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lycéens et apprentis au cinéma - Cinéligue Nord

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1. ler au grand jour la puissance imaginaire des cr a tures de la nuit Il n attend gu re pour faire de Dracula une ic ne et du livre de Bram Stoker 1897 le fondement d un mythe moderne large ment r pandu apr s le Nosferatu 1922 de EW Murnau par les productions de la Universal dans les ann es 1930 le fameux Dracula de Tod Browning et par celles de la Hammer dans les ann es 1950 entre autres Le Cauchemar de Dracula de Terence Fisher Tr s rapidement sur grand et petit crans les repr sentations du vampire perdent de leur nettet et les fronti res brouillent N tant plus rel gu e une poque ancienne ou de loin taines terres gothiques la figure terrifiante peut prendre l apparence d une fr le gamine et se retrou ver enlis e dans le grand froid nordique Nosferatu de E W Murnau MK2 Tradition et variations l instar de multiples productions depuis les ann es 1970 le vampire fait peau neuve dans Morse mais sa mue laisse entrevoir des traces plus anciennes persistantes tout en se passant d un cer tain attirail gousses croix miroirs chauve souris Avec Eli descendant du taxi Alfredson et Lindqvist rejouent l arriv e nocturne de Dracula Grande Bretagne bord du Demeter Comme dans Vampire vous avez dit vampire 1985 de Tom Holland o Charley Brewster observe depuis sa chambre les vitres calfeutr es par son nouveau voisin on assiste l am nageme
2. possible allusion La truie Livre de sang nouvelle prouvante de Clive Barker sur un centre de r habilitation pour jeunes d linquants et la sc ne de viol dans D livrance 1972 de John Boorman Cinquante quatre jours de tournage ont suffi Les principaux lieux retenus sont Blackeberg la sc ne de lescalier o Virginia est agress e son m tro Racksta la brutale sc ne du pont et Lule dans le grand Nord su dois qui offre les t n bres et les basses temp ratures id ales pour les prises de vues Fid les au roman Alfredson et Lindqvist ont reconstitu la Su de des ann es 1980 mode vestimentaire engouement pour le Rubiks Cube allusion Brejnev Mais leur volont pas t de faire un film d poque plut t d ob tenir une forme de proximit lointaine Ainsi la chanson de Per Gessle enten due quand Oskar lit le journal a t compos e pour le film dans le style 1980 vitant le recours une reprise susceptible de cr er un effet de reconnaissance trop pr cis affiche de concert des Clash tr ne certes dans la cave alors que retentit une chanson d Agnetha F litskog mais rien de pittoresque plut t une ambiance Blackeberg banlieue situ e vingt cinq minutes en m tro du centre de la capitale est une sorte d utopie urbaine de la Su de sociale d mocrate un centre p riph rie un rien d connect Morse tire parti de cette singularit pour faire du lieu une bulle une localisat
3. TOMAS ALFREDSON VORS EETA MODE D EMPLOI Les premi res rubriques de ce livret plut t informatives permettent de pr parer la projection Le film fait ensuite l objet d une tude pr cise au moyen d entr es vari es r cit s quence associ es des propositions de travail en classe Les derni res rubriques offrent d autres pistes concr tes pour aborder le film avec les l ves Des rubriques compl mentaires s appuyant notamment sur des extraits du film sont propos es sur le site internet www lux valence com image D Le pictogramme indique un lien i A direct entre le livret et une des A 8 rubriques en ligne 45 alence Directeur de la publication ric Garandeau Propri t Centre National du Cin ma et de l image anim e 12 rue de L beck 75784 Paris Cedex 16 T l 01 44 34 34 40 R dacteur en chef Simon Gilardi Centre Images R dacteurs du dossier Guy Astic et G raldine Gussard Conception graphique Thierry C lestine Conception printemps 2011 Centre Images p le r gional d ducation artistique et de formation au cin ma et l audiovisuel de la R gion Centre 24 rue Renan 37110 Ch teau Renault T l 02 47 56 08 08 www centreimages fr Achev d imprimer juillet 2011 SOMMAIRE Synopsis et fiche technique R alisateur L insoutenable l g ret Acteurs Puissance et subtilit
4. Swedish Love Story La vie n est pas faite pour la solitude D s leur premi re rencontre Eli affirme qu ils ne peuvent pas tre amis La suite va prouver le contraire les corps se rapprochant peu peu les accolades sont d abord crisp es comme apr s le vomissement puis les treintes sont plus d tendues la sc ne du lit jusqu au long baiser du vampire aux l vres r chauff es par le sang bu ln Lu S LECTION BIBLIOGRAPHIQUE Sur Morse Pierre Charrel Morse Un vampirisme salvateur Positif n 576 f vrier 2009 p 48 Vincent Le Corre Morsure et castration 2009 http vincent le corre fr p 4 Mad Movies Dossier Vampirama critique de Morse par David Doukhan p 46 et entretien avec Tomas Alfredson n 216 f vrier 2009 St phane du Mesnildot l enfant vampire Cahiers du cin ma n 654 mars 2010 p 52 Rochelle Wright Vampire in the Stockholm sub urbs Let the Right One In and genre hybridity Journal of Scandinavia Cinema vol 1 n 1 2010 pp 55 70 Axel Zeppenfeld Morse de Tomas Alfredson Cahiers du cin ma n 642 f vrier 2009 pp 48 49 Sur les vampires au cin ma et en litt rature lisabeth Campos amp Richard D Nolane Vampires Une histoire sanglante Lyon Les Moutons lec triques coll Biblioth que des miroirs 2010 Jean Marigny Sang pour sang Le r veil des vampires Paris Gallimard c
5. tourn Elle pourrait rajouter tour ner rond Condamn e l ternit port e comme un fardeau elle doit tuer le temps et pour cela elle s emploie reconstituer des puzzles Belle fa on de dire la solitude du vampire 2 Cf l anthologie pr sent e par Barbara Sadoul La Solitude du vampire De Bradbury Seignolle Paris Librio 2003 friction invent la fin des ann es 1960 par Richard A Waters Sons cristallins et effets de basse r verb r s sont associ s pour accentuer le myst re surtout celui et de sa relation avec Oskar Chez le p re Oskar rend deux fois visite son p re qui semble vivre des ann es lumi re de la Su de urbaine les plans larges de l ext rieur insistent sur l isolement de la maison et sur le fait que p re et fils semblent seuls au monde Oskar replonge dans le temps pr serv de l enfance il est tract par son p re en moto neige retrouve une miniature de char le pull paternel dans lequel il se blottit Cette dimension de cocon s effondre dans la seconde sc ne sans clats de voix ni gestes brusques le plan sur les sandales enneig es du visiteur habitant donc pas tr s loin suffit dire que le ver est dans le fruit que le p re partage une autre forme d intimit homosexuelle plus forte que celle qu il entretient avec son fils Musique de film Ex cut e par Johan Soderqvist compositeur su dois r put pour ses colla
6. de l incarnation Gen se Adaptation et cristallisation criture Du roman au film Genre Le film de vampires Avant la s ance D coupage s quentiel R cit plut t que l enlisement Mise en sc ne Formes tablies S quence L horreur en apn e Plan pilogue Motif a neige Technique Proximit s sonores Filiations Enfance et Pistes de travail Atelier Floril ge sensoriel T moignage La Su de en toile de fond S lection bibliographique 10 12 14 15 16 17 18 19 20 i 4 i Affiche su doise Morse L t den r tte komma in Su de 2008 R alisation Sc nario Photographie Son Musique Montage D cors Costumes amp maquillage Producteurs Production Distribution France 2011 Dur e Formats Sortie su doise Sortie fran aise Interpr tation Oskar li H kan Erik Yvonne Lacke Virginia Jocke G sta Morgan Larry Avila Conny Andreas Martin Jimmy Tomas Alfredson John Ajvide Lindqvist d apr s son roman Hoyte Van Hoytema Mikael Brodin Per Sundstr m Johan S derqvist Dino Tomas Alfredson Eva Nor n Maria Strid John Nordling Carl Molinder EFTI Films Chrysalis Films 11 44 35 mm couleurs 1 2 35 26 janvier 2008 4 f vrier 2009 Hedebrant Lina Leanders
7. le seul tre de plain pied dans l ge pubertaire du vampire et de sa force d attraction r pulsion Oskar plong sous l eau 30 38 la cam ra reste d abord la surface m nageant un pur moment de suspense gros plans sur l horloge suppliques et visages tendus des enfants qui oblige Andreas s asseoir l cart pour ne pas voir 39 54 il sera le seul pargn n ayant que ses yeux pour pleurer Renaissance dans un bain de sang Tout bascule ensuite dans l horreur film e depuis un long plan sub aquatique Sous la ligne de flottaison nous parviennent les bribes audiovisuelles du carnage La brutalit ainsi touff e est amplifi e Alfredson tablit alors un moyen terme entres les sc nes de piscine anxiog nes et suggestives de La F line 1942 de Jacques Tourneur ou Suspiria 1977 de Dario Argento et l affrontement sanglant dans la piscine d saffect e de Jennifers Body 2009 de Karyn Kusama Le traitement visuel est fragmentaire et gore pieds qui s agitent 55b t te et bras coup s 55c 55d le traitement sono re lui est plus continu rapportant la rumeur sourde d un monde qui hurle la mort C est sans doute le plan du film o Alfredson r unit le plus intens ment macabre et comique Oskar garde les yeux ferm s jusqu ce qu un bras vienne le tirer de la noyade 55e fa on de souligner comme pour la sc ne o Eli se jette sur Lacke dans son dos qu il ne voit jamais l
8. me s quence c est pour insister sur la nature unique et secr te de la relation ainsi nou e C est aussi pour parache ver la r sonance po tique de ce mode d expression qui transforme la mati re inerte mur de s paration planche de bois en surface mouvante et parlante Les plans incluant du morse constituent un r seau de rimes audio visuelles l origine d un circuit de communication paradoxal digne de Poxymore puisqu il repose sur la fragi le puissance de la tactilit impliquant le contact distance Cela commence avec l apprentissage du principe des courtes et des longues 00 35 18 La le on est aussit t suivie de sa mise en application de chaque c t de la cloi son Eli et Oskar communiquent excluant H kan qui tend l oreille sans pouvoir acc der ce qu ils se disent 00 37 34 Plus tard Oskar ne frappe pas la porte de l appartement mais se signale en morse 01 15 05 fa on de r tablir imm diatement leur intimit alors qu ils se sont quitt s sur de mauvaises bases Eli a brutale ment r v l sa nature de vampire en se pr cipitant sur le sang d Oskar gouttant sur le sol LAN pilogue Le train emporte Oskar et Eli vers une vie nouvelle un ailleurs ce qui semble esquisser un happy end Pourtant rec le part d ombre En un plan s quence peine une minute 01 44 36 01 45 35 Tomas Alfredson insinue la co
9. re deux modes semblables de pr sence au monde la trouble identit d Eli Je ne suis pas une fille correspond le trouble identitaire d Oskar qui semble dire Je suis d j plus un gar on Lina Leandersson incarne ainsi une figure anachronique tiraill e entre les temps elle a l extraordinaire facult de moduler ses traits de mani re passer vue d un visage de ga mine une face marqu e par le poids des ans Lors de la s quence o Eli franchit la porte d Oskar sans y avoir t invit e le spectateur prouve la m me sensation que H kan dans le roman effray par ces yeux de Samuel Beckett dans le visage d Audrey Hepburn Le brouillage des ges ne s arr te pas la physionomie il passe aussi par la voix Pour Per Sundstr m sound designer du film pas de doute Eli a deux cents ans pas douze Il fallait repr senter cette incongrui t En plus cela la rendait mena ante2 Or Lina Leandersson ayant une voix trop aigu Tomas Alfredson a recouru Elif Ceylan pour doubler int gralement l actrice principale et obtenir des tonalit s vocales plus caverneuses renfor ant le caract re sans ge et l andro gynie du personnage De son c t Oskar traverse le film comme plong dans un tat second la p leur et la blondeur de K re Hedebrant le rapprochant du h ros de Noi Albinoi 2002 de Dagur h ros d phas qui joue au Cube avec la m me
10. 2008 tout en intensifiant les motifs de la pure attraction et du d sir Preuve en est la sc ne o Eli se couche aux c t s d Oskar aussi ing nue que Jenny se glissant dans le lit de son ami d enfance dans Forrest Gump 1994 de Robert Zemeckis Le temps semble s arr ter soulignant l entre deux exis tentiel de ces deux corps d nud s se fr lant et s enla ant il ouvre un au del de la sexualit une forme d amour courtois Laura po tique de la sc ne se prolonge dans le mot d Eli inscrit sur la bo te de bonbons Je dois partir et vivre ou rester et mourir citation de l acte sc ne 5 de Rom o et Juliette splendide variation autour du lever du jour funeste la passion autant qu au vampire Le subtil dispo sitif conjoignant innocence gravit et sensualit transpara t aussi dans la mani re dont Eli s amuse au bulleribock sur le dos et les bras d Oskar jeu de devinette sur fond de comptine su doise fredonn e Le contact corporel exprime alors le pudique don de soi de la vam pire En m me temps qu Oskar accepte qu elle ne soit pas fille Eli accepte de sortir avec lui E vidence ontologique de l amour triomphe Parce que c est elle parce que c est lui 1 John Ajvide Lindqvist Laisse moi entrer Paris ditions T l maque 2010 p 127 2 In Magasinet Filter 17 septembre 2008 GENESE Adaptation et cristallisation La parution de Laisse moi e
11. Esth tiques hors cadre 1999 Michel Chion Un art sonore le cin ma Histoire esth tique po tique Paris Cahiers du cin ma coll Essais 2003 Francisco Ferreira Formation sur le son au cin ma www clairobscur info files 429 LACBsonFERREITRA pdf LATIONS Enfance et d viances Linnocence peut tre un enfer la phrase est prononc e dans L Enfant miroir 1990 de Philip Ridley o le jeune Seth est persua d que la veuve de son bourg rural de l Am rique des ann es 1950 est un vampire Morse et nombre de films vou s la p riode pr c dant l adolescence ciblent l ambigu t attach e au monde de fance vuln rable et prometteur entre puret et d naturation Ils insistent sur les relations complexes la norme la morale l identi t sexuelle dans Tomboy 2011 notamment C line Sciamma d veloppe un inqui tant r cit partir du physique androgyne de Laure se faisant passer pour un gar on Eli en est vraiment un mais castr Se pose alors la question de monstruosit l enfant est en principe celui qui s effraie du croquemitaine de la chose tapie dans le placard Or une terrifiante r versibilit peut agir l enfant prend la place de qu il redoute Passe temps monstrueux Comme lillustre Morse cf p 9 la marge est troite entre jeu et atrocit lexemple le plus prouvant est donn par Les R volt s de 2000 1976 film phare avec LE
12. bruit de la tron on neuse entamant la glace pour d ga ger le corps de Jocke 19 16 Atelier pratique sonoriser Un atelier de sonorisation peut tre propos sur la sc ne o Oskar d fie Eli d entrer sans y tre invit e Au pr alable seront rappel es les com p tences li es au son pour un film ing nieur du son et le perchman uvrent la prise de son direct le monteur son tablit les sons ajouter am liorer remplacer le mixeur son orchestre tous les sons apport s musiques comprises D j soucieux de ne pas en faire trop lors du tour nage Alfredson d cide en post pro duction d enlever les effets sonores appuy s et la musique conf rant un aspect tape l il la sc ne De son c t Matt Reeves utilise dans Let Me In 2010 le remake de Morse une musique aux inflexions mystiques avec voix blanches Une fois l extrait vierge de tous sons import dans un logiciel de montage les l ves auront pour consigne de le mu sique est autoris e en motivant leur approche visent ils la dimension hor rifique naturaliste path tique lyrique etc Veulent ils souligner le caract re spectaculaire du moment ou la torture int rieure subie par Eli r sum e ainsi dans le roman Oskar regarda de nouveau Eli dans les yeux et ne la trouva pasi 1 John Ajvide Lindqvist Laisse moi entrer op cit p 401 Ressources Banques de sons http w
13. chaulle l imaginaire et la percep tion au sein m me d un monde qui conserve toute sa froideur O il a pas tout mais o chaque mot chaque regard chaque geste a des dessous le plan embl matique en la mati re serait celui vol de la cicatrice la place du sexe Cette trace d une absence est retentissante l image de la simplifi cation cr atrice qui motive le geste cin matogra phique d Alfredson le pousse mettre en sourdine le spectaculaire vampirique Dire le plus suivant une grande conomie de mots sans recourir de vastes chelles de cadre peu de plans larges dans le film ou de brusques mouvements de cam ra c est atteindre un sublime voil au diapason de la trouble puret de lamour inconditionnel d Oskar 1 L onard Haddad Comme dans un r ve livret du dvd Morse Metropolitan Film amp Video 2010 p 15 2 B n dicte Martin Vaillant d faut du net Esquisse de probl matique sur la place du flou au cin ma Simulacres n 7 novembre 2002 p 121 3 Robert Bresson Notes sur le cin matographe 1975 Paris Gallimard coll Folio 1995 p 35 Transparence et obstacle des enjeux de Morse film fonci re ment tactile est le contact physique entre les deux jeunes protagonistes Outre les pisodes du Rubik s Cube vecteur d effleurement ce contact sur vient pour la premi re fois quand Oskar initie Eli au morse cette derni re fini
14. de mort et de silence Les l ves identifieront ais ment les moments qui mettent en avant et la vue Il leur sera aussi demand de pr ter une attention aux autres sens plus empiriques et plus indirectement mis en uvre par le cin ma le go t le toucher Trois sens D s les premi res images Morse fait place la sensation tactile Oskar appose sa main sur la fen tre de sa chambre comme pour va luer la r alit d enfermement dans laquelle il semble aussit t pris ou peut tre tenter d imprimer sa marque un monde auquel il ne semble d j plus tout fait appartenir son exclusion est signifi e par le harc lement subi quotidiennement et son go t prononc pour les faits divers sanglants le pousse s inventer des r les mor bides avec son couteau D abord contraint le gar on s approprie le toucher pour le tourner son avantage Il renvoie ainsi le coup de cravache re u au visage en blessant l oreille de Conny Mieux en recourant au morse il transforme les s parations en surfaces haptiques susceptibles de le sortir de son isolement Alors que l enfant surmonte les obstacles pour communiquer avec Eli H kan de son c t perd le contact avec elle il doit se conten ter d une fugitive caresse sur le visage m me visage qu il finira par d figurer en versant de l acide liquide qui substitue la douceur du fr lement la douleur des br lures La se
15. du sur place 4 ce qui annonce qu il ne sera d aucun secours pour Oskar parti voir le feu d clench par les conspirateurs 6 on l entend crier hors champ d une fa on aussi inefficace que lors de la sortie sur le lac alors que la cam ra reste riv e sur le fr re de Conny introduit dans le champ par le travelling arri re 7 Entre temps Martin poursuit le cours d aquagym dans une s rie de champs contre champs 5 8 9 10 11 12 o la plong e insiste sur la position d inf riorit d Oskar Le radiocassette passe Flash in the Night 1982 du groupe Secret Service chanson que Tomas Alfredson qualifie de voix coinc e dans une caisse Le dernier long d place ment de cam ra la suite se d cline en plans majoritairement fixes et serr s vide le lieu des enfants figurants et r unit la victime et ses bourreaux 13a appara t dans le pano travelling un couteau cran d arr t 13b qui signifie le point de non retour Jimmy fait face Oskar S r de lui il n a pas besoin de rester debout pour le dominer Il s accroupit et la succession des champs contre champs souligne son emprise et la violence de la loi du Talion non c e 14 15 24 Le poste radio jet dans l eau par Conny le pi ge se referme un peu plus 25 26 isole d finitivement Oskar Retrouvant ses r flexes de gosse soumis il ob it au signe de main de Jimmy 27 28 29 geste quasi hypnotique qui rapproche l adoles cent
16. les restes de femmes disparues prises dans des cong res dans X Files R g n ration 2008 on songe au corps de Jocke dans la glace il y a le gore potache de Dead Snow 2009 les gicl es sanglantes de Cold Prey 2006 dont l h tel abandonn dans les montagnes norv giennes rappelle Overlook de Shining 1980 le gore sauvage de 30 jours de nuit 2007 o des vampires d barquent dans une bourgade de l Alaska plong e durant un mois dans la nuit Dans The Children 2008 Tom Shankland filme en plong e les tra n es de sang sur la neige indiquant que le corps du p re a t d plac sur une luge par les enfants pass s ma tres dans l art de la cruaut Dans Laisse moi entrer H kan parcourt les premi res lignes du Joyau de la reine 1834 roman d Almaqvist dont le personnage le plus myst rieux est androgyne Fargo J et Coen 20th Century Fox Shining S Kubrick Warner Noi Albinoi D Kari One plus One Essential Killing J Skolimowski Skopia Film Tintomora Deux choses sont blanches l innocence et l arsenic La citation r sume lambiguit de la blancheur dans Morse qui rapproche les extr mes joue des confusions En recouvrant tout la surface neigeuse attire l attention sur ce qui est enfoui malm ne les rep res ordinaires Dans The Thing 1982 John Carpenter conjoint lunivers glac de l Antarctique et une menace informe pour dire l incertitude identitaire personne n es
17. m re seule 15 Il joue au Rubiks Cube au pied de son immeuble La jeune fille fait son apparition Il s tonne de son odeur et la voyant peu couverte lui demande si elle a froid J ai oubli cette sensation En la quittant il lui laisse son cube l enfant se plie en deux le ventre gargouillant 16 Attaque 00 22 10 sous un pont elle se jette sur Jocke Elle boit son sang et lui brise la nuque sous le regard de G sta 17 travers la cloison Oskar essaie d entendre les reproches que H kan fait la jeune fille 18 G sta part raconter ses coll gues ce qu il a vu de son balcon Sur place le corps de Jocke a disparu 19 emport par H kan qui sen d barrasse dans la partie du lac qui n est pas encore gel e 20 Douze ans plus ou moins 00 28 03 le lendemain Oskar r cup re son Rubiks Cube compl t 21 Il l emporte l cole et le soir venu retrouve sa voisine Elle lui dit s appeler Eli lui montre comment elle fait pour le cube 22 Morse 00 31 36 Oskar reste en classe pour recopier l alphabet morse 23 sa sortie il est agress par le trio qui le harc le 24 Frapp au visage il dit sa m re avoir gliss 25 Eli len joint rendre coup pour coup 26 Tous deux s exercent au morse de chaque c t du mur qui les s pare 27 Oskar pr voit de se mettre lhal t rophilie 28 un autre rendez vous il offre des bonbons Eli Elle se force
18. o les corps sont comme fig s surcadr s Se r pondent ainsi l image sa fen tre et celle de H kan piant les enfants depuis la fen tre de l appartement Subtile fa on de sugg rer que le gamin est en train de prendre la place de l homme qui puis semble volontairement rater ses coups il a fait son temps Eli lui pr f re d j Oskar et le chasse de sa chambre pour changer en toute intimit avec ce dernier Le passage de t moin est mat rialis par la perche orange qu utilise H kan pour pousser le cadavre de Jocke dans l eau et dont sert Oskar pour frapper Conny Conte cruel Morse articule innocence et violence en brouillant les rep res entre monde adulte et monde de l enfance Le motif du jeu pr domine dans le film cage poules Rubiks Cube bulleribock suivant une trouble polarit d un c t il rapproche les ges m nage des moments de complicit la course en moto neige et le morpion avec le p re le brossage de dents avec la m re la gym et les jeux de bains de M Avila de l autre il d marque un peu plus la perver sion et l inqui tante immaturit des grands H kan du lait utilise une luge pour transporter un cadavre est tanc comme un gosse par G sta reste clo tr avec ses chats Comment interpr ter aussi ce moment o Oskar tel un parent allume la lumi re de la chambre de sa m re et la regarde dormir dans le roman il le fait en tenant so
19. presque Les extr mes se touchent signifiant au plus vrai 1 Cf http lesgivresdlabobine wordpress com category pan scandinavia page 3 ACTEURS Puissance et subtilit de l incarnation D s ses premi res r alisations Tomas Alfredson pris l habitude de mettre en sc ne des enfants l instar de Karl Linnertorp incarnant Morgan dans Four Shades of Brown gar on peu bavard mais la soif de vivre flagrante doubl e d un mal tre tout aussi grand le cin aste privil gie chez ses jeunes interpr tes l expressivit physique leur capacit en dire plus qu avec les mots habiter les silences et les creux de laction Il lui a fallu un an pour constituer le duo de Morse la brune aux yeux noirs et le blond aux yeux clairs finissant par nouer une relation fusionnelle un amour par del la mort et par del le corps Lina Leandersson n e le 27 septembre 1995 qui a postul via un service de casting op rant sur Internet obtenu le r le apr s trois auditions Contrairement sa partenaire Hedebrant n la m me ann e avait d j fait l acteur jouant 2005 le r le titre du gosse farceur dans Emil i L nneberga pi ce de th tre inspir e de populaires livres pour enfants d Astrid Lindgren la cr atrice du personnage de Fifi Brindacier Entre les ges Si les gros plans soulignent la radicale diff rence de l apparence phy sique des enfants le film sugg
20. transfigure les surfaces inertes et les espacements en caisse de r sonance Il en va ainsi de ce plan 00 37 42 qui coince Oskar au centre de l image laisse flou envahir le reste du cadre 9 La magie op re gr ce au morse l change est sublim par la paroi assouplie d sor mais parlante En revanche quand il s agit de se faire face pour s enlacer la crispation gagne les corps se rigidifient ce n est pas le cas dans la sc ne du lit mais Oskar tourne le dos sa petite amie Quand Eli part vomir le bonbon derri re un b timent qui souligne l impasse dans laquelle elle se trouve limpossibilit de consommer toute autre nourriture que le sang Oskar la rejoint et l treint Mais Eli garde les bras le long du corps n tant pas encore s re qu il acceptera sa vraie nature de gar on castr et de vampire Seul l loi gnement la pr sence r it r e d obstacles jusqu au couvercle final de la malle peuvent faire des en fants des mes s urs Alfredson dit avoir abord Morse comme 51 tour 9 nait un film muet Les situations et les dialogues se distinguent alors moins par leur dimension narrative que par leurs ramifications implicites vo catrices le spectateur doit compl ter la signification d une posture d un encha nement d un d tail ou d un objet le pull rouge du p re la caresse d Eli sur le visage de H kan le reflet d Oskar dans la fen tre Cela
21. a vampire en action mue par sa nature monstrueuse Par ailleurs quelque chose de pri mordial se joue comme le confirme la pr sence de l l mentaire Peau et le feu le bain l tal devient bain matriciel Dans un passage du flou au net symptomatique de l tat de semi conscience qu il quitte 56 57 Oskar ouvre les yeux tel un nouveau n ne pleure pas mais sourit la vie nouvelle qui se pr sente lui 58 59 Eli la engendr c est le terme employ pour d signer l action consis tant transformer un humain en vampire mais sans conta min Toute naissance s accompagne de sang ce que rappelle Alfredson dans l ultime plan large 60 s apparentant une photo de Gregory Crewdson le spectateur est convi contempler lam pleur du d sastre dans un lieu ordinaire transform en th tre de la cruaut l ironie macabre red fini l espace ajoutant aux lignes g o m triques claires au bleu et aux couleurs pastel dominantes le sang qui tache et les bouts de corps d membr s 1 ses s ries Twilight 1998 2002 Dream House 2002 et Beneath the Roses 2003 2005 o des sc nes de la vie quotidienne captur es en plan large basculent dans l inqui tante tranget Oskar souffre douleur La s quence de la piscine conclut une s rie d humiliations subies par Oskar Les l ves pourront ainsi relever cinq sc nes et tabliront ce qui les rap proche et les di
22. ans Oskar malmen et le lien d Eli au sang font songer l humiliation par le sang que subit Carrie dans le roman et le film ponymes mais l h ro ne imagin e par Stephen King a dix sept ans 2 Stephen King Anatomie de l horreur Danse Macabre 1981 Monaco ditions du Rocher coll Suspense 1995 p 230 Halloween de J Carpenter Opening 17 18 PISTES DE TRAVAIL Comique macabre Dans quelle mesure le comique intervient il dans le film Sans effa cer le caract re inqui tant et sordide des situations Morse m nage des moments o intervient le rire malvenu pour reprendre pression de Jean Fabre non pas rougissant mais jaunissant charg d ambivalence parce qu h sitant entre la r cup ration rapide du choc motionnel et l angoisse de la nouvelle v rit surnaturelle Pareil rire de surface d marque une sourdine insistante celle du quotidien en perte de contr le en proie aux d raillements aux tensions gro tesques le faisant voluer au bord du gouffre Ce d bordement ponc tuel est d autant plus frappant qu il se manifeste dans un monde de la retenue minimalisme de la parole et des mouvements corps engon c s et ralentis par le froid Dans ce contexte les gestes approximatifs de H kan deviennent des postures dignes de figurer au r pertoire burlesque Dans la sc ne du vestiaire la m thode adopt e semble bien incoh rente r p tant le dispositif de la sc ne du bo
23. ar sort d une histoire crite d avance l assignant au r le de souffre douleur pour retomber dans une autre vivre avec un vampire qui certes plus d ampleur mais reste ali nante Ext nuation et relance Coinc dans son quotidien Oskar se voue corps et me Eli elle m me riv e son ternit C est une forme d chappatoire pour le gar on qui prend confiance en lui Mais l image du Scandecor servant de tapisserie sa chambre ou l instar de Lacke r vant d acheter une maison de campagne vendant un timbre tir d une mallette d sesp r ment vide son affirmation per sonnelle rec le une d illusion Une sc ne traduit bien pareille tension entre vraie lib ration et faux semblant l enseignante raconte la classe Bilbo le Hobbit elle referme le livre d un coup sec sur la phrase Bilbo s tait enfui annonciatrice du d nouement du film provoquant le r veil des enfants hypnotis s par le r cit En se d pla ant dans le champ elle r v le Oskar absorb par une autre t che la retranscription du morse partir d un dic tionnaire L effet de cache du plan en dit long sur la marge de man uvre lais s e au gar on il fait tout pour trouver une autre voie de communication sor tir de sa condition mais de son entreprise est d j crite que ren force l insistance de la glaciation tant m t orologique que physique les plans fixes abondent
24. borations avec Susanne Bier Brothers After the Wedding la bande originale de Morse privil gie m lodie et harmonie en vitant les orchestrations illustratives de l horreur ou de l angoisse Tomas Alfredson demand au musicien d accentuer le romantisme et la tristesse plut t que la violence Il l a ainsi orient vers la Pavane de Gabriel Faur pour sa majestueuse lenteur Outre des mouvements plus symphoniques Soderqvist livre un morceau au piano pour d crire l int riorit d Oskar une ballade m lancolique la guitare la premi re sc ne chez le p re ou encore des airs au waterphone instrument ATELIER Floril ge sensoriel l un des prolongements autour de Morse apr s la projection peut por ter sur les sensations prouv es Les l ves ne manqueront pas d vo quer les impressions de lenteur de malaise de peur de tristesse dim mersion dans un monde part Ce sera l occasion de parler de lim pr gnation audiovisuelle m nag e par le cin aste notamment via un montage aux antipodes de la fr n sie des images qui s empare souvent des films de genre actuels la pr f rence accord e aux plans qui durent favorisant des perceptions m l es et plusieurs degr s les constants passages du flou au net cf p 10 On soulignera que l emprise sen sorielle est plus manifeste voire accrue qu elle s exerce dans une fiction ancr e dans un espace de froid
25. cination pour la violence Le gar on est m par le m me pen chant qui pousse le jeune quatuor partir la recherche d un cadavre dans Stand by Me 1986 ou Seth et ses camarades faire exploser un crapaud au d but de l Enfant miroir De son c t Eli se rapproche plu t t de forces du Mal engendr es malgr elles l instar de l h ro ne de Dorothy 2008 d Agn s Merlet soup onn e d avoir tu un b b elle est en fait le fruit d une communaut recluse dans une petite le du nord de Il en va de m me pour Sadako dans Ring 1998 d Hideo Nakata enferm e vivante dans un puits elle revient par del sa mort pour retourner contre la soci t et travers les moyens de communication et les m dias modernes la barbarie dont elle a t vic time Guillermo del Toro fait co ncider dans du diable 2001 et Le Labyrinthe de Pan 2006 p riodes de guerre et plong es des enfants Carlos l orphelinat de Santa Lucia Ofelia dans et sous les montagnes d une r gion isol e dans une cruelle initiation au contact d un fant me ou d une faune hostile Susanne Bier enfin revient dans Revenge 2010 sur l engrenage de la violence et la loi du Talion qui font des ravages aussi bien chez les adultes que chez les enfants Christian vengeant Elias brutalis l cole rappelle Eli qui enjoint Oskar frapper plus fort que ses pers cuteurs Par ailleurs l enfance est souvent envi
26. cole il est agress par Conny et sa bande qui le traite de gentil petit cochon 3 la tomb e de la nuit H kan le nouveau voisin pr pare une sacoche avec une bonbonne d halothane 4 Dans le bois de V llingby il anesth sie un jeune homme 5 le suspend par les pieds un arbre pour et r cup rer le sang Inter rompu par un chien que deux jeunes femmes appellent il s enfuit en oubliant son mat riel 6 Premi re rencontre 00 11 07 pendant ce temps dans la cour de sa r sidence Oskar plante son couteau dans un arbre en r p tant la sc ne d humiliation de l cole La fille du taxi linter rompt Elle le pr vient qu elle ne peut pas tre son amie 8 son retour H kan piteux essuie les reproches de cette derni re 9 Apr s l annonce du meurtre 00 14 27 en classe l enseignante revient sur la d couverte macabre 10 Oskar s enferme dans les toilettes pour viter les brimades 11 Chez lui sa m re lui recommande de rentrer la maison d s la fin des cours 12 Le soir il d coupe l article de journal concernant le crime et le range dans sa pochette d volue aux pires horreurs 13 Au Sun Palace des adultes voquent le crime la soci t de droit et les Russes Ils sont intrigu s par le nou veau H kan buvant un verre de lait qui d cline l invitation se joindre eux 14 Deuxi me rencontre 00 18 41 le soir Oskar sort laissant sa
27. ction 1995 d Abel Ferrara Cela pose aussi l enjeu de l int gration Le vampire d sire vivre au milieu des mortels mais son exis tence n est d finitivement pas comme les autres Ce qu illustre bien Vampyrer 2008 du Su dois Peter Pontikis Les brunes Vanja et Vera tentent durant toute une nuit d chapper un gang de motards dont elles ont occis l un des membres On apprend que Vanja amoureuse cherche faire comme son compagnon elle se nourrit de sau cisses mais les vomit aussit t Elle reste l Autre riv aux marges de la soci t l image aux pays de la blondeur la pr sence de M Avila dont le su dois est approximatif ne serait il pas une fa on d insister sur la question de l tranger T es pauvre demande Oskar la jeune fille mal habill e vivant dans l appartement comme dans un squat Eli r pond que non exhibe son butin mais elle ne peut se d faire de l image de de la nomade ternelle recrach e par la mort et rejet e par les vivants Avant la s ance Pour pr parer la classe la projection en ayant conscience que Morse peut d router les attentes en mati re de film de vampires par son rythme sa localisa tion la banlieue de Stockholm sa tona moins spectaculaire qu intimiste un travail peut tre entrepris partir des affiches figurant sur la fiche l ve pages 1 et 2 Quels l ments de l affiche fran aise indiquent qu il s agi
28. de la vitre Le va et vient des mains elle les doigts macul s comme us s lui les mains gant es se cherchant et se superposant est une fa on pour eux de garder le contact de rester en partie sur le m me plan de r a lit malgr le caract re effarant qu ils se disent Es tu morte douze ans Depuis longtemps Il y a les mots qui loignent et les mains qui rap prochent m me si la s paration persiste La surface s anime sous leurs doigts songe une diseuse de bonne aventure lisant sur les lignes d une paume les tra c s dessin s sur la vitre figurent en fin de compte les sinuosit s de leur vie com mune venir l absence de ligne claire les points de contact et de rupture les com plications in vitables 11 12 S QUENCE L horreur en apn e Oskar est d sempar Eli partie dans la nuit il est devenu une enve loppe vide un poisson qui manque d air dans son bocal tout juste capable de rester coll la fen tre de sa chambre Un coup de t l phone lui redonne provisoirement un peu de souffle et de volont il confirme qu il viendra la piscine Mais c est un pi ge qui le replonge dans le quotidien asphyxiant de l colier pris pour cible En six minutes et soixante plans la s quence 56 atteint son paro xysme en combinant la suggestion et gore horrifique Le tout pour faire advenir un motif imaginaire et symbol
29. e Au demeurant Daniel Alfredson fr re a n de Tomas est producteur et r alisateur des Millenium 2 et 3 Morse n est pas en reste pour mettre en sc ne les violences combinant les brutalit s ordinaires le harc lement scolaire par exemple et les barbaries plus surnaturelles 3 On retient litt ralement sa langue dans Morse La parole y est conome plusieurs reprises les personnages se parlent eux m mes Lacke la m re d Oskar qui soupire et se r signe regarder seule la t l vision d autres refusent de raconter ce qu ils ont vu G sta l homme au chat il peut m me y avoir des probl mes de traduction l instar de M Avila le professeur de sport qui semble parler dans le vide lors de la sortie sur le lac tout en disant trouille la place de trou Dans cette perspective les deux enfants ont trouv une forme de parade en recourant au morse histoire de pr server leurs changes de la d gradation ambiante Oskar a trop l habitude de voir la parole suspect e ou tourn e en d rision comme l indique la sc ne de classe o l enseignante le policier et ses camarades rient de sa r ponse Alfredson souligne par ailleurs le rai dissement des comportements l image des statues de glace lin communicabilit et l isolement qui en r sulte on se tourne le dos Il semble ainsi reprendre son compte la phrase hurl e par l un des vieux membres de la famille dans
30. e est inscrit l nigmatique Rosebud 1 John Ajvide Lindqvist Laisse moi entrer op cit p 51 Sur et sous le lac gel La sortie sur le lac permet de revenir avec les l ves sur un changement de mise en sc ne concernant le monde enneig de Morse qui pour tant contribue renforcer la noirceur du film Alfredson et son directeur photo ont opt pour un espace ouvert ensoleill la neige scintille la r ver b ration de la lumi re des respira tions et des voix est son maximum Nous sommes aux sports d hiver l heure semble l insouciance M s agite hurle ses ordres comiques la cantonade Attention au trouille bas encourage les enfants uriner sur la neige Ca fera de la glace jaune Cette couleur clatante sur la combinaison de l un des gamins contraste avec le noir le blanc et le rouge dominants Cependant la s quence souffle le chaud et le froid la d tente est qu illusoire Blackeberg les cadavres attendent juste sous la surface et les coups partent aussi en plein jour Les signes annonciateurs ne manquent pas gros plan sur la bouche de canalisa tion r cup ration du b ton d j utili s par m me jeu de proximit audiovisuelle que pour les sc nes de meurtre cf p 16 La violence finit par d toner et le sang par couler nouveau prenant dans une tenaille sonore l ves et enseignants Tout se conclut par le
31. e SVT cha ne de t l vision publique Il participe des s ries qui deviennent vite populaires comme Ikas TV kalas En 1994 il cr e sa propre s rie Bert Son caract re familial touche un public large et le succ s est tel qu il r alise un long m trage focalis sur le h ros ponyme le dernier des vierges la fin des ann es 1990 Alfredson int gre le Killingg nget un collectif comique qui d veloppe alors le projet Quatre petits films En liten film Soit une satire des m dias Gunnar Rehlin une com die romantique Ben och Gunna un film sur un documentariste lamentable P sista versen et un documenteur Torsk p Tallinn consid r depuis comme un classique de la t l vision su doise un groupe de c libataires se rend en bus Tallinn dans l espoir de d goter des petites amies estoniennes 2004 Four Shades f Tomas Alfredson Brown consacre le Killingg nget ce film choral remporte quatre Guldbaggen l quivalent des C sars dont celui de meilleur r alisateur pour Alfredson qui ne pousse pas l artiste s exprimer exclusivement au cin ma entre Morse et La Taupe 2011 thriller d espionnage adapt du roman de John Le Carr il a mont en com die musicale My Fair Lady Brown comedy et noirceur sociale Avec son couple de prestidigitateurs traversant une crise conjugale son p re sp cialis dans la cr mation des animaux morts et incapable de communiquer a
32. e la vitre et tapote au carreau l ouie et le toucher sont alors conjoints l homme se l ve et marche p nible ment avec son d ambulateur qui grince Eli demande entrer mais H kan d signe sa bouche l acide rong ses cordes vocales et sans doute sa langue Seule alternative ouvrir la fen tre et sortir sa t te pour s offrir la derni re treinte fatale de celle qu il a servie pro t g e et aim e Au bruit de la d pression d oxyg ne du tuyau d cro ch succ de celui de la succion moins animal et plus att nu que dans les attaques d Eli et celui du corps qui chute dans le vide et heurte le toit de l entr e de l h pital 1 John Ajvide Lindqvist Laisse moi entrer op cit p 328 19 T MOIGNAGE La Su de en toile de fond 1982 Un pays qui avance malgr tout Malgr le froid de f vrier qui a contraint le paysage faire une pause a glac l eau des lacs et a tendu les branches comme les cordes d un violon les oiseaux se sont envol s vers des lieux moins d sol s les ours ont sombr dans un sommeil profond Les villes elles vont de lavant Le vert chatoyant des r verb res sur les rues sal es et sabl es tient lobs curit distance Provenant de contr es lointaines le fioul se consume dans les chaudi res des tours de ciment Les gens qui vivent ici gardent l espoir dun absolu contraire tout cela Ils rentrent chez eux retirent leurs bottes d hiver tremp es e
33. e son second roman vou aux zombies Hanteringen av od da 2005 jusqu o aimer l enjeu t de gagner en suggestivit moins de noirceur grotesque exit en mort vivant au visage rong terrorisant la population de dure t explicite de d terminisme la collection du magazine Gore d Oskar dispa ra t et il ne marmonne plus devant une coupure de presse relative un meur trier a pourrait tre moi dans vingt ans l infl chissement majeur concer ne enfin le th me pr gnant de la p dophilie dans le roman manifeste dans la personne de H kan et dans l vocation du vampire qui a engendr Eli apr s l avoir viol et castr Par crainte d affaiblir l id e de puret associ e au jeune duo le cin aste et son sc nariste ont fait le choix de laisser en filigrane la per version sexuelle John Ajvide Lindqvist Alfredson et Lindqvist ont en revanche voulu souligner la r alit de la pers cution scolaire dont ils ont t eux m mes victimes Ils sinscrivent ainsi dans un courant consistant renverser la vision aseptis e du mod le su dois La r f rence demeure La Fabrique de violence 1981 fiction charge de Jan Guillou d non ant les mauvais traitements inflig s la jeunesse dans certains tablissements adeptes du principe d ducation mutuelle Dans cette perspective et contrairement au roman les premiers mots audibles dans le film sont Crie Crie comme une truie
34. en manger un mais vomit Alors que le gar on l enlace elle lui demande Si je n tais pas fille tu m aimerais quand m me 29 D figuration 00 40 49 Oskar est chez son p re 30 H kan part de nouveau en mission 31 Dans un vestiaire il s en prend un certain Matte mais tout tourne mal R sign il se verse de l acide sur le visage 32 Eli reste prostr e dans sa chambre 33 Apr s sa s ance d halt ro philie avec M Avila le professeur de sport Oskar r cup re son pantalon dans une pissoti re 34 Apprenant la radio l interpellation de H kan Eli gagne le septi me tage de lh pital o il a t transport Elle le sang de l homme selon sa volont et le pr cipite dans le vide 35 Dans le lit d Oskar 00 51 58 Lacke se demande pourquoi un enfant s en prendrait son ami Jocke 36 Eli entre dans la chambre d Oskar la fen tre Elle s allonge nue contre lui et accepte de devenir sa petite amie tout en affir mant ne pas tre une fille 37 Le matin Eli est partie en laissant un mot Oskar 38 La sortie du jeudi 00 56 52 sur le lac gel des l ves d couvrent le cadavre de Jocke pris dans la glace Oskar frappe Conny qui le menace d une baignade forc e 39 Liens du sang 01 01 40 la m re d Oskar le r primande 40 Eli retrouve Oskar la piscine 41 Au sous sol de leur immeuble Oskar veut scelle
35. eux sc nes de meurtre en ext rieur H kan guette une victime dans les bois le chemin sur lequel il se trouve est mi distance du premier plan et de lar ri re plan travers par la rumeur du trafic routier Or on entend d assez pr s les paroles de l homme voire sa respiration jusqu au bruit de lhalothane dif fus qui touffe les autres sons annonciateur par son atroce et discr te ampli fication des frottements de la corde et du sang s coulant dans le jerrycan M me chose quand Eli s en prend Jocke sous le pont La cam ra reste dis tance mais on per oit distinctement l enfant appeler l aide puis se jeter sur l homme avec des grognements amplifi s par les murs du pont Le r alisateur loigne donc visuellement le spectateur de lagression pour mieux le rappro cher et l impliquer par le son Moins ostentatoire le dispositif est tout aussi efficace en mati re d attraction r pulsion que l emploi du son hors champ dans l attaque de Lacke dans la salle de bains la violence se d cha ne de l autre c t de la porte entr ouverte mais l impact est tel que l il coute Ecouter le corps Per Sundstr m ing nieur du son souligne le fait que le monde enneig rend plus proches les bruits notamment ceux du corps on discerne les crissements des chaussures les frottements et froissements d habits on per oit plus net tement les chuintements reniflements respirations d glutitions l ambi
36. fa on extatique de tourner le visage vers le ciel et chercher une chap patoire avec la m me attirance pour la violence d abord v cue par procuration qui est une mani re de sortir de l enlisement d affirmer son existence Si Oskar ne souffre pas d tre une aberration vivante un non mort les Anglo saxons qualifient le vampire de undead il semble menac par des forces de d sincarnation Ce que tradui sent une image d ouverture du film et sa variation finale Oskar appose sa main sur la vitre dans laquelle il se refl te comme pour s assurer de la mat rialit de la surface transparente il r p te ce geste apr s le d part d Eli mais le gros plan insiste sur la main ne s impri mant que temporairement sur la surface Un devenir fant me guette l enfant il ne serait pas tout fait de ce monde ou ce monde ne serait d j plus le sien De V rone Blackeberg Morse est le pendant sombre et glac des amours solaires Swedish Love Story 1969 o P r et Annica avec la spontan it et la sensua lit de leurs quinze ans d couvrent le plaisir charnel Contrairement Roy Andersson mais sans se passer de la nudit Tomas Alfredson choisit de mettre en sc ne une histoire damour pr pub re chaste rel guant l arri re plan la tension sexuelle d ordinaire li e au vam pire la morsure les fluides corporels pr sente par exemple dans la saga Twilight inaugur e au cin ma en
37. ff rencie Les deux premi res successives mar quent la prise en tau du gar on sui vant deux modalit s distinctes de tournage en classe le jeu sur la pro fondeur de champ montre Oskar blo qu entre Conny et Martin dans le couloir un pano travelling avant lat ral se rapproche de l enfant plaqu contre un casier La pression silen cieuse distance se convertit en pa roles et pichenette sur le nez mor tifiantes L agression la sortie de l cole conjoint travelling plans fixes et champs contrechamps pour tre la violence du pi ge au m me endroit plus tard Oskar regarde Conny se faire bousculer par son fr re devant ses copains rieurs Cela se ter mine par une balafre sur la joue et un effet d acouph ne qui annonce le retour de b ton dans la sc ne du lac gel avec l oreille de Conny en sang L espace contrairement celui l agression nocturne est alors ouvert annon ant une possible fin des har c lements Entre temps Oskar r cu p re sto quement son pantalon dans la pissoti re Continue t il abdiquer ou a t il d j d cid de riposter ce que sugg re le plan pr c dent o il soul ve une barre d halt rophilie 13 14 Les mots au bout des doigts Seuls dans le compartiment les deux enfants pourraient se passer du morse pour communiquer le couvercle de la malle laisse filtrer les mots chucho t s Si le cin aste y recourt dans l ulti
38. figures exacerber les situations explosives Blackeberg vit au ralenti surtout dans la lumi re de l obscurit su doise diffuse et sans ombres Le blanc de la neige associ au noir des nuits interminables cr e un environnement ouat aux teintes froides qui redouble la vie fade des habitants Puis surgit Eli h ro ne de conte avec ses yeux charbonneux et ses habits trop minces blanche comme la neige rouge comme le sang Sans rompre l ambiance atonale elle la secoue la d chire par de brefs lans d horreur Elle chappe au froid qui ankylose et alourdit les corps contrairement H kan peinant tirer le cadavre sur la luge et rejouant sa fa on les d placements patauds des malfrats souffrant du cli mat dans Fargo 1996 des fr res Coen Eli devient le nouveau point d ancrage dans un univers flottant l instar de Pirita la jeune sorci re laponne du Renne blanc 1952 d Erik Blomberg objet d une traque implacable dans un monde polaire sans borne o et le cr puscule se confondent quand elle s en prend aux chasseurs ses treintes sont dignes d un vampire Au trouble de la blancheur aveuglante semblable l obscurit suscitant la peur devant ce qui ne se d voile pas r pond la nettet du sang imprim m me la page neigeuse Morse rejoint alors des films plus d monstratifs en mati re d effets graphiques o le rouge souille de fa on abjecte ou esth tique les surfaces immacul es Outre
39. ion aux ramifications universelles ECRITURE Du roman au film extrait qui suit peut tre distribu aux l ves pour r fl chir sur les enjeux de l adaptation Ils se r duisent pas l id e de fid lit au texte d origine et obligent tablir les sp cificit s de chacune des formes d expression Comment le film transpose t il le point de vue subjectif sc ne vue travers les yeux d Oskar phrase de monologue int rieur m taphore fil e de la cit de lumi re Les cadrages figures isol es puis r unies dans le cadre et les gros plans sont une r ponse La musique de Johan Soderqvist suspendue un moment critique du dialogue r duit par rapport au roman pr cis ment au d routant peu pr s lourd de sous entendus contribue valori ser la connexion particuli re qui s tablit entre les enfants Elle prend en charge la sensorialit omnipr sente dans le texte du roman champ lexical du souffle de la Autres pistes pourquoi la sc ne film e ne reprend ni la transformation ni la caresse d Oskar Est t elle plus suggestive Le Rubiks Cube qui n est pas utilis dans cet extrait du roman n a t il qu une fonction ludique La troisi me rencontre avec Eli dans le film 00 29 25 Ses pupilles taient si grandes qu elles remplissaient presque compl te ment ses iris les lumi res de la r sidence se refl taient sur la surface noire et on aurait dit q
40. ique sou vent explor dans les arts qui peut se r sumer de la sorte pour rena tre il faut d abord mourir Pouss e de la violence Bad voil le mot ostensiblement mis en valeur l ouverture de la s quence 1 Certes le vocable est su dois il signifie bain piscine mais Tomas Alfredson joue de sa r sonnance anglaise pour d gager la double orientation de l pisode une forme de dis tanciation propice l humour noir ou l ironie r pond le caract re implacable de la violence s immis ant dans le havre de paix illumi n la nuit Rest e jusqu alors en suspens la promesse faite Oskar par Conny et sa bande de lui donner un bain leur fa on va se concr tiser auparavant Martin lui a lanc Finalement tu ta baignade 01 02 21 mais ce n tait pas encore a Un temps refoul le harc lement fait retour et le pire est en marche Cela se traduit par les premiers mouvements de cam ra qui dessinent des trajectoires enfermantes Le pano travelling du vestiaire d couvre Oskar pris entre les lignes horizontales du banc et les lignes verti cales des casiers 2a avant de repartir en sens contraire pour faire merger d une autre trav e Martin 2b et une pr sence encore hors champ sugg r e par le reflet d une porte qui s entrouvre Apr s le plan ext rieur sur la menace qui se pr cise 3 la cam ra op re un mouvement qui conduit Martin vers Avila Ce dernier fait
41. is qui conduit au fiasco La machinerie sarcastique op re via le grossissement d l ments triviaux l entonnoir et le jerrycan macul s de sang aussi d plac s que la tron onneuse d coupant la glace pour extirper le cadavre de Jocke Le plan large fixe permet le caract re incongru du tableau obtenu le chien toilett observe H kan quatre pattes emp tr dans son v tement de plastique et sa t che gore De m me l horreur est ind niable lors de l attaque des chats mais il s op re un glissement cruel l issue duquel le rire se fige grimace La sc ne insiste sur la r gression des adultes la chute de Virginia dans l escalier G sta r fugi sur le balcon un chat dans les bras 1 Jean Fabre Le Miroir de sorci re Essai sur la litt rature fantastique Paris Jos Corti 1992 p 137 Le puzzle La pr sence du Cube et de l uf puzzle rappellent que la figure du vampire est li e aux casse t te et aux jeux de patience Une tradition veut que les cr atures de la soient pouss es d nouer tous les n uds qu elles voient reconstituer les objets bris s ou compter toutes les graines tomb es d un sac renvers m me si le jour arrive leur d livrance ne survient qu une fois le d compte arriv son terme La dext rit d Eli concernant le cube indique qu elle a le temps pour elle Quand Oskar lui demande comment elle a fait elle r pond qu elle
42. le signe de la farce Tomas Alfredson est vraiment n cette date durant l ann e 1965 Liding dans la banlieue de Stockholm De l crivain irlandais il semble reprendre son compte la formule crite dans une lettre Roger Blin Rien n est plus grotesque que le tragique De ses d buts Morse ses r alisations nuancent et intensifient les repr sentations en m lant orientation m lo dramatique et art du d calage d pression sociale et humour grin ant violence ordinaire et r el court circuit pour reprendre pression de Petr Kr l dans Les Burlesques ou Parade des somnambules Tomas h rite de son p re Hans Hasse Alfredson le go t d embrasser la cr ation artistique par tous les bouts Ce dernier a t metteur en sc ne de th tre crivain et cin aste cr un duo comique devenu une institution le Hasse tage d livrant un humour humaniste partir de situations loufoques inspir es du quotidien Apr s des d buts comme tr s jeune acteur exp rience poursuivie dans plusieurs des s ries t l vis es dont il a r dig les scripts voire dirig certains pisodes Tomas Alfredson devient assistant dans la soci t de production Svensk Filmindustri o il r alise des clips vid o Int grant par la suite la cha ne TV4 il en consolide le d partement divertis sement en initiant entre autres la version su doise de Fort Boyard ce qui lui ouvre les portes d
43. mplexit du moment la fois prometteur grave ouvert et m lancolique Le voyage immobile est plus que la derni re partie ou la conclusion d une uvre il cor respond un apr s de l action principale et peut tre une fa on d entrevoir la suite Eli et Oskar tournent la page laissant derri re eux la violence quoti dienne et exceptionnelle de Blackeberg Les voil d j engag s dans la vie nomade souvent inh rente aux vampires et leurs compagnons mal d in t gration La s quence v ritable bulle dans le film m nag e entre la reprise du noir d o mergent les flocons tombant du ciel et le g n rique de fin s ap parente un temps suspendu tout est d sormais possible pour le jeune couple l ext rieur d file la page blanche du paysage enneig la seule certitude tant l entre deux existentiel qui les attend la fois humain et inhumain Dans le roman un contr leur intervient interroge Oskar sur sa valise vraiment tr s ancienne Dans le film le billet de train est pos sur la tablette mais pas dem ploy des transports et encore moins d autres passagers l enfant est comme seul au monde et trouve un nouveau souffle ce que semblent signaler les rideaux battant au vent au d but de la s quence ce titre tout en lui ressemblant Oskar se d marque du petit Johan enferm dans l atmosph re suffocante du compartiment au d but du Silence 1963 d Ingma
44. n couteau de poche la main Figures d ogres mena ants et pitoyables H kan Jocke le p re d Oskar et sa part sombre ava tars de Jack Torrance dans Shining ou quinquag naires d class s la tra ne dans la soci t les adultes projettent ce que les enfants redoutent de devenir Pour s affranchir de cette fatalit et de l pret du r el qui va avec Oskar opte pour une autre forme de cruaut et de d terminisme romantique sa mani re suppos avoir son avenir devant lui il bascule par amour dans le temps cyclique entre dans le cercle de la damnation vampirique Il devient le nou veau valet amant et protecteur jusqu au suivant moins ne d cide de rompre l in luctable Ambiguit s Morse accorde une part importante Pimplicite au non dit En leur rap pelant que l implicite renvoie tout qui est sugg r en plus de ce qui est montr on pourra proposer aux l ves de revenir sur des sc nes ou orienta tions du film qui r sistent la com pr hension imm diate Quelle relation entretiennent Eli et Eli serait elle un gar on Le coll gue du p re n est il qu un com pagnon de beuverie Que contient l uf puzzle qui a l apparence d un uf Faberg et que dit ce contenu de la vie d Eli Comment interpr ter le moment o Oskar apr s le d part d Eli referme le capot de ses voitures miniatures laisse glisser sa main sur les ciseaux sa
45. n stricto sensu le mot vampire n est pas employ ce qui permet de rappeler que le r alisateur d clar plusieurs reprises n tre pas vers dans le cin ma de genre et n avoir que quelques vagues repr sentations concernant les vampires En revanche il conna t la p riode des ann es 1980 qu il a v cue en par tie comme adolescent Sa note a donc pour fonction d tablir le contexte su dois retenu il reste implicite dans le film sauf pour le climat enneig et la froide obscurit impr gnant la plupart des images qui men donne que de brefs aper us un plan montre rapi dement la m re d Oskar en tenue de travail Il s agit aussi pour le cin aste d indiquer que Morse sera plus un film d ambiance qu un film d action 2 Avec l expression atmosph re charg e d lectricit Alfredson sugg re la violence inh rente son pays Il rejoint ainsi nombre d artistes qui d crivent l envers du mod le su dois moins progres siste qu il para t tout en s inscrivant dans une fiction de genre Il en va ainsi de Stieg Larsson et de sa trilogie Mill nium 2005 Tout en crivant un thriller criminel et politique il radiographie les pans obscurs d un syst me manich en Alfredson parle de deux fa ons de penser blanc ou noir rompu aux violences sociales politiques sexuelles chaque grande partie du premier volume s ouvre avec une statistique li e aux agressions faites aux femmes en Su d
46. nne Oskar un baiser d adieu 53 Rentr chez lui il regarde le taxi partir dans la nuit 54 Traquenard 01 36 35 Oskar est tir de la vitre de sa chambre o il semble avoir veill toute la nuit par l appel de Martin qui lui demande 51 sera l au cours de gym aquatique 55 C est un pi ge la piscine le grand fr re de Conny oblige Oskar rester sous l eau trois minutes sous peine d avoir crev Eli sauve le gar on de la noyade en tuant trois des agresseurs 56 pilogue 01 44 03 dans un train Oskar r pond en morse Eli r fugi e dans une malle ses pieds 57 L inexorable plut t que l enlisement Lune des plus s res fa ons d tablir la trajectoire d un r cit est de mettre en regard les premi res et derni res images d valuer les effets d cart de reprise de boucle Avec Morse l exercice est d autant plus concluant que les appa rences sont trompeuses D vidence on passe d un geste et d une parole de haine reprenant sur le mode mineur et fantasm la mise mort du cochon l ouverture de Benny Video 1992 de Michael Haneke une communication amoureuse protectrice et apais e la fin du film De m me Oskar qui au d but tourne en rond dans le bocal de sa chambre et de la ville de Blackeberg trace une nouvelle voie son existence en prenant le train Faut il cependant ne parler que d volution ou d mancipation Apr s tout Osk
47. ns les prendre alors qu il lit une coupure de journal Par ailleurs Tomas Alfredson semble proposer trois seuils de sortie du film En d taillant ces trois fins possibles on demandera aux l ves d identifier le registre ou la tonalit que chacune d entre elles implique Fin 1 01 36 18 Oskar sa fen tre Le film reprend l image d ouverture rive le gar on sa solitude Fin 2 01 44 08 apr s le massacre de la piscine reprise de l cran noir et de la neige du g n rique initial Effet de radicalit de la violence perp tr e Fin 3 01 44 35 dans le train En quoi est ce un pilogue et une fin ouverte cf p 14 10 MISE EN SCENE Formes tablies nSuilar 2 marges d ind fini Le film le plus po tique et obs dant qui soit Pass le superlatif promotionnel le commentaire de Guillermo del Toro figurant sur l une des affiches fran aises de Morse a le m rite de singulariser proche de Tomas Alfredson Les id es de po sie et d obsession impliquent des images qui marquent en raison de leur ma trise mais aussi en raison de ce qu elles v hiculent au del de ce qu elles mon trent Voil bien la tension l uvre une mise sc ne au cordeau pur e soutenue par un story board d taill qui n explicite pas tout fait la part belle l ind fini Elle est le fruit d un r alisateur habitu radiographier l me su doi
48. nsation gustative reste la plus discr te dans le film Difficile de la sugg rer si ce n est par le baiser rouge du sang de Lacke fait go ter Oskar et par les bruits de mastication de la vampire qui concr tisent la sordide saveur de l h moglobine laquelle elle ne r siste pas quant elle est plus pr sente La repr senter au cin ma est une forme de gageure et oblige ce dernier pratiquer la synesth sie recourir aux notations visuelles ou auditives pour exprimer l olfac tif par exemple l image peut imposer une odeur un cadavre d compos suffit voquer le pestilentiel et la multitude des chats chez G sta en dit long sur les fragrances de son appartement La mimique d un acteur peut aussi suffire en t moignent les fronce ments de nez quand il sent le pull de son p re qu il hume l air de l appartement d Eli Enfin la pr sence d une odeur peut tre explicitement formul e Tu sens bizarre dit le gar on sa nouvelle voisine Dans le roman est mentionn e plusieurs reprises l odeur de rouille qui mane de la jeune vampire la dif f rence du Narcisse noir 1947 de Michael Powell Podeur n est pas li e dans Morse la sensualit elle n est pas vecteur de d sir Elle est trace de l tranget de sa diff rence incommensurable Non morte en manque de sensations tactiles elle dit avoir perdu la sen sation de froid on
49. nsgenre aux rami fications aussi intenses que diffuses On flotte pas seulement entre les identit s Eli n est elle qu une fille entre les ges que veut dire avoir douze ans depuis longtemps entre les imaginaires de l horreur la romance du teen movie au drame psychologique de humour macabre la violence sans concession y volue permanence sur le fil du rasoir dans des bords de mondes sur des seuils Laisse moi entrer le titre original dit tout de l intimit recher ch e de la proximit lointaine ind passable Pris dans la neige comme dans un espace temps autonome le monde film par Tomas Alfredson livre une bulle sensorielle propice aux surprises et aux immersions perceptives o m me les aplats blancs macul s du sang r pandu les parfums les couleurs et les sons se r pondent Charles Baudelaire Correspondances Et tout est dit dans le mot laiss l intention d Oskar rest de l autre c t de la porte Je suis dans la salle de bains N entre pas Parole pudique de jeune fille parole aussi de vampire qui ne veut tre vu que sous son meilleur jour ce m me jour que plus jamais il ne pourra voir et que traverse seul le compagnon de ses nuits R DACTEUR EN CHEF Simon Gilardi est coordinateur secteur scolaire et dition p dagogique au sein de Centre Images p le r gional d ducation artistique et de formation au cin ma et l audi
50. nt de l antre du monstre un appartement banal ici la salle de bains rempla ant la cave ou la crypte dans le roman Eli dort dans une baignoire de sang allusion trop directe pour Alfredson Erzs bet Bathory princesse hongroise qui se serait vautr e dans le sang de jeunes filles pour se r g n rer Morse attribue aussi Eli des qualit s animales vo qu es en grande partie pour Dracula mais suivant un mode discret de repr sentation quasi subliminal De m me que le ma tre des Carpates rampe le long de la tour dans le Dracula 1992 de Coppola Eli se joue des lois de la gravit pour atteindre la chambre d h pital de H kan Pass e mode vampire elle met des sons bestiaux tire une langue d mesur e pour laper le sang d couvre ses dents a les yeux phosphorescents dans lobscurit Un bruit d ailes entendu lorsqu elle quitte l appartement d Oskar par la fen tre suffit dire qu elle est en mesure de voler Enfin elle peut exercer une emprise psychique aussi puissante que celle dont fait preuve Dracula sur Renfield demandant Oskar de prendre un instant sa place elle semble hypnotiser par son regard qui para t venir du plus profond des ges Le film convoque le motif de la contamination mais en le d centrant Oskar n en parle pas ne demande pas devenir comme celle qu il aime Eli prend soin de briser la nuque de Jocke pour qu il ne se r veille pas m tamorphos en vampire En
51. ntrer L t den r tte komma in en 2004 est un v nement litt raire Elle donne la Su de sa premi re grande fiction de vam pires comblant le quasi vide ditorial en la mati re depuis la publication de Vampyren de Viktor Rydberg en 1848 r cit d un psychopathe se prenant pour une cr ature de la nuit Elle impose aussi un crivain de talent John Ajvide Lindqvist ancien prestidigitateur et com dien de stand up sc nariste occasion nel pour la t l vision Son premier roman soutient la comparaison avec La Foire des t n bres de Ray Bradbury et les textes majeurs de Stephen King consa cr s aux enfants et aux adolescents Carrie a Salem du best seller traduit dans plus de vingt pays est affaire d lection pour reprendre la formule de son titre citant Let the Right One Slip In Laisse entrer la bonne personne chanson de Morrissey Lindqvist ne voulant pas se tromper de r a lisateur refuse des dizaines de propositions jusqu au jour o le producteur John Nordling qui a grandi deux stations de m tro de lendroit o est situ e l histoire lui parle de Tomas Alfredson crivain accepte aussit t ayant t impressionn par Four Shades of Brown Deux ans sont n cessaires Lindqvist pour aboutir un sc nario satisfaisant Il parvient r duire la mati re foisonnante de son r cit de cinq cents pages et d gager un script centr sur une question qui est aussi au c ur d
52. ole est ce titre remarquable Le flou homog n ise la classe contre Oskar au premier plan qui ose lever le doigt 3 Le contraste visuel renforce l inad quation du gar on qui pas les m mes lectures que les autres Le changement de mise au point appuy par le panoramique scelle son isolement regard avec morgue par le camarade qui se retourne 4 le mouvement engendre le passage au flou d Oskar le gar on est aussi sous la coupe de l l ve l extr mit du premier plan dont la pr sence pesante se manifeste d abord par le son de l index tapotant le bureau 5 a presque tou jours une r serve de flou dans les images de Morse Si elle t moigne d une forme pr gnante d enlise ment ou de pr carit des situations elle r v le aussi que le flou est plus qu un voile affectant la seule sur face des images il est le moyen de figurer leur profon deur De figurer ce qui n est pas de l ordre du visible mais du ressenti la profondeur des motions et de sensations2 Cela est vrai des rencontres d Eli et Oskar au bas de leur immeuble Dans les deux pre mi res que ce soit en raison de mouvements de cam ra le pano travelling qui d couvre Eli dans le dos d Oskar ou de changements de mise au point les passages du net au flou pr valent les deux jeunes voisins se jaugent s apprivoisent tempori sent 6 Durant la troisi me rencontre ils s att nuent car les enfan
53. oll D couvertes 1993 Jean Marigny Le Vampire dans la litt rature du XXe si cle Paris Honor Champion coll Biblioth que de Litt rature g n rale et compar e 2003 Barbara Sadoul dir Visages du vampire Paris ditions Dervy 1999 Sur le cin ma de genre CIN MAS Revue d tudes cin matographiques Montr al l horreur au cin ma vol 20 n 2 3 printemps 2010 Sasori Ningen girai Leffroi venu du Grand Nord le cin ma de genre scandinave dossier consultable en ligne http www cineaddict fr dossier leffroi venu du grand nord le cinema de genre scandina ve 12185 Anne Marie Paquet Deyris dir Les Cin mas de l horreur Les mal fiques Cin mAction Paris n 136 2010 CD Johan S derqvist Let the Right One In Moviescore Media 2009 DVD Tomas Alfredson Morse Metropolitan Film amp Video 2010 Livret r dig par L onard Haddad sc nes coup es commentaires audio et entretiens avec Tomas Alfredson John Ajvide Lindqvist et John Nordling entretien avec Jacques Audiard comparaison entre un extrait du livre et une sc ne du film bande annonce Matt Reeves Laisse moi entrer Metropolitan Film amp Video 2011 Remake de Morse par le r alisa teur de Cloverfield Eli est devenu e Abby Chlo Moretz Oskar Owen Kodi Smit Mcphee Film plus rythm avec l apparition d un personnage de policier une entr e en mati re coup de poing un retou
54. ovisuel de la R gion Centre R DACTEURS DU DOSSIER Guy Astic enseigne la litt rature et le cin ma audio visuel au lyc e Paul C zanne d Aix en Provence Directeur des ditions Rouge Profond il consacre la plupart de ses crits au roman au cin ma et au fantastique contemporains a dirig deux collectifs sur Stephen King publi un guide de enseignant sur le fantastique Librio 1999 et fait para tre Le Purgatoire des sens Lost Highway de David Lynch et Twin Peaks Les laboratoires de David Lynch G raldine Gussard rubriques p dagogiques est doctorante en cin ma et arts du spectacle Elle poursuit ses recherches sur la pratique du flicker au cin ma et dans les arts visuels Elle est co auteur avec S bastien Clerget de Quand l il voit noir Peurs sombres du cin ma para tre aux di tions Rouge Profond courant 2012 Centre Libert Egalit Fraternit R PUBLIQUE FRAN AISE CNC
55. pression diff rente Il ne vit pas sa l vre sup rieure se r tracter et d couvrir une paire de petits crocs d un blanc sale Il ne vit que sa joue et alors que sa bouche rapprochait de sa gorge il leva la main et caressa son visage La fille se figea l espace d un instant puis recula Ses yeux reprirent leur forme initiale et la cit de lumi re se ralluma Tomas Alfredson Laisse moi entrer traduit du su dois par Carine Bruy Paris ditions T l maque 2010 pp 82 84 Le Cauchemar de Dracula de Fisher Warner Dracula de FE Coppola Columbia Les Vampires de Salem de T Hooper Warner Daybreakers de P et M Spierig Metropolitan GENRE Le film de vampires En 2006 Tale of Vampires d Anders Banke fait sen sation en Su de Com die gore avec savant fou adolescents contamin s clins d il au Bal des vam pires 1967 de Polanski et Buffy s rie diffus e depuis 2000 sur les crans scandinaves le film est vant comme tant le premier du genre produit nationalement C est dire si le pays est encore peu familier du monstre sanguinaire dont la carri re cin matographique est d j longue et dont la d no mination vampire apparue vers 1725 pour d signer Arnold Paole suppos vampire serbe se r pand essentiellement en litt rature au XIXe si cle Sa projection conjoignant blancheur de et obscurit le cin ma est l art tout d sign pour r v
56. r Bergman cin aste des vampires psychiques comme dans Persona 1966 ou du loup 1967 et qui regarde par la fen tre un pays tranger en proie la guerre Oskar prend son destin en mains va de l avant mais comme l indique le mou vement de cam ra cela ne se fera pas sans encombre Le lent pano travelling avant op re l inverse de la trajectoire du train et remonte l all e du compar timent pour d voiler sur la droite Oskar plac dans le sens de la marche Si l enfant semble regarder vers l avenir il appara t aussi bloqu dans le plan de nouveau riv une vitre et coinc par la malle dissimulant sa compagne Sans compter qu il marche dans les pas de H kan son d part rejouant l arri v e en taxi de l homme aux c t s d une Eli fredonnant dont on voit peine les cheveux noirs Proximit lointaine Eli est une pr sence absence Elle se manifeste par le sac rouge sang pos en face du gar on par le th me musical d j entendu lors de la deuxi me ren contre des enfants par le bruit hors champ des tapotements qui suit imm diatement celui d un passage niveau La cam ra recadre en travelling vertical et fait entrer dans le champ une partie de la malle Eli est l ou presque et tire Oskar de ses pens es par le morse La parole intime sollicit e primitive sa mani re se r alise aux antipodes des moyens de communication modernes Elle insiste sur la barri re entre les in
57. r en arri re un fond de bigoterie appuy et l absence de toute ambigu t sexuelle concer nant la vampire l action se situe sous Reagan au Nouveau Mexique Pour toute information sur les actions d ducation au cin ma consultera le site du www enc fr o les livrets des trois dispositifs cole et cin ma Coll ge au cin ma et Lyc ens et apprentis au cin ma sont en acc s libre depuis 2009 Con u avec le soutien du CNC le site Image wwwsite image eu www lux valence com image est le portail de ces trois dispositifs d ducation l image On y trouve en particulier une fiche sur chaque film au programme des trois dispositifs comprenant notamment des vid os d analyse avec des extraits des films et le pr sent livret en ver sion pdf un glossaire anim des comptes rendus d exp riences des liens vers les sites sp cialis s dans l ducation l image Enfin la plupart des sites internet des coor dinations r gionales du dispositif Lyc ens et apprentis au cin ma propose des ressources compl mentaires au pr sent livret capta tions de journ es de formation partage d ex Consultez votre coordination ou retrouvez ces liens sur le site Image Lamour dans le sang Morse n est pas exclusivement une fiction fantastique ou une varia tion de plus originale parce que venue du grand froid su dois autour du mythe du vampire C est un film damour tra
58. r un pacte avec elle en se coupant la paume de la main Eli se pr cipite sur le sang qui goutte au sol Sa vraie nature d voil e elle s enfuit et se r fugie dans un arbre 42 Virginia contamin e 01 06 12 Virginia quitte l appartement de G sta qui refuse de t moigner 43 Eli sabat sur elle et la mord Lacke lib re compagne de l treinte mortelle 44 son r veil Virginia ne supporte pas la lumi re du jour 45 Heureux Oskar joue avec son p re Mais un col l gue survient et les vieux d mons de l alcool refont surface Oskar part dans la nuit 46 Perdue et en manque Virginia gagne l apparte ment de G sta o les chats d cha n s se jettent sur elle Elle est transport e l h pital 47 Oskar rejoint Eli chez elle laccusant de tuer des gens il la quitte 48 Le lendemain l h pital Virginia s embrase apr s avoir demand l infir mier de remonter le store 49 Laisse moi entrer 01 21 53 Eli se pr sente l appartement d Oskar Le gar on la d fie d entrer sans y tre invit e Devant la fille qui perd son sang par tous les pores il finit par prononcer la phrase cl 50 Eli demande Oskar de s identi fier elle 51 Alors qu elle se change Oskar d couvre qu elle une cicatrice la place du sexe 2 D part 01 28 24 se rend chez Eli pour la tuer Oskar qui a dormi sur place emp che et la vampire se jette sur l homme Eli do
59. revanche quand elle livre involontairement Virginia la transformation maudite le grotesque triomphe l implicite est balay par des images d monstratives au chat blanc crachant derri re la vitre succ de la meute des f lid s se jetant sur la femme l extrait suggestif de Bilbo Ils passaient d une ombre l autre Ils couraient vite et sans bruit en vitant le soleil r pond la sc ne d embrase ment apocalyptique de Virginia De fa on plus remarquable Morse reprend et magnifie le motif de l invitation faite au vampire nonc pour la premi re fois par le professeur Van Helsing dans le roman de Bram Stoker Toutes les portes ne lui sont pas ouvertes il faut au pr alable qu on l ait pri d en alors seulement il peut venir quand il le d sire Cela donne lieu des moments de s duction per vers pour convaincre les victimes de prononcer le s same tant attendu l image de la m morable sc ne des Vampires de Salem 1979 le jeune Mark r siste la visite nocturne de Danny dents minentes et yeux luisants grattant aux carreaux travers la brume En montrant les cons quences de la transgression faite ce commandement Morse amplifie le myst re du vampire quelle force fait sortir de lui tout ce sang Quels chos de son tre profond font entendre les bruits du supplice subi par Eli Marginalit s Si le vampire terrifie l enfant vampire inilige un
60. s Eli d cide de quitter Blackeberg Effondr Oskar se rend tout de m me son cours de gym aquatique mais il tombe dans un pi ge La bande qui le harc le est sur le point de le noyer lorsqu Eli fait irruption et massacre les agresseurs Les deux enfants quittent la ville bord d un train Oskar veillant sur la malle dans laquelle son amour trouv place FILMOGRAPHIE Tomas Alfredson Longs m trages 1995 2002 2005 2002 2007 2008 2011 Bert Den siste oskulden 1 h 40 Spermaharen vid o pour un site Internet 1 h 20 Kontorstid 1 h 46 Four Shades of Brown Fyra nyanser av brunt 3 h 12 Hur t nker hon vid o 1 h 55 Morse L t den r tte komma in 1 h 54 La Taupe Tinker Tailor Soldier Spy Court m trage 2005 Dear Mr Barroso 5 min couleur T l vision 1990 Ikas TV kalas s rie 1994 Bert s rie 1997 Irma och Gerd s rie 1999 En liten film mini s rie 1999 Offer och g rningsm n mini s rie 2000 Soldater i m nsken mini s rie 2005 Pappas lilla tjockis t l film 2005 Min sista vilja t l film 2005 En d lig id t l film 2005 Landins t l film 2005 En decemberdr m s rie Four Shades of Brown Nordisk film R ALISATEUR Linsoutenable l g ret d un artiste touche tout Si Samuel Beckett se plaisait dire qu il avait vu le jour un ler avril pour brouiller sa biographie et inscrire son uvre sous
61. sag e comme un tat primitif proche de la sauvagerie Preuve en est la pr carit de sa parole ou sa propension en adopter une autre qui lui est trang re et la d figure l image vampire qui grogne de la Regan d bitant des Les R volt s de lan 2000 de N Iba ez Serrador Wild Side mots orduriers dans 1973 de Michael Myers d finitive ment mutique dans son costume de clown couteau ensanglant la main Halloween 1978 de la fille revenante silencieuse depuis sa mort dans Les Autres 2001 En d finitive une forme d exacerba tion op re avec l enfant dans un ge transitoire prompt croire au monde invisible et devenir le r ceptacle de puissances hors du commun Danny et son don de double vue dans Shining Cole capable de voir les morts dans Sixi me Le cin ma s en nour rit pour m nager des repr sentations du pire proximit du pur et intensifier la sensorialit l uvre Pour les yeux d un enfant le vert d une pelouse est de la couleur des meraudes le bleu d un ciel hivernal est aussi violent qu un glace le blanc d une neige fra che ment tomb e est une d charge d nergie onirique Et le est plus noir Beaucoup plus noir2 1 M me s il est difficile de dissocier pleinement enfance et adolescence il n est question ici que de films consacr s des personnages ne d passant pas quatorze
62. scandale encore plus grand la raison sid r e son corps est tromperie il n est qu une apparence de jeunesse qui ne co ncide pas avec la r alit Eli est la fois jeune et vieille fragile et redoutable Elle porte en elle la mal diction du vampire ter nellement pr adolescent celle la m me qui ren force la cruaut de Claudia dans Entretien avec un vampire 1994 de Neil Jordan elle les traits juv niles de Kirsten Dunst alors g e de douze ans Eli vient donc grossir les rangs des enfants vampires us s par leur non existence la fois tout puissants et d pendants des adultes on songe Mina T p s reine des vampires dans un corps de gamine dans le manga Dance in the Vampire 2006 au fils de Kheops ayant parence d un enfant de douze ans dans la bande dessin e Je suis un vampire 2000 2001 Homer poursuivant une fillette pour en faire une compagne son image dans Aux fronti res de l aube 1987 de Kathryn Bigelow la gamine du pr g n rique de Daybreakers 2008 qui finit de r diger une lettre je ne changerai jamais avant de sortir attendre le jour qui se l ve et enflamme son corps La vie posthume est elle enviable si elle n est partag e avec personne l interrogation est latente dans Morse et traverse nombre de fictions expri mant la solitude du vampire entre autres Martin 1977 de Georges Romero Les Pr dateurs 1983 de Tony Scott The Addi
63. se et faisant sa premi re incursion dans le cin ma de genre Alfredson sait tr s bien o il va terme d atmo sph re de climat de choix visuels et d hyperr alisme mais il d couvre comme la lampe torche un ter ritoire mythologique et m taphorique qui lui est tran gerl La d familiarisation inh rente Morse r sulte donc pas seulement de l irruption d un vam pire dans le quotidien d une banlieue elle d coule aussi d une forme filmique dig rant et intensifiant l inqui tante tranget de son sujet Du flou au net l une des rimes visuelles du film tient la pratique r p t e du passage du flou au net et vice versa l ouverture sur la neige qui tombe donne le la ainsi que le plan du taxi le pare brise l arri re plan est d abord net puis il devient flou quand le premier plan se pr cise sortant du vague le visage du passager lunettes et les cheveux noirs de la jeune fille 1 Sobre fa on d indiquer d embl e que H kan et Eli ne peuvent pas tre sur le m me plan que le monde dans lequel ils d barquent Ce jeu de bascule dans la pr cision des contours des figures et des objets insiste dans Morse pas seulement comme l ment de composition plastique mais surtout comme marqueur de la r alit qui vacille qu on ne remet plus tout fait et d antagonismes l instar du moment o Eli chasse H kan d un geste de la main 2 La premi re sc ne d c
64. son Per Ragnar Henrik Dahl Karin Bergquist Peter Carlberg Ika Nord Mikael Rahm Karle Robert Lindgren Anders T Peedu Pale Olofsson Cayetano Ruiz Patrik Rydmark Johan Mikael Erhardsson Rasmus Luthander Oskar vit seul avec sa m re Blackeberg banlieue ordinaire de Stockholm au d but des ann es 1980 Souffre douleur de sa classe il est fascin par les affaires criminelles et s invente des sc narios de vengeance arm de son couteau de poche Un soir il fait la connaissance d Eli sa nouvelle voisine Elle ne sort que la nuit oubli la sensation de froid et dit avoir peu pr s son ge douze ans Son arriv e co ncide avec une s rie de meurtres perp tr s dans les environs H kan l homme qui l accompagne et elle m me font des victimes pour lui procurer du sang Leur entreprise finit par se retourner contre eux d couvert H kan s asperge le visage d acide pour emp cher toute identification et meurt en se livrant la morsure de celle qu il sert De son c t affam e sen prend une femme mais le compagnon de cette derni re s interpose Impuissant sauver Virginia contamin e Lacke traque la tueuse jusque chez elle Oskar intervient et livre l homme p ture la cr ature Le gar on a compris est un vampire mais reste avec elle par amour sans compter qu elle lui donne de l assurance d sormais il riposte aux brimades de ses camarades Aux aboi
65. sprit de la ruche 1973 de Victor pour la nouvelle g n ration de cin astes fantastiques espagnols recourant volontiers aux enfants Jaume Balaguer La Secte sans 1999 Fragile 2005 Juan Antonio Bayona LOrphelinat 2007 et Jaume Collet Serra Esther 2009 Dans Les R volt s de l an 2000 un couple de touristes anglais en vacances sur la petite le d Almanzora s tonne de croiser que des enfants Cette omni pr sence sans adultes finit par devenir oppressante jusqu l abomi nable r v lation Tom d couvre une version sadique du jeu de la pi ata une fillette les yeux band s brandit une faux pour frapper le corps d un mort que ses camarades font monter et descendre l ai de d une poulie Le pire est le naturel avec lequel le jeu de massacre est converti en activit ludique D tourner les occupations les plus pacifiques est inh rent au cin ma de la perversion enfantine Dans L Enfant miroir de P Ridley Bialystock amp Bloom Limited La Mauvaise Graine 1956 de Mervyn LeRoy Rhoda Penmark huit ans tue un camarade de classe avec des chaussures claquettes et joue du piano alors que le jardinier br le vif dans la cave F rocit s infantiles Morse n voque pas simplement la fronti re entre ang lisme et per version mais aussi celle entre la cruaut contrainte et la cruaut choi sie Eli dit Oskar qu elle tue par n cessit et pointe chez ce dernier sa fas
66. t par poser sa main sur la sienne en lui disant qu elle l aidera se d fendre contre ses agresseurs 00 36 34 Le deuxi me contact est l treinte d Oskar qui avoue Eli l aimer beaucoup 00 40 10 Le troisi me consacre l intimi t des deux enfants nus dans le lit Mais leur relation traverse une crise le gar on d couvrant la v rit sur celle qui est devenue sa petite amie Intervient alors la sc ne de la porte vitr e 01 16 03 Le visage des enfants est grave chaque mot pes l instant est critique comme sus pendu et co ncide avec la seule et unique mention du mot vampire dans le film Elle mat rialise la barri re infranchissable que repr sente la diff rence de nature entre les deux h ros sous la forme d une transparence partielle annonciatrice de la ligne de d marcation invisible que traver sera plus tard Eli en entrant chez Oskar On demandera aux l ves de d gager les moyens mis en uvre par le metteur en sc ne pour insuffler de la suggestivit ce moment d explicitation au point de le rendre po tique S op re d abord un mouvement de resserrement Eli recule dans un plan de demi ensemble en l g re plong e quand elle passe le seuil pour refermer la porte la cam ra la filme de dos dans un plan large qui se r duit par Pamorce d un travelling La suite est succession de gros plans construits en champs contrechamps sur Eli et Oskar de chaque c t
67. t ce qu il semble tre Eli n est pas simplement une petite fille et pas simplement un vampire De la m me fa on qui est vraiment la Catherine de Giorgino 1994 incarn e par Myl ne Farmer femme enfant quasi autiste au visage aussi diaphane que la neige qui ensevelit le village de Chanteloup Quel pi ge se referme sur Jack Torrance dans Shining Celui de l ali nation mentale ou de la hantise Dans Un roi sans divertissement 1963 de Fran ois Leterrier d apr s le roman de Jean Giono son ennui existentiel et sa fascination pour le sang sur la neige livrent Langlois une pulsion meurtri re qui le d personnalise Les Am rindiens de Frozen River 2008 migr s clandestins pour la plupart subissent une autre forme de d phasage dans le paysage glac de l tat de New York Dans Noi Albinoi 2002 la p leur de la peau du protagoniste le fait se fondre un peu plus dans le d cor de Bolungarvik fjord aux confins de l Islande qui l enlise Dans Essential Killing 2011 Jerzy Skolimowski fait de Vincent Gallo personnage mutique pourchass dans des immensit s blafardes un bloc d identit aussi imp n trable que la nappe blanche o il se perd En d finitive le motif de la neige peut tre associ la question de l identit et de l intimit Welles immortalise dans Citizen Kane 1941 avec deux objets embl matiques la boule de verre enfermant la maisonnette sous la neige la luge sur laquell
68. t d un film vam pires La r ponse est simple aucun Le visuel oriente plut t vers un teen movie le choix du titre fran ais gomme toute allusion directe au mythe du vambpire contrairement Laisse moi entrer tra duction litt rale du titre original le ren voi au livre de John Ajvide Lindqvist qualifi de best seller su dois est bien discret en anglais qui plus est Let the Right One in Le flou appliqu au visage de l h ro ne au premier indique certes que ce personnage est nigmatique rec le une part de noirceur contrastant avec la blondeur du gar on mais il efface aussi les traces de sang qui peuvent constituer un indice traces visibles la commissure des l vres sur l affiche am ricaine qui inverse le rapport du flou au net La mention du festival de G rardmer sugg re le genre du film ainsi que le nom de Guillermo del Toro co auteur avec Chuck Hogan d une trilogie romanesque en cours autour des vampires La Lign e le cin aste r alis Hellboy Le Labyrinthe de Pan Blade 2 et Cronos ces deux derniers films tant vou s aux cr atures de la nuit Sa phrase le film le plus po tique et obs dant qui soit en revanche insiste sur la dimension po tique ce qui ne sp cifie gu re l imaginaire vis L affiche ne repose pas non plus sur une ambiance imm diatement inqui tante et trange comme celle propos e par le visuel su dois Une comparaison po
69. t leurs en acrylique leurs collants en nylon qui d mangent dans une atmosph re charg e d lectricit Dans ces banlieues les m res travaillent dur les bons p res de famille raclent le givre des pare brises de leur voiture les enfants m prisant l obscurit se l vent sept heures du matin et se dirigent vers l cole Chaque matin chacun lit le journal chaque soir aussi puis l on regarde la t l vision o des politiciens d battent autour de ce sous marin qui s est chou sur la c te Deux fa ons de penser blanc ou noir Comment peut on supporter cette vie Jamais on ne cherche un peu de chaleur chez l autre on retient sa langue et on se tourne le dos de crainte de se briser comme des statues de glace Tomas Alfredson Note du r alisateur Dossier de Presse de Morse 2009 p 7 1 Ce que d crit ici Alfredson est il mis en avant dans le film Pourquoi cette note du r alisateur peut elle surprendre et quelle est sa fonction 2 Sur quels dysfonctionnements du mod le su dois le cin aste insiste t il quand il parle d une atmosph re charg e d lectricit et d un pays qui avance malgr tout Quel s moment s ou quel s personnage s du film sont embl matiques de ces r alit s 3 Comment Alfredson illustre t il dans Morse la derni re phrase de son texte l Le note de Tomas Alfredson frappe par l absence de toute men tion concernant la fictio
70. terlocuteurs mais transforme l obstacle en membrane tactile qui fait r sonner les mots du c ur Cela rappelle la s quence de jeu de mains sur la porte vitr e durant laquelle la bande son est travers e par le bruit d un train qui passe La r ponse d Oskar combine sourde frustration la s paration insiste sous les tapes et frictions du doigt et tendre innocence ___ _ soit puss bisou en su dois Tout concourt faire des enfants un duo romantique victime d une mal diction deux mes perdues proches et aussi loign es l une de l autre que du cr puscule Ils sont de la sorte l image d tienne de Navarre et Isabeau d Anjou dans Ladyhawke 1985 de Richard Donner qui voyagent ensemble sans jamais se voir sous leur apparence humaine l un se transformant en loup la nuit l autre en faucon le jour l pilogue repose en somme sur un subtil effet de contraste entre l apparente s r nit d Oskar et tout ce que ce nouveau d part implique d preuves venir une grande histoire damour et une vie d exil bien lourdes pour d aussi fr les paules que celles du gar on m me s il s est exerc lhal t rophilie 1 Poppy Z Brite mes perdues Paris Albin Michel 1994 p 74 La neige Dans Morse comme ailleurs la neige sert aussi bien recouvrir toute asp rit plonger le monde et les tres dans la torpeur qu faire ressortir les
71. tion du r alisateur et de l quipe technique est m me de faire entendre les yeux des personnages s ouvrir et se fermer La proximit sonore des bruits corporels Michel Chion les appelle les sons internes sort le film de la simple atmo sph re glac e et l oriente vers l organique le vivant humain et inhumain Quand Eli laisse s exprimer ses instincts de vampire le magma sonore qu elle met est obtenu par le mixage de bruits d animaux et de bruits de melon ou de saucisse mastiqu s par la doublure voix de Lina Leandersson La surd ter mination sonore d autant plus vive que les mots sont rares et les moments de silence souvent tir s m nage des bulles acoustiques propices au d ploiement de l intime aux r sonances int rieures Comme lors de la rencontre et Oskar autour du Rubiks Cube Aux gargouillis du ventre audibles ga lement chez Virginia affam e se m lent les grincements du cube les respira tions le reniflement d Oskar qui sent la jeune fille le tout enrob d une nappe musicale retenue qui finit de densifier l instant Le point d orgue de la sc ne est atteint quand Eli pli e en deux souffle comme pour sortir d elle du sang En vain 1 Anne Rice Entretien avec un vampire Paris Fleuve Noir coll Thriller fantastique 1990 p 31 Bibliographie V ronique Campan filmique cho du son en image Presses Universitaires de Vincennes coll
72. ts se sont rapproch s figurent ensemble dans le cadre et sur le m me plan de net tet leurs sentiments s accordent 7 Les passages du flou au net se r alisent dans des plans volontairement longs Alfredson permet au spectateur de prendre le pouls des images Il invite ainsi d passer les fausses perspectives les repro ductions toutes faites comme le paysage d autom ne servant de tapisserie chez Oskar ou la fresque peinte sous le pont M nager du flou permet d aller sous la surface des repr sentations d entrer dans la profondeur de l image avec ses m andres ses nigmes ses incertitudes Espacements Les l ments de s paration abondent Fen tres portes cloisons surfaces opaques ou transparentes m nagent des cadres dans le cadre insistant sur l isolement et les existences compartiment es par exemple la fa ade de l immeuble avec les fen tres des appartements mitoyens 8 Pour ce qui est et Oskar cet ensemble est converti en v ritable puissance po tique semblable celle de ce qui les s pare les rapproche Leur force d at traction et leur bouleversement affectif sont tels qu ils alternent actions passe murailles et moments de figement jusqu l preuve de la barri re invi sible du laisse moi entrer qui cristallise les deux dynamiques Plus le cadre est rigide lobs tacle pr minent la distance grande plus l change se concr tise et
73. u elle avait une cit lointaine l int rieur de la t te Oskar se racla la gorge Quel ge tu as Qu est ce que tu en penses Quatorze quinze C est l ge que j ai l air d avoir Oui ou plut t non mais J ai douze ans Douze ans Super g nial Elle tait probablement plus jeune que lui puisqu il allait avoir treize ans le mois suivant En quel mois tu es n e Je ne sais pas Tu ne sais pas Mais quand est ce que tu f tes ton anniversaire et tout a Je ne le f te pas Mais ton p re et ta m re doivent savoir Non Ma m re est morte Oh je vois Comment est ce qu elle est morte Je ne sais pas Et ton p re il ne sait pas lui Non Donc tu veux dire qu on ne t offre jamais de cadeaux d anniversaire Elle se rapprocha de lui Son souffle balaya son visage et la cit de lumi re dans ses yeux s teignit lorsqu elle p n tra dans son ombre Ses pupilles formaient deux trous de la taille de billes sur son visage Elle est triste Tellement tellement triste Non on me fait jamais de cadeaux Jamais Oskar hocha la t te avec raideur Le monde autour de lui avait cess d exister Juste ces deux trous noirs un souffle de distance Leurs haleines se m laient et se dissolvaient en s levant vit pas le changement dans ses yeux qui se r tr cirent et prirent une ex
74. urra tre faite avec du premier opus de Twilight saga inaugur e au cin ma en 2008 devenue la r f rence majeure des adolescents en ce qui concerne la fiction de vampire Les deux protagonistes y figurent sur le m me plan de nettet et toute ambigu t est lev e concernant la vraie nature du beau t n breux teint p le l vres pourpres et yeux brillants Une piste pourra tre ainsi sugg r e avant la projection l instar de l histoire de Bella Swan et Edward Cullen le film de Tomas Alfredson est une relec ture de Rom o et Juliette Mieux le choix de Blackeberg sous la neige rappelle celui de la ville de Forks dans les romans de Stephenie Meyer dans cette bourgade de l tat de Washington le soleil brille tr s peu et les pr cipitations sont particu li rement abondantes Affiche fran aise de Twilight D COUPAGE S QUENTIEL Blackeberg la nuit Crie comme une truie Crie Oskar torse nu dans sa chambre se joue une sc ne couteau de poche la main Il regarde par la fen tre un homme m r et une fille aux che veux noirs descendre d un taxi Allong sur son lit le gar on coute les bruits des arrivants de l autre c t de la cloison l homme occulte les vitres de l appartement s quence 1 D une violence l autre 00 05 08 le lende main en r pondant la question d un policier en visite Oskar suscite le rire de la classe 2 Dans les couloirs de l
75. vec sa femme et son fils son patriarche d c d qui revient lors de la r union de famille post mortem sous la forme d un hologramme Four Shades of Brown donne la pleine mesure de la brown comedy qui qualifie le style de Tomas Alfredson chroniqueur d une Su de d senchant e mi chemin des ques tionnements existentiels d Ingmar Bergman du pessimisme social de Widerberg dans Le P ch su dois 1963 et de la froideur Swedish Requiem 1991 de Jan Troell le cin aste radiographie le quotidien en combinant gra vit moments d apathie ou d explosion motionnelle et ton pince sans rire Preuve en est le traitement qu il envisage pour une sc ne o une femme apprend qu elle est atteinte d un cancer Dans la plupart des films elle condui rait sa voiture s arr terait apr s avoir pris connaissance de la nouvelle regarderait mer par la fen tre puis se mettrait pleurer Moi je pr f re placer la sc ne lors d une f te pour enfants Elle d guis e en clown peinerait d abord entendre le doc teur au t l phone puis comme elle ne pourrait pas se cacher ou pleurer devant les enfants elle continuerait b tement faire le clown Ainsi va la viel Morse illustre bien pareille coexistence du pire et de l absurde le plan du chien immobile c t du cadavre suspendu l arbre et se vidant de son sang dit la violence de l instant tout m nageant une possibilit d en rire
76. voit en gros plan ses pieds nus l h pital elle d gage une odeur de vie et de mort qui se confond avec celle du nutriment qu elle pr l ve C est plus l odeur que la vue du sang qui lui fait perdre son contr le quand Oskar lui pr sente sa main cou p e Virginia contamin e respirera de la m me fa on l odeur de son pansement devant la glace Sans paroles Les images paraissent minemment sonores dans Morse les points d coute saillants et latents sont nombreux et vari s et poussent le spectateur rester sur le qui vive toujours relayer ce qu il voit aux donn es acoustiques qui complexifient souvent l image Une sc ne du roman absente du film dit la surd termination auditive Oskar coute Kiss avec son baladeur et propose Eli qui ne sait pas ce qu est un walkman d couter son tour Il lui met les couteurs sur les oreilles Celle ci hurle instantan ment de douleurl cette hypersensibilit de la vampire s ajoute le fait que la parole est dis qualifi e les bruits et le silence signifiant bien plus que les mots Cela atteint une forme de paroxysme path tique et de ma trise audiovisuelle pouss e dans la sc ne o Eli se pr sente la fen tre de la chambre d h pital o t transport H kan suite son automu tilation Le cadre laisse voir la chambre depuis l int rieur Le premier plan sonore est domin par le bruit d un respirateur artificiel Eli entre dans le champ derri r
77. ww universal soundbank com http www sound fishing net http www dinosoria com bruitages htm http www desartsonnants com sultar co 0 2 t Valence TECHNIQUE Proximit s sonores Louverture de Morse est programmatique le noir du g n rique se prolonge et favorise d embl e l immersion sonore d faut d image lisible le spectateur distingue des sons ambiants tour tour nets et impr cis vent bruits de train de circulation aboiements de chien Pareille pr minence de l audio rien d tonnant dans une fiction vou e aux cr atures de la nuit dont l acuit des sens particuli rement leur exceptionnelle est connue Lorsque Louis raconte sa transformation dans Entretien avec un vampire 1976 il dit avoir d couvert un nouveau champ de perception Le son grossit tellement qu il me parut non seulement emplir mes oreilles mais aussi envahir tous mes sens palpiter dans mes l vres et dans mes doigts dans la chair de mes tempes dans mes A port e d oreille Morse exerce une r elle emprise auditive en combinant les sons moins enten dus qu attendus environnants et familiers et les sons qui ne confortent pas l coute mais l veillent Ces derniers font l objet de gros plans sonores suivant un d crochement spatial ils attirent l attention sur un point de l image film e en plan large en op rant un effet discr tement antir aliste Il en va ainsi des d

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