L`être humain, une question de détails Un ouvrage de M. Albert Piette
Contents
1. UN D TAIL Dans les situations s encha nant au cours d une journ e les hommes entrent donc en interaction avec des tres qui n appartiennent pas l esp ce humaine les dieux mais aussi les animaux Prenons l exemple du chien des origines de sa domestication son tat de d tail Il y eut un temps o les hommes et les loups taient voisins pratiquaient des d placements parall les plus ou moins semblables en qu te de nourriture Les loups taient ils attir s par les comportements humains et par les d chets de nourriture aux alentours et les hommes alert s par les techniques de chasse des loups au point de les imiter Un jour des hommes des femmes et aussi des enfants ont sans doute rencontr plus troitement des louveteaux abandonn s devenant rapidement des compagnons de chasse tr s utiles capables de pister et de poursuivre le gibier Le loup de plus en plus d pendant par rapport l homme aurait perdu quelques unes de ses facult s sensorielles D sormais plus petit avec un museau amoindri il devient un chien cohabitant avec l homme La permanence de la copr sence de l un et de l autre va engendrer un type de rapport tr s sp cifique La coordination relativement facile de deux tres dans leurs mouvements et leur rythme alimentaire n exclut pas l asym trie relationnelle qui r sulte directement de la domestication de l animal Leur compr hension r ciproque n est pas accroch e un strict enjeu d2. d indices permettant de penser que les chimpanz s ont conscience de leur propre connaissance et qu ils reconnaissent diff rents degr s de connaissance leurs partenaires Or tout processus p dagogique suppose l aptitude de reconna tre les diff rences entre sa propre connaissance et celle des autres De surcro t l ensemble des animaux manifestent une incapacit g n raliser un ensemble gestuel ou une comp tence cognitive sp cifique une situation de la transf rer et de l appliquer dans une autre situation Ce qui limite bien s r l extension du savoir et du savoir faire alors que les humains non seulement accumulent informations et ma trises gestuelles dans diff rents domaines de leur vie et sont aussi capables de les appliquer d autres exp riences Les hommes multiplient donc les activit s cuisiner se d placer lire skier dont la r p tition implique l incorporation ou l int riorisation de mouvements ou de gestes sp cifiques II en r sulte l accomplissement d actions selon un ajustement gestuel facile et l utilisation d objets de mani re routinis e sans effort sans fatigue sans attention Ce type de processus qui touche la plupart des activit s et des conduites journali res de l homme constitue lui aussi un effet de d charge de la pression cognitive et de la concentration n cessaires l accomplissement de nouvelles activit s ou l adaptation de nouvelles situations Telles sont les routine
3. peut aider reposer la question de la sp cificit humaine par rapport l ensemble du monde animal Nous affirmons ainsi que l tre humain est unique par la diversit de ses aptitudes et la multiplicit de ses performances Par sa vie tout simplement Nous voulons dire qu il y a une forme humaine une mani re d tre humain incontestable Celle par laquelle il est pr sent dans les situations qu il traverse au fil des jours et qui r sulte d une diff rentiation phylog n tique de l homme et du chimpanz aboutissant apr s sept millions d ann es l existence de deux mondes tr s diff rents Ce n est pas seulement de l homme comme r sultat d une continuit volutive que nous cherchons les caract ristiques mais aussi de ce qui est humain en situation Ici on ne peut que d crire et dire ainsi est la vie humaine Faisons n tre cette proposition de Wittgenstein pour voquer quelque chose qui est juste devant nous qui n int resse pas les observateurs tellement banal sans doute mais pourtant tr s visible traversant toutes les situations quelles qu elles soient de la vie des hommes le mode mineur de la r alit ou mieux le mode mineur de la vie Il d signe plus pr cis ment la modalit de pr sence des tres humains en situation la modalit de d ploiement des actions qui selon des dosages diff rents en diminue les enjeux de sens de pertinence de contrainte sans pour autant les transgresser et en g
4. L tre humain une question de d tails Un ouvrage de M Albert Piette Socrate ditions Promarex avril 2008 Avril 2008 Ce que propose Albert Piette dans l ensemble de ses recherches est une anthropologie du d tail Quelque part contre courant par rapport l op ration socio anthropologique qui implique un pro cessus continu de d perditions successives des donn es par rapport la complexit concr te des situations en vue de construire un objet g n ral essentiel significatif ou actuel Albert Piette vise des d tails toujours d j exclus des sciences sociales Chacun de ses livres constitue une d clinai son diff rente de cette anthropologie du d tail Cette anthropologie du d tail si elle appara t en filligranes dans certains de ces pr c dents ouvra ges constitue le coeur de sa recherche dans le son dernier opus L tre humain une question de d tails paru chez Socrate ditions Promarex En effet dans ce livre l auteur reprend les notions de d tail et de mode mineur pour les replacer dans une perspective volutionnaire et comparer le mode de vie des hommes et des grands singes Dans ce livre Albert Piette qui propose de regar der les humains en situation d couvre une forme humaine associ e un ensemble de traits qui traversent toutes les situations engagement minimal pr sence d gag e mise entre parenth ses des cons quences pr sence d tres non concern s par la situation ou d
5. a situation Les interactions entre le chien et l homme dans un m me espace domestique sont de fait rares et de courte dur e Le chien se pose en tre neutre par rapport au r gime d action principale dans lequel l humain est engag travailler lire parler Le chien est alors un tre contingent dont la pr sence n est pas significative par rapport l action principale sans pour autant remettre en cause sa sp cificit et son bon fonctionnement Le chien est l Et les humains le savent se laissant peine distraire par cette pr sence laquelle la sp cificit contingente fait tout son sens Dans cette pr sence c t le chien n est pas un tre qui fixe l attention qui agit sur le corps de l autre Il n est qu un rep re en pointill bonne distance des humains ce moment l en pleine contingence cette pr sence passive et silencieuse effac e presque oubli e a d autant plus de pertinence dans sa non signification interactionnelle qu elle peut de mani re impr visible surgir solliciter un regard un contact physique exprimer une douleur t moigner une affection d embl e sinc re injecter l id e et le sentiment qu elle aime Le chien est pr sent comme un d tail qui appara t sans importance C esten ce sens qu ilestimportant Les relations entre lui et l homme sont surtout ludiques ou parenth tiques c est dire courtes et ponctualis es des phases de s paration ou de retrouvailles Mais tou
6. anz s et continuer comprendre le mode mineur EXTRAIT 3 LE CONFORT DES HABITUDES Automatique habituel r fl chi conscient Comment caract riser l accomplissement de l action humaine II y a beaucoup de gestes r flexes sortes de mouvements automatiques non li s une activit sp cifique Encore plus nombreux sont les gestes non r fl chis qui constituent des routines Ils le sont devenus apr s avoir t appris et r p t s selon des proc d s sp cifiques Articul s les uns aux autres ils sont en nombre quasi infini et forment les s quences d actions qui sont le plus souvent observ es dans la vie des hommes Selon les esp ces bien s r les animaux pr sentent une gestualit restreinte et un ventail d activit s relativement fig par l h ritage g n tique Nous le savons Les tres humains disposent eux d une forte capacit apprendre des gestes et des nouvelles activit s ainsi que les modalit s de les accomplir et de les encha ner Le savoir faire gestuel peut tre appris par mim tisme par essais et erreurs ce qui est attest chez les chimpanz s mais sans concerner de nouvelles exp riences et surtout sans intervention correctrice des adultes et par transmission organis e ou selon un processus p dagogique sp cifique proc dures absentes chez les singes Alors que les hommes tiennent compte des raisons d agir attribuent aux uns et aux autres telle motivation ou tel tat mental il y a peu
7. ciences sociales Plut t que l analyse de la diversit socioculturelle des collectivit s des situations ou des v nements le mode mineur concerne une donn e anthropologique fondamentale Ensuite plut t que d analyser les enjeux collectifs d une soci t partir de ses int r ts de ses p les de signification ou de ses rapports sociaux la r flexion sur le mode mineur porte sur les d tails sans importance et les choses p riph riques Enfin et ce n est certainement pas la moindre r sistance le mode mineur concerne en particulier la capacit de d gagement de l tre humain par rapport aux autres tres aux objets aux v nements alors que les sciences sociales valorisent implicitement ou directement l engagement politique EXTRAIT 2 Le d tail dans la vie humaine lui est flottant al atoire ou gratuit un surplus qui vaut par sa pr sence Ses caract ristiques en font bien l anti objet de la science le non objet par excellence Pour voir de tels d tails ces choses ou ces tres qui apparaissent sans importance il faut remettre en cause nos habitudes d observation et d criture Il faut surtout mettre entre parenth ses les g n ralit s th oriques et les exc s interpr tatifs pour rester tenter de rester la surface des choses et des v nements de la vie en tant qu elle est une succession de gestes de mouvements de situations Nous allons nous servir du d tail pour comparer les actions des hommes et des chimp
8. e part r siduelle inh rente l interaction et aux comportements des humains Ce serait alors cette ext riorisation autonome du chien par rapport l homme plus que toute autre caract ristique qui conf re l animal un effet d humanit Ainsi le chien cr e par sa pr sence situationnelle du jeu Il concr tise et cristallise l intervalle de jeu qui se pose comme un certificat ou un rappel d humanit dans l accomplissement concret des interactions Mais l animal r alise cet effet en tant qu il est lui m me ma tris par l homme vers qui le chien fixe toute son attention tout en restant un tre contingent Ainsi que les manuels de dressage l indiquent le dressage du chien est une d sensibilisation progressive aux diverses sources environnementales Comme si le chien n avait pas la capacit d tre concentr sur un objet une personne une activit et en m me temps de tol rer la pr sence en pointill d un autre tre ou objet dont la caract ristique serait pr cis ment d tre contingent Ce qui confirme l asym trie relationnelle entre d une part le chien explorateur attentif mais exclusif dans son engagement incapable de cadrer une situation et de la modaliser par une ext riorit contingente et d autre part l homme capable de diriger son attention vers l enjeu collectif et significatif d une action mais aussi et en m me temps de garder en lui autour de lui en pointill un ensemble non pertinent de diverses contingenc
9. e sens Au contraire m me cette asym trie constitue une caract ristique essentielle de la relation avec l homme faisant du chien un simple enjeu de pr sence sur le mode du d tail Voyons comment Dans l espace domestique la relation entre les chiens et les humains comporte au moins deux caract ristiques Elle est asym trique et particuli re Et c est la conjonction de ces deux qualit s qui constitue sa sp cificit La place d un chien dans une famille est ainsi directement d pendante d un dressage qui consiste en un acte autoritaire tant t plus diffus tant t plus syst matique visant soumettre l animal la pr sence humaine Le dressage implique non seulement une soustraction de l animal la vie naturelle mais en m me temps une forte d pendance de celui ci par rapport aux humains quant sa nourriture son bien tre etc Ce que cherche l humain c est de fait une ma trise de la mobilit de l animal qui il apprend pr cis ment r pondre l appel le suivre de telle fa on et telle distance l attendre sans bouger Et cette ma trise appara t comme d autant plus n cessaire qu elle ne peut tre associ e une communication verbale r ciproque un savoir partag d informations auquel les deux tres pourraient se r f rer en cas de d saccord Le dressage implique ainsi une subordination de l hyperactivit perceptive du chien naturellement pr t r agir renifler explorer et en m me temps
10. es il n a aucun doute sur la diff rence entre lui et l animal En acte l interaction de l homme et du chien ne t moigne pas d une r elle humanisation de l animal C est une sorte d ambiguit par laquelle l homme ne peut aller au bout des choses dans une direction ou dans une autre En tout cas travers cette double caract ristique relationnelle asym trie et particularit ou subordination et affection se profile sans doute la sp cificit de la pr sence du chien Il est important de remarquer que le chien en tant qu il est un tre subordonn et sans capacit critique dans le groupe familial est souvent en dehors de l enjeu de la pertinence interactionnelle l int rieur de laquelle se situe l tre humain Les r gles du tact de d f rence et de bonne tenue que celui ci ma trise bien dans la mise en sc ne de la vie quotidienne avec les autres humains sont lorsqu il interagit avec le chien le plus souvent mises entre parenth ses ou en pointill Par sa pr sence permanente souvent passive et sans l enjeu interactionnel classique le chien est simplement l l tat de d tail pr s de son compagnon humain sans construire un face face expressif Entre l homme et le chien c est plut t un corps corps g om trie variable dans une fid lit sans enjeu Le chien advient comme un d tail un r sidu qui n est pas int grable dans la focalisation vers ce qui est partag et pertinent pour les humains dans l
11. es r siduelles
12. eur L nonc religieux Le moment de croyance Questions de d tails L invention du d tail Un monde d objets De l outil l objet L espace neutre L cran langagier La pr sence d gag e La structuration du lien social Le confort des habitudes Le don tranquille La mort l oubli Les dieux en suspension Le chien un d tail La reposit de l action Appendices A Le tour sociologique B La ph nom nographie anthropologique Bibliographie EXTRAITS DE L INTRODUCTION Le mode mineur est le propre de l homme C est l id e que ce livre d ploie en reprenant sa mani re la question de la diff rence anthropologique La recherche de traits anatomiques comportementaux ou cognitifs qui seraient propres l homme et qu il ne partagerait pas avec les animaux constitue un exercice intellectuel qui remonte l aube de la philosophie La fronti re entre humanit et animalit est l objet d un d bat qui ne semble pas finir comme si la sp cificit humaine n tait pas si vidente Aujourd hui l affirmation de la diff rence anthropologique n est pas vraiment la mode les scientifiques pr f rent chercher les caract ristiques propres chaque esp ce plut t que d opposer l homme aux autres animaux tandis que les philosophes privil gient la r flexion sur les points communs entre les hommes et certains animaux plut t que les diff rences Nous prenons donc le risque de penser que le mode mineur de la vie
13. jours secondaires Le chien constitue une pr sence importante en tant qu il appartient au brouhaha quotidien mais en m me temps parce qu il est toujours en tant que simple contingence potentiellement g n rateur d une preuve critique endurer pour les humains lorsqu il souffre ou qu il meurt Mais d embl e celle ci sera recadr e dans un rapport distanci permettant par exemple au chien mort d tre rapidement remplac Le chien imposerait ainsi une pr sence stratifi e compos e d au moins deux couches de sens l une par laquelle il manifeste ce qu il est capable de faire et de faire aux humains l autre ench ssant la premi re par laquelle il reste un mammif re carnivore quatre pattes domestiqu par l homme Le chien est enjeu parce qu il na pas vraiment d enjeu Sauf moments d preuves rares et ponctuelles le chien existe aupr s de l homme sur le mode de la contingence affective En ce sens il ne peut tre pour l homme un substitut de l humain Il installe plut t un autre type compl mentaire de lien dont il a t par exemple rep r les effets positifs pour les enfants dans leur famille les handicap s dans une institution psychiatrique ou les personnes g es dans une maison de retraite La pr sence du chien y g n re calme s r nit d tente et pourrions nous ajouter humanit Catalyseur social il peut d velopper la capacit d expressions affectives Recommand e en cas de probl mes cardio vasculaire
14. n rer d autres Pour tenter une premi re approche du mode mineur nous nous servirons successivement de d couvertes ethnographiques de r flexions philosophiques et aussi de donn es volutionnaires Nous terminerons cette premi re clarification par une r flexion sur la notion de d tail qui se trouve au centre de la constitution du mode mineur Nous utiliserons dans une deuxi me partie le d tail comme fil conducteur pour pr ciser partir d une ethnographie compar e les modalit s diff rentes d actions des grands singes et de l homme Au centre de cette diff rence r side le mode mineur Au terme de ce livre nous laisserons une place pour deux appendices l un th orique montrant lincompatibilit de la pens e sociologique avec l id e de mode mineur l autre m thodologique portant sur les modalit s du travail ethnographique pour observer et d crire les d tails constitutifs du mode mineur Il y a plusieurs ann es que l id e et la r alit du mode mineur hantent notre travail d anthropologue Dans diff rents livres nous avons tent d en produire une description en joignant l criture l image photographique ou de d construire l op ration sociologique en g n ral et l enqu te de terrain en particulier en faisant du mode mineur associ des d tails sans importance un bon levier critique Ce travail se heurte en fait une triple r sistance dans la mesure o il touche trois caract ristiques essentielles des s
15. objets sans usage direct Le principe de l humain r siderait dans ce qui est p riph rique secondaire dans ce qui est autour c t en d calage les choses qui ne sont pas vraiment importantes Bref les d tails En situation dans son corps avec les autres tres humains les objets les animaux ou les divinit s l homme produit seulement une fine lamelle de sens de n cessit d obligation de raison de contr le d en jeu Le reste tr s dense c est le mode mineur de la vie Fiche technique Format 16 X 24 Couverture souple 118 pages Albert PIETTE L TRE HUMAIN une question de d tails ISBN 2 930394 114 Prix de vente 10 Disponible sur www espace socrate com L AUTEUR Albert Piette est anthropologue professeur l Universit d Amiens Ses diff rents ouvrages portent sur le ph nom ne rituel le fait religieux l observation des d tails et l exp rience v du deuil II a publi son dernier livre Petit trait d anthropolo dr gie chez Socrate Editions Promarex en 2006 1 Issu de http membres lycos fr pietteanthropologie recherches htm Nous vous proposons dans la suite de cete article de d couvrir quelques extraits de cette publication TABLE DES MATI RES Qu est ce que le mode mineur A Ethnographie des actions B D clinaisons philosophiques a D tour par la philosophie chinoise b Une philosophie du quotidien C Le mode mineur l envers Evolution et mode min
16. re entre les deux est bien proportionn alors qu elle est malgr tout plus r duite entre l homme et les dieux et en quilibre plus tendu pour les humains entre eux C est de l sans doute que le chien peut d ployer son effet rassurant g n rateur de calme et de s r nit dont l effet th rapeutique est utilis dans des institutions m dicales D une certaine fa on le chien exemplifie la capacit humaine de modaliser les actions diverses en y injectant et en y tol rant la pr sence d l ments non importants par exemple de l inattention cognitive ou des gestes secondaires contingents la situation par lesquels l homme exhibe situationnellement une force de pr sence minimale mais suffisante et tol r e Cette modalisation en mineur des s quences d action cr e une sorte d intervalle une marge entre l acteur et lui m me entre l acteur et les autres d embl e situ e en de de l incertitude et des carts qui seraient r sorber Elle s apparente la r flexivit diffuse par laquelle l homme est en m me temps ici et ailleurs sur le mode mineur Comme si dans l interaction se cr ait ainsi du jeu analogue celui caus par les vis mal ajust es dans une m canique faire remarquer ces d tails comportementaux qui attestent la constante distraction des humains on suscite d embl e la r action c est sans importance c est humain Selon cette perspective le chien constituerait une sorte d ext riorisation de cett
17. s des encha nements gestuels r guli rement accomplis dont l ex cution automatique r sulte le plus souvent d un coup d il rapide vers un objet dans l environnement imm diat sans besoin d une r f rence ou d un mode d emploi sans compr hension d une instruction La routine concerne aussi des sch mas cognitifs ceux qui se d ploient dans les t ches intellectuelles comme la conceptualisation le raisonnement l criture Elles constituent des activit s sp cifiques ou simplement des parenth ses dans un ensemble d actions contr ler planifier r orienter pour am liorer un encha nement ou une coordination Le plus souvent de telles op rations sont aussi automatiques Elles ne n cessitent pas attention et concentration Elles se r duisent un simple travail d associations d id es Le plus souvent le geste routinier s accomplit en rapport un objet une configuration d objets en tout cas un environnement sp cifique dont la simple perception en de de toute d cision planification ou repr sentation interne produit le mouvement ad quat Support ou rep re de l action l objet est peine remarqu par celui qui est habitu Il est comme int gr incorpor l tre humain Comme si sa seule pr sence dans une situation suffisait la production de l action Appui permanent il stabilise l environnement et organise les encha nements gestuels de l homme en situation EXTRAIT 4 LE CHIEN
18. s la pr sence de l animal ne porte une telle efficacit que parce qu elle favorise un rapport affectif sans absorbement Le chien constitue ainsi une sorte de bruit permanent une pr sence modalisatrice qui aime et qu on aime dans une situation C est comme si le chien en tant qu animal domestiqu et ce titre introduisait ou r introduisait localement un signe d humanit C est partir de ces caract ristiques que la pr sence du chien se pose comme un don aux hommes Avec le chien pas d actes ou de d sirs strat giques pas d attentes en retour pas le souci d une riposte apr s une offense subie mais plut t une disposition imm diate pardonner Pour l homme le chien est un don non seulement parce qu il semble exprimer de l amour mais surtout parce qu il permet sur fond de cet attachement particulier d tre oubli tout en tant l Il instaure ainsi une sorte de r gime de paix sans r ciprocit tout en maintenant un enjeu affectif particularis Pour l homme qui a toujours privil gi et continue privil gier des liens avec des entit s non humaines le chien est vraiment un tre sp cifique Il est sans doute parmi les tres qui font sens c est dire qui aiment souffrent se font aimer ou suscitent du chagrin celui qui peut aller le plus loin dans la contingence et l effet de non pertinence Dans le rapport de l homme et du chien la marge d oscillation entre le sens et la contingence est grande l quilib
19. une focalisation de son attention sur son ma tre qu il regarde souvent qu il suit de pr s la maison ou l ext rieur Se d ploie ainsi une relation asym trique entre l homme et le chien qui n est pas d abord un interlocuteur pertinent avec lequel son ma tre communiquerait en une tension de sens Pour l homme le chien est plut t un tre non critique sans capacit de jugement et sans enjeu de comp tition mena ante Le rapport familier d un animal particulier avec des humains tout aussi particulier ne constitue un lien g n ralisable ni pour l animal avec d autres humains ni pour ceux ci avec d autres animaux en dehors de ce processus de familiarisation Ce lien consiste en une sorte d attachement r ciproque empreint d amour dans la mesure o l homme aime son chien dont la propre attitude lui indique un sentiment analogue Le chien n est familier qu avec les humains avec lesquels il coexiste De m me ceux ci ne t moignent des gestes affectifs qu leur chien familier et semblent ne r server la distinction anthropomorphique que pour valoriser les performances cognitives de leur seul animal Mais ces attitudes anthropomorphiques constituent un faux exc s de ressemblance dont l homme n est pas dupe Il sait que le chien est un animal et c est cette diff rence sp cifique qu interactionnellement il affirme constamment et de laquelle il prend du plaisir M me si l homme attribue au chien des capacit s cognitives et motionnell
Download Pdf Manuals
Related Search