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1. Contre plong e Aupr s de leur arbre ils veulent vivre heureux Chacun cherche Sa tribu TEXTE ALEXANDRE LENOIR Bas ehdele7N9S1SRSnle 87 Ne3nl 211n gt Mordus de g n alogie ils sont pr s de dix mille dans le Nord Pas de Calais pister leurs plus lointains anc tres Un record que la r gion partage avec la Bretagne et la Lorraine Qu est ce qui les fait ainsi grimper aux branches en qu te de leurs racines ans le silence stu dieux d une salle de lecture Anne s est d couvert deux a eux prestigieux L un mort d un coup d p e perdu en 1740 lors d une rixe Roubaix l autre envoy au bagne Cayenne en 1880 pour divers vols dans la r gion lilloise Deux anc tres hauts en couleur sortis tout droit des mil liers de pages jaunies que cette H moise de cinquante cinq ans com pulse chaque semaine dans le temple des g n alogistes nordistes les archives d partementales de la rue Saint Bernard Lille et ses soixante kilom tres de manuscrits le plus vieux datant de 804 Non loin d Anne assis c te c te devant une large table sur laquelle s talent de vieux registres paroissiaux G rard et Roselyne font arbre part Origi naire d Armenti res ce couple de retrait s s installe ici tous les apr s midi depuis dix ans pour tenter de a SEPTEMBRE 2012 NORdWAay Bertrand Cr pel 5 GC gi fait fait partie des EISE EEO remonter le plus loin possible les rami
2. migra tions la naissance des villes au XIX si cle Tout ce qui a fa onn notre r gion consid re quant lui Paul Povoas responsable de la revue Nord G n alogie Ce quadra dyna mique assidu des archives d parte mentales salu toutes les cinq minutes par les piliers de la salle de lecture coordonne depuis huit ans plus de quatre cents b n voles afin d indexer tous les mariages de la r gion du XVII si cle 1930 un mil lion trois cent mille l heure actuelle Une longue qu te men e par une majorit de retrait s mais dont les figures de proue sont jeunes l image de Bertrand Crepel Christophe Drugy ou Paul Povoas Un engagement qui peut laisser pantois tant il para t d sint ress et d risoire Car ce n est pas pour l ar gent que ces milliers de passionn s s investissent tant La plupart des documents qu ils d nichent et indexent seront mis disposition du grand public gratuitement sur Inter net ou pour une somme modique par les associations auxquelles ils appar tiennent Y aurait il des motifs reli gieux la qu te exalt e de son pedi gree M me pas Si l objectif de recenser tous les tres humains afin de sauver leur me est une croyance Paul Povoas assis coordonne quatre cents b n voles NORdWAY SEPTEMBRE 2012 bien tablie chez les mormons aux tats Unis il fait tr s peu d adeptes chezles g n alogistes fran ais Non nous faisons to
3. n leur arri re grand p re mais au bout d un moment la plupart mettent leur ner gie au service du plus grand nombre La r gion Nord Pas de Calais compte une quarantaine de soci t s de g n alogistes rassemblant quelque quatre mille passionn s Si l on compte les internautes non ins crits en association pr s de dix mille personnes dans la r gion ten tent patiemment de grimper aux branches de leur arbre g n alogique Un record en France que les Nor distes partagent avec les Lorrains et les Bretons Les explications sont multiples Un universitaire toulou sain y a d cel une volont de retrou ver ses racines dans un territoire qui l instar de la Lorraine voyait depuis Contre plong e vingt ans des pans entiers de son his toire conomique dispara tre D autres avancent des causes plus historiques la r gion tant une construction g ographique artifi cielle y faire des recherches g n alo giques implique de prendre en Gare ceux qui finissent par se croire sous l Ancien R gime compte les nombreuses provinces qui la composaient autrefois Flandre Hainaut Artois D o une multipli cit d associations g n alogiques Certains mettent en avant l attache ment des Nordistes pour la famille et en veulent pour preuve les nom breuses cousinades et autres r u nions familiales ayant lieu chaque week end de Dunkerque Anor Autre raison invoqu e la tradition d ac
4. Pol sur Mer s tant aper u qu un de ses a eux tait mort en prison Plus difficile dans le Pas de Calais Nous ne sommes pas gaux devant la g n alogie Les destruc tions des registres ayant suivi la ligne de front de 14 18 les actes notari s du Pas de Calais ont br l Arras en 1915 Il est toujours plus difficile de retrouver ses a eux dans le Pas de Calais que dans le Nord Armenti res les registres commencenten 1590 La Bass e en revanche il n y a rien avant 1737 Dans la r gion lilloise on peut remonter ais ment jusqu la moiti du XVII si cle Encore plus loin si l on tombe sur un anc tre riche gros laboureur meunier ou issu d une famille noble Enfin sachez que plus votre nom est com mun plus les recherches seront ardues Dans la r gion les Lefebvre Fran ois et autres Guilbert ont plu t t int r t se lancer dans le jardi nage s ils ne veulent pas se laisser d border par leur passe temps favori m
5. cueil de la r gion terre de pas sage et d immigration depuis des si cles Y retrouver ces anc tres n cessiterait d s lors des recherches g n alogiques plus pouss es qu ailleurs en France Avec la cl encore plus de surprises Une enqu te polici re Je viens de retrouver deux anc tres italiens un colporteur et un ramoneur arriv s en 1770 La Bass e s en thousiasme Bertrand Crepel publici taire lillois de trente sept ans Apr s avoir s journ Aurillac il y a quelques ann es sur la trace d a eux auvergnats il s appr te partir dans le Val d Aoste afin de remonter la piste italienne Pr sident de Gen NPdC un forum sur Internet rassem blant plus de quatorze mille curieux la recherche de leurs racines nor distes Bertrand a d j retrouv pr s de deux mille de ses anc tres Une v ritable enqu te polici re pleine d nigmes et de d couvertes r sume le jeune homme Et de frustrations L un de mes a eux est un enfant trou v Lille en 1819 La la branche s ar r te Il faut savoir se dire que c est impossible de remonter plus loin Mais en g n alogie quandil n y en a plus il y en a encore Et c est l tout l int r t de la discipline Actuel lement en multipliant par deux le nombre de ses parents chaque g n ration on en obtient cent vingt huit quand on parvient en 1800 En y ajoutant les cousins les tantes les neveux il y a l d
6. e n a pas eu aller bien loin pour deviner qu elle et sa s ur n avaient pas le m me g ni teur Ce n est pas une baguette magique pr vient liane de Ker chove mais prendre conscience de l origine familiale d un traumatisme qui se r p te de g n ration en g n ration permet parfois de casser la cha ne et de s en lib rer Fausse couche adult re adoption dissi mul e autant de non dits per us malgr tout par les enfants qui selon les psychog n alogistes se r percuteront plus tard sur leurs descendants Attention toutefois ne pas vouloir tout expliquer par les secrets de famille ce n est pas for c ment l accouchement difficile qu a connu votre arri re grand tante qui explique votre spleen Dans une profession non r glemen t e sans dipl me reconnu les char latans existent Des th rapeutes promettant d embl e monts et mer veilles et faisant payer la premi re s ance ne sont pas forc ment les plus recommandables E SEPTEMBRE 2012 NORdWAay anc tres qui vous mettent en lien direct avec la grande histoire lorsque vous d couvrez qu ils ont particip la bataille des Dardanelles ou aux cam pagnes napol oniennes compl te Pierre Kerl v o g n alogiste succes soral lillois qui travaille pour les notaires la recherche d h ritiers cach s Faire de la g n alogie c est plonger dans l histoire locale l volu tion des m tiers l origine des
7. e quoi occuper ses longues soir es d hiver Quand on a retrouv l essentiel de ses ascendants depuis 1700 et qu il devient difficile d aller plus loin on s int resse la vie de l un d entre eux en particulier explique Christophe Drugy quarante et un ans prof d histoire g o lillois f ru de g n alogie depuis l ge de dix ans Ce sont parfois des M Roselyne a exhum quelques p pites Psychog n alogie lucider des secrets de famille pour aller mieux Tu sais quand une femme a deux hommes elle ne sait pas toujours qui est le p re de son enfant C est apr s avoir entendu ces paroles de la bouche de sa m re que Marie sexag naire lilloise a compris et qu elle s est soudain d tendue Comme un d blocage au niveau du ventre Quelques mois aupara vant elle avait entam une psycho g n alogie une th orie d velopp e dans les ann es soixante dix selon laquelle certains traumatismes v cus par nos ascendants peuvent rejaillir sur nous sous forme de troubles de malaises ou de compor tements tranges Marie qui n avait jamais dig r la diff rence de traitement entre elle et sa s ur tout au long de son enfance a revi sit son arbre g n alogique avec l aide d liane de Kerchove psycho g n alogiste villeneuvoise raison de cinq s ances de deux heures en quatre mois pay es chacune 50 euros En recoupant diverses informations ell
8. fications familiales Roselyne elle aussi a exhum quelques p pites un anc tre fr re d armes de Jacques D sandrouin premier exploitant de charbon dans le Nord en 1757 un autre juge en charge d une affaire de sorcellerie sous l An cien R gime et une a eule ayant refus la messe sur son lit de mort en 1745 Les d couvertes les plus ton nantes n tant pas forc ment les plus anciennes Quand j ai commenc mon arbre j ai enfin compris pour quoi ma m re et sa s ur taient brouill es s amuse Roselyne En lisant de vieilles lettres j ai compris qu elles taient amoureuses du m me homme Dix mille Nordistes passionn s Tout en continuant enqu ter sur leurs anc tres ces habitu s des archives servent la cause commune et s investissent pour faciliter les recherches des autres G rard d pouille les actes notari s de la ville d Hondschoote En vieux fla mand ce n est pas toujours NORdWAY SEPTEMBRE 2012 Khoudir Ahmadene passe l L essentiel vident tandis qu Anne photo graphie m thodiquement les pages du registre des naissances de la com mune d Herzeele en 1874 afin de les num riser Ce sont les vrais passion n s ceux qui ne s arr tent jamais s amuse Michel Vangheluwe chef du service recherches figure connue de tous les g n alogistes r gionaux Certains peuvent chercher pendant vingt ans pour savoir o est
9. st de chercher W ONE EN Michel Vangheluwe s chef du service recherches s L si E i En i 1 i i r Li Cha sse aux anc tres mode d emploi La g n alogie comme les recherches historiques demande une patience et une pers v rance hors du commun Petits conseils pour les non initi s Arbronautes en herbe inu tile de vous pr cipiter aux archives d partementales Vous allez don ner des cheveux blancs au chef des recherches Michel Vangheluwe Les d butants c est la cata Ils pensent qu en donnant leur nom ils vont reconstituer leur arbre g n alo gique en une journ e M fiez vous galement des sites Internet propo sant des arbres cl s en main avecsi possible des ascendants nobles Source in puisable le Web peut vite devenir pi geux Au d but je suis parti en vrille avoue J r mie Poin cet trente trois ans fondateur d une association sur la C te d Opale Je nota s tout ce que je trou vais en rapport avec mon patronyme la fin je ne savais plus o j en tais tellement j avais d infos Le plus important avant de commencer Savoir ce que vous cherchez phi losophe Pierre Kerl v o g n alo giste professionnel qui d taille les trois mani res de retracer ses origines La ligne directe en suivant l origine de son nom de famille p re grand p re Le tableau de quartier o l on tient comp
10. te de tous ses ascendants Et enfin la g n alogie descendante partir d un de ses anc tres Ensuite seulement les fouilles peuvent commencer D abord dans le grenier familial et chez tous les membres de votre tribu livret de famille correspondances Puis aupr s des communes dans les quelles ont v cu vos a eux la recherche du saint Graal des g n a logistes les actes de naissance de mariage et de d c s Ce n est qu une fois pass le cap des cent ans en arri re que s ouvrira alors pour vous le monde fabuleux des archives Rouletabille doit alors faire place au rat de biblioth que Rassemblant tous les registres d tat civil paroissiaux avant la R volution de plus d un si cle en ligne et consultables de chez vous les archives cachent des dizaines d autres sources dans ses kilom tres de rayonnages les archives des notaires les actes de successions avec des inventaires tr s pr cis des biens de la personne d c d e jusqu aux titres des livres qu elle poss dait les tats de ser vice militaire avec description phy sique des soldats leurs change ments de domicile leurs campagnes Beaucoup de gens viennent consulter les dossiers des cours de justice des proc s de 1944 pour collaborationnisme r v le Michel Vangheluwe tout en ouvrant un registre de la prison de Loos datant de 1825 qu il vient d exhumer la demande d un g n alogiste de Saint
11. ut cela pour pr server la m moire de nos anc tres sauver les documents et cr er un outil pour aider les gens faire des recherches se d fend Paul Povoas Avec en t te une obsession Celle de l arch ologue qui d niche des tr sors qu on ne trouve nulle part ailleurs Plaisir de chercher Entre les d placements dans les mairies les visites de cimeti res les journ es aux archives plucher des centaines de manuscrits les nuits blanches pass es sur le Net tous les g n alogistes confient que cette pas sion peut tr s vite devenir d vorante Voire ali nante Gare ceux qui finissent par se croire sous l Ancien R gime pr vient Pierre Kerl v o force certains ne vivent plus que pour leurs anc tres avec une tendance n faste id aliser le pass On me dit souvent que je ne m in t resse qu aux morts conc de Ber trand Crepel mais c est surtout l en vie de d crypter la petite histoire qui selon moi a autant sa place que la grande l heure o le Web et les r seaux sociaux sont accus s de col lectionner notre insu des milliers de donn es personnelles sus ceptibles de retracer notre existence la g n alogie du futur sera t elle plus facile pour nos petits enfants Bien qu la t te du plus grand forum g n alogique de la r gion Bertrand Crepel trouverait cela dommage Sans difficult il n y a plus de g n a logie Tout le plaisir c e
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