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1. 219 ESSAIS Merihoubor abou electrobax Batourbatour Merihoubor abou electrobax Il n est pas tonnant que cette branche de la po sie lettriste ait donn naissance la po sie sonore fran aise des personnalit s comme Fran ois Dufr ne ou Gil Wolman sont en effet issues du groupe lettriste 4 2 Emploi de r pertoires synth tiques 4 2 1 Extensions de r pertoire En 1947 Isidore Isou a propos d utiliser les majuscules de l alphabet grec pour noter 19 bruits buccaux qu il se proposait ainsi d adjoindre aux sons des phon mes ordinaires dans ses po mes Ce sont l aspiration l expiration le z zaiement le r le le grognement Pahanement rauque le soupir le ronflement legaigarisme le g missement le hoquet la toux l ternuement le claquement de la langue le p tement de l vres le cr pitement le crachat le baiser et le sifflement Par la suite Maurice Lema tre a port le nombre de ces bruits 58 en y ajoutant le rot le chuchotement le b illement le reniflement et le vomisse ment A c t de ces extensions caract re sonore on en trouve videmment aussi caract re graphique Sur ce plan Isou a annex les caract res non alphab tiques mais non pour autant d nu s de sens figurant sur les claviers de machines crire amp ce etc 4 2 2 R pertoires d natur s Nous retenons ici des d naturations sup rieures au taux de redondance pho
2. crit Elle correspond au contenu du signe textuel Convenons d appeler p texte la phase ph nom nale du texte et L texte celle de son contenu Les deux faces sont de nature tr s diff rente le p texte est de l ordre de l objet m me si cet objet est abstrait c est dire qu il est dot de propri t s intemporelles dont une structure Alors que le L texte est de Tor dre du processus il n a de r alit qu en fonctionnement c est comme cela que je comprends la s miosis illimit e de Peirce L interpr tation est un processus et comme tout processus n a de sens qu en cours de fonctionnement Comme tout processus galement ce fonctionnement produit un r sultat qui est chez Peirce l interpr tant Final et dans le mod le que je propose le texte lu qui sera pr sent plus loin Sans s tendre outre mesure sur le sujet notons que le signe textuel ainsi per u pr sente des analogies avec la conception de l organisation d un syst me ouvert Un tel syst me poss de en effet une auto organisation qui le fait apparaf tre comme une entit autonome tout comme le p texte mais la diff rence d une conception structuraliste de l organisation cette auto organisation est en lit une r organisation permanente finalis e Le L texte peut tre per u de cette i on et la fonction s miotique pr sente alors une analogie forte avec la dialogi que syst mique qui fait appara tre ce dernier t
3. On peut regretter l extr me discr tion des articles biographiques et bi bliographiques concernant les personnalit s du groupe mais elle est compens e par leurs photographies ou des portraits de groupe Le tuf ancien d origine plus ou moins pataphysicienne n est pas oubli mais l on retiendra plus parti culi rement ce qui est le plus vif du mouvement notamment dans le domaine po tique le plus actuel Roubaud Jouet Michelle Grangaud Quelques articles sont consacr s des pr d cesseurs et intercesseurs Allais go on Carroll Roussel Hilbert because un texte de Queneau Jarry K lhmann Lull Roussel Wright Z m Why not mais la liste est bien trop courte faute de place C est dommage En tous cas les pereciens appren dront que le susdit Wright Ernest Vincent 1872 1939 citoyen am ricain a publi un Gadsby A Story of over 50 000 Words without Using the Letter E qu on imagine magnifique Enfin si l Oulipo mouvement cr en 1960 et qui focalise les litt ratures contraintes lesquelles ne s y r duisent pas comme le d montre la revue o ce bref compte rendu est publi est le sujet principal il est suivi par ses petits cousins l Oulipopo et l Oupeinpo et par toute une th orie d Ou x pos o x peut tre ba cui hist mu pho et tra dont beaucoup sont encore programmatiques mais dont certains contribuait enrichir l iconographie Avant cet ouvrage panora
4. poque choque plus que des blessures personnelles un homme que ne heurte pas fondamentalement la lune Le bienfaiteur de l impair au Dit vacillant d fend celui qui continue pas stationnaire et plus clair de la lumi re primitive gradu e d aube Car il est un peu moins qu un abb Le hein admire n est pas stationnaire et cite en disant Nous voici au bord de a 32 1884 G de Maupassant Il y a un lien entre l inimiti pour la lime et la solidarit avec les artistes pour l art TEXTES A CONTRAINTES VARIEES ciseleurs vides cause d une r putation galement m rit e Faut il faire comme si on cherchait un moyen de d truire la lune Dont la face de Dame aux Cam lias insupporte le nouveau ciseleur Le jaune se r p te Et se r p te Il ne lui pr te plus sa plume et crit des mots diff remment clairs jaunes blancs clipseurs 36 1887 re Verlaine L histoire la vie deS M parP V Les langes il a un sort de fonction Il n esquive pas d s les lange Il a un syndic des libraires sous le d capitable de la famille Il a un badineur ant rieur Les cahiers confisqu s au coll ge M rissant la yole La p la po sie pudiquement soustraite sa vente aussi vendue 163 CREATIONS 164 que la langue aux lans abr g e galit avec la suggestive pr L envie de la gloire Se monnaye
5. dr Q c ta30i J zr 190 Elle a abaiss ses cuisses et s est cass e aux v c s Elle usait du hasch herbe et hasch J ai pay Des dessins copies d p es troyennes gisaient dat s de cet t Et sur un carr de soie huit gr s qu elle a d cap s Des dessins quantit de cahiers d essais tachet s de vin Et aussi ce saint cantique arrach un cahier Cahier quatri me le d Egypi me Ayacha ch re amie l t a tes doux yeux De cette sente troite et escarp e j pie un calque arr t au milieu de cette eau d essence et de miel Aucun zeph Ici c est pierres caillasse et humilit Aid des devins A Shelley pierre Des carri res un mille d ici au centre Ant ia chaque are a t hers Shelley est d u rien de neuf Essayer de dissuader A Shelley Insister J ai hiss un souhait Rebecca rapi re de th tre entaill e Cet indice a dissip haine et d pit C est s r un th tre entier g t sous ces pierres x CREATIONS a 2 16 11 1 100c a rr ic dkp o 130 ihlfoi obu 100 o aihhr a1000e ta30 ia 100 a3d ag J aihhr al000ui 1363 o2 20ri0cki E 1000 ui a gl000ut obi d o tjiluizrir ta30xn kva o 130ac d 43iol000 d d50it dp dq d ailiobur 3il himajwel000e ta30ik 9 7 g a 6t a ix hu kpgl c d1000e r xs 3in 2 kp dp 13 rc 1 vi o 1000 ie d ar g 1 12a1000e 2 20 gdiirk to d 4aibqi a pl5n a7 a
6. puis les lettres puis les syllabes les mots les syntagmes et enfin les phrases Et il ne faut pas oublier les traits morphologiques des mots les structures syntaxiques des phrases etc La cha ne sonore conna t une segmenta tion semblable dans les grandes lignes Ainsi par exemple l accord morphologique de genre et de nombre ne concerne pas les adverbes et ne sature pas tous les substantifs et adjectifs mais seulement leurs parties finales les marques de conjugaison verbale font princi palement de m me etc Ce type de norme ne sature que les occurrences d une seule cat gorie d l ments syntagmatiques morphologiques syntaxiques orthographiques C est ce que nous appellerons une saturation cat gorielle du langage et du texte 2 5 Normes saturation diffuse Nous consid rons comme normes saturation diffuse celles qui r gissent principalement le signifi et ou la signification c est dire les aspects s man tiques logiques et pragmatiques du langage Ces structures se tressent et s em pilent sur les divers segments du texte mais ne sont nullement limit es par eux C est par exemple le cas des structures s mantiques pour saisir le sens d un mot il faut consid rer aussi le contexte Ces structures sont certes percep tibles dans tels segments de la cha ne parl e ou du texte mais leur impact d passe toujours les seuls endroits qui les mat rialisent directement Quant aux aspects
7. J Roubaud Le Grand Incendie de Londres Seuil 1989 p 40 Je reprends cette notion au n 1 des Cahiers de narratologie Nice 1986 2 G Perec Wou le Souvenir d enfance Gallimard 1993 p 14 G Perec Un petit peu plus de quatre mille po mes en prose pour Fabrizio Clerici Les Impressions Nouvelles 1996 11 15 19 DOSSIER THEORIQUE 1 E PARTIE Bernardo Schiavetta Avec la collaboration de Jan Baetens D finir la contrainte 1 PREMI RE PARTIE 1 1 Introduction Certains textes sont per us intuitivement comme des textes contraintes d autres non Notre travail se propose de cerner cette intuition d aussi pr s que possible pour essayer de d finir ce qu est une contrainte dans le domaine textuel La pierre de touche tant jusqu preuve du contraire 1 intuition du lec teur nous avons demand l avis des praticiens et amateurs de la contrainte gr ce des changes via la liste Oulipo sur Internet ainsi qu au cours de trois s ances de travail du Centre de Po tique Compar e de TINALCO et d une autre s ance au S minaire de Textique de Cerisy la Salle Nous avons ainsi recueilli de nom breuses observations et objections celles notamment de Philippe Buschinger Didier Coste Gilles Esposito Far se J B Guinot Pierre Joncheray Marc Lapprand Claudette Oriol Boyer Jean Ricardou L on Robel Jacques Roubaud Michel Sirvent Gilles Tronchet et Dolores Vivero que nous re
8. Voir Schaeffer op cit p 135 137 5 George Santayana The Sense of Beauty Being the Outlines ofAesthetic Theory 1896 M LT Press 1988 p 33 35 G rard Genette Lacl de Sancho Po tique n 101 1995 p 3 22 7 Je conc de volontiers que cette analyse de la distinction entre relati visme et subjectivisme importante notamment pour comprendre la diff rence logique entre le jugement moral et le jugement esth tique manque de nettet et de pr cision Mais je reste convaincu que c est dans cette voie qu il convient de s engager si on veut y voir clair 68 PROPOS DE LA CONTRAINTE Philippe Bootz TEXTES A CONTRAINTES Cet article propose quelques pistes qui s inscrivent dans une r flexion aon encore totalement aboutie sur la position du signe textuel dans une uvre Ett raire Ma pratique d auteur qui s tend sur un quart de si cle et m a fait taaverser le vers libre la po sie visuelle les installations de po mes lieux la po sie programm e sans ordinateur puis la po sie sur ordinateur m a peu peu frit prendre conscience des limites d une approche s miotique du texte Ce d bat a t tr s largement initi au sein de la revue de litt rature sur ordinateur alire notamment en confrontation avec les conceptions de Tibor Papp et ce depuis les ann es 90 Constatant par ailleurs que les r flexions et opinions de lecteurs ou observateurs souvent tr s pidermiques sur un sujet a
9. crit sous contrainte pour peu bien s r qu elle cesse de cou ler imperturbablement dressant sous l oeil du lecteur des asp rit s ou des cas sures conduisant vers l id e de protocole de proc d bref de programme d cri ture Colin en ce sens devrait tre sinon publi du moins d fendu en les co lonnes de cette revue Mon propos ici n est pas de montrer que cette th se est contestable jy reviendrai peut tre un jour il est plut t d analyser plus avant le probl me pineux des rapports entre criture contrainte et criture en prose Ce faisant j esp re videmment red finir l interrogation et l embarras qui sont n s du livre de Colin pour aboutir une approche diff rente de cette inqui tante prose contrainte sans contrainte Afin de permettre une premi re clarification du probl me il importe de distinguer soigneusement entre les deux acceptions l une technique et l autre un peu moins des concepts de prose et de po sie En effet sous cette opposi tion binaire il est possible de comprendre la fois l opposition mesurable du discours versifi po sie et non versifi prose et celle plus vague mais non tout fait imperceptible du discours litt raire Po sie avec grand P la majus cule n ayant ici d autre fonction que discriminatoire et du discours non litt raire Prose L une et l autre de ces acceptions peuvent tre mises enjeu dans une analyse toute
10. elle s acharne sculpter tisser tresser enfiler broder coudre p trir colorier vernir d couper assembler jusqu ce qu elle ait reconstitu des v tements nouveau parfaits Il pourrait la voir assise pr s de la fen tre d tricotant les vieux pull overs r cup rant des paulettes et des doublures retournant un manteau taillant un caraco dans un vieux coupon de brocart ou agenouill e marquant la craie Pourlet d une jupe culotte confectionn e dans un pantalon de clown Elle aime avant tout les tissus rong s par les mites apr s avoir nettoy les trous elle entreprend de ressusciter en la brodant la trace exacte de ce qu a t la vie du ver dans le morceau de tissu de tous les mouvements qui ont constitu son existence aveugle Le r sultat est une mat rialisation fid le de tout ce qu il a mang et dig r arrachant la compacit du mode alentour les imperceptibles l ments n cessaires sa survie une image tal e visible incommensurablement troublante de ce cheminement sans fin dans un r seau impalpable aux limites vanescentes Tandis qu elle parle il l observe elle est ronde sa perfection est circu laire Son ch le glisse Elle chavire Ses cheveux s imbibent lentement de li quide Brusquement elle ramasse une ficelle les pages ratur es et le journal o elle d coupe n gligemment pour un spicil ge tout ce qu on vient de 3999 EE lire 169
11. ep o y LLI 4 EE o O LL s CO S Y c ora Oz IDE r OL r N lt a me E A C UE 5 v re me G enpa d T o lt lt 2 o S1 INWYOJ Le naturel n est qu une pose de plus Oscar Wilde 1854 1900 A l occasion du centenaire de ses adieux la sc ne ce num ro de Formules lui est d di Revue publi e avec le concours du Centre National du Livre France de la Communaut Fran aise de Belgique et de la Drac de Picardie Formules est une publication de l Association Reflet de Lettres Saint Quentin Aisne avec la collaboration de la Fondation No sis Internatio nale et de l AssociationNo sis France Formules est une revue traitant d un domaine particulier celui des litt ratures contrain tes Les envois spontan s sont encourag s pourvu qu ils soient en rapport avec ce do maine toutefois Formules ne maintiendra pas de correspondance avec les auteurs des textes refus s qui ne seront pas retourn s Les auteurs publiant dans Formules d velop pent librement une opinion qui n engage pas la revue Cependant Formules se donne pour r gle de ne jamais publier des textes antid mocratiques ou contraires la dignit de la personne humaine Adresse de la r daction en Belgique Parkstraat 171 3000 LEUVEN courrier lectronique jan baetens arts kuleuven ac be Adresse de la r daction en France 79 rueManin 75019 PARIS courrier lectronique bemardo
12. il a p n tr dans ce lieu tranger qu il habite seul qu il prenait pour un abri et qui n en est pas un De sa propre anatomie la peur donne toujours une confuse mais univer selle culture Ce qu il sait au fond de lui c est que les portes de son enfer viennent de s entrouvrir Il a vu le spectacle comique et effrayant de son int rieur Chaque corchure suivante est la confirmation de cette vision toujours plus profonde et plus ample d un cadavre pr par en salle de dissection couch sur le dos avec une fen tre rectangulaire m nag e travers les muscles pais de l abdomen et d autres interstices longs et minces d coup s entre chaque ten don pour que la t te des os soit plus ronde et plus accessible L corchure n est pas le d sagr ment n cessaire des promenades en v lo et des sauts dans les ronces et dans les fourr s elle est une fen tre soudain en soi le petit trou en forme d toile par lequel passent pour la premi re fois les rayons du soleil Alors l ombre au dedans est un c ne qui grandit Un bien pi tre malheur Par d finition une gratignure n est rien elle compte pour du beurre elle n est qu un fou rire qu on prend quand on l a chapp belle Une gratignure ne fait pas de tort celui qui la subit au contraire elle s exhibe comme la marque providentielle laiss e par l tendard ou la lance de l archange protecteur inter venu ai votre faveur e
13. ind pendance proposition inacceptable dans une conception ontologique qui recherche une convergence des deux dans un rapport causal le texte voir devant tre la cons quence du textes auteur Ces deux objets ph nom naux accessibles tout observateur sont com pl t s par deux objets cognitifs le texte lu et le texte crit Le texte lu est l image mentale que le lecteur se fait de l ensemble du processus de communi cation Elle contient notamment des l ments de repr sentation du signe textuel virtuel per u dans le texte voir mais n est pas r duit ces derniers Contraire ment la s miotique le mod le d montre qu une interpr tation ind pendante ne peut tre extraite du texte lu En clair toute lecture est contextuelle et il n existe pas plus d image autonome d un texte qu il n existe de texte autonome Le mod le est coh rent sur ce point Ici aussi lorsque la conception ontologi que s applique le contexte et la m tacommunication ont une influence faible de sorte que le texte lu peut tre en premi re approximation consid r comme construit partir du seul signe textuel per u et alors contenu dans le texte voir ce n est plus un texte virtuel mais un texte culturellement actualis dans le cas o la conception ontologique s applique Le mod le rejoint alors la th orie de l interpr tation s miotique Mais chacun sait par exp rience qu il peut dans tout r sultat
14. lire selon un mod le vertical tr s fort compl tement assum la publication posthume de Comment j ai crit certains de mes livres met en effet en place le sch ma d une initiation En ce sens la partialit l incompl tude de la r v lation importent moins que la configuration ainsi institu e s opposent alors comme l a montr Julia Kristeva ph notexte et g notexte Cette postulation d une profondeur du sens est galement tr s sensible dans l oeuvre de Queneau et Perec l un et l autre la revendiquant l occasion de la mani re la plus expli cite je rappellerai simplement l image de l oeuvre oignon ch re Queneau Je r pondrai la question de cette conjonction d une pratique scripturale 17 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE rh torique en d autres termes horizontale et de la mise enjeu de mod les her m neutiques de la verticalit en faisant intervenir nouveau la cat gorie de l ambivalence l criture contrainte pratique rh torique install e au XXe si cle dans un contexte scolastique a besoin de la verticalit induite par l nigma tique pour donner n cessit et sacralit son organisation horizontale Les sch mas religieux sont r utilis s pour produire une r v rence par rapport au livre qui n est en somme que la r alisation la plus pleine de la lisibilit du texte pour une id ologie scolastique 4 Pour conclure Le texte contraint fabriqu
15. pr jug s critiques commandent l approche du texte Le premier c est la croyance en l existence du texte Tout se passe comme si le texte existait hors du regard que je porte sur lui hors des op rations que je lui fais subir pour que pr cis ment il devienne un texte le second est la croyance en une identit du texte identit soi d finition et configuration uniques Cette identit est son unit L analyse visera la retrouver tous les niveaux Barthes formulait en 1962 le m me diagnostic montrant que notre id ologie textuelle est command e par le dogme du continu En somme pour tre Livre pour satisfaire docilement son essence de Livre le livre doit ou couler la fa on d un r cit ou briller la fa on d un clat En dehors de ces deux r gimes il y a atteinte au Livre faute peu rago tante contre l hygi ne des Lettres En ce sens la conception scolastique du texte est historiquement bien davantage romantique que m di vale elle rel ve plut t d une scolastique mo derne qui dramatisant la scolastique m di vale se d veloppe probablement partir de la fin du XVIIe si cle et peut tre associ e aux noms de Richardson et Rousseau avec Clarissa ou La Nouvelle H lo se le roman acquiert toute Pautorit d un livre religieux Consid rons pr sent les Micro traductions Quinze variations discr tes sur un po me connu de Perec Le
16. textuelle Puisque nous avons fix quelques rep res terminologiques et introduit les principales hypoth ses que nous allons mettre l preuve nous pouvons maintenant commencer l analyse des crit res que nous avons retenu commen cer par celui de conventionnalit 2 DEUXI ME PARTIE 2 1 G n ralit s sur le crit re de conventionnalit Une convention est un contrat qui peut se passer au minimum entre deux partenaires Dans le cas des conventions textuelles qui sont notre objet ces partenaires sont le destinateur et le destinataire Tout texte en tant qu instrument de communication constitu de signes linguistiques est toujours le r sultat d une convention d un contrat engageant au minimum deux partenaires un destinateur et un destinataire Le nombre minimum de partenaires et de personnes peut effectivement tre r duit deux dans le cas d un texte crypt dont seuls le destinateur et le destinataire poss dent la cl Le nombre minimum de personnes peut tre encore r duit dans le cas d un journal intime crypt o destinateur et destinataire sont la m me per sonne ce sera galement le cas des contraintes implicites math matiques incal culables dont nous parlerons plus tard Le nombre maximum de partenaires et de personnes peut tre atteint dans le cas des normes qui sont des conventions partag es par toutes les personnes alphab tis es dans le cadre d une langue don n e Nous
17. un mois de distance B comment diable la sentence reconstitu e par la pauvre Margie surdes bribes d antienne aurait elle pu induire le moindre sens Comment exclure de fait l id e qu un Dieu retors avait bien forc le hasard comme ce fou de marquis l avait clam En somme l hypoth se que m re Nature aurait sans aide accom pli la merveille ne tient gu re qu l intime et commun souci d y accorder foi Encore l autorit du bon p re et ce ton familier qui sut opportun ment lui rallier les rieurs scell rent ils seuls cette unanimit de circonstance Le franciscain en juger par une lettre crite le tout premier jour de l affaire et r dig e avec une certaine componction savait visiblement acoorder son style au public au quel il s adressait Affirmer que sa bonhomie ne fut ici qu une strat gie et qu il ornasa fable seule fin de r unir une communaut d chir e serait sans doute pr ter au conteur bien du machiav lisme Mais comment n e t il pas connu en priorit que c fait un conte Comment mettre au cr dit de la na vet ses explications naturalistes d un ph nom ne manifestement fabuleux lorsque tout en lui prouve par ailleurs un pragmatisme lucide Peut il tre na f le sub til alchimiste qui sut ce pointtransformer l impensable en v rit de bon aloi Et peut il tre dupe Ce n est pas l v que par int rim Mgr Arvin qui poserait une question aussi vaine tout lor que le cher lvendri
18. un probl me a t mal pos et autre chose est de d cr ter que le probl me en question n existe pas Il convient d s lors avant de conclure la fausset du probl me d essayer de l tudier d une autre mani re En admettant donc que le texte comment par Vandepol pose la th orie de la contrainte un probl me fondamental par quel biais peut on essayer de le poser autrement Je r pondrai ici en trois temps Pour commencer il est important de rappeler que dans les discussions th oriques les mots gagnent avoir un sens aussi pr cis que possible Mieux vaut distinguer d s lors sans nulle concession po sie et prose discours versifi et non versifi et laisser de c t les termes inutilisables car polys miques l exc s de Po sie et de Prose En second lieu et afin de battre en br che l id e que la prose contrainte pourrait se passer de toute contrainte nommable il est imp ratif de dresser un cadre global des techniques et proc d s susceptibles d appara tre dans un texte en prose Ces contraintes l sont faut il s en tonner de trois types diff rents selon que d abord elles sont communes la prose et la po sie songeons par exemple au lipogramme ou encore malgr les probl mes de d codage que sup pose cette figure en prose l acrostiche selon que ensuite elles se modulent autrement en po sie qu en prose l enjambement po tique par exemple pour rait avoir
19. 1992 Mucchielli 1995 Mucchielli et ail 1998 utilisent une approche duale constitu e d un mod le du fonctionnement psychologique interne des acteurs et un mod le externe d crivant les actions et processus de communication exerc s par ces acteurs dans le syst me consid r Le mod le dual est acc s sur la gen se du sens Il accorde notamment une grande importance aux l ments de m tacommunication qui se rapprochent des composantes contextuelles appr hend es par la s miotique Comme on le voit un tel mod le n a plus rien voir avec le mod le de Shannon sur lequel s appuie encore trop souvent la s miotique pour rejeter l approche communicationnelle La relation entre une telle approche et la s miotique du Groupe p 1992 montre qu l vidence il y a plus de compl mentarit que de divergences entre les deux analyses L approche communicationnelle s av re notamment performante dans les cas de figure o l approche s miotique choue C est d ailleurs pour cette rai son qu elle a t invent e Il peut tre curieux de consid rer qu une approche s miotique puisse chouer et pourtant consid rer que toute th orie a un do maine de validit limit ce qui ne lui permet pas de traita int gralit du champ qu elle se propose d tudia fait partie des grandes le ons d humilit que la physique nous a enseign es Une approche s miotique s av re insuffisante dans tous les
20. 31 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE ces notes annexes divers et jusque dans les mentions l gales obligatoires pro pres aux textes publi s Les nonnes sont donc n cessairement g n rales s ap pliquant en principe tous les textes et contextes Ainsi il faut en fran ais accorder les substantifs et les adjectifs en genre et en nombre Ainsi il faut en latin d cliner les substantifs etc etc La conventionnalit des normes implique une observance obligatoire g n rale B Par contre les prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des normes ne s appliquent pas dans toutes les circonstances leur champ d appli cation est restreint Ainsi les r gles d un formulaire de d claration d imp ts pour l ann e 1999 les r gles prosodiques de Malherbe et Boileau les r gles de l all gorie de la fable animali re les r gles de l anagramme etc sont ou ont t des r gles commun ment admises toute poque ou une certaine poque historique Elles sont parfois obligatoires au lieu d tre obligatoires toujours pour cette raison elles gardent un caract re circonstanciel Cela signifie qu elles s appliquent certaines uvres en particulier et pas d autres ou plut t que tel genre de texte applique tel genre de prescription textuelle syst matique diff rente des normes Bien entendu nous sommes cons cients que le concept de genre est relativement flou et qu il est s
21. CREATIONS Daniel Bilous Des Infimes et de la fa on qu ils se parlent tr s ordinairements avec des exemples pour servir Vinstitution des faibles Ex nihilo maxima e maximis nihil Macrobe De Parvitudine Lib I cap i Premier Dialogue Le Vermisseau Comment plaire Dieu Le Ciron Il faut s abaisser Le Vermisseau Je voudrais tre aussi petit que vous Le Ciron Vous n y atteindrez pas Deuxi me Dialogue Le Vermisseau Serai je jamais assez bas Le Ciron Il vous faut abaisser non pour tre bas mais pour vous faire petit Le Vermisseau Et cela est tout Le Ciron Oui Tout petit Troisi me Dialogue Le Vermisseau Mais y a t on une recette Le Ciron Votre simplicit me confond Dieu ne se trouve point la cuisine mais aux salons de ce monde duquel IT r gle les pendules Le Vermisseau Ne craignez vous point de me d sesp rer Le Ciron D sesp rer de Dieu montre encore votre orgueil 170 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Quatri me Dialogue Le Vermisseau Qu est ce que 1 orguei I Le Ciron C est comme on rentre en soi m me n y trouver rien que soi et ses pareils L on cherche un si ge mais la place est prise Le ver est dans le fruit Le Vermisseau Je sens que c est moi que ce discours s adresse Le coup est rude Le Ciron Soulfrez que je l adoucisse un petit Vous tes bien jeune avec vous le ver est dans le ver Ci
22. L autre La Fontaine sur le conte Les Lunettes dans Sjef Houppermans Lectures du D sir Amsterdam Atlanta d Rodopi p 29 sqq Titre que portera la soeur de Roussel cf Comment j ai crit p 27 3 KE 4 as X A oi F C est dire co ter jouer au piquet a d ailleurs la m me signification P Guiraud Dictionnaire rotique Payot Ren Char Oeuvres compl tes Gallimard coll de la Pl iade p 500 5 Ibid p 1259 6 Ibid p 693 7 Ibid p 697 Michel Crouzet Le naturel la gr ce et le r el dans lapo ique de Stend hal Flammarion 1986 p 218 Ces r veries sur l Italie aboutissent la r flexion suivante D s lors seuls les rayons les parfums les couleurs me semblaient avoir du prix car P alternance des images avait amen en moi un changement de front du d sir et aussi brusque que ceux qu il y a parfois en musique un complet changement de ton dans ma sensibilit la Recherche du temps perdu Gallimard Pl iade I 379 10 JK Huysmans A Rebours 10 18 p 66 67 Le Rider mentionne d autres textes de Huysmans 1 Botho Strauss Beginnlosigkeit Munich Hanser 1992 p 134 cit par Le Rider 12 f Noir blanc rouge bleu jaune vert brun violet orang rose gris le russe fait en plus la distinction entre sinij bleu clair et goluboj bleu fonc 3 Cf Barbara Saunders The invention ofbasic colour terms Utrec
23. Mais l missaire pontifical fut le premier selon toute vraisemblance d chiffrer la prose truqu e E t il d nonc le coupable comment viter que le d saveu collectif n atteigne l Eglise tout enti re On comprend d sormais qu ivendri e t choisi cette habile parabole o la nature pourtourait la feuill e en imitant l imposteur Et l on s explique le soudain mutisme de celui ci Un mois s est tout juste coul depuis les affrontements que Margie se trouve aveir sa giron n e comme on dit ici des filles soup onn esd tre enceintes Seul L Espoir de lOuestannonce la nouvelle de son d part furtif pour le couvent des soeurs d Evron o elle ne sera plus la cible des rigoristes et des gueux De fait 122 TEXTES CONTRAINTES VARI ES if fut peine question de sa mort vingt quatre ans plus tard Tel est le sort du cur Ruet lui m me qu on soumettra au d but d ao t la r gle d un obscur monast re b n dictin nich entre Conques et Pomposa Il se devra d y classer des archives jusqu la fin de sa vie et nul ne lira plus jamais du f fier bec le moindre calligramme inopportun i On notera pr cise Elga que les ruses de Falmanach a rappelerent l infortun un premier jour de printemps La providence prenait sa revanche sur le cur de M Pr Y AP ELITEA EN LOT a PA La CRT ai Seule aujourd hui parle encore du po te sa geste bauch e autour de l oratoire tel
24. Quand elle est r v l e par La Voix du Maine sa d couverte d une anamorphose li mage de la vierge attire bien Mde nouveaux curieux souvent venus de loin Mais la fi vre dont ceux ci t moignent n est gu re propice aux v rifications Et la fouille sauvage et syst matique de la c p e qu ils pratiquent sans au cun discernement n a pour effetimmanquable que de dissiper jamais ce qui tait demeur du fragile ph nom ne Nul lavenir ne verra plus le mantelet rayonner ni les bras de la vierge Marie s cartiler parmi les feuilles Nul ne re trouvera l incertain prie Dieu de mousse ou le p re et Marguerite agenouill s entendirent l orgue olien jouer sa musique sacr e Nul sauf pour lancer la teg une baie deson aux deux sensdu mot ne pr tendra m me avoir vu ou per u rien de tel Mais on viendra longtemps encore errer le soirdans la for t de V esp rer les clins de soleil de la Dame comme au rivage pr s d o un galion 115 CREATIONS regorgeant de tr sors se serait ab m on ne veut pas douter de ceux qui ont trouv des cussurlesable etnul M ne doutera Si l on y regarde attentivement le r cit de notre missaire pontifical est pourtant fort invraisemblable Comment s expliquer par exemple que la v g tation si exub rante du printemps ait pargn pendant quarante jours le contour d une anamorphose Comment s expliquer que le soleil couchant y ait projet les m mes ombres
25. a oa 221 ESSAIS 4 3 Aspects lettristes de la po sie concr te et spatialiste Le type de po sie dont il est parl ici transgresse violemment des normes fondamentales de l exercice du parler Rien d tonnant d s lors ce que dans ce monde d sordonn il soit souvent presque impossible d y voir clair en prati quant quelques dichotomies irr cusables C est d ailleurs souvent pour r cu ser la dichotomie ou plus simplement pour secouer la tyrannie d une logique trop contraignante que sont pratiqu es ces vasions scandaleuses Il y a des po tes que nous classerions parmi les lettristes mais qui sont r clam s par les concrets ou les spatialistes Dom Sylvester Hou dard dans son int ressante anthologie KROKLOK invoque par exemple Es Christian Morgenstern 1871 1914 et son avec ce commentaire de l auteur The fish are dumb and so cannot express themselves _ o in any other way than by dumb signs Mor A ow w genstern consid rait cependant son texte comme 7 un po me phon tique Nous serons amen s A et a le classa parmi les uvres lettristes bas es sur une extension de r pertoire le r pertoire est en effet utilis de fa on iconique par une d mar che m tagraphique de suppression adjonction apparent e la m taphore On pourrait invoqua Christian Morgenstern d innombrables autres exemples Fisches Nachigesang 5 Implications et prolongements Le l
26. cheux relais la r p tition f cheuse en iu qui s ins talle avec oubli nul sit t avant et assidu sit t apr s D s lors si l aliaire se pr sentait bien de la sorte l avantage du substitutif mot selon valait de ce que avec lui d un seul coup s att nuaient ces trois probl mes Mais par suite force est d en convenir et f t ce en l esp ce mes d pens la th se soutenue au c ur de La contrainte corollaire doit tre accompa gn e d une th se sym trique La th se Elle tait celle ci s agissant de la rime et du lipogramme les imm diates difficult s qui sur place se posent tendent d velopper une focalisation op ratoire laquelle occulte les structurales d fectuosit s lat rales qui tendent concurremment survenir La th se sym tri que Elle pourrait se dire ainsi s agissant de la rime et du lipogramme les structurales difficult s lat rales qui sur place se posent tendent d velopper une focalisation op ratoire laquelle peut occulter les structurales d fectuosi t s principales qui tendent concurremment survenir 257 ESSAIS C est donc ici qu il semble permis de tirer une septi me le on 8 Diagnostic erron En effet il se pourrait bien que pr tendre comme s y hasarde Bernard Magn S agissant g n ralement de la prise en compte des param tres d un texte toute vis e globalisante pr tendant l exhaustifet sa
27. enfer sa bi re pleure du flan le feu d air ne br le pas Sur la route demi tu es l amour dire ta rime la soudure menue alourdie sa maladie trou rues tard oui la mesure sa ride la mouture et sa moulure d air se taira leur doum doum saut irr el Toute la face ronde on rate ce flou date doute corne fatale not e fractale d o ta tare de clone fou la foudre c t net le faune dort c t cet t oral au fond fond l or cette eau Troupeau de file tout seul tout d ferle saut ou pluie tout se dilue feu la troupe t te au fusil pour le doute tu le dos fui tue la peur tue sature d pouille tout feu fou tu es la petite douleur l oeuf pur de toute la suite CONTRAINTES DE LETTRES Gilles Esposito Far se Tranche Des mots de requiem s pulture contrainte La mort qui sans merci d tendue et porteuse De superstitions qu mande arme et cl ture La poussi re de mort qui t attend me censure Quand rit turpidement ros e l escamoteuse Qu un repos temel soit dit Madam et creuse Destin moqueur sans tact oeil et rem de pur De notre ultime acm des paniques tortures Piment qui so lera de cendres ma trotteuse Camarde trop menteuse intruse te disloque L espoir d ternit Dans ta mue tu me croques Me dorlotant sadique irrespectueusement Tu t admets qu dit e pour clore mes narines Sers drame quotidien Coupe leur testament Et l unique cordeau des trompette
28. est d ailleurs sans doute l Italie qui commence par colora la langue de Proust apportant telle nuance de tissu v nitien l guant les mauves violettes de Parme et le lys rouge de Flo rence sur fond dor L volution entre 1850 et 1920 est trait e avec beaucoup de d tails ce qui n est que justice car c est l que tout se joue se combine se combat se d chire Les r alistes craignent la folie color e et Le Chef d oeuvre inconnu leur sert de t te de M duse Zola se fait policier dans L Oeuvre les Goncourt et Maupas sant suivent La d cadence de sa part se sert largement des couleurs pour bien faisander les chairs et magnifier les parures Huysmans note sur des Esseintes qu il pr f rait l orang confirmant ainsi par son propre exemple la v rit d une th orie qu il d clarait d une exactitude presque math matique savoir qu une 206 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES harmonie existe entre la nature sensuelle d un individu vraiment artiste et la couleur que ses yeux voient d une fa on plus sp ciale et plus vive Enfin les yeux des gens affaiblis et nerveux dont l app tit sensuel qu te des mets relev s par les fumages et les saumures les yeux des gens surexcit s et tiques ch rissent presque tous cette couleur irritante et maladive aux splendeurs fic tives aux fi vres acides l orang Voil une couleur profond ment fictionnalis e aux splendeurs
29. gle suppl mentaire et son proc d d criture correspon dant par exemple les r gles de la m trique et les proc d s d criture de la m tri que peuvent certes se superposer aux normes par l adjonction d au moins un type de traces textuelles syst matiques suppl mentaires par exemple les mar ques de versification N anmoins une r gle peut galement se superposer aux normes par la modification syst matique de l une d entre elles au moins et cette modification peut soit remplacer soit op rer une permutation une permu tation par inversion du type des palindromes ou bien une permutation quel conque du type des anagrammes soit liminer certaines traces des normes Nous d finirons donc les prescriptions diff rentes des normes comme l en semble de r gles proc d s et traces textuelles qui soit s ajoutent syst mati quement l ensemble des normes soit modifient syst matiquement au moins l une de ces normes Par ailleurs la question ne se pose pas de la m me fa on lorsque l on doit d terminer ce qui est ajout ou modifi soit aux normes saturation cat go rielle soit aux normes saturation diffuse Cela revient distinguer la nature des l ments textuels qui sont syst ma tiquement ajout s ou modifi s l ments du signifiant ou l ments du signifi et de la signification Ce type de classement a t utilis par Marcel B nabou dans l article cit Il se rapproche b
30. intratextuelle objectiv e et objectivable d un proc d d criture syst matique Cela implique qu elle reste toujours potentiellement perceptible Marc Lapprand dans Po tique de l Oulipo a parl de r gles visibles invisibles et explicites implicites et des croisements possibles entre ces quatre modalit s Cependant il nous semble que m me une r gle implicite invisi ble n est invisible que pour ceux qui ignorent le proc d de lecture correspon dant la grille de lecture Inversement une r gle visible explicite demande parfois un effort de lecture Certes pour un lecteur non pr venu la r gle peut tre plus ou moins difficile percevoir Non per ue elle reste n anmoins con cr tement actualis e dans le texte et le lecteur finira par l y reconna tre d s que la grille de lecture ad quate lui sera r v l e Parmi les r gles implicites quelques unes seraient elles plus ou moins perceptibles que d autres La perceptibilit d pend de conditionnements cul turels d une comp tence et donc de facteurs minemment contingents Ainsi les rimes qui sont seulement pour l oreille apparaissent la lecture comme moins perceptibles que les rimes pour l oreille et pour l il pourtant pho n tiquement il n y a pas de diff rence entre les unes et les autres Ce ph no m ne vajusqu l illusion de certaines fausses rimes les rimes pour l il sans contr
31. le livre que vient de sortir Dominique Viart a de fortes chances de s imposer rapidement comme une r f rence en la mati re et m me comme une r f rence tr s originale et rafra chissante Car en d pit de ses dehors un peu scolaires cette tude contient une approche et une vision de la chose litt raire qui ne sont pas celles de Monsieur Tout le Monde Sp cialiste de l criture romanesque des ann es 50 et 60 cette fameuse g n ration du soup on laquelle il a consacr une th se Dominique Viart pr sente ici un survol de l ensemble du XXe si cle qui est la fois tr s bien inform e et extr mement utile En effet loin de r duire le si cle quelques grands courants ou quelques grands noms voire ne laisser parler que ses go ts et jugements personnels on sait par ailleurs tr s forts Viart a ici le cou rage d inviter relire des textes et des auteurs en voie d tre oubli s ou encore peine d couverts On red couvrira donc les contemporains de Proust ou de C line par exemple ou encore de Camus Albert et de Camus Renaud et le grand m rite de Viart est qu il refrise cat goriquement d utiliser les petits comme les seuls faire valoir des grands sans pour autant brouiller les fronti res entre oeuvres majeures et mineures En lisant Viart on voit mieux de nouveau comment se structure le paysage litt raire d une poque exercice de contextualisation qui semblait tre d
32. nais par d ploiement aussi bien des sollicitations formelles que le nom en guise de signe adresse au po te BILLET Pas les rafales propos De rien comme occuper la rue Sujette au noir vol de chapeaux Mais une danseuse apparue Tourbillon de mousseline ou Fureur parses en cumes Que soul ve par son genou Celle m me dont nous v c mes Pour tout hormis lui rebattu Spirituelle ivre immobile Foudroyer avec le tutu Sans se faire autrement de bile Sinon rieur que puisse l air 3 5 15 De sa jupe venter Whistler Soit encore le Billet Whistler Le nom du peintre y r git le proces sus textuel d une part en tant que signifi traduit le siffleur d sinvolte com mandant la cha ne th matique allant rebours de lair rieur vent par la jupe aux rafales ni es au d but du po me en passant par l expression d sinvolte sans se faire de bile d autre part en tant que signifiant rimant avec puisse l air qui proc de un effet de motivation linguistique propre rejaillir sur l ensemble du texte le nom signe arbitraire est du coup motiv par le texte comme celui ci se motive in fine par le nom Passons rapidement sur le cas du Tombeau d Edgar Poe o l all gorie dont le sort fait Poe est le vecteur se voit soutenue v rifi e en quelque fa on par l inclusion du nom Poe dans le mot Po te avec sa majuscule nom mant une prem
33. ologi ques linfini oulipien se vend bien 81 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE Jeanne Vandepol L acontrainte Mais que penser d un livre comme celui de Bernard Colin Perp tuel voyez Physique sorti sans trop d indications quant la figure de son auteur ou l am bition de son criture Que penser de ces textes superbes sans exception du point de vue pr cis ment de l criture sous contrainte qu ils sollicitent tr s fort tout en le d fiant et le d courageant plus d un titre N allons pas plus loin que les premi res lignes elles situent tout de suite les vrais enjeux Si une bille en choquant contre une autre met en mouvement le corps choqu c est par une loi de la physique ou par la volont de Dieu et son action imm diate se m fier de vous de soi sans savoir dit des choses vraies et des fausses qu il croit vraies n a pas de preuve et m me des choses connues de tout le monde au moment de les dire a oubli qu elles sontfausses affirme avec force et c est comme si elles avaient chang miracle ici de sens qu il n y a pas de doute sur la certitude chose vraie quelques minutes proclamation est vraie est s re ainsi pour la langue et ensuite revenant effa ant ce n est plus le jeu dit qu il n y a plus de r gles Cette ruption verbale convient il de l carter comme Vautre de l cri ture contraintes au m me titre que par exemple la parole aut
34. pour titre La Prescription Sous la forme d une mani re de r sum d de toute vidence l auteur un protocole de lecture s y prescrit L affaire serait donc la suivante un v nement insolite suscite d ordinaire deux r actions Ou bien son t moin se flatte d un tel contact avec ce qui ne saurait que ressortir au surnaturel Ou bien il fait sienne la double motion rationaliste causaliste et lui trouvera quelque plausible explication Souvent pourtant l v nement r siste et ne se laisse que peu atteindre par l une ou l autre des approches La prescrip tion est en quelque fa on le r cit de cette r sistance Mais quel est donc l v nement en mal de glose La prof ration par une voix sans metteur dans un lieu clos d une singuli re parole prescription dans les deux sens du vocable ordre express ment formul et privil ge d tre lib r la faveur du temps de ses obligations L ouvrage r v lera dans son dernier quart tr s tard donc le con tenu de cette parole ne pas conna tre le premier mot de sa vie mais qu il la faut crire Quelques indices auront toutefois t pr alablement conc d s nepas conna tre souffle t elle ici d s le premier mot de la vie qui le re oit de sa vie l Le propos est prescriptif parce qu il d livre un ordre s atteler telle t che d criture crire sa vie ce qui peut s entendre de deux fa ons soit biographi
35. re m rement r fl chie et non comme un r sultat Effectivement il semblerait qu on puisse proposa un quivalait extra s miotique la notion de contrainte mais le mod le demande tre d velopp 69 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE J ai bien conscience qu un article de quelques pages ne peut suffire pr senta les arguments qui m orientent vers de telles pens es ni exposer les d monstrations des propri t s avanc es Cet article est davantage une introduc tion une probl matique il sera n cessaire d entrer ult rieurement dans plus de d tails Par ailleurs les s mioticiens trouveront peut tre le propos d plac re posant sur une m sinterpr tation du fait s miotique Apr s tout je ne suis pas sp cialiste du domaine loin s en faut Mais m me si cette r flexion n a d autre cons quence que de les amener s exprimer et clarifier des conceptions son but serait atteint faire progresser la compr hension Je serais donc d u qu on la lise comme un pamphlet m me si elle remet en cause une notion tr s solide ment tablie celle du texte Le signe textuel Il est habituel parlant d un texte de distinguer sa surface ph nom nale de ce qui ferait sa v ritable nature de texte C est par cette distinction et en d finissant en premi re instance le texte par son p le ph nom nal directe ment accessible que Barthes 1975 p 370 entame son article fexte dans
36. rent des contraintes invisibles Italo Calvino et hors Oulipo Jean Uiougue sont clairement partisans de leur divulgation Perec ayant T occa sion d fendu les deux positions De fait les attitudes occurrentes des auteurs ont fort diverses induisant des r gimes vari s de manifestation de la contrainte 15 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE La contrainte abstraite ou instanci e peut tre lisible selon diverses moda lit s du fait du texte lui m me lorsque le voir fut ce sans le lire permet d identifier directement la contrainte mise en oeuvre avec les Cent mille mil liards de po mes ou les textes en boule de neige du paratexte titre commentaire pr c dant ou suivant le texte contraint table des mati res qua tri me de couverture pour Les Revenentes pr face de l pitexte Com ment j ai crit certains de mes livres ou d un dispositif m tatextuel c est le cas m combinaison avec la r v lation op r e par les titres pour le grand palin drome de Perec qui nonce explicitement la contrainte laquelle il est soumis d s Y incipit pour La Disparition aussi avec la diff rence que le m tatextuel alors mis en place est connotatif et non plus d notatif la r v lation y est donc oblique Certains textes dissimulent en revanche leurs contraintes partiellement ou en totalit ce d voilement partiel n allant pas d ailleurs sans une part de ruse auctoriale une explicitation g
37. rudit un comparse autrement pervers que l insignifiant Bitard Int ress d s ses premi res p tres par les figures de la prose anagogique ardent admirateur de Jean de La Croix ex g te et traducteur r put de rh toriqueurs chr tiens de l poque romane glosant l occasion un Venantius Fortunatus ou un Abbon de Fleury le singulier pasteur qui avait chu la pauvre paroisse de M aurait pu sans indignit si ger Rome Sa manifeste disgr ce para trait due certaine apologie d clar e fort per nicieuse par la Curie de cet Apollinaire de Syrie jug h r siarque par les dits conciliaires H r siarque au point que l ouvrage de Ruet aujourd hui ne semble plus exister nulle part ailleurs qu en marge de son histoire L v que par contre en a relu chaque ligne et le commente avec 105 CREATIONS une violence que les circonstances suffisent l gitimer fe Verbe auque notre cher fr re conf re une signification dangereusement litt rale s offre en toute chose len croire comme la configuration de l me cette aura unique de Dieu d cr te que seuls les signes du lexique pour le coup qualifi s de divins rel vera ent de Son Enseignement et tient pour appa rences trompeuses les merveilles qui t moigneraient de notre Cr ation pat exaltation des sens A suive sa le on la Gloire infinie de Dieu ne saurai se manifester que par la parole qui n gare infid les et ath e
38. s Jusqu pr sent nous avons avanc des exemples de textes r gl s par des prescriptions diff rentes de normes sans tenter de d terminer si ces prescrip tions taient oui ou non des contraintes proprement dites Nous avons dit au d but de notre travail que certains textes sont per us intuitivement comme des textes contraintes d autres pas et que nous avions demand l avis de divers praticiens et amateurs de contraintes Nous r examinerons dans cette optique quelques uns des exemples avan c s jusqu ici et nous tenterons de discriminer entre ceux qui sont per us et ceux qui ne sont pas per us comme des textes contraintes Cas n 1 Le sonnet Les Conqu rants de H r dia Apr s consultation il if a pas t unanimement consid r comme un texte contraintes proprement dit Il comporte plus pr cis ment une saturation cat gorielle assez tendue m trique rimes strophes forme fixe Il s agit d un proc d tr s connu de difficult moyenne ou faible La prosodie tait autrefois une sorte de norme particuli re au genre Po sie il ne s agirait donc pas d une convention diff rente des normes objection avanc e par Jacques Roubaud Cas n 2 Le sonnet en yx de Mallarm Apr s consultation il a t una nimement reconnu comme un texte contraintes proprement dit Il comporte en plus des r gles prosodiques du sonnet au moins une r gle mat rielle suppl mentaire Il s a
39. s pip s A Shelley cahin caha a quatre rois et un dix G d on zen descend un demi litre entier de vin de cassis Oh G d on zut et cul d cuelle A Shelley fume il est d cav si ce pitre antillais fait mieux G d on zieute et cuit demi l che ses d s Quatre as et un dix A Shelley r cuse et rauque souhait maudit ses d s Hier Ayacha ch re me il accusait Dieu Demi lune uf d capit H b d esse de pierre Acad mie limpide H b veillait nimb e de doux bleus veillait l g e de 2005 ans telle un souhait merveilleux 193 CREATIONS aihhr 1000 i ia o1000ie 2 c 15f 1c100 100 7 r o 1000ie d gil30rlie 1000av 10005 z g aihhr a1000ob uavxc h mloll z obuigvi hlifla d 10e6n 1 o gn 2 3 ui kc 1 100 10akgnd1000ev d 3in gbjd gn d 3i1 a a 6t o riiag q20 dr 1 100c ir g at hisui 1304 8 hl h 20 ki 2 d5itjpmn g id k kin 1000ihl d aihhr a1000a LA a t 100 a pisaktkc kin 1 1000i d10i11 lpi s uran2 kikhl g1000i1 d o mi djam gdllirk kpimit1000 g x hisa71 1 bb kin m aiha g at g l vi a t r 1000ov s ufl ki 4im g tt 1 dHel000 r30 ia o 1000ie d ki vc aiha ci d aillip g rn c 51 071 2 kko gci 2 ng 7 a10000jk kin cvimaic kko t rb h 194 CONTRAINTES DE LETTRES Ayacha ch re me il y a au milieu de ces pics un zeph incessant Sens cet air au milieu des cuisses entre en terrain so
40. s par des prescriptions diff rentes des nor mes puisque les principes al atoires du S 7 ou du PALF sont appliqu s de mani re syst matique sur certains l ments textuels et que l on peut les recons 38 DEFINIR LA CONTRAINTE tituer gr ce leur syst me extratextuel de r gles c est dire l aide des dic tionnaires servant de r f rence au proc d Il en va de m me de certains proc d s surr alistes comme le cadavre exquis qui fait intervenir le hasard propre ment dit Or il s agit l d une utilisation syst matique de l al atoire Les cada vres exquis sont bel et bien des textes comportant la trace de proc d s syst ma tiques Il s agit d abord de traces d inscription traces de pliage Il s agit en suite de traces d incoh rence logique et s mantique Ces traces intratextuelles d inscription peuvent dispara tre lors de la publication des textes sur d autres supports le pliage devenant alors une simple r gle d criture ind pendante tandis que les traces d incoh rence restent reconnaissables 3 9 La rigueur dans l ex cution des proc d s ce Le crit re de syst maticit implique notre avis une condition de ri gueur de l ex cution semblable la condition de correction propre l usage des normes langagi res Cette condition doit toutefois tre rattach e au crit re d objectivabilit textuelle Ici la comparaison avec les normes es
41. sir Entre temps au 19 si cle la litt rature ira l cole de la peinture les romantiques cherchent la synth se des deux arts suivant l inspiration goeth enne et en plus ils tentent de trouver des liens avec la musique Baudelaire va puiser son lan chez Delacroix et Stendhal se laisse guider par le Corr ge qui colore tout en nuances et enseigne ainsi d aller au del des mots et de l explicite Le sommet des tentatives de synesth sie syst matique et g n ralis e se ren contrera chez Proust o Elstir et Vintueil ont vite fait d vincer Betgotte Mais Proust va plus loin et Le Rider aurait pu renvoyer ici l tude de Philippe Boyer Le Petit Pan de Mur Jaune o celui ci d montre que les couleurs en troite combinaison avec les mots et les motifs musicaux forment une structure com plexe et souple multiforme et autonome Le rose le bleu et le jaune notamment sont la base d un syst me qui d passe tout en les int grant en partie les renvois r alistes les colorations motionnelles aussi bien que les diff rentes variantes symboliques Le rose couleur du d sir ne peut prendre toute son en vergure que dans sa constante contextualisation avec les autres tons Proust ac cepte pleinement toute l ind termination de la couleur toute sa polys mie et l infinie variabilit des tons pour mieux se l approprier esth tiquement pr sup posant que notre vraie vie est l Comme pour Goethe c
42. sur le chemin de l cole Eu gard mes parents de tout chahut je me gardais asservi la junte des p dagogues qui la voix aigu au gr des cours instillaient la cigu br lante du savoir c est la fonte de l enfance que l cole en la phase un de son programme proc de ardoise points et craie l appui Ces meurtrissures j en ignorais certes le pr judice mais au retour dans l odeur de friture qui nappait la rue Vivegnis un jour plus rien Plus de tuyaux du gaz r enterr s Rong de m tastases scolaires je marchais vers mon futur le nez au sol sans voir les cicatrices qui marquaient les trottoirs de bosselures tout au long de la rue Vivegnis TEXTES CONTRAINTES VARI ES Jacques Sivan Le loz plui fler t re surfase lak du pi soul veman mintenan gr ve flo se mili ou dan p aparision d biinto barke Fe surfase lak lak blanshe retour flo min la pous 2vage l poison arbre froi la krike un l j re vage grondeman ton re a o tanto fame dan lo d sante van vile antre lile lune sur lak poison an refl jour rivaje premi re foi vi yar ondeman kla de dragon lint rier prize jour nui jardin fler van lune linpide nui rej lak an lak ap l dir ksion miz r la fin kr du mon l sime mon du la difuze vag tinselante de rivaje bark klozion m le s te v voisi printan du
43. t les phrases de Junger font assez exactement ce qu elle disait analyse m me rapide du paragraphe a montr l existence d une archi tecture d ensemble qui n est pas sans ressembla une grille et que de l autre telle r gle de composition est moins faite pour tre per ue en elle m me que pour donner voir quelque chose qui se situe derri re elle les remarques pr a bbles sur la prose ont vite abouti des consid rations sur les rapports entre prose et po sie et donc sur la litt rature en g n ral A poussa la lecture encore un peu plus loin il s av re que la structure figur e de la derni re phrase de Junger peut en fait se d chiffrer de deux fa ons au moins Jusqu ici on a cru pouvoir assimila l image de la grille l id e de la prose mais cette lecture est loin d autre aussi simple qu on avait pens initiale ment c est ainsi qu il faudrait lire la prose comme travers une grille peut signifia en effet que lire la prose c est comme lire travers une grille la prose tant pos e comme une grille entre le lecteur et ce qu il voit en lisant Toutefois la m me phrase peut signifier aussi que pour bien lire la prose il fout foire comme s il y avait entre elle et le lecteur comme une grille Dans le pre mia cas la prose est du c t des colonnes du temple Dans le second cas elle est du c t des nuages vus dans leurs intervalles Dans le premia cas la prose est o
44. taphorique la trame de Y Odyss e d Hom re le titre donnant la cl ou la r gle de lecture de la transposition op r e Cette r p tition permet de pr dire et de v rifier chaque nouvelle occurrence de la transposition de la trame de Y Odyss e dans l analyse progressive du texte 37 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE Ils agit d un syst me extratextuel de r gles Autrement dit la r gularit du syst me ne s objective qu une seule fois l int rieur du texte la deuxi me occurrence tant son mod le extratextuel Ici la s quence objectivable totale ou l unit textuelle marqu e n est pas le mot ni la phrase ni les paragraphes mais le texte en entier Ces deux exemples nous permettent de comprendre que dans les textes r gl s par des prescriptions diff rentes des normes le syst me des r gles doit tre con u comme une s quence objectivable totale et r p t e au moins deux fois soit l int rieur soit l ext rieur du texte Nous pouvons donc distinguer de ce point de vue deux grands types de syst maticit diff rente des normes Syst maticit intratextuelle Syst maticit extratextuelle Le crit re de syst maticit tel qu il a t envisag jusqu pr sent impli que la r gularit du syst me cette r gularit pouvant tre intratextuelle ou extratextuelle Toutefois avant de l admettre d finitivement il faut maintenant d terminer si un syst me de
45. une validit intersubjective au moins hypoth tique en ce qu il se veut fond sur une argu mentation l gitimante Je peux fort bien justifia mon juganent esth tique mais je ne peux le faire qu au nom du caract re d plaisant de mon activit cognitive exerc e sur l oeuvre ou l objet en litige c est dire au nom d un tat Intentionnel qui ne peut tre que subjectif puisqu il est l effet causal d une exp rience men tale qui ne saurait tre que la mienne C est parce que le jugement esth tique trouve sa l gitimit dans la qualit de cette exp rience qu il ne saurait tre que subjectif f t il partag par l humanit enti re c Pourtant le jugement esth tique donne lieu des propositions qui ap paremment pr diquent des propri t s objectales C est une oeuvre puissante Voyez l l gance de ces lignes Le choix des couleurs est harmonieux etc Santayana a propos d expliqua cette diff rence entre la grammaire de surface proposition descriptive et la grammaire profonde proposition expressive des jugements esth tiques en termes d objectivation du plaisir G rard Genette a repris cette analyse en montrant de mani re concluante que cette objectivation passe par le tourniquet des propri t s esth tiques En effet ces propri t s esth tiques telles la puissance l l gance l harmonie etc bien qu elles se pr sen tent comme des propri t s descriptives sont en lait d j des termes appr cia
46. voir qu elle rel ve non point d une gaffe li e laprise en compte des param tres d un texte par une vis e globalisante pr tendant l ex haustif et sa ma trise et du reste l on vient plus haut d en faire saillir la raison mais bien d une b vue sur un param tre que la textique fut ce sous les esp ces d une conceptualit un peu diff rente et plus fine a clairement identifi disons pour simplifier dans la conception ordi naire celui des lettres Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En effet si l on supporte une formule un peu moins sommaire l on peut affiner le pr c dent diagnostic en stipulant qu il s agit affectant le param tre litt ro grammique d une caco proto choro holochoro diortho texturelipo litt ro morphique La troisi me est une erreur quant l op rativit En effet si l on s avise des conditions op ratoires dans lesquelles avec selon est survenue la bourde il est possible d apercevoir que le jugement port par l minent sp cialiste de l uvre de Georges Perec repose sur une confusion Une confusion Oui entre d une part la th orie et d autre part le champ op ratoire qu avec les concepts labor s celle ci ouvre la pratique Les concepts labor s Oui ceux en l oc currence de contrainte majeure et de contrainte corollaire La pratique Oui une r criture de tel fragment lipogrammatiqu
47. Dieu parla aux siens certain vingt et un mars pour les conduire jusqu Lui le Verbe fait corps m me si le dioc se entier en fut mu 100 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Monseigneur Si votre Grandeur re oit ce t moignage crit en sa paroisse de M par son tr s humble serviteur en J sus notre Sauveur c est qu Elle doit tre rapidement instruite d un fait merveilleux survenu ce soir du 21 mars 1880 en or e de la proche for t de V Comme elle rentrait d une course o l avait envoy e son p re no tre d vou fossoyeur une enfant de douze ans nomm e Marguerite Lerai instruite en la foi et connue dans le village pour sa pi t crut bon de prendre travers la futaie pour tre plus t t rendue chez elle Mais le soleil tait d j fort bas sur l horizon de sorte que la malheureuse eut bient t perdu le fil troit du mauvais sentier qui coupe cette hauteur dans le mort bois La blouse lac r e par les pines les jambes corch es et souill es franchir ronciers et fondri res elle d sesp rait de retrouver sa route lorsqu elle entendit un murmure et qu il lui apparut soudain m a t elle dit comme on voit dans les histoires une grande et belle dame v tue d un mantelet blanc et ceinte d un chapelet parmi la feuill e La dame d apr s les dires de l co li re cartillait ses bras immobiles fouf comme des ailes et d fiait d un intense regard la p nombre maligne Jamais
48. En effet ce qui permet Junger d entrevoir l id al anti que c est non pas l image culturelle des colonnes du temple mais celle natu relle des nuages per us dans leurs intervalles Le rapport nature culture se voit ainsi modifi e consid rablement l o traditionnellement on postule l opposi tion de la nature et de la culture la premi re devient ici l alli e de la seconde qui son tour finit par symboliser le p le qu on a l habitude d en distinguer Apr s cette premi re conclusion le texte semble se boucler sur lui m me par la mention d un d tail lorsquej tais debout sur leurs degr s qui loin d tre pittoresque ou r aliste a pour fonction de ramener par une derni re inver sion au point de d part allong sur ma couchette Puis de mani re inatten due le texte reprend et se cl t une deuxi me fois selon une belle illustration de Phyperbate mentionn e plus haut pour livrer une sorte de morale textuelle C est ainsi qu il faut lire la prose comme travers une grille Le sens global de cette phrase n est pas difficile saisir Mais son sens exact est vertigineux On voit sans probl me de quoi il est question La prose est compar e aux colonnes d un temple grec qui r v lent la culture des b tisseurs dans la mesure 88 PROPOS DE LA CONTRAINTE o sans pour autant s effacer elles m mes on les voit dispensa un point de vue exceptionnel sur autr
49. Houppermans sur les proses contraintes de l Oulipo par Marc Lapprand sur le roman de Jean Lahougue Le domaine d Ana par Guy Lelong sur Lartigue par Dominique Moncond huy sur la litt rature enfantine fran aise contraintes par Chantal Robillard HORS dossiER Notes et critiques Pour recevoir Formules Envoyer pour chaque num ro command un ch que de 120FF port compris 50FF pour les envois hors France l ordre de Noesis et Padressera ForMULES Editions Noesis 30 rue de Charonne 75011 Paris 271 Achev d imprimer en avril 2000 les presses de l imprimerie Acco Leuven en Belgique
50. La litt rature potentielle la relative proximit en l exacte suite des vocables des mots apparent s abord et d abord se trouve accus e par la mise en page puisque avec celle ci Pun se place en fin de premi re ligne et l autre en fin de seconde ce que l on trans pose ici avec une barre accompagnant le passage la ligne Ainsi son travail pour confus qu il soit dans son abord initial lui parut pourvoir moult obligation d abord c est dire pour lors lettre lettre exactement l un sous l autre Ainsi pour autant qu on puisse le reconstruire le nouveau formatage tion qu il gauchirait partout au prix d un oubli nul suivant un soin assidu l optimum du roman sous nos cli mats de l initiale version du r crit lipogrammatique accusait sous l angle des r p ti tions proscrites pour le mot suivant une triple imperfection D une part en raison de la positionnelle mise en relief du i avec la colonne des vocables terminaux au prix assidu cli mat le mot suivant ajoute avec son i une premi re r p tition indue et cela d autant plus que celle ci se trouve l aplomb du i de gauchirait D autre part cause du positionnement de sa fin an au dessus de la fin du vocable roman le mot suivant ajoute une deuxi me proximit malencontreuse Enfin cause de son couple ni le mot suivant ajoute un f
51. OEUVRES formule c l bre de Max Bense La section 4 examinera plus particuli rement ces uvres 2 Le r pertoire S agissant de lettres et de signes usuels ou forg s il importe de d fi nir la notion de r pertoire Les graph mes et phon mes sont essentiellement des unit s distinctives qui ne fonctionnent que par opposition aux autres membres de la m me classe ils n ont par eux m mes aucune signification au sens lin guistique et sont arbitraires Les unit s d autres r pertoires comme celui des signes du code de la circulation routi re ne sont que partiellement arbitraires et conservent par cons quent une signification individuelle en vertu de leur struc ture iconique Pour tous le caract re le plus important est qu ils repr sentent le d cou page d une substance Pour le r pertoire des s mes la chose est vidente Pour le r pertoire des phon mes elle ne l est pas moins car il repr sente un d cou page d unit s discr tes dans le spectre sonore tout son proche du mod le d un phon me existant dans le r pertoire est assimil celui ci tout son trop distant de tout phon me est simplement consid r comme ne faisant pas partie du r pertoire Le codage accord entre les instances communicantes est tr s strict Les l ments d un r pertoire culturel forment un syst me clos caract re que n ont videmment pas les r pertoires foig s qui sont ouverts et o le sys t
52. a seule reconnu lEtemel Bienheureuse laveugle qui sut Lui rendre gr ce au choeur sic de Sa nature Malheureux les aveugl s En moins d un mois les projets de basilique vont ressusciter Le fac simil d un crayonnage du b tisseur sugg re assez que les dons divins agiol affluent nouveau dans la caisse r ves de l Association l architecture est ici con ue dans le style gothique et affirme plus d audace encore que l ancien plan n en supposait Preuve ironise Varnet que la taie sur loel des mis rables entretient le lape loei de nos curetons On apprendra bient t quun sourd muet a pr ch le premier la dive parole Maudissois avait d ailleurs d j entam le magot destin sa nef On pouvait voirdepuis peu pr s du reposoir Saint Andr la vierge feuill ed or command e un sculpteur de Paris et dont la robe avait t reconstitu e en croire les notesdu marquis d apr s les indications m mesde la voyante On retrouvait bien s r la position des braset jusqu aux quatre croix formant un arc imperceptible dans les pliures du drap La statue certes avait fi re allure On comprend qu elle ait elle aussi r veill certaine curiosit Tr s vite une nouvelle rumeur proclame que la Lucette a gu ri en se prosternant aux pieds de la Vierge Et le h raut la r percute sur le champ Il sera d autant mieux suivi que la r gion est malsaine Bient t c est par co hortes que les mal voyants conv
53. actualisable en pratique Logiquement les textes comportant des infractions la r gle correspondent galement des actualisa tions partielles Comme nous l avons d j dit le crit re de syst maticit implique notre 41 DOSSIER THEORIQUE T PARTIE avis une condition de rigueur de l ex cution semblable la condition de cor rection propre l usage des normes langagi res Cette condition nous donne l occasion de parler de certains probl mes qui reviennent souvent dans la discussion propos des contraintes lesquelles comme nous l avons postul font partie des prescriptions diff rentes des nor mes l erreur la n gligence l assouplissement de la r gle le clinamen la licence ou le flou c est dire les infractions la r gle Dans un texte la pr sence syst matique de la trace implique sa pr dictibilit Autrement dit si nous trouvons dans telle unit fonctionnelle d un texte soumis l analyse la distribution syst matique de la trace de tel proc d par exemple l anagramme nous pouvons postuler que nous trouverons la m me distribution dans les parties non analys es encore Cependant nous observons qu une telle supposition se v rifie dans un certain nombre de cas mais pas dans tous parfois la trace du proc d fait d faut Pourquoi Les textes r gl s par des prescriptions diff rentes des normes tant des uvres humaines l erreur pa
54. ailleurs il est vident qu un d faut de syst maticit r p t r guli re ment devient syst matique et cesse d s lors d tre un d faut 3 13 Actualisation partielle ou r gles floues L abondance d infractions al atoires la syst maticit pose un probl me quant au statut de certains textes est il l gitime alors de parler de r gles floues notre avis cela rel ve d un abus de langage N anmoins l laboration d un texte r gl par des prescriptions diff ren 42 DEFINIR LA CONTRAINTE tes des normes peut manquer de rigueur Prenons deux exemples contrast s la nouvelle Vulgaires vies dans le recueil du m me non de B atrice Beck et le roman Le souverain Poncif de Morgan Sport s Les deux textes sont compos s partir de clich s existant dans la langue mais dans le roman de Sport s ces clich s sont souvent li s par des chevilles alors que la nouvelle de Beck est construite beaucoup plus rigoureusement les lieux communs s encha nant s chement sans autre ajout que la ponctuation Bre dans les deux cas le pro c d est le m me mais la rigueur de l ex cution diff re Le souverain Poncif comportant de nombreuses unit s non marqu es distribu es de mani re al a toire les chevilles Peut on classer ce dernier parmi les textes r gl s par des prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des normes L auteur dans l introductio
55. aimer comme au premier vers le nom de la destinataire Fanny rimait avec amie Ma ch re Fanny Ma bonne amie Je te promets d tre sage A tout ge Et de toujours d aimer St phane Mallarm Inutile bien entendu de voir dans ce texte d enfonce une sorte d anticipa tion ou de g niale pr monition l criture de ces vers na fs est tout enti re cod e par le genre tr s ritualis du compliment Le rapprochement op r con siste plut t foire valoir que bien des Po sies de la maturit parce qu elles mettent leur virtuosit rh torique au service des rituels de sociabilit litt raire hommages dons toasts comm morations rem morations tombeaux res TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES sortissent elles aussi la cat gorie largie d une sorte de compliment d adresse c l brative et comme telles en adoptent les contraintes sp cifiques caract re circonstanciel mise en pratique et en sc ne d une performativit du discours nomination ou d signation fr quemment du ou des destinataires si non de l metteur du message po tique plut t effac lui disparu le plus souvent et comme remplac par le geste locutoire qu il ex cute L absorption par la forme du texte de sa propre formalit travers la men tion d un destinataire ou d un b n ficiaire nomm la fin du po me n est pas le seul frit de renversement sous co
56. apr s un tortueux passage en revue des solutions disponibles toutes d valu es se r soudra la conclusion que rien ne permet de souffrir qu une explication unique l lucide Bref l id el r cit res tera sans exact d nouement Un v nement nigmatique une multitude de vains calculs herm neutiques voil donc l algorithme di g tique que se donne La 241 ESSAIS Prescription et qui engendre l un des r cits les plus abstraits qu il ait jamais t offert de lire Sous cet angle cette uvre n est pas sans voquer la fiction blanchotienne dont la trame est elle aussi essentiellement abstraite on pense notamment un r cit comme Celui qui ne m accompagnait pas Certes le lexi que de Falempin est moins abstrait que celui de Blanchot mais quand des vocables aux concrets r f rents surviennent c est presque toujours dans des emplois m taphoriques La Prescription se signale encore par certaine valence sp culaire de sa fiction En effet l v nement qui fonde celle ci est on l a vu l mission d une voix qui donne des consignes d criture La fiction bien que curieuse voire fantastique ne conduit pas c est le moins que l on puisse dire en des contr es trop exotiques trop loign es de la r alit scripturale D une part dans un pre mier temps avant la r v lation de la parole prof r e l unique v nement fictionnel est l mission d une voix ce qui o
57. cas o le signe textuel accessible au lecteur ne pr sente pas de caract ristique ontologique c est dire lorsque deux lecteurs diff rents pacoivent deux p textes diff rents Une analyse s miotique reste possible dans chaque cas de lecture mais les r sultats qu elle tirera dans un cas ne saont pas vrais dans l autre elle a padu son caract re pr dictif elle ne permet plus d accompagna un lecteur dans sa lecture Les mod les et conceptions qu elle d veloppe ne permettent plus alors d avoir acc s au c ur du fonctionnement de l uvre mais seulement des aspects p riph riques La conception ontologique du texte semble ainsi choua dans deux cir constances Dans le cas des uvres proc durales d une part c est dire de cer 74 PROPOS DE LA CONTRAINTE taines uvres litt raires programm es et lues sur ordinateur et temporairement peut tre pour celles pour lesquelles les modalit s de lecture pr vues par l uvre restent incompatibles avec celles possibles notre poque Deux uvres ma jeures sont concern es le Coup de d s de Mallarm et les Cent mille milliards de po mes de Queneau Ces deux uvres sont consid r es comme des textes contraintes que l on parle dans la terminologie propos e par B Schiavetta et J Baetens de contraintes textuelles ou de textes contraintes On voit bien d s lors que la notion de contrainte se trouve au c ur de la probl matique o
58. ce soit V dans l exemple pr c dent f effort tranchant qui peut se traduire dans le lipogramme la lipocin sie M la torsion transposable pour l anagramme le canon gestuel etc Dans le domaine lastique comme dans un autre litt raire pictural dra matique historique il suffit de trouver l quivalence la plus juste et de suivre les lois pour obtenir des d finitions incontestables 2 Le syst me productif En ce qui concerne la contrainte productive l histoire nous montre sou vent que l artiste cr e de nouvelles structures afin de d tourner la censure La censure devient le moteur de la cr ation et les censures sont innombrables C est donc le potentiel cr atif d un ouvroir qu il faudrait tablir pour savoir s il n y a que quelques possibilit s de d tournement d finissables ou s il y en a 57 1 ERE DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE une multitude ce qui entra nerait presqu autant de nouvelles subdivisions Pour tablir un potentiel la proc dure consiste la plupart du temps d finir une diff rence entre deux points L quation existe la diff rence de poten tiel entre x et x devrait se calculer ainsi V V fE df X X XI Mais pour ce faire il faudrait conna tre certains l ments V et V sont les potentiels des Ouvroirs x et x est le chemin de x x est le champ lectrique Le chemin d un ouvroir l autre semble d licat
59. ces complications et coquetteries piphaniques une instance transcendante le logique appareil ces instruments de la v rit les accessoires d une pittoresque pouvante voire comique quand les tenailles sont de la causalit les proth ses alaires du surnaturel quelque autel re cul du temple anatomique source occulte de la concise parole la cause cumeuse du songe nu es de gloses embryonnaires objets de substitution qui se pr sentent lui dans sa recherche acharn e des causes l omnipr sente volerie des raisonnements l acuit des rapaces logiques la transparence de l explication plausible qui rassure en pr sence d un fait s il est trange la pitoyable chappatoire du r ve la vie br ve des fiagiles certitudes l ex plication pr somptueuse la place forte d un r alisme empress la m dio cre pression du vraisemblable l exclusion obtuse du prodige le prisme des causes les plus diverses les vrombissantes acclamations des mouches du scep ticisme l injure premi re qui le traite en ph nom ne Le lecteur attentif saura en d couvrir beaucoup d autres Tout se passe de la sorte comme si le r cit n tait gu re autre chose que la mise l preuve des diff rentes motivations envisageables pour le seul l ment fictionnel qui l amorce l mission d une voix sans organe L entreprise motivante
60. cessairement des informations ne serait ce que par connotation Ces information ne sont pas indiff rentes et dans le cas des prescriptions autres que les normes elles sont la plupart du temps le signe dis tinctif d un genre textuel Ainsi la versification jusqu au XIXe si cle au moins indiquait en principe le genre Po sie m me si elle pouvait tre utilis e dans d autres buts refrains de r clame mn motechniques scolaires trait s techni ques en vers etc Reprenons l exemple des Conqu rants de H r dia Ce sonnet est il un texte contraintes oui ou non Le probl me se pose au niveau de ses r gles prosodiques m trique rime strophes forme fixe Tout en n tant pas une 47 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE norme g n rale de la langue la prosodie tait autrefois une sorte de norme particuli re au genre Po sie C est pour cette raison sans doute que l on ressent plut t comme des textes contraintes les po mes versifi s qui soit ajoutaient d autres figures syst matiques la prosodie soit exag raient certains traits de la prosodie comme les sonnets en vers d une ou deux syllabes comme les vers holorimes ou bien comme le cas du sonnet en yx Dans ce texte sans titre de Mallarm de la m me fa on que dans celui de H r dia ce qui correspond au niveau des normes peut tre tabli sans difficult ainsi les accords en genre et en nombre entre subs tantifs et adjectifs p
61. chez Bamaby Bames les majuscu les se trouveraient dispers es dans la strophe Chez moi idem Pourquoi facili ter la lecture Je pr f re la surimpression des grilles m triques et grammatica les Ainsi la majuscule en d but de vers se dresse comme une ruine de vers ancien une pri re bris e que maintient de travers la ma onnerie nouvelle Sur le petit carnet o j crit le brouillon de cette lettre j avais not le menu d un repas Port des Barques poitrine de veau farcie omelette l oseille laitue fromage de ch vre framboise C tait au tout d but de P t Mais pas de digression Le livre est autobiographique furieusement Les trois ombres ne sont l qu en trompe l il J aurais voulu voler ces voix Comment retrouver le rythme de la marche amoureuse forcen e la passion jamais satisfaite alors m me que le but est semble atteint tension d chir e vers un corps d autant plus violente qu il n est pas ce que La forme du livre alors prend sens avec sa sym trie sa fragilit sa blan cheur Quelle image au monde renvoie aussi bien l image du corps J ai voulu poser la l g ret d un texte sur les feuilles ouvertes et je r vais de frayer au c ur des caract res noirs au hasard un chemin silencieux blanc Comme le peingne partage les cheveux J ai beaucoup lu le roman de Flamenca et j ai fait des p lerinages au ch teau d Algues Tu as raison Il y a toujour
62. chiendent larme et griffe colonne colchique en lui la nuit nue descend de chute en chute franchit son propre d sert signe ses checs en lui l eau referm e r siste l eau des contes obscurs noyau du souffle l eau d encre hache de l eau des houles frein des mar es secr te oc culte l eau des soifs l eau des paroles aube et choc Mot reptile mot citron mot volcan mots chocs corce dents ongles ou l vres un mot ou l autre chante mot racine mot territoire mot torche mot toqu ade mot de cristal pour rire mot que l on quitte mot pour dire la blessure de la lune quand elle crache le nuage mot germination mots en couche et ceux qu on habille pour les f tes et les contes et les mots fous du fracas ceux qui font tache mots sans masques mots chiffons mots traces mots checs d outre tombe d outre temps en eux disais je courte est la nuit comme une eau vivante une eau sans chute sans poids poudreuse en eux l eau est pr te et touche la plume du vent nuage illusion chiq uier du visible l cho plus gai coute 139 CREATIONS 140 Digression partir des Disciples de Sa s de Novalis Paul Louis Rossi Les hommes vont de multiples chemins l oiseau chante Pour eux ceux qui les suivent et comparent ils quittent Alors le sens commun pour voir na tre la couche Oubli e d une grande criture chiffr e tache Des nuages mouvantes sur le sol
63. choc olat et cela faisait comme une toque De poudre un bonnet de repasseuse Le conte S ach ve J h site entre deux images pour la chute Celle de cette neige s che qui tombe sous les pains coute Lass s avec des pulsations tr s courtes Et celle d un gant d eau fra che au matin le cou ch Armant de la petite boulang re qui chante 147 CREATIONS Lettre Claude Royer Journoud propos de Ce que je vous dis trois fois est vrai apr s une mission de radio diflus e par France Culture 15 Ao t 1982 Port des Barques puis Valligui res Gard Claude Je n oublie pas tes questions sur la fa on de concevoir le vers la passion cach e dans le nombre et le caract re autobiographique du po me Elles visaient juste Mes silences me restent sur le c ur la peur venant d abord du sentiment que je n ai pas le droit de rien dire en dehors du po me Par ailleurs pourquoi m interroger me disais je alors que je ne sais pas ce que je lais Ils vont s en apercevoir Apr s ces r flexions idiotes permets que je reprenne souffle D abord la strophe Chez Arnaud Daniel chez Dante elle eststanza cham bre close Chacune se termine par un point Il n en va pas de m me chez Bames Les deux points la fin de la premi re strophe ouvrent sur une chambre sui vante M me artifice pour passer de la 5 la 6 puis de la 6 la 7 Une simple virgule s pare la 7 de la 8 elle dispara t entre la 9 et la 10
64. comme quivalait en prose une figure comme l hypabate que le Gradus d finit comme l ajout d un syntagme au moment o le lecteur croit la structure syntaxique achev e ou selon que enfin elles paraissent tout fait sp cifiques de la prose comme c est sans doute le cas de certaines figures de rythme syn taxique ind pendantes du rythme po tique dict par le m tre Troisi mement et cette question est fondamentale il reste voir s il y a lieu d envisager des contraintes d une tout autre nature non pas diff rentes de ce que l on conna t en po sie et force est de reconna tre que c est surtout la po sie qui a servi l laboration des th ories classiques de la contrainte mais diff rentes de nos la ons habituelles de pensa la contrainte comme r gle syst matique et textualisable En cas de r ponse affirmative cela reviendrait don na raison Vandepol tout de m me sans pour autant reprendre sa fa on de 87 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE pr senter les choses Il ne s agira donc nullement de reprendre son id e de texte contrainte sans contrainte mais de se servir de sa critique du concept de con trainte pour essayer de penser des contraintes d un type nouveau Mais il est grand temps de donner un exemple Extraites de Routes et jardins le premier tome du Journal de guerre d Ernst Junger les lignes que voici seront l occasion d analyser mon tour un sp cimen apparent d
65. consignes de l Eglise Loin d agir en isol il b n ficie bient t de l appui du doyen de Monts rs Isidore Monchalin unanimement estim dans la r gion pour sa pi t pr cise La Voix du Maine qui prend elle aussi fait et cause pour l apparition Une tribune de Maudissois est publi e le 10 avril 4 notre Marie Madeleine qui vise tous ceux que la r putation de la gamine effarouchait L abondant courrier qu il re oit alors lui t moigne d une adh sion unanime Ce sont des centaines de p lerins qu at tire d sormais vers le village l espoir de toucher la sainte fille Et si beaucoup encore sont mayennais il en vient de provinces lointaines de France ou d ail leurs d aussi loin que le tribun est entendu Est il possible d infl chir ces folles impulsions sans faire le jeu des n gativistes Arvin sait bien qu entre les tirs crois s de l un et l autre bord un tre de raison n a qu une infime marge d autorit Force est d admettre que sesquatre circulaires successives restent pour ainsi dire lettres mortes Et les nombreux rappels l ordre destin s Monchalin ne suscitent gu re d cho A l oppos comme il se doit la clique anticl ricale bat son tambour D sled butd avril La Libre R publique consacrait la sibylede M neuf colonnes d information malveillante puis e aux intarissables fontaines on dit o s tait abreuv nagu re le vicaire dioc sain Les camarades de Lera sont bien
66. contrainte comme nous venons de le dire feit d j partie du voca bulaire critique courant 1 4 Terminologie Pour des raisons de clart dans la suite de notre expos il nous semble indispensable d tablir maintenant quelques distinctions terminologiques pro visoires dont l exactitude reste prouver a La locution r gles textuelles d signera de mani re tr s g n rale la des cription conceptuelle des processus syst matiques de production et de r cep tion du texte quelle que soit leur nature Ainsi la description conceptuelle des 21 DOSSIER THEORIQUE 1 E PARTIE mani res ad quates de conjuguer un verbe d crire une lettre diplomatique au Pape de composer un sonnet ou bien un lipogramme en prose r sultent d autant de r gles textuelles Celles ci peuvent tre de deux types R gles d criture ou de production R gles de lecture ou de r ception b La locution proc d s textuels d signera de mani re tr s g n rale les processus syst matiques concrets de production et de r ception d un texte quelle que soit leur nature con u comme un objet en devenir Ainsi l acte de conju guer un verbe dans l nonciation d une phrase particuli re la r alisation con cr te des formules diplomatiques dans telle lettre adress e au Pape la r alisa tion concr te de tel sonnet ou de tel lipogramme en prose seront des proc d s textuels selon notre d finition
67. d un Charlie Parker sur le nom duquel se termine d ailleurs un pr c dent livre de Falempin La L gende travestie le fait contribue encore av rer le statut de r cit nigme qui est celui de La Prescription Trois nigmes s y cumulent qu est ce que cette voix sans organe quel sort donner la paradoxale consigne nonc e par cette myst rieuse voix comment d chiffrer le texte de cet insolite r cit Mais par del les circonstances particuli res qui donnent l obscurit de cette langue son r le dans ce concours d nigmes qu est La Prescription le style de Falempin en ce qu il conteste le principe d organisation arborescente de la 244 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES phrase r v le une ambition proprement anti hi rarchique Et la perturbation de la hi rarchie phrastique va affaiblir la dimension autoritaire qui est celle de la parole en ce qu elle impose son destinataire un sens qui ne s entend qu proportion de certain oubli du mat riau utilis pour le d livrer L oubli du mat riau sera d autant plus facile que l ordonnancement phrastique s efforcera de respecter au mieux l arborescence hi rarchique qui tablit entre les mots des rapports de d pendance sans lesquels comme le disent avec justesse les gram mairiens la pens e ne parviendrait pas s exprimer C est cet agencement du discours avec une claire r partition des fonctions de r gissant et d
68. d c le l amorce pr coce dans VEcriture de Serpan et dans les trac s d un Carl Friedrich Claus La transcription des improvisations volubiles de Roberto Altmann prenait ga lement une allure qui n est peut tre pas trang re son d part du groupe Car si le lettrisme initial dessinait les caract res d alphabets destin s en quelque sorte une imprimerie imaginaire il tait tentant d aborder les cursives de ces alpha bets les Graphies allaient en d couler et le continu succ der au discret De Christian Dotremont Jacques Calonne et Jack Keguenne il y a videmment une distance consid rable ne serait ce que par l emploi de mots par le premier et leur limination par le second mais ils se rejoignent dans le trac cursif et la primaut donn e l expressivit Les uvres lettristes initiales avaient des sujets g n ralement anecdotiques piques ou historiques Assez rapidement le groupe s est mis fournir des Compositions ou des Dessins sans th me Avec les Graphies au contraire il faudra tudier minutieusement les rap ports entre les trac s produits et les d terminants affectif et corporels des scrip teurs Notes 1 Le groupe lettriste a tout fait pour d courager une approche sereine en recourant un jargon pr tentieux terroriste et creux En voici un exem ple Esthap iriste Art bas sur une particule virtuelle ou infinit simale obtenue l aide de tout m
69. d un int r t n intervient qu partir du mo ment o je me demande si la finalit Intentionnelle pr suppos e est d sirable Mais dans ce cas je sors du domaine dujugement d ad quation t l ologique et donc aussi dujugement de r ussite op rale f Le fait que le jugement esth tique ait un fondement irr ductiblement subjectif n implique pas que la conduite esth tique soit irrationnelle Mais sa rationalit n est pas celle dujugement esth tique chacun a son go t et le mau vais go t n est jamais que le go t de l autre c est celle de l attention cognitive Rendre justice une oeuvre c est d abord et avant tout lui accorder l attention juste activit qui rel ve du discernement et non pas dujugement de valeur Notes Au sujet de la distinction et des relations entre l Intentionalit comme relation de renvoi et l intention comme but voir John R Searle L Intentionalit Essai de philosophie des tais mentaux trad fr Edi tions de Minuit 1985 p 17 Pour une discussion plus d taill e de la question je me permets de renvoyer Jean Marie Schaeffer Les c liba taires de l art Gallimard 1996 p 65 77 Geoige Dickie Le mythe de l attitude esth tique 1964 trad fr dans Danielle Lories d Philosophie analytique et esth tique M ridiens Klincksieck 1988 p 115 134 Au sujet de la distinction entre intention pr alable et intention en ac tion voir Searle op cit p 107 sqq
70. dans le commentaire en prose son Cantique spirituel Une telle r gle d criture all gorique mat rialis e par un proc d d criture all gorique a pro duit un texte r gl par les conventions de l all gorie Celui ci doit tre lu selon un proc d de lecture all gorique lequel peut tre d crit son tour par une r gle de lecture all gorique Or dans le domaine du commentaire textuel il n est pas rare de trouver des r gles de lecture all goriques ou d autres types de surinterpr tation ap pliqu es des textes dont il est impossible de prouver mat riellement qu ils r sultent d un quelconque proc d d criture all gorique De surcro t il faut 23 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE souligner qu une r gle de lecture all gorique peut toujours tre invent e et appliqu e un texte quelconque Ce dernier fait lui seul d termine la possibilit inattendue dont nous parlions l existence de proc d s de lecture ind pendants de tout proc d d criture Celui ci reste en cons quence non objectivable dans le texte en ques tion mais ces proc d s de lecture ind pendants peuvent recevoir une descrip tion conceptuelle qui formulera d s lors une r gle de lecture ind pendante Ces r gles de lecture ind pendantes m ritent aussi notre int r t car une fois not es elles peuvent devenir des r gles d criture et des proc d s d criture capables de produire du texte 1 5 Hy
71. dans le sens de Hjelms lev de celui de son contenu Il semble naturel de voir dans cette surface ph nom nale ce qui rel ve du plan de l expression Eco distingue galement tr s clairement dans Lector in fabula la surface de l expression d un texte narratif d nomm e aussi manifestation lin aire du texte Eco 1979 p 90 de son c t interpr table et actualisable qu on peut appr hender comme le contenu du texte La surface ph nom nale serait quelque chose de l ordre de la coquille 70 PROPOS DE LA CONTRAINTE consisterait en ce qui dans le texte serait transmissible au sens de Shannon alors que sa face interpr table son contenu serait ouverte de Tordre du pro gramme de la pratique du processus ferait intervenir le lecteur de fa on active dans une interactivit cognitive forte un texte n est pas autre chose que la strat gie qui constitue l univers de ses interpr tations sinon l gitimes du moins l gitimables Eco 1979 p 74 Ce sont les propri t s de ce plan du contenu du texte qu explore inlassablement de livre en livre Umberto Eco On peut concevoir l interpr tation au sens de Peirce comme l ex cution du pro gramme qui donne acc s l objet d not par l expression du signe Cette face active intervenant dans la construction dynamique du sens est la seule quali fi e de texte quand implicitement on envisage celui ci comme lire ou
72. de Mgr Arvin qui ne distngua pas lastre du mi rage Les passants s cartent du vaincu qu on dit ensabbat par le folio Ulc r trahi par son camp et bris par le sort Maudissois para t un temps renoncer L oratoire s l vera pourtant surle lieude l apparition tel qu il nous en reste ici le spectre pitoyable aux premiers jours de l an de gr ce 1900 En tout tat de cause presque rien ne demeure du formidable projet nourri vingt ans plus t t On y retrouve toutefois comme en reliquat de son ambition ancienne et de son int r t passionn pour l h raldique le plan gr ce auquel le marquis pr tendait rendrecompte symboliquement du miracle Mais cras en perspective d rision comme une anamorphose de Maignan Harass partantd ann esdelutte le Crois ne verra m me pas sa chapelle II meurt quatre mois trop t t sans disciples ni descendance mais la foi intacte en son apparition Vametcommente cet ultime faux pas de l impulsif nobliau par une reproduction satirique de la Parabole des aveugles o se reconnaissent derri re leur guide les fid les qu il entra ne l ab me Au ciel on lit ce texte lapidaire Le dernier Motsoit dit qui l entend Ave Maria Ce mot cruel pourrait bien tre aussi le dernier de l aventure Son agitateur disparu rien ne para t plus devoirtroubler la paix du canton Quand les frises de la corniche parach vent enfin l oratoire que le ma tre d oeuvre 120 TEXTES
73. de langue chaque mot ou syntagme successifs du po me Un ano mas und iam eccoti mit uns again Paradoxalement ce proc d est plus libre qu une criture qui n utilise qu une seule langue Prenons un exemple encore plus clair le roman le Navire Argo de Jorifif tente d puiser le vocabulaire du Littr De ce fait son vocabulaire est plus riche que celui de n importe quel autre roman contemporain Il faut se rendre l vi dence une telle r gle est certes restrictive l crivain doit utiliser tous les mots contenus dans le Littr mais il ne peut pas en utiliser d autres mais du point de vue du produit textuel elle est moins restrictive que n importe quel produit de l criture libre On pourrait nous objecter que jusqu pr sent nous n avons pas d fini la contrainte mais la r gle au sens le plus g n ral et que les v ritables con traintes devraient tre d finies comme des r gles textuelles plus restrictives que les autres Or la contrainte d utiliser tous les mots du Littr ou du Robert etc est bien une r gle textuelle restrictive quant la r gle et au proc d mais non quant au produit du proc d 4 9 Syst maticit libert non pertinence Le v ritable probl me pos par le pr tendu crit re de restriction est en fi t le suivant L criture libre est elle un proc d syst matique optionnel premi re vue oui car il s agit d
74. de lecture rep rer une influence d l ments ext rieurs au texte qu il lit anciennes lectures situation dans laquelle a lieu cette lecture etc Le texte lu prend ces l ments en compte Le texte crit est le pendant c t auteur du texte lu Il s agit de la repr sentation mentale que l auteur se fait de l uvre Cette repr sentation interf re 76 PROPOS DE LA CONTRAINTE avec celle qu il a de l ensemble de sa d marche et de ses aspirations Le mod le prouve que ce texte crit n est pas totalement accessible partir du textes auteur L exp rience montre que la prise en compte des ph nom nes psychologi ques la lecture permet de cr er des situations dans lesquelles auteur et lecteur ne per oivent pas le m me p texte dans un texte voir donn C est le second r sultat important du mod le l influence des manipulations cognitives permet de r aliser des objets qui n ont ni le m me contenu ni la m me signification pour les uns et les autres C est l une situation paradoxale l auteur limit comme tout un chacun par son mod le global peut fabriquer un textes auteur qui r alise pour un lecteur dot d un autre horizon un autre projet que son texte crit Autrement dit tout se passe comme si le textes auteur trahissant en partie le projet de son auteur tait une uvre sans auteur Les Cent mille mil liards de po mes me semblait entrer dans ce cas mais revenons en pour
75. de proc d s les moins communs les plus rares voire uniques Le maximum est atteint ici par la viola tion du principe pragmatique de coop ration dans le cas des contraintes implici tes incalculables Ainsi la syst maticit la plus forte correspondra aux r gles aux proc d s et aux traces de proc d s qui toucheront la plus grande quantit d l ments textuels autant du signifiant que du signifi et ou de la signification c est dire les r gles proc d s et traces de proc d s les plus satur s et tendus Ainsi l objectivabilit textuelle la plus forte correspondra aux r gles aux proc d s et aux traces de proc d s qui toucheront les l ments textuels les plus mat riels c est dire les r gles proc d s et traces de proc d s qui touche ront aux l ments du signifiant seront toujours ressentis comme tant davan tage contraints que ceux qui toucheront aux l ments du signifi et ou de la signification suivre 54 DEFINIR LA CONTRAINTE Notes l Voir Raymond Queneau Classification des travaux de l Oulipo in Oulipo Atlas de litt rature potentielle Gallimard 1981 pp 73 77 Marcel B nabou La r gle et la contrainte in Pratiques n 39 octobre 1983 pp 101 106 Jacques Roubaud Po sie etcetera m nage Stock 1995 Voir galement Jan Baetens L thique de la contrainte Leuven Peeters 1995 J sus Camarero El arquetipo de la constric
76. de vous mercis Il faut admettre qu une fois encore le taux de redondance n a pas t d pass par le taux d alt ration Ont t conserv s les traits de m tre et de rythme de rime et l essentiel de la structure consonantique du texte Les alt rations portent donc sur les voyelles quelques menues inversions et interpolations et sur l adoption d une orthographe phon tique Le proc d est moins subtil chez Andr Martel tranger au groupe qui forge une sorte de langage enfan on et bafouilleur bas sur une orthographe fantaisiste et sur des redoublements un peu potaches Plagelle Quant au ci lor Dans londulis Marinalyre Amouroulis Tuglissaubord R vaurivage En dourespire T plage 4 1 3 Lexique synth tique Les mots enti rement forg s rel vent de la glossolalie laquelle on pourra rattacher la danse buccale d Andr Spire avec tout son aspect rythmique Les probabilit s de transition entre phon mes sont g n ralement conserv es moins qu on ne renforce les probabilit s fortes et n limine les probabilit s faibles Par son titre un po me de Janie Van Den Driessche agr able crier si les tabous transgresser font craindre le ridicule on peut le consid rer comme une ronde enfantine met cependant sur la voie d un mode de fonctionnement possible de ce genre de textes Qui parle Bl m bl m M kibl m bl m Br m bl m sita bl m br m ksita
77. embras e au danger de devoir rester attach la chair pour toujours et fendant tout ce qui est devant elle poursuit son chemin dans l espace Ainsi la coupure est elle une trajectoire accidentelle et n a donc par con s quent qu une valeur lin aire elle est courte ou longue large ou troite Mais regarder la coupure fia che ses berges maintenant cart es l une de l autre le sang un peu obscur qui en tapisse le fond l enfant se met r ver Comme il se doit parce qu il n est encore qu un songeur ses l vres s agitent sa langue cher che un chemin le long de son palais Il ne se rend pas compte qu il a mis le doigt dans la bouche et qu il t te Alors seulement quand la coupure est propre im pr gn e de salive et d j se cicatrisant Tentant remarque qu elle est un canyon plein de rochers br ch s une mine de sel ciel ouvert et qu il demeure l dedans dans cette ruelle minuscule une douleur extr mement compliqu e rouge et or concentr e et r duite en une si petite surface qu on a de la peine croire que ce tourment assourdissant peut provenir d une blessure infime trop petite et trop peu color e pour ressembler m me un signal lumineux On n est pas fr l impun ment par les astres La coupure continue de br ler de piquer il y a l dedans quelque chose de vivant et d outr une tin celle qui se r volte L enfant pose les poings sur les hanches et se p
78. est aussi par la vertu paradoxale de la parole qu met la voix sans organe com ment peut on crire sa vie si l on n en conna t pas le premier mot comment peut on conduire un r cit si l on ignore les v nements qui doivent le remplir Une seconde nigme est ainsi offerte la lecture Le r cit de Falempin se distingue galement par Y abstraction de la mini male fiction qu il promeut Ne s y encha nent pas les actions de personnages n y prosp rent pas les descriptions d objets ou de lieux S chafaudent s arti culent se concurrencent ou se minent des raisonnements des argumentations sinon des arguties Qu on en juge Dans la direction d une telle conscience il faut toute la duplicit d un confesseur int ress au premier chef ses carts pour que la consid ra tion de ce conflit ne le confonde pas avec l infraction mortelle qui serait de se retourner par cette volte face la parole ramen e au jour grand peine se perdrait par son examen pr coce elle serait oubli e sans re cours d avoir t vue en face au lieu que son secret ait d abord t mis au secret Cette premi re parole sans origine une fois mise vers le pass et croi 240 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES sont celle qui en monte la geste muette des revenants sur leurs plan ches les petits romans froids des malheurs individuels n a de cesse d avoir fait de chaque penchant sur le vide de tout
79. est beaucoup plus probl matique D une part la segmentation des aspects s manti ques est moins claire parce qu ils touchent la fois plusieurs l ments tex tuels d autre part la reconnaissance de beaucoup d aspects logiques et pragma tiques ne d pend pas d l ments textuels mais de ph nom nes extratextuels Ces derniers aspects ne sont donc pas proprement parler objectivables dans le texte mais de toutes mani res ils ne sont pas langagiers ils appartiennent soit des processus d inf rence soit des moyens de communication non lan 30 DEFINIR LA CONTRAINTE 2 8 Objectivabilit textuelle pr dictibilit et nonnes Les normes saturation cat gorielle continue entra nent n cessairement i chaque nouvelle occurrence de l l ment syntagmatique concern l occur rence r guli re des traces qui le modifient selon la r gle En cons quence chaque saturation cat gorielle continue sera automati quement pr visible tout au long de l analyse progressive d un texte r gl ad quatement par les normes Les marquages des normes saturation diffuse s mantiques logiques et pragmatiques seront aussi automatiquement pr visibles mais seulement dans la mesure o ils sont reconnaissables par des l ments intratextuels ou cxtratextuels Les plupart des normes produisent donc des marquages non al atoires qui seront pr visibles tout au long de l analyse progressive d un text
80. et bien pour son fief de hasard N oubliant ni son glise demi ruin e dont il va restaurer le soufflet du grand orgue et sauver l ogive cartel e ni le ragr age plus spirituel de l me et du coeur out en rugosit s de ses fid les apparemment l orgueilleux se soumet fe ver pourrait bien tre demeur dans le fruit lisse et y poursuivre ignominieusement sasape invisible Les efforts consentis M en fa on dall geance natestenfpasle repentr de notre fr re xhanger de cap n est pas changer de guide h las Ni ange ni b te conclut l v que homme suit le leurre dont il fait une toile Le village m me de l humiliation vou tout entier sa revanche Ruet y peut embrigader des mes simples ciconvenues par sa parole prend alors en otage la plus fragile d entre elles cette Marguerite Lerai dont il a re Toutefois note Mgr Arvin marqu les ignobles penchants Comment ne croirait il pas oeuvrer pour le Ciel en Lui assignant une messag re autrement promise aux enfers Selon lui Dieu n est garant que des mots toute r alit sensible tant l affaire de Satan Est il trange qu il inculque une fable Marguerite sans prouver de grand remords Gageons avec Mgr Arvin qu il croit m me sauver la pauvrette en lui impr gnant l imagination des douteux miroifements de son miracle fict charge pour elle de r p ter le trop pieux mensonge cet auditoire si r tif mais aguich par l imagerie
81. exc de dans une perspec tive moins orthodoxe pareille vision logarithmique de la contrainte ne doit gu re tre soulign on y cherchera en vain le protocole minutieusement r gl ayant permis par l application de ses divers principes et sous principes de d boucher sur un texte comme Perp tuel voyez Physique si r tif toute structure trop dominante Et pourtant un livre pareil est mille lieues du n importe quoi il en est m me l exact contraire Visiblement le probl me d analyse pour peu qu on s obstine maintenir les interrogations relatives la contrainte na t ici de l objet que se donne le labeur de l hyperconstruction Bernard Colin se d sint resse de toute formule quantifiable dirait on pour se colleter plut t des structures autrement diffici les non pas observer mais transcrire sous forme de r gles C est d abord le cas du rythme dont les arcanes ne se limitent gu re au d compte syllabique d une quelconque prosodie C est le cas ensuite de la phrase ou plus exacte ment de la phrase en prose dont les sauts d passent de partout les jeux iso ou homosyntaxiques auxquels on a trop souvent circonscrit l intervention de la contrainte en la mati re ce qui signifie videmment une pi tre caricature des possibilit s enfouies dans l art de la prose Le livre de Bernard Colin impose t il alors une nouvelle forme de con trainte Am ne t il largir le concept de cont
82. fictives et qui son tour doit rendre le monde fantastiquement vrai comme c est le cas pour les lunettes vertes de Dupin le d tective de La Lettre d rob e de Poe Ce terrain m riterait d tre fouill plus attentivement avec l apport aussi de Mallarm avec la position outre couleur de Rimbaud mais la fa on dont proc de Le Rider a d autres m rites peut tre plus nouveaux pour le lecteur fian ais C est qu il montre le vaste jeu de transitions entre la sc ne parisienne et les r actions ai Allanagne les tirades de Nietzsche et leur ambiguit profonde la discussion autour de l oeuvre de Rembrandt et les chefs d oeuvre de Hof mannsthal et de Simmel qui y trouvent leur origine La grande opposition qui existe entre diff rentes r actions nous fiappe surtout en ce qu elle pr figure les tendances majeures du nouveau si cle les diatribes de Max Nordau contre une d cadence contraire l esprit allemand d une part et la fa on dont Hofinanns thal et Rilke trouvent chez van Gogh et C zanne le tremplin qui leur inspire la jouissance du monde moderne une nouvelle pr sence qui brise le carcan des doctrines et des id ologies Il y a un dionysisme des coloris qui s exprime spontan ment en images de d sir et de plaisir note Le Rider p 260 Ce sont surtout les pages sur le formidable po te qu est Georg Trakl qui montrent o aboutit cette recherche fascinante pendant ces m mes ann es 1913 1914
83. immacul e livr e jonquille galons d aigent manteau fleurdelis nip pes soyeuses ombrelles pantalon de soie noire sur lequel se r p te un m me motif imprim repr sentant un l phant queue de pie robe de brocart sous v tements tricots de corps en coton etc Il aimait classer les choses mais c tait tr s difficile videmment il y avait l ordre chronologique mais il le trouvait pauvre plus pauvre encore que l ordre alphab tique Il avait essay par continents puis par pays mais cela ne le satis faisait pas Ce qu il aurait voulu c est que chaque pi ce f t reli e la pr c dente mais chaque fois pour une raison diff rente par exemple elle pourrait poss der un d tail commun ou bien une relation fond e non sur une ressemblance mais sur une opposition ou sur une association fragile presque arbitraire Ce n est pas seulement difficile ajoutait il c est surtout inutile en laissant les v te ments en vrac et en en choisissant deux au hasard on peut tre s r qu ils auront toujours au moins trois points communs Elle observait des toiles parmes ou peut tre lilas avoisinaient avec maintes voilettes de fin filet lov es contre des uniformes et des fourrures trou es sur le vieux couvre lit elles s toilaient de taches ineffables livr es sans rel che aux griffes sacril ges du chat Le divan tait un temel caphama m toujours en combr de tout un mat riel inutile de t
84. j entretienne certaines croyances concernant ses propri t s croyances qui forment le contenu Intentionnel de l attention que nous lui accordons et qu il me para t d sirable ou non d sirable qu elle poss de ces propri t s Autrement dit la conduite esth tique est une conduite int ress e 3 Le jugement esth tique a Afin de situer correctement l enjeu de la question du jugement esth ti que pour la compr hension des conduites esth tiques il convient d abord de distinguer entre l appr ciation c est dire l tat Intentionnel causalement induit par l attention cognitive conjointe une disposition volitionnelle et le juge ment de valeur c est dire l acte Intentionnel qui accorde une valeur donn e Tobjet sur lequel porte l attention cognitive Le jugement esth tique n est autre chose que ce jugement de valeur qui fond e sur l appr ciation constitutive de la conduite esth tique accorde telle ou telle valeur l objet esth tique construit comme r f rent de l activit cognitive Il ne rel ve donc pas directement de la conduite esth tique mais plut t de la communication interhumaine au sujet de cette conduite Aussi peut il y avoir conduite esth tique sans jugement esth ti que lorsque je contemple une fleur dans une vis e esth tique je me contente en 65 DOSSIER THEORIQUE 2 E PARTIE g n ral de la satisfaction que me procure mon activit de discernement perceptuel sans ressentir le besoi
85. k6ak20 a kin ag 2 20 a jzm l t v 2 ir 10ip a 7 16 11rk d100 d o pi djam cci o d ap hl kika a k3 6 1 10 gdlin d100 1 2000i30i 2 20 2 k o gdliut q dqi hlfu1000 dkv 6e x30iifmie gdiliet git a 2000h c d 4 ac 1 10 m hir g0Kkol0 d ir aihhr a1000 aqzie 2000u3 dkat b ds 2 nr m akd1000 1 db vinib 2 wila ag 2 20501 Irvie 192 CONTRAINTES DE LETTRES Deux saisons insens es pierrer hisser d caper au centre Ant ia Shelley Jfossoyer aussi suer sang et eau Ayacha ch re amie le th tre Ant ia surgit sans h te roide et g Ayacha ch re amie l huis est tr s troit Au dessus r ve un pieux Eros caill Insoumis l huis a g mi lutt ob i Des carreaux de mica riaient luisaient derri re Th tre antique sc ne et cavea Au centre entass s des cartes royaumes les des dessins quantit d p es d cus des haillons aussi suaires troyens A Shelley magique a remis le th tre antique neufet sur pied J ai assist Icare a chu sur un cap g en et s est d mis le pied pi ce troyenne de cape et d p e tr s pic e Veill e au milieu des pierres J ai un doux ami le devin G d on Zerka prix M t o des Cara bes cuyer P kin zen asc te Cassis sac vin Cayenne prix Mage et Devin Egypi me Un cas r v de carri re dissip e cette saison Zerka descend des hauts pays d Egypi me s essayer aux d
86. l Encyclopaedia Universalis Qu est ce qu un texte pour l opinion courante C est la surface ph nom nale de l uvre litt raire c est le tissu des mots enga g s dans l uvre et agenc s de fa on imposer un sens stable et autant que possible unique Remarquons tout de suite que cette d finition reste dans le domaine linguistique On peut toutefois l extrapoler sans trop de difficult un domaine s miotique de fa on prendre en compte des uvres telles que textes spatialistes visuels sonores anim s Cette d finition repose sur le concept de signe dont Barthes 1975 p 371 nous rappelle qu il est un concept historique un artefact analytique et m me id ologique Un signe tant par essence une entit abstraite une telle hypoth se fondatrice exclut toute prise en compte de la mat rialit du support textuel Elle suppose une s paration id ale entre le message et le medium Le d faut majeur d une telle pr misse est qu elle n est pas discutable l int rieur de la th orie qu elle permet de d velopper ne serait ce que par l axiome d ind cidabilit qui semble s appliquer toute th orie Mais partons pour l ins tant d une telle hypoth se afin de pr ciser quelques points de vocabulaire qui seront utilis s dans la discussion Assimilant le texte un signe qui sera dor navant d nomm signe tex tuel il convient de distinguer son plan de l expression
87. le segment fautif un oubli nul selon un soin assidu par correct cette fois sous l angle lipogrammatique le segment un oubli nul suivant un soin assidu Ou si l on pr f re et sous les astreintes en vigueur dans l crit cette erreur se montre ais ment correctible Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En effet puisque sous les astreintes en vigueur dans l crit elle peut tre enlev e par un amendement l erreur produite avec selon est sans ambigu t une cacofproto choro holochoro diortho texturelipomorphique C est donc ici qu il semble permis de tirer une sixi me le on 255 ESSAIS 7 Erreur individuelle En effet puisque cette correctible flagrante erreur a t publi e noir sur blanc dans le p riodique Formules la lectrice ou le lecteur attentifs ne sau raient faillir d tre perplexes Comment les responsables d une publication dite ouvertement par son facial sous titre revue des litt ratures contrain tes ont ils pu s agissant d un bref r crit lipogrammatique en e laisser filtrer sous leur caution avec l intempestif selon une b vue si lourde Ou si l on pr f re et sauf imaginer un cumul de lectures distraites comment ex pliquer que cette erreur d criture ait pu en l esp ce recevoir un si surprenant aval Pour claircir l affaire l on doit consentir ici le regret en est vif mais il s
88. les mouvements du piqu tout comme ceux du cingl qui voudrait sortir de sa ca misole sont d inutiles sauts de carpe Enferm avec le moustique dans le m me tonneau plein de poix de clous de chiens et de chats l enl nt scrute les murs de sa chambre Il sait dit une seule chose Je ne suis qu un repas de sang Une fente vive On montre l enfant ce qui est vieux et pr cieux on l emm ne r der dans un mus e il n offre pas de r sistance il va docilement regarder avec un incroya ble m lange d horreur et de confiance des toiles d labr es et perverses Il en retient alors que ce qui est beau et ancien est obligatoirement fendill que cela lait le prix et la raret d une uvre Dans les pierres et les monuments quelles que soient leur puissance et la force de leur charpente on d signe l enfant la l zarde la fissure qui court sur la fa ade et l entant a envie de se prot ger la t te avec ses mains de peur que ces beaut s ne s boulent Il entend dire presque dans le m me temps que les pl triers et les con cierges ont des ger ures aux mains cause de l eau de javel Et dans le film brutal qu il a vu o les femmes se recoiflaient dans un morceau de miroir bris l une d elle montrait ses seins se lamentait durs comme des morceaux de bois j ai pas t priv e pourtant je vais pas me plaindre je suis franche j admets bien frott e l homme me fait pas peur encore que
89. les herbes courtes Ploy es sous le vent fort l odeur des pins touch Ant au bruit confus de la mer Comme il co te De d couvrir cette grammaire impr cise chic Hement r v l e celui que la chute Des phrases intrigue aux fronti res de P chec J entends dire d j la faiblesse de ce conte Vient de l ignorance de l auteur il crache Sur les rimes ne pouvant s parer le toc Du vrai qui doit parler pour cr er un choc Celui qui parle vrai ses crits obscurs aux chocs Des l ments assur ment r pondent il chante A la mesure de ses dons lorsque les toc Sins r sonnent des hautes montagnes il s acquitte D un devoir simplifi la fontaine crache L eau sur la place le soir le soleil se couche Dans les nu es il assemble des pierres et conte La vie des hommes tranquilles dont l unique t che Etait d pier la course des scarab es les checs D une fourmi mince sous le fardeau la courte Envol e de la m sange le bouvreuil la chute Des bois coup s la courbe du milan la touche Humide de la pluie sur le cerisier la chique Naude de l air frais dans les branches coute Maggie propos du Concert of doors de Franz Kamin Jacques Roubaud Or Franz Kamin dans son concert de portes chante Le nombre de Betti de Maggie quand elle quitte Sa culotte panties comme il dit qu elle se couche Ind formable elle en r f rence elle t che De maintenir cette anecdote assez courte TEXTES A CONTRAINTES VARIEES
90. leurs balles crois es l aveuglette Et nul ne songe cro asser au d ploiement de sa soutane lorsque le p re fait le grand tourbillon Rapidement les langues se d lient et des plus brid es jusqu alors On retrouve des anecdotes sur Margie ou encore sur 7gaJuT qui semble l origine de tout ce qui se trame l cole en mati re de polissonneries Sur enfin l abb Ruet d j stigmatis par l v ch et qu ona danssa lignede mi re depuis la nuit des Mouillotins de Mayenne de lan pass o il aurait gard en retenue des enfants de choeur afin de leur inculquer des antiennes quand tous les autres gamins partaient qu ter des oeufs aux quatre coins de la cit y grenant le seul rosaire de leurs foliesetde leurs rires Bien alors m en a pris de penser que la mignonne tait du lof son nom se d couvre toutes les pages du registre de la chorale C est que loiselle est dou e d une jolie voix et qu elle ne manque jamais les r p titions la cu re Ele est venue ce soir l comme chaque samedi nayant pas assez dapbmt pour sopposer aux ordres et elle est seule ou presque vendri doit il au ciel une intuition si soudaine Ce n est pas pour y prier qu il file aussit t l glise Dans une case partitions pr s du buffet d orgue il s empare des cantiques tudi s par les petites choristes au cours de l ann e Et ce qu il lit en ce butin troublera plus d une me apr s lui Rou soit
91. logiques et pragmatiques des textes ils d pendent non seulement du contexte mais souvent de ph nom nes hors langage ou extratextuels c est dire de ph nom nes appartenant d une part lunivers des r f rents tres r els abstraits logiques ou fictifs d not s par le texte et d autre part aux diverses situations d nonciatioa Dans la mesure o ces normes produisent des marqua ges langagiers c est ce que nous appelons une saturation diffuse du langage et du texte DOSSIER THEORIQUE 1 E PARTIE 2 6 G n ralit s sur le crit re d objectivabilit textuelle Il faut pr ciser d embl e que la simple notion d objectivabilit concerne tous les marquages propres aux divers types de r gle Il s applique tant l ora lit qu la textualit et la textualit aussi bien dans son aspect graphique l crit que dans son aspect phonique la r citation tant perceptibles les traces des r gles sur le substratum graphique et sur le substratum phonique cons tituent des ph nom nes mat riels n cessairement objectivables Toutefois dans la mesure o nous nous limiterons aux crits nous ne traiterons ici que de l objectivabilit textuelle Tout texte est ainsi toujours la trace concr te objectiv e et objectivable d un proc d d inscription Peu importe n anmoins que T on nous assure qu un texte est r gl par telle norme ou telle r gle encore faut il que le lecteur puis
92. lu Alice l ve le cil au lever Salut sexuel li vre merveilleux Es tu las Sur ce je Crus Rue Verlaine g nial r veur Et ici nul avis ni autre vertu Ainsi va l unicit Ed Rire pr dire d serter errer tre se d rider p rir Kawa mottes et tomawak extraits Noir gnome si abrupt et pur baise mon groin Sa peine l enlise vers les sels r v s il ne le nie pas x Et si l ar me des bottes r v le ma d viante et na ve dame le verset t obs de moraliste Et sa fente te ch tra ce vain r ve verni avec art ah ce t t n faste 196 Michel Taurines Palindromes Extraits CONTRAINTES DE LETTRES S 4 2 Emu ce dessin r ve Il part natter ce secret tantra pli verniss d cume Rupture de lien un arc l ve le reste et se r l ve l cran une le de rut pur e 2 4 E 2 2 L art sec n a su berner Esope De sa vulgate ta glu va se d poser en r bus ancestral Fer bris de l me soud l all g recto mua et ce jeu l me l ultimo verbe net n ant Etnaent n br vomit l ul ma lu ject Au mot ce regel l le duo sema le d sir bref 197 CREATIONS St phane Susana Palindrome cyclique rep rage li o l issue r verb re en une re br ve r ussi lu il gar perdu d aberrants espaces Acte Lieu cern ici re u Axes vue oval
93. m me temps les gens les femmes et les b b s se pressent C est le d ferlement sc ne de g henne L ph be bl me et empes b ret tress vert bres tr s perch es fr le t te chevel e se sent cern encercl et tr s nerv de se prendre des trempes se rebelle peste entre ses dents temp te et jette b tement ces termes rev ches Eh p p Enl ve tes semelles Cette m l e ne te permet de me serrer de tellement pr s et de me g n rer de s v res d gel es Le cerb re h l reste bec b h b t des errements v h ments de l cervel et pense m me r ver Ce cer b re reste d f rent et ferme c est le chef et le chef ne tremble R p te mec l entends je d cr ter s chement Le d ment de trente t s ne s ent te et temp re ses ph m res exc s de s ve effervescente Ce d jet pr f re c der et descendre prestement extr mement exc d de prendre cette veste en effet l chec est tr s net Le temps s gr ne lentement Et j entends derechef le m me f l ce h re ex cr les v nements et ses d m l s r cents enterr s lever le verbe et entreprendre de relever en esth te expert et excellent l effet de ses temels v tements Pangramme Fourbe zig de l ex tramway que je vis en chapka Distique holorime Hagard ou sombre H ros tr s branl du coup Ah Gare o sombrero tress branlait du cou S Tuff ry repr
94. n tique donn e par l auteur lui m me ten dant videmment clore l investigation critique On pointera enfin un dernier r gime de lisibilit de la contrainte un r gime mixte de lisibilit brouill e La contrainte est alors d sign e mais sa lisibilit compromise par l introduction de dysfonctionnements que ceux ci res sortissent un manque du texte par rapport la contrainte relevant le cas ch ant de l erreur ou au ph nom ne du clinamen Si le total respect de la contrainte raid possible la perception de structures r guli res par le lecteur sa non validit absolue ne peut que mettre en p ril le rep rage Or partir du moment o certains auteurs revendiquant l invisibilit ou le brouillage des contraintes qu ils utilisent on aboutit un dispositif tout fait paradoxal o le choix de dissimuler les contraintes an antit la sp cificit du r gime textuel mis en place dans la mesure o cette sp cificit ne sera pas re connue comme telle la r ception Cela ne signifie videmment pas que la dis simulation des contraintes ne puisse tre mise en chec par des lecteurs pers picaces mais simplement que le texte cherche se construire une telle r cep tion Je ferai alors l hypoth se que la pragmatique de l criture contrainte prise entre pratique rh torique et id ologie scolastique met en oeuvre un dispositif de compromis globalement assimilable une mauvaise foi te
95. n tique ou graphique Il s agira donc nouveau de textes illisibles mais qui sont encore reconnaissables comme textes et n appartiennent donc pas franchement au domaine pictural ce sont des uvres inters miotiques Les traits par lesquels s effectue la reconnaissance sont forc ment tr s g n raux l existence de pleins et de d li s ou le caract re discret et modulaire des signes Linol um de R Sabatier gauche 220 TUDES SUR DES M CANISMES O DES OEUVRES et Dessin de Spacagna ci dessous Tous les autres traits sont supprim s Parfois il ne s agit pas de simples suppressions mais bien de suppres sions adjonctions On trouve alors des cr ations du type r bus qui incitent en rechercher le sens ce qui r ussi lque o ma e e sous x AY eee O se dE Mn yes es ONESTE ERES 0 S ES Et eo RTS A lt o Free sy 27 AA vor SR deoervo un P o E R oo Si 24 n es The qu es dei PERERA ger a RD Spacagna Dessin Lemaitre Voyage en Italie ja w Un cas int ressant est celui de Mi cheline Hachette qui a fait de nombreu Hi i ses compositions partir d une forme i taiyi de lettre vid e ne comportant que des iMLLiAmMnN g v elfF lignes droites jamais franchement obli ques Cette lettre mais sans doute est ce l un effet du m canisme d inves tissement projectif signal plus haut voque assez bien l initiale de son nom E MaSiolr nn ua
96. ne se trouve L me coinc e dans la gamme sans crainte que changent l armature ni la cl prouvant encore la naus e des slendanti des appogiatures irr solues p 101 et qui sait l coute des visc res aux adagios patients et fermes p 19 Il n est jamais satur de ce pas jamais las sur la ligne de la m lodie de ce rire toujours frais sur le rire de la note di s e p 115 Au lecteur donc d obtemp rer au conseil donn La Musique est chose tue Se faire l me qu il faut pour l entendre p 113 Quoique clamant Les tropes la trappe p 80 Comp re use de bien des figures stylistiques classiques dont l accumulation m me affirme chaque ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES texte de cet ouvrage comme tant d abord litt rature Les effets m lodiques des po mes de Nuit de ma nuit sont constamment et savamment agenc s Ils parais sent n s d un jeu de chass crois entre lecteur et auteur celui l traquant les formules de celui ci afin de s en ravir Et elles sont l gions de la tr s courante allit ration la paronomase en passant par toutes les possibilit s phoniques que procurent les r p titions sous forme d anaphores ou de ressassement voire d anadiploses les rimes normales ou internes les chos entre mots ou syllabes Il en r sulte un baroque double un lyrisme vaguement pr cieux piment de vocables dont certains trouvent leur place dans un dictionnaire cher Pau
97. noms de personnes d ment enregistr es l tat civil figurent tous sans exception aucune dans la seconde partie du recueil Gautier Madame et Mademoiselle Mallarm Whist ler Poe Baudelaire Verlaine Richard Wagner Puvis de Chavanne et Vasco D s quilibre significatif relativement au lait que Mallarm a rassembl apr s H rodiade et l exception de Salut dot sa place initiale d un statut ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES d pigraphe ou de d dicace l ensemble des textes dans lesquels prenant ses distances l gard du lyrisme personnel et des clich s parnassiens ou baudelairiens il a v ritablement con u et mis l uvre sa double po tique de la disparition locutoire du po te et de l initiative c d e aux mots Pour faire vite on s en tiendra ici aux noms de personnes Afin d obser ver d abord qu ils interviennent tous vers la fin ou la fin des textes aux seules exceptions de ceux de Madame et de Mademoiselle Mallarm mis en position de d dicace et d appendice au titre de chacun des ventails qui leur sont respectivement d cern s et de celui de des Esseintes plac triplement hors texte en fa on de d dicace entre parenth ses et en italiques Gautier appara t la rime au vers 53 du Toast fun bre qui en compte 56 Les noms de Poe Baudelaire et Verlaine ces deux derniers en fonction rimante l aussi apparaissent
98. non r gl elles sont le r sultat d un hasard non r gl Quant aux microlectures de paragrammes de type saussurien ainsi que d autres surinterpr tations avanc es par certains ex g tes elles sont soit des figures locales non syst matiques soit jusqu preuve du contraire des ph nom nes dus simplement au hasard Disons un mot enfin sur la cat gorie des textes r gles implicites lus ses Elle semblerait relever d une impossibilit logique et pourtant le fait de placer au milieu d un ensemble de textes r gl s par des prescriptions diff rentes des normes quelques textes non r gl s par ces prescriptions peut induire en erreur par un effet de contexte ou bien par un effet de style c est la contrainte Canada Dry des oulipiens En r sum Timplicitation totale d une r gle d criture n cessairement intratextuelle devient un fait objectif lorsque le proc d de lecture correspon dant est d crit et v rifi par l identification des traces syst matiques du proc d d criture 3 12 L actualisation En principe une r gle explicite ou implicite devrait se trouver enti re ment actualis e dans toute l tendue d un texte r gl par des prescriptions diff rentes des normes Pourtant il y a des actualisations n cessairement partielles comme c est le cas de nombreux textes combinatoires dont le nombre total de combinaisons beaucoup trop lev n est pas
99. normes cesse v ritablement de l tre Ceci est l expression litt raire du pa radoxe logique du tas de sable il est difficile d tablir sans arbitraire quelle quantit de grains de sable pose la limite entre ce qui est un tas de sable et ce qui ne l est pas Nous pensons donc que l existence de certains cas limites ind cidables est propre aux oeuvres humaines Ces exceptions ne remettent pas en cause notre choix de crit res Pour quoi Parce que l on peut affirmer sans aucun arbitraire qu une uvre est bel et bien un texte r gl par des prescriptions diff rentes des normes lorsque la condition de rigueur de l ex cution est enti rement remplie Si celle ci n est pas enti rement remplie on ne peut plus l affirmer mais on peut l admettre avec des r serves avec des infractions Ici comme nous l avons d j dit la comparaison avec les normes est clai rante on ne parle pas de normes floues mais d erreurs Il n y a pas de r gles 43 DOSSIER THEORIQUE PARTIE floues mais des r gles mal ou peu actualis es La notion de texte r gl par des prescriptions diff rentes des normes d pend d une notion g n rale de conven tion et la convention est toujours contractuelle et donc prescriptive 3 14 La perceptibilit Dans tout texte r gl par des prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des normes telles que nous le d finissons la r gle est toujours la trace
100. o l oc cident bascule dans l horreur Son bleu qui h rite de Novalis et de Mallarm volue vers l expressivit pure et absolue de la couleur p 318 Si l poque moderne a ainsi pr sid l mancipation des couleurs dans la r alit virtuelle cr e par la t l vision et la vid o l artificialit des couleurs touche son comble p 320 Le Rider parle apr s Lyotard d anesth sie postmodeme des aveugles postmodemes Dans le prolongement de Beckett Thomas Bemhard fait table rase d un monde en couleurs Pour Botho Strauss l image de l univers n est gu re plus positive mais apr s avoir montr le d nue ment de l homme contemporain sa position marginalis e la perte de r alit cet auteur propose de revenir malgr tout apr s tout une exp rience color e Mais quel ciel serait ce point gris qu il ne rougirait pas tout de m me pour finir On pourrait essayer de trouver en France l quivalent de ces re cherches on pense Savitzkayapar exemple Une telle juxtaposition aurait t d une certaine fa on plus vidente encore pour le dernier auteur que le Rider traite en d tail savoir Peter Handke car on sait combien celui ci a int ress notamment Claude Ollier La conviction fondamentale qui constitue un fil 207 ESSAIS d Ariane de toute son oeuvre serait qu il existe une sorte d harmonie pr tablie entre la r alit donn e par les sens et
101. on moins vague En textique rappelons le on pr cise qu un lipogramme peut se concevoir cause de son caract re d fectif soit comme une ortho lipochoro texture isomorphique dans la mesure o avec lui il n y a aucune place pour un isomorphisme affectant la forme dite ISE OO OMRG 24 1 soit de fa on plus courante comme une ortho holochoro texture lipomorphique dans la mesure o avec lui ce sont toutes les places qui prohibent ladite forme du grec orthos juste correct l ip je fais d faut holos formant un tout chora lieu d limit isos gal morph forme D s lors pour d finir dans cette sph re une ventuelle d fectuosit quant la r gle formatrice l on stipule qu il s agit soit d une caco choro lipochoro texture isomorphique SE 00 CMRQ 4 puisqu une place est fournie l o il n en de vrait pas exister soit d une caco choro holochoro texture lipomorphique puisqu une place existe qui d roge au r le d volu leur ensemble du grec kakos mauvais Et en outre pour distinguer la d fectuosit principale et la d fectuosit lat rale l on pr cise qu il s agit avec l une d une caco proto texture et avec l autre d une caco deut ro texture du grecpr tos le premier en importance et deut ros se cond secondaire Par suite l erreur ici en cause peut se concevoir soit comme une caco proto choro lipoc
102. pr ten dant l exhaustif et sa ma trise puisque semble t il ils n en ont jamais trop con u l id e mais bien et seulement d autant plus rep rable que chaque fois la r gle est incontestable de ce qu il convient d appeler une inadvertance 259 ESSAIS Quant au fait que l minent sp cialiste de l uvre de Georges Perec en ajoutant s expose de telles m saventures queje trouve pour ma part assez r jouissantes agr mente son aimable triple erreur de diagnostic du l ger sur cro t d une jubilation voil qui est un peu plus difficile saisir moins que ce ne soit trop facile peut tre Notes Dans une lettre dont pour ce fragment il m a autoris la publication et par laquelle en outre il accepte pour le num ro 5 de Formules le principe que je lui avais propos d un d bat plus g n ral selon deux crits cons cutifs le sien puis le mien sur ces tentatives de perfectionnement Formules n 3 Paris 1999 p 196 3 Jean Ricardou La contrainte corollaire Formules n 3 p 190 Pour Pes sentiel les pr cisions fournies dans les suivantes zones techniques provien nent cette fois encore mais dans une version perfectionn e volution 2000 d intelligibilit structurale de l crit document r serv aux participants du S minaire estival de textique au Centre Culturel International de Cerisy la Salle 700 pages Renseignements CCIC 27 ru
103. premier de ces volumes contient beaucoup de pasti ches parfois sous la forme de textes apocryphes situ s dans un contexte plut t scienee fictionnel nous sommes dans les ann es 60 Eco y introduit d j plu sieurs des jeux litt raires qui contribueront faire sa r putation comme par exemple les lettres de refus des directeurs de collection refusent de publier La Bible La Divine Com die etc et s en expliquent longuement ou les sc narios variantes pour les grands metteurs en sc ne de l poque d Antonioni Godard Dans le second volume la part de textes contraintes est encore en hausse quand bien m me Eco continue utiliser surtout des contraintes s man tiques Ainsi il invente des modes d emploi pour les situations les plus vrai semblables ou invraisemblables il s imagine ce qu aurait dit tel ou tel person 96 nage c l bre qu on aurait rencontr dans la rue Comment allez vous R ponse de Wittgenstein N en parlons pas et s amuse croiser les crivains et les oeuvres l crivain Gustave Flaubrecht devient alors l auteur de Ma dame Courage En m me temps il redonne une vie nouvelle des figures formelles tr s connues dont le tautogramme c est dire la figure qui consiste faire commencer tous les mots d un texte par la m me lettre exercice qu il ap plique au panth on litt raire tout entier pour Heidegger cela
104. que la taille et le poids des seuls conducteurs supprimer donc de cette sous op ration les membres correspondants membres honoris causa cobayes etc Dans ce cas de figure 2 10 m kg s Nous pouvons donc calculer le potentiel V m kg s A d un ouvroir mais un moment pr cis la taille et le poids des membres pouvant changer assez r guli rement avec l ge et selon l abondance des repas Imaginons un ouvroir x de 15 membres dont 10 conducteurs posons que Fouxpien moyen ait un poids de 70kg une taille d 1 70 m et un temps de r flexion d une minute ce sont des mesures arbitraires mais il fallait bien un exemple 15membres 255 10 m 105 10kg 9 102 s 10 conducteurs I1 7 m 7 102 kg 6 102 s A 6 61 V 141 666 66 Cet ouvroir x a un voltage avoisinant celui d une centrale Son potentiel est bien un nombre fini quoique pouvant changer mais difficilement puisable pendant la minute de r flexion accord e Le potentiel cr atif d un ouvroir est manipuler avec pr caution et m me s il nous a t possible d en donner une d finition pr cise il serait infructueux de chercher une liste exhaustive de ses possibilit s A chaque instant suivant la fatigue la sant la digestion la naissance et la mort des membres les coordon n es du potentiel voluent et de nouveaux calculs sont laborer C est une qu te temelle car les voies du potentiel sont innomb
105. que les autres le plus haut degr de raret tant l uvre unique Faudrait il pour cette raison exclure du domaine des contraintes tous les genres conventionnels C est bien ce que semble indiquer le fait de refuser la prosodie classique le rang de v ritable contrainte Comme nous l avons d j dit le probl me se pose parce que les r gles de la prosodie taient la principale convention d un genre celui de la Po sie au sens pr modeme du terme Certes l on ne recon naissait pas cette qualit tout texte seulement versifi Aristote avait d j depuis longtemps affirm que les trait s philosophiques versifi s d Emp docle n taient pas de la Po sie et pourtant il n est pas moins vrai que jusqu au milieu du XIXe si cle avant Whitman Laforgue Rimbaud Kahn tout po me tait par d finition versifi Or l poque o elle r gnait sans partage on utilisait n anmoins pour la d crire l expression d j les contraintes du m tre et de la rime La prosodie tait donc per ue comme un genre admis mais galement comme une vari t relativement anormale d criture Pour abonder dans ce sens 0 fout se rappeler que Milton dans sa pr face au Paradis perdu s insurgeait en plein XVIIe si cle contre le po te qui acceptait d tre contraint constraint par le p nible et moderne esclavage de la rime Voil donc toute l ambigu t du probl me qui s
106. qui ont oeuvr le plus pour que la parole litt raire puisse tre donn e autant de lecteurs que possible Enfin l exemple d Umberto Eco aide galement creuser davantage la question de la contrainte elle m me A cet gard l essentiel est la subversion de la ligne de partage entre contrainte et non contrainte que les actuelles th ories de la contrainte quels que soient du reste leur degr de syst maticit ou leur orientation pr cise tendent invariablement tenir s par es En effet si tout le monde admet la difficult de distinguer en pratique avec toute la rigueur re quise les textes contrainte ou les fragments les aspects les niveaux de ces textes des textes ou des fragments aspects niveaux sans contrainte tout le monde n en accepte pas moins que la diff rence m me entre contrainte et non contrainte est sur le plan th orique au moins tout aussi absolue que la fronti re entre par exemple la vie et la mort Ce que nous oblige penser Umberto Eco c est un autre r gime par d finition impur de la contrainte et non plus seule ment du texte contrainte Dit autrement s il s av re que dans tel ou tel texte contrainte il n est pas possible de retrouver l actualisation parfaite de la con trainte en question la raison n en serait plus tellement quelque imperfection ou erreur de r alisation mais T effet naturel in vitable de la mise en oeuvre d une contrainte au
107. r par ordinateur Faut il dans ce cas consid rer comme d finitionnel un crit re de pro ductivit litt raire ou un crit re de cr ativit de la contrainte notre avis non car le seuil entre le transcriptif et le productif ou entre le cr atif et le non cr atif ne saurait tre tabli sans un arbitraire id ologique 4 12 Objectivabilit et saturation propos des Fables d sope et de la Fontaine Cas n 6 textes qui n ont pas t unanimement reconnus comme des textes contraintes le probl me ne se pose pas seulement au niveau de la restriction s mantico logique jug e trop faible pour tre une contrainte mais galement parce qu un proc d syst mati que logico s mantique ne produit qu une saturation difiiise dont l objectivabilit peut sembler difficile objectiver N anmoins m me si l on exclut du champ de la contrainte toutes les syst maticit s saturation difiiise les saturations cat gorielles m me tr s satu r es posent toujours le probl me non r solu de l tablissement d un deuxi me seuil de conventionnalit 5 CINQUI ME PARTIE Conclusions ouvertes au d bat 5 1 Constat d chec Dans la partie de notre tude consacr e aux normes et aux prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des normes nous avons pu d gager quel ques crit res d finitionnels des traits dont la pr sence peut tre affirm e ou ni e en bloc Cela perme
108. r gles peut tre irr gulier 3 7 R gularisation des irr gularit s Nous avons vu qu il existait deux types de syst maticit externe et in terne Or la cat gorie syst me extratextuel d irr gularit est impossible En effet si ce syst me tait explicit il ne serait autre chose qu un mod le Or l existence d un mod le entra ne fatalement une r p tition il y a le mod le et la r alisation du mod le et donc une r gularit Par ailleurs des textes avec un syst me intratextuel d irr gularit sont galement impossibles soit une irr gularit est r partie de mani re al atoire et il n y a pas de syst me soit elle est r partie de mani re r guli re et elle cesse d tre une irr gularit 3 8 Pr dictibilit et hasard Le crit re de syst maticit implique certes la pr dictibilit mais il n ex clut pas forc ment le hasard En effet un proc d al atoire peut tre utilis de mani re tr s syst matique et laisser une trace intratextuelle ou extratextuelle objectivable En cons quence le crit re de syst maticit implique seulement la notion d exclusion du hasard non r gl titre d exemple consid rons les textes produits par les proc d s oulipiens dits S 7 ou PALF qui utilisent cette forme particuli re du ha sard qui est l arbitraire du signe linguistique Dans l un et l autre cas l on a r ellement affaire des textes r gl
109. r pertoires cod s 4 1 1 Maintien des mots mais d formation des lettres La d formation en question reste inf rieure au niveau de redondance Pour l analyser on fera appel un degr z ro intuitif correspondant au dessin canonique des lettres tel qu il a t caract ris dans ses grandes lignes en 2 On se contentera ici de sugg ra au passage leurs traits distinctifs sans s astrein dre l extr me rigueur qui a permis d extraire ceux des phon mes Ces traits s oiganisent notamment dans les syst mes oppositionnels suivants le plein et le d li surtout en cursive le ferm et l ouvert l intervalle et la lettre caract re discret des lettres la droite et la courbe la verticale l oblique et l horizontale le plein et le creux etc 216 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES Toute une rh torique d adjonction de suppression et de suppression ad jonction va pouvoir ici s exercer La suppression adjonction prendra souvent la forme de la commutation o un trait est remplac par son all le dans une paire d oppos s Par exemple des courbes seront rectifi es et des droites seront cour b es des verticales seront inclin es des intervalles seront supprim s des traits proprement stylistiques sortes de variantes libres seront ajout s L ensemble de ces carts entame la redondance et produit un effet de brouillage La d formation pes Sa porter sur
110. s Queneau l exprime forte ment La r gle des trois unit s est aussi d lirante que nos proc d s ou ceux de Butor Et de fait au d but du moins l activit de l Oulipo consista essentiel 14 DEFINIR LA CONTRAINTE kment ai une exploration de ces r gles traditionnelles On retrouve autrement dit pour l Oulipo le sch ma toujours revendiqu d une seconde fondation par les math matiques puisqu il n y a plus de r nn a 18 4 noit Paimoo gles depuis qu elles ont surv cu la valeur il s agit d imaginer de nouvelles fiwmules similaires dans leur structuration aux r gles traditionnelles mais qui les rediraient en langage math matique De lit on observe bien une homologie fondamentale entre contrainte au pienne et r gle classique il y a dans les deux cas l origine du travail d criture nonc d une formule re ue par l auteur comme contraignante Or il est bien vident que cette homologie th orique ne se traduit absolument pas par ne similitude des postures de r ception Comme le note J Roubaud le sonnet ne peut pas tre consid r comme une forme oulipienne Cela tient certai aement un caract re des formes traditionnelles que la forme oulipienne n a pu nome acqu rir celui d tre en m me temps que jeu de langage uneforme de vie transmissible La notion de tradition fait passer la c sure entre la r gle cl la contrainte
111. s opposant absolument au texte monument unitaire et clos qui fait office de mod le dominant toute litt rature contrainte implique une question de lisibilit qu elle r sout par diverses tactiques de ca mouflage Ainsi J Roubaud annonce t il au d but du Grand Incendie de Lon dres L intervention de contraintes il y en a m me les plus extravagantes au regard des habitudes de la fiction ne sera pas affich e afin de ne pas carter de moi d avance la quasi totalit des lecteurs Il s agit en effet pour l cri ture contrainte de dissimuler suffisamment au lecteur sa nature rh torique de mani re se rendre recevable sans pour autant occulter totalement sa sp cifi cit divers proc d s antitextuels tels que la pratique g n ralis e de l intertextualit ou la mise en rapport du texte avec des images comme dans certains textes po tiques perecquiens r introduisent des discontinuit s qui signalent malgr tout la remise en cause de la monumentalit romantique L criture contrainte comme l enfant qui joue cache cache et qui ne sait pas ce qu il craint ou d sire le plus rester cach tre d couvert implique une pragmatique de la mauvaise foi dans l exacte mesure o il s agit pour elle d inventer des strat gies textuelles propres persuader le lecteur de sa litt ra rit Je citerai ici le premier des po mes combinatoires pour F Clerici dont la dern
112. s r les premiers sollicit s qui ladisent flouseet sansa vin e sans intelligence comme l attestent mille insidieux r cits une malheureuse qui a appris creir sansvelr et croira pr dit l auteur tout ce qu on aura voulu Retenons deux anecdotes significatives sur l ing nue dont le non a fait oublier celui de Bernadette de si niaise m mo e Les chenapans dia lont persuad e voici quelques mois qui vit des peunettes dans un breui retr pr s de M les peunettes faut il le pr ciser sont des fant mes Et ma foi ele en vera des esprits plus qui nest loisible den voir Unecomm re ob se riboulant de ses prunelles qui lui trace des signes sur le vente un vieux au visage balafr qui danse des ngaudons endabl s autour dele un ga lara ivre tout encap de noli moulinant de sa rapi re fictive Elle aura tout vu la pauvre sauf la v rit un unique ben t de quinze ans Jules M qui ne pen se qu se d guiser afin de faire rire les dr les dissimul s tout pr s de l Un autre fut lui affirme que les fourmis dessinent en chaque lieu o elles s essemillent esintimes pens esde celui qui les observe Dereche notre voyante voit comme il convient tant t des lis et des fleurs de p cher 109 CREATIONS tant t des croix et des banni res bref tout Japparei de cette F te Dieu qui insidieusement grav en linnocente le vain souvenir de ses fastes Le seing abject de lobscurantisme i
113. sans pourtant conna tre le premier mot de la vie qu il faut bien supposer l metteur inconnu Bref La Prescription propose une remarquable occurrence de mise en abyme La consigne formul e par la voix sous la forme du concept de l nonc programmatique met en abyme le r cit qui la pr c de puisque celui ci en est la r alisation Le texte met d ailleurs son lecteur sur la voie lorsqu propos de la voix sans auteur il est question de vie en puissance et de l ignorance du premier mot dans laquelle il se trouve Il s agit en somme d un jeu qui perd gagne un jeu qui perd la joute tiologique gagne la partie sp culaire c est parce que le r cit ne parvient pas lucider de fa on convaincante l nigme de la voix sans oigane parce qu il ne parvient pas noncer le premier mot de l intri gant ph nom ne qu il permet la r alisation de la consigne formul e par la voix On le mesure cette mise en abyme est tr s particuli re dans la mesure o d une part la relation du r fl chissant au r fl chi est aussi celle du concept sa mise en uvre et o d autre part la vis e r trospective d une mise en abyme qui suit le r cit qu elle r fl chit est contredite par la vis e prospective du commande ment La modalit jussive programmatique de l l ment r fl chissant conjointe la teneur scripturale litt raire de la consigne permet la mise en abyme pra tiqu e de dis
114. ses informations avant que les passions ne d r glent tout fait les esprits M raut se rend M sans plus attendre Si des carts de langage attestent par instants que l enqu teur flaire un complot contre l Eglise la r serve dont il t moigne en ses interrogatoires conf re 102 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES son rapport l impartialit d un proc s verbal Il semble qu aucune voix de M n ait su chapper son coute et n ait t priv e en ces pages d un cho En tout tat de cause le portrait qu il retrace de la fillette n est pas si innocent qu il pouvait le para tre de prime abord L enfant affirme t il ne lit son ab c daire qu avec peine en d pit de ses douze ann es dont cinq i xit M raut sur les bancs laics Il l estime influen able et d plore en elle une religiosit de fa ade Qui cachera selon certains un mauvais fond Au dire des m mes langues elle agirait sourne d vantau comme on dit ici la d rob e Or le vicaire ne manque pas de remarquer que de tels mots litt ralement r p t s par la voyante lui serviront exposer comment sans rien dire la bele Dame aurait transmis le message myst rieux Elle aussi len croire aurait tir paroles de d sour le dvantau lequel d signe l am ple tablier qu on fronce par dessus la robe quand on va prier Dieu Une confusion quasi permanent entrave son esprit et d voie mal encontreusement son langage Ne serait ce p
115. sie d Bertrand Marchai Paris Gallimard coll Folio 1995 p 226 13 La rose Cruelle H rodiade en fleur du jardin clair Les Fleurs Po sies dans uvres compl tes d cit e p 10 14 H rodiade dans uvres compl tes d cit e p 21 Billet dans uvres compl tes d cit e p 34 Le Tombeau d Edgar Poe dans uvres compl tes d cit e p 38 Le Tombeau de Charles Baudelaire dans uvres compl tes d cit e pp 38 15 16 17 39 18 L onom apo tiq ue dans le Toast fun bre les Tombeaux le sonnet Vasco pourrait tre tudi e dans sa dimension spectrale le nom apparaissant la fin de ces textes mais les hantant d un bout l autre vaut comme celui d un revenant Symbolis e par la blancheur ou la p leur omnipr sentes chez Mallarm cette dimension spectrale est l oeuvre dans la plupart des po mes de la maturit qu il s agisse du sonnet en yx o une d funte nue se fixe dans le cadre d un miroir qui n est autre que le po me lui m me du sonnet du cygne Fant me qu ce lieu son pur clat assigne du sonnet A la nue accablante tu quel s pulcral naufrage ou encore du triptyque de la chambre vide Tout orgueil fume t il du soir Surgi de la croupe et du bond Une dentelle s abolit sinon m me du Coup de d s chiffrant de part en part comme aux douze coups d un minuit le retour fantomatiq
116. sur place le Maudit pour ses feintes Tout est crit myGod Oh pas la formule enti re tele que la rapport e Margie mais des miettes de phrases pioch es la provende par mon moineau du Verbe fait corps ef des ab mes par ci des silencieux par l et jusqu nos ructeurs ignor s des co les et des dictionna ires et qu on d couvre pourantaans les paroles du choeur appris le fameux soir des Mou lo ns Les couplets en furent vite remis s on 112 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES sen doute Quisaura les chanter hors les quelques pr sents de la ma trise essemil e Encore les plus fut s les aurontils d j oubli s faute den com prendre le jargon ll n est que loisilon qui tout avale sans ren mordre Pourque se r v le enfin cette v rit qui se dessine le bon franciscain arpente inlassablement la for t de V o on le voit se promener avec l enfant R solu circonscrire plus pr cis ment l aire de la vision il s en va battre les fourr s accompagn de la voyante cette heure du cr puscule o la dame lui serait apparue Il retourne m me sur les lieux seul cent fois d s que le ciel prend cette apparencede s r nit qu il avait le soir du miracle Le ch telain un beau jour le d couvre croupetons progressant aux abords de l claircie o Margie avait retrouv sa route pour dit il y voir ourdissage des ramures comme on doit le voir hauteur d innocent Et le p re verra de fait certain s
117. telle formulation oflre l encore une passerelle entre les deux conceptions N anmoins elle repose sur ce que j ap pelle la conception ontologique du texte qui constitue le troisi me l ment implicite celui l de la d finition propos e par ces auteurs Avant de discuter de ce dernier l ment disons que dans certains cas tr s pr cis la s miotique ne semble pas constituer un clairage satisfaisant sur l uvre Sans entrer dans le d tail de la discussion qui d borde tr s largement le cadre de cet article indi quons que la solution que je pr conise consiste largir la notion de signe textuel celle de syst me et de s attacher notamment aux caract ristiques de fonctionnement et d organisation de ce syst me textuel II semble alors mais la r flexion ce sujet est en cours que le comportement du signe textuel peut tre consid r comme une perception tronqu e de l organisation du syst me textuel Le dernier l ment le plus r dhibitoire concerne donc la conception on tologique sur laquelle semble reposer toute d finition s miotique notamment celle du texte lorsque Schiavetta et Baetens le d signait comme un objet con cret fix La conception ontologique suppose que le signe textuel est le 72 PROPOS DE LA CONTRAINTE m me pour tous qu il constitue un donn Ce m me ne fait bien s r r f rence qu la face p textuelle au plan de l expression tra
118. texte qui sont des actes de production et de r ception et d une autre part le texte lui m me qui peut tre consid r des fins pratiques comme une sorte d objet fix Nonobstant parler d obligation propos d une sorte d objet le texte n est pas tr s pr cis L obligation concerne plut t les actes de production et de r ception du texte En effet l on est d abord oblig d crire selon un certain proc d pour produire un certain type de fraces textuelles tandis que l on est ensuite oblig de les lire selon une certaine grille d interpr tation pour pouvoir rep rer quel proc d d criture y a laiss de telles traces Ces caract ristiques sont plus ad quatement d crites d un point de vue prescriptif par la notion d observance observance de r gles d criture et de lecture La notion d observance implique la notion de syst maticit car une ob servance non syst matique n est pas une observance Ainsi plut t que les termes d obligation ou d observance nous utilise rons d sormais celui de syst maticit lequel peut s appliquer tant au texte con sid r comme une sorte objet qu aux actes de son criture et de sa lecture Cela implique au moins trois modalit s d criture de trace et de lecture Une syst maticit du proc d de production dans l criture du texte une syst maticit des traces intratextuelles ainsi produites et finalement une s
119. texte se pr sente comme une s rie de miations sur le po me de Verlaine Gaspard Hauser chante transform par des manipulations qui jouent sur l identit Choix d un autre pr nom sur Podre Inversion de deux vers sur la disposition dans la page allant jusqu la suppression de certains l ments du texte Ablation de la premi re et de la deuxi me rime et m me sa disparition totale en tant que tel le dernier po me s annonce comme une Traduction typographique remplacement de la sph re IBM Letter gothic par la sph re IBM Symbol 712 Le travail de Perec manifeste donc un total irrespect du texte explicite ment signifi par l effet d hyperbole li au vocabulaire m dical pr sent dans la alable contaminations ablation Cette atteinte est bien videmment d autant plus sensible que le texte choisi est plus pr sent connu comme le signale le titre dans la m moire culturelle de ses lecteurs L irrespect pour le texte est cependant le plus sensible dans la disposition m me des traductions sur la page Le po me de Verlaine ne jouit en effet de ce point de vue d aucun privil ge il ne constitue que le premier terme d une s rie l tat initial qui n est organis e par aucune hi rarchie Le po me veriainien n est qu un l ment textuel parmi d autres dans une s rie de varia tions qui seront lues comme autant de ses possible
120. textes on jugera ici sur pi ces mais aussi en raison de la mani re tr s originale et sp cifique dont Umberto Eco pratique l criture contraintes Un premier aspect qui m rite d tre soulign est la combinaison syst ma tique dans l exercice de la contrainte de textes de fiction et de textes de diction ou de non fiction pour reprendre la terminologie de G rard Genette lequel traduit ainsi le couple anglosaxonfiction faction Certes d autres crivains contraintes ont eux aussi altern les deux registres mais dans leur cas la place occup e par les textes de diction tait infiniment plus r duite Georges Perec en a donn quelques exemples et notamment son Cantatrix sopranica mais il s agit plus ou moins d un hapax de surcro t hypercaricatural dans sa produc tion globale Pour les textes de diction par exemple on songe videmment en tout premier lieu aux nombreuses parodies dont Eco nous a r gal s d s le d but de sa carri re comme telle tentative c l bre de prouver l existence de Dieu 97 CREATIONS l aide de la linguistique structurale au moment note malicieusement l auteur o celle ci tait justement en train de devenir une sorte de th ologie elle m me UTRUM DEUS SIT Deus esse quinque viis probari potest secundam novissimam doctrinam quam Lacus Lemannus Prago Codania Bononia Lutetiaque structuralismum vocant Secondo diario minimo p 195 I
121. th me par l crit lui m me offre une base doublement d fectueuse Tortho hyper autorepr sentation il s av re en tant que titulaire d une dicaco lex i io hyper deut ro scripture le caco catoptn gt deut ro text me base d une caco catoptro deut ro texture dont le segment g ch e phaute d orthographe fournit le caco catoptro deut ro textime moyen C est donc ici qu il semble permis de tirer une quatri me le on 5 Nouvelle tentative En effet sauf excessive h te il semble bien que dans cette phrase m me cette erreur ne soit gu re quelconque puisqu elle surgit non point une place de hasard mais bien la troisi me d une phrase de cinq mots celle qui sous l angle des vocables se trouve donc en plein milieu et elle y provoque non point une erreur quelconque mais bien il se trouve Phrase g ch e phaute d orthographe l intrusion de la graphie qui avec Phrase et avec orthographe occupe quasiment le d but et la fin de l crit Ainsi vis vis de ce graphisme ph inscrit chaque bout et suscitant disons un cho polaire il devient possible d observer premi rement que la mise en place de l erreur phaute dans la mesure o elle dispose un relais central contribue l exhaussement de ce dis positif et deuxi mement que la d nonciation de cette erreur dans la mesure o elle souligne ladite graphie apporte un suppl mentaire concou
122. trop petit D ailleurs a ne saigne m me pas Il regarde les traces de ses dents sur le dos de sa main c est joli on dirait une pomme croqu e Cela n a rien voir avec ce dont parlent les vrais mordus Lorsque tout semblait connu et pacifi les mordus sont venus raconter l enfant qu au loin l bas avant m me la ligne d horizon il est des chiens des vip res cumantes et le petit berger Jupille Qu on peut y subir les ruses les mensonges et les souffrances v ritables inflig s par des renards qui ont la rage au ventre et des folles tout habill es avec des couleurs de vampires Ainsi ils font saliver l enfant et son menton tremble C est cela sans doute la morsure 132 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Introduire l inqui tude entre l enfant et sa propre m choire jusqu ce qu il com prenne enfin que mordre est inimitable mordre s improvise On mord avec son ventre avec son sang Une morsure est le don terrible de quelques trous sph ri ques et profonds deux ou trois pas plus qui noircissent et laisseront toute la vie de petites paupi res plomb es sur de minces croissants d un blanc bleu tre Sentir le mort Parce qu il est p le m le s rum sanguin eau de mer salet s et corpuscu les vivants caillots de sang simulateur et volcan d humour l enfant joue avec le monde lumineux comme un lutin chapp d une for t qui br le On le dirait par la chaleur rendu tout la fois
123. ture ce concept est toujours abstrait mais il peut tre concr tis diversement sous forme d un projet d un r sum d un mode d emploi etc Ce que les oulipiens appellent la litt rature potentielle correspond ce que nous appe lons d une part concept de texte selon notre d finition lorsqu un concept d crit de mani re abstraite un texte contraintes et ce que nous appelons d autre part r gles d criture et de lecture lorsque ces r gles d crivent de mani re abstraite les contraintes en tant que des proc d s d criture et de lecture Toutes ces distinctions premi re vue anodines r servent n anmoins quelques surprises 22 DEFINIR LA CONTRAINTE D abord il n est pas indiff rent de parler d une contrainte ou d une norme langagi re ou d une autre prescription textuelle syst matique diff rente des normes en tant que e r gle d criture concept abstrait e proc d d criture processus concret e trace textuelle objectiv e et objectivable e r gle de lecture concept abstrait e proc d de lecture processus concret et pourtant habituellement un seul terme sert d signer ces cinq modalit s C est dire que l interd pendance de toutes ces modalit s contribue mas quer leurs diff rences et brouiller les possibilit s d une d finition globale des ph nom nes qui leur sont li s Ensuite ce qui est bie
124. une crosse en nacre mauve ce nonce osseux se nomme oscar un anneau orne sa crosse vu ses us monacaux oscar a un sexe sans cesse mou roxane une nonne menue en courroux envers rome roxane a un con vorace roxane avance vers oscar roxane recrue encore neuve nonne en son aurore ouvre son coeur sans ruse roxane encense oscar roxane susurre roxane sans se censurer avoue son amour en un suave murmure exauce mon voeu venons en au sexe mon oscar en sucre mon coco avec nos coeurs en osmose nous nous consacrerons aux caresses savoureuses nous serons au summum amoureux nous concevrons roxane ose se muer en une carmen coureuse sans aucune cure envers ses canons moraux roxane va caresser oscar roxanne va masser oscar roxane va amuser son sexe oscar en sueur croasse un non sec roxane recommence ses avances crues roxane assume un nouveau revers car oscar morne ramasse roxane renonce aucun commerce sexe ou non ne me va avec une soeur converse aux moeurs vaseuses aucun amour ne me concerne une nonne sans convenances amener un nonce vers un amour ou vers une noce non sens cas cocasse non encore non consommer ne veux sa semonce navre roxane car ce sermon sonne comme une menace roxane morose se vexe roxane sans recours se mure en un marasme amer comme une rascasse en une nasse en mer roxane ressasse sa rancoeur roxanne se consume roxane se crame car aucune romance ne couronnera ses voeux amoureux son sexe
125. ussite Pis illustrant ce qu elle pingle elle est d nonc e par ce qu elle promeut Par suite elle ne saurait l crit dev nt il lors cette fois non moins soit insipide soit empreint d une profondeur factice et digne lors de s vanouir qu incliner le scripteur tout bonnement une correction Phrase r ussie nulle faute d or thographe Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique l on appelle plus pr cis ment ortho hyper repr sentation l effet pro duit par une formule qui exalte ce qu elle nonce i E 00 O HRG 1 6 et ortho hyper scriptures les structures par lesquelles survient cet effet 1SE OO O HDRG 3 1 D s lors on nomme caco hyper repr sentation SE 00 C H RG I 6 l effet pro duit quand cet effet engag se trouve perturb et caco hyper scriptures 2SE 00 C HRG 2 1 les structures par lesquelles survient cet effet perturb Et l on stipule en outre qu il existe primaires en somme des caco hyper proto scriptures quand le d faut provient d une carence de l exaltation et secondaires du coup des caco hyper deut ro scriptures quand le d faut provient d une carence de l l ment exalt Ainsi et sans trop entrer pour l heure dans le d tail de cette probl matique il est loisible d observer qu avec le mot phaute il s agit d une caco hyper deut ro scripture un peu sp ciale En effet la carence y affect
126. vous lui en offrez une Le Vermisseau En quel danger Je la choisirai peindre mais tr s ignorante pour lui mieux apprendre et graver que Dieu est l auteur des choses Le Ciron Saura t elle par vous que le Diable est l auteur du luxe Quatorzi me Dialogue Le Vermisseau Dites moi le moyen de combattre le Diable quand il prouve nos faiblesses 173 CREATIONS Le Ciron L ennemi qui est son autre nom fait son repas de nos mes inqui tes Il faut s affermir pour l affamer Le Vermisseau Et d o vient que les femmes y sont les moins habiles Le Ciron En votre imagination m me votre vermette a trop d appas pour ne les point partager Prenez garde qu ayant d j la coquille du lima on elle ne vous baille en suppl ment les cornes Quinzi me Dialogue Le Vermisseau Que si la tentation est fille de la beaut je devrais tre laid Le Ciron Sur ce point mon fils remerciez la nature d avoir si bien avanc la t che Le Vermisseau Ce n est point ainsi qu en jugeait ma m re qui tait fort d votieuse Le Ciron De la colombe la grenouille de l agnelle la tigresse d Hircanie quelle m re ne trouverait belle sa g niture Et puis les m res ne sont elles point femmes toujours Seizi me Dialogue Le Vermisseau Mon fils au moins sera beau si Dieu m en accorde un Le Ciron Il est crit qu il est doux d esp rer m me lorsque l espo
127. 34 XV p 416 417 l image apollinarienne du Verbe incarn tendrait unifier une pens e christologique emp tr e dans ses contradictions Elle y autoriserait en r ponse l argumentation rationaliste qualifi e d ructante sic une lecture des Evangiles d une coh rence irr cusable toujours selon Ruet Qui guiderait le sage en silence vers l unique chemin On con oit que Mgr Arvin se soit alarm de telles similitudes entre les deux textes le message marial f t il trop bref pour que l analogie r v l e suffise en d noncer le signataire De quelque trois mots communs on ne peut 106 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES inf rer que le pr tre a sugg r sa phrase Marguerite Mais on comprend un peu mieux cette hargne du pr lat l encontre du Cher fr re Arvin pro pose de fait ente les lignes de son pointilleux rapport une interpr tation minemment psychologique de l apparition en for t Depuis sa rel gation dans cette paroisse rurale o le discours formel enflamme peu les imaginations Ruet a critplus de trente lettres destin es clairer Rome sur la grande mis re de ses ouailles cr dit es d un esprit sec vi imfuen able et ignorant inapte voir Dieu hors liconol tne resic r duisant les Evangies aux figures du chemin de croix si ce nest d ex voic enlumin sde frises grossi res Ftiis il semble soudain renoncer manifester ses indignations go stes et se d m ne bel
128. 79 p 8 M Charles L Arbre et la Source Seuil 1985 pp 181 185 et 210 10 M Charles Introduction l tude des textes Seuil 1995 p 40 R Barthes Litt rature et Discontinu Essais critiques Seuil 1981 p 178 2 L Arbre et la Source op cit p 125 B Change n 14 1973 14 J Lescure La M thode S 7 La Litt rature potentielle op cit p 144 Comment j ai crit certains de mes livres Union g n rale d ditions 1985 p 23 18 J Bens OuLiPo 1960 1963 Christian Bourgois 1980 p 242 17 Op cit p 130 8 R Queneau Technique du roman B tons chiffres et lettres Galli mard 1965 p 33 2 F Le Lionnais LaLipo premier manifeste op cit p 20 L Auteur oulipien op cit pp 85 86 2 Voir J Lahougue et J M Laclavetine criverons et liserons en vingt lettres Seyssel Champ Vallon 1998 en particulier pp 158 162 2 Sa fonction de brouillage de la lisibilit de la contrainte est explicite ment signal e par Perec lui m me qui expose dans son entretien avec C Oriol Boyer son id e d enlever un chapitre de fa on ce que l on ne puisse pas reconstituer le syst me qui n existe que par lui Ce qui stimule ma racontouze Texte en main Grenoble n 1 printemps 1984 3 Sur les quatre sens scripturaires distingu s par les P res de l Eglise voir C Spicq Esquisse d une histoire de l ex g se latine au Moyen Age Vrin 1944 p 22
129. A CONTRAINTES VARIEES el jusqu au moindre goujat ont pu se payer sur la vente du ch teau il n est d esprit si mal tourn qu il ne trouve son content dans l ordre r tabli L in folio Errances travers le paysde M publi par le tr s la c Alb ric Bitard parle du gu ret en des termesqu on pourrait m me juger nostalgiques Au rond poini nomm SaintAndr l difice qui apparait soudain forme un poignant tableau Ouvert aux p lerins le narthex abrite une statue v n r e Dans la nef on remarquera surtout en rappel dune ombre qui dit on traversa un champ un rang de quatre croix d ogives et un choeur rayonnant comme lastresolaire Autour de l ouvrage des armes partantes courent sur un bandeau En v rit il est loin le temps o la vo te toil e semblait beaucoup de railleurs 7araignedpiere qu on voyait pendre au plafonddu marquis Nul l a plus coeur d sormais de ranimer la guerre Au printemps 1930 cependant un rudit de l universit d Altenburg brisera le secret du myst re enseveli Le savant b n dictin Johan Elgaii minent chartiste et auteur d une th se sur la po sie r ticulaire latine qui lefaitconna trecommeunremarquableex g tedeVenance Fortunat grand romanistepar ailleurs d couvre une glose de son po teen prose fran aise Une vive curiosit le pousse alors sur la trace du signataire cet trange RF Sylvestre Ruet dont nul r pertoire n a gard le souvenir Sa qu te
130. Auteur et puisque le titre en somme ne pr cise pas ce qui est proscrit d avancer comme l a fait mais avec le sourire un minent t ducteur de Georges Perec Marc Parayre en 1997 lors du neuvi me s mi naire annuel de textique qu il s agit d un lipogramme en j k w HORS DOSSIER Alain Chevrier Oulipo Compendium Edited by Harry Mathews amp Alastair Brotchie Atlas Arkhive six Documents of the avant garde Atlas Press London 1998 336 p Cet ouvrage pr sente aux lecteurs de langue anglaise les travaux de l Oulipo Un mouvement qui par son esprit la fois cart sien et l ger doit tre jug sofrench Vivement color e la couverture qui repr sente un amoncellement d ouvra ges et de revues o dominent les trois syllabes de ce nom annonce le contenu une f te pour l esprit Le prologue donne la traduction par Stanley Chapman du livre effective ment fondateur des Cent mille milliards de po mes avec l quivalent au point de vue des sch mas de rimes Le choix d un ordre alphab tique permet de passer en revue les principa les contraintes et vite les difficiles probl mes que posent leurs essais de clas sification Gr ce aux renvois le lecteur d sormais familier des liens hypertextes peut surfer d un article l autre Certains sont des articles de choix L article sur la Biblioth que Oulipienne analyse ces fascicules peu accessibles jusqu au n 92 Un autre art
131. Il est clair qu on ne parle plus l de la Vision que pour la discr diter Ruet agace bien trop l v que pour que celui ci lui accorde aucune cr ance Bri arguant de son mracle fictif Mgr Arvin a t il d autre but que d carter un tel agitateur Craignez dit sa p roraison que les belles paroles dun fer bec n garent ceux qu l entra ne Malheur l innocent sur ses mots embarqu 107 CREATIONS Il git bient t dedans l ab me celui dont le bavard gouveme la nef En charge d mes l v que de Mayenne se devait de d fendre ici un nocent l aura compris Tunique int r t du dioc se Les mille invectives qu il adresse Ruet en cette circonstance ne sont d ailleurs pas injustifi es Est il bon par exemple de r pandre des conceptions dont n importe qui pou vait inf rer l immat rialit du Christ du moins sa r duction pour s exprimer en singeant le fier bec cette st r ographie chamelle o Le configure la Bible Le Diable n ignore pas que les id es folles circulent l envi A vrai dire elles ont d j fait du chemin les folles id es depuis leur essaimage du 21 mars N offraient elles pas un pr texte aux partis pour magnifier l Eglise ou pour lacombattre et diviser le peuple de Dieu lui m me en militants exalt s et en adversaires farouches de la d votion Marie lim maturit religieuse de la voyante d chirant son tour le clan marialiste Le naturel inquiet de M
132. Ils peuvent tre de deux types Proc d s d criture ou de production Proc d s de lecture ou de r ception c La locution texte r gl par tels ou tels proc d s d signera tout texte en tant qu une sorte d objet fini con u comme le r sultat de l action syst matique conjointe de sa production par un proc d d criture et de sa r ception par un proc d de lecture tant donn que tout texte crit dans une langue est en principe r gl par les normes de cette langue la locution texte r gl em ploy e sans aucun compl ment ne saurait tre qu une d nomination tautologi que quivalente texte Pour cette raison nous parlerons de texte r gl par des normes langagi res de texte r gl par des prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des normes langagi res ou de texte r gl par des con traintes proprement dites Nous tenterons de d crire plus ai d tail et de d finir ces trois cas par la suite d La locution prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des nor mes langagi res sera remplac e d sormais par la locution abr g e prescrip tions diff rentes des nonnes La locution normes langagi res sera remplac e simplement par nonnes e Un texte r gl par tels ou tels proc d s en particulier peut recevoir une description conceptuelle que nous appellerons le concept d un texte Par na
133. Leur perception d pend soit de la volont de les tudier soit de l apparition d une anomalie dans leur fonctionnement Ainsi on percevra facilement les divers types d agrammaticalit les fautes d or thographe de m me que le manque de pertinence d un discours soit par l exc s ou par le d faut de ses informations par son manque de clart de coh rence ou ventuellement de v rit Le fait que le domaine de la pragmatique n a commenc tre explor que tr s r cemment et que ce domaine comporte encore des difficult s non r solues montre que l tude des normes langagi res n est pas encore close Nonobstant il semblerait raisonnable de soutenir que compte tenu de l tat actuel des connaissances l ensemble canonique des normes langagi res g n rales peut tre d termin avec assez de pr cision 27 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE 2 2 G n ralit s sur le crit re de syst maticit Nous avons vu que les id es d obligation et de restriction taient atta ch es au terme de contrainte dans le vocabulaire courant En ce qui concerne la discussion de l id e de la contrainte comme restric tion nous l aborderons dans une tape post rieure dans le d veloppement de notre r flexion Par contre nous retiendrons d embl e l id e que la contrainte puisse tre con ue comme une obligation Dans ce sens il faut distinguer en premier lieu entre l criture et la lecture d un
134. Pour ne pas perdre de vue que ce que je touche Vous fait toucher du doigt dans ce po me co te Que co te par la juxtaposition de chic D l ments la recherche d une chute De cerises pr visibles sur l herbe fait chec A la n cessit imperturbable du conte S il la secoue nue dans l herbe qui crache Si m me il la froisse la retourne le toc Du poussin contre la coquille le choc Du b lier contre la porte de la tour chocs Irr versibles diff rents en cela qu ils chantent Le d mant lement de la forme tocs Non tactiques comme ceux subis par M elle quitte Sa culotte ai je dit mais pas pour a crache Sur elle la mouille y met le fer chaud une couche De confiture de groseilles on le raconte D amidon que sais je K 2 R contre les taches Elle reste hom omorphe elle m me chec Patent des notions d identit trop courtes Je me souviens il y a des ann es d une chute Dissemblable celle qui maintenant me touche Dans la topologie alg brique Le chic De ces choses ne pr voyant pas ce que co te Je fris pour ma part fascin par cette forme Il ne s agit pas de commenter ces quatorze strophes mais je peux dire que l criture en a t commenc e P ques en 1974 Royan o se tenait l poque un remarquable festival de musique contemporaine D o l apparition du peintre aux yeux d pingle noire Picasso qui se trouvait sur cette plage en 1940 Verde o
135. Trinit des Monts sur la fresque dun p re g om tre car te est Art qui ne fit jamais que de la Nature avant la lettrre Renforc ici d une allusion rare au Sf Fran ois de Maignan le propos est bel et bien de fasciner Notre missaire aurait dam dix p dagogues Est il trange que son histoire ait re u l approbation imm diate de l Eglise Et quel responsable en v rit aurait laiss filer pareille opportunit de juguler ces o rages qui mena aient dixit Arvin notre pays d j meurtr En th orie les lignes d lvendri n affirment pas ni ne pr jugent qu on doive vincer Saints et Dieux de l affaire Maudissois voque e do gt du Cie sous la prestidigitaton et il ne se privera pas d entonner a rengaine de puis sa libre tribune Mais la Sainte Marie naturelle d nt il trace l image para t mi vre aux futiles qui toujours pr f reront la dame de chair et de sang la f erie enp turin et feuilles de comouillers Sans la foi du tribun la Vierge de M tomberait vite dans l oubli et on ne lui rendrait plus fascin s par la magie hyp notique du lieu que l hommage du touriste la beaut des choses Il n est plus qu un r ve le projet fabuleux de basilique et l indigneo ratoirequi en tiendra lieu ne nous serait pas parvenu lui m me tant le grou pe des fid les se r duit si quelque heureux hasard n avait embo t awsc un gal entrain le pas d entrepreneur du marquis A mo
136. a ce floril ge L Herbier des livres Peu peu il traita tous les collectionneurs comme des figures les inscrivant dans l herbier jouant leur r alit contre celle des autres Il crivait son roman mais ne le sut que plus tard En attendant il s int ressait plus au mode de classement utilis par cha cun qu au contenu m me des collections premiers et derniers termes sans cesse mouvants cr aient le vertige et parfois il se croyait lui m me une de ces pi ces toujours accol e d autres inscrite sans qu il le sache dans son propre registre Il lui tait d ailleurs arriv une curieuse aventure Ce jour l il avait aval un verre de ratafia avant d ouvrir les volets L odeur des lilas en fleurs s tait d vers e dans la pi ce Enfin lev il avait enfil une combinaison sans col pr t se livrer aux t ches clectiques de la journ e Comme d habitude le chat est sur le paillasson et l emp che d ouvrir la porte il sort par la fen tre pour aller manger un croissant Les voisins vont se foutre de ma fiole une fois de plus Ce chat m oblige faire le pitre Il ne faut pas que j oublie de m inscrire sur les listes lectora les c est le dernier jour Au bistrot il p te et regarde circonspect autour de lui si on l a remarqu Il saisit le journal La R p tition Le gar on lui sert un copieux d jeuner Il trempe sa tartine dans le liquide filmant et la laisse le
137. aboutira en ce jour du 21 mars qui marquait l anniversaire de l apparition aucour rierque Mgr Arvin avait re u du pr tre et que nous avons lu Or il appara t aussit t Elga que Ruet y avait appliqu sa fa on certains proc d s de ces versus intexf si caract ristiques de Fortunat Ce nest certes pas innocemment crit il que fe message de Mare saligne sen lisi redu propos tout autour de la page Hors cet acrostiche circulaire or resttuera en son centre comme un M cartil pour peu que loel attenti entreprenne d unir quelques m du texte Ainsi se cachent sous une appa rence rassurante bien des figures symboliques de nos arts grec et latin Force est au savant de s interroger La formule que Ruet avait fait circuler en acrostiche ne saurait parler d ucteurs par hasard faudrait alors admettre que Marie s tait complue pour lamour de l art honorer le pr tre d un palindrome de son nom ou supposer que le Malin cesoir l s tait tous gards gliss parmi les feuilles Elga qui ne croit nullement l intervention de l esprit infernal 121 CREATIONS d sire en savoir plus et s enquiert des survivants La fille de l ensabba teurest morte depuis longtemps mais il trouve au fin fond de la for t de V un robuste vieillard nomm Jules M celui l m me qui pers cutait 2Lera et r jouissait les dr les de ses tours Or il se souvient du printemps 1880 probablement mieux que t
138. affirmons que les normes d une langue constituent un bloc d fini par le contrat entre destinateurs et destinataires contrat qui est propre cha que langue Pour cette raison les normes restent pr sentes m me lorsqu elles ne sont pas respect es par ignorance par n gligence par contestation etc La notion de contrat implique la notion de prescription et de correction dans l ob servance de la prescription ou de rigueur dans l ex cution de la prescription Certes certaines normes peuvent comporter des exceptions mais toutes ces ex ceptions sont elles m mes syst matiques Ainsi l observance d une norme en 25 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE tra ne l observance de ses exceptions l occurrence d une norme entra ne l oc currence de ses exceptions Rappelons une vidence la non motivation ce que Saussure appelait l arbitraire du signe linguistique est l une des caract ristiques essentielles du langage articul De ce fait le langage est r gi par un ensemble de normes C est le domaine de la grammaire de l orthographe et de la s mantique propres une langue donn e enti rement r gies par des codes langagiers qui sont des con ventions C est galement le domaine de la pragmatique et de la logique dont certains aspects rel vent de la conventionnalit langagi re tandis que d autres aspects sont hors langage Le domaine de la grammaire comporte d une part les codes de la p
139. age la signification des uvres esthap iristes devra faire appel la notion de signe plastique Simplement les r pertoires foig s offriront plus ou moins de prise un d codage iconique qui les consid rera comme r bus mais ceci ne changera en rien le statut de la signification d gag e la lecture qui est d tre projective c est dire disponible pour un investissement s mantique L l ment d un r pertoire cod contraint et limite le sens mais la pratique de la lecture nous apprend que chaque lecteur force cependant le sens et investit le message de son idiolecte par une activit d formante les contraintes du code sont cet gard frustratoires Par contre l absence de code dans les r pertoires synth tiques est lib ratrice Ces r pertoires ont une potentialit infinie d inves tissement qui fait leur attrait en les apparentant aux grimoires et tous les symboles visuels C est sur un plan tr s g n ral peine rep rable dans encyclop die que peuvent se constituer par exemple des oppositions comme cercle vs carr telles qu on les retrouve clairement aussi bien dans la peinture d un Vasarely que dans des pratiques symboliques comme le mandala Nous avons soutenu ailleurs que la po sie tait un ensemble de structu res rh toriques m diatrices Il s agissait selon ce mod le de m dier le micro cosme Anthropos et le macrocosme Cosmos et une troisi me entit cara
140. ain molle sur le frelon qui est lui une vraie balle avec un clair orang et de la fum e Il y aussi le taon crasseux aux lourdes bottes ind cises et souill es La nuit il 129 CREATIONS coute le moustique qui va lui donner avec la d mangeaison son premier vrai plaisir Ce que cherche alors la main endormie qui t tonne et trouve la surface douce et chaude avec un peu de chagrin avec aussi la force et l envie de jouir c est le petit globe de volupt qui vient de pousser l un organe de plaisir no made impair rectile et d licieux que le moustique d place chaque nuit Une douleur une rougeur une chaleur persuasives et r guli res font de la piq re un instrument un objet et un lieu de plaisir Gratter quivaut capitu ler Et lentement passant les ongles sur la piq re non pas en ramenant les doigts vers soi comme avec une pelle mais en frottant avec le dessus de l ongle sa partie polie l enfant jouit myst rieusement demi endormi Cela ressemble en tout point l orgasme des r ves L enfant se r veille avec inqui tude Bourdonnant fourmillant tous les insectes ont la voix du sang Il n est presque pas possible de distinguer entre les veines et les art res que l on entend battre dans ses tempes dans son oreille et le petit tumulte des ailes du moustique Se d barrasser du moustique c est vou loir chapper la circulation en soi de ses propres fluides C est pourquoi
141. aine C est surtout un inventaire qui tant t partir des auteurs litt raires tant t en se tournant du c t de la peinture fait le tour de la 204 ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES situation travers les si cles compl tant leur approche par des ouvertures vers la th orie de l esth tique Il est fascinant de voir comment tout au long des si cles les m mes attitudes fondamentales entrent dans d autres constellations comment les arguments et les m thodes se reformulent suivant le contexte so cial l volution des arts leg niedes cr ateurs Le Rider tant germaniste c est d outre Rhin que souvent partent les explorations mais on s aper oit qu un v ritable va et vient s installe entre les pays du Nord et la sc ne m diterran enne Un premier grand d bat s enracine justement dans la distinction entre l cole du dessin propre la Germania et l orientation coloriste de la Romania La couleur est soup onn e d introduire l impuret elle est li e aux sentiments mal contr l s elle ouvre sur les r ves et l inconscient Cette opposition se traduit de fa on concr te dans la controverse entre les poussinistes et les rubensistes au 17 si cle Pour le premier groupe le pein tre est un compositeur d images tandis que la couleur d bordante du grand Flamand tend lib rer la peinture d une rh torique pr tablie Cette lib ration prendra un pas d cisif dans
142. ajeures reviennent constamment Elles n ont pas pour autant m me valeur ni m me statut Les deux premi res pourraient encore tre jug es anecdotiques elles ont trait d une part la primaut de la po sie malgr toutes les pr cautions ora toires du monde la prose para t toujours moins apte que le dire po tique rece voir la contrainte et moins encore l afficher pour la bonne raison que la po sie permettrait mieux de chasser les parasites qui g nent tellement la mise en oeuvre ou la perception d une r gle et d autre part la pr cellence des registres formels de la contrainte la structuration des param tres s mantiques ou narra tifs par exemple semble bien plus difficile s effectuer que le r glage des pro pri t s typiquement po tiques si elle ne se r duit pas l articulation du seul lexique champ ambigu par excellence puisqu encore laigement fonction du substrat formel des mots La troisi me id e plus fondamentale sans doute et qui pr suppose d ailleurs les deux autres concerne la vision de la contrainte comme logarithme c est dire comme programme abstrait susceptible de se concr tiser sans perte majeure dans un texte qui l exemplifie plus encore qu il ne l illustre C est bref l id e exacte peut tre mais non pas incontestable qu aucun texte au fond ne vaut les virtualit s de la r gle qui l engendre Que la prose de Bernard Colin enfreigne ou
143. ans auteur pres crire l criture d une autobiographie et proscrire parall lement le souvenir des p rip ties de la vie narrer La premi re des caract ristiques de pareil r cit r side dans le minimalisme de son outil fictionnel l extr me t nuit de sa di g se Deux seuls v nements l mission d une voix non ant une curieuse consigne d criture la th tralisation finale du ph nom ne initial par le truchement d une bizarre in vention d un tre hybride Ventriloque Involontaire et Nymphe Echo Certes cette rar faction de l l ment fictionnel a pour contrepartie les attributs remarquables de celui ci En effet par son fait g n rateur cette proposition prof r e par nul organe dans le rocher creux de la chambre et par la masca rade de sa coda le monstre double le r cit de Falempin d une part propose une nigme d autre part montre qu il ne recule pas devant une certaine dose de fantastique il se demande s il ne faut pas que le metteur en sc ne lorsque l uvre promet un dragon ou un ange prenne le risque de montrer quelque chose qui clairement s y apparente au lieu d tre assez craintif pour l viter d un louche symbole La langue employ e par les carts de son lexique et les arcanes de sa syntaxe sur lesquels on reviendra contribue encore sa mesure cette coloration fantastique du r cit Remarquable l argument fictionnel l
144. ant fondamentale Se livrant un d broussaillage terminologique et conceptuel sans jamais se perdre dans les d tails Arts met jour une s rie de divergences mais aussi de convergences entre les deux mouvements la notion de formalisa tion et partant de contrainte jouant un r le capital de part et d autre Toutefois la grande circonspection avec laquelle Arts examine la relative sym trie de l Oulipo et de Tel Quel ne le rend nullement aveugle ce qui les s pare y compris l o ils se touchent le plus la formalisation telquellienne sert en effet de levier une production de sens illimit e destructrice du texte et du sujet traditionnels tandis que la d marche oulipienne consiste choisir librement des formes arbitraires dans le but de s arracher au poids des formes que la tradi tion impose tout crivain De la m me l on Arts explique aussi fort bien et sans complaisance chaque fois qu il constate que certains th oriciens ont abus un peu de ce type de renvois de quelle fa on les deux groupes s appuient de mani re la fois semblable et tr s diverse sur des savoirs externes et sur le raisonnement scientifique en g n ral la linguistique de Saumjan pour Kristeva les math matiques de Bourbaki pour l Oulipo pour donner au concept cl de formalisation un contenu litt raire nouveau Toutefois l int r t majeur du livre de Clemens Arts ne r side pas seule ment dans sa contributi
145. aphie du site et d un r seau croissant de collaborateurs ces lecteurs interac tifs qui non seulement alimentent le site en contributions mais ont le privil ge de participer sa croissance et son largissement par les dossiers dont ils peuvent prendre l initiative electronic book review s est impos e comme une v ritable r f rence en la mati re Il suffit de jeter un coup d oeil sur la liste des th mes trait s et des contributeurs moins occasionnels que r guliers car on y revient pour p lir de jalousie Toutefois l int r t de ebr n est pas seulement dans les sujets qu elle aborde et dont la diversit coh rente ce paradoxe une fois n est h las pas coutume correspond ici l exacte r alit de ce que vont d couvrir eux m mes les lecteurs rendus curieux par cette notice n a d gale que la libert de ton et la qualit des textes rassembl s sur le site L int r t superlatif de la revue est d avoir d couvert peu peu que tel un texte contraint se rendant compte que pour tre vraiment contraint il doit aussi parler de sa propre contrainte la structure d un pareil ensemble sur l hypertexte doit s instituer lui m me en hypertexte A suivre l aven ture de la revue dont toutes les livraisons restent gratuitement consultables il appara t clairement que peu peu elle d couvre et organise par la pratique ce qu elle avait commenc par poser en fh orie savoir
146. apr s un tel texte risquons l hypoth se la lumi re du sonnet Le vierge le vivace et le bel aujourd hui d un devenir nom du mot final chez Mallarm Le mot Cygne intervient l extr me fin du sonnet au prix d ailleurs d un significatif renversement des positions syntaxiques respectives d volues au nom et au pronom Il s immobilise au songe froid de m pris Que v t parmi l exil inutile le Cygne Il porte cet endroit la majuscule fa on certes de le distin guer du cygne d autrefois d indiquer que ce cygne ci r sulte d une trans position sur un plan symbolique sup rieur du ou des cygnes emprisonn s par la glace Fa on aussi peut tre d en faire une sorte de nom propre et presque de signature Dans cette hypoth se comment ne pas remarquer que le i du cygne a surd termin le jeu des rimes toutes en i et plus largement la forte r currence de ce m me phon me i dans l ensemble du sonnet Comment aussi ne pas remarquer que le mot de cygne propose comme sa mani re le ptyx l un des sons les plus ferm s dont dispose la langue fran aise Le son le plus ad quat en tout tat de cause au th me ordonn par un po me mettant en sc ne la contraction par le froid le raidissement par le gel le devenir statue de l oiseau transi par la glace Constriction phonique du mot Cygne pour glaciation de l oiseau l instar du ptyx mot bibe
147. ar son caract re for mul c est dire l nonc explicite d une r gle qui fonctionne comme un mo d le pour la phase proprement scripturale Cette n cessaire formulation impli que autrement dit une intentionnalit la pratique litt raire contrainte puis l lec tion d une contrainte particuli re rel vent pour le scripteur d un choix volon tairement consenti Les contraintes discursives qui participent d une n cessit conversationnelle valide au sein d une certaine culture et restent par l m me en principe implicites s opposent donc nettement aux contraintes scripturales volontaires et explicites 1 Essai de d finition Si l on reprend les distinctions de Louis Hay entre critures programme et processus de Jacques Jouet entre deux sortes de romanciers les Stendhal plus ma ons qu architectes et les Flaubert qui planifient organi sent sch matisent gt on placera videmment l criture contrainte du c t du programme du c t Flaubert On sait que l Oulipo impose ici en outre une exigence math matique ou plut t logique comme le remarque Jacques Roubaud la contrainte oulipienne est math matique ou du moins 10 DEFINIR LA CONTRAINTE matfi matisable La contrainte implique par d finition une dualit discursive entre sa formule abstraite celle par exemple de la contrainte lipogrammatique et son instanciation par des variable
148. ardises pr fi gure pour Pinocchio pays p cheur Parc prohib plaisirs paradisiaques pirouet tes passe temps pa ens prestidigitations Persuad Pinocchio prend part projet pendable Postillon pansu pervers pourtant porte Pinocchio par pays promis partout pullulent pignoufe peu polis Pinocchio pourrait p tir p nalit s perp tuelles Parlons en pourtant pur pin produit poils Punaise Par peau poi lue Pinocchio presque pareil poneypuant P ron percut Pinocchio plouf p n tre par p lagiques perturbations Passant par p nibles p riples Pinocchio perd pelage puant puis parvient p n trer pulsative panse poisson pantagru lique Prospectant partout panse Pinocchio per oit papa proie pr cieuse pr c demment prise Tapa pardon Petit perdu Pinocchio petit pataud petit piqu P re pourvoit pitance poissonnaille Pinocchio preux prend Peppe porte p re par pond raux palais poisson produit prouesses paye propre personne p rit pratiquement presque Providentielle Pucelle prodigue Pandore par pouvoirs paranormaux prend piti prot ge Pinocchio pr ne purifications Peurs pass es p nitent Pinocchio per oit pardon pour petites peccadilles per oit prix pour probe pas sion pour pieuses prestations prend physionomie plaisant poupon potel Paradoxal Possible Premi rement pantin puis primate Prot iforme poupard perp tuel Peter Pan proverbiale parabole presque psycha
149. are surtout lorsqu il s tend l ensemble d une uvre longue mais quelques exemples sont connus d s l Antiquit grecque de grande difficult apparente Cas n 6 Les Fables d sope ou de La Fontaine Apr s consultation elles n ont pas t unanimement consid r es comme des textes contraintes Elles comportent une saturation diffuse de type logique Le proc d est courant sa difficult minime Le probl me se pose au niveau de la restriction s mantico logique jug e trop faible pour en tre une objection avanc e par Gilles Esposito Far se Cas n 7 Le roman Ulysse de Joyce dont la trame suit la trame de Y Odys s e Apr s consultation il n apas t unanimement consid r comme un texte contraintes Il comporte une saturation cat gorielle l ments tr s tendus les chants de VOdys e les chapitres du roman les deux trames Le proc d est peu courant dans la litt rature s rieuse mais assez courant dans le domaine de la parodie Comme le Virgile travesti de Scarron sa difficult est minime Le probl me se pose au niveau de la restriction mat rielle jug e trop faible pour en tre une objection avanc e par Gilles Esposito Far se Cas n 8 Les Quatrains de Mouchette Apr s consultation ils n ontpas t unanimement consid r s comme des textes contraintes Ils comportent une saturation cat gorielle semblable celle du Jabberwocky de Lewis Ca
150. as pour cela que la malignit impute lenfant des penchants qui ne sont pas de son ge L impertinence des mots ne convie t elle pas bien souvent induire cele des d sirs Troc encline cet incons quent bavardage elle aurait ainsi fourni sans malice une opinion avide cette d gradante et si f cheuse image Mais le foye qui la vue na tre si nest pas abject napparat gu re favorable la pi t l importe de noter que la m re na pas pu s acquitter de sa l che d ducatrice car ele est morte apr s la naissance de la pete Au p re d sormais veuf i ne sofrait que cette d sesp rance malsaine qui d toume de Dieu et le recours dignobles pratiques ll aurait acquis une r putation de pauvre fou en sa qualit cf ensevelisseur Mais la v rit rares sont nos paysans qu ignorent que le folio saccorde certain talent cerner es maladies La bel le Dame d crite par Marguerite serait apparue alors que celle ci portait but bes et pattes de taupes destin s para t il soulager les maux de la vue une joumali re de ses pratiques vivant a l cart du bourg On peut le voir le vicaire n a aucunement pr serv l image que le tableau saint sulpicien du bon Ruet aurait laiss e de la prog niture du folo Il ne r cuse certes pas l id e que la gr ce d une apparition mariale ait pu atteindre Marguerite mais il remarque cet gard que les Manifestations reconnues par la Curie s autorisaient d au
151. asco Paphos noms pr noms ou toponymes emprunt s des g ographies r elles ou l gendaires renvoyant des personnages de fiction ou encore des personnes identifiables ainsi se d roule et se boucle s en tenir au seul recueil des Po sies dans leur dition posthume de 1899 le cercle des noms l int rieur duquel s inscrit le po me mallarm en Premi re remarque ces noms ne sont pas nombreux tout juste vingt huit compte non tenu de la triple occurrence de H rodiade une premi re fois dans Les Fleurs deux fois dans la Sc ne Hugo Heredia Baudelaire nom ment davantage D o vient toutefois l impression que ces noms exercent un empire tout particulier sur l criture mallarm enne Cette impression ne tient pas seulement la minceur du recueil compar La L gende des Si cles ou aux Fleurs du Mal Elle tient aussi deuxi me remarque au fait que ces noms particuli rement les patronymes et les pr noms sont tr s in galement r partis dans l espace de l dition Deman des Po sies La plupart interviennent en effet dans la seconde partie du recueil si l on veut bien convenir que celui ci s articule en deux volets d un in gal diptyque autour d une charni re ou d un pli passant entre la Sc ne d H rodiade et l glo gue du Faune Calcul refait cela donne six noms d un c t pour vingt deux de l autre Pr cisons encore troisi me remarque que les
152. at objectiv et objectivable de deux contraintes textuelles com pl mentaires contrainte de lecture et contrainte d criture contient trois l ments Le premier rend ind niablement possible dans une tape prochaine de la r flexion une d finition de la contrainte qui serait compatible avec les deux conceptions litt raires qui s expriment travers leur article et le mien et qui semblent contradictoires Cet l ment m diateur des deux approches est la d fi nition du texte contraintes partir des contraintes de lecture et d criture D autres l ments communs existent comme par exemple la distinction qu ils op rent entre textes contraintes du signifiant et textes contraintes du signifi qui peut tre consid r e comme quivalente la distinction entre les manipulations p textuelles et les manipulations L textuelles que je propose un peu plus loin Le second l ment constitue une premi re divergence mais minime Elle repose sur les termes objectiv et objectivable Ces termes ne sont pas d fi nis pr cis ment et je les ai compris comme li s de fa on quasi structuraliste une propri t structurelle du texte Ce r sultat serait tout la fois objectiv au niveau ph nom nal par une composante de structure du p texte et objectivable au niveau cognitif du L texte par une instruction de lecture et ou d criture associ e cette structure Une
153. atine des sucs qui va selon les sangs jusqu l acajou L raflure ne se l che pas Elle semble une image d j lointaine qui n aurait pas t calcul e filiforme et fragile sans rien de pulpeux comme une rafle de 126 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES raisin la r verie l g re et fascin e d une pine qui s est pos e puis retir e d elle m me parce qu elle n avait ni puissance ni port e qu elle tait captive et sans espoir d ascension bref dans l impuissance physique d tre fl che Le petit trou en forme d toile Tout ce qu il y a en nous de sot et de romanesque l corchure nous le r v le parce qu elle est forte en peur Un corch ne cr ne pas M me s il a d abord cri il est soudain devenu silencieux A pr sent il se tient le coude ou le genou il l attire contre son c ur sans m nagement l ch de sa brusque volte face surpris d avoir cess son tapage qui promettait pourtant pour mieux re garder en lui m me La langue s che de soif et de curiosit il pense des citrons des gro seilles mi m res des consolations acides fra ches vertes S il ne parvient pas s arracher au spectacle de son propre sang c est qu il en a soif pour la premi re fois Les l vres lui br lent sa gorge est malade il sait qu il ne pourra pas tirer vanit du sceau et du ruban rouges qui lui coulent maintenant sur le mollet ou sur l avant bras parce qu
154. ation de concepts litt raires Tout d abord le motif de la voix sans auteur On se souvient de la remarque de Mallarm sur son uvre le Texte y 243 ESSAIS parlant de lui m me sans voix d auteur Dit autrement la modernit aura sus cit la question Qui parle pour montrer que cette derni re n appelait pas d vidente r ponse De la m me fa on le th me de l prouvante condition d une litt rature qui n aurait rien dire mais devrait le dire th me que pourrait all goriser la prescription est devenu l un des topoi de la critique moderniste Sous cet angle il n est peut tre pas illicite de d celer dans le texte de Falempin l inversion du mouvement traditionnel qui voit la fiction devenir l objet de la th orie ce sont d sormais les questions de th orie litt raire qui se muent en arguments de fiction en g n rateurs de r cit Ce pourrait tre comme la tenta tion sp cifiquement post moderne de l art de Falempin Le r cit ne met pas dialectiquement en pratique les donn es th oriques de la modernit litt raire ilproc de simplement leur th matisation fictionnelle La marquise ne sort plus cinq heures mais l autobiographie s crit dans l amn sie Cette mise en fic tion de la th orie certains la verront comme la marque d une mani re de pyrrho nisme l gard de la th orie d autres observeront en elle l assomption dans l espace litt raire et en milie
155. aucune nonne ne concurrence ses voeux monacaux oscar se mure en eux comme en un cocon ou comme en une armure aucune soeur en sa souvenance ne remua ses sens oscar a un voeu se conserver sans commerce avec une nana aucun remous amoureux ne renver sera oscar en son cours en son cerveau se noue une ruse casser roxane oscar se marre ressens ma rancune roxane ressens mes crocs oscar en ses sermons oraux accuse roxane sans nuances roxane une nonne en errance annonce oscar oscar use une arme commune accuser accu ser encore accuser sans muser accuser sans mesure oscar assure une soeur sans moeurs une nonne aux sens sans aveu roxane se caresse roxane manucure son sexe roxanne caresse ses soeurs nues une meneuse connue une came en essence un curare en nos murs non une nonne un escroc oscar en verve corne avec une moue une mormone une marrane une maure avec un coran une crevure un cancer un sarcome une connasse en somme oscar accuse comme un as son savon casse roxane comme une mousson casse un roseau avec ses sarcasmes sans cesse en essor oscar essore roxane on se ruera en un consensus rosse On renverra roxane aucune assurance ne couvre roxane aucune ne verse un sou roxane sans amarres ne saura se recaser sans maman sans neveu sans commensaux sans manne roxane errera ex nonne sans ressources roxane ramera un an comme rame une veuve sans re venu sans un sac came came en
156. aud selon lequel un texte crit selon une r gle parle de cette r gle 3 4 Probl matique li e la syst maticit des prescriptions diff rentes des normes Nous examinerons maintenant les probl matiques li es au crit re de syst maticit la saturation la pr dictibilit la r gularit et la rigueur dans l ex cution 3 5 Saturation et prescriptions diff rentes des normes Dans le cas des normes pour que leur crit re de syst maticit propre la saturation cat gorielle soit rempli il est n cessaire que toutes les occurrences des unit s textuelles concern es soient toujours marqu es Par ailleurs la liste de ces unit s textuelles n est pas extensible Les textes r gl s par des prescriptions diff rentes des normes ne pr sen tent pas toujours une saturation cat gorielle continue comme c est le cas des normes et pourtant ils remplissent le crit re de syst maticit Certes toutes les occurrences des unit s textuelles concern es peuvent aussi tre marqu s dans certains types de textes r gl s par des prescriptions diff rentes des normes Ainsi toutes les lettres d une anagramme sont concer n es par la permutation Nonobstant il suffira qu un seul type de trace marque un seul type d unit textuelle selon des occurrences r guli res pour que le crit re de saturation cat gorielle soit rempli par exemple les romances espagnols ne portent de rime assonante que sur les vers pair
157. avez de grands dogmes Jean Lahougue Jean Marie Laclavetine Correspondance extrait Ant c dents Daniel Bilous Aux origines du mail art Les Loisirs de la Poste de Mallarm Giovanni Pozzi La tradition de la po sie visuelle Compositions textes de cr ation de Jan Baetens Marcel B nabou Michelle Grangaud Herv Lagor Pierre Lartigue Daniel Marmi Gilles Tronchet Mixtes 1 Jacques Roubaud Pr paration d une famille de contraintes Patrice Hamel mergence de lettres Guy Lelong crit par son support Bemardo Schiavetta Comment je me suis mis crire le LIVRE Notes de lectures 270 FORMULES n 2 1998 1999 DOSSIER TRADUIRE LA CONTRAINTE Le laboratoire des traducteurs Umberto Eco Introduction Exercices de style de Ray mond Queneau Henry Gil Traduire Sites Sjef Houppermans La traduction en n erlandais des Nou velles Impressions d Afrique de Raymond Roussel Jacques Lajarrige Les nouveaux habits de P trarque traduction et containte chez Oskar Pastior Marc Parayre La Disparition Ah le livre sans e El Secuestro Euh un livre sans a Ant c dents Dominique Buisset Traduire la con trainte isops phe de L onides d Alexandrie Heather Williams Taliesin l Alexandre gallois le retour de la cynghanedd Autour de la traduction David Bellos Le D mon de l analogie propos du dernier ouvrage de Douglas R Hofstadter Le Ton beau de Maron Douglas R Hofetad ter Extraits de Le Ton beau de Marot Alain Chev
158. ble 250 POLEMIQUES bien qu on puisse pour ce fragment en venir concevoir une id e autre que celles que l on peut se faire de lui m me par exemple Assemblage d l ments linguistiques ca pables de repr senter pour l auditeur l nonc complet d une id e Entrav Oui parce que en m me temps cet effet est frein puisque pour y parvenir il a fallu d abord au moins de fa on mentale que frase f t transform en phrase Ou si l on pr f re le segment frase est porteur d un effet de cacorepr sentation selon une cacoscripture ou plut t en l occurrence puisqu il s agit d un mot d une caco lex mo scripture Par ailleurs sachant on l a mentionn plus haut en section 2 qu on appelle ortho hyper autorepr sentation l effet par lequel un crit prend tout ou partie de lui m me pour th me et ortho catoptro textures les structures par lesquelles survient cet effet l on nomme plus pr cis ment ortbo catoptro text mes base du grec ma fragment de les l ments de lui m me que l crit prend pour th me et ortho catoptro text mes moyen les l ments de l crit qui assurent cette th matisation 5 E 00 OIVIRG 18 2 En outre l on stipule qu il existe primaires en somme des caco catoptro proto textures quand le d faut provient d une carence de la th matisation fSE 00 CM RG 7 4 et secondaires du coup des caco catoptro deut ro t
159. c t re minemment m diateur Logos est apparue pour faciliter cette op ration La lettre et m me tout l ment voquant la lettre appartient ou se r f re au Logos et participe de sa fonction m diatrice Il appara t ici en premi re analyse de la po sie lettriste qu il s agit toujours tr s exactement de relier T Anthropos au Cosmos le Ciselant et l Amplique dans la terminologie de l cole Les tex tes th oriques cit s plus haut propos du statut de la lettre ne laissent pas de doute sur le fait que les membres du groupe entendent conserver la lettre son caract re mixte figuratif et donc li l objet ou une sch matisation de l objet Cosmos conceptuel et donc li l activit mentale de l artiste Anthropos Il est vident que la lettre est elle aussi une combinaison de trac s cour bes et anguleux et qu elle offre de ce fait en tant que structure formelle de communication une certaine congruence avec le mandala Ce caract re est g n ralement oblit r par la transitivit du signe et n est plus gu re per u que par des artistes la sensibilit plastique d velopp e ou par des personnes totale ment illettr es port es une adoration de l crit Les techniques po tiques 215 ESSAIS dont il est ici question ont pour effet entre autres choses par un affaiblissement de la composante conceptuelle voire par son limination pure et simple de
160. che dans le domaine des oeuvres d art la th se subjectiviste n a trouv que peu de d fenseurs Je ne m tendrai pas ici sur ceux qui la refusent en se bornant mettre en garde contre les cons quences n fastes qu elle risquerait d entra ner relativisme des valeurs absence de crit res transindividuels etc Cette position qui n est pas sans rappe ler le c l bre Il ne faut pas d sesp rer Billancourt n a aucune valeur argumentative Quant ceux qui soutiennent que la th se est fausse et que l on peut fort bien mettre des jugements esth tiques validit transsubjective ils confondent en g n ral le jugement esth tique avec d autres types de jugement qu on peut porter sur des oeuvres d art Les oeuvres d art peuvent en effet tre jug es aux nom de crit res divers et dans le cadre de proc dures valutives di verses Il faut notamment distinguer entre le jugement esth tique et le jugement de r ussite op rai Formuler un jugement sur la r ussite ou l chec d une oeuvre en tant qu artefact humain revient formuler un jugement f l ologique qui en tant que tel Kant l a tabli on ne saurait plus clairement est distinct du juge ment esth tique puisqu il ne juge pas l oeuvre au nom de mon exp rience mais au nom de son in ad quation ses propres fins Le jugement t l ologique s il est valuatif n est pas un jugement de valeur au sens d fini ci dessus Il n ex prime pas l int r t qui lie celui qui j
161. ches pleines de neige Tu seras quitte Pour la peur Quelqu un frotte l or tr s fort et crache Sur la petit clefd un r ve Une chose douce co te Une fortune On fait son lit on se couche Et ce sont les phoques gorg s comme des toques De fourrure des ballons glissants sur la touche Tu es la nappe bouchonn e avec les taches De sang la vaisselle blanche les cris et les chocs TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Epouvantables des harpons dans leur gorge courte Arr tez Je suis le carr bleu l eau courte Le lit o dort Perrault la robe qui pendait l chec la douleur Je ne sens plus que des chocs Defourrure des murmures de nappes des chutes De grand chic Il peut neiger sur les douze taches Abominables sur les clefs o le vin chante tue t te mais pas question que le sang touche L or des phoques Sur la banquise clatent des cont inents de f tes et d oiseux des sources de Tok Ai les op ras dress s d une anarchie c Ourtoise Assez de monstres et de nains Je couche En joue vos beaux discours glac s je vous quitte Vite D autres coutumes Que ce soit o rien ne co te Que des clats de rire L comme la mer crache Ses p pins de lait ses amandes ses larmes crache Ton toffe ancienne Tu peux mettre une jupe courte Pour aller chercher des coques des manches de cout Eaux midi toute la plage sera b ch e c Omme un Klandike Barres de m talfin Ne quitte Pas des yeux ces miroitements de
162. cion oulipiana in Sobre Literatura Potencial Universidad del Pais Vasco 1987 pp 49 82 ainsi que Christelle Reggiani Rh torique de la contrainte Georges Perec l Oulipo Paris Editions Inter universitaires 1999 Les p ritextes sont normalement associ s la publication du texte principal titres sous titres avant propos avertissements pr faces post faces notes notices modes d emploi quatri mes de couverture notices l gales d dition etc Les pitextes ne sont pas couramment associ s la publication du texte principal brouillons notes personnelles corres pondance interviews etc P ritextes et pitextes peuvent tre group s sous la d nomination de paratextes Groupe p Rh torique G n rale Paris Larousse 1980 4 Marcel B nabou et Georges Perec Le P A L F in Change n 14 pp l 18 130 S 7 in Oulipo Atlas de litt rature potentielle Paris Gallimard 1981 pp 166 170 Voir note 2 Marc Lapprand Po tique de l Oulipo Amsterdam Rodopi 1998 pp 48 55 Mouchette Quatrains in CD audio ISBN 90 75342 09 8 Voir galement http www mouchette org nom wattlef html 55 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE Milie von Bariter Pour une d finition potentielle de la contrainte D s PA las de litt rature potentielle Gallimard 1981 v Jacques Roubaud stigmatise dans ses principes parfois respect s par les travaux oulipi
163. close Elle est ferm e pas d fendue Elle a la forme et l inclinaison d une gourde laquelle on ne boit qu en se contor sionnant Assis jambes ouvertes le nez sur la cheville tal en travers de la porte pour que personne n entre l enfant sait que la peau de l ampoule cr vera silencieusement et qu il s en coulera non pas le jus trop clair d une viande de malade mais quelques gouttes peine d un liquide sal et merveilleux qui res semble l eau de mer r chauff e dans une poche au creux d un coquillage vivant Il est bon de go ter cela Il est courant de croire que ce liquide a des vertus R flexion faite on ne dit pas lesquelles Ensuite les parois de l ampoule s avachissent et se rabattent elle n est plus un lac d opale ni un geyser cumant ni une source froide elle est une hutte de peau morte et mouill e la lumi re blanche qui l habitait se teinte aus sit t de rose Un repas de sang M me s il avait la plante prot g e de la terre par du cuir comme les hobbits ou les marcheurs des for ts quatoriales m me s il ne craignait pas dans l eau de poser le pied sur une vive sur de la mosa que br ch e un serpent des cou teaux vivants ou non l enfant subirait malgr tout le ch timent qui vient du ciel Le jour il l ve des yeux p les et scandalis s sur la gu pe qui est un petit coup de rasoir sur l abeille qui br le comme un pistolet tenu d une m
164. core sans se sevrer casses scoumoune usure errances sans axe une me une avenue vraoum un car renverse roxane une roue sur roxane son sacrum se casse SOUS sa Masse secours rescousse samu coma escarres une nurse couve roxane son concours ne saura sauver roxane son cas se corse roxane va crever roxane canera en mars une urne en un caveau en marne sur ce caveau un vase un saxe en ce vase une rose sur ce vase une annonce soeur roxane on narre son cas amour mourra sans sexe 185 CR ATIONS J rome Peignot Anagrammes palindromes Ara il se r p te lui m me jusqu en perdre le sens bar rab On a tendance y revenir cerf volant I s envole en Fair chaque fois que l occasion se pr sente paradoxe il n existe ni biche ni faon volant duper perdu Duper quelqu un de perdu est renversant haler h ler Au choix tirer amp soleil soi ou bronzer 186 typo mes amp Cie A h te Le plus beau mot de la langue fran aise parce qu il dit une chose et son contraire pots stop Plus on en boit plus il faut faire marche arri re et s arr ter python typhon Serpent dans le vent ret ter Mot correctement crit dans tous les sens du terme accent circonflexe compris Sagas On les appr cie parce qu elles traduisent une vision r trospective CONTRAINTES DE LETTRES soda ados Ils y retournent sans cesse Dolly Brebis produi
165. crystal chandeliers vibrate Strident tones of clarinets and trumpets create multiple echoesin the Italian chapel The tempo acc l r tes and the music crescendos to fortissimo The Maes tro combines energetic movements with the visage of a poet inpersonal com munion with the artistic composition The tension augmenta as the Maestro s b ton ruptures but the performance continues Thefinale termin tes in an explosion o enthusiasm The public acclaims the Maestro Encore Bis Bravissimo lin a multitude of languages But oh disaster Signore Mozzarelli is annihilsted by the motion of his triumph He advances gesticul tes then expires ofcardiac arrest Stupefied spectators d plor and lament his rapiddeparture His ultimateperformance is a dramatic tribute to an eternal romande vision of classicad music 165 CREATIONS Claudette Oriol Boyer Collections Il collectionnait Chaque matin il assemblait diff remment la lourde somme des mat riaux recueillis et ceux ci composaient un fatras que pour lui faire plaisir elle venait d chiffrer les cheveux tir s avec sa jupe noire et son corsage fleurs bas r silles bol ro fait d une multitude de morceaux de four rures cache col cardigan de cachemire capote de grosse laine brute toute ra pi c e de couleurs ou d toffes diff rentes duffle coat charpes foulards en cr pe de Chine gilets de daim brod s haut de forme imperm able jabot en dentelle
166. ct ristiques s miotiques des types qui sous tendent la perception du p texte dans les deux cas En clair les versions papier ou informatiques de l uvre peuvent tre quivalentes pour cer tains lecteurs et pas pour d autres Une autre diff rence entre les deux manipulations appara t la lecture Il est plus ais de la d terminer en s appuyant sur le mode d emploi de d une part exemple typique d une manipulation L textuelle et sur les manipulations combinatoires p textuelles d autre part par exemple celle des moules qui con siste compl ter des phrases trous La diff rence essentielle entre les deux types de manipulations porte sur les relations entre le local et le global Dans une contrainte p textuelle le lecteur n a acc s qu une localit du p texte mais aucun programme sp cifique de lecture ne s applique sur cette localit le L texte comme le dit Eco 1979 p 25 propos des textes narratifs se pr sente comme l expansion d un s m me ce qui est le programme de lecture mini mal de tout texte En revanche dans une manipulation L textuelle le lecteur peut avoir acc s la totalit du mat riau du p texte constatant ainsi son carac 78 PROPOS DE LA CONTRAINTE t re clos En revanche le programme de lecture qui lui est propos peut n cessi ter une dur e de r alisation qui exc de la vie humaine cr ant alors un infini litt raire similaire l infini math
167. d avoir l me d samus e p 27 se moque des grodomontades p 37 et nous asperme de grouillescents p 82 vers dont la vitalit sanglougloute p 34 Resteraient examiner tant est riche la mati re de ce recueil la mesure des vers l humour des calembours bas s sur l homonymie du genre de celle ci qui ram ne la musique Ciel terre hyperbor e je sais votre la je sais votre r et la quinte n est jamais que celle de la toux solitaire d un Attila malingre p 24 Et se pencher sur l usage des majuscules et de la ponctuation Conten tons nous d pingler celui du double point Quasi toujours il appara t au d but d un vers comme s il annon ait non point le discours d un interlocuteur mais plut t une parole engendrant une nouvelle parole comme s il s agissait non point d amorcer une quelconque description mais plut t un inventaire potentiel de ce qui va tre engendr par ce qui vient d tre dit Qu on ne s y trompe cependant pas la primaut donn e la forme n en trave pas le fond Ces po mes s interrogent sur la mort sur le sens de la vie cocktail rudit de mythologies et de religions de vitalit sensuelle et de philo sophie sceptique de renvois la botanique et l histoire Ce livre s labore au sein de tensions multiples et simultan es antiquit et temps pr sent divinit et humanit cruaut et douceur lyrisme et d rision rationalit froide et passio
168. d eux un ru m ne vers des c dres chenus sur le Sud un berger semble mener ses chevrettes et les rentrer vers un structure tr s d tremp e est ce quelque ferme Une esp ce de cr che Cette sc ne est presque perdue elle est peu nette les fresques se lus trent l usure du temps est r elle Plus pr s de V nus un ph be nu muscl tr s velu semble embusqu en une esp ce de c p e de verdure est ce un esth te Quelque pervers pr t de se jeter sur eux deux Le p re du b b Est ce qu un r bus secret et scell en cette sc ne Nul ne peut le supputer en cette heure L ensemble est tr s l ger surr el feutr Quelle belle fresque Des tudes se penchent prudemment sur ce th me n buleux Quelques chercheurs pr tendent que c est peut tre une d esse m re Je pense que c est 154 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES une erreur Un b b est pr s d elle certes N emp che qu elle ne le serre nulle ment sur elle et ne semble gu re mue belle preuve de tendresse envers ce b b Deux experts belges de belle humeur pr tendent que l ph be est Mer cure peut tre m me Neptune Ce me semble tre usurp Neptune e t t en mer et d une et les embl mes de Mercure se rep rent nettement usuellement En ces fresques nul ne les d c le ce ne peut tre cet ph be chevel et pr s de chuter cette fl che le sugg re J mets les r serves les plus fermes sur ce sujet Je r
169. d un Tais toi l interrupteur indispensable tous vers qui r fute ceux que P V a nomm les tristes impersonnalit s de la plume Et de la plume verte L loge de P V est sans gal de la chanson grise dans l herbe en m me temps l poque est loin le polic r gne et bloque l lan r gl de l admiration comme ambition L ambition ambition n est pas l admiration TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Martha Lavou Fortissimo The annual music festival in Venice reunites professional and amateur musicians and spectators for magicat moments of appr ciation Symphonies op ras and cantates resonate in thepale lunar silhouette of the Basilica San Marco in theaters canals and on gondolas The atmosph re in the ancient maritime empireis festive and cosmopolitan The celehnty Maestro Signore Leonardo Mozzarelli is pr sent for an exceptional concert The instruments of the philharmonie orchestra ofPadoua transform silence into liquid melody as the performance commences Violins and violoncellos tremble accompanie by fl tes and piccolos the tempo is allegro ma non troppo Its the pr lud of Le Nozze di Figaro by Mozart the precociovs and populargenius Yom Menna The virtuoso baritone harmonizes with the soprano diva as vibrant and l gant musical phrasesfabrieste absoluteformai perfection The brilliant soprano elevates transparent notes in a stratospheric solo and Venetian
170. dans le renversement du conventionnel en naturel du fait de Faicrage culturel de la forme traditionnelle ses r gles apparaissent comme comaturelles l criture Qu on songe en ce qui concerne le vers la facilit de Victor Hugo ou celle de Roussel La nostalgie oulipienne d une r ception qui se dit alors se manifeste tout particuli rement dans une v ritable fasci i pour le sonnet pr cis ment point e par J Roubaud lui m me diteur P O L d une anthologie de sonnets La contrainte serait ainsi le nom que se donne la r gle lorsqu elle a perdu a pr gnance culturelle La contrainte est une rh torique de l invention sentie aune puissante pr cis ment parce qu elle d passe l attente culturelle d finie pyta r gle Elle est une rh torique toujours en exc s et ce d autant plus qu elle s inscrit comme l poque moderne et contemporaine dans un champ litt raire onct ris par une conception scolastique romantique du texte Il est clair que dans ces conditions l criture contraintes devra n gocier on insertion culturelle en passa par des strat gies d accommodation avec l id o textuelle dominante Se pose alors la question de la lisibilit des contraintes en son sens le plus abvie celle de leur visibilit Au sein de l Oulipo la question de la dissimulation ou du d voilement des contraintes n a jamais t tranch e si Queneau et Harry Mathews notam mnt pr f
171. de 172 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Onzi me Dialogue Le Vermisseau Me voici log tel Diog ne son tonneau Le Ciron Vous aimez choisir vos exemples parmi les pa ens Cet autre esprit fort mordait comme les chiens et ne croyait rien Le Vermisseau Mais il ne s attachait rien non plus J ai lu qu ayant un jour bris sa cuiller par aventure il ne se servit plus apr s que de sa main pour boire Le Ciron Remerciez Dieu de vous avoir fait comme vous T tes et plus que lui favoris En ne vous donnant ni bras ni pinces Il vous a pargn l occasion d en user pour prendre ce dont vous n avez nul besoin Douzi me Dialogue Le Vermisseau Je puis d sormais prendre femme A moins que Celui qui m a cr ne m ordonne en sus l abstinence Le Ciron Je vous savais faible mais point encore luxurieux Quant votre Cr ateur sachez qu il n ordonne jamais Il conseille Le Vermisseau Bien des gens disent que cela est pis Le Ciron Cela est au contraire le mieux Ne vous a t Il pas fait largesse d un bien qui passe vermettes et cironnes Que faites vous de cette libert qu il vous offre ou de sauver votre me ou de br ler dans l enfer des accointances chamelles Treizi me Dialogue Le Vermisseau Je ne sais vos cironnes mais nos vermettes ne ressem blent pas mal aux limaces pour la coquille Le Ciron Craignez de mettre la v tre en grand danger pour ce que
172. de sa prison sourd le chant du mari Yr dont rien n aura pu lier la langue et qui l Ce aux t tes tomb es poursuivit en silence sa V nerie d mystifiante tandis qu autour de 1 Ui les traces des dieux morts s effacent et qu E l tat s offre soudoie d autres chim res odi Euses Le texte est la fois un processus de transfor batz Or ma conviction concernant Constance Bon Acieux ne compta que secondairement aux y Eux du p re Dumas qui crut en faire une h r O ne sans consid rer cons quemment qu elle Avait commenc par encalaminer le bourgeoi S avant de s enconner canaille plus romanes Que Nous essayerons ici de d gager quelques un cours Mais tr ve de plaisantes rimes et foin d ironi E militante h las bien limit e quant au fond q Ui la fouille il faut complexit oblige homma Ge l intellect g nufl chir aux pieds Sauss Ure y faire cent pompes synchroniques tandi S qu aux vestiaires on s enfile signifi s signi Fions 157 CREATIONS 158 Cette phrase nous indique pr cis ment la nat As tu r v ce matin au texte sacr Le livre Auquel ils aspirent un infini clectique et don Nt la partie sans cesse r p t e est tout succ s Sivement du miroir fragment la travers e lim Pide au fil du courant ruminant sans cesse u N m me mouvement vers leurs profondeurs Rares Songeons en revanche un journal comme l Le monde sur le marbre tait encore un brou Illon crade un bro
173. ditionnellement consi d r e comme passive dans la conception du signe Il ne s agit pas du L texte seule face g n ralement consid r e comme le texte et qui une fois s par de son metteur ainsi que de l intention de l metteur et des circonstances con cr tes de son mission et donc de son r f rent entendu flotte pour ainsi dire dans le vide potentiellement infini d interpr tations possibles Eco 1990 p 8 En somme la conception ontologique consid re que le texte est per u par tous de la m me fa on mais que chacun peut s en faire une id e diff rente La conception que je propose consid re que le texte est accessible tous de la m me fa on mais que chacun peut le percevoir de fa on diff rente ce qui re vient dire que des lecteurs diff rents peuvent voir des textes diff rents La diff rence est ramen e jusqu au niveau p textuel et n est pas limit e au niveau L textuel Il ne s agit pas ici d une plus grande libert de lecture mais simple ment de la prise en compte de la d pendance au mod le global pour chaque lecteur des types s miotiques intervenant dans la perception Encore une fois cette d pendance ne produit de r sultat non ontologique que dans les cas o ces types ne sont pas d origine culturelle profond ment ancr e La conception ontologique qui fait du signe textuel un tre en soi qui n a m me plus besoin aujourd hui d avoir t cr ni
174. donne Ho habi tat humus Heimat Happening Handicap Heil Hitler La principale raison pour laquelle cette partie du travail d Eco est moins connue en France est sans doute la diff rence des types ou contextes de publica tion d avoir t publi e directement en livre coupe cette criture d une partie de son public naturel Cependant d autres l ments jouent un r le non moins important Le lait qu il s agisse essentiellement de pi ces comiques m me si une certaine gravit n est jamais loin tend presqu in vitablement d tourner l attention du public fran ais de ce genre de textes auxquels on pr f re les deux sommes romanesques que sont Le nom de la rose et Le pendule de Foucault Dans ces textes le r glage de l crit est r el mais le passage par la contrainte y emprunte des voies plus souterraines et l on soup onne vaguement ces romans de fonctionner un peu la mani re de La vie mode d emploi ce qu on y entre voit de contraintes d voile chaque nouvelle lecture des ab mes qu on d ses p re de sonder enti rement au cours d une seule vie humaine Enfin l id e que la litt rature contraintes passe mal quand on essaie de la traduire dresse elle aussi de nombreux cueils la lecture curieuse et attentive des textes contrain tes d Umberto Eco Cette m connaissance relative est regrettable non pas seulement cause de la qualit intrins que des
175. du cadavre exquis en l occur rence c est la gestion m ticuleuse des champs lexicaux qui pr serve le texte de pareille d rive tout comme cela devrait revenir aussi insister sur son refus d une seule musique la prose hach e de Bernard Colin n a rien voir avec la segmentation quasi m tronomique d un C line plus abrupte peut tre mais fi nalement plus rassurante aussi La prise au s rieux de Perp tuel voyez Physique dans Formules est capi tale car ce geste permet d inclure dans les pr occupations de cette revue des oeuvres tr s diff rentes de ses go ts et canons habituels des oeuvres premi re vue lib r es de toute contrainte mais r dig es quand m me selon l esth tique hyperconstruite du style cic ronien que les Anciens d claraient fini dans une prose pareille il n y a rien ajouter ni retrancher rien non plus substi tuer rien enfin d placer Il est imp ratif de le souligner une structure analogue impossible mo difier mais irr ductible quelque r gle ou ensemble de r gles strictes program mables si l on veut se trouve aux antipodes des notions de jeu et d criture combinatoire qui dominent de nos jours les r flexions pratiques et th oriques sur la contrainte Certes l approche contemporaine de la contrainte est incom parablement plus productrice quantitativement parlant que l criture anachro nique d un Bernard Colin Mais la valeur de cette a
176. e Un ternel air O m me ce d tour a priori m le son alibi f d re cases S y base la gen se s oppose reperce varie bouleverse l art Sas tir psaumes r ve r gi r alis Duos sens Proc der a se lit refl t a s orne Casser lettre Se d caler en galit n e born e en recel base d nud e Ramener geste lu ordre pes l test cart 198 CONTRAINTES DE LETTRES Sinus r v l cosinus un isoc le vers uni se trace et s tale se perd roule et s gr ne Mar e dune de sable cern e enrob e Net il a g n r l ce d sert tel ressac en rosace tel fertile sacre de corps n s soud s Il a rig revers mu asp rit s astrales r ve lu Ob ir avec rep res oppos s en gales abysses Ac r d fi bilan os Le miroir paru t de ce m morial En retenue l voeu va s exaucer en recueil et case Cap s est narr badaud rep rage li o l issue r verb re en une re br ve r ussi lu oeil gar perdu d aberrants espaces Acte Lieu cern ici re u Axes vue ovale Un temel air 199 CREATIONS Alain Chevrier Deux po mes Tanka hondayamaha kawasaki susuki nissantoyota mitsubishi toshiba nikon minolta fuji Coupures Nous avons connu en France nagu re une poque o certains po tes faisaient des coupu res plut t bizarro des en fin de l
177. e Si la majeure partie du r cit est consacr e une querelle d interpr tations quant l origine de la voix qui nonce la prescription un conflit va finalement se pr ciser qui oppose la t che herm neutique et le respect de la prescription En effet si la consigne formul e interdit de remonter un temps ant rieur l mission de la voix mise par nul auteur elle emp che de chercher une raison cet trange ph nom ne car toute cause implique le temps si infime soit il de sa m tamorphose en effet En d autres termes puisque la consigne proscrit la remont e vers un pass ant rieur sa formulation elle condamne toute recherche de l origine de la voix qui la porte L r side assur ment l une des p rip ties les plus subtiles du r cit Peut tre est il permis de d gager de cette incompatibilit une morale il faut savoir choisir entre la qu te de l origine d une parole et l effective prise 242 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES en compte de son message Cependant les choses sont peut tre encore plus compliqu es Car si la recherche de la cause est rendue impossible par le con tenu de la prescription en m me temps cette recherche mais en tant qu elle reste vaine est la mise en uvre de la prescription Le r cit de Falempin obtem p re l ordre qu il d livre dans la mesure o il crit sur la voix qui s est fait entendre sans pourtant rien savoir de son origine
178. e d une fa on construite pour en avoir le c ur net l op rateur mettre la main la p te Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique les structures d fectueuses sont soumises elles m mes une plus pr cise sp cification celles qui sous les astreintes en vigueur dans l crit peuvent tre enlev es par un amendement sont appel es caco diorttio structures et celles qui sous les m mes astreintes ne le peuvent point sont nomm es caco dasmo structures du grec diorthosis action de corriger et dasmos tributaire de S il s agit de cacostructures sous l angle de l orthorepr sentation bref de cacoscriptures elles sont sp cifi es respectivement en caco diortho scriptures 2SE 00 CRG 4 1 et caco dasmo scriptures ZSE OO CRG IA S il s agit de cacostructures sous lan gle de l orthom tarepr sentation bref de cacotextures elles sont sp cifi es respec tivement en caco diortho textures et caco dasmo textures D s lors poser l gard de selon la question du correctible revient stipuler sur la base d un des deux diagnostics pr cis s plus haut section 1 si la d fectuosit est d ordre caco proto choro holochoro diortho textural ou d ordre caco proto choro holochoro dasmo textural Or il se trouve ici qu un bref effort de r criture suffit pour r soudre le probl me En effet nulle peine pour l heure remplacer
179. e le fonctionnement de la grille de lecture est d crit en d tail mais pour les r gles simples et bien connues la simple d nomination du proc d peut permettre son rep rage Il faut sans doute inclure parmi les explicitations incompl tes les d si gnations intratextuelles de la r gle par moyen d un trope par exemple dispari tion au lieu de lipogramme Nous traiterons plus pr cis ment de ce cas dans un travail para tre qui traitera de contraintes et m tatextualit la m tatextualit tant ce que les oulipiens d signent comme Premier Principe de Roubaud Par ailleurs il est possible que la pr sence d une r gle correctement et suffisamment d crite dans un texte donn ne puisse pas tre v rifi e dans toute l tendue de celui ci Il s agira alors de la probl matique li e la rigueur dans l ex cution de la r gle erreur licence etc Dans ce registre le cas extr me serait la r gle explicite fausse Il s agirait de textes dont la r gle annonc e n est pas actualis e ou n est pas celle qui a t v ritablement actualis e Dans le cas d une explicitation incompl te les moyens de d couvrir la grille de lecture ad quate peuvent tre plus ou moins faciles trouver mais cela ne pose pas de probl me th orique Par contre ce probl me se pose lorsqu une r gle est connue mais qu il existe une impossibilit mat rielle de trouver la solution c
180. e non point l exaltation puisque la graphie malencontreuse illustre bien ce que le mot nonce mais bien l l ment exalt lequel est particulier toutefois en ce qu il est porteur non point d une carence id elle mais bien de l id e d une carence L id e de faute forme donc ici pour maintenir l analyse au plus simple le caco hyper deut ro scriptime base dont la graphie phaute est le caco hyper deut ro script me moyen Par suite il est loisible de faire les remarques suivantes Premi rement et puisque la fa on du mot frase dans les exemples pr c dents on l a not en section 3 le mot phaute doit au pr alable tre rectifi en faute pour que la repr sentation ait pleinement lieu il est porteur d une perturbation sous l angle orthorepr sentatif et en tant que tel porteur d une caco lex mo scripture Deuxi mement et puisque sur un certain mode on vient de le faire saillir il est d fectueux du point de vue de l ortho hyper repr sentation il se trouve titulaire d une caco hyper deut ro scripture Du coup et du moins si l on voque les deux struc tures en une seule formule l on peut dire du mot phaute qu il est titulaire d une dicaco lex mo hyper deut ro scripture 252 POLEMIQUES Troisi mement et puisque dans cet exemple comme il advient dans les pr c dents avec frase le mot phaute en tant qu il est pris pour
181. e caract ristique du travail d Eco n est pas absolument in dite Il est en effet de nombreux autres crivains qui pratiquent et l criture contraintes et l criture libre qui sautent des contraintes dures aux contraintes molles et vice versa ou qui explorent aussi bien les contraintes formelles que les contraintes s mantiques Toutefois Eco est probablement le seul expliciter l hybridation des formes d critures que d autres tiennent plut t s parer Qui plus est et c est l une troisi me caract ristique int ressante Umberto Eco a tr s vite pens l criture contraintes comme une entreprise collective cons quence logique du fait que beaucoup d exercices et de jeux sont n s de discussions avec des coll gues ou des tudiants et qu ils se sont vus publi s dans des magazines qui sollicitaient une r action du lectorat Non pas au sens o plusieurs auteurs se rassembleraient pour additionner les textes ou les con 98 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES traintes que chacun d eux peaufinerait de son c t mais bel et bien au sens o la circulation d une contrainte quelle que soit la personne qui l ait lanc e se con oit voire se vit directement sur le mode d une construction plurielle o cha cun apporterait sa pierre individuelle l difice commun Ici encore le principe n est nullement le trait distinctif de l criture d Eco mais il a sans conteste t un des auteurs
182. e choisir syst matiquement la libert des choix stylistiques chaque instant de l criture Bien r fl chi non car habituellement un tel choix syst matique ne se pr sente pas comme un choix Mieux r fl chi encore la libert des choix stylis tiques est en fait une norme implicite de l crit Ici les contraintes mettent jour un impens de l criture l criture libre n est pas un proc d syst matique il est le proc d normal une r gle du discours L criture libre est elle une r gle du discours Oui car le choix d utiliser des contraintes comme nous venons de le dire ne se pr sente pas habituellement En fait c est l existence des con traintes qui peut nous faire prendre conscience que l criture libre pourrait devenir un choix Il est par ailleurs frappant de constater que la r gle syst matique de tout accepter ou de tout est obligatoire qui est l exact oppos de faire des choix successifs a t utilis e en litt rature comme r gle ou comme contrainte En effet c est le concept m me du roman chinois de Ts ui P n tel qui l a r sum J L Borges dans Le jardin aux sentiers qui bifurquent 51 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE La libert des choix stylistiques ne forme pas un syst me different de l observance des normes de l crit parce que cette libert se confond avec le principe pragmatique de la pertinence lequel sous cet asp
183. e chose les nuages Or autant il semble indiscutable que la prose est associ e une composition claire voie autant il demeure obscur ce qui pourrait tre d coup ou r v l par elle Si la prose est grille quels sont les nuages et quels peuvent bien tre les Grecs qu on per oit travers cette structure A suivre le r seau m taphoriquejusqu au bout on pourrait pen ser que la prose fait voir autrement son contraire c est dire la po sie Mais y t il dans le texte des l ments qui tayent cette supposition L insistance sur les colonnes et les intervalles c est dire sur le principe de l talonnage et de la segmentation r gl e d une part et la mise en exergue du comparant grille qui reprend le principe de l talonnage au carr d autre pa t introduisent dans le texte la base m me du discours po tique la mesure voire le d compte Implicitement le discours de la prose semble donc avoir pour horizon l exacte appr ciation du rythme po tique Il y a cependant davantage encore Dans les phrases de Junger il n est pas question d crire mais de lire Or comme celui qui parle est aussi celui qui pratique l criture il ne semble pas interdit de supposer que la le on de lecture d bouche galement sur une morale de l criture et partant que le mod le de la grille sert aussi d inspiration qui se propose d crire de la prose Car il faut bien releva que d un c
184. e correcte ment r gl par elles Nous verrons bient t que les principes de saturation et de pr dictibilit semblent tre pertinents dans le domaine des prescriptions diff rentes des nor mes mais que leurs modalit s peuvent tre diff rentes de celles qui sont propres aux normes 3 TROISIEME PARTIE 3 1 Prescriptions diff rentes des normes modalit s de leur conventionnalit Si l on admet que l ensemble canonique des normes peut tre d termin avec assez de pr cision il semblerait alors qu un premier seuil de conventionnalit pourrait galement tre d termin avec assez de pr cision Cela devrait permettre une discrimination entre e Ce qui rel ve des traces propres aux proc d s d criture des normes e Ce qui rel ve des traces propres d autres proc d s syst matiques d cri ture diff rents des normes A Les normes et les exceptions qui en font partie s appliquent dans toutes les circonstances soit virtuellement soit concr tement leur champ d ap plication est g n ral Cela signifie que les normes s appliquent toutes les nonciations con cr tement lorsqu elles sont respect es virtuellement lorsqu elles sont trans gress es Cela signifie qu elles s appliquent partout dans le texte proprement dit des uvres particuli res mais galement partout dans ce que l on appelle les p ritextes dans les titres sous titres avertissements prologues postfa
185. e croyance et d un d sir et non pas du fait de l implication d un d sir par une croyance Ceux qui voient dans les propri t s esth tiques l gant beau laid etc des propri t s object tes traitent donc la relation de dis satisfaction comme si elle tait fond e sur une implication liant le d sir aux croyances c est dire comme si elle avait la forme suivante tre satisfait que p croire p d sirer p tre dis satisfait que p croire p d sirer p j Si une croyance donn e impliquait une disposition volitive donn e on pourrait effectivement d duire ou inf rer les pr dicats esth tiques partir des pr dicats de description objectale Mais cette th se est empiriquement fausse puisque tout le monde peut facilement constater qu une m me croyance donc un m me ensemble de pr dicats objectaux est couramment li e des d sirs diff rents voire oppos s selon les personnes Le fait que je croie qu un objet 64 PROPOS DE LA CONTRAINTE poss de telles ou telles propri t s et le fait que j appr cie positivement ces pro pri t s sont deux choses logiquement ind pendantes Ceci explique que deux personnes puissent entretenir exactement les m mes croyances concernant les propri t s non esth tiques d une oeuvre d art ou d un objet naturel et pourtant dnoger quant leur appr ciation positive ou n gative de ces propri t s et donc de l oeuvre ou de l objet Bref l appr ciatio
186. e de Boulainvilliers F 75016 Paris France Les r f rences y d signent respectivement UF Unification fonda mentale ORG orthorepr sentation grammique CRG cacorepr sentation grammique OMRG orthom tarepr sentation grammique CMRG cacom tarepr sentation grammique O H RG ortho hyper repr sentation grammique C H RG caco hyper repr sentation grammique 4 Ce paragraphe a t perfectionn avec le concours de Jean Claude Raillon dans le cadre du Cercle Ouvert de Recherches en TEXTIQUE CORTEX En effet apr s un aigumentaire ce texticien a sugg r que l on invers t l or dre des deux traits caract ristiques ce qui permet de faire saillir d embl e le r le tout sp cial du passage Dans cette discipline ayons souci de le noter pour viter le malentendu rorthoautorepr sentation ISE 00 OMRG 13 1 et les structures qui l auto risent les ortho plasto textures ISE 00 OMRG 14 1 correspondent et capitaux et m connus de tout autres ph nom nes Ce paragraphe a t perfectionn avec le concours de Gilles Tronchet dans le cadre du Cercle Ouvert de Recherches en TEXTIQUE CORTEX En effet apr s un argumentaire ce texticien a sugg r que l on rempla t Phrase gare par Phrase g ch e L on reviendra plus loin note 7 sur la nature de ce progr s 7 5 y jai La pr sente version prenons le soin de le noter am liore certes mais seule m
187. e fonctionne est celle pour laquelle les m canismes s miosiques culturels donnant acc s au plan de l expression l emportent Il s agit de la quasi totalit des uvres toutes cel les qui s inscrivent dans l horizon d attente actuelle Monsieur de La Fontaine peut dormir tranquille personne ne contestera le caract re ontologique de ses ibles Mais les choses se compliquent d s lors que les m canismes culturels entrent en comp tition avec des m canismes appris Une des principales caract ristiques du fonctionnement psychologique est qu une lecture peut avoir lieu m me dans cette situation bien que son r sul tat sera tr s loign de celui qu aura un lecteur lorsque l uvre en question sera int gr e C est pourquoi le mod le propos s appuie sur quatre objets textuels qui ne constituent pas des signes textuels et sur lesquels ne peut s exercer aucune analyse s miotique Le plus important d entre eux est le texte voir qui correspond l objet physique accessible aux sens du lecteur durant la lecture objet investi d une attente particuli re de sa part la pr sence d un message Ainsi un livre sur une tag re n est pas un texte voir ce livre ouvert en vue d une lecture est un 75 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE texte voir ce m me livre feuillet en vue d un autre but que la lecture pour en appr cier les illustrations la typographie ne constitue pas non plus un
188. e fort dubitatif Les ruses abjectes de Satan pourraient nous garer La malice infemale na t ele pas dessein de faire sourdre en nous le venin du soup on afn dy tuer la simple v rit tele quele se manifeste des mes plus naturel les Ainsi fait parois lorguel de note raison quele impute la naivet un authentique appel de Dieu Le doute ne la fatte til pas qui veut la dis Suader de croire sans voir ce qui l offense ou la surprend Ne serait ce la circonspection toute formelle de sa derni re page on reconna tra au rapport du vicaire g n ral M raut cot en archives 19m ce pragmatisme si cher l ordre J suite Pour citer ses propres mots Vgm p IX ren ne saurait tre juste qui nsque de bouleverser l Eglise du Seigneur Un oracle qui la divise ne sert ni son peuple ni Dieu Hant dans le m me temps par les m mes inqui tudes Mgr Arvin demeure plus pr occup quant lui par la personnalit de l trange Ruet Re u premier l agr gation de lettres et admis docteur en th ologie quand un tel cursus est pour le moins exceptionnel chez un cur de village il a co op r treize revues congr ganistes ce brillant l ve des augustins en juger d apr s ses anciens ma tres ne ressemble gu re l image que se fait un M raut Ruet s y montre bien id aliste mais certes pas par ignorance et il appara t au responsable du dioc se que le diable en sa malignit e t m me trouv en l
189. e les formulaires administratifs doivent tre incluses parmi ce groupe 34 DEFINIR LA CONTRAINTE Dans le cadre des ajouts apport s aux normes saturation diffiise un groupe num riquement important de r gles se limite ajouter un autre proc d syst matique s mantique aux normes sans les modifier C est le cas de tous les genres d finis par leur contenu th matique par exemple les recueils th mati ques Par ailleurs un ajout l une des r gles du discours donnera par exemple un r cit hyperdescriptif comme La Jalousie de Robbe Grillet qui suit entre autres une r gle d cart par exc s d information Dans le cadre des modifications apport es aux normes saturation cat gorielle la modification la plus radicale est sans doute la suppression d une ou de plusieurs normes Ainsi le lipogramme supprime l une des lettres de l alpha bet A nsi certains textes de Mallarm ou Apollinaire suppriment la ponctua tion et cette suppression peut faire coexister plusieurs lectures aux sens divers etind cidables Des modifications moins radicales sont les proc d s de substi tution de normes C est le cas entre autres des po mes de Jacques Sivan un exemple figure dans ce m me num ro ou de Katalin Molnar dans ces uvres Forthographe du fran ais est remplac e par un autre syst me de transcription fantaisiste ou phon tique Un cas plus labor est celui de l orthographe petaphysique la
190. e m me type d activit Intentionnelle Ce trait qui en fait une conduite irr ductible con siste dans sa vis e autrement dit dans l intention qui nous guide lors de cette activit cognitive lorsque nous nous engageons dans une conduite esth tique notre but est que l activit cognitive laquelle nous nous adonnons soit dans son d roulement m me source de plaisir Cette intention n est pas n cessaire ment une intention pr alable il suffit qu il s agisse de l intention en action qui r gule notre activit cognitive Pour le dire en d autres termes il y a relation esth tique d s lors que nous nous engageons dans une relation cognitive avec les choses et que la ou les activit s cognitives pertinentes sont r gul es par l indice de satisfaction immanent cette ou ces activit s L irr ductibilit de la conduite esth tique r side donc dans la fonctionnalit sp cifique qu elle ac corde l activit cognitive Ce trait suffit la distinguer de nos autres conduites qui se r alisent travers la mise en oeuvre de l activit cognitive conduites qui au del de leur diversit ont toutes en commun de ne pas mettre en oeuvre l ac tivit cognitive dans le simple but d une maximalisation du plaisir induit par cette activit dans et travers son d roulement Il va de soi qu une analyse plus concr te n cessiterait une description pr alable de la diversit des buts dans lesquels nous nous adonnons des activit
191. e naturel sur lequel porte mon attention quant au contenu repr sentationnel c est l ensemble des croyances que j entretiens concernant cette oeuvre Autrement dit lorsqu une oeuvre me procure une satisfaction esth tique ceci signifie d abord que je crois qu elle poss de certaines propri t s et ensuite que ces propri t s sont d sirables mes yeux Lorsque l oeuvre est insatisfaisante mes yeux c est que les propri t s que je crois qu elle poss de ne m apparais sent pas comme d sirables En se servant de la notation propos e par Searle pour l analyse des tats Intentionnels on peut transcrire ces situations sous la forme suivante tre satisfeit que p croire p amp d sirer p tre dissatisfait que p croire p amp d sirer m p Si on admet que croire p vaut comme description abr g e de l activit cognitive travers laquelle se r alise la conduite esth tique on peut en conclure que la dis satisfaction esth tique est un tat Intentionnel dont une des condi tions de satisfaction est qu il soit caus par une s quence d actes Intentionnels en l occurrence une activit cognitive Mais le d plaisir est caus par l activit cognitive uniquement pour autant qu elle est conjointe une modalit volitive d sirer que logiquement irr ductible elle En effet les dispositions voliti ves sont irr ductibles aux croyances la dis satisfaction est valid e du fait de la conjonction d un
192. e plus lev rue des Nu es Bleues ne referment nulle s pulture Quelles t n bres Lettr s et experts se perdent en th ses r fut es d em bl e En r sum Je pense fermement que le squelette de ce tumulus fut enlev peut tre br l et r enterr en une tertre plus secret que cette butte J entreprends dere chef des recherches vers le Sud rue des Esperluettes d s le 30 septembre Peut tre une s pulture de ce m me peuple celle que je cherche est elle emmur e en une butte plus recul e J esp re remettre chers lecteurs de cette revue men suelle une br ve sur ce sujet en ces Etudes de l re du Fer d s septembre Jules Legendre Lejeune chercheur Ce texte pr sente une contrainte de vocabulaire termes d arch ologie et d histoire de l art uniquement doubl e d une contrainte de forme lipogramme avec deux voyelles utilis es Autre contrainte non visible traiter de Cendrillon et de ses deux soeurs sans r f rence leurs noms Seuls les textes en amont et en aval permettront au lecteur lorsque l ouvrage sera publi vers 2001 de rep rer qu il s agit bien des m mes personnages Par ailleurs le narrateur est un amateur et non un professionnel de l ar ch ologie d o le caract re peu scientifique de certaines de ses affirmations 156 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Sokris Bardeche TECKEL extraits Ilm est impossible de go ter la r futation du alien Du fond
193. e pose aux sources m mes du tome contrainte La qualit d tre unique d tre une innovation absolue non ternie par usage commun serait elle n cessaire pour donner une contrainte son statut le plus pur question de Claudette Oriol Boyer Dans les quelques chantillons qui viennent d tre voqu s seulement le sonnet en yx peut tre consid r jusqu preuve du contraire comme une uvre unique Malheureusement moins de conna tre de mani re exhaustive tous les crits de toutes les poques l affirmation du caract re unique d une uvre est incertaine Parmi d autres exemples reconnus incontestablement comme des textes contraintes l anagramme Cas n 3 et le lipogramme Cas n 5 ne sont ils pas en fait des genres ayant derri re eux aussi une longue tradition Ils ont t moins rares pendant la p riode hell nistique grecque ou l poque de la Re 49 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE naissance Carolingienne ou celle des Grands Rh toriqueurs ou au XVI si cle en Europe chez les marinistes les gongorins les M taphysiques anglais etc chez des auteurs aux sensibilit s litt raires que l on peut qualifier de baro ques ou plus exactement de mani ristes Par exemple Cas n 4 les Cent Mille Milliards de po mes sont loin d tre aussi novateurs que l on le croit Giovanni Pozzi a rappel la longue tra dition oubli e des po mes combinatoires tradition qui c
194. e proc dant parmi d autres choses l viction des structurales failles issues d un initial m pris des contraintes lat rales Le champ op ratoire ouvert Oui celui d un crit soumis cette dou ble r gle d airain En effet la bourde commise avec selon est non point li e de fa on in trins que la discipline appel e textique car celle ci construisant la possibi lit d un RAPT a seulement incit en l esp ce fournir un certain crit da vantage surcontraint mais bien tributaire et seulement de la contrainte elle m me en tant que celle ci impose une tr s claire proscription Ainsi quand St phane Mallarm au septi me vers du premier sonnet en yX ouvertement r gi par la r gle alexandrine risque Car le Ma tre est all puiser l eau du Styx c est dire la di r se sur puiser n tant pas trop ad mise un vers de onze syllabes ou quand Raymond Queneau au fil d un chapi tre intitul Lipogramme ouvertement r gi par une proscription du e ha sarde il bondit sur un banc et s assoit sur un strapontin c est dire avec et un mot point trop licite les deux infractions commises tout fait com parables l intrusion de selon par mes soins trop distraits proviennent non point de ce que Pun et l autre auraient poss d s agissant g n ralement de la prise en compte des param tres d un texte une vis e globalisante
195. e prose tr s crite mais sans programme formel ou s mantique apparent dur c est dire si Ton pr f re sans contrainte du tout Hutte aux roseaux Allong sur ma couchette et regardant fixement mon plafond de ro seaux je me suis souvenu l instant de la journ e que j ai pass e avec le magister S geste Ce n est pas la vue des colonnes de ce temple que j ai soup onn ce qu taient les Grecs mais gr ce aux nuages que je voyais dans leurs intervalles lorsquej tais debout sur les degr s C est ainsi qu il faut lire la prose comme travers une grille p 169 Ce court passage que je consid re comme un des plus beaux loges de la prose que je connaisse nous lait assister une s rie de d ports qui m nent du hic et nunc du journalier lequel crit inconfortablement dans sa hutte aux ro seaux un d placement dans le temps et dans l espace tr s loign des actua lit s guerri res Le premier paragraphe s articule autour d une s rie d antith ses assez faciles reconstruire hutte versus temple roseaux versus colonnes cou ch versus debout entre autres que surplombe l antith se fondamentale du r el et de Tid el la boue des bords du Rhin s ouvre tout coup selon un m canisme d vasion dont la venue ne doit pas trop surprendre sur le miracle de la civilisation grecque En m me temps il se passe dans ces lignes aussi quelque chose de fort curieux
196. e subordonn que le texte de Falempin vient mettre en cause On remarquera du reste que ce faisant il uvre dans le g nie de la langue si l on veut bien prendre en compte que celle ci par sa dimension lin aire est statutairement r tive ce que Lucien Tesni re nomme ordre structural c est dire l ordre selon lequel s tablis sent les rapports de d pendance entre les mots En effet les exigences hi rarchi ques de l ordre structural s accommodent mal des contraintes de l ordre lin aire qui font que d une part un mot de la cha ne parl e ne saurait tre en s quence avec plus de deux mots celui qui le pr c de et celui qui le suit et que d autre part la cha ne parl e est une dimension qu elle est sens unique Or un r gissant peut avoir sous sa d pendance plusieurs subordonn s et un subor donn peut tre plac avant son r gissant En d autres termes l criture de Falempin exploite exalte cette irr ductible contradiction entre l ordre structu ral qui pla t la pens e et l ordre lin aire qui est la r alit de la langue Ainsi obtient elle deux principaux effets Tout d abord elle n impose pas dans la flagrance un sens son lecteur celui ci devra marquer son accord la d li vrance du sens en se montrant actif dans sa recherche Ensuite et corollairement le mat riau que le sens escamote va voir sa dur e de vie prolong e gr ce au retard de ce dern
197. eaucoup de la classification des figures de rh torique labor e par le Groupe p de Li ge dans le trait Rh torique G n rale dont l inconv nient est d utiliser exclusivement la notion d cart Cela se doit probablement au lait que B nabou admet implicitement que les contraintes sont des carts syst matiques Ces deux classifications sont la base de la n tre qui reste tr s provisoire e Ajouts aux normes saturation cat gorielle e Ajouts aux normes saturation diffuse e Modification des normes saturation cat gorielle e Modification des normes saturation diffuse Nous pr sentons maintenant quelques exemples de chaque type certaine ment non exhaustifs Dans le cadre des ajouts apport s aux normes saturation cat gorielle un groupe num riquement important de r gles se limite ajouter un autre proc d syst matique mat riel aux normes sans les modifier C est le cas de la versification classique et des formes fixes po tiques qui superposent une r gularit syllabique accentuelle rimique et s trophique la langue et plus sp cifiquement la syntaxe C est le cas galement de l adjonction d un dessin iconique la disposition typographique habituelle des lignes d un texte comme dans les Calligrammes d Apollinaire ou dans les po mes figur s anciens et modernes Il devient rapidement vident que certaines conventions qui ne sont pas d usage principalement litt raire comm
198. ect en particulier peut tre exprim ainsi on est cens utiliser aussi peu de conventions que possible C est sans doute parce que les contraintes violent ces normes fondamen tales que le Premier Principe de Roubaud est souvent utilis dans les textes contraintes la m tatextualit sert rendre n cessaire le proc d C est sans doute galement parce que la libert des choix stylistiques est une v ritable norme fondamentale de l crit que les textes contraintes ont tou jours t per us comme scandaleux Il est normal d crire librement c est dire avec aussi peu de convoitions que possible L criture libre produit des textes normaux Il est anormal d crire avec des contraintes L criture contraintes produit des textes anormaux Toutefois cette anormalit n est pas sp cifique des contraintes nous avons vu que la fiction viole la r gle de v racit du discours et il serait difficile d ad mettre que le genre fiction puisse tre reconnu comme une contrainte 4 10 Objectivabilit textuelle et difficult Si le crit re de syst maticit semble insuffisant pour d finir les contrain tes celui d objectivabilit serait il meilleur Sur le plan de l objectivabilit des contraintes il y aurait des proc d s d criture qui seraient difficiles ou faciles selon le degr de savoir faire n cessaire pour les ex cuter L id e de diff
199. ekphrasis parcourt comme un fil rouge l ensemble de Les couleurs et les mots deux autres probl mes de tendance plus g n rale sont trait s dans des chapitres qui la fin du livre figurent plut t comme des esp ces d appendices ce qui g ne quelque peu l homog n it de l tude le chapitre 11 s intitule Ce que montrent et ce que cachent les couleurs dans le psychanalyse freudienne tan dis que le volet final qui parle de Wittgenstein et de sa descendance si vari e se r sume par les mots Du scepticisme linguistique l analyse des jeux de lan gage Le lecteur de Formules sera content d apprendre que ces jeux ont comme un des relais les Cosmicomics de Calvino Bien s r il existe encore une autre grande discussion qui ouvre et cl t peut tre toutes les recherches et toutes les fantaisies dont le livre de Le Rider fait le tour il s agit des recherches anthropologiques cherchant tablir et tendre les preuves d une universalit des couleurs d une part et des tentatives oppos es visant d tecter les failles et les erreurs d une telle m thode Basic color terms de Brent Berlin et Paul Kay est la bible des universalistes il y aurait 11 ou 12 couleurs basiques qui se partagent fondamentalement le spec tre dans l exp rience des hommes Leur r gularit serait due des lois physi ques la pr sence de trois ou quatre types de cellules chromatiques dans la r tine humaine par ex
200. elles de la contrainte Notes l St phane Mallarm Crise de vers in Oeuvres compl tes Paris Galli mard bibl de la Pl iade p 361 Bernard Dupriez Gradus Paris UGE coll 10 18 1981 90 CREATIONS partie e Textes contraintes vari es 2 partie Contraintes de lettres Anagrammes palindromes amp Cie CREATIONS Umberto Eco POVERO PINOCCHIO Taill dans un morceau de bois parlant Pinnochio laisse br ler ses pieds fait l cole buissonni re tombe dans les mains de Mangiafuoco se fait pendre et voler par le Chat et le Renard est emprisonn au pays d Attrape Nigauds La F e aux cheveux verts l aide mais il devient ne au Parc Mal fique Cepen dant il sauvera son p re de la baleine et la F e lui donnera forme humaine Povero papa Peppe palesemente provato penuria prende prestito polveroso pezzo pino poi perfettamente preparatolo pressatolo pialla pialla progetta prefabbricane pagliaccetto Prodigiosamente procr a plasmando plasticamente piccolo pupo pel pelato pieghevole platano Perbacco Pigola pu parlare passegiare percorrere perimetri pestare pavimento pr coce protagonista pero prowisto pallido pensiero propenso produire pasticci Pronunciando panzane protubera propia prosbodde pignosa prolunga pro minente pungiglione profilo puntuto Perde persino propi piedi piagati perusti Piagnucola Pap paziente prowede Pinocchioprivopomodori pa
201. emple Mais tant d irr gularit s se sont manifest es que les voix contestataires qui affirment notamment que les investigations constituent une sorte de colonisation imposant crit res et divisions import s ne peuvent plus tre ignor es La couleur reste ainsi la belle noiseuse l trang re dange 208 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES reuse que tant d artistes ont voulu charmer alors m me qu elle les ensorcela Or on sait que depuis toujours les formules magiques ont servi enchan ter ces nymphes aux contours glissants Leur inventaire reste ouvert j esp re avoir montr que l histoire de Le Rider est d une grande richesse et propose un grand nombre de solutions Reste toutefois r ver sur une po tique des cou leurs et pourquoi pas en baucher le cadre les cat gories les ouvertures Pour le moment je me restreins quelques projets d criture illumin e Imprima un texte en attribuant diff rentes couleurs aux classes de mots verbes bleu substantifs rose adjectifs marron pronoms jaune adverbes vert conjonctions rouge articles noir Autres mots orange Et crire sur cette base un conte qui soit comme l charpe d iris Autre formule imprimer les mots commen ant par Abc bleu def rose ghi marron jkl jaune mno vert pqr rouge stu noir VWxyZ orange Projeter le texte selon le spectrogramme de sa prononciation par telle voix Andr Dussolier
202. en ant par le son Au et par un vers qui d signe m tonymiquement Vasco lui m me par le seul souci de voyager qui l anime et qui hante son p le fant me Bou clage ainsi du mouvement formel r pondant au p riple repr sent par le texte et la circularit d un discours qui fait du p riple infini de l temel voyageur une m taphore de son propre bouclage sp culaire Une fois n est pas coutume la premi re version du texte publi e en mars 1898 dans Y Album comm moratifpour lequel il a t compos tait sous ce rapport plus puissante que la seconde Pas de point final pour y interrompre ni suspendre le processus circulaire d auto enveloppement du mouvement tex tuel de Vasco Au seul souci Surtout Mallarm a d abord crit non pas Ce salut soit le messager mais Ce salut va le messager ce qui non seule ment d signait plus fortement le mouvement du salut allant Vasco travers l histoire et la mobilit verbale de ce po me salut mais qui surtout postulait formellement que le nom de Vasco de fa on videmment r versible proc dait d une sorte de contraction formelle du verbe va et de la locution jusqu au Va jusqu au Vasco et d s lors du m me coup d un point de vue m tarh torique valant pour l ensemble du parcours textuel du mouvement et de sa direction Pour conclure en fin videmment ouverte comment faire autrement
203. enche en arri re il contemple le ciel longtemps assez longtemps pour r ussir lui ren dre j uste par la col re de son regard le petit grain de gravit qui s tait cart de savoie 128 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Une hutte de peau L ampoule est une sangsue un parasite pompe sarcastique et farouche fix sous la peau au niveau de la lani re de la sandale par son abdomen dif forme et blanc de m duse Moins color e que la tique qui contient du sang vrai et que l on peut foire clater sous sa semelle des fins artistiques pour dessiner de petites choses fines et sanglantes sur le plancher l ampoule a la taille exacte des tubes de colle livr s avec les maquettes d avion et de bateau en mati re plastique kaki D ailleurs tout comme ces tubes elles se perce l aide d une pingle Mais d une pingle flamb e Si l enfent respecte cette discipline aride ce n est pas question de puret c est que la d sinfection des outils faits pour soigner est ce qu il y a de plus proche des pratiques d exorcisme et de magie C est aussi pour le bonheur de tenter de mettre le feu quelque chose qui ne s enflammera pas M me s il ne parvient pas chauffer l pingle blanc ni m me seulement au rouge l enfant obtient tout de m me fi rement une sorte de noir de fum e qui peut le foire penser du goudron une fourche d enfer pleine de suie L ampoule est herm tiquement
204. end avec talent Les exercices de style de Raymond Queneau Tous droits r serv s CyLibris Editions http www cylibris com 135 TO CREATIONS Pierre Lartigue Quatorzine La premi re criture collective r unissant Lionel Ray Paul Louis Rossi Jacques Roubaud et moi m me date de 1974 Le r sultat fut publi sous forme d un petit livre en accord on avec le titre d inimaginaire I et II avec des dessins et des gravures de Gaston Planet Imaginant que la collaboration avec des musi ciens serait aussi fructueuse nous avons travaill par la suite avec Jean Yves Bosseur et compos un certain nombre de textes demeur s in dits L un d eux Cafeti re de beurre et Sombre printemps a paru dans un num ro lt Action Po tique et a t lu en de multiples occasions Lors de cette seconde tape nous avons abord quelques formes fixes et nous nous sommes risqu s composer chacun une sextine partir de six mots rimes de la premi re sextine du Canzoniere de P trarque traduite par Vasquin Philieul de Carpentras Les r sultats obtenus furent franchement d cevants Cet Inimaginaire III reste donc pour la plus grande part in dit Avec L nimaginaire IV sur commande d un autre musicien Didier De nis nous sommes revenus cette forme rare dont il me faut recopier ici la d fi nition Il s agit d un po me de 6 strophes de 6 vers termin s par 6 mots rimes selon une permutation telle qu une septi me str
205. ens une influence possible du signifiant sur le signifi l int rieur m me de certains textes contraintes Plus simplement la forme conditionne parfois le fond Ou encore la structure du texte est le sujet du texte Notre th me ici tant de d finir la contrainte il semble judicieux de prendre le chemin inverse et que notre sujet influe l organisation de l crit On peut l vidence gloser sur la litt rature potentielle de la m me mani re qu il est loisi ble de le faire sur n importe quel type d criture Cependant afin de pr senter une analyse qui exprime correctement le fond de la question il convient de donner la forme de cette d finition dans le cadre de l Oulipo puis sa suite des autres Ouvroirs d X Potentielle Ou x Po un tour hautement ouxpien Notre d finition de la contrainte se doit d tre elle m me potentielle Subdivisons la contrainte d criture en deux cat gories principales Le proc d de production peut se baser sur un syst me transformatif agissant sur un objet pr tabli pour arriver au r sultat contraint ou sur un syst me productif c est alors la contrainte m me qui cr e le texte 1 Le syst me transformatif On peut ais ment d finir les contraintes transformatives il suffit de se baser sur les tudes qui ont t faites concernant entre autres possibles la r sis tance des mat riaux subissant une contrainte L Oulipo tout comme les a
206. ent finalement un objet fortement socialis Et de fait l Oulipo t moigne d un caract re collectif de l criture tout autant que d une activit du lecteur qui devient parfois l un des l ments du p le auctorial dans les textes dont il est effectivement co auteur tels que les textes en arbre o ce sont ses choix qui d terminent le texte final ou avec certains exercices de Y Atlas de litt rature potentielle qui lui proposent de produire son tour un texte contraint par exemple p 285 pour la contrainte dite du tireur la ligne Les deux points sont videmment troitement li s C est dans la mesure o la rh torique a pour but premier d apprendre crire qu elle ne con oit pas de respect pour le texte proc dant en revanche par manipulations reformulations et m me corrections de textes ant rieurement crits Je rappellerai ici les tra vaux oulipiens sur des mat riaux pr existants impliquant bien une contin gence essentielle du texte qui se r alise en imagination d e ses possibles Or il est clair que cette pens e rh torique s inscrit en totale opposition par rapport l id ologie textuelle dominante qui rel ve plut t d une concep tion scolastique du texte qu on peut red finir bri vement par le principe sur lequel elle est fond e Un texte est un tre de langage qui fait autorit 12 DEFINIR LA CONTRAINTE partir de l deux
207. ent d une fa on relative la version initiale Avec Phrase gare phaute d orthographe le gain de la lettre g advenait en suscitant un parasitage 260 POLEMIQUES puisque alors qu il n en allait aucunement de cette fa on pour le mot terminal orthographe le reste du mot are redoublait trois des sons et trois des grammes du mot initial Phrase tout en se liant ainsi compl tant la res semblance avec le p du mot suivant ghaute Avec Phrase g ch e phaute d orthographe le gain de la lettre g advient en diminuant sans tout fait l abolir ce parasitage puisque le reste du mot ch e ne reproduit avec le qu approximativement un seul de ces sons et de ces grammes le a et avec le e seulement un gramme muet diff rences qui amenuisent l associa tion avec le p du mot suivant ghaute L on peut observer en outre sous cet angle que ce qui m a interdit d ventuellement trouver la solution g ch e rel ve de ce qu il sied d appeler une contrainte extrins que le mien souci de proposer des exemples qui offrissent sous l angle du sens une certaine homog n it Phrase gare r percutant Attention phrase souci largement ext rieur au probl me 8 p Seul l op rateur qui a report ensuite les transformations manuscrites sur la machine pourrait donc e
208. ent respect es ou qu elles ne soient pas respect es dans un texte en particulier Ce sera notre crit re de conventionnalit Il est commun tout type de production langagi re en tant que telle textuelle ou non textuelle car toute production langagi re r sulte d un ensemble de normes qui sont conventionnelles Nous postulons que les nor mes que les prescriptions diff rentes des normes et que les contraintes corres pondent des types particuliers de conventionnalit Nous affirmons en deuxi me lieu que tout texte est impliqu par trois modalit s de syst maticit d criture de lecture de trace Ce sera notre cri t re de syst maticit Nous postulons que les normes que les prescriptions 24 DEFINIR LA CONTRAINTE diff rentes des normes et que les contraintes correspondent des types particu liers de syst maticit Nous affirmons en troisi me lieu que tout texte porte les fraces syst ma tiques produites par des proc d s sp cifiques d criture et que ces traces syst matiques deviennent fextuellement objectivables gr ce au proc d sp cifique de lecture qui les rend reconnaissables par le lecteur Ce sera notre crit re d objectivabilit des syst maticit s textuelles qui sera abr g en crit re d objectivabilit textuelle Nous postulons que les normes que les prescrip tions diff rentes des normes et que les contraintes correspondent des types particuliers d objectivabilit
209. epartie phonique dont Alphonse Allais et Harry Mathews ont fourni des exemples bien connus Il existe au moins une r gle qui devrait tre imperceptible par nature le cryptogramme Pourtant il ne s agit pas d une r gle imperceptible mais d une r gle dissimul e Par ailleurs dans certains textes cryptogrammatiques la r gle peut tre plus ou moins explicit e plus ou moins exhib e comme dans Le Domaine d Ana de Jean Lahougue Dans ce roman quelques allusions laissent deviner au lec teur perspicace que les lettres centrales des mots nombre impair de lettres forment un nouveau texte lui m me soumis son tour cette r gle cryptogrammatique En r sum toute trace textuelle correctement explicit e par sa grille de lecture devient n cessairement perceptible du moins si l on dispose de la com p tence et des moyens indispensables pour la percevoir Le degr de perceptibilit d un proc d correctement explicit ne peut tre que subjectif 44 DEFINIR LA CONTRAINTE 4 QUATRI ME PARTIE 4 1 la recherche d une diff rence sp cifique Puisque nous avons analys l ensemble de crit res retenus pour d finir les prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des normes nous pouvons naintenant tenter de d terminer quel crit re ou quel ensemble de crit res sup pl mentaires suffirait d finir enfin les contraintes et les textes contraintes 4 2 Quelques exemples r examin
210. era possible de la sorte par un chanceux surcro t de traiter chemin faisant deux autres probl mes d criture un fiagment d autobiographie En effet le moment est venu d en t moigner les responsables de la revue Formules ne sont en rien coupables car pour autant qu il m en souvienne l crit qui leur fut soumis tait porteur ce me semble pr cis ment du mot suivant lequel quant lui tait exempt de cette erreur C est sur preuve ou comme on dit mainte nant sur la sortie papier de la version lectronique format e aux normes de la revue que parmi d autres amendements manuscrits j en suis venu aux ultimes instants avec une abusive h te introduire sans me rendre compte du saccage le funeste vocable Cependant s il d douane de la sorte par respect d ontologique les res ponsables de la revue ce t moignage ne laisse gu re de susciter une nouvelle interrogation comment un programme de r criture assez simple ayant t par ses soins honor un rescripteur peut il se laisser aller d vaster en derni re minute par un si calamiteux perfectionnement le r sultat obtenu Pour r pondre cette l gitime question il faut peut tre d abord pr ci ser ceci sauf nourrir une id e comment dire passe partout de l crit la modification d auteur ou plut t de scripteur sur preuve d finitive si elle est certes p rilleuse est n anmoins fondame
211. erait pas le m me regard qui luit Il pensera cette pens e si pure que lui il pourrait se poussa C est sur le pont de la Concorde Il pensera je vous re garde Monsieur et je vous parle Je vous demande Vous n avez pas vu que vous marcheriez sur mes souliers L autre il h site et puis il le dit Non Je mai rien vu Rien Je n ai rien invent Tu as tout invent Tout Tu me tutoies Toi tu me tues ate fait du bien a pourrait durer longtemps comme a a m nerverait qu il me dise a qu il dise a au petit avec son chapeau de clown Du coup il descend de l autobus le petit Des odeurs de diesel arri vent sur le trottoir celle du goudron chaud des croissants des saucisses frites 134 des bouches de m tro Il attend un ami la gare Saint Lazare Tout le monde le regarde Il naime pas qu on le regarde lui il peut vouloir qu on arr te de le regarder alors il baisse les yeux et se d p che Plus tard je le sais il se dira qu il a pass un sale quart d heure et il sera content de parler du bouton sup rieur du pardessus de lui avec un ami Un peu plus haut ce sera sublime forc ment sublime Tu vois les boutons a m accroche quelque part moi aussi a m meut norm ment De m me en enl ve le vent Je me le remets en t te C est l t Pr s de S vres cette esp ce de benne verte le S se pr sente Je me d p che et j entre En
212. erge en pratique de ce que la th orie des g n rateurs tient lui faire dire et plus encore lui faire lire pour ne rien dire de la r sistance de ce texte aux positions plus orthodoxes encore de Kristeva de m me le roman de Perec se d robe ce qu une certaine th orie de la con trainte cherche laisser entendre Dans l analyse de Arts aucune contrainte ne peut engendrer des discours achev s p 186 L auteur n a m me pas peur d ag graver son cas aupr s des purs et durs de la contrainte alors que les princi 267 HORS DOSSIER pes rigoureux de l criture axiomatique de l Oulipo laissent supposer que c est la contrainte qui engendre le texte en fait La disparition n est brid e ni par la contrainte lipogrammatique ni par la composante m tatextuelle Au contraire en chargeant un peu nous affirmerons m me qu aucun mot aucune lettre du texte ne peut tre consid r comme d rivant directement de la contrainte p 183 Bref ce sont des questions tout fait essentielles auxquelles nous con fronte Clemens Arts Que ces questions soient pos es par un auteur qui conna t parfaitement le dossier de l criture sous contraintes et qui en parle de plus avec une v ritable sympathie ne les rend que plus importantes Dominique Viart Le roman fran ais au XX si cle Paris Hatier 1999 Bien que les introductions g n rales au roman contemporain ne manquent s rement pas
213. ergent vers la sainte de pierre entra n s par l espoir de b n ficier de cette lueur qui manerait miraculeusement du granit En folles th ories on sillonne la for t comme dans le tableau de Bruegel t tant le sol du bout de sa canne le regard perdu guetter l horizon Une sorte de rituel voudra qu on pose la main d abord sur le chapelet 118 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES ornant la taille de la statue puis sur les croix de sa robe et le socle son pied travaill en forme de globe solaire Tousaurorrt coeur de le suivre la lettre sans en savoir ni les causes ni la raison et les places fray es au fil des jours en perdront bient t leur or Poudre aux doigts vaut poudre aux yeux gro gne un Varnet d u par la tournure des choses quoi foutre sert de vo sau distinguer un oculiste d un margoulin et l eldorado d une gueuse en staff N en d plaise au clan r publicain la madone de lumi re fait r ver Il n en est pour preuve que le Sacre c est dire la F te Dieu fameux dans la r gion pour ses fastes et dont Margie sera la v ritable reine cette ann e l On est venu de loin jusqu M o lecur Ruet doit lire la messe en plein air Quand la procession s branle pour aller rendre gr ces Dieu du village au village en passant par les quatre reposoirs c est sur un vaste tapis de feuilles o des p tales de roses dessinent des croix immenses passement esde lis Un drap serg de rein
214. es et les rochers qui sont du toc Bassin Massifs de grasse matin e Lacit Alien ou pagode surgis dans un Biskra ch Amarr de palmiers Quel voyageur couche Dans ce chalet de sa folie Quel comte De Monte Cristo Tr s blanche avec des taches Noires il y a une chienne comme un jeu d chec Dans le vent qui jappe qui agite sa queue courte Qui bondit Et si c tait la chienne de chut Jos Maria de H r dia Cette maison touche La sienne et ses mille rosiers Il a le chic Des grands crustac s quand ilprom ne la cout Ellerie de ses po mes au soleil Ecoute Dirait on pas qu il jardine ce matin Chocs De r teaux sur la pierre et touffes d herbes qu on chiq Uettepour que l all e soit droite Les Troph es chantent Comme un kiosque de verre o les drapeaux se touche Raient Festivals Dans cette ville dont on se toque Dieu sait pourquoi les tamaris ou une chute De villas d su tes dans la mer On ne quitte Plus la baie elle ouvre sur l eau bleue les vagues courtes Et l immense surface o les pacifies crachent Leurs voiles de Nylon blanc L trange jeu d chec Avec ses positions en miroir Quels coups ch oisis pr parent les requins les fous Quelle t che Attend les rois phares La mer sans fin raconte Ses matins ses strat gies Elle fait le compte De ses victoires et l audace de tant de coups t Eblouit Tu emportes leur chiffre dans ta ch 143 CREATIONS 144 Ambre car ilfaudra pui
215. es litt raire contraintes les contrain tes ne sont elles pas per ues comme identiques par l auteur et certains lecteurs 79 DOSSIER THEORIQUE 2 E PARTIE que sont ces uvres et pourquoi ne sont elles pas r ductibles des textes contraintes 80 Bibliographie Barthes R 1975 Texte th orie du Encyclopaedia Universalis Paris vol 22 d 1990 pp 370 374 Bootz Ph 1990 Notes alire 3 livret papier pp 11 13 Bootz Ph 1996 Un mod le fonctionnel de textes proc duraux Les Cahiers du CIRCAV n 8 pp 191 216 Bootz Ph 1999 The Functional Point of View New Artistic Forms forProgrammed Literaiy Works Leonardo vol 32 4 pp 307 316 Eco U 1979 Lector in fabula Bompiani Milan trad fr 1985 Lector in fabula Le r le du lecteur Grasset Paris Le livre de poche biblio essais Eco U 1990 ILimiti Dell Interpretazione Bompiani Milan trad fr 1992 Les Limites de l Interpr tation Grasset Paris Le livre de poche biblio essais Ericsson K A Kintsch W 1995 Long Term Working Memory Psychologicalreview vol 102 nb 2 pp 211 245 Escarpit R 1976 Th orie g n rale de l information et de la commu nication Hachette Paris Classiques Groupe m coll 1992 Trait du signe visuel Pour une rh torique de l image Le Seuil Paris la couleur des id es Jauss H R 1974 Literat
216. es majeures d une publication en revue dont ebr avait in vitablement commenc par copier les principes comme par exemple la p riodicit ou la division en num ros Bient t l ensemble se verra donc fonci rement red fini pour r appara tre sur le r seau non plus comme une cha ne de num ros li s hypertextuellement mais comme un grand hypertexte o les unit s d j publi es seront pr sent es de mani re non lin aire mais tr s fortement structur e Durant la p riode de transition qui durera environ six mois p riode pendant laquelle ebr restera bien entendu en ligne la revue pu bliera un grand nombre d essais individuels mais qui chacun feront la synth se d un domaine particulier par exemple la po sie contemporaine l hyperfiction Internet et nationalisme etc Nous ne pouvons videmment que nous r jouir que le dernier num ro classique de ebr et donc aussi un peu le premier annoncer la nouvelle logi que de la revue soit consacr l criture sous contrainte D une part on y trouvera cinq contributions tr s importantes directement li es au th me de la contrainte un texte de Paul Braffort The Education of Adams Henry ALAMO retra ant une partie de l histoire litt raire et culturelle de l criture contraintes une courte fiction de Harry Mathews Mister Smathers un sy nopsis en anglais de la th orie de la contrainte qu est en train d laborer Bemardo Sch
217. es margueritescouvre le dais de la statue que la foule en cho exalte de son choeurdechaumi resen carts A Mayenne le GrandSacre du dimanche suivant men par Mgr Arvin ne laissera pas un tel souvenir Rien ne semble devoirbriserlenouvel lan de nosimmaculistes Tel un feu de lisi re embrasant la for t le culte port la vierge gu risseuse va entra ner les plus incr dules vers lac p ede l apparition M me si beaucoup ne viennent qu en curieux ou parce que la science a d u leurs espoirs leur nombre fait litt ralement rena tre le Comit cr par le marquis Et celui ci organise d s la mi juin des p lerinages r guliers malgr les pressions d une hi rarchie cl ricale toujours en retard d une ferveur Le triomphe sera pourtant bref Dans le camp la c o l on pr tend tordre le cou l idol trie la contre attaque est fulgurante L enqu te officielle indique bient t que Lucette Marel la pr tendue miracul e pr sente le long de lhypocondre et sous le nombril les stigmates de scarifications au couteau Une toile six branches appara t ainsi trac e sur l abdomen de la patiente et l trange rayonnement autour de l ombilic d signe chacun son auteur Il s av re que la pauvresse n est autre en r alit que la cliente qui lefollo destinait les gris gris port s par Margie le21 mars Chez l ensevelisseur un livre de magie est d couvert o figure le rituel de la gu rison et le scal
218. es prudes qui n avaient pas cru sa bele Dame ni son message seraient non moins confort s dans leur scepticisme Miraculeux quant lui le r cit du P re tombe du ciel Il embarrasse un temps le marquis d sormais contest comme on peut ais ment s en convaincre jusque parmi les fid les de son camp Rompu aux combats d id es les plus d sesp r s celui que le parti lib ral traite famili rement de Crois trouve n anmoins la parade Le six dans sa tri bune hebdomadaire de La Voi du Maine Maudissois pourfend le complot nihiliste sur la foi m me des arguments qu on pr tend lui opposer Esti meilleure preuve de Art et de la Puissance du Verbe que cette rayonnante Mare d coup e dans un feuillage Peut tre de notre sang et de ce si cle immonde le Jardinier sublime qui a contoum le Cie au coeur de nos t n bres Malheur qui conf re la Nature les m rites de Celui qui la enlumin e et dame id et l quun hasard ing nieux arm de quelque canit se serait plu composer la sc ne Le hasard qui a jou delorguesous lanei sylvestre et jet l ombre de la Croix surson op ra chr tiens de peu de foi 114 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES ignorez vous que la main du grand Ouvrier fa onne ici toutes choses Et doit on vous tendre un mantelet tram dans vos manufactures pour que vous le reconnaissiez divin Mais i tait tout tress dair et de lumi re le profl fugiti apparu parmi nos ramures Osez dire q
219. es qui au fur et mesure de leur apparition d tourne les images de leur fin La couleur ne se soumet pas au dessin mais y ajoute la nouvelle dimension Ces quelques jalons que nous venons d indiquer dans l histoire des cou leurs en litt rature demanderaient trouver leur place l int rieur d une syst matisation globale qui serait aussi bien une travers e des possibilit s r alis es que la pr sentation des virtualit s envisageables On devine que Roussel est d une part parent des Grands Rh toriqueurs et que d autre part des aventuriers des formes comme Henri Pichette et Maurice Roche voir Formules 3 ont pris sa rel ve on sait qu l poque des surr alistes la collaboration entre peintres et crivains exprimait au del des r alisations individuelles une vision de l art on soup onne que le dialogue entre Anciens et Modernes n a pas d laiss ce champ bariol pourtant jusqu ici un tableau d ensemble faisait d faut il fal lait naviguer de monographie litt raire en trait d esth tique combiner les sur vols techniques et les examens critiques L tude de Jacques Le Rider Les Couleurs et les Mots publi e aux PUF en 1997 n a cotes pas la pr tention de combler toutes ces lacunes mais l auteur y r unit tant de mat riaux tout en s appuyant sur une bibliographie imposante que son livre constitue une base solide et incontournable pour toute exploration ult rieure dans ce dom
220. es textes dont la syst maticit ne peut tre d couverte que si l on dispose du mod le externe que le texte r gl par des prescriptions diff rentes des normes suit de mani re syst matique Afin d claircir cette opposition nous donnerons bri vement deux exem ples L un de Queneau le second de Joyce Dans le po me de Raymond Queneau Don van Marquy tous les vers sont des anagrammes du titre qui est lui m me d j une transformation anagrammatique du nom de l auteur avec quivalence de u et de v Une fois la r gle rep r e cette r p tition permet de pr dire et de v rifier chaque nouvelle occurrence de la trace anagrammatique dans l analyse progressive du texte En conclusion Don van Marquy porte bien la trace d un proc d r gu lier et syst matique dont la s quence totale objectivable est r p t e au moins deux fois l int rieur du texte Ils agit d un syst me intratextuel de r gles Autrement dit la r gularit du syst me s objective au moins deux fois l int rieur du texte Prenons maintenant l exemple de l Ulysse de James Joyce Pourquoi est il selon notre d finition un v ritable texte r gl par des prescriptions diff ren tes des normes r gle de trame alors qu premi re vue il ne comporte aucune trace intratextuelle apparente d un proc d syst matique Parce que la trame de l Ulysse suit certes tr s librement de mani re souvent m
221. est le cas de certaines r gles math matiques pratiquement incalcu lables comme celles du chiffrage cl publique de la m thode cryptographique de Diffie et Hellman Pour le destinateur et pour le destinataire qui connaissent la solution les proc d s d criture et de lecture des traces textuelles sont vi dents mais pas pour le reste du monde En r sum il ne suffit pas qu un texte r gl par des prescriptions diff rentes des normes soit d sign comme tel il faut que le lecteur puisse prouver cette assertion C est pour cette raison que notre crit re d objectivabilit tex tuelle se r f re non pas aux traces objectives mais aux traces objectivables d un proc d d criture L explicitation totale d une r gle d criture et de lecture lorsqu elle existe de mani re intratextuelle et ou extratextuelle devient un fait objectif lorsque le proc d de lecture correspondant est v rifi par l identification des traces syst matiques du proc d d criture B La mention explicite de la r gle peut ne pas tre incluse ni dans le p ritexte ni dans un pitexte ni dans le texte proprement dit L on parlera alors de r gles implicites Dans ce type de textes il suffira qu un ex g te puisse d crire correcte ment et suffisamment leurs proc d s d criture et de lecture pour que leur pr sence puisse y tre soit v rifi e soit infirm e titre d hypoth se il faut c
222. ettrisme a ouvert l acc s diverses possibilit s de signification On a vu qu il est rest aussi lointainement qu on voudra un art du langage Bien s r nous sommes souvent deux doigts du pictural pur et du musical pur tout comme d ailleurs pour le spatialisme L appellation m me de lettrisme affiche cette r f rence au langage tr s rigoureuse au d but du mouvement qui avait tout d un formalisme Son trait d finitoire en tout cas est l usage de particules et il s agit probablement du premia art se proclama discret dans son programme Une uvre lettriste est toujours constitu e d un ensemble organis de particu les Les particules employ es m me si elles appartiennent un r pertoire syn th tique ont toujours un air de famille qui saute aux yeux les illustrations de Spacagna Sabatia et Lema tre montrent bien ce point L analyse de ce qui pro duit cet air de famille a t esquiss e ici mais non celle des l ments de leur syntaxe La syntaxe selon laquelle s assemblent les particules des uvres let tristes soul ve cependant l important probl me de d terminer si les groupements sont ou non hi rarchis s en niveaux Une analyse plus compl te s impose avan 222 de r pondre par la n gative comme le sugg rerait un premier examen Les possibilit s simplement expressives de l criture ne pouvaient man quer d appara tre certains des artistes du groupe On en
223. eux sera sa d finition Et la peinture de Soulages n est elle pas l aboutissement de cette voie lumineuse la concentration de toute cou leur dans la brillance et la mouvance d un noir soleil Le Rider ne parle pas de Soulages ni de Nicolas de Sta l ni des peintres du groupe Cobra c est que l volution de la peinture moderne n est pas son objectif en soi mais plut t la relation entre la langue et les couleurs Comment les auteurs ont ils consid r la peinture en relation avec leur propres r alisa 205 ESSAIS tions Les deux grands noms qui orientent le discours sont ceux de Lessing et de Goethe Si pour Lessing les distinctions et les analogies classiques m nent sa pr f rence pour la sculpture c est la Farbenlehre de Goethe qui aura lin fluence la plus durable et la plus pertinente sur les si cles venir Goethe a donn une dimension philosophique la discussion Th orie physique esth tique psychologie de la perception des couleurs m taphysique de la nature et th ologie anthropologie historique forment un tout dans la Farbenlehre pr cise Le Rider p 3 Dans sa vision les arts forment une grande unit et les cou leurs sont le langage dans lequel la nature r v le l homme son essence et son histoire Le rejet du scientisme newtonien est la fois la limite et louverture de cette conception la modernit essaiera de combiner de sa fa on l apport du laboratoire et la voix du d
224. evenu ces derniers temps l apanage des so ciologues de la litt rature tr s habiles brosser eux aussi des panoramas mais o de temps autre la litt rature m me se voit rel gu e l arri re plan La clart exemplaire de cette tude qui n a pas peur de classer mais qui classe en pen sant et pense aussi en classant contribue vigoureusement la valeur d usage globale du livre o pour une fois on n est pas perdu en consultant l index ce dernier vaut presque une lecture lui seul Toutefois Le roman fran ais au AXL si cle n a pas uniquement de voca 268 TUDES D OEUVRES CONTEMPORAINES tion patrimoniale qui fait d faut dans trop d ouvrages de ce genre L intelli gence des commentaires qui arrivent tre de vraies petites analyses chose difficile s il en est essayez seulement de dire quelque chose d intelligent de non st r otyp sur Montherlant en cent mots sur Pinget en quelques paragra phes sur Simon en deux pages et la grande neutralit de ton Viart crit presque toujours de mani re impartiale ce qui constitue un tour de force assez extraordinaire tout comme la r elle ouverture d esprit du volume qui s ouvre des auteurs que Viart n aime sans doute gu re mais dont il parle n anmoins avec une certaine sympathie forcent l admiration Certes le livre de Viart n ap porte pas une nouvelle lecture du roman au XXe si cle soulignons tout de m me que le r
225. extures quand le d faut provient d une carence de l l ment th matis ISE O0O CMRG 7 6 Ainsi lorsque l l ment justement th matis est une erreur ce qui dans Attention frase tu comportes une faute d orthographe est le cas puisque frase on vient de le voir est une caco lex mo scripture il y a bien dans un premier temps une ortho catoptro texture mais comme cet l ment th matis pr cis ment est une er reur cette structure suivant ce qu on appelle une palinodie bascule en une caco catoptro deut ro texture dont l l ment th matis ici la caco Iex mo scripture frase devient le caco catoptro deut ro text me base et dont l l ment th matisant tu comportes une faute d orthographe devient te caco catoptro deut ro text me moyen C est donc ici qu il semble permis de tirer une troisi me le on 4 Premi re tentative En effet avant de rectifier quoi que ce soit d un crit et cela d autant plus quand celui ci ne semble point d pourvu de calcul il est prudent de suppo ser au pr alable hors m me ce que pour tre court l on peut nommer les lap sus psychanalytiques que l ventuelle apparente erreur peut tre n est qu ap parente Que l on tol re cet gard toujours en le souci du bref un succinct nouveau bricolage Phrase g ch e phaute d orthographe Nul doute prime vue qu il ne corresponde en tous points a
226. fique d finissant rigoureu sement les contraintes et les textes contraintes 4 8 Syst maticit et restriction Si le crit re de conventionnalit semble insuffisant pour d finir les con traintes celui de syst maticit serait il meilleur ce niveau la syst maticit des contraintes semble tre d ordre plus restrictif que les autres r gles En effet propos des Fables d sope et de la Fontaine Cas n 6 et de P Ulysse de Joyce Cas n 7 uvres qui n ont pas t unanimement reconnues comme des textes contraintes le probl me se pose au niveau de la restriction s mantico logique jug e trop faible pour tre une contrainte et de la restriction de la saturation des traces mat rielles jug e galement trop faible Toutefois le caract re contraignant ou restrictif ne saurait tre retenu comme un crit re d finitionnel ind pendant attendu qu il n est pas sp cifique aux contraintes tant galement propre tous les syst mes toutes les normes et en d finitive tous les choix DEFINIR LA CONTRAINTE En effet tout choix est restrictif et tout choix syst matique est double ment restrictif D ailleurs certains proc d s restrictifs quant la r gle et au proc d d criture peuvent s av rer plus amplificateurs que l criture du point de vue du r sultat textuel Ainsi la r gle de polyglossie du sonnet La Neige de Val ry Larbaud con siste changer
227. forme la pomme fonde l tre la pomme forte l eden me p le fonde la mort le m me fond la porte l tale m me profond mod le parme et flon flon me d met parole le po te flamme rond mort fend la m lop e apode formellement Le nouveau venu des visages venue vasive sang duo seul seul on s en va us vide vague vague visa une vol e du sens sonde sa vie vulve nuageuse s ve songeuse au divan velu Valvins vague d nou e Suse une diva nage sous le V suve Les musiciens un si mes ciels ciel mes sinus CONTRAINTES DE LETTRES messie inclus silices menus un missile sec mu les incises mi cl s si nues scies l unisme mis silence su insu les cimes Le ventre sourd l ordre est venu du vol s enterre velours tendre L ombre et l image mot la berge m li m lo l ge timbre la gomme libre et le gibet moral me marie bl me glot te la b mol grim Mouvement interne ouvre nie ment ment nomme tire vente un mot vert une m nine m vente morne nuit un moment de v rit ton r ve menti menu menument vir note un mot m re invent en vitre monumente Pas une feuille d arbre le pain bref de sa lueur urine sue perd la fable le bain fuse parle dure perle le brin de I seau l use la fibre de prune un palier bleu se farde 179 CREATIONS 180 le drapeau bref lune si pure d balle fraise un pan de bleu frise la rue la fine plus de beurre la peur le buis d
228. git d un proc d probablement unique de difficult moyenne ou faible Cas n 3 Le po me de Queneau Don van Marquy dont tous les vers sont des anagrammes du titre Apr s consultation il a t unanimement reconnu comme un texte contraintes proprement dit Il comporte plus pr cis ment une saturation cat gorielle qui touche comme l ments textuels toutes ses lettres soumises une permutation quelconque Il s agit d un proc d assez connu peu courant s il est tendu l ensemble d une uvre de difficult moyenne ou faible Cas n 4 Le texte combinatoire de Queneau Cent mille milliards de po mes Apr s consultation il a t unanimement reconnu comme un texte con traintes proprement dit Il comporte plus pr cis ment une saturation cat go 45 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE rielle qui touche comme l ments textuels tous ses 14 vers soumis 10 permu tations possibles Il s agit d un proc d oubli de difficult moyenne ou faible Cas n 5 Le roman lipogrammatique de Perec La Disparition Apr s con sultation il a t unanimement reconnu comme un texte contraintes propre ment dit Il comporte plus pr cis ment une saturation cat gorielle qui touche comme l ments textuels toutes les lettres de l alphabet soumises la dispari tion de l une d elles on peut parler galement de restriction de vocabulaire Il s agit d un proc d rare r
229. gne la largeur du jeu entre les b tons multicolores du croquet devra se retrouver dans telle phrase finale la largeur du jeu entre les b tons 202 ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES multicolores du roquet Un chien scribe achet aux forains de l idylle trace sur un papier des lignes de b tons en choisissant lui m me les crayons Evidem ment il y a un truc unproc d si on veut ici la chiquenaude imperceptible du bamum au moment du choix effectuer Si dans un premier moment c est le public qui sugg re les couleurs et leur succession commen ant par le rouge bien inspir dirais je ult rieurement c est leur ordre sur un piquet de croquet qui en renforce l impact arbitraire ac centuant leur jeu formel La s rie n aura plus aucun lien avec un ordre naturel ni avec une quelconque succession symbolique bleu rose marron jaune vert rouge noir orange Et le ma tre d oeuvre trouvera l essentiel de sa gloire dans le lait que la distance entre les diff rentes lignes de l criture correspon dent exactement l espace vide entre les bandes de couleur du piquet C est donc par le d tour d une partie de croquet rendant logique la pr sence du piquet que le narrateur arrive sa fin le catapultage d une phrase dans l autre En m me temps le croquet est son tour une image du processus langagier le je joueur par un formidable coup de maillet r unit la bo
230. gr Arvin ne soup onne pas le d sordre des espritsquand il exp die sa premi re et prudente lettre pastorale sur la petite Lerai A ce moment l de partout d j voeux et offrandes parviennent Marguerite Des envoy s de maintes congr gations lui ont rendu visite de B en Pail si ge d un proche couvent de fr res maristes mais aussi de Laval de Port Brillet et d Entrammes Et l opinion de chacun s est aussit t forg e n en d plaise l v que et son scrupuleux r quisitoire sur la vision de M En ces mati res il suffit quelquefois d un regard ou d une intonation pour que l esprit sceptique accorde cr dit aux pires assertions du visionnaire et qu un esprit plus simple refuse non moins absurdement d y pr ter foi En pr nant la circonspection le sage ne peut plus qu exacerber ce parti pris passbnnel A l vidence il est alors pass le temps de la th ologie S indignant des tergiversations dioc saines le marquis de Maudis sois propri taire des lieux a fond un Comit de souten limmacul e de M Enquatre semaines il recueille suffisamment de dons pourenvisager pr s du reposoir d j difi de jeter les bases d un fabuleux sanctuaire A en juger d apr s les esquisses de plan dessin es de sa main et qui figurent dans les archives de la famille son projet rel ve assur ment d un d fi et prouve sa vo 108 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES lont d lib r e d ignorer les prudentes
231. ha que utilisent ce registre partout sauf dans les mentions l gales de publication 32 DEFINIR LA CONTRAINTE Ainsi dans Cromwell de Victor Hugo les dialogues et didascalies propres aux pi ces de th tre ne figurent pas dans le prologue ni dans le titre etc etc C est galement le cas de certaines uvres uniques comme Karawane de Hugo Bail dont le texte proprement dit est certes crit dans une fausse langue incompr hensible mais dont le titre plein de sens voque les caravanes et leur exotisme exotisme entre autres linguistique Comme nous le verrons les prescriptions textuelles syst matiques diff cntes des nonnes correspondent dans leur plus grand nombre l ensemble des genres conventionnels et communs une poque donn e tant litt raires que non litt raires sauf quelques exceptions qui sont soit des groupes rares soit des uvres uniques Selon une certaine hypoth se les contraintes feraient partie de cet ensem ble de prescriptions diff rentes des normes Elles constitueraient justement ces quelques exceptions que nous venons de mentionner Il nous semble n cessaire d tudier toute une s rie de probl matiques pro pres aux prescriptions differentes des normes ce qui nous permettra de mieux analyser par la suite ce qui donnerait aux contraintes leur caract re exception nel 3 2 Encha nement des analyses suivantes Nous pr senterons en premier lieu quelques exemples non exha
232. hon tique de la lexicologie et de la morphologie qui r gissent les mots et les parties de mots ainsi que d autre part les codes de la syntaxe qui r gissent les rela tions entre mots et entre ensembles de mots Le domaine de l orthographe comporte les codes de transcription manus crite ou typographique propres l criture en g n ral et l criture d une lan gue donn e en particulier on s pare les mots les uns des autres on les crit en utilisant tels et tels signes on ponctue de telle mani re les articulations syntaxi ques ou certaines inflexions comme l interrogation et l exclamation etc Au niveau du mot et de la phrase mais aussi au niveau du discours les codes de la s mantique r gissent l mergence du sens au niveau lexicologique et au del Toute phrase donc en tant que phrase d pend d un contrat entre un des tinateur et un destinataire qui partagent un code sp cifique au langage en tant que tel D un autre point de vue un nonc c est dire une phrase dite par un destinateur concret et adress e un destinataire concret dans une situation spatio temporelle concr te ne d pend pas seulement de facteurs codiques mais de leur usage dans une situation Un nonc est ainsi produit et interpr t non seulement par un processus d encodage et de d codage mais galement par des processus inf rentiels qui s appuient sur une strat gie de l interpr te et qui e
233. horo texture isomorphique soit comme une caco proto choro holochoro texture lipomorphique Toutefois il pourrait bien en l occurrence y avoir un peu davantage En effet l erreur en cause semble surgir dans ces lignes non point de mani re quelconque mais bien dans un endroit qui vis vis d elle se trouve jouer un r le tout sp cial et davantage au centre de celui ci Un r le tout sp cial Oui car il suffit d tre attentif ce qui est dit pour lire que le mot selon avec lequel la r gle de base est oubli e advient pr cis ment l endroit m me o l crit d clare que par les offices d un soin assidu l on s assure d un oubli nul Au centre Oui car il suffit d tre attentif au d tail de l nonc pour lire que l occurrence d fectueuse se trouve occuper le juste milieu de la significa tive suite de sept mots un oubli nul selon un soin assidu qu organise une paire de groupes nominaux identiquement construits C est donc ici qu il semble permis de tirer une premi re le on 248 POLEMIQUES 2 Lecture complaisante En effet l avantage d une situation pareille c est qu elle offre une chance de rencontrer s agissant de lire quelque crit deux coles antagonistes celle qui d f re la complaisance celle qui pr f re la critique L cole qui d f re la complaisance se reconna t ce que pour elle en tel lieu avec son apparente erreu
234. ht 1992 14 Je me sers donc ici de l ordre de Roussel utilis dans l art de bien croquer idylle funambulesque voir supra 5 Cf Comment j ai crit certains de mes livres p 11 Et ce proc d il me semble qu il est de mon devoir de le r v ler car j ai l impression que des crivains de l avenir pourraient peut tre l exploiter avec fruit 16 Cf http www artchive com 210 ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES Francis Edeline Groupe p Li ge La spacialit contrainte de la po sie lettriste 1 Place du lettrisme parmi les autres avant gardes litt raires Le lettrisme est un mouvement d avant garde n vers 1947 en France On peut rep rer un lettrisme phon tique un lettrisme graph matique et un lettrisme plastique Historiquement les membres du groupe ont pratiquement tous volu vers cette derni re forme de sorte que malgr son nom le lettrisme en est venu concerner surtout les arts plastiques Il est parfois malais de cerner la diff rence entre po sies concr te spatialiste et lettriste Certains auteurs comme Ferdinand Kriwet ou Klaus Peter Dienst sont m me cit s dans les anthologies des deux groupes ce qui montre que la distinction est parfois impossible pour les groupes eux m mes moins qu il ne s agisse d un pur et simple annexionnisme Je vais cependant proposer une classification aussi simple que possible contenant d ailleurs sa pa
235. i re fois au deuxi me vers du sonnet le sujet de la c l bration posthume Passons tout aussi rapidement sur Le Tombeau de Charles Baude laire pour y relever non seulement que le texte recycle l imaginaire urbain et prostitutionnel des Paysages parisiens mais surtout que l initiale du nom de Baudelaire d clenche rebours dans la premi re strophe une forte allit ra TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES tion en be Le temple enseveli divulgue par la bouche S pulcrale d gout bavant boue et rubis Abominablement quelque idole Anubis Tout le museau flamb comme un aboi farouche Venons en au cas sans doute le plus puissant et qui est justement pro pos par le dernier po me publi du vivant de Mallarm Au seul souci de voyager L ensemble du sonnet est sous tendu par deux isotopies rabattables m taphoriquement l une sur l autre soit le double axe de la destination en tendue en m me temps comme but d un voyage en l occurrence d un p riple celui de Vasco vers les Indes et dans la fiction po tique au del des Indes et comme instance r ceptrice vis e par un processus de communication le po me qui est un salut et qui se d signe comme tel s adresse Vasco par del les temps sous l esp ce d un messager du temps tandis que l oiseau s adresse lui porteur d une annonce nouvelle dont la teneur est d indiquer et d inti mer au voyageu
236. i re strophe m taphorise joliment la persuasion litt raire r ussie par les textes contraints Bien qu ils soient d un abord assez effrayant ils se r v lent rapidement inoffensife et m me cordialement amicaux Notes Je d veloppe cette r flexion dans mon livre Rh toriques de la contrainte Georges Per ec l Oulipo Saint Pierre du Mont ditions InterUniver sitaires 1999 cet article lui emprunte de nombreux l ments F Le Lionnais La Lipo le premier manifeste dans La Litt rature potentielle Gallimard 1973 p 20 18 DEFINIR LA CONTRAINTE J Jouet Raymond Queneau qui tes vous Lyon La Manufacture 1988 pp 61 62 J Roubaud L Auteur oulipien dans M Cont t diteur L Auteur et le Manuscrit P U F 1991 p 82 Sur la fondation de l Oulipo comme recherche d un recoupement ou d une intersection entre math matiques et litt rature voir F Le Lionnais Raymond Queneau et l amalgame des math matiques et de la litt rature am Atlas de litt rature potentielle Gallimard 1988 C Berge La Princesse Azt que ou Contraintes pour un sonnet lon gueur variable La Biblioth que oulipienne Seghers 1990 tome II p 77 7 B Magn De l cart la trace Avatars de la contrainte tudes litt raires vol 23 n 12 universit Laval Qu bec t automne 1990 p 19 Entretien avec Jean Marie Le Sidaner L Arc n 76 19
237. iavetta et enfin un aper u utilissime fait par St phane Susana des princi paux sites concern s par la th orie et la pratique des critures surtout lectroni ques contraintes Mariant heureusement les cultures anglosaxonnes et euro p ennes je rappelle avec plaisir que ebr est un site o se publient parfois des in dits en fran ais m me dans le domaine de la fiction la revue se distingue surtout par son caract re non orthodoxe En l occurrence cela permet de nuan cer plus qu un peu les deux id es fixes que d un c t la contrainte est avant tout une pratique qui ne se th orise pas et que de l autre son domaine se limite aux seuls exercices oulipiens il est vrai de mieux en mieux traduits et implant s aux Etats Unis avec toutes les implications th oriques d pareill pr sence En m me temps la richesse du num ro qui multiplie heureusement les comptes rendus souvent tr s fouill s les review articles l am ricaine dont en France seule la revue Critique semble avoir conserv l excellente habitude montre aussi que le domaine de la contrainte n est pas un lot perdu au milieu d un oc an de textes non contraints mais que de multiples passerelles existent entre les critures contrainte au sens plut t strict du terme et un grand nombre de 265 HORS DOSSIER cr ations contemporaines et de publications sur la modernit litt raire souvent totalement et totalement
238. ible Toujours est il qu une question pos e par Claude Royet Joumoud lors d un entretien la radio me laissa sans voix Il m interrogeait sur le caract re autobiographique du po me et je ne pus lui r pondre que deux mois plus tard La premi re dition de Ce que je vous dis trois fois est vrai Ryoan Ji est puis e Les lecteurs pourront trouver une version corrig e de la dixhuitine dans L h lice d crire On lira ici le texte de la quatorzine publi e dans nimaginaire IV et la lettre Claude Royer Joumoud KITSCH pour France la petite boulang re de la Place Clichy On croirait une serre Le sable jaune l bas chante Avec ses chiens ses lamas Les petites quittent La plage griff es parce qu ilfaut qu elles se couchent Dans la cr me fra che o le sucre fait des taches Rousses O dormir de bonne heure et sous la courte pointe se couler jusqu au fond du drap pour touch Er les d s et les ciseaux de la nuit cout uri re Dors Donne tes habits d or C est tr s chic De la part du petit jour les parachutes 142 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Blancs les jardins carr s comme des jeux d checs Elles grands peignes clairs en haut des pins Raconte Encore un peu le lit chac choc la mer crach Euse de lamas le sable qui met sa toque Ses fourchettes ses fouets sulfuris s Chac choc La p tisserie des vieilles villas ne choque Plus On aime les nids de c ramique o chantent Des fauvett
239. icle permet au lecteur de se rafra chir la m moire sur les quatre contraintes principales utilis es dans La Vie mode d emploi Un autre explique ce qu est vraiment ce fichu algorithme de Mathews andso on Des choix de textes abondants des traductions de textes fran ais connus par exemple un fragment de The Exeter text la translation par Ian Monk de Les Revenentes et surtout des textes anglais inconnus pour le lecteur fran ais sont pr sent s sous des formes typographiques tr s vari es et tr s heureuses Le lecteur fran ais pourra ainsi d couvrir l existence de contraintes nou velles pour lui comme le bananagram de Harry Mathews et Ian Monk le left handed lipogram de Dallas Wiebe etc Les quivalents anglais des noms de contraintes contraints restrictions restrictive forms ont leur charme beautiful in law pour beau pr sent beautiful outlaw pour belle absente larding pour le tireur la ligne precooked language pour le langage cuit de Robert 262 TUDES D OEUVRES CONTEMPORAINES Desnos etc Ils sont parfois amusants comme braisedrime pour la rime ber richonne sic cause du chou brais V ou surprenants comme Chinese whisperspow t l phone arabe Enfin certaines contraintes ne marchent pas en anglais et n ont donc pas de r f rent comme il est signal l article Heterosexual rhyme This attractive device is obviously not available to writers in english
240. icult correspond la signification de g ne ou d obstacle qui connote le terme dans le langage courant La difficult ou la raret de la r gle ne sont pas des faits immuables elles varient selon les poques les habitudes et les individus Pour une personne cultiv e il est facile d crire un texte correct dans sa propre langue mais il lui est difficile ou impossible d crire m me une simple phrase dans des langues trang res Pour l illettr tout texte est difficile crire et lire Certains m tromanes pouvaient parler en alexandrins tout propos Perec tait capable nous dit on de parler lipogrammatiquement sans utiliser les mots com portant la lettre e etc Par ailleurs certains exemples majeurs de textes contraintes comme les anagrammes syst matiques ou les textes combinatoires ne peuvent pas tre con sid r s comme des proc d s tr s difficiles En fait le degr de facilit ou de difficult d un proc d ne peut tre que subjectif Par ailleurs ce crit re ne correspond pas au texte contraintes proprement dit mais au proc d d criture n cessaire pour le faire 52 DEFINIR LA CONTRAINTE 4 11 Objectivabilit et facilit des transcriptions propos des Quatrains de Mouchette Cas n 8 textes qui n ont pas t unanimement reconnus comme des textes contraintes le probl me se pose au niveau de la facilit du proc d g n
241. ier le plus r cent livre de Falempin s intitule d ailleurs tr s explicitement Fiction lente Aussi on le mesure serait il probablement r ducteur de ne voir dans l activit scripturale de Falempin que la mise en uvre de tel illustrissime pr cepte de Mallarm Nommer un objet c est supprimer les trois quarts de la jouissance du po me qui est faite du bonheur de deviner peu peu Le sugg rer voil le but A moins qu il ne faille pr cis ment dis cerner dans le choix de la suggestion plut t que de la directe d signation la perspective d une parole moins autoritaire d sireuse d entraver un peu l impo sition trop rapide du sens L int r t de pareille criture qui s emploie syst matiquement diff rer l piphaniedu sens et l escamotage correspondant dumat riau litt ral est qu elle permet deux r gimes de lecture La lecture d chiffrante celle qui souhaite mal gr les difficult s de la t che d gager l ordre structural sous l ordre lin aire et obtiendra cela m me de rare et pr cieux que les pages qui pr c dent ont tent de cerner en r sum l ind cidable bataille herm neutique la fantaisie tiologique inachev e autour d un ph nom ne nigmatique qui se trouve tre la r alisation d une paradoxale consigne d criture La lectureflottante celle qui 245 ESSAIS refusant de s abstraire de la ligne d criture se risque ne pas tenter d ar
242. igne ma foi 1 id e tant de scander autrement le vers habitu el Ce qui donnait une sorte de vers project if En particulier dans les ann es soixante soixante dix a ne nous rajeunit pas j cris cela le 10 juin 1990 soit vingt ans apr s l ann e 19 70 je me souviens qu un M Roche ou une Mme Roche en tous cas un quidam qui s appelait M ou D Roche couchait sur le papier des lignes de 10 cm Des traverses entre les rails comme la S N C F Les lectrices trouvaient cela tellement cas se cou La po sie est inadmissible crivait il que sais je encore Il est d ailleurs dans les Po tes d aujo urd hui Moi j ai toujours trouv tout a un peu ringa nl NDLR Transgressions syst matiques des c sures en fin de ligne videmment 200 ETUDES SUR DES M CANISMES OU DES OEUVRES POL MIQUES CRITIQUES ESSAIS SjefHouppermans Les mots et les couleurs Ombre douce tre qui h les Sombres tes couleurs p le m le J B Dans son conte Le Tableau La Fontaine s crie Les mots et les couleurs ne sont choses pareilles Ni les yeux ne sont les oreilles Toutefois l auteur se dit qu il pourra certainement aboutir aux m mes ef fets par des voies sp cifiques Et surtout d s les premi res lignes La Fontaine lie troitement les m ditations esth tiques et les strat gies du d sir Les oreilles des dames seraient plus chastes que les yeux fripons ce q
243. ils alors des bourses bouriff es et disjointes par un geste d amour qui tait plus une trituration qu une caresse M me si l imagination visuelle en effet peut se laisser tenter par un morceau de chair superficielle avant qu il ne se renfonce dans les t n bres la bosse ment de toute fa on sur la qualit du plaisir Du reste elle n en procure aucun Elle ne s apaise comme la soif f brile et les d sirs intol rables qu avec de la glace Un craquement d allumette Plaquer le dos de sa main sur sa bouche et se mordre cela ne fait pour P enfant pas plus de bruit qu un craquement d allumette sa chair claque bri ve ment sous ses dents il ne sait pas ce qui c de en elle des fibres sans doute cela chuinte d ailleurs comme du raphia ou du sisal Sa m choire touffe le bruit puis il sent la fois sa propre chair surtout sal e et puis ses l vres qui commen cent se gercer tir es qu elles sont sur leur proie Ses dents sont la fois h sitantes et avides Ce qu il per oit ensuite quand il serre longtemps et de plus en plus fort outre la naus e et la douleur au bout de chacune de ses dents c est l paisseur cotonneuse du silence de sa chair Tout ce qu il faudrait carter et traverser pour parvenir tout au fond de moi pense l enfant Puis il carte les m choires il se rel che il se laisse aller il s abandonne il a piti de lui m me il n est que menu fretin gibier
244. imini des exp riences et qu il les consi gnait chaque soir avec une pr cision maniaque sur du papier fils contrari s grain fin dont on avait trouv quelques feuilles ratur es parpill es sous sa fen tre On pouvait y lire Il collectionnait les collectionneurs Chaque matin apr s un lourd som meil il compl tait son fichier d adresses en lisant les journaux les revues les petites annonces Il les recopiait sur de grands registres quadrill s reli s de toile noire dont il num rotait les pages l encre violette il crivait ensuite chacun pour obtenir le d tail des pi ces poss d es En contre partie il offrait un extrait de son catalogue et plus tard si un abonnement tait souscrit l tat des collections en cours Il avait comme clients des collectionneurs particuliers de curiosit s de porcelaines de livres d art de timbres de buvards de bo tes d allumettes de mod les r duits d enfants de couvertures indiennes de tableaux d tiquettes de puzzles de recettes de cuisine de pieds de biche de cuisses de grenouilles de chats de parfums de portraits de squelettes de doigts de peaux de poubel les de cheveux ou d algorithmes 167 CREATIONS Un jour il re ut une demande qu il ne put satisfaire une femme voulait conna tre tous les personnages de fiction qui collectionnaient Il se mit au tra vail d abord par devoir bient t avec passion Il intitul
245. immeige en sa feuill e f t il une mys tification il y croira d s lors qu on y croit Messager de Dieu note fr re aura su iluminer de v rit les t n bres de lignorance Gr ces lui soient rendues davoli apais nos pauvres esprits soumis grande agitation par les propos d une innocente et donn la le on qui voudrait engager notre Eglise sur le crue chemin de la d sillusion etc Point de trace ni signe de doute on le voit S il importe l v que de rendre au dioc se raison et dignit et si la th se du p re favorisait coup s r cette intention il serait injuste d ignorer qu au del de son franc parler le franciscain maillait son rapport d insignes d tails au r alisme on ne peut plus troublant et qui auraient rali ses ing niosit s les plus folles 116 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES une masse de lecteurs a priori moins favorables que Mgr Arvin Comment peut on lire par exemple sans croire en leu r v racit telles pages voquant le champ charp d ombre et de solell Sans doute imaginez vous leur axe tr la r gle ou au cordeau l a loe note solel mais pour aligner l estime sur le gaufage de l enclos les quatre croix de sa malice on le reverra Pour s r sa ligne va l essentiel gondole ici s carte l si l humeur du terrain en vient l exiger Et ele s tire en diluer sa couleurau milieu de lherbier Ainsi se perd limage du saint parm les feuillages la
246. inatoire et le temps de la vie humaine produit un texte non seulement multiple mais immaf trisable dans sa totalit Queneau a bien pu travailler sur dix sonnets de base le texte des Cent mille milliards de po mes jamais crit par personne est lui propre ment illisible 3 Contrainte et lisibilit Sa lisibilit n est jamais d embl e garantie au texte contraint rh torique dans un contexte scolastique il doit n cessairement se rendre recevable ses lecteurs et cette lisibilit toujours conqu rir le voue un certain type d ambi valence Il faudrait d abord de ce point de vue r pondre une question jusqu ici laiss e en suspens celle du rapport entre la contrainte telle que je l ai d finie et la r gle classique Du point de vue esth tique l id e de r gle est des plus banales M me si certains consid rent que poeta nascitur l id e d artpo tique n en est pas moins fort largement r pandue La question est alors tr s simple y a t il ou non une diff rence de statut entre par exemple les r gles qui gouvernent la construction du sonnet et les contraintes lipogrammatique ou palindromique Pour Roussel pour les Oulipiens la r ponse est claire de m me que le proc d roussellien est parent de la rime l invention de formes nouvel les l Oulipo synth tique est plac e exactement sur le m me plan que l invention des r gl s du sonnet des trois unit
247. ins de parler plut t d un ag o div comme le fera l insidieux Varnet dans son feuilleton R alit ou canular ce hasard fera grand bruit Tant dans les rangs immaculistes que dans les lignes des r fractaires le coeur assoupi se r veille On parle d une autre intervention mariale dans la for t de V et le d u d hier se prend esp rercommeau premier jour en croire la rumeur qui circule une aveugle aurait recouvr la vue pr s de la c p e de Marguerite Puis d un aveugle on passe vingt La rumeurest charitable qui l entend En fait c est une journali re habitant un cart quatre lieues de la 117 CREATIONS bourgade une certaine Lucette Marel qui aurait profit de cette gr ce divi ne Sans tre aveugle Lucette souffrait de la ga dyeux comme on d signait un leucome Avant le miracle elle percevait avec difficult les contours et sa rapide gu rison loin des h pitaux surprendra certes les m decins Son nom aussit t associ au nom de Marguerite et la r cente visite de Marie prend pour notre Crois en d route valeur d tendard Le 15 mai La Vox du Maine livre une chronique du marquis en forme de pamphlet s ont refus douvrr leurs yeux accordant aux feuilles leur d vo ton paienne Lucette la pauvre infime les a ouverts pour eux lls ont voulu vincer Dieu de son sanctuaire nature et y placer des idoles de vent et de bois Lucette qui ne distnguait plus les arbres ni la nue
248. intes Cette ini tiative prolonge toute une s rie d efforts de r flexion et d animation qui accom pagnent la publication de la revue proprement dite A ce sujet nous souhaiterions rappeler e Le num ro sp cial n 10 1999 2000 que nous avons dirig pour Electronic Book Review http www altx com ebr e Le colloque L criture contraintes Th orie pratique didactique les 25 26 et 27 mai 2000 l Universit de Grenoble dirig par Claudette Oriol Boyer de la revue TEM e Le colloque Les litt ratures contraintes dirig par Jan Baetens qui aura lieu Cerisy en ao t 2001 DOSSIERS THEORIQUES partie Qu est ce que les litt ratures contraintes 2 partie propos de la contrainte DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE Christelle Reggiani Contrainte et litt rarit La question des contraintes d criture de leur d finition de leur perti nence impose de partir d une vidence sinon d un truisme tout discours implique n cessairement un certain nombre de contraintes Qu il s agisse de celles du vocabulaire et de la grammaire ou de celles sociales mises au jour par Foucault dans L Ordre du discours il est clair cependant que ces contraintes discursives ne sont pas du m me ordre que les contraintes d criture qui interviennent dans la production de certains textes litt raires Une contrainte d criture en effet se caract rise p
249. inuent souvent aborder la question dans ce ca dre et par l m me s chinent vouloir r soudre un probl me qui est inexistant Par ailleurs l importance du mod le de la connaissance sensible fait que lors que l esth tique s int resse aux arts et ceci vaut pour la variante empiriste tout autant que pour la variante rationaliste elle a tendance privil gier le para digme visuel Du m me coup elle ne rend pas justice par exemple l art verbal sauf le ramener m taphoriquement un art visuel en postulant par exemple que le fonctionnement esth tique du langage est celui de l image po tique Un autre d faut r current de l esth tique philosophique est sa r ticence reconna tre pleinement la fonction discriminatoire de la relation de d plaisir dans la relation esth tique Cet antih donisme h ritage conjoint du platonisme et de la th ologie chr tienne a abouti toute une s rie de tentatives pour chap pa la reconnaissance du principe de plaisir comme finalit de la conduite esth tique On a ainsi cru pouvoir s en passer soit par le biais du normativisme Hume soit en postulant que le plaisir devait tre une cons quence du senti ment d universalit de l valuation esth tique Kant soit plus r cemment en n y voyant qu un effet adventice de la relation esth tique Goodman Le contexte fondationnaliste combin au puritanisme antih doniste ex plique aussi pourquoi la suite de la Cri
250. ique des avis sur un seul Mallarm M moire de la critique Presses de l Uni versit de Paris Sorbonne 1998 Engin de captation la critique notamment la contemporaine contient toujours un po me On trouvera ici chaque fois ou presque le po me qui r pond la critique et qui ne s int resse qu la personne dense de la po sie au meilleur ou au pire de la recension Chaque po me est le notaire sp cifique d une affaire d h ritage Mais il est une r ponse ind pen dante la consultation des recensions n est donc pas obligatoire Les recenseurs r pondaient Mallarm Je fais de m me en r pliquant leurs multiples r pon ses po me pour po me La circonstance commande toujours Un po me dit ce qu il dit par d pendance au d j dit Je suis l ordre de la compilation 161 CREATIONS 162 27 1884 Verlaine L extravagance un peu voulue Pourquoi un peu Quel vieux dit un peu rivalit entre le nouveau promoteur de la lune et de l Impair et faiseur d une profitable mal diction publique et le chanteur de la com te mythique ou l gende toil e de l Ami la Fente o passe l hommage bienvenu part le bon sortil ge avec le quoi qu il fasse Amen la que Mais d abord le fonctionnaire est un d licat difficile La reconstitution d un combat factice l Imp pas si bi li t versus le D braill L injustice du Sup rieur Sa Suffisance de l
251. ir est Vain Le Vermisseau Et pourquoi s il vous pla t pr jugez vous de ce qui n est point encore Le Ciron Mon fils convenez en Dieu a fait l homme son image non les vers Dix Septi me Dialogue Le Vermisseau Prenons un autre chemin Il y a la foi que j ai grande et les uvres Lesquelles votre sens plaisent le plus Dieu Le Ciron Vous avez lu Saint Paul Le Vermisseau J ai d vor les Epitres page apr s page Le Ciron Concupiscent vain et glouton Est ce l toute la trinit de vos pareils 174 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Dix Huiti me Dialogue Le Vermisseau Vous ne m avez point entendu qui prenez d vorer au sens propre Je signifiais que j ai lu avec z le les Ecritures Le Ciron Vous connaissez donc ayant lu cet Ap tre le danger princi pal de la lecture la lettre tue mais l esprit vivifie Le Vermisseau Dites moi donc comment lire sans risquer la mort de mon me Le Ciron Il faut lire peu beaucoup penser qui vaut crire sans acces soires Dix Neuvi me Dialogue Le Vermisseau J avoue mon peu de go t pour la m ditation Le Ciron Il en est de si st riles qu elles tra nent la m lancolie Voyez l contre ce bousier qui ne laisse tout le jour de charrier son immondice et demandez vous si dans le plan c leste Dieu qui est bont a form les bousiers pour leur damnation Le Vermisseau Je puis donc moi aus
252. it Cio Cio love dirait il Oie vit crado rot d a oli vice ire colt diva Io Lidotoc ivre a Cool vie dirait il ired Octavio Ciao devoir Til t radio live coi Loti Ciao Verdi virile Tod ciao Voce air dit loi co t aride V O Isidore Isou I rode sous II I dois user 0 II rosse duo I Dire suis oo II oo r sidus HI essor du 0 I Or sois Dieu I ou dire S O S IHI Ose Sourd I Sois iodure I sosie dru HI ou drosse CONTRAINTES DE LETTRES rit a Video Loi licite viaordo ordo Il te va ici d avoir cit loi voici la droite doctorale I IL V VI docile ratio VII tocarde loi VII tirade cool VII oracle dito Il adore toc VII VII docte oral clavier idiot dico voil tri dilatoire vioc d oeil voici art Olivier Cadiot coloriait vide Olivier Cadiot livrait code 1 0 Rimer exact ler mars 2000 I desiris ou I Isis Odeur IT des rois ou IT ou dossier HI des ours HI ou des ors I d sirs Oui I sois rude I Soie du soir IT rod o issu III sourd Porc IHI du rose os I Soeur Sidi II soirs oued II 4 Sud rose I Dos iris ou I os du soir R tr ci Max 6 d cembre 1998 II Dos rou s 183 CREATIONS 184 Didier Nordon roman sans ascenseur un nonce roux un cou rose saumon une verrue avec une crevasse sur son morveux nase camus
253. ite afin d viter tout malentendu que le projet infini du Livre lanc par Bemardo Schiavetta nous para t tout fait tranger la m canique comico combinatoire s vissant dans plusieurs travaux de ce site 6 Le dispositif osiriaque in Nouveaux probl mes du roman Paris Seuil 1978 II est bien s r de permis de penser galement Tacite ou d autres crivains On aura reconnu dans ces quatre termes les quatre op rations cardinales de la rh torique du Groupe p Voir d j notre notice V rit s du d tour dans le premier num ro de Formu 7 8 les 10 Voir notre article Mot travail adjectif bon notes sur le style de Temps ma chine in Esperienze letterarie vol 21 n 1 pp 27 36 et l analyse de Domini que Viart Imposer son abyme l criture de Fran ois Bon in Giallu n 1 1993 85 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE Benjamin Desgraves La contrainte prose Sur quelques phrases d Ernst Junger R ponse Jeanne Vandepol La conviction de Jeanne Vandepol qui est une conviction forte pourrait se r sumer ainsi que vers il y a sit t que s accentue la diction rythme d s que style Formul e ainsi sous telle terrible tutelle la th se n admet plus la moin dre r plique la prose celle de Colin mais il est s r qu elle sert ici de pr texte seulement non d exemple absolu est incontestablement l instar de la po sie une mani re d
254. je nomme un texte lu et qui ne cons titue pas un signe Toutes les images mentales r alis es par ce programme sont ind pendantes mais coh rentes entre elles de sorte que l infini litt raire n est pas heureusement un infini de lecture et qu il ne nuit pas cette lecture Son int r t r side d une part dans la m tacommunication du lecteur l uvre que cette contrainte a boulevers e et la r flexion sur la position de l auteur qu elle a suscit e et d autre part dans son rapport avec les structures de base en litt ra ture informatique programm e dont on peut consid rer qu elles correspondent des contraintes qui sont pour le lecteur de nature p textuelle et pour l auteur de nature L textuelle Conclusion et ouverture Certes ces d finitions ne forment qu une approche pr liminaire Elle a permis toutefois de survoler un certain nombre de probl matiques importantes L tape suivante consiste prendre en compte le mixage possible entre p texte et L texte labilit certainement incompatible avec la conception du signe Cette prise ne compte n cessite de d velopper le mod le psychologique et d ouvrir la question du sens en analysant notamment la relation qu tablit le lecteur entre ses actions et la cognition dans la gen se du sens Ce n est qu cette tape que pourra tre abord e la question actuelle mais peine bauch e ici propos de Queneau pourquoi dans certaines uvr
255. je pr f re les gerces a c est entendu L enfant se parle devant le miroir Les teignes qui viennent ronger le pa pier et les pierres sont venues se poser sur mes l vres Il regarde ses l vres comment les crevasses longues qui les ornent sont blanches au bord et roses puis franchement rouges et sanguinolentes mesure que son attention gagne le fond de la plaie Puisqu il y a du sang cela s appelle une plaie On lui a dit que 130 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES c est la faute du froid qui a creus en lui mais l enfant se demande si ce n est pas plut t le frottement des mots sur ses l vres qui les a fendues et nervur es ainsi Ces blessures ont t caus es il le sait bien par la percussion des gros mots par la friction des syllabes sales Il se souvient que les mots sont des corps lisses ou rugueux c est selon que certains d entre eux sont obscurs et d autres lumineux il se promet alors de ne plus parler sauf pour dire les mots qui ont un halo radieux il commence il dit Dieu en regardant ses l vres craquel es et il lui semble imm diatement voir une fente vive dans un diamant Papier de tournesol Un seul bleu donne l enfant l ubiquit et l omnipr sence de la lumi re elle m me Ne pas en d duire pour autant que les coups lui sont plus n cessai res que le soleil mais admettre plut t qu il y a un spectre dans chaque enfant Il est clair d s lors qu un bleu est un coup crit que
256. ksita Gu tz bl m M kigu tz gu tz Gu tz br m sita br m gu tz 218 ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES ksita ksita Br m br m M kibr m br m Bl m bl m sita bl m bl m ksita ksita Un autre groupe de po mes s impose certaines restrictions dans le for geage des mots c est ce que nous appellerons l exotisme phon tique synth ti que par lequel on voque des groupes de sonorit s appartenant des langues trang res Dans certains cas on reconna t sans peine des morph mes des d si nences mai off kaya des mots entiers ouk Il s agit vrai dire d une caricature de langue mais elle est souvent laite avec une grande sensibilit audi tive et elle montre tout le moins quelles sont les marques d extran it retenues par les lecteurs fran ais tout de m me orient s par les titres Nous en donnerons de brefs chantillons Jardin marocain Tsil gdil brune tessaillid lid lik brunelid brune tsaillid ikt lik didilik brunelid adelur dilik mad lik tsil guedil tselik gdil madelik uld lure tsaillidile Jacqueline Tarkieltaub Petit po me pour Apollon Lambano l psomai labone l leika ALLIPONAROSOR ALLIPONAROSOR Limbano ouft mai ouk peidida ALLOPINAROS ROSS Sylvie Fauconnier et enfin la forgerie d un langage parfaitement imaginaire le Chant mystique assyrien de G rard Philippe Broutin pour ne pas remonter Rabelais
257. l criture cursive Ces textes LE DATE 7 j es sont lisibles avec un peu d at EHI 1x He TA tention et on reconna tra du k PIET H Mr fian ais dans la lettre Ecriture HA de Serpan Un autre artiste qui FH ne lait pas partie du groupe let triste a abondamment utilis pnd cette technique c est Christian r Dotremont dans ses a logogrammes De Dienst qu N Serpan puis Dotremont ce pendant le caract re discret et particulaire se perd Dans toute cette cat go Kat rie les textes se d chiffrait dif ficilement cause du N7 9 brouillage mais le sens d gag F4 5 x est satisfaisant Il n en ira plus ainsi pour les cat gories suivan tes qui au contraire se d chif F4 frait facilement mais sont frus A trantes pour le sens Serpan Escritura P 4 1 2 Maintien des lettres mais d formation des mots Lexique d form Maurice Lema tre a plusieurs fois eu recours ce proc d notamment dans l amusante Ballade des Mordus dont le titre nous met sur la voie de la c l bre Epitaphe Villon Les quatre premiers vers suffiront montrer la techni que frar zal k apri nor v nayakoler koramin at rsi kars p ti dani povra z v tieu soraya lil koramesi 217 ESSAIS Ces vers voquent irr sistiblement Freres humains qui apr s nous vivez N avez les cuers contre nous endurcis Car se piti de nous povres avez Dieu en aura plus tost
258. l seuls les hum rus et les semelles rec lent quelques restes de br lure Une senteur de cendres br l es fut r v l e d s le percement du genre du tumulus Vu que le squelette n est nullement en cendres les v tements sem blent m me surgel s les experts enqu tent express ment sur cette femme en semelles de fer cendreuses Un m me fumeux squelette de femme est enterr en un tumulus 2 pr s du tell 1 M mes semelles de fer m me senteur de br l Est ce un culte de feu emprunt chez les Helv tes Revenu de chez les Turcs Est ce une tuve s che Que de secret rec le cette re de Fer Les chercheurs pluchent leurs tu des supputent effectuent des mesures Peut tre est ce du bluff Une erreur Le sketch ubuesque de quelque chercheur ulc r devenu metteur en sc ne Nul ne peut en cette heure d busquer cette sc ne percer le secret de ces deux 155 CREATIONS femmes fluettes d c d es et enterr es en leurs semelles de fer fum es Quelques experts v n tes venus express ment creuser se sujet pr sument que quelqu un s est durement veng sur ces deux femmes Un e frustr e Peut tre m me celle repr sent e en d esse d nud e sur les fresques du tem ple Ces experts se leurrent peut tre sur cette belle V nus dress e sur une seule semelle de perle telle une vengeresse Le plus superbe et les chercheurs s en berluent c est que le temple et le tumulus du centre l
259. l heure une r flexion pr liminaire purement interne au signe textuel La contrainte comme manipulation textuelle Il a t propos ci dessus de d finir la contrainte comme une manipula tion textuelle Il convient alors de distinguer les manipulations p textuelles des manipulations L textuelles m me si fonction s miotique oblige toute manipu lation sur un plan du signe modifie galement l autre plan La distinction va s op rer sur la commande et le contr le la contrainte est une manipulation contr l e r gl e finalis e visant transforma le signe textuel sur lequel elle s applique Une contrainte est donc toujours vis e intertextuelle Elle se dis tingue en cela des utilisations qui sont des manipulations non finalis es ou non r gl es et des manipulations al atoires qui sont non contr l es P texte et L texte tant de natures diff rentes leur contr le ne passe pas par les m mes m thodes Le p texte est sujet manipulations ph nom nales Il poss de en effet un caract re que l on pourrait qualifia de plus conaet que le L texte il est rep rable et transmissible Il ne faudrait toutefois pas le confondre avec le texte voir qui en est le v ritable support concret C est ainsi qu on ne peut extraire un p texte d un texte voir qu en utilisant un v ritable programme de recon naissance de formes ce qui revient d j utilisa des proc dures s miosiques au niveau de la
260. l on peut dater Toute violence a son quivalent color Toutefois le bleu n est pas le r sultat d une lutte acharn e Il est au contraire un coup en vache une vengeance de tra tre qui se serait adoss tranquillement et confortablement pour attendre sa victime et la frapper L instrument du bleu n est ni per ant ni coupant il ne tranche pas ne perfore pas On l appelle contondant c est assez dire qu il se contente de meur trir Le bleu est l apprentissage de la douleur int rieure il ne jaillit pas comme du sang ne trempe que le caract re Le bleu est un drame inexprimable Et con tre lui il n y a rien faire La patience seulement Le temps comme dans les grandes souffrances myopes et informul es du c ur et du deuil Sa le on tient dans ces lignes Dedans la vie te couvrira de taches identi ques celles que tu portes aujourd hui sur les tibias et sur les cuisses Mais ce seront des taches silencieuses saintes et que tu cacheras Plus tu seras dure ment touch plus tu saigneras du dedans Chaque rencontre avec les extr mit s du monde te laisse aujourd hui sous la peau des images juxtapos es qui forment une suite ininterrompue de couleurs C est ainsi que ton sang chapp se r sorbe Comme un maquillage qui transpire un parfum vieux il vire Toutes les douleurs m me les plus temelles finissent sous l effet de l air de la lumi re ou du vieillissement comme le papier de tour
261. la 11 et la 12 la 18 et l envoi Le temps passe et les portes s ouvrent Au XVIITM si cle en Angle terre il n y a plus co ncidence entre la fronti re des strophes et les coupes du discours De m me pour le vers Dix huit fois dans le po me je dois retrouver la m me syllabe au bout de ma plume et du vers Et dix huit fois j prouve la tentation de d chirer les mots pour avoir mon compte de fa on souvent abusive ainsi jel is r pond gell eet j ai l e J prouve un plaisir cette taille La fureur de Bamaby Bames m a mis le couteau la main je mai pens ni Roche ni Rest t ce qui ne veut pas dire que leur fa on n a pas aid ma lib ra tion Que faire avec les lettres majuscules Faut il les r server pour l attaque des phrases Ou les utiliser aussi pour le d but de vers On pourrait les liminer compl tement Je n ai jamais song cette derni re solution mais j ai h sit entre les deux premi res L utilisation grammaticale de la majuscule facilite la lecture et la rend univoque Elle aide galement mettre en vidence des ph nom nes formels soulignant la co ncidence entre le d marrage du vers et celui du discours Ainsi 148 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES chez Daniel et Dante la majuscule appara t toujours en d but de vers presque toujours en d but de strophe 7 majuscules ouvrent chez Daniel et Dante les 7 strophes Dans l hypoth se de ce m me choix
262. la deuxi me moiti du 19 si cle et dans le travail des avant gardes du d but du 20 si cle Ainsi la couleur chez C zanne peut aboutir une Dingwerdung elle n est plus repr sentative ni expressive c est un regard venant du dehors qui dirige le pinceau lib rant ainsi le moi de sa subjectivit malheureuse p 269 Entre 1910 et 1920 ce sont surtout les pein tres du groupe Der Blaue Reiter qui tirent toutes les cons quences de la r volu tion entam e par C zanne et van Gogh Comme le pr cise Kandinsky l abs traction est la cons quence et non le moyen de la lib ration de la couleur pure Il est de toute premi re importance de pr ciser ici que c est la d naturalisation des couleurs la fabrication g n ralis e de couleurs chimi ques qui permet que cette tendance se parach ve ainsi l emploi des couleurs peut se s parer de tout r alisme repr sentatif tout en permettant d y revenir en pleine conscience de sa base artificielle pour se constituer en un syst me arbi traire Le tableau pourra devenir l espace de tensions entre les particularit s mat rielles l ordre des signes et l imaginaire d sirant L exposition de 1999 au Mus e de l Art Moderne Paris consacr e l oeuvre de Robert Delaunay a clairement montr d ailleurs que le peintre de La Ville de Paris a t un des principaux interm diaires entre les diff rents groupes La peinture est propre ment un langage lumin
263. lau s y Rolf Dien en E RIAUAT 225 ESSAIS 226 Michel Voiturier Nuit de ma nuit par Gaston Comp re Bruxelles Les Eperonniers 1999 Mais le plaisir mais le plaisir d crire l affreux le seul le seul le pire p 52 Sans doute parce qu il s agit de po sie ce livre est d guster en prenant d abord attention aux proc d s qui nourrissent son criture Comp re prend plaisir contagieux se jouer du langage Il est musicien et sait composer au moyen des mots comme avec les notes Rythmes et sonorit s sont artifices d une langue qui se rend attentive sa mat rialit formelle dans le po me m L artifice d truit le sens que l usage donne aux mots Les allusions la musique rebaptis e rayonnante alg bre p 24 par courent d ailleurs le recueil pour affirmer le propos certains titres tant claire ment vidents Pr lude en mi Interlude en sol Postlude en si Les vers vont piano rubato p 37 ils se coulent dans le thr ne ou se posent sur les toffes des solf ges p 75 ils s inscrivent dans un panorama bleut o les mots couardemment homonymes S ext nuent r p ter la rockailleuserie du t nor illustrissime p 79 L auteur souhaite que son op ra clate la banquise p 26 il crie en fa p 95 Il sourit en alexandrin On me dit mi fa sol je r ponds la si do p 54 A moins qu il n affirme Motus Je me joue un petit motet sur mon petit harmo nium p 89 et
264. le peu pr s qu on l a lue en ces pages Mais la pierre effrit e du bandeau est pour l heure la proie des ronces et nul n entend rem dier l effacement progressif de l pop e FE PC pl Ga o 3 gt 4 ire y e Y Ac a SE p O N Y 7 Sir FU 242 ZEN Gagnant peu peu jusqu au choeur ogival FA c 4 le m pris concert de l homme et de la nature a T NE arrach parendroits les moellons fray les ar et 4 L Xi mes parlantes d chauss les claveaux car EG rt A LIA t l la voussure Tout se passe comme si gt AM dieg ei narguant celui qui en avait fait l esquisse FT Er a Ve autrefois de sa main tremblante l ar 74 aN N tificieuse fabrique s employait se ZM A p y M r duire au r ve jet sur une coup ure d agenda Oubli e de tous nul n y pense plus prier contre les troubles de son regard ennotre pays de CR ATIONS Le Ch ne des Ev ts FER Il pren errer JS fr pre pe Secret Men RU wauze irtiqrlite Le deraice Mor soir die qui l ratend Ave Haria 807 gt Fe i EEA te La dernibrg proceasiomn Caricature parue lors de la mort du marquis de Maudissois Dre Aint AE LE GEE RS TRE Le Ai ae sail AA dc hu d diat s hrda 5 AE A Aare ro a lfid Assis LrAtiiR Rd a beter pe Fragment de la lettre de Sylvestre Ruet o Elga d c le comme un M cantill pour peu que l oeil attentif entreprenne d uni
265. le sujet humain p 342 Ce r glage s est perdu et c est la t che de l crivain d effacer la bu e des mots d introjecter la r alit Dans Mon ann e dans la baie de Personne son dernier roman 1997 les couleurs guident le promeneur solitaire comme des signes magiques qui le remettent en harmonie avec le monde et avec lui m me Outback ou l arri re monde de Claude Ollier t moigne d une m me reconqu te Sans entrer en d tails notons que trois s ries de consid rations compl tent n ccessairement le panorama des couleurs et de leur historique d abord il y a ce genre de texte o la relation entre peinture et litt rature s exacerbe et s affole mais encore cherche se d finir et pr ciser cadres et limites c est l ekphrasis Ce type de description permet de mieux d gager travers la con frontation la sp cificit des diff rentes formes artistiques Le Rider arrive une conclusion qui me para t pertinente L ekphrasis n est possible que dans la mesure o la parole est travaill e par le silence comme la visibilit par l invisi ble p 80 propos de Celan La couleur est le sympt me des illusions et des r v lations de l ekphrasis le mot rouge ne signifie rien les images partir de rouge ponctuent telle sid ration telle saign e la place du rouge dans le r seau du texte le couple la diff rence faite par la palette Si cette question de l
266. leurs pas pour entrer dans les chic Anes de la terre ils r vent d tre chang s en court Illi res et creuser de longues galeries qui t Raverseraient gr s et granit jusqu o chantent Les for ts mortes noy es Descendre et d tach Er les fossiles de parois o l on coute Le vent sur les foug res de glace br ch es c Assantes comme le verre Ils voyagent sous la toque Mais qui parle Quel est ce personnage tout oc Cup d crire en vers des histoires couch Er dehors Quelle ignorance et quels checs Lui donnent cette audace insens e mais touch Ante Le monde est compliqu parce qu on n coute Pas la bonne porte dit il ce sont nos chutes Qui font nos d couvertes Bleus moisissures taches Sonores tous les mots descendent ti des comme crach in sur l eau troubl e de la mer Or qui chante Dans cette chambre d hotel d o l on entend les chocs Des pelles et les mouettes Voici les petites qui t Raversent la plage sans chapeau le livre des contes De Perrault pr s du lit blanc les jeux dans l herbe courte Cette ville existe On devine une station chic Aux vancances de P ques ses maisons d fraichies C Amouflages Pourquoi ces enfants sous la toque De la terre Votre question n a gliss qu une courte TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Pose dans le flot d lirant qui le secoue ch Assez au vent fait il chasser l cho des contes Cruels le cours d
267. lhan une jubilation d brid e lanc e dans l inventivit langagi re qui r clame compli cit travers divers jeux calembours peu pr s et n ologismes venant ac centuer un humour effront et capital comme chez Queneau Norge ou Michaux Les r f rences sont propos d auteurs nombreuses Soit qu elles soient explicit es Rilke Shakespaere Leiris Spinoza Nietzsche Ponson du Terrail ainsi que le Coran ou plus fr quemment l Ancien et le Nouveau Testament soit qu elles transparaissent par parodie allusion emprunt Val ry Larbaud Apol linaire Gracq Mallarm D s le d but de ce recueil l anaphore se m le aux allit rations les alexan drins ne sont pas m pris s ni la rime traditionnelle pas moins non plus que celle qui contraint la phrase d acrobatiques d coupages funambules du type La maison crisse dans la laque de la gel e jamaison grince sous Ja lapidation de la glace astrale la maison d o na t la larve et ja lavasse d ici et de J dont l atlas trace le d dale p 16 Ces scansions m lodiques se complexifient souvent et se donnent m me le luxe de jouer de la d nudation en prenant le travail litt raire pour sujet de la pratique mise en oeuvre cho Du o o qui o orique en do et bravo Pour le kiki qui quiquirocke en si Si Si Qui va redire si Echo p 46 Ici apparaissent au surplus ces m tath ses dont Comp re aime les ca
268. lisant Proust ou Fabrice Lucchini disant La Fon taine Ecrire un conte qui relie chromatiquement deux noms de couleurs d une phrase initiale sa partenaire caudale Exemple Le bleu bleu comme v tement du protagoniste tait macul de mille couleurs devra aboutir Le bleu message du prote agoniste gymnaste tait macul de mille couleurs Le th tre et l imprimerie pourraient se rejoindre suivant un bel arc en ciel et rien n emp che l acteur et le typographe de se rencontrer dans une salle de musculature s ils ne craignent ni bleus ni bosses ou encore autour d un billard traitant le proc d de leur queue l aide d un bleu la base duquel se colle souvent un blanc comme l on sait Cr er un site du Grand R seau o La G om trie des Sentiments de Pa trick Roegiers superbe exercice d ekphrasis feuillet kal idoscopique soit prise dans une Toile de fils entrecrois s qui lient le texte aux tableaux trait s va et vient par exemple des Amolfini de Van Eyck zoom sur les fleurs d oranger aux Clark de David Hockney zoom sur le bouquet de lys ainsi qu aux dictionnaires Pourrait on arriver des effets de corona comme lors d une clipse des rayons verts fulgurants Pinvite tout lecteur de Formules prolonger mettre en question d pas ser ces modestes propositions 209 ESSAIS Notes Pour un d veloppement de cette th matique voir
269. lit H ro d ylJade et plus largement toute une th matique solipsiste et narcissique figur e et m tafigur e comme telle par la sc ne du miroir de m me que ce nom alimente aussi d un autre c t qui bien videmment constitue la lace expressive de l autre tout un r seau rh torique localement manifest par le vers 116 de la Sc ne H rodiade au clair regard de diamant o les phon mes ou graph mes consti tutifs du signifiant comme par une op ration de diss mination prismatique th matis e par le diamant qui ferme le vers se redistribuent dans les diff rents l ments constitutifs de ce vers H r dans clair o dans au dia dans diamant et de dans la pr position de C der l initiative au mot cela signifie donc aussi pour Mallarm c der l initiative au nom c est dire agencer l crit de telle sorte que le texte paraisse proc der du nom par expansion d ploiement d veloppement non seulement de celui que ce nom d signe c est le cas s agissant de Whistler dont la revue Le Tourbillon avec sa manchette repr sentant une danseuse la Lo e 233 ESSAIS 234 F ller a command toute la sc nographie rotique du po me celle d une dan seuse tourbillonnant en tutu ainsi qu il en va galement des Tombeaux ou des Hommages mimant l esth tique ou citant l univers imaginaire de Poe Baudelaire Verlaine Wagner ou Puvis
270. lot contenant en abyme tout le texte salon le terme 236 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES inducteur du po me dont il est aussi le produit renoue s inscrire au terme du sonnet avec la fonction g n rale d engendrement r cursif dont le nom se trouve tendanciellement investi dans la po tique mallarm enne D o cette ultime hy poth se en forme d axiome mettre l preuve sur d autres textes mot ou nom le vocable n est po tique chez Mallarm qu contenir en lui toute la circularit du po me qui l encercle Notes Charg de cours l Universit de Li ge Auteur de deux essais r cents sur Mal larm Les Po sies de St phane Mallarm Paris Gallimard Folioth que 1998 et Crises Mallarm via Manet Leuven Peeters Vrin coll Accent 1998 Par cat gories et en ordre croissant quatre pr noms de personnes non identifia bles Anastase Pulch rie Z phirine Pam la six noms de lieux r els ou fictifs Idum e Etna Bruges Styx Inde Paphos huit noms de personnages mytholo giques ou fictionnels H b Hamlet H rodiade Satan V nus des Esseintes Anubis Aurore dix noms de personnes identifi es Gautier Madame et Made moiselle Mallarm Whistler Poe Baudelaire Verlaine Wagner Puvis de Chavanne Vasco Crise de vers Igitur Divagations Un coup de d s d Yves Bonnefoy Paris Gallimard 1976 p 248 On notera que le titre Au
271. m me d tre cr je pense plus sp cifiquement un texte potentiel calculable par un g n rateur auto matique informatique pr suppose que le p texte est ou serait dans le cas d un p texte potentiel le m me pour tous les lecteurs d une part et qu il est pour un lecteur donn ind pendant du m dium dans lequel il se trouve im plant On peut galement dire comme corollaire ces deux hypoth ses qu elle suppose une ind pendance entre la perception du plan de l expression qui se rait la m me pour tous et pour toute actualisation mat rielle de ce p texte et le traitement cognitif du L texte qui lui serait susceptible de varier d une lecture l autre Or la psychologie cognitive tend montrer qu il n en est rien que per ception et cognition sont intimement li es dans toute activit cognito percep tive ce qui fait dire au Groupe p 1992 p 80 que la notion d objet est un construit culturel Cela ne signifie pas que la conception ontologique du texte sur laquelle s appuie U Eco et la quasi totalit de la s miotique du texte soit rejeter cela signifie simplement qu elle poss de certainement finalement comme toute th orie un domaine de validit qu il convient de cerner et au del duquel il convient de proposer une approche autre J ai pour ma part Bootz 1996 1999 commenc proposer un mod le fonctionnel permettant de d crire certai nes caract ristiques des u
272. m a t on jur elle n crivit une quelconque formule ou soumit Marguerite le moindre message par l mais elle sut l imprimer dans sa m moire Et l enfant me l a pu reproduire diff rents moments sans en commuter aucun terme Je me dois quand une telle v h mence pourrait surprendre de rapporter au mot pr s la parole qui me fut ainsi transmise par l innocente Mon Seigneur m envoie la rencontre des silencieux en cet ab me d ructeurs pour les conduire jusqu Lui le Verbe fait corps Une immense croix recouvrit alors la dame par quatre fois lui jetant comme une tole d ombre sur son mantelet de lumi re Puis le soleil en son d clin les d roba l une et l autre leur jeune t moin qu une pieuse r action avait fait s agenouiller en r citant Je vous salue Marie Lorsque un instant plus tard la pauvrette se retrouva seule ce fut pour d couvrir avec un soulagement qu on peut imaginer le chemin tout l heure invisible qui devait la ramener au village Nonobstant l heure tardive l trange teneur du message entendu 101 CREATIONS ou la simple peur de l oublier conduisit l enfant ma porte Un f cheux concours de circonstances m ayant appel au chevet d une mourante elle se confia tout d abord ma brave Euphrosyne qui pourra t moigner de son tat d extr me agitation L ayant moi m me interrog e d s mon retour avec la plus grande fermet j atteste qu elle ne s est jamais c
273. ma trise s expose de telles m saventures revienne dans cette affaire commettre au moins trois erreurs La premi re est une erreur quant au domaine En effet si l on se reporte avec soin la sommaire d finition du syst me que la textique labore l on constate que celui ci se pr sente non point du tout comme une th orie exhaus tive des param tres de l crit mais bien plut t comme une th orie exhaus tive des structures de l crip gt Sans trop entrer ici dans les d tails l on peut dire que en textique les structures sont trait es sur le registre de la construc tion selon des matrices sous cet angle l on peut stipuler que l exhaustion de premier niveau tant accomplie l exhaustion de second niveau est en cours tandis que les param tres et m me si s agissant de l crit l introduction par ses soins de ce concept doit lui tre reconnue sont seulement trait s sur le registre de la description selon un inventaire sous cet angle l on peut signa ler que si un premier ensemble se trouve d j ordonn cette liste par principe demeure ouverte Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique et sans revenir ici sur les d finitions gren es dans les zones techniques de l article La contrainte corollaire c est selon deux th ses que l gard des effets et des structures mais aucunement propos des param tres se trouve c
274. malade de terreur et fou de joie La br lure est insupportable il sait qu elle le prend toujours en tra tre et le transforme en t le ondul e qu elle le fait se gondoler rendant tout semblable la charpie boule versant ses points de rep res sur sa propre chair et l chelle m me de ses grains de beaut La Biafine et le tulle gras n ont jamais arr t le feu et devant la plaque lectrique la porte du four l ampoule et le fil lectriques la po le la foudre et le feu de camp l enfant baisse les yeux comme un mystique devant le soleil qui l aveugle Se br ler c est entendre pour tr s longtemps le vrai tapage de la douleur et la voir comme conduite le long de soi man uvrant des marteaux des outils efficaces et neufe faisant sauter tous les courages comme des clous tordus frot tant chaque membre la paille de fer jusqu vous r duire l tat de housse ou d tang d eau morte Ce qui est pire encore avec la br lure c est qu elle poursuit son chemin et rien m me manger m me vo t et dolent regarder ses cloques ne peut freiner son volution La br lure progresse par degr s comme la fi vre et les s ismes Une fois l tincelle en lui l enfant sait qu il continuera de br ler qu il est son tour d sormais une petite braise Etre r duit en cendres serait un moin dre mal On sait alors pourquoi l enfant r v re Jeanne d Arc et les histoires de buisson ardent On c
275. matique En effet de Z non d El e Cantor linfini math matique est appr hend par des processus ou fonctions poss dant une infinit d tapes c est dire r alisables en un temps infini agissant dans un espace d fini ventuellement born C est bien le cas du signe textuel soumis contrainte L textuelle celle ci met en jeu un processus biologiquement de dur e infinie d exploration d un mat riau d extension p textuelle finie Remarquons que les cent mille milliards de po mes correspon dent dans la version papier un texte contraintes L textuelles alors que la vision qu en a Queneau et qui est r alis e de fa on plus fid le par une program mation informatique de l uvre est une contrainte p textuelle Dans le cas des manipulations L textuelles le p texte constitue la base de donn e sur laquelle agit le programme de lecture La manipulation revient ordonner le mat riau p textuel La structure manipul e est alors une compo sante dynamique elle n appartient pas au plan de l expression mais celui du contenu Cela n emp che pas les blocs p textuels r organis s de poss der leur propre structure statique p textuelle locale L objet r alis par un tel pro gramme n est pas un objet ph nom nal ce n est pas en clair un nouveau texte mais un Interpr tant Final au sens de Peirce une nouvelle repr sentation tex tuelle une nouvelle image mentale ce que
276. me reste conjectural Un caract re tr s important des r pertoires linguistiques doit alors tre rappel par exemple le graph me groupe de lettres ou lettre repr sente l asso ciation d une image visuelle et d un phon me Un message graphique se lit dans deux sens du terme il se regarde par les yeux et se parle par la voix int rieure Un r pertoire synth tique ne peut plus tre lu que visuellement tout comme un tableau traditionnel Un des int r ts de la lettre comme particule utilisable en peinture pourrait tre de d doubler la lecture du tableau en cela on pourrait objectivement souscrire la pr tention des lettristes signifier par del la distinction entre figuratif et non figuratif Le r pertoire des graph mes se r v le assez troitement caract ris par une s rie de contraintes que Ton peut d gager a posteriori Par exemple les capitales de l alphabet latin comportent de 0 4 segments de droites de 0 2 boucles ferm es de 0 2 segments de courbes trois orientations admises ont tous leurs l ments conjoints ont une somme droites courbes inf rieure ou gale 4 213 ESSAIS Pour tre per u comme une allusion ce r pertoire un r pertoire synth tique lettriste devra pr senter une confortable intersection avec lui Le statut des r pertoires synth tiques est ambigu ils appartiennent la fois aux syst mes signifiants dont il son
277. mercions ici tr s particuli rement Nous avons tent d tablir des crit res servant une description logique de notre sujet d un point de vue strictement d finitionnel De ce point de vue qui se veut aussi objectif que possible les consid ra tions sur la valeur litt raire des exemples que nous allons utiliser n ont pas leur place car les jugements de valeur ceci est un texte mineur ceci est un chef d uvre etc m me s ils sont g n ralement admis restent toujours d pendants du go t du jour qui est l une des formes du subjectif Certes cela ne signifie pas que les probl mes esth tiques ou id ologiques ne jouent aucun r le dans le domaine de la contrainte bien au contraire mais notre avis de tels probl mes ne peuvent tre abord s avant d avoir sinon r solu compl tement du moins examin en d tail la question d finitionnelle 20 DEFINIR LA CONTRAINTE 1 2 Le terme dans la critique litt raire contemporaine Contrainte d apr s l expression consacr e se soumettre aux contrain tes du m tre et de la rime est un terme repris au vocabulaire de l ancienne prosodie et plus particuli rement utilis par les auteurs de l OULIPO Ceux ci en admettant l existence des plagiats par anticipation ont reconnu implicite ment l existence d un corpus extra oulipien d uvres contraintes Ce seul fait mais on pourrait en voqua bien d autres permet d ava
278. mesurer pr cis ment sans parler du champ lectrique En revanche on peut exprimer le potentiel en Volt cela a l avantage que toutes les formules sont ais ment lisibles et qu il ne reste qu en faire le produit V m _ kg s A gt L MT I Il faut consid rer l ensemble des l ments de Touvroir le nombre de mem bres importe peu pour le calcul mais il faut r colter les informations suivantes L la longueur en m l expression en m tres des tailles additionn es de chaque membre le poids des membres le nombre de secondes n cessaires pour M la masse en kg T le temps en s P intensit en t I l intensit A 5 qu une contrainte s labore le nombre d amp res du groupe Il ne faut surtout pas ignorer l intensit de l ouvroir si l on supprime les amp res du calcul on n obtient que la puissance en Watt et non plus le poten tiel en Volt L amp re correspond une force gale 2 10 N calcul e pour un m tre de deux conducteurs distant l un de l autre d un m tre galement On peut s amu ser placer les membres conducteurs dans une piscine ou en apesanteur dans un caisson mais cela ne devrait pas influer sur l nergie de cr ation des ouxpiens Elle quivaut donc 2 10 Newton N m kg s condition d isoler les conducteurs de Touvroir une distance d un m tre les uns des autres et de ne 58 DEFINIR LA CONTRAINTE compter
279. minemment ambigu La prose b n ficie de la contrainte log e en elle mais elle est aussi la contrainte en elle m me Et ce d doublement para t son tour devoir tre lu non pas comme le r sultat d une action de lire ou d crire mais comme cette action ou ce proces sus m me La prose est ce qui attire constamment l attention dans deux direc tions oppos es puisqu elle dirige le regard sur autre chose tout en le braquant aussi sur elle m me La grille ne devient jamais invisible mais son but n est pas non plus d arr ter le regard Le battement entre prose outil et prose r sultat para t devenir et surtout demeurer interminable On n exag re pas en rep rant dans la prose de Junger comme une image de ce fonctionnement complexe o la prose simultan ment s efface et se pointe du doigt Cette prose n est ni opaque ni transparente elle s installe dans le difficile et jubilatoire chass crois entre les deux positions Ce programme qui est mon sens celui de Junger tr s pr occup dans son Journal de guerre de l avenir de la prose est il une contrainte o sens o nous l entendons dans Formules Peut on reconna tre dans les lignes analys es un nouvel exemple de ce texte contraintes sans contraintes dont Jeanne Vandepol retrace les pre miers effets chez Bernard Colin La r ponse est sans doute affirmative et n ga tive en m me temps et cette difficult prouve bien les limites des th ories ac tu
280. mique le lecteur anglo saxon disposait des tra ductions de textes et des bibliographies des livres de Warren F Motte Jr Oulipo Primer ofPotential Literature 1986 qui vient d tre r dit Dalkey Ar chive Press 1998 et Oulipo laboratory aux m mes Atlas Press 1995 Ce compendium ne devrait pas manqua de stimula des vocations para oulipiennes outre Manche et outre Atlantique Quant au lecteur fran ais qui a le privil ge de b n ficia d un acc s facile aux livres manifestes c l article Collective publications of the Oulipo com pl ter par la r cente Po tique de l Oulipo de Marc Lapprand 1998 il trouvera dans ce dictionnaire une v ritable mine o plonga et aeusa des galeries very exciting 263 HORS DOSSIER Jan Baetens Electronic Book Review http www alts coin ebr Sp cial issue n 10 Writing under constraint Il y a quelques arm es Joseph Tabbi professeur de th orie litt raire l Universit de l Illinois Chicago a lanc une gageure mettre sur pied une plate forme de recherche et de publication lectronique sur la digitalisation de la culture litt raire qui soit autre chose qu une liste d crits qu on se h terait d imprimer pour les lire domicile Avec l aide de Mark Amerika un des tr s grands noms de l hyperfiction am ricaine dont la revue peut utiliser le site d Anne Burdick me graphie designer ind pendante qui a d velopp la typo gr
281. mporaire La r flexion reste ouverte NDLR Le texte auquel Philippe Bootz fait r f rence dans son article est une version d j ancienne de l article D finir la contrainte qui para t dans ce num ro Ce que renforce la d finition pr alable donn e par Schiavetta la locu tion texte contraintes d signe les aspects spatiaux du texte con u comme un objet concret fix voir en particulier Willet 1992 p 200 ss 8 DT 7 r II semblerait mais l encore la d monstration n est pas achev e que le domaine d application de cette th orie d borde le champ des uvres pro gramm es sur ordinateur et qu elle permette d assimiler le syst me tex tuel au signe textuel dans les cas o la conception ontologique du texte s applique Elle correspondrait ainsi une extension de la th orie litt raire redonnant la th orie classique dans les cas classiques tout comme la m canique quantique se r duit la m canique newtonienne dans le domaine de validit de cette derni re 9 en Cela correspond dans la th orie de Jauss aux uvres qui outrepasse Phorizon d attente de ses lecteurs 10 Be La version la plus fid le que je connaisse est celle programm e par Tibor Papp pour alirel et non la version r cente dit e par Gallimard qui entretient la confusion entre les deux types de contraintes par une m tacommunication visuelle appuy e des fins certainement id
282. mprime ainsi son ignominie dans un coeur vierge Voil de quelles textures il fabrique ses saintes En r alit la v ritable querelle tourne autourd IsidoneMonchalin qui d range le clan r publicain depuis toujours par ses partis pris d ultra cl rical et plus encore du marquis de Maudissois notoire l gitimiste dont apologie r actionnaire del Mare Madeleine para t une provocation Le tout sur fond trouble d un conflit d piciers entre la commune et le nobliau pour la propri t du p rim tre v riable de la fantasmagone sic l dile convoitant avec r alisme sa juste portion du g teau Pour l ditorialiste de La Libre R publique il est vident que le seul enjeu du bon marquis serait de rentabiliser ses terres demi incultes ouque les chaulages ont fini d puiser Et d y proph tiser jces officines sp cialis es en fiolesdeau b nite ces choppeso lon verra s ligner les ic nes fes bro chures m laphysiques les crucifx et autres chapelets en leu et place du nard ou des avoines folles Il n oublie pas non plus que Maudissois Jpeui lucubrer sans risque dans La Voix du Maine dont i est actonnaire S limb cie apparition de Ma autant de succ s que note crivassier l esp re on peut ici pr dire qu il n aura plus top se soucier du lendemain Il convient enfin de signaler les attaques en r gle d Aristide Vamet virulent chroniqueur d une feuille libertaire Le Ch ne des FE
283. n ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES br lante Entam par une conjonction n gative un refus une exclusion le livre se cl t sans point final par la phrase je ne sais p 134 pr c d e d une double interrogation C est une r ponse qui n en est pas une qui s affirme comme une fin sans fin Comp re n en ressent nul ressentiment Il invite le lecteur au sujet de lui m me Laisse le parler la langue soulage La langue sous l ange Dans son ombre de putain triste et douce p 88 Ajoutant je dis langue par impuissance de parler de choses que je ne fais que soup onner p 102 Notes 1 Marcel LE BOT Un corps sans ride in Le G nie de la ponctuation Paris Traverses n 43 Centre G Pompidou 1988 p 11 Mais tous les mots inusit s introduits par Comp re sont loin de se trou ver dans le Dictionnaire des mots rares et pr cieux Paris Union g n rale d dition 1998 coll 10 18 Bernard DUPRIEZ Gradus Les proc d s litt raires Paris Union g n rale d dition 1989 coll 10 18 p 333 229 ESSAIS 230 Pascal Durand Formes et formalit s Remarques sur la po tique du nom chez Mallarm H b Hamlet H rodiade Satan Idum e H rodiade encore Etna V nus Gautier des Esseintes Anastase Pulch rie Madame Mallarm Mademoiselle Mallarm Bruges Z phirine Pam la Whistler Styx Poe Baudelaire Anubis Ver laine Richard Wagner Aurore Puvis de Chavanne Inde V
284. n bon sou printan sur 153 CREATIONS Chantal Robillard Semelle de perle et semelle de fer Revue mensuelle des Etudes de l re du Fer 102 sept 32 Pr s de Blesles sur une tendue de terre br l e rue des Nu es Bleues une butte des plus pentues tr s en vue s est r v l e tre un ensemble de s pul tures culture du Fer I r gne de Juste II Rendus sur le tumulus les chercheurs d cel rent d embl e les substructures de sept murs restes d un ensemble de demeures fun bres et d un temple grec trusque En entr e de ce temple sur une st le de stuc cr me se dresse un buste tr s br ch un empereur Un v que Un duc Peut tre m me est ce cens re pr senter une femme les cheveux retenus sur le dessus ne permettent gu re de rep re duchesse pr tresse Ce temple r v le des fresques bleut es extr mement us es et enfum es sur lesquelles est ex cut e une sc ne t n breuse Une d esse r veuse en tenue d Eve et c est certes V nus qui merge des mers cumeuses une l g re brune est suspendues sur ses cheveux bruns duveteux sem s de perles de verre vert Ses l vres sensuelles semblent murmurer quelque pens e muette et secr te Sur terre pr s d elle un cerf perc d une fl che Un b b fessu dress sur cette gr ve sur une herbe d un vert un peu terne tend fermement vers elle une tr s belle p e en fer nervur Que veut ce b b les venger Pr s
285. n d une l gitimation judicatoire de m me lorsque je regarde un film et qu il me d pla t je quitte la salle c est dire que je mets fin ma conduite esth tique sans pour autant n cessairement exercer un acte r flexif sur cette conduite et les causes de son interruption je mets fin une exp rience d plaisante et voil tout Je ne pr tends pas que la communication interhumaine concernant les conduites esth tiques ne soit pas importante par exemple pour leur enrichissement mais uniquement qu elle n est pas une de leurs propri t s constitutives b Si la conduite esth tique se d finit comme une relation d attention appr ciative et si le jugement esth tique porte sur cette conduite alors il n est pas seulement comme tout jugement de valeur un jugement relatif un int r t mais encore il ne saurait tre que relatif un int r t subjectif puisqu il porte sur la qualit d une exp rience personnelle en l occurrence sur l indice de dis satisf ction induit par une activit cognitive Il est du m me coup irr futa ble m me s il peut tout moment tre aboli par une nouvelle conduite esth ti que portant sur le m me objet mais associ e un indice de satisi ction diff rent tout le monde a d j fait l exp rience de changements de go t de ce type Je ne crois donc pas qu on puisse opposer l expression de pr f rences subjectives au jugement esth tique en disant que ce dernier pr tend l gitimement
286. n en conviendra n est pas sans rapport avec l inscription d un texte D autre part quand le lecteur prend connaissance du message mis la vis e autor f rentielle se fait plus sp cifique puisque s nonce tout simplement et sans d tour un programme litt raire en bonne et due forme De surcro t le r cit s vertue une t che qui ressemble beaucoup la lecture l interpr tation d un v nement linguistique Mais sur le chapitre sp culaire le r cit on le verra r serve une autre surprise au lecteur Tel refus de l abondante fiction certaine inclination vers le fantastique un manifeste go t du paradoxe et des subtilit s ainsi qu un tropisme r flexif peuvent expliquer la sp cifique complexion du r cit de Falempin Il n emp che le lecteur est en droit de se demander pourquoi le projet d une autobiographie amn sique est nonc par une voix sans auteur Une premi re hypoth se vient l esprit Il semble logique qu une voix sans auteur prescrive l criture d une autobiographie oublieuse des faits qui scandent la vie raconter Contagion du paradoxe propagation d une logique du d faut mais aussi coh rence id elle une voix qui a l insigne particularit d tre celle de nul sujet ne peut gu re intimer l ordre un r cit de restituer la v rit d un sujet Le texte va toutefois construire de plus pr cis liens entre cette voix sans auteur et cette autobiographie sans m moir
287. n esth tique est toujours relative une sensibilit m me s il arrive souvent que celle ci soit partag e par un plus ou moins grand nombre de personnes Autrement dit le fait qu il ne saurait y avoir de th orie que relativiste de la valeur esth tique n est pas seulement d au fi t que les go ts sont effectivement divers m me s il se trouvait par hasard que tous les hommes avaient le m me go t les valeurs esth tiques n en resteraient pas moins des valeurs relatives la sensibilit humaine et ne seraient en rien des propri t s objectales Pour chapper cette conclusion relativiste pourtant inscrite dans sa propre d finition de la sph re esth tique Kant exige que le jugement esth tique pr c de et l gitime le plaisir ou d plaisir C est qu il n ac cepte pas que le d plaisir soit causalement irr ductible nos croyances il faut qu il soit l gitim par un acte de jugement plut t que v cu comme facticit Je pense qu une telle exigence n a pas de sens parce qu elle traite le d plaisir comme s il pouvait tre une cons quence logique d un acte de jugement or la seule cons quence logique qui puisse d couler d un jugement est un autre juge ment g Toute satisfaction ou dissatisfaction implique une relation int ress e F tat de choses ou l objet qui nous pla t ou nous d pla t Ceci vaut aussi pour ia conduite esth tique si une oeuvre me pla t ou me d pla t cela pr suppose que
288. n et dans un article publi en annexe au livre indique clairement que le roman a t construit sciemment partir de phrases toutes faites La question qui doit tre pos e est toutefois claire tel texte en particulier remplit il oui ou non nos crit res d finitionnels Autrement dit poss de t il une syst maticit objectivable selon le principe de la saturation cat gorielle c est dire dans un type donn d unit s textuelles Dans le cas de la nouvelle de B atrice Beck la r ponse est claire elle est bien le produit d une r gle et d un proc d syst matique d criture dont les traces sont objectivables Il y a bien une saturation cat gorielle 100 des unit s textuelles les phrases Il s agit sans aucun doute d un texte r gl par des prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des normes Dans le cas du roman de Morgan Sport s celui ci est bien le produit d une r gle explicit e dans l annexe au livre et d un proc d d criture dont les traces sont objectivables Toutefois il n y a pas de saturation cat gorielle 100 des unit s textuelles car toutes les phrases ne sont pas des clich s Autre ment dit il comporte de nombreuses licences Le proc d n est donc pas v ri tablement syst matique C est un probl me difficile que d tablir partir de quel pourcentage de licences un texte r gl par des prescriptions textuelles syst matiques diff rentes des
289. n plus surprenant il s av re que dans un certain nombre de textes certaines de ces modalit s peuvent acc der une relative in d pendance des autres modalit s Ainsi parfois aucun proc d de lecture n arrive retrouver la trace d un des proc d s d criture ayant bel et bien servi la construction d un texte par la simple raison que ces traces ont t efiac es pendant l une des tapes de l cri ture Le roman mpressions d Afrique de Raymond Roussel est un exemple par ticuli rement clair de ce cas car seules les r v lations posthumes de l auteur sur ce qu il appelle son proc d volu en ont d voil en partie les secrets de fabrication Ce dernier exemple permet de percevoir que le roman a t produit par un proc d syst matique d criture ind pendant de tout proc d de lecture poste riori Ce proc d d criture ind pendant reste donc non objectivable dans le texte en question mais il peut recevoir une description conceptuelle qui formu lera d s lors une r gle d criture ind pendante Une autre possibilit assez inattendue premi re vue devient vidente d s que l on consid re le cas des surinterpr tations Dans les all gories proprement dites il est habituel que l auteur exprime clairement soit dans le corps du texte soit dans quelque annexe que son travail a suivi une r gle d criture all gorique comme le fait St Jean de la Croix
290. n th orie tre impliqu Mais n ayant travaill que sur des modifications sporadiques il ne pouvait aucunement certes en prati que percevoir lors les enjeux Que lui m me donc soit non moins blanchi Jean Ricardou L uvre au blanc dans Amadis n 3 Universit de Breta gne Occidentale Brest 2000 10 Oulipo La litt rature potentielle ditions Gallimard collection Id es Paris 1973 p 76 il 3 iey Et un degr moindre parce que les places sont int rieures et Palignement moins impeccable l on peut observer galement le ph nom ne avec pour confus et pourvoir 12 Avec la r daction de cette th se sym trique il appert donc sauf une inatten tion que dans l article en cause l on e t gagn en inscrivant dans l nonc de ladite th se non point les imm diates difficult s mais bien les princi pales difficult s 3 Jean Ricardou La contrainte corollaire art cit p 185 14 R En effet la lettre est pens e en textique non comme une entit mais comme un groupe de paradigmes comportant chacun des variations dont chacune est un gramme 15 St phane Mallarm uvres compl tes ditions Gallimard Biblioth que de la Pl iade Paris 1945 p 1488 r6 Raymond Queneau Exercices de style ditions Gallimard Paris 1947 p 111 17 Et m me si quant Raymond Queneau il est toujours loisible pour qui voudrait sauver l
291. nalytique 1 Musarder Mauvais march Mangiafuoco membru malabar marionnettiste malfam montre manipule marionnettes masqu es mange moutons macaroni marinades mollusques mets macrobiotiques monstrueuse manducation Ma man Mazette Menace mastiquer mariol menteur menaces m rit es Minus cule marmouset murmure m lancoliques mystifications Mis re Mis ricorde Majest minimise m faits mentionne malchance mendie motive mis ricorde M phistoph lique mais mitig Mangiafuoco miraculeusement munificent ma nifeste mansu tude met moult monnaies mains mannequin Marav dis meilleur m tal Mais m phitiques malfaiteurs malandrins montent magouille malavis minime muscadin malhabilement massacre magot Chouchou regarde Chat Renard chapardeurs rapides charlatans rus s cho quants rastaquou res charmants retors Chasse les Refoule les 2 Flamboyante F e fine figurine fascinante flexueuse fluctuante fleur Fugueur freluquet fi vreux feintgsfauves faisaient fantasmagoriques fun railles Frousse faim favorisait frissons Foi fermet fit elle fougueuse Fut il fat fanfa ron folichon Fi Fantoche fera flor s fid le fiston fera fortune Faci s farfadet finira fringante frimousse fleurira Fiesta Fable fabliau Filant fiables fantaisies fictions favorisent finalement faits Fin Jan Baetens CREATIONS Umberto Eco crivain contraintes Sur le plan
292. ncer que la contrainte n est pas en soi un ph nom ne litt raire exclusivement oulipien mais universel nullement limit une poque ni une litt rature don n es Il faut toutefois souligner ici que dans le vocabulaire critique contempo rain le tome n est devenu courant qu en relation avec l tude des grands auteurs oulipiens comme Queneau Perec ou Calvino pour ne nommer que ceux dont l uvre est close Nos exemples de contraintes seront emprunt s une tr s laige gamme de textes mais nous privil gierons ceux dont les auteurs eux m mes ont d voil les r gles d laboration Bien que le domaine des contraintes soit sans doute beaucoup plus vaste que celui des exemples que nous citerons nous pensons que l on ne saurait trouver de bases plus solides pour notre tude 1 3 Contrainte obligation restriction g ne Les contraintes qu elles appartiennent aux domaines de la litt rature ou des jeux d esprit peuvent tre plus ou moins restrictives mais en g n ral l on choisit librement de les pratiquer dans une intention soit esth tique soit ludique Ainsi en litt rature ce terme d signe une obligation librement choi sie par contre dans le vocabulaire courant il voque des id es d obligation ou de restriction non consentie voire de g ne ou d emp chement Ces connota tions sont sans doute f cheuses mais nous conserverons le terme pour la simple raison que
293. nciavuota pela pere Poco pasciuto pilucca picciuolo Padre per prowedergli prestazioni professorali premurosamente porta Pegno palandrana Pensaci punzecchialo peritissimo prudentissimo parassita parlante prudenza perseveranza Prevedo pesanti punizioni Piantala p tulante pignolo Presuntuoso pupattolo percuote pedagogo piccino piccino plash producendone poltiglia Peccato Poteva piuttosto poigeigli padiglione Poi parte pimpante privo pullover Pap piange preoccupato Pinocchio perduto Pellegrino percorre perennemente pianure paludose Pinocchio p dala p dala pervicacemente peregrinando per piazze partecipa pantomima pupazzetti p riclita presso pentola prende pochi pennies Pervenuto Pub Palinuro Purpureo per perfidi personaggi poco popolari pirati paltronieri perdigiomo penzola penoso patibolo Puella portentosa parrucca pervinca prowede poliambulatorio pennuto parlagli predicando perfetti principi prometendo prossima pubert persino parvenza piacente persona Pinocchio pare puntiglioso persistente predeterminato Palle Parole Parcamente persegue positivi propositi Preferisce passatempi pestilenziali percorsi puntellati perigli paurosi perdendo possibilita parascholastiche Pianta parecchi pesos per prati per procacciarsi piu 92 Procuratore paese Prendi Pirla prowedegli prigione Pu pappare poco pane perch psicologicamente patologicamente parlando prefe
294. ne manipulation p textuelle qui transforme un texte en un autre Le mode d emploi de e de Jac ques Roubaud est une programmation du L texte qui n augmente pas la taille du p texte En revanche c est bien une contrainte qui transforme un ordre de lecture composante du L texte impos par la s quentialit de l dition en un ordre autre Une propri t tout fait g n rale distinguant les deux types de manipula tions et donc de contraintes est de constater que les manipulations p textuelles s appliquent sur le mat riau lire alors que les manipulations L textuelles jouent sur les modalit s de lecture de ce mat riau En litt rature informatique les g n rateurs automatiques entrent dans le cadre des contraintes p textuelles alors que les hypertextes entrent dans celui des contraintes L textuelles On consi d re souvent la suite de l OULIPO que les deux sont quivalents pour les signes textuels crits dans un livre tant entendu qu une manipulation de lec ture sur un mat riau existant revient prendre en compte un mat riau virtuel constitu par le r arragement programm du mat riau initial C est notamment la position de Queneau qui postule une quivalence entre cent mille milliards de p textes diff rents et un p texte g r par un programme de lecture L textuel de cent mille milliards de combinaisons Une telle conception est all chante mais peut tre infirm e par la prise en compte des cara
295. nesol Rien ne passe tout vire Un art rotique Si l enfant ne r ve que plaies et bosses lui qui prend du plaisir s ouvrir et se gratter s arracher et se sentir saigner c est qu elles sont les formes et les couleurs n cessaires son art rotique On peut soulager soi m me son app tit sexuel c est un geste tr s vibrant et tr s naturel et l on s croule ensuite puis que la jouissance agit comme une fum e sans avoir fait trop de bruit ni provo 131 CREATIONS que un violent d placement d air En revanche il n y a pas de possibilit de donner une satisfaction aussi simple la faim la soif car il ne suffit pas de se frotter le ventre pour apaiser son estomac ou se masser la langue pour n avoir plus envie de boire La bosse est comme la faim et la soif Toutefois si elle refuse de se soula ger par frottement elle appelle pourtant la main la fa on de n importe quel objet de d sir m r et fa onn et sa masse chou e fragile et rigide se dressant immobile et absolument verticale au milieu du front est comme un avertisse ment fanfaron mais amical Je suis une douceur un sein sur un plateau une chair vive et cramponn e pas inoffensive du tout sang et peau tendue comme le sont les organes flamboyants sein qui pousse je le r p te ou pire encore quand j carte les cheveux qu on peut compter sur moi leurs racines alors une vulve abondamment et violemment toil e de po
296. nfouie et secr te il y a en M me temps absence et pr sence et dans le M me lieu myst rieux dont on ne peut que c Hercher les traces au del du drame qui se tr Ame cette criture perp tuelle du moindre g Este C est la d termination de l tre en pr sence d qu te Nul royaume en hors du je du tu qui luttent Corps corps dans le temps qui les porte nul Ne r gne ici dans cet espace troit dont fut p Erdue la trace ou seulement l oubli le pli l Mentaire ce voile en chaque tre et chose ce s Ommeil jamais ou la rumeur source de tes re P res Le travail pratique effectu ce niveau reste roche Et pourtant le collimateur est au rendez vous On va pouvoir s emmitoufler la virago d avril Qui verrouillait sa porte avant chaque embar Go comme si j tions le voleur invalide avec Sa jambe de bois dont on fait les pipelines Moins qu alors elle ait eu peur de a qu oceu Pe 159 CREATIONS l obsession du sujet et l incapacit peu pr s stere Du texte disparu il fallut repenser la gen se r Etrouver son climat son mode op ratoire sa c Harge lectrique sa pente inconsciente son m Ornent r v d un sommeil monde or rien n a Perc du myst re ancien qui produisit l enc Hantement candide du pauvre poor uncle To By Remarque exemplaire et qui se trouve exemp vulve Plaire quivaut en somme jouer maman co Ntre le pape louer les ventres f condants le S ut rus en ru
297. nqui me Dialogue Le Vermisseau Et qu est ce que l humilit Le Ciron C est cheminer avant laissant tout derri re soi Ramper en baissant la t te mais fixant ses regards au Ciel qui nous voit Le Vermisseau Ramper j entends cela comme le ver Le Ciron Imitez plut t le lima on que Ton nomme aussi escargot il dirige ses yeux qu il tend m me au bout de cornes vers le soleil qui pourtant le br le sans jamais dresser son chef Regardez aussi comme il laisse apr s lui toute sa bave laquelle est d argent Sixi me Dialogue Le Vermisseau Il me faut encore baver Le Ciron Baver jusqu mourir mon fils car Dieu l exige et II veut votre bien Le Vermisseau Mais je suis plus nu et moindre que l escargot Le Ciron O la plus vaine des bestioles Le m rite en est il vous ou si c est votre nature Septi me Dialogue Le Vermisseau Pourquoi Dieu s il est si grand nous a t Il faits si ch tifs Le Ciron Que doutez vous pr sent de la grandeur de Dieu Consi d rez le papillon il est fr le de son corps et ne vit qu une journ e mais il vole tout durant et ne se pose gu res Le Vermisseau J envie ses ailes qui sont sa robe et ses dentelles pour 171 CREATIONS ce qu elles brillait d un clat qui le recommande l admiration des autres cr atures Le Ciron Laissez l votre envie Les yeux sont la porte de l me mais ils sont mortel
298. ns P O L Yak Rivais Prochaine r dition de Les demoiselles d A Edition Belfond Christelle Reggiani Rh toriques de la contrainte Georges Perec l Oulipo Saint Pierre du Mont ditions Inter Universitaires Jacques Roubaud Po sie Editions du Seuil Tiphaine Samoyault La cour des Adieux Editions MauriceNadeau C Tarkos PAN Editions P O L C Tarkos Le signe Editions P O L St phane Tuff ry Le Style mode d emploi CyLibris Editions http www cylibris com Revues Le cabinet d amateur n 7 8 Revue d tudes Perecquiennes Editions PUM Presses Universitaires du Mirail Toulouse Les amis de Valentin Br nouvelle s ri Revue d tudes sur R Queneau Association Les amis de Valentin Br Mademoiselle Astrid Bouygues 79 rueManin 75019 Paris Etant Donn revue sur Marcel Duchamp Association pour l Etude de Marcel Duehamp 7 rue Grande 77480 Baby Le coin de table La revue de la po sie n 1 11 rue Ballu 75009 Paris Quaderno n 3 et n 4 revue de po sie Editions MeMo Nantes JAVA n 20 revue 25 rueMoreau de Tours 77590 Bois Le Roi FORMULES n 1997 1998 CRIVAINS ENCORE VN EFFORT POUR TRE ABSOLUMENT MODERNES R flexions Jacques Denis Bertharion Morph sis Mim sis J sus Camarero La nouvelle criti que des ann es 90 Didier Coste Le retour d Alexandre Sur les vers m triques contemporains Pol miques Jacques Jouet Ma m re grand que vous
299. nt ressant pour notre point de vue ce morceau de bravoure scholastico structuraliste l est aussi par son application imperturbable d une logique com binatoire qui doit moins aux architectures b tonn es de Thomas d Aquin qu T activit d une contrainte d argumentation binaire librement emprunt e la doxa structuraliste et dont l usage syst matique peut coup s r d tre qualifi d oulipien Et disons le tout de suite bien des textes savants d Umberto Eco s appuient non moins pr cis ment avec du reste un humour cach que ses col l gues acad miques n ont pas toujours su assez go ter sur une m me combina toire d airain dont la logique interne enclenche puis labore et enfin cl t la m canique textuelle et conceptuelle tout le Trait de s miotique serait certai nement relire dans cette perspective l Un second aspect qui m rite s rement d tre mis en valeur et qui va un peu dans le m me sens que le d cloisonnement entre diction et fiction est le refiis d Umberto Eco d opposer un ensemble de cat gories textuelles dont on pense un peu vite que beaucoup les s pare C est ainsi que Diario minimo et II secondo diario minimo mettent sur le m me plan ou presque textes contrainte et textes sans contrainte textes contrainte dure et textes contrainte molle R A gt p 1 textes contrainte formelle et textes contrainte s mantique De nouveau cett
300. nt de r pondre cette question Il est important de rappeler ici la distinction entre d une part le texte contraintes et d autre part la contrainte comme r gle et comme proc d Une oontrainte proc d et sa contrainte r gle correspondante peuvent tr s bien n tre connues que de son seul auteur Il s agira alors d une contrainte proc d et d une contrainte r gle ind pendantes Autrement dit si elles servent seulement faire le texte et non nous informer de quelque chose par le moyen du texte elles ne sont pas une convention pour le lecteur Nous sommes ici face un cas limite mais r v lateur la contrainte im plicite connue de son seul auteur Cela correspond la violation du principe pragmatique de coop ration celui qui tablit le fait m me de la convention entre iedestinateur et le destinataire lorsque ces deux sont des personnes diff rentes Ce type de contrainte de par sa nature chappera souvent l analyse notamment si l auteur utilise des chiffrages math matiques du type invent par Diffie et Hellman Nous appellerons cela la contrainte implicite incalculable L on peut soup onner que certaines uvres de Jacques Roubaud suivent ce che min myst rieux 4 5 Seuils de conventionnalit Toutefois il est non moins important de souligner que les traces recon naissables objectivables des conventions jamais ne servent seulement faire le texte car elles fournissait n
301. ntale P rilleuse videmment En ef fet et surtout si un laps de temps s est coul certain agencement initialement concert pour r soudre avec minutie tel d licat probl me peut aux yeux d une trop cursive lecture fut elle celle du scripteur para tre insuffisant D s lors sa modification h tive risque de briser le pr cautionneux calcul dont il tait le fruit Fondamentale Assur ment En effet redisons que sous peine de m pri ser la force de la page offerte ce qui fait l identit d un crit c est non point seulement l exacte suite de ses vocables mais encore et au moins leur pr cise distribution tous gards les uns vis vis des autres par les effectifs offices d un noir sur blanc d termin Du coup toute modification de sa mise en espace dans la mesure o elle le m tamorphose sous cet angle est capable de le faire lire autrement parce qu il se trouve inscrit autrement Sans approfon 256 POLEMIQUES dir ici cette question peut tre un rien trop m connue disons simplement qu il existe donc ind pendante de la contrainte corollaire mais jouant d aventure avec elle une contrainte circonstancielle largement impr visible en ce que li e aux particularit s que pr sente plus ou moins mais de fa on n cessaire chaque fois le nouveau noir sur blanc offert Ainsi au d but du dernier paragraphe de Un roman lipogrammatique de Georges Perec dans telle dition du livre
302. ntement s imbiber s pa nouir Il la confond avec sa langue et son angine devient sensible Il prend son carnet pour crire et il n crit pas Il d plie le journal Des mots viennent lui quotidien rouge jour jaune une urne orange canard Une pr sence le d range tout coup On lit par dessus son paule en m me temps que lui le m me passage Il lit en m me temps qu elle Un ta main insistant lui fait lever la t te Elle a l air d une gitane Il tend sa paume vers le ciel Elle la maintient dans la chaleur de la sienne et commente les lignes pr s du lilas o cr vent quelques bourgeons orang s Il commence la d tailler Sa main p se volontairement plus lourd Visage aux joues rougissantes bas r silles corsage jaune bol ro jonquille galons d argent cardigan fleurdelis pantalon de soie mauve ki mono de Formose foulard en cr pe de Chine sous v tements en dentelle im prim e mouchoirs philippin chemise indienne fourrure afghane laque cingha laise veste n palaise sur laquelle se r p te un motif imprim repr sentant une gitane corsage jaune bas r silles bol ro jonquille sur lequel se r p te un motif 168 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES imprim repr sentant un bol ro jonquille sur lequel se r p te brod e une jon quille Elle s agite g n e Elle offre son regard des aires bien circonscrites Il apprend qu elle vit avec un collectionneur de costumes et qu
303. nto logique du texte Le mod le communicationnel chappe au postulat ontologique en s ap puyant sur un mod le psychologique de la r ception Il s agit d une approche tout fait diff rente de celle de Jauss 1974 fondateur de l esth tique de la r ception qui s appuie sur la conception ontologique du texte Le mod le du fonctionnement interne du lecteur repose sur les r sultats accumul s depuis plus de vingt ans par la psychologie cognitive et qui a donn corps plusieurs mod les Le plus abouti semble tre celui propos par Ericsson et Kintch 1995 qui pr sente la lecture comme une activit experte Le r sultat fondamental obtenu par la psychologie cognitive est que perception et cognition ne sont pas ind pendantes mais que la cognition pr c de la perception bien que ce soit de fa on inconsciente Le per u d pend des attentes que l on pose sur le monde ext rieur attentes qui d pendent elles m mes de l appris du mod le global que se feit du monde l individu D s lors un certain nombre de conditions doivent tre remplies pour qu un objet donn pr sent ci dessous et d nomm texte voir dans le mod le puisse tre per u par tous comme support du m me p texte c est dire que tous les lecteurs per oivent le m me p texte dans ce texte voir condition sur laquelle repose la conception ontologique du texte Line des situations vidente dans laquelle la conception ontologiqu
304. ntrainte Si le nom survient in extremis la fois comme produit de la formulation et point de destination du message po tique ce nom est aussi bien videmment la matrice de cette formulation et par cons quent la source de ce message C est en un sens ce que le dernier sonnet du recueil souligne d s son vers d attaque Mes bouquins referm s sur le nom de Paphos o ce nom de Paphos va en effet d clencher une cha ne d associa tions forte charge rotique C est surtout ce que Mallarm a lui m me affirm s agissant du nom H rodiade dont il disait Lef bure en f vrier 1865 Laplus belle page de mon uvre sera celle qui ne contiendra que ce nom divin H ro diade Le peu d inspiration que j ai eu je le dois ce nom et je crois que si mon h ro ne s tait appel e Salom j eusse invent ce mot sombre et rouge comme une grenade ouverte H rodiade Affirmation donc d une po tique du nom qui contiendrait dans ses plis la totalit de l uvre comme tout mot contient en puissance pour Mallarm la totalit du langage Et il est vrai qu maints gards le nom s minal de H rodiade contient bien tout le texte qu il nomme comman dant d un c t les th mes de l ros H ro diade d j formellement indiqu s dans Les Fleurs o H rodiade rapport e la rose renvoie par anagramme jros commandant aussi le th me de l unit dans la dua
305. o antichoro phrasto texture iso phono grammo morphkjue en ph D s lors en tant que le mot phaute se trouve porteur galement au centre de la phrase de la m me graphie extr male il permet cette structure de r gir une place non seulement suppl mentaire mais encore particuli re l exact milieu de la phrase sous l aspect lex mique ce qui lui permet d acc der au statut d ortho poly anti m so choro phrasto texture iso phono grammo morphique en ph du grec m sos situ au milieu Par suite force est d admettre que le segment phaute d abord porteur comme on l a vu d une dicaco lex mo hyper deut ro scripture devient premi rement on vient de l apercevoir titulaire d un ortho poly anti iii so chon phrasto text iiie et deuxi mement puisqu il se trouve th matis fut ce en tant que d fectueux comme site de la graphie par ailleurs structurante titulaire de l ortho catoptro anti text ine base d une seconde ortho catoptro anti texture dont le segment g ch e phaute d orthographe d signant sa r ussite comme tant son inverse une erreur est l ortho catoptro anti text me moyen Du coup et si l on veut cette fois consentir une technicit simplifi e il est loisible de stipuler que le mot phaute est dans ce dernier exemple un antin me cacost ructuro orthostructural sous les esp ces d un antin me cacoscripturo orthotextural Le momen
306. oc d de lecture correspondant Parmi toutes ces normes l ortho graphe est sp cifiquement textuelle Elle v hicule les marquages textuels lexi cologiques morphologiques syntaxiques ainsi que les marquages lorsqu ils existent s mantiques logiques et pragmatiques Nous appellerons donc normes textuelles toutes les r gles et tous les proc d s textuels syst matiques qui sont les moyens mat riels a priori de l cri ture et de la lecture d une langue en tant que telle Nous avons vu que certains aspects de la r f rentialit logique et de la strat gie de l interpr tation pragmatique chappent aux codes du langage en tant que tel On pourrait conclure alors que ces aspects des normes seraient galement hors textualit Ils ne concerneraient pas notre tude centr e sur les textes Il n en est rien pourtant Consid rons le cas des textes ironiques l loge de l intelligence de M Untel sera simple loge si cet homme est intelligent dans la r alit mais ce sera une ironie ou un sarcasme si M Untel est un imb cile av r Ce ne sont donc pas des traces textuelles mais bel et bien le r f rent qui nous donne la bonne grille de lecture S agissant donc d interpr tation ces pro c d s logiques et pragmatiques nous concernent car ils peuvent contribuer d finir des proc d s de lecture tant des moyens a priori les normes ne sont pas per ues distinctement dans le processus habituel de lecture
307. oi Patrice Hamel R plique n 14 Pierre Lartigue Quatorzine Rossano Rosi Travaux en cours Jacques Sivan Le loz Chantal Robillard Semelle de perle et semelle de fer 10 esth tique 60 69 82 86 92 100 126 134 137 138 150 153 154 Sokris Bardeche Teckel extraits Philippe Beck Aux Recensions MarthaLavou Fortissimo Claudette Oriol Boyer Collections Daniel Bilous Des infimes Contraintes de lettres Anagrammes palindromes amp Cie Michelle Grangaud Pri re d y r ver Gilles Esposito Far se Tranche Marc Texier Portraits et histoires anagrammatiques Didier Nordon roman sans ascenceur Jerome Peignot Anagrammes palindromes typo mes amp Cie Armel Louis AVATAR Jacques Perry Salkow Cahier quatri me le d gypi me Jacques Perry Salkow Palindromes Michel Taurines Palindromes St phane Susana Palindrome cyclique Alain Chevrier Deux po mes 157 161 165 166 170 176 181 182 184 186 188 190 196 197 198 200 Etudes sur des m canismes ou des oeuvres SjefHouppermans Les mots et les couleurs F rancis Edeline La spacialit contrainte de la po sie lettriste Michel Voiturier Nuit de ma nuit par Gaston Pascal Durand Sur la po tique des noms chez Mallarm Michel Gauthier Sur La prescription de Michel Falempin 239 Pol miques Jean Ricardou Les le ons d une erreur Hors dossier Alain Chevrier Oulipo Compendium JanBaetens Electronic Book Review Jan Baetens Clemen
308. oir d avril ce qu innocent peut voir Dieu et Diable sont t moins Ce n tait pas la bonne M re h les l qu ouvrait au p cheur ses bras de lumi re mais sa silhouette crach e que le hasard fac teux avait d d couperaux forcettes dans mon feuillage Peut on concevoir semblable malice Mais attendez le plus beau il y a l un reposoir en retrait de la sente que domine le calvaire Saint Andr A peine m lais je lass de cette premi re merveille que mon soleil couchant tale ses oeuvres Et voil le calvaire qui projette sa grande ombre au travers de la Dame don un gu ret fleuri tout de blanc le d vantiau Quatre fois tel un artiste de th tre qui me ferait sa r v rence d s que lastre ressurgit dans une chancrure des sommets Imaginez ma linotte pour peu que le grand orgue de la nature hu r p te soudain souff s par la brise les chos dun air quele conna bien On sen doute elle lui rend la parole Comment ne croirait ele pas alors qu Eo le de ses pipeaux lui confie un message divin Trouvez moi conclut lvendri merveilleux plus naturel Ne nous tonnons pas que de telles lignes aient su contenir et cela en moins de temps qu elles n avaient mis s exalter les passions qui s taient si imp tueusement exprim es jusqu alors Il est peu de ces fureurs que leur baume vrai dire ne puisse apaiser Si Rome admet qu un hasard naturel a 113 CREATIONS acoompli le prodige le clan la c n a pl
309. oman crit sous contrainte y occupe une place tout sauf secon daire mais l honn tet et la pr cision avec lesquelles il s est acquitt de ce qui aurait pu rester une simple commande font de ce texte un vrai outil de travail Formules recommande Livres et recueils Philippe Beck Derni re mode familiale Editions Flammarion Robert Bober Berg et Beck Editions P O L R gine Detambel La patience sauvage Editions Gallimard Jean Michel Espitallier Pi ces d tach es Un anthologie de la po sie fran aise aujourd hui Editions Pocket Jacques Jouet Fins Editions P O L Kit Moi Lamour Dieu Editions P O L El mir Lebasque Saga de Sn kalar Le Bl me Collection Les Gu res Epais Civilisation Edition Plurielle Herv Le Tellier Zindien suivi de Maraboulipien Edition Syllepse Libre Espace Oulipo n 5 Recueil rassemblant les biblioth ques oulipiennes n 63 73 Editions du Castor Astral Georges Perec 4 CD Dialogue avec Bernard No l Po sie ininterrompue Je me souviens L criture des r ves Tentatives de description de choses vues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978 Andr Dimanche Editeur Georges Perec Raymond Queneau Machines crire CD Rom d Antoine Denize et Bernard Magn Editions Gallimard 269 HORS DOSSIER Georges Perec Les Mots Crois s pr c d s de consid rations de I auteur sur l art et la mani re de croiser les mots Editio
310. omatique des surr alistes le monologue int rieur du romancier pr tention psychologique ou les saccades illumin es de quelque art brutiste Pareille solution est s dui sante son avantage serait incontestablement de r gler le probl me une fois pour toutes Formules comme toutes choses s rieuses se doterait ainsi de son Enfer o soigneusement cacher toute production ind sirable Cependant telle est la force qui se d gage du texte de Bernard Colin dont les th mes souvent subli mes culturellement tr s surcharg s tels que Dieu ou le diable semblent autant l in vitable r sultat que la tr s compr hensible condition sine qua non que Perp tuel voyez Physique pose la notion de contrainte des questions impossi bles passer sous silence et qui risquent d obliger revoir bien des certitudes trop vite trop facilement admises N essayons surtout pas de tricher une prose l instar de celle de Bernard Colin n est pas r cup rable dans les termes conventionnels de l criture sous contrainte Toutefois cette prose n appara t en aucune fa on comme un travail 82 PROPOS DE LA CONTRAINTE d brid ou rel ch surveill e l extr me au millim tre pr s elle semble traver s e agit e boulevers e par des r gles tout autres que celles regroup es habi tuellement sous la notion de contrainte A faire la synth se des diverses d finitions circulant au sujet de la con trainte trois id es m
311. ommence au Ve si cle avec l extraordinaire Carmen XXV de Porphyre Optatien dont un texte a t publi dans le num ro 2 de Formules et qui s panouit au X Vile si cle notam ment dans le Primus Calamus de Caramuel dont un texte a t publi dans le premia num ro deFormules page 132 Un tel rappel souligne que certains proc d s qui sont actuellement rares ou rarissimes peuvent tre ailleurs ou avoir t d autres poques fr quents Ainsi la cynghanedd genre traditionnel gallois voir l article de Heatha Williams dans le num ro 2 de Formules Ainsi de longs textes constitu s enti rement de palindromes de syllabes comme les mots grimai maigri ou bien des textes constitu s enti rement de mots double entente peuvent tre quasiment inexis tants en Occident tout en faisant partie des genres canoniques kavya de la po sie sanskrite Il nous semble vident que sauf dans des cas uniques comme le sonnet en yx ou dans des cas inv rifiables comme la contrainte implicite incalcula ble l on ne peut pas s para clairement d une part le genre conventionnel d ob servance obligatoire circonstancielle et d autre part le proc d peu conven tionnel d observance optionnelle De ce fait il est trop souvent impossible de d termina de mani re incon testable un deuxi me seuil de conventionnalit seul rep re qui permettait de faire de l observance optionnelle la diff rence sp ci
312. omprend galement qu en mani re d amusement il frotte ses mains l une contre l autre avec une rapidit de silex jusqu ce que sa peau d gage un parfum chauff relent de br l Il dit Je joue sentir le mort NDLR L ensemble des textes propos s ici est extrait de Blasons d un corps enfantin recueil para tre prochainement aux ditions F ata Moigana 133 St phane Tuff ry Le style Mode d emploi extraits Agitato Atrabile Ce serait sur la plate forme arri re de l autobus Oui sur le derri re de l autobus de la ligne S Il y aurait beaucoup de monde ce jour l Il y aurait le petit a pourrait se voir que le petit est un zazou avec son long cou son cha peau entour d un galon tress au lieu d un ruban invraisemblable a se verrait que le zazou il monte sur la plate forme il tend l argent au receveur il prend la monnaie Et que tout coup le bus a d marre Oui c est comme a que a fait le conducteur il embraye et a d marre Moi aussi j em braye sur mon histoire Je revois encore le bus qui d marre et du Chinois il me souvient Beau comme un autobus il est Sur le pont de la Concorde il bous cule le petit Le petit lui il regarde l homme du treizi me Les yeux baiss s il le voit encore Oui Lui Dans le bruit il le voit lui lui marcher avec ses pieds sur les souliers qui reluisait Il le regarde les yeux baiss s le regarda mais ce ne s
313. on l histoire litt raire que Ton a trop tendance ne conna tre que par les versions autoris es mais aussi et surtout dans la com paraison qu il instaure au moyen de deux analyses tr s fouill es Tune portant sur Le on de choses 1973 de Claude Simon l autre sur La disparition 1969 de Georges Perec entre th orie et pratique Ici son livre soul ve une s rie de questions tout fait passionnantes Pour commencer Clemens Arts revient tr s utilement sur le probl me du nouveau nouveau roman promu certains diront invent par Jean Ricardou En effet choisir un roman de Simon pour illustrer la cr ation selon Tel Quel n est possible qu deux conditions tr s expresses il faut accepter que d une part Le on de choses illustre plus ou moins fid lement la th orie des g n ra teurs de Jean Ricardou et d autre part que cette th orie scripturaliste des ann es 70 repr sente plus ou moins correctement la position globale du Tel Quel de cette poque Ni l un ni l autre ne vont de soi ce qui en dit d j tr s long sur le noyau dur de la th se de Clemens Arts la relation difficile pour ne pas dire l in vitable rupture entre th orie et pratique Car ce qui se r v le avec le cas de Simon est en fait selon Clemens Arts une constante dans le corpus analys la r sistance du texte l appareil th orique auquel on veut le faire servir De m me que le roman de Simon div
314. on l effet par lequel un crit prend tout ou partie de lui m me pour th me sur un mode inverse W 0 lt y OMRG 19 1 et ortho catoptro anti textures SE OO OMRG IOA les structures par lesquelles survient cet effet du grec anti l oppos de Ainsi la lecture oubli mauvais permettrait d appr cier une ortho catoptro texture et la lecture aucun oubli une ortho catoptro anti texture Bref ce r crit en l occurrence et sous les esp ces en somme d un clin d il viserait les gens avertis commettant son erreur et un endroit sp cial le centre on l a not de la plus explicite formule et avec le soin d une double d nonciation lisible avec chacun des deux sens licites du mot nul il saurait selon une mani re de structural tour d crou en sus la rendre savoureuse aux heureux divers initi s Nulle peine donc saisir le r le d une telle interpr tation venir par des offices un brin subtils au secours de telle uvre c est dire de tel Auteur en apparente difficult C est pourquoi pr sumer par improbable que cette oc currence d fectueuse se f t rencontr e non point sous la plume d un banal 249 ESSAIS rescripteur ainsi qu il est par mon f cheux office advenu mais bien sous la signature de l crivain original Georges Perec en l esp ce il n est point s r que en mainte chaire de litt rature l on se fi t dispens d y recou
315. onsid rer le cas o la pr sence d une r gle implicite all gu e par un ex g te et v rifi e dans toute l tendue d un texte serait explicitement ni e par son auteur Autrement dit la r gle d criture peut 40 DEFINIR LA CONTRAINTE elle tre inconsciente Dans l abstrait il nous semble qu il faut r pondre par l affirmative car la conscience du scripteur ne saurait tre un crit re descriptif pratique les ren seignements sur ce point sont trop souvent inaccessibles Il en va de m me de l intention de l auteur ou de la volont de l auteur crit res subjectifs beau coup moins op rationnels que nos crit res objectifs de syst maticit et d objectivabilit textuelle des r gles Autrement dit il est inutile de s interroger si l auteur a voulu sciemment ou non crire un lipogramme en e ou un carmen quadratum il suffit de v rifier s il Ta fait ou s il ne Ta pas fait des construc tions aussi complexes et coh rentes pouvant difficilement tre le fruit du ha sard Par ailleurs d un point de vue r aliste on cherchera en vain des textes tendus produits par des r gles d criture inconscientes Ce genre d interpr tation est en g n ral all gu fac tieusement propos de ph nom nes dus au hasard comme les lipogrammes en w De toute vidence il s agit l de pseudo r gles qui ne remplissent pas la condition d exclusion du hasard
316. onstruite la matrice minimale d exhaustion repr sentative Voici en vue du bref leur version simplifi e La th se de l exhaustion des effets soutient qu un crit vertu repr sentative ne compte jamais d autres effets ventuellement en combinats divers et chacun pouvant lui m me se trouver soumis la palinodie que l orthorepr sentation la cacorepr sentation l orthom tarepr sentation la cacom tarepr sentation ISE 00 VF 3M La th se de l exhaustion des structures pr tend qu un crit vertu repr sentative ne compte jamais d autres structures ventuellement en combinats divers et chacune pouvant elle m me se trouver soumis la palinodie que les ortboscriptures les cacoscriptures les orthotextures les cacotextures qui produisent lesdits effets 1SE 00 UF 3 87 L avantage pist mologique si l on veut de cette laboration c est qu elle construit au plus net la r futabilit de ses r sultats En effet pour le motif de leur outrecuidante pr tention exhaustive il suffit pour contester ces th ses et les contraindre soit dispa ra tre soit voluer de leur offrir qui fasse opposition un contre exemple analys comme tel La seconde est une erreur quant au probl me En effet si l on se rem more la bourde survenue par mes trop h tifs offices dans ledit r crit 258 POLEMIQUES lipogrammatique en e avec l intrus selon il est possible d aperce
317. ontredite dans le r cit de son aventure ni troubl e face aucune de mes questions Comment un esprit que votre Grandeur se doit de croire na f et pur e t il t conduit offenser par quelque fabulation le Dieu d Abraham et de Jacob Par votre humble missionnaire en la foi S Ruet cur de M Rien en ces temps d imposture ne pr disposait l autorit cl ricale favoriser inconsid r ment la diffusion de semblables nouvelles Quand MgrArvin alors v que de Mayenne prit connaissance de ce t moignage n tait il pas bien l gitime de craindre que des mes simples songent voir une apparition c leste dans leurs moindres billeves es Certes il y avait eu tant Lourdes qu La Salette des visites av r es de Marie Mais Jean Luc et les autres saints du ciel ne cessaient d tre signal s tant t dans la for t tant t dans les champs sinon dans la rue ou l alc ve selon l almanach et le gr d imaginations folles Et l apparition de Pontmain si proche aurait pu nourrir malicieusement le r ve de maintes pauvreltes o cinq enfants leur image s taient extasi s eux aussi devant la M re de J sus Valider de tels miracles dits a excepton imposait au pr lat de nommer d abord une commission d enqu te Il la confia au vicaire g n ral Ignace M raut dont les investigations rigoureuses offrent un apport capital qui d sirerait aujourd hui reconstituer la v rit Tenant recueillir
318. ophe redonnerait l ordre de la premi re Voir L H lice d crire La sextine Pierre Lartigue Coll Architec ture du verbe Les Belles Lettres D couvrant que la formule de la permutation pouvait fonctionner avec les strophes 5 6 9 11 14 18 23 26 29 30 33 35 Georges Peiec valait alors d crire une onzine Jacques Roubaud une neuvine nous d cid mes de compo ser quatre quatorzines sur quatorze mots rimes de sorte qu les lire ensemble nos voix co ncideraient dans la prononciation des fins de vers Les mots choisis taient chante quitte couche tache courte touche co te chic chute chec conte crache toque choc Les po mes furent publi s sous le titre de Y nimaginaire IV en 1978 138 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Voici les deux premi res strophes des quatorzines de Lionel Ray de Paul Louis Rossi et de Jacques Roubaud afin que l on appr cie la diff rence de ton mais aussi de conception de chacun vis vis de la contrainte A l ombre des lexiques en fleur Lionel Ray Ecorce dent ongles ou l vres un mot ou l autre chante comme une aurore d eau fra che la nuit le quitte fontaine de la terre sans vieillesse des champs couche coquille grain foudre sur la rage des rochers t che du temps lointain je disais qu en chaque mot courte est la nuit l approche du froid il est le touch er d un songe l enfance du feu le fil du cout eau plume et
319. opri t esth tique n est pas une propri t interne de l objet mais une propri t relationnelle qu il acquiert lorsqu il est abord dans une vis e esth tique Au sens strict du terme il n existe pas d objets esth tiques qu on pourrait opposer d autres types d ob jets mais uniquement une conduite esth tique qui investit des objets et v ne ments quelconques mondenaturel objets utilitaires oeuvres d art c L activit Intentionnelle travers laquelle se r alise la conduite esth ti que rel ve de la relation cognitive au monde s engager dans une conduite esth tique c est s adonner des activit s telles qu couter des sons regarder des for mes lire des textes etc autant d activit s qui font partie de l attention accord e au monde Rien ne justifie donc de d finir la conduite esth tique par une rela tion sp cifiquement esth tique qui se distinguerait de la relation cognitive Seule l identification abusive bien qu inscrite dans l acte de naissance m me de l es th tique philosophique de la relation cognitive avec la relation d investigation scientifique a pu conf rer un semblant de cette plausibilit cette id e Pour le dire autrement la pr tendue opposition entre la relation cognitive et une rela tion au monde qui serait sp cifiquement esth tique peut se ramener une dis tinction entre l investigation scientifique et la relation cognitive canonique qui d finit l attention a
320. ossibile Pupazzo prima primate poi prot iforme pargoletto perenne Peter Pan pro verbiale parabola pressoch psicoanalitica Mai marinare Mangiafuoco malfamato manovratoie marionette mangia montoni mucche muffloni monstruosa merenda mentre mostra manichini mascherali Mamma mia Meritatamente minaccia masticare mariuolo mentitore Monello mortificato mormora meste melensaggini Misero me Merc Maest minimizza marachelle menziona malasorte mendica muovendo misericordia Mangiafuoco mefistofelico ma mite mostrase miracolosamente munifico magnanimo molla manciata monete Marenghi Mascalzoncello moller melensamente malloppo mefitici malfattori malandrini Guardagli vedi Gatto volpe Gozzoviglianti versipelli guatano vili giovendosi veloci gonzaggine vagheggini geppetidi vispi 3 Fida fatina fulgente figurina frondosa fluttanti fiordalisi Finte fiere fiirbacchione frastomavano felloncello ferito fascendo fantasmagoriche farmacopee fam favoriva febbre furfantello Favellasti fervida Fiducia Finora fosti fantoccio fmgevi fanfaluche Facesti fiasco Forza Fruirai future figura fanciullo Fosti fededegna fenomenalmente figlio falegname fortunato filugello fiori fuoriusci frugoletto fouriclasse Favola Forse Filando fievoli fantasie fiabe fruttificano felicemente fatti Fine 93 Pauvre Pinnochio Traduction de Bernardo Schiavetta CREATIONS Papa pauvre Peppe par patentes p nurie
321. ou che les rimes comme l ments textuels Il s agit d un proc d rare ou unique de difficult moyenne ou faible 4 6 Contraintes et observance optionnelle Nous avons tabli et postul que la conventionnalit des normes impli que une observance obligatoire g n rale Nous avons ensuite postul que la conventionnalit des prescriptions diff rentes des normes peut impliquer soit une observance obligatoire circonstancielle dans le cas des textes appartenant des genres litt raires ou non litt raires canoniques soit une observance op tionnelle dans le cas des uvres uniques celles qui sont hors genres et de mani re moins rigoureuse dans le cas de genres rares Si la pr sence d une observance optionnelle pouvait tre toujours claire ment v rifi e l on pourrait alors d terminer indubitablement le deuxi me seuil de conventionnalit 48 DEFINIR LA CONTRAINTE Malheureusement il nous semble vident que sauf dans des cas de textes niques comme le sonnet en yx ou dans des cas inv rifiables comme la con trainte implicite incalculable l on ne peut pas s parer clairement le genre cano nique du proc d peu conventionnel car les uvres unanimement reconnues comme des textes contraintes appartiennent souvent des genres rares mais toutefois des genres 4 7 Raret En foit parler d une observance optionnelle revient dire qu une con trainte serait un proc d plus rare
322. our tour comme une identit ou une entit compos e Contraintes et conception ontologique du texte Consid rant le signe textuel comme un mat riau je d finirai une con trainte comme une manipulation contr l e r gl e et finalis e appliqu e sur ce mat riau Une telle manipulation peut porter sur chaque face du signe tant vident que toute manipulation sur une face modifie l autre puisque les deux faces du signe sont li es par la fonction s miotique Cette d finition de nature proc durale et non structurelle suppose l in tervention d un sujet agissant qui ne soit pas une simple strat gie textuelle Elle n implique donc pas le Lecteur Mod le ou l Auteur Mod le du L texte tels que tes con oit U Eco 1979 Elle se rapproche de la notion de contrainte tex 71 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE tuelle telle que la d finissent Bemardo Schiavetta et Jan Baetens 1999 qui semble s opposer au dire de ces auteurs et je suis d accord avec eux la notion de texte contraintes Il est utile de r fl chir quelques instants au contenu et pr suppos s des diverses approches tant bien entendu que la r flexion pour les uns comme pour les autres n en est qu ses d buts C est d ailleurs un des int r ts de l pop e litt raire elle suscite de nombreux d buts mais jamais de fin La d finition propos e par Schiavetta et Baetens du texte contraintes comme r sult
323. our ne garder qu un seul exemple normatif se font partout o ils sont possibles purs ongles Angoisse lampadophore r ve vesp ral etc etc Tout cela se trouve en de d un premier seuil de syst maticit et de conventionnalit que nous avons d j voqu Au del de ce seuil de la m me fa on que dans l exemple de H r dia ce qui correspond au niveau de la forme fixe peut tre tabli sans difficult selon une autre formule rimique du sonnet Toutefois une r gle suppl mentaire a t suivie sur quatre d sinences les rimes jouent seulement sur deux sonorit s iks et o R Ainsi les deux rimes des quatrains sont en ix ou yx et ore celles des deux tercets en or et en ixe Ainsi les rimes masculines deviennent f minines et vice versa La cu rieuse structure de rimes alternance de genres est syst matique et conven tionnelle mais d une conventionnalit restreinte car on trouverait difficilement beaucoup d autres exemples de ce proc d Tout cela se trouve au del de ce que nous appellerons un deuxi me seuil de conventionnalit qui fait le partage entre ce qui ce qui est particulier un genre textuel et ce qui est encore plus particulier au sonnet en yx Il nous semble que cette discrimination peut se faire ici sans ambigu t s Il nous semble donc difficile de contester que le sonnet en yx est un texte contraintes Il comporte plus pr cis ment une saturation cat gorielle qui t
324. out autre celui qu on appelait alors ga Jul En cette ann e 1930 on a enfin remis les arcs et les fl ches Le secret peut se dire sans qu on ait s inqui ter des retomb es C est bien lui le fac tieux qui s taitembusqu le 21 mars d guis en madone avec il est vrai de tout autres intentions que d amuser la galerie Marguerite surprise ne r sistera pas tant que Jacob son ange et l on comprend la vraie raison des jambes souill es et de la blouse d catie Il n est pas tonnant que la fillette coure aussit t porter son fol aveu au presbyt re o le jeune pr tre l coute Comme l v que en a t moign Sylvestre Ruet est alors tout imbu de ce verbalisme corrosif emprunt aux h r tiques et selon lequel il nest d autre V rit que pro duite parle langage Il n a ni scrupule ni peine convaincre une enfant si soumise de transfigurer sa honte en belle histoire quitte lui m me en faire un miracle de mots Ce qu ils diront n est il pas plus wai selon la th orie de l orgueilleux qu une r alit voulue par le diable En sanc tifiant sa prot g e sans doute m me croit il tuer en elle la p cheresse N est ce pas la lettre av chevet dune mourante que le m nent ici les errements de sa foi Certes Mgr Arvin n est pas r ellement dupe On se rappelle l v ch ses r serves l gard de Ruet et ce sobriquet de fier bec fort incongru de sa part dont il le gratifie
325. out un entassement d objets h t roclites de tout un d sordre dont il lui fallait sans cesse endiguer l invasion avant de se mettre travailler 166 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Seul un chat pouvait se mouvoir au milieu de cette accumulation et le sien n aimait rien tant que se promener dans toutes ces affaires sans tre d rang le moins du monde finissant par s y accroupir tout fait confortablement Par des op rations bien r gl es il introduisait sur le lit un d sordre crois sant Rien ne lui chappait Il chavirait les fioles sur les charpes et les dentel les Elles s ouvraient Elles distillaient leur odeur Les fourrures s imbibaient de liqueurs lentement infiltr es Elles s oflraient D li es elles livraient leur moiteur enivrante sur des aires bien circonscrites L air devenait lourd irrespira ble Les plus belles pi ces de la collection taient conserv es dans une petite chambre destin e ce seul usage ou dans des placards tous ferm s par des cade nas combinaisons Selon certains il poss dait onze mille cravates huit cent treize cannes et s abonnait tous les journaux de langue anglaise du monde entier non pour les lire mais pour faire les mots crois s Selon d autres ces collections et ses manies n taient que des leurres prot geant d autres passions Mais personne n avait jamais p n tr dans la petite chambre On disait qu il s y livrait en cat
326. oyen formel ou extraformel visible ou invisi ble pour autant qu il permet d imaginer un autre l ment inexistant ou possible R Sabatier Nice Le Lettrisme Les cr ations et les cr a teurs 1979 2 Le terme lin arit est assez approximatif si on le prend dans son sens g om trique M me dans l criture manuscrite le trait n est ni continu ni rectiligne il est seulement inscrit dans une bande de largeur r guli re Ce type de quasi lin arit se retrouve dans les compositions lettristes 3 Si on consid re selon ces crit res bien des uvres de Vasarely on s aper oit combien est peu tanche la s paration des genres 4 Pour la distinction entre signe plastique et signe iconique v le Trait du signe visuel du Groupe p 1992 5 Rh torique po tique Urbino Centre International de S miotique 1972 et Rh torique de la po sie Bruxelles Complexe 1977 t d Paris Seuil 1990 ESSAIS LEVANT GEAR MSG EIRE GS SN DRE NET re TL X LR DROAS LI Ze ea NIPTI UA DPIN CLAMANS YI YAS TASI SG Edouard Berreur ARS NES EEREN EC TAA A CIE ANS A DENS EVE NIEN ANR ANR ODIEM Roland Sabatier Escritares Dessin avec des lettres 224 ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES sg ie aa 9 Mh t IAN 3 a f a de de qe K h i FA i 1e fi rs ne Vas ii ANT ni a AATA N K izi e al A y AN Va R e j pi ASTTE i ART h ig 4 R yE Ai Ebri kia i je K
327. p te que je d mens derechef cette th se de d esse m re que c est une pure erreur dejugement C est V nus et un geste cl le r v le nettement elle merge des mers dress e sur une perle d un vert superbe une seule belle perle de verre ventrue et renfl e un ferret c rul en cercl de bleu de Prusse telle une esp ce de semelle en sph re verde Seule V nus est telle C est une V nus verde de Blesles je le r p te Les deux tumulus rep r s un peu plus loin vers l Est rue Pr vert furent perc s en leur centre cet t et r v l rent des s pultures plus r centes L une d elles est celle d un squelette de femme rev tu d une esp ce de jupe un genre de p plum de dentelle brune sur un v tement prune Des restes de plumes semblent tendus sur elle Cette femme est en gu tres de feutre et en semelles de fer Le squelette est presque dent Ces restes fun bres semblent tre enterr s en extr me urgence Le geste de cette d funte surprend elle est renvers e en segment de cer cles ses membres semblent ruer bretter lutter se tendre en exc s sur ses semel les ferr es Peur de d c der Epreuve de guerre Culte d un genre sulfureux Quel sens rev t ce geste Quel texte permet de r v ler cette r f rence Les semelles semblent enserrer fermement les gu tres elles se r v lent fum es pres que b ne Ces l chures de feu surprennent le squelette n est nullement br
328. pare choc Sur la mer Rebonds du soleil jusqu aux couches De minium jusqu aux peintures fra ches sous la chute des tuiles et des bois Une fille en sweetshirt chic Ago University avec des taches De rousseur plein les yeux joue B la Bartok Puis Bach lapartita o le violon chante Comme jamais nous ne saurons crire un conte Il y faudrait des matin es ne plus touch Er terre et que les mots soient d eau vivante o ch Acun croise l image de son double Or crach Eur d toupe me voici travaillant la cont Re assonnance loin des flaques o le b b court t Out nu et s clabousse loin d Eole qui chante Sur les sables rid s en toit de t le J coute Les l vres et les livres Je coiffe d unejolie toque De tro ne l h ro ne qui joue aux checs Avec moi sur la terrasse rousse M me les taches 145 CREATIONS 146 Que projettent les nuages prendront sens Oquit Ter la terre lourde un peu monter dans cette chic Or e bleu p le pourfrissonner sous les chocs Des masses d air br lantes ou plonger dans les chutes Eclatez lumi res lacs vapeurs de P ques o ch Antent les pavillons trangers Le vent couche Les vitres du front de mer les hampes les m ts tout ch Ancelle dans les nuages et l on croirait des chutes De ch teaux de cartes que les hautes fen tres crachent Leurs jupons blancs Les enfants guettent le moindre choc De l corce et pour suivre la d rive du cont inent sous
329. part et d autre en taie la fr le ma onnerie Des meubles ni des ornements il n est rien rest sinon la trace de quatre crucifix sur le pl tre graffit fongueux trop essuyer d insultes Quant la statue miraculeuse bien s r elle mest plus l Il est loin le temps o l on se rendait M de tous les coins de France en por tant des offrandes pour la prier de gu rir les leucomes et l ectropion Loin le na f lan de tout un peuple guid par une enfant dans la violence de la foi en ce si cle finissant dans un hameau de l arri re pays de Laval Et pourtant Malgr les profanations qui en effacent les d tails il se peut d chiffrer encore sur le bandeau rong de la corniche l aventure si trange qui vaudra au lieu dit l honneur des p lerinages Toute l histoire commen a semble t il par un beau soir de printemps derri re l glise o officiait cette poque le p re Sylvestre Ruet R cemment install M infime paroisse de cent trois mes le jeune cur tait absent lorsque l cho de coups frapp s la porte du presbyt re arracha sa vieille servante son endormissement De ces coups et de leur violence le pr tre devait nous livrer la raison dans une lettre qu il adressa le lendemain m me l v que int rimaire de Mayenne et conserv e depuis lors aux archives Faut il pr ci ser que nul men saurait aujourd hui consulter le manuscrit sans le seing piscopal On voudrait oublier ici que
330. pel avec lequel il a griff son astre sur le ventre de la malheureuse On trouve aussi dans le village un bourrelier qui a soign sa ga dyeux en suivant les recommandations du cerneurdemaux Et il ne serait pas le seul 119 CREATIONS 4 D sormais peut titrer Varnet sarcastique fa messe est dite Entre un rustaud qui fleure le soufre et la madone le combat tourne au saugrenu Allez savoir qui de la sorci re des uns au sorcier des autres aura cur avec votre permission meschers fr res loei obscurci de la Lucette Qui du folic hstilateur de jus de couleuvres ou de la m re pucellk ad vitam sempitemam usa pour le coup de ses charmes Demandez Sois Maudi le pauvrecrois qui revient de Terre Sainte birette en beme et verbe embarrass ses sarrasins en sont encore couch s de rire Gu risseuret rieurs sonnent le glas de l esp rance Associer lesaint nom de Marie celui d un rebouteux jeteur de sorts allait vite s av rer fatal au culte renaissant de la vierge de M Les dons cessent d affluer avec les p le rins qui se d tournent alors du sanctuaire Et ainsi s efface le r ve architec tural du maudit dans l ombre et le silence retrouv s de sa for t En quelques jours ses fid les alli s du Comit l chent le fondateur Isidore Monchalinfaitun pr che contre es ecteurs de veaux dor dont l cho se fait entendre aux quatre coins du canton a Voix du Maine porte son coup en publiant la lettre ouverte
331. penser davantage qu un simple effet de miroir Le r fl chi tant ici en quelque mesure le produit du r fl chissant la mise en abyme d voile certes l identit du programme auquel correspond l nigmatique r cit mais surtout elle r v le que ce programme ne se r duit pas la simple nonciation d un para doxe le r cit dit m me absurdit les donn es d un absurde probl me la loi dont il est d battu de l origine et de l absurdit c dant la menace de son absurdit entreprendre quelque t che absurde aberration son propos aber rant touchante aberration ou non sens son propos insens puisqu il conna t les honneurs d un accomplissement R alis le programme est ipso facto cr dibilis son s rieux attest C est pourquoi La Prescription peut sans doute tre lue comme un art po tique dont le th or me ne pas conna tre le premier mot de sa vie mais qu il la faut crire d signerait non pas tant le rabattement cher un Roger Laporte du bios sur le graphos que plus fondamentalement et moins existentiellement l aporie qui g t au c ur de l entreprise litt raire l preuve d une transitivit laquelle fait d faut l ant c dence de son objet Mais pareil r cit qui a pour ferment fictionnel une voix sans auteur non ant le projet d une auto biographie amn sique peut galement tre vu comme une tentative de fictionnalis
332. perception Le sens seul manque au p texte Il est donc parfaitement accessible et manipulable par un robot lecteur pour reprendre une expression de Boris Vian Tout le monde utilise un tel robot il s agit par exemple d un syst me constitu d un scanner d un ordinateur et d un logiciel de reconnais sance de caract res Le robot lecteur le plus simple et le plus universel concer nant l crit est tout simplement la photocopieuse Ces deux robot lecteurs r ali sent la manipulation p textuelle la plus simple qui soit transposa le p texte d un texte voir un autre Une telle manipulation ne constitue pas encore une contrainte 77 DOSSIER THEORIQUE 2 E PARTIE Si le p texte est sujet manipulation ph nom nale le L texte lui est sujet programmation Je ne parle pas de programmation informatique mais de programmation de lectures C est en ce sens que le texte en fait le L texte peut tre consid r comme une s rie d instructions qui guident entre autres le rem plissage cognitif chez le lecteur de l immense volant de non dit dans le p texte Au niveau du L texte purement cognitif le texte se joue en termes strat giques entre deux individus un auteur physique et un lecteur physique Les propositions de l OULIPO fourmillent d exemples de contraintes qui jouent tant t sur le p texte tant t sur le L texte Ainsi la m thode S 7 est une manipulation ph nom nale du p texte ce que je nommerai u
333. plus ou moins laige l crivain il y a autrement dit des contraintes plus ou moins difficiles Perec d clare ainsi Jean Marie Le Sidaner j ai choisi d appeler po sie des textes engendr s par des contraintes difficiles Je maintiendrai une diff rence avec la notion de contrainte dure que Perec invoque dans le m me entretien les textes contraintes dures oulipiennes que je fois un peu comme un pianiste fait ses gammes queje relierai via l pist mologie contemporaine la notion d algorithme Seront alors consid r s comme des contraintes dures ou algorithmiques les contraintes combinatoires la m thode S 7 l homosyntaxisme par exemple Le lipogramme ou le proc d roussellien seront en revanche class s comme des contraintes non algorithmiques 2 Dela contrainte au texte Si l on accepte la tentative de d finition propos e il semble que le texte contraint ressortisse selon les analyses de Michel Charles une id ologie rh torique du texte La pens e rh torique en effet est caract ris e par une imagination des possibles qui s oppose l id e d une n cessit du texte Par ailleurs cette imagination pose le lecteur en auteur potentiel une culture rh tori que est une culture o la lecture est tourn e vers une criture Il n y a plus alors de privil ge d auteur qui soit fortement affirm l objet texte devi
334. plusieurs mots des phrases les cellules ou particules lettristes ne forment pas de telles unit s hi rarchis es et significativement diff rentes La discr tisation est donc modulaire et entra ne une spatialit contrainte La combinaison de la lin arit et de cette discr tisation est ce qui permet au lettrisme d tre une allusion claire l criture Cependant le passage au code de lecture image au code de lecture texte est aussit t d u ce qui nous incite consid rer d sormais tout crit comme une image 3 Les modes de signification Ce sera par m taphore qu on leur attribuera une totalit de signification au m me titre que les r pertoires cod s mais ils ne retiendront que les deux aspects les plus g n raux de ce trait une potentialit de signification qu on leur accorde tout comme on ne doute pas que les signes h breux d un quotidien de Tel Aviv ne transmet tent des informations une obligation de signification car la liaison entre signifiant et signifi est sym trique comme le soulignait Saussure dans la c l bre parabole de 214 TUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES la feuille de papier En effet ici comme pour la litt rature fantastique la science fiction et en g n ral la pr sentation orale ou crite des mondes possibles la simple noncia tion poseson objet et m me suscite un pr suppos d existence Tout essai pour pr ciser davant
335. poth ses d finitionnelles Nous postulons que les contraintes et que les textes contraintes seraient des r gles et des proc d s syst matiques de production et de r ception sembla bles aux normes et aux proc d s et traces textuelles r sultant de leur action mais semblables aussi aux autres prescriptions textuelles syst matiques dif f rentes des normes et aux proc d s et traces textuelles r sultant de leur ac tion En cons quence il nous faudra d terminer d abord quels sont les crit res d finitionnels que les uns et les autres auraient en commun Nous consacrerons cela la partie la plus d taill e de notre analyse car certaines de nos conclu sions seront galement pertinentes pour d crire certains aspects des contraintes et des textes contraintes Nous rechercherons ensuite le crit re d finitionnel qui constituerait la diff rence sp cifique capable de s parer les r gles contraintes les proc d s contraintes et les textes contraintes des autres types de r gles de proc d s et de textes Dans ce sens notre r flexion suivra d abord l approche ouverte par cer tains oulipiens la contrainte serait une sorte d exc s par rapport aux r gles admises Nous examinerons ensuite d autres approches mais tout au long de nos analyses nous n utiliserons que trois crit res Nous affirmons premi rement que tout texte r sulte d un ensemble de conventions normatives qu elles soi
336. pour le joug le joug pour la proue la proue pour le bout le bout pour la boue la boue pour le pou le pou pour le sioux le sioux pour le fou le fou pour le flou le flou pour le so l le so l pour la soue la soue pour le go t le go t pour les sous les sous pour la toux la toux pour le tout 188 le tout dans le tout le tout dans le coup le coup dans le trou le trou dans le clou le clou dans Le mou le mou dans la moue la mue dans la joue la joue dans le doux le doux dans le houx le houx dans la hoe la houe dans le chou le chou dans ie brout le brout dans le gnou le gnou dans le loup le loup dans le roux le roux dans la roue la roue dans le joug le joug dans la proue la prow dans le bout le bout dans la boue la boue dans le pou le pou dans le sioux le sioux dans le fou le fou dans ie flou le flou dans le so l le so l dans la soue la sow dans le go t le go t dans les sous les sous dans la toux la toux dans le tout CR ATIONS Jacques Perry Salkow Cahier quatri me le d gypi me l a abc c qic c ke o ve 1 uzu h rb h g pi d d5or dp 3in jzat 2 7 t a h Z uyl a dkp d d5S0it 2 ki d ht 2 20 oe 50ihh 1 ki ki 4i 1000 djm aihhr al000 t a t l2ie 2 700t3t skp gx 1 kik t o 1000ie 2 7 o d100c l ol5f i zr kiac ul000it d d 2 20 hl xr d ir a 1 1000 10i o 130 iha a t rc hl di 2 9 i ci 2 1uad hl 1 6t E g ic IJ b arr 2 ta30ai 7 1 10 a 10ip n
337. que la vocation du site doit se traduire imp rativement dans sa propre forme et son propre agencement En effet s il s agit justement d tudier le devenir hypertexte du texte sous l im pulsion des outils lectroniques contemporains mais pas uniquement puisque ebr montre clairement qu il existe des hypertextes non lectroniques tout comme il y a des textes lectroniques il est de rigueur que le site lui m me change le mod le textuel de la revue contre un mod le hypertextuel dont les modalit s restent videmment d couvrir Cette prise de conscience et l action cons quente qui en a r sult ont connu deux tapes Dans un premier temps Joseph Tabbi s est efforc de cons 264 TUDES D OEUVRES CONTEMPORAINES truire des liens mat riels entre les textes des num ros qui s ajoutaient rapide ment nombreusement les uns aux autres Peu peu ces textes se sont vus pourvus d hyperliens mais dans un esprit qui se trouve mille lieues du tout hypertextuel dont les voyageurs de commerce de Bill Gates et Cie nous rebat tent les oreilles Loin de tout lier tout ce qui reviendrait ne plus rien lier du tout Tabbi veille soigneusement n accueillir qu un petit nombre de liens aussi peu nombreux qu ils sont appropri s au dialogue que chaque article veut faire na tre Dans un deuxi me temps il a compris que cette logique d articulation en r seau s oppose finalement aux caract ristiqu
338. quelle apr s avoir identifi les exceptions orthographiques les plus tranges les rige en nouvelles r gles de cette mani re le son g s crira x comme dans exemple et ainsi de suite pour chaque lettre de l alphabet Certaines formes de cryptographie correspondent galement des substitutions Finalement il existe des modifications des normes par permutation C est le cas entre autres des anagrammes ainsi que des palindromes de lettres ou des palindromes de mots comme Temps part pousse pousse part temps de Michelle Grangaud dans le premier num ro de Formules Dans le cadre des modifications apport es aux normes saturation dif fase la modification la plus radicale est sans doute la suppression d une ou de plusieurs normes Ainsi certaines Anti lettries d Isidore Isou sont des pages blanches portant seulement un titre D autres auteurs comme certains dada s tes liminent plus ou moins le sens as mantisme voir par exemple Karawane de Hugo Bail ou l Ursonate de Kurt Schwitters Par ailleurs certains genres sont d termin s par des modifications des r gles du discours Ainsi l nigme r sulte plus sp cifiquement d une r gle d cart par d faut de la quantit et de la clart de l information fournie par le texte laquelle devrait tre en principe en quantit la fois n cessaire et suffisante Une r gle d cart par d faut de v ra c r nous donne le
339. quement le narrateur relate la vie de quelqu un d autre soit autobiographiquement le narrateur raconte sa vie cette seconde hypoth se est celle que semble accr diter l pigraphe rimbaldienne du livre avec le signe de ponctuation ouvert sur lequel elle se termine Quelqu une des voix Toujours ang lique Il s agit de moi Vertement s explique Le propos nonc par la myst rieuse voix est bien une seconde fois prescriptif parce qu il interdit l crivain de mobiliser le mat riau n cessaire l criture d une autobiographie tous les faits ant rieurs l mission de la voix sont couverts par la prescrip tion et ne peuvent donc tre invoqu s Une Ignorance un Imp ratif et jamais si imp ratif que parce qu il est fond sur une ignorance 239 ESSAIS On l a compris c est un bien curieux objet litt raire qui se profile avec La Prescription La d fense de l irr ductibilit deux grands syst mes d inter pr tation d un v nement consistant en un propos orphelin qui dans un m me mouvement donne une consigne et interdit de recourir aux moyens qui permet traient de l ex cuter Si le vertige n est pas loin l tonnement lui est con somm car assur ment il n est pas des plus attendus qu un r cit se d ploie ainsi pour construire et saper dans un m me mouvement diverses explications apport es au fait d entendre dans une chambre close une voix s
340. r ce r crit vocation lipogrammatique ne laisse pas au fond d enrichir sa complexit En effet notons le d abord et dans la mesure o toutes vou es un accomplissement lipogrammatique ces lignes voquent une prose issue de maints calculs ingrats d un postulat influant si fort d un soin assidu d un oubli nul il est flagrant que pour l heure elles s appliquent largement parler d elles m mes D s lors introduire en leur sein ladite b vue et d autant plus au centre exact de la plus explicite formule permettrait quelle que soit la fa on dont on interpr te l adjectif nul un sup pl mentaire rapport savoureux Comprend on avec oubli nul aucun oubli Alors l crit par son commentaire d nonce en son lieu m me sa propre infrac tion sur le mode ironique Comprend on avec oubli nul oubli mauvais Alors l crit par son commentaire d nonce en son lieu m me sa propre infrac tion sur le mode s rieux Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique l on appelle ortho hyper autorepr sentation l effet par lequel un crit prend tout ou partie de lui m me pour th me S 00 OMRG iH I et ortho catoptro textures S YO0 OMRG 17 1 les structures par lesquelles survient cet effet du grec huper au dessus autos soi m me katoptron miroir En outre l on nomme ortho hyper anti a itorepr sentati
341. r n gligence peut intervenir pendant leur labora tion touchant une ou plusieurs unit s de mani re al atoire Il s agit alors d une infraction al atoire Le statut de ces textes ne pose aucun probl me car la condition de rigueur de l ex cution n est pas contest e en son principe Le d faut de syst maticit peut intervenir un ou plusieurs emplacements significatifs du texte C est ce que l on constate dans le po me de Raymond Roussel L me de Victor Hugo dont le syst me des rimes comprend une seule infraction tout la fin du po me o l on trouve Hugo alors que l observance de la rime aurait d forcer l auteur mettre un mot ou un nom rimant en el Roussel Il s agit d une fausse erreur qui a de toute vidence une valeur ex pressive Il s agit alors d une infraction significative Ici encore le statut de ces textes ne pose aucun probl me puisque la condition de rigueur de l ex cu tion n est pas contest e en son principe elle se trouve m me plut t renforc e car l infraction est l instrument d un effet de surprise Lorsque ces infractions la syst maticit sont accept es nous avons affaire ce que l Oulipo appelle le clinamen ou si l on pr f re l assouplissement de la r gle La pr dictibilit propre aux r gles implique donc la possibilit stylistiquement f conde d infractions cette pr dictibilit Par
342. r quelques m du texte 124 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Paysage avec St Fran ois de Paule en pri re par le p re Em manuel Maignan 1642 Cette anamorphose du clo tre de la Trinit des Monts Rome est voqu e par le p re lvendrl dans son courrier du 1er mai 1880 La Voix du Maine L image du saint et de l arbre n est ainsi visible qu l entr e de la galerie et s tire jusqu devenir ind chiffrable mesure qu on s y avance Le r ve jet sur une coupure d agenda Esquisse dessin e par le marquis de Maudissois pour sa basilique On y reconna t le narthex o selon Bitard se trouvait la statue de la vierge et le plan symbo lique de la vo te Quatre croix d ogives en rappel d une ombre qui dit on traversa un champ et un choeur rayonnant comme l astre solaire Ou encore l araigne d pierre au plafond du marquis 125 CREATIONS R gine Detambel Blasons d un corps enfantin extraits Un tre math matique L enfant a l app tit des brisants et des coupants Les sparadraps la gaze le coton forment son linge intime de jeune fille Et comme une jeune fille en effet il est possible que sa peau crie sans cesse aux corces au cr pi la ronce et aux barbel s saisis moi au passage ne me laisse pas au rebut Et l pingle au clou au bois qui n est pas lim j ai besoin d attirer l attention avant de retourner en poussi re
343. r un point de l espace Au seul souci de voyager Outre une Inde splendide et trouble Ce salut soit le messager Du temps cap que ta poupe double Comme sur quelque vergue bas Plongeante avec la caravelle cumait toujours en bats Un oiseau d annonce nouvelle Qui criait monotonement Sans que la barre ne varie Un inutile gisement Nuit d sespoir et pierrerie Par son chant refl t jusqu au A 19 Sourire du p le Vasco Vasco donc vient la fin du texte rimant la poupe du dernier vers avec jusqu au en paroi r verb rante d un cho sonore dont l effet de sens pourrait jouer contradictoirement avec la signification globale du sonnet qui est justement de dire que Vasco est celui qui ne va pas jusqu au puisqu il passe outre une Inde qu il va au del du but que l histoire lui a assign Mais justement le nom de cet explorateur mallarm en qui voyage au seul souci de voyager et qui par cons quent voyage pour voyager comme le po te est celui qui crit pour crire sans se fixer d autre enjeu que l acte formel qu il accomplit sans s arr ter au gisemenp gt du sens quelque s duction qu il exerce 235 ESSAIS qui crit pour signifier c est dire ordonner un dispositif infini de significa tion et non pour emballer un contenu si pr cieux soit il le signifiant Vasco l extr me fin du texte renvoie en boucle au d but de ce texte comm
344. rables 59 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE Jean Marie Schaeffer Qu est ce qu une conduite esth tique Pour tre cognitivement int ressante toute r ponse la question formu l e dans le titre me semble devoir se fonder sur trois pr suppos s a les faits qu indexe le terme esth tique rel vent d une conduite humaine intentionnelle b cette conduite est un fait anthropologique donc transculturel et transhistorique c elle se compose d un nombre restreint d l ments fondamentaux qui tous peu vent tre d crits dans les termes de la psychologie humaine commune en sorte que son analyse ne n cessite pas qu on postule l existence d une facult mentale sp cifique qui serait le go t Je ne fournirai pas ici d arguments directs en faveur de ces suppositions qui fonctionneront donc ici comme des postulats plut t que des hypoth ses au sens strict du terme Mais supposer que mon analyse soit correcte dans ces grandes lignes elle devrait renforcer leur cr dibi lit 1 tat des lieux Lorsqu elle na t au XVIIITM si cle l esth tique philosophique dispose d en tr e de jeu de tous les l ments qui auraient d lui permettre de penser son objet D abord depuis Baumgarten elle identifie correctement la relation esth tique comme une relation cognitive Ensuite de mani re exemplaire chez Kant elle r ussit d gager la sp cificit fonctionnelle de la relation cognitive fina lit esth
345. rainte ces domaines jusqu ici 83 DOSSIER THEORIQUE 2 E PARTIE moins arpent s que sont la prose le sens le rythme Pour diverses raisons la r ponse affirmative ces interrogations ne pourra ici suffire car Perp tuel voyez Physique lait plus il touche la contrainte m me c est dire la fa on dont la contrainte est d habitude envisag e fa on qui explique entre autres choses l explosion r cente du comique et de l criture combinatoire Mettant en cause la conception logarithmique scientifique de la con trainte est ce une r gression obscurantiste que l on se condamne En prati que l exemple de Bernard Colin montre que la qualit du texte n en sort pas n cessairement perdante Sur le plan th orique n anmoins la chose est moins s re le danger existe qu on ouvre toutes grandes les portes ce qui m rite en effet d tre combattu et critiqu Pour sortir de l impasse le mieux est sans doute de tr s bien lire ce type de production surtout au niveau microstylistique de la phrase Dans le cas de Bernard Colin cela reviendrait mettre en valeur l exploitation tr s concert e de la syntaxe tremplin qui d oit sans cesse les attentes du lecteur dans une analyse ayant fait date Jean Ricardou a bien montr comment le lecteur partir des premiers mots d une phrase arrive en imaginer d j la probable fin sans pour autant tomber dans le pi ge redoutable
346. ranch es Perdus dans l Ouest des Peaux Rouges criards affrontent des bandes de cow boys qui l aff t d fendent leur scalp grands coups de fu sils On s arr te enfin TEXTES A CONTRAINTES VARIEES On fait les comptes Vainqueurs ou pas on retourne ses bases D une fourchette lasse on y crase dans la pur e toutes ces aventures Avec un bout de steak Cruel supplice Soir Voici l heure o croissent les murmures de la rue Vivegnis jusqu ton lit Sous le plafond pointu tu regardes par la lucarne illu min e de Lune ce concert qui monte pour s en aller jouer au fin fond du cosmos Dix Neuf Tu n as pas la berlue Huit Sept Un vrai r ve t ouvre son conte tu t y assieds le cul entre deux phrases Six Cinq Moteur Ta capsule s embrase Quatre Trois Deux Tu vas quitter les murs de ta mansarde Un Z ro Et se dis loque ton corps au fur et mesure que la rue Vivegnis s loigne l infini 151 CREATIONS 152 Tu dors Le bu vard du sommeil au bout du ciel a bu ta conscience Il n est rien qui te dompte aucune fin mvers Tu dors Lorsque turlututu tu ois des voix qui caqu tent ton nom Te r veras tu Gros salaud Malheur jase t on Je m veille entre paronomases et lapsus Avec des gestes peu s rs je me bourre la bouche au dentifrice et pars rejoindre d autres cr atures rue Vivegnis d j
347. rce autour du refus sa cro te d aurore rose rase au futur d cor Blanc et noir train en bloc loin ber ant ton clan b ri b ri clonant Chemin e d usine ni mus e de chien ni nem dieu s ch ni nich e de nues usine demi ch ne en chemin de suie 176 Ciel ouvert Ouvre ce lit le c ur vit o ce livret court veil coule revit vo te le cri l crit voeu et riv clou cr ve outil lot rev cu cuit v role crie volute croule vite coule vitre Devant le bateau immobile une ode va timbale timbale elle v t ma moiti du nabab la tombe avale un midi b te le tableau bovin me m dita on avait dit bl me bl me au mat la table bue devine moi au m me lit vide abat le bon En attendant tente d antan tant de n ant Entre deux cr puscules scrupules en creux d t P t creux cr pu du sens surplus ce cendreux t pendule succ s terreux ce sens pur dur l ex cute centre de plexus us cru cru cru et en plus de sexe ce pur tre exclu du sens excuse l encre du stupre l exc dent sur ce peu s r s r s r except d une cl CONTRAINTES DE LETTRES 177 CREATIONS 178 La voix des voiles vol vol a de si six sad sex viol viol le saxo livide vos vies vides all X ex villas ovo des lsd sa voix voil e Le bruit des vagues gris suave le d but du buste vise large gravit du bleu ses suies duvet glabre tague les d bris vu Le monde plate
348. remettre le lecteur dans une situation d illettr Fonction que remplissent d ailleurs nombre d autres structurations rh toriques Le po me lettriste dans sa forme hypergraphique n a pas aussi explicite ment ce caract re cod mais il a par contre l avantage de renvoyer sans ambi guit au syst me de communication le plus cod qui soit le langage On peut donc estimer qu il fonctionne de la m me fa on que tout autre po me par une exploitation de la structure m diatrice du Logos Mais l o le po me tradition nel s efforce de pr ciser les termes qu il m die en soulignant leur tension le po me lettriste s interdit de le faire et se borne annoncer qu il m die sans qu on puisse savoir exactement quoi Ce mode de fonctionnement requiert de la part du lecteur une attitude appropri e Mais il en va ainsi pour tous les autres modes de communication esth tique Pour les uvres plus sp cifiquement lettristes c est au niveau des mots forg s qu appara tront des structures int ressantes celles d un lexique parodi que 4 Analyse de quelques uvres L impr cision et l arbitraire des limites de genre ne manqueront pas d ap para tre ici une fois de plus de m me que l tendue du champ revendiqu par l approche lettriste Et ce n est pas sans esprit de provocation que j voquerai par exemple dans cette section l uvre de Dotremont ou d Andr Martel 4 1 Emploi des
349. rier Du sonnet au ha ku les origines de l ha ka sation chez Raymond Queneau Guy Lelong La double entente mallarm enne Pratiques Traductions possibles ou impossibles de grands textes par Philippe Bruhat Gilles Esposito Far se Gilles Esposito Far se Pascal Kaeser Jean Malaplate L on Robel et Jean Michel Sterdyniak Autotraductions de Battus Annick Duny Paul Claes et John Lee HORS DOSSIER Textes de Alain Andr Philippe Bruhat et Ren Droin Eric Clemens Bernard Magn Paul Louis Rossi Jeanne Vandepol Alain Anseeuw R gine Detambel Yak Rivais St phane Susana Michel Voiturier Claudette Oriol Bqyer FORMULES n 3 1999 2000 DOSSIER PROSES A CONTRAINTES Cr ations d Alain Andr G rard Assayag Antoine Bello Jacques Bens amp Jacques Jouet Paul Braffort Alain Chevrier Eric Cl mens R gine Detambel Pascal Durand Patrick Flandrin Michelle Grangaud Pascal Kaeser Guy Lelong Herv Le Tellier Madame de Maintenon Ian Monk Didier Nordon Claudette Oriol Boyer Marc Parayre Chantal Robillard Eric Sadin St phane Susana Mi chel Voiturier Antoine Volodine Ant c dents Marcel B nabou A propos de What a man Marc Lapprand Trois points sur l Oulipo Pierre Le Pillo er Caches de l Arche Jean Ricardou La contrainte corollaire Hernies Salceda La r gle et le genre Etudes d uvres contempo raines Etudes sur Renaud Camus par Jan Baetens sur le roman Tom par Alain Chevrier sur Maurice Roche par Sjef
350. rimer les subordonn s leur r gissant et s autorisera l accueil d effets de sens locaux non articul s au site alentour pr servant un laps certaine irr ductibilit de la mati re Ainsi tout comme en regardant de pr s ou de loin tel tableau le spec tateur se donne la chance de percevoir par exemple soit le g om trisme d une grille soit l atmosph risme d une grisaille le lecteur de La Prescription dis pose t il de deux options dont on conviendra et ce n est pas l le moindre des tours de l ouvrage qu elles ne sont pas sans voquer les deux postures sur l an tagonisme desquels se fonde le r cit et en fonction de la pr f rence qu il ac corde l une d entre elles il conduit ses men es Ou bien l interpr tation quelle qu elle soit exerce son pouvoir ou bien la r sistance celle ci s organise Peut tre le critique doit il savoir s ouvrir pareille alternative et apr s s tre adonn trop longuement voire en vain l entreprise d explication se rendre aux conclusions de son conif re descriptiviste Hilarion Lambkin Formento rendu fameux par Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares et dans un double souci d efficacit et de justesse protester de quelque irr ductibilit op rale de l v nement scriptural qui se pr sente lui avec La Prescription en simplement citant ceci par exemple Ce serait seulement lorsque le sujet force de travail vers la cla
351. rir Et pre nons le soin de l ajouter pr sumer par improbable que ledit banal rescripteur se f t pens lui m me comme un Auteur il n est point s r puisqu elle lui offre une justification providentielle que cette complaisante lecture il ne l e t pas lui m me un rien sollicit e C est donc ici qu il semble permis de tirer une deuxi me le on 3 Lecture critique En effet l cole qui pr f re la critique observerait plut t que avec le com mentaire de leur propre erreur ces lignes pr tention lipogrammatique ne lais sent point ici d aggraver quelque peu leur cas dans la mesure o sauf privil ge administr de mani re irr fl chie c est une na vet d analyste novice tout ventuel crit parlant de soi nulle d nonciation sur place d une apparente er reur commise ne saurait en tant que telle relev t elle du clin d ib gt retour ner sit t cette erreur automatiquement en une r ussite Ainsi et pour bricoler en vue du bref de trop sommaires exemples commodes dans les phrases Attention frase tu comportes une faute d orthographe F licitations frase tu t exemptes de toute faute d orthographe ilyabien sur le mode s rieux pour l une sur le mode ironique pour l autre une d nonciation de l erreur dont p tit le mot frase Mais si calcul e soit elle puisqu elle concerne apr s tout non seulement la phrase elle m me mais en core le mo
352. risce pascolare pigramente Percio permane pioppo puerile Passo passo provoca pandemoni prende percosse passa per patimenti plurimi Pensate piccione portalo porto pescatore pensa panarlo padella Pestifero Pierino perditempo parimenti propenso pazzie prefiguragli paese peccaminoso parco proibito piaceri paradisiaci piroette passatempi pagani prestigiditazioni Persuaso Pinocchio partecipa prendi parte Postiglione pacioccone per perverso portalo posto promesso pullulante pelandroni poco perbene Pinocchio potrebbe pur presentir pena perp tua Parliamone pure pino partorisce peli Porca peppa Paludato pellame pressoch puzzolente pony P ron percorso Pinocchio puffl p n tra pelago procelloso Per penosissimi peripli perde pelle puteolente perviene penetrare pancia puisante pantagruelico pescecane Perlustrandolo persepisce pap precedentemente preda prelibata Pap Perdono Perdirindina Pinocchio prediletto pasticcioncello pazzarello padre prowede pasto pesciolini Pinocchio paladino prende padre portandolo per ponderoso palato pesce producesi prodezze paga personalmente praticamente perisce pare Prowidenziale pulzella poteri paranormali prodiga Pandora protegge Pinocchio per piet p rora purificazione Passati patemi pienamente pentito Pinocchio prosciolto per piccolissimi peccati premiato per proba passione per pia prestazione permutasi piacevole putto pafliito Paradossale P
353. river ma triser afin d en cro quer Comme Proust Roussel se trouve entre deux si cles un vaste discours vraisemblabilisant pour reprendre Kristeva l apparente Hugo Verne et autres Rostand en m me temps qu une formalisation extr mement pr cise se branche sur l re des machines et des ordinateurs 203 ESSAIS Les surr alistes de leur mani re r p tent le sc nario une nostalgie d tre phare que rel ve un vrai d sir de non repr sentation Si Ren Char prend vite ses distances avec toute doctrine au fond de son oeuvre l opposition signal e ne cesse de se traduire en taisions diverses Qu on regarde pour ce qui concerne les couleurs le po me GRIFFE Marcheur vo t le ciel s essouffle vite M diateur il n est pas entendu Moi je le peins bleu sur bleu or sur noir Ce ciel est un cartable d colier Tach de m res Greff au coeur du concret cette griffe n est elle pas la marque du peintre auteur sur l univers Nulle imitation mais un chromatisme litt ral d passant les analogies malarm ennes La langue ne repr sente pas elle pr sente dans un va et vient entre le ciel vo t et le cartable sur le dos courb de l enfant que les couleurs juxtaposent La couleur pour moi quelque chose d humide de secourable lit on dans le Carnet d insomnies et sur son ami Miro Char note On reconna t le geste du peintre cette gravitation vers les sourc
354. rroll dont elles s inspirent Le proc d est assez rare sa difficult minime il est automatiquement g n r par ordinateur Le probl me se pose au niveau de la cr ativit du proc d qui serait une simple transcription objection avanc e par L on Robel 4 3 Encha nement des analyses suivantes Ces diverses objections nous ont permis d identifier des probl matiques li es majoritairement aux trois grands crit res retenus que nous allons analyser maintenant dans l ordre suivant Nous examinerons en premier lieu les probl matiques li es au crit re de conventionnalit la non observance du principe pragmatique de coop ration l observance optionnelle le deuxi me seuil de conventionnalit la raret des contraintes 46 DEFINIR LA CONTRAINTE Nous examinerons en deuxi me lieu les probl matiques li es au crit re de syst maticit la restriction la non observance du principe pragmatique de pertinence la saturation et l tendue maximales des contraintes Nous examinerons en troisi me lieu les probl matiques li es au crit re d objectivabilit textuelle la difficult et la mat rialit des contraintes 4 4 Conventionnalit et contraintes Nous avons tabli axiomatiquement que tout texte contraintes en tant que texte est le r sultat d une convention Mais une question est rest e en sus pens la contrainte en tant que contrainte est elle une convention Nous tente rons maintena
355. rs cette pro motion D s lors le lecteur rendu sans doute moins cursif il n est pas utopique de le concevoir peut devenir capable de noter au moins Phrase g ch e phaute d orthographe d une part que le mot g ch e celui qui met en garde coop re lui m me sous une lettre pr s des esp ces quasi anagrammatiques la mise en iden tit dans cette phrase d une plus grande partie de son d but phrase g et d une plus grande partie de sa fin graphe tandis que d autre part le mot phaute aussi par ses troisi me et derni re lettres se trouve lui m me en r percuter davantage qu prime lecture au plein milieu Ou si l on pr f re l erreur et sa d nonciationjouent et vis vis d un arrangement solide cette fois puisqu il organise polairement l crit avec de surcro t une r percussion cen trale le r le d un facteur de lecturabilit Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique l on appelle antin me cacostructuro orthostructural tout l ment por teur d une structure d fectueuse mais qui s av re au fil de l analyse et suivant lors une palinodie bascula en un l ment titulaire d une structure correcte Ainsi et sans trop entra ici dans les d tails ladite phrase en ce qu tablie selon une 253 ESSAIS solide polaire parit Phrase g graphe peut s analyser comme titulaire d une orth
356. rt commune appara trait vivant presque r el presque travers de pres que nul rayon dans l paisseur sugg r e de ses visc res recouvr s et cette r ussite alors pouss e au point que passionn il exigerait l treinte dans ces pr cis ab mes dont on l aurait tir par de si byzantins recours pour une lointaine distanci e th trale d lectation commune popu laire une r jouissance publique une f te de la raison suffisante dans le fatal instant de l oubli de l uvre et du semblant qu il est qu il serait perdu dans son leurre m me si vrai si sinc re et si difficile tendre sans que la minime imperfection la gr ce l g rement gauche ou un tan tinet m canique ne le trahissent salu par le jour dur d t faisant bat tre ses paupi res de poup e et prouvant tous sinon qu on en revient du moins que des enfers existent ce dont jamais la chance ne reviendrait d apporter aucune preuve qu en riant ou hyperbolique Notes l Editions Ivrea Paris 1996 Roger Laporte Une Vie P O L 1986 Ce volume regroupe l ensemble des crits biographiques de Laporte publi s entre 1963 et 1983 En regard de Marine in La Chronique des crits en cours n l Editions de l Equinoxe Paris 1981 4 Flammarion 1986 El ments de syntaxe structurale Edtions Klincksieck Paris 1959 Editions Ivrea 1999 7 Certes Michel Falempin a choisi cette citation comme pigraphe de son texte Le Ti
357. rt d arbi traire mais qui aura le m rite de mettre un peu de clart dans ce domaine Cf tableau page suivante Ce n est bien entendu qu au terme d une d marche r ductrice que l on peut d signer les domaines privil gi s de chacune de ces po sies un sonnet traditionnel signifie aussi dans l univers de l expression par sa distribution spatiale et son sch ma sonore mais on admettra que cet aspect demeure relative ment effac et toujours subordonn au contenu A l autre extr me un po me lettriste de la vari t esthap iriste m me n employant aucune lettre d aucun alphabet connu continue de renvoyer par un lien aussi t nu qu on voudra une possibilit de transmission d information par signes Entre spatialisme et concr tisme notre d finition un peu tranch e entra ne une redistribution des uvres mais celle ci les claire plut t qu elle ne les brutalise Elle facilite notre lecture en nous incitant nous demander sur quel registre principal joue l oeuvre consid r e elle montre que parfois un po te s abusait lorsqu il croyait faire quelque chose avec la langue plut t que dans la langue pour reprendre la 211 Essais HMEdUOS AEAIQN UNP aparqa 1 aL SIPUDOT SAONA Fp VOLEAIKRUJ JUN VONAQUIUQI nbnwmus odoi voisuaup SASS2904d OUOIYI VONSYAWIP 1 waunt anbpuewps anbnurwu s 1 ANSA SNSSIJOUVANDLOINIS ANNVUOLTTYO TUDES SUR DES MECANISMES OU DES
358. s Cette ouverture du texte des possibles ruinant l id e de son unit est pouss e la limite avec une pratique comme la contrainte S 7 Le remplace ment de chaque substantif par le septi me plac sa suite dans un dictionnaire 13 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE donn puisqu il conserve l architecture syntaxique du texte initial est en effet vu comme livrant un nouvel tat jusqu ici virtuel de ce dernier pour Jean Lescure un texte de litt rature usini re comme Caroline ch rie se diapr ainsi de nuances int ressantes Si les contraintes de transformation remettent en cause l identit du texte les contraintes combinatoires s attaquent un autre aspect de sa n cessit sa monumentalit Ces contraintes produisent en effet par d finition un texte mo bile d une mobilit d ailleurs mat rielle dans l dition originale des Cent mille milliards de po mes o chaque vers est inscrit sur une languette d coup e Dans ce texte de Queneau c est l intervention du lecteur qui s lectionne dans la multiplicit des combinaisons de vers possibles chaque lecture une version particuli re du texte Le texte n a en d autres termes strictement aucune exis tence en dehors de la lecture qui en est laite Les Cent mille milliards de po mes rench rissent d ailleurs sur le rejet de T essentialisme propre toute oeuvre com binatoire la disproportion entre l ampleur de leur comb
359. s tant r guli re l absence de rimes au niveau des vers impairs ne nuit nullement au caract re syst matique du proc d Nous appellerons cela une saturation cat gorielle altern e Dans le cas particulier de textes se r duisant une seule phrase ou un 36 DEFINIR LA CONTRAINTE quivalent de phrase une seule occurrence peut tre possible C est le cas de T de Fran ois Le Lionnais ou du po me Chantre d Apollinaire Par ailleurs dans le cas des textes r gl s par des prescriptions diff rentes des normes la liste des unit s textuelles pouvant recevoir des marquages est plus ample que la liste canonique Ainsi la contrainte oulipienne du prisonnier porte sur certains traits distinctifs minimes des lettres on limine toutes les lettres comportant des traits qui d passent la ligne par le haut et par le bas voir comme exemple le texte de Didier Nordon dans ce m me num ro Ainsi Foppos le proc d d criture du Coup de D s de Mallarm cit par Marcel B nabou porte sur les doubles pages 3 6 Pr dictibilit et prescriptions diff rentes des normes Le caract re syst matique de prescriptions diff rentes des normes n est pas objectivable de mani re purement intratextuelle Il convient en effet de faire une distinction fondamentale entre deux types D une part les textes dont la syst maticit peut tre d gag e du texte lui m me car il comporte un mod le interne D autre part l
360. s et elle point Ce papillon dont vous vantez la robe qui ne vaut rien mourra comme les yeux qui l admirent L me seule s envolera et la v tre m me au jour du Jugement Huiti me Dialogue Le Vermisseau L escargot poss de un bien sa maison Ne fait il pas bien penser Stilpon le philosophe qui disait porter sur lui toute sa ri chesse Le Ciron Certes et comme cet esprit fort il ne s en peut d pouiller qu en mourant aux choses de quoi il est effray Aussi Celui qui tout pr voit l a t 1l priv de ce qu il faut pour voler Le Vermisseau Nul n est parfait vous entendre Sa femme a non plus d ailes Le Ciron Ni de coquille j y venais la limace est l avenir du lima on Neuvi me Dialogue Le Vermisseau Plus je me regarde moins je comprends la place que Dieu m a donn e en ce monde et Son dessein l endroit des h tes dont II Ta peupl Le Ciron Eh quoi Vivez vous pas sur un tas d ordures Ce que vous appelez le monde en est la r plique tendue Le Vermisseau Job lui m me avait son fumier Je me nourris du mien Le Ciron L est votre erreur o votre mod le ne tomba jamais Mon fils il faut je ner Dixi me Dialogue Le Vermisseau Baver je ner que dois je faire encore Le Ciron Prier de toute la force qui vous reste Le Vermisseau Il me faut donc trouver une retraite Le Ciron Devers cette motte en contrebas il y a une coquille vi
361. s Arts Jan Baetens Dominique Viart Formules recommande 202 211 Comp re 226 230 247 262 264 266 268 269 EDITORIAL ditorial Avec ce quatri me num ro nous entrons dans une phase nouvelle tout en maintenant notre ligne ditoriale Formules sera d sormais publi e par No sis ce qui lui assurera une diffusion et une distribution maximales A l instar des trois premiers num ros on trouvera donc ici les rubriques habituelles r flexions th oriques lectures fouill es de textes anciens et modernes cr ations tant d auteurs confirm s que d crivains encore in dits d bats parfois un rien pol miques et enfin comptes rendus L ensemble des interventions et des d bats th oriques autour de la con trainte qui ouvre ce num ro est le fruit de plusieurs ann es de discussions Comme le prouve la teneur des textes r unis ici nous ne cherchons nullement tablir une orthodoxie mais plut t stimuler le d bat tout en pr cisant et en enrichis sant notre compr hension des litt ratures contraintes Gr ce notre nouvel diteur Formules a maintenant la possibilit de cr er une collection o para tront plusieurs volumes de th orie de critique et de cr a tion A la fin de l an 2000 la collection sera inaugur e par une Introduction aux litt ratures contraintes ouvrage la fois th orique et anthologique qui pro posera galement une classification g n rale des textes contra
362. s cognitives description qui seule permettrait de se faire une image plus pr cise de ce caract re autot l ologioque qui est celui de l activit cognitive lorsqu elle devient le support de la conduite esth tique Le fait que l activit cognitive soit autot l ologique n implique ce pendant pas que la conduite esth tique le soit c est dire qu elle ne puisse pas tre fonctionnelle dans le cadre d une vis e plus globale d ordre existentiel par exemple f Le fait que dans la conduite esth tique la relation cognitive soit r gul e par son indice de dis satisfaction interne explique sans doute pourquoi nous avons si souvent tendance croire que le noeud de la probl matique esth tique 63 ERE 2 DOSSIER THEORIQUE PARTIE est constitu par la question du jugement esth tique Il s agit pourtant d une erreur de perspective Elle est due une analyse fautive du statut de la dis satisfaction c est dire de l appr ciation esth tique en tant que distincte dujugement de valeur La dis satisfaction n est pas un acte de jugement mais un effet causal de l activit cognitive je ne juge pas que je suis satisfait ou dissatisfait je me borne en prendre acte comme je prends acte du fait que les choses sont comme ceci plut t que comme cela Certes la dis satisf ction esth tique est un tat mental Intentionnel puis qu elle poss de un contenu repr sentationnel et un objet l objet est l oeuvre ou le ph nom n
363. s les deux sont l gitimes Les difficult s commencent lorsque s op re un glissement d un sens l autre ce qui historiquement parlant est le cas de la phrase cit e de St phane Mallarm auteur contraintes contemporain de cette crise du vers qui a vu s effacer justement les limites du discours versifi et non versifi Dit autrement avec le passage de la po sie la Po sie et de la prose la Prose certaines po sies scl ros es par la tradition deviennent Prose alors que certaines proses magnifi es par l effort du style deviennent Po sie 86 PROPOS DE LA CONTRAINTE quelles que soient du reste les mille et une possibilit s interm diaires ouvertes par l abandon du crit re technique de la versification Toutefois pareille mutation ne suffit pas pour que la prose faite avec soin c est dire devenue Po sie puisse tre consid r e pour autant comme un vrai texte contrainte moins de donner au mont contrainte un sens si flou qu il se trouve vid de tout sens et surtout de tout enjeu C est mon sens l erreur fondamentale commise par Jeanne Vandepol dans sa d fense de Colin Puis qu elle ne donne aucun exemple de contrainte active implicitement ou explici tement dans Perp tuel voyez physique elle assimile dans un raccourci obscu rantiste discours litt raire en g n ral discours sous contrainte en particulier Un doute reste pourtant Car une chose est d observer qu
364. s les t n bres textes r unis par Jos Luis Diaz Paris ditions Sedes 1998 pp 43 53 7 Daniel Bilous Aux origines du mailart Les Loisirs de la Poste dans Formu les n 1 1997 pp 105 122 On peut en ce sens faire l hypoth se que la Bibliographie finale de l dition Deman dans laquelle Mallarm nomme les destinataires commanditaires cir constances ou lieux de publication des textes qu il a recueillis en les d tachant de leurs premiers supports reconduit de mani re englobante l chelle du livre la logique g n rale de l adresse intratextuelle mais aussi de la donation dont bien 237 ESSAIS 238 des po mes sont anim s la fin du recueil un r pertoire d adresses comme la fin de plusieurs po mes la nomination de leurs destinataires r els ou symboli ques Ma ch re Fanny Po mes de jeunesse dans uvres compl tes d B Marchai tome I Paris Gallimard Biblioth que de la Pl iade 1998 p 169 10 Po sies dans uvres compl tes d cit e pp 44 45 ll Autre cas d une autre sorte o le sens du texte se trouve contredit dynamiquement par sa forme celle ci performant une ouverture d ploiement partir du nom Paphos celui l d signant une fermeture ach vement partir du signifi mais forte composante m tatextuellc Mes bouquins referm s 12 Lettre Eug ne Lef bure 18 f vrier 1865 dans Correspondance Lettres sur la po
365. s litt rales ou lexicales la lettre e dans le cas du lipogramme perecquien La Disparition Cette instanciation constitue une premi re mise en texte pr alable toute criture narrative po tique drama tique On pourrait parler ici en reprenant les cat gories de la grammaire trans formationnelle de contrainte profonde la contrainte abstraite et de contrainte de surface la contrainte actualis e discursivement C est dire que l criture proprement dite du texte contraint proc de g n ralement selon une rh torique de Y amplification qui retravaille un texte pre mier constitu par les variables instanci es les exemples rousselliens donn s dans Comment j ai crit certains de mes livres les listes perecquiennes se d veloppent en fictions Ce mod le amplificatoire permet de pr cis ment d finir le champ de r cri ture contrainte des textes antiques notamment lipogrammatiques de nom breux textes des Grands Rh toriqueurs s y rattachent de plein droit ainsi que bien des exemples des Bigarrures de Tabourot Certains Nouveaux Romans s int grent galement partiellement ou en totalit au corpus de l criture con trainte en particulier dans l oeuvre de Michel Butor qui para t la plus proche d une pratique contrainte de l criture On peut partir de cette d finition de la contrainte proposer un certain nombre de typologies propres en affiner la compr hen
366. s marines Glose le tr pas ossifi NDLR Tranche est un sonnet anagranunatique du Chantre d Apollinaire 181 CREATIONS Marc Texier Portraits et histoires anagrammatiques Pierre Alferi Erre fier p li Air il pr f re flairer pier l if p ri a rer relief pr ria repli rar fi r per life ire pre rire fiel faire p rir le pr faire lire le fer Prairie fr le prairie pareil rire ef fraie Pierre T aile frip e fi R ira frire le p re l if rapi re piler fier R rafler ripe i rifle repaire F ire Il r pare Fripe relire Rep rerai fil Rail Rep re Fi r lefier Pire R F lierai p re pair f l rire 182 Filera P R I gt re frip e lira Il pr f ra ire Arri re elf it i e R I P elf rare ai l pre f rir R I P irr el f a 1 Ferai pri re riperfree lai Errare file n Epeler air rif frai pil r r R perle rifi fi R r pareil fa r r pile Ri flerai pierre fr re plierai replierai fer r el friperai pli r f rerai r fera pilier f lierre pire Extra merci 15 juin 1995 Parti R volutionnaire Institutionnel ossia fr le R Olivier Cadiot Vidoc alit roi Voltaire d ici O ctavelll lord O drivait coolie adroit civil o toi clair Ovide l ode voici tari e viol idiot car iodle rav
367. s p nalis prend poussi reuse planche pr t e pur pin puis pour parfaire projet pr pare presse ponce po lit pr fabriqu pygm en Paillasse Petit pantin prend pleine pr sence par prodigieuse procr ation plastique Peppe pelant proprement pliable platane Parbleu Pinocchio piaille peut parler prendre pied pi tiner pavements parcourir p rim tres patrouiller partout Protagoniste pr coce pi tre penseur pourtant provoque p rip ties plut t p nibles Pronon ant pendables parleries per oit pousser propre pif proboscidienne protub rance pigne prolong e par pro minent piquant profil pointu Pinocchio p tit plus pieds premi rement pustuleux puis pyrolys s perdus Pleurniche Papa patient pourvoit pieds pim pants Pinocchio panse pas pleine prendra t il patates point poires p le Pinocchio picore prenant peu plantureuses pitances P re pour payer prestations professorales promptement porte propre par dessus pour pr t pignoratif Pense pos ment pontifie perspicace prudentissime parasite parleur prudence pers v rance Prendrai je pesantes punitions poursuit il pico tant Pinocchio Pavillons propres portugaises pr tera t il pour profiter propos pertinents Peine perdue Pire P ris p tulant p dant Pinocchio pr somp tueuse poup e p trit p dagogue pareil pur e pan pan plash Puis Pinocchio part pomponn porte t il pull point Papa pleure pr occ
368. s que par ignorance de ses lois alors que la magnificence de notre univers pro c derait tout enti re de la fourbe d miurgie du Maudit Lauteur est top videmment s duit et guid par le verbiage lui m me pour ne pas pr ter au reproche d orgue et laisser percer l origine satanique de sa conception Pour qui se fie la lecture de Mgr Arvin seule prouver aujourd hui l existence m me de ce texte l h r sie gnostique du d concertant cur de M induirait vite une interpr tation certes g nante des miracles d exception De tels prodiges se r duiraient larangement des mots dict s leur t moin une sorte de prose pure qui ne d rogerait pas l id alpo tique duturbulent abb Br mond esquels mots organiseraient alors seuls en lesprit des fid les des visions susceptibles de galvaniser l me Sans entrer dans cette digression th orique au relent de pensum en laquelle bien des casuistes s gareraient eux m mes rendons gr ce l v que en titre pour son analyse rigoureuse tous gards de la publication interdite Gr ce lui c est un singulier clairage qui se trouve jet ex nihilo h las sur le style et m me l origine vraisemblable de la formule soi disant confi e Marguerite par la Vierge Marie N y reconna t il pas en effet l ar rogance propre la phras ologie du pr tre lui m me A en croire l Apologie du p re Ruet qui s y r f re In fouram XII p 1
369. s textes de fiction au sens large lorsque le contrat de lecture est explicitement ou implicitement tel ce sera un mensonge dans d autres con fions une r gle d cart par d faut de coh rence logique nous donne la fafrasie ou le cadavre exquis ou le th tre de l absurde D autres genres r sul tent d un cart entre les traits pr t s des tres fictionnels et les traits d fini tionnels de leur r f rent logique Dans ces figures certaines caract ristiques an 35 DOSSIER THEORIQUE 1 E PARTIE thropomorphes comme la parole ou le raisonnement sont syst matiquement accord es des tres qui ne les poss dent pas Ainsi des abstractions concep tuelles deviennent des acteurs dans un r cit all gorie des abstractions concep tuelles parlent personnification des forces de la nature parlent prosopop e des animaux parlent fable animali re La Divine Com die de Dante et le Ro man de la Rose surtout dans sa premi re partie due Guillaume de Lorris sont des all gories L loge de la Folie d rasme est une personnification c est la Folie qui parle Les Fables d sope ou de La Fontaine sont en majorit des fables animali res Dans le cas de certains genres une forme mat rielle et un contenu peuvent tre associ s canoniquement comme par exemple dans la sotie Dans le cas des contraintes ce sera le cas des contraintes m tatextuelles celles qui suivent le Premier Principe de Roub
370. s textes fabriqu s au sein d une id ologie scolastique qui implique l unit forte de l oeuvre Or T id e d nigme implique une appr hension verticale du texte le mys t re induit une profondeur un tagement des sais pens s comme plus ou moins cadr s Cette verticalit d finit un appareil herm neutique l origine sacr fond sur l embo tement du sens On l a d j not l criture contrainte engage combinaisons et manipula tions En ce sens elle para t devoir impliquer un mod le herm neutique hori zontal qui fesse joua l ments et structures C est bien ce qui se passe pour les Cent mille milliards de po mes de Queneau et plus g n ralement pour les tex tes combinatoires o tout est affaire d interversions de d placements structu raux C est galement le type de lecture auquel nous invite Perec dans La Vie mode d emploi en proposant un index qui permet de recomposer autrement la mati re fictionnelle en faisant du puzzle une m taphore m tatextuelle r cur rente M tatextuel et paratexte se rejoignent alors pour compensa voire annu la la dimaision verticale pr suppos e par l architecture de l immeuble Et pourtant l indication plus ou moins forte d un mod le vertical strati fi est galement rep rable dans les textes contraints Je citerai d abord parce qu ils constituent un exemple qui para t indiscutable les textes rousselliens qui se donnent
371. s une peau pr sente sous ces mots Il m a sembl que j avan ais dans ma vie non en glissant la surface du temps mais profond ment contre courant vers du secret Il fallait que cela craque J en serais mort Le po me est autobiographique Au dernier vers j ai pu vivre autrement Je ne sais toujours pas vers quel myst re j allais si violemment mais je vis La sextineest un instrument de plaisir Elle tourne merveilleusemment dans la langue J aime prendre appui sur le soa Beau ce vertige comme dans tous les moments heureux dans ce grenier o je travaille et o j ai le sentiment d tre perch sur une balan oire g ante La terre s approche s loigne Il y a du soleil Mais attendre deux mois et demi pour donner r ponse des questions que l on vous pose est pour le moins maladroit Amiti Pierre Lartigue 149 CREATIONS 150 Rossano ROSI Travaux en cours Tuyaux du gaz ventr e est la rue par des nu es d ouvriers torse nu mais sans sueur Ne se rendent pas compte que d sormais se trouvent un peu plus loin du Sud qu esp r les m urs ne muent que peu Au volant de leurs mastodontes d bobinent tr s vite faut que a gaze les intestins de la rue li geoise o tu as vu le jour en la masure quatre cent quarante trois rue matrice par ses pav s disjoints de ta nature la rue Vivegnis Tuyaux du gaz Avec des amis tu joues courir dans les t
372. schiavetta wanadoo fr Site internet http www2 ec lille fr book formules web master Philippe Bruhat Directeurs Jan Baetens et Bernardo Schiav tta Secr taire de r daction St phane Susana Assistante de r daction B atrice Delpech Envois publicitaires Laura Schiav tta jr Conseillers la r daction Daniel Bilous Rosalba Campra Eric Clemens Didier Coste Pascal Durand Guy Lelong Mireille Ribi re et Michel Voiturier Ion LS Collection Formules Association No sis France Revue Formules Reflet de Lettres Pour les textes les auteurs ISSN 1275 77 13 ISBN 2 911606 53 1 1 D p t l gal en France avril 2000 des affaires culturelles Picardie ommuniIca Table des mati res Editorial Dossiers Th oriques Qu est ce que les litt ratures contraintes Christelle Reggiani Contrainte et litt ralit Bemardo Schiavetta etJan Baetens D finir la contrainte Milie Von Bariter Une d finition potentielle de la contrainte 56 propos de la contrainte Jean Marie Schaeffer Qu est ce qu une conduite Philippe Bootz Festes contraintes Jeanne Vandepol L acontrainte Benjamin Desgraves La contrainte prose Cr ations Textes contraintes Umberto Eco Povero Pinocchio Pauvre Pinnochio Jan Baetens Umberto Eco crivain contraintes Jean Lahougue L oratoire des aveugles R gine Detambel Blasons d un corps enfantin St phane Tuff ry Le style mode d empl
373. scuro carro lleno de alquitran Une des contraintes tait de d dier le po me une charmante boulang re qui travaillait alors Place Clichy A relire ces textes je m aper ois que je suis le seul retenir ce point Voil qui ram ne le po me vers les Halles qui n taient d j plus qu un trou et appara t le pr nom du po te de Corps et biens Proph tesse d chues t Outes vieilles dans vos maisons de t le mes pauvres crach Euses de v rit on ne lit plus les taches D encre Robert est mort et voil Saint Eustache Au bord du trou 141 CREATIONS Ce travail me permit d imaginer bient t la construction de Ce que je vous dis trois fois est vrai dont la pi ce centrale est une dixhuitine Je m appuyais cette fois sur trois sextines dont je donnais le texte en langue originale et une traduction Soit Lo ferm voler qu el m intra d Arnaud Daniel Alpoco giorno e algran cerio d ombra de Dante Then firstwith loches disheveledandbare deBamabyBames La dixhuitine crite la suite s appuyait sur les mots rimes de ces trois po mes et mettait en sc ne leurs auteurs sous forme de trois passants Mais cong pris de ces trois po tes Voyageurs on ne vous verra plus un grand feutre d ombre a d j noy E vos yeux le po me s engage sur un chemin tout fait personnel Me suis je imagin que le travail exig par le respect des contraintes me rendait invis
374. se prouver ces assertions Ceci r sulte du fait que les textes sont des ensembles de signes et que les signes n existent pas en tant que tels mais seulement comme l un des l ments constitutifs du processus de signification et de communica tion entre un destinateur et un destinataire C est pour cette raison que notre crit re d objectivabilit textuelle se r f re non pas aux traces objectives d un proc d d criture mais aux traces objectivables Cela implique que la trace reste toujours potentiellement percep tible tant que Ton dispose de la connaissance de la r gle correspondante et des moyens d observation ad quats 2 7 Objectivabilit textuelle normes et saturation Pour que le crit re de syst maticit propre la saturation cat gorielle soit rempli il est n cessaire que toutes les occurrences des l ments textuels con cern s soient toujours marqu es de mani re objectivable Il s agit d une satura tion cat gorielle continue L objectivabilit des normes saturation cat gorielle est parfaitement re connaissable dans le texte car les proc d s propres ces normes touchent au signifiant qui peut tre clairement segment Ses l ments syntagmatiques sont distincts et ils sont modifi s mat riellement par les proc d s d criture Par ailleurs la liste de ces l ments textuels n est pas extensible Par contre Tobjectivabilit textuelle des normes saturation diffuse
375. se le myst re de la foi le plus probl matique Natif du Cotentin tout proche lvendri est petit fils de m tayers et il en a retenu sous la franche bonhomie certaine roublardise paysanne il a du moins le pr cieux atout sur ses pr d cesseurs de parler comme les gens d ici et non en beruisant la fa on d un M raut dont on aimait peu le ton sec Sa rondeur inspire confiance aux plus anciens Mais il est surtout deceuxqui sont adul s des enfants parce qu ils jouent leurs jeux et les coutent quand isbavardent Qui mieux que le patient franciscain aurait pu pr tendre d m ler ici v rit s et mensonges Au laboureur dit on de sillonner le champ Reprenant depuis son d but l enqu te du vicaire le p re lvendri va orienter celle ci vers l cole d abord o M raut ne se rendait gu re par peur d y affronte rie terrible instituteur Assur ment les deux hommes s opposent M leurs caract res ni leurs id es ne semblent les vouer s entendre Le p re est de ceux que leur foi profonde porte soulager les mis res d en face et n a cure des querelles partisanes Il ne d daigne ni rire ni festoyer Bitard offre l image de ces la cs intransigeants qui font de leur vie une croisade et n a selon une formule d Ivendri Yamais buune lichette de poir Qui aurait cru les conna tre que leurs divergences allaient si t t se r duire et qu on verrait ensemble le ma tre d cole et le clerc au caf berlaudantde bon coe
376. sein d un texte dont la complexit intrins que mais propre n im porte quel nonc verbal interdit en pratique son effectuation int grale Inver sement on pourrait tre amen croire aussi que la r alisation parfaite de la contrainte se fait automatiquement au d triment du texte qui l accueille et qui se laisse fa onner alors comme un mat riau strictement passif sans r sistance propre aux d fis de l criture contraintes L hypoth se est sans doute pr matu r e peut tre p rilleuse Mais ce que fait dans son travail l crivain contrain tes Umberto Eco nous oblige en formuler au moins la question Notes 1 D P g 43 ses n Pour plus de d tails voir mon article Secondo diario minimo un livre oulipien in Franco Musarra d ECO IN FABULA actes du colloque de Louvain mars 1999 Rome d Cesati 2000 99 CREATIONS L ORATOIRE DES AVEUGLES L inscription grav e dans la pierre t moigne d une violence dont on use peu en pareil lieu Jflon eigucurm enuoic UniTiiemitretiessileiKieiix fiuetfl tmct nirtems Elle est moiti dissimul e par le feuillage o se perd l oratoire triste repr sentant de ces styles d emprunt dont le dernier si cle a par trop uniment sem notre Mayenne et dont l accord du temps et de l indiff rence fissure irr m diablement les murs On ne sait plus d sormais au milieu du naufrage si l dicule soutient encore le lierre ou Si celui ci de
377. ser dans ces chocs Blancs tourdissants pour que la langue accouche D agneaux qui ne soient pas sans laine tout d chig uet s Nous voici loin des anciens checs Oublie La fra cheur de l oreiller chante plume d ploy e comme la douche qui crache Ses milliers de petites voyelles d eau Que toutch Uchotte en toi comme un p piement d ondes courtes Quand sur le toit m tallique de l auto c R pitent les gouttes soudaines de l orage Ne quitte Plus cette table tu vas assister la chute D un empire Il y a longtemps d j des chutes De capitales trouv rent sur la plage leur cont Eur Verde oscuro carro lleno de alquit Ran et peintre aux yeux d pingle noire il cout l agonie des lampes des chevaux le toc Sin qui sonnait dans l ossature des taches Tr pier de l encre et langues arrach es Court ier de la violence il pr para des chocs De cheveux et de zeppelins Papier o tout ch Ancelle jusqu aux montagnes blancheurs couch Ees dans des rias et viols il f t ces crache Ments de sang monumentaux m choires d chiq uet s cr ne rochers puis la douceur touch Ante d un beau regard quarante deux pourfaire chec Aux mauves de Chirico Mais quel s pia de s che ec Late en songe bien apr s O ce sont des chutes Defum e sombres br lantes de coul es qui chantent Dans les couloirs J entends les armoires des contes De Perrault craquent Douze robes pendent avec un chic Fou les po
378. si rouler de semblables mati res Le Ciron Le malheur veut que Dieu n ait pas fait les vers comme les bousiers Et puisque vous vous piquez des antiques fables gardez vous lors d imiter Sisyphe Vingti me et Dernier Dialogue Le Vermisseau Le Ciron Vous ne dites plus rien mon fils Ce rien me pla t et ensem ble m inqui te Le Vermisseau D honneur je r vais et pesais la le on Souffririez vous que j crivisse nos dialogues La chose ne peut d plaire Celui qui les a inspir s Le Ciron Cette audace m effraye et rassure car je pensais avoir pour jamais an anti le c ur en vous Mes sentences sont d un simple ciron m me si votre confesseur Trouverez vous la force d un tel travail Le Vermisseau Fait comme vous m avez peint si je dois Monsieur rester humble alors il me faut commencer sans l espoir du beau ni du parfait le juste devrait tre assez Et quant la force vous saurez que depuis toujours et sans nulle gloutonnerie mon esp ce fit ch re m dio cre mais suffisante de ses voisins les cirons 175 CREATIONS Michelle Grangaud Pri re d y r ver A travers les toisons rousses des buissons l arr t sous bois sans sens voit des os s user sous tous les seins saints vos dos se barrer tass s sans son rebrousser vos lits d ou es Au carrefour des routes ruse or sac or dure faute ou fatras du c ur serr art sade recousu fourr serres fo
379. si tu me faisais cadeau de temps en temps de quelque chose de color en soie m me seulement un petit carr tu me ferais un honneur particuli rement remarquable Voil pourquoi l enfant porte une peau radieuse et absurde de papillon avec ces m mes taches et ces m mes macules que l il peu exerc prendra pour une irritation illogique et momentan e La plus virtuose des figures qui puisse se voir sur la peau d un enfant est l raflure Marcher dans de hautes herbes s ches suffit en g n ral pour que sur gissent sur le mollet comme d un mur d corer de larges courbes sinueuses et balanc es Mais si l on y regarde mieux si Ton t che du regard d m ler les lignes pour rendre chaque pointe son ouvrage alors l raflure est toujours une forme seule et dress e L raflure est un tre math matique Elle est une ligne active prenant li brement ses bats avec une direction et une amplitude Le long de cette ligne des points plus profonds r p titifs donc plus puissamment color s donnent le rythme mais jamais plus rapide que les battements de jambes d un nageur L raflure est toujours gr le et mince aux bords peine d chiquet s elle ne forme pas surface comme l gratignure elle n est presque jamais triple ou quintuple comme la griffure Elle ne coule pas peine si elle suinte m me fra che De fait elle ne se charge jamais en gu rissant d une cro te paisse cette belle p
380. sion On distinguera ainsi en reprenant des cat gories de la rh torique antique ks contraintes selon leur point d application textuel l invention la disposition ou l locution Ce classement n implique videmment aucune exclusive toute contrainte portant de mani re privil gi e sur l invention implique forc ment me certaine s lection lexicale et inversement Ainsi pour le lipogramme qui contraint la fois l locution et l invention du texte Une autre distinction typologique serait simplement num rique on op poserait alors les textes gouvern s par une unique contrainte comme Les Revenentes ceux qui se soumettent plusieurs contraintes comme Alphabets eu La Princesse Azt que de Claude Berge po me carcans Cette opposition num rique peut se combiner avec une structure hi rar chique pour produire ce que Bernard Magn appelle une m tacontrainte soit une contrainte qui modifie une contrainte que la m tacontrainte se modifie dle m me ou non dans La Vie mode d emploi le clinamen r gl est un exem ple du premier cas la pseudo quenine d ordre 10 appliqu e au bi carr latin iDustre le deuxi me 11 DOSSIER THEORIQUE 1 PARTIE De cette distinction num rique peut videmment d couler une diff rence qualitative ce que dit bien le terme de carcan utilis par C Beige Il y a des contraintes plus ou moins contraignantes selon qu elles ouvrent un choix
381. souci plus g n ral tirer mesure certaines op portunes peut tre maintes le ons d ordre divers Cependant au pr alable voici en guise d aide m moire et tel qu il se pr sentait en colonnes pour l essentiel dans le num ro 3 de Formules le r crit par mes soins du d but de Un roman lipogrammatique L ambition du plumitif son primor ou l inspiration puis sur la construc dial souci command t il maints cal tion la narration l affabulation l ac culs ingrats fut sans faillir jamais tion qu il gauchirait partout au prix quant au but d offrir un produit aussi d un oubli nul selon un soin assidu original qu instructif issu d un pos l optimum du roman sous nos cli tulat influant si fort sur l inclination mats 247 ESSAIS 1 D fectuosit principale De cette erreur et si on l envisage partir pr cis ment des concepts pro duits dans La contrainte corollaire l on peut dire d abord qu au sein de ce R crit Avis Par la Textique ou en abr g de ce RAPT elle introduit non point une d fectuosit lat rale mais bien une d fectuosit principale En effet s agissant d un lipogramme en e elle correspond un irrespect majeur puisque avec le membre un oubli nul selon un soin assidu elle enfreint au c ur de cet crit pr tention perfectionniste sa propre cat gorique r gle de base Or cela il est loisible de le saisir d une fa
382. t clairante on ne parle pas de normes floues mais d erreurs Il n y a pas de r gles floues mais des r gles mal ou peu actualis es Le crit re de syst maticit concerne principalement les r gles alors que le crit re d objectivabilit textuelle concerne les traces des proc d s syst mati ques 3 10 Probl matique li e l objectivabilit textuelle Selon notre d finition dans tout texte r gl par des prescriptions diff rentes des normes la r gle peut tre d duite de la trace concr te objectiv e et objectivable d un proc d d criture syst matique tandis que les proc d s qui ne laissent pas des traces sont des proc d s d criture ind pendants Nous analyserons maintenant bri vement quelques corollaires du crit re d objectivabilit textuelle l explicitation l actualisation qui inclut la rigueur dans l ex cution et la perceptibilit 3 11 L explicitation 1 A Les textes r gl s par des prescriptions diff rentes des normes peuvent inclure la mention explicite du proc d qui les constitue en tant que tels sous la forme d une d nomination et ou d une description L on parlera alors de r gles explicites l explicitation pouvant tre intratextuelle ou bien paratextuelle au moyen du p ritexte ou d un pitexte Cette explicitation peut tre compl te 39 incompl te DOSSIER THEORIQUE 1 E PARTIE Dans le cas d une explicitation compl t
383. t sauf un abusif nonchaloir cher h las des contemporains se dispenser d une ultime question capitale cette erreur est elle ou non passible d un amendement La question est capitale Oui et cela pour deux raisons l une d esp ce analytique l autre d esp ce op ratoire 254 POLEMIQUES Elle est capitale sous l angle analytique dans la mesure o elle permet de sp cifier la structure de l erreur par rapport l crit m me En effet si l erreur est correctible alors elle est inorganique ind pendante des r gles mi ses enjeu puisque sous ces r gles elle peut tre vinc e et si l erreur est incorrectible alors elle est organique d pendante des r gles mises enjeu puis que sous ces r gles elle ne peut se voir soustraite Cette question est capitale sous l angle op ratoire dans la mesure o par del le slogan plus souvent ressass qu honor elle permet de saisir en rigueur l articulation de la th orie et de la pratique En effet avec elle on acc de un encha nement complet Premi rement la th orie s articule l ana lyse en ce que produisant des concepts elle lui forge des instruments Deuxi mement l analyse s articule la critique en ce que stipulant des structures elle lui permet d apercevoir d ventuelles failles Troisi mement la critique s arti cule l criture en ce que s interrogeant sur la correctibilit elle oblig
384. t de d finir de mani re objective et falsifiable dans un texte donn ce qui est et ce qui n est pas propre aux normes et aux prescriptions diff rentes des normes Par contre dans la partie consacr e aux contraintes nous avons chou dans la qu te d une diff rence sp cifique unique pouvant d finir les contraintes de mani re objective et falsifiable En effet par rapport aux trois crit res rete nus nous n avons pu d gager clairement aucun trait dont la pr sence puisse toujours tre affirm e ou ni e en bloc Bien au contraire il nous est apparu que 53 DOSSIER THEORIQUE 1TM PARTIE chacun de ces traits peut seulement tre d crit comme tant pr sent par plus ou par moins c est dire par degr s dont les seuils moyens ne peuvent tre d ter min s sans arbitraire 5 2 Nouvelle hypoth se Il nous semble toutefois que l on pourrait d finir assez pr cis ment les ph nom nes li s la contrainte par un faisceau de ces m mes crit res graduels en disant que l on ressentira davantage comme tant des contraintes les r gles proc d s et traces dont la conventionnalit sera la plus faible et dont la syst maticit et l objectivabilit textuelle seront les plus fortes Ainsi la conventionnalit la plus faible correspondra aux r gles aux proc d s et aux traces de proc d s dont les conventions seront le moins large ment partag es c est dire les r gles proc d s et traces
385. t de vue ne permette de revisiter un jour le domaine abhorr du vers libre S il est vrai que rien n est plus difficile que le vers libre comme l a dit toujours Borges gageons d j qu il y a l nouvelle mati re contrainte Notes Paris Ivr a 1996 Une liste des ouvrages du m me auteur apprend que Bernard Colin avait publi dix livres depuis 1960 Mais Perp tuel voyez Physique est il un nouvel opus ou au contraire une sorte d anthologie Rien ne permet de mesurer avec pr cision la place de ce texte Cela fait partie de son charme videmment et quoi qu on en dise ce vide aide vigoureusement lire le texte Nous nous appuyons ici surtout sur les diverses prises de position de l Oulipo qui fait autorit en la mati re Pr cisons d embl e que sur ce point la position officielle de Formules est retorse qui insiste mais sans tre aussi explicite qu il faudrait sur la n cessaire plus value esth tique de la r alisation de la contrainte 4 M me si la contrainte peut fort bien et souvent de mani re admirable agencer les phrases d un texte entier selon de tels principes comme le montrent encore certaines analyses propos es par Pascale Casanova dans son Beckett l abstracteur pr sent nagu re par Michel Gauthier dans Formules Pour s en convaincre pri re de visiter les pages Web de l Oulipo largement plac es sous la tutelle du jeu et de Yars combinatoria Sp cifions tout de su
386. t du premier clonage animal Lloyd La plus ancienne et important institution mondiale dans le domaine de l assurance Ses g nes l assurent D rer Tl lui a suffit de mettre les points sur les pour passer la post rit escher munir un hame on d une amorce Escher L artiste illusionniste a le nom de l emploi ESE cole sup rieure d lectricit Id al pour tudier le courant alternatif Eve Sil y en a une sur laquelle on se retourne c est bien elle Hesse H On n a pas de mal a y revenir Kant tank Sa dialectique une arme redoutable Mali Lima Le Mali ce n est pas le P rou Perec perce L encrier en perce Pessoa paseos De ce qui sont des promenades il a fait des errances dans l imaginaire Shaw wash Son humour en fait un crivain d capant Ubu Renversant de b tise Gertrude STEIN amp B atrice BECK Des souris et un homme NDLR Le prochain recueil de J rome Peignot Petit trait de la vignette pa ra tra en avril 2000 aux ditions de l Imprimerie Nationale 187 CREATIONS Armel Louis AVATAR le tout pour le tout le tout pour le coup le coup pour le trou le trou pour le clou le clou pour le mu le mou pour la moue la moue pour la joue la joue pour le doux le doux pour le houx le houx pour la houe la houe pour le chou le chou pour le brout le brout pour le mou le gnou pour le loup le loup pour le roux le roux pour la roue la roue
387. t est ainsi venu de poser la question est il lors possible d ob server pour selon dans le r crit lipogrammatique pr tention perfection niste et fut elle diff rente en ses dispositifs quelque structure de ce genre Cela d t il tourmente un peu ce qui en le rescripteur pourrait subsiste d Auteur force est d en convenir aucunement En effet si ce mot occupe la position cen trale de l une des formules enjeu il n est titulaire quant lui ni d un sp cial effet d expressivit ni par son caract re erron d une sp ciale capacit de lecturabilit quant une ventuelle structure solide Ou si l on aime mieux la lecture critique apr s certes avoir eu souci de chercher non sans quelque soin si l erreur commise avec selon n tait qu apparente doit admettre tout au contraire qu elle en est une et absolument C est donc ici qu il semble permis de tirer une cinqui me le on 6 Erreur correctible En effet avoir d couvert certaine erreur dans un crit puis avoir fait saillir que sa d nonciation sur place n tait point capable en elle m me de la transpo ser en r ussite puis avoir pris soin de se demander pour lors s il ne s agissait point d une ventuelle fausse erreur ce n est jamais dussent les ventuels pa resseux s esclaffer d effroi n avoir accompli qu un fragment du travail C est que sit t qu une erreur est attest e l on ne saurai
388. t il faut apprendre regarda travers elle pour appr hen der ce qu elle aurait pu tre et n a pas t par exemple une amputation ou une atroce mutilation un croisement de routes 127 CREATIONS Sans cela sans cette pr sence ind niable et supr me de petit rien du tout qui n est pas mortel l gratignure serait un bien pi tre malheur car en dehors du divin myst re de la chance elle n a ni la beaut sourde de ce qui est vraiment sanglant ni le relief inqui tant des chairs longuement et douloureusement tra vaill es par un corps tranger On pourrait m me la prendre pour une tige de mauvaise herbe rouge tre s che une brindille que la sueur retient Tout ce qui est superficiel est d sastreux Ainsi T gratignure ne se traite pas sinon par le m pris Elle ne n cessite ni mercurochrome ni pansement peine un rapide savonnage mains nus Incapable m me de flatter l amour propre du petit martyre qui r ve de pl tre et d h pitaux T gratignure est vou e l oubli Elle maura rien tach elle ne durera pas elle est une trace l g re laiss e par un cerf sur la terre gel e Une trajectoire accidentelle Une lame ou le tranchant d une feuille de papier fiiyant son orbite est attir e dans les parages de la chair d vi e contrainte de fendre l atmosph re qui l entoure c est dire la peau puis la chair elle m me Cette tranchante chappe de justesse comme toile filante
389. t la parodie et ils leur sont ext rieurs car ils ne font l objet d aucune convention de codification L aspect parodique des r pertoires synth tiques devra tre analys en d tail lors de l examen des uvres En quoi y consiste l allusion au langage Le lettrisme a retenu du code linguistique un nombre tonnant de caract res Il pratique une lin arit mais sans temporalit i e il n est pas imp ratif de parcourir les lignes totalement et dans un sens d termin Le plan de l image est automatiquement format par un r ticule constitu de lignes horizontales et parall les Cette spatialit restreinte est sans doute la contrainte la plus appa rente dans les uvres lettristes Le lettrisme utilise des unit s modulaires forte ment stylis es formant un r pertoire fini pour chaque uvre totalement discr tis es mais non normalis es une grande libert d ex cution est admise Le r pertoire est donc cr pour chaque uvre ou par chaque artiste sans an crage linguistique autre que celui d une m taphore g n rale de l criture Les formes choisies comme aussi les couleurs et les textures ne sont pas remotiv es symboliquement Les unit s modulaires peuvent tre tout fait abstraites ou formelles v l ex de Berreur ou au contraire figuratives v l ex de Sabatier Ce dernier auteur a m me un signe de segmentation Mais l o plusieurs lettres du langage crit forment un mot et
390. t qui la d signe cette accusation ne transpose gu re par son fait m me l erreur en un succ s Pis non seulement elle la montre mais encore elle l accable Ou si l on pr f re elle la trahit Par suite d s lors qu elle contribue la d signer sans lui offrir sauf celle de susciter pu ril quelque aimable gros rire une vertu sp ciale ladite accusation ne saurait l crit d t il lors devenir insipide ou empreint d une profondeur factice et digne lors de s vanouir qu in cliner le scripteur tout bonnement une correction F licitations phrase tu t exemptes de toute faute d orthographe Or cela il est loisible de le saisir d une fa on moins vague En textique rappelons le on nomme effet d orthorepr sentation l effet produit chaque fois qu un fragment de l crit permet que s ajoute pour un spectateur donn une autre id e celles que l on peut se faire de lui m me ZSE OO UF 3 4 et l on nomme orthoscriptures les structures qui provoquent cet effet 2SE 00 UF 3 7 En outre l on appelle effet de cacorepr sentation l effet produit quand une orthorepr sentation engag e se trouve entrav e ISE OO UF 3 41 et l on nomme cacoscriptures les structures qui provoquent cet effet ASE OO UF 3 44 Ainsi dans chacun des deux pr c dents exemples le segment frase est porteur d un effet d orthorepr sentation engag et entrav Engag Oui parce qu il sem
391. terme employ sans r fl chir de tout projet en l air autant d adeptes pr ts souffrir au nom de sa nouveaut improbable et dans les t ches les plus humbles les plus subordonn es ou les plus annexes le martyre de sa phrase par lequel dormir voyager entreprendre se nourrir sont d capit s class s d vo r s ou br l s pour sa seule gloire crite Car l dit doucereux ayant t promulgu au lever du jour il ne serait apr s tout que d attendre le soir pour s y nourrir sans travail des fruits d un pass proche dans le nouvel Eden de ce licite intervalle Pareilles phrases ne sont nullement des raret s dans La Prescription El les en constituent plut t le commun lot En d autres termes les actants de ce r cit sont des id es et entre eux la bellig rance est d clar e Mais entre l une et l autre de ces gloses s il devient impossible de trancher c est afin que la guerre s en g n ralise Le texte n est d ailleurs pas avare de formules non d pourvues d une certaine charge comique pour stigmatiser les forces en pr sence le hasard n est pas exclu non plus que le sommeib gt la troupe triviale des conjectures et des insinuations ces lazzi d incr dules m lancolie di gestion cette proposition une fois faite ou transmise depuis le ciel ou des entrailles mont e qu aurait la terre pour borner le th tre un surnaturel couramment admis
392. teurs en l occurrence valoris s positivement d autres propri t s esth tiques sont vi donment valoris es n gativement Donc loin de l gitima l appr ciation ils ne font que l exprimer d Cette objectivation n est pas une sp cificit des jugements esth tiques c est un trait qu ils partagent avec tous les jugemoits de valeur On peut en effet 66 PROPOS DE LA CONTRAINTE d finir le jugement de valeur par la transmutation d une proposition expressive en proposition descriptive Tout jugement de valeur exprime une relation int ress e entre un individu ou une collectivit et un objet tat du monde etc mais cette expression d un tat psychologique prend la forme judicatrice de l at tribution d un pr dicat de valeur donc d un terme valorisant l objet valoris Tout jugement de valeur repose donc sur la transmutation d un pr dicat relation nel en pr dicat objectai Mais si toutes les valeurs sont relatives elles ne sont pas toutes subjectives puisque l int r t qu elles expriment n est pas n cessaire ment celui d un individu dans sa singularit La subjectivit du jugement esth tique est due son fondement la qualit d une exp rience mentale plut t que comme c est le cas dans le jugement de valeur moral une prescription pos e comme norme supraindividuelle e Dans le domaine de l appr ciation de la nature personne ne s offusque de ce caract re subjectif du jugement esth tique En revan
393. texte voir Le texte voir est donc un objet ph nom nal mat riel ou immat riel qui correspond peu pr s dans la formulation que Lyotard 1985 donne du mod le de Jakobson au support du message La diff rence essentielle avec un mod le s miotique est que ce message n est pas donn mais virtuel C est la lecture qui va peu peu le construire Ce message est bien un signe textuel mais le mod le admet que ce signe est diff rent pour chacun Il est un construit et non un donn un point d aboutissement et non une pr misse C est pourquoi l ana lyse s miotique ne vient dans le mod le qu l issue de l analyse communicationnelle Le second objet textuel pris en compte correspond l ensemble des l ments mat riels r alis s par l auteur Cet ensemble est d nomm textes auteur Il peut s agir du texte voir pr c dait dans le cas de livres d artistes par exem ples mais la plupart du temps le texte voir est construit partir du textes auteur et en est tr s diff rent dans son langage et sa structure Le textes auteur correspond au manuscrit notes et corrections de l auteur dans le cas d un livre au programme source et donn es dans le cas d une uvre programm e La parti cularit de ce mod le est donc de prendre en compte d s le d part une autono mie des objets textuels relatifs la lecture de ceux relatifs l criture Cette autonomie peut m me alla jusqu l
394. th orique Eco s est toujours int ress au texte contraintes L Introduction sa version italienne des Exercices de style de Raymond Que neau publi e dans notre num ro 2 en a apport un premier t moignage Mais sur le plan pratique aussi au del encore de son engagement de traducteur il a lui m me toujours pratiqu l criture contraintes Le Pauvre Pinocchio que nous publions dans ce num ro en regard d une traduction galement contrainte de la main de Bemardo Schiavetta d montre merveille que la pratique d Eco n est nullement en retard par rapport la th orie Pour le lecteur italien l introduction que l on vient de lire e t sans doute t superflue puisque beaucoup des textes contraintes r alis s par Eco ont t publi s dans des revues ou des magazines ayant une diffusion tout sauf confi dentielle Eco a voulu que ses textes paraissent dans 7 Verri par exemple une des plus importantes revues litt raires de la p ninsule ou dans L Espresso qui valent italien du Nouvel Observateur Qui plus est les travaux contraintes ont t en partie rassembl s dans deux volumes qui pour n tre pas totalement in connus en France semblent davantage lus et surtout plus pris au s rieux en Italie qu en France Diario minimo Bompiani 1963 trad fr Pastiches et pos tiches puis II secondo diario minimo Bompiani 1992 trad fr Comment voya ger avec un saumon Si le
395. tion Gautier Puvis et Vasco sont tutoy s avant que d tre enfin nomm s ou d une mise en sc ne m taphorique de l acheminement ou du moyen d acheminement d un message son destinataire c est l air vent par la jupe de la danseuse dans le cas du Billet Whistler c est l envoi d un sa lut redoubl par le chant d annonce nouvelle de l oiseau dans le cas du sonnet Vasco Par un retournement singulier comme d un gant sur lui m me le po me semble donc envelopper en en tirant parti la structure de communication l int rieur duquel il s inscrit La forme insistons y absorbe la formalit la quelle le texte souscrit en s crivant En ce sens le quatrain adresse dont a crit ici m me Daniel Bilous n a rien d une pratique p riph rique elle indique chez Mallarm une logique g n rale et g n rative du nom et de l adresse ins parablement rh torique et sociale le texte s crivant en boucle autour de signifiants matriciels pour circuler l int rieur d un cercle de sociabilit la fois restreint celui de ses destinataires ou commanditaires effectifs et largi 7 8 celui de tous ses lecteurs op rateurs x Ici une parenth se Aux marges du corpus il est frappant de constater que le premier po me connu de Mallarm adress une voisine faisait du jeune signataire St phane Mallarm le dernier vers du texte rimant avec
396. tique savoir le fait qu elle entretient une relation intrins que au d plaisir Enfin notamment travers la prise en compte du beau naturel elle se donne les moyens d viter la confusion entre la relation esth tique et la ques tion de l art con u comme art de faire et savoir faire Mais elle souffre aussi d entr e de jeu d un handicap qui n a cess de con trecarrer son d veloppement ult rieur labor e l origine dans un cadre gnos ologique soit en tant que suppl ment aisth tique une th orie rationa liste de la connaissance chez Baumgarten soit en tant qu exemplification d une acuit perceptuelle sp cifique chez Hume qui traite le go t comme une exa cerbation de la discrimination perceptuelle l esth tique philosophique a en 60 PROPOS DE LA CONTRAINTE g n ral con u la relation esth tique comme suppl ment une pist mologie fondationnaliste qu elle soit rationaliste ou empiriste Lorsque ce souci fondationnaliste a t inscrit dans un cadre rationaliste il a amen beaucoup de philosophes consid rer la relation esth tique soit comme reste irrationnel d une connaissance id alement rationnelle soit comme intui tion la fois suprasensible et suprarationnelle Et bien que tout ce qu on sache concernant le fonctionnement cognitif de l homme contredise ce dualisme gnos ologique conceptuel vs perceptuel rationnel vs empirique spirituel vs sensible les esth ticiens cont
397. tique de la facult de juger de Kant l esth tique philosophique a g n ralement eu tendance se concentrer sur la question du jugement esth tique Selon cette fa on de voir la sp cificit de la conduite esth tique ne r siderait pas dans la fonctionnalit h doniste de la rela tion cognitive mais dans l exercice de la facult du go t con ue comme facult judicatoire Kant le premier a omis de distinguer clairement entre la question de la conduite esth tique en tant qu attention cognitive vis e h doniste et celle de l valuation en tant que jugement port sur les objets qui fonctionnent comme supports de cette attention cognitive 2 La conduite esth tique a Observ e de l ext rieur la conduite esth tique appara t comme une s quence comportementale guid e par une vis e globale qui lui appartient en pro pre et qui permet de la distinguer d autres conduites Il s agit d une conduite intentionnelle c est dire qu elle est finalis e par la repr sentation d un but 61 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE c est ce but qui d termine son caract re propre et qui la rend irr ductible d autres conduites b La conduite esth tique se r alise travers une activit Intentionnelle au sens de John Searle puisqu elle est au sujet de quelque chose c est dire qu elle est dirig e sur un objet qui constitue son r f rent Cet objet on peut l appeler objet esth tique condition de noter que la pr
398. tort ignor es du public francophone Avec ce num ro sp cial qui ne cl t pas le probl me mais qui ne fait au contraire que jeter les bases de nouveaux d veloppements tant l int rieur de la revue qu ailleurs electronic book review donne un s rieux coup de fouet quiconque s int resse l criture sous contrainte et plus g n ralement au combat pour la modernit en g n ral Clemens Arts Oulipo et Tel Quel Jeux formels et contraintes g n ratrices Th se de doctorat soutenue l universit de Leyde d c 1999 Le livre que publie aujourd hui Clemens Arts aux Pays Bas les us et coutumes acad miques font qu une th se ne peut tre soutenue que si elle a t publi e d abord sous forme de livre a t pour moi une des meilleures surprises de l ann e Il faut donc souhaiter qu un diteur fran ais se propose vite de lui donner le rayonnement que ce texte m rite amplement Sa r ussite exemplaire est due plusieurs raisons dont l l gance stylistique n est pas la moins n gli geable Arts qui a encore collabor avec Sjef Houppermans dans des recherches comm mes h las interrompues sur l oeuvre de Raymond Roussel et qui tra vaille aujourd hui comme traducteur au Conseil de l Europe Bruxelles crit un fran ais qui devrait lui tre envi par 99 des Fran ais je veux dire des universitaires fran ais Et comme l l gance de la phrase et du phras n est jamais arbi
399. tous trois au troisi me vers du premier tercet de leur Tombeau ce qui contribue assur ment l effet de s rie et de sous genre Le nom de Puvis de Chavanne ici encore au premier tercet de Hommage qui lui est adress enjambe du deuxi me au troisi me vers Richard Wagner le seul notons le qui soit d sign la fois par ses nom et pr nom ce qui sans doute laisse trans para tre l ambivalence du rapport c l bratif lait de distance respectueuse et de rivalit courtoise entretenu par le po te du Livre avec le ma tre de Bayreuth intervient l avant dernier vers du sonnet qui lui rend son tour Hommage Whistler et Vasco figurent quant eux l extr me fin du po me et donc aussi la rime Cette position finale ou terminale du nom l ment du syst me de con traintes auxquelles se soumet le po me mallarm en suppose toute une strat gie du retardement proc dant par incises et chicanes retournements de la syntaxe intervention de m diations th matiques ou formelles strat gie particuli rement sensible dans les deux cas limite du Billet Whistler et du sonnet Vasco qui tous deux ne sont compos s que d une seule phrase se d roulant par conca t nations successives D une certaine mani re tout se passe comme si en en retardant l piphanie Mallarm entendait faire du nom quelque chose comme le produit de la formulation po tique le r sultat d une op ration rh torique a
400. traire ou insignifiante c est un plaisir de constater qu une m me finesse et une m me clart inspirent les lectures et les r flexions th oriques de l auteur Comparer Tel Quel et l Oulipo fond s tous les deux rappelons le en 1960 comme le fait ici Clemens Arts rel ve premi re vue du jeu de soci t tellement les diff rences entre les deux groupes ou les deux mouvances s impo sent tout de suite de fa on massive Or sans vouloir forcer les analogies l o elles n existent pas Clemens Arts parvient nous convaincre de l int r t au moins posa la question En effet du moment m me que l on accepte de s inter roger sur ce qui pourrait bien tre commun Tel Quel et l Oulipo un certain formalisme parmi d autres choses et pour aller tr s tr s vite on est amen tout d abord clarifier un ensemble de concepts et de partis pris th oriques que l on mobilise constamment dans les crits des deux groupes sans qu il soit toujours tr s clair ce que tout cela signifie Des notions comme jeu forme produc tion r gle etc ont beau constituer le socle des discours telquellien et oulipien il n en reste pas moins que la plupart du temps ces termes ne sont utilis s dans la critique que comme des slogans hors toute r f rence pr cise un ensemble de textes voire un r seau intertextuel dont l importance est pour 266 TUDES D OEUVRES CONTEMPORAINES t
401. tre ventail pour d signer celui de Mademoiselle Mallarm introduit une apparente maladresse dans l appareil titulaire du recueil l ordre paratextuel des po mes en succession directe renvoie l pith te autre l ventail de Madame Mallarm qui le pr c de exactement en tant que texte ordonn en recueil plut t qu en tant qu objet d sign l o en sens contraire l ordre grammatical renvoie cette pith te tel autre ventail poss d en tant qu objet par Mademoiselle Mallarm Ordre du recueil et ordre du monde structure interne et geste de la d signation ne co ncident pas entre eux il y a jeu frottement fr lement micro le on po tique fa on Mallarm 5 Si le peintre n est pas directement tutoy tant deux fois d sign sur le mode de la troisi me personne hormis lui Whistler l adresse du Billet Whistler agence un dispositif ludique d nonciation qui l inclut certes litt ralement dans un nous Celle m me dont nous v c mes mais plus encore par m taplasmes dans genou je nous rimant avec mousseline ou nous et trois fois dans tutu rimant avec rebattu Le texte de ce sonnet est reproduit ci dessous Sur la double structure r flexive et communicationnelle du sonnet Vasco voir Pascal Durand Le p riple et la boucle Au seul souci de voyager dans Les Po sies de St phane Mallarm Une rose dan
402. tre cach collection Ecbolade B thune 1985 5 246 POLEMIQUES Jean Ricardou Les le ons d une erreur L tude La contrainte corollaire hasard e par mes soins dans le num ro 3 de Formules comporte une b vue En effet dans la mienne r criture d un fragment lipogrammatique en e de Georges Perec s est gliss e f cheusement intruse la pr position selon Cette erreur m est apparue d s relecture dans la revue et plusieurs sans doute en ont pris acte aussi directement ou par ou dire certains peut tre avec de l amusement voire un rien davantage Ainsi Ber nard Magn minent sp cialiste de l uvre de Georges Perec crit S agis sant g n ralement del prise en compte des param tres d un texte toute vis e globalisante pr tendant l exhaustif et sa ma trise s expose de telles m saventures que je trouve pour ma part assez r jouissantes Avec les pr sents feuillets et sit t reconnu bien s r voil qui est d j lait sans trop d ambages cette erreur j escompte en examiner soigneusement plusieurs aspects sous l angle de la discipline appel e textique En effet ce que j esp re de la sorte c est d une part avec un b n fice d ontologique faire entre autres saillir au plus exact comment dans cette circonstance se distri bue quant l admission du vocable vicieux la responsabilit au sein de la revue et d autre part avec un
403. tres preuves que le t moignage d un unique m dium Tout cela sans parler du message dict par trop 103 CREATIONS unique lui aussi dans nos annales du miracle On devine vite en filigrane sous chaque mot ce qu il veut prouver Visiblement M raut est convaincu qu on manipulait la fillette Il comprend n en d plaise Ruet qu une me pure peut faillir guid e par l esprit du Mal Or il n est gu re difficile de savoirqui M jouait ce r le ses yeux Le folio L homme para t fruste vrai dire Tel ne saurait tre le cas de l instituteur Alb ric Bitard en qui le vicaire semble voir l incarnation du Diable m me la passion cl ricale prenant alors le pas sur toute raison Et y for ant le trait u on ne la jamais vu en l glise sauf y passer durant le credo comme si y cherchait vainement l Esprit Saint dans les chapiteaux du p n style On dit qui en ferait le tour ext rieur pendant loffice marmonner indistinctement des blasph mes et se signer de bas en haut SU vous croise par la ruelle i s en va raser lautre rive en marchant reculons et parani en lui m me ll nous a t mont un livre d heures annot le long des mar ges de ses h r sies abominables que le p re Ruet avait d laisser nimagi nant pas pareille infamie grand ouvert sur le lutrin l attention de tous Il semblerait bien que ce soit l le t moignage d un tat d esprit et non de la v rit A l poque des fai
404. ts la querelle est son paroxysme De semblables affirmations se r pandaient dans les campagnes pour d nigrer et affaiblir le hussard de la R publique A M o n existe alors aucune cole libre le cur se bat pour son ouverture Et Bitard lui rendant coup pour coup s indigne qu on fasse tat de libert hors les r gles de la raison L instituteur n anmoins para t tre un homme de pond ration fort incapable d une telle animosit par ailleurs si contraire ses int r ts Mais qui sait quoi la pas sion peut engager Et force est d accorder au vicaire g n ral qu il peut tre tentantd accaparer une me quand on veille seul son l vation Imaginons quelle serait la confusion de notre Sainte Eglise ei redoutons la joie de ses adversaires si ele accr diait le caract re mira culeux de lappar tion et qui tait ensuite av r quon lavait par persuasion sugg r e linnocente Lesprt de d n gation pourrait bien avoir condui une messag re dont la foi nest gu re affermie Tout est bon qui entena nier la Gr ce divine et d tourner son profit l emprise du Verbe A lire M raut le p re Ruet serait quant lui un bon ap te slo mais id aliste devant l me enfantine dont ne per oit que laura de clart et se masque le tr fonds de t n bres Le vicaire n en reconna t pas moins 104 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES la parfaite sinc rit du pr tre et se montre pour conclur
405. ts le trou hibou bouh or le pa Pa id al montre qu il n y a point de mort ni d E naissance mais un mouvement t tu incessa Nt au sein de la mati re en continue m tamor Phose Ecrire n est pas une occupation ineffable zen N est pas explorateur qui vadrouille en vain Au milieu des signes n est pas d couvreur q Ui singe sa d couverte avec les mots du gan G n est pas aventurier qui ne s exile pas hor S de la langue qui le d porte n est pas pr sen T lui m me qui ne se r sout pas son absc Ence NDLR Sokris Bardeche est un scripteur qui utilise une contrainte d auteurs multiples Il a ainsi publi sous plusieurs pseudonymes dont Jonas Ekhr Le Trou et le P se Trou aux ditions L Arbre paroles et C J Sandher les Archi pels dans les revues Po amp sie Arpa La Sape Il nous offre ici des textes dont la premi re phrase est extraite d une c l bre revue des ann es 60 et 70 160 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Philippe Beck Aux Recensions Po mes Daniel Oster Avertissement On lira ici des extraits d un livre Ce livre est un hommage aux recensions un drame des recensions comme p tures po mes Une sorte d hommage car parmi les tudes articles notules au sujet du Prince des po tes par exemple il y en a de sp cialement vives de moins fortes parues au XIXe si cle et au d but du XXe Bertrand Marchai les a republi es en un volume qui est lui m me la chro n
406. u di g tique d une mani re d art conceptuel Reste la langue Celle ci n est pas des plus courantes m me si on l a connue plus transgressive dans d autres textes de Falempin On pourrait la dire pour faire vite mallarm enne Son lexique tout d abord est relativement exi geant les mots plut t rares sont assez fr quents Mais surtout sa syntaxe se fait volontiers complexe L crivain a du reste eu l occasion d en rendre compte dans des termes qui m ritent d tre cit s Syntaxiquement l criture met en uvre sous le nom d anacoluthe une variante excessive de l ellipse agression assez r guli re contre l ordre trinitaire des mots rejet fr quent du verbe en fin de phrase perturbant toujours la logique trinitaire ant position de propositions enti res DS interruption de la phrase par maintes incises jusqu en rendre parfois le sujet ind cis combin e avec l abondance p riphrastique la cons tance de ces ruptures n est pas sans produire un effet la fois pl thori que et lacunaire et cet effet lui m me pourrait bien mimer certaine syn cope et certain culte du silence dans la c l rit pourtant d ferlante des notes qui affecte le jazz be bop Certes ces lignes ne regardent pas La Prescription mais elles clairent parfaitement le travail de la langue qui y est engag Que le sens se perde comme peut dispara tre le th me travers les lignes sinueuses du discours
407. u monde coextensive notre vie veill e d Dans la relation cognitive nous laissons agir le monde sur nous en tentant d identifier de comprendre ou d interpr ter cette action En reprenant les termes de Searle on dira que la direction d ajustement de la relation cognitive va de l esprit au monde alors que dans la relation instrumentale nous tentons d ajuster le monde nos d sirs dans la relation cognitive nous tentons d ajuster nos repr sentations au monde Cette direction d ajustement est constitutive de la relation cognitive c est dire qu elle est inscrite dans sa structure fonction nelle Elle est donc aussi constitutive de la conduite esth tique Si cette consta tation banale est si rarement faite c est l encore parce que la philosophie a tendance concentrer son analyse de la relation cognitive sur cette conduite hautement r flexive qu est l investigation scientifique plut t que sur les activit s cognitives plus modestes mais aussi plus fondamentales qui nous permettent de sur vivre au jour le jour et de nous orienter dans le monde Inutile d ajouter que cette absence de r flexivit loin d tre un d faut de la mise en oeuvre quo tidienne de la relation cognitive est la condition indispensable de son caract re op ratoire un homme et un tre vivant en g n ral qui s obligerait soumettre ses op rations cognitives du tout venant aux proc dures de contr le r flexif qui norment l investigation scientifiq
408. u temps Je veux aux checs D placer les mois blancs ou noirs jouer quitte Ou double etfinir car ilfaudra que tout ch Avire au point o nous sommes Bonsoir Machaud C Ouperin bonsoir Lully je vous coute Rai plus tard Je veux que seul ici chante L avenir Adieu voyantes Proph tesses d chues t Outes vieilles dans vos maisons de t les mes pauvres crach Euses de v rit on ne lit plus les taches D encre Robert est mort et voil Saint Eustache Au bord du trou Alors j aime que vers Clichy C Aulaincourt au club des buveurs d oxycratch Ampions de billards facteurs peintres quels Watteau C Andides se retrouvent un peu avant la chute Du jour pour faire des plans dessiner le parcourt t Ranquille des signes et des rimes o l ivoire chant Era Quelles gr les de boules blanches rouges demain couch Eront les lumi res les f ts de bi re Quel cout Eauxfrapperont cette butte en plein c ur Cont Orsionistes je n aime pas ces lieux pour le choc Mousseux des verres o les touristes m ch s c Aracollent mais pour cette apparition touch Ante de la petite Guadeloup enne qui t Ravaille chez Luce il est heureux celui qui t Ous les jours lui ach te son pain Elle d tach Ait de grands papiers de soie quandje lui touch Ais un mot de ce po me et lan a des chic Tr s dr les en faisant cligner sous une m che ex Quise ses yeux Il y avait une poche qui crach Ait de folles farines sur la peau fine de
409. ue ou pire qui voudrait les fonder au sens du fondationnalisme philosophique par exemple en termes de certitude absolue 62 PROPOS DE LA CONTRAINTE ne vivrait pas assez longtemps pour pouvoir assurer la transmission de cet id al ses descendants Concr tement le fait que par exemple la contemplation visuelle du beau ne s inscrive pas dans une vis e fondationnaliste ne signifie pas que dans la contemplation esth tique seules comptent les apparences et non pas la r alit mais tout simplement que la r alit dans laquelle op re la conduite esth tique lorsqu elle a pour support une activit visuelle est celle de la perception commune et non pas celle de l investigation scientifique e Bien que la conduite esth tique ait pour support la relation cognitive au monde et ne d finisse donc pas de relation propre qui se distinguerait la fois de la relation instrumentale de la relation valuative et de la relation cogni tive on ne saurait suivre George Dickie lorsqu il soutient qu adopter une atti tude esth tique face un objet se r duit au fait d tre attentif cet objet de sorte que l attitude esth tique elle m me ne serait qu un mythe Si la conduite esth tique se r alise effectivement travers une activit Intentionnelle qui rel ve de la relation cognitive au monde elle n en poss de pas moins un trait suppl men taire qui permet de la distinguer d autres conduites se r alisant travers l
410. ue ce tssu l nest pas mieux appro pri la tr s Sainte Immacul e que tous vos brocarts de satin Et le lendemain Varnet publie dans Le Ch ne des Ev fs un long manifeste tiss lui m me de brocards l adresse GU Sieurde Dis moi sct 7 o il se fie non moins que le marquis aux r v lations du P re Fustig comme il convient par ses propres z lateurs le voil cocu notre aristo Une croix mais dinf mie vient cussonnerson blason mytheux Il para trait qu on la m me crucifi quatre fois le pauvre J sus Nest pas la m chante prosede sesamis qui lafirme Et lauteur de Jlabominable forat en croire ladite prose m chant serait cette brave fille Nature Horeu et stupre Nos enfants de Mare d couvrentque la garce tient merveille le r le r serv dordina e lImmascul e Le vent souffle sondiscours un champ lui sert de guipure et la com die se joue sans souci de r gisseur Au scandale A lusurpatnce braile mon Macb te du haut de ses cr neaux Nature d fie nos tr nes La for t ensorcel e marche vers nos murailles Des calembours assas sins bruissent dans sesramures Et nos proph tes eux m mes ont conclu notre perte Rends toi marquis Tes four s te font gr ce Tlon cur ty invite qui va le soir du printemps y tremper dans les fleurs sa mou lotte Tel est l int r t commun que personne en v rit ne songe r futer ni m me contr ler les affirmations si tonnantes du p re lvendri
411. ue de l alexandrin 1 Au seul souci de voyager dans uvres compl tes d cit e pp 40 41 20 Proue ou poupe O situer le point d avanc e d un vers sa majuscule d at taque cl allit rative selon Mallarm ou au foyer de la rime Dans Salut le po te est la poupe donc la barre et ses divers amis l avant fastueux Dans le sonnet Vasco s il est sans doute celui qui tient la barre sans la laisser varier le navigateur po te n est cependant pas assignable l une ni l autre de ces r sidences tant la fois le dernier mot du po me et l inducteur s mantique autant que phonique de son premier vers Vasco tourne en vis sans fin 21 Comptabilisons encore au nombre des op rateurs de ce bouclage du dernier au premier vers la paronomase sourire souci dont l un des effets de sens est du m me coup d expliquer par le souci int rieur qui l habite le sourire ext rieur que le navigateur revenu de tout oppose l inutile agitation de l oiseau qui le somme de s arr ter 2 Le vierge le vivace et le bel aujourd hui dans uvres compl tes d cit e pp 36 37 ETUDES SUR DES MECANISMES OU DES OEUVRES Michel Gauthier La voix active Sur La prescription de Michel Falempin Pour une fois peut tre convient il de lire attentivement les lignes qui occupent la quatri me de couverture du court r cit auquel Michel Falempin a donn
412. uet fade grouillant d une m Ati re si dense qu aucune vie ne s en chapp A t quand d un l ger refroidissement jailliren T d heureuses particules de lumi re laquelle Apr s maints menus avatars engendra M Du Rant d Ainsi de la po sie hors de l histoire hors de La science essaimant savamment sous cape il Reste rare extr mement de versifier valablem Ent hors des vocables avari s du pr t mettr E en vers tels que drames du moi du moi je e T du je ou voyages clectiques en d arides gl Ossaires d o tant de travers es l envers d Art Tout d sir d arr ter la litt rature une date o Le jeu est ce un vertige d une pens e qui s Ecrit en passant par un corps est ce un mirai R pour finir en rangs sur une tag re fus e S tomb es en poussi re au milieu des livres 1 Oin des toiles claires et des espaces ivres m Ais vibrant dans le c ur mu d heureux solit Aires d s fiat ire joie TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Or devant ces probl mes de genre qui ne se mort La ligne au loin rentrait dans l ombre de l p Op e les h ros d chus courbaient l chine le S princes des contes se lamentaient au milieu Des pages les dieux fatigu s des mythes som Meillaient dans l Olympe personne pour sec Ouer les vieux livres pais couverts de pouss l re Contrairement l interpr tation m taphysiq parc Que nul ne cherche la pr sence ou l absence D une conscience e
413. uge l objet jug je peux formuler un jugement d ad quation t l ologique concernant un artefact sans porter le moin dre int r t sa r ussite ou son chec Les jugements d ad quation t l ologi que qu ils mesurent la conformit d un produit la causalit Intentionnelle dont nous supposons qu il est le r sultat ou son exemplification d un savoir faire dans le cadre duquel il veut s inscrire ou encore son ad quation fonctionnelle sont en r alit des jugements objectaux des jugements descriptifs au sens cou rant du terme D cider si un pianistejoue correctement une sonate si un chan teur pose sa voix la hauteur prescrite si un peintre ma trise la perspective ou la technique de la peinture l huile si un po te applique correctement les r gles de la versification etc donne lieu des jugements qui ne sont pas davantage une affaire d appr ciation subjective ou de prescription collective que ne l est l va 67 DOSSIER THEORIQUE 2 PARTIE luation de la fiabilit d un moteur ou de la fonctionnalit d un outil Savoir si une oeuvre est ou n est pas conforme une finalit donn e est une question d valuation factuelle et non pas d valuation valorisante m me si dans bien des cas cette valuation factuelle est tr s difficile voire impossible tant donn la difficult de d cider quelle est la finalit laquelle elle veut tre conforme La valorisation en tant qu expression
414. ui m ne au vers bien connu Tout y sera voil mais de gaze Comme partout l auteur des Contes raconte et joue la fois un jeu subtil avec la tradition qu il finira par rejoindre toujours alors qu espi glement il en a montr aussi toute l ambiguit Cette tradition est celle de l unit classique des arts ob issant l adage Ut Pictura Poesis Pour la coloration ceci implique que l o le peintre colore l image le po te met la rh torique en usage les deux arrivant ainsi illustrer la m me v rit g n rale La couleur est sa place Blancheur d licatesse em bonpoint raisonnable Si Raymond Roussel a voulu appartenir int gralement cet univers de la v rit sa v rit lui a introduit une autre donne Le monde de la composition c de devant le go t du bricolage On se fabrique sa petite machine d sirante qui fonctionne autrement Et la couleur va jouer un r le organisateur Un bel exem ple se trouve parmi les textes gen se qui accompagnent le c l bre testament litt raire de Roussel Comment j ai crit certains de mes livres Il s agit du r cit intitul dylle funambulesque titre qui se rapporte la nocturne rencontre amou reuse de deux acrobates Ainsi se proclame avec candeur que le bonheur est affaire de mise en sc ne de mise en chantier L histoire du merveilleux rendez vous met en ab me l union formelle qui est l origine et au bout du texte Une premi re li
415. ujet des variations notamment historiques N anmoins un texte en particulier sera quant la forme de son expression et la forme de son contenu ou bien une lettre d amour ou bien une pigramme ou bien une d claration d imp ts il sera par contre tr s rarement un unicum La conventionnalit des prescriptions diff rentes des normes peut impli quer soit une observance obligatoire circonstancielle dans le cas des textes appartenant des genres litt raires ou non litt raires canoniques soit une ob servance optionnelle dans le cas des uvres uniques celles qui sont hors genres C Une autre caract ristique des prescriptions diff rentes de normes se trouve dans le fait que ces prescriptions s appliquent pour ces uvres en parti culier n cessairement partout dans le texte proprement dit mais non n cessai rement partout dans les p ritextes Ces prescriptions sont n cessairement tou jours particuli res une circonstance d termin e soit un groupe de textes soit beaucoup plus rarement un texte unique Ainsi par exemple les titres sous titres avertissements prologues post faces notes annexes diverses et mentions l gales de publication des po sies versifi es ne suivent pas les r gles de la prosodie seul le texte proprement dit se soumet aux contraintes du m tre et de la rime Ainsi les Contes drolati ques de Balzac qui sont crits dans un registre de vocabulaire pseudo arc
416. ule de sa partenaire et la sienne dans une victorieuse arriv e au but au piquet donc Et c est comme si Roussel voulait prouver que ce n est que par ce d tour par des tours aussi bien que le d sir peut resurgir en texte sa boule rose va croquer la boule rouge de Madame Goulot la ch telaine alors que son mari le bleu reste penaud Et le chien noir le petit Jais croqueur son tour n tait il pas venu tout spontan ment se lover sur les genoux du je qui assistait au spectacle des gens du cirque La lettre noire du jais je dansera en couleur sur la feuille pour exhiber le charme des r gles et pour situer dans ce jeu terme qui prend donc dans ce conte ses deux sens jouant pr cis ment sur le jeu entre ces deux sens le tourbillon du d sir je finirai par croquer la princesse de la Moskowa par exemple Ce court r cit de Roussel le plus parfait de ses contes beaucoup plus raffin que le sempiternel Parmi les Noirs est selon moi le texte de grande jeunesse qui conna t le plus prestigieux avenir suivant son instigation chromati que m me Je pense videmment aux Nouvelles Impressions d Afrique voulues comme impressions en couleur qui auraient vraiment fait aboutir l inspiration de V Idylle funambulesque pour ce dernier texte et ses avatars voir notamment Formules 2 Les couleurs chez Roussel deviennent ainsi une illustration mat rielle d un syst me arbitraire qu on pourrait ar
417. up Pinocchio plus pr sent P lerin Pinocchio parcourt perp tuellement plaines palud ennes p dale plus plus plus pers v rant parcourant places participe pantomime pou p es p riclite pr s popote prend peu pence Puis passant par pub Pal mon Pourpre par perfides personnages peu populaires pirates polissons propres rien Pinocchio p tit pendaison par p nible potence Prodigieuse p p e perruque pervenche para t pourvoit plumitif protec teur parle pr nant principes parfaits promet prochaine pubert plusieurs pro c d s pour prendre physionomie plaisante personne Pinocchio para t poin tilleux persistant pr d termin Probl mes Palabres Parcimonieusement Pinocchio poursuit plans positifs Pr f re passe temps pestilentiels parcours ponctu s par p rils par peurs perdant possibilit s parascolastiques Plante par pr s plusieurs pesos pour produire p ze pourtant peu perspicace perd per sonnel p cule Protestera t il Procurateur Parquet pays Pi ge ploucs procure prison pour Pinocchio Peut pignocher peu pain plut t psychologiquement pathologiquement par lant pr f re pa tre paresseusement Progressivement produit pand moniums 94 prend percutantes percussions passe par plusieurs peines Pensez pigeon planeur porte Pinocchio pr s port p cheur pr tend pas ser Pinocchio pan par po le Pernicieux Pierino propre rien pareillement port paill
418. ur Tous les l ves de Monsieur Bitard rafolent de leur ma re d clare na vement l missaire de Rome dans la lettre quelque peu d capante adress e La Voix du Maine le 1er mai Nos femmes et paysans eux m mes quon voit parfois si remont s contre tous ces jacteux de la ville sic se plaisent le reconna re sans fiert et consciencieux Je lai pr de dre ce qui pensai enson forsdela bougresse resicl ef ai trouv sinc rement pouvant del savoir m l e pareille f ere La pauvre petite cervelle de bergeronnette lu est un souci de toujours en v rit qui picore si peu de miettes dans ce qu elle 11 CREATIONS li et prend les mots qu elle recopie pour des images Non point que la mel leure volont du monde ne lanime etquele na une solde m moire De cela i ne doute pas et la vue r citer par coeur de vieilles le ons dont un esprit vi et moins docile e t vite eflac jusqu aux traces Quelquefois m me une lueur ilumine les grands yeux et i esp re un temps que la ligne gren e lui est de venue intelligible Au diable elle ne suit sur la page qu unclin d oeil du soleil A la r cr ation de dix heures on voit bient t l instituteur et le pr tre s opposer pour la bonne cause et se m ler de folles parties Au ramdam avec les petits o l on fait letourde la courette en braillant des formules A la houbile o des lanceu dt g voil s comme le spectre de la Nuit doivent ac culerles autres de
419. urgeschichte als Provokation Verlag Francfort trad fr Cl Maillard 1978 Pour une esth tique de la r cep tion Gallimard Paris nrf Lyotard J F 1985 Pr sentation Les immat riaux album Centre Georges Pompidou pp 16 21 Mucchielli A 1995 Les sciences de l information et de la communi cation Hachette Paris Les fondamentaux Mucchielli A Corbalan J A Ferrandez V 1998 Th orie des pro cessus de la communication Armand Colin Paris Nouvelles m thodes d tude des communications Schiavetta B Baetens J 1999 D finir et classifier les contrain tes sur le site de Formules consacr ce num ro Papp T 1990 Litt rature sur ordinateur Enregistrement restitution alire 3 livret papier pp 5 10 Willet G dir 1992 La communication mod lis e Une introduc tion aux concepts aux mod les et aux th ories Editions du Renouveau P dagogique Inc Ottawa PROPOS DE LA CONTRAINTE Notes lL Voir notamment Papp 1990 et Bootz 19901 L usage du terme texte est tellement multiple que ce mot est trop ambigu pour une utilisation pr cise Je l vite donc au maximum Peirce con oit l interpr tation comme un processus ne n cessitant pas un interpr te physique La relation entre cet aspect demanderait un plus grand d veloppement tout comme sa relation l interactivit II se peut que cette d finition ne soit que te
420. us gu re de raison d en douter Sa r ac tion montre m me un contentement manifeste sont le bec jaune ceux qui croient tout ce que l oison voit et entend argumente La Libre R publique en s gayant des m taphores du bon p re Tout m riterait d tre pes chez ces gratte papier qui tels des lanceude teq essemilent leurs somettes en aveugles Alors sous le comm rage retenu et complaisamment guiloch comme M nos braves lecteurs verraient pa ra tre malgr les pr jug s limposture qui se profile Avis ceux qui prenne une rumeur pour parole d vangie et le vent des ragots pour un choeur Ce quoi le quotidien vis r pond que c est lui qui a publi le P re en premi re page qui plus est comme il a fait du marquis Nul ne peut donc nier son impartialit dans l affaire sauf souligner qu il lui revenait de livrer un texte impos par la Curie Mais cet affrontement interne est le bienvenu en v rit Maintes lettres stigmatisaient alors le journal Plus d un fier bec jasait comme e t dit Arvin contre la b atification h tive d une tra n e aussi effroyablement niaise Au coeur d un conflit qui risquait de devenir explosif La Voixdu Maine s embrasait dans l incendie qu elle avait provoqu lvendri sauvait la mise avec son t moignage ne r conciliait il pas le merveilleux et le vraisemblable Ses partisans feraient valoir qu en d pit des cuistres malveillants Marguerite n avait pas menti B l
421. ussi sensible que la po sie sur ordinateur ne rejoignaient nullement la compr hension que j en avais j ai propos partir de 1996 un mod le syst mique qui appr hende Foeuvre litt raire informatique sans s appuyer sur la notion de texte Ce mod le a permis de d gager un certain nombre de caract ristiques de ces uvres Il s toffe aujourd hui au point qu il m arrive de soutenir que dans certains cas tr s pr cis la litt rature n est pas affeire de texte plus exactement que l analyse litt raire gagnerait en objectivit et compr hension estimer que la s miotique est une science fort utile mais qui poss de ses limites comme toute science Il s av re que la notion de contrainte peut tre un excellent moyen pour appr hen der justement les limitations du fait s miotique C est pourquoi bien que la r flexion reste creuser et les opinions tayer j ai pris le parti de vous propo ser quelques l ments de r flexion en ce sens Je n irai pas jusqu au bout de Fentreprise la fois par manque de place et de temps et cet article pourra sembler constitu pour bonne part d affirmations gratuites car non d montr es affirmations qui ne tirent pas non plus toutes les conclusions qu elles devraient Par exemple la notion de contrainte s miotique est critiqu e mais aucune no tion extra s miotique quivalente n est propos e En fait il faut concevoir cet article comme une entr e en mati
422. ustifs des prescriptions diff rentes des normes en essayant de d gager les lignes g n ra les de leur classification Nous examinerons en deuxi me lieu les probl matiques li es au crit re de syst maticit la saturation la pr dictibilit et la r gularit Nous examinerons en troisi me lieu les probl matiques li es au crit re d objectivabilit textuelle l explicitation l actualisation et la perceptibilit Il nous sera possible enfin de chercher quel nouveau crit re pourrait servir de diff rence sp cifique pour d finir rigoureusement les contraintes et les tex tes contraintes 3 3 Types de prescriptions diff rentes des normes Au premier abord il semblerait que les prescriptions diff rentes des nor mes comporteraient n cessairement un surcro t de r gles par rapport aux nor mes Cela est vrai dans le sens o les normes d une langue constituent comme nous l avons d j dit un bloc d fini par le contrat propre chaque langue et qu elles restent ainsi pr sentes m me lorsqu elles ne sont pas respect es Toutefois il serait inexact de dire que les textes r gl s par ces prescrip tions diff rentes des normes comportent toujours une ou plusieurs fraces tex tuelles de plus qu un autre texte crit selon les seules normes proprement dites l existence d un texte r sultant des seules normes est d ailleurs probl matique 33 DOSSIER THEORIQUE 1 E PARTIE En r alit une r
423. util Dans le second cas elle est plut t effet ou r sultat R sultat de quoi De la grille pos e sur elle D une forme de rythme d une sorte de m tre d une po sie cach e dans ses plis Ce qui compte ici ce n est pas le choix entre les deux interpr tations le texte de Junger pouvant tre lu vraiment de deux mani res L essentiel c est plut t le battement des deux sens L avantage d une telle structure double est en 89 DOSSIER THEORIQUE JERE PARTIE effet de s accorder parfaitement avec l id e m me de la prose que construisent ces lignes Dans le fragment comment la prose n est plus la transparence qui s oppose l opacit du discours po tique mais le va et vient fascinant et in confortable entre deux positions diff rentes Et la contrainte pr sente dans le texte de Junger pourrait bien tre le d sir de montrer et d imposer durablement cette h sitation l En admettant que cette interpr tation soit acceptable les cons quences s en r v lent tout de suite d une importance capitale pour la discussion lanc e par Vandepol Chez Junger le statut m me de la prose change Elle n est plus seulement outil mais aussi objet de la perception autoris e par le texte Elle est donc appel e se d doubler Si la prose est ce qui se regarde comme travers une grille elle est aussi la grille qui autorise le regard sur autre chose Son rapport la contrainte de ce point de vue est
424. utres membres de l Ou x Po suivant son mod le utilise des proc d s math matiques et scientifiques pour ses d monstrations Faisons appel la science pour les analyser 56 DEFINIR LA CONTRAINTE Un exemple simple la Litt rature S mio D finitionnelle classer dans les contraintes par allongement Ce type de contrainte est fr quemment not N le m me symbole est d ailleurs utilis pour la compression AL correspond la longueur de l allongement L est la longueur avant contrainte Lest la longueur apr s contrainte l unit est habituellement exprim e en mm mais on peut tr s bien dans notre cas traduire par l unit lettre La loi de Hooke nous donne ceci AL L L k F Non seulement la contrainte est parfaitement class e et d finie mais nous d couvrons de plus P qui est la force de l effort en Newtons Nous pouvons m me avoir la r sistance limite du texte fin de proportion nalit entre AL et F R F S S tant la section soumise l effort maximum F e Voici donc qu en cherchant une d finition rationnelle et rigoureuse nous avons glan des renseignements inesp r s sur l effort du contraignant et la r sistance du contraint Et bien entendu cette analyse est applicable galement pour l OuPeinPo l OuTraPo etc en changeant l unit de mesure On sait d crire avec pr cision la plupart des contraintes exerc es sur des objets existants que
425. ux exem ples pr c dents une erreur maintenant avec le mot phaute ne laisse pas de se manifester et celle ci avec phaute d orthographe est prise pour th me galement par l crit lui m me Nul doute cependant un il moins h tif que cette fois la chose soit un peu diff rente En effet il semble d abord que en elle m me cette erreur n est gu re quelconque elle se porte non point sur un vocable de hasard mais bien sur un 251 ESSAIS mot qui lui m me signifie erreur Ou si l on aime mieux et dans la mesure o avec elle le mot se trouve illustrer ce qu il d clare le voil titulaire fut ce pour l heure d une fa on un rien plate d un effet d expressivit D s lors tout induit croire que par sa mise en garde en somme Phrase ab m e par une erreur l crit d nonce en lui m me puisqu il s agit au contraire avec elle si facile f t il d un certain jeu expressif et donc sur le mode ironique une certaine fausse erreur Est ce dire pour autant qu ainsi l crit se sauve Aucunement En effet sauf privil ge administr de mani re irr fl chie c est une na vet de lecteur itt raire dans un crit tout ventuel effet d expressivit nulle erreur sur place accentu t elle d une mani re expressive l id e expos e de faute ne saurait en tant que telle se retourner automatiquement en une r
426. v fs qui accable Ruet d ignominieux sous entendus pour divertir l opinion Une inqui tude mes fr res En quels carts pour oindre qui a donc er note saint homme en cette nuit d extase Que la more se d voile Dr le dinfrmere o les d funts d hier sont ce matin plus verts que laubier Et si les huiles de monsieur le cur ne s faient pas d pos es o les bigots le disent Si n tait point si impossible qu un cul b ni br le de d couvrir le ciei tel Feusain ean de la Cro dans les coroles des marguerites Et qu lcroie entrevoir J sus sous un atour dimmacul e E onnez vous apr s l exploit qui Simagine ouir des voix divines Peu lui chaut que le d vantiau soit d cati Pr cisons l appui du ragot qu en notre campagne mayennaise une flouse d signe moins une friponne qu une enfant douce L chotier offrait un excellent pr texte en tout cas tous les furieux qui allaient loisir croiser le fer et le verbe jusqu la fin de l t 110 TEXTES A CONTRAINTES VARIEES Sans doute l v ch sait il bien que la loi de la rue ignore les veto El verait il la voix les injures convergeraient sur lui que d j on change au c ur des assembl es ou sur les parvis d glises Bient t voleront les pierres et les br lots Les espoirs de Mg r Arvin reposent d sormais sur le p re lvendri d p ch par le Saint Si ge le 10 avril et r put capable de r soudre avec toute la diplomatie requi
427. valanche de produits ludico multipliables est elle la m me que celle de certaines modestes proses contrain tes leur fa on Reste savoir si l antagonisme des deux types est aussi radicale que l in sinue fort tendanciellement le pr sent article Peut tre un rapprochement pour rait il s baucher par une meilleure prise en charge de la part d incoh rence pr sente mais ne faudrait il pas dire active dans chaque texte tout 84 PROPOS DE LA CONTRAINTE hyperconstruit qu il soit L int r t de Perp tuel voyez Physique serait alors de s attaquer de front ce probl me de l incoh rence en essayant de voir jusqu o peut aller la dislocation sans que le texte tombe dans l incongru ou le coq l ne L acontrainte pour utiliser un mauvais n ologisme inspir d un m chant tic des ann es 60 pourrait d signer ce genre d criture que les amateurs de la contrainte ne devraient plus ignorer en tant que tel Quoi qu il en soit un examen plus fouill de ce genre de difficult s ne sera pas seulement utile pour l examen de l oeuvre de B nard Colin m me Des auteurs comme Michel Falempin Pierre Beigounioux Fran ois Bon ou encore Renaud Camus qui r p te n avoir souvent pas de plus haute ambition que d crire quelques pages de prose fran aise gagneraient tre lus sous l angle de la contrainte phrastique d fendue en ces pages Il n est m me pas s r que ce poin
428. valcadantes combinaisons les d macroties expirantes l horizon m sapotamien du borboreNobuchadanasar p 79 la lune d crite comme l ostre 227 ESSAIS 228 absc ne obstr tiqu p 80 car pour lui c en estfini de la prose boraque qui vous horpanne vif comme olcaal de midi p 81 Ajoutons y les chos sonores et surtout les isolexismes eux qui aux dires de Dupriez sont moyen de cr er du sens in dit ou du moins de d payser l intelligence Ainsi de la pens e r compens e p 128 et de ce riche nombril de nombre sans nombre sans ombre sinon sans soleil p 25 La n ologie est domaine familier du po te fac tieux ironique ou Sondeur s amusant inventer ce que le langage ne parvient pas d ordinaire dire L apo cope est quelquefois simpliste la Montespan devenant la Montespep 43 Elle frise l impertinence avec une adresse au papeJeanpolde p 39 elle devient novation avec nymphoman p 86 La graphie phon tique n est pas sans ajouter une connotation sous jacente comme dans le cas du Binglad che p 89 La g mination semble plut t se cantonner au ludique avec ses fromp pettes pro lixes p 91 elle porte plus de poids s mantique lorsque l auteur exigexige p 33 ou propose des agit giter p 80 Quant aux mots valises mots forg s et autres d rivations ils foisonnent C est que ce boulimique de l criture s en prend vertement la rubiconnerie p 113 Il est loin
429. vec laquelle se confond en effet tout le mouvement du texte Mais c est aussi qu il s agit en priorit pour lui de figurer dans l espace du po me le geste que le po me ex cute et auquel il r pond geste de l adresse de l envoi ou de la desti nation Les huit po mes qui nous int ressent r pondent tous un enjeu de c l bration que cette c l bration prenne la forme d un hommage fun bre dans les cas de Gautier Poe Baudelaire Verlaine et Wagner d un hommage rendu un vivant dans le cas de Puvis de Chavanne d une comm moration dans le cas de Vasco ou d un amical Billet dans le cas de Whistler La forme du po me d termin e par la formalit sociale ou symbolique laquelle celui ci r pond y mime en quelque sorte dans son propre d ploiement verbal le mouvement qui le porte en direction de son destinataire L int riorit structurale du po me la 231 ESSAIS 232 fois rh torique et spatiale c est dire prosodique figurerait ainsi le mouve ment tout ext rieur de l envoi Sous cet aspect il est significatif que comme c est souvent le cas chez Mallarm quatre des po mes qui nous occupent le Toast fun bre le Billet Whistler l Hommage Puvis et Au seul souci de voyager soient structur s en s autofigurant en tant que tels comme autant d actes de communication que cette figuration adopte la forme d une rh tori que de l interpella
430. verra onan sans semence non oscar oscar un ours sans coeur marmonne roxane son anus couve un caca marron roxane va aux W C roxane assomme oscar ce nonce en a marre oscar se sauve sa carcasse rance sue encore comme en un sauna ce censeur aux moeurs sans erreurs va assurer une messe en sa course oscar rase un mur car une averse menace son eau va saucer oscar sa course vanne oscar oscar avance vers une cour annexe encore sec en sa vareuse cossue une occase russe oscar se rue sous une ra mure un cresson mousse sur une mare aux remous crasseux une cane couve un canasson secoue ses naseaux sans mors un veau sans corne suce en son museau CONTRAINTES DE LETTRES un rameau sous un orme creux un cosmos remue une source sonore arrose un roc un ananas sous une serre un vaneau sur un sureau raves en amas ron ces en monceaux oscar recouvre ses normes son Coeur cesse ses secousses oscar se ressource un max messe encens une rosace verse son or sur une voussure romane aux nervures ocres oscar oeuvre en son sacre oscar murmure un ave recommence ses ave ronronne ses amen crac oscar nerveux renverse son verre ce verre se casse morceaux en vrac sur un carreau vacarme un massacre oscar amorce un rare examen roxane exerce encore une morsure amoureuse sa ma noeuvre me cerne roxane cause mon mouron cessons ces maux non moraux oscar un mec sans aucun cran a un coeur avare
431. vres programm es sur ordinateur uvres dites proc durales qui ne s appuie pas sur le signe textuel et supporte tout fait une relativit de celui ci Une th orie litt raire qui fait l conomie de la conception ontologique du texte en quelque sorte Qui permet de traiter des propri t s de l uvre quel que soit le p texte qu y d couvrent ceux qui la manipulent 73 DOSSIER THEORIQUE 2 E PARTIE Il n est pas question de traiter ici de ce mod le n anmoins il est n ces saire de pr senter en quelques lignes les points d entr e pertinents pour une telle analyse Le mod le ayant vacu le signe textuel comme fondement de l approche th orique d crit le fonctionnement du processus de communication complet entre l auteur et le lecteur Cette approche est la fois communicationnelle et syst mique L approche communicationnelle permet de donner corps une approche fonctionnelle et ouvre le d bat en taisant intervenir des instances extra textuel les qui interviennent dans la construction du sens et m me la constitution socio culturelle du texte texte voir d finit ci apr s et qui ne sont pas pris en compte par la s miotique qui reste fond e sur leur limination du mod le th o rique Ces l ments sont des acteurs socio culturels et notamment le contr leur du canal pour reprendre une expression de Robert Escarpit 1976 Les mod les communicationnels contemporains W llet
432. xploitait des capacit s de raisonnement g n rales non n cessairement sp ci Jiques au langage en tant que tel C est le domaine de la pragmatique Il comporte fondamentalement les r gles du discours lesquelles r gissent l change d informations selon un prin cipe g n ral dit de coop ration ou de pertinence Ce principe implique qu un acte de langage est cens tre pertinent parce que l information est cen s e s changer entre les interlocuteurs en quantit n cessaire et suffisante et qu elle est cens e tre coh rente claire et en principe v ridique La logique pourrait tre identifi e en partie la pragmatique et notam ment aux maximes de coh rence et de v racit Comme pour la pragmatique ce qui est proprement logique n estpas toujours sp cifique au langage en tant que tel 26 DEFINIR LA CONTRAINTE Ces nonnes grammaticales orthographiques s mantiques pragmatiques et logiques sont un ensemble de r gles de production et de r ception qui consti tuait l a priori de la communication par le langage articul en tant que tel Nous avons vu que certains aspects de la r f rentialit logique et de la strat gie de l interpr tation pragmatique chappent aux codes du langage en tant que tel Il s agit alors de normes de communication plut t que de normes langagi res Dans le domaine textuel chaque norme textuelle prescrit un proc d d cri ture et son pr
433. xtuelle Je tenterai de montrer comment l id e d nigme para t le moyen privil gi de cette n gocia tion culturelle L nigme instaure en effet une distance respectueuse avec le texte dont elle informe la r ception C est dire qu en ne donnant pas au lecteur les moyens du d sir d lucidation qu il a lui m me suscit le texte contraint nigmatique esquisse un mod le faible de r ception scolastique o l institution du texte 16 DEFINIR LA CONTRAINTE comme objet d un d sir de lecture passe par l amorce de son d montage pr ala ble L nigmatique en ce qu il appelle pour une part une r ception active appa ra t donc comme un dispositif de pis aller acceptable pour la r ception du texte contraint il incarnerait en somme la seule configuration capable la fois de rendre possible l activit rh torique du lecteur et de pr server la cl ture scolas tique de l oeuvre En ce sens il garantit au texte contraint la possibilit de sa litt rarit L criture contrainte inscrite dans un cadre culturel scolastique pour rait dire d elle m me larvataprodeo On comprend mieux d s lors la fr quente r ticence auctoriale d voiler les contraintes et aussi l inad quation sensible par rapport leur objet dont t moignent souvent les th orisations indig nes produites par les auteurs eux m mes de la litt rature contrainte il s agit bien pour ces auteurs d inscrire de
434. yeux m y lave et m y laisse pi ger Ayacha ch re amie l aube est si suave pic e A Shelley met L Odyss e sur pied Aussi suis je veill e A Shelley fait l a de et dit ceci sc ne 1 Og henne de Troie Huis cass s incendie saccage pid mies lev es des Troyennes H cube gide et g henne des Troyens a assist au pillage et cuve un d pit insens Hier j ai assist A Shelley suis tr s occup e Shelley ach ve un cahier de dessins quitte Egypi me sous huitaine J ai id e qu Cayenne Emilia Shelley d prime Ayacha ch re amie la pi ce sur Icare a t censur e P kin Zacatecas et Cayenne un millier d ditions impay es x Esprit muet rapide calque arrachait l cume Ilien des hauts pays d Egypi me G d on Zerka capeyait Melt mi l ger A Shelley s assoupissait tel un b b Cayenne Ayacha j ai h te et j ai un souhait m veiller tes pieds m y lover Esprit muet fin cahier quatri me J ai t t un d ca remis l p tre Ant ia au milieu des cahiers Aux v c s Ayacha essayait des haillons zipp s J ai pi ses seins qu elle haussait tels deux cacaos J essayais de piger cette me illogique souhait Cayenne s veillait ma s et cacao th herbe et hasch 195 CREATIONS Jacques Perry Salkow Palindromes Extraits Rue murs rumeur extraits Ce seul lopin ni vide de divin ni pollu sec R ve
435. yst maticit du proc d de r ception dans la lecture du texte La syst maticit des normes est une syst maticit en principe obliga toire 2 3 Syst maticit obligatoire normes et saturation tant syst matique et obligatoire l ensemble canonique des normes g n rales grammaticales orthographiques s mantiques logiques et pragmatiques produit n cessairement une saturation globale du texte Toutefois ce qui vaut pour Y ensemble des normes vaut il pour chaque norme en particulier Autrement dit une norme doit elle oui ou non tre loca lement pr sente partout dans le texte le saturer totalement dans toutes ses par ties et tous ses niveaux cette question il n est pas de r ponse unique car les normes ne sont 28 DEFINIR LA CONTRAINTE pas toutes de m me nature Pour cette raison le probl me de la saturation se posera de mani re diff rente selon le type de normes Normes saturation cat gorielle e Normes saturation diffuse 2 4 Normes saturation cat gorielle Nous consid rons comme normes saturation cat gorielle celles qui mar quent principalement le signifiant de la cha ne crite et plus particuli rement la segmentation canonique des l ments syntagmatiques Ainsi il est possible de distinguer dans un ordre de grandeur croissant les traits distinctifs des lettres traits droits traits ronds hampes jambages c dille point sursoit du i et du j accents etc

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