l
148. onfiance Dans la pratique les repr sentations et les attentes des uns et des autres se t lescopent et alimentent un jeu de relations sociales entre les jeunes et l institution Nous fixons arbitrairement la limite du groupe huit personnes deux groupes constitu s chacun de dix jeunes se pr sentent devant la commission et revendiquent le droit de partir ensemble Nous exigeons la pr sence de tous les membres du groupe devant la commission certains demandent ce que soit prises en compte leurs obligations professionnelles ou familiales Nous mettons des r serves propos du budget alimentation ils nous r pondent qu ils feront des courses avant leur d part Les d lais de d p t des dossiers avant la date ainsi que le calendrier des commissions feront l objet de discussions et de r am nagements avec la cr ation de commissions exceptionnelles Du point de vue des jeunes l anticipation des projets de vacances est directement li e la r gularit des ressources financi res dont ils disposent et le temps doit tre donn chacun pour disposer du financement n cessaire sa participation La reconduction du dispositif pour l ann e 1998 s inscrit dans une double contrainte Veiller ne pas engager la responsabilit de la collectivit au travers du soutien aux jeunes et am liorer et adapter les r gles les proc dures les modalit s aux attentes de justice et d quit exprim es par les jeunes 2 3 1998 Un
149. ons Je me suis donc attach ce que le mod le d analyse construit pour conduire ma recherche prolonge la probl matique en articulant autour du concept central de la transformation de l identit individuelle les deux dimensions la fonction int grative comme participation au nous des jeunes de la cit et la fonction assertive pour l expression du je Jai ensuite s lectionn dans les guides d entretien les th matiques et dans les questions les indicateurs pouvant merger des r ponses J ai pris conscience que l laboration conceptuelle du mod le d analyse devait articuler les concepts retenus dans la partie th orique pr parer la collecte de donn es hi rarchiser et organiser la recherche d informations 3 7 La m thodologie et le cadre op ratoire Prenant comme point de d part mes pratiques professionnelles les questionnements qu elles suscitent j ai souhait m inscrire dans une m thodologie qualitative issue de la sociologie compr hensive La sociologie compr hensive est pr sent e par J C Kaufmann Paris 1986 dans ses diff rentes conceptions A l origine en opposition l explication la compr hension se veut une pure saisie d un savoir social incorpor par l individu mais cette conception est critiqu e Elle incite renoncer tout effort de rigueur pour laisser la place impressionnisme et l intuition sans contr le J C Kaufmann citant Max Weber pr f re situer compr hension et ex
150. ons internationales Pendant mon adolescence j ai s journ plusieurs reprises en R publique D mocratique d Allemagne la ville de Bobigny est jumel e avec celle de Postdam Mais en 1979 dix ans avant la chute du mur de Berlin je suis retenu pour encadrer un s jour dans le cadre du jumelage Serpoukhov proche de Moscou C est ainsi que je d couvre l Union Sovi tique La n cessit de pratiquer une intervention chirurgicale d urgence pour l appendicite sur une des jeunes filles du groupe me rend t moin de l tat de d labrement de l h pital public en U R S S et au del des apparences de la d liquescence du pouvoir En 1982 je participe un voyage en Alg rie les jeunes que j encadre sont pour une partie originaires de ce pays les autres viennent le d couvrir Tous seront tr s affect s par l accueil qui nous sera r serv dans les collectivit s o la pratique de la langue arabe est impos e aux enfants et aux adolescents alg riens que nous rencontrons et cela vient limiter nos changes En 1984 apr s quatre ann es de pers v rance ma demande d acc der une formation professionnelle financ e par le plan de formation aboutit La qualification au Dipl me d Etat relatif aux Fonctions d Animation me prendra quatre ann es 1988 Au cours de cette formation j ai travers des moments de doute de remise en cause j ai du m accrocher pour ne pas abandonner Cette tape a t d cisive dans la construction de
151. ontrat local de s curit de la ville de Bobigny SOFRES politique opinion des habitants p 20 31 cinquante francs par jour et par personne c est bien non La d marche des jeunes vers l animateur jeunesse d pend de ces contacts de sa pr sence sur le terrain dans les quartiers Ceux d entre eux qui ont gard une attache et fr quentent r guli rement leur quartier d origine sont les plus sollicit s Nous constatons que les groupes de jeunes d veloppent des capacit s d coute de r ponses aux attentes formul es d organisation interne et de solidarit Ils assument leur choix les conditions mat rielles de leur d part Ils ont confiance en eux et dans le groupe qu ils forment Cependant et plus on avance dans la saison estivale parfois quelques jours seulement de leur d part des groupes revendiquent la prise en compte de leur projet Ces groupes constitu s en derni res minutes sont exclusivement compos s de gar ons issus du m me quartier la pr sence en leur sein de plusieurs mineurs est fr quente Un leader s exprime souvent pour le groupe en pr sence des autres Ils viennent avec l id e que nous allons leur mettre des obstacles les emp cher de b n ficier de l aide lls sont agressifs parce qu ils ont quitt le quartier pour venir en territoire ennemi Ils ne veulent pas perdre la face ils improvisent leurs r ponses ils ne veulent pas tre jug s ils nous mettent la pression L a
152. ous Voil une question dont la r ponse ne se trouve pas dans l exp rience tant que l action n a pas eu lieu Un autre apport important de la pens e de Mead est de consid rer que le soi est moins une substance qu un processus La gen se de l identit s inscrit toujours dans une relation inter active autrui Le psychanalyste Erik H Erikson a cr e le concept de crise d identit pour lui la naissance de l identit personnelle est un processus actif et conflictuel o interviennent des dimensions sociales auquel l individu veut se conformer Il voque d une part le sentiment de sp cificit individuelle et de l autre l effort inconscient tendant de r tablir la solidarit de l individu avec les id aux du groupe Dans l ouvrage Adolescence et crise il d finit huit p riodes de ruptures dans le cycle de vie dont la crise d identit de l adolescence au cours de laquelle l individu est tiraill entre deux tendances exprimer son identit personnelle et la diffusion de l identification des h ros 33 MEAD G H l Esprit Le soi et la Soci t P U F 1963 p 151 4 ERIKSON E H La qu te d identit Flammarion 1972 p 49 52 A cette tape de ma recherche l identification s annonce comme un concept majeur de l identit celui par lequel tout pourrait s expliquer Une fois encore j ai eu recours une encyclop die pour tenter d en cerner les contours L identification est d crite
153. parer accepter la place qui leur reviendra dans un monde globalis soumis aux lois de la concurrence conomique Apr s une longue p riode d utilisation de l ge comme variable d ajustement dans les restructurations industrielles par la mise l cart des travailleurs g s et la Stagiairisation des jeunes tout se passe comme si on comptait sur les effets du vieillissement de la population fran aise pour int grer les jeunes massivement sur le march du travail Dans cette attente les familles supportent l essentiel de l effort financier en direction des jeunes Les d pendances interpersonnelles se renforcent au d triment des d pendances impersonnelles issues de la m diation institutionnelle et de la redistribution Dans ce contexte les jeunes de la cit se d finissent avant tout par la tension douloureuse qu engendre l cart entre leur int gration conomique ils sont moteurs de la consommation et leur exclusion sociale et professionnelle Ils aspirent un niveau de consommation et un mode de vie conformiste mais sont emp ch s d y acc der par la faiblesse de leur capital social culturel et risquent de se perdre dans le mirage de la r alisation de soi par la consommation A l issue de cette recherche mon regard sur le dispositif d aide aux projets vacances et sur les jeunes de la cit s est modifi Il est clair que le dispositif n est pas en mesure de contrebalancer l influence du microcosme d
154. pation des jeunes la vie d mocratique d velopper la citoyennet tout en favorisant l exercice partag des responsabilit s travers la commission par la r alisation de l autonomie L aide financi re apport e par l association compl te un suivi p dagogique n cessaire la r alisation du projet Elle prend tout son sens en tant que processus ducatif sur la citoyennet et non comme une finalit Concr tement la dynamique propre du projet permet aux jeunes de s inscrire dans une d marche comportant des phases pr cises de pr paration d organisation de pr vision budg taire et enfin de r alisation Ainsi dans le cadre du budget 1997 je sugg re d apporter un soutien environ 250 jeunes La somme de 30 000 euros 200 000 francs est affect e cette action soit 122 euros 800 francs par jeune en moyenne Les animateurs du service jeunesse vont utiliser la dynamique du projet comme outil de socialisation permettant louverture du quartier sur le monde ext rieur la rencontre des autres l panouissement culturel Afin de structurer le dispositif de distinguer le r le des animateurs charg s de l accompagnement des groupes de jeunes une commission est constitu e Elle a pour fonction de valider le travail de pr paration des groupes de jeunes de v rifier la capacit des jeunes r aliser leur projet et enfin d affecter une aide financi re dans la limite maximum de 150 euros 1 000 francs par jeune po
155. pe est constitu partir du r seau de relations primaires ce qui se passe c est que l on habite tous la m me cit on se conna t tous depuis l enfance Bernard Evasion an p 68 Ce groupe ne repr sente toutefois qu une petite partie de l ensemble du nous dans lequel les jeunes se reconnaissent La cit s affirme comme la premi re r f rence dans l espace social des jeunes rencontr s vient ensuite le quartier puis la ville Les jeunes identifient avec pr cision le lieu de r sidence des autres membres du groupe lls laborent spontan ment une classification de la cit au quartier et de Bobigny l ext rieur La r f rence au quartier est celle sur laquelle les jeunes semblent parfois h siter Pour un animateur socioculturel impliqu depuis de nombreuses ann es dans cette ville cela n est pas une surprise Les extraits d entretiens sont r f renc s en annexe soit an puis le nom du projet celui du jeune et la page 71 En effet selon que l on habite le centre ville ou l un des deux quartiers situ s l extr mit la perception de la limite entre cit et quartier diff re L opposition ou rivalit entre le centre et la p riph rie qui se devinent ici ne sont pas une particularit locale Ce ph nom ne s observe dans d autres villes comme l chelle mondiale dans le domaine conomique La concentration des institutions le flux des personnes et des marchandises facilite
156. personnes sont concern es par la perte de leur emploi 25 ouvri res participent un atelier d criture et 5 d entre elles montent sur la sc ne du th tre pour jouer 501 Blues l histoire d un g ant qui crase les faibles 5 En 2002 apr s la d cision du groupe Danone de fermer l unit de production de Ris Orangis les ouvriers s identifient la marque et conduisent sous l appellation les p tits LU des actions pour conserver leur emploi 78 jusqu se pr valoir du titre de parisien mais en indiquant avoir fait plusieurs quartiers il esquisse une posture de m diateur entre les jeunes des diff rents quartiers J ai v cu quelques mois Paris depuis j habite ici J ai fait plusieurs quartiers mais j ai quasiment toujours habit Bobigny Castellas an p 38 Indicateur 2 2 Fr quentation des coles du quartier un parcours indiff renci La fr quentation des coles du quartier participe la longue connaissance entre les jeunes La deuxi me direction de l attachement par emprunt la formule de Brice Castellas an p 48 je lintitule le nous m mes Le nous m mes renvoi au sentiment d tre semblable d avoir la m me trajectoire Ceci questionne sur l image que les institutions ont renvoy e aux jeunes de ce qu ils ont t et de ce qu ils sont devenus A propos d un de ces compagnons de voyage Mourad g aujourd hui de 21 ans formule Celui l je le connais depuis la maternelle
157. plication des p les oppos s mais s insurge contre l id e qu il puisse s agir de modes de pens es s par s La d marche compr hensive s appuie sur la conviction que les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de structures mais des producteurs actifs du social donc des d positaires d un savoir important qu il s agit de saisir de l int rieur par le biais du syst me de valeur de l individu Le but du sociologue est selon J C Kaufmann l explication compr hensive du social et son travail consiste interpr ter et expliquer partir des donn es recueillies 41 KAUFMANN J C l entretien compr hensif Paris Nathan 1996 p 23 62 Pour faire le lien entre la th orie et le terrain la sociologie compr hensive sugg re de se livrer une confrontation critique entre la th orie et les observations La m thode s appuie sur des entretiens compr hensifs qui comportent une part d empirisme et produit une th orie fond e sur les faits L entretien compr hensif est d fini par Jean Claude Kaufmann comme une m thode cr ative fond e sur la souplesse des instruments La mod lisation sociale obtenue semble plus adapt e pour d crire des comportements ou des processus mal connus En ce qui concerne l objet de ma recherche j ai constat que les tudes portant sur les groupes de jeunes adultes taient g n ralement orient es vers les m canismes et les formes de d viances Je m attache pour ma part
158. pport une exposition intitul e Droit de vote de la conqu te l exercice d un droit nous avons incit 120 jeunes s inscrire avant le 31 d cembre sur les listes lectorales Ce r sultat encourageant et les objectifs annonc s du dispositif comme moyen de restaurer des relations entre les jeunes adultes et les repr sentants des institutions ont fait na tre une attente de mobilisation des jeunes Le vote des jeunes fran ais issus de l immigration est attendu dans une filiation avec la condition ouvri re comme le prolongement et le renouvellement de l lectorat communiste Les jeunes auraient ils du mal se reconna tre dans un parti sans Dieu 20 Annexe 6 programme de la journ e nationale organis e par Vacances Ouvertes 21 Annexe 7 In Actualit Sociales Hebdomadaires n 2214 11 mai 2001 37 Malgr la campagne en faveur du droit de vote des trangers non communautaires aux lections locales les jeunes balbyniens n ont pas pl biscit la liste conduite par le Maire La municipalit sortante est r lue avec seulement 4 600 voix pour 19 000 votants Cependant il serait hasardeux d en d duire que la politique jeunesse est responsable de la d saffection des jeunes pour la d mocratie repr sentative Le pr c dent Maire Adjoint la jeunesse est lu conseiller g n ral et se voit confier la responsabilit de la politique sportive de la commune un nouvel lu la jeunesse est
159. pr s Quivy et Van Campenhoudt Question Sous quelles formes un dispositif d aide au d part autonome en vacances en direction des jeunes de 17 25 ans peut il participer d une transformation de l identit personnelle Hypoth se principale Le s jour vacances en autonomie serait une tape il annoncerait le d clin de la relation fusionnelle au groupe au b n fice de la prise de conscience de son individualit Concept central La transformation de l identit personnelle Dimension La fonction int grative NOUS La fonction assertive lt je Composante influence du microcosme social de la cit La cit territoire de vie Les relations au sein du groupe Egocentrisme Personnalisation Indicateurs 1 1 Nombre de jeunes de la m me cit au sein du projet de vacances 1 2 Le r le de la cit dans le choix de la destination 2 1 Anciennet ou mobilit r sidentielle 2 2 Fr quentation des coles du quartier 2 3 Pratiques sportives et de loisirs lieux de rencontre 3 1 La pr paration du projet de vacances 3 2 La similitude d attentes et de go t 4 1 Affirmation de son autonomie 4 2 Place de chacun effort s imposer 5 1 Accords d saccords entre d sirs et contraintes 5 2 Mise en jeu des repr sentations 5 3 Diminution de la fr quence des rencontres du groupe 5 4 Projet individuel 60 EXPOSITION DU MODELE D A
160. que la socialisation viserait inculquer 105 des normes qui conforment l individu et en m me temps le rende autonome et libre Cependant lorsque le travail sur autrui n est plus investi de ces caract ristiques il devient un lieu de confrontation de pouvoir de satisfaction de demandes et de services En d pit de leur nombre de leur engagement de leur pratique de leur thique et m me des moyens qui leurs sont consentis pour agir les professionnels du travail sur autrui seraient dans l incapacit de r guler des ph nom nes conduisant la destruction de notre patrimoine social Voici tr s sch matiquement les diff rentes tapes qui jalonnent le programme institutionnel auquel j ai particip A mes d buts dans l animation socioculturelle les quipements culturels et sociaux dont la ville se dotait devaient permettre de faire Soci t partir d une population venue de partout Conjointement cette poque l id e selon laquelle l animateur devait travailler sa propre disparition tait r pandue Par cela il fallait entendre que les habitants de la ville moderne avaient pour un temps seulement besoin d tre guid dans l appropriation des multiples possibilit s offertes par la ville D s la fin des ann es 70 le leitmotiv de la r duction des in galit s s est impos Le r le des animateurs consistait alors donner acc s des pratiques d activit s susceptibles de soutenir l insertion sociale des e
161. r Pour tre int gr il doit accepter les r gles du jeu et se montrer pr t s adapter aux modalit s de fonctionnement et aux exigences de l organisation du groupe d accueil L adaptation dans ce cas est unilat rale et peut se r sumer par le groupe candidat doit s accommoder au groupe d accueil Pour faire le lien avec la question de recherche il m appara t que chaque nouvelle g n ration de jeunes adultes rencontre une situation analogue et est mise en demeure de solliciter sa participation au renouvellement dans la soci t et b n ficier des r les et statuts sociaux correspondants Pierre Tap ne s en tient pas une conception r ductrice du couple int gration adaptation Il l enrichit par la notion d adaptation r ciproque puis souligne d autres processus fondamentaux chez l acteur social individu ou groupe l importance de l affirmation l autonomisation la r alisation de soi Il pose que l acteur social ne cherche v ritablement s adapter son milieu social s y int grer que dans la mesure o il a le sentiment de pouvoir s y r aliser non pas seulement travers la r alisation de ses d sirs mais gr ce la possibilit d y faire uvre de transformer tel ou tel aspect de la r alit ext rieure physique ou sociale en fonction de ses propres projets 38 TAP P La soci t Pygmalion Int gration sociale et r alisation de la personne Paris Bordas 1988 54 S adapter oui
162. r alis au premier trimestre de l ann e 2001 Depuis la formation DHEPS DSTS a t l l ment moteur qui m a exhort la mobilit professionnelle et me stimule dans le renouvellement de mes pratiques J ai quitt au d but de l ann e 2003 mes pr c dentes fonctions de Directeur d un service jeunesse pour occuper le poste de Directeur d un Centre Communal d Action Sociale En terme de statut jai abandonn la s curit relative d un contrat dur e d termin e pour devenir contractuel de la fonction publique territoriale pendant trois ans Sans trop m tendre sur ce sujet je voudrai revenir sur la saturation professionnelle Je situe l animation socioculturelle dans le travail sur autrui Fran ois Dubet distingue dans son dernier ouvrage Le D clin de L institution Paris 2002 qu il plonge les professionnels dans une situation instable et difficile supporter Il pose que le travail sur autrui a t con u par ceux qui l accomplissaient comme ceux qui l interpr taient et le dirigeaient comme un processus un programme institutionnel Par programme institutionnel il d signe un type de relation autrui Les caract ristiques g n rales de ce programme institutionnel toutes professions sociales confondues seraient notamment que le travail sur autrui est une m diation entre des valeurs universelles et des individus en particulier que le travail de socialisation serait une vocation et enfin
163. r de contrer les tentatives de fraude afin ne pas les voir s tendre L change entre les membres de la commission et les groupes de jeunes varie d un groupe l autre d une commission une autre Cette rencontre gagnerait probablement faire l objet d une analyse afin de mieux cerner les repr sentations misent en jeu et l exp rience acquise par l ensemble des acteurs institutionnels et des jeunes Un travail de co laboration du contenu et du d roulement des commissions pourrait s inscrire dans le cadre des d marches participatives de la municipalit Cela permettrait sans doute de limiter certaines interventions qui prennent parfois un caract re paternaliste et moralisateur Nonobstant de nombreux changements sont perceptibles depuis que j ai quitt mes fonctions au service de la jeunesse La cr ation d une allocation d autonomie jeunesse n est plus d actualit Le conseil sup rieur de la famille les gouvernements qui se sont succ d s depuis juin 2002 ont cart cette disposition La municipalit de Bobigny a pour sa part renonc tendre le b n fice du dispositif d aide aux projets tous les 123 tudiants pr sent sur son territoire La ma trise des d penses publiques est plus que jamais d actualit Plus qu un simple changement d orientation c est un changement de philosophie Au plan national il ne s agit plus de donner aux jeunes des moyens pour acc der leur autonomie mais de les pr
164. ratoire psychosocial de phase transitionnelle d finie comme un passage prolong du statut de l enfant l activit et au statut de l adulte Pierre Tap souligne l importance th orico pratique du conflit et du projet dans la re personnalisation Il pr cise l adolescent a besoin de cadre et de limites il a aussi besoin d tre confront des rites initiatiques Si ces r tes initiatiques n existent pas il a tendance les cr er ou les rechercher dans les groupes de pairs et inventer de nouvelles modalit s d inscription sociale Quid du dispositif d aide au projet vacances L adolescent peut s orienter et orienter ses conduites selon deux voies antinomiques celle de l ouverture et du passage favorisant l acc s des changes coop ratifs et pluriels ou celle de la r p tition de la fixation du rythme de l enfermement et de la violence La personnalisation serait une tentative toujours renouvel e d une totalisation par la construction de nouvelles vis es de valeurs finalis es de projets de transformation de soi de changement dans les relations interpersonnelles et dans les r gles ou institutions sociales et culturelles Mais cet effort de totalisation est constamment frein par des occultations et des masquages par le jeu d ali nations provoquant le sentiment d impuissance d in signifiance de d valorisation d incapacit r aliser des potentialit s de limitation du champ temporel ou spatial
165. re le je de chacun des membres du groupe s inscrit dans un mouvement incite s ouvrir de nouvelles repr sentations positiver les changes relationnels La libert organisationnelle est orient e vers une harmonie entre vie collective et choix personnels Dans ce contexte il est important de souligner que les jeunes assument des places r les s affirment dans l ex cution de t ches sur lesquelles ils exercent leur pens e r flexive Aucun des jeunes rencontr s ne semblent s tre laiss s compl tement porter par le groupe pas m me Brice s jour Castellas qui revendique pourtant une neutralit une position d observateur La fonction assertive s exprime aussi travers les strat gies les adaptations originales dont les jeunes font preuve pour concilier vie collective et choix personnels pour maintenir l galit entre les membres du groupe de pairs Le chacun pour soi ensemble est l expression de cette volont de se pr server d une emprise compl te du groupe de revendiquer sa sp cificit Le refus d un chef au sein du groupe participe galement de la pr servation de son individualit La mise en jeu des repr sentations la v rification par l exp rience de la r alit du marquage social contribuent au contr le par l individu du syst me de valeur dans lequel il se meut Au retour de vacances les projets personnels exprim s par les jeunes m lent des aspirations individuelles et l enracineme
166. re psychologique comprenant un sch ma mental un syst me de repr sentation une s lection des informations et un ensemble d interactions sociales Les concepts d velopp s par la psychologie pour aborder la question de l identit personnelle sont nombreux Ils ont en commun de souligner l importance d autrui dans la construction de l identit que ce soit pour se diff rencier ou se conformer pour se pr senter aux autres ou s en prot ger G H Mead dans l ouvrage de r f rence intitul l esprit le soi et la soci t d finit notamment le moi comme l ensemble des r gles que l individu apprend tenir dans la soci t qui est la sienne Le comportement individuel ne peut tre compris qu en fonction du comportement collectif Mais l individu est capable de spontan it d innovation personnelle ce qui est la fonction sp cifique du je Pour G H Mead Le je est quelque chose qui r agit la situation sociale incluse dans l exp rience de l individu C est la r action de l individu l attitude qu ont les autres envers lui quand il adopte lui m me une attitude leur gard Or les attitudes qu il prend envers eux existent dans sa propre exp rience mais sa r action apportera un l ment nouveau Le je donne le sentiment de libert d initiative La situation qui est l qui nous demande d agir consciemment Nous sommes conscients et de nous m me et de la situation mais comment agirons n
167. rentissage de l autonomie et de la responsabilit pour viter les conduites gr gaires L individu est appel se construire dans un jeu imbriqu entre socialisation et personnalisation La personne n est pas une structure conditionn e soumise passive et immobile Elle est acte nous dit Pierre Tap r alisation et s prouve dans un horizon temporel p 52 La personne est d abord ins parable elle est un sujet acteur qui a des initiatives qui fait des choix s affirme s engage et produit par un jeu d op rations et d ouvrages La personne est un pass une histoire des strat gies d enracinement et de continuit identitaire de possession et d appartenance partir desquelles se d veloppe la conscientisation la prise en compte des ressemblances et le questionnement critique La personne est la qu te de pouvoir de sens et de valeurs d inscription dans une orientation Elle est mise en uvre et en perspective elle est ouverture de nouveaux enjeux dans les relations aux autres et aux institutions une disponibilit au changement impliquant une d prise par rapport aux habitudes et aux mani res d tre institu es de la personnalit et une relance dans la qu te favorisant une v ritable conversion changement de niveaux de m urs ou d attitudes Ces affirmations sont enthousiasmantes pour la suite de mes travaux elles m incitent porter mon attention sur de multiples petites nuances signes de changement
168. rocosme social de la cit 125 Conclusion Pourquoi pas partir et tenter l exp rience au lieu de rester dans les banlieues Bobigny surtout gal rer dans les cit s ne rien faire de sa vie Chang Mac doine p 35 Au sortir de l adolescence les jeunes de la cit aspirent davantage sortir de leur quartier pour largir leur champ d actions et partir en vacances comme tout le monde Depuis la mise en place du dispositif d aide aux projets vacances 17 25 ans en 1997 des centaines de jeunes de Bobigny r alisent chaque t un projet Les jeunes rencontr s dans le cadre de la recherche se d finissent comme les membres d un nous La cit est leur porte identit La conscience d appartenance territoriale s accompagne chez eux d un attachement la communaut largie des jeunes de la cit Ce m moire nous claire sur la pr paration des projets de vacances du mode de composition des groupes du choix de la destination des motivations affich es par les jeunes Il en ressort qu au sein du microcosme social de la cit les jeunes partagent des repr sentations du monde et se livrent une transmission d exp riences lls se consid rent comme des semblables et se con oivent comme un ensemble distinct s par des autres de la soci t Avant leur d part en vacances les jeunes rencontr s se d clarent curieux de v rifier si le marquage social dont ils sont collectivement victimes
169. rrompu de faits sociaux qui viennent s attacher s entortiller comme de la Barbe Papa comme une substance poisseuse laquelle se colle sans cesse de nouveaux d tails biographiques Mais alors comment expliquer les changements dans l existence Sont ils le fait du hasard Des opportunit s Des d terminismes sociaux Les individus interviennent ils et de quelles mani res dans ces transformations 3 2 La construction de l objet de recherche A l issue de l tape monographique je me posais les questions suivantes La soci t doit elle chercher casser les groupes de jeunes qui sont pr sent s comme des menaces jusque dans les halls des immeubles o ils r sident Au contraire ne faut il pas orienter et soutenir les projets socialement acceptables dans la perspective de faire ressentir chaque individu les limites du groupe dans lequel il s inscrit Comment les jeunes vivent ils le soutien au projet de vacances collectives quelle incidence sur la vie du groupe et ses activit s Dans le cadre de la recherche action je souhaitais aller la rencontre de jeunes ayant b n fici du dispositif J envisageai de conduire des entretiens afin de trouver des l ments visant infirmer ou affirmer les hypoth ses suivantes Le s jour de vacances collectives renforce t il l adh sion le sentiment de d pendance au groupe Le s jour vacances renforce t il le sentiment d appartenance au groupe et
170. rtes Je trouve que c est int ressant de voir a de voir les gens qui ll ny avait pas trop de pr jug s par rapport largent je trouve a bien Castellas Oscar an p 45 Nous percevons dans le t moignage des jeunes une volont d chapper au marquage de la cit de se rendre compte par eux m mes de l existence des barri res sociales Simultan ment leur appr ciation de la beaut s accompagne parfois comme pour Oscar d une certaine fascination pour les dispositifs de s curit et de vid o surveillance Celui ci garde un bon souvenir du contr le subi Monaco On a t contr l par des gendarmes des mon gastes et franchement ils ont t vraiment sympathiques quoi par rapport aux flics d ici ou aux ni ois Castellas Oscar an p 45 Le s jour vacances esquisse une rupture avec le microcosme social de la cit Il a encourag chaque jeune revisiter ses repr sentations 98 En quelques jours quelques semaines chacun a pu engranger des marques de reconnaissance des gratifications personnelles qui le poussent sortir des fronti res de son territoire de vie Au cours de ses vacances hors de la cit chaque jeune a pu ainsi largir son r pertoire de r action agr ger des l ments nouveaux qui vont lui donner comme le soulignait G H Mead le sentiment de libert Indicateur 5 3 Diminution de la fr quence des rencontres du groupe prise de conscience prise de distances
171. s Castellas an p 38 et Brice nonce au d part on se conna t depuis longtemps et on a confiance en chacun de nous m mes Castellas an p 48 Un nous de semblables qui s assemblent telle serait la premi re d finition des groupes qui se sont constitu s dans la perspective de vivre leur projet de vacances Elle ne vient pas effacer dans les propos des jeunes le nous des jeunes de la cit mis en sommeil au cours de la p riode estivale C est une parenth se un nous actif et provisoire de circonstances Une longue connaissance le besoin d tre ensemble de partager des exp riences l opportunit de b n ficier d une petite prime avec la mairie c est toujours a de pris Evasion Bernard an p 68 conduisent des jeunes s investir dans un projet de vacances lls ne renoncent pas pour autant tre des jeunes de la cit ils ne sortent pas de ce nous d autant que cette exp rience fera son tour l objet d une mise en commun au sein du microcosme social Indicateur 1 2 L influence de la cit sur le choix collectif de destination La transmission d exp riences Le choix par les jeunes de la destination de vacances ne doit rien au hasard Il ne r sulte ni directement de l impact de la publicit ni des offres promotionnelles des agences de voyages C est le bouche oreille dans la cit qui construit la r putation de certains sites touristiques qui donne envie
172. s l institution Lors de ma prise de fonction au service jeunesse nous organisions fr quemment des concerts Ces initiatives taient r guli rement perturb es par un ou deux jeunes alcoolis s et agressifs Le sc nario se r p ta plusieurs fois malgr la prestation d un service de s curit rendu indispensable et constitu sur la ville sur le mod le des grands fr res Un petit groupe de personnes se pr sentait l entr e des initiatives et demandait compte tenu de leur proximit de r sidence avec la salle et de leur connaissance avec l un des membres de la s curit qu on les laisse entrer Les jeunes d fonc s charg s de jouer un r le crit d avance se lan aient alors dans des provocations avec leur c t leurs amis tentant vainement de les raisonner La r p tition de ces incidents m a marqu Le changement de r le entre les individus perturbateurs faisant monter le sentiment d ins curit et d impunit ne 29 m a jamais abus Nous tions confront s des groupes d termin s faire monter la pression transf rer sur la collectivit leur mal vivre et la responsabilit de leurs difficult s d insertion sociale et professionnelle pour ne pas dire de leurs checs Je prends ce d tour pour exprimer comment la relation aux groupes de jeunes de la ville pouvait tre min e par la persistance de petits groupes capables de perturber des v nements d inspirer des d
173. s Le premier est l obtention d un dipl me universitaire engag dans le cadre de la formation professionnelle Le second l chec de ma candidature au poste de Directeur de l Association des Centres de Loisirs o j occupais pr c demment la fonction de Directeur Adjoint Suite cet chec Je souhaitais quitter la collectivit et j avais d j cet effet effectu des d marches et re u des propositions lorsque j ai t sollicit par le chef de Division Jeunesse pour pr senter ma candidature au poste cit plus haut Le pr c dent chef de service venait de d missionner et allait entra ner dans son sillage trois animateurs de l quipe soit la moiti des effectifs du personnel d animation J ai tr s rapidement t convaincu qu un changement de structure et de public me serait b n fique L opportunit d occuper dans la collectivit un poste responsabilit de m me niveau hi rarchique que celui que pr c demment convoit m offrait la possibilit de montrer mes comp tences Le secteur de l enfance o j ai effectu la plus grande partie de mon parcours professionnel est structur par la prise en compte d une demande sociale de garde des enfants et l organisation d activit s ducatives en dehors du temps scolaire Les r ponses institutionnelles sont d finies et encadr es par des r glementations exemple les Centres de loisirs sans h bergement Il n en est pas de m me pour un service jeunesse dan
174. s une collectivit locale Les services de la Jeunesse d inspiration plus r cente sont plus diversifi s dans leurs missions et dans leur fonctionnement ne serait ce que par le public auquel ils s adressent Dipl me d Etudes Sup rieures Sp cialis es Evaluation des politiques sociales Universit Paris 13 14 Certains ciblent un public 16 25 ans d autres 18 25 d autres enfin comme celui de la ville de Bobigny dans la perspective de distinguer l adolescent de l enfant pr tendent inscrire dans une logique jeunesse 12 25 ans 1 5 La jeunesse une priorit Dans cette commune si singuli re marqu e id ologiquement le Service Jeunesse a toujours t per u comme un outil au service de la municipalit pour rallier la jeunesse balbynienne Il a dans un premier temps exist sous la forme d un office municipal de la jeunesse charg de coordonner l action des Maisons de Jeunes et de la Culture La municipalit a ensuite retir son soutien financier ces structures associatives qui taient devenus des lieux de contre pouvoir L image des M J C n avait elle pas t ternie par des d viances r pandues dans l ensemble de la jeunesse La banalisation du haschich dont elles n avaient pu se pr server n a t elle pas servie de pr texte pour remettre en cause les professionnels Je pense que la rigidit des positions municipales a contribu la fermeture d finitive de ces quipements de proximi
175. se les sentiments d unit d ind pendance et d autonomie Les difficult s conflits sociaux et crise individuelle auraient pour origine le d s quilibre entre les deux fonctions et l auteur souligne que paradoxalement la pathologie sociale viendrait des divagations de la fonction int grative Trois processus psychologiques sont cit s principalement la soumission l autorit du p re ou de ses substituts l identification inconditionnelle un groupe social et l acceptation aveugle d un syst me de croyances avec ses pr ceptes et ses dogmes Ces processus relevant de la fonction int grative tendent maximiser les r actions assertives au groupe la d pendance au moment m me ou la fonction assertive individuelle effort s imposer gocentrisme serait son minimum Dans ma recherche il m appara t particuli rement judicieux de chercher comparer le niveau 39 Op cit p 13 55 de chacune de ces fonctions avant et apr s le projet de d part en vacances Ceci pourra constituer un indicateur de dynamique identitaire L int gration sociale implique de multiples processus parmi lesquels l insertion l adh sion laffiliation l int riorisation l appropriation et l identification La construction d une identit ind pendante et autonome dans ses d cisions et dans ses actes s appuie sur une ducation permettant une appropriation par l individu des normes et valeurs sociales et doit aussi favoriser l app
176. sent e comme un moyen permettant aux jeunes d affirmer leur appartenance notre soci t en faisant reconna tre leur diff rence Et si l on se trompait si au contraire toute cette agitation n tait que l expression d une obsession identitaire laquelle il devient impossible d chapper En tant qu animateur j ai t de nombreuses occasions face des groupes constitu s dans la proximit spatiale de l habitation utilisant l offre d animation comme un moyen parmi d autres mais rejetant l instauration de pratiques collectives diff rentes de celles en usage dans leur groupe Ainsi l id e que le dispositif de soutien au d part autonome des jeunes puisse contribuer la fois au processus de socialisation du groupe et au d veloppement de la personnalisation de chacun de ses membres m est apparue comme la r ponse p dagogique Elle s est impos e moi comme une intuition une vidence un soulagement aussi Elle ma procur la satisfaction de ne pas trahir mes id aux Mon adh sion aux valeurs r publicaines l galit la fraternit la la cit faite la fois de tol rance et d ducation de l esprit critique Les choix historiques et collectifs de 7 Nom d une compagnie de danse Hip Hop constitu en r gion parisienne 7 Noir pour d signer la couleur de peau d une personne en verlan D clinaison en verlan du mot beur signifiant arabe et d signant une personne d origine maghr bine
177. ses des communes de Bobigny Annexe 2 Lettre du 7 11 97 et rapport du Directeur D partemental de la S curit Publique de la Charente Maritime 25 La d marche propos e est d engager une r flexion sur les conditions d accueil et de suivi de ces jeunes la Rochelle en 1998 mais aussi de rechercher les voies d une r elle coop ration entre mairies associations et forces de polices D apr s le rapport du Directeur D partemental de la S curit Publique de la Charente Maritime la majorit des cas d intervention ont port sur des agressions de tous ordres des rixes et ont mis en sc ne des adolescents d origine noire ou maghr bine ext rieurs au d partement Plus loin dans la partie intitul e commentaires on peut lire ceci A noter tout sp cialement qu au cours des enqu tes constatations et auditions effectu es par les policiers de La Rochelle il a t souvent remarqu que nombre de ces jeunes gens originaires des banlieues probl mes taient subventionn s soit par des associations soit par des municipalit s Certains ont t contr l s roulant dans des v hicules haut de gamme lou s par des organismes sociaux de leur domicile Ainsi d s sa premi re ann e d existence le dispositif de soutien au d part autonome des jeunes adultes met en sc ne les repr sentations les plus stigmatisantes des jeunes fran ais des quartiers populaires d origine africaine et maghr bine
178. sitif d aide aux vacances autonomes des 15 25 ans Elle offre une aide financi re pouvant aller jusqu 4 570 euros 30 000 francs une assistance sur les aspects pratiques la formation des animateurs la probl matique des vacances autonomes des jeunes Je conduis au sein du service la r flexion qui doit nous permettre de pr senter notre candidature aupr s de Vacances Ouvertes en vue d obtenir une subvention pour notre dispositif Nous sommes sensibilis s l impact des Nouvelles Technologies de l information et de la Communication Nous avons en 1999 manqu de peu notre participation la cr ation d une Cyber Base financ e par la caisse des d p ts et consignation Un animateur du service en cours de formation au BEATEP a remarqu l int r t des jeunes pour les sites Internet proposant des voyages a prix r duits Il sugg re de doter nos antennes de quartier de postes informatiques connect s sur le r seau Internet et de d velopper des bureaux ressources d aide aux d parts en autonomie Avec ce coll gue je participe aux r unions de l atelier d change de pratiques dont nous constituons l un des l ments moteurs C est dans ce cadre que nous ferons la connaissance de Bertrand Dubreuil qui r alisera Bobigny une partie des entretiens de l tude intitul e premi res vacances entre jeunes Nous avons pris nos distances avec l Association Vacances Ouvertes partir de son soutien la Charte nation
179. smission orale Dans l ensemble de la soci t les nous des jeunes de la cit s expriment principalement par la diffusion d expressions culturelles qui font l objet d une exploitation m diatique commerciale et m me politique 74 DONZELOT J La ville trois vitesses in Esprit 1999 dossier intitul e Quand la ville se d fait pp22 6 2 Le devenir du dispositif d aide aux projets vacances pr conisations En ao t 2004 alors que j tais absorb par la r daction de ce document j ai t sollicit par le Maire Adjoint charg de la jeunesse afin de participer au jury de la commission d aide aux projets Il s agissait de suppl er l absence des membres habituels de la commission et d apporter un soutien technique au conseiller municipal d l gu Ainsi apr s avoir mis en place ce dispositif et cette commission je me retrouvais de nouveau impliqu dans un r le inhabituel en tant que participant la d cision attributive A cette occasion j ai repris contact avec les animateurs jeunesse avec le responsable de la gestion du dispositif Mes premi res impressions furent que rien n avait chang La question de l accompagnement p dagogique des jeunes par les animateurs avant le d p t du projet s affiche toujours comme une pr occupation Le responsable du dispositif m a fait part de sa difficult s assurer de l utilisation de l aide vers e pour un d part effectif en vacances Il dit s efforce
180. sociale au nous des jeunes de la cit est coop ration active ou passive suivant les situations et selon les comp tences personnelles qu ils auront su faire reconna tre Sous la pression du microcosme social les jeunes de la cit subissent une uni formalisation une normalisation d personnalisante dont le langage les pratiques de loisirs les codes vestimentaires peuvent en tre l expression Au sein du microcosme social les jeunes disent tre d barrass s de toute forme d hypocrisie la confiance des 1 BORDET J Les jeunes de la cit PUF 1999 p 27 111 uns envers les autres leur donne une assurance tout autant qu elle les enferme dans la m me compr hension du monde lls sont autonomes et d pendants les uns des autres 5 22 Fonction assertive la pr servation de soi La fonction assertive met en uvre la capacit de diff renciation gr ce laquelle une personne se per oit comme une entit distincte s par e des autres Elle organise les sentiments d unit d ind pendance et d autonomie L analyse des entretiens r alis s apr s le s jour rend perceptible un changement important de la fonction du groupe Celui ci n est plus comme pr c demment dans le microcosme social de la cit orient vers la d fense du groupe de pairs et du territoire dans un esprit de fermeture Pendant le s jour le groupe doit permettre d aller vers les autres ne pas tre un obstacle la rencontre Dans ce cad
181. son prolongement mais cela impliquerai une approche ethnologique de retourner vers la cit alors m me que j aspire m en loigner Cependant j en retiens que l observation et l tude du mode de vie des adolescents et des jeunes de la cit a montr qu ils tendent constituer une microsoci t en marge de la soci t partageant des valeurs des codes et des conduites sp cifiques Le terme de cit ne d signe pas les caract res physiques de leur quartier mais un milieu de vie sp cifique base de repli insulaire d fensive face l ext rieur r sultante de leur pratique et de leur investissement des espaces Mon int r t pour la microsoci t des jeunes de la cit ne porte pas sur les conduites et les comportements de d viances qui y sont associ s Dix ann es se sont coul es depuis l ouvrage de Jo lle Bordet et mon intuition est que ce mode de vie des adolescents et des jeunes s est aujourd hui g n ralis et qu un grand nombre des jeunes des quartiers populaires l ont en partie adopt Ma recherche pourrait s orienter sur les questions du racisme du communautarisme ou de la recrudescence du ph nom ne religieux Les animateurs socioculturels ont contribu l amplification du mouvement antiraciste apparu dans les ann es quatre vingt de La marche des beurs pour l galit 1984 Touche pas mon pote 28 Ministre de l ducation en 1962 m En deux d cennies ne sommes nous pas pass
182. st une caract ristique de la sociabilit adolescente elle tend s att nuer avec l entr e dans la vie adulte Pour Fabien cette exp rience constitue en cons quence un rep re pour les prochaines vacances collectives avec la possibilit d tablir des comparaisons et de le conduire mettre d autres projets Ces deux participants au s jour en club Palma de Majorque nous ont livr leurs perceptions Elles sont contrast es d une personne l autre Fabien tend fusionner dans le r seau relationnel stable et s curisant du groupe de pairs alors que William se projette dans l intimit d une relation amoureuse Nous en retiendrons que l affirmation de l autonomie au del de la libert organisationnelle m me au sein d un groupe fusionnel reste travaill e par les d sirs individuels 88 Denis est le seul membre du projet Mac doine avoir accept de nous rencontrer apr s le s jour Chang l un de ses compagnons de voyage a t sollicit quatre reprises il avait accept un rendez vous pour ce second entretien mais il ne s est jamais pr sent Denis est originaire de la R publique de Mac doine ex R publique yougoslave de Mac doine n e en 1991 de l clatement de la R publique f d rale de Yougoslavie Les habitants de cet tat d un peu plus de deux millions d habitants parlent le mac donien langue ancienne qui s crit depuis le XI me si cle en lettres cyrilliques Comme d autr
183. t destin s la jeunesse Toujours est il que pendant pr s de vingt ans la r ponse de la municipalit la cr ation de lieux d accueil et d activit en direction de la jeunesse f t Les jeunes doivent pouvoir trouver leur place dans l ensemble des structures publiques en direction de la population les biblioth ques le conservatoire de musique et de danse les installations sportives Dans les ann es 1981 1984 la fonction du service jeunesse dans la collectivit est de prolonger l action du Ministre communiste de la formation professionnelle Marcel Rigout L activit du secteur jeunesse de Bobigny est structur e autour des IMAIOF institut municipal d accueil d information d orientation et de formation Le d veloppement des PAIO permanence d accueil d information et d orientation la d centralisation et l apparition des missions locales pour l emploi des jeunes conduit la municipalit modifier les orientations du service jeunesse En 1989 l instigation du Maire adjoint en charge de la jeunesse l Association Solidarit Multiforme pour les jeunes est cr e son sigle S M J la confond avec celui du Service Municipal de la Jeunesse A l preuve des r alit s et de l mergence de nouveaux ph nom nes sociaux le S M J est devenu le g n raliste des questions de la jeunesse sur la ville Il s est retrouv en charge d actions de pr vention en particulier dans le domaine de la sant SIDA de l acco
184. t de discoth ques l encontre de certains jeunes Pour avoir t personnellement en relation avec un lu de la ville d Argel s sur mer destination tr s pris e des jeunes Balbyniens j ai pu mesurer la non r ciprocit de la d marche En effet nous savons que les jeunes de notre ville et plus largement du d partement font l objet de discriminations Nous sommes t moins des d marches t l phoniques d bouchant sur des r ponses n gatives ou dissuasives d s l nonc d un patronyme non europ en C est pourquoi devant la difficult d un groupe trouver un camping je prends l initiative de contacter la mairie d Argel s et d entrer en contact avec l un des lus Celui ci me demande de lui communiquer la liste des jeunes concern s ainsi que les dates de s jours mais refuse d intervenir aupr s des campings pour permettre l accueil des jeunes dont je me porte garant La Municipalit et l Equipe jeunesse de Bobigny sont unanimes pour refuser de prendre en compte la Convention pour la politique d accueil des jeunes dans les communes touristiques Celle ci est per ue comme une atteinte la libert de circuler librement sur le territoire national et n offre aucun moyen pour lutter contre les discriminations dont les jeunes sont victimes 14 Annexe 5 La Lettre de Vacances Ouvertes bimestriel n 5 septembre octobre 2000 13 Plan d accueil des jeunes dans les communes touristiques 34 L augmentation du n
185. t je partage l id e selon laquelle L Homme n est rien d autre que son projet il n existe que dans la mesure o il se r alise il n est donc rien d autre que l ensemble de ses actes que l ensemble de sa vie 75 SARTRE JP l existentialisme est un humanisme Folio essai Gallimard 1996 p 31 127 Bibliographie 1 Ouvrages BORDET J Les jeunes de la cit Puf Paris 1998 p 232 _ BEAUD S amp PIALOUX M Violences urbaines violences sociales G n se des nouvelles classes dangereuses Fayard 2003 p 425 BEIGBEDER F 99 francs Grasset Paris 2000 p 298 CASTEL R L ins curit sociale Seuil Paris 2008 p 95 ANZIEU D amp MARTIN J Y La dynamique des groupes restreints Puf Paris 1986 1968 p 396 DUBETF Le d clin de l institution Seuil Paris 2002 p 422 ERIKSON E H Adolescence et crise la conqu te de l identit Flammarion 1972 p 343 _ FILIPPETTI A Les derniers jours de la classe ouvri re Stock 2003 p 188 FOURCAULT A Bobigny Banlieue Rouge la D couverte 1986 p 211 GOFFMANE La mise en sc ne de la vie quotidienne la pr sentation de soi Les ditions de minuit 1973 p 251 GOFFMAN E Stigmate les usages sociaux des handicaps Paris Minuit 1975 p 180 Kaufmann J C L invention de soi Une th orie de l identit Armand Colin 2004 p 352 KAUFMANN J C La femme seule et le prince charmant Enqu te sur la vie en sol
186. t si a passe je ne sais pas encore quelques ann es et puis apr s on verra bien Bah En fait des projets je 102 n en ai pas sp cialement part je vous le dis les tudes J aimerai bien passer en licence de droit a d j c est la chose qui me tient le plus c ur maintenant si a a passe ce serait vraiment j aimerai bien aussi travailler c t mais c est secondaire Castellas Oscar an p 47 Oscar en appel la chance pour passer en licence de droit doute t il de son travail De ses m rites ou de ses capacit s Comme Denis Oscar se pr pare poursuivre un cycle universitaire mais la diff rence du premier il projette de travailler durant ses tudes Les projets d Oscar sans avoir de finalit s pr cises s inscrivent dans la perspective d une ind pendance financi re vis vis de ses parents Pour les r aliser Oscar devra se sentir sa place la fac se construire un r seau relationnel comprendre et accepter les r gles de l institution D autre part s il parvient trouver un emploi en parall le avec ses tudes il aura s investir dans un autre r le un autre r seau le mode de fonctionnement de l entreprise La nature des projets d Oscar refl te une personne volontaire qui ne restreint ni sa vie au territoire de vie ni au r seau relationnel de la cit Brice veut tre programmeur en informatique Je suis en bac S j ai que a en t te Castellas Brice p 56
187. tes La fr quentation du coll ge puis du lyc e sur une autre commune il n y a pas encore de lyc e sur la ville les r seaux de relations li s la pratique du sport de la moto l coute de la musique font que ma vie sociale n est pas d pendante de la cit Elle n est plus que le lieu de r sidence familiale Durant cette p riode au centre ville la cit le quartier n est pas un territoire de r f rence et la circulation d un lieu un autre se fait naturellement et sans entrave Les tours et les dalles du centre ville ont t pendant leur 1 Le 24 juin 1963 le conseil d architecture et d urbanisme de la ville de Bobigny adopte le projet pr sent par l architecte Raymond Lopez Direction des ressources documentaires et historiques Chroniques balbyniennes 2 300 ans d histoire Ville de Bobigny p 42 10 construction un de mes terrains de jeu favori Leurs diff rents acc s n ont aucun secrets pour moi Avec mes camarades nous nous d pla ons avec aisance sur les diff rents niveaux de parking de dalles et de rues et nous nous montrons enthousiastes servir quelquefois de guide aux nouveaux arrivants gris s par la modernit de l environnement Mon parcours r sidentiel dans la commune s tale sur quarante ans il comprend trois tapes l appartement en accession la propri t dans une petite cit r sidentielle dans mon enfance une cit r alis e par l Office Public d H L M suivi d un appartem
188. tions immigr es ou se reconnaissant comme telles De la crise de confiance l gard de l ensemble de la classe politique et en cho des intentions et des moyens d ploy s pour promouvoir la citoyennet et la d mocratie participative De lincr dulit des populations de la banlieue envers les formes de participation sociales et de contestations politiques et collectives En positionnant ma recherche sur le th me de l identit j ai li des pr occupations personnelles et professionnelles Conduit reconna tre et accepter des changements personnels et professionnels j ai travers une p riode de mutations et de transformation identitaire La d marche de la recherche action m a permis de m ouvrir une r flexion autour de mon histoire personnelle Etant tr s impr gn de la culture de la cit des jeunes j ai progressivement pris mes distances avec le mode de pens e et de relations qui s y attachent Au fil des ans des changements de statuts professionnel et familial l actualisation des codes de la cit m est devenue trang re Une interpr tation essentiellement n gative de l volution des grands ensembles et de leur population s est progressivement impos e moi La prise en charge de publics en difficult s l ternel recommencement du travail ducatif le matraquage m diatique autour de la question des banlieues ont affaibli graduellement mon esprit critique Identifier les grands ensembles
189. un d sir un projet participe galement de cette prise d autonomie Enfin l autonomie peut galement s envisager comme l acc s une libert organisationnelle Les jeunes sont d livr s du tutorat des adultes et nous pouvons rechercher les changements dans leur comportement Les entretiens r alis s apr s le s jour en vacances donnent donc entendre comment la vie collective et les choix personnels le nous et le je s articulent Chaque s jour nous offre une version de cette libert organisationnelle et de sa mise en uvre Les jeunes confront s la gestion du vivre ensemble et de leurs d sirs personnels dans un espace commun de lieux et de temps vont s exposer des dissonances Avant leur d part les jeunes du groupe Palma ont voqu entre eux cette question et ils se sont donn s des r gles On s est tous mis d accord avant de partir D s qu il y en a un qui est lev il fait sa vie quoi il laisse les autres dormir ou il fait sa vie et vu qu on a fait des connaissances tout a il pouvait silence mais bon a c est pas arriv on se levait tous peu pr s en m me temps d s qu il y en avait un qui se levait il allait toquer la porte on tait peu pr s r veill donc tout le monde se levait Palma William an p 22 87 Pour William le d sir le projet personnel consistait faire une rencontre amoureuse et pr server son intimit Cependant il le reconna t cela
190. un groupe l uvre dans le pr sent et pour l avenir et de l autre de la fonction assertive qui s exprime par la capacit de diff rentiation de soi et de ce qui est autre et se manifeste par l effort s imposer l gocentrisme Le quatri me chapitre porte sur l analyse des entretiens J ai r alis une quinzaine d entretiens aupr s de dix jeunes g s de 17 23 ans avant et apr s leur s jour de vacances La particularit de ce public tient beaucoup leurs conditions de vie et leur statut de jeunes de la cit Pour la compr hension de ce mode de vie j ai retenu le concept de microcosme social mis en vidence par Jo lle Bordet dans l ouvrage titr Les jeunes de la cit A partir du sixi me chapitre nous entrons dans le temps du bilan Les r sultats de la recherche et la validation de l hypoth se sont pr sent s ainsi que le bilan et les perspectives de ce travail Enfin une r flexion sur le sens et les conditions d acc s l identit personnelle viendra conclure ce travail re 1 partie Chronique Balbynienne Chapitre 1 Une destin e singuli re 1 1 Livrets de famille Dans cette d marche de formation et de repositionnement personnel et professionnel le besoin d explorer mon histoire d o je viens de retrouver le chemin s est impos Le r cit qui suit claire le rapport entre l objet de recherche et l apprenti chercheur en devenir Je suis donc d origines italiennes
191. ur le parking les p res passaient des apr s midi enti res r parer leur voiture On venait parfois d plorer l effraction d une cave Les jeunes adultes quittaient la cit pour travailler et fr quenter des filles et ne revenaient plus Dans le cercle familial la question de nos origines s exprimait sur le registre culinaire Ma m re pr serve les traditions familiales en confectionnant les recettes italiennes de saison Les piceries de produits italiens sont recherch es pour se procurer le fromage indispensable la pr paration des raviolis et les vins qui accompagnent les repas de f te Pour nous les enfants il n est cependant pas question de se revendiquer en quoi que ce soit italien L usage de la langue maternelle est r serv aux discussions entre ma grand m re et ses filles On s exprime en italien devant les enfants pour ne pas tre compris La famille a choisi la France la question de l int gration est ind cente nous sommes des petits fran ais A Bobigny au fur et mesure de l avanc e du projet de construction du centre ville moderne l expropriation des mara chers s acc l re La r alisation du programme de construction d un bouquet de dix tours reli es entre elles par un syst me de dalles sur plusieurs niveaux s tend sur six ann es de 1967 19737 La cit se retrouve entour e de champs devenant des terrains vagues Les groupes d adolescents prennent possession de ses territoires d
192. ur un s jour de trois semaines hors de Bobigny 22 La commission est pr sid e par le Maire adjoint charg de la jeunesse et Pr sident d honneur de l Association Solidarit Multiforme pour les jeunes Elle comprend trois repr sentants de l association S M J trois repr sentants des associations de jeunes des diff rents quartiers et deux repr sentants des acteurs sociaux de la ville office de tourisme Syndicat d initiative club sportif amicale de locataires Elle constitue un jury charg de statuer sur l aide accord e La commission se r unit quatre fois dans l ann e deux fois pour les projets hiver et deux fois l t Les conditions d acc s au dispositif sont d finies Les b n ficiaires doivent tre g s de 17 25 ans habiter tudier ou travailler Bobigny lls doivent pouvoir en justifier au moment du d p t du projet Seuls les projets collectifs sont recevables par la commission Des mesures sp cifiques concernant l aide aux d parts des mineurs sont pos es Aucune aide ne pourra tre consentie sans l accord des parents ou des responsables l gaux La proc dure est la suivante lorsqu un mineur sollicite sa participation un projet autonome de vacances pr sent la commission un contact est formalis avec ses parents Ces derniers doivent autoriser leur enfant solliciter une aide de la commission pour un d part sans encadrement Dans un second temps apr s la d cision de la c
193. urnaux ne s acharneront pas monter en pingle les incidents dans lesquels des jeunes de la banlieue pourraient tre impliqu s La promotion du dispositif d aide aux projets vacances est assur e par les jeunes balbyniens Le service a r alis deux documents le dossier projet et un mode d emploi L impact du dispositif sur la population jeune de la ville progresse 52 groupes ont sollicit leur passage devant la commission et le jury a si g 5 fois pendant l ann e Les jeunes soutenus sont au nombre de 177 pour 241 demandes L cart entre le nombre de demandes et de b n ficiaires a plusieurs explications des groupes de jeunes ne vont pas jusqu au bout de leur d marche renoncent leur projet et ne se pr sentent pas devant la commission A titre individuel des jeunes sont exclus du b n fice de l aide soit parce qu ils ne r pondent pas aux crit res d ge de r sidence ou d emploi sur la commune ou bien parce qu ils ne se pr sentent pas et ne donnent aucun justificatif de leur absence Le jury recommande pour sa part un deuxi me passage en commission pour les jeunes dont le projet est insuffisamment pr par 7 Annexe 3 Dispositif d aide aux projets de jeunes 17 25 ans Mode d emploi 28 Le pourcentage de jeunes filles augmente elles repr sentent 25 des b n ficiaires Nous pensons que les jeunes filles sont frein es dans leur autonomie par le poids des traditions culturelles Que ce soit en hiv
194. urs mots D j a va me d contracter de la banlieue Castellas Brice an p 49 Lorsque leur choix de destination Mac doine ou de type d h bergement le camping s loigne des standards de consommation de leur classe d ge ils assument la volont de se distinguer Tous les jeunes d aujourd hui r vent de partir aux Etats Unis Canada Chine ou Japon Nous on a d cid de faire quelque chose d original partir en Yougoslavie et personne aurait pens Mac doine Chang an p 35 Oscar nous donne son sentiment sur le fonctionnement du groupe Bah En fait l on a vraiment choisi on s est vraiment r uni entre personnes qui s appr ciaient norm ment donc il ny a aucune hypocrisie ou quoi que se soit entre nous Castellas an p 40 Cette remarque fait cho aux constats tablis par l quipe d animation jeunesse Le besoin des jeunes de se retrouver entre eux dans un certain confort relationnel pour s ouvrir de nouvelles exp riences L ind pendance est recherch e travers l adh sion au groupe qui permet la fois de sortir du quartier de vivre quelque chose en dehors du foyer parental mais aussi de se prot ger du regard des autres y compris celui de la cit Le d part en groupe repr sente la limite de l autonomie des jeunes on ne part pas seul mais avec des copains Je le sens bien j ai confiance en moi et confiance au niveau du groupe nous dit Darius Evasion an p 74 Les jeunes de
195. usionnelle au groupe de pairs viendrait elle s ffacer au b n fice de la prise de conscience de leur individualit Ces questions constituent le point de d part de cette recherche action L auteur animateur socioculturel professionnel a exerc durant une vingtaine d ann es en r gion parisienne dans une ville de Seine Saint Denis Responsable d un service municipal de la jeunesse de 1997 2003 il a contribu la mise en place et au suivi d un dispositif de soutien au d part autonome en vacances en faveur des jeunes de 17 25 ans Au plan th orique la recherche s appuie sur l ouvrage de Pierre Tap La soci t Pygmalion Int gration sociale et r alisation de la personne Elle est constitu e d entretiens r alis s en 2003 aupr s de quinze jeunes participants quatre projets collectifs de vacances La mesure d une transformation de l identit personnelle est recherch e dans la comparaison entre le nous fonction int grative et le je fonction assertive de la personnalisation avant et apr s leur d part en vacances Le processus de construction de l identit personnelle de ces jeunes s inscrit dans un contexte marqu par une difficult collective dans l acc s au travail au logement l autonomie et une comp tition interindividuelle pour obtenir sa place dans la soci t des adultes Le microcosme social des jeunes de la cit est il une ressource ou une r sistance l injonctio
196. utre personne qui m en avait parl Palma an p 14 Dans le cadre du projet Palma Mourad le passeur r duit son m rite personnel en faisant r f rence la transmission re ue l ann e pr c dente par un autre membre du nous Aussi en choisissant librement de s associer pour se rendre Palma cet t Fabien Mourad William et les autres suivent ils un chemin d j trac par ceux de la cit par des membres de ce nous dans lequel ils se reconnaissent et sur lequel ils s appuient pour s aventurer au dehors Le projet Mac doine offre pour sa part un autre mod le de transmission o l on retrouve la fois le passeur Denis et une variation de l expression du nous Denis est originaire de Mac doine il doit y retourner chaque t pour entretenir des relations familiales et tre au c t de sa m re la pr sence du p re n est pas voqu e Denis ne souhaite pas se couper totalement du milieu dans lequel il vit toute l ann e et propose ses copains de l accompagner Il apporte l exp rience du projet pour b n ficier de l aide de la mairie ce qui est un argument pour convaincre ses compagnons Denis veut faire profiter ses copains il r side en zone pavillonnaire mais recrute dans la cit et fonctionne suivant le m me mode Denis se situe dans ce nous par rapport celui ci 74 Il est aussi un passeur entre le nous des jeunes vivant en France et celui de la population d
197. ville La municipalit y organise tout au long de l ann e des r ceptions et des rencontres auxquelles de nombreuses personnalit s sont convi es L accueil des jeunes balbyniens dans ce cadre est une marque de consid ration Les groupes pr sentent oralement et publiquement leur projet au jury de la commission et devant les autres jeunes lls r pondent aux questions des membres du jury L obligation de pr sence de tous les membres du groupe est pos e La commission d lib re huis clos apr s le passage de tous les groupes convoqu s et les jeunes peuvent contacter d s le lendemain le service jeunesse pour conna tre la d cision La commission d aide au projet de vacances se veut une occasion de rencontre entre les jeunes citoyens et les lus municipaux Nous sommes attentifs ce qu elle se d roule dans un cadre convivial ce que les adultes soient en empathie avec les jeunes il s agit d viter de porter des jugements de valeur sur le projet ou ses auteurs L attribution d une aide est par ailleurs assujettie l engagement financier des jeunes dans le projet Dans mes fonctions de directeur de l association je prends l initiative de conclure une convention de partenariat avec l agence de voyage de la ville voisine du r seau Waasteels Le principe est le suivant l agence s engage accueillir informer r aliser des devis proposer des tarifs aux meilleurs prix Le S M J ouvre un compte client l agence et p

Identité personnelle Les séjours de vacances entre jeunes de la cité

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