Estime de soi et vie professionnelle des enseignants
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1. Estime de soi et vie professionnelle des enseignants Marie Christine Piperini Ma tre de conf rences Universit Lyon II 86 rue Pasteur 69365 Lyon cedex 07 PIPERINI MC hotmail com RESUME Les attentes crois es des familles de l emploi et de l institution scolaire attach e aux notions de missions et de p rennit en m me temps qu des r formes successives ont abouti dans cette derni re d cennie une closion de tensions professionnelles l instar des m canismes de d fenses d ploy s contre la souffrance d crits par C DEJOURS 2000 le niveau d estime de soi d un enseignant n est il pas concevoir comme une r ponse adaptative lui permettant de maintenir son adh sion aux conditions de travail et au syst me id ologique propres son corps professionnel Une enqu te comparative aupr s de 438 enseignants et tudiants se pr parant aux m tiers de l enseignement a permis une diff renciation de l image que l individu a de lui de ses comp tences et des attentes qu il rencontre dans son travail et montre que l volution de l estime de soi comme les sources de satisfaction et d insatisfaction au travail est li e au parcours de vie des sujets MOTS CLES Estime de soi Qualit de vie au travail Enseignants Image de soi R le professionnel 1 Introduction un contexte social boulevers 1 1 Une organisation taylorienne L organisation p dagogique traditionnelle d un t2. dans le milieu enseignant dir RAME S Paris L Harmattan p 175 185 HUBERMAN M 1989 La vie des enseignants volution et bilan d une profession Neuch tel Suisse Delachaux et Niestl a HUBERMAN M 1989 Les passages vide dans la carri re de l enseignant in Les sciences de l ducation n 5 1989 p 5 33 b LEBOSSE Y LAVALEE M 1993 Empowerment et psychologie communautaire in Cahiers internationaux de psychologie sociale 18 p 7 19 LUTHAR S 2000 The Construct of Resilience in Child Development 71 3 p 543 562 MANCIAUX M 2001 La r silience r sister et se construire Gen ve Cahiers m dico sociaux NADOT S 2001 Le rapport la formation des enseignants d butants Approche psychologique in Insertions et volutions professionnelles dans le milieu enseignant dir RAME S Paris L Harmattan p 147 150 OBIN J P 1993 La crise de l organisation scolaire Paris Hachette RAYOU P 1992 Seconde mode d emploi Paris Hachette RUTTER M 1990 Psychosocial resilience and protective mechanisms in Rolf J et al Risk and Protective Factors in the Development of Psychopathology N Y Cambridge University Press p 181 214 RUTTER M 1993 Resilience Some conceptual Considerations Journal of Adolescent Health 14 8 p 626 631 V
3. Spaccareli et Kim 1995 notent un taux de d pression et d anxi t tr s lev chez des sujets r put s r silients selon le crit re de leurs comp tences sociales M Manciaux 2001 note m me qu une estime de soi surd velopp e peut faire d un individu quelqu un de peu empathique arrogant et constituer au contraire un frein sa perspicacit dans la compr hension des relations sociales nuire son adaptation sociale et tre un obstacle au fonctionnement r silient M Anaut 2003 voquant Primo Levi et Bruno Bettelheim consid re qu un individu peut rencontrer des failles oui des ruptures de r silience comme en attestent des phases de d compensation de d pression et les suicides chez les sujets r silients p 114 Sans doute conviendrait il ici d envisager la fonction de l estime de soi dans le processus de r silience en termes psychodynamiques et d y voir plus un m canisme d fensif qu une qualit individuelle En ce sens une utilisation syst matique et exclusive de ce mode d fensif sans souplesse et hors contexte peut appara tre dans un fonctionnement psychopathologique et un effondrement brutal de ces m mes d fenses sous l effet de sollicitations et modifications environnementales ou endog nes peut tre au moins aussi dangereux pour le sujet Et de ce point de vue un haut degr d estime de soi et de confiance en ses capacit s inad quat au regard des comp tences effectivem
4. ait que l int gration d tudiants masculins s op rait en favorisant le recrutement de personnes davantage port es que la moyenne s panouir dans un environnement s curisant et chaleureux moins toniques et davantage focalis s sur les dimensions intellectuelles Ces jeunes hommes se caract risaient par une propension vivre un peu en marge des tendances que leur classe d ge et des grands mouvements de leur environnement En cons quence une augmentation de cette revendication d un droit l panouissement personnel serait probable au sein de la population enseignante actuelle 5 3 L volution au fur et mesure de la vie professionnelle 3 hypoth se L volution de l estime de soi serait li e au parcours de vie du sujet Ainsi l avanc e en ge correspondrait pour la femme un repositionnement de ses investissement familiaux et professionnels Plus les femmes gagneraient en anciennet plus leur estime de soi deviendrait davantage d pendante des v nements familiaux que des donn es professionnelles R sultat Hypoth se valid e Indices moyens Enseignantes en cole Enseignantes en Etudiantes en d estime de soi primaire Anciennet cole primaire IUFM populations plus de 10 ans Anciennet moins f minines de 10 ans G n rale 19 86 18 57 18 62 Sociale 5 13 5 5 5 67 Familiale 6 06 5 82 6 12 Professionnelle 4 86 5 67 4 82 Tota
5. cu subjectif puisqu il para t propre influencer la relation nou e dans la classe entre les l ves et leur professeur 5 2 Un groupe social h t rog ne 27 hypoth se L alt ration des conditions de travail des enseignants n est pas homog ne Les classes surcharg es et les probl mes disciplinaires sont plus aigus en secondaire aupr s d adolescents En outre la requalification de la fonction d instituteur en celle de professeur des coles correspond une revalorisation de la fonction L estime de soi des enseignants devrait traduire cette disparit L estime de soi des enseignants des coles primaires devrait donc tre sup rieure celle des enseignants de coll ges et de lyc es R sultat Notre hypoth se semble confirm e chez les hommes seulement Les femmes enseignants en cole primaire ont tr s nettement une estime de soi moindre que celles enseignant en secondaire Indices moyens Hommes Femmes enseignant Hommes Femmes d estime de soi enseignant en en coll ges ou enseignant enseignant en populations coll ges ou lyc es en coles coles lyc es primaires primaires G n rale 21 05 20 37 20 75 19 23 Sociale 6 25 5 5 6 5 5 30 Familiale 5 69 6 25 6 25 6 07 Professionnelle 6 30 6 7 25 5 30 Total 39 80 39 12 40 75 36 Tableau 3 Genre Cycle d exercice professionnel et estime de soi des enseignants Mais il faut pr ciser que le nombre d h
6. qu un authentique projet lib ral a pris lui aussi de la vigueur et qu il se satisfait fort bien des volutions actuelles consid r es comme une tape utile dans sa mise en uvre B Geay 2001 p 181 7 Bibliographie ANAUT M 2003 La r silience Paris Nathan BALLION R 1990 Approche sociologique du fonctionnement des lyc es in Education et Formations n 22 BERTHELOT J M 1993 Ecole orientation soci t Paris P U F BION W 1961 Recherche sur les petits groupes Paris P U F CHARLES F CLEMENT J P 1997 Comment devient on enseignant L IUFM et ses publics Strasbourg Presses universitaires de Strasbourg CHARLOT B 1993 L cole et le territoire nouveaux espaces nouveaux enjeux Paris Armand Colin COFREMCA 1987 Observatoire des enseignants Paris MEN et COFREMCA DEJOURS C 2000 Travail usure mentale Paris Bayard FELOUZIS G 1997 L efficacit des enseignants Paris P U F GARMEZY N MASTEN A 1991 The protective role of competence indicators in children at risk in Cummings E et al Perspective on Stress and coping Hill dale NJ Erlbaum Associates p 151 174 GEAY B 2001 De l esprit de corps l esprit manag rial Les identit s professionnelles enseignantes en red finition in Insertions et volutions professionnelles
7. reconnaissance et la prise de conscience qu ils ne produisent l appr hension d un futur qui para t de plus en plus complexe et peu ma trisable au fur et mesure qu on le leur voque d crit et explique de fa on parcellaire L expertise ext rieure favorise voire conditionne bien plus la d pendance qu elle ne conforte l estime de soi du sujet qui l attend 6 Conclusion Nos r sultats montrent que globalement il n y a pas d volution de l estime de soi entre futurs professionnels et enseignants confirm s Les deux populations se caract risent par des indices d estime de soi peu lev s Selon leurs r ponses l alt ration des conditions de travail des enseignants est tr s h t rog ne L volution de l estime de soi comme les sources de satisfaction et d insatisfaction au travail est li e au parcours de vie des sujets L avanc e en ge correspond pour la femme en particulier un repositionnement de ses investissements familiaux et professionnels Mais s panouir dans un environnement chaleureux est galement un facteur important chez les jeunes Les faits organisationnels et les m canismes psychologiques sont minemment imbriqu s dans notre compr hension de l articulation entre l image que l individu a de lui des ses comp tences et des attentes qu il rencontre dans son travail La r duction du travail en quipe une version administrative et normativ
8. ERPRAET G 2001 Les enseignants et la pr carit sociale Paris P U F 10
9. a on adapt e et de devenir comp tent dans la confrontation une situation adverse Dans des travaux actuels sur le concept de r silience l estime de soi est identifi e comme l un des facteurs constituant la r silience N Garmezy et A Masten 1991 dans une revue de litt rature scientifique ont dress un inventaire des principales variables favorisant la protection chez les sujets r silients Outre des facteurs de protection familiaux et extra familiaux soutien social et exp riences de succ s l estime de soi figure en bonne place parmi les facteurs de protection individuelle Un temp rament doux bon et gentil naturellement tre jeune un Q I lev ou un bon niveau d aptitudes cognitives de l humour le sentiment d auto efficacit et d estime de soi un locus of control interne des sentiments d empathie une conscience des relations interpersonnelles proche de l intelligence sociale et avoir du charme du charisme tre attrayant pour les autres Dans une semblable approche M Rutter 1990 1993 ennum rait lui trois caract ristiques de la personne r siliente La conscience de son auto estime ou auto appr ciation et du sentiment de soi le sentiment de son efficacit et un r pertoire d approches de r solution de probl mes sociaux Les th rapies comportementales trouvent l un terrain d op rations 2 3 La question de la fonction de l Estime de soi Mais les tudes de S Luthar 1993
10. ablissement scolaire pr sente bien des similitudes avec le mod le taylorien d organisation du travail recherchant rationalit et efficacit technique optimales J P Obin 1993 R Ballion 1990 puis P Rayou 1992 ont d j observ que comme pour l entreprise industrielle 1 La s paration entre ceux qui con oivent et contr lent administration centrale inspection g n rale et ceux qui ex cutent les enseignants est vidente 2 Le travail des enseignants est fond sur la parcellisation des t ches par section discipline heures d enseignement et leur r p titivit par classe et semaine d emploi du temps L l ve circule ni plus ni moins dans une cha ne d op rations o chaque op rateur enseignant contribue ajouter une plus value l mentaire J P Obin 1993 p 192 P Rayou 1992 cite le t moignage d une lyc enne qui exprime sa perception de ce ph nom ne Les professeurs ressemblent des machines parlent pour nous faire apprendre quelque chose sans vraiment savoir si on a envie d apprendre sans se poser de question On leur dit Il faut que vous appreniez a aux l ves ils le font sans contester p 292 Cette organisation du travail taylorienne est g n ratrice de frustrations le sentiment d tre jug ou de se percevoir soi m me comme interchangeable son poste le risque de d personnalisation de l enseignant li e la conscience de ne jamais pouv
11. ble et irr cup rable o c p 137 Ils font ainsi l conomie d une remise en question de leurs pratiques p dagogiques et restent attach s un ritualisme acad mique Ceux qui construisent une repr sentation de soi dans le r le d enseignant centr sur l l ve plus que sur la discipline valorisent cette adaptation de leur identit professionnelle privil giant l ducation sur l instruction 11 n est pas question de diminuer le niveau d exigence mais plut t d adapter si besoin est les formes p dagogiques aux nouvelles exigences du public scolaire o c p 141 D finissant leur r le professionnel en relation avec les transformations du public des moyens et des buts de l enseignement ces professionnels ont ainsi galement un rapport subjectif leur pratique leurs comp tences et leur efficacit professionnelles positif Un m me niveau d estime de soi peut donc recouvrir des attitudes et des v cus subjectifs en situation professionnel fort diff rents Une exploration diff renci e s impose Sachant que G Felouzis constatait galement que les deux grands types d attitudes qu il a identifi s ne recouvraient pas syst matiquement les questions du statut social du salaire ou des positions partisanes ou syndicales et pas davantage le contexte sp cifique des tablissements et du recrutement social des l ves nous allons tenter d appr cier l incidence de l ge du public sur ce v
12. e conforme la doxa manag riale en vogue de fa on viter l expression des tensions mais aussi celle des obstacles rencontr s dans son exercice bloquant par l l laboration de r ponses collectives l accroissement de la comp tition entre tablissements rivalisant dans la conqu te des options ad hoc et des bons publics la mise en place d un processus de fragmentation du syndicalisme enseignant partir des strat gies de transformation n es chez les dirigeants de la F E N sont des sympt mes d un m me processus d fensif collectif sur le mode attaque fuite W Bion 1961 L ext rieur l Autre coll gues tablissements syndicats est disqualifi et neutralis avec plus ou moins de succ s pour viter de l tre soi m me persuad d une menace par une atteinte de l estime de soi qui peut tre dissimul e sous une attitude critique hyperactive et revendicative Nos r sultats montrent que si l estime de soi est bien fonction du parcours de vie du sujet ce processus d fensif collectif semble d j acquis au sein m me des deux ann es de formation en IUFM La formation joue l encore un r le important dans la structuration du milieu et la construction des identit s professionnelles et repr sentations de soi des enseignants Mais l instar de B Geay notre confiance dans le d passement collectif de ce processus d fensif reste limit On ne peut ignorer
13. ent satisfaisante 56 2 Insatisfaisante 17 6 Perception de la 2de ann e de formation l IUFM Tr s satisfaisante 1 2 Satisfaisante 11 Total des jugements positifs 12 2 Moyennement satisfaisante 51 8 Insatisfaisante 36 source Enqu te IUFM Alsace 1993 1994 Effectif 210 en 1 ann e 228 en 2de En 2001 S Nadot confirmait la m me attitude critique et inqui te chez les tudiants d IUFM Un trop lointain rapport entre le savoir expos et l exercice du m tier tel qu ils le per oivent Des discours qu ils jugent int ressants peut tre pour un jour plus tard lorsqu ils auront plus d exp rience mais pas ce moment l de leur formation en tout cas pas dans l imm diat lls ne voient pas de lien entre les informations qu on leur donne et ce qu ils estiment pouvoir faire en classe L urgence est d acqu rir la comp tence ma triser un groupe d l ves avant celle de transmettre ce qu ils ont enseigner Il faudrait leur faire acqu rir la premi re avant de travailler la seconde o c p147 Derri re ces jugements disqualifiants et ces attitudes fortement revendicatives vis vis de leurs formateurs appara t chez ces tudiants un doute profond et aigu sur leurs propres comp tences et leur capacit faire face Les savoirs pr dicatifs qu ils remettent en question suscitent moins l effet jubilatoire de la
14. ent mises en uvre pourrait tre un processus d fensif destin avant tout r guler et faire face des tensions relationnelles insoutenables 3 Probl matique La fonction paradoxale de l estime de soi chez les enseignants 3 1 Question A l instar des m canismes de d fenses d ploy s contre la souffrance d crits par C Dejours 2000 l estime de soi ne pourrait elle tre concevoir comme une r ponse adaptative un d ni par le sujet lui m me de sa propre souffrance psychique lui permettant de maintenir son adh sion aux conditions de travail et au syst me moral et id ologique syst me d fensif produit collectivement par le corps enseignant 3 2 Hypoth se th orique Le conditionnement constituerait en quelque sorte la symptomatologie de la n vrose greff par m organisation du travail La frustration et les provocations cumuleraient leurs effets pour susciter conjointement une attitude r actionnelle Et dans une profession exigeant disponibilit et d vouement la seule solution autoris e consisterait id aliser son don aux l ves Ce qui est exploit par l organisation du travail ce n est pas la souffrance elle m me mais plut t les m canismes de d fense d ploy s contre cette souffrance C Dejours 2000 p 137 L estime de soi n est pas un indicateur lin aire de leur r sistance un conditionnement social ali nant deux constructions psychiques au moins nous semb
15. fessionnelle nous proposons de distinguer les diff rentes tapes dans la vie des enseignants en cinq phases successives en y situant les remaniements possibles de l estime de soi du sujet D abord la phase d exploration se caract rise par de l enthousiasme des contacts positifs mais aussi une certaine incompr hension des normes et des objectifs institutionnels avec parfois le sentiment de survivre avec des l ves difficiles et le constat r p t de ses limites et maladresses en situation Ensuite la phase de stabilisation correspond l engagement d finitif dans la profession avec le sentiment d appartenir un groupe de pairs La phase d orientation qui suit m ne certains s investir davantage dans le travail p dagogique tandis que d autres sensibles aux contraintes qui limitent leur action s attaquent aux aberrations du syst me Une phase de remise en question de soi avec une impression de routine et parfois une d sillusion Dans cette crise existentielle l enseignant peut conna tre alors des passages vide avec de nouveau l envie de quitter le m tier et le sentiment de se consumer Burn out M Huberman 1989 b En fin de carri re une phase de distanciation l enseignant se sent plus d tendu moins soucieux des probl mes de la classe ou se d sinvestit exprimant son d senchantement et le recul de son implication affective 5 4 L importance de la perceptio
16. i g n rale et explore en outre trois domaines de vie des individus professionnel familial social permet une approche assez fine par une diff renciation de l image que l individu a de lui m me et ou ses comp tences dans ces trois domaines 4 2 Population interrog e Statut Sexe Hommes Femmes Total Enseignants Ecole 19 101 120 primaire 80 139 219 Coll ge et 61 38 99 lyc e 11 67 78 Etudiants IUFM 45 174 219 34 107 141 Fac Total 125 313 438 Tableau 1 Echantillon Notre chantillonnage al atoire nous a conduit interroger bien plus de femmes que d hommes la fois dans la population tudiante et enseignante D une part ceci confirme le constat d j fait en 1993 par J P Obin d une f minisation de la profession D autre part la proportion d tudiants hommes ayant d clar leur projet d une carri re dans l enseignement alors qu ils ne sont encore qu en fac indique que cette f minisation devrait se poursuivre dans les prochaines ann es 5 R sultats 5 1 L ambigu t de l estime de soi Le hypoth se L alt ration des conditions de travail des enseignants facteur de stress correspondrait une d gradation de l estime de soi de cette population En cons quence l estime de soi des enseignants devrait tre plus basse que celle des tudiants aspirant devenir enseignant R sultat Hypoth se invalid e G
17. l 36 06 35 57 35 25 Tableau 4 Estime de soi et anciennet Mais on pouvait s attendre aussi ce que l estime de soi croisse avec l exp rience c est dire avec le sentiment de mieux savoir faire son travail Or chez les femmes enseignantes interrog es l estime de soi dans le travail d cro t au contraire apr s 10 ans d exercice professionnel L anciennet n est elle pas associ e la repr sentation de comp tence acquise dans cette population La requalification en professeur des coles a t elle les plus anciennes point les manques en terme de formation universitaire comme niveau de r f rence exig Cette r forme pourrait avoir induit une discrimination l int rieur de ce corps enseignant en leur d faveur et jouer comme facteur de valorisation seulement chez celles qui sont plus nouvellement entr es dans la carri re Sans doute serait il logique alors de supposer que l estime de soi de ces enseignants n est jamais aussi lev e que lors de leur formation qualifiante l IUFM avant la confrontation avec les r alit s de terrain et les responsabilit s professionnelles Mais nos r sultats montrent que ce n est pas le cas l volution de l estime de soi au cours de la vie professionnelle n est pas lin raire Commentaire A partir des travaux de M Huberman 1989 a qui a montr que les motivations de d part des enseignants voluent au fur et mesure de leur vie pro
18. lent possibles 1 cas En situation de disqualification sociale en terrain professionnel l individu soumettra sa repr sentation de soi l image de lui renvoy e par les autres dans ce domaine Ce processus de r troaction rel ve de la th orie de la dissonance cognitive qui postule que le sujet cherche la consonance quand il y a dysharmonie et qu il tend r tablir l quilibre ainsi compromis parfois m me au prix d une solution physiquement ou psychologiquement co teuse La connaissance que l individu a de la perception que les autres l ves pairs et encadrement institutionnel ont de lui guide son auto perception Une compensation pourra alors tre recherch e par une sur estimation dans le domaine familial 2 cas Le rejet social v cu ou per u et la d valorisation de soi lue ou interpr t e partir des interactions avec les coll gues sup rieurs hi rarchiques l ves parents d l ves et m dias peut attiser une d termination r ussir et le d passement de soi Il s accompagne alors d une confiance en soi et en ses capacit s dans le domaine professionnel peut tre au d triment d un d veloppement psychoaffectif panouissant et d une vie affective intime familiale en particulier 4 M thodologie 4 1 Outil de recueil de donn es Le questionnaire sur l estime de soi par l inventaire de Coopersmith Forme adulte traduction originale qui donne une indication d estime de so
19. lobalement il n y a pas d alt ration de l estime de soi entre futurs professionnels et enseignants confirm s Indices moyens d estime de soi populations Enseignants Etudiants G n rale 19 81 19 18 Sociale 5 78 6 01 Familiale 6 13 6 34 Professionnelle 5 65 4 99 Total 37 52 36 64 Tableau 2 Indices d estime de soi des enseignants et des tudiants se pr parant aux m tiers de l enseignement Commentaire Cela signifie t il que le contexte socioprofessionnel n influence pas ce qui serait une qualit individuelle En 1997 une enqu te r alis e par G Felouzis montrait que confront s aux transformations radicales de l enseignement pass en quelques ann es d un formalisme dominant et d un acad misme disciplinaire un pragmatisme donnant la priorit la compr hension de l l ve pour cr er les conditions favorables son expression et ses acquisitions deux mani res de concevoir le r le et le m tier d enseignant peuvent tre distingu es Ceux qui refusent la d cadence de cette cole qu ils ont connue en tant qu l ves studieux et brillants ou comme professeurs dans leurs fonctions ant rieures et qui se sont construit une image positive de soi et de la profession dans ce cadre ant rieur du syst me ducatif Ils d veloppent alors un m pris affich lors des entretiens mais aussi devant leurs classes des l ves jugeant leur niveau d plora
20. n de la formation professionnelle 4 hypoth se Valoris s par leur r ussite au concours d entr e l IUFM et leur future appartenance au corps des professeurs des coles les tudiants en IUFM devraient davantage avoir un sentiment de r ussite et de confiance en soi que leurs coll gues de fac L estime de soi des tudiants d IUFM devrait tre plus lev e que celle des tudiants de fac particuli rement dans le domaine professionnel R sultat Hypoth se invalid e L effet de consolidation de la confiance en soi attendu par l admission en IUFM apr s concours s lectif ne para t aucunement induire d augmentation de l estime de soi pakes om iR vens Plommes fi mes fi thimes Femmes dfgime de soi th iants en fidfntes en bdrants amp thAfhntes en populations IUFM IUFM en fac fac G n rale 21 18 62 20 17 19 50 Sociale 6 5 67 6 07 5 86 Familiale 5 5 6 12 6 25 6 45 Tableau 5 Estime de soi et formation professionnelle Commentaire Nous pensons que cet effet peut avoir t annul par le v cu subjectif du parcours de formation m me en IUFM En 1997 F Charles et J P Cl ment proc dant une enqu te de satisfaction aupr s d tudiants en IUFM mettait en vidence un malaise Perception de la lere ann e de formation l IUFM Tr s satisfaisante 2 9 Satisfaisante 23 3 Total des jugements positifs 26 2 Moyennem
21. oir vraiment achever sa t che de ne pouvoir qu exceptionnellement en prenant du recul se dire qu il a r alis quelque chose lui m me qu il l a bien fait et qu il est reconnu comme tel par le regard des autres inspecteurs coll gues l ves la perception de modifications profondes et rapides de l environnement avec une compr hension des finalit s et une pr visibilit r duite une production scientifique et technique acc l r e aboutissant la production de savoirs nouveaux transmettre et l volution des technologies des professions et des publics remettent en question une organisation p renne des conditions d enseignement et de formation des l ves 1 2 La question de l ali nation des enseignants Les attentes crois es des familles de l emploi avec les qualifications et comp tences dict es par le monde de l entreprise et de l Institution scolaire constituent les ferments d une crise des missions G Verpraet 2001 p 14 Enseignement m diation socialisation transmission ducation et gestion des conflits la d finition de la fonction et des t ches de l enseignant est d une complexit croissante Depuis 1980 les d bats publics portent sur l articulation entre la citoyennet l ordre social et la modernisation conomique et chaque ministre apporte sa r forme rapprochement des cycles coll ge unique massification des effectifs et d senchantement face au
22. ommes enseignant en primaire interrog s cumulant leur fonction d enseignant avec celle de directeur d tablissement est de 2 3 il est de 2 10 chez les femmes Commentaire En 1993 J P Obin constatait que la population enseignante semblait se distinguer de la population par un tropisme accentu vers l autonomie et un d sir d mancipation par rapport aux contraintes Ces caract ristiques taient propres en principe lui permettre d affronter les mouvements et les changements qui animent la soci t fran aise avec plus de s r nit et de tol rance que ses concitoyens p 179 Mais les femmes enseignant l instar de l ensemble des femmes fran aises semblaient plus sensibles l panouissement personnel que les hommes On observe une polarisation des motivations f minines sur l aspiration au bonheur et les besoins d affection Ce m me ph nom ne caract risait les enseignants les plus jeunes Les femmes et les jeunes cherchaient avant tout s panouir dans un environnement chaleureux o c p 180 tandis que les hommes exprimaient des motivations partag es associant panouissement utilit et reconnaissance sociale au travers du statut social et de ses attributs Les hommes participent ainsi bien plus largement que les femmes la vie corporative et institutionnelle mutuelles syndicats responsabilit s administratives dans les tablissements Notons ici qu en 1987 le COFREMCA annon
23. thologie en g n ral se manifeste par des sympt mes de d valorisation de soi et de d pression un d ficit sth nique un d couragement une d motivation Les exigences de disponibilit et de d vouement d une profession apparaissent comme un pi ge psychique lorsque les contraintes environnementales oeuvrent dans le sens de l ali nation 2 2 La R silience Le concept de r silience individuelle se d finit pr cis ment comme la capacit d une personne pouvoir faire face une situation d l t re continuer se d velopper et augmenter ses comp tences partir de la situation adverse M Anaut 2003 c est dire la capacit de ma trise et le sentiment de pouvoir sur son environnement li la reconnaissance par l individu lui m me de ses comp tences dans son domaine Une telle ressource individuelle pourrait permettre aux enseignants de d passer les facteurs de stress de leur situation professionnelle Y Lebosse et M Lavalee 1993 puis S Luthar 2000 ont expliqu que par le processus de r silience une personne qui se trouve dans des conditions de vie plus ou moins incapacitantes d veloppe en mettant en uvre des actions concr tes le sentiment qu il peut exercer un plus grand contr le sur les aspects de sa r alit psychologique et sociale La situation stressante para t alors tre la condition de l mergence du processus r silient c est dire de l habilet de fonctionner de f
24. tives des enseignants se caract risent par un t tonnement et des alternances entre laboration progressive d actions constructives passages r gressifs dans la dynamique du groupe classe report de l enseignement sur une position institutionnaliste avec appel au surveillant CPE voire la police Nous rencontrons ainsi dans la situations des enseignants cinq facteurs d un sentiment d ali nation pathog ne 1 l isolement tre loign des centres de pouvoir 2 l impuissance l absence de contr le social produit par la non compr hension des valeurs pr sidant aux d cisions ou l absence de d cision 3 l absurdit des actes sont pos s et r p t s comme en attendant sans conviction 4 l absence de normes l absence de r gles de conduites dans une situation de transition 5 l ali nation de soi lorsque l image de lui m me qui est renvoy e au sujet par le groupe est diff rente de son tre 2 Cadre th orique l estime de soi condition ou facteur de r silience 2 1 Le Burn out En 2000 C Dejours note que le Burn out le syndrome d puisement professionnel qui atteignait lectivement les personnes ayant pour t che le service ou l assistance aux personnes en difficult s identifi et d crit la fin des ann es 70 semble pouvoir s observer maintenant chez des personnels qui en taient jusque l indemnes dont en particulier les enseignants Cette pa
25. x difficult s rencontr es avec la mont e de la pr carit sociale effets pervers du 80 d une classe d ge au niveau du baccalaur at B Charlot 1993 La valeur de r f rence d id al et de mod lisation des mod les ducatifs fonctionne de moins en moins Une d sorientation scolaire r sulte de ce syst me d attentes non convergentes J M Berthelot 1993 La crise de la symbolisation et de l autorit symbolique corollaire fr quemment additionn la crise de socialisation dans les familles pr caires ch mage migrations ruptures familiales affecte la qualit de la responsabilit co ducative entre parents et professeurs trouble l implication scolaire des l ves et donne aux t ches d valuation jugement et orientation des enseignants des accents de r pression v cus comme culpabilisants ou d pass s G Verpraet 2001 p 53 Les tensions professionnelles d crypt es dans les coll ges de banlieue notamment sous la cat gorisation de violences mettent en jeu l identit professionnelle des enseignants Le rapport au savoir et aux publics le rapport sa propre formation sont interrog s fortement par le enseignants dans ces situations de rupture o c p 115 Ambivalences sentiment d ins curit et de limite du d veloppement de sa capacit d action lorsque le contrat scolaire les codes traditionnels ne sont pas respect s par les l ves et ou leur famille les strat gies adapta
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