Qu`est-ce qu`un modèle ?
Contents
1. la carte n est pas le territoire p 58 de Science and Sanity le mod le n est pas le ph nom ne qu il repr sente il est la fois plus et moins Mais on a moins pr t attention aux r flexions de A Korzybski sur le caract re auto r f rentiel de toute connaissance All human knowledge is structurally circular and self reflexive p 323 Autrement s il est vrai que la carte n est pas le territoire il est possible que le territoire pour l observateur soit aussi la carte le mod le re u se projette sur le mod le que nous mettons Notre mod le du Territoire est aussi produit r cursivement par les mod les ant rieurs que nous en avions labor ou dont nous disposons Dans les environs d Aix en Provence voque H A Simon 16 on peut red couvrir chacun des endroits o s installait C zanne pour peindre la Montagne Sainte Victoire On peut voir la montagne comme il la voyait de la ferme de Bellevue ou du bois du Chateau Noir Ses toiles alors nous livrent de nouvelles significations je souligne Ambigui t cr atrice de nouvelles significations c est sans doute ce que S Bachelad reconnaissait dans son histoire de la notion de mod le Le mod le lui aussi a son originalit et cette originalit peut surgir comme un impr vu dans l entreprise finalis e de la mod lisation p 10 Ambigu t constitutive de la fonction de mod lisation p 7 Du r pertoire des mod les la m thode de mod l2. edr Intelligence des m canismes et m canismes de l Intelligence Ed Fayard Fondation Diderot Collection Nouvelle Encyclop die des Sciences et des Techniques Paris 1986 J LESOURNE Edr La notion de syst me dans les sciences contemporaines deux Tomes Ed de La Librairie de l Universit Aix en Provence 1979 A LICHNEROWICZ F PERROUX G GADOFFRE Ed Analogie et connaissance deux tomes Ed Maloine Paris R MATTESICH Instrumental Reasoning and systems methodology D Reidel Pub Cy Dordrecht Hollande 1978 J MONOD Le hasard et la n cessit Ed du Seuil Paris 1970 E MORIN La M thode Tome I 1979 La M thode Tome II 1980 La M thode Tome ITI 1986 Ed du Seuil Paris E MORIN Science avec conscience Ed Fayard Paris 1982 A NEWELL et H A SIMON Human Problem Solving Prentice Hall Englewood Cliff N J 1972 A NEWELL et H A SIMON Computer Science as empirical symbols and search Communication of the ACM 1976 Vol 19 n 3 pp 113 126 J PIAGET coord Logique et Connaissance Scientifique Encyclop die Plei ade NRF Paris 1968 J PIAGET P MOUNOUD J P BRONCKART Psychologie Encyclop die de la Plei ade Ed Gallimard NRF Paris 1987 I PRIGOGINE Physique Temps Devenir Ed Masson Paris 1980 QUASTLER A primer on Information theory dans Yockey et Quastler Edr Information theory in Biology Pergam
3. t th orie En attendant le jour heureux o nous parviendrons formaliser assez tels nonc s de tels de nos mod les pour solliciter la faveur de les baptiser th or mes alors notre mod le redeviendra sans doute pour quelque temps th orie Mod le ou th orie nous savons tous pourtant que nous affrontons toujours deux vieilles et famili res difficult s disposons nous de quelques bonnes m thodes pour les d couvrir ou pour les construire d une part et pour les valider ou pour les l gitimer d autre part Aristote Archim de L onard de Vinci F Bacon R Descartes G B Vico Cl Bernard P Val ry G Bachelard E Morin pour ne citer que quelques chercheurs illustres ont sans doute tent et parfois r ussi de nous en proposer Mais il n est pas certain que nous les ayions assez lu pour tirer d lib r ment parti de leurs propositions Aussi r put soit il encore en Occident le Discours de la M thode reste un discours de circonstance G Bachelard 1934 p 139 et ses pr ceptes nous semblent aujourd hui bien arbitraires et contingents 2 Nous ne raisonnons que sur des mod les P Val ry Il reste qu il nous faut quelles que soient nos pratiques scientifiques cliniques techniques nous interroger sans cesse avec une val rienne rigueur sur le bon usage de notre raison dans les affaires humaines H A Simon 1983 et donc sur la forme l intelligibilit et la communicabilit de nos raisonnement
4. tablis par jeu des m thodes d analyse de donn es le g notype charg ici d une axiomatique tr s forte choix des variables construction de l chantillon etc combien de co teux mod les inutiles ainsi produits profusion dont les mod lisateurs auraient pu faire l conomie s ils s taient interrog s un instant sur les caract ristiques du g notype d appui en r f rence leur propre projet Quatre axiomes plausibles de la mod lisation syst mique Soient donc seule fin d illustration deux axiomatiques de mod lisation que l on pr sente succinctement sans pouvoir ici les commenter assez pour mettre en valeur leurs enjeux les mod lisateurs acteurs exp riment s sauront 11 les d coder assez en rep rant les conflits d coles qu ils dissimulent L axiomatique de la mod lisation syst mique se pr sente conomiquement par contraste avec l axiomatique de la mod lisation analytique que l on tient souvent pour l axiomatique cart sienne puisqu elle est inf r e partir des quatre pr ceptes du Discours de la M thode l axiome de l Univers Cabl ou de causalit consubstantiel au paradigme analytique r pond l axiome de l Univers Construit ou T l ologique constitutif aujourd hui du paradigme syst mique il ne l tait pas dans ces termes de la formulation Bertalanffyenne de la T S G si souvent cit e en exemple entre 1951 et 1972 19 Ou si l on pr f re une formulation d j
5. actifs et bruyants ces mod les doivent ils tre entendus dans cette complexit consubstantielle il sont conjonctions de repr sentations th trales et diplomatiques Le diplomate doit savoir qu il joue aussi un r le et ne peut tre exclus de la relation qui associe la connaissance son objet Et l acteur doit savoir que son jeu d pend de son r le et qu il faut que l on puisse aussi l en exclure pour acc der is au r u i s arfois au r le qu il repr sente Le Positivisme qui longtemps r gna sur la recherche scientifique Occidentale proposa de privil gier quasi exclusivement une bien illusoire objectivit et donc encouragea la m taphore de la mod lisation repr sentation diplomatique Il fallut longtemps aux sciences douces pour se lib rer de ce carcan m thodologique et pour inviter les sciences dures convenir elles m mes de l appauvrissement auquel elles se contraignaient en ignorant la complexit de la repr sentation En 1970 J Monod pouvait encore soutenir qu il fallait accepter le postulat de base de la m thode scientifique savoir que la Nature est objective et non projective bien qu il y ait la une contradiction pist mologique profonde puisque l objectivit nus oblige reconna tre le caract re t l onomique des tres vivants p 17 p 32 Mais cette m me ann e G Bateson nous invitait modifier radicalement notre fa on de concevoir le processus mental et communicationnel To
6. de la communication scientifique Qu il s en serve comme d un cadre framework d un embryon blue print d un sch ma directeur ou d une boite noire il doit pour s en servir algorithmiquement ou heuristiquement s assurer de son adh sion aux corps d axiomes sur lesquels ils ont t labor s que ce soit par d duction ou par inf rence Le m me mod le symbolique labor selon deux m thodes diff rentes Analyse ou Conception en se r f rant deux th ories de la connaissance diff rente Objet donn ou Projet construit ne peut pas tre consid r ind pendamment des axiomatiques ou des logiques qui le fondent Aussi longtemps que le paradigme de l Univers Cabl connaissance objet et de la m thode analytique tait quasi exclusivement dominant dans les communaut s scientifiques et techniques cette adh sion l axiomatique de r f rence allait de soi et n tait plus syst matiquement v rifi e Tout mod le non ad quat ne relevait pas de la science mais des humanit s les deux cultures selon C P Snow et n avait pas tre consid r Cette uniformit n est plus supportable aujourd hui en convenant de la complexit du monde nous devons convenir de l asc se intellectuelle que requiert d sormais le bon usage des mod les Sans doute faut il esquisser au moins les termes de deux axiomatiques de la mod lisation aujourd hui plausibles et praticables pour illustrer symboliquement la d marche cogn
7. du vol des plus lourds que l air ou au caract re quasi physiologique de ses dessins d anatomie Deux m thodologies de la mod lisation Analyser ou Concevoir La connaissance projet se produit et se repr sente par CONCEPTION de mod les constuire dans sa t te AVANT de construire dans la ruche et non plus par ANALYSE Le mod le alors qu il soit iconique ou symbolique devient source de connaissance et non plus r sultat Il ne d crit plus ex post une connaissance objet tenue pour ex ante il repr sente a priori une connaissance projet qui n existe que par lui D s lors les modes de construction du mod le ne peuvent plus tre analytiques analyse synth se et les modes de validation seront rarement de type hypoth tico d ductifs exp rimentaux les modes de construction deviennent projectifs ou syst miques intention conception et les modes de l gitimation deviennent axiomatico inductifs pragmatiques 8 le mod lisateur doit dire son projet ses axiomes sa th orie de la connaissance et convenir que la connaissance qu il repr sente est r alisation action cognitive pour lui je comprends se dit je r alise 9 J Ladri re a propos dans un article intitul Repr sentation et Connaissance 10 une m taphore tr s clairante pour illustrer ces deux conceptions enchev tr es de ce qui parfois sera le m me mod le d une connaissance objet pour l un d une connaissance projet pour l aut
8. instrumentale R Mattesich 1979 et intelligible Une id e neuve du mod le Mod le ou repr sentation de connaissance qu il importe maintenant d appr hender et de conna tre assez dans sa complexit r cursion famili re il nous faut laborer une connaissance du mod le pour construire nos mod les de la connaissance Inventer ou d couvrir les mod les D s lors que nous voulons entendre nos mod les comme des processus op rateurs de connaissance il nous faut convenir du statut que nous reconnaissons la Connaissance sera t elle pour nous une donn e pr existante notre intervention cognitive explication objective des effets que nous percevons par des causes que nous d couvrons Le Paradigme de l Univers Cabl qui de Newton Laplace par Einstein R Thom a domin pendant deux si cles la th orie de la Connaissance en Occident Ou sera t elle une construction cognitive repr sentation projective ou intentionnelle des comportements que nous percevons r f r s a des t l ologies que nous inventons Le Paradigme de l Univers Construit qui se forge depuis Archim de contestant Aristote de L onard de Vinci G B Vico de P Val ry G Bachelard de J Piaget H A Simon et E Morin pour ne prendre nos r f rences que dans les sciences occidentales h riti res de l h ll nisme pour nous sans doute plus famili res 3 Que chacun de ces deux paradigmes celui de la D couverte d voiler
9. mentionn e l axiome analytique de la Connaissance Objet r pond l axiome syst mique de la Connaissance Projet A l axiome de Disjonction dit axiome du Tiers Exclus Le Tertium Non Datur Aristotelicien qui interdit un syst me d tre producteur de lui m me fondateur du paradigme analytique disjoindre pour r duire sans ambigu t des l ments simples r pond l axiome de Conjonction ou du Tiers cherch inclure qui implique la complexit intelligible de toute fonction commencer par la conjonction cognitive du sujet et de l objet A l axiome d El mentarit et donc de Fermeture de la mod lisation analytique il existe des l ments stables irr ductibles et n cessairement constitutifs de l Univers r pond l axiome d Op rationnalit et donc d Ouverture de la mod lisation syst mique Il n y a que des op rations c est dire des actes Cahiers T1 p 562 affirmait P Val ry et l on ne saurait donc mod liser des choses passives et sans n cessit l axiome de R versibilit du paradigme analytique Le Temps est une variable comme une autre constitutif de la m canique Newtonienne mais d j battu en br che par la Thermodynamique r pond l axiome d Irr versibilit du paradigme syst mique qui l a assimil spontan ment en entendant I Prigogine inviter la science occidentale relever le d fi qu est le probl me du temps p 10 r vision fondamentale laq
10. sentation et Connaissance Encyclopaedia Universalis 1968 On a d velopp cette m taphore dans un article Mod les du syst me et syst mes de mod les publi dans Th rapies Familiales Gen ve 1987 Vol 8 n 1 p 107 119 R Thom Article La Science Malgr Tout dans le volume Organum de l Encyclopaedia Universalis 1972 P Val ry Cahiers Vol I de l Ed Plei ade NRF p 854 1942 H Von Foerster dans Cahiers de la Fondation Archives Jean Piaget 1982 voir un d veloppement dans l article Intelligence de la Complexit publi dans U N U Science et Pratique de la Complexit 1986 Cet argument est au centre des articles Mod le et Structures r dig s par H Luccioni et R Tissot pour le Manuel Alphab tique de Psychiatrie A Porot Ed Nouvelle Edition PUF 1984 16 17 18 19 20 21 22 18 Dans sa pr face l dition fran aise de La Science des Syst mes science de l Artificiel p 9 On emprunte la m taphore des mod les g notypes et des mod les ph notypes J P Dupuy sans doute en l interpr tant de fa on extensive par rapport son propos initial Voir par exemple son article L Anatomie et la Complexit du social dans U N U Science et Pratique de la Complexit 1986 Si cette m taphore du g notype est tenue pour malais ment interpr table on peut sugg rer celle du paysage pig n tique formul e par le biologiste e
11. un R el et celui de l Invention 4 Construire des repr sentations intelligibles que chacun de ces deux paradigmes ait aujourd hui ses tenants dans nos pratiques scientifiques et cliniques n est sans doute pas signal de d cadence quoiqu en assurent les positivistes de stricte observance C est la qualit de la Tol rance qu elle suscite que nos Soci t s savent aujourd hui reconna tre la qualit d une connaissance scientifique Nous savons collectivement enfin garder m moire de la condamnation de Galil e Des mod les iconiques aux mod les symboliques Mais on ne s tonne pas que chacune de ces deux th ories de la connaissance l une et l autre h riti res d une puissante tradition que l on songe au conflit des Universaux et l mergence si f conde du Nominalisme m di val aient suscit leur mode d appropriation privil gi la Connaissance Objet devra pouvoir se d crire par agencements quasi m caniques de mod les iconiques le mod le r duit ou l corch pr c dent et permettent l atome de Bohr la mol cule de Kebul la double h lice de Watson et Crick Parce qu elle est pr sum e r ductible par l analyse des icones de plus en plus l mentaires elle pourra peu peu tre repr sent e par des mod les symboliques le symbole de pr f rence math matique tant alors tenu pour l ic ne enfin irr ductible autre chose qu elle m me Puis peu peu le mod le symbolique s autonomisera
12. Auto r f rence qui nous invite d j remettre en question alors que nous la renouvelons peine notre conception du Mod le Le mod le auto r f rent est le mod le qui se produit et se d finit lui m me qui s tablit par conjonctions irr versibles du mod lisateur et du mod le qui se charge de nombreux mod les potentiels Y Barrel 1979 qu il actualise au gr des simulations qu il incorpore Auto r f rence qui nous sugg re d j les voies de d veloppement de nos conceptions de la mod lisation et de notre compr hension des mod les des Artefacts intelligents L Intelligence de la mod lisation artificielle La concomitance des d veloppements de la Syst mique et de l Intelligence Artificielle et des sciences de la Cognition nous appara t d s lors comme l annonce de nouvelles Sciences de la Conception 22 propres passionner le clinicien l Ing nieur ou le compositeur il nous faut apprendre concevoir les mod les de l action intelligente une action con ue par l esprit L onard de Vinci Le probl me de l observateur concepteur mod lisateur concluerons nous avec Edgar Morin devient capital critique d cisif Il doit disposer d une m thode qui lui permette de concevoir la multiplicit des points de vue puis de passer d un point de vue l autre il doit disposer de concepts th oriques qui au lieu de fermer et d isoler les entit s physique biologie sociologie lui permettent de circul
13. Ecologie de l Esprit Ed du Seuil Paris deux Tomes T 1 1977 Tome II 1980 Traduit de l anglais 1972 A BOGDANOV Essays in Tektology Intersystems Publication Seaside cal 1980 traduction du russe par G Gorelik Editions originales 1913 1921 R BOUDON A quoi sert la notion de Structure Ed Gallimard Paris 1968 L BRILLOIN Science and Information theory Academic Press N Y 1956 Traduction fran aise 1959 chez E Masson Paris C P BRUTER Les Architectures du feu consid ration sur les mod les Ed Flammarion Paris 1982 Pr face de P Delattre A DEMAILLY et J L Le MOIGNE Ed Sciences de l Intelligence Sciences de l Artificiel avec H A Simon Ed P U L Lyon 1986 B INHELDER Ed Epist mologie g n tique et quilibration hommage aJ Piaget Delachaux et Niestl Ed Neuchatel 1976 B INHELDER Ed Cahiers de la Fondation Archives J Piaget n 2 3 Gen ve 1982 A KORZYBSKI Science and Sanity An introduction to non aristotelician Logic and general semantics The Non Aristotelician Library Pub Cy Lakesville USA 1933 4 me dition 1958 J L Le MOIGNE Une axiomatique les r gles du jeu de la mod lisation syst mique dans Economies et Soci t s S rie E M n 6 1980 pp 1145 1156 J L Le MOIGNE La Th orie du Syst me G n ral th orie de la mod lisation Ed P U F Paris 1977 2de dition augment e 1984 J L Le MOIGNE
14. Qu est ce qu un Mod le J L Le MOIGNE Cette tude est initialement publi e dans Les mod les exp rimentaux et la clinique AMRP1985 CONFRONTATIONS PSYCHIATRIQUES 1987 num ro Sp cial consacr aux MODELES Professeur l Universit d Aix Marseille III Facult d Economie Appliqu e GRASCE CNRS Aix en Provence Qu est ce qu un MODELE J L Le MOIGNE R sum Si la notion de mod le est une id e neuve pour la science contemporaine sa pratique cognitive est riche d exp riences multiples et enchev tr es doit il tre r duction au clair et net cart sien ou r v lation ambigu de la complexit essentielle des ph nom nes On propose d organiser l intelligence du mod le en consid rant les pist mologies et les m thodologies qui supportent sa production et sa l gitimation par le clinicien l ing nieur et le scientifique une th orie de la connaissance objet contrast e par une th orie de la connaissance projet une m thode analytique hypoth tico d ductive exp rimentale contrast e par une m thode syst mique axiomatico inductive pragmatique Ce qu on illustre par un expos de deux axiomatiques de la mod lisation antagonistes et plausibles l Anatomique et la Syst mique et par une br ve pr sentation de Syst mographie instrument de mod lisation syst mique des ph nom nes per us complexes Si on ne peut sans doute plus d finir universellement la notion de mod le on peut concevo
15. cette d signation paradoxale inhibait la caract ristique propre et originale de la mod lisation syst mique la conjonction intentionnelle du mod lisateur et d un projet en valorisant la caract ristique antinomique de l analytique la disjonction On a propos de telles formulations dans l article Syst mique et pist mologie cf note 3 et dans l tude intitul e Une axiomatique les r gles du jeu de la mod lisation syst mique 1980 R Boudon article Structure dans les Sciences Humaines Encyclopaedia Universalis 1968 Voir J L Le Moigne Intelligence et Conception dans J L Le Moigne Ed Intelligence des M canismes et m canismes de l intelligence 1986 ainsi que le chapitre Th ories de la conception dans A Demailly et J L Le Moigne Ed Sciences de l Intelligence Sciences de l Artificiel avec H A Simon 1986 BIBLIOGRAPHIE 19 G BACHELARD La Formation de l esprit scientifique Ed J Vrin Paris 1938 nombreuses r ditions G BACHELARD Le Nouvel Esprit Scientifique Ed P U F Paris 1934 nombreuses r ditions S BACHELARD Quelques aspects historiques des notions de mod le et de justification des mod les dans P Delattre et M Thellier Edr Elaboration et justification des mod les Deux Tomes Ed Maloine SA Paris 1979 Tome I p 9 20 Y BAREL Le Paradoxe et le Syst me Ed Presses Universitaires de Grenoble 1979 G BATESON Vers une
16. en se diversifiant en conservant pr sumait on sa vocation initiale de description explicative d une connaissance causale le mod le Stimulus R ponse le mod le d Id et de l Ego le mod le de l quilibre walrasien le plupart des mod les dits structuralistes autant d exemples de mod les symboliques ou de th ories tablis fin de repr sentation explicative des connaissances objets Construire dans sa t te AVANT Concevoir La c l bre parabole de l abeille et l Architecte propos e au si cle dernier par K Marx sugg re sans doute une autre conception du mod le repr sentation de la connaissance associ e au paradigme de la connaissance Projet L abeille confond par la structure de ses cellules de cire l habilet de plus d un architecte Mais ce qui distingue d s l abord le plus mauvais architecte de l abeille la plus experte c est qu il a construit la cellule dans sa t te avant de la constuire dans la ruche 5 Le mod le de la cellule construit dans la t te du mod lisateur AVANT que la cellule ne soit connaissable avant qu elle ne soit peut tre objet de connaissance ce mod le est familier chacun bien qu il soit inconstructible par l analyse ou la d coupe de cet objet qui n existe pas ou pas encore On n invente que ce qui n existe pas 6 concluait Quatrem re de Quincy s interrogeant sur le paradoxal processus de mod lisation de l architecte ou de l Ing nieur mais comment inven
17. enfin comme des repr sentations op ratoires qui puissent we servir faire Je n ai jamais cru aux explications r p tait souvent P Val ry qui ajoutait en 1942 Mais j ai cru qu il fallait chercher des repr sentations sur lesquelles on put op rer comme on travaille sur une carte ou l ing nieur sur une pure et qui puissent servir faire 13 Peut tre peut on r capituler en un tableau id ogramatique et sans ambition artistique ces interpr tations pist mologiques de la notion de mod le dans un double r f rentiel pist mologique Th orie de la connaissance Objet et Projet et m thodologique Analyse par raisonnement hypoth tico d ductif exp rimental et Conception par raisonnement axiomatico inductif pragmatique au risque sans doute de figer pr matur ment des d finitions qui s av rent n tre f condes que reconnues dans leur ambigu t PARADIGME PARADIGME THEORIES de la gt CONNAISSANCE CONNAISSANCE CONNAISSANCE OBJET PROJET METHODES de MODELISATION PAR ANALYSE Mod le Mod le hypoth tico D ductif EXPLICATION INTERPRETATION exp rimental PAR CONCEPTION Mod le Mod le axiomatico Inductif COMPREHENSION REPRESENTATION pragmatique OPERATOIRE Epist mologies de la mod lisation La n cessaire ambigu t du mod le Cette ambigu t potentielle et peut tre n cessaire des mod les est sans doute elle aussi une id e neuve Elle m rite d tre
18. entendue dans le contexte historique o elle a merg partir de 1947 avec les d veloppements des th ories puis des sciences de la Communication et de l information ces nouvelles sciences s instituaient on dut vite en convenir en rupture pist mologique G Bachelard 1938 radicale G Bateson 1970 avec les th ories et les sciences de la mati re et de l nergie l nerg tisme par rapport auxquelles devaient alors s ordonner les sciences sociales et les sciences de la vie pour tre scientifiques La c l bre tentative de L Brilloin 1956 proposant de tenir l information Shannonienne comme une grandeur nerg tique physiquement dimensionnable aussi petite que soit la constante de Boltzman r v le l impasse 1l n est pas de mod le iconique m canique ou thermodynamique susceptible d expliquer les ph nom nes informationnels Les sciences de la communication ne sont passibles que de repr sentations symboliques mais elles sont r cursivement capables de th oriser le concept de symbole qui les exprime A Newell et H A Simon 1972 1975 H Von Foerster et J Piaget 1976 E Morin 1986 La l gitimation des mod les symboliques par lesquels elles d crivent leurs nonc s enseignables ne peut plus se fonder une analogie exp rimentale et iconique d nu e elle d ambigu t Elle passe par des analogies de comportements simul s simulations effectu es sur des mod les symboliques Et la simulation des mod
19. er productivement il a besoin aussi d une m thode qui lui permette de passer d un point de vue l autre une m thode pour acc der au meta point de vue sur les divers points de vue y compris son propre point de vue inscrit et enracin dans une soci t Aussi l observateur concepteur doit r fl chir sur lui m me et songer qu il lui faudra t t ou tard envisager un circuit pist mologique qui le traversera et l cart lera Le concepteur est dans une situation paradoxale La M thode T I 1977 p 179 N est ce pas cette famili re situation paradoxale qui nous permet aujourd hui de nous r interroger avec vivacit sur notre entreprise Nous sommes tous des mod lisateurs et non pas les meuniers de moulins con us et fonctionnant sans que nous en ayions projets Notes 1 Th oricien on se souvient peut tre de la d finition humoristique autant que pertinente qu en donnait Auguste Detoeuf l auteur des Propos de O L Barenton Confiseur Th oricien individu qui n est pas de votre avis p 36 de l dition 1965 2 On a d velopp cet argument dans le chapitre un intitul L ancien et le nouveau discours de la m thode de La Th orie du Syst me G n ral th orie de la mod lisation 1977 1984 3 On a d velopp la th se de deux paradigmes de l Univers Cabl et de l Univers Construit dans Syst mique et Epist mologie publi dans J Lesourne Ed La notion de Syst me dans les
20. ir la fonction t l ologique de mod lisation production intelligible de repr sentations op ratoires par le mod lisateur acteur Qu est ce qu un MODELE Dans l ordre de la recherche scientifique la notion de mod le entendue comme instrument de production et d exposition des connaissances est une id e neuve Et plus encore le concept de mod lisation qu ignorent encore nos dictionnaires Une riche tude de S Bachelard 1983 mentionne son apparition au d but du XXe si cle par un article Model publi par Encyclopaedia Britanica en 1902 article d au grand L Boltzman lequel avait auparavant publi un article dans un catalogue allemand de mod les de physique math matique Les encyclop distes du XVIIe si cle parlaient volontiers de syst me pour d signer peu pr s ce que nous entendons aujourd hui par mod le scientifique ou technique Auparavant lois de Kepler ou principes de Newton semblaient faire l affaire avant que ne s installe le concept de th orie lequel d fend aujourd hui encore avec nergie la noblesse de son statut face aux empiettements pr sum s du roturier concept de mod le Empiettements facilit s par les scientifiques anglo saxons qui assurent au nom du pragmatisme que le reste du monde leur attribue que dans l usage contemporain le mot mod le est tout simplement un synonyme du mot th orie Je soup onne ajoute H A Simon qui introduisait ainsi son article d so
21. isation Ainsi se d lite au fil de notre r flexion la notion de mod le fini clef en main utiliser en respectant soigneusement le mode d emploi Ces mod les enseign s deviennent pour le mod lisateur qu il soit clinicien technicien ou scientifique des heuristiques parfois f condes suscitant l initialisation ou la r orientation de son propre processus de mod lisation Aussi illustre que soit le p re pr sum du mod le ou de la th orie initial le bon usage de son mod le requiert la reconnaissance pr alable de son ambigu t n cessaire cet op rateur qui tablit la relation intentionnelle d un sujet et d une connaissance n est pas et ne peut pas tre op rateur clair et net Alfred Korzybski illustrait ceci en nous invitant reconna tre les quatre usages compl tement diff rents du verbe tre dans les langues indo europ ennes quoi de plus ambigu d s lors que le c l bre je pense donc je suis si le verbe tre doit avoir la m me signification que dans la phrase la pomme est rouge p 750 Les axiomatiques de la mod lisation Pour le mod lisateur acteur soucieux de bien conduire sa raison dans les affaires humaines la reconnaissance de cette ambigui t est argument d exigence intellectuelle Il ne peut se satisfaire d une re production des mod les que ses maitres ou ses cultures lui ont l gu ou enseign ni m me de ceux que ses pairs veulent bien lui pr ter par le canal aujourd hui si bruyant
22. itive que se doit de mettre en oeuvre le mod lisateur 10 acteur pour illustrer et non pas pour contraindre D autres axiomatiques sont bien s r a priori candidates A Korzybski en 1931 bien avant que les travaux de K G del de A Turing de J Post de J Piaget de H A Simon de E Morin de tant d autres qui sont aujourd hui familiers en recensait d ja six qu il ordonnait autour des oeuvres de Russell de Hilbert de Brower de Tarski et de son oeuvre propre p 748 Ce qui l incitait rep rer la plus dangereuse des coles celle qui he s int resse absolument pas aux fondations pist mologiques de ses pr sum es activit s scientifiques p 748 Il importe au mod lisateur acteur d expliciter aussi loyalement que possible sa propre axiomatique de r f rence l attention de ses co acteurs je pense au clinicien autant qu l ing nieur ou au compositeur et de ses lecteurs Bonne occasion pour l auteur ici de mettre en oeuvre les pr ceptes qu il pr conise en pr cisant qu il se r f re aujourd hui l axiomatique de la mod listion syst mique qu il va succinctement pr senter ici dans ses contrastes avec l axiomatique de la mod lisation analytique laquelle se r f rent volontiers encore les institutions scientifiques occidentales Du mod le g notype aux mod les ph notypes Peut tre enfin faut il rassurer le lecteur que rendrait perplexe cette probl matique g n rale de la mod lisatio
23. les simul s n est pas une op ration neutre elle affecte le mod le lui m me Quoique le computer ait comput crira H Von Foerster il ne sera plus jamais le m me 14 Percevant vers 1953 la f condit heuristique de la th orie math matique de la communication de C Shannon et W Weaver le biologiste H Quastler en inf rait un mod le original de la n cessaire ambigui t au moins technique de tout message atteignant un r cepteur ainsi le pr sent mod le que le lecteur pensif d clare recevoir La carte n est pas le Territoire mais le territoire est aussi la carte Si l on veut bien entendre les mod les que l on consid re comme des messages que l on re oit on peut fort m taphoriquement interpr ter le mod le de Quastler dans les termes suivants un mod lisateur X a tabli un mod le qu il pr sente come un message caract risable par la quantit d informations shannoniennes Hx qu il transmet l ventuel destinataire Y que nous pouvons tre cette transmission se fait par le jeu d un canal de capacit pr sum e connue H x y Autrement dit le message H x mis est n cessairement accompagn d une quantit d informations non intentionnelles H y l ambigu t de la source H x y H x H y Le r cepteur y re oit un message dont il conna t la quantit d informations H y et il doit savoir que ce message est a priori charg d une quantit d informations exog nes au message le brui
24. mbryologiste Waddington et g n ralis e par R Thom 1972 pour supporter sa th orie des mod les lesquels deviennent alors des coupes horizontales dans le paysage Voir par exemple H Lucciani et R Tissot cf note 15 et R Thom cf note 12 qui voquent le grand mythe du quantitatif qui a permis des milliers d auteurs d crire des quations sans signification se donnant ainsi l apparence de faire oeuvre scientifique La General System Theory traduite incorrectement en fran ais par th orie g n rale des syst mes formul e partir de 1949 par le biologiste L Von Bertalanffy va pendant une vingtaine d ann es jusque vers 1972 constituer le territoire visible de la discipline que nous appelons aujourd hui la Syst mique l expression n appara t gu re avant 1977 78 pour d signer la Science des Syst mes L axiomatique explicitement formul e par L Von Bertalauffy et la Soci t pour la Recherche sur les Syst mes en g n ral qu il avait fond es en 1955 de type causaliste Systems every where les syst mes sont dans la nature nous de les y d couvrir L audience combin e de la GST et de la Cybern tique conduira partir des ann es soixante la constitution d une m thodologie tr s largement popularis e sous le nom d Analyse de Syst mes La pr sentation de H Quastler 1964 est sans doute la plus remarquable mais elle fut h las souvent ignor e par la suite Le choix m me de
25. n de syst me dans sa premi re version et aboutir sa r l gation c est sa dimension t l ologique Les quivalents aristot liciens de son acception moderne sont indissolublement associ s au concept de cause finale Avec Galil e ce dernier dispara t et le mod le m caniste devint le mod le par excellence de la pens e scientifique Il fallut attendre le d veloppement de la cybern tique pour que la notion de syst me soit r int gr e dans la pens e scientifique 21 Le Mod le Auto Eco R Organisation La pratique de la mod lisation syst mique conduit la plupart des mod lisateurs reconstruire dans une riche et originale intelligibilit le concept d organisation devenant le substrat catalytique de tout mod le de complexes d actions C est Edgar Morin que l on doit la synth se la plus labor e ce jour de ce concept coeur du Syst me G n ral concept symbole qui lib re le mod lisateur des contraintes de l invariante structure ensembliste des structuralistes comme de celles de l exclusive bo te noire avec feed back des cybern ticiens et de l organicisme des biologistes Parce qu elle permet aujourd hui de rendre compte avec conomie et coh rence des ph nom nes d autonomisation par ouverture et d pendance d auto organisation cr atrice de nouveau et de sens d auto quilibration par m morisation t l ologique et donc par production d in formation F Varela d auto 15 r f rence enfin
26. n des ph nom nes familiers ou singuliers qu il doit quotidiennement consid rer l immensit formelle de la t che le d courage d j laborer une axiomatique la sp cifier par rapport aux axiomatiques concurrentes en inf rer quelques mod les les faire fonctionner par simulation les ajuster les r talonner par rapport l axiomatique initiale laquelle entre temps se sera peut tre transform e avant enfin de comparer comportements simul s et comportements observables ou anticipables Prise la lettre l entreprise mod lisatrice est crasante en effet Mais fort pragmatiquement ne peut on se r f rer la m taphore famili re des sciences de la vie organisant leurs mod lisations deux niveaux stables et familiers celui du g notype et celui du ph notype 17 Le g notype en g n ral simple dans son exposition sera ici l image de l axiomatique actuelle de r f rence Le ph notype facilement complexe dans sa pr sentation sera l image du mod le sp cifique que l on labore et sp cifie hic et nunc Ph notype ou mod le sans intelligibilit stable si le g notype l axiomatique de r f rence n est pas entendu A sa n cessit pist mologique s ajoute son conomie cognitive une conomie dont le mod lisateur exp riment connait volontiers l int r t Peut on apr s tant d autres 18 voquer nouveau l exemple des mod les de structures de ph nom nes per us complexes des ph notypes
27. nonique impos e par les axiomes de r f rence est rappel e ci apr s pour initialiser la mod lisation d un ph nom ne per u tangible ou projet encore intangible la syst mographie nous invite donc m taphoriquement lui tourner le dos et privil gier un a priori ce non encore connu sera a priori repr sent comme et par un syst me en g n ral Les syst mes ne sont sans doute pas dans la nature mais dans l esprit des mod lisateurs Cl Bernard Dans un deuxi me temps le d veloppement proc der une correspondance homomorphi que une analogie fonctionnelle entre les traits du mod le n cessairement pr identifi s et des traits per us du ph nom ne mod liser Avec la vive conscience de l incertitude d une telle d marche on ne cherche pas une explication rappelait P Val ry mais une repr sentation intentionnelle La forme canonique du Syst me G n ral Pour que cette phase de d veloppement ou la cognition du mod lisateur joue le r le de la chimie des r v lateurs en photographie soit praticable il faut bien s r que l architecture des traits fonctionnels du Syst me G n ral soit pr tablie et reconnue Architecture que nous propose aujourd hui la Th orie du Syst me G n ral dans les diverses formulations qu on peut en proposer de A Bogdanow la Tectologie 1913 1921 E Morin La M thode 1977 1986 par H A Simon le Paradigme du Syst me de Traitement de l Inf
28. on Press N Y 1956 pp 3 49 H QUASTLER General Principles of Systems Analysis in T H Waterman et H J MOROWICZ Ed Theoretical and mathematical biology Blaisdell Pub Cy N Y 1964 pp 313 333 H QUASTLER The Emergence of biological organization Yale University Press New Haven 1964 QUATREMERE de QUINCY De l Imitation 1823 R dition AAM Bruxelles 1980 H A SIMON The use of information processing languages in psychology in CNRS P Fraysse Edr Les mod les et la formalisation du comportement Ed du CNRS Paris 1967 H A SIMON La Science des syst mes science de l artificiel l Epi Editeur SA Paris 1974 trad fran aise par J L Le Moigne de The Sciences of the Artificial 1969 Une nouvelle dition augment e est parue en 1981 chez MIT Press Cambridge Mass Non encore traduite en fran ais H A SIMON Reason in Human Affairs Stanford University Press cal 1983 H A SIMON et A NEWELL Models their uses and limitations dans L White Edr The state of the Social Sciences The University of Chicago Press 1956 pp 66 83 C P SNOW Les deux cultures Traduction fran aise Ed J J Pauvert Paris 1968 Ed originale anglaise 1958 R THOM Stabilit Structurelle et morphog n se essai d une th orie g n rale des mod les Ed W Benjamin Reading Mass 1972 Diffusion Ediscience 20 Universit des Nations Unies Ed Science e
29. ormation 1956 1972 formulation dont on a propos un expos synth tique quasi scolaire et sans doute contingent en 1977 1984 Architecture qui d ploie le corps de concepts dont la conjonction d finit ce Syst me G n ral dont on ne rappelle ici que la forme canonique symbole de la conjonction des deux conjonctions fondatrices la conjonction cybern tique Environnement Finalit et la conjonction structuraliste Fonctionnement Transformation 14 TELEOLOGIE Finalit s La Forme Canonnique du Syst me G n ral SG La dimension t l ologique de la mod lisation Conjonction ins cable irr ductible ses conjonctions constitutives elles m mes irr ductibles La restauration de la dimension T l ologique dans la mod lisation m rite notamment d tre soulign e ce que nous pouvons faire au moins symboliquement en reproduisant quelques lignes sans doute encore rarement cit es de R Boudon 1968 m ditant pr cis ment sur la n cessaire conjonction des Paradigmes Structuralistes et Cybern tiques On peut se demander pourquoi la progression de la notion de syst me dans les sciences humaines est r cente au moins pour certaines d entre elles Cette notion d faut du mot est en effet fort ancienne et remonte la philosophie grecque Ainsi Aristote con oit il explicitement comme des syst mes non seulement les tres vivants mais les soci t s Ce qui devait d abord desservir la notio
30. r hendable par les d sormais classiques m thodes de mod lisation analytique le manifeste Science et complexit que W Weaver publiait en 1947 en invitant la Science sortir des champs clos des complications pr sum es simplifiables et donc mutilables dira E Morin ce manifeste peut aujourd hui tre entendu l exp rience scientifique accumul e dans les bouillonnements souvent brouillons et bavards des Cybern tiques des structuralismes se d cante en nous proposant une instrumentation op ratoire de la mod lisation syst mique solidement argument e sur une axiomatique explicite et une pist mologie r fl chie qui ne r duit plus l histoire de la recherche scientifique aux trois si cles qui s parent la mort de Galil e de celle d Einstein P Val ry G Bachelard N Wiener J Piaget H A Simon E Morin nous livrent un corpus au moins aussi explor que celui sacralis par Auguste Comte Grand Pr tre de la Religion Positiviste et par ses h ritiers qu ils soient n o ou post n o positivistes La Syst mographie insrument de mod lisation syst mique Sans doute faut il accompagner succinctement cette d claration d op rationnalit du g notype de la mod lisation syst mique par son illustration Il ne suffit pas de proclamer sa n cessit une m thode g n rale de mod lisation doit au moins pouvoir tre expos e l intention au moins de ceux d sormais nombreux qui tels Monsieur Jourdain la pratiquen
31. re Le concept de repr sentation tel qu il est utilis dans la th orie de la connaissance repose sur une double m taphore celle de la repr sentation th trale et celle de la repr sentation diplomatique Le Mod le Repr sentation Th trale est une action repr sentant une action l intention de quelque tiers inclus dans cette action le spectateur est intentionnellement actif sinon acteur dans la repr sentation elle m me intentionnelle Il ne per oit pas le r le des acteurs mais leur jeu actif de ces r les Etonnante et intelligible conjonction d actions la repr sentation th trale est bien riche m taphore d crivant la mod lisation d une connaissance projet auteur acteur spectateur chacun cherche et souvent trouve ce qui n existe pas encore et qui n existera peut tre que pour lui Le Mod le Repr sentation diplomatique est pr sum passif lettre d accr ditation qui exclut le repr sentant tiers pr sum transparent entre l objet de connaissance repr senter et le r cepteur qui devrait ne trouver dans le mod le que le duplicata fid le de cet objet re pr sent m taphore satisfaisante de la mod lisation de la connaissance objet 11 Le mod le conjonction de repr sentations th trales et diplomatiques Ainsi les mod les cliniques techniques scientifiques que nous consid rons laborons discutons que les uns veulent objets clairs et nets les autres op rateurs
32. rmais classique sur les usages et les limitations des mod les en particulier en sciences sociales 1955 que l on veuille ainsi implicitement d signer par le mot mod le une th orie math matique ce qui risquerait d veloppait il de nous faire ainsi perdre bon nombre de th ories int ressantes exprim es dans d autres langages que le langage math matique en particulier les mod les ou th ories verbalisables et les mod les informatisables ou programmables H A Simon d veloppera ult rieurement la th se de la richesse des mod les formalis s non r duits aux mod les math matiques notamment l intention des recherches en psychologie et plus sp cifiquement des recherches piagetiennes qui l poque 1965 ne l entendirent pas cf CNRS 1967 Th ories ou mod les quelles m thodes de production et de validation L historien de la science et de la langue nous dira sans doute dans un si cle ou deux si cette synonymie est contingente ou essentielle En attendant il nous faut pratiquer l un et l autre de ces concepts en nous enrichissant de leur mutuelle ambigu t aussi longtemps que nous serons convaincus du pouvoir explicatif et g n ral de nos mod les nous les appellerons th orie et d s que nous ne saurons plus convaincre nos interlocuteurs de cette f condit ce que nous saurons vite par l injure offensante de th oriciens 1 qu ils nous adresseront nous baptiserons mod le ce qui hier eut
33. s tout autant que sur la pertinence et la l gitimit des conclusions que nous en inf rons Si nous ne raisonnons que sur des mod les ainsi que l observait d j Paul Val ry et ne communiquons que par des mod les nous devons nous forger un entendement exigeant de la notion de mod le Situation paradoxale sans doute puisque d s que nous le voulons clair et net d nu d ambigui t il ne nous est plus d aucune utilit C est son caract re actif multi dimensionnel complexe qui lui vaut sa puissance Ne pourrions nous le forger sans le mutiler Ce que nous perdrons en illusoire clart nous le gagnerons peut tre en intelligibilit de la complexit Il en va des d finitions comme des brouets plus ils sont clairs moins ils sont nutritifs C est en ce sens on nous l accordera que la notion de mod le est id e neuve dans nos cultures scientifiques techniques ou cliniques Le mod le a fonction de connaissance Cette image visible et palpable de lois abstraites que l esprit du scientifique ne pourrait saisir sans le secours du mod le P Duhem 1906 un mod le parlant aux yeux E Mach 1883 rapport par S Bachelard 1983 est sans doute h riti re des multiples usages du mot mod le depuis L onard de Vinci depuis l original le mod le du peintre jusqu la parfaite copie du faussaire par l Imitation de la Nature ou des anciens Quatrem re de Quincy 1823 le prototype ou l arch type la maq
34. sciences contemporaines 1981 16 4 5 6 7 8 H Von Foerster voquait pour les Archives J Piaget p 196 ce passage d un des c l bres m talogues de G Bateson La Fille tu veux dire que Sir Isaac Newton pensait que toutes les hypoth ses taient fabriqu es comme les histoires Le P re oui tout a fait La Fille c est bien lui qui a d couvert la gravitation avec la pomme n est ce pas Le P re non ch rie il l a invent e La Fille oh Papa G Bateson Ed fran aise T 1 1977 p 57 K Marx Oeuvres Vol 1 de la Collection Plei ade NRF p 728 On a d velopp sous ce titre une th orie computationnelle de la Conception aparaitre dans Ed Morin Arguments pour une m thode D cade de Cerisy Ed du Seuil Paris 1988 Traduction fran aise disponible dans Vie de Giambattista Vico crite par lui m me tablie par A Pons 1981 p 187 La th se des raisonnements axiomatico inductifs a t introduite pour la premi re fois en fran ais ma connaissance par P Delattre dans sa riche pr face C P Bruter Les Architectures du feu 1982 9 On a d velopp cet argument sugg r initialement par M Bourgeois dans la post face que l on a r dig e pour la traduction fran aise de H A Simon La Science des syst mes science de l Artificiel cf p 144 10 11 12 13 14 15 17 J Ladri re Article repr
35. t d al quivocation de la r ception Hy x Hy HO Hy x H Quastler montre que le message T x y effectivement mis et re u commun donc x et y est une forme sym trique T x y T y x H Gy Hx y Hy x HG Hy x H Hx ce qu il illustre par un sch ma ais interpr ter Emetteur Canal R cepteur X H x y Y oY Ot 0 H x y Message T x y message mis H x communiqu H y Autrement dit m taphoriquement toujours le r cepteur re oit la fois plus et moins que ce que lui a transmis l metteur et pour notre propos sur la mod lisation Dans tout mod le il y a la fois plus et moins que ce que le mod lisateur initial a voulu y mettre la transmission n est pas neutre et il n est de mod le que charg d ambigu t Une ambigui t que nous ne pouvons que rarement r duire au point de l annuler par la transformation du mod le symbolique en un mod le iconique par exemple dont nous pr sumons qu elle est parfois f conde et dont nous savons qu elle nous interdit si nous voulons bien conduire notre raison de raisonner sur ce mod le comme s il tait certainement clair et net 15 Ambigu t f conde pourtant qu une autre m taphore illustrera on sait la l gitime fortune du fondateur de la S mantique G n rale ou Logique Non Aristotelicienne A Korzybski r fl chissant sur les raisonnements que nous d veloppons sur nos mod les
36. t Pratique de la Complexit la Documentation Frangaise Paris 1986 P VALERY Cahiers Collection Plei ade Deux Volumes Ed NRF Paris 1977 F VARELA Principles of biological autonomy North Holland Pub Cy N Y 1979 traduction fran aise paraitre Ed du Seuil Paris 1988 G B VICO Vie de Giambattista Vico crite par lui m me traduction fran aise de A Pons Ed Grasset Paris 1981 L onard de VINCI Carnets traduction frangaise partielle 1942 Ed Gallimard r impression collection TEL 1987 H Von FOERSTER Observing Systems Intersystems Publications Seaside Cal 2 ed 1983 W WEAVER Science and Complexity in American Scientist Vol 36 1947 pp 536 544 21
37. t et souhaitent tre conscients de mille tentations d un analytisme devenu quasi attavique dans les sciences occidentales La Syst mographie ou m thode g n rale de conception construction de mod les syst miques de ph nom nes per us complexes des complexes d actions se d crit plus bri vement qu elle ne se pratique l instar de la photographie qui requiert elle aussi de fastidieuses et d licates op rations de d veloppement Comme la photographie elle n cessite avant toute initiative le choix de quelques objectifs enchev tr s ici la d cision de repr senter a priori les ph nom nes consid r s comme et par un Syst me en G n ral Syst me G n ral con u pour tre totalement ad quat aux axiomes de mod lisation que l on s est propos pour appr hender pr cis ment les complexit s actives on a souvent soulign l tonnante universalit dans bien des langues du Concept de Syst me en g n ral pour d crire ais ment des complexes d actions des enchev trements d interactions Le mode d emploi de notre appareil syst mographier s inf re de sa description La Syst mographie Mod liser comme et par un Syst me G n ral Complexe d actions mod liser Modele Systemique 1 SOMORPHIE 2 HOMOMORPHIE e a Dans un premier temps la prise de vue tablir un mod le vierge par correpondance isomorphique ou par moulage avec le Syst me G n ral dont la forme ca
38. te t on G B Vico d s 1708 dans la M thode des tudes de notre Temps 7 interpellait avec pertinence l analyse cart sienne si on l applique avec rigueur elle interdit l invention elle ne permet que la reproduction Inventer concevoir c est chercher ce qui n existe pas et pourtant le trouver s tonnait Quatrem re citant Plaute dans de l Imitation p 176 Chercher ET trouver ce qui n existe pas ce n est plus tablir la connaissance d un objet c est quasi n cessairement constuire la connaissance d un Projet Pour chercher il faut un chercheur intentionnel qui qu te to search une connaissance dans l acte m me de la construire J Piaget on le sait montrera la puissance la g n ralit et la l gitimit d une th orie de la connaissance qui fonde celle ci dans le processus de construction qui l labore avant de la fonder sur ses fugaces r sultats A cette th orie de la connaissance projet quelle m thodologie de la mod lisation saurons nous associer la m me en apparence que celle que nous reconnaissions associ e la th orie de la connaissance objet Plus ais ment symbolique qu iconique sans doute Encore que pour qui tudie les mod les de ce prodigieux inventeur de Connaissance Projet que fut L onard de Vinci il faudra convenir de la puissance des mod les iconiques par lesquels il repr sentait ses projets de connaissance que l on songe au dessin de l h lice qu il inventait pour d crire la th orie
39. uelle l a conduit le concept dirr versibilit On pr tend ici qu il doit tre possible d tablir la plupart des mod les syst miques de ph nom nes complexes que l on a coutume de pratiquer en se fondant sur ces quatre axiomes Les concepts op ratoires d autonomie d organisation de symbolisation d quilibration d environnement de finalit de complexes d action de boucles tranges d information de d cision d auto production maintenance relation etc que l on manipule habituellement pour l laboration de tels mod les peuvent en tre inf r s par combinaison explicite Mais faut il redire l important pour notre propos est dans l identification actuelle de nos axiomatiques une formulation diff rente en trois ou huit ou dix axiomes 20 serait elle pertinente et intelligible pour tel nouveau projet de mod lisation qu elle serait par l m me l gitimement candidate Tout discours de la m thode et donc toute axiomatique est discours de circonstance rappelait G Bachelard on le soulignait en amor ant cette r flexion Mod liser la complexit essentielle sans la mutiler 12 Il reste que contingente ou non l axiomatique de la mod lisation syst mique s av re aujourd hui pertinente et bienvenue pour les mod lisateurs qui affrontent fin d intervention nombre de ph nom nes dont ils percoivent ou postulent la complexit essentielle G Bachelard Une complexit irr ductible et d s lors inapp
40. uette de l architecte ou l corch pour l ing nieur ou l anatomiste l illustration exemplaire ou l analogie iconique voire l isomorphie symbolique le mod le r duit et le court sch ma qui en dit plus qu un long discours notre exp rience cognitive du mod le et de la mod lisation est riche et multiforme Le clivage rassurant de P Duhem entre la th orie abstraite et le mod le concret ou m canique n est plus pertinent puisqu il permet des th ories illusoires et inutiles et qu il ignore des mod les aussi abstraits et conceptuels qu un logiciel informatique Il nous faut d sormais reconna tre le mod le dans sa complexit potentielle il n a pas de r alit il n est rien d autre que sa fonction mod le de mod le pour il renvoie autre chose que lui m me et sa fonction est une fonction de d l gation Le mod le est un interm diaire qui nous d l guons la fonction de connaissance S Bachelard 1983 p 3 Et rien ne nous contraints a priori limiter cette fonction de connaissance une fonction de r duction de l encore nigmatique comme l crivait S Bachelard il est vrai dans un environnement culturel o le r ductionnisme tait encore tenu pour solide caution de scientificit Le mod le op rateur souvent complexifiant d une connaissance pr sum e complexe indissociable du sujet qui le manipule nous disposons aujourd hui d une conceptualistion qui pour n tre pas claire et nette n en est pas moins
41. ute tentative ajoutait il explicitement l intention pr cis ment des cliniciens visant comme cela est fr quent construire un cadre th orique pour la psychologie et les sciences du comportement en empruntant aux sciences exactes la th orie nerg tique rel ve du non sens et de l erreur manifeste T II p 209 Une r vision radicale Comment la r cuser aujourd hui L attitude de J Monod se r signant vivre une contradiction pist mologique profonde est elle durablement admissible En complexifiant notre entendement de la notion de mod le repr sentation la fois th trale et diplomatique la fois projet et objet de connaissance nous ne perdons rien de l acquis des sciences dures Le miracle des lois de la physique est un miracle isol que l on a pay fort cher en croyant que comprendre est un luxe dont on peut se dispenser d s lors que l on a la formule qui permet de pr dire concluera R Thom dans La Science Malgr Tout 12 mais nous restituerons tant aux sciences dures qu aux sciences douces de larges champs possibles d explorations f condes Le mod le de l Explication la Repr sentation Au lieu d imposer anos mod les la charge d une explication m canique causale thermodynamique nerg tique de l univers nous pouvons les construire et les l gitimer soit comme des mod les de compr hension R Thom soit comme des instruments d intelligibilit S Bachelard soit
Download Pdf Manuals
Related Search