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1. 14 LA x En SFR na TA F E E pa E Np i d I me i g 1 Pa Bri f TE de f TS wa Pem giS AT r 4 sh z b E D e Su ET SR co 0 dm At l fast film de virgil widrich le principe du canap de mike guermyet et samuel hercule la ricotta de pier paolo pasolini calypso is like so de bruno collet l escalier de fr d ric mermoud LYC ENS AU CIN MA EN R GION CENTRE FAST FILM de Virgil Widrich 4 par meric de Lastens LE PRINCIPE DU CANAP de Mike Guermyet et Samuel Hercule 9 par Diane Arnaud LA RICOTTA de Pier Paolo Pasolini 15 par Francisco Ferreira CARPO IESO de Bruno Collet 21 par Dick Tomasovic ESCALIER de Fr d ric Mermoud 27 par Mathias Lavin EN TRAVERS Reprise et communaut des images 36 par Cyril B ghin DOCUMENT D fense de Pasolini 38 R F RENCES 39 ATELIERS par Thierry M ranger LIVRET P DAGOGIQUE ENSEIGNANTS Edition APCVL P le r gional d ducation et de formation l image Directeur de la publication Serge Caillet R dacteur en chef Cyril B ghin R dacteurs me ric de Lastens Diane Arnaud Francisco Ferreira Dick Tomasovic Mathias Lavin Cyril B ghin Thierry M ranger Coordination Luigi Magri Maquette Dominique Bastien Conception multim dia Julien S n las L APCVL remercie M Guermyet S Hercule B Collet F Mermoud Nicolas Schmerkin Autour de Minuit Productions Thomas Ve
2. puis par un plan en noir et blanc lui aussi assombri sur le chef op ra teur 5 Mais ce vrai faux raccord s av re son tour ironique il d signe encore la faillite du film dans le film Welles est cens rater son plan cause du soleil en lui opposant l un des plus beaux plans en noir et blanc de La ricotta dont le sublime contre jour est pr cis ment r ussi gr ce la lumi re naturelle Les faux rac cords assument donc ici une fonction r flexive en soulignant deux des orientations majeures du cin ma de Pasolini la recherche de l au thenticit des visages qui passe ici par le mon tage des gros plans et celle de la plasticit de la lumi re en ext rieurs FAUX RACCORDS M TAPHORIQUES Dans la s quence suivante lorsque Stracci d tach de sa croix a pu enfin se pr cipiter dans la grotte pour manger sa ricotta Pasolini utilise le faux raccord sur un mode diff rent AUX plans rapproch s sur le sous prol taire en train de manger 1 et 3 r pondent des contre champs qui font appara tre diff rents protago nistes d abord une actrice en costume 2 puis un technicien 4 puis deux autres figu rants et ainsi de suite jusqu ce que le cadre du contrechamp soit totalement envahi par les personnages 5 Ces apparitions posent pro convoqu s 20 bl me dans la mesure o le cin aste introduit une diff rence de vitesse entre les plans ceux sur Stracci sont acc l r s mais aussi par
3. Simon and Garfunkel Deux jeunes hommes se pr sen tent de face au centre et sur pied dans le plan moyen fixe qui instaure le cadrage matriciel du lieu de vie En 1b on entend un accord de gui tare pour ponctuer la fin de la phrase La voix off poursuit avec un effet d anaphore 7 jours c est le temps qu il nous fallut pour com prendre notre erreur reprise du prologue 7 jours c est le temps qu il fallut Dieu pour cr er Elle commande le d placement auto matique et gracieux des deux personnages qui sortent par la gauche pour vider le plan rota tions en cha ne des t tes grandes enjamb es en rythme en 4c Le lieu int rieur appara t bien nu un mur un cadre un tapis 1d L encha nement du premier plan 1a 1d au deuxi me plan 2a 2d instaure un sch ma audiovisuel plan fixe vide 1d enclenchement sonore de la diapositive suivante image noire N plan fixe vide 2a De fait le montage d une projection fictive assure la reprise du visible d un plan l autre par la r p tition du d nuement d coratif Encadr par des noirs bruyants le deuxi me plan donne lieu des v nements figuratifs qui initient une disjonc tion entre l avant plan et l arri re plan et une variation de vitesse dans la dur e Cette mise mal du continuum spatio temporel li e la m canique des corps et l animisme du d cor exprime l esprit burlesque d un d r glement domestique Il n est pa
4. diva Edmonda Aldini une autre diva Vittorio La Paglia le journaliste Maria Bernardini la strip teaseuse Rossana Di Rocco la fille de Stracci Giuseppe Berlingeri le producteur Italie 1962 35 minutes 35 mm 1 1 85 Noir et blanc et couleurs Visa n 50 118 Conversation improbable avec les cendres d un po te Ce texte inspir par l entretien entre le cin aste et le journaliste dans La ricotta est un montage de citations de Pasolini labor par tir de diverses sources Le journaliste Permettez je voudrais une petite Interview Le po te Pas plus de quatre questions Le journaliste Merci Premi re question comment s est form votre go t en mati re de cin ma Le po te Mon go t cin matographique n est pas d origine cin matographique mais picturale Les images les champs visuels que j ai dans la t te ce sont les fresques de Masaccio de Giotto les peintres que j aime le plus avec certains mani ristes Je cherche la plasticit avant tout la plasticit de l image en suivant la voie jamais oubli e de Masaccio son fier clair obscur son blanc et noir o bien si vous voulez en suivant la voie des Primitifs en un curieux m lange de finesse et de grossi ret Mais les pas sages picturaux de La ricotta sont des cita tions qui ont une fonction assez pr cise j ai parfaitement reconstitu les tablea
5. Ainsi d bute le second proc s de La ricotta D abord condamn quatre mois d emprisonnement puis acquitt en appel Pasolini voit son film s questr et mutil Pour en autoriser la projection on lui impose en effet diff rentes coupures sont supprim s entre autres les r p titions du mot La couronne le strip tease de l actrice jouant Marie Madeleine les rires du com dien interpr tant le Christ La phrase finale de Welles est galement modi fi e Pauvre Stracci crever a t la seule fa on pour lui de faire la r volution devient Pauvre Straca crever il n y avait pas d autre moyen pour lui de nous rappeler qu il tait encore vivant C est sans doute cette derni re modification qui s av re la plus significative elle permet de situer les attaques port es contre La ricotta sur le terrain qui leur convient un terrain politique UNE PARABOLE POLITIQUE Pr voyant Pasolini avait cherch se pr munir contre d ventuelles accusations d outrage la religion avec le carton d ouverture du film Mais rien ne saurait emp cher les pharisiens et les marchands du temple de faire de mauvais proc s et pour cause En fait les sc nes coup es ne posent aucun probl me sur le plan religieux L vangile n y est jamais d nonc puisque la mise en abyme le met constamment distance ce ne sont pas Marie Madeleine ou J sus qui se d nudent ou clatent de rire mais des com diens
6. galrir Fntrust R FUSLIQUE FRAN ALSH apcv CNC
7. l ments h t rog nes en champ contrechamp reproduit sa fa on le c l bre effet Koulechov l air blas ou satisfait du h ros viril et h ro que Bogart Grant ou Bond devient un regard interdit devant tant de m tamorphoses notamment de l objet moti vant usuellement leurs actions la femme Non plus fatale mais fatalement enferm e et pli e en tous sens enlev e par l image femme d construite dont Fast Film explicite grand renfort d effets visuels le simple r le de moteur fantasmatique de l action et le traite ment sadique sous jacent dans le cin ma de Citizen Kane genre Pure ic ne elle n agit jamais mais subit toutes les violences permises par les pliages Toutefois le morphing contraignant du visage atteint aussi le protagoniste masculin comme une preuve douloureuse pendant sa chute ce sont des airs contrari s voire souffrants qui se succ dent lors d une s rie de d chirures qui le voit progressivement changer de face Par rapport aux images originelles le travail de Widrich est donc d abord iconoclaste et ludique parcourant en tous sens l histoire du cin ma sans hi rarchie ni logique historique apparente imm diate I ne se fonde pas sur une historicit pr cise sinon la permanence de certains sch mas figuratifs dans le cin ma d action Aussi d truit il voire br le t il les ic nes pour mieux les reconstruire et magni fier la persistance dans nos m moires collec tives
8. moraljou htm WILLETT John Heartfield contre Hitler Hazan 1997 LE PRINCIPE DU CANAP BELLOUR Raymond La Chambre in L Entre images 2 Mots Images PO L Trafic 1999 BURCH No l Nana ou les deux espaces in Une praxis du cin ma Gallimard Folio 1986 SIETY Emmanuel Le Plan Au commencement du cin ma Cahiers du cin ma coll Les Petits Cahiers 2001 LA RICOTTA Le Mani risme CNDP coll Actualit des arts plastiques n 94 1996 BOUQUET St phane L vangile selon saint Mathieu Cahiers du Cin ma coll Les petits Cahiers 2002 JOUBERT LAURENCIN Herv Pasolini Portrait du po te en cin aste Paris Cahiers du cin ma 1995 PASOLINI Pier Paolo Qui je suis Arl a 1999 PASOLINI Pier Paolo L Exp rience h r tique trad Anna Rocchi Pullberg Paris Payot 1976 PINELLI Antonio La Belle mani re Anticlassicisme et mani risme dans l art du XVE si cle Le Livre de Poche 1996 ZUFFI Stefano Le Nouveau testament Rep res iconographiques Hazan coll Guide des arts 2003 CALYPSO IS LIKE SO BAZIN Andr L volution du langage cin matographique et William Wyler ou le jans niste de la mise en sc ne in Qu est ce que le cin ma vol I Ontologie et langage ditions du Cerf 1958 BAZIN Andr Orson Welles 1950 Petite biblioth que des Cahiers du cin ma 1998 CHION Michel La Musique au cin ma Fayard 1995 GU
9. A AL AA Lu A TAL AAA type en p te modeler sont nombreux Ils correspondent aux diff rentes expressions des personnages et sont donc interchangeables Vous avez tourn le film avec un appa reil photo L animation est une technique d image par image C est dire une suite de photos qui mises bout bout donnent le mouvement l objet que l on a d plac entre chaque prise Par son capteur num rique en haute d finition l appareil photo semblait appropri pour ce tournage Tourner tout en num rique me facilitait une post production qui tait sur Calypso assez importante incrustations fum e recadrage Le film qui rejoue pourtant une esth tique tr s classique et dat e est tonne ment d pourvu de dialogue et de voix off Le projet initial tant bas sur une chanson de Mitchum sa voix tait pr sente L volution du projet l ayant fait dispara tre le choix d un acteur silencieux s offrait moi Habitu vivre seul il ne me semblait pas incroyable que ce Fant me de l Op ra ait perdu l usage de la parole Ce mutisme participant le rendre encore plus inqui tant Calypso se veut un hommage l acteur mais aussi au cin ma hollywoodien des ann es 50 60 ge d or des grands studios Tourn s en int rieur ces films sont reconnaissables par une lumi re et des mouvements de cam ra qu un tournage en ext rieur rendait impossibles La musique d
10. Fast Film pratique la r animation de lam beaux de films bien que d coup s et pli s dans tous les sens L affirmation du support au d triment des intrigues initiales ne signifie pas une plasticitt uniquement pr occup e par la mati re visuelle Du reste contrairement la plupart des films de found footage qui tra vaillent directement la pellicule Fast Film la bore ses collages partir de photocopies d images filmiques Il extrait les contenus de leur support en d place le type de mat rialit Bien que moins pol mique son geste peut rap peler l utilisation du support dans un docu mentaire d avant garde des ann es 20 Rien que les heures de Cavalcanti l image de femmes snobs est soudain fig e r duite du papier et froiss e par une main rageuse L image comme papier surface sensible et ludique ayant sa propre texture et sa propre animation c est en d finitive l qu il faut cher cher la v ritable g n alogie de Fast Film croi sement entre l art traditionnel japonais de l ori gami le collage h t roclite cubiste et surr a liste et le cin ma d action comme industrie de clich s en mouvement Les effets de d chirures et de pliures donnant vie la surface inqui tent les clich s les animent doublement l poque de la reproduction virtuellement infi nie des images par le num rique de l acc s g n ralis et imm diat toute l histoire du cin ma et n importe quelle s qu
11. Projections Les cr ateurs ont mis en place une structure dramatique en trois parties Le r cit en images se construit partir des limites de l es pace de vie 1 le choix de la s questration volontaire 2 l invention de g nie 3 la voie de la sortie On repense aux lieux repr sent s l arri re plan urbain des mauvaises rencontres l appartement du parti pris autarcique la rue en sens interdit des trois d monstrations pra tiques le champ d herbe perte de vue en les remettant dans l ordre chronologique de cette dr le d histoire racont e au pass Mais l articulation de l int rieur et de l ext rieur d pend aussi des lois spatio temporelles de la cr ation relation du lieu film au cadre de l image filmique rapport contigu et absolu du champ au hors champ d montage des d cors dans le m me plan Ce qui a lieu l cran s inscrit par rapport au temps de la voix off et se comprend toujours partir d un dispositif de projection diapositives coureurs film s et ombres port es sur le mur de l appartement projection de l esprit du dedans au dehors et du dehors au dedans UNE CR ATION DE TOUTES PI CES Au commencement taient le noir et les chu chotements puis les bruits du maniement d un appareil De fait le destin du visible car tons dessins d cole int rieur ext rieur est cal non sans quelque difficult de d part sur la projection de diapositives encha nement d
12. RIF Fran ois Robert Mitchum Deno l 2003 COMOLLI Jean Louis Note sur la profondeur de champ in Cahiers du cin ma n hors s rie Sc nographie 1980 PANOFSKY Erwin La Perspective comme forme symbolique Minuit 1975 L ESCALIER CHION Michel Le Cin ma est il dans l escalier Bref n 59 hiver 2003 2004 pp 42 45 DAMISCH Hubert Trouer l cran in AUMONT Jacques dir Pour un cin ma compar Cin math que fran aise pp 321 336 DOUCHET Jean L Escalier in AUMONT Jacques dir La Mise en sc ne DeBoeck Universit Bruxelles 2000 pp 36 45 REPRISES ET CITATIONS Les collages Revue d esth tique n 3 4 UGE 1978 ARAGON Louis Les Collages Hermann 1965 BOUILLAGUET Annick L criture imitative Pastiche parodie collage Paris Nathan Universit coll Fac litt raire 1999 Collectif Pour un cin ma compar Influences et r p titions Cin ma th que fran aise 1996 COMPAGNON Antoine La Seconde main ou le travail de la citation Seuil 1979 GENETTE G rard Palimpseste La litt rature au second degr Seuil 1 d 1982 Coll Points n 257 1999 HALBWACHS Maurice Les Cadres sociaux de la m moire 1925 Albin Michel 1994 LE COURT METRAGE EVRARD Jacky KERMABON Jacques Une encyclop die du court m trage ditions Festival C t court Yellow Now C t cin ma para tre Les entr es de cette encyclop die entrem
13. aise Une synth se de toutes ces recherches permettra de conclure l impossibilit de l accomplissement les amoureux ne conna tront pas leur premi re exp rience sexuelle ensemble et Rachel restera seule dans sa cage On doutera donc avec elle de la capacit d Herv d passer les pr liminaires en analysant comme une m taphore et un commentaire m talinguistique sa remarque J ai toujours le sentiment que tu ne me lis que les premi res pages Pourquoi d s lors ne pas poursuivre cette r flexion sur l inach vement par la lecture du c l bre Si par une nuit d hiver un voyageur d Italo Calvino 32 l illustration musicale du film n est pas sans importance On peut partir du g n rique final rep rer les morceaux utilis s pour analyser travers le choix de l intemporalit suppos e du piano le refus de toute esth tique jeuniste Le choix de Jean S bastien Bach appelle un premier commentaire tant le motif de l escalier et de ses volutes est en accord avec l esth tique baroque C est d abord la bourr e de la Suite anglaise n 2 bwv 807 qui est entendue avant les premi res images Elle sera reprise au cours de la s quence de l ascenseur 3 24 puis effet de boucle l occasion du dernier g n rique 19 57 Moins guilleret le largo du Concerto pour piano bwv 1056 du m me compositeur est utilis dans la s quence du ballon o Rachel chass e de chez elle reste seule dans l escalier 5 3
14. aux illustres disparus Cela dit et quoi qu en disent ses auteurs ce petit film d animation n a en fait rien d un hom mage rien non plus de fonci rement irr v rencieux et bien y regarder rien ou pas grand chose qui concerne l acteur Robert Mitchum Seuls quelques l ments biogra phiques diss min s tout au long du film ten tent de nous imposer cette petite marionnette comme un alter ego anim de Mitchum oui cette petite poup e affiche bel et bien les traits habilement caricatur s de la trogne renfro gn e de l acteur oui cette petite poup e arbore en effet une s rie de tenues m ticu leusement reproduites port es en leur temps par Mitchum dans une poign e de films dont les cin philes se souviennent bien oui la r currence dans le film de ces petits acces soires de d bauche que sont la bouteille d al cool et le p tard rappelle que Mitchum n a Jamais cach ses attitudes de mauvais gar on et qu il connut quelques probl mes judiciaires pour possession de cannabis oui enfin le titre du film renvoie un disque obscur de chants fleuris et ensoleill s fleurant le rhum la rumba et les petites p p es que Mitchum enregistra dans les ann es cinquante Tout cela on en conviendra nous apprend peu de la bio filimographie de l acteur Il s agit l de simples allusions qui construisent un contexte de lecture mais qui ne suffisent pas le temps du film faire se substituer cette figuri
15. aux premiers actes de l Apr s Histoire auxquels j assiste par privil ge d tat civil du bord extr me d un ge enseveli Monstrueux celui qui est n des entrailles d une femme morte Et moi foetus adulte je r de le plus moderne des modernes en qu te de fr res qui ne sont plus Ces crits font partie de Po sies mondaines Mamma Roma op cit p 160 republi en 1964 dans Po sie en forme de rose Poesia in forma di rosa Italie Garzanti Po sies mondaines est propos en italien sur Www apcvl com Calypso s like so par Dick Tomasovic U ne jeune femme journaliste entre discr tement sur un pla teau de tournage d sert Seul semble y vivre un acteur holly woodien ou son double caricatural dont les traits rappellent tr s certainement le c l bre acteur Robert Mitchum Ce dernier semble prisonnier de ses souvenirs de cin ma il rejoue sans cesse les r les marquants qu il a pu tenir durant sa prestigieuse carri re Reconstituant certaines sc nes clefs de ses films il assomme la journaliste l oblige prendre quelques postures bien connues des cin philes et finit par l assassiner Elle rejoint ainsi une longue liste de visiteurs malheureux des membres d une quipe de tournage surtout qui furent galement les victimes de cette vedette reconvertie en tueur en s rie pour satisfaire sa propre gloriole Le film se finit lorsqu un specta teur de cin ma gar entre son tour
16. comme elle nous cherchons d couvrir l en droit Ensuite mesure que le point de vue du pr dateur Mitchum 13 nous est de plus en plus propos la construction en profondeur favorise l observation de la jeune femme et ne sert plus alors d crire un large espace ou rassembler les personnages mais plut t enfermer la journaliste dans un cadre dont elle ne pourra plus s chapper La sc ne clef de ce revirement a lieu lorsque Mitchum se rase 2 Il ne la voit pas mais nous l observons par la fen tre en train de prendre des photos 3 puis en 5 nous adoptons le point de vue de Mitchum qui voit la jeune femme embarqu e sur la plate forme d un chariot travelling Celui ci tant en mouvement la journaliste ressemble soudainement s y m prendre Marilyn Monroe tentant de contr ler son radeau dans les m andres de La Rivi re sans retour un film de 1954 dont Mitchum tenait bien entendu la vedette Ainsi on voit bien dans cette s quence la diff rence de statuts des personnages la journaliste vole des images r elles elle fait des photos du plateau la star recr e des images fantasmatiques il reconstitue l illusion d une sc ne culte du cin ma D sormais la journaliste n est plus qu un simple accessoire visuel pour Mitchum elle devient sa marionnette Cette situation est encore plus explicite lors de la sc ne du d bar quement reconstitu la journaliste costum e pour l occasion d couvre qu on
17. cou page plus proches de la fiction que du film d animation en volume traditionnel Les sp ci ficit s d une telle r alisation sont pour moi identiques celles d une fiction diriger une quipe d corateurs habilleuse chef op ra teur animateur sans oublier les marionnettes que je traite comme des acteurs pour que le film garde toute sa coh rence J aimerais cependant noter une diff rence entre l anima tion dessin e dessin anim 3D et l animation en volume Si la premi re doit tre tr s pr cise d s le story board la seconde permet une cer taine libert En effet les d cors et les marion nettes existant r ellement rien ne m emp che de changer l axe du cadre la lumi re ou la dur e du plan Cette libert est pour moi essentielle Elle permet d int grer la notion d accident souvent point de d part de nou velles trouvailles Comment sont constitu es les marion nettes Les marionnettes d une hauteur d environ 30 cm sont r alis es en diff rents mat riaux Le squelette est en aluminium recuit le corps et les membres sont en mousse de latex comme Les Guignols de Canal et les visages en r sine La mousse de latex est cuite dans des moules en silicone ayant pris l empreinte d un mod le sculpt en p te modeler la structure en aluminium est plac e dans le moule avant la cuisson du latex Les visages en r sine moul s eux aussi d apr s un proto ROBERT M eee 4 1 1
18. la lumi re d un clair fait sou dainement appara tre un sinistre cimeti re travers la fen tre 15 En pointant ces quelques sc nes on remarque combien le r a lisateur recourt fr quemment et continuelle ment la profondeur de champ La stratification de l espace en profondeur est une typologie r currente de l histoire de la photographie et du cin ma Elle fut tr s sou vent utilis e Hollywood de Von Stroheim Orson Welles de Chaplin Wyler Le choix de la profondeur de champ consiste en un refus du d coupage au profit d une mise en sc ne en un seul plan l action se d roulant diff rents niveaux de l axe de la profondeur Il appara t alors en g n ral une tension interne au plan un effet de montage l int rieur m me du plan qui permet de faire entrer les lieux et les personnages en interaction Cette mise en sc ne particuli re de l espace fonctionne ici de mani re totalement dichoto mique Il s agit toujours de faire se lier dans une seule et m me image l l ment de l ex tr me arri re plan et celui de l extr me avant plan G n ralement il s agit de situer Mitchum par rapport la Journaliste ou inversement mais toujours avec l id e d une menace la Journaliste tant le plus souvent pr sent e comme une victime voire comme une proie On assiste d ailleurs au long du film un retournement de situation C est d abord le regard de la journaliste que nous pousons et
19. me temps par sa contre figure un jeune homme au visage abruzzain et innocent sans barbe 18 Pour l introduction des sc nes en couleur je pour rais tenir le m me discours que pour la barbe c est une licence po tique un mouvement de libert stylistique d termin par des exigences esth tiques esth tisantes si vous voulez dans le sens de spectaculaire J ai voulu s parer le monde de mon film de celui du film tourn par mon r alisateur comme si aucune communication n tait possible entre les deux comme s il s agissait de deux r alit s juxtapos es mais trang res avec une friction justement de stupeur spectaculaire 19 Cocus est cri par l assistant r alisateur dou bl par le m me jeune qui l a interpr t c est dire Paolo Meloni aux personnages d une double fiction 1 non au Christ et aux Personnes de la Passion mais au Christ et aux Personnes de la Passion de Pontormo 2 non au Christ et aux Personnes de la Passion mais au Christ et aux Personnes de la Passion de Pontormo devenue l action d un film Cocus est ainsi cri aux personnages d une fiction dans la fiction Cela il n y a pas un homme moyen m me dans le sens donn cette expression usuelle par Orson Welles qui ne soit en mesure de le comprendre de mani re imm diate et totale 20 Le Dies Irae sur Stracci en train de manger voir les paragraphes 3 et 6 21 Je ne me rends pas compte de ce que l on pe
20. mes de Salo ou les 120 journ es de Sodome 1975 1 Herv Joubert Laurencin Pasolini Portrait du po te en cin aste op cit p 84 2 Cit par Martine Boyer et Muriel Tinel dans Les Films de Pier Paolo Pasolini Paris Ed Dark Star 2002 p 43 3 En italien stracci veut dire haillons AUTOUR DU FILM Le mani risme Le terme de mani risme d signe g n rale ment la p riode de l histoire de l art comprise entre 1515 et 1580 entre le classicisme et le baroque Signalant d abord une rupture avec la Renaissance son id al d harmonie et d imi tation de la nature cette notion renvoie plu t t aujourd hui une continuation des recherches classiques qui passerait par l exa cerbation de certains traits stylistiques des grands ma tres rappelons que l italien maniera signifie style L onard de Vinci Michel Ange et Rapha l On peut en fait dis tinguer deux phases dans le mani risme l poque de la Mani re proprement parler illustr e notamment par Bronzino et Vasari est pr c d e d une phase d exp rimentalisme anticlassique culminant durant la d cennie 1515 1525 et dont les principaux repr sen tants sont Pontormo et Rosso Fiorentino Les tableaux de ces deux peintres que Pasolini a retenus pour son film La Descente de croix de Rosso Fiorentino 1521 Volterra pinaco th que et la D position de croix de Pontormo 1526 Florence Santa Felicit sont eff
21. parfois dr le parfois plus grave Lorsque Rachel est trahie par Herv elle va apprendre falsifier la r alit afin de transfi gurer sa d ception en un petit bonheur doux amer Elle pressent sans doute que dans le sou venir ce qui prime ce n est pas tant la r ten tion d un fait brut une r tention bien illu soire mais plut t la mani re dont on peut se r approprier des v nements en les verbali sant Un peu comme si ce qui importait n tait pas tant le monde tel qu il est mais le monde tel qu on se le raconte Autrement dit Rachel exp rimente avec une jubilation certaine le pouvoir de la parole Sans aucun doute va t elle d s lors appr hender ce qui va lui advenir de mani re moins ing nue Elle devient pour ainsi dire la v ritable h ro ne d une com die sentimentale AUTOUR DU FILM Logique d escalier Dans une premi re version du sc nario Herv lisait Rachel un fragment de L interpr tation des r ves de Freud Si les r ves d escalier ont une signification offrant une correspondance l interrogation sur la sexualit des jeunes gens c est avant tout l usage sc nographique de l escalier qui constitue l aspect plus notable du film Cet l ment de d cor qui h rite d usages th traux et picturaux de la Maest de Duccio au Nu descendant un escalier de Duchamp est utilis fr quemment au cin ma selon des modes particuli rement inventifs Il serait impossible d num rer toutes s
22. quant la couronne d pines elle n est ici qu un accessoire de tournage En r alit le probl me est ailleurs non dans les s quences li es au tournage de la Passion premier niveau de lecture du film le niveau m tafilmique mais dans celles qui y chap pent et qui cette fois r interpr tent effectivement le texte biblique 18 travers le personnage de Stracci deuxi me niveau de lecture le niveau all gorique Qu on puisse transposer la vie du Christ dans celle d un figurant en haillons pour en faire le martyr d une r volution manqu e voil qui est insupportable aux repr sentants du pouvoir conomique Amoroso et judiciaire Di Gennaro de la soci t italienne des ann es soixante Ce n est donc pas l offense religieuse qu on juge mais l appel r volutionnaire Quel message politique transmet donc ce nouveau Christ issu du sous prol tariat romain Lorsqu il rejoue off la tirade du mauvais larron avant de taire celle du bon dans la s quence finale Stracci indique que sa vocation est de mourir de faim et qu il pr f re protester sur terre plut t que se soumettre aux lois d un paradis dont il se m fie On retrouve bien le mot d ordre de Pasolini tre immortels et inexprim s ou s exprimer et mourir qu il rapporte ici une m ditation sur la d naturation du message christique cet appel la lutte transform en argument de soumission par les autorit s religieuses et morales l va
23. res de Michel Butor et de Georges Perec fascin s par la citation Loin de Rueil 1945 qui tend vers la fusion du texte de Raymond Queneau et d Oceano Nox de Victor Hugo Le rappel du principe de l innutrition mis en pratique par les po tes de La Pl iade qui pr naient la r appropriation des sources livresques pourra d s lors constituer l occasion d une r flexion sur la nature de certains exercices scolaires o des l ments pr existants servent de d clencheurs Dans Longtemps je me suis couch de travers Lewino ne propose t Il pas 160 pages d incipits compl ter AUTOUR DU FILM Jeux de papier De par sa technique associant prise de vue image par image et pliage de papiers Fast Film s inscrit dans la tradition artisanale du cin ma d animation qui repose peu pr s toujours sur le m me principe installer dans un d cor des figurines ou des poup es souvent en papier m ch ou p te modeler puis reconstituer leurs mouvements image apr s image L originalit de Fast Film est de ne pas conce voir d cors et figures comme dou s d une r elle paisseur r partis dans la profondeur d un espace mais plut t comme des surfaces planes contenant des images diverses formant un collage h t roclite la fa on des avant gardes artistiques Raoul Hausmann John Heartfield George Grosz Si ce collage obtenu par l utilisation d un logiciel qui assemble les objets pli s et imprim s redonne l illusion d un espa
24. s de la fille de Stracci J ai voulu donner une indication d ambiance une tonalit vaguement m taphysique ou au moins fabuleuse par la lumi re imm moriale de l apr s midi par la paix absurde des champs par la d sinvolture vagabonde de la troupe oisive 5 Bivouac sur la croix encore la d sinvolture vaga bonde de la troupe oisive Ou bien une description objective de comment la religion est per ue par le monde moderne repr sent ses diff rents niveaux dans mon film pr cis ment par la troupe 6 Dies Irae sur le petit chien qui mange le repas de Stracci cf n 3 c est le m me motif stylistique qui revient dans l identification fantastique de l app tit et de la mort le film se terminera en effet avec la mort par je ne et indigestion 7 Pedoti appel Pedoti dans le treatment 8 L expression ironique qu arbore Welles la fin de sa phrase sur son propre catholicisme est adress e au jour naliste contre lequel tout de suite apr s l ironie cla tera comme s il lui disait est inutile que je te fasse toutes ces subtiles confessions de toute mani re tu n en comprends aucune 9 L expression homme moyen est employ e par le r alisateur Orson Welles dans le sens que lui donnent les sociologues dans leurs textes c est dire un homme conditionn un homme masse Tout le discours de Welles m me amus et ironique est en fait de type sociologique Non moyen
25. tachement des choses dans sa musique qui n exprime rien sinon son aride et sublime passion pour elle m me Vous avez compris quelque chose Le journaliste Oui j ai bien compris Bologne est pleine de portiques Et vous tes une force du Pass 1 Pier Paolo Pasolini Mon go t cin matogra phique in Les Cahiers du cin ma Pasolini cin aste Hors s rie 1981 p 23 Ce texte a t ini tialement publi dans le livre dont Orson Welles lit un extrait Vittorio La Paglia dans La ricotta Mamma Roma Milan Editions Rizzoli 1962 p 145 2 Bernardo Bertolucci et Jean Louis Comolli Entretien avec Pasolini in Les Cahiers du cin ma Pasolini cin aste op cit p 40 3 Jean Andr Fieschi pose cette question Pasolini dans son documentaire Pasolini l enrag 1966 La r ponse est extraite du m me film 4 Pier Paolo Pasolini Etre est il naturel in L Exp rience h r tique Paris Payot 1976 p 98 5 Cette formule utilis e par Welles propos de Fellini dans La ricotta r pondait dans un premier tat du sc nario une question sur le cin aste cri vain PP Pasolini Cf Herv Joubert Laurencin Pasolini Portrait du po te en cin aste Paris Cahiers du cin ma 1995 p 87 6 Pier Paolo Pasolini Qui je suis Paris Arl a 1999 p 15 Une premi re version de ce manuscrit inachev a t publi e en 1980 par Enzo Siciliano dans
26. Le soir les cadres tombent du ciel pour le grand show qui se d roule dans le noir sur cadrages en 3d Le commentaire dr latique enfonce le clou du spectacle D monstra tions de dressage animalier et num ros d ava leur d antenne de t l vision bulgare Quand les com diens se retrouvent oblig s de sortir leur cam ra pour s amuser c est la derni re vue avant le montage de plans rapproch s Le r cit en images va quitter un temps le cadrage unique de l appartement 3e gt 1 Emmanuel Si ty Le Plan Au commencement du cin ma Paris Cahiers du Cin ma coll Les petits Cahiers 2001 p 14 Le film est aussi un hommage au cin ma des origines Facile de recenser en classe les indices d une filiation qui certains moments tient du pastiche Recours au noir et blanc et absence de dialogues sont relevables en premier lieu Les cartons et l utilisation du plan s quence fixe sont aussi rep rables on peut m me comparer les trois Situations de Guermyet et Hercule au cadrage d un coin de rue par l op rateur Lumi re dans Le Faux Cul de jatte 1900 comment par Alain Bergala dans Le Cin ma une histoire de plans Les Enfants de cin ma L acc l ration temporelle de la s quence du repas renvoie quant elle la projection aujourd hui saccad e des films muets Le slapstick est convoqu par plusieurs s quences burlesques dont l une au moins fait rire d une chute 2 Situation Autres allu
27. ateur pers cut qui n a pu que rarement mener ses projets comme il l entendait Si le r alisateur de Citizen Kane 1940 La Dame de Shangha 1947 ou de La Soif du mal 1957 appara t le plus souvent comme acteur ses films il a pris l habitude de jouer son propre personnage de metteur en sc ne dans des s ries t l vis es telles que Orson Welles Sketch Book ou Around the World with Orson Welles Le Don Quichotte 1955 qu il m dite et ne finira jamais aurait d le montrer l cran en tant que narrateur Tourn peu apr s le filmage du Proc s Zagreb et Paris 1962 le court m trage de Pasolini peut aussi tre lu comme un d tournement d f rent de ces s quences wellesiennes TEXTE TRANSVERSAL Allusion parodie et autocitation La ricotta excelle dans la remise en sc ne ou la r orchestration des uvres qu il cite Outre les deux D positions mani ristes d j voqu es jamais montr es mais transform es en tableaux vivants qui en reproduisent les compositions le film multiplie toujours dans un registre plus ou moins comique les r f rences diff rents arts le cin ma avec la reprise allusive de certains proc d s chapli niens l op ra avec la r orchestration paro dique d un air de La Traviata et la po sie travers la lecture ironique d un texte de Pasolini lui m me L ombre de Charlot dont Pasolini tait un fer vent admirateur plane constamment sur le r cit tragi c
28. autant r v dans sa forme comme un film en prises de vue r elles voir la remarquable restitution de la d marche de Mitchum C est cette condition que le film fonctionne qu il cr e une complicit avec le spectateur et qu il r ussit l exploit de deve nir fugitivement un film avec Mitchum Cette complicit repose galement sur une seconde strat gie qui consiste faire croire au spectateur qu il va percer le myst re de Mitchum Le film commence sur l image d un ciel bleu barr en large par un bandeau qui interdit l acc s son espace Soudain ce ciel se d chire sur sa hauteur et laisse appara tre la journaliste ce moment trouvera son cho lors de la derni re s quence lorsque le double d un spectateur gar franchira son tour le rideau Il s agissait d un trompe l il Le plan suivant nous donne voir le studio du point de vue de la visiteuse Par cette construction le film fait mine de nous d niaiser nous avons 25 perc le myst re du trompe l il et nous invite nous rendre dans les coulisses du cin ma d passer l illusion de la repr senta tion d couvrir l envers du d cor Il y a l un proc d de d mystification mystifiant puisque loin d tre le moment du d voilement comme continuent de le faire croire ensuite les actes de la poup e la bouteille cach e dans la bible il s agit en fait du d but de la fiction Ce syst me habile s effondrera de lui m me lo
29. clich pris au polaro d paysages et personnages r v l s dans l encadrement de la fen tre ou de la porte sont autant de manifestations d une sp cularit qui touche au principe m me du film un acteur rejoue sur un plateau de cin ma des sc nes d j tourn es Embl matique le 14 plan o Mitchum secoue une bouteille pour fabriquer de la mousse raser m rite analyse A gauche de l image le reflet du sh rif dans la glace op re une dissociation entre l acteur et le r le qu il joue tout en sugg rant une mise en abyme annonciatrice de la confusion qui va suivre Au centre la silhouette lointaine de la journaliste qui se d coupe dans l ouverture sur fond de plage ne semble pas poss der le m me degr de r alit Son entr e dans la fiction est d j signifi e L importance de la musique peut tre per ue partir d une recherche sur le titre du film qui rappellera que le calypso est d abord une danse originaire des Antilles De fait les premi res notes entendues sont comment es par ce titre puisque e calypso c est comme a L air rel ve selon la terminologie de Michel Chion de la musique d cran ou in sa source un disque vinyle dont les craquements sont perceptibles est int gr e l action L acteur de m me qu il rejoue les sc nes de ses films coute un disque qui pourrait tre son unique album c est un leurre titre de comparaison on d couvrira They Dance All Night interpr t e p
30. d plient le champ contrechamp sur une m me surface De fait les limites de l espace fig es par le cadrage fixe sont constamment d plac es pour r inscrire les corps en mouvement dans de nouveaux champs des possibles Telle est la logique po tique de l absurde 1 Voir Analyse de s quence p 12 2 No l Burch Nana ou les deux espaces Cahiers du Cin ma n 189 avril 1967 p 43 ANALYSE DE S QUENCE Cadre de vie On va suivre ici l encha nement de trois plans d but 45 secondes dur e 3 minutes mon trant l appartement avant le changement de cadrage Chaque plan donne de nouvelles dimensions l espace temps de la repr senta tion en exposant le jeu des cin astes com diens avec les limites filmiques de l enferme ment Le premier plan de la s quence est d voil par le rabattement vers l avant champ de la sep ti me diapositive du g n rique repr sentant un couple id al h t rosexuel selon le graphisme publicitaire d un temps r volu 1a La dispari tion de ce que l on assimilait une image fixe projet e D et qui est en fait un panneau des sin amovible de grande dimension permet de rentrer dans l appartement sans op ration de montage Le changement de d cor dans la pro fondeur de champ instaure ainsi une rupture sans discontinuit de la prise de vue Le com mentaire engag quelques diapositives plus t t ach ve la description de la Gen se par une proposition rock n folk
31. de saisir derri re la fable la dimension politique et sociale du film La mis re de Stracci est ainsi r v l e d s son nom le malheureux pourvu d une famille nombreuse peut peine satisfaire ses besoins primaires se v tir et se nourrir Possible aussi de montrer que le motif de la faim d termine toute l action stratag me du d guisement vente du chien qu te de la ricotta On notera que le h ros est promis la mort quelle que soit la r action de son entourage l indiff rence des notables affame la sollicitude populaire tue Cette fin qui joue sur les connaissances bibliques du spectateur prive le h ros de son ultime r plique rappel au bon souvenir du Christ La mort du sans grade ne laisserait donc aucune trace dans les m moires si le film n existait pas Avec ce larron moderne ce n est plus tant le voleur repenti que le prol taire qui accompagnera au Paradis le cin aste martyr De fait comme le disait la fin initiale du film crever a t la seule fa on pour Stracci de faire la r volution voir verso de la planche l ves 21 La dimension m tafilmique de La ricotta est soulign e par le recours pour le r le du metteur en sc ne un acteur bien particulier Biographie et extraits de films aideront saisir l importance du choix significatif d Orson Welles Symbole hollywoodien du maverick auteur incontr lable qui chappe au formatage des grands studios Welles est l arch type du cr
32. devant sa belle pendue au plafond t te en bas nouveau prisonni re de cette trange camisole faite par pliages 11 Comme s il errait sans but dans un cauchemar dont il ne peut sortir 12 il a toujours les m mes visions juste apr s la chute reprend de fa on incoh rente la voiture flottant avec une spirale color e et mouvante en arri re fond typique dans le fantastique des voyages dans l espace temps 13 Puis il subit son tour les pliages et d chirures autophages de l image prisonnier d un origami en forme de roue de torture o comme pour la femme sont dispos s en cercle autour de son buste les visages de ses diff rents avatars cin matogra phiques Parmi eux le h ros d Orange m ca nique traumatis par l inflation d images vio lentes qu on lui impose de force et celui de Vid odrome qui fait l exp rience d une immer sion schizo de dans les images Or le visage 15 seul l ment stable est celui du person nage de Vid odrome qui incorpore des cas settes vid o par une plaie au ventre De la sil houette masculine totalement d sincarn e pure ic ne pr te l action mais d pourvue d affect on est pass une figure int riorisant et Int rioris e par les images Il faut alors br ler son apparence de papier pour chapper cette torture raffin e se voir menacer de chan ger de t te d un tour d crou 14 C est bien s r une mani re pour le cin aste incendiaire iconoc
33. est enfin rassasi 12 Je ne comprends pas pourquoi l on rit lorsque la voix du haut parleur appelle le bon larron son poste de travail Vraiment je ne comprends pas 13 Aucune seconde chance pour Stracci dont ses camarades de travail font la victime de plaisanteries cruelles Cette cruaut est un des aspects de la vie de la simple vie de tous les jours dans les faubourgs des grandes villes Vivre l est souvent un pari difficile savoir faire des blagues et savoir les accepter y fait par tie de l honneur Dans mon r cit les supplices subis par Stracci dignes de ceux de Tantale ont pour fonction de pr parer et de justifier de mani re naturaliste autant que po tique le malaise final de celui qui dans un pre mier temps jeun puis sauvagement rassasi est ainsi conduit la mort 14 Les mouvements d finis comme pr c dant l agonie par le minist re public que Stracci ex cute la fin du strip tease sont la mise en vidence qui 38 est d ailleurs un motif r current du film de la premi re la derni re prise de vue du traumatisme physique de Stracci 15 Enlevez les crucifix l interpr tation selon laquelle ce Enlevez les crucifix aurait une significa tion sot rique en plus de celle instrumentale qui fait r f rence ces crucifix l ceux du plateau me semble si extravagante et arbitraire qu elle confine au fantasme Si jamais j avais pu l imagi
34. et de circulation des corps Le Principe du canap illustre de fa on jubilatoire les propositions th oriques de No l Burch relatives aux six tranches du hors champ les quatre tranches autour du cadre en haut en bas droite gauche la cinqui me tranche derri re la cam ra et la sixi me derri re le d cor Cette derni re habituelle ment signal e par l ouverture de la perspec tive conna t ici un traitement spectaculaire L croulement du seul pllhan de mur visible donne une porte de sortie directe sur le pay sage d truisant au passage toute tentation de r alisme spatial Le tableau de famille final du salon o les acteurs sont assis sur le canap sous l il des deux cr ateurs avant l insert sur le cadre exhibant une photo copie d un sofa fleuri et le basculement de la paroi laisse d ailleurs entendre les souffles voyageurs du grand large DEHORS AU DEDANS Le champ dans lequel s enfoncent en musique les porteurs de canap est le m me que celui du d but Lors du g n rique il est cependant travers dans le sens de la largeur et gliss entre deux cartons qui utilisent le motif grossi des fleurs du papier peint comme fond aux mentions du hors cadre la maison de produc tion fictive C oup D e B arre Prod et le titre de l uvre Ce proc d d coratif peut tre vu 11 apr s coup comme un effet d encadrement de l ext rieur coinc entre deux gros plans d int ri
35. gal avec des repr sentations du Christ la reprise annule le contexte histo rique et fait jaillir de l image ses forces pri mordiales inextinguibles 2 Praxis de la reprise Si Pasolini d affronter un proc s pour La ricotta c est bien parce que la communaut des images qu il r clamait en pratique par la r alisation m me de ce film n tait et n est toujours pas une vidence Et il n y a pas que la loi p nale pour arr ter et contr ler les significations des biens symboliques tout spectateur est en soi un gardien du temple qu il convient aurait pu dire Pasolini de forcer La reprise le remploi la citation d uvres picturales musicales ou cin matographiques au sein d un film per met d abord de tester notre tol rance face au travail d appropriation qu effectue le r a lisateur sur un mat riau dont il n est plus l unique propri taire jusqu quel point d extension ou de d formation s accepte le travail sur la plasticit de formes et de signi fications qui sont aussi notre bien Les blasph mes visuels et sonores dont Pasolini fut accus s appuient sur un fond d intelli gence respectueuse d uvres dont elles sont en fait un moyen de r activer les significa tions cf les analyses des reprises p 19 Acc l rer un air de La Traviata rejouer et fragmenter des tableaux mani ristes d placer Orson Welles Am ricain en exil sont les diverses op rations d une praxis de
36. h ros de Fast Film Ces remarques valent autant comme m thodes d observation que de cr ation ce stade le travail de critique et de cin aste se confondent et on pourra donc s essayer mettre en uvre la communaut pasoli nienne en remontant entre elles des images pr alablement analys es DOCUMENT D fense de Pasolini Le 1 mars 1963 au cin ma Corso de Rome la projection du soir de La ricotta est interrompue par un d cret sign de Giuseppe di Gennaro substitut du Procureur de la R publique du Tribunal de Rome donnant l ordre de saisir le film L accusation retenue est Outrage la religion d tat Le proc s sera men par Di Gennaro passionn de cin ma qui analyse le film avec une visionneuse et en tire des accusations cir constanci es le Dies Irae qui retentit au moment du repas hors norme de Stracci est l annonce que le sous prol tariat est d j le nouveau Christ et que le jour du jugement dernier est proche le cri r p t Couronne Couronne est fait sur le ton de quelqu un qui prononce le nom d une chose ayant d sor mais fait son temps et provoquant de l aversion et de l ennui le cri Enlevez les crucifix a videmment un autre sens symbolique on retient un saint homosexuel et on repr sente les policiers comme une expression idiote de l autorit en place quand le groupe de la D position s croule au sol la voix hors champ qui crie Cocus Coc
37. hasard l escalier qui correspondait ma vision un escalier la fois vertigineux abstrait et inscrit dans une historicit LUMI RE ET MUSIQUE La lumi re joue un r le central dans le film Les ampoules des cages d escalier diffusent un halo sans fard parfois cru alors que la p nombre est plus douce et apaisante La minuterie de la cage d escalier rythme l alter nance entre l intime et le public Si quelqu un entre le soir dans l immeuble la lumi re s al lume soudain sortant les ados de leurs changes intimes leur imposant un brusque retour la r alit Une fois l obscurit revenue les ados peuvent nouveau se rapprocher se confier l un l autre J ai ensuite cherch conf rer l image une tonalit monochroma tique travers les couleurs des d cors des v tements et des sources lumineuses Parfois un ton rouge vient d mentir cette homog n it Au cours de l criture du sc nario j ima ginais des airs de musique qui pourraient accompagner les r ves et la solitude de Rachel Assez rapidement des morceaux de Bach se sont impos s m lant la vivacit la m lanco lie Ces musiques taient d cal es par rapport l univers adolescent du film tout en rendant accessibles les motions brutes du person nage UNE DUCATION SENTIMENTALE L Escalier raconte les d sirs et les r ves de Rachel sous la forme d une succession de sc nes qui rel ve d une sorte de chronique douce am re
38. l aide d un tournevis ce film ne cesse de r f rer l uni vers cin matographique pour mieux le bou leverser Il s agit au contraire ici d une s rie de citations m ticuleusement repro duites pour tre reconnues identifi es un peu la mani re d un quiz En fait la construction de Calypso a tout du f ti chisme La sc ne forte cet gard est celle o Mitchum va rhabiller la jeune journaliste selon son bon vouloir pour la faire corres pondre ses propres fantasmes d images il en tire d ailleurs une photo polaroid un l ment de substitution qui lui permet d acc der la satisfaction On reconna t l le sch ma du c l bre film de Hitchcock Vertigo Sueurs froides 1958 ici finalement repro duit par le r alisateur Bruno Collet lui m me qui prend du semblable les poup es comme mat riau pour fabriquer du m me les sc nes de cin ma recr es l identique sachant cependant que c est dans la faille m me de l op ration que r side tout l int r t de son film L Escaller Fr d ric Mermoud N en 1969 Sion Suisse Fr d ric Mermoud apr s des tudes de Lettres et de Philosophie l universit de Gen ve a appris la r alisation l cole Cantonale d Art de Lausanne Ecal Davi dont il est sorti dipl m en 1999 Son film de fin d tudes Les lectrons libres 1999 a t projet dans une vingtaine de festival dont Locarno o il a obtenu un prix et galeme
39. la reprise d une pratique pens e en regard direct de sa port e th orique C est la mesure de la praxis qu un cin aste invente pour affronter les pro bl mes de la reprise ou de la remise en sc ne d images extraites ou inspir es d uvres pr existantes que se constitue le sentiment d une appartenance commune des formes un travail de l h ritage Pasolini adopte des moyens plastiques tr s simples des d for mations l mentaires qui permettent la fois de reconna tre l uvre d origine et d identi fier rapidement ce qui lui est fait Dans les deux autres films du programme fond s sur le remploi et la citation les techniques prin cipales sont elles aussi clairement rep rables mais le d tail de leurs effets se brouille Le d coupage pliage dans Fast Film et la reprise en p te modeler dans Calypso is like so sont deux pratiques qui insistent de mani re litt rale sur la mall abilit des formes le choix technique est d j une sorte de m ta phore de l op ration th orique pratiqu e sur les uvres Au del de ces pratiques toute fois les praxis sont plus difficilement com pr hensibles la diff rence de La ricotta o chaque uvre reprise correspond un travail singulier du cadre de la lumi re ou de la vitesse les deux autres films passent l en semble de leurs citations au filtre d formant d une m me technique qui fonde d embl e une sorte de tyrannie o d assuj ti
40. la revue Nuovi Argomenti sous le titre Poeta delle ceneri Po te des cendres 7 Ibid p 60 ANALYSE Jeter son corps dans la lutte 4 octobre 1962 Le tournage de La ricotta n a pas encore commenc Mais d j un proc s est intent contre Pasolini au sujet du court m trage Roberto Amoroso qui devait le produire mais n a finalement pas r ussi le financer reproche au cin aste d avoir c d le sujet Alfredo Bini le producteur de ses deux pr c dents films Ayant pay une avance pour le sc nario Amoroso estime avoir des droits sur lui et il s insurge en outre contre l offense religieuse et morale qu lil lui inflige lui et au public potentiel Apr s six ans de proc dure la jus tice donnera raison Pasolini 1 mars 1963 Rogopag est sorti depuis une dizaine de jours Au cin ma Corso de Rome un officier de carabiniers interrompt la projection du film il pr sente une ordonnance de saisie sign e par le substitut du pro cureur de la R publique Giuseppe Di Gennaro Cette fois le sketch de Pasolini est accus d outrager la religion d tat en repr sentant sous pr texte de d crire un tournage cin matographique certaines sc nes de la Passion du Christ dont il moque l image et les valeurs qu il repr sente et ce par le commentaire musical la mimique le dialogue et d autres manifestations sonores en vilipendant les symboles et les per sonnages de la religion catholique
41. lent auteurs films points de vue historiques et th matiques r flexions sur les formats et les genres L ouvrage le plus complet jamais consacr la forme br ve embrasse le court m trage comme un vaste continent prot iforme trop souvent oubli par les histoires du cin ma EVRARD Jacky VASS Claire Cent pour cent court Cent films pour cent ans de cin ma fran ais Pantin C t court 1995 Chapitr par d cen nies cet ouvrage collectif raconte un si cle de courts m trages et com prend une solide filmographie s lective L DUCATION A L IMAGE Manuels sur le cin ma AUMONT Jacques BERGALA Alain MARIE Michel VERNET Marc Esth tique du film Nathan coll Fac Cin ma 1983 2 d revue et augment e 1994 Ce manuel destin aux tudiants de premier cycle uni versitaire et aux enseignants du secondaire aborde le cin ma sous ses dif f rents aspects l espace le plan le montage la narration le langage la r ception etc AUMONT Jacques MARIE Michel l Analyse des films Nathan coll Fac Cin ma 1988 2 d 1996 Con u pour compl ter Esth tique du film ce manuel propose un panorama des diff rentes approches ana lytiques du cin ma analyse textuelle analyse du r cit analyse de l image et du son psychanalyse analyse historique Dictionnaires PINEL Vincent Vocabulaire technique du cin ma Paris Nathan coll R f 1996 VID OGRAPHIE Program
42. mettre en place l histoire visuelle qu ils interpr tent sur la sc ne de l ap partement En d pit de leurs sensibilit s cin matographiques distinctes S H le blond vient du muet et M H le brun du chant les deux cr ateurs se sont clairement accord s sur le rapport texte image imaginant des effets variables d annonce ou d cho entre l nonciation du commentaire et l action fil mique On dit ce qui se passe et il se passe ce qu on dit S H Ils ont crit le texte avant le tournage parfois la veille pour initier des ponctuations et des corresoondances ryth miques entre le phras et la gestuelle M G ce propos une des premi res envies artis tiques a t de d velopper une esth tique du tract M G pour le spectacle des ombres port es puis de d tourner la rh torique du meeting politique S H par le langage visuel La parole des mains se lib re des marques d ictiques moulinets doigts point s pour cr er un jeu mim tique entre le discours nonc et les gestes d illustration Mur de Berlin fait maison cheval de trois doigts leurre mim l heure La question du film manifeste soul ve des r ponses croisant politique et esth tique Aux yeux de M G le pamphlet politique devient ainsi un pamphlet absurde mettant nu le d calage entre l image et le texte par le biais des glissements du sens S H se replace dans une perspective engag e co
43. motifs les plus reconnaissables pour le spectateur Ses citations font appel la culture cin matographique la plus partag e celle du cin ma d action hollywoodien C est sans v ritable surprise que l on voit d filer grande vitesse les couples hitchcockiens remani s pour l occasion James Bond et la caverne du Dr No la galerie presque exhaus tive des monstres c l bres et quelques sc nes anthologiques et g n riques de poursuite l attaque du train dans un western la bataille spatiale la Star Wars etc Aussi pourrait on reprocher Widrich d enfermer toutes les r f rences dans une m me dynamique narra tive et un r pertoire d actions st r otyp Rien ne distingue plus par exemple les rapports troubles entre homme et femme qui existent dans les films d Hitchcock de ceux miso gynes des James Bond alors que ces der niers sont d j des resuc es grossi res des pre miers La m me logique de reconnaissance imm diate et de sch matisation explique aussi la redondance constante entre les v hicules obtenus par pliage et les images qui s y trou vent imprim es avion sur avion train sur train Ici ou l cependant quelques citations tranchent par leur originalit comme les t tes inqui tes et exorbit es de l h ro ne de Carnival of Soul Her Harvey 1962 un film fantas tique assez m connu et du h ros d Orange m canique de Stanley Kubrick 1971 Mais si celui ci fit une cri
44. ne peut ignorer pas m me la loi Il convient donc comme le fait La ricotta d honorer ces images en les r incarnant dans les l ments les plus ardents de la soci t le sous prol tariat fantasmatique du po te lieu depuis ses premiers romans et films de la vie la plus immanente ou brutale Deuxi me constat ces formes ne survivent que par l invention d un nous d un ensemble humain Nous ensemble vivons et survivons Les uvres du pass sont une force commune beaucoup plus qu une m moire collective ou un patrimoine qui est le terme g n rique pour d signer ce qui de la culture s h rite et se conserve collecti vement de g n ration en g n ration dans le glacis des mus es et des restaurations il s agirait d un tissu dont les n uds sont ancr s en chacun et que chacun peut donc r investir et r activer Pasolini peut ainsi pas ser indistinctement du nous au je et m me dans une autre formule c l bre dire Je suis une force du pass en sous enten dant que cette force est celle que lui don nent les uvres du pass qu il sait toujours rendre une efficacit et qui leur tour lui communiquent leur nergie essentielle et archa que Le cin aste invente ici les termes d une sorte de communisme patrimonial ce ne sont plus seulement les biens mat riels qui doi vent tre partag s et investis par tous ga lit mais aussi les biens symboliq
45. plaisir qu il emprunte ne le conduit gu re qu un fromage c est lors de sa premi re et de sa derni re apparition que la cabaletta prend un tour nettement plus virulent Elle se fait d abord entendre lorsqu un acteur d guis en saint vient d voyer les fils de Stracci alors qu ils rejouent la C ne avec leur m re l allu sion aux plaisirs coupables de l homo sexualit est vidente Et elle revient finale ment au moment de l arriv e du producteur des journalistes et des notables locaux pour le banquet stigmatisant alors la futilit des acti vit s de la bonne soci t romaine Mais c est seulement lors de l entretien entre le cin aste et le journaliste qu une citation au sens strict intervient dans La ricotta Welles y lit un extrait d un po me de Pasolini publi dans le carnet de tournage de Mamma Roma Son utilisation agressive de la po sie en question d montre la b tise et l ignorance de son interlocuteur qui n y comprend abso lument rien mais elle conf re galement au personnage interpr t par Welles un statut ambigu celui de double caricatural de Pasolini lui m me Les r ponses qu il fait au 22 journaliste correspondent d ailleurs parfaite ment la personnalit du metteur en sc ne italien qui se moque ainsi de ses propres contradictions travers un tonnant autopor trait ironique un bourgeois ha ssant la bour geoisie au plus haut point revendiquan
46. r cr ant quelques plans et situa tions c l bres dont l histoire du cin ma sait encore aujourd hui se souvenir Si le g n rique de fin rend hommage aux grands r a lisateurs dont les uvres sont cit es simple ment en pr cisant leur nom le court m trage ne donne pas le d tail des citations Il convient pourtant d identifier pleinement les sc nes pastich es mais aussi les r f rences et les clins d il cin matographiques pour comprendre le rapport particulier qu entretient Calypso la citation filmique Les palmiers la lumi re ensoleill e et l at mosph re tropicale du d but du film ren voient Heaven Knows Mr Allison Dieu seul le sait 1957 de John Huston o Mitchum caporal rescap d un torpillage pendant la guerre du Pacifique se r fugie sur une le d serte seulement habit e par une nonne L id e du huis clos et de Mitchum en personnage retir en est donc issue La lourde d marche de cow boy alcoolique provient directement de l Dorado de Howard Hawks 1967 tandis que la jeune journaliste en montant sur une plate forme de travelling rejoue l une des images fortes de River of no Return La Rivi re sans retour 1954 d Otto Preminger La tenue de chirurgien que porte la marion nette rappelle celle que rev tait Mitchum dans Not as a Stranger Pour que vivent les hommes de Stanley Kramer 1955 et le costume de soldat am ricain habilla Mitchum dans notamment The Longest Day Le Jou
47. ral et le choix exceptionnel d un h ros unique James Bond qui conserve les m mes traits ceux de Sean Connery tout au long de sa travers e de la caverne De l autre l emprunt successif quatre s quences d origine diff rente Synth tique un proc d que n aurait pas reni le Hitchcock de La Corde 1948 r ussit raccorder dans le m me plan les images import es c est chaque fois que le personnage passe derri re un pilier qu un nouvel avatar de Bond se met en marche On remarquera cet gard que les rectangles sur lesquels appara t le h ros voquent le principe de la projection cin matographique et les ombres de la fameuse caverne de Platon Les trois plans qui suivent 8 05 8 09 et 8 12 r introduisent avec les bulles qui emprisonnent les dormeuses ainsi que le couple de Laurel et Hardy le motif de la claustration qui sera repris avec les deux segments suivants 8 15 et 8 20 Si cercueil et chrysalide symbolisent l asservissement du personnage de cin ma le h ros ne va plus tarder montrer sa vraie nature 833 son ventration laissera chapper des flots de papier et r v lera le principe de cr ation du film er y ji RUDA H A7 ta FR T fa ri LE Le court m trage essentiellement th orique met en avant le principe clef d une cr ation qui refuse de se penser ex nihilo Chaque film se nourrissant d autres films ne serait ainsi que r criture combinaison nouvelle o
48. s de vitesse et de nombre Parce que les images r utili s es appartiennent autant au cin aste qu au spectateur mais dans cette appartenance conservent selon le communisme pasolinien une int grit le jugement du spectateur est amplifi et justifi Tout film reprenant des images et des sons d uvres ant rieures 37 lorsqu il ne le fait pas dans un simple cadre d rudition ou de patrimoine s expose ainsi un retour du collectif ce qui est fait au mat riau commun peut tre critiqu plus ais ment par l ensemble des spectateurs Plus que pour les images habituelles du cin ma les op rations deviennent visibles tant leur niveau formel que signifiant et leur efficacit peut tre salu e ou contest e Mais ces contestations ne doivent pas tre confondues avec un proc s Elles sont bien plut t une mani re d prouver le jeu de relais entre les incessantes renaissances des images et les incessantes renaissances des discours Le film de reprise o de citation constitue ainsi Une sorte de p dagogie en acte du cin ma et une excellente introduc tion au travail critique pour autant que l on sache d abord rep rer ces reprises et en dis tinguer les grands traits Quatre op rations au moins doivent tre dis tingu es dans le cas par exemple de la cita tion d un film dans un film Elles peuvent faire l objet d autant d exercices 1 Est ce que la citation passe par une r uti lisation directe des ima
49. sa l chet par une soumission ses parents en assurant Rachel qu elle pourra se faire rem bourser son billet La rituelle premi re fois se trouve donc dif f r e mais pas son r cit puisque Rachel doit mentir son amie pour ne pas perdre la face Ce moment de fabulation totale d crit une d couverte blouie du plaisir et la d cision romanesque de rompre la relation amoureuse apr s un tel blouissement Pour le cin aste c est n en pas douter la fiction qui suppl e une repr sentation impossible en menant son personnage vers la maturit 1e ANALYSE DE S QUENCE Loin des yeux Cette s quence est plac e au d but du film elle permet de rendre plus consistante la relation entre les deux adolescents tout en mettant en valeur l escalier d cor principal du film Fr d ric Mermoud joue ici sur l es pace d une fa on singuli re en faisant dialo guer Rachel avec Herv au moyen de son t l phone portable le jeune gar on est pr sent par sa voix mais ne voit pas la situation concr te dans laquelle est plac e Rachel et qu elle cherche absolument lui cacher Plan 1 la s quence s ouvre sur un plan d ensemble de l immeuble en contre plon g e C est le seul plan de tout le film o l ex t rieur de l immeuble est montr Que ce plan dont on pourrait penser qu il sert tablir la r f rence du d cor ne soit pas plac exactement au d but du film indique bien que l accent est mis sur
50. sa structure en abyme qui d double les situations Un principe identique parcourt J sus de Montr al r alis par Denys Arcand en 1989 o un jeune homme interpr te du Christ finit mort en croix Par ailleurs la confusion des sentiments du personnage acteur et du personnage qu il joue est un ressort traditionnel des intrigues amoureuses sur sc ne et l cran Si La Discr te de Christian Vincent 1990 montre que la simulation des sentiments leur donne naissance un autre film h ritant de l uvre de Marivaux L Esquive d Abdellatif Kechiche 2004 en est l illustration inverse jouer un r le permet par procuration de d clarer sa flamme visages des acteurs c est dire entre le tra vail du montage propre au cin ma que reven dique Pasolini et l imitation vaine et fig e de la peinture vou e l chec et attribu e au r ali sateur di g tique Ainsi lorsque dans la suite de la s quence d autres gros plans montrent les rires des acteurs apr s la chute du Christ et de ses porteurs c est nouveau au cin aste Pasolini qu il faut attribuer ces plans moqueurs l gard de la mise en sc ne de Welles Les deux derniers plans de cette s quence introduisent pourtant un improbable raccord lumi re tablissant cette fois un lien entre les deux niveaux di g tiques lorsque la lumi re baisse sur la reconstitution de la D position 4 l explication en est donn e par une voix hors champ Le soleil
51. son cin ma o reproduction est synonyme d absurde dans un univers kaf ka en un employ charg des photocopies est vic time d une mise en abyme tant lui m me dupli qu l infini Son cin ma est un art de photo copieur FICHE TECHNIQUE Production Virgil Widrich Filmproduction Amour Fou Minotaurus Film Luxembourg Distribution France Autour de Minuit Productions Sc nario montage Virgil Widrich Image Martin Putz Origami et conception des objets Mine Scheid Jakob Scheid Carmen V lker Animation Gernot Egger Michael Lang Markus Loder Taucher Alexandra Pauser David Peischl Walter Rafelsberger Christian Ursnik Vinh San Nguyen Carmen V lker Mario Waldhuber Gerald Zahn Son Fr d ric Fichifet Luxembourg Autriche 2003 14 minutes 35 mm 1 1 66 Couleurs Visa d rogation Techniques de recyclage Propos de Virgil Widrich PAPIERS FROISS S ET FILMS PHOTOCOPI S J ai eu l id e de faire Fast Film en travaillant sur Copy Shop Pendant le travail dans le stu dio d enregistrement nous avons d chir une grande quantit de papiers pour pro duire les bruitages du film Pour ce faire j ai utilis de vieilles impressions de Copy Shop Il y en avait des milliers C est alors que m est venue la bonne id e de faire un film d ani mation tridimensionnel bas sur des assem blages de papier sur lesquels leur tour des films seraient projet s C est donc ainsi que Fast Film est deven
52. sur le plateau 23 Bruno Collet N en 1965 dipl m de l cole des beaux arts de Rennes Bruno Collet travaille depuis le d but des ann es quatre vingt dix en tant que d corateur sur des films des s ries t l vis es ou encore des vid o clips en volume anim pour Higelin Alpha Blondy En tant que r alisateur il d bute avec une petite s rie m langeant les techniques de pixilla tion et d infographie rapportant les dr les d hu meurs de deux amis Avoir un bon copain Il signe un premier court m trage d animation en 2001 intitul Le Dos au mur qui raconte la vie saugrenue d un homme tronc condamn d s sa naissance maintenir un volet ouvert Avec ses marion nettes le jeune r alisateur con oit aussi l habillage de l mission d ARTE consacr e l animation La Nuit s anime illustre le film publicitaire d un grand organisme banquier fran ais et recr e en studio des spectacles vivants Calypso is like so est son deuxi me film Actuellement Bruno Collet finalise divers projets de s rie ach ve l criture d un nouveau court m trage et se lance dans la grande aventure d un premier long m trage tou jours en marionnettes anim es FICHE TECHNIQUE Production Vivement Lundi Producteur Jean Fran ois Lecorre Story board modelage Benjamin Botella Image Fabrice Richard Animation Julien Leconte D corateurs Bruno Collet Jean Marc Ogier Marionnettes Yann Leroux Fabienne Collet Voix Claire K
53. tit d un ogre moins ing nu qu il n y para t Comme souvent chez Pasolini le contrechamp ne se contente donc pas ici de r pondre au champ il le nourrit le faux rac cord r v le une alt rit fondamentale qu il s agit moins de r sorber que d engloutir tra vers le montage De ce point de vue ce que Stracci avale dans cette sc ne assumant plei nement son sacrifice c est aussi la d tresse des autres mal dissimul e par leur rire Manger l autre c est encore l aimer Couleur et noir et blanc La ricotta fait partie du petit nombre de films qui jouent de l h t rog n it chromatique Une premi re phase de travail permettra de rep rer les s quences en couleurs et de chercher leurs caract ristiques communes Emergera ainsi la notion de tableau puisque les plans concern s miment la nature morte voire la vanit ou la sc ne religieuse descentes de croix en l occurrence On remarquera ensuite que ces s quences ne peuvent tre assimil es celle du film di g tique tourn par le cin aste fictionnel L originalit pasolinienne bien qu inspir e par le principe du Portrait de Dorian Gray Lewin 1945 appara tra enfin en regard d autres utilisations du m me proc d Le Fils adoptif d Aktan Abdykalykov 1998 Stalker d Andre Tarkovski 1979 ou Le Magicien d Oz de Victor Fleming 1939 seront alors au programme de Lyc ens au cin ma en r gion Centre 2004 2006 IE Un relev d indices permet
54. tr s souvent utilis s pour leur capacit engendrer l angoisse ou pour voquer une image de doute ou de perdition aussi bien dans des films d auteurs chez Hitchcock de Soup on 1941 Psychose 1960 ou chez Antonioni de Chronique d un amour 1950 Identification d une femme 1982 que dans de multiples films de s rie par exemple dans Deux mains la nuit de Robert Siodmak 1945 La configuration de l escalier permet plus encore de mettre en valeur un aspect fonda mental au cin ma la d composition du mou vement que les personnages montent ou des cendent ou m me qu ils chutent comme Gene Tierney dans P ch mortel de John Stahl 1945 l escalier permet de nombreuses varia I tions sur le traitement du mouvement et du temps Comme l analyse bien Michel Chion l escalier n est gu re qu une image objecti v e du montage sous forme d artefact Il est comme une figuration dans le film visible symbolis e du continu par le discontinu et vice versa L escalier incarne la possibilit constante de stopper de gagner du temps de r fl chir L escalier est du montage statufi Le rapport entre la figure de l escalier et la pra tique du montage renvoie ainsi directement la fameuse sc ne des escaliers d Odessa film e par Eisenstein dans Le Cuirass Potemkine 1925 et sa reprise dans la gare de Chicago par Brian de Palma dans Les Incorruptibles 1987 Dans ces morceaux de brav
55. 6 travers le ralentissement du tempo le dialogue entre le piano et l orchestre permet alors de confirmer l utilisation empathique de la musique selon Michel Chion sp cialiste du son au cin ma l adjectif d signe une musique qui exprime directement sa participation l motion de la sc ne en rev tant le rythme le ton le phras adapt s en fonction des codes culturels de la gaiet de l motion et du mouvement L Audio vision Nathan Universit 1990 C est sur le m me principe que repose la double utilisation d un dernier extrait musical La s quence nocturne o Rachel attend en vain son amoureux 16 45 se trouve ainsi mise en parall le avec l ultime discussion entre les deux amies Cette derni re occurrence 18 45 est particuli rement r v latrice puisque la musique d j entendue deux minutes auparavant accompagne cette fois un commentaire de Rachel sur sa pr tendue escapade amoureuse C tait hyper romantique Or l andantino de la Sonate pour piano de Schubert d 959 que cette r flexion semble aussi d signer repr sente la quintessence de la musique romantique Bien que l utilisation du m me morceau vise dans les deux cas l empathie on constate que les motions v hicul es diff rent d une s quence l autre d ception et tristesse d abord r ve et merveillement ensuite voir aussi l utilisation de cette sonate par R Bresson dans Au hasard Balthazar 1966 Enfin les plus attentifs po
56. La question sur l origine est d plac e vers la curiosit envers son propre corps Dans dentification d une femme un autre escalier fait l objet d un traitement singulier celui de l immeuble de l amie o Mavi s est r fugi e Niccolo l a retrouv e et l attend chez cette amie occasion de montrer en contre plong e et plong e l architecture d un escalier en spirale d pourvu de rampe L escalier devient alors le symbole de l nigme attach e au personnage dont ce sera la derni re apparition L encore dans L Escalier on assiste une inversion de cette id e malgr des plans en plong e offrant le m me genre de composition Il ne s agit pas tant de repr senter le myst re d un personnage et de figurer de mani re presque litt rale l abyme qui le constitue mais de montrer le passage de l adolescente vers une maturit venir On ne saurait parler alors de l identification d une jeune femme mais plut t du parcours douloureux pr caire travers lequel Rachel cherche donner forme son identit 35 EN TRAVERS Reprise et communaut des Images Trois des cinq films analys s dans les pages pr c dentes sont fond s sur le remploi ou la citation d images de films ou de peintures Fast Film Calypso is like so et La ricotta t moignent cependant de mani res tr s diff rentes d aborder le probl me de la reprise Apr s en avoir d taill les singularit s dans les parties intitul es Texte transversal on peut t
57. Le 1494 1556 D position de croix 1526 Huile sur bois 313x196 cm Florence Santa Felicit Capella Capponi 19 1 La Descente de croix ANALYSE D UNE FIGURE DE MONTAGE Inconciliables contrechamps Le faux raccord est une figure de montage introduisant une discontinuit notable entre deux plans encha n s cens s tre contigus dans le temps et ou dans l espace Certains cin astes utilisent cette figure pour travailler la disjonction entre les plans et produire des effets de sens Pasolini est de ceux l La ricotta contient plusieurs faux raccords particu li rement remarquables parmi lesquels ceux qui jouent sur la rupture entre le noir et blanc et la couleur mais aussi ceux qui tablissent une diff rence de vitesse entre les plans FAUX RACCORDS R FLEXIFS Film s dans un studio de Cinecitt alors que les autres s quences ont t tourn es dans un terrain vague des faubourgs de Rome les deux tableaux vivants ne sont effectivement int gr s au film qu au prix de troublants faux raccords On peut certes apparemment r soudre cette difficult en consid rant simplement que les images en couleur appartiennent au film di g tique r alis par Welles mais c est alors plus pr cis ment l int rieur m me des s quences le jeu des champs contrechamps int rieur ext rieur avec l quipe technique qui reste probl matique Dans la reprise de la D position de Pontormo le premier contrecham
58. a t et les localise le rappel des souvenirs n a rien de myst rieux Il n y a pas chercher o ils sont o ils se conservent dans mon cer veau ou dans quelque r duit de mon esprit o J aurais seul acc s puisqu ils me sont rap pel s du dehors et que les groupes dont je fais partie m offrent chaque instant les moyens de les reconstruire C est en ce sens qu il existerait une m moire collective Les Cadres sociaux de la m moire 1925 Albin Michel 1994 p VI On voit imm diatement la diff rence de style pr s ce qui rapproche cette conception du sociologue de l id e pasolinienne de sur vivance c est par le nous l tre ensem ble que le patrimoine existe Si la comparai son doit tre poursuivie il faut remarquer toutefois que Pasolini pose aussi hors des groupes humains une pr sence une int grit et m me comme on l a dit plus haut une vitalit des choses ou des oeuvres qui exc dent leur simple fonction de rappels et de noeuds dans un tissu m moriel C est encore un autre collectif que d signe Pasolini celui des uvres en elles m mes pr sentes parmi les hommes avec leurs forces archa ques pr tes tre librement r investies ou habit es et non tortur es et dispers es sur la roue des images comme dans le film de Virgil Widrich Les deux conceptions s opposent Fast Film tombe sous le couperet critique qu il a voulu loigner par ses exc
59. alement J ai pass un an pr parer le contenu du film fouiller le mat riel cin matographique qui couvre l histoire du cin ma Nous avons regard environ 2000 films cr une norme banque de donn es et tri les images en types de prises de vues o se trouve un visage exprimant l tonnement o trouve t on une sc ne de baiser prise de profil sous la pluie PLIAGES ET COLLAGES Des images sont extraites de divers films et imprim es sur du papier Ces papiers sont pli s en divers objets Ces objets sont ensuite assembl s afin d tablir de nouvelles rela tions entre eux Un fond est ajout pour rendre visible sur une m me prise de vue quatre cinq et jusqu trente films Le d fi tait de parvenir donner une signification l assemblage du mat riel issu de pellicules de recyclage Si on appliquait ce principe la litt rature ce serait comme choisir des vers du th tre de Shakespeare et en faire un po me d amour qui raconterait une nouvelle histoire En ce sens Fast Film est un voyage travers l histoire du cin ma mais galement un nouveau film qui mane de l imagination du spectateur Ce qui est plaisant dans Fast Film est que chacun y voit aussi ses propres souvenirs On oscille entre la perception de Fast Film et la perception des films qu il refl te L esth tique de Fast Film repose sur sa rela tive impr cision Il ne s agit absolument pas de ce type de film d animati
60. ar Mitchum en g n rique de fin de Maintenant d In s Rabadan Le m me air assurant la circularit de l ensemble revient apr s l enterrement de la journaliste Diff rence importante cependant il est devenu musique de fosse ou off comme les autres airs caract ristiques du film Comme si la vie de Mitchum n tait plus que fiction hollywoodienne film au programme de Lyc ens au cin ma en r gion Centre 2002 2004 27 AUTOUR DU FILM Ainsi font font AU sens premier le pastiche est une uvre dont les parties sont d origines diverses soit nouvelles soit anciennes d un ou de plu sieurs auteurs En musique pour ces uvres mont es partir de diff rents fragments on parle de pot pourri Par extension le pas tiche est une uvre dans laquelle l auteur a imit la mani re le style d un ma tre soit par exercice visant un certain acad misme soit pour se moquer l uvre devient alors une parodie soit pour s approprier des qua lit s emprunt es il s agit alors d un simple plagiat C est bien entendu l intention parodique qui est la base du pastiche que constitue Calypso is like so On retrouve ce montage fragmentaire plusieurs niveaux Il appara t d s le g n rique travers la bande son du film Celle ci se propose comme un collage de musiques qui se r f rent certains th mes c l bres en accen tuant leurs caract ristiques L exag ration de ces traits musicaux ils pren
61. arts plastiques et la musique S H com dien et contrebassiste a con u depuis 1997 avec sa compagnie La Cordonnerie des films muets aux propos burlesques tels qu Hippolyte et le secret du professeur Grobus et Jean Tambourin prend des vacances qui ne peuvent tre vus que lors de cin concerts M G joueur de guitare et de piano r alisateur des Oiseaux brillent le soleil chante 1998 a travaill comme com dien dans le court m trage B b requin de Pascal Alex Vincent 2003 et dans la pi ce musicale Youpla Youpla de Balthazar Chapuis apr s ses tudes de plasticien l cole des Beaux Arts de Lyon En 2000 ils forment eux seuls un groupe de chan son fran aise les Gay pneus aux paroles et musiques originales et r alisent une s rie de courts en vid o Vertiges 2001 L argent de leur CD La Chorale de la femme barbe les aide monter leur premier film Le Principe du canap 2003 FICHE TECHNIQUE Production Sombrero Productions Sc nario voix Mike Guermyet Samuel Hercule Image Tibo Richard Xavier Arpino Son Rapha l Mouterde Nicolas Delatte D cors Luc Vernay Musique Timoth e Jolly Denis Mignard Montage Pierre Gibert Philippe Vincent Interpr tation Samuel Hercule Mike Guermyet Mathieu Perrin Renaud Pierre Fr d ric Mille Bougemah Zoulef Laurent Combe C cile Hercule S bastien Roch France 2003 10 minutes 35 mm 1 1 66 Noir et blanc Visa n 109 620 ANALYSE
62. ce c est qu il vise reconstituer malgr les aberrations d chelle patentes des actions se d tachant d un arri re plan lui m me consti tu de fragments de paysages de film Ce chevauchement constant entre impression d un espace sc nique et collage plat fut d j travaill par un grand animateur tch que dans les ann es 60 lan Svankmajer Dans ses films d inspiration surr aliste des figurines de gui gnol se retrouvent souvent absorb es par des murs faits de morceaux de journaux et d illus trations ou de chronophotographies du pr cin ma r anim es Mais si elles ne cessent de dispara tre et r appara tre la fa on des per sonnages de M li s ces marionnettes demeu rent tri dimensionnelles et c est par le mon tage et la confrontation aux collages que se joue leur rapport confilictuel l image comme simple surface Widrich ne met pas en sc ne des marionnettes mais des citations de films souvent un person nage avec le bout d espace qui originellement l entoure Si cet espace est la base r aliste son remploi en fragment imprim sur une sur face en papier et plac sur une ar te d un objet en origami alors m me que son re filmage est frontal lui te toute illusion de profondeur il devient h t rog ne d contextualis seule ment rattach la composition g n rale de l image par son lien allusif la situation Supports et v hicules de ces fragments ce sont les origamis q
63. ce que l arriv e des autres dans le contrechamp n est pas pr par e par un quelconque effet de mise en sc ne ils semblent surgir brusque ment comme par magie au d triment de la vraisemblance temporelle comment font ils pour arriver si vite Les contrechamps incon ciliables avec les plans sur Stracci sont donc mont s en faux raccord Pourtant on peut remarquer qu un raccord regard du figurant affam introduit toujours les plans en ques tion comme si Pasolini avait voulu jouer la fois de la rupture et de la continuit c est dire briser un certain type de logique narrative pour en introduire un autre Le faux raccord semble en fait produire ici un rapport m ta phorique entre le champ et le contrechamp contre toute attente on pourrait penser que la bonne vitesse est celle des plans montrant Stracci dont le regard susciterait l apparition des autres personnages tablissant de la sorte une relation d quivalence entre la nourriture qu il engloutit voracement et le contrechamp qui se remplit de ceux qui n ont cess de se moquer de lui tout au long du film Ainsi au sadisme des rieurs qui vont bient t le gaver Jusqu l indigestion mortelle r pondrait cet instant le fantasme anthropophagique du mangeur Lorsqu on apporte la table des vic tuailles dans la grotte 6 cette impression se confirme le contrechamp finit de composer ce qui tait d j une v ritable nature morte offerte l app
64. conforme aux sc nes originales et cette substitution ridiculise l image reconstitu e Enfin le pastiche appara t galement dans le montage biographique de la vie de Mitchum propos par le film S ducteur Psycho 1960 Psycho 1998 28 amateur d alcool et de drogues douces cet acteur au visage le plus souvent impassible d o probablement l id e de la marion nette n a jamais remport l ultime cons cration hollywoodienne qu est l Oscar Partant de ces l ments biographiques Calypso passe de la parodie la satire en imaginant un acteur capable de devenir tueur en s rie pour entretenir sa gloire En cela le film s inscrit dans une longue et vive tradition du cin ma d animation qui se pla t rire des travers de Hollywood D j dans Felix in Hollywood un cartoon de 1923 de la c l bre s rie Felix The Cat dessi n e par Otto Messmer le chat malicieux est exploit par un producteur avant d affronter Charles Chaplin pour une sombre affaire de plagiat Tex Avery caricatura souvent le milieu cin matographique notamment dans Hollywood Steps Out 1941 o l on croise dans un night club hollywoodien de nombreuses vedettes en f cheuse posture Cary Grant Edward G Robinson Johnny Weissmuller le Tarzan de l poque Humphrey Bogart James Stewart Boris Karloff Frankenstein ou encore Greta Garbo dans le r le d une vendeuse de ciga rettes Who Framed Roger Rabbit de Robert Zem
65. d images toujours r concili es le d nouement apr s avoir vaincu les forces mal fiques cherchant s parer visuellement l image de l homme et celle de la femme voit le retour d images pleines comme au tout d but non fragment es champ contre champ de com die musicale effectuant une parade d amour puis baiser final Happy End Le Principe du canap ets De AT 0 00 aTe Le x CE z e par Diane Arnaud Deux jeunes hommes l un brun l autre blond se sont enfer m s dans leur appartement pour viter de s exposer aux dis cours convenus et aux rencontres ind sirables Coup s de l ex t rieur ils r glent leur quotidien sur un mode routinier r veil 8 heures entra nement sportif repos repas h tif pr para tion du grand show Le soir venu des spectacles ing nieux sont organis s deux Au bout de 7 jours leur train train y compris la fabuleuse course de Super 8 commence les ennuyer La vie en autarcie ne peut plus durer Ils inventent alors le principe du canap qui leur permet de se sortir d af faire quelle que soit la situation sociale le bon d barras la vengeance l opportunisme Alliant la th orie la pratique ils se baladent sur le chemin du grand ouvert en portant ce mobi lier travers champs 10 Mike Guermyet Samuel Hercule Mike Guermyet n en 1980 et Samuel Hercule n en 1977 sont deux jeunes cin astes li s au th tre aux
66. d une mani re simplement ludique veillant ventuellement la curiosit du spectateur quand il ne conna t pas la source originelle et provoquant le rire ou le sourire quand il reconna t l image matri celle Il s agit d une s rie de clins d il plus 29 Cape Fear 1991 ou moins appuy s officiant diff rents niveaux selon le degr de cin philie du spec tateur Mais contrairement Fast Film par exemple Calypso ne produit pas de nou velles images composites ne joue pas de l interaction des l ments et ne formule pas de nouvelles propositions cin matogra phiques Les images de l histoire du cin ma ne sont pas ici d tourn es mais simplement rejou es sur un mode diff rent atypique et insolite qui est celui de la marionnette avec la force caricaturale dont elle peut se pr va loir Bref le pillage joyeux auquel se livre ici le r alisateur ne proc de jamais d une r flexion sur l tat cin philique actuel que l on sait en crise ou la migration des images et ne provoque jamais la force po tique que peut lib rer l hybridation des images ou la d nonciation des codes cin matographiques comme c est le cas dans Aria par exemple un film d animation en marionnettes r alis par Pjotr Sapegin en 2001 dans lequel une petite poup e cal qu e sur le physique de l actrice et chan teuse Bjork quitte un plateau de cin ma pour aller se suicider dans le hors cadre en se d montant compl tement
67. dans le sens humain psy chologique du terme Dans ce sens nous sommes tous des hommes moyens Les surhommes sont des imb ciles et tout mon combat litt raire s est d velopp pen dant ces dix ans dans cette direction d monter le mythe du Po te avec un P majuscule mystificateur irra tionnel inspir intouchable et redonner au Po te la dignit du citoyen C est pourquoi je me suis toujours oppos la demande de gr ce pour Pound par exemple en tant que po te J ai pour l homme moyen en tant que citoyen moyen en tant que mon contemporain mon coll gue intellectuel ou ouvrier le plus grand respect C est pour cela que je suis par exemple contre la censure pr somptueuse et paterna liste elle pr suppose une inf riorit du public par rap port l artiste ou la classe cultiv e ou dirigeante 10 La rencontre avec les deux agents est un gag pur et simple Un des l ments stylistiques du film sont les cita tions chaplinesques Celle ci en est une J ai t vrai ment navr lorsque dans la salle d audience au moment des questions du minist re public les visages de quelques sympathiques policiers pr sents jeunes du peuple se sont assombris Je n avais vraiment aucune intention d offenser ces deux agents mais simplement de plaisanter avec la gaiet innocente du comique 11 Le rot sur la croix n est pas un rot mais un hoquet Le hoquet de celui qui mort de faim comme le bon Stracci s
68. de rire mais je devrais le dire et le r p ter mille fois c est l humble acteur qui interpr te le Christ qui de plus n est m me pas le Christ mais le Christ repr sent de fa on profane par Pontormo L id e de faire clater de rire cet acteur m a t sugg r e par un fait r el Un jeune de la troupe entendant lire le Lamento della Vergine Lamentation de la Vierge de Jacopone videmment frapp par la langue archa que et pour lui incompr hensible qui devenait une esp ce de j r miade en rimes s est mis rire candidement face mes yeux 3 Le Dies Irae qui retentit sur la petite famille affam e qui mange veut tre simplement comme j ai dit un pressentiment stylistique de mort laquelle mort est po tiquement li e au je ne la faim au repas 4 Qu il soit bien clair que comparsata veut dire tra vailler comme figurant comparsa C est une pure extrapolation du minist re public de penser que cela signifierait en argot quelque chose d autre On peut interroger l dessus mille t moins parlant l argot Et si quelqu un voulait penser une certaine ambigu t des acteurs qui interpr tent les saints il peut le faire c est son plein droit Mais il ne s agit pas seulement je le r p te d acteurs qui interpr tent des saints mais de saints acteurs qui errent durant la pause autour des pla teaux comme Stracci ou comme l angelot qui appara t contre un buisson au yeux bleux fonc
69. e p riode filmographique de Mitchum Le d coupage les chelles de plan l alternance tr s rythmique des plans larges am ricains et gros plans les mouvements d appareils panoramiques descriptifs longs travellings avant ou arri re laissant appara tre des l ments inqui tants les clairages de studios l ch s et artificiels avec de nombreux Jeux d ombres l utilisation d une nuit am ri caine reproduction en studio de conditions nocturnes gr ce des filtres les raccords de regards on passe fr quemment d un plan l autre en suivant le regard d un des person nages la composition des plans les contre plong es mena antes les fondus au noir ellip tiques lorsque la journaliste s vanouit ou meurt tout dans cette criture filmique justi fi e par les citations renvoie au syst me holly woodien Ce classicisme se caract rise par une transparence de son mode de fonctionne ment il faut que le spectateur oublie le dis positif cin matographique pour pouvoir s im merger dans la narration Cette transparence du langage permet de sauvegarder le proces sus d identification aux personnages La cr a tion du suspens tout au long du film ainsi que le recours aux d tails qui expliquent les situa tions le grand tableau sur lequel Mitchum pingle ses faits de gloire reconstitu s cl tu rent le film sur lui m me l tablissent comme un objet homog ne Rarement un film d ani mation de poup es s est
70. e que la r clusion des personnages dans Le Principe du canap sert de pr texte tous les amusements Le ton du film ne se pr te pas au m ta discours sur l enfermement La vie en autarcie r fl chit les conditions du spectacle et les d parts du r el Le court m trage muet de Roman Polanski Deux Hommes et une armoire Dwaj ludzie z szafa 1957 prolonge les vues ext rieures du Principe du canap en jouant la m me musique de l absurde Deux Polonais un petit et un grand sortent de l eau avec une armoire qu ils baladent en ville Mais le transport encombrant d un buffet ne produit pas les m mes effets que dans les situations pratiqu es par les jeunes Fran ais Face la dure r alit impatience f minine attaque de voyous matraquage policier les deux h ros finissent par retourner la mer pour s y jeter Connexion filmique m taphore sociale l envers quelque cinquante ans d intervalle d autant plus trange que M G et S H n avaient pas vu cette uvre de Polanski avant de tourner 1 Voir Raymond Bellour La Chambre pp 281 317 L Entre images 2 Mots Images Paris PO L Trafic 1999 la grande diff rence de Fast film la seule r f rence explicite du Principe du canap une autre uvre est un fragment textuel d une chanson populaire La voix off emprunte la proposition s mantique Caramels bonbons et chocolats un tube des ann es 70 Parole Parole Le clin d il la va
71. eckis 1988 m langeant acteurs r els et personnages anim s est encore un autre exemple d un film s amu sant des coulisses du Hollywood de l ge classique Enfin plus pr s de nous en 1999 dans l pisode Mel Gibson les cloches Beyond Blunderdome en vo de la onzi me saison de la s rie anim e The Simpsons coutumi re de la parodie de films toute la famille embarque pour Hollywood la demande de Mel Gibson pour assister une rocambolesque projec tion test y a donc une r elle tradition parodique du film d animation surtout am ricain il est vrai par rapport Hollywood sans doute expliqu e par sa situation ambivalente il volue dans le giron des grands studios sans tre totalement sou mis aux m mes r gles que les autres pro ductions mais aussi peut tre par un jeu de rivalit qui remonte la nuit des temps cin matographiques entre ces deux branches si proches et pourtant si distinctes du cin ma Il convient d ajouter enfin que Calypso en plus d tre un film d animation est aussi un spectacle de marionnettes et l on sait com bien la tradition de la marionnette depuis l apparition des premiers th tres profanes dans la Gr ce antique exige de faire rire des idoles du monde contemporain C est dans cette histoire l aussi que s inscrit modeste ment Calypso is like so TEXTE TRANSVERSAL Cin quiz Cape Fear 1962 Calypso is like so accumule les citations fil miques
72. ectivement consid r s comme deux chefs d oeuvre anticlassiques on y retrouve le m me refus d un traitement pers pectiviste de l espace accentu par la dispari tion du d cor Pontormo va jusqu liminer la croix de sa D position la m me recherche de couleurs transgressives et stridentes le fameux rouge de Pontormo le jaune scin tillant de Rosso la m me lumi re crue et irr elle qui conf re aux personnages une apparence fantastique et fantoma tique les m mes sch mas sinueux la figure serpentine est un motif mani riste majeur la m me condensation des figures soulign e chez Rosso par le vide au centre du tableau la m me multiplication des l ments avec des effets d accumulation des poses des gestes des directions de regards et de saturation des couleurs et des motifs Tout cela concourt dans les deux uvres produire une impression d exc s d outrance de com plexit d incoh rence m me qui s oppose magjistralement au go t de la Renaissance pour l quilibre et la clart de la repr senta tion Les corps surtout subissent un traite ment inhabituel leurs proportions sont d form es leurs membres trop allong s leurs postures improbables et ils se tien nent sur un point d appui instable person nages maladroitement suspendus aux chelles chez Rosso reposant sur la pointe des pieds chez Pontormo qui menace l qui libre pr caire des tableaux tout entiers La r
73. eim Montage Pascal Auclert Bruitage mixage L on Rousseau France 2003 animation 7 minutes 35 mm 1 1 85 Couleurs Visa n 109 176 Zapping Sur un colosse hollywoodien Entretien avec Bruno Collet l origine Calypso is like so tait un pro jet du producteur Jean Fran ois Le Corre qui semble vouer une passion Robert Mitchum Jean Fran ois est un fan de Mitchum la r dition de l album Calypso is like so en CD il m a demand si cela m int ressait de travailler sur une des chansons I en attendait une sorte de clip chant par un Mitchum en marion nette Le fait de ne pas avoir obtenu les droits de la chanson m a permis de r orienter le pro jet vers le court m trage que vous connaissez Le titre du film ne porte plus le titre de la chan son choisie Coconut water mais celui de l al bum dont il est tir Le cin ma d animation demande t il une red finition du r le de r alisateur Le fait de ne pas tre animateur j ai com menc l animation en tant d corateur puis sc nariste m a plac d s le d but comme un r alisateur plus proche de la fiction que de l animation traditionnelle L animation en volume tait tr s pr sente dans les pro grammes jeunesse de mon enfance Le Man ge enchant Chapi Chapo Kiri le clown mais mes premi res grosses motions sont venues de la fiction Kubrick Coppola Gilliam Le fait de ne pas venir de l animation me donne des intentions de cadre de d
74. emps d une histoire qui m le reconstitutions et vocations de ses sc nes les plus c l bres 50 ans d une carri re de cin ma malax es par l animation Chacun de ces films dans des ambitions et des genres tr s divers permet ainsi d acc der des visions biaises et originales de l histoire du cin ma Leurs mani res d aborder la citation le remake ou la reprise permet aussi d aborder une id e diff rente du discours sur les images en g n ral et de l analyse de film en particulier le travail des comparaisons des collages des d placements est d j en eux celui d une pens e critique qui peut servir de mod le au discours ou l criture sur les films Il suffit de les suivre et nous esp rons offrir ici quelques pistes pour pouvoir le faire Cyril B ghin r dacteur en chef Pour l Atelier de Production Centre Val de Loire Luigi Magri coordinateur Lyc ens au cin ma Lyc ens au cin ma en r gion Centre est initi dans le cadre de la convention de d veloppement cin matographique sign e entre le Minist re de la Culture et de la Communication CNC DRAC Centre et le Conseil r gional du Centre L op ration est coordonn e par l Atelier de Production Centre Val de Loire P le R gional d Education et de Formation au cin ma et l audiovisuel et le Rectorat de l Acad mie d Orl ans Tours DARIC Action Culturelle et repose sur l engagement des enseignants volontaires et des salles de cin ma partenaires Cire
75. en avons l cho qu travers l insertion de pages des catalogues Manufrance imprim s et photographies des ann es 20 et 50 Ce montage audiovisuel peut se comprendre comme l illustration m taphorique du principe de la cr ation la source de l oeuvre il y a autant le r emploi d l ments pr existants le catalogue que la magie bricoleuse des mains invisibles du hors cadre De fait le dispositif des diapositives construit d s le d part une mise en abyme du processus cr atif en se servant avec humour de la toute puissance des voix de l ombre La citation se con oit alors implicitement et non plus explicitement effets de reconnaissance objective ou d clarations de principe des auteurs Elle g n re ainsi plusieurs r flexions possibles sur le mode de la fiction entre esth tique du recyclage et fantasme d auto engendrement 1 Paroles et Musique Michaele M Chiosso G Ferrio 1973 Interpr tation Dalida qui chante et Alain Delon qui se contente d noncer rien que des mots de sa belle voix d homme 2 La voix off caract rise ainsi la situation n 1 Un petit matin pluvieux le genre de temps d primer toute la Compagnie Cr ole groupe des ann es 80 connu pour des hymnes tel que C est bon pour le moral 15 nr eta AE EAN rnb p Fer EUR L s Y amiat fi Se s dal Mis par Francisco Ferreira Dans la banlieue de Rome lors du tournage d un film sur la Passion Stracci un mis r
76. ence d an thologie via le DVD Fast Film en m lant la technologie la plus actuelle l artisanat enfan tin de l animation poursuit la fascination ambivalente des avant gardes pour la culture de masse l uvre dans leurs collages En un sens Fast Film est un exercice l ger mais dans la lign e de la th orie du joujou ch re Baudelaire r ifier les images mais r enchan ter l imaginaire 1 Voir www apcvi com rubrique Lyc ens au cin ma TEXTE TRANSVERSAL Enjouer le cin ma AU cin ma comme en litt rature ou en pein ture la r f rence une autre oeuvre peut adopter deux grandes voies soit l uvre est montr e cit e reproduite ou r employ e dans l int grit de sa forme soit elle est implicitement voqu e refaite ou remise en sc ne Dans les deux cas la r f rence joue de s ries de d placements qui lui donnent sens d placements de contextes narratifs et visuels d placements d poques change ments de mat riaux mutilations augmenta tions Pratiquant outrance le remploi et la citation d extraits Fast Film puise majoritairement dans la m moire g n rique du film de genre hollywoodien du burlesque muet Buster Keaton aux blockbusters des derni res d cennies ndiana Jones en passant par le western le film noir le film suspense hitch cockien James Bond la s rie B fantastique Godzilla Frankenstein etc la science fic tion et quelques pi
77. enter d noncer un abord plus g n ral de ce travail partir de son penseur le plus nergique Pier Paolo Pasolini 1 Pasolini et la survivance des images Lorsque la projection de La ricotta est inter dite pour atteinte la religion d tat quelques jours apr s sa sortie dans les salles italiennes le 1 mars 1963 cf p 17 Pasolini crit un court texte que son avocat pr sente au Tribunal S il est certainement une pi tre d fense du point de vue juridique il consti tue une excellente introduction une cer taine philosophie spontan e de la reprise et de la citation propre au cin aste Rien ne meurt jamais dans une vie Tout survit Nous ensemble vivons et survivons De m me chaque culture est toujours tiss e de survivances Dans le cas que nous sommes en train d examiner La ricotta ce qui survit sont ces fameuses deux mille ann es d imitatio Christi cet irrationalisme religieux Ils n ont plus de sens ils appartien nent un autre monde ni refus d pass et pourtant ils survivent Ce sont des l ments historiquement morts mais humainement vivants qui nous composent Il me semble na f superficiel factieux de nier ou ignorer leur existence Moi pour ma part je suis anticl ricale je n ai pas peur de le dire mais je sais qu en moi il y a deux mille ans de christianisme moi avec mes anc tres j ai b ti les glises romanes puis les gothiques puis les glise
78. eprise de ces D positions dans La ricotta a conduit les critiques deux types dominants d interpr tation Les uns affirment que le court m trage serait lui m me mani riste et que les citations picturales indiqueraient la voie nouvelle que prenait le cin ma de Pasolini l poque un loignement par rap port au n or alisme d Accattone et de Mamma Roma Les autres pr tendent au contraire que les tableaux vivants sont l pour mettre en valeur la recherche n or aliste des images en noir et blanc du reste du film le cin aste d non ant l artifice des s quences en couleur Entre citation hommage et reprise rejet une troisi me lecture est pour tant possible la virtuosit des deux sc nes repose sur leur double ambition analyser les aspects les plus significatifs des tableaux cit s travers les moyens de la mise en sc ne et dans le m me temps d finir la sp cificit du cin ma par rapport la peinture Un jeu sub til de d calages et d oppositions se met ainsi en place entre les tableaux vivants et leurs sources les personnages suppl mentaires sur les bords du cadre filmique trop large format panoramique Italien mettent l accent sur la composition verticale et resserr e des D positions les s ries de gros plans sur les visages des acteurs rendent compte de la vari t des directions de regards dans les tableaux originaux les d placements incon grus l acteur noir qui entre dans le champ et l
79. es gestes involontaires le Christ mort qui bouge l g rement le vieillard qui se gratte le nez mettent en valeur l impression de temps suspendu qui mane des repr sentations pic turales le rire irr pressible des acteurs rend compte par contraste de l exag ration des expressions d effarement ou de douleur des personnages peints la chute enfin dans la seconde s quence souligne la pr carit du point d appui mani riste et superpose aux figures spectrales de la peinture les corps r els du cin ma C est alors en insistant sur l chec de la mise en sc ne du cin aste di g tique interpr t par Welles impossibilit d obtenir l immobi lit totale de reproduire les couleurs des peintres de g rer la lumi re que Pasolini expose sa propre vision de la cr ation cin matographique du mani risme il retient le go t du m lange de la d formation de l ou trance qu on retrouve tout au long du film du n or alisme celui du tournage en ext rieurs de l clairage naturel des visages de la rue Mais ni mani riste ni n or aliste il s est trouv une voie o la citation rudite l exa g ration symbolique la stylisation de la mise en sc ne rejoignent et expriment la nature humaine la r alit la vie m me 1 Rosso Fiorentino Giovanni Batista de Rossi di Le 1495 1540 La Descente de croix 1521 Huile sur bois 375x196 cm Volterra Pinacoteca 2 Pontormo Jacopo Carucci dit
80. es prises de vues entre deux glissements du noir l cran Les plans diapos deviennent une unit de perception pour le spectateur au del du g n rique de la diapositive 1 D1 la dia positive 3 D3 et du prologue D4 D7 c t du d filement filmique de 24 images par secondes le montage de la projection impose une discontinuit alternative que renforcent les pauses du discours dans une version dul cor e de l Ancien Testament 7 jours c est le temps qu il fallut Dieu pour cr er D4 cel et terre D5 faune et flore D6 Homme et Femme D7 Simon and Garfunkel La dur e de la repr sentation d pend ainsi du bon vou loir des dieux aux commandes La mise en spatiales parall le de la Gen se et de la cr ation du monde filmique assimile le plan du lieu int rieur un plateau de th tre film cach der ri re une image dessin e Le d cor minima liste papier peint fleuri cadre accroch tapis pois au sol appara t cr de toutes pi ces telle l abstraction po tique d un appartement Quelles en sont les limites HORS CHAMP DANS LE CHAMP Les plans d int rieur d signent au del du cadrage fixe un espace hors champ par les entr es et sorties incessantes des personnages sur les bords lat raux les regards cam ra les intrusions surprenantes d objets et les bruits d ambiance domestique Plut t que d imagi ner d autres pi ces on prolonge l espace de d ambulation
81. es utilisations mais on peut indiquer quelques tendances L escalier permet de multiplier les espaces de Jeu tout en conservant l apparence d une sc ne classique C est de cette fa on qu il a t utilis profusion dans le cin ma hollywoo dien cf certaines com dies de Ernst Lubitsch notamment Haute p gre 1932 et de fa on privil gi e dans les com dies musicales l esca lier offrant alors un lieu d apparat mettant en valeur la composition du plan et les qualit s des interpr tes Ces aspects se retrouvent dans les grands films spectacles du genre comme ceux chor graphi s par Busby Berkeley Chercheuses d or tout comme dans des films plus tardifs qui utilisent cette figure avec iro nie par exemple Les hommes pr f rent les blondes de Howard Hawks 1953 L escalier est galement utilis pour son pou voir expressif et les plans en perspective plon geante utilis s par Fr d ric Mermoud vo quent imm diatement des compositions simi laires dans d autres films Un des exemples les plus saisissants est celui de la s quence initiale de M le maudit de Fritz Lang 1931 montrant en alternance une m re dans son int rieur et sa fille sortant de l cole Plusieurs plans sur la cage d escalier vide servent dramatiser l at tente angoiss e de la m re Associ s des effets d clairage des jeux de contrastes entre noir et blanc les plans d escaliers ont t Identification d une femme ainsi
82. eur Par la suite avant la sortie finale les l ments visuels du dehors s immiscent au dedans soit par surimpression r miniscences des mauvaises t tes projet es sur le mur der 11 ri re leur visage soit par montage l air libre vision des trois pires rencontres pos sibles en ville Utilisant un principe de r p ti tion ternaire carton sur fond fleuri cadrage fixe bruitage continu de la circulation com mentaire primesautier de la situation les sc nes de rue ont un statut quivoque entre la vue de l esprit et le principe de r alit Mais alors par quelle intervention du Saint Esprit tout ce beau monde se retrouve t il dans l ap partement EFFET LIMITE Le Principe du canap construit un non sens spatial si on s en tient aux rep res cart siens Le montage altern de la course de super 8 exprime justement le pouvoir magique du lieu filmique tant donn l emplacement de face des hommes la cam ra la projection a lieu sur la paroi oppos e au mur du fond Et pour tant inutile de nier qu on voit le spectacle se d rouler l arri re plan comme si cet unique pan du visible tait le seul cran de projection imaginable travers les fleurs g antes du fond les figurines courent avant de s essouf fler car il n y a pas assez d air libre L effet taille de la miniaturisation sportive et l effet miroir des personnages qui projettent l int rieur leur image film e l ext rieur
83. eux interpr tant le bon larron dans la sc ne du Golgotha cherche d sesp r ment assouvir sa faim Il finit par vendre le chien de la star du film un journaliste venu interroger le r alisateur sur le plateau ce qui lui permet de s acheter une part colossale de ricotta Surpris par les autres acteurs et les techniciens alors qu il mange goul ment son fro mage le sous prol taire suscite les rires et les quolibets Indiff rent ces moqueries il avale avec fr n sie les victuailles qu on se met lui lancer comme un animal pour se divertir Mais le festin tourne bient t au martyre crucifi Stracci meurt d indigestion avant d avoir pu prononcer la c l bre r plique que le cin aste attend de lui Quand tu seras au Royaume des cieux rappelle mon nom ton P re 16 La ricotta Pier Paolo Pasolini Romancier nouvelliste dramaturge essayiste sc nariste notamment pour Fellini mais avant tout po te Pasolini a d j r alis deux longs m trages lorsqu il tourne La ricotta en octobre et novembre 1962 Accattone 1961 d crit les m saventures d un petit prox n te Mamma Roma 1962 s at tache au parcours d une prostitu e qui cherche changer de vie Le court m trage est en fait le troi si me pisode d un film sketches intitul Lavons nous le cerveau dont le sous titre en acrostiche aujourd hui souvent retenu comme titre de l oeuvre d signe les r alisateurs Rogopag un f
84. evait r pondre aussi certains crit res J ai donc utilis des musiques d poque enregjis tr es par la RKO Les grands studios deman daient aux musiciens leur service de d cliner les th mes connus en vue d une ventuelle r utilisation s rie B ou Z C est dans ce stock riche en musiques de genre que j ai trouv les diff rents th mes Comment s est d roul le choix crucial des citations Ma volont tait de donner envie quelqu un qui ne conna t pas cet acteur de d couvrir ses films Il fallait pour cela que Calypso ne soit pas herm tique L histoire devait tre simple tout en pouvant tre d crypt e diff rents degr s Le choix des sc nes devait regrouper les diff rents genres jou s par Mitchum films de guerre westerns films d angoisse Avec une priorit pour La Nuit du chasseur et Les Nerfs vif qui sont mon avis ses meilleurs films Pendant une semaine j ai travaill avec des s quences de vrais films avec lesquels je m amusais faire un patchwork une sorte de zapping entre une vingtaine de films de l ac teur ce qui m a permis tout en cherchant des id es de conna tre et de d complexer face ce colosse hollywoodien aux 130 films Calypso devait tre pour moi son 131 film ANALYSE La griffe du pass Pr sent comme un hommage irr v rencieux Robert Mitchum Calypso is like so n a en effet rien du laborieux exercice n crologique t l visuel r serv
85. ges d origine mon tage ou par une remise en sc ne de leurs contenus remake 2 Quelle est l unit fondamentale de la cita tion ou de la reprise est elle d abord narra tive auquel cas le film second reprend essen tiellement la structure d une sc ne la psy chologie d un personnage ou visuelle le film second reprend alors un plan un d tail d image On ne peut bien entendu pas radicalement s parer les deux niveaux il convient simplement d observer le type de mat riau privil gi 3 Quelle est la dispersion ou au contraire la concentration de la citation A t elle une seule occurrence se fragmente t elle en plu sieurs moments se r p te t elle La ricotta l encore est exemplaire pour les ph no m nes de r p titions d tourn es l air de La Traviata selon qu il est pass sa cadence normale ou en acc l r devient un objet aux significations diff rentes La D position de Croix de Pontormo a le m me sujet que La Descente de Croix de Fiorentino mais avec des traitements diff rents encore vari s par leurs remises en sc ne 4 Quelles sont les d formations d place ments mutilations que subissent les l ments cit s Quel est le sens de ces op ra tions par rapport au contenu de l objet qu ils alt rent Quel est le rapport entre la tech nique de reprise et le mat riau repris imagi ner par exemple le Christ de La Ricotta en papiers d chir s comme les
86. ges ou ces figures l int rieur du film par la citation la reprise Fast Film de Virgil Widrich revisite les grandes structures du film d action travers une technique virtuose de papiers pli s d chir s et anim s sur lesquels se d veloppent des images famili res du cin ma hollywoodien des ann es 30 jusqu nos jours plus de 300 films sont ainsi convoqu s en moins de 14 minutes cette compression temporelle sid rante s oppose directement celle qu invente Pier Paolo Pasolini dans La ricotta o deux toiles mani ristes du 16 si cle reprenant elles m mes des th mes vieux de plusieurs si cles sont dou blement rejou es par le cin ma dans une filiation infinie et toujours vive des images Contraste dans Le Principe du canap de Mike Guermyet et Samuel Hercule l histoire est petite et imm diate et les images se trouvent port e de main s deux amis enferm s dans le huis clos de leur appartement vivent dans la han tise des clich s d une sorte de catalogue social qu ils vont bient t d jouer de mani re comique Dans L Escalier de Fr d ric Mermoud un amour adolescent banal est doucement sublim par la pr sence constante d un immense escalier d immeuble convoaquant lui seul des s ries de r miniscences d architecture de peinture et de cin ma Autre monument mais all grement parodique Calypso is like so de Bruno Collet dresse un tombeau en plastique l acteur Robert Mitchum le r animant le t
87. i comme une sorte de matrice citationnelle le film n voque pour le spectateur cin phile aucune autre uvre en particulier mais une pluralit h t roclite de r f rences par rapport auxquelles se construit aussi notre compr hension Dans le court m trage l escalier sert de m taphore commode la p riode de transition v cue par Rachel Il peut alors faire penser un autre film diff rent dans sa ligne g n rale mais dans lequel la figure de l escalier est utilis e pour d finir un personnage Il s agit de dentification d une femme de Michelangelo Antonioni 1982 o l escalier est associ Mavi jeune femme riche qui attire Niccolo un cin aste en crise la recherche d une inspiratrice Deux s quences permettent d indiquer le lien pos entre Mavi et cet l ment de sc nographie Alors qu elle se rend une soir e avec Niccolo on la voit dans un escalier en colima on o elle se trouve retenue par l amant de sa m re qui pr tend alors tre son p re la sc ne se d ploie en deux temps et c est gr ce un flash back que l on peut voir l change entre Mavi et celui qui dit tre son p re L escalier se trouve donc rattach au myst re entourant la naissance du personnage Ce th me est utilis dans le court m trage de mani re invers e c est Rachel qui en pla ant un ballon sous son tee shirt mime de mani re inattendue une grossesse jusqu ce que l arriv e de la professeur d anglais mette fin ce jeu
88. ies et lieux sans transition ni temps mort par transformations imm diates et concentre ainsi le canevas d un film d action en peine un quart d heure En allemand fast signifie presque presque un film d action mais o est substitu d une part aux corps stables des protagonistes des ic nes cin matographiques interchangeables d coup es et accol es comme des bouts de papier et d autre part l espace filmique r a liste des fonds composites eux aussi extraits de l histoire du cin ma En somme presque un film un vaste collage anim de fragments pars provenant d environ 300 films qui recompose espaces factices pseudo situations et personnages hybrides au moyen d objets et de v hicules de papier sur lesquels ils s impri ment et s animent Fast Film c est sa particularit fonctionne la fois comme un r cit d action m me pur et d barrass de toute psychologie il est impos sible de s identifier ces corps transformistes seulement unis par la logique du st r otype sc naristique et comme un exercice plastique autant jubilatoire que r flexif sur la nature r anim e et bi dimensionnelle de l ima ge cin matographique Fast Film pr sente un canevas tr s convenu le sch ma narratif par excellence du r cit cathar tique et grand public Le cin aste a visiblement recherch ne pas distraire de ce sch ma en l incarnant presque exclusivement par ses figures et ses
89. ilm de ROssellini qui r alise libatezza Puret GOdard II Nuovo Mondo Le Nouveau Monde PAsolini et Gregoretti Pollo ruspante Le Poulet fermier Un carton d ouverture indique que les joyeux principes de la fin du monde sont le sujet des quatre sketches mais Pasolini ne s en est gu re souci La ricotta provient d un projet ant rieur qui devait tre produit par Amoroso et Amato et surtout le cin aste y m ne une exp rience d cisive sur le plan th matique et formel qui aboutira au changement radical d approche et de style de son long m trage suivant L vangile selon Saint Matthieu 1964 FICHE TECHNIQUE Production Arco Film cineriz Lyre Film Producteur Alfredo Bini Sc nario Pier Palo Pasolini Assistants r alisateur Sergio Citti Carlo di Carlo Image Tonino Delli Colli D cors Flavio Magherini Architecte Flavio Mogherini Costume Danilo Donati Commentaire Carlo Rustichelli Musique Alessandro Scarlatti Sinfonia dalla Cantata profana Su le sponde del Tebro Giuseppe Verdi Sempre libera degg io dalla Traviata Francesco Biscogli Largo dal Concerto in re maggiore per oboe tromba e fagotto archi e bassi continuo Tommaso da Celano Sequenza per la messa dei defunti Dies irae Dies illa Antonioni Fusco Eclisse Twist Montage Nino Baragli Interpr tation Orson Welles le r alisateur doubl par Giorgio Bassani Mario Cipriani Stracci Laura Betti la
90. int fleurs moquette pois appareils m nagers r tro Les r f rences musicales dat es valorisent une subculture v hicul e par la radio Simon and Garfunkel Compagnie Cr ole reprise par Dalida et Delon d un succ s italien Plus subtilement le catalogue de vente par correspondance et le principe de la soir e diapos d crivent l laboration et la structure du film en renvoyant un art de vivre historiquement dat On pourra enfin mettre le ton d cal des r alisateurs en rapport avec la vogue actuelle n cessairement ambigu des humoristes kitsch des Vamps aux Deschiens en passant par Shirley et Dino Regards crois s sur la cr ation Propos de Mike Guermyet et Samuel Hercule Lyon un jour de 2002 les artistes ont d transporter le canap de Mike entrepos chez Samuel Gr ce leur encombrement visible ils ont vit une conversation embarrassante avec une vague connaissance crois e dans la rue L anecdote a fait son chemin pour devenir le principe du canap un stratag me absurde qui permet d luder les ennuis sans se r fugier dans l ennui autarcique QUESTIONS DE TONS Les auteurs r alisateurs d corateurs narra teurs acteurs ont voulu donner leur film la forme initiale d un expos en instituant une double pr sence l image et derri re l cran L int gration d une voix off atone nonc e chacun leur tour s est impos e tr s t t comme une vidence pour
91. it exemple le plus simple Boris Karloff en monstre de Frankenstein se levant sous la forme en objet pli d un cer cueil l o l on aurait attendu naturellement Dracula La substitution de deux ic nes si identifiables aux attributs et caract ristiques si dissemblables est certes justifi e en ce qu ils Fast Film participent d une m me histoire du film d horreur gothique Mais elle ne les identifie pas pour autant Elle forme plut t une image aux r f rents mixtes un compos ou un remontage qui est une fa on de parcourir l histoire non comme un monument fig mais une m moire mall able subjective et ana chronique le m lange des poques tant ici la r gle R animer les formes du pass c est les confondre en une m me puissance de r invention et de d tournement c est dire les d placer m me l g rement les reconfigu rer au gr d une certaine fantaisie de cin phile Ainsi Godzilla en m cano fait la course en train avec Buster Keaton la machine remonter le temps du film ponyme sert chapper aux oiseaux d Hitchcock la salle de commandement militaire de Docteur Folamour devient le c ur d un repaire mal fique le gentil robot de Plan te interdite se m t en tortionnaire d Ava Gardner le corps de James Woods subit ce qui n tait que m taphore dans Vid odrome un d mem brement total une perte d identit et un changement de visage Par ailleurs Widrich par des montages d
92. l escalier en tant qu l ment de sc nographie auto nome On note que l axe de prise de vue permet d insister sur la taille de l difice et de valoriser l importance de l escalier dont on ne voit que des fragments sans aper u sur Sa taille r elle Le plan 2 est un gros plan sur les mains de Rachel qui essore avec des gestes ner giques une serpilli re dans un seau rouge Avec une l g re ellipse qui permet de dyna miser ce d but de s quence le plan 3 tr s bref lui aussi montre le balai et la serpilli re nettoyant une marche Le plan 4 abandonne les d tails au profit de l activit de la jeune fille dans le cadre ample de l escalier Les sons sont moins agressifs que dans les deux plans pr c dents L avanc e de la cam ra en travelling souligne l aspect majestueux du d cor et par un mouvement demi circulaire au niveau de la rampe inscrit parfaitement le personnage dans le d cor Rachel re oit un appel sur son t l phone portable Cela lui fait arr ter sur le champ ses activit s m nag res avec une grande vivacit comme si elle cherchait s en d barrasser au plus vite On comprend au ton de sa voix la fois tendre et attentif que sans aucun doute Herv se trouve au bout du fil Rachel r p te sa question O j suis l en levant la t te ce qui entra ne le passage au plan 5 Il s agit d un plan rapproch sur Rachel expliquant qu elle se trouve dans sa chambre Le rapport cont
93. la musique s interrompt brus quement lorsque le coureur s arr te sur la route pour faire le signe de croix devant une Vierge qui renvoient d une mani re plus g n rale au cin ma muet Le choix de cette musique n est d ailleurs pas anecdotique il s agit d une cabaletta c l bre de La Traviata de Verdi Sempre libera degg io On devine ais ment ce qui a pu s duire Pasolini dans cet op ra d non ant l hypocrisie de la haute soci t du XIX si cle qui oppose une femme de mauvaise r puta tion Violetta la d voy e du titre la bour geoisie bien pensante Mais c est le sujet de la cabaletta elle m me ici parodiquement r duite une orchestration de fanfare popu laire qui s av re signifiant dans l op ra de Verdi elle intervient la fin de l acte I lorsque Violetta rest e seule apr s le d part d Alfred qui vient de lui avouer son amour imagine un instant s abandonner cette passion en renon ant la vie de f tes et d garements qui est la sienne mais tr s vite elle juge cette id e insens e Sempre libera degg io Folleggiar di gioia in gioia Vo che scorra il viver mio Pei sentieri del piacer Libre toujours je veux pouvoir Voltiger de joie en joie Je veux que ma vie s coule Par les sentiers du plaisir Si la reprise de cet air dans la sc ne de la via Tiburtina fonctionne comme un commentaire sarcastique de la course de Stracci le sentier du
94. lan 8 montre rapidement la disparition de la petite fille appel e par sa m re Dans le plan suivant plan 11 Rachel nouveau tranquille pour un temps du moins peut reprendre sa conversation avec Herv Elle dit d ailleurs de fa on sympto matique T es l comme pour insister sur la distance physique qui existe entre eux ce moment Le douzi me plan qui ter mine la s quence pr sente un cadrage tr s serr sur le visage de la jeune fille lui accor dant un peu plus de solitude dans ce lieu ouvert o peuvent surgir tout moment voi sins et visiteurs importuns Elle r pond la question pos e par Herv concernant son habillement et pr tend porter un jean alors que dans les plans pr c dents on l a vue dans une autre tenue plus sportive adapt e au nettoyage de la cage d escalier Avant le r cit final la dissimulation est d j pour la jeune fille le meilleur moyen de pr server une image id alis e de la relation amoureuse Comment commencer Le film de Fr d ric Mermoud questionne avec une remarquable coh rence la notion de d but qui devient peu peu un l ment structurant du r cit Les recherches peuvent tre men es dans plusieurs directions L intrigue amoureuse d abord repose essentiellement sur les premi res relations sexuelles On notera ainsi les nombreuses occurrences de ce motif dans le discours des adolescentes ainsi que la vari t des tons utilis s pour s
95. laste de figurer son pouvoir t ratologue et un brin sadique sur ses cr atures hybrides de papier anim De l exposition un peu convenue des topos du film d action course poursuite combats final apais le cin aste plonge alors dans ce qui en fait l attrait figura tif le devenir transformiste inqui tant des corps Mener une analyse de s quence partir de Fast Film rel ve de la gageure Mises en abyme caract re composite de chaque plan et personnages prot iformes fournissent une masse d informations d autant plus difficiles organiser qu elles ne peuvent tre exhaustives Les m thodes d analyse traditionnelles demeurent pourtant pertinentes Objet d tude possible la 1 re minute de la s quence de l antre du mal On insistera d abord sur sa place centrale dans l conomie d ensemble Situ e entre deux moments de poursuite elle repr sente une pause qui signifie la travers e du miroir ou plus exactement du papier l tude des raccords sera aussi d terminante Exemplaire l cran noir initial 7 36 d bouche sur trois plans d atterrissage qui brisent la lin arit de la narration Le troisi me 7 43 permet un raccord de mouvement parfait puisque le h ros sort par la droite et rentrera dans le champ par la gauche au plan suivant 7 50 L analyse de ce dernier peut r v ler l importance de la dialectique de l un et du multiple enjeu essentiel du film D un c t le principe unificateur du travelling lat
96. le de ceux qui contribuent la r ussite de Lyc ens au cin ma en r gion Centre tout particuli rement l Atelier de Production Centre Val de Loire APCVL pour son travail de conception et de coordination de l op ration les lyc ens les chefs d tablissements et les ensei gnants les professionnels du cin ma et notam ment les exploitants qui accueillent l op ration dans leurs salles nos partenaires de l Acad mie Orl ans Tours et de la R gion Centre Michel CHALAUX Directeur r gional des affaires culturelles Ce livret est d coup en deux grands niveaux Le premier correspond au texte principal consacr chacun des films et r dig par un critique de cin ma ou un universitaire Il se partage entre des parties informatives le synopsis du film la pr sentation du r alisateur un entretien et d autres plus strictement analytiques l analyse du film l analyse de s quence une tude abordant d autres uvres Autour du film Le second niveau signal par les zones gris es et r dig par un enseignant propose des ateliers p dagogiques le plus souvent d duits du texte principal Par ailleurs trois courts m trages Fast Film La ricotta Calypso is like so font l objet d une lecture transversale le film de citation Situ e la fin de l tude de chacun des films cette lecture est prolong e par une analyse Reprise et communaut des images Enfin D fense de Pasolini pr sente une traductio
97. lui a coll dans la main un petit drapeau qu elle agite fr n tiquement comme une poup e que l on ani merait brusquement 7 Pr cis ment ces deux sc nes cruciales se d marquent du reste du film par l utilisation ou plut t la n gation de la profondeur de champ Alors que le traitement stylistique du film se borne recourir la stratification en profondeur pour cr er un effet de suspens et utilise peu les effets de flou ou les possibilit s d interaction entre les diff rents niveaux ces deux moments s av rent plus inventifs Ils ren dent compte non plus d un rapport entre les deux personnages mais d une vision subjective et fantasmatique Dans la sc ne du chariot transform en radeau le d cor se met d fi ler rappelant la technique tr s utilis e Hollywood et particuli rement dans le wes tern d Otto Preminger de la r tro projection les acteurs sont film s devant un cran sur lequel est projet un d cor en mouvement c tait tr s fr quemment le cas pour les sc nes de voiture La sc ne du D barquement reconstitu e peu apr s lorsque Mitchum habill en militaire comme dans Le Jour le plus long atterrit avec son parachute dans la jeep 9 exhibe carr ment une r tro projection Apr s un effet de lumi re stroboscopique 8 9 l arri re plan s anime et l on voit une sc ne de cin ma en prise de vues r elles au milieu des explosions des parachutistes sont largu s partir d avio
98. m diens pour plonger leurs visages dans le flou du sou venir en vitant l inconv nient du zoom avec une bascule de point optique Cette cr ation en tandem devant et derri re la cam ra a march sans cesse sur le d calage entre l action et la r action orchestrant un effet Koulechov deux t tes N B Les propos des deux r alisateurs confront s dans ce texte ont t recueillis s par ment AUTOUR DU FILM Sorties de l enfermement au cin ma JEUX DE CADRE Un des plus beaux films jamais r alis s sur l enfermement dans un appartement est le moyen m trage exp rimental de Michael Snow Wavelength 1967 Pendant plus de quarante minutes un zoom avant parcourt l espace d un atelier new yorkais Le voyage spatial qui com prend des micro v nements narratifs et des modifications plastiques met l preuve l attention audiovisuelle du spectateur travelling optique crescendo du son sinuso dal Le mouvement d approche s ar r te sur la photographie d un oc an accroch e au mur au fond de la perspective l immensit des vagues waves fait cho la longueur d ondes wavelength L image fixe trait e en surimpression plein cadre Le film c l bre la frontalit et la fascination du visible en s emparant des illusions spatiales Le grand show dont le cadrage n est pas sans rap peler le tableau du cin ma primitif invente un petit th tre priv de foire domestique Le plan des ombres qua
99. me des cinq courts m trages disponible en VHS et DVD dition non commerciale APCVL Fast Film Food et The World of Jan Svankmajer VHS K films Frankenstein DVD Universal Picture Vid o Orange m canique DVD Warner Home Vid o Outer Space DVD Sixpackfilms Vid odrome DVD Universal Picture Vid o Le Principe du canap Deux Hommes et une armoire DVD Wilde Side Vid o Elephant Man DVD Studio Canal Steamboat Bill Junior DVD Alcom Distrib VHS ADAV r f 54897 La ricotta Accatone DVD Studio Canal Carlotta Films Le Cirque DVD MK2 Music ADAV r f 49919 L vangile selon Saint Matthieu DVD coll L Eden cin ma CNDP l vangile selon Saint Matthieu DVD Studio Canal Carlotta Films ADAV r f 49630 Pier Paolo Pasolini Les ann es 60 DVD Carlotta Films Rogopag VHS import zone attention format NTSC Calypso is like so Les Nerfs vif J Lee Thomson 1962 DVD Universal Les Nerfs vif Martin Scorsese 1991 DVD Universal La Nuit du chasseur DVD MGM Qui veut la peau de Roger Rabbit DVD Touchstone Home Vid o La Rivi re sans retour DVD Fox Vid o L Escalier Le Cuirass Potemkine DVD Ruscico ADAV r f 41376 Les Hommes pr f rent les blondes DVD Fox Vid o Identification d une femme DVD DNC import Italie Les Incorruptibles DVD Paramount M le maudit DVD Opening dition Co
100. n in dite des 21 points r dig s par le r alisateur de La ricotta pour r pondre l accusation d outrage la religion d tat retenue contre son film Les r f rences donn es en derni re page du livret reprennent certains ouvrages cit s dans le dos sier mais sugg rent galement d autres lectures et indiquent d ventuels outils p dagogiques disponibles Elle pr cisent galement la disponibilit vid o des principaux films indiqu s dans le dossier Les sites internet sont mentionn s directement sur le site de l APCVL www apcvi com la rubrique Lyc ens au cin ma On pourra y d couvrir le site de Virgil Widrich comportant notam ment le makinf of sur Fast Film www widrichfilm com fastfilm Vous trouverez galement au format pdf diff rents compl ments notamment le sc nario et le d coupage de L Escalier le story board de Calypso is like so la filmographie compl te de Robert Mitchum les Po sies mondaines de Pasolini une critique de Fast Film par Dick Tomasovic et un entretien avec Virgil Widrich ainsi qu une version en ligne du livret p dagogique Ce pictogramme indique un lien direct avec la fiche l ve Ce pictogramme indique la pr sence de compl ments sur le site www apcvl com par Emeric de Lastens Comme dans de nombreux r cits d action une femme est enlev e et un homme part la sauver S ensuit une fuite hale tante du couple qui emprunte tous les moyens de transport possibles voit
101. n pr textant qu elle doit aider sa m re en fait elle re oit son copain Rachel est toujours ren voy e dans l escalier qu elle ne peut vraiment habiter que par d faut et souligne l absence d un lieu qui rendrait possible l accomplisse ment d une premi re relation sexuelle autant redout e que d sir e Ni dedans ni dehors Rachel reste donc sur le seuil entre ge adulte et enfance celle ci repr sent e par quelques enfants crois s au cours du film les deux jumeaux o la petite fille qui cherche son cochon d inde dont la pr sence tait d ailleurs beaucoup plus d velopp e dans les premi res versions du sc nario L escalier ne constitue donc pas un simple d cor mais rev t une dimension symbolique forte Pour resserrer l attention sur l escalier tous les espaces de la sociabilit adolescente sont aussi vacu s D abord celui du lyc e et ses abords imm diats caf parc comme ses d riv s fes tifs on voit juste Rachel et son amie discuter de leur maquillage et quitter l immeuble pour se rendre une f te Tous ces espaces g n ralement utilis s avec pr dilection dans les films traitant de cet ge des possibles sont ici maintenus hors champ De mani re ana logue les dialogues ne fournissent aucune indication sur la rencontre initiale des jeunes gens De la part du cin aste on constate donc un travail de concentration du film dans un lieu unique et une volont d abstraction tr s vi
102. nc es d un cin ma d au teur r investissant les figures du film de genre Cronenberg Kubrick D mont s ou d cou p s r agenc s afin de reconstruire un r cit d action type ces fragments se mettent c xister comme l ments narratifs en rap port les uns avec les autres Aussi Fast Film r affirme leur appartenance un m me r gime d image celle du film d ac tion D o l impression d une uniformit rela tive sous l h t rog n it et l aspect compo site de l image La technique de superposition de couches d images et de collage pliage des fragments imprim s sur papier cr e de violentes juxtapositions visuelles pr serve l autonomie plastique de chaque mais ne supplante pas cette homog n it des sources elle m me renforc e par une dyna mique narrative provenant du m me type de films Si cette mani re de revisiter l histoire d un certain cin ma est de fait plus admiratrice que v ritablement critique faute d en prendre le contre pied c est dans l cart entre l image originale et sa reprise que la r flexivit de Fast Film se r v le la plus inventive non dans l ensemble mais dans le d tail sorti de son contexte perturb par tous les effets de d chirures pliures et recompositions La reconstruction des figures cit es dans Fast Film op re en effet certains d placements et amalgames qui permettent de frayer des g n alogies plus originales que pr vues dans le film de genre So
103. nd les mains ont la parole peut faire penser l expos spectaculaire du Docteur Treves dans Elephant Man 1980 de David Lynch La s quence se d roule dans un amphi th tre Le bon docteur pointe les difformit s du monstre clair es par un projecteur Le spectateur de cin ma ne devine le corps qu travers le tissu blanc fronc de la cage mobile d exhibition Dans un genre moins monstrueux on peut croire que les exposants omniscients se sont d doubl s et d plac s pour mimer le principe du canap derri re le mur rideau d un th tre d ombres chinoises Ce sont en fait des ombres port es sur le mur mur d images qui finira bien par tomber MOBILE HOME L habillage plastique d ombres et de lumi res red finit l espace architec tural int rieur La chute du film la r v lation du d cor d montable voque les d convenues burlesques du h ros avec l espace dans Cadet d eau douce Steamboat Bill Junior 1928 lors de la s quence de la tem p te de l envol des murs de l h pital jusqu la retomb e dans le champ le corps du jeune Keaton conna t des trajets insens s en traver sant le cadre sur un lit roulettes Dehors les fa ades des maisons lui tombent dessus sans lui fracasser la t te puisqu il passe travers la porte d entr e en restant sur pied l air libre finit par abstraire les limites du lieu repr sent Ces effets agrandissement photographique et centrement du surca drage peuvent ren
104. nditions ADAV voir le catalogue 2003 2004 t l 01 43 49 10 O2 www apcvl com acc s aux documents p dagogiques enrichis de sites ressources Sources iconographiques tous droits r serv s PP 3 5 7 Autour de Minuit Productions p 4 Virgil Wildrich Film und Multimediaproductions G m b H pp 10 14 Sombrero Productions pp 16 22 Carlotta Films pp 23 27 Vivement Lundi pp 30 34 Tabo Tabo Films p 8 ADAGP Sixpackfilm p 9 Path Distribution Les Grands Films Classiques Warner Bros p 19 DR p 24 DR p 28 Warner UIP Action Th tre du temple p 29 Columbia Cin Classic p 35 Warner Bros Connaissance du cin ma Les droits de reproduction des illustrations sont r ser v s pour les auteurs ou ayants droit dont nous n avons pas trouv les coordonn es malgr nos recherches et dans les cas ventuels o des mentions n auraient pas t sp cifi es Le court m trage n est ni l art de faire vite ni celui d tre court dans les formes les plus br ves des abymes de temps peuvent se glisser et ouvrir sur des histoires plus longues et lointaines que tout ce que pourront jamais contenir des kilom tres de pellicule Les cinq films pr sent s et analys s dans ces pages affrontent cha cun l empire d un personnage d une figure ou d un genre ancr s dans l histoire du cin ma et parfois plus lar gement dans celle des images Non pas d abord par l invention d un r cit mais en convoquant directement ces personna
105. ne l acteur reconnu de tous Or pour que cette histoire rocambolesque de com dien recon verti en tueur en s rie tienne sur sa longueur et trouve une coh rente vraisemblance il est absolument n cessaire que le rapprochement entre Mitchum et la poup e soit effectif C est ici que commence r ellement le travail de mise en sc ne compl tement asservi la gestion de la narration On l aura compris Calypso is like so est avant tout un film de pur divertissement et son mode de fonctionnement n est en aucun cas son sujet mais bien son outil Pour r ussir son entreprise Bruno Collet va jouer sur deux tableaux d une part le langage du cin ma ultra classique et d autre part un jeu de complicit mystifiant le spectateur La premi re tactique du r alisateur consiste proposer un univers filmique qui rappelle au point de s y fondre le syst me classique holly woodien C est bien entendu un moyen de rapprocher le spectateur des films de Mitchum et de l loigner par la m me occasion de l es th tique troublante du cin ma d animation de faire se conjoindre un peu plus l effigie arti cul e de Calypso l acteur Mitchum Non seu lement le pr texte de l intrigue les dangers du star system et les d cors convoquent l ge d or d Hollywood la caravane rutilante et bomb e les grandes lettres du titre les allures de pin up r tro de la journaliste mais le lan gage m me du film est dat et correspond la principal
106. nent d ailleurs toute la place le bruitage tant peu utilis et les dialogues totalement absents leur fonction incroyablement st r otyp e la musique est associ e des clich s entra ne toute la bande son vers la parodie Le th me principal renvoyant au type de chansons enregistr es par Mitchum lui m me fonc tionne galement par son extr me simplifi cation comme un leitmotiv parodiant les sonorit s de la musique des les Le pastiche est aussi l l ment structurant du sc nario de Calypso Bruno Collet est parti d une s rie de films dans lesquels Mitchum avait un r le m morable et les a reconstitu s le plus fid lement possible Respectant les costumes les clairages et les cadrages il remet en sc ne ces images fortes comme pour un remake absolu voir la citation de La Nuit du Chasseur On se souvient que Gus Van Sant dans un geste provocateur conceptuel et n anmoins com mercial a r cemment retourn plan par plan le film Psycho d Alfred Hitchcock en suivant tr s minutieusement la mise en sc ne originale Les diff rences sont ici notables d une part Calypso encha ne les citations de films diff rents offrant un vrai pot pourri des meilleures apparitions de Mitchum d autre part une dimension humoristique se d gage de ces pastiches par le remplacement de l acteur par une marionnette caricaturale La parodie fonc tionne parce que l l ment central de toutes ces sc nes n est pas
107. ner j aurais certainement remplac la r plique Une interpr tation de ce genre aussi diabolique ne m tait m me lointainement pas venu l esprit Ce motif Enlevez les crucifix avec les autres du m me genre La couronne Dressez les croix Laissez les clou s Silence etc est une esp ce de gag ritournelle qui souligne quasi musicalement les passages ou tournants de l action L effet voulait tre simplement et innocem ment comique L introduction de visages toujours nou veaux dr les inattendus jusqu au cas limite du chien ob issait une m me n cessit stylistique de type cha plinesque 16 Je ne vois pas ce qu il y a de mal dans le fait que Stracci tendu sur la croix dise qu il a faim Non vrai ment je ne vois pas 17 Quant la barbe du Christ qui certains moments est l et d autres non il s agit d une licence po tique Je ne comprends pas ce que l on peut trouver redire l dessus Il y a galement une explication logique quand les prises ont vraiment lieu c est dire dans les sc nes en couleurs le Christ a la barbe durant la pr paration des sc nes ou pendant les pauses ou lors des prises purement fictives sc nographiques comme la derni re pendant l arriv e du producteur il ne l a pas On pourrait galement l expliquer par le fait que dans le film le Christ est interpr t par un v ritable acteur avec barbe et en m
108. ngile selon Saint Matthieu 1964 approfondira bient t cette r flexion en rendant aux paroles de J sus leur force provocatrice Par ailleurs cette s quence explicite mieux que toute autre l enjeu la fois th matique et formel de La ricotta savoir la confrontation du trivial la terre la nourriture le corps et du sublime le paradis l art le sacrifice DU SUBLIME AU GROTESQUE En effet l instar de Stracci qui oppose la lutte contre la faim la pro messe du paradis Pasolini d fend tout au long du film un art confron tant la musique populaire et la musique sacr e stup fiants jeux de contrepoint qui superposent le twist la nature morte des plans d ou verture et de cl ture ou aux reprises des tableaux mani ristes mais aussi le Dies Irae de Tommaso da Celano aux plans cens ment comiques de Stracci d couvrant dans la grotte que le chien a mang son repas la danse le strip tease et la peinture religieuse le gag et la po sie Stracci d guis en femme la s quence en acc l r o il ach te le fromage Cette esth tique engag e choisissant le grotesque contre le sublime hypocrite de la Passion que le cin aste di g tique est cens r aliser trouve son paroxysme dans la sc ne o l on jette de la nourriture au figurant affam qui la mange avec une d rangeante bestialit l incon fort et le malaise qu elle suscite annoncent d j d une certaine mani re les sc nes videmment plus extr
109. ns am ricains Dans ces deux sc nes qui remplacent la pro fondeur de champ du plateau par des effets d images projet es le jeu de citation filmique diff re ce n est plus la poup e de Mitchum que l on d guise pour provoquer un clin d il cin matographique c est une image de cin ma fantasmatique qui est reconstitu e complexe h t rog ne paisse et troublante la texture m me de l image donne l impres sion de changer dans ces deux moments On quitte alors la ligne claire des poup es de stu dio pour rappeler que le cin ma est avant tout affaire de projections r gt L exploitation en classe de Calypso is like so pose la question de la reconnaissance des citations filmiques par les l ves Peu probable en effet qu un lyc en ait vu tout ou partie des uvres convoqu es par le r alisateur voir Cin Quiz p 28 Faut il pour autant renoncer aborder l aspect r f rentiel du film Une premi re solution consiste partir de l origine suppos e des s quences rejou es par les marionnettes De nombreux indices visuels renvoient de toute vidence au cin ma am ricain En t moignent outre les diverses inscriptions en anglais dont le titre les objets comme la statuette de l Oscar ou la bouteille de whisky Les personnages eux m mes cow boy homme d glise parachutiste serial killer ou Fran aise amoureuse correspondent des arch types hollywoodiens La r flexion se poursuit partir de la notion de genre
110. nt diffus sur Arte et la T l vision Suisse Romande Avant de r aliser L Escalier Fr d ric Mermoud a achev deux docu mentaires un film d art Les Paysages int rieurs de Gottfried Tritten 2000 et un film financ par Sanofi Synth labo intitul La Schizophr nie au tra vail 2001 Il a en outre dirig un t l film de fic R tion Bonhomme de chemin 2003 S lectionn par Matbias Lavin dans de nombreux festivals de courts m trages L Escalier a accumul les r compenses notam ment Locarno Pantin Rome Vevey etc R FICHE TECHNIQUE achel une adolescente de 15 ans est amoureuse d Herv un Production Tabo Tabo Films Sc nario Fr d ric Mermoud lyc en de son ge L escalier de son immeuble sert de lieu habi Image Thomas Hardemeier Son Julien Sicart Bruno Reiland Florent Lavall e Montage Sarah Anderson Interpr tation Nina Meurisse Cl ment van de Bergh St phanie Skolinski Camille Japy Armandine Maudet Marie Colins France 2003 22 minutes 35 mm 1 1 85 Couleurs Visa n 106 572 tuel leurs rencontres il s y retrouvent s embrassent et discu tent cach s entre les tages Ils sont ainsi les t moins discrets de la vie de l immeuble Malgr leur relation Rachel n en dissi mule pas moins sa situation sociale son jeune amoureux elle est en effet la fille de la gardienne et l occasion se trouve charg e de faire le m nage dans l escalier Un soir Herv lui propose une e
111. ntre le consen suel moral dominant la Trinit se substitue le triple ressort du principe du canap servant la s lection des changes la r ussite et au coup bas Pour Mike Samuel s emballe apr s coup car leur message n est pas anti social Leur film deux voix privil gie surtout l autod rision et d veloppe un ton cynique assez contemporain de par les effets de sur prise visuels et textuels qu il met en sc ne En fait les deux s entendent pour jouer sur plu sieurs tableaux le cin ma et le th tre l ac tuel et le nostalgique le langage corporel et la musicalit des mots pour mieux singulariser l humour pince sans rire de leur univers M G parle d une esth tique nostalgique et non pass iste tourn e vers les sixties S H affirme son d sir d ancrer la fiction dans un temps vaguement situ entre les ann es 50 et 70 par le choix m ticuleux des accessoires t l phone frigo pages des catalogues Manufrance trouv s chez son p re L utilisation du noir et blanc assez contrast e permet leurs yeux de rentrer tout de suite dans le monde du film M G de le rendre cr dible et po tique en ap anissant ce qui est fait de bric et de broc S H VUES DE TOURNAGE Les artistes insistent sur l importance de l ex p rimentation et de l improvisation pendant la petite semaine de tournage effectu en ao t 2002 sur le plateau sc nique du Th tre de la Platte Ly
112. omique des m saventures de Stracci que l on peut voir comme un double italien du vagabond am ricain Le th me de l errance le figurant dort m me le sol dans le terrain vague servant de plateau de tour nage et passe son temps se tra ner d un lieu un autre celui de la malchance le repas aval par le chien le r alisateur qui le fait appeler au moment m me o il allait enfin pouvoir manger mais surtout celui de la nourriture voquent sans nul doute l illustre moustachu qui lui aussi souvent affam de film en film n h site pas dans Le Cirque 1928 autre grande uvre sur le monde du spectacle manger le g teau d un enfant sans d fense On pense plus pr cis ment en voyant le gag principal de La ricotta celui de la course en acc l r pour aller acheter le fro mage aux nombreuses courses poursuites de Chaplin qui d s l poque de ses courts m trages ont largement contribu sa c l brit La m canisation des gestes est r alis e non pas au service d une plus grande abstrac tion de la repr sentation Keaton mais afin de faire ressortir l humanit de l action Stracci court vite parce qu il meurt de faim Jusque dans son ridicule le plus pur l ache teur et le vendeur qui n en finissent pas de se gratter les fesses elle propose bien un traite ment sp cifiquement chaplinien du bur lesque L acc l ration du th me musical enfin produit des effets de rythme et de ponctuation
113. on l exception des plans en ext rieur Les l ments sonores ont t enregistr s par la suite en studio Pour Samuel il s agis 14 sait d exprimer de fa on ludique la th matique de la vie en autarcie en s amusant avec le cadre Le choix de la fixit du cadrage est intervenu apr s quelques h sitations notam ment l option d un panoramique 360 pour repr senter l enfermement spatial L habilit habiller un lieu nu par la mise en sc ne refl te l ing niosit des petits jeux des per sonnages contre l ennui M G La difficult pour maintenir le cadrage fixe et le raccord lumi re entre les prises a mis mal la conception originale d un faux plan s quence Cet al a de la r alisation leur a donn l id e d ins rer des coupes noires entre les plans d appartement en prolongeant le principe liminaire des diapositives Mike com mente la r ussite apparente d un autre raccord cache mis re Le trucage de la disparition de Samuel lors de sa travers e du cadre sur rou lettes a ainsi permis de cacher un jump cut trop visible S H claire le travail de ma trise corporelle qui a palli les contraintes tech niques ralentissement physique de leur jeu d acteurs film six images par seconde puis d placement normal lors du vidage du frigo pour obtenir un effet d acc l ration la pro jection sans changer la vitesse de la cam ra au sein du m me plan travelling de co
114. on parfait cr sur ordinateur mais d un film qui montre des avions et des trains en papier anim s manuellement Mes collaborateurs ont effec tu les pliages de tous les objets Nous avons au total environ 65 000 objets en papier pli s Pour nous aider nous avons embauch une artiste japonaise sp cialiste du pliage sur papier origami Et comme les trains et les avions en papier ne se ressemblent pas exac tement d une image l autre du fait que leur pliage ne pouvait tre absolument iden tique il en r sulte ce mouvement tremblant L esth tique de l imperfection est vitale L espace est Int ressant dans Fast Film car finalement tout y est plat Nous avons pris le train en vues lat rale et frontale et toutes deux sont planes mais dans la t te du spec tateur se cr e un train tridimensionnel R CIT ET ACTION L histoire est classique le h ros veut la femme la femme est kidnapp e par le m chant le h ros doit sauver la femme se fait lui m me emprisonner se retrouve dans l antre du m chant s vade avec la femme et dans la grande sc ne finale ils sont sains et saufs apr s avoir gagn contre tous les m chants Un grand nombre de films d ac tion fonctionnent ainsi C tait n cessaire de travailler avec une telle trame standard sinon Je n aurais pas pu raconter une histoire tir e des l ments de si nombreux films Repr senter l espace et le temps travers la technique utilis e par Fast Film f
115. onctionne tr s bien mais il aurait t pratiquement impossible de repr senter de la m me fa on un drame psychologique genre o l identifi cation un acteur est essentielle tant donn que dans Fast Film nous changeons constamment d acteurs le h ros et l h ro ne doivent valoir en soi hors de toute restric tion l image d un m me acteur ANALYSE L action d pli e Cela commence comme dans un classique du film noir Bogart entre dans une pi ce va embrasser Lauren Bacall qui par la magie du champ contrechamp n est soudain plus elle m me remplac e par une autre actrice Le cadre semble alors se chiffonner l image se plier sur elle m me M dus notre h ros assiste l enl vement de la femme enferm e par une s rie de pliages de l image dans une sorte d origami une bo te prenant l allure sommaire d une locomotive Aux diff rents visages successifs de l h ro ne toujours des stars hollywoodiennes classiques se substi tue sur la face frontale de la bo te l image des roues d un train filant dans un d cor de wes tern r v l derri re les murs de la chambre par les pliages Ainsi d bute l haletante et l men taire course poursuite de Fast Film Le titre du film selon la langue dans laquelle on le lit informe pr cis ment de sa double nature narrative et exp rimentale En anglais fast signifie rapide le film sans cesse en mouvement encha ne p rip t
116. ouligner quel point il co ncide avec le th me du mensonge Puisque franchir le pas est essentiel on soulignera dans cette perspective l importance des lieux et du d cor L escalier appara t comme un lieu de passage un espace de transit Pour pouvoir faire l amour les personnages doivent comme la prof d anglais franchir la porte d un appartement La difficult traverser les seuils Rachel ne parvient m me pas rentrer chez elle le jeune couple n entrera jamais dans la maison de Honfleur peut videmment tre mise en rapport avec la douleur de la d floration la question essentielle a fait mal est pr sent e comme un clich par les h ro nes elles m mes Enfin cette th matique semble trouver une sublimation litt raire travers le personnage d Herv d crit par le sc nario original comme un lyc en de 17 ans au look litt raire une sortie d pigone d Antoine Doinel avec charpe et pull en V Faute de passer l acte le jeune amoureux camoufle le sexe sous le texte mais trahit les enjeux de la substitution en ne lisant rien d autre sa petite amie que des premi res pages Si Le Mythe de Sisyphe de Camus est seulement r sum plusieurs extraits sont identifiables des Chants de Maldoror de Lautr amont Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche en passant par Du c t de chez Swann de Proust dont l incipit qui est aussi celui d a recherche du temps perdu est embl matique de la litt rature fran
117. oure la d composition du mouvement et l tirement du temps qui leur conf rent tout leur pouvoir d motion dramatique sont pleinement auto ris s par l usage des escaliers Le rapport au temps que suppose l existence de l escalier peut tre utilis d une toute autre fa on Jean Renoir en fait un usage magistral dans la fin de La Chienne 1931 et d autant plus qu il reste hors champ Au moment o le personnage jou par Michel Simon s appr te assassiner sa ma tresse la cam ra saute l ext rieur de la chambre pour remonter la fa ade de l immeuble partir de la rue jusqu la fen tre travers laquelle on aper oit alors le corps inerte de la jeune femme La cam ra revient au bas de l immeuble on voit discr tement Michel Simon quitter l immeuble puis son rival se garer entrer dans l immeuble pour en sortir titubant quelques secondes apr s Un dernier mouvement recadre la concierge mont e jusqu l tage lev et qui crie l as sassin en ouvrant la fen tre La confusion des coupables est parfaitement montr e en m me temps que l escalier joue un r le dramatique fort partir de sa seule suggestion 1 Michel Chion Le Cin ma est il dans l escalier Bref n 59 hiver 2003 2004 p 45 Pas de citation directe d un film d une uvre picturale ou musicale dans le film de Fr d ric Mermoud Mais la pr sence d un motif l escalier si r current dans l histoire du cin ma qu il fonctionne ic
118. p 2 r pond un plan sur la diva 1 qui baisse les yeux vers le Christ hors champ Or c est seulement dans ce plan que Welles lance le Moteur qui fait d buter la prise cela indique que tous les plans en couleur qui pr c daient correspon dant la mise en place des acteurs n taient pas film s par l quipe di g tique ils ne peu vent donc renvoyer au film de Welles la dif f rence du plan suivant 3 fixe et large dans lequel une actrice commence d clamer son texte Le faux raccord entre les plans 1 et 2 n indique donc pas une diff rence de niveaux di g tiques qui opposerait le film premier niveau au film dans le film deuxi me niveau en r alit cette opposition se joue entre le plan 3 et le plan 1 ainsi que tous ceux qui le pr c dent une s rie de gros plans sur les IE En jouant le bon larron Stracci va conna tre le sort du personnage qu il interpr te la mort sur la croix L identification de l acteur son r le est un motif th tral important dont la pi ce de Jean Rotrou Le V ritable saint Genest 1647 qui peut donner lieu une tude en classe repr sente l exemple arch typal Genest est un com dien romain qui jouant le r le d un chr tien nouvellement converti et martyris est touch par la gr ce finit par se convertir et acc de lui m me au martyre partir du parall le avec la pi ce baroque on constate que La ricotta tire sa r ussite de
119. puisque western film de guerre film d amour ou thriller peuvent tre recens s partir des s quences du film d animation l importance du d cor et l aspect convenu des situations pr sent es seront mis en avant Etape suivante relever tous les titres de films lisibles l cran voir sur www apcvi com pour se livrer une recherche documentaire date r alisateur synopsis puis se demander quels passages les pastichent La vari t et l ambigu t des r les interpr t s par un Mitchum la fois s ducteur et pervers doivent appara tre finalement Un dernier temps sera consacr en un cheminement inverse une projection de La Nuit du chasseur 1955 qui b n ficie dans le film d un traitement part bien que son titre ne soit pas mentionn On rep rera donc l abondance des l ments repris dans Calypso phalanges tatou es pasteur fou poup e ventr e billets de banque assassinat de la m re La notion de film culte pourra d s lors tre abord e chacun de se demander travers les films interpr t s par des acteurs am ricains contemporains Bruce Willis Leonardo di Caprio ou Tom Cruise quelles s quences pourraient aujourd hui donner lieu semblables hommages 26 EE Images dans l image cadres dans le cadre crans dans l cran il est facile de recenser dans Calypso les embo tements qui illustrent le principe du montage l int rieur du plan Miroir magazine photos d exploitation des films
120. r le plus long 1962 r alis entre autres par Darryl Zannuck et The Enemy Below Torpilles sous l Atlantique 1957 de Dick Powell La marionnette prend ensuite successivement les airs et les poses du serial killer de Cape Fear Les Nerfs vif 1962 de Jack Lee Thompson et du pasteur diabolique de Night of the Hunter La Nuit du chasseur 1955 de Charles Laughton Quant la photo qui est prise lorsque la journaliste se p me dans les bras de Mitchum et que celui ci pingle finalement son tableau elle voque tr s certainement le couple que Mitchum composait avec Ava Gardner dans My Forbidden Past Mon pass d fendu Calypso is like so 1950 de Robert Stevenson Enfin un cer tain nombre d l ments du d cor renvoient encore quelques films une des caisses du plateau porte l inscription Pancho Villa qui est le titre fran ais de Villa Rides un western de Buzz Kulik datant de 1968 la marionnette utilise comme cendrier une bo te de la bobine du film Dead Man de Jim Jarmush 1996 la poup e poignard e au mur est un accessoire de la Nuit du chas seur etc Il faut encore ajouter que l quipe de Calypso s est inspir e de divers mat riaux photographiques promotionnels de l acteur Mitchum voir sur le tableau de la caravane la couverture redessin e du Life Magazine par exemple La Nuit du chasseur Calypso is like so On le voit la citation n intervient ici qu titre r f rentiel
121. rac cords de mouvement ou des collages de fragments d images entre des films c l bres traitant l histoire du cin ma comme un vaste r servoir de clich s disponibles toutes les fracturations Cette disponibilit a n an moins des limites que le film ignore volontai rement cr ant plusieurs moments l im pression d une exploitation ou d une instru mentalisation arbitraire de figures connues pour obtenir des effets d accumulation comique que fait Frankenstein dans le train Godzilla sur un avion etc Il n est pas toujours facile d honorer les images reprises o rejou es de leur trouver une juste place et de les utiliser plus qu un simple titre de figuration L objet fondamen tal de Fast Film est ce qu il est convenu d ap peler la m moire collective illustr e ici sous la forme d un tonneau des Dana des d o jaillit sans fin un imbroglio d images du cin ma pass pour les rappeler aux souve nirs confus du spectateur La m moire collective est un concept invent dans les ann es 20 par le sociologue Maurice Halbwachs Si nous examinons d un peu plus pr s de quelle fa on nous nous souvenons nous reconna trions que tr s certainement le plus grand nombre de nos souvenirs nous reviennent lorsque nos parents nos amis o d autres hommes nous les rappellent C est dans la soci t que normalement l homme acquiert ses souve nirs qu il se les rappelle qu il les reconn
122. radictoire de la jeune fille l espace di g tique est ici parfaitement r sum par son h sitation et son mensonge elle est pour une part tout fait sa place dans ce lieu familier et d autre part cherche s en extra ire On entend hors champ un bruit de porte pont sonore permettant de passer au plan 6 Une femme d allure un peu guind e ferme la porte de son appartement elle est accompagn e de sa petite fille et dit bonjour Rachel Le retour au cadrage sur Rachel avec le plan 7 insiste sur son malaise La jeune fille se retrouve en effet prise au pi ge par la n cessit de r pondre au salut adress par la voisine tout en cherchant dissimuler sa situation son ami Le plan 8 reprend le cadrage de la fin du plan 6 montrant en plong e la petite fille qui demande Rachel si elle a vu Pilule son cochon d inde Cette situation permet d insister sur la diffi cult r pondre aux deux hors champs sonore celui d Herv et celui de la petite fille Et c est ainsi que le plan 9 en contre plong e pr sente Rachel en train de r pondre l enfant tout en prenant soin de poser son portable sur son paule afin que rien ne filtre de la conversation la r alit id alis e de la rencontre amoureuse entre ici en conflit avec celle beaucoup plus triviale de la vie de l immeuble faite de corv es de m nage et de r ponses apporter aux pro bl mes de voisinage Le plan 10 qui reprend le p
123. rhegh Sombrero Produc tions Vincent Paul Boncourt Julien Navarro Carlotta Films Jean Fran ois Lecorre Vivement Lundi Adeline Moulliet Tabo Tabo Films Yann goupil Philippe Germain Agence du court m trage Claudia Mancini traduction Vanessa Ode Marie Perrin David Simon documentation Ainsi que Virgil Widrich Sixpackfilms Path Distribution Les Grands Films Classiques Warner Bros UIP Action Th tre du Temple Columbia Cin Classic Connaissance du cin ma ADAGP Publication septembre 2004 Atelier de Production Centre Val de Loire 24 rue Renan 37110 Ch teau Renault t l 02 47 56 08 08 fax 02 47 56 07 77 site www apcvl com Lyc ens au cin ma en r gion Centre est coordonn par l Atelier de Production Centre Val de Loire r alis avec le soutien du Centre National de la Cin ma tographie de la R gion Centre de la DRAC Centre et du Rectorat de l Acad mie Orl ans Tours et le concours des salles de cin ma participant l op ra tion Ce programme est diffus en collaboration avec l Agence du court m trage Lyc ens au cin ma en r gion Centre f te cette ann e ses 10 ans Ce qui n tait l origine qu une exp rience singuli re devient au fil des ann es en r gion Centre comme en France un dispositif complet pertinent et appr ci Au terme de cette nouvelle ann e cette op ra tion aura concern en r gion Centre plus de 100 000 lyc ens 800 enseignants 122 l
124. ri t fran aise en dit long sur l apparente divergence des deux auteurs au sujet de la parole au cin ma L utilisation de la voix off est une nouveaut pour S H amateur du burlesque de Chaplin Kaurism ki qui d clare Le cin ma ne passe pas par le texte M G adorateur de Demy Allen et Bu uel a co crit le film comme une chanson en privil giant les sonorit s et la rythmique et en ins rant des mentions musicales cr ation de Simon and Garfunkel dans l appartement allusion la Compagnie Cr ole travers ces r f rences famili res les artistes semblent d signer la contre r f rence commune leur univers les films message qui parlent du r el Il n est pas anodin que la citation de Dalida ait lieu juste apr s une pique sur le cin ma sociologique anglais Lors du plan prise de t te projection de t tes l arri re plan la voix off se moque du langage convenu de tous les jours ainsi que de la pauvret des ex g ses sur Ken Loach avant de faire appel la chanson d j cit e pour commenter Paroles paroles paroles paroles Le double discours jeu entre le discours int rieur et ext rieur d fense d un cin ma irr aliste conduit l invention du principe du canap Les visages des deux acteurs clair s par une id e lumineuse se tournent soudain vers la cam ra pour un effet d annonce ils ont trouv Mais la confection du fameux meuble se d roule hors champ nous n
125. rs de l ultime plan lorsque la marionnette de Mitchum nous adressera un clin d il le regard cam ra figure interdite Hollywood d nonce l instance nonciatrice et cette sou daine et grotesque interpellation refait surgir la dimension loufoque de la poup e Mis en laisse durant tout le film l artifice s exhibe enfin 1 Cette bouteille renvoie au pistolet dissimul dans la bible du film Five Cards Stud Cinq cartes abattre d Henri Hattaway 1968 avec Robert Mitchum ANALYSE DE PLANS Au fond de l image La journaliste p n tre sur le plateau de tour nage 1 en vue subjective nous d couvrons le studio avec au loin la caravane de la star Puis l int rieur de la caravane alors que Mitchum s appr te se raser et qu il tourne le dos la fen tre nous apercevons par l entre mise de celle ci la journaliste prendre des pho tos 2 C est ensuite son tour de la regarder 4 Peu apr s lorsque Mitchum sort de sa caravane pour rejoindre la journaliste la cam ra filme la t te de l acteur au premier plan son regard se tournant vers une jeep mili taire situ e l arri re plan 6 Plus tard encore la journaliste entre dans la caravane 10 et la cam ra recule pour la situer l arri re plan 11 et laisser surgir l avant plan une sil houette inqui tante 12 Enfin alors que la jeune femme d couvre l effrayant montage de photos et articles auquel se livre la star d s quilibr e 14
126. s anodin qu un effet sonore hors champ le tic tac d une horloge se mette alors en place cr ant l illusion d une commune mesure aux d placements sur sc ne Mike fait un petit tour muni d un ventilateur lumineux 2b tandis que la voix commente L air libre nous manquait Quand il sort au premier plan par la gauche le frigo pouss par son acolyte entre l arri re plan par la droite Se produit d s lors un effet de rupture dans le bloc de temps qu est suppos tre le plan Les cinq all es et venues du vidage de frigidaire ouvert c r monieusement par le portier impassible se produisent vive allure On comprend mieux pourquoi leurs vivres s amenuisaient Les son neries du t l phone retentissent hors champ en 2c puis in quand l appareil de communica tion appara t tel un ovni d collant du sol Et ce t l vhone qui sonnait nous rappelait que nous avions une m re L intrusion de la main qui raccroche en 2d bouscule la place du spectateur Le changement de mise au point du mur 8 m tres au t l phone 50 centim tres zoom avant tend sensibiliser sur un mode comique la dimension animiste que prennent les objets du quotidien quand on reste enferm chez soi Le terrible engin dispara t L image floue du mur retrouve sa profondeur de champ zoom arri re Le plan nouveau net encha ne comme pr vu sur le vide le noir et le bruit du projecteur de diapo encha nement de plans non reprodui
127. s baroques elles sont mon patrimoine dans le style et dans le contenu Je serais fou si je niais cette force tellement puissante qui est moi comme si je laissais aux pr tres le monopole du Bien Avant de r pondre plus pr cis ment aux accusations qu on lui lance en un texte d clinant 21 points de commentaires sur les images et les sons du film cf page 38 reprenant les charges d taill es du procureur Di Gennaro passionn de cin ma qui avait pour l occasion revu La ricotta sur table de montage Pasolini fait donc un premier constat g n ral D fendre les images de La ricotta c est d abord d clarer contre les for mules classiques de la loi comme de l his toire que les formes sont toujours vivantes toujours en mouvement qu elles ne suivent pas les cycles de naissance et de disparition d finitives de ce que l on appelle l histoire des styles et des mouvements artistiques Rien ne meurt jamais dans une vie Un film comme tout autre production artistique ou culturelle est une composition o un tissu de survivances d images et de sons frayant leur chemin travers l histoire et les oeuvres en expressions hautes ou basses directes ou cach es mais toujours pr sentes Cette dr le d vidence est martel e ici sur le ton du mythe Pasolini affirme une sorte de puis sance animiste des formes la survie des repr sentations du Christ est une sur vie une sur vitalit des images que nul
128. s ces alt rations certes de fa on moins explicite et visible ne sont elles pas propres au film d action o le corps ne cesse d tre agress soumis des espaces et des cr atures toujours plus impossibles Fast Film un pr cis ou pr cipit ludique et po tique du cin ma d action ANALYSE DE S QUENCE De l action des mobiles Bien que s encha nant sans temps mort ni transition on passe d un lieu un autre par simple d chirure dans le fond du d cor saut vers le bord du cadre suivi d un raccord mou vement Imm diat ou chute insens e dans le vide Fast Film peut se d couper en cinq s quences se d pliant sym triquement struc ture boucl e typique du fim d action 1 La capture de la belle cf infra 2 La course des trains o le h ros tente de lib rer la belle de sa camisole origami alors qu autour d eux s agitent mille cr atures hos tiles Aussit t apr s l avoir lib r e en dynami tant sa prison le train plonge dans un pr ci pice et ils s en chappent en voiture chutant aussi pour finir projet e dans l antre du mal 3 Le repaire mal fique et souterrain o apr s plusieurs s parations nos deux h ros vont se retrouver prisonniers de semblables origamis que le personnage masculin parviendra br ler d clenchant un incendie permettant leur chapp e 4 La bataille a rienne o ils an antiront l un apr s l autre les vaisseaux lanc s leur pour suite pilo
129. scapade d un week end Honfleur dans la villa de ses parents Une proposition romantique qui est aussi moti v e par le d sir de trouver enfin un peu plus d intimit Rachel accepte mais elle finit par l attendre en vain en pleine nuit au bord des marches 30 ANALYSE Passages de la parole Le court m trage de Fr d ric Mermoud part d une situation narrative en apparence bien connue les premiers mois amoureux de deux adolescents Ce qui appartient quasiment un genre dans l espace du cin ma contemporain francophone poss de ici l originalit d tre plac dans un territoire bien pr cis l escalier qui donne son titre au film et en constitue le d cor presque unique Rachel et Herv les deux personnages du film ne poss dent pas de lieu qui leur soit propre et doivent se contenter de rencontres dans cet escalier endroit de passage pour les autres habitants de l immeuble C est aussi le seul espace dans lequel on les voit voluer Rien n est montr de l appartement de Rachel tout juste la porte d entr e pas plus qu on ne voit celui de son amie Jessica ou de la professeur d anglais qui la recueille la fin du film De fa on g n rale les int rieurs sont le plus sou vent inaccessibles Lorsque Rachel rentre chez elle apr s son entra nement elle tombe sur sa s ur et son petit ami qui la renvoient brutale ment dans la cage d escalier lorsqu elle sonne chez Jessica celle ci ne la fait pas entrer e
130. sible aussi dans certains parti pris formels comme ces plong es en perspective cras e montrant l escalier de fa on imposante et majestueuse On comprend bien d s lors selon la logique du film pourquoi l escapade pr vue Honfleur se r v le impossible et se trouve compens e par le r cit fictif de Rachel De la m me fa on il est compr hensible que le r alisateur ait renonc une s quence pr vue initialement la fin du film o l on voyait Rachel dans l appartement de la prof d anglais apr s que celle ci l a recueillie en pleurs dans la cage d escalier Si le film se conclut par l affabulation de Rachel racontant Jess sa fugue et son pre mier rapport sexuel comme elle aurait voulu les vivre c est que d embl e l escalier fonc tonne comme un espace partir duquel la parole peut se d ployer Les paroles de pro 31 messes et les d clarations forment autant de passages oblig s pour donner aux jeunes gens la certitude de vivre une relation amoureuse unique C est aussi entre deux tages que plusieurs reprises Herv fait Rachel la lecture des classique de l adolescence litt raire Camus Ainsi parlait Zarathoustra Les Chants de Maldoror et Proust il manque juste Rimbaud pour leur rappeler qu on n est pas s rieux quand on a dix sept ans Ces deux modalit s de parole contrastent avec la crudit des textos envoy s Jess par son copain Mais l escalier constitue sur
131. sions le duo comique peut tre un avatar de Laurel et Hardy tandis que les chutes du cadre et du mur motifs minemment Kkeatoniens voquent surtout La Maison d montable One Week 1920 Enfin l effet de la projection murale n est pas sans rappeler les chronophotographies de Jules Marey 12 Hasard objectif R f rence inconsciente Le Principe du canap peut tre l occasion de d couvrir l uvre de Roman Polanski Si le rapprochement le plus vident est fourni par Deux Hommes et une armoire court m trage sans dialogues aujourd hui r dit en DVD il faut remarquer que le transport de l objet vient signifier dans le film de 1957 l ali nation de personnages dont le bizarre fardeau leur vaut selon le r alisateur d tre rejet s et pers cut s partout o ils vont Remarquons galement que le principe du couple masculin ins parable rappelle un autre court m trage h ritier du burlesque Le Gros et le Maigre 1961 annonciateur du duo du Bal des vampires 1967 On notera enfin que la plupart des longs m trages du ma tre polonais renvoient au huis clos et la phobie de la claustration Les appartements de R pulsion 1965 de Rosemary s Baby 1968 du Locataire 1976 ou du Pianiste 2003 sont aussi anxiog nes que l le de Cul de sac 1966 le bateau du Couteau dans l eau 1962 ou le radeau de Pirates 1986 Parler de l objet dans le film pr suppose une recherche sur le terme animisme On s a
132. ssement des films sources par le film reprise Dans le petit studio color de Calypso les marion nettes en plastique servent vite encha ner les sc nes f tiches de Robert Mitchum en un sc nario qui voque un cauchemar de star L univers filmique tourne sur lui m me le sens des films est ramen la seule industrie du cin ma avec une marionette Mitchum entrant et sortant ternellement de sa cara vane de tournage o il sculpte son propore Oscar en seul ma tre de son destin ses images lui appartiennent Dans Fast film c est encore la miniaturisation des images leur transformation en jeux d enfants et l impression qu elles tournent sans fin dans un huis clos de pur cin ma qui met un frein l id e brillamment r alis e des papiers pli s et d chir s Pris de vertige devant sa propre virtuosit technique le film ne veut pas s arr ter sur la pr cision d un effet pour en explorer la pertinence et privi l gie une fuite en avant euphorique Dans leur accumulation les films cit s en frag ments semblent mimer une m moire indis tincte ou folle et la communaut des images s y r alise par d faut autour d un sc nario l mentaire comme si elles convergeaient d j toutes en nous vers la m me significa tion o la m me efficacit d un genre absolu celui du film d action cf analyses pp 5 6 3 M thodologie L amusement que produit Fast Film tient une mani re tr s enlev e d inventer des
133. ste Ah Et que pensez vous de la mort Le po te Une vie avec toutes ses actions est enti rement et vraiment d chif frable seulement apr s la mort ce moment l ses temps se serrent et l insignifiant tombe La continuit de la vie au moment de la mort perd toute l infinit de temps dans laquelle en vivant nous nous pr lassons en nous d lectant de la parfaite correspondance de notre vie physique qui nous m ne la consummation avec l coulement du temps il n y a pas un seul instant o cette cor respondance ne soit parfaite Apr s la mort cette continuit de la vie n est plus mais il y a son sens tre immortels et inexprim s ou s exprimer et mourir Le journaliste Quatri me et derni re ques tion quelle opinion voudriez vous que les spectateurs de vos films se fassent de vous Le po te I danse Il danse Le journaliste AU revoir Merci Mes compliments Le po te Eh Je suis quelqu un qui est n dans une ville pleine de portiques en 1922 5 C est une po sie En voici un pas sage La vie s exprime aussi par elle m me Je voudrais m exprimer avec des exemples Jeter mon corps dans la lutte 17 Mais si les actions de la vie sont expressives l expression aussi est action J aurai tou Jours le regret de cette autre po sie qui est action elle m me dans son d
134. t la fois un profond et archa que catholicisme et une adh sion forcen e au marxisme fas cin par l art ancien mais se consid rant comme plus moderne que tous les modernes AUX trois types de comique d velopp s dans La ricotta comique gestuel musical et ver bal r pondent ainsi trois modalit s de la reprise la premi re rel ve de la transposition les proc d s emprunt s Chaplin ne chan gent que de contexte narratif la deuxi me de la transformation la cabaletta change galement de forme et de signification la troisi me plus quivoque ne modifie pas v ritablement le sens du texte cit mais d une certaine mani re lui en ajoute au cri d sesp r du po te se joint d sormais le rire lucide du cin aste D s lors si l allusion et la parodie peuvent tre entendues comme des hommages l autocitation sonne comme un aveu 1 Bref air de mouvement vif g n ralement plac la fin d une aria m lodie chant e par un seul chan teur dans l op ra italien 2 Texte lu par Orson Welles Je suis une force du Pass A la tradition seule va mon amour Je viens des ruines des glises des retables des bourgs oubli s sur les Apennins ou les Pr alpes l o v curent mes fr res J erre sur la Tuscolane comme un fou sur la Via Appia comme un chien sans ma tres Ou je regarde les cr puscules les matins sur Rome sur la Ciociaria sur le monde comme
135. t s encore par les cr atures cin ma tographiques les plus improbables 5 Le final parade d amour du couple victo rieux constitu d images de com dies musi cales Ayant vaincu les cr atures qui cher chaient les plier et d membrer l image retrouve dans ce final l unit g n tique qu elle avait au d but la r sorption du r cit quivaut celle des d formations Les s quences 2 et 4 sont de pures courses poursuites soit de l action l tat pur sur fond d ext rieurs h t roclites avec comme domi nante le ciel et le paysage de western Le moment le plus intrigant de ces poursuites est la longue chute dans le vide 1 la voiture tombe dans un cimeti re 2 ressort par le m me lieu mais l image renvers e 4 comme ayant travers la terre 3 Cet encha IE nement aberrant des espaces caract rise le cin ma d animation puisque tout peut chan ger constamment dans l image il n y a plus de limite au mouvement qui devient ici synonyme de transformations et substitutions vue comme dans un r ve Les seuls l ments de continuit qui assurent le d roulement et l os sature de l action sont alors les v hicules en origami mobiles indiff rents aux m tamor phoses des figures Ces deux s quences exposent de la fa on la plus vidente le proc d m tonymique qui lie les figures cit es leur support de papier pli un objet tridimensionnel fa onn comme un origami supporte s
136. t ci contre Le troisi me plan r agit par un funeste v ne ment la menace de l ennui Le cadre photo du petit canap clair puis obscurci se d croche du mur et se brise en tombant Parodie d enterrement 3a le cadre est mort vive le cadre lors d une procession ponctu e par trois gongs Le bruit du tic tac s arr te Cette interruption co ncide avec l annonce du programme narratif Et pourtant nos jour n es taient bien organis es Les trois unit s de lieu de temps et d action sont revues et cor rig es par cette mise en sc ne des habitudes L emploi du temps se d roule l cran en acc l r Le lieu unique est transform par les jeux de lumi res les costumes et les accessoires obscurcissement lors de l intrusion d un polo chon dans la salle de sport 3b clairage aux chandelles pour le coin cuisine 30 chaises musicales et tapis volant l apr s midi La disparition truqu e de Samuel s inscrit dans la continuit esth tique du plan qui comporte plusieurs prises de vues Des petites sautes de l image qui ne sont perceptibles que si on les cherche du regard se glissent lors des raccords transparents entre les plans vides du d cor Le plan est ici consid r en tant que bloc d es pace et de temps fictif construit par le film perceptible par le spectateur et non en tant qu unit technique de tournage montage Le plan du quotidien r p t a n anmoins une fin
137. t de ce qui est qua siment devenu un genre en soi le film ado lescent Pourtant dans ce projet la forme adopt e par la narration et la cam ra ont rev tu une importance capitale un lieu unique qui cristallise les sentiments et les espoirs de Rachel des ruptures et des ellipses brutales qui dynamisent la narration un jeu avec les dialogues off qui anticipent de nou velles sc nes ou les concluent une continuit dialogu e qui est d mentie par la discontinuit spatiale Derri re ce dispositif il y a la volont de cr er des associations et des t lescopages temporels les gestes et les d sirs se r p tent les conversations peuvent para tre intermi nables les jeux de s duction se prolongent LE CHOIX DU D COR J aime bien les films qui ont une g ographie un enracinement avec un moment o un autre une dimension plus universelle Ainsi j aime les films inscrits dans un lieu avec les sp cificit s propres ce lieu aux gens qui y vivent Lors des rep rages je cherchais un escalier g om trique qui servirait styliser les motions de Rachel Un escalier Imaginaire qui permettait les sc nes d amour de solitude d observation et dont les formes exprimaient aussi la qu te sentimentale de la protagoniste Pour les rep rages nous nous sommes alors tourn s vers des immeubles construits dans les 34 ann es 50 et 60 Et c est apr s une longue recherche que nous avons trouv presque par
138. tique implacable de l image rie v hicul e par le cin ma d action Fast Film sa mani re d construite reconduit et r anime l efficacit de ces images Plut t que sa vision de l histoire du cin ma c est son travail sur la plasticit de l image ani m e qui constitue l attrait de Fast Film En trai tant l image comme une superposition de couches de papier avec sur chacune un frag ment mobile d coup d une image pr exis tante Fast Film fait subir aux l ments de la repr sentation filmique une s rie d alt rations permettant d en r fl chir l illusion D abord des alt rations de l espace rapports dispro portionn s et illogiques entre figures d cors et objets un corps occupant par exemple tout int rieur d un train ou d un avion conti gu t aberrante des lieux par exemple passage par une simple d chirure pour raccorder par le bas un sous sol avec un cel Ensuite des alt rations du support froiss e pour figurer un rebondissement ou m me une douleur d chi r e pour signaler la s paration du couple l image papier cesse d tre transparente et se met vivre en Interaction avec le r cit Alt rations des figures enfin anim es mais prisonni res de leur d coupe ou d origamis r duites des arch types par leur morphing continuel elles ne sont plus que des surfaces sans profondeur des tres escamot s comme dans des tours de prestidigitation chosifi s par l image Mai
139. tout le lieu o les amoureux poursuivent leurs tergiversations sur la recherche d un endroit qui ne soit plus cet entre deux sans intimit v ritable et qui per mettrait l accomplissement du premier rapport sexuel Le plus souvent le r alisateur r sout le probl me pos par le filmage de la parole avec un choix de cadrages serr s permettant de capter le trouble des personnages mais surtout de faire entendre leurs propos tout juste mur mur s Il faut bien noter que la parole n est pas trait e sur le seul mode r aliste elle entra ne les deux jeunes gens dans un v ritable processus de fic tion Lorsqu ils se r fugient dans l ascenseur Herv promet Rachel de l emmener P kin et c est partir de ce moment aussi qu il fomente le projet d un d part secret dans la maison de campagne de ses parents L chec de la fugue romantique marque l emprise d une r alit prosa que que les deux adoles cents refusent de prendre en compte en la masquant par des mots o en refusant d en parler Rachel ne peut s emp cher de ressentir une forme de honte sociale li e la situation de sa m re gardienne de l immeuble et elle fait tout pour maintenir cet aspect de sa vie sous silence Ainsi lorsque Herv sonne chez Rachel entrevoit sa m re et lui demande ensuite si elle va lui pr senter Rachel refuse de r pondre avec g ne et agacement D une autre fa on Herv malgr ses promesses se d robe au dernier moment en abritant
140. ttachera donc montrer que les objets inanim s semblent avoir une me pour Guermyet et Hercule T moins l norme t l phone symbole de l envahissement maternel le cadre qui s effondre sous l ennui ou le r frig rateur imp rial au service duquel semble attach un domestique Le cas du canap est plus complexe puisque le d tournement de son usage habituel qui est rappelons le de favoriser l avachissement devant la t l vision affirme paradoxalement sa r it Nous sommes donc ici plus pr s de l utilisation de l objet que fait le th tre de l absurde avec Les Chaises d Ionesco 1952 l appareil sous du Ping Pong d Adamov 1955 ou les poubelles de Fin de partie de Beckett 1957 que de la personnification rotisante orchestr e par Cr billon fils dans Le Sofa 1742 Il n est pas interdit d s lors de faire du canap du film le descendant affranchi des deux divans d crits dans la premi re page des Choses de Georges Perec 1965 13 Le Principe du canap permet d aborder la notion de kitsch On s attachera montrer en quoi la d finition du dictionnaire se r v le ici pertinente Selon le Robert kitsch se dit d un style et d une attitude esth tiques caract ris s par l usage h t roclite d l ments d mod s ou populaires consid r s comme de mauvais go t par la culture tablie et produits par l conomie industrielle Les l ments de d cor soigneusement choisis peuvent tre relev s papier pe
141. u dans son volution technique le prolongement de Copy Shop Copy Shop avait t un film bidimensionnel sur papier Fast Film volue dans la troisi me dimension Il y a d abord eu un sc nario crit suivi par un film labor partir des pellicules recy cl es qui combinait ce mat riel de fa on conventionnelle Je l ai r alis afin de voir ce qui se passait en assemblant une poursuite en voiture partir de films en noir et blanc et de films en couleur de films de science fic tion et de westerns La deuxi me tape a t tr s concr te il s agissait de rechercher dans les pellicules r cup r es des contenus qui aillent ensemble De la combinaison arri re plan premier plan et objet a r sult une sorte de brouillon de film que j ai r alis sur ordinateur et o des carr s repr sentent les trains et des triangles les avions J avais ainsi le film de base que nous avons imprim Puis nous avons proc d aux animations et au montage La production de chaque prise de vue a dur des semaines voire des mois Au total nous y avons travaill deux ans et demi Douze animateurs se sont r partis en groupes de travail du fait de l extr me vari t des t ches accomplir a a commenc par la recherche de pellicules puis la s lection des extraits de films la d finition des objets quoi devaient ressembler par exemple les avions en papier ou quoi devait ressembler le train vu de devant ou lat r
142. u transformation d l ments pr existants S il est pertinent de comparer la d marche de Widrich celle de l avant garde cin matographique autrichienne d autres rapprochements s imposent de l uvre de Chris Marker Sans soleil ne revendique qu une composition et un montage Woody Allen qui dans What s up Tiger Lily Lily la tigresse 1964 fait d un navet de Hong Kong dont il r enregistre le son un film personnel ou encore Les Cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner 1982 o le r alisateur int gre l action de tr s nombreuses s quences de films noirs Fast Film peut aussi permettre d aborder en litt rature la notion d intertextualit d finie par G rard Genette comme la pr sence litt rale d un texte dans un autre elle m me incluse dans une transtextualit qui d signe tout ce qui met le texte en relations manifestes ou secr tes avec d autres Introduction l architexte 1979 l int rieur de ces cat gories on pourra comparer l uvre de Widrich le principe des textes composites en convoquant les mod les du patchwork bien connu des couturi res du medley ou pot pourri et du sampling confectionn par les musiciens ou des collages pratiqu s par les Surr alistes comme Max Ernst Parmi les titres on retiendra entre autres textes ludiques L clat et la Blancheur de Walter Lewino 1967 qui utilise un montage de textes publicitaires pour d crire la soci t de consommation les uvres enti
143. ues id es et images L vangile selon Saint Mathieu 1964 long m trage qui suivra imm diate ment La ricotta en donnera une illustration exemplaire travers son Christ enrag o ses franches hybridations musicales Mais avant cela Pasolini cor alise un film de montage La Rabbia La Rage 1963 compilation d images d actualit qui porte un point extr me cette pr occupation pour une appartenance collective des images Uniquement compos e d archives d j vues 36 de clich s internationaux balayant la poli tique et le star system les guerres et la science Marylin Monroe Youri Gagarine et encore des images de Christ La Rabbia fait entendre un commentaire lyrique de Pasolini insistant sur l opposition constante entre un monde ancien et un monde futur une pr histoire prol taire et une pr histoire bourgeoise toutes deux aussi vio lentes et catastrophiques et surtout toutes deux montr es dans des images contempo raines provenant d un m me fond visuel Les images communes ainsi cartel es se met tent parler pour toutes les poques et font donc d monstration simultan e de leur extr me plasticit de la mall abilit de leurs significations comme de certains sens irr ductibles et inattendus qui survivent aux contextes historiques les d passent Ainsi Marylin peut elle devenir vraiment sans kitsch un ange de la Beaut qui raccorde d gal
144. ui participent vraiment l action transforment en actes le r le indiqu par l image de James Bond ou de King Kong Et encore ce r le est connot par leur imagi naire ce n est certes pas aux seuls papiers pli s de sauver la belle Ainsi Fast Film combine harmonieusement le transformisme de l espace cin matographique permis par l animation avec le collage h t ro R n 9 Ryng 7 ai xet t a m A A a a K 4 FE Eg 7 e A lt e EN M John Heartfield Adolf der bermensch schluckt Gold und redet Blech 1932 Photomontage Berlin Akademie der Kunst George Grosz Remember Uncle August the Unhappy Inventor 1919 Huile crayon collage sur toile Paris Mus e national d art moderne g ne et kal idoscopique qui dans la tradition du found footage tradition forte en Autriche qui consiste en la reprise d images cin mato graphiques pr existantes retrait es et remon t es cf par exemple Outer Space de Peter Tscherkassky vise rapprocher et comparer des fragments les retravailler plastiquement Mais alors que dans le found footage les pro c d s de montage d extraits et d attaque de l image originelle d chirures d collages des couches photochimiques etc ont pour effet de d truire leur unit di g tique au profit g n ralement d une relecture historique le r agencement des fragments cit s en actions reconnaissables produit plut t l effet inverse
145. ur sa face l image bidimen sionnelle d une action ou d une figure qu il contient leur rapport tant totalement dispro portionn la plupart du temps en faveur du contenu Ainsi c est le Keaton du M cano de la g n ral qui s imprime sur le devant de la locomotive fon ant vers le pr cipice Mais la s quence dans l antre du mal reste la plus inventive du film Elle d laisse le jeu de poursuite transitant par tous les moyens de locomotion possibles confondant person nages et v hicules combinant leurs diff ren tiels de vitesse et juxtaposant sans logique sinon celle des poup es russes leurs espaces respectifs Ce au profit d une interrogation sur l identit des personnages cin matogra phiques d s lors qu ils ne sont pas soumis aux imp ratifs de l action En entrant dans cet antre 5 qui prend alors l image de la caverne du docteur No le h ros s incarne logiquement en James Bond 6 Mais si la source est identique son corps ne provient pas de la m me sc ne comme le signale le bout de d cor de bureau qu il tra ne avec lui Le d calage trahit un aspect caract ristique du corps bondien son indiff rence absolue au lieu son galit constante d atti tude et de gestuelle Le flegme est le reflet d un machinisme certain voire d un certain machisme comme en t moigne la fa on dont il passe devant des visages encastr s dans la paroi de la grotte 7 8 9 devant son cheval 10 ou son air pensif
146. ure train avion poursuivi par d innombrables personnages d cid s et inqui tants gangsters squelettes cr ature du lac monstre de Frankenstein et autres King Kong Cette course poursuite rythm e conduit droit dans les entrailles de la Terre et le repaire secret du Mal Mais nos deux h ros sauront s en sortir et conclure par un baiser Ce sc nario des plus classiques permet de revisiter le cin ma d action du burlesque au fantastique de Hitchcock James Bond les sc nes comme les personnages assembl s et anim s selon une technique de collage pliage changeant sans cesse d apparen ce proviennent de centaines de films Fast Film Virgil Widrich N en 1967 Salzbourg et vivant Vienne Virgil Widrich a r alis une dizaine de films depuis son adolescence principalement des courts m trages en Super 8 puis en 35 mm Il a par ailleurs travaill des r alisations multim dia H ritier de l avant garde autrichienne et de sa riche tradition de retraitement critique et plastique d images pr existantes found footage et inspir par l image rie cin matographique populaire son travail entrem le fiction et exp rimentation pixillation animation image par image et collage Laborantin ludique Virgil Widrich fait ainsi passer et repasser les images au tamis d formant de plu sieurs techniques supports et formats Un de ses courts les plus prim s Copy Shop 2001 12 mn r sume merveille
147. urront remarquer que la sonnerie du portable de Rachel qui est cette fois un son in rappelle la musique de Bach D autres exercices sont possibles partir des extraits musicaux choisis par le r alisateur Avant projection l audition peut donner lieu l criture d un sc nario qui sera compar celui du film Apr s projection il s agira de retrouver quelles s quences correspondent les extraits musicaux entendus 33 Un territoire part enti re Propos de Fr d ric Mermoud MOMENT DE TRANSITION LIEU DE PASSAGE Dans L Escalier j avais l intention de raconter une histoire d amour adolescent en adoptant le point de vue de Rachel une jeune fille de 15 ans Quand je plonge dans mes souvenirs je me rappelle que adolescents nous ne savions Jamais o aller pour trouver une certaine inti mit Les cages d escalier sont alors devenues un territoire part enti re surtout dans ces moments o l on doit rentrer chez soi mais que l on ne veut pas L escalier devient un ter ritoire de petites exp riences o les jeunes amoureux se d couvrent et s prouvent En y repensant je me suis dit que ce lieu dont la nature est d tre travers rapidement tait une belle m taphore de l adolescence qui constitue aussi un pur moment de transition d un ge un autre d un corps un autre d un statut un autre D PLACER LE GENRE premi re vue la probl matique et les dia logues de L Escalier rel ven
148. us se superpose aux personnages sacr s le Christ est film en train de rire vulgairement etc Aux accusations Pasolini r pond par un texte en 21 points longtemps in dit et publi en Italie en 1985 sous le titre Observations de Pasolini sur les sc nes incrimin es 1 Le cri Couronne Couronne est la premi re manifestation de la superficialit incr dule sceptique vulgaire du monde qui entoure Stracci et qui sera t moin de son martyr Le ton insouciant ou peu respec tueux ne concerne cependant pas tant ici la couronne que le d roulement du travail sur le plateau et s il se moque de quelqu un il se moque de la suffisance du r alisateur monosyllabique paratactique et ennuyeux avec ses allures peu populaires de surhomme d ca dent qui traite ses subalternes du haut de sa conscience d artiste le go t avec lequel il imite les aff teries chromatiques du Pontormo ou celles musicales de Biscogli et dont la troupe ne sait et ne veut rien savoir La troupe consid re en effet que la couronne est un caprice du r alisateur et avec le ton ambigu propre l ironie populaire romaine elle l accompagne et elle s en moque un peu Moi directement en tant qu auteur j interviens quand les cris irr v rencieux ayant cess s la couronne est lev e par deux mains d ouvrier contre le panorama clatant de blancheur de la ville en le domi nant 2 Ce n est pas le Christ qui clate
149. ut voir de mal dans le fait que Stracci va se cacher dans la grotte pour manger en paix Vraiment je ne me rends pas compte Enfin on m accuse d avoir voulu substituer le symbole du sous prol tariat celui du Christ Je n en vois pas la raison Ce serait de ma part une pure idio tie que ni mon marxisme ni mon aspiration religieuse ne pourraient jamais justifier C est une interpr tation qui me laisse effar tant elle est gratuite et insens e seulement d pass e par celle sur les fils de Stracci et l extraordinaire prise de conscience qu on veut leur attri buer Ce qui m int ressait je le r p te tait d abord de mettre de l huile sur le feu du probl me du sous prol tariat sans faux mysticismes ce sous prol tariat qui comme n a pas manqu de le comprendre le Minist re public est en train de mourir historiquement sans que personne sache qu en faire sinon peut tre comme je l ai crit ailleurs en prose et en vers Jean XXIII et les catholiques qui sont avec lui R f rences FAST FILM Collectif Raoul Hausmann Mus e d Art moderne de St tienne 1994 Collectif Admiranda Restricted n 11 12 Fury Le cin ma d action contemporain Institut de l image Aix en Provence 1996 BAUDELAIRE Charles La Morale du joujou 1853 in Oeuvres com pl tes Gallimard 1975 t 1 pp 581 586 Aussi disponible sur le site de la biblioth que de Lisieux www bmilisieux com litterature baudelaire
150. ux de Rosso Fiorentino et de Pontormo non pas parce qu ils repr sentent ma vision des choses mais tout simplement pour repr senter l tat d esprit dans lequel le metteur en sc ne qui est le protagoniste de La ricotta con oit un film sur la Passion Ces citations rel vent ainsi presque de l exorcisme reconstitution tr s exacte tr s raffin e tr s formaliste exac tement ce que je n aurais jamais voulu faire dans le Vangelo L vangile selon Saint Matthieu et que j attribuais donc pol mique ment au personnage du metteur en sc ne Le journaliste La ricotta m le constam ment le registre tragique et le registre comique Est ce qu on ne pourrait pas dire que finalement toutes vos oeuvres romans films po mes expriment surtout et la fois une joie et une souffrance devant la vie Le po te Depuis mon enfance depuis mes premi res po sies en dialecte du Frioul jus qu la derni re po sie en italien que j ai crite j ai utilis une expression tir e de la po sie r gionale ab gioia Le rossignol qui chante ab gioia de joie par joie Mais gioia dans le langage d alors avait une signification particuli re de raptus po tique d exaltation d euphorie po tique Le signe qui a domin toute ma production est cette sorte de nostalgie de la vie ce sens de l exclu sion qui n enl ve pas l amour de la vie mais l accro t Le journali
151. visuel en r gion Centre Cette politique tous dispositifs confon dus sur le temps scolaire et hors temps scolaire concerne aujourd hui plus de 60 000 jeunes et enfants chaque ann e D s son d marrage Lyc ens au cin ma en r gion Centre a b n fici d une inscription dans un par tenariat troit entre l tat le Minist re de la cul ture et de la communication le Centre national de la cin matographie CNC le Minist re de l ducation nationale et le Conseil r gional R gion Centre L op ration s est depuis tendue aux tablissements priv s et aux lyc es agricoles Ce sont pour l ann e 2004 2005 10 800 l ves de 87 lyc es soit 14 de l effectif r gional qui sont concern s par l op ration Lyc ens au cin ma en r gion Centre s inscrit dans une d marche de sensibilisation et de for mation des jeunes spectateurs au cin ma dans sa diversit et sa pluralit historiques g ogra phiques esth tiques de genres et de formats abordant travers une s lection de longs m trages et de courts m trages les grands noms de l histoire du cin ma ses auteurs contemporains et la jeune cr ation Des docu ments d accompagnement des interventions de professionnels en classe ainsi que des forma tions sp cifiques compl tent le dispositif Ce qui correspond aux intentions d fendues par le Minist re de la culture et de la communication J adresse mes remerciements et mes encourage ments l ensemb
152. voyer au Principe du canap o les jeux de cadre prennent une dimension plus ludique et moins conceptuelle Dans le coin du cadrage fixe de l appartement la photo du petit canap apr s la confection de ce dernier travers le montage des pages Manufrance r appara t agrandie gr ce une sorte de zoom d coratif par la modifi cation m me de l objet Le cadre photo se retrouve alors seul centr dans deux plans rapproch s avant la mise en mouvement strat gique le panoramique sur le mur explication th orique la chute du mur dans le champ application pratique Le principe du canap c est donc ce bon plan social qui permet de sortir de l enfermement par le cadre DE LA CHAMBRE LA SC NE Il est intellectuellement tentant de rapprocher cette histoire des Kammerspielfilme d antan ou plus r cemment des essais modernes sur la vie en vase clos Dans Film d Alan Schneider 1965 d apr s un sc nario de Samuel Beckett O qui n a qu un il Buster Keaton se r fu gie chez lui pour chapper au regard d autrui En suivant le vieil homme chapeaut de dos on conna t le modus operandi qui condamne toutes les ouvertures d une chambre porte fermer fen tre voiler miroir couvrir regard animal chasser motif oculaire occulter photographies et portrait d chirer double de soi semer de fa on ne pas tre pour suivi et m dus par son propre regard Mais il ne faudrait pas perdre de vu
153. yc es partenaires et 38 salles de cin ma Elle a permis aux lyc ens de d couvrir d appr hender d tu dier quelques 78 courts et longs m trages Au del de la sensibilisation du jeune public Lyc ens au cin ma pose les bases d une v ritable ducation au 7 me art et place en premi re ligne l acc s possible la culture cin matogra phique et audiovisuelle pour le plus grand nombre de surcro t dans un cadre scolaire et donc p dagogique La transmission des savoirs l acquisition d un vocabulaire appropri aux objets et aux formes qu on d couvre ou red couvre tout comme la ma trise d exercices permettant de mettre en valeur les comp tences des l ves nous sem blent d terminants C est aussi une certaine id e du lyc e et de son r le que nous avons envie de d fendre travers notre engagement dans l op ration en r gion Centre La R gion Centre peut s honorer d une politique cin matographique ambitieuse qui a pris toute son ampleur ces derni res ann es C est l Atelier de Production Centre Val de Loire P le r gional d ducation et de formation l image qui met en uvre cette politique C est sur son exp rience et son professionnalisme que la R gion Centre peut s appuyer assur ment pour pour suivre dans cette voie Michel SAPIN Pr sident de la R gion Centre Depuis 10 ans Lyc ens au cin ma participe au d veloppement d une politique d ducation artistique au cin ma et l audio

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