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1. 4 La participation des travailleurs Comment imaginer que le respect durable des droits fondamentaux des travailleurs puisse exister sans la participation de ces derniers C est pourtant ce quoi s engagent de nombreux distributeurs et de nombreuses marques dans leurs codes de conduite Certes ils exigent de leurs sous traitants de bonnes conditions de travail l absence de recours au travail d enfants et au travail forc Mais ils sont souvent bien plus r ticents lorsqu il s agit de libert syndicale se r f rant dans les meilleurs des cas une l gislation nationale souvent d ficiente en la mati re Page 71 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne Cela ne fait pas l affaire des travailleurs chinois dans la pratique ils ne peuvent pas cr er de syndicats libres En Tha lande o la libert d association a fait merger des syndicats revendicatifs les pressions se font de plus en plus fortes de la part d investisseurs mais aussi de bailleurs de fonds institutionnels pour r primer les organisations de travailleurs Promouvoir la libert d association des travailleurs est donc une d marche prioritaire Elle doit principalement tre men e par les travailleurs eux m mes Mais l encore r side une possibilit d action conjointe d alliance entre organisations du Nord et organisations du Sud Dans les pays du Nord dit Chan Ka Wai directeur du CIC s exp
2. Dans les pays de production asiatiques la priorit est de mobiliser les travailleurs pour qu ils d fendent leurs droits et en premier lieu le droit de s associer librement Car alors ils peuvent n gocier collectivement avec leur employeur en d terminant eux m mes leurs priorit s Mais la plupart des travailleurs ne connaissent pas la l gislation nationale et encore moins les codes de conduite D o l importance de l ducation des travailleurs Education et non formation souligne Celia Mather de l ONG britannique Women working worldwide car l objectif de cette ducation est de leur permettre de tirer leurs propres conclusions Les travailleurs doivent tre dans une position o leur bagage d information propos des codes de conduite leur permet de d cider s ils peuvent se les approprier comme un outil pour am liorer leurs droits ou si cela signifierait un recul tenant compte de leur situation rench rit Ineke Zeldenrust de la campagne internationale V tements Propres L exp rience du Mouvement de femmes Maria Elena Cuadra MEC au Nicaragua est particuli rement int ressante de ce point de vue Josefa Rivera du MEC raconte Mon mouvement m ne campagne pour les droits des travailleurs dans les maquilas les zones franches d exportation Les travailleurs et surtout les travailleuses y font face de nombreuses violations de leurs droits sans pour autant obtenir un soutien ad quat
3. Finalement tout au long de son histoire en visant l enfance tout en faisant jouer la synergie en cr ant une marque globale et en se maintenant au sommet gr ce une extraordinaire concentration du capital Disney concocta cet lixir qui lui permit de fonder un conglom rat tentaculaire un empire o le culte du profit vole la place au r ve En observant les rouages de cette multinationale on s aper oit que l exploitation des ouvri res dans les usines d Asie loin de constituer un probl me isol dans le fonctionnement de l entreprise s inscrit dans une logique globale qui subordonne tout l id ologie du march Ce culte du profit n est bien s r pas propre Disney On le retrouve quelques nuances pr s dans la plupart des multinationales qui font aujourd hui la loi l chelle globale Il transforme la fantaisie la diversit la politique et la culture en valeurs commerciales et r duit l tre humain au r le qu il peut jouer dans cette grande machine r ves D s lors c est la m me logique qui r duit les ouvri res d Asie en outils de production jetables et les citoyens du monde en consommateurs passifs habitants dociles d un royaume global o l on ne vote qu avec ses dollars ses euros ou ses yens Ces derni res ann es la prise de conscience des fils qui relient les travailleurs et les consommateurs les citoyens du Sud et ceux du Nord a entra n le d veloppement d importants mouvements de r sistance et
4. voluent tous les secteurs de l conomie et de la soci t Pour sortir de l exploitation il est important de faire pr valoir les droits des travailleurs sur ceux des soci t s multinationales comme nous l avons amplement discut dans les chapitres pr c dents Mais de mani re plus large cette d marche s inscrit dans un ensemble de changements profonds visant la construction d une soci t bas e sur des valeurs humaines et non boursi res Pour Jacques Chai Chomthongdi conomiste Focus on the Global South une ONG activement impliqu e dans l organisation du Forum social mondial quand nous parlons d alternatives la globalisation de l conomie nous ne cherchons pas remplacer le syst me en place par un autre syst me mondial et centralis applicable tous La crise actuelle du capitalisme mondial nous enseigne qu imposer des recettes uniques ne marche pas Chaque pays doit trouver un quilibre entre l ouverture aux march s mondiaux et la protection de son conomie en fonction de ses caract ristiques de ses besoins et des aspirations de ses populations Page 117 Jouets de la mondialisation VIL Ecran g ant Sans entrer dans le d tail des politiques qui sont aujourd hui propos es pour sortir de l impasse citons trois pistes troitement li es l industrie d exportation forte intensit de main d uvre comme celle du jouet sortir les campagnes de la mis re contr ler les investissements tr
5. a se passait dans une usine produisant pour GAP et Marks amp Spencer Je me suis rendue code de conduite sous le bras dans les bureaux de GAP Jakarta Je Ieur ai dit que leur code n tait pas respect et que si GAP ne faisait pas les d marches n cessaires pour le mettre en uvre j en informerais mes contacts internationaux Le repr sentant a fait mine de ne pas attacher d importance cela Mais GAP a quand m me fait pression sur la direction de l usine et a obtenu des r sultats La situation s est d bloqu e un temps mais trois mois plus tard la direction a recommenc nous intimider for ant les travailleuses du syndicat r aliser des heures suppl mentaires tous les soirs Nous avons alors voulu faire la m me d marche vis vis de Marks amp Spencer Comme la soci t n a pas de bureau en Indon sie j ai demand une organisation britannique d agir pour nous Marks amp Spencer a r pondu ne pouvoir rien y faire Mais la soci t a stopp toute commande l usine J ai rencontr par la suite une repr sentante de Marks amp Spencer de passage Jakarta Elle m a conseill de la contacter directement la prochaine fois si je d couvrais que le code de l entreprise n tait pas respect dans une usine Comme ce n est pas toujours facile de d cerner pour quels clients travaille une usine je lui ai alors demand de me fournir la liste des entreprises qui produisent pour Marks amp Sp
6. emploi une dur e de temps de travail raisonnable et un syst me de contr le et de v rification qui implique des travailleurs des syndicats et des organisations de travailleurs lt Quel contr le Le contr le ind pendant r alis par des soci t s d audit a ne peut pas fonctionner soutient Chan Ka Wai Avec quelle fr quence les contr leurs peuvent ils inspecter une usine Le co t en est tellement lev que seules les entreprises peuvent le payer Pour tous la participation des travailleurs au contr le est un facteur cl Sur base de notre exp rience de travail sur le terrain il y a un pr alable important et non n gociable pour la lutte des travailleurs et les campagnes de sensibilisation affirment les participants au s minaire de Bangkok Avant qu un code puisse tre utilis l avantage des travailleurs ceux ci doivent s organiser en un syndicat Pour les organisations chinoises pays o les travailleurs ne peuvent pas former de syndicat libre ce pr alable ne peut pas tre rencontr Les codes de conduite ne sont alors utiles d apr s Chan Ka Wai que s ils donnent aux travailleurs l acc s un pouvoir de revendication et de n gociation La seule fa on d obtenir cela c est que le contr le soit r alis par les travailleurs dit Chan Ka Wai Il ne suffit pas que les travailleurs soient interrog s 1ls doivent pouvoir mener eux m mes les recherches et les interv
7. il en soit l initiative ouvre d utiles d bats sur l ad quation du droit national actuel vis vis d acteurs conomiques transnationaux Elle a cependant t oubli e dans un placard de la l gislature belge qui s ach ve en 2003 Si la Belgique est un des pays qui a le plus d velopp la comp tence universelle d autres pays comme les Etats Unis disposent aussi de possibilit s de juger une entreprise pour ses pratiques dans un autre pays Des organisations de d fenses des droits des travailleurs aux Etats Unis ont red couvert une loi qui date de 1789 et qui durant deux si cles n a t utilis e que dans de tr s rares circonstances Le Alien Tort Claims Act permet des individus de nationalit trang re de poursuivre un citoyen ou une entreprise des Etats Unis pour la violation du droit international Le Fonds international pour les Droits du Travail une ONG des Etats Unis recourt actuellement cette loi dans trois proc s l un contre Coca Cola et sa filiale colombienne pour le recours des milices paramilitaires dans le cadre d assassinats de torture et de kidnapping de dirigeants syndicaux le second contre Exxon Mobil pour de graves violations des droits de villageois indon siens et le troisi me contre Unocal dans un proc s similaire celui intent en Belgique contre Total Fina Elf Eneadr Total Fina Elf poursuivi pour crimes contre l humanit en Birmanie 25 avril 2002 Quatre
8. petit le portrait de la compagnie Disney que nous dressons ci dessous nous permettra de suivre le fil qui relie les travailleurs et les consommateurs de l entreprise Plus globalement il nous permet aussi d observer comment les communaut s humaines tant au Nord qu au Sud sont affect es par l emprise des soci t s transnationales qui comme Disney quadrillent le globe Citati Disney une entreprise dont la mission tait autrefois de rendre les enfants heureux est devenu un groupe gocentrique et intimidant dont le but principal est de r aliser toujours plus de b n fices aux d pens du reste Au lieu d tre le ma tre d uvre des r ves des enfants Disney s est forg une r putation de camp d entra nement pour cadres rapaces avides et sans c ur Extrait du courrier des lecteurs Los Angeles Times Page 44 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves 1 L enfance pour c ur de cible Une marque qui touche les enfants sur le march mondial est un enjeu pour lequel les soci t s transnationales d pensent aujourd hui des milliards de dollars Walt Disney illustre pr curseur dans l univers du dessin anim et du divertissement comprit cette alchimie plus d un demi si cle avant que les professionnels du marketing se lancent avec tant d ardeur sur les bambins The Walt Disney Company fait des consommateurs vie et c est l l un des secrets de son formidable succ s commercial 7 12 a
9. 199 199 199 199 199 200 Source Financial Times Comme on l a vu avec l histoire de Disney la constitution d empires conomiques r pond la recherche de synergie pour imposer sa marque ainsi qu au besoin de contr ler tous les maillons de la cha ne de production et de diffusion D autre part la formation de ces mastodontes conomiques r pond galement au besoin pour survivre dans le march plan taire d atteindre une taille suffisante Et ce quelle que soit la coh rence de marque ou la logique de la concentration verticale Ainsi au sein m me de l entreprise Disney on trouve une s rie d activit s qui n ont plus rien voir avec Blanche Neige tels que des bars sportifs Ces activit s ne s int grent pas l image de marque du loisir familial de Disney elles ne portent pas la signature de Disney mais elles contribuent son chiffre d affaires Page 60 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves Pour l intellectuel philippin Walden Bello la synergie a peut tre constitu une motivation dans certains cas mais c est l limination de la concurrence qui a motiv les m ga fusions et les m ga alliances les plus importantes de ces derni res ann es comme la fusion de Mobil et d Exxon le rachat de Nissan par Renault 22 T poursuit en expliquant que les fusions et les acquisitions sont une r ponse la crise de la surproduction que conna t aujourd hui l conomie mondiale Depui
10. alable de Disney et ce uniquement apr s que le sous traitant se soit engag par crit vis vis de Disney respecter les normes figurant dans ce Code de Conduite Page 137 Jouets de la mondialisation Annexes Surveillance et conformit Les fabricants autoriseront Disney et les agents qu il aura d sign s y compris les tiers prendre part des activit s de surveillance pour confirmer que ce Code de Conduite est respect y compris inspections sur site l improviste des installations de fabrication et des logements fournis par l employeur tudes des livres et dossiers relatifs l embauche et entretiens en priv avec les salari s Les fabricants conserveront sur site toute la documentation pouvant permettre de d montrer que leur conduite est conforme ce Code de Conduite Publication Les fabricants prendront les mesures n cessaires pour que les provisions de ce Code de Conduite soient communiqu es aux salari s y compris l affichage d une copie de ce Code de Conduite de fa on ce qu il soit bien en vue et ce dans un endroit auquel les salari s peuvent acc der facilement tous moments Page 138 Jouets de la mondialisation Annexes Annexe III MONDIALISER LA JUSTICE SOCIALE D claration du mouvement syndical l occasion du Forum social mondial Porto Alegre et du Forum conomique mondial New York janvier f vrier 2002 Les travailleurs dans la majeure partie du
11. ant cette demande un argument l gal des Etats Unis est utilis pour la premi re fois au Royaume Uni le lieu du proc s doit tre d termin par l int r t public Si comme le pense la Cour d Appel l int r t que porte au proc s le public sud africain est plus important que celui des Britanniques alors le proc s doit se tenir en Afrique du Sud En janvier 2000 une campagne de sensibilisation et de r colte de fonds est lanc e pour mobiliser le public britannique En juillet le gouvernment sud africain d clare que l int r t des Sud africains est de voir ce proc s se d rouler au Royaume Uni La Chambre des Lords ne peut alors qu estimer non pertinent l argument d int r t public et se base sur l absence de soutien l gal en Afrique du Sud pour consid rer enfin la tenue du proc s au Royaume Uni En d cembre 2001 tr s vite apr s le remplacement du pr sident du groupe Cape un accord est conclu entre les parties Cape accepte de verser 21 millions de livres sterling dans un fond mutuel tablir en Afrique du Sud Ce fond permettra de d dommager les travailleurs et les membres des communaut s voisines des exploitations qui peuvent prouver que leur sant a t affect e par les activit s de Cape Cape a conditionn le payement de cette somme la garantie que le gouvernement d Afrique du Sud ne soutiendra pas d autres plaintes contre la soci t et qu il n exigera pas de Cape la r
12. autres pays comme l Argentine devront s effondrer avant que des institutions et dirigeants mondiaux arr tent d imposer leur mod le avant de l examiner fond Et combien d autres entreprises comme Enron devront s crouler avant que ces m mes institutions et dirigeants se demandent s rieusement s1 les entreprises m ritent la confiance publique qu elles ont gagn e L histoire prouve que le mouvement syndical compos d organisations repr sentatives et d mocratiques peut aider remplir le vide moral cr par les forces du march Il constitue un instrument qui traduit la volont des travailleurs et devient leur levier pour faire bouger le monde pour changer la r partition des richesses et de pouvoirs l int rieur et au del des Page 139 Jouets de la mondialisation Annexes pays Les syndicats sont m me de transformer la soci t C est pourquoi tous les tyrans qu ils soient publics ou priv s craignent la libert syndicale Les syndicats sont galement l un des rares acteurs capables de surpasser les divisions qui polarisent actuellement nos vies et par cons quent de construire un monde meilleur Le mouvement syndical international r affirme sa conviction que le respect des droits syndicaux est un aspect essentiel du d veloppement social et conomique assorti d une justice sociale Le mouvement syndical se rend Porto Alegre et New York pour transmettre un message unifi Les
13. combien d autres entreprises comme Enron devront s crouler avant que ces m mes institutions et dirigeants se demandent s rieusement si les entreprises m ritent la confiance publique qu elles ont gagn e L histoire prouve que le mouvement syndical compos d organisations repr sentatives et d mocratiques peut aider remplir le vide moral cr par les forces du march Il constitue un instrument qui traduit la volont des travailleurs et devient leur levier pour faire bouger le monde pour changer la r partition des richesses et de pouvoirs l int rieur et au del des pays Les syndicats sont m me de transformer la soci t C est pourquoi tous les tyrans qu ils soient publics ou priv s craignent la libert syndicale Les syndicats sont galement l un des rares acteurs capables de surpasser les divisions qui polarisent actuellement nos vies et par cons quent de construire un monde meilleur Le mouvement syndical international r affirme sa conviction que le respect des droits syndicaux est un aspect essentiel du d veloppement social et conomique assorti d une justice sociale 7 V SERRA Human rights aspects of IMF and World Bank action in Indonesia during the crisis Universit de Lund juillet 2000 Muchtar Pakpahan fondateur du SBSI Dita Inda Sari a t r cemment lue pr sidente du FNPBI le Front national pour la lutte syndicale Rekson vice pr sident du SBSI interview le 2
14. conditions de s curit et d hygi ne dans les usines Face l absence effective de libert syndicale en Chine continentale les organisations de Hong Kong r unies au sein de la Toy Coalition inaugureront aussi un travail particulier de formation des travailleurs la s curit et l hygi ne porte d entr e pour l organisation des travailleurs au sein des usines Forts de leur capacit de mobilisation les Tha landais investiront le domaine l gislatif Mais d s 1997 aux prises avec une crise conomique aigu et des licenciements massifs ils devront d fendre une libert syndicale remise en cause 1 R trospective sur 10 ans de campagne Pr s de 10 ans apr s le lancement du mouvement l heure est son valuation et la discussion de ses orientations strat giques Dans cette salle de r union de Hong Kong se m lent volontiers aux organisations impliqu es depuis le d but de nouveaux venus de Belgique et de nouveaux acteurs comme cette actionnaire critique de Mattel Ce sont cette fois des photographies qui rappellent l origine le sujet et l objectif de l action M me en noir et blanc les victimes de Kader et Zhili sont toujours bien pr sentes Principaux animateurs chinois de la coalition le Hong Kong Christian Industrial Committee CIC et l Asia Monitor Resource Center AMRC m nent l exercice pour un bilan la fois modeste et ambitieux Depuis 10 ans quelques am liorations notables on
15. de l heure quand une ouvri re philippine n en touche que 6 par jour et une ouvri re tha landaise ou chinoise entre 3 et 5 par jour 3 20 5 30 euros Par ailleurs comme l expliquent les organisations de d fense des droits des travailleurs la docilit des ouvriers est galement tr s recherch e par les donneurs d ordre et les investisseurs trangers A nsi les r gimes forts et la r pression exerc e par les gouvernements sur les libert s syndicales constituent des avantages comparatifs sur le march mondial de l emploi D autres facteurs interviennent dans les d localisations tels que la stabilit conomique et politique du pays la pr sence d infrastructures et de moyens de communication ou les avantages fiscaux Page 31 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable octroy s par le gouvernement Enfin certains pays la Chine en premier lieu attirent par la dimension de leur march interne en pleine croissance S1 la main d uvre est un facteur ce point central c est que tout le reste des investissements aux technologies et des quipements aux mati res premi res provient en grande partie de l tranger C est ainsi que pr s de la moiti 47 des changes commerciaux chinois est le fait d entreprises capitaux trangers qui importent des biens transformer puis les r exportent La Chine est en quelque sorte devenue un vaste atelier travaillant pour des entreprises trang res la
16. du secteur produits d riv s de Disney 38 OMPI office mondial de la propri t intellectuelle http www wipo org Propos recueillis aupr s de Disney Thailand Fun Characters International Bangkok le 13 juin 2002 4 D apr s le t moignage anonyme d un ex employ du secteur produits d riv s de Disney Ibidem 42 Je jouet belge petit poucet op cit How Hasbro McDonald s Mattel and Disney manufacture their toys op cit Entretien avec Chan Ka Wai directeur associ Hong Kong Christian Committee Bankgok le 8 mai 2002 Propos recueillis le 1 mai 2002 dans la r gion de Jakarta Page 43 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves IL Disney Company Marchand de r ves A un journaliste du Los Angeles Times qui lui demandait quelle avait t son exp rience la plus enrichissante Walt Disney r pondit Tout le business Le fait que j aie pu construire cette entreprise et en garder le contr le Disney n est pas tant une entreprise qu un Etat nation avec ses propres id es et attitudes et vous devez vous y adapter d clara un jour Michael Ovitz un ancien directeur de la firme De fait quand on s enfonce dans les coulisses du monde enchant derri re les r ves de l enfance les id aux de puret d amusement et d innocence on d couvre un empire pr dateur aux ramifications tentaculaires Avec son chiffre d affaires de 25 milliards de dollars en 200
17. e prompte intenter des proc s et notamment pour les parcs d attractions appliquer strictement un r glement int rieur draconien et quasi militaire concernant la tenue et l observation des horaires de travail Gr ves l endroit le plus heureux de la terre Lorsque Michael Eisner passa aux commandes en 1984 l une de ses premi res t ches fut de r gler une gr ve des employ s de Disneyland l endroit le plus heureux de la terre Alors que le nouveau PDG de Disney n gociait avec son conseil d administration l un des salaires les plus juteux d Hollywood 1 800 travailleurs de Disneyland se voyaient contraints d accepter un gel de leurs salaires pendant deux ans Les meneurs de la gr ve furent purement et simplement menac s de licenciement avant de trouver un accord avec la nouvelle direction Page 98 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres Les parcs th me aux Etats Unis comme en Europe sont r guli rement secou s par des mouvements syndicaux Les revendications vont du temps de travail au respect du repos hebdomadaire du poids des costumes au statut des artistes de la d finition des t ches au code de discipline De nombreux emplois dans les parcs d attraction sont de petits boulots des emplois pr caires des contrats d tudiants des McJobs Le personnel est ici aussi soumis des cadences acc l r es A l attraction Big Thunder je dois embarquer 2000 v
18. es des pays comme la Cor e du Sud Singapour Ta wan et plus tard la Malaisie de se hisser parmi les pays industrialis s ne s est pas produit sous un r gime de libre march non r glement Pendant les p riodes de croissance l conomie de ces tigres asiatiques tait troitement contr l e par les gouvernements qui impos rent des conditions tr s strictes aux investisseurs trangers afin de g n rer leur d collage conomique Mais aujourd hui on assiste plut t une d r gulation syst matique Toutes les mesures positives cit es plus haut sont per ues comme des entraves au libre march et condamn es par des institutions telles que l OMC Pourtant la concurrence sauvage l chelle mondiale ne permet pas aux pays du Sud de sortir du sous d veloppement Comme le rappelle un r cent rapport de la CNUCED d taillant les risques d une strat gie de d veloppement bas e sur les investissements trangers les gouvernements doivent disposer d une marge de man uvre suffisante pour g rer leur int gration dans l conomie mondiale Page 119 Jouets de la mondialisation VIL Ecran g ant Aujourd hui de nombreuses voix s l vent pour r clamer le droit pour les gouvernements du Sud de d finir des politiques en faveur de leurs populations et non des multinationales des pays d velopp s Page 120 Jouets de la mondialisation VIL Ecran g ant Au pied d un volcan endormi des jouets Made in Dign
19. et les syndicats Les difficult s de mise en uvre que rencontre Disney dans la pratique ne seraient elles pas en partie contourn es en impliquant les travailleurs et quand c est possible leurs organisations repr sentatives Il y a fort parier que Disney se pose ce type de questions Mais jusqu aujourd hui les d marches d ducation et de formation ne s adressent pas aux travailleurs des unit s de production A notre connaissance aucun syst me de plainte n est mis en uvre l initiative de Disney L attitude peu ouverte aux syndicats n tonne pas de la part de la compagnie Disney Mais pourra t elle encore longtemps poursuivre ses efforts pour le respect des droits des travailleurs sans impliquer dans la d marche les premiers concern s Quant aux syndicats Peut tre dans le futur dit Marc Spears sans plus de commentaires 4 Pour ne pas devenir le jouet des codes de conduite Il n y a que deux fa ons de prot ger les droits des travailleurs introduit Dwight Justice de la Conf d ration internationale des syndicats libres de bonnes lois correctement mises en uvre et une bonne organisation des travailleurs La pertinence des codes doit s valuer en fonction de cela permettent 1ils de promouvoir le respect des l gislations nationales et la promotion de normes internationales li es aux droits des travailleurs May Wong coordinatrice de la campagne Jouet Hong Kong pr cise
20. gocier directement leurs propres contrats de licence aupr s de Disney et s approvisionner en Chine afin d liminer les interm diaires Les commandes ultra rapides Finalement les imp ratifs de la grande distribution influencent fortement la mani re dont les entreprises passent commande Au bout de la cha ne de production cela se traduit par une nouvelle d t rioration des conditions de travail des ouvriers Les jouets connaissent un cycle de vie de plus en plus court les modes passant vite dans les paradis de la grande consommation De plus les profits de l industrie d pendent de plus en plus d un petit nombre de produits vedettes de Pokemon Harry Potter Afin de rester comp titifs les d taillants souhaitent disposer d une grande rapidit d action Ils gardent le moins de stock possible et se munissent d une structure pouvant r pondre imm diatement aux tendances du march Si Spiderman fait fureur ils en demandent mais si les derniers personnages de Disney ne s duisent pas ils les laissent tomber Les acheteurs passent donc commande en derni re minute exigeant des d lais de livraison ultra rapides just in time delivery De plus pour viter de se retrouver avec des invendus ils commandent de petites quantit s quitte renouveler l op ration peu de temps apr s Selon les chiffres de l Association des producteurs de jouets de Hong Kong les d lais de livraison de Mattel Hasbro Disney et McDonald s s
21. l int r t public par l int r t priv N est on pas l devant la m me confusion qui suscitait la division entre l Eglise et l Etat il y a quelques si cles Voir ce propos les chapitres 2 et 4 F d ration g n rale des Travailleurs de Belgique 3 C CRABBE et al La Mode d shabill e Les Magasins du monde OXFAM Bruxelles 1998 p 110 Securities and Exchange Commission En 1999 les cinq fonds mutuels les plus importants dans l actionnariat de Disney comptaient ensemble 49 9 millions de parts Rapport du secr taire g n ral Sous commission des droits de l homme des Nations unies E CN 4 Sub2 1906 12 para 72 cit dans L CATALDI Les campagnes ne suffisent pas Entreprises Quelle responsabilit sociale Courrier de la Plan te n 64 2001 vol IV 7 En juillet 2001 la Commission a pr sent le Livre vert Promouvoir un cadre europ en pour la responsabilit sociale des entreprises COM 2001 366 Elle y d finissait la responsabilit sociale des entreprises comme l int gration volontaire par les entreprises de pr occupations sociales et environnementales leurs activit s commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes Suite la publication de ce livre vert la Commission a mis en uvre une large consultation des parties prenantes Dans son sillage la Commission publiait en juillet 2002 une Communication concernant la responsabilit sociale des
22. l usine sont tr s bas Nous n avons pas pris un seul jour de cong depuis des mois Dans le pire des cas nous devons travailler toute la nuit Mais malgr tout cela je ne touche qu entre 600 et 700 yuan 75 85 7 US la fin du mois a comprend tout les heures suppl mentaires et les primes Nous prenons des vacances quand il n y a pas de commande Nous devons conomiser de l argent pour la saison creuse quand personne ne peut pr dire combien il y aura de travail Je viens d apprendre de mes coll gues que nous devrons prendre de longues vacances partir d octobre S curit et hygi ne d plorables Chaleur intenable vapeurs toxiques nuages de poussi re quipements dangereux absence de sorties de secours les conditions de travail dans les usines de jouets violent g n ralement les r gles minimales de s curit et d hygi ne Dans leur course au profit les employeurs sacrifient facilement la sant de leur personnel sur l autel de la comp titivit M Xiao Chi Hasbro Chine Tous les jours nous travaillons une temp rature d environ 33 38 degr s dans le d partement moulage Les machines produisent beaucoup de bruit et de chaleur L air est plein d une forte odeur chimique Et je dois r p ter les m mes mouvements ouvrir la machine mettre le plastique presser retirer le plastique Beaucoup d entre nous ne supportent pas la chaleur l odeur et le bruit Certains s vanouiss
23. la logique que nous d non ons dans ces pages se retrouve quelques nuances pr s chez les autres grands du jouet tout comme dans d autres secteurs tels que ceux du v tement ou des articles de sport Le choix de Disney comme principal fil conducteur n est cependant pas le fruit du hasard Pour ceux qui cherchent comprendre le fonctionnement de la grande consommation et des fili res de production l re de la mondialisation cette entreprise repr sente un v ritable monde enchant Dans un palmar s domin par Coca Cola et McDonald s Disney compte parmi les plus puissantes marques du monde ces grands noms qui ont r ussi s immiscer jusqu aux moindres recoins de la plan te En imposant ses personnages et sa signature sur une gamme toujours plus tendue de produits et d activit s Disney a augment son chiffre d affaires de mani re spectaculaire tout en devenant omnipr sent dans la vie de centaines de millions d enfants et d adultes Aujourd hui avant de vendre des films ou des produits l entreprise commercialise une certaine id e du r ve Ensuite une fois associ e au bonheur au loisir et la fantaisie la marque Disney vend ce qu elle veut des savonnettes des croisi res des missions de t l vision ou m me le droit de vivre dans une ville 100 Disney c t des parcs d attractions la multinationale a cr une ville enti rement priv e Celebration en Floride Ce faisant elle att
24. la pointe de la lutte ouvri re Seuls les Page 21 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi syndicats appartenant la structure officielle All China Federation of Trade Unions ont le droit d exister Des syndicats ind pendants sont parfois cr s entre autres sous la pression des donneurs d ordre ou sous la pression de certification comme la SA8000 Ils ne sont toutefois tol r s que s il s agit de syndicats maison dont les leaders sont des membres de la direction ou des proches de celle ci Le syndicat officiel se retrouve dans une position ambigu coinc entre la d fense des politiques gouvernementales et celles de ses membres Tr s souvent la balance penche du c t du maintien de l ordre tabli Il arrive m me que les dirigeants syndicaux occupent galement des postes de direction dans l entreprise Pourtant certains responsables syndicaux au niveau local prennent parfois r solument le parti des travailleurs et les aident r soudre leurs conflits avec le patronat De plus en plus des ouvriers utilisent avec succ s les rouages officiels existants les m dias les autorit s locales le bureau local du Minist re du travail ou les syndicats pour d noncer les abus dont ils sont victimes En 1999 de janvier juin plus de 230 000 ouvriers avaient eu recours la proc dure de m diation officielle l issue de laquelle ils ont de grandes chances d obtenir gain de cause en 1996 cett
25. les publicit s crois es les accords commerciaux les prises de participations strat giques et autres familiarit s auxquelles se livrent les grandes marques l chelle globale obligeront peut tre bient t Blanche Neige rebaptiser les sept nains des noms c l brissimes de McDonald s Coca Cola Kodak Nestl Kellogg s Gillette Mazda ou pourquoi pas Monsanto Il faut dire qu au sommet les accords se multiplient En 1997 McDonald s et Disney signaient une alliance formelle de dix ans D sormais m me P kin les mangeurs de hamburgers re oivent des jouets griff s Disney pour les Happy Meals et les employ s d un McDonald s de Disney World en Floride portent des d guisements approuv s par Mickey Quant Coca Cola il jouit du titre de fournisseur exclusif de boissons gazeuses dans les parcs th me de Disney depuis 1955 et sa division Minute Maid lancera bient t sur le march une nouvelle gamme de boissons pour enfants sign e Disney En mai 2002 Kodak a renouvel son alliance avec le g ant des loisirs lui permettant de poursuivre ses ventes d appareils jetables de pellicules et de photos prises sur le vif dans les parcs le tout en change de sponsorings divers La soci t Gillette mieux connue pour ses rasoirs a d velopp une gamme de brosses dents en partenariat avec Mickey Winnie l ourson et leurs amis Pour lancer sa nouvelle camionnette familiale en Am rique du Nord Mazda n a pas h si
26. les v hicules chevaucher les jouets de plein air les jeux cr atifs les jeux artistiques et d artisanat les jeux scientifiques ducatifs musicaux les jeux d assemblage les jeux de construction les maquettes les mod les r duits de v hicules les v hicules qui ne peuvent tre mont s les circuits automobiles et les trains les jouets imitant le monde des adultes les maisonnettes et quipements de cuisine et les autres jouets les jeux th mes les jeux de cartes collectionner comme Pokemon et Magic re mm Rachats fusions alliances Depuis les ann es 1970 les entreprises de jouets ont fusionn pour mieux faire face la concurrence internationale Les g ants am ricains tels que Mattel et Hasbro ont multipli les acquisitions d entreprises de marques ou de personnages c l bres Hasbro a rachet MB Monopoly Trivial poursuit Playskool jouets premier ge et Wizards of The Coast fabricant de cartes qui a connu un succ s ph nom nal gr ce aux Pokemon tout en accumulant dans son portefeuille de licences toute une s rie de personnages tels que ceux de La guerre des toiles les Teletubbies Spice Girls ef r cemment Harry Potter De son c t Mattel a acquis entre autres les poup es Corolle Spear le Scrabble Uno le jeu de cartes le plus vendu au monde et Fisher Price le leader anglais des jouets premier ge Le dynamisme de Mattel tient de cette fa on son d veloppeme
27. leur potentiel et leurs limites Chapitre 5 Dans le d bat sur le respect des travailleurs il est clair que les syndicats constituent un acteur incontournable Aucun changement en profondeur ne verra le jour sans la participation active des travailleurs sans la libert d association et le renforcement de leurs organisations Dans le chapitre 6 nous raconterons comment les syndicats indon siens affrontent la r pression politique et les d fis d un mod le conomique qui r duit sans cesse leur marge de man uvre Un petit d tour par l histoire des syndicats dans l empire Disney nous permet aussi de dresser d tranges parall les entre la criminalisation des dirigeants syndicaux dans l Am rique d avant guerre et en Indon sie sous la dictature entre les emplois pr caires dans les parcs de loisirs et le m pris des travailleurs la cha ne en Asie Chapitre 6 Plusieurs types d acteurs convergent vers l objectif du respect des droits des travailleurs dans les fili res de production des entreprises transnationales Le r le des syndicats doit y tre primordial Emergeant aussi sur le terrain de la responsabilit sociale des actionnaires actifs r alisent un travail pr cieux au sein m me des structures de d cision des entreprises Aujourd hui individus ONG organisations syndicales ou de consommateurs ne peuvent compter que sur de rares et faibles instruments juridiques permettant de juger et de sanctionner les
28. long terme impliquant la formation du personnel et donnant de nouvelles opportunit s aux ouvri res les zones franches d exportation les soumettent un haut degr d ins curit d emploi des statuts toujours plus pr caires et ne D 27 leur offrent qu une formation minimale 1 2 Q Q Les interm diaires chevilles ouvri res de la mondialisation Dans ce contexte les interm diaires jouent un r le important dans la fili re d approvisionnement des jouets Certains d entre eux comme PT Yami disposent de leurs propres infrastructures de production mais d l guent une partie de leurs commandes d autres empochant une portion du b n fice au passage D autres sont simplement des interm diaires commerciaux Ils re oivent les commandes des grandes entreprises et sous traitent la production diverses usines dans diff rents pays sans disposer de leurs propres installations manufacturi res C est le cas de Li amp Fung une entreprise bas e Hong Kong qui Disney commande l essentiel des marchandises Made in China qui seront vendues dans les boutiques Disney et dans les parcs d attractions les produits sous licence Disney suivent g n ralement un autre parcours comme on le verra ci dessous Li amp Fung est une entreprise importante cot e la bourse de Hong Kong qui dispose de bureaux dans plus de 40 pays Elle ne poss de aucune usine ni aucun magasin mais elle assure les tapes interm diair
29. nous n arrivons pas acheter les m dicaments dont notre b b a besoin En fait je pr f rerais rentrer au village Je n y ai pas de terre mais m me comme ouvrier agricole notre vie serait moins rude Mais nous ne pouvons pas partir car tout ce que nous poss dons a t achet cr dit Il nous faudra encore des ann es pour tout rembourser Et il balaye de la main l ensemble des biens de la famille une TV une table un matelas un ventilateur une armoire et le luxe d risoire d un poisson rouge le tout dans la petite pi ce de 3 m tres carr s qu il loue au pied des usines Li de L I Scandale au quotidien Les t moignages qui manent des fabriques de jouets voquent parfois de terribles trag dies humaines ouvri res handicap es vie suite des mauvais traitements travailleuses mortes d puisement accidents emportant des dizaines de vies De tels v nements ne se produisent pas tous les jours et bien s r les conditions de vie des ouvri res varient avec les usines les zones et les pays Ces drames constituent pourtant la pointe d un iceberg immonde l exploitation cette fois quotidienne du maillon le plus faible de la grande machine conomique plan taire Salaires de mis re cadences de travail intenables s curit et hygi ne lamentables conditions de vie sordides humiliation et r pression de nombreuses enqu tes r alis es dans les zones industrielles d noncent de Page 12 Jouets de
30. Code de conduite Le paysage des codes de conduite est en pleine volution Les donn es n ont par cons quent ici qu une valeur indicative L une des tudes les plus r centes en la mati re a t r alis e par l OCDE en juin 2000 Des codes de diff rents types L OCDE analysait alors 246 codes de conduite dont la plupart datent de la d cennie 1990 Pr s de la moiti d entre eux 118 exactement taient des codes adopt s par une entreprise individuelle 92 manaient de f d rations patronales 32 taient issus de collaborations entre syndicats et ONG et 4 avaient t d velopp s par des institutions intergouvernementales Pour soigner la r putation de l entreprise Certains codes de conduite mentionnent les avantages concurrentiels esp r s par l entreprise qui s en dote Sur les 246 codes tudi s par l OCDE 51 font tat de la promotion de la r putation et de l image de marque de l entreprise 21 mentionnent la fid lisation de la client le 15 y voient une am lioration de l activit 14 une ma trise des risques juridiques et 9 une source de renforcement de la loyaut du personnel Au contenu variable Plus de la moiti de ces codes 148 pr cis ment faisaient r f rence aux conditions de travail mais parmi ceux ci seuls 30 mentionnaient la libert d association et le droit de n gociation collective A l autre extr mit un des codes tudi s issu d une entreprise nord am
31. Disney les droits de Mickey Quand le nom et l image jouent le r le central dans la vie d une entreprise cette derni re se livre un v ritable culte du copyright Pour Disney les droits d auteur et de reproduction que la soci t d tient sur certains de ses personnages de ses images et de ses histoires constituent un actif bien plus important que ses propri t s fonci res ou que ses r serves de tr sorerie C est pourquoi nulle firme au monde n a exerc un contr le de ses productions avec autant de rigueur que Disney Cette culture d entreprise remonte l aventure d un petit rongeur aux longues oreilles baptis Oswald le Chanceux En 1928 Universal Pictures r ussit d poss der Walt Disney de ses droits sur ce petit lapin qu il avait cr pour un court m trage d animation Suite cet chec il dessina une souris nomm e Mickey et jura que plus jamais personne ne s emparerait de sa prog niture imaginaire Depuis lors l entreprise a jalousement conserv tous ses films dans ses tiroirs sans en c der les droits d utilisation C est d ailleurs cette strat gie qui lui permet aujourd hui encore de gagner des millions de dollars sur les nouvelles incarnations technologiques des grands classiques d avant guerre Disney ne s est pas content d utiliser les technologies les plus avanc es pour conserver ses films avec un soin d archiviste L entreprise a galement b ti une carapace juridique rarissime autour de ses
32. Disney sur la soci t am ricaine cette logique enfonce les enfants dans un r le de consommateurs passifs au sein d un univers exclusivement commercial plut t que de les aider devenir des acteurs critiques et dynamiques de la soci t o ils grandissent Je ne fais pas des films que pour les enfants Je m adresse l innocence enfantine Le pire d entre nous n en est pas d pourvu si profond ment enfouie soit elle Par mon travail je m adresse cette innocence j essaye de l atteindre Walt Disney 2 La synergie Comment tre partout La synergie est une autre formule magique d couverte par Walt Disney au cours de sa carri re Le contr le d une s rie d activit s conomiques qui se renforcent mutuellement pour g n rer davantage de b n fices est aujourd hui devenu un v ritable mantra dans le monde du business Pratiquement cette strat gie consiste tendre sa marque sur tous les espaces imaginables de la vie des consommateurs et transformer le moindre produit en une publicit pour les autres activit s du groupe L histoire des studios Disney raconte la naissance de cette nouvelle mani re de faire des affaires Les dessins anim s Fils d un ouvrier migrant d origine irlandaise Walt Disney fonda un petit studio de dessin anim en 1923 Hollywood A l poque cette technique tait encore balbutiante mais les studios Disney innovaient Mickey Mouse vint au monde et avec lui le p
33. Elle est l principalement pour aider les travailleuses conclure des conventions de travail avec leur employeur Les codes de conduite Oui les travailleurs lui posent parfois des questions propos de ces textes affich s en anglais sur les murs de l atelier Pour Lely ils peuvent tre utiles parce qu ils procurent un outil de pression suppl mentaire sur les compagnies l tranger et sur les entreprises en Indon sie Les travailleuses de PT Karma sont en pleine d couverte de l action syndicale Pour elles Les codes de conduite n am nent que de faibles changements Ce que nous voulons c est la possibilit de n gocier collectivement des accords avec la direction afin de d finir les droits et les devoirs de la direction et des travailleurs Elles disent cependant que le processus de contr le qui a eu lieu r cemment dans l usine a permis une premi re rencontre entre notre syndicat et la direction Emilia dirigeante du syndicat ABGTEX a une plus longue exp rience avec les codes de conduite Elle explique que Chercher un support international n est pas la premi re Page 95 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres action laquelle on pense en cas de conflit Nous misons d abord sur notre capacit n gocier collectivement et sur le recours des lois nationales Il y a quelques temps pourtant nous faisions face une situation totalement bloqu e
34. En novembre 2001 13 entreprises impliquant 4 000 usines dans 75 pays participaient l initiative et 161 coll ges et universit s des Etats Unis taient affili s www fairlabor org Les entreprises qui participent FLA sont Adidas Salomon Charles River Apparel Eddie Bauer Gear for Sports Jostens Joy Athletic Levi Strauss amp Co Liz Claiborne Nike Patagonia Phillips Van Heusen Polo Ralph Lauren Reebok Page 130 Jouets de la mondialisation Annexes Social Accountability 8000 S A8000 est tablie en 1997 par le Council on Economie Priorities and Accreditation Agency CEPAA une organisation am ricaine connue aujourd hui sous le nom de Social Accountability International SAI SA8000 est un standard applicable tout secteur industriel Il concerne les conditions de travail et contient un syst me de v rification et de certification En novembre 2001 80 usines et installations avaient obtenu la certification SA8000 Huit entreprises de distribution en taient signataires adoptant SA8000 comme leur code de conduite pour mener leurs propres activit s de production et choisir leurs fournisseurs www sa intl org Les entreprises signataires sont Amana Avon Products Cutter amp Buck Dole food Eileen Fisher Otto Versand Toys R Us et V gele Worker Rights Consortium WRC na t en 2000 l initiative des Etudiants unis contre les sweatchops USA en r action l initiative FLA Son objectif est d
35. Le code FLA est cens tre respect par toutes les unit s de production d tenues par la marque ou le distributeur par tous ses fournisseurs tous ses sous traitants tous ses d tenteurs de licence C est le principe Une exception est toutefois pr vue ne doivent pas se soumettre au code FLA des unit s de production qui ne travaillent pas plus de 6 mois sur 24 pour le distributeur concern par la certification Dans des secteurs comme le v tement ou pire le jouet cette exception fait figure de r gle FLA introduit une progressivit en exigeant qu end ans les trois ans 30 des unit s de production fournissant des produits de la marque soient certifi s et 5 15 suppl mentaires par tapes suivantes de 2 3 ans La SA8000 d clare s appliquer toutes les fili res d approvisionnement de l entreprise mais n accompagne ce principe d aucune exigence contractuelle La certification de ETI porte sur l entreprise concern e et tous ses fournisseurs Un flou persiste cependant selon le produit concern V tements Propres et WRC couvrent toute la fili re WRC exige une d claration de la part du distributeur ou de la marque V tements Propres exige l introduction de la clause dans les contrats pass s entre l entreprise et ses fournisseurs sous traitants et d tenteurs de licence Le contr le interne et la v rification ind pendante font l unanimit Les cinq initiatives convergent sur la n cessit de con
36. Lee Bali etc Vanity Fair VF Corporation Lee Wrangler Rustler Riders Britannia et Chic Jeans Kellwood qui produit des marques d tenues par Wal Mart et Gerber Childrenwear Page 134 Jouets de la mondialisation Annexes Sources P UTTING Regulating business via multistakeholder initiatives a preliminary assessment UNRISD 2001 et F DE KONINCK Van code tot controle Schone Kleren Campagne Brussel 2001 zones sp ciales d industrialisation d Am rique centrale souvent montr es du doigt pour lesz vioaltions des droits des travailleurs qui y ont lieu Voir ce sujet ainsi qu propos de WRAP le site de l association canadienne Maquila Solidarity Network www maquilasolidarity org Page 135 Jouets de la mondialisation Annexes Annexe II The Walt Disney Company Code de conduite pour les fabricants Les engagements de Walt Disney Company sont les suivants des crit res d excellence s appliquant tous les aspects des affaires que nous traitons et ce dans chaque partie du monde une conduite thique et responsable en ce qui concerne toutes nos op rations le respect des droits de l individu dans tous les cas et Le respect de l environnement Nous demandons tous les fabricants de produits Disney de partager ces m mes engagements Nous exigeons au minimum que tous les fabricants de produits Disney r pondent aux normes suivantes Travail infantile Les fabrica
37. Michael Eisner quand il prit la t te de la compagnie Disney Patron de Disney depuis pr s de 20 ans il fut l un des premiers PDG superstars de l Am rique des ann es 90 Wall Street le reconnut comme le sauveur de l entreprise le prince providentiel qui multiplia par douze la valeur de l action Disney de 1985 1990 et qui fit doubler et ensuite tripler les b n fices nets de l entreprise Le sommet de sa gloire co ncide avec l immense succ s commercial que fut le Roi Lion le dessin anim que le public jugea digne des grands classiques de Walt Disney M Eisner fait partie de cette g n ration de patrons vedettes invit s aux cocktails mondains et dans les auditoires des universit s r digeant des autobiographies logieuses et poursuivi par les journalistes comme des chanteurs de rock Avec le rachat de la cha ne de t l vision ABC par Disney il entrait galement dans le club s lect des ma tres de l univers comme s auto d signaient les patrons des conglom rats titanesques qui dominent la communication plan taire jusqu ce que de grands scandales les atteignent en 2002 A ce culte de la personnalit correspond un salaire faramineux D s son engagement M Eisner n gocia avec le conseil d administration une r mun ration exorbitante A cette poque les salaires des patrons am ricains connurent une croissance faramineuse Selon une enqu te de Business Week aux Etats Unis un chef d entreprise gagnait en moyenn
38. TRIPS en anglais The Guardian le 12 f vrier 2001 0 Written Testimony of Richardson before the U S China Commission 18 janvier 2002 l Human Rights for Workers Bulletin No IV 20 10 novembre 1999 5 The Economist 9 mai 2002 5 The New Internationalist d cembre 1998 H A GIROUX op cit p 32 R LANQUAR op cit 5 Mani re de voir Mai juin 2002 57 H A GIROUX op cit p 45 5 Lib ration le 12 mars 2002 W BELLO Review of No Logo op cit Le Monde 27 mars 2002 Le Monde 14 mars 2002 J FLOWER op cit p 170 J FLOWER op cit p 241 Le Monde 7 juin 2002 Forbes 25 avril 2002 Page 64 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne Deuxi me Partie Les jeux ne sont pas faits Dynamiques sociales de changement Page 65 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne IV Chinois et Tha landais m nent campagne Tout commence le 10 mai 1993 En Tha lande l usine de jouets Kader est la proie des flammes 189 travailleurs y perdent la vie 469 autres sont gravement bless s 6 mois plus tard Shenzhen en Chine continentale l usine de jouets Zhili est son tour ravag e par un incendie nocturne Cette fois 87 travailleurs meurent et plus de 100 sont bless s Dans les deux cas les enqu tes d montreront que les portes des dortoirs taient ferm es cl Ces usines appartenaient toutes deux d
39. US la haute saison explique un ouvrier produisant pour Disney Mais la saison creuse en plus de l amende il sera licenci Vous ne saviez pas que l usine fait tout pour diminuer le nombre de travailleurs la saison creuse Ils pr f rent recruter de nouveaux travailleurs quand ils en ont besoin Vous voyez bien c est tellement facile de recruter maintenant Une foule attend devant l usine tous les jours Les r cits des ouvri res sont parfois accablants Quand elles racontent la mani re dont les traitent les superviseurs et les contrema tres elles font tat d injures de harc lement d humiliations et m me parfois de punitions corporelles Une enqu te r alis e au sein d une usine en Indon sie montre que de s v res punitions sont impos es aux ouvri res ayant os prendre un cong de maladie Lors de leur retour Page 20 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi l atelier convalescentes elles sont tenues de rester debout sans bouger pendant des p riodes allant d une heure une journ e enti re La presse chinoise r v le de temps autres ce type d abus dans les usines capitaux trangers Ces articles racontent par exemple le coup de mauvaise humeur d une directrice cor enne qui for a 120 ouvriers s agenouiller devant elle un seul s y opposa ou la punition de cette jeune ouvri re d une usine de chaussures capitaux ta wanais qui fut enferm e dans la ca
40. Walt Disney Company and Subsidiaries Annual Report 2001 New Internationalist Avril 2001 Le Monde 23 5 2002 The Nation 7 01 2002 Dans certains cas Disney ne poss de ces soci t s que partiellement 3 Une marque globale au royaume de l image A Disney un style de vie A force d imposer son logo sur une gamme de produits et de services de plus en plus vaste Disney finit par franchir un pas extravagant elle proposa ses clients d habiter dans sa marque Avec les parcs de loisirs le public pouvait d j vivre une exp rience totale li e la marque manger Disney acheter Disney jouer Disney dormir Disney Mais cela restait limit dans le temps aux quelques journ es pass es Disneyworld Alors en 1994 l entreprise cr a une ville de 2 5 milliards de dollars et de 2 000 habitants Celebration en Floride Le vieux r ve de Walt Disney de fonder une ville id ale qu il signerait de son nom voyait enfin le jour Celebration se pr sente comme une ville mod le une communaut humaine soud e o tous les voisins sont amis et o tout le monde tond soigneusement la pelouse de son jardin explique t on sur le site internet Pour cette ville enti rement priv e Disney a choisi le style architectural d une petite ville am ricaine du d but du si cle pass avec ses maisons uni familiales ses cl tures en bois et ses all es tranquilles bord es d arbres ses places et ses rues pi tonni res Pas de HLM p
41. apr s midi Jour de repos en Indon sie De longues heures de travail hebdomadaire derri re elles dix travailleuses sont en pleine discussion dans le bureau local de leur f d ration syndicale Elles font le point sur le conflit social qui a divis les travailleurs et la direction de leur usine durant quelques semaines Toutes paraissent sereines et d termin es Pourtant leur situation est loin d tre simple Quatre d entre elles sont poursuivies en justice et risquent de 3 9 ans de prison Leur syndicat SPG regroupe 114 travailleurs de l usine sur un total de 1750 environ Il est petit mais 1l d range les vieilles habitudes de n gociation et de compromis tiss es entre la direction et le SPTSK la branche textile du SPSI ancien syndicat unique inf od la dictature de Suharto L ann e pass e d j quelques coll gues qui rassemblaient les travailleurs autour de leur nouveau syndicat ont t licenci es Et lorsqu un arr t de travail a clat spontan ment dans le d partement de production de l usine en f vrier 2002 r unissant 1600 travailleurs la direction a imm diatement inscrit les d l gu s du SPG dans sa ligne de mire Pourtant Ce n est pas le SPG qui a lanc le mot d ordre d arr t de travail affirme une des d l gu es ce sont les travailleurs eux m mes Ils exigeaient que la direction se conforme la nouvelle loi sur le salaire minimum et augmente par cons quent les salaires part
42. au sommet on arrive une fragmentation inou e de la production Plus de 15 000 tablissements fabriquent des jouets ou des v tements l enseigne de Disney de par le monde alors qu en Chine du Sud plus de 300 sous traitants travaillent pour Mattel A l chelle globale des milliers d usines entrent en concurrence les unes avec les autres se livrant une lutte impitoyable pour empocher les contrats des grandes marques Dans cette structure hi rarchique les maillons sup rieurs bas s dans les pays riches contr lent les activit s forte valeur ajout e concept design contr le des droits de Page 27 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable propri t marketing tout en d l guant d autres acteurs une grande partie de la logistique et de la production A titre indicatif en 1999 les exportations chinoises de jouets exprim es au prix d usine s levaient 6 3 milliards de dollars La m me ann e le march mondial au prix de la distribution atteignait 71 10 milliards de dollars La Chine comptant au minimum pour 50 des exportations mondiales on arrive une diff rence de 1 5 entre le prix d usine et le prix de distribution Et bien qu au sommet de la fili re les revenus soient mirobolants tout au bout de la cha ne des millions d ouvriers empochent des salaires qui ne leur permettent pas de nourrir leur famille dans la dignit Encadr La cha ne de production du joue
43. autre ou m me d un continent l autre au gr des masses ouvri res disponibles Aux Philippines on parle des usines hirondelles pour d crire ces installations qui s envolent d un jour l autre vers des cieux plus cl ments ne laissant sur place que quatre murs et une arm e de ch meurs La production des marchandises Disney vit elle aussi l re des hirondelles Bas e principalement Hong Kong Ta wan et en Cor e du Sud il y a une vingtaine d ann es on l a ensuite retrouv e en Ha ti et au Salvador en Tha lande au Sri Lanka en Indon sie en Birmanie au Bangladesh au Vietnam et en Chine Lresekss Made in China Bien que le march mondial du jouet soit domin par quelques grandes multinationales am ricaines et japonaises la Chine n en est pas moins devenu en l espace d une dizaines d ann es le premier producteur mondial En 2000 elle exportait pour 5 6 milliards de dollars de jouets et pour 0 6 milliards de jeux vid o correspondant 10 des ventes au d tail de la plan te Cependant compte tenu des marges des grandes marques et des distributeurs cela repr sente pr s de 50 de la production mondiale en volume Elle est le principal fournisseur de jouets des Etats Unis 55 des jouets achet s Outre Atlantique y sont fabriqu s et de l Union europ enne 65 des importations de jouets proviennent de Chine tandis que le Japon deuxi me source d approvisionnement ne repr sente q
44. capitaux ce syst me s est retrouv au c ur de la concurrence f roce que se livrent les pays du Sud pour attirer les investisseurs trangers Au bout du compte l ampleur des concessions faites aux multinationales l isolement des zones dans l conomie du pays ainsi que l instabilit des investissements trangers sont tels que les retomb es positives sur les pays d accueil sont extr mement limit es En ce qui concerne les droits des travailleurs les zones affichent de sombres r sultats Des agissements antisyndicaux harc lement listes noires licenciements massifs ont t recens s dans les zones franches d exportation de pays tels que le Bangladesh les Philippines la R publique Dominicaine et le Sri Lanka d nonce un rapport du Bureau international du travail en mai 2000 En Chine lorsque Deng Xiaoping annonce en 1978 l ouverture de zones conomiques sp ciales comme des fen tres sur l conomie globale il pr cise aussi que l exploitation des travailleurs y serait tol r e De m me dans une publicit pour ses zones franches les autorit s du Bangladesh d clarent explicitement Le Bangladesh offre la main d uvre la meilleur march et la plus productive La loi interdit la formation de syndicats dans les zones et les gr ves y sont ill gales Finalement d apr s un livre consacr aux travailleuses de ces zones dans dix pays asiatiques au lieu d offrir des emplois
45. ce qui augmente encore le contr le de la direction sur leurs vies Il s agit de logements surpeupl s qui ne disposent pas des installations qui garantiraient un confort minimal et la s curit de ses habitantes Dans une usine produisant des jouets Disney certaines chambr es comptent jusqu 30 ouvri res empil es sur des lits superpos s En 2000 les chercheurs de l AMRC ont m me visit une chambre de 400 personnes dans une entreprise produisant galement pour Disney Le plus souvent les toilettes et les points d eau pour les douches et la lessive sont insuffisants parfois insalubres Les ouvri res doivent souvent patienter plusieurs heures apr s leur longue journ e de travail pour faire un brin de toilette Bien que le recours ce syst me soit moins fr quent aujourd hui certaines usines pratiquent toujours le trois en un la production l entreposage du mat riel et le logement se situent dans un m me b timent Cette pratique augmente fortement les risques d accidents En 1993 deux terribles incendies se d clar rent dans de tels tablissements l un en Tha lande et l autre en Chine entra nant la mort de 188 personnes d une part et 87 de l autre En Indon sie la plupart des usines de jouets ne disposent pas de leurs propres dortoirs Les ouvri res doivent alors louer de petites chambres dans lesquelles elles s entassent plusieurs sur quelques m tres carr s Bien qu elles entretiennent leur chamb
46. chelonnent entre une et sept semaines entre le d p t de la commande et la livraison des marchandises sur le navire qui les emportera D autres informations en Indon sie indiquent qu en quelques ann es les d lais de livraison sont pass s de 3 1 mois pour le m me type de commande Certains acheteurs comme McDonald s poussent cette logique encore plus loin en pratiquant la technique de l inventaire z ro zero inventory les chargements sont transport s imm diatement du navire aux magasins Cela p se moins sur les liquidit s financi res r duit z ro les frais d entreposage tout en acc l rant les d lais de livraison Toutes les tapes de la production sont ainsi comprim es l extr me afin de coller au plus pr s au rythme des supermarch s Ainsi avant de passer commande l acheteur envoie g n ralement un mod le au producteur et lui demande de r aliser un chantillon D apr s un entrepreneur indon sien il ne dispose g n ralement que de 3 jours une semaine pour se procurer les mat riaux n cessaires et fournir cet chantillon Cela demande beaucoup de travail et c est toujours la course explique t il De plus nous ne savons m me pas si le produit sera accept Par ces r ductions continuelles des d lais de fabrication les distributeurs transf rent sur les fabricants les risques li s la gestion des stocks D autre part ils imposent aux unit s de Page 41 Jouets
47. chinoise r v lait que l usine City Toys employait des mineurs d ge pour la fabrication de jouets McDonald s A ces accusations s ajout rent celles d un rapport How Hasbro McDonald s Mattel and Disney manufacture their toys Hong Kong Christian Industrial Committee d cembre 2001 Page 10 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi accablant du Hong Kong Christian Industrial Committee sur les conditions de travail chez les sous traitants de McDonald s En novembre 2000 McDonald s mettait fin son contrat avec City Toys entra nant le licenciement imm diat et sans indemnisation de dizaines de milliers d ouvriers L honneur tait sauf le g ant du hamburger lavait sa r putation grandes eaux Il pouvait continuer exploiter la main d uvre dans une usine voisine Pourtant dans la plupart des pays du Sud emp cher les enfants de travailler n est pas une option r aliste Les repr sentants de Kompak une organisation sp cialis e dans cette probl matique en Indon sie expliquent que m me quand ils rencontrent des enfants travailleurs 10 ans ils ne cherchent pas les sortir des usines car s ils perdent leur travail la plupart d entre eux n auront absolument rien manger C est aussi simple que a explique une animatrice de ce programme Ce que nous faisons c est nous assurer qu ils aient des conditions de travail acceptables qu ils re oivent le salaire minimum et nous organisons
48. cole 15 ans assument une telle responsabilit Tous les jours les 58 membres de la communaut se r unissent pour un forum matinal Ils y discutent de la production mais ils y abordent aussi une multitude de sujets d int r t g n ral Gr ce au forum je comprends mieux ce qui se passe dans la r gion Avant je ne m int ressais pas du tout la politique Je votais pour n importe qui Maintenant je fais plus attention explique un travailleur L objectif de Singgih et Harianto est de donner aux membres de la communaut suffisamment d outils pour former une coop rative autog r e enti rement responsable de la production Ils pourraient alors se retirer pour cr er un petit bureau parall le sp cialis dans le design Pour les fondateurs d Aruna Arutala le sens de la responsabilit ne s arr te pas la production de jolis objets en bois Sur les terres de l atelier un membre de la communaut cultive des l gumes bio qu il vend prix r duits lors du forum matinal Ici les pesticides font des ravages En lan ant cette petite exploitation bio Aruna Arutala esp re donner aux fermiers du coin le go t d une autre agriculture mieux int gr e dans son environnement On peut difficilement imaginer une telle int gration aux dynamiques locales de la part d une entreprise capitaux trangers venue s installer pour quelques ann es sur le territoire indon sien la recherche d ouvriers bon march Ici le maigre ca
49. contredisaient alors les d clarations de Nike sur les bonnes conditions de travail dans les usines de ses sous traitants qui figuraient notamment dans un rapport diffus par Nike Marc Kasky citoyen californien d cidait alors d attaquer Nike pour publicit mensong re Nike choisit de se placer sous la protection du premier amendement consid rant que les d clarations sur ses pratiques relevaient du d bat public et non de l all gation commerciale La d cision de la Cour Supr me en a d cid autrement et ne manquera pas de faire jurisprudence Lorsque dans le but de promouvoir ou de d fendre ses ventes et ses profits une entreprise fait usage de repr sentations factuelles propos de ses propres produits ou de ses propres op rations elle doit dire la v rit a estim le juge 3 S parer Etat et Entreprise Aujoud hui au nom de la libre concurrence les pouvoirs publics se placent en retrait et laissent faire les r gles du commerce Mais quel est ce pr jug selon lequel les entreprises ne pourraient pas s appuyer sur des cadres l gaux contraignants pour se positionner de mani re concurrentielle tout en prenant bras le corps leur responsabilit sociale La capacit des pouvoirs publics construire et imposer ce type de cadres l gaux est aujourd hui au c ur de leur l gitimit vis vis de citoyens qui se voient confisquer leurs droits et leurs institutions par des lobbies industriels
50. d indemniser compl tement les travailleurs licenci s Son directeur d clarera que Les activit s de la campagne et de nombreuses lettres adress es au bureau de la compagnie Hong Kong ont port atteinte la r putation de Maisto et lui ont caus des pertes financi res Et debeneadr Ces actions de solidarit montrent l importance de la cr ation de liens entre organisations non gouvernementales et organisations de travailleurs de plusieurs pays d implantation d une m me entreprise manufacturi re C est d autant plus vrai dans l actuel contexte de l Asie de l Est o les entreprises manufacturi res deviennent progressivement des soci t s dimension transnationale investissant dans plusieurs pays la recherche des moindres co ts de production Mais la mise en r seau ne se limite pas cela En marge des actions d clat un r seau asiatique d organisations centr es sur le soutien aux victimes d accidents du travail et de maladies professionnelles devient op rationnel en 1997 Il permet un change continu d informations et d exp riences entre des organisations et des syndicats d Inde du Pakistan du N pal du Cambodge de Tha lande de Ta wan de Cor e du Japon des Philippines d Indon sie et de Chine Les r seaux intercontinentaux sont eux aussi initi s d s la premi re heure en 1993 L id e est bien entendu de lier les deux bouts de la cha ne les travailleurs d Asi
51. de conduite Le programme ILS comporte plusieurs volets Des d marches d ducation et de formation permettent aux employ s de Disney aux d tenteurs de licence aux vendeurs et aux directeurs d usines de prendre connaissance du code du programme et de ses objectifs Disney encourage les changes de bonnes pratiques entre ces acteurs Selon la soci t des milliers de sessions de formation ont ainsi t r alis es travers le monde depuis 1997 D s 1997 Disney a entrepris de contr ler le respect de son code Il a d abord eu recours uniquement des soci t s d audit commerciales auxquelles sont venus s adjoindre en 1998 des contr leurs maison Une quipe est active en Chine Selon la soci t plus de 25 000 audits d usines ont t r alis s dans plus de 50 pays Chaque d tenteur de licence comme chaque vendeur doit fournir Disney la liste compl te de ses sous traitants Chacun d entre eux doit tre approuv par Disney apr s contr le Chacun de ces contr les comporte une inspection du site et des conditions de travail l examen des registres de salaires et des interviews priv es avec des travailleurs En compl ment de ce travail ponctuel Disney a d velopp une base de donn es couvrant plus de 30 000 usines 5 000 d tenteurs de licence et vendeurs Lorsque les informations dont dispose Disney montrent qu un de ses partenaires de production ne respecte pas son code de conduite un plan de rem
52. de la mondialisation II De l usine au bac sable production des rythmes de production irr guliers impr visibles et extr mement intensifs au moment des commandes Pour les ouvriers cela signifie des jours et des nuits de travail sans repos suivis de p riodes creuses sans salaire Il s av re vident que le syst me de passation des commandes ainsi que les prix extr mement bas pratiqu par les acheteurs ne permettent pas aux producteurs de respecter les lois du travail ni les codes de conduite adopt s par ces m mes acheteurs pour soigner leur image de marque En conclusion le sc nario qui se d roule devant nous est celui d un grand jeu plan taire o une poign e d acteurs de plus en plus puissants se retrouvent face une pl thore de petites unit s de production Sur le march mondial du jouet cela donne aux g ants un norme pouvoir de n gociation leur permettant de dicter les prix et les conditions leur guise Toutes les tapes de ce processus visent clairement r duire les co ts et maximiser les gains Mais chaque conomie effectu e chaque gain de flexibilit et de productivit et chaque d robade des multinationales devant leurs responsabilit s sociales finissent par se payer cash l autre bout de la fili re Pour des millions de travailleurs derniers maillons de cette longue cha ne c est en sueur en larmes et en sang que se paye cette course la comp titivit Dans le chapitre suivant no
53. de la part des syndicats Nous avons d cid de cr er notre propre mouvement Des campagnes du Nord nous ont soutenus Elles nous ont demand comment nous aider et les travailleuses ont r pondu Nous ne voulons pas de boycott Nous voulons que les entreprises restent au Nicaragua MEC a alors lanc sa propre campagne 30 000 travailleurs et membres des communaut s ont sign notre appel pour le Travail dans la dignit La campagne a permis de d velopper un travail d ducation des travailleuses Cela les a conduit r diger leur propre code de conduite Plus tard elles l ont pr sent au Minist re du Travail et elles ont r ussi doter le code d un statut l gal en tant que R solution minist rielle Par la suite 20 employeurs ont sign le texte Leur d marche a contribu initier une r forme du statut legal des zones franches d exportation Page 88 Jouets de la mondialisation V Code de conduite Ces r sultats ont donn confiance aux travailleuses Ils les ont incit es revendiquer le respect de leurs droits Car les violations ne se sont pas arr t es Des femmes sont toujours renvoy es lorsqu elles sont enceintes Des syndicalistes sont encore licenci s Nous poursuivons donc nos efforts de campagne et d organisation des travailleuses Nos relations avec les syndicats se sont am lior es Parmi les 18 500 travailleurs de la zone franche 5 000 participent des projets d ducation des
54. de travailleurs sous trait s qui apposent des marques sur des produits pour des compagnies qui ne les ont pas engag s ainsi que pour la vie politique o m me le simple acte de voter semble de nombreuses personnes n avoir aucun rapport avec leur vie quotidienne La privatisation effr n e et irresponsable des services publics vitaux partie int grante de la d finition et de la construction d une soci t d cente aggrave cette ali nation en d truisant le lien entre des services abordables d cents quitables et de qualit et la volont et participation politiques Cependant de plus en plus de personnes de gouvernements et de compagnies reconnaissent que le sc nario business as usual n est plus valable Ils savent que m me si la mondialisation non r glement e fonctionne pour certains elle ne fonctionne pas pour un nombre trop lev de personnes La fa on dont la d r glementation des march s financiers mondiaux a permis d tendre les r seaux qui nourrissent le terrorisme t moigne du besoin de prendre des initiatives visant au d veloppement d un cadre pour la gouvernance mondiale et de renforcer la r glementation de la mondialisation Les march s ne r glent pas les d g ts qu eux m mes ont provoqu s Ils ne g n rent pas automatiquement la justice Ils ne requi rent pas le respect des droits humains pour prosp rer ou fonctionner Autrement dit le pilote automatique ne fonctionne pas Combien d
55. des salari s qu ils travaillent plus que la dur e la plus courte parmi les dur es de temps de travail suivantes a 48 heures par semaine et 12 heures suppl mentaires ou b limites l gales pour le nombre d heures normales et suppl mentaires ou l o les lois ne limitent pas la dur e du temps de travail la semaine de travail normale pour le pays en question plus 12 heures suppl mentaires De plus sauf en cas de circonstances extraordinaires pour l entreprise les salari s auront droit au moins un jour de cong par p riode de sept Jours L o les normes locales de l industrie d passent les exigences l gales en vigueur nous demandons aux fabricants de se conformer aux normes plus lev es Protection de l environnement Les fabricants respecteront toutes les lois et r glementations en vigueur sur l environnement Autres lois Les fabricants respecteront toutes les lois et r glementations en vigueur y compris celles ayant trait la fabrication aux prix la vente et la distribution de marchandises Toutes les r f rences aux lois et r glementations en vigueur dans ce Code de Conduite comprennent les codes r glements et r glementations locaux et nationaux ainsi que les trait s et normes volontaires de l industrie en vigueur Sous traitance Les fabricants n emploieront pas de sous traitants pour la fabrication de produits Disney ou de parties de ceux ci sans l autorisation crite pr
56. diation lui est propos Si le partenaire ne d sire pas mettre ce plan en uvre ou choue dans sa concr tisation Disney ne lui permet plus de produire pour sa marque Une gestion du risque On le voit Disney a investi des moyens importants dans le programme ILS plusieurs dizaines de millions de dollars depuis 1996 qui est suivi de pr s par un comit r unissant des directeurs de haut niveau Au c t de cette prise en compte de sa responsabilit sociale sans doute doit on voir dans cet investissement un souci de gestion des risques pas question de mettre l empire en p ril en n gligeant ce terrain actuellement tr s sensible aupr s du public et qui somme toute ne repr sente que 10 du chiffre d affaires de Disney Selon un ancien employ de la soci t Michael Eisner aurait ainsi d clar que si un jour l image de Disney devait tre mise en p ril par des probl mes li s aux conditions de production des produits d riv s il n h siterait pas supprimer cette division Le connaissant il en est capable ajoutait 1il La pression est forte Et le faux pas peut co ter cher cette soci t gardienne des valeurs middle class am ricaines Des valeurs qui se refl tent dans l autosatisfaction affich e par Disney en mati re de code de conduite Tout en participant des changes de bonnes pratiques et en observant l volution d autres initiatives de multiples parties prenantes Disney estime qu elles
57. e au d but de l ann e 2004 elle risque de limiter les possibilit s r elles d y int grer des crit res sociaux Libre concurrence oblige La vigilance est de mise Poursuivre en justice les entreprises qui violent les droits fondamentaux des travailleurs l tranger La r action des entreprises aux campagnes de d nonciation est plus souvent d termin e par une gestion du risque valuant l impact n gatif de telles actions sur l image de marque de la soci t que par une r elle volont d assumer sa responsabilit sociale Cela pose videmment des limites importantes aux actions de solidarit avec les travailleurs Il est donc l gitime d explorer ce que la loi met disposition pour poursuivre les entreprises transnationales pour les impacts de leurs op rations l tranger Et si aucune loi n offre aujourd hui le parfait support tenant compte des violations constat es ou de leur contexte chaque action intent e permet cependant de b tir une jurisprudence sur laquelle construire de nouvelles actions Les exemples pris dans les pages suivantes ne sont pas issus du secteur du jouet La loi belge de comp tence universelle Elle n arr te pas de faire parler d elle C est cette loi qui a permis la tenue en Belgique du proc s contre des ressortissants rwandais accus s de g nocide sur des populations de m me nationalit au Rwanda C est elle qui aurait ventuellement permis de poursuivre Pinoc
58. entreprises transnationales Par manque de volont mais aussi du fait de l absence de cadres l gaux ad quats les Etats pris individuellement n ont pas la capacit de contr ler les impacts sociaux et environnementaux des entreprises qui ont tendu leurs terrains d op ration l ext rieur des fronti res nationales Mais le droit n est pas fig Les lois voluent et des proc s alimentent la jurisprudence Chapitre 7 Finalement notre parcours dans l univers des jouets s ach vera par une projection sur cran g ant Le chapitre 8 d crira comment l ensemble de ces initiatives pour am liorer le sort des travailleurs dans les pays du Sud s inscrit dans un mouvement beaucoup plus global Ce dernier d nonce le mod le conomique actuel dans son ensemble et propose des alternatives qui remettent les droits humains au c ur des d bats A la place d un syst me global qui transforme tout ce qu il touche en marchandise le mouvement altermondialiste esquisse une multitude de voies dans le respect de la diversit de la culture et de la dignit des habitants de la plan te Chapitre 8 Ce livre ne lance pas une campagne de boycott des jouets Disney Mattel ou Hasbro C est un appel aux responsabilit s de tous des citoyens pour qu ils r agissent contre l invasion de leur vie quotidienne par de grandes soci t s transnationales des syndicats pour qu ils d fendent effectivement les int r ts des travailleurs t
59. era une agence d accr ditation le CEPAA rebaptis en 2000 SAI Social Accountability International Le SAI accr dite des organismes d audit En juin 2002 ils taient 9 dont le Bureau Veritas Intertek Testing Services SGS ICS et TUV Rheinland Hong Kong Ltd Tous ces organismes sont des soci t s commerciales La norme s adresse aux entreprises de production et non aux distributeurs ou aux marques la t te des fili res de sous traitance C est aupr s d un des organismes accr dit s que l entreprise candidate la certification d pose sa demande d montrant qu elle respecte les l gislations locales et nationales et qu elle est en mesure d atteindre les standards inclus dans la norme Apr s un premier contr le l entreprise recevra ventuellement le statut de candidat la certification SA8000 Elle pourra faire valoir ce statut aupr s des signataires SA8000 10 entreprises transnationales qui s engagent se fournir dans des unit s de production certifi es SA8000 comme par exemple Toys R Us pour les jouets portant sa marque Avant de faire effectuer l audit l entreprise dispose d un d lai d un an pour se conformer aux normes mettre en place ou modifier des proc dures et syst mes de gestion requis End ans ce d lai l audit de certification aura eu lieu financ par l entreprise de production qui veut obtenir la certification Il sera r alis par une quipe d auditeur
60. es Les entreprises r agissent Nombre d entre elles se dotent d un code de conduite maison Elles y noncent les droits des travailleurs qui leur paraissent devoir tre respect s dans leurs fili res de production et de sous traitance Elles y d finissent parfois la fa on dont le code doit tre mis en uvre dans les unit s de production et pr cisent les modalit s de contr le interne Les initiatives sont tr s diverses et rarement pr cises Beaucoup d entreprises misent manifestement sur la confiance que suscitera dans le public le simple fait de se doter d un code de conduite Certaines ONG et organisations de consommateurs se contentent de cette fa ade raval e D autres non De l autor gulation la cor gulation un jeu de coop ration Au milieu des ann es 90 mergent progressivement des initiatives qui ne reposent plus sur la volont individuelle des entreprises mais sur des syst mes aux multiples parties prenantes Apr s une d cennie d auto r gulation 1l s agit en quelque sorte de promouvoir un nouvelle co r gulation Nouvelle pour deux raisons D abord parce que des syst mes de cor gulation existent d j principalement port s par les organisations syndicales Ensuite parce que de nouvelles formes et de nouvelles tactiques sont d ploy es campagnes de sensibilisation des consommateurs visant un produit ou une entreprise interpellations d entreprises par des actio
61. et de d veloppement conomiques est compos e de 30 Etats membres principalement les Etats Unis le Canada l Australie et les pays d Europe occidentale Un club de pays riches qui agit comme plate forme de discussion et de d cision entre gouvernements en mati re de politique conomique et sociale Dans les ann es 1970 l OCDE a d velopp des lignes directrices l attention des entreprises transnationales Elles s appliquent de mani re volontaire aux entreprises originaires d un Etat membre et op rant l tranger y compris dans un pays non membre Telles que r vis es en juin 2000 ces lignes directrices r f rent au d veloppement durable aux droits fondamentaux des travailleurs la protection des consommateurs au principe de pr caution Les principales faiblesses de son contenu portent sur l absence de r f rence un salaire minimum vital et au manque de prise en compte de la responsabilit de l entreprise transnationale vis vis de ses fili res de sous traitance L engagement de la soci t y tant limit encourager quand c est possible Un syst me de plainte Les lignes directrices de l OCDE ne pr voient aucun syst me de v rification ni de contr le ind pendant Encore moins d incitants et de sanctions Elles s accompagnent toutefois d un syst me de plainte Chaque Etat membre s est quip d un point de contact national o des plaintes peuvent tre d pos es con
62. fournit les installations la main d uvre et l lectricit Le co t de la main d uvre ne repr sente donc qu une fraction de ces 3 5 qui reviennent la Chine pour chaque poup e Barbie qu elle fabrique Pour caricaturer l achat d un jouet made in China c est 8 10e de b n fices pour ceux qui ordonnent distance la fabrication la r ception et la vente de ce jouet Page 28 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable 2 Les migrations de l industrie l g re En commen ant par les pieds de la fili re aux points 4 et 5 dans le sch ma ci dessus nous allons progressivement remonter jusqu au sommet de la pyramide A la base on se retrouve dans un d dale d usines situ es des milliers de kilom tres de leurs donneurs d ordre et de leurs clients En effet avec l acc l ration des mouvements de capitaux l chelle globale et la lib ralisation du commerce international la production de jouets a t d localis e plusieurs reprises au cours de ces trente derni res ann es A cet gard l histoire de ce secteur industriel Hong Kong est clairante Ancien territoire britannique Hong Kong est redevenue chinoise en 1997 tout en gardant un statut sp cifique au sein de la r publique populaire tant sur le plan conomique que politique Vers la fin des ann es 70 de grandes multinationales du jeu et du jouet telles que Hasbro et Tonka commenc rent installer des bureaux H
63. gocier collectivement de mani re calme et en respectant les lois sans sanction ou interf rence Page 136 Jouets de la mondialisation Annexes Salubrit et s curit Les fabricants offriront aux salari s un lieu de travail salubre et non dangereux conform ment toutes les lois et r glementations en vigueur et assureront au minimum l acc s correct l eau potable et aux quipements sanitaires la s curit contre l incendie et un clairage et une a ration ad quates Les fabricants feront galement en sorte que les m mes normes de salubrit et de s curit qs appliquent tout logement qu ils fournissent leurs salari s R mun rations Nous attendons des fabricants qu ils reconnaissent que les salaires sont essentiels pour subvenir aux besoins de base des salari s Les fabricants respecteront au minimum toutes les lois et r glementations en vigueur concernant les salaires et la dur e du temps de travail y compris celles ayant trait au salaire minimum aux heures suppl mentaires la dur e du travail maximum aux tarifs lan pi ce et aux autres l ments concernant la r mun ration et fourniront les avantages requis par la loi Si les lois en vigueur ne r glementent pas les heures suppl mentaires les fabricants paieront les heures suppl mentaires au moins au tarif des heures normales Sauf en cas de circonstances extraordinaires pour l entreprise les fabricants n exigeront pas
64. groupes europ ens reste norme par rapport aux g ants am ricains ou japonais m me si certains producteurs comme Chicco Ravensburger ou Playmobil tiennent des positions importantes sur des niches particuli res Sur les march s mondiaux on assiste en quelque sorte un processus de polarisation D un c t les grandes entreprises gagnent de plus en plus de parts de march surtout au d triment des fabricants de taille moyenne qui sont incapables en raison de leur structure de r pondre rapidement aux changements survenant sur le march De l autre c t certains fabricants sp cialis s acqui rent des positions importantes sur des niches particuli res 4 Les licences ou l insoutenable l g ret des marques S il fallait dresser une chelle de l g ret classant les grands du jouet en fonction de leur implication dans le processus de production et de commercialisation The Walt Disney Company volerait incontestablement dans le peloton de t te des poids plume Non seulement Disney ne poss de pas d usines mais de surcro t l entreprise ne commercialise pas elle m me l essentiel de ses marchandises Ce qu elle vend c est son image Disney n est pas un grand fabricant de jouet mais bien l un des plus grands d tenteurs de licences elle poss de des personnages qui valent de l or Et c est cela qui la propulse avec d autres grands d tenteurs de licences comme AOL Time Warner au sommet de la fili re de production de
65. je gagne de 500 600 yuan de 60 2 72 29 US par mois quand nous avons plein de commandes et 200 yuan 36 1 US la saison creuse Mon mari travaille aussi Shenzhen Il est chauffeur et gagne 1500 yuan 180 72 US par mois Mes enfants sont avec mes parents Mon mari et moi venons d un village pauvre o rien ne pousse dans les champs Nous vivons s par ment car nous n avons pas assez d argent pour louer un appartement Nous nous retrouvons tous les samedis Mon salaire est tr s bas et je ne peux pas conomiser grand chose Dans les fabriques de jouets vous ne pouvez gagner un meilleur salaire que durant la saison haute la saison basse vous ne pouvez m me pas survivre avec ce que vous touchez alors inutile de penser faire des conomies En Chine les ouvri res du jouet gagnent en moyenne de 300 500 yuan par mois de 37 61 US heures suppl mentaires et primes comprises De cela la direction d duit g n ralement les frais de logements et de nourriture Dans une usine produisant pour Disney par exemple ces retenues automatiques sur salaire s levaient 30 yuan 3 8 US par mois pour le logement dans un dortoir de 16 personnes et 90 yuan 11 3 US pour les repas A cela il faut encore ajouter le montant des amendes le remboursement des dettes contract es la saison creuse pour des d penses administratives de sant des compl ments de nourriture et quelques menues d penses Au bout du
66. le pourraient jouer les ONG dans ce programme De la th orie la pratique Selon un ancien employ de la soci t Disney la machine est bien r d e Chaque licenci doit donner un listing complet de ses sous traitants et leur faire signer le code ILS Chaque sous traitant est encod dans une base de donn es et subit des contr les Ces contr les g n rent des rapports et si au troisi me audit les conditions de travail ne sont pas conformes ce sous traitant ne peut plus tre utilis En th orie cela marche et le travail g n r par ce programme est colossal Mais selon ce que m ont racont des d tenteurs de licence autour d un verre il faut nuancer la r alit concr te de ce programme Cet ancien employ n h site pas pointer du doigt la corruption qui pervertit certaines relations entre les soci t s locales pay es par Disney pour r aliser les audits et les d tenteurs de licence ou les sous traitants soumis au contr le Contre r tribution des inspecteurs locaux maquillent leurs rapports d autres avertissent l usine de la venue de contr leurs permettant de pr parer les travailleurs l interview d organiser les registres ou de passer un bon coup de balai dans les ateliers De plus en plus souvent les sous traitants sont enregistr s Ta wan ou Hong Kong Mais ces entreprises sous contractent elles m mes de plus petites soci t s et ainsi de suite Ainsi se perdent les trac
67. lui seul la faiblesse du m canisme Einde LS Quelle mise en uvre quel contr le Quels que soient les codes actuellement utilis s par les unit s de production les distributeurs les marques ou les f d rations patronales sectorielles ils p chent trop souvent par une mise en uvre et un contr le inad quats Les codes de conduite sont souvent affich s sur les murs des usines mais ils sont crits en anglais Et la plupart des travailleurs ne comprennent pas l anglais raconte par exemple une juriste li e l ONG Sisbikum en Indon sie Ce type de t moignage s ajoute de nombreux autres recueillis entre autres par le Hong Kong Christian Industrial Committee Lors de la visite de 6 usines Page 84 Jouets de la mondialisation V Code de conduite produisant pour Disney dans la province de Guangdong en l an 2000 des travailleurs ont expliqu qu on leur avait fait signer de fausses feuilles de paie que plusieurs d entre eux se voyaient attribuer deux cartes de pointage une pour la semaine l autre pour le week end afin de masquer le fait que nombre de salari s travaillent sept jours sur sept et enfin que les jeunes de moins de 16 ans avaient t pri s de ne pas se pr senter au travail le jour o les auditeurs devaient passer Six travailleurs licenci s d une usine produisant pour McDonald s racontent encore d autres pratiques mises en uvre par les directions de leurs usines comme par
68. mais faibles Page 97 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres R pression des conflits sociaux au nom de l id ologie nationale Dernier point d attention mais non le moindre cette loi indique clairement que tous les syndicats doivent se conformer aux principes sociaux de l id ologie nationale Pancasila selon laquelle travailleurs capital et tat font tous partie d une grande famille l tat jouant le r le de bon p re de famille Ces principes par ailleurs ne reconnaissent pas de diff rence d int r ts entre travailleurs et capital proclamant que le d veloppement national est le seul int r t qui compte dans cette relation Par cons quent le droit de gr ve bien que l galis est stigmatis et consid r comme une action anti Pancasila ce qui permet de justifier la pratique politique de r pression des conflits sociaux ess lt Siffler en travaillant Disney et les syndicats L histoire de Disney au travers de ses luttes syndicales n a pas encore t crite Elle permettrait pourtant aux jeunes dirigeants syndicaux d Indon sie ou du Sri Lanka de se sentir bien proches des premiers employ s de Walt Disney il y a plus d un demi si cle Interdiction de former un syndicat et de n gocier une convention collective accusation de communisme licenciements abusifs les outils de la r pression syndicale semblent traverser les oc ans et sauter de g
69. marque n est pas une invention de lOncle Picsou Comme on l a vu pour le secteur du jouet il s est r pandu comme une tra n e de poudre dans les secteurs haute intensit de main d uvre et basse intensit technologique Convaincues qu elles devaient produire des marques plut t que des marchandises les grandes entreprises ont ferm leurs usines dans le Nord pour entamer une longue transhumance dans les usines du Sud Aux pertes d emploi massives dans le Nord a correspondu la cr ation d emplois de mis re dans le Sud Des soci t s qui traditionnellement se contentaient d une marge de 100 entre le prix de revient et le prix de d tail ont trouv des usines capables de fabriquer leurs produits si bon compte que la marge se rapprocherait davantage des 400 Les fonds lib r s ont notamment servi financer la croissance vertigineuse des budgets publicitaires dans les ann es 90 n cessaires l imposition du r gne des marques sur le march mondial Nike est souvent cit comme le prototype de la marque sans produit Pour le PDG de Nike Phil Knight La fabrication des objets n a plus de valeur La valeur est ajout e par la recherche de pointe l innovation et le marketing D s lors ce processus entra ne une d valorisation quasi totale de la production Et par l m me comme le racontent des millions de jeunes ouvri res en Chine en Indon sie ou en Ha ti l exploitation hont e des travailleurs 4
70. monde vivent mal ces premi res ann es du 21 si cle en raison de la d t rioration de la s curit de l emploi et de la priorit croissante du capital par rapport aux salaires Les in galit s s accroissent entre riches et pauvres entre hommes et femmes et entre les pays en d veloppement et les pays industrialis s De m me les institutions conomiques internationales dominent de plus en plus les pays en d veloppement La pauvret augmente alors que les richesses s accumulent et se concentrent comme jamais auparavant Le d ficit d mocratique est de plus en plus lev tant donn que les options politiques nationales sont limit es par les march s mondiaux qui sont souvent l origine d une plus grande concurrence entre gouvernements plut t qu entre compagnies La gouvernance d mocratique n existe presque pas Et l o la gouvernance mondiale et les r gles contraignantes commencent merger c est dans le but de prot ger les droits de propri t dans l int r t du capital plut t que les droits des travailleurs En effet l absence ou la faiblesse des institutions d mocratiques mondiales destin es d fendre le bien commun et refl ter la volont des gens signifie que le pouvoir passe des dirigeants lus du gouvernement aux dirigeants non lus du capital mondial On a de plus en plus le sentiment que la prise de d cisions s est trop loign e des individus Il en va ainsi pour des millions
71. par les marques et les distributeurs impliqu s Dans le cadre de la SA8000 les entreprises paient les frais de leur certificication WRC et V tements Propres demandent le financement des mesures correctives par la marque ou le distributeur concern Pour ETI c est l unit de production qui doit couvrir les frais engendr s par les mesures correctives mais ETI accompagne cette contrainte d une exigence d augmentation des prix pay s par le distributeur ou la marque Dans le cadre de la SA8000 les mesures correctives sont charge de l entreprise de production mais un soutien non contractuel peut tre apport par les entreprises signataires Autres initiatives de multiples parties prenantes dans le champ de la responsabilit sociale AccountAbility 1000 AA1000 est un outil et une norme de comptabilit d audit et de rapport AA1000 est cr e en 1999 par l Institut britannique de comptabilit sociale et thique Institute of social and ethical accountability Son objectif est de fournir un guide sur la mani re dont une entreprise peut am liorer sa prise de responsabilit en mati re sociale Des formations et l tablissement d un dialogue encouragent les entreprises d finir des objectifs et des cibles mesurer les progr s r alis s contr ler les r sultats et d velopper des m canismes de suivi La AA1000 sera compl t e par d autres l ments avant la fin 2002 Global Alliance for Workers a
72. productions Les lois sur les droits d auteurs prot gent g n ralement les cr ations artistiques pour une dur e d termin e Par exemple en 2002 Mickey Mouse aurait d entrer dans le domaine public apr s avoir amplement r mun r le travail cr atif de son inventeur Cela veut dire qu ce jour n importe qui aurait pu imprimer dessiner utiliser imiter ou mat rialiser la c l bre souris sans payer de droits aux h ritiers de son papa Mais l entreprise ne l entendit pas de cette oreille En 1999 Disney r ussit convaincre un s nateur am ricain d introduire une nouvelle l gislation ironiquement Page 55 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves rebaptis e The Mickey Mouse Copyrights Act lui permettant de prolonger artificiellement l adolescence de Mickey jusqu en 2020 La grande machine r ves gardait ainsi tous ses droits sur sa souris et prolongeait pour une longue ternit son entr e dans le monde tant redout du patrimoine culturel collectif Paradoxalement Disney d ploie toute sa puissance pour maintenir ses personnages dans la sph re priv e alors que nombre de ses succ s proviennent de contes traditionnels Un rongeur aux dents longues Il est peu tonnant d s lors que le d partement des Affaires juridiques de Disney constitue l un des secteurs cl de l entreprise Il compte une arm e d avocats charg s de prot ger les int r ts du g ant des loisirs Et il a les dent
73. quotidienne de nombreux travailleurs ont t moign de la nature et de l ampleur des violations des droits humains dont ils sont victimes En effet la course au moindre co t dans ce secteur industriel friand d une main d uvre nombreuse et peu qualifi e pousse les ouvriers la limite de la survie Arr ter la course la r gression sociale L industrie du jouet a opt pour la d localisation de sa production dans des pays bas salaires En Indon sie les investisseurs brandissent sans cesse la menace de leur d part vers des cieux plus cl ments contribuant ainsi emp cher les progr s sociaux tant attendus par la population Nombreux sont ceux qui pr f rent le nouvel eldorado chinois profitant de l ouverture du pays au libre march et du peu d entrain du gouvernement mettre en uvre sa propre loi du travail La concurrence est si f roce entre les pays de production qu elle les pr cipite dans la spirale de la r gression sociale les heures suppl mentaires obligatoires s accumulent les sanctions physiques se multiplient le stress li aux cadences de production trop rapides fait des victimes le pouvoir d achat des travailleurs d gringole A c t de la d localisation le recours la sous traitance constitue une autre caract ristique de la mondialisation de l industrie du jouet Des dizaines d acteurs interm diaires interviennent brouillant les pistes de la fili re et rognant chaque tape sur les r
74. ricaine non cit e dans l tude stipulait qu elle recourra tous les moyens qu autorise la loi pour d courager l adh sion de son personnel des syndicats L OCDE attirait l attention sur la diversit et le manque de coh rence dans le traitement des questions touchant aux conditions de travail De fait crivaient les auteurs les chevaux de bataille de chacun risquent de r duire l efficacit des codes en tant qu outils de promotion de la transparence et de la responsabilit D o l importance de promouvoir des codes qui s appliquent l ensemble d un secteur d activit tels que le propose la campagne V tements Propres ou la Toy Coalition D o aussi l importance de r f rents clairs internationaux et dont l interpr tation n est pas ambigu Outre qu elles d finissent les droits des travailleurs les conventions de l OIT peuvent remplir ce r le m me si elles s adressent en premier chef aux Etats et non aux entreprises Il n y est pourtant que tr s peu fait r f rence dans les codes maison si ce n est en mati re de travail d enfants Hesses 2 Un code Jouets Propres Le code d velopp dans le cadre de la campagne V tements Propres est lune des initiatives de multiples parties prenantes souvent cit e en r f rence Ce code n a certes pas t con u pour l industrie et la distribution de jouets Comme son nom l indique il s adress
75. s moindre valeur ajout e qu elle sous traita d l gua ou d localisa C est ainsi que dans les coulisses de l industrie du r ve plus Walt Disney peaufinait son image en investissant dans le marketing et le cr atif plus elle se d gageait des activit s mat rielles Cette strat gie permit Michael Eisner le PDG charismatique de Disney depuis 1984 de licencier un millier de travailleurs au cours de sa premi re ann e la t te du groupe Dans les ann es quatre vingts bien que les personnages soient toujours cr s en Californie une partie de la r alisation des dessins anim s fut d localis e au Japon o les salaires des dessinateurs taient plus bas Les nouveaux h tels Disney World suivirent un parcours similaire Dessin s par les imag nieurs les architectes metteurs en sc ne de Disney ils furent financ s construits et continuent tre g r s par d autres entreprises Disney se contente de vendre ses id es et de toucher un pourcentage sur l exploitation de ces h tels laissant aux investisseurs la propri t des murs et des terrains L quipe Eisner d veloppa galement une structuration complexe de soci t s interd pendantes que l entreprise ne poss de qu en partie mais qu elle contr le compl tement Par exemple Euro Disneyland d une facture globale de 4 2 milliards de dollars n a co t que 160 millions de dollars en capitaux propres la soci t Mais en retour de ce placemen
76. soit parce qu il a avanc l argent pour les formalit s soit simplement parce qu il les exige au moment de l embauche Les ouvriers sont alors sa merci Sans ces permis ils n ont m me pas le droit de se promener en rue sans risquer de se faire arr ter par la police Ils ne peuvent quitter l usine Cette pratique ill gale vite une rotation trop rapide de la main d uvre Page 13 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Pour Anita Chan sociologue sp cialis e dans les relations au sein du monde du travail en Chine ce r gime s apparente celui de l apartheid la discrimination ne se fait pas entre les races mais bien entre les populations d origine urbaine et rurale Elle constate que le libre march de l emploi entra ne des millions de travailleurs vers de nouvelles formes de travail forc o l asservissement au travail se double d une privation de libert Eiade L k Salaires de mis re Les salaires constituent la pr occupation premi re des ouvri res du jouet Elles se disent pr tes travailler de nombreuses heures dans des conditions ex crables pour peu que cela leur permette d envoyer un peu d argent leurs familles et de faire quelques conomies Mais dans la plupart des cas elles arrivent peine joindre les deux bouts Mlle Xiao Wei Disney Chine Je travaille depuis plus d un an maintenant Mon salaire le plus lev a t de 700 yuan 84 3 US En moyenne
77. syndicats font partie de la soci t civile au m me titre que du monde conomique En vue d tre pertinents aux yeux de nos membres nous devons tre pr ts amorcer un dialogue avec les employeurs pour qui travaille la main d oeuvre et n gocier avec eux et dans le m me temps travailler avec d autres dans la communaut Notre r le consiste faire avancer et d fendre les int r ts des travailleurs en concluant des alliances avec ceux qui partagent nos points de vue et en engageant des d bats avec ceux qui ne les partagent pas D o notre pr sence simultan e ces deux forums Un d bat public mondial peut s av rer utile m me si la participation ce d bat est trop limit e Le monde ne peut tre divis soigneusement entre ceux qui sont en faveur de la mondialisation et ceux qui ne le sont pas Nous n approuvons pas le programme n olib ral qui a impos une mondialisation d s quilibr e Nous ferons pression sur le Forum conomique mondial pour qu il aborde la n cessit de mondialiser la justice sociale Parall lement au Forum social mondial nous contribuerons l laboration de strat gies constructives pour d mocratiser la mondialisation dans l int r t de tous les travailleurs Dans la vie des familles et des communaut s les aspects sociaux et conomiques ont t restent et seront toujours li s troitement Notre objectif est d obtenir le soutien pour un monde d pourvu de pauvre
78. travailleurs 200 femmes ont t sp cialement form es sur le Code du travail et les droits des travailleurs Elles distribuent aux travailleurs des brochures pour les informer de leurs droits Une enqu te aupr s de 2 500 travailleuses a d cel le besoin d information sur la s curit et l hygi ne 150 femmes ont t form es Nous diffusons depuis du mat riel d information sur ces sujets avec un pr servatif gratuit Les codes maison Des ann es d exp rience avec les codes de conduite adopt s unilat ralement par des entreprises ont montr que les gains que les travailleurs pouvaient en tirer ne repr sentent que des gouttes d eau dans l oc an d clarent les repr sentants de 35 organisations de travailleurs d Asie r unis Bangkok Les conditions de travail se sont am lior es un peu constate Chan Ka Wai directeur du HKCIC Mais nous pensons que nous ne pouvons par cette voie obtenir que de faibles changements l am lioration des dortoirs des repas la mise disposition d quipements sportifs May Wong est encore plus radicale De mon point de vue les codes de conduite ne sont qu une r ponse cosm tique donn e par les soci t s transnationales elles ont mis en place des codes contr l s par elles m mes pour ne pas devoir reconna tre le droit des travailleurs effectuer le contr le de leurs conditions de travail De fait Les codes peuvent avoir un impa
79. tres faire pression sur leurs compagnes plus lentes pour qu elles augmentent la cadence Les t moignages des ouvri res r v lent l existence d un arsenal impressionnant de pratiques qui rognent leurs revenus amendes heures suppl mentaires sous pay es ou non pay es abus du statut d apprenti contrats de courte dur e reconduits r guli rement pour viter les augmentations salariales Par exemple certaines usines tha landaises licencient leurs employ es temporaires apr s 120 jours de travail et les r embauchent par la suite pour viter de leur octroyer le statut plus int ressant d employ e permanente L absence de r gles claires pour le calcul des salaires est une source de m contentement importante Il n y a rien d crit sur ma feuille de paye se plaint Xiao Chen Guangdong Je travaille ici depuis si longtemps et je ne sais toujours pas comment ils calculent les salaires Le salaire minimum l gal dans les pays exportateurs de produits manufactur s forte intensit de main d uvre non qualifi e est tellement bas qu il ne permet pas une travailleuse de couvrir ses frais les plus l mentaires Cependant malgr le caract re minimaliste de cette norme de nombreuses usines ne la respectent pas D s lors ce n est qu en accomplissant de longues heures suppl mentaires que les ouvri res atteignent le bar me l gal Par exemple une ouvri re fabriquant des jouets Disney Shenzhen a gagn 56
80. un monopole syndical Les ONG sont elles aussi bien plac es pour faire un travail d ducation et de mise en avant de probl matiques sociales du travail Elles interpellent les consommateurs et les citoyens Dans de nombreux pays du Sud o la libert syndicale n existe pas o le travail se d ploie sous des formes informelles des ONG locales assument aussi un r le de soutien et d organisation de travailleurs La Page 102 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux compl mentarit entre ces deux types d acteurs syndicats et ONG est manifeste Lorsqu ils partagent les m mes valeurs ils ont tout gagner joindre leurs efforts Une ONG qui m nerait campagne pour d noncer les conditions de travail uniquement au Sud aupr s des travailleurs du Nord confront s des difficult s manquerait ses objectifs explique Paul Gruselin responsable des relations internationales de la FGTB Impliquer les travailleurs de chez nous dans cette campagne c est leur faire comprendre qu il existe un lien entre leurs conditions et celles d un pays bas salaire Au del de l int r t tactique ou strat gique de telles alliances 1l s agit aussi d un objectif en soi Quel sens aurait une campagne une n gociation avec les entreprises une recherche de r gulation contraignante si elles n ont pas comme objectif de conforter la position des travailleurs au Sud et au Nord Actionnai
81. une cole alternative pour leur donner acc s l ducation Contrairement ce qui se passe dans d autres secteurs conomiques le travail des enfants dans l industrie du jouet ne constitue pas le probl me central en tout cas pour la Chine et l Asie du Sud Est Il arrive cependant que des ouvri res mentent sur leur ge afin de se faire embaucher Tant que la main d uvre fait tourner les machines les employeurs sont g n ralement peu regardants Ils ne v rifient pas les papiers d identit En Chine par exemple la loi n autorise pas les jeunes travailler l usine avant l ge de 16 ans R guli rement cependant des enqu teurs rencontrent des ouvri res de 15 ans et parfois moins sur la cha ne de production Les enfants travailleurs sont les derniers maillons d une longue cha ne d exploitation et d injustice qui remonte jusqu l impunit d une poign e d entreprises plan taires L limination des formes les plus abjectes du travail des enfants comme le pr voit une nouvelle convention du Bureau international du travail doit videmment compter parmi les priorit s absolues Par contre sortir syst matiquement les adolescents des usines de jouets de chaussures ou de v tements ne changera pas la donne Tant que leurs parents gagneront des salaires de mis re ils prendront le chemin des ateliers Mais aider les travailleurs d fendre leurs droits qu ils aient 13 19 ou 40 ans permettra de renverser le rapp
82. ves Dans de nombreux secteurs conomiques le contr le des droits de propri t intellectuelle par une poign e d entreprises multinationales bas es dans le Nord est effectivement devenu un outil de domination des march s mondiaux Aujourd hui 70 des revenus d exportation r alis s aux Etats Unis sont li s la propri t intellectuelle qui s applique des secteurs aussi divers que les m dicaments les semences g n tiquement modifi es ou les marques comme Disney McDonald s et Microsoft Pour Walden Bello directeur de l ONG Focus on the Global South le d veloppement de m ga marques constitue d abord un mouvement d fensif de l industrie du Nord Cette derni re s est repli e sur un culte du logo apr s avoir vu ses march s envahis par des produits Made in Asia des prix d fiant toute concurrence mais d excellente qualit Pour sortir de cette impasse les multinationales ont choisi une d fense originale sous traiter leur production des entrepreneurs asiatiques brutalement comp titifs tout en les maintenant dans leur poigne de fer gr ce au renforcement des l gislations nationales et internationales r gissant la propri t intellectuelle Il faut noter que si la propri t intellectuelle est un outil central de domination de l industrie des loisirs elle est encore plus durement ressentie par les pays du Sud dans le secteur des nouvelles technologies Comme l explique le quotidien britannique The Guardian les p
83. via multistakeholder initiatives a preliminary assessment Institut de Recherche des Nations Unies pour le D veloppement Social 2001 L annexe 1 en propose une pr sentation et une comparaison Organisation de Coop ration et de D veloppement Economiques OCDE Les codes de conduite des entreprises tude approfondie de leur contenu r f TD TC WP 99 56 FINAL 9 juin 2000 7 Ibidem p 22 Ibidem p 15 Ibidem p 16 Les conventions fondamentales de l OIT concernent la libert syndicale le droit de n gociation collective l interdiction du travail des enfants l interdiction du travail forc l interdiction de discriminations Cette dimension du code de conduite V tements Propres lui donne une valeur contractuelle l gale Stichting Onderzoek Multinationale Ondernemingen Centre de recherche sur les soci t s transnationales Amsterdam SOMO CLEAN CLOTHES CAMPAIGN Du code son application Cinq exemples europ ens concrets d exp rience en contr le et v rification dans l industrie du v tement Rapport du colloque organis par SOMO et la Clean Clothes Campaign le 3 octobre 2001 Bruxelles www somo nl monitoring t Voir encadr International Council of Toy Industry Shttp www toy icti org publications bizpractice htm 7 voir en Annexe 2 Le code de conduite de The Walt Disney Company 8 Suite la d nonciation de violations de son code de conduite Disney a plusieurs fois r agi en
84. 0 yuan 67 47 US en juillet 2001 avant d ductions pour le logement et la nourriture Ce mois l elle a accompli plus de 60 heures suppl mentaires D apr s les l gislations en vigueur elle aurait d gagner 734 yuan 88 42 US ce qui comprend le salaire minimum de 440 yuan 53 01 US et les heures suppl mentaires pay es 150 Dans ce cas l entreprise a r alis une conomie de 20 95 US sur le salaire de cette travailleuse soit plus du quart de ce qu elle a re u Ce vol sur les salaires n est pas une pratique isol e dans les usines capitaux trangers Il constitue plut t la norme En Indon sie le salaire minimum est d termin en fonction des r gions et des secteurs d activit En 1999 dans une usine fabriquant des robes de poup es des enqu teurs ont rencontr un directeur qui refusait de payer le salaire minimum car ce dernier ne s appliquait qu aux v tements pour humains pas pour poup es Il pouvait donc s en passer La loi indon sienne pr voit galement une augmentation automatique des salaires apr s un an d activit L enqu te de l AMRC r v le cependant que dans de nombreux cas les ouvri res n ont pas b n fici de cette mesure Epesdte Le salaire minimum un maximum Dans la plupart des pays du Sud le salaire minimum fix par les gouvernements ne permet pas une ouvri re de vivre dignement m me seule pour une dur e de travail Page 15 Jouets de la mondialisation I Exploitation
85. 01 aux m mes types de mesures dict es par le FMI et la Banque mondiale L bas ils ont r ussi b tir un front commun Ils se sont oppos s la vente du secteur public de l eau aux soci t s fran aises Vivendi et Lyonnaise des eaux Ils ont tu dans l uf les plans du Page 99 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres gouvernement et de la Banque mondiale qui portaient atteinte au paiement des pensions de retraite En Europe les syndicats unis des mouvements sociaux et des ONG combattent l Accord g n ral sur le commerce des services n goci au sein de l Organisation mondiale du commerce et qui ouvrira la porte la privatisation des services publics de la sant de l ducation remettant en cause l une des plus grandes victoires syndicales Le syndicalisme a un avenir C est s r La solidarit syndicale internationale aussi Car les syndicats le d claraient en front uni lors du deuxi me Forum social de Porto Alegre Les march s ne r glent pas les d g ts qu eux m mes ont provoqu s Ils ne g n rent pas automatiquement la justice Ils ne requi rent pas le respect des droits humains pour prosp rer ou fonctionner Autrement dit le pilote automatique ne fonctionne pas Combien d autres pays comme l Argentine devront s effondrer avant que des institutions et dirigeants mondiaux arr tent d imposer leur mod le avant de l examiner fond Et
86. 1 soit d avantage que le produit int rieur brut de dizaines de pays comme la Tunisie la Bolivie le Sri Lanka la Slovaquie ou le Luxembourg avec ses implantations sur tous les continents et ses 117 000 employ s de par le monde sans compter les milliers de sous traitants d tenteurs de licences et autres travailleurs d pendants de l empire on se retrouve en effet face une entreprise transnationale dont le pouvoir d passe celui de nombreux gouvernements du monde A ces altitudes dans une pl thore d activit s allant du cin ma la t l vision et des parcs de loisirs l dition le jouet ne repr sente plus qu une des nombreuses pi ces de ce gigantesque puzzle En observant le fonctionnement de cette grande machine r ves et en essayant de comprendre les m canismes qui ont permis un petit studio de dessins anim s de s lever parmi les plus grandes marques du monde on se rend compte que l exploitation des ouvri res en Chine ou en Ha ti n est pas le seul effet pervers d une telle domination Dans le grand public c t de la passion des petits et des grands pour les contes de f es et les personnages de Disney de nombreuses voix s l vent pour d noncer la commercialisation outrance du monde de l enfance l omnipr sence de la marque dans tous les domaines de la vie quotidienne son emprise sur le monde des m dias et les valeurs individualistes commerciales et conformistes que pr ne la multinationale Petit
87. 2 20 ann es de prison 5 Loi du 16 juin 1993 modifi e par la loi du 10 f vrier 1999 relative la r pression des violations graves du droit international humanitaire Loi du 4 mai 1990 7 Plus d informations et suivi de la proc dure sur www birmanie net 8 La coalition d organisations soutenant ce cas tait compos e de Action for Southern Africa Amnesty international World development movement National union of mineworkers in South Africa International federation of chemical energy mine and general workers unions IECM et des affili s de IECM British unions One world action London hazards centre transport amp general workers union et les personnalit s politiques britanniques Ken Livingstone Mick Clapham Ann Clywydd et Kevin McNamara Les avocats des plaignants tait Richard Meeran Leigh Day amp Co Londres 1 La Convention de Bruxelles du 27 septembre 1968 tablit toutefois des r gles de comp tence judiciaire en mati re civile et commerciale susceptibles de fonder la comp tence des tribunaux de pays membres de l Union europ enne face un litige qui comporte des l ments d extran it 7 Loi belge du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce et sur l information et la protection du consommateur 1 Alter Business News 35 1 ao t 2002 22 S GREENHOUSE Court says first amendment doesn t shield from suit The New York Times 3 mai 2002 Page 115 Jouets de la mond
88. 2002 fN KLEIN No Logo La tyrannie des marques Lem ac Actes Sud 2001 p 313 7 Propos recueillis Bangkok le 7 mai 2002 8 Propos recueillis Porto Alegre le 10 f vrier 2002 D MAZUMDAR Labour issues in the World Development Report A critical assessment Gen ve et New York 1996 Page 123 Jouets de la mondialisation VIIL Ecran g ant D apr s un rapport de la CNUCED de 1997 les entreprises investissements trangers importent plus de 90 de leur quipement et la moiti de leurs mati res premi res Cit par Rigged rules and double standards Oxfam International avril 2002 Trade and Development Report 2002 CNUCED J C CHOMTHONGDI propos recueillis Bangkok le 7 mai 2002 Trade and Development Report 2002 op cit Ibidem SW BELLO Porto Alegre 2001 Hacia un mundo desglobalizado Focus on the Global South Bangkok janvier 2001 Page 124 Jouets de la mondialisation IX Conclusions IX Conclusions Le monde enchant de Walt Disney n existe pas Nous voici arriv s au terme de ce p riple tout au long de la cha ne de production des jouets Entam aupr s des ouvri res des zones industrielles d Asie ce parcours s est poursuivi dans les coulisses des marchands de r ves et dans la grande machine consommer que repr sente Disney pour s achever en compagnie des syndicats et des mouvements qui r clament l tablissement de nouvelles r gles du jeu En racontant leur vie
89. 5 avril 2002 5 P B IRAWAN et al Labour market dynamics in Indonesia International labour office Jakarta ao t 2000 p 20 Les donn es varient consid rablement d une source l autre Le chiffre de 24 millions de personnes en recherche d emploi est cit par I AHMED et S DHANANI Indonesia s Recovery employment optimism or statistical illusion Occasional discussion paper series n 2 International Labour Organization Jakarta office October 1999 Tandis que la chiffre de 50 provient de l organisation indon sienne d aide l gale LIPS 7 V SERRA op cit 8 Soit la valeur en dollars du salaire minimum l gal d avant la crise malgr une d pr ciation d environ 40 de la Roupie Muchtar Pakpahan pr sident du SBSI interview le 25 avril 2002 Se dit d un syndicat en collusion d int r ts avec les dirigeants patronaux et souvent cr leur initiative Worker Rights Consortium voir le chapitre pr c dent WRC Assessment re PT Dada Indonesia Preliminary findings and recommendations WRC Washington 26 mars 2002 www workersrights org 3 S TJANDRA et R O TAMBUNAN Institut d aide judiciaire de Jakarta division travail Atteinte la libert syndicale en Indon sie la nouvelle loi ne reconna t pas le droit de gr ve ICTUR Centre international pour les droits syndicaux Londres La commission d experts de l OIT consid re que les int r ts conomiques et sociaux d
90. 7 Sources Forbes et fabricants LipdeL r Le secteur des jeux et des jouets est constitu d une grande vari t d entreprises de diff rentes tailles depuis les petits fabricants nationaux capital priv aux grandes compagnies de jouets internationales Dans l Union europ enne UE la taille moyenne d une entreprise est relativement petite 80 des fabricants dans l UE emploient moins de 50 salari s On y trouve une s rie de firmes telles que Ravensburger Allemagne Meccano France Hornby Royaume Uni Clementoni Italie Burago Italie Jumbo Pays Bas M rklin Allemagne Jeux Nathan France Brio Su de Famosa Espagne Smoby France Chicco Italie etc Ce secteur emploie directement plus de 100 000 personnes dans l Union europ enne Plus de la moiti de celles ci travaillent dans la production le reste se consacrant la recherche et d veloppement au marketing la vente ainsi qu d autres services La production belge en mati re de jouets est r duite l une des plus faibles d Europe et repr sente moins de 2 du chiffre d affaires total de l industrie du jouet sur le march national Tr s peu de jouets sont en effet fabriqu s en Belgique on peut citer la soci t Page 36 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable Carta Mundi Turnhout qui exporte dans le monde entier ses cartes jouer Il y a aussi d autres soci t s sp cialis es p
91. Am rique du Nord et que vous vous demandez o trouver les meilleures perspectives d avenir pour Disney 1l vous suffit de regarder vers l est vers l ouest et vers le sud crivait Michel Eisner Aujourd hui cette crise de la surproduction s accompagne d une chute vertigineuse des bourses mondiales et d une multiplication des scandales financiers r v lant les pratiques frauduleuses de g ants am ricains comme Enron Andersen WorldCom A l chelle globale les m ga fusions spectaculaires n ont pas apport les r sultats escompt s et sont aujourd hui remises en question De m me les g ants des m dias et du divertissement s enfoncent galement dans le marasme en quelques mois en 2002 le patron fran ais de Vivendi Universal et celui du g ant allemand Bertelsmann se voyaient tous deux contraints de d missionner en raison notamment de l endettement de leurs groupes impliqu s dans des politiques de rachats tous azimuts Quant au num ro un mondial AOL Time Warner il annon ait pour le premier trimestre 2002 des pertes d une valeur exceptionnelle d environ 54 milliards de dollars l quivalent du produit int rieur brut de pays comme la Nouvelle Z lande ou la Hongrie Crise dans le monde enchant Le Disney d aujourd hui est aussi une entreprise en crise Entre 1999 et 2001 les b n fices nets du groupe ont fondu de pr s de 90 Le naufrage de l conomie Internet obligea le groupe fermer son portail Go com sur leq
92. Birmans d posent plainte aupr s du juge d instruction belge du Tribunal de premi re instance de Bruxelles Ils se constituent partie civile pour crimes contre l humanit et complicit de crimes contre l humanit commis en Birmanie et portent plainte contre X la soci t Total Fina Elf et deux de ses dirigeants Thierry Desmarest et Herv Madeo Chacun des plaignants a t victime de violations des droits humains ou d actes de torture s inscrivant dans le cadre d une attaque syst matique g n ralis e et planifi e mise en uvre par la junte militaire de Birmanie via un arsenal de r pression comprenant les massacres d opposants les arrestations arbitraires la torture le d placement forc de population et le travail forc massif Plusieurs rapports des Nations unies de l Organisation internationale du travail et d Amnesty international en attestent Les plaignants d montrent la connaissance qu avait tout partenaire de la junte de l existence de ces crimes et du risque qui existait en s associant aux auteurs de ces crimes Page 111 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux Ils visent ensuite pr cis ment la personne morale Total Fina Elf de m me que Messieurs Thierry Desmarest et Herv Madeo comme ayant encourag ou particip la commission de ces crimes et donc comme galement responsable des dommages consid rables qu ils ont subis Plainte contre X Les plaignan
93. Jouets de la mondialisation Dans le monde d senchant de Walt Disney Carole Crabb et Isabelle Delforge Nous d dions ce livre deux organisations non gouvernementales bas es Hong Kong Asia Monitor Resource Centre et Hong Kong Christian Industrial Committee qui nous ont entra n s dans cette aventure Nous le d dions aussi aux ouvri res d Indon sie de Chine et de Tha lande qui ont pris le temps de raconter leur vie et leur lutte Malgr l exploitation et la r pression elles gardent cette improbable nergie qui les fait rire et changer le monde Jouets de la mondialisation Introduction Introduction Le 11 septembre 2001 une heure peine apr s l attentat contre le World Trade Center et le Pentagone les soci t s multinationales am ricaines les plus en vue prirent des mesures d urgence Coca Cola vacuait son si ge Atlanta en G orgie et Procter amp Gamble le premier lessivier de la plan te fermait ses bureaux sur toute la c te Est General Electric Pfizer Unilever et quelques autres suivaient le mouvement The Walt Disney Company fut galement l une des premi res r agir en fermant imm diatement ses parcs d attraction en Californie et en Floride Pour ceux qui ont gard de Disney l image innocente des petits Mickey de leur enfance une telle r action peut sembler trange Pourquoi Blanche Neige Pluto le Roi Lion et tous leurs amis sont ils parmi les tout premiers trembler quand le
94. a majorit des ressources financi res disponibles un d veloppement de l int rieur au lieu de devenir d pendants des investissements et des march s financiers trangers En bref conclut il il s agit de r ins rer l conomie dans la soci t plut t que d avoir une soci t dirig e par l conomie Pour les ouvri res du jouet comme pour des milliers de citoyens aux quatre coins du monde il s agit maintenant de mettre en place de nouvelles r gles du jeu annon ant une mondialisation bas e sur la diversit et le respect des communaut s humaines Leur lutte pourtant bien sp cifique s inscrit d sormais dans cet immense mouvement de solidarit internationale qui garde la conviction qu un autre monde est possible Propos recueillis Porto Alegre le 10 f vrier 2002 Voir en annexe la d claration du mouvement syndical l occasion du Forum social mondial Mondialiser la justice sociale sign e par le groupe Global Unions groupe des Syndicats mondiaux qui se compose de la Conf d ration internationale des syndicats libres CISL des Secr tariats professionnels internationaux SPI de la Commission syndicale consultative aupr s de l OCDE TUAC OCDE et par la Conf d ration mondiale du travail CMT et la Conf d ration europ enne des syndicats CES 3 Oxfam Info n 124 Bruxelles premier trimestre 2002 Le Monde le 10 novembre 1999 AFP citant une tude de L INSEE publi e le 31 juillet
95. age du travail forc Poursuites S1 la plainte est jug e recevable par le Procureur elle fera l objet d une enqu te par un juge d instruction tenu au secret Cette enqu te peut durer des ann es avant d tre ventuellement renvoy e en cour d Assise Les peines pourraient consister en plusieurs ann es de prison pour les individus et en la r paration des dommages encourus par les victimes EindeL I La proc dure civile La proc dure civile est une proc dure entre particuliers o la victime demande une r paration financi re du dommage qu elle a subi Les pays anglo saxons se sont faits les champions de ce type de proc s souvent fastidieux longs et tr s co teux En mati re de droits sociaux les proc s les plus retentissants ont concern des accidents de travail et des maladies li es aux conditions de travail comme la plainte au Royaume Uni contre l entreprise transnationale Cape plc pour le d dommagement des victimes de son exploitation d amiante en Afrique du Sud Le cheminement de cette plainte montre les difficult s importantes surmonter en mati re de loi appliquer et du lieu o tenir le proc s le pays o la violation des droits a eu lieu ou le pays o les d cisions qui ont favoris ces violations ont t prises Leeds 2 000 Sud africains contre une multinationale Le cas Cape plc Page 112 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux Cape plc est
96. aire pour les autres activit s de l empire et chaque produit vendu l effigie d un personnage permet Disney de toucher des royalties tout en attirant un public plus nombreux dans les salles de cin ma The Walt Disney Company R partition du chiffre d affaires 2001 24 0 Studios 38 0 M dia 2 o P 10 0 Produits d riv s 8 0 Parcs et tourisme Source The Walt Disney Company Rapport annuel 2001 L ensemble de ces op rations reste sous le contr le de Disney de la cr ation jusqu la diffusion des spectacles du style vestimentaire Disneyland aux n gociations avec les sponsors Aujourd hui dans l industrie du cin ma on estime que 80 des recettes d un film provient des ventes r alis es apr s sa sortie en salles de la commercialisation des cassettes vid o aux produits d riv s en passant par la t l vision payante Le n goce des films pour enfants consiste vendre tant des jouets des pots de yogourt des bo tes tartines et tout ce qui est imaginable que le film lui m me Pour Naomi Klein Barbie et Mickey sont les pionniers miniatures du branding ils ont toujours cherch tendre leur marque contr ler de nouveaux monopoles lat raux Finalement cette combinaison d activit s compl mentaires et de promotions crois es fit d un petit studio de dessin anim le r el empire conomique tentaculaire que nous connaissons aujourd hui Pour les citoy
97. alaires Ceux qui pr f rent mourir plut t que de perdre leurs droits peuvent rester avec nous Et quelques uns sont rest s Apr s la chute de Suharto c est le pr sident Habibie qui assure la transition vers un r gime d mocratique Il organise des lections parlementaires libres conduisant la nomination d un nouveau pr sident en octobre 1999 Abdurrahman Wahid remplac en 2001 par Megawati Sukarnoputri Durant sa pr sidence Habibie ratifie une s rie de conventions internationales dont la Convention 87 de l Organisation internationale du travail relative la libert syndicale Le SPSI se maintient en place mais il se divisera en deux organisations SPSI Statusquo et SPSI Reformasi Le SBSI sort de la clandestinit D autres syndicats mergent rapidement manant de mouvements sociaux d velopp s par des organisations de soutien aux travailleurs comme SISBIKUM ou cr s par des partis politiques D abord unis par un objectif commun mettre fin la dictature les mouvements sociaux et les organisations de travailleurs vont se diviser la recherche de nouvelles strat gies A tel point qu en 2002 60 f d rations syndicales coexistent au niveau national Mais peine 10 d entre elles repr sentent des syndicats actifs sur des lieux de travail A ces centres nationaux viennent encore s ajouter des syndicats r gionaux qui ne sont pas enregistr s comme tels mais uniquement comme syndicats d us
98. am liorer les conditions de travail dans les usines parties prenantes des fili res d approvisionnement des entreprises qui produisent des v tements de sport sous licence de coll ges et d universit s des Etats Unis WRC r alise des enqu tes sur base de plaintes sp cifiques et v rifie le respect des crit res int gr s dans son code de conduite En novembre 2001 90 coll ges et universit s des Etats Unis taient affili s au WCR et des rapports d enqu te avaient t r alis s sur deux usines www workersrights org WRC n a pas pour vocation d avoir des entreprises membres ni d en certifier Quelques rep res Points de convergence et de divergence Secteurs couverts V tements Propres FLA et WRC s adressent sp cifiquement un secteur industriel celui des v tements et des chaussures de sport ETI et SA8000 s adressent tout secteur Les pouvoirs publics ont particip au lancement de FLA et ETI Ce n est pas le cas du code V tements Propres ni de la SA8000 ni de WRC Les parties prenantes potentielles entreprises pouvoirs publics syndicats et ONG sont diversement repr sent es Les entreprises sont absentes de WRC Par la nature de l initiative V tements Propres bas e sur une campagne publique les entreprises ont t r ticentes s impliquer dans le syst me propos Elles sont par contre particuli rement pr sentes dans FLA et SA8000 Leur importance relative tend cependant
99. angers et relancer les march s locaux Sortir les campagnes de la mis re Apr s le Forum social mondial Ubon Romphothong la syndicaliste tha landaise dont nous venons de parler a pass quatre jours dans les campagnes avec des membres du Mouvement des paysans sans terre MST du Br sil Quand on lui demande ce qu une ouvri re de l industrie cherche aupr s d un mouvement qui se bat pour la r forme agraire elle n h site pas une seconde Nous sommes des ouvri res mais nous venons des villages En Tha lande la plupart des travailleuses de l industrie l g re sont des paysannes qui ont d quitter les campagnes car le travail dans les champs ne nous permettait plus de survivre Les liens entre les deux secteurs restent tr s importants Par exemple au moment de la crise conomique en 1997 les usines ont licenci massivement les ouvriers les renvoyant dans leurs villages L agriculture d j en difficult a d absorber la main A 8 d uvre au ch mage Comme on l a vu pr c demment cette situation n est pas propre la Tha lande dans de nombreux pays en d veloppement la majorit des petits paysans connaissent une mis re telle qu ils constituent un norme r servoir de main d uvre taillable et corv able merci pour l industrie Pour un expert de la Conf rence des Nations unies sur le commerce et le d veloppement CNUCED le seul moyen d augmenter les revenus des travailleurs dans les secteurs d exp
100. ant au Nord qu au Sud des gouvernements pour qu ils refusent de d missionner devant les int r ts d entreprises Page 5 Jouets de la mondialisation Introduction priv es et qu ils mettent en uvre des politiques au service de tous et finalement des multinationales pour qu elles assument la responsabilit de l enti ret de leurs activit s et qu elles se soumettent aux lois nationales et aux conventions internationales qui r gissent le droit des travailleurs l o elles op rent Les auteurs ont us de noms d emprunt pour d signer les usines et les travailleurs Ils veulent ainsi viter toute repr saille vis vis de personnes et toute rupture de relations commerciales avec les unit s de production cit es comme exemples Le Monde 14 septembre 2001 Forbes 13 mars 2002 Page 6 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Premi re Partie Des ouvri res du jouet aux marchands de r ves Page 7 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi I Exploitation mode d emploi Elles ont entre 17 et 22 ans six jolies jeunes filles indon siennes souriantes dans leurs jeans et t shirts fra chement enfil s Visiblement elles s appr tent se d tendre attendant encore l une d entre elles qui ach ve sa pri re l abri d un large voile Rien ne les distingue de toutes les jeunes filles de leur ge R ves similaires int r ts semblables elles parlen
101. ar exemple dans les billes de billard ou dans la fabrication artisanale de tel ou tel type de jouet Les grandes foires Les grandes foires de l industrie du jouet partout dans le monde constituent des lieux de rencontre entre producteurs interm diaires et importateurs Les deux plus importantes ont lieu Nuremberg et Hong Kong en d but d ann e Les contrats de production sont tablis et n goci s lors de ces foires o des commandes importantes sont pass es pour approvisionner les principaux march s dans les pays consommateurs En 2002 la foire de Hong Kong accueillait 28 350 acheteurs provenant de 114 pays tandis que celle de Nuremberg recevait 55 000 personnes Selon un professionnel du jouet les prix constituent la grande priorit des participants La conception et la production peuvent avoir lieu n importe o Donc ce qui int resse les acheteurs c est le prix Ils courent d un stand l autre pour comparer les tarifs Eneadr Bo tes jouets L industrie du jouet se divise g n ralement en deux grandes familles les jouets lectroniques d une part et les jouets traditionnels de l autre Ces derniers se fragmentent nouveau en de nombreuses cat gories les poup es et personnages les poup es et accessoires les personnages articul s les peluches les jeux d int rieur les jeux de soci t et les puzzles les jouets pr scolaires pour b b s et petits enfants de 2 36 mois les jeux d ext rieur
102. as de banlieue glauque pas d embouteillage pas d affichage publicitaire intempestif pas de McDonald s Pas non plus de pauvres ni de ch meurs Celebration est peupl e essentiellement d individus blancs issus des classes moyennes ais es Les maisons ont beau y tre 20 plus ch res que celles des villes environnantes les candidats la vie selon Mickey Mouse se bousculent sur les listes d attente Pour Henry Giroux en inventant Celebration Disney capitalise sur la parano a de la classe moyenne blanche dont l image des villes se r sume la violence urbaine au trafic de drogue aux tensions raciales et ethniques au ch mage et au probl me des sans abri La r ponse vendue par la multinationale du divertissement est l isolement de cette classe en danger la cr ation d un monde homog ne enti rement g r par une soci t priv e Evidemment tout est organis par Disney L obsession du contr le omnipr sente dans l ensemble des activit s du groupe s tend ici tous les aspects de la vie des habitants Interdiction de pendre le linge dehors de semer n importe quelles plantes dans son jardin de s absenter plus de trois mois d utiliser des rideaux aux couleurs non r glementaires etc toutes ces mesures s inscrivant dans le concept accrocheur du Family Friendly Planning de la ville Les habitants ne doivent m me pas prendre la peine d lire leurs autorit s puisque c est la Celebration Company une enti
103. au travail des enfants Page 70 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne 8 Les dortoirs ne devront pas tre surpeupl s et les repas servis par l entreprise seront d une qualit nutritionnelle suffisante 9 On ne tol rera pas de brutalit physique ou toute forme de harc lement psychologique ou physique envers les travailleurs 10 Il ne sera pas mis d entraves la cr ation de syndicats par les travailleurs Ceux ci doivent avoir le droit de n gocier collectivement Les syndicats seront autoris s v rifier les mesures de s curit prises par les tablissements et suivre cette question 11 Les entreprises informeront leurs employ s des dispositions pertinentes du Droit du Travail national et des r gles d application locales C est pourquoi nous demandons premi rement que les entreprises du secteur du jouet ratifient la pr sente Charte deuxi mement que soit officiellement mis en place un syst me ou un comit de suivi ind pendant compos d organisations repr sentatives des droits et des int r ts des travailleurs afin de veiller l application de la pr sente Charte E L Ce travail en r seau est rapidement aliment par un premier programme de recherche mis en route en Chine en Tha lande et en Indon sie d s 1998 orchestr par l Asia Monitor Resource Center Les informations collect es sont particuli rement pr cieuses Elles concernent un
104. aux soci t s transnationales pour qu elles assument la responsabilit de l impact de leurs op rations l tranger Le secteur du jouet ne fait pas exception D non ant de nombreux cas bien document s de violations des droits fondamentaux des travailleurs des organisations syndicales des mouvements sociaux des ONG et des organisations de consommateurs m nent campagne pour sensibiliser le public ces nouvelles donnes de la mondialisation et l inviter poser des actes concrets de solidarit avec les travailleurs luttant pour d fendre leurs droits Fortes de l appui d une partie croissante de l opinion publique ces organisations ont encourag et tir parti des initiatives volontaires prises par des entreprises pour veiller au respect de ces droits Dans le secteur des v tements et des chaussures de sport par exemple la campagne internationale V tements Propres a cherch exploiter au maximum les opportunit s offertes par les codes de conduite M me si chaque petite am lioration des conditions de travail est d j une victoire les impatients ont beau jeu d estimer assez maigre le bilan d ann es de campagne C est vrai par rapport l ampleur des buts poursuivis le respect des droits fondamentaux des travailleurs quelques toilettes propres mises disposition des travailleurs dans telle usine de l eau potable distribu e dans tel autre atelier une compensation de licenciement pa
105. avez vous quelque chose propos des codes de conduite 9 1 90 8 Souhaitez vous recevoir plus d information propos de la s curit et de l hygi ne sur le lieu de travail 82 sans avis 16 2 Erdetableau a 3 Les responsabilit s remonter la fili re Les histoires de ceux et celles qui fabriquent les jouets vendus en Occident ne sont pas des contes de f es Les t moignages qui affluent des zones franches ou de d veloppement industriel r cent d Asie d Am rique latine d Afrique et dans une certaine mesure d Europe de l Est ressemblent trangement ceux que nous venons d exposer Les h ro nes de ces contes ordinaires de l conomie mondialis e ne font l affiche d aucun long m trage A l chelle mondiale les ouvri res de l industrie l g re d exportation comptent parmi les premi res victimes du dogme du libre change cette loi de la jungle qui permet aux nantis de b tir des empires sur le labeur de ceux qui n ont que leurs 20 ans pour toute valeur marchande Pour de nombreuses organisations de d fense des travailleurs comme pour la Toy Coalition les entrepreneurs asiatiques avides et sans c ur ne sont pas les seuls responsables des violations syst matiques des droits humains dans les usines Les multinationales du jouet et les grandes cha nes de distribution portent une lourde responsabilit dans la banalisation de ces nouvelles formes d esclavage En effet les bas salaires les heures suppl mentaires e
106. ays en d veloppement se retrouvent le dos au mur Ils ne peuvent pas copier ils doivent importer les technologies et payer des royalties et des licences Les b n fices sont sur une voie sens unique qui va des pauvres vers les riches Lobby L enjeu des droits de propri t intellectuelle est tel que les multinationales du divertissement se d pensent sans compter pour influencer les politiques et ce tous les niveaux de pouvoir Ainsi en mai 2002 Disney et quelques autres g ants de la communication persuad rent un s nateur am ricain d introduire une l gislation qui imposerait la pr sence d un d tecteur de copies pirates dans tous les quipements digitaux y compris les PC Michael Eisner en personne patron de Disney s est rendu devant les s nateurs pour leur expliquer l importance de voter de nouvelles lois pour se pr munir contre les nouvelles techniques de diffusion de films sur Internet Dans un tel contexte l Organisation mondiale du commerce est devenue la cible d un intense lobby de l industrie pour le renforcement des syst mes de propri t intellectuelle Disney et le lobby du cin ma se joignirent au chorus des multinationales qui entra na l adoption de l Accord sur les aspects des droits de propri t intellectuelle qui touchent au commerce en 199448 Les Etats Unis avaient besoin d un r gime r gulateur pour r colter les fruits de leur h g monie conomique et culturelle et cela a march ent
107. cants doivent s engager respecter Il y est question de conditions de travail d interdiction du travail des enfants et du travail forc de compensations et de salaires de dur e du travail de non discrimination des conditions de s curit et d hygi ne du droit d association de protection de 1 environnement du respect des lois de dispositions pour le contr le et pour la publication du code Le code couvre l ensemble des droits fondamentaux des travailleurs d finis par l Organisation internationale du travail sans qu il y soit fait aucune r f rence explicite Il contient en outre une clause interdisant aux partenaires de production d avoir recours la sous traitance sans l autorisation expresse de Disney et sans accord du sous traitant vis vis du respect du code Le code de conduite de Disney n a t modifi sensiblement qu en 1997 pour se conformer celui d velopp au sein du White House Apparel Industry Partnership voir l Annexe 1 Mais Disney ne participe pas Fair Labor Association l initiative qui a pris le relais de ce partenariat am ricain Le code de conduite de Disney est traduit en 50 langues Selon la soci t il a t diffus aupr s de dizaines de milliers de fournisseurs et de d tenteurs de licence Tous les nouveaux d tenteurs de licence et vendeurs sont tenus de signer une d claration qui les engage respecter le code Page 85 Jouets de la mondialisation V Code
108. caragua ou en Afrique du Sud au Kenya ou au Vietnam au Sri Lanka ou en Inde Des centaines de zones franches d exportation s installent aujourd hui dans les pays en d veloppement sur tous les continents Il s agit d enclaves territoriales dans lesquelles des firmes trang res b n ficient de privil ges et d avantages sp ciaux pour produire des marchandises destin es l exportation Ces avantages varient fortement d une zone l autre cela va de g n reuses exemptions fiscales la mise disposition d infrastructures routes installations lectriques en passant souvent par un all gement des obligations en mati re de droits sociaux A c t des zones appartenant aux gouvernements des pays d accueil on assiste l apparition de parcs industriels compl tement priv s propri t s de multinationales qui ont peu de comptes rendre aux autorit s en place Page 32 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable Des fen tres sur la globalisation Les zones franches d o proviennent la grande majorit des jouets vendus en Occident comptent parmi les outils de promotion d un mod le de d veloppement conomique bas sur l exportation Elles font d ailleurs partie des strat gies impos es par le Fonds mon taire international et la Banque mondiale pour l octroi de pr ts aux pays en d veloppement Mis en place pour favoriser la cr ation d emplois les transferts de technologie et les flux de
109. cc s r el des travailleurs des possibilit s de recours et de plainte Elles mettent de grandes r serves sur les capacit s des auditeurs issus de soci t s commerciales appr hender les probl matiques sociales en milieu de travail et traiter les mati res relatives aux droits humains Ils n ont dans les faits que peu d exp rience et peu de contacts avec les organisations de travailleurs et les ONG Cette position est tay e par le retrait en catastrophe par SAI en 2001 d une certification SA8000 accord e une entreprise chinoise apr s avoir constat que les auditeurs s taient fait berner par la direction de l entreprise La campagne internationale V tements Propres critique diff rents aspects de la SA8000 Elle met galement en vidence le manque de participation des ONG et des syndicats aux niveaux d cisionnels Fondamentalement elle critique la cible choisie pour la certification l entreprise de production plut t que le distributeur ou la marque Dans le syst me choisit par SAI l enti re responsabilit repose sur l entreprise de production g n ralement situ e dans un pays en d veloppement C est elle seule qui aura la charge d am liorer les conditions de travail et qui en m me temps devra supporter le co t consid rable de la certification M me si SAI demande aux distributeurs de soutenir leurs fournisseurs dans ce cadre le petit nombre d entreprises signataires de la SA8000 montre
110. ccidentaux et d un puissant lobby industriel Le terrain est alors laiss libre l autor gulation C est l av nement de la Responsabilit sociale des entreprises Les entreprises vont d ployer des initiatives d autor gulation caract re volontaire Volontaire mais pas spontan Les entreprises attendront bien souvent qu une catastrophe ou qu un scandale mette sous les feux de l actualit leur manque de responsabilit sociale pour se doter de codes de conduite Ce n est pas par hazard que le mouvement s enclenche dans l industrie chimique Responsables de plusieurs catastrophes industrielles comme Seveso et Bhopal les soci t s transnationales de la chimie se dotent en 1985 d un code volontaire baptis Responsible care Outre le souci de remettre de l ordre dans ce secteur et de reconqu rir une certaine image de marque il s agit pour elles de pr venir une r gulation qui s av rerait plus contraignante Sous la pression de l opinion et des m dias qui relayent quelques scandales li s des violations des droits fondamentaux des travailleurs les marques d habillement comme Levi s embo tent le pas d s la fin des ann es 80 ONG le pion neuf Dans le courant de la m me d cennie entrent en sc ne de nouveaux acteurs du terrain social international Les organisations non gouvernementales ont gagn un auditoire public force de campagnes Elles ont une expertise et des terra
111. chantillon de 60 usines de jouets appartenant pour la plupart des groupes transnationaux bas s Hong Kong et produisant pour le compte de marques et distributeurs mondialement connus comme Disney Hasbro Mattel Tomy Bandei Warner Brothers ou McDonald s La qualit de l information recueillie fera de cette recherche une base d analyse et de campagne publique inestimable Elle montre que ni les codes de conduite ni m me les lois nationales ne sont respect s Elle d crit les m canismes mis en uvre pour d jouer les inspections lorsqu elles existent Le Hong Kong Christian Industrial Committee CIC et AMRC mettront par la suite d autres tudes disposition du r seau En 1999 le CIC publie Mulan s sisters qui documente les conditions de travail dans des usines produisant pour Disney en Chine En 2000 c est au tour de Mattel d tre pingl En 2001 revoil Disney dans M fie toi de Mickey regroupant les conclusions d enqu tes dans plus de 20 usines produisant pour Disney en Chine En 2001 encore le CIC publie un rapport sur les pratiques d Hasbro McDonalds Mattel et Disney en mati re de fabrication de jouets Au del de la description des conditions de travail ce dernier rapport entame une analyse de l impact des politiques d approvisionnement de ces marques sur les conditions de travail et le respect des droits des travailleurs dans les usines concern es De quoi mener la campagne un cran plus loin
112. ciaux dans de nombreux secteurs de production Par contre le label social belge pourrait faire avancer la d marche de la responsabilit sociale par deux aspects qui semblent aujourd hui avoir la faveur des autorit s publiques l implication dans le syst me d octroi du label et de certification du produit des organisations repr sentatives des travailleurs en Belgique et dans les pays de production d une part et l utilisation du label comme outil d int gration de crit res sociaux dans les march s publics d autre part Lis de L J Int grer des crit res sociaux dans les march s publics Les march s publics repr sentent 14 du Produit int rieur brut de l Union europ enne C est dire la r elle possibilit dont dispose les pouvoirs publics pour encourager le respect de droits sociaux fondamentaux par les entreprises qui soumissionnent des march s publics Th oriquement rien ne s y oppose Aucun texte international aucune disposition du Trait de Maastricht aucune disposition des directives europ ennes relatives la passation des march s publics n oblige les pouvoirs publics dans leurs achats ne se pr occuper que du co t direct des prestations qui font l objet du march Le Trait d Amsterdam 1 mai 1999 traduit cette m me orientation au niveau de l Union europ enne Il stipule que le March int rieur est r alis dans une perspective non seulement de croissance conomiq
113. connaissant le r le central des syndicats tout en tol rant encourageant ou r gulant des outils qui renforceraient le r sultat de ce dialogue social afin qu il puisse tenir compte des nouvelles dimensions li es la mondialisation Une des cl s de cette d marche au niveau international r side dans la consolidation de l Organisation internationale du travail Eneadr Consolider l Organisation internationale du travail Depuis sa cr ation apr s la Premi re guerre mondiale l Organisation internationale du travail OIT rassemble les repr sentants des gouvernements des organisations patronales et des organisations syndicales de travailleurs Au sein de l OIT ces acteurs d finissent ce qu on appelle les Conventions internationales du travail c est dire un ensemble de r gles susceptibles d tre appliqu es dans tous les pays dans un domaine social particulier Chaque pays membre de l OIT est invit ratifier ces conventions En ratifiant une convention chaque pays s engage la traduire en lois nationales Les conventions de POIT sont pr s de 200 Tous les pays n ont pas souscrit leur ensemble Le noyau dur de ces textes est constitu par sept conventions Souvent appel es conventions de base elles d finissent les droits fondamentaux des travailleurs le droit de s organiser et le droit d engager librement des n gociations collectives Conventions 87 et 98 Page 107 Jouet
114. coupant ses relations commerciales avec lusine d sign e Il en va par exemple ainsi pour la Guo Nian Factory en Chine cas document par le HKCIC ou pour l usine Shah Makhdum au Bangladesh cas document par le National Labor Committee 1 T s agissait du groupe City Toys op rant Shenzhen en Chine Source HKCIC d cembre 2001 2 Pour la mise jour annuelle de ce profil d entreprise et sur le profil d autres distributeurs de jouets de France consultez www ethique sur etiquette org 21 CEP un institut de recherche sur la responsabilit sociale des entreprises n la fin des ann es 1960 et bas aux Etats Unis 7 Une adaptation de la norme SA 8000 est en cours pour couvrir les secteurs agricoles Page 91 Jouets de la mondialisation V Code de conduite 3 LARIC No illusions against the global cosmetic SA8000 by Labour Rights in China LARIC Asia Monitor resource Center China Labour Bulletin HK Christian Industrial Committee HK Confederation of Trade Unions juin 1990 1 WICK Workers tool or PR ploy A guide to codes of international labour practice Sudwind Allemagne 2001 Lely Jusnita Marpaung juriste Bogor 26 Jouets l envers du d cor Alternatives conomiques n 197 novembre 2001 Paris p 46 77 McDonalds toys do they manufacture fun or more exploitation Follow up report par Hong Kong Christian Industrial Committee 31 ao t 2000 The Walt Disney Company Internatio
115. ct n gatif s ils ont pour vocation de se substituer au processus de n gociation collective Par contre si les codes maison reconnaissent le droit des travailleurs de former des syndicats et de n gocier collectivement et s il est clair pour chaque partie qu ils ne constituent pas une solution aux probl mes des travailleurs alors ils ne repr sentent pas un danger Dans des pays comme l Indon sie en 1998 o un gouvernement r pressif rend impossible l exp rimentation par les travailleurs des m canismes de n gociation ou de la l gislation du travail les travailleurs pourraient utiliser les codes pour revendiquer leurs droits particuli rement celui de s organiser Et selon Dwight Justice Il est pr f rable que les codes maison se limitent des standards minimaux sans sophistication Les pr cisions doivent tre d finies travers un processus de n gociation entre les travailleurs et leurs employeurs ce qui est un droit fondamental Le danger existe que les codes de conduite se substituent aux syndicats quand ils sont int gr s une politique de gestion des ressources humaines d une entreprise qui tend s associer des ONG dans le but d viter les syndicats Mais qui repr sente les travailleurs Pour la CISL seuls des syndicats repr sentatifs et d mocratiquement contr l s par les travailleurs ont cette l gitimit Les codes ne peuvent pas non plus se substituer
116. culi rement complexe De l aveu m me d un ancien employ de Disney le syst me des licences facilite les abus puisqu il implique une d l gation importante du processus 5 Le pouvoir de la grande distribution Finalement nous arrivons tout au sommet de la fili re du jouet l o les grands magasins font la loi En Europe pr s de 95 des produits Disney vendus sous licence se retrouvent chez les grands distributeurs tels que Carrefour et Wal Mart Ce chiffre nous donne une id e de l influence qu exercent les hyper et les supermarch s sur toute la fili re qu ils soient sp cialis s comme Toys R Us ou g n ralistes comme Carrefour Comme l explique un professionnel du jouet La distribution est une dimension capitale si l on veut analyser le syst me aujourd hui ce sont les grands distributeurs qui ont le pouvoir Tesco Carrefour Wal Mart H amp M Aldi Auchan ou Blokker group contr lent 70 du march du jouet dans le Benelux Cette supr matie s explique essentiellement par leur pouvoir de n gociation consid rable lachat en tr s grandes quantit s leur permet de vendre des produits de grandes marques moins chers que les sp cialistes tout en conservant des marges int ressantes La mainmise de la grande distribution s tend d ailleurs l ensemble de l conomie mondiale puisqu en juillet 2002 dans le classement annuel du magazine Fortune le g ant Wal Mart volait Exxon Mobil la premi re p
117. d uvre les poup es Barbie par exemple est d localis e Dans l Union europ enne certaines entreprises comme LEGO Danemark ou Playmobil Allemagne continuent produire en Europe au moins partiellement cause du niveau lev d automatisation et de l importance d une grande pr cision dans la fabrication D autre part en ce qui concerne le recours la sous traitance le monde du jouet pr sente galement d importantes variations Mattel dispose dans une large mesure de ses propres sites de production Hasbro fait en revanche syst matiquement appel la sous traitance Chez Mattel les b timents et les quipements de production p sent 650 millions de dollars contre 300 pour Hasbro Le premier emploie 39 000 personnes le second 8 000 pour des chiffres d affaires tr s proches Banda et Tomy sont dans une position interm diaire Le tout sous traitance est aussi la strat gie d acteurs comme Disney ou McDonald s pour les jouets offerts avec les menus enfants et celle de distributeurs comme Toys R US Wal Mart ou Carrefour pour les jouets qu ils n ach tent pas aux grandes marques 90 des jouets achet s en direct par Carrefour viennent de Chine La main d uvre le moteur des d localisations Dans cet univers volatile le moteur des d localisations de l industrie du jouet r side avant tout dans les co ts salariaux Un ouvrier am ricain ou fran ais co te en moyenne 20 euro
118. d organisations et d entreprises britanniques Les entreprises impliqu es acceptent de respecter les termes d un code de base en relation avec des crit res sociaux des contr les et des audits r guliers et d encourager leurs fournisseurs respecter le code de base En octobre 2001 environ 36 entreprises taient associ es principalement issues du secteur de l alimentation des boissons et de la confection ETI a r alis un programme pilote de recherche afin de tester des syst mes de contr le et de v rification www ethicaltrade org Les entreprises membres de ETI sont Anchor Seafood Arbor International ASDA The Body Shop International Co operative Wholesale Society Desmonds amp Sons Dewhirts Group Fisher Foods J Sainsbury Lambert Howarthe Global Levi Strauss amp Co Lyons Seafoods Littlewoods M amp W Mack Macleod McCombe Marks amp Spencer Mothercare Monsoon Pentland Group Premier Brands Safeway Stores Somerfield Tea Sourcing Partnership Tesco Fair Labor Association FLA voit le jour aux Etats Unis en 1998 L initiative poursuit le travail entam dans le cadre du White House Apparel Industry Partnership FLA promeut la certification des marques de v tements et de chaussures de sport distribu es par des entreprises transnationales Les entreprises certifi es doivent respecter le code de conduite de FLA et soumettre jusqu 30 de leurs usines des contr les et des v rifications externes
119. de donner plus de poids aux travailleurs dans le processus de n gociation La loi est tr s ambigu et ne permet pas de savoir si le droit d un syndicat donner l ordre de gr ve sera prot g ou non Par cons quent il est tout fait possible qu une gr ve soit trait e comme un acte ill gal passible de sanctions p nales Organisations syndicales confin es dans l ill galit Enfin les dispositions de la loi risquent de confiner de nombreuses organisations syndicales dans l ill galit Alors qu ONG et syndicats taient en faveur d un dispositif de notification la loi oblige les organisations se faire enregistrer aupr s du Minist re du Travail Trente huit organisations syndicales ont t enregistr es jusqu pr sent mais beaucoup ne le sont pas dans certains cas les demandes ont t refus es Celles qui pour diverses raisons ne peuvent pas tre enregistr es seront d savantag es Par exemple une gr ve lanc e par une organisation non enregistr e sera consid r e comme ill gale et sanctionn e comme un acte criminel En th orie cette loi devrait faciliter la formation des organisations syndicales Elle pr cise qu il suffit de 10 travailleurs pour en constituer une Mais c est le contraire qui se produit dans la pratique Cette disposition a pour effet d entra ner une fragmentation au sein des syndicats ce qui ventuellement cr era une situation o les organisations seront nombreuses
120. de leurs droits il leur est cependant extr mement difficile de mener cette lutte D abord parce que peu form es la plupart des travailleuses ne connaissent pas leurs droits Et ensuite parce que la r pression des activit s syndicales est une pratique courante En Indon sie en Tha lande comme dans de nombreux autres pays les dirigeants syndicaux sont soumis des pressions des intimidations et des menaces allant jusqu la mort Nous reviendrons sur cette criminalisation des dirigeants syndicaux dans le chapitre 6 Un ouvrier indon sien produisant des jouets Disney raconte que la direction a licenci un homme ayant travaill pr s de 12 ans dans l entreprise parce qu il avait pris l initiative de fonder un syndicat Nous avons men deux gr ves l une en d cembre 2001 pour obtenir le paiement de la prime de vacances pr vue par la loi et l autre en janvier 2002 pour recevoir le salaire minimum l gal Nous n avons obtenu que la moiti du p cule de vacances et nous n avons pas eu gain de cause sur le salaire minimum Il faut dire que quand le leader syndical a t licenci les ouvriers ont pris peur En Chine la plupart des ouvriers des zones franches ne savent pas ce qu est un syndicat ni quoi cela peut bien servir Dans les entreprises capitaux trangers de Shenzhen par exemple peine 10 de la main d uvre est syndiqu e Les organisations syndicales chinoises quand elles sont pr sentes ne sont pas
121. de solidarit Dans les chapitres qui suivent nous allons nous plonger dans cette dynamique et voir comment ces mouvements proposent de faire pr valoir les droits humains sur la loi de la jungle du grand march mondial Cit par J FLOWER Disney les managers du r ve Maxima Boulogne 1992 Cit par H A GIROUX The mouse that roared Disney and the end of inocence Rowman amp Littlefied publishers USA 2001 p 26 Forbes 13 mars 2002 J FLOWER op cit p 266 5 Le Monde 9 f vrier 1999 T l rama 12 avril 2000 cit par L empire des m dias Mani re de voir mai juin 2002 7 Le Monde 26 septembre 2001 SN KLEIN No Logo la tyrannie des marques Lem ac Actes Sud 2001 p 124 Marketing for Children A World Survey 2001 Edition Euromonitor International http www biz lib com ZEUMCW html Cette tude concerne les enfants de 5 14 ans et se base sur les 105 principales conomies du monde qui produisent quelque 99 du produit int rieur brut global The Economist le 2 avril 1998 Annual report 2001 The Walt Disney Company and subsidiaries Business Wire 28 mai 2002 Annual Report 2001 op cit Communiqu de Disney sur Disney go com 6 mars 2002 5 The New Internationalist juin 2001 Marketing Week publi par la firme BMRB International le 8 juillet 1999 7 Annual Report 2001 op cit H A GIROUX op cit M ELIOT Walt Disney La face cach e du Prince d Holl
122. diminuer au sein de SA8000 Les syndicats ne participent pas FLA Les ONG sont pr sentes dans toutes les initiatives Apr s une ventuelle implicaiton lors du lancement les pouvoirs publics sont absents de toutes les initiatives sauf de la SA8000 o ils occupent un si ge au Conseil consultatif Ils subventionnent cependant FLA ETI ainsi que la Fair Wear Foundation cr e dans le cadre du projet pilote de la campagne V tements propres aux Pays Bas La cible du code de conduite V tements Propres de FLA et de ETT est la certification de marques et de distributeurs La SA8000 certifie des entreprises de production WRC ne vise Page 131 Jouets de la mondialisation Annexes pas la certification d entreprises L analyse de WRC situe cependant les responsabilit s au niveau des marques et de la distribution Les normes de travail appliqu es par V tements Propres ETI SA8000 et WRC sont comparables FLA est fortement critiqu pour ses faiblesses en cette mati re Alors que les autres initiatives exigent au moins le paiement d un salaire minimum vital FLA ne se r f re qu au salaire minimum l gal souvent bien inf rieur FLA permet de d passer la dur e maximale du travail de 60 heures par semaine dans les p riodes de pointe Enfin FLA est moins exigeant en mati re de paiement des heures suppl mentaires La profondeur de la fili re concern e par le respect du code varie consid rablement d un code l autre
123. dise nous gagnerions environ le double explique le directeur de l entreprise Remontant la fili re de ces jouets griff s Disney nous rencontrons sept ouvri res de PT Yami dans une maisonnette sombre dont l unique pi ce sans meuble dispose d un grand tableau noir la branche locale de Garteks une centrale syndicale des ouvriers du textile et de la confection galement responsable du secteur jouets Il est midi Les ouvri res arrivent en courant engloutissent une assiette de r1z saut et repartent l usine apr s une vingtaine de minutes de discussion Le temps est pr cieux car elles doivent atteindre des quotas de production quotidiens extr mement lev s Avec Agus Pramono responsable de la branche locale du syndicat elles nous expliquent le syst me PT Yami est une entreprise cor enne qui dispose d unit s de production dans diff rents pays asiatiques dont une en Indon sie qui emploie plus de 3 000 personnes Elle produit des jouets mais galement des v tements et des casquettes portant notamment les logos de Old Navy Adidas Gap et une s rie d universit s nord am ricaines Disney est galement un client important de PT Yami en Indon sie Les jouets qui y sont fabriqu s seront vendus directement dans les r seaux commerciaux du g ant des loisirs les boutiques Disney les parcs th me etc L usine sous traite une part importante de sa production une quinzaine d autres ateliers Pr s de 30 des joue
124. dizaines de milliers de signatures cette derni re r forme ne sera jamais traduite en loi Par contre le gouvernement tha landais finit par dicter une loi exigeant la cr ation de comit s de s curit et d hygi ne dans les usines comptant plus de 50 employ s Apr s 4 ans de campagne les autorit s du pays d cr tent le 10 mai jour anniversaire de l incendie de l usine Kader journ e nationale annuelle de la s curit au travail Quant aux victimes de l incendie de l usine Zhili et leurs familles elles devront attendre sept ann es pour enfin b n ficier d une indemnit La loi chinoise ne sera d aucune utilit pour convaincre Zhili C est la compagnie Artsana Chicco qui versera aux familles 30 millions de lires quelque 15 000 euros via la Croix Rouge chinoise Au pr alable un pont avait t tabli entre les organisations de Hong Kong des ONG italiennes et le syndicat italien des travailleurs d Artsana menant en 1997 des campagnes publiques et la signature d un code de conduite par Artsana Chicco et trois syndicats italiens CISL CGIL Page 67 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne et UIL impliqu s dans le syst me de contr le du code Malgr l existence de ce code de conduite et bien qu elle ait consenti financer un fonds humanitaire pour les victimes de l incendie de Zhili Artsana nie cependant toujours sa responsabilit vis vis des trava
125. double approche Carrefour mandate des soci t s d audit pour contr ler ses fournisseurs et leurs sous traitants d clar s Fin 2001 160 rapports avaient t r alis s dans 7 pays certains donnant lieu des processus de correction s talant sur plusieurs mois A ce contr le s ajoutent des contr les inopin s r alis s par INFANS organisation cr e dans ce but par Carrefour en partenariat avec la F d ration internationale des droits de l Homme Carrefour projette de soumettre l ensemble de ses approvisionnements internationaux ce m canisme de contr le d ici la fin 2003 Colruyt Dreamland s est dot en 2002 d une charte relative au travail des enfants et aux conditions de travail Int ressante par son approche du travail des enfants qui n est cependant pas un probl me central dans le secteur du jouet cette charte ne mentionne pas la libert syndicale Colruyt annonce la publication r guli re d un bilan social joint son rapport annuel Page 82 Jouets de la mondialisation V Code de conduite Cora et Casino ont adopt une charte thique pour la centrale d achat Opera que les deux entreprises partagent Cette charte couvre un ensemble assez complet de crit res mais il n y figure cependant aucune r f rence aux conventions de l Organisation internationale du travail et le texte se limite au respect de la l gislation nationale en mati re de libert syndicale Les acheteurs ont re u une
126. e l industrie et la distribution de v tements et celles de v tements et chaussures de sports Focalisant cependant son attention sur la responsabilit des distributeurs et des marques 1l concerne potentiellement certains acteurs pr sents dans le monde du jouet comme dans celui de l habillement Carrefour Cora ou Disney pour n en citer que quelques uns La premi re particularit du code V tements Propres est d tre issu d une campagne port e dans 10 pays europ ens par des ONG des syndicats et des organisations de Page 77 Jouets de la mondialisation V Code de conduite consommateurs Depuis le d but des ann es 90 V tements Propres focalise son nergie sur le respect des droits des travailleurs dans l industrie de la confection textile Aux c t s des actions de sensibilisation des consommateurs et d un travail de solidarit avec des travailleurs en lutte elle recherche des instruments capables de faire valoir la responsabilit des marques et des distributeurs sur leurs fili res d approvisionnement et de sous traitance Parmi les voies d actions concr tes envisag es des initiatives l gales de r gulation et des recours en justice voir chapitre 8 et la promotion d un code de conduite La campagne V tements Propres se met donc au travail en privil giant une troite concertation entre ONG organisations de consommateurs organisations syndicales f d rations syndicales internationales et d
127. e l limination du travail des enfants dans des secteurs dangereux dans les conflits arm s pour la prostitution et la pornographie ainsi que dans toute activit illicite Elle interdit aussi le trafic des enfants et le travail forc http www ilo org A CHAN op cit p 114 Voir ce sujet le chapitre 4 7 A CHAN op cit p 114 8 A CHAN op cit p 7 Study on the Situation and Status of Female Employment in Thailand s Toy Industry NGO Labour Network AMRC Hong Kong 2000 10 Conditions in the Toy Manufacturing Sector in Indonesia AMRC Hong Kong 2000 How Hasbro McDonald s Mattel and Disney manufacture their toys op cit Cette tude se base sur des interviews de 93 travailleurs dans plus de 20 entreprises entre ao t et octobre 2001 Beware of Mickey Disney s sweatshops in South China Hong Kong Christian Industrial Committee f vrier 2001 Cette tude se base sur des interviews r alis es de mars novembre 2000 dans 12 usines produisant des marchandises Disney de 5 15 travailleurs interview s par usine De celle ci nous n avons tenu compte que ce qui concernait le jouet A CHAN op cit p 127 A CHAN op cit p 10 Le nom des ouvriers est suivi de celui des marques qu ils produisent et du pays o ils vivent Les auteurs ont pr f r garder la convertion en US US comme tant la plus fid le au moment de P enqu te A CHAN op cit p 12 7 Propos recueillis H
128. e 20 fois le salaire d un ouvrier en 1980 85 fois en 1990 et 531 fois en 2000 Aujourd hui le patron de Disney occupe un royaume magique lui tout seul s exclamait le magazine conomique Forbes Au cours des cinq derni res ann es il a gagn quelque 738 millions de dollars soit plus de 123 millions par an Durant cette p riode les b n fices de la firme n ont pourtant cess de chuter Et pour atteindre ce salaire annuel une ouvri re indon sienne produisant des Roi Lion en peluche devrait travailler quelque 120 000 ans un chiffre digne d un conte de f es si la situation n tait pas si tragique Apr s une d cennie de croissance l entreprise sous la direction de M Eisner commence montrer des signes de ralentissement Depuis 1997 les b n fices de Disney baissent d ann e en ann e et Mickey est entr dans le rouge pour la premi re fois en 2001 Aujourd hui dans une ambiance de scandales financiers r p tition qui secoue le monde du business am ricain le public et les actionnaires s indignent des salaires mirobolants de ces patrons charismatiques surtout quand ils sont sans lien avec leurs performances Page 62 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves Comparant la progression de leur salaire et les performances de leur entreprise le magazine Forbes a octroy M Fisner ainsi qu deux autres patrons la palme des PDG les plus inefficaces des Etats Unis Lin de L r
129. e de 83 entreprises se r f rant ou ayant suivi ses lignes directrices pour la publication de rapports www globalreporting org Worldwide Responsible Apparel Production WRAP est une initiative de l American Apparel Manufacturers Association l association am ricaine des producteurs d habillement Les ONG qui en sont membres sont des organisations proches des milieux d affaires Les repr sentants syndicaux manent de syndicats conservateurs et de milieux hostiles la politique de Fidel Castro Cuba Elle vise garantir le l galit et le respect de conditions humaines et thiques dans la production de v tements Un ensemble de principes de production a t approuv en 1998 et un syst me de certification d usines est test en 2000 Depuis son lancement en juin 2000 plus de 370 usines de confection ont t enregistr es et 23 ont t certifi es aux USA au Mexique et au Honduras En octobre 2001 des associations de producteurs et de maquiladoras de plus de 13 pays avaient adh r au code De mani re assez significative le manuel d auto valuation de WRAP donne des instructions plus d taill es sur les mesures de s curit prendre pour pr venir le transport ill gal de drogue dans les chargements de v tements que sur la mani re de garantir le respect de la libert d association wWww wrapapparel org Les enterprises membres du Conseil de direction de WRAP sont Sara Lee Hanes Leggs Playtex Sara
130. e de l Est et les consommateurs qui se trouvent principalement dans les pays du Nord Sous l impulsion de la Toy Coalition ONG et syndicats du Royaume Uni d Italie d Allemagne de France d Irlande et de Su de sont les premiers relayer la campagne En informant le public et en menant des actions de consommateurs leur action est d cisive dans l affaire Zhili Montr s du doigt dans leur fief italien Artsana et sa marque Chicco ne peuvent rester dans l ombre 3 Cartes sur table La responsabilit des distributeurs et des marques Les partenaires de la campagne jouets en sont conscients 1l faut se garder d extrapoler l efficacit des actions visant une entreprise de production aux campagnes visant un Page 69 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne distributeur ou une marque Au sein d un m me groupe manufacturier la relation d emploi est clairement tablie Le contrat d embauche mentionne l identit les droits et les devoirs de l employeur et de l employ Comme pour Kader et Master Toy les pressions exerc es sur ces compagnies se fondent sur les obligations l gales de l entreprise vis vis des conditions de travail de tous ses employ s quel que soit le lieu d implantation de l unit de production Le combat porte alors sur le respect ou le renforcement de la loi Mais les actions men es en Europe ou en Am rique du Nord ciblent g n ralement une marque ou
131. e instance a donn raison aux ouvriers dans 80 des cas 24 Mais nouveau les ouvriers migrants n ont pas le m me acc s ces institutions que les citadins D autre part ces chiffres restent encore insignifiants par rapport l ampleur des violations des droits des travailleurs dans un pays de plus d un milliard d habitants Le plus souvent ce sont les gr ves sauvages hors des structures syndicales officielles qui catalysent l exasp ration des travailleurs Elles clatent r guli rement et entra nent g n ralement la r pression imm diate des leaders Licenciement et emprisonnement sont les menaces qui p sent sur ces dirigeants naturels Bien s r les ouvriers affrontent la r pression en d veloppant une multitude de strat gies Pour viter d exposer l un d entre eux aux poursuites ils se pr sentent en groupe devant la direction ou devant les autorit s parlant tous en m me temps On constate aussi en dehors de toute structure officielle le d veloppement de groupes d entraide entre travailleurs d un m me village ou d une m me r gion Ces organisations informelles assument certaines fonctions normalement r serv es aux syndicats Pour ne citer qu un exemple dans le secteur du jouet en mai 2001 une gr ve sauvage a clat dans le d partement moulage d un sous traitant d Hasbro et de Mattel Toutes les gr vistes ont t licenci es et quand les autorit s du bureau du travail sont venues enqu
132. e jouets Premi re province de Chine continentale avoir connu l ouverture l conomie de march en 1979 Guangdong compte le plus grand nombre d usines investissements trangers tablies dans la r gion Celles ci se r partissent dans diverses zones dont celle de Shenzhen o se d roulent de nombreuses histoires racont es ci dessous Sur une population totale de 2 6 millions d habitants Shenzhen compte plus de 1 8 millions de travailleurs migrants En raison des grandes quantit s d emplois g n r s par les r formes conomiques beaucoup d habitants des campagnes parlent de Guangdong comme du paradis des travailleurs ou des racines de la fortune Eneadr Nouveaux esclavages En Chine le contr le administratif des mouvements de population l int rieur du pays donne aux employeurs des moyens suppl mentaires pour retenir la main d uvre et pour l assujettir Les paysans chinois qui ont migr vers le Sud n ont pas le m me statut que les citoyens de ces villes Bien que chinois ils sont consid r s comme des trangers Ils n ont acc s ni l ducation ni la s curit sociale ils n ont pas le droit de poss der une propri t ou de faire venir leur famille Quand leur travail n est plus requis ils sont cens s retourner chez eux Ils doivent disposer d un permis de r sidence temporaire et d un permis de travail Il arrive r guli rement que l employeur conserve ces documents en permanence
133. e le Mexique et l Indon sie cela entra nera la fermeture de nombreuses usines et des vagues de ch meurs De plus en raison de l offre importante les prix des marchandises forte intensit de main d uvre ont tendance baisser sur le march mondial Cette situation rend les pays exportateurs et leurs arm es de travailleurs peu qualifi s extr mement vuln rables De surcro t comme on l a vu dans le chapitre 2 l ouverture d une conomie sur l ext rieur signifie galement que le pays accepte l entr e de produits import s sur son propre march Petit petit les produits manufactur s fabriqu s l tranger remplacent la production locale cr atrice d emplois et moteur d une conomie stable Pourtant comme le rappelle le rapport de la CNUCED sur le commerce et le d veloppement l histoire nous enseigne que le d veloppement conomique des Etats Unis du Japon et de presque tous les pays d Europe de l Ouest s est bas sur leurs march s sui 14 int rieurs L intellectuel philippin Walden Bello l un des t nors du mouvement altermondialiste propose galement de sortir d une conomie extravertie dans un vaste programme de d globalisation pour les pays du tiers monde Il n est pas question de nous retirer de l conomie internationale pr cise t 1l mais bien de r orienter nos conomies de la production pour l exportation vers la production pour le march local Il faudrait aussi consacrer l
134. e plaindre Yeni qui ne rentrera pas de l usine avant 21 heures ce soir elles la consid rent plut t comme une grande s ur exemplaire Yeni habite seule un logement comparable pr s d ici Nous ne sommes encore qu en mai mais d j d importantes commandes des gros clients trangers affluent pour la ligne de production o elle travaille Page 8 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Exigeant des d lais de livraison tr s courts et des prix de revient toujours plus bas ces commandes conditionneront un tr s haut pic de production de juin septembre en pr vision des ventes de jouets qui se concentrent en Europe et aux Etats Unis sur la fin de l ann e Les travailleurs n ont alors pas le choix les heures suppl mentaires obligatoires s accumulent jour apr s jour semaine apr s semaine menant parfois des tats ultimes de fatigue et de stress Paradoxe Des jeunes filles prises en tenaille entre leur r ve d mancipation sociale et leur r alit quotidienne d exploitation conomique qui les m ne au bord de la survie on en trouve en Indon sie en Chine au Vietnam aux Philippines en Bulgarie en Roumanie au Guatemala chez nous aussi Leur mondialisation elles est aveugl ment balis e par ces belles enseignes lumineuses les marques les entreprises transnationales et les finances Leurs droits de femmes de travailleuses elles ne les connaissent pas n ayant que trop
135. e respect des droits sociaux travail en 1977 A noter galement les Lignes directrices pour les entreprises multinationales adopt es par l Organisation de coop ration et de d veloppement conomiques OCDE Malgr leur caract re volontaire et leurs faiblesses ces derni res s accompagnent d un syst me de plainte qui constitue aujourd hui le seul m canisme international de recours de syndicats d ONG ou d autres acteurs de la soci t civile vis vis d une entreprise transnationale concernant ses op rations l tranger Mais aucun de ces instruments n a de caract re contraignant Ils ne dispensent pas de la recherche de r gimes juridiques fond s sur des principes de responsabilit de r paration et de sanction qui permettent aussi de prendre des d cisions plus coh rentes et plus justes y compris pour les entreprises Dans cette recherche plusieurs voies d action convergent L une d elles a comme point de d part les initiatives volontaires existantes et conduit progressivement vers des r gulations douces puis contraignantes En chemin il s agira de tester des m canismes existants et d encourager la d finition de nouvelles lois La seconde d marche part des violations constat es Il s agit dans ce cas de rechercher les possibilit s de poursuivre en justice une soci t multinationale et de b tir ainsi une jurisprudence Eneadr Les lignes directrices de l OCDE L Organisation de coop ration
136. eint un sommet commercial que lui jalousent de nombreux grands noms Elle a tellement englob les aspirations et les valeurs de ses consommateurs qu elle a cr une marque o des gens veulent vivre Pour arriver une telle renomm e l entreprise a tout mis sur son image en investissant des sommes faramineuses dans le marketing et dans l extension de son empire Mais mesure que la firme peaufinait son look elle d laissait les processus productifs Les briques le mortier et surtout la responsabilit d employeur vis vis de centaines de milliers ouvriers sont devenus des charges superflues pour les grands marchands de r ves Disney est l un des champions mondiaux de la vente d images au moyen de licences octroy es d autres entreprises Cela lui a permis d accro tre ses profits tout en ne produisant presque plus rien De plus la firme a galement r duit les co ts de production l extr me en sous traitant la fabrication de ses marchandises dans les pays bas salaires Au bout du compte les conomies r alis es tous les chelons de la production y compris par l exploitation scandaleuse des ouvriers ont aliment sa formidable machine de marketing qui lui permet aujourd hui d envahir tous les march s du monde Finalement parmi les grands du jouet pouvait on imaginer pire contraste entre les valeurs pr n es par l entreprise et la r alit de son fonctionnement Un ma tre du divertisseme
137. el Plus 10 stations de t l vision et 29 stations de radio des programmes vendus partout dans le monde et une participation au capital d autres cha nes de t l vision Entr e en Chine mission Mickey Mouse sur la cha ne CCTVI Page 50 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves Radio Disney aux Etats Unis et en Argentine Parcs th mes En Floride Disney World comprend quatre parcs The Magic Kingdom Epcot Disney MGM studios et Disney s Animal Kingdom et plus de 13 h tels un centre sportif un centre commercial un centre de conf rence des terrains de golf des parcs aquatiques En Californie Disneyland et Disney s California Adventure Paris Disneyland Eurodysney et Walt Disney Studios et 3 nouveaux h tels 1 100 chambres pr vus pour 2003 Tokyo Disneyland et DisneySea Hong Kong Disneyland ouverture pr vue en 2005 Et encore Deux navires de croisi res et le Disney Institute o les professionnels peuvent d couvrir le business qui se cache derri re la magie Internet Une vingtaine de sites Internet et d entreprises en ligne en 19 langues partout dans le monde le moteur de recherche Infoseek ABC com Disney com FamilyFun com ESPN com zoogdisney com Disney Sotre com T l phonie Disney Mobile abonnement permettant aux d tenteurs d un t l phone cellulaire de jouer aux jeux Disney d envoyer des cartes de v ux Dis
138. emps de retrouver un pouvoir d achat quivalent celui connu avant la crise conomique Cela se traduit en 2000 2001 et 2002 par des augmentations significatives du salaire minimum l gal de l ordre de 30 par an en 2001 et 2002 dans certaines provinces dont Jakarta Tangerang Bekasi et Bogor qui concentrent une partie importante des activit s industrielles forte intensit de main d uvre En 2002 le salaire minimum l gal Jakarta a ainsi atteint 591 000 Roupies par mois soit un peu moins de 60 US Ces augmentations issues pourtant de n gociations entre repr sentants syndicaux patronaux et provinciaux suscitent le tol de la part d employeurs et des menaces de retrait de la part d investisseurs trangers Les syndicats quant eux tiennent fermement leur position Les entreprises trang res ne quittent pas l Indon sie cause des salaires affirme Muchtar Pakpahan En dollars le co t de la main d uvre indon sienne n est aujourd hui pas plus lev qu avant la crise Il reste tr s comp titif compar aux pays voisins Non ce qui fait fuir les entreprises c est l incertitude la corruption et le manque de respect des lois par ceux dont c est la charge On le voit les syndicats ont aussi d autres chats fouetter Etendr Les codes de conduite et le syndicalisme mergeant Lely est juriste elle travaille au sein de SISBIKUM une ONG indon sienne proche des syndicats
139. en divisant le co t salarial total de chacun de ces 50 producteurs chinois par le nombre total de travailleurs qui y sont employ s ces chiffres ne sont bien entendu qu indicatifs ils expriment la part de la r mun ration moyenne d un travailleur contenue dans un jouet donn On notera donc que les travailleurs les moins qualifi s ont un salaire par unit produite nettement inf rieur ceux indiqu s ci dessus E RYDBERG op cit How Hasbro McDonald s Mattel and Disney manufacture their toys op cit 4 C CRABBE La mode d shabill e 12 questions sur l emploi dans la confection textile Les Magasins du Monde OXFAM 1998 p 9 5 Alternatives conomiques n 197 novembre 2001 Ce chiffre ne concerne que les jouets Les chiffres cit s plus haut sur les exportations de Hong Kong concernent les jouets et les articles de sport dont une grande partie sont produits en Chine et r export s par Hong Kong TJ KYNGE Soaring Chinese output may exceed 7 official target Financial Times 11 avril 2002 cit dans E RYDBERG op cit Page 42 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable 18 Chine croissance soutenue au premier trimestre Le Figaro 17 avril 2002 cit dans E RYDBERG op cit 1 Alternatives conomiques Op cit 20 EUROSTAT Panorama de l industrie communautaire DG III Commission europ enne 1997 cit dans E RYDBERG op cit 2 N CHAOUTENE et G DUVAL U
140. encer en Indon sie Mais c est une secret m a t elle r pondu Par la suite elle m coutait attentivement alors que je lui parlais des tr s mauvaises conditions de travail dans une usine qui produit pour Marks amp Spencer Jakarta Elle voulait videmment en conna tre le nom Et je lui ai r pondu Oh non c est un secret mn 3 Une nouvelle loi criminalise l action syndicale Depuis la ratification de la convention 87 de l OIT les travailleurs indon siens jouissent d une libert effective de s associer en syndicats libres Cependant les intimidations les discriminations et les menaces restent dans bien des cas inh rents l activit syndicale M me si le dictateur n est plus au pouvoir les collusions d int r ts entre dirigeants politiques propri taires militaires et tenants du syndicalisme jaune sont toujours bien vivantes Dans beaucoup d entreprises la cotisation au syndicat SPSI est toujours pr lev e automatiquement du salaire de chaque travailleur Si aujourd hui l arm e h site r primer un mouvement social c est des hommes de main parfois retrait s des services d ordre ou form s par des policiers ou des militaires que des propri taires d usines font appel pour restaurer le calme dans leurs entreprises ee S questr e dans un cachot Dans l usine PT Dada produisant entre autres pour Disney WRC a mis r cemment en vidence des pratiques r
141. ens du monde entier cette strat gie d extension a eu pour r sultat de rendre Disney omnipr sent Aux Etats Unis et de mani re croissante sur les autres continents il est devenu impossible d chapper Mickey Durant une seule semaine du 2 au 8 novembre 1997 Disney affirme avoir attir l attention des audiences suivantes et ce Page 49 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves exclusivement aux Etats Unis 34 2 millions de personnes ont regard The Wonderful World of Disney une mission sur ABC 3 8 millions d abonn s ont suivi les missions de Disney Channel 2 8 millions d auditeurs ont cout Radio Disney 793 000 personnes ont visit les parcs de loisirs 810 000 clients ont fait des achats dans une boutique Disney et 9 millions de cassettes vid o de La Belle et la B te taient livr es dans l ensemble du pays Dans les ann es 90 la logique de la synergie permit une poign e de grandes marques d envahir des pans entiers de l espace priv comme de la sph re publique s infiltrant jusqu aux moindres recoins de la vie quotidienne des citoyens pour y exploiter au maximum les b n fices des monopoles lat raux et des publicit s crois es Eneadr Les douze travaux d Hercule Profil d un g ant Cela importe peu que cela vienne par c ble ligne t l phonique ordinateur ou satellite Tout le monde devra avoir affaire avec Disney a d clar son PDG Michael Eisner Voici
142. ent Plus sp cifiquement la nature des probl mes de s curit et d hygi ne d pend du d partement o les ouvri res travaillent Le d partement peinture les expose des vapeurs toxiques le moulage pose des risques d accidents doigts coup s l emballage soumet les ouvri res un stress quasi permanent la confection des peluches g n re de fortes densit s de poussi res qui peuvent entra ner des troubles respiratoires etc En Indon sie une tude r alis e dans une entreprise fabriquant des jouets et des v tements pour Disney Adidas Gap et autres montre que la chaleur dans les ateliers plus de 35 c porte atteinte la sant des travailleuses Elle a enregistr de nombreux cas de d shydratation fatigue extr me tourdissement et vanouissement crampe de chaleur d ficience en sel Les inspecteurs ont galement observ que le toit de cette usine tait tellement endommag qu il mena ait tout moment de s effondrer sur les travailleurs Les enqu tes r alis es dans les diff rents pays r v lent l absence ou l insuffisance de mat riel de protection comme les masques et les gants Ceux ci n apparaissent parfois Page 17 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi qu au moment des inspections En Indon sie certaines entreprises obligent leurs ouvri res travailler pieds nus les exposant des risques de d charges lectriques De surcro t la plupart des ouvri res
143. entation de leurs adh rents dans leurs relations avec les employeurs Pas question pour les syndicats de participer l laboration des politiques Cette limitation est contraire la Convention de l OIT Mais sans m me recourir de telles r f rences il est facile de montrer que cette d cision du gouvernement indon sien enl ve aux syndicats une partie importante de leur raison d tre Partout o ils existent les syndicats libres ont toujours eu un r le politique de premier plan En Europe occidentale par exemple leur lutte r ussit imposer le paiement d un salaire minimum vital comme une reconnaissance l mentaire du droit la dignit humaine A chacun selon ses besoins ce slogan a longtemps symbolis la revendication syndicale pour le d veloppement de services publics garantissant chacun le respect de ses besoins fondamentaux Les organisations syndicales furent aussi l une des forces motrices dans la lutte pour le suffrage universel Et ce n est certes pas aux syndicalistes indon siens parmi les opposants les plus courageux et les plus organis s e la dictature qu il faut rappeler ce r le politique L exercice du droit de gr ve est passible de sanctions p nales Plus dangereux encore et toujours en contradiction avec l OIT la loi ne reconna t pas le droit de gr ve comme droit syndical Aucun article de la loi ne mentionne explicitement le droit d un syndicat organiser une gr ve afin
144. entreprises Une contribution des entreprises au d veloppement durable COM 2002 347 final 8 A PEETERS GRESEA Quel encadrement social in Entreprises Quelle responsabilit sociale Courrier de la Plan te n 64 2001 vol IV d Solagral Voir ce propos R DE SCHUTTER Clause sociale pour ou contre in La Mode d shabill e C CRABBE et al op cit 1 Voir ce propos le rapport d OXFAM international Deux poids deux mesures commerce mondialisation et lutte contre la pauvret OXFAM 2002 Page 114 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux Magasins du monde OXFAM Le label social belge note approuv e par le Conseil d administration en d cembre 2001 Les cahiers de charge du label social belge ne sont pas r dig s l heure o nous crivons ce chapitre Arr t C 225 98 du 26 09 2000 Commission France concernant l introduction de crit res de lutte contre le ch mage dans un march de construction de lyc e Nord Pas de Calais et avis C 469 98 du 31 01 2002 Commission Finlande concernant l attribution d un march public de bus urbains selon l impact polluant 4 Il s agit jusqu ici du seul proc s usant de la loi de comp tence universelle qui est arriv terme en Belgique Jug s coupables de participation au g nocide les quatre accus s rwandais ont t condamn s le 8 juin 2001 en Cour d Assise de Bruxelles des peines allant de 1
145. er aujourd hui dans une s rie de pays tels que la Chine ou le Vietnam qui poss dent des r servoirs in puisables de main d uvre docile et bon march Structurellement la d localisation a galement volu Les entreprises occidentales ont d abord ferm leurs usines dans le Nord pour en installer de nouvelles dans le Sud Mais ce faisant elles prenaient des risques importants Dans ce type de d localisation avec apports de capitaux l entreprise est juridiquement responsable de l ensemble des employ s Si ses commandes baissent elle devra assurer la conservation de l outil Si les co ts de main d uvre augmentent elle mettra sa comp titivit en p ril C est pour diminuer ce risque que la plupart des donneurs d ordre ont opt pour la m thode OEM Original Equipment Manufacture ce qui signifie qu elles ne poss dent aucune unit de production en propre et qu elles se fournissent aupr s d entreprises qui disposent des infrastructures et g rent la main d uvre Aujourd hui ces migrations de la production l chelle mondiale sont d autant plus rapides que l infrastructure est l g re et que la logique du libre march s impose aux pays en d veloppement Rien de plus facile pour une grande marque que de passer commande aupr s d un fournisseur au Bangladesh s il juge son partenaire indon sien trop co teux ou peu fiable Et pour un entrepreneur rien de plus rapide que de d m nager une usine enti re d un pays l
146. ersonnel de direction d entreprises ICTI se dit ouvert pour discuter avec des organisations non gouvernementales constructives s inscrivant dans le cadre d une r vision annuelle de son code Elle d veloppe par ailleurs des contacts avec des soci t s d audit sp cialis es dans le secteur du jouet Du c t des producteurs 12 Unit s de production de jouets sont certifi es SA8000 dont onze en Chine et une au Vietnam La norme SA8000 comprend entre autres le droit la libert syndicale et le droit de n gociation collective et pr voit des dispositions particuli res pour garantir ce droit l o 1l n est pas prot g par la loi comme en Chine La norme SA8000 fait en outre r f rence au respect d un salaire minimum vital pour le travailleur et pas seulement d un salaire minimum l gal souvent bien inf rieur ce qui est n cessaire pour vivre Les certifications SA8000 sont d cern es par des soci t s d audit accr dit es Du c t des marques Mattel dispose depuis 1996 de ses Global Manufacturing Principles Il s agit du code de conduite le plus complet dans le secteur du jouet Il int gre des proc dures de mise en uvre adapt es La soci t est propri taire d une quinzaine d usines et sous traite aupr s de quelque 300 producteurs Elle a fond sa propre soci t de contr le ind pendant MIMCO Mi 20072 seules les usines d tenues par Mattel avaient fait l objet d audits s
147. es Sans cela le respect des droits humains ne pr vaudra pas sur les r gles du commerce ni le bien commun et collectif sur le profit priv et individuel Citoyens travailleurs consommateurs briser les cloisons Page 126 Jouets de la mondialisation IX Conclusions Depuis quelques ann es les mouvements qui r clament plus de justice ont pris conscience des liens qui les unissaient et de la n cessit de construire ensemble de nouvelles bases Ainsi des organisations de citoyens du Nord et du Sud des syndicats et des associations de consommateurs ont commenc briser les cloisons qui compartimentent trop souvent leurs actions En chemin vers des r gulations contraignantes ces r seaux d noncent revendiquent et exp rimentent des mod les de r gulation civile Chacun d entre nous pris individuellement peut aussi faire pencher la balance Car la boulimie consum riste n a pas d avenir creusant sans cesse les d s quilibres entre les pays consommateurs ou les lites consommatrices et les pays producteurs ou les populations marginalis es Eheadr Combien de t shirts Combien de t shirts et de paires de jeans les riches consommateurs vont ils pouvoir porter s interroge l intellectuelle indienne Vandana Shiva en observant la fr n sie de la consommation dans les pays industrialis s Elle insiste pour que l on prenne en compte les co ts sociaux et environnementaux de l augmentation de
148. es devront am nager des issues de secours et prendre toutes les mesures de pr vention qui s imposent contre l incendie 2 Les dortoirs les entrep ts et les ateliers seront dans des locaux s par s 3 L usine devra assurer un environnement satisfaisant afin que les ouvriers puissent travailler en toute s curit 4 Les responsables de l tablissement devront appliquer les normes internationales en mati re de Droit des travailleurs de m me que la r glementation locale en mati re de s curit et de pr vention contre l incendie 5 L o l utilisation de substances chimiques est n cessaire on adoptera les r gles internationales de s curit s curit de l environnement de travail protection individuelle quipement standard de l outil de production ventilation proc dure fiable d enl vement des substances chimiques utilis es Les r cipients contenant des produits chimiques devront tre clairement tiquet s pour indiquer la nature de ces produits et leur degr de toxicit D autre part les travailleurs devront subir des examens m dicaux r guliers et recevoir une formation en mati re de s curit et de sant 6 De trop nombreuses heures suppl mentaires affectent la sant des travailleurs et portent atteinte leur droit au repos La journ e normale de travail ne doit pas d passer huit heures Au moins une journ e de repos doit tre pr vue dans la semaine 7 On n aura pas recours
149. es et avec elles les possibilit s de contr le Il est tout fait imaginable que des ateliers soient maintenus propres aux seules fins de contr le mais n assurent en fait pas la totalit des productions Le syst me d octroi de licences facilite les abus puisqu il implique une d l gation importante Il est par exemple possible que des usines qui auraient t limin es au bout du processus de contr le continuent fabriquer des produits Disney sans que cela apparaisse n1 dans les listes des fournisseurs du d tenteur de licence ni dans ses rapports comptables Cut and Run rumeur ou r alit Disney a t montr du doigt l occasion de plusieurs campagnes pour r pondre aux organisations d voilant des violations de son code par des fournisseurs ou d tenteurs de licence en rompant imm diatement toute relation d affaires avec le partenaire d sign Marc Spears nie ce comportement Il est vrai que si un processus de rem diation choue nous mettons fin des partenariats d affaires Mais sauf en cas de violations particuli rement graves nous laissons toujours une chance la mise en uvre de mesures de correction Quoi qu il en soit la crainte est bien r elle amenant par exemple le HKCIC au grand regret de Disney ne plus divulguer le nom des usines sujettes de leurs enqu tes sur les conditions de travail Page 87 Jouets de la mondialisation V Code de conduite Et les travailleurs
150. es organisations asiatiques dont le Hong Kong Christian Industrial Committee et l Asia Monitor Resource Center En 1998 la campagne publie son code de r f rence Un code de plus Celui de la campagne V tements Propres ne se limite pas une num ration de crit res Il inclut aussi une exigence de mise en uvre de contr le interne et de v rification externe La responsabilit des distributeurs et des marques un credo de la campagne se traduira par la prise en charge de la mise en uvre et du contr le interne du code de conduite par les distributeurs et les marques La ferme conviction que toute am lioration durable des conditions de travail doit se fonder sur l implication d acteurs locaux et sur la participation des travailleurs impliquera le recours des ONG et des syndicats locaux dans les processus de v rification ind pendante par la mise au point d un syst me de plainte accessible aux travailleurs et par le d veloppement d outils pour l ducation des travailleurs Un code de conduite une proc dure de mise en oeuvre un contr le ind pendant Le code de conduite V tements Propres pour le commerce et l industrie de la confection et des articles de sport v tements et chaussures est structur en quatre parties Une d claration d intention d finit ses objectifs et sa port e En adoptant le code de conduite les distributeurs et les marques reconnaissent leur responsabilit pour les cond
151. es pays o l espace d mocratique permet des organisations sociales ind pendantes de participer au m canisme Mais les codes comportent aussi des risques Les contr les r alis s par les entreprises ne p n trent g n ralement pas les fili res d approvisionnement au del du premier niveau de sous traitance laissant par cons quent de nombreuses zones d ombre et de violations potentielles du code vis vis de travailleurs d j pr caris s Par ailleurs ce sont souvent les travailleurs et non l entreprise qui paient le prix de la certification Un inspecteur sera sans doute satisfait que la dur e du travail dans une usine soit pass e de 12 heures 8 heures par jour sans pour autant tenir compte que les travailleurs sont contraints de produire tout autant qu avant en moins de temps Enfin si des campagnes comme la campagne V tements Propres s investissent pour d velopper des syst mes de contr le et de mise en uvre qui r pondent ses objectifs elles doivent le faire dans la perspective d engranger et de mettre cette exp rience disposition d autres acteurs et de se concentrer sur les m canismes de renforcement des travailleurs et de vigilance vis vis des pratiques des entreprises Vieux comme David Ricardo 1772 1823 conomiste britannique auteur de la th orie des avantages comparatifs Conf rence des Nations unies pour le commerce et le d veloppement 3 P UTTING Regulating business
152. es pour le compte de ses clients commande des produits aupr s des unit s de Page 33 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable productions jusqu en Europe de l Est fourniture des mati res premi res contr le de la qualit respect des normes thiques formalit s d exportation livraison Sur le grand march mondial Li amp Fung orchestre les commandes de produits aussi divers que des f 28 jouets des v tements des chaussures des meubles des articles de sport etc En s approvisionnant aupr s d un tel interm diaire les entreprises multinationales se d gagent donc du suivi de la production et de la logistique et peuvent se contenter de ne traiter qu avec un seul partenaire D autre part ce dernier contr le des commandes importantes provenant de diff rents clients cela lui donne un poids consid rable dans ses n gociations aupr s des producteurs Pour les organisations de d fense des travailleurs Hong Kong le recours aux interm diaires contribue comprimer les prix pay s au fabricant ce qui se refl te sur les salaires des ouvriers D apr s Sergio Bologna de l universit de Milan ces acteurs interm diaires accaparent une partie importante de la valeur ajout e Ils contribuent un syst me complexe totalement d r glement contr l moins par les n uds de la toile que par les liens entre ces n uds Il constate que la structure du capitalisme change et le travai
153. es soci t s de Hong Kong L usine Zhili produisait des jouets Chicco pour le groupe italien Artsana Tr s vite des liens de solidarit se nouent entre des travailleurs et des organisations de Tha lande et de Hong Kong Ils cherchent faire valoir les droits des victimes mais aussi viter que de tels drames se reproduisent Les manifestations seront nombreuses Hong Kong comme lors des foires internationales annuelles du jouet ou devant le si ge des soci t s concern es Nous ne voulons pas d un autre Kader nous ne supporterons pas d tre t moins d un nouveau Zhili Quand l histoire se r p te une troisi me fois elle n incite qu la d rision Et notre combat n est pas un combat d risoire Pr nant d abord le boycott des jouets fabriqu s par les compagnies vis es les organisations chinoises et tha landaises chercheront par tous les moyens obtenir des compensations pour les victimes des incendies et les familles des d funts Elargissant leurs alliances dans toute l Asie de l Est et du Sud Est ainsi qu en Europe et en Am rique du Nord unissant des syndicats des organisations non gouvernementales et des associations de consommateurs elles multiplieront les enqu tes et les rapports syst matiques accablants sur les conditions de travail et de vie des travailleurs du jouet Elles tenteront de convaincre l industrie du jouet et ses commanditaires marques et distributeurs d am liorer les
154. es travailleurs et de leurs organisations ne se limitent pas l obtention de meilleures conditions de travail mais portent aussi Page 100 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres sur la recherche de solutions aux questions de politique conomique et sociale et aux probl mes du travail de toutes sortes qui touchent directement les travailleurs 15 What did the Unions ever did for us The New Internationalist 341 d cembre 2001 www newint org 16 La Convention 87 de l OIT stipule que le droit de gr ve est le corollaire du droit d organisation garanti par la Convention n 87 De plus la commission d experts de l OIT consid re que le droit de gr ve est un des moyens fondamentaux dont disposent les travailleurs et leurs organisations pour avancer et prot ger leurs int r ts conomiques et sociaux Ces int r ts ne se limitent pas l obtention de meilleures conditions de travail mais portent aussi sur la recherche de solutions aux questions de politique conomique et sociale et aux probl mes du travail de toutes sortes qui touchent directement les travailleurs 17 R LANQUART op cit 8 M ELIOT Walt Disney la face cach e du prince d Hollywood Albin Michel Paris 1993 1 J FLOWER op cit 2 The New Internationalist d cembre 1998 2 N KLEIN op cit 2 Au sortir de la dictature l Indon sie accumulait une dette ext rieure de 110 milliards de dol
155. etites s urs de Mulan Mulan est une ancienne l gende chinoise C est l histoire d une jeune femme qui prend la place de son p re quand celui ci est appel s engager dans l arm e Afin de prot ger son p re elle se d guise en homme se bat valeureusement et remporte une grande victoire pour la Chine Durant l t 1998 The Walt Disney Company sortait le dessin anim Mulan la premi re production de l entreprise se d roulant en Chine Cette production constituait un l ment capital dans la strat gie de Disney pour p n trer le march du film chinois Une population de 1 2 milliard d habitants est un march tentant pour n importe quelle compagnie transnationale Il est vrai qu aujourd hui le march occidental ne satisfait plus l app tit de Disney sans cesse la recherche de nouveaux consommateurs Mulan constitue une nouvelle tape dans le d veloppement de ce formidable potentiel commercial que repr sente l Asie Mulan a d abord t interdit en Chine car le gouvernement chinois n avait pas appr ci que Disney s associe au film Sept ans au Tibet Mais les autorit s chinoises se ravis rent et la premi re de Mulan eut lieu le 23 f vrier 1999 Bien que beaucoup de monde en Chine continentale ne puisse jamais voir ce dessin anim ils voient et vivent cette histoire tous les jours Des millions de travailleuses chinoises font exactement ce que fit Mulan Plus de 90 d entre elles on
156. ett ainsi que des com dies pour un public familial Par ailleurs afin de garder le contr le sur l enti ret de la cha ne Disney cr a en 1954 sa propre soci t de production Buena Vista D sormais aucune salle ne pouvait plus programmer un film de Disney sans son accord et encore moins le c der un autre r seau Le monde enchant D s la fin de la seconde guerre mondiale une nouvelle id e occupa toute l nergie du p re de Mickey Disneyland un pays de r ve auquel il donnerait son nom A l poque il pr senta le parc d attraction comme un lieu o les gens trouveront bonheur et connaissance o les visiteurs pourront voir et comprendre les merveilles de la nature et de l humanit Disneyland sera bas sur les id aux les r ves et les r alit s qui ont cr l Am rique il leur sera d di Cependant Walt Disney rencontra d normes difficult s pour financer cet univers id al hymne aux valeurs am ricaines int grant les personnages des dessins anim s Son fr re Roy charg de la gestion des affaires de la soci t jugeait le projet peu rentable La t l vision Finalement pour pouvoir financer son parc de loisirs Walt Disney fit son entr e sur le petit cran En 1954 il signa un accord avec le r seau de t l vision ABC Ce dernier s engageait financer partiellement Disneyland en change d une s rie d missions produites par les studios Disney Walt Disney en personne pr sentai
157. evenus des ouvriers Cette fragmentation de la production accentue la pression exerc e sur les droits fondamentaux des travailleurs Dominant les march s une poign e de donneurs d ordre de marques et de distributeurs sont en position de force pour imposer leurs conditions de prix de qualit et de d lai une multitude d ateliers de production Ceux ci se m nent alors une guerre sans merci dans laquelle le co t et la docilit de la main d uvre constituent les armes principales Affirmer partout la libert d association des travailleurs En Chine comme en Tha lande et en Indon sie nous avons vu que les dynamiques de changement se fondaient avant tout sur le renforcement des organisations de travailleurs En effet ce sont les ouvriers eux m mes qui sont en premi re ligne pour revendiquer le respect de leurs droits Pour les principales organisations non gouvernementales d appui aux ouvriers en Chine l ducation des travailleurs constitue la pierre angulaire de tout progr s social Pour Page 125 Jouets de la mondialisation IX Conclusions contourner l absence de libert syndicale elles d veloppent d autres strat gies d action telle que la mise en place de comit s de s curit et d hygi ne au sein des usines Gr ce ces comit s les travailleurs prennent conscience de leurs droits des recours que leur offre la l gislation nationale du travail et des ventuels outils que constituent certains codes de c
158. evoir supporter une nouvelle re de r pression Cette fois ce n est plus un r gime politique dictatorial qui en est la source Ce sont des institutions internationales et des entreprises honorables qui prescrivent le rem de La priorit du gouvernement indon sien est de rembourser sa dette d encourager les investissements trangers et d obtenir les nouveaux pr ts n cessaires sa relance Cela passe par des politiques d aust rit prescrites par le Fonds mon taire international Des politiques qui continuent tre impos es par l institution financi re alors qu elles n ont cess de montrer leur inefficacit ces derni res ann es dans des conomies Asie et d Am rique du Sud Les syndicalistes indon siens ne sont pas dupes Le Fonds mon taire international et la Banque mondiale soutiennent l Indon sie mais ils l ont fait tomber dans le trou de la dette dit Emilia dirigeante du syndicat ABGTEX Le FMI exige la diminution des d penses sociales Il pousse aussi l Indon sie privatiser ce qui lui reste d industrie et de services nationaux Et beaucoup d entre eux seront vendus des soci t s trang res Cela me fait vraiment peur a signifie que beaucoup de travailleurs perdront leur emploi Et dans les entreprises capital tranger les syndicats auront beaucoup de mal se faire entendre Emilia ne se trompe pas Ses camarades syndicalistes de lIle Maurice ont fait face en 20
159. exemple souffler aux travailleurs les r ponses aux questions de l quipe d inspection La direction nous a demand de dire aux inspecteurs que ces derniers jours nous n avons pas travaill d heures suppl mentaires dans l usine Que nous travaillons huit heures par jour pour un salaire de 24 RMB S ils nous demandaient si nous devons payer pour les m dicaments nous devions r pondre non S ils nous interrogeaient sur les installations et les loisirs mis notre disposition nous devions leur dire que nous avons une biblioth que et qu on peut voir une vid o de temps en temps Mais bien s r qu il n y en a pas Le prix des m dicaments est d duit de notre salaire et la biblioth que n est accessible qu au personnel senior Que fait Disney Le code de conduite de Disney s int gre dans un programme international International Labour Standards ILS d velopp dans le but de prot ger les int r ts des travailleurs dans la fabrication de marchandises portant sa marque tant par des d tenteurs de licence que par des fournisseurs directs de Disney vendeurs ou fabricants gt Bref toutes les marchandises v tements peluches figurines cartes jouer gobelets bo tes tartines qui portent la marque Disney et qui ne sont pas des contre fa ons Un effort important Le code de conduite de Disney Code for Manufacturers voir l Annexe 2 tablit une liste de crit res que les fabri
160. exigences qu ils imposent leurs sous traitants pour am liorer le sort des travailleuses Tant qu ils n auront pas allong les d lais de livraison augment les prix et donn aux travailleurs l occasion de s informer et de s organiser au sein des usines les entreprises du r ve resteront jamais ces ateliers honteux o le libre march quivaut la libre exploitation des travailleurs Dans le second chapitre pour mieux comprendre ces m canismes et d noncer le contraste sordide entre les profits des g ants du jouet et la survie des ouvri res nous allons nous pencher sur le fonctionnement de ce secteur industriel dans son ensemble Dans le troisi me chapitre nous d couvrirons ensuite que les valeurs pr n es par The Walt Disney Company l un de ces g ants rel vent du cynisme pur Sa logique est celle du profit et la vie de famille le divertissement et la fantaisie sont des luxes auxquels les ouvri res de Disney Hasbro Mattel et compagnie n ont pas m me le temps de r ver Propos recueillis dans la r gion de Jakarta le 29 avril 2002 Cox News 7 juillet 2002 pour les 100 millions et The Washington Post 14 mai 2002 pour les 200 millions A CHAN China s workers under assault The Exploitation of Labour in a Globalizing Economy M E Sharpe London 2001 p 7 La convention 82 du Bureau international du travail sur les pires formes de travail des enfants est entr e en vigueur en l an 2000 Elle vis
161. fam International s report Rigged Rules and Double Standards 14 mai 2002 Page 128 Jouets de la mondialisation Annexes ANNEXES Page 129 Jouets de la mondialisation Annexes Annexe I Codes de conduite de multiples parties prenantes Br ve presentation des principales initiatives La Campagne V tements Propres est une campagne europ enne bas e sur un r seau international d ONG de syndicats et d autres organisations La campagne vise l am lioration des conditions de travail dans les fili res d approvisionnement des distributeurs europ ens de chaussures de sport et de v tements Parmi d autres instruments elle promeut le contr le ind pendant afin de garantir le respect de son code de conduite Clean Clothes Campaign Code of Labour Practices adopt en 1998 Les plates formes V tements Propres de France des Pays Bas de Su de et de Suisse collaborent avec 15 distributeurs europ ens dans le cadre de projets pilotes au cours desquels sont test es des proc dures de mise en uvre de contr le interne et de v rification externe www cleanclothes org Les distributeurs impliqu s dans les projets pilotes sont Cora Kemperman Jurk BV van Winkel Fashions et Vilenzo BV aux Pays Bas Auchan Carrefour Cora Casino et Monoprix en France Hennes amp Mauritz Indiska Kapp Abhl et Lindex en Su de Charles Veillon Mabrouc et Migros en Suisse Ethical Trading Initiative ETD est lanc e en 1998 par un groupe
162. fance dans le Nord comme dans le Sud est devenue un formidable champ de bataille o rivalisent publicitaires de tout poil Les primaires et les coll giens sont notre c ur de cible C est l que r sident notre savoir faire et nos parts de Page 45 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves march explique la directrice du marketing d education com le portail ducatif europ en de Vivendi Universal Et elle n est pas la seule avoir les m mes pour c ur de cible Les programmes de t l vision pour enfants sont particuli rement convoit s par les annonceurs et les salles de classe deviennent des espaces publicitaires conqu rir aux Etats Unis Disney et Kellogg s se sont engag s dans un sponsoring de petits d jeuners l cole et Disney produit du mat riel ducatif distribuer dans les classes Modes plan taires La soci t de marketing Euromonitor International estime 74 milliards de dollars le pouvoir d achat des enfants sur le march mondial Cette somme astronomique couvre exclusivement les d penses que les moins de 15 ans font avec leur argent de poche ce qui repr sente seulement 20 des d penses faites pour les enfants Cette soci t pr sente les onze transnationales qui dominent ce juteux march Coca Cola Disney Hasbro Mattel Lego McDonald s Nestl Nintendo Sega Sony et Toys R Us Eneadr Faudra t il rebaptiser les sept nains Le co sponsoring
163. formation sur les droits de l Homme Ils disposent des rapports de soci t s d audit et d une grille d valuation synth tique permettant un aper u de la situation sociale dans les sites de production visit s Les audits r alis s suivent le r f rentiel SA8000 Un programme d audit important a t mis en place pour les jouets vendus la No l 2001 Maxitoys fait partie du groupe n erlandais Blokker Ce groupe a adopt un code de conduite sur base duquel a t lanc un premier programme d audit en 2001 Les contr les de quelque 150 sites de production de jouets en Asie sont r alis s par des soci t s d audit accr dit es par SA8000 Selon le directeur des achats en Belgique chaque usine est visit e deux trois fois par an En 1997 le Council on Economic Priorities publie la norme SA8000 sur le respect des droits des travailleurs Il s agit de l aboutissement d un travail men en collaboration avec des repr sentants d entreprises une f d ration syndicale internationale des organisations de d fense des droits de l Homme et des experts issus du monde acad mique La norme SA8000 se fonde sur les Conventions de l Organisation internationale du travail sur la D claration Universelle des Droits de l Homme et sur d autres Conventions des Nations unies Elle s applique priori tous les secteurs d activit s dans tous les pays Pour mener bien la mise en uvre de sa norme CEP cr
164. ge du chien provoquant une gr ve sauvage de ses coll gues scandalis es Devant de telles attitudes il n est pas surprenant qu une des demandes fondamentales des travailleuses soit simplement d tre consid r es comme des tre humains Mlle Xiao Gor McDonald s Chine Nos salaires sont bas et ils sont calcul s n importe comment Les superviseurs et les contrema tres cherchent la petite b te et nous crient dessus toute la journ e Nous ne sommes pas trait es comme des tres humains Certaines jeunes ouvri res partent car elles ne peuvent plus supporter les hurlements et les insultes M me les gardes de s curit ne nous respectent pas Ils utilisent leurs poings pas seulement leurs mains Et les directeurs de l usine font comme s ils n avaient rien vu De toute fa on on a toujours tort La direction a plein d id es pour nous mener la vie dure Ils ne vous licencient pas parce qu alors ils devraient vous payer des indemnisations Ils vous disent de prendre cong Mais vous ne pouvez aller nulle part car vous devez rester disponible tout moment Si vous n tes pas l quand ils vous appellent ils ont une bonne excuse pour vous licencier sans vous indemniser R pression syndicale On le voit le niveau d exploitation que connaissent les ouvri res de l industrie l g re destin e l exportation d passe l entendement Alors qu elles ont pourtant de nombreuses bases l gales pour r clamer l application
165. gent de leurs nouvelles recrues qu elles n attendent pas d enfant durant la premi re ann e de leur contrat Celles qui faillissent la r gle sont licenci es sans indemnit Dans le secteur du jouet comme plus g n ralement dans l industrie haute intensit de main d uvre non qualifi e la majorit des ouvri res provient des campagnes En Chine on estime 100 millions parfois m me 200 millions le nombre de travailleurs ayant quitt les r gions rurales moins d velopp es des provinces int rieures du Sichuan ou du Henan pour rejoindre les provinces prosp res les zones conomiques sp ciales et les villes c ti res De plus en plus ils entrent en comp tition avec les millions de travailleurs des entreprises publiques licenci s en raison de l ouverture du pays au libre march Les travailleurs migrants consid r s comme des citoyens de seconde zone constituent la main d uvre bon march et flexible du libre march de l emploi souvent consid r comme la pierre angulaire du succ s conomique chinois ess Enfants travailleurs Le diamant vert Nous avons rencontr un journaliste allemand d sesp r dans le bureau d une ONG Jakarta en Indon sie Il tait la poursuite du diamant vert m diatique mais sa qu te tait longue et il voyait l chec poindre l horizon Une lueur d espoir s allume au fond de ses yeux quand il apprend que nous r alisons des interviews d ouvri res Une seu
166. gment de march en pleine croissance De plus en plus avec la mondialisation des m dias et la g n ralisation des campagnes de marketing les mod les de consommation occidentaux traversent fronti res et oc ans pour s imposer comme une norme branch e l chelle plan taire Ainsi une fillette indon sienne a lanc son propre site internet afin d alimenter sa collection de gadgets de marque Disney distribu s dans les McDonald s et les enfants ais s d Am rique latine coutent les m mes tubes sur les m mes baladeurs Sony que les ados nord am ricains et europ ens Les grandes marques se r jouissent de la naissance de l enfant plan taire et de l ado global qu ils entretiennent grands renforts de campagnes publicitaires mondiales En janvier 20072 les personnages de Disney couvraient tous les espaces d affichage disponibles dans le train urbain de Bangkok et le patron du g ant du loisir s merveillait qu il soit virtuellement impossible de voyager o que ce soit dans le monde sans croiser Mickey Mouse D s lors que ce soit dans les salles de classes ou sur les crans de t l vision au cin ma ou dans les livres de contes de f es tous les messages qui visent les enfants tendent s adresser aux consommateurs qu ils repr sentent En termes ducatifs les effets d un tel matraquage sur la jeune g n ration sont particuli rement inqui tants Pour Henry Giroux auteur d un ouvrage sur l impact de la culture
167. habilitation des terres pollu es par ses activit s a Poursuivre pour publicit mensong re Le consommateur aussi peut agir en justice Les associations qui le repr sentent peuvent poursuivre une entreprise pour publicit mensong re ou pratiques contraires aux usages honn tes du commerce En Belgique cette plainte se traduira par une action en cessation Cela signifie que si l entreprise est jug e coupable elle devra imm diatement cesser la publicit consid r e comme mensong re Mais elle ne sera pas contrainte de changer ses pratiques Ce type de proc dure pourrait tre appliqu par exemple vis vis d une entreprise qui ne respecte pas dans la fabrication de ses produits les normes inscrites dans son code de conduite diffus aupr s du public En soutien cette d marche un acte de jurisprudence tr s important a t pos en Californie en mai 2002 dans le proc s opposant Nike au citoyen Marc Kasky Apr s quatre Page 113 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux ann es de proc s la Cour Supr me des Etats Unis a tranch les d clarations de Nike concernant les conditions de travail chez ses sous traitants constituent des all gations commerciales et peuvent donc tre poursuivies pour publicit mensong re L affaire Kasky vs Nike avait commenc en 1997 relate l agence Alter des fuites concernant les r sultats d un audit men par Ernst amp Young
168. het C est au titre de cette loi encore qu ont t d pos es des plaintes contre plusieurs pr sidents en exercice dont Ariel Sharon Saddam Hussein ou Fidel Castro C est elle enfin qui permettrait de poursuivre en Belgique un p dophile quelle que soit la nationalit de sa victime ou le lieu du crime Comme son nom l indique la loi de comp tence universelle octroie au juge belge une comp tence universelle pour appliquer la loi belge et poursuivre les auteurs de crimes commis m me l tranger et ce quelles que soient a priori la nationalit et la r sidence des auteurs et des victimes Elle permet actuellement de poursuivre les auteurs de crime de guerre de g nocide ou de crimes contre l humanit Sa port e a t tendue en 1995 la traite d tres humains et la pornographie enfantine Il s agit d une proc dure p nale Contrairement la proc dure civile l Etat y joue un r le actif Apr s avoir jug de la recevabilit de la plainte il se charge de l enqu te disposant de possibilit s l gales telles que la perquisition ou l envoi d une commission rogatoire par exemple Mise en relation avec la loi belge instaurant la responsabilit p nale des personnes morales la loi de comp tence universelle permet th oriquement de poursuivre en Belgique une soci t transnationale belge ou trang re qui travers son activit dans un pays tiers participe la violation massive et sys
169. heter Disney 1929 Mickey Mouse appara t pour la premi re fois sur un produit de consommation un plumier 1930 Roy Disney signe le premier contrat de licence internationale avec l entreprise Borgfeldt and Co pour la production et la vente de marchandises portant l image de Mickey Mouse 1933 L entreprise Ingersoll Watch met la premi re montre Mickey Mouse sur le march 1934 Le journal de Mickey Mouse para t en France 1937 Avant la sortie de Blanche Neige et les sept nains Disney signe quelque 70 contrats de licence pour l utilisation des personnages de ce premier long m trage d animation 1939 A la fin des ann es trente Mickey apparaissait d j sur des couvertures des montres des brosses dents des abat jour des cravates et toute sorte de v tements 1954 La vente de chapeaux en peau de castor pour accompagner la promotion du t l film Davy Crockett remporte un tel succ s qu elle menace cette esp ce de disparition en Am rique du Nord 1954 700 entreprises fabriquent plus de 3000 produits diff rents aux couleurs de Disney pyjamas sous v tements jouets cahiers et crayons 1984 ouverture de la premi re boutique Disney Disney Store en Californie et lancement du premier r seau de vente directe de l entreprise 1990 ouverture de la premi re boutique Disney hors des Etats Unis Londres 2001 Disney cr e une nouvelle soci t Buena Vista Game E
170. i es leurs pratiques l tranger et souvent dans des fili res de sous traitance Combattre l impunit des soci t s transnationales Par manque de volont politique mais aussi du fait de l absence de cadres l gaux ad quats les Etats pris individuellement n ont aujourd hui pas la capacit de contr ler l impact social ou environnemental des entreprises qui ont tendu leurs terrains d op ration l ext rieur de leur pays d origine M me si chaque filiale est en principe assujettie aux r glementations de son pays d implantation la soci t transnationale en tant que telle n est pleinement responsable devant aucun pays Le champ d activit mondial des soci t s transnationales n est pas assorti d un syst me mondial coh rent de responsabilisation des soci t s Coh rent ce syst me l est encore moins lorsqu il s agit de d finir la responsabilit de soci t s transnationales sur leurs fili res de sous traitance Le droit international n offre que peu de recours en ce sens Dans certaines circonstances le droit p nal international permet de poursuivre les dirigeants ou les employ s d une entreprise impliqu s dans des crimes contre l humanit ou des crimes de guerre Mais il n en va pas de m me pour les autres droits d finis dans le cadre de conventions internationales ou par la coutume Selon l entendement habituel seul l Etat est redevable vis vis du droit interna
171. ialisation VIL Ecran g ant VIII Ecran g ant Un autre monde est possible Ubon Romphothong a travaill 27 ans l usine Thai Durable Textile pr s de Bangkok en Tha lande avant de perdre son emploi lors d un licenciement collectif de 400 travailleurs Avec une d l gation d ouvriers de paysans d activistes et de membres de mouvements sociaux provenant de toute l Asie elle s est rendue au Forum social mondial de Porto Alegre au Br sil en f vrier 2002 Ce forum c est la Mecque des altermondialistes le grand rassemblement de tous ceux qui refusent que les lois de l argent dictent l ordre du monde et qui cherchent construire une nouvelle mondialisation Apr s sa mise pied Ubon est rest e active au sein du syndicat de son usine Avec ses compagnes elle r clame les indemnit s de licenciement qui ne leur ont jamais t vers es tout en militant pour l am lioration de la s curit sociale dans l ensemble du pays la participation des femmes dans les structures syndicales et la cr ation d emplois pour les ouvri res licenci es D s son arriv e au Br sil une quipe de t l vision lui propose de participer une mission sur l exploitation des travailleurs en duplex avec les Etats Unis En un instant cette ouvri re tha landaise qui s exprime dans le dialecte du nord est du pays se retrouve en conversation par satellite avec des chefs d entreprises et des groupes de consommateurs aux Etats Unis Ainsi va la mo
172. ient leur jeunesse et leur capital sant sur l autel d une richesse dont ils ne voient pas la couleur A Shenzhen j ai assist un forum de travailleurs migrants L j ai appris qu aucun d entre eux n avait l intention de rester longtemps Si certains pr f raient attendre et voir venir d autres affirmaient qu ils ne resteraient pas plus de deux ou trois ans Ce n est que plus tard que j ai r alis que ce n tait pas parce qu ils ne souhaitaient pas rester mais simplement parce qu ils sont tellement puis s qu ils n arrivent plus travailler Quand les patrons ont extrait jusqu leur derni re goutte de sueur ils les laissent repartir Eneadr Morte de trop travailler Ses coll gues expliqu rent que Li tait debout depuis pr s de 16 heures courant dans l usine de jouet Bainan Toy emportant des pi ces d une machine l autre Quand la sonnerie retentit elle tait couverte de sueur C tait la saison haute avant No l quand les commandes de peluches affluent Li et ses coll gues n avaient pas eu un dimanche de cong depuis deux mois Sur son lit ce soir l ses compagnes de chambre se souviennent qu elle s tait sentie puis e Elle toussait ses pieds lui faisaient mal et elle s tait plainte d avoir faim La nourriture la cantine tait si mauvaise que c est comme si je n avais pas mang aurait elle dit ajoutant qu elle voulait partir Rentrer dans son village plus de 1000 kilom tre
173. iews et r diger le rapport Les codes de conduite pourront alors tre utilis s pour renforcer l ducation des travailleurs et plus long terme l organisation des travailleurs Le contr le n est pas une fin en soi mais un moyen 2 5 Jeu de hasard ou enjeu de soci t Les points de vue sur les codes de conduite sont contrast s Certains affirment qu ils ne sont pas appropri s voire m me qu ils constituent une faiblesse pour le respect des droits des travailleurs Pour d autres il s agit d un des plus importants outils de campagne strat giquement utile pour cr er des espaces de dialogue pour sensibiliser le public faire conna tre les droits des travailleurs et exercer une pression sur les entreprises Les organisations Asie d Am rique latine et d Europe impliqu es dans la campagne V tements Propres sont cependant d accord pour affirmer que les codes de conduite peuvent constituer un bon outil la condition de tenir compte de plusieurs l ments Ils doivent inclure les Conventions fondamentales de l OIT Ils doivent pr voir un syst me de contr le et de v rification qui implique les travailleurs les organisations de travailleurs et les syndicats du Sud Page 90 Jouets de la mondialisation V Code de conduite Les codes de conduite peuvent galement s av rer utiles s ils sont consid r s comme un outil de renforcement des travailleurs et s ils sont mis en uvre dans d
174. illeurs de l usine Zhili 2 La toile des r seaux Cela transpara t d j travers ces deux exp riences cette campagne puise une grande partie de son nergie et de ses arguments de pression dans la compl mentarit des acteurs qui forment son r seau local r gional et international Chaque partie prenante contribue atteindre un nouveau palier sur lequel s appuier pour franchir encore une nouvelle tape comme une araign e tisse sa toile La venue Hong Kong de travailleurs victimes de l incendie de l usine Kader en Tha lande constitue le tout premier acte de cette mise en r seau Ils sont l pour r clamer des indemnit s aupr s de la maison m re Ils entrent aussi en contact avec leurs homologues les employ s de Kader Hong Kong Aupr s d eux ils l gitimisent leur action leur patron est le m me Comment imaginer que Kader ne remplisse pas ses obligations d employeur sous pr texte que les coll gues concern s travaillent dans un autre pays Les t moignages des travailleurs tha landais ab ment l image de l entreprise aupr s de ses travailleurs de ses clients et de ses actionnaires l obligeant r agir En avril 2000 la Thai Labour Campaign la Toy Coalition et des r seaux europ ens de solidarit r it rent cette d marche avec succ s Il s agit cette fois de r clamer le paiement d indemnit s compl tes de licenciement pour 174 travailleurs de l usine de jouets tha landaise Ma
175. inationales qui dominent l univers du jouet Cette d sint gration de la cha ne de production dont les maillons se trouvent aux quatre coins du globe refl te une tendance globale de l industrie l g re Le march mondial du jouet valu plus de 69 milliards de dollars est contr l par un petit nombre de g ants Au sommet de la pyramide on trouve les transnationales du jouet Mattel Hasbro mais galement d autres acteurs dont le r le est de plus en plus important les g ants du divertissement Disney et les cha nes de restauration rapide McDonald s qui distribuent des jouets titre promotionnel et surtout les mastodontes de la grande distribution Carrefour Wal Mart Les maillons sup rieurs des multinationales bas es aux Etats Unis au Japon ou en Europe d tiennent le pouvoir de d cision et empochent l essentiel des b n fices Comme dans notre exemple indon sien la plupart d entre elles sous traitent la production et la logistique des interm diaires bas s dans des nouveaux pays industrialis s NPD tels que Hong Kong Ta wan ou la Cor e du Sud mais dont les ateliers se situent dans des pays tiers l o les salaires sont meilleur march Chine Tha lande Philippines Indon sie Dans cette vaste division du travail l chelle mondiale plus on descend dans la cha ne plus les marges b n ficiaires se r duisent et plus les acteurs sont nombreux D une grande concentration
176. ine Beaucoup de ces syndicats concentrent leur attention sur les travailleurs salari s de l industrie du secteur minier et de l h tellerie trois secteurs caract ris s par la pr sence de soci t s employant un grand nombre de travailleurs salari s et leur d pendance vis vis de l exportation L agriculture l exploitation foresti re les autres services et le secteur informel pourvoyeur lui seul de 46 des emplois urbains en 1999 restent en grande Page 94 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres partie l cart de l activit syndicale sans compter les 24 50 millions de personnes en recherche d emploi sur les 102 millions d Indon siens en ge de travailler 2 Travailler ne vous pr serve pas de la pauvret En 1998 le nombre de pauvres augmente de 20 en Indon sie mais contrairement la Tha lande ou la Cor e touch es elles aussi par la crise la majorit de ceux qui sont pass s cette ann e l sous le seuil de pauvret ne sont pas ceux qui ont perdu leur emploi En Indon sie plus de 70 des nouveaux pauvres de 1998 sont des travailleurs dont le salaire a perdu une grande partie de sa valeur cause de l inflation li e la crise Rien d tonnant par cons quent ce que l augmentation du salaire minimum l gal soit un des points de convergence de l action des syndicats Loin de demander la lune il s agit dans un premier t
177. ins d action compl mentaires ceux des syndicats probl mes environnementaux probl mes de d veloppement violations des droits civils et politiques travail des enfants commerce quitable mais aussi connaissance de l conomie informelle Certaines d entre elles sont issues du mouvement f ministe Elles vont naturellement s impliquer dans des actions de solidarit avec les travailleuses qui forment l crasante majorit de la main d uvre dans des secteurs comme la confection l lectronique ou la fabrication de jouets parmi les premiers s tre mondialis s et recourir la sous traitance Elles vont contribuer susciter ou r percuter dans l opinion publique aupr s de consommateurs de actionnaires ou de parlementaires le d bat de la responsabilit sociale des entreprises prise cette fois dans le sens de leur redevabilit sociale En Europe des organisations de consommateurs des ONG et des syndicats attirent l attention du public sur le travail des enfants dans la fabrication de ballons de tapis Les Page 75 Jouets de la mondialisation V Code de conduite campagnes s organisent progressivement Elles relayent des luttes de travailleurs et informent le public de violations des droits sociaux fondamentaux principalement dans la fabrication de chaussures de sport et de v tements la campagne V tements Propres ou dans les plantations d ananas de bananes de caf ou de fleurs coup
178. insi au bout de cinq ans de carri re les hommes ayant d but entre 1991 et 1992 gagnent 21 9 de plus que leurs homologues f minines Actrices principales de l imposition du libre march l chelle globale les multinationales contribuent dans une large mesure la d gradation des conditions de travail et aux pertes d emploi Les soci t s transnationales qui d tiennent au moins 33 des actifs de production du monde ne repr sentent que 5 de l emploi direct l chelle mondiale 2 Alliances et agenda global Depuis quelques ann es une multitude de mouvements aussi divers que des syndicats des organisations paysannes des mouvements de solidarit de consommateurs ou de commerce quitable des coalitions pour l annulation de la dette du tiers monde pour la protection de l environnement pour le contr le des flux financiers ou encore des personnalit s acad miques engag es se sont rejoints dans une m me critique du culte du profit qui s impose aujourd hui aux quatre coins du monde Ce grand mouvement d une diversit et d un dynamisme impressionnants a clat au grand jour lors des manifestations de Seattle en d cembre 1999 qui paralys rent la conf rence interminist rielle de l OMC Depuis lors la recherche d alternatives pluralistes et cr atives la mondialisation n olib rale compte parmi les priorit s de ce mouvement La lutte des ouvri res du jouet se d roule galement sur ce grand cran o
179. ion des actionnaires s exerce en compl ment d actions de consommateurs de travailleurs ou d autres groupes de base Ainsi en 1999 l action de As you sow vis vis de Disney s inscrivait en parall le celle r alis e aux Etats Unis par PONG Campaign for Labour Rights focalisant ses efforts sur les pratiques de Disney en Ha ti et y soutenant une organisation de travailleurs Batay Ouvriy As you sow ne se limite pas tenter de convaincre les autres actionnaires de voter en faveur des r solutions qu il pr sente au moment de l assmbl e annuelle Il exploite galement la possibilit offerte aux actionnaires de voter par courrier lectronique A travers son r seau de mobilisation As you sow invite aussi tous les clients de fonds d investissement qui disposent d actions de la soci t vis e faire conna tre aux g rants de ces fonds leur volont de voter en faveur des r solutions qu il pr sente Vis vis de Disney As you sow a regroup les int r ts d un groupe d actionnaires compos d institutions religieuses ou sociales et qui d tenait plus d un million de parts de la compagnie En 1997 1998 et 1999 As you sow a pr sent en Assembl e des actionnaires de Disney une r solution appelant la publication d un rapport sur les progr s r alis s dans la mise en uvre du code de conduite de Disney par ses fournisseurs utilisation de contr leurs ind pendants dans des unit s de producti
180. ion du travail forc interdiction du travail des enfants et interdiction de discriminations Il pourrait tre octroy des produits tant de fabrication belge qu trang re Le label t moigne de la volont des pouvoirs publics de s inscrire en tant qu acteur dans le champ de la responsabilit sociale des entreprises Mais 1l t moigne aussi de la faible Page 108 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux marge de man uvre dont disposent ces m mes pouvoirs publics pour imposer le respect des droits sociaux fondamentaux Comme un policier impuissant sanctionner les automobilistes br lant les feux rouges et r sign f liciter ceux qui s y arr tent A force de compromis tout au long de son p riple parlementaire la proposition de loi instaurant un label pour une production socialement responsable a perdu sa dimension de certification d entreprises pour ne garder que la labellisation de produits Ce faisant le label fait reposer la responsabilit et le co t de la labellisation sur les producteurs et non pas sur les distributeurs ou les entreprises ayant recours la sous traitance Par cons quent estiment les Magasins du monde OXFAM ces distributeurs ne sont pas encourag s traduire leur responsabilit en mati re de respect des droits sociaux fondamentaux en changements concrets dans leurs politiques d approvisionnement cl de vo te du respect durable des droits so
181. ion est elle le signe d une prise en compte de plus en plus grande de la responsabilit des entreprises ou accompagne t elle leur mont e en puissance rendant vaine toute tentative de r gulation ext rieure Le d bat bat son plein entre entreprises syndicats pouvoirs publics et ONG entre acteurs du Nord et du Sud Les initiatives se multiplient 1 Jeux d influence sur une carte du monde Rappelons en quelques mots le d cor d j plant dans le chapitre 2 C est celui du libre march et de la mondialisation des activit s de production Durant la deuxi me moiti du 20 si cle le d veloppement des transports et de l informatique fait dispara tre les contraintes de temps li es aux distances Faire produire l o le co t est le plus faible pour vendre o la marge b n ficiaire est la plus grande ce leitmotiv se traduit d s lors par la localisation des activit s forte intensit de main d uvre dans les pays bas salaires D autres ph nom nes accompagnent cette mondialisation tels que la mont e en puissance de soci t s transnationales Dans le secteur du jouet comme dans celui des v tements il s agit principalement des marques et des distributeurs t tes de file de longues cha nes d approvisionnement qui recourent de plus en plus la sous traitance Ce syst me permet aux marques et distributeurs de d velopper fond leur flexibilit leur efficience conomique et financi re tout e
182. ions de consommateurs des organisations gouvernementales et divers mouvements sociaux se sont mobilis s pour d noncer l inacceptable et forcer les entreprises et les gouvernements r agir Le chapitre 4 raconte l mergence d une campagne de mobilisation mondiale pour la d fense des travailleurs du jouet N e en 1993 en Asie suite deux incendies meurtriers dans des usines en Tha lande et en Chine elle a progressivement constitu un r seau de solidarit sur tous les continents C est dans ce cadre que s inscrit la publication de ce livre Aujourd hui cette campagne exige surtout des entreprises qu elles modifient leurs Page 4 Jouets de la mondialisation Introduction pratiques d achat et qu elles favorisent la formation des travailleurs aux conditions de s curit et d hygi ne Elle envisage aussi d explorer des voies l gales de recours Chapitre 4 Attaqu es de front en raison de l exploitation des travailleurs dans les usines du Sud les entreprises transnationales ont r agi de diverses mani res Nombre d entre elles ont adopt des codes de conduite par lesquels elles s engagent respecter certaines normes autant sociales qu environnementales Disney ne fait pas exception De leur c t des organisations de d fense des travailleurs ont galement mis au point des codes de conduite pour pallier au vide juridique dans lequel voluent ces entreprises globales Le chapitre 5 d crit ces initiatives
183. ir de janvier La direction refuse de consulter le SPG Jour apr s jour elle multiplie les promesses mais n applique pas les accords pass s avec le SPTSK Les salaires ne sont toujours pas revus la hausse les arri r s ne sont pas pay s Le m contentement des travailleurs s accro t Ils tendent progressivement le champ de leurs revendications l gitimes exigeant par exemple le respect des 12 jours de cong annuel Ils refusent le compromis du Minist re du travail Ce n est que lorsque la direction accepte enfin d entrer en discussion avec le SPG que les travailleurs reprendront le travail Pour le SPG et ses d l gu s c est videmment une victoire Mais la direction ne l entend pas de cette oreille les actes d intimidation se multiplient jusqu cette plainte d pos e devant la justice Les 10 d l gu es pr sentes cet apr s midi dans le bureau du syndicat sont conscientes de la charge qui p se sur leurs paules Elles ont gagn la confiance des travailleurs Elles ne peuvent pas les d cevoir Mais elles se sentent en m me temps terriblement d munies Quels sont les droits des travailleurs Que dit la loi du travail Comment n gocier avec la direction un accord collectif Le SPTSK n aidait pas les travailleurs Aucune formation ne leur tait donn e Ici nous pouvons discuter de la meilleure strat gie adopter Et nous nous formons ensemble 1 De Suharto au FMI quel espace pour l actio
184. ire Aucune d duction de salaire pour mesure disciplinaire ou pour toute autre mesure non pr vue par la loi et qui se ferait sans la permission expresse du travailleur concern ne sera autoris e Tous les travailleurs recevront des informations crites et compr hensibles sur les conditions de salaire avant d tre engag s ainsi que le d tail de leur salaire pour la p riode de paie concern e chaque fois qu ils sont pay s 6 Temps de travail non excessif Le temps de travail doit tre conforme aux lois et aux normes en vigueur dans chaque secteur industriel En tout cas les travailleurs ne seront pas oblig s de travailler r guli rement plus de 48 heures par semaine et b n ficieront au minimum d un jour de cong par p riode de sept jours Les heures suppl mentaires seront volontaires ne d passeront pas 12 heures par semaine ne seront pas exig es r guli rement et recevront toujours une compensation financi re importante 7 Conditions de travail d centes La s curit et l hygi ne seront assur es sur les lieux de travail Un service efficace de s curit et de sant du travail qui tient compte des connaissances actuelles du secteur et des risques professionnels sp cifiques sera mis sur pied Mauvais traitements menaces de mauvais traitements punitions ou discipline exceptionnelles harc lement sexuel ou autre et intimidation par l employeur sont formellement interdits Page 79 Jouets de la mondial
185. isation V Code de conduite 8 Etablissement de la relation de travail Les obligations vis vis des employ s impos es par les l gislations sociales ou par les lois du travail et les r glementations li es un contrat d emploi normal seront respect es Les contrats de travail ne devront pas faire uniquement mention des obligations du travailleur mais galement de ses droits et des obligations de l employeur L utilisation de travailleurs sous contrat d apprentissage devra tre limit e aux situations de transmission r elle de comp tences pouvant d boucher sur un emploi r gulier Les jeunes travailleurs auront en outre l occasion de participer des programmes de formation Er de Leneadr Les deux parties suivantes comportent sans doute les l ments les plus novateurs du code de conduite La troisi me partie concerne la mise en application du code de conduite par l entreprise et ses sous traitants Elle engage le distributeur ou la marque consid rer le code de conduite comme partie ex cutoire et obligatoire des accords qu il passe avec ses sous traitants et fournisseurs Elle exige de la soci t la mise en oeuvre de d marches concr tes comme par exemple la d signation en son sein de responsables de la mise en application du code l information ad quate de tous ses employ s et de ceux de ses fournisseurs la tenue et la transmission de la liste de l ensemble de ses sous traitants Enfin la quatri me
186. isiteurs par heure C est exactement comme le travail la cha ne dans une usine la seule diff rence c est que c est une usine d amusement explique un travailleur de Disney World De plus Disney impose un look tr s strict ses employ s d terminant la longueur des cheveux comme le nombre de colliers autoris s Mais si l on avance plus profond ment dans les coulisses de cette grande usine r ves les mouvements syndicaux et les gr ves ne font plus la manchette des journaux Dans le secteur des produits d riv s il devient m me extr mement difficile d tablir un lien entre Disney et les ouvriers qui fabriquent des Mickeys ou des Pocahontas pour un sous traitant asiatique ou sud am ricain En 1996 quand une organisation de solidarit r v la les conditions de travail scandaleuses qui pr valaient dans une usine produisant pour Disney en Ha ti le porte parole de l entreprise l cha Mais nous n employons personne en Ha ti 21 pr cisant que ces marchandises taient produites sous licence Aujourd hui l entreprise a d faire marche arri re et reconna tre sa responsabilit du moins th orique sur l ensemble des produits griff s Disney Cette r ponse montre cependant l ampleur des d fis auxquels sont confront s les ouvriers qui tentent de s organiser dans les rouages complexes du grand march mondialis Et deHeneadr 4 Un jeu de dupes A peine sorti de l ombre les syndicalistes indon siens vont ils d
187. it dans les pays de production voire m me dans les pays d Europe Laisser faire oblige le r le de l Etat est remis en cause Depuis les ann es 80 le credo lib ralisation privatisation d r gulation est de mise Et alors que l arsenal l gislatif n arrive qu exceptionnellement et tr s difficilement sortir de son carcan Page 74 Jouets de la mondialisation V Code de conduite national les moyens de contr le internationaux sont progressivement d mantel s au profit de dispositions facultatives non contraignantes Ainsi au cours des d cennies 60 et 70 les Nations unies multiplieront les initiatives pour construire un Nouvel ordre conomique international tenant compte des nouvelles donnes de la mondialisation En 1972 la CNUCED lance la premi re l id e d un code de conduite contraignant pour les entreprises transnationales En 1976 le Centre des Nations unies sur les entreprises transnationales reprend l id e son compte Mais d s le d but des ann es 80 la tendance s inverse Sous l influence des Etats Unis toute id e de r gulation des entreprises transnationales dispara t Avant d tre d mantel le Centre des Nations unies sur les entreprises transnationales tentera une derni re fois une d marche de r gulation l occasion du Sommet de la Terre Rio en 1992 Ses recommandations seront rejet es sous la pression d une coalition de pays industrialis s o
188. itions de travail dans toutes leurs fili res de production y compris donc pour celles des employ s de leurs fournisseurs de leurs sous traitants ou de leurs d tenteurs de licence Cette d claration d intention situe galement le code par rapport aux autres moyens visant les m mes objectifs Initiative caract re priv le code de conduite ne veut pas se substituer aux initiatives publiques traduites en l gislations internationales ou nationales ni aux proc dures de contr le mises en oeuvre par les inspections nationales du travail ou manant de syndicats ind pendants La deuxi me partie du code contient les normes minimales relatives aux conditions de travail et engage formellement la soci t respecter ces normes et exiger de ses sous traitants qu ils les respectent galement voir encadr Eneadr Les normes minimales du code de conduite V tements Propres 1 Le travail est librement choisi Page 78 Jouets de la mondialisation V Code de conduite Aucun usage ne sera fait du travail forc y compris l esclavage et le travail des prisonniers Conventions 29 et 105 de l O I T Les travailleurs ne seront jamais oblig s de laisser une caution ou leurs papiers d identit leur employeur 2 Pas de discrimination dans le travail Egalit des chances et de traitement ind pendamment de la race de la couleur de la peau du sexe de la religion des opinions politiques de la nationalit de
189. ity Pour les trouver il faut d abord quitter la grande ville sillonner les rizi res pendant quelques heures traverser les bourgades contourner les volcans Alors on les rencontre la sortie d un village en plein c ur de l le de Java pr s de Temangung en Indon sie Ils occupent un petit bureau dont la porte s ouvre sur des cultures perte de vue Singgih et Harianto sont jeunes Dipl m s en design dans une bonne universit de Bandung ils auraient d logiquement s engager dans une carri re bien r mun r e au sein d une multinationale de Djakarta Mais ils en d cid rent autrement Quand nous tions tudiants nous voulions aussi devenir c l bres et voir nos designs faire le tour du monde Mais nous ne voulions pas le faire en dehors du contexte indon sien Et le contexte indon sien c est le manque d ducation le ch mage la marginalisation des campagnes et l exode rural En tant que designers que pouvions nous faire En 1991 ils fond rent Aruna Arutala un atelier de travail du bois qui produit des jouets et des objets d coratifs de toutes les couleurs L entreprise exporte vers l Europe et le Japon et compte aujourd hui 58 travailleurs dont la moiti sont des femmes Comme les sous traitants de Disney McDonald s ou Hasbro Aruna Arutala produit des jouets pour l exportation utilisant la main d uvre peu qualifi e des campagnes indon siennes Mais la ressemblance s arr te l Tout d abord cet a
190. ives de contr le WRC exige des distributeurs qu ils d voilent tous leurs sites d approvisionnement et demande la m me transparence au niveau de chaque fournisseur SA8000 demande aux entreprises signataires de divulguer annuellement le nombre de leurs fournisseurs qui sont Page 132 Jouets de la mondialisation Annexes certifi s SA8000 ou qui sont candidats la certification ainsi que le nombre total de leurs fournisseurs Des m canismes de recours et de plainte sont th oriquement pr vus dans chaque initiative Toutefois FLA n impliquant pas les syndicats n a pas priori la confiance des travailleurs principaux utilisateurs de ce type de m canisme Le financement des diff rentes d marches doit couvrir trois types de d penses les d penses institutionnelles les co ts de certification et le financement des mesures correctives La clart n est pas la principale qualit en cette mati re Les co ts institutionnels de ETI et V tements Propres sont couverts par des pouvoirs publics des entreprises des syndicats et des ONG Ceux de FLA sont financ s par des entreprises les pouvoirs publics f d raux des universit s des Etats Unis et par des fondations WRC est financ par des universit s des Etats Unis SAI l organisme qui g re la SA8000 est financ par les entreprises signataires et les entreprises certifi es En mati re de certification FLA ETI et V tements Propres font supporter les co ts
191. juguer les deux d marches Mais toutes ne s accordent pas sur le terme ind pendant Le n ud du d bat se situe au niveau de l implication des travailleurs concern s travers des ONG ou des syndicats locaux FLA ne collabore pas avec des syndicats SA8000 a recours des soci t s commerciales d audit Et m me si tant FLA que SA8000 poussent les ONG se lancer dans l audit social cela ne r sout pas la question de la participation des travailleurs WRC n a pas recours des soci t s d audit Mais elle envoie dans les pays de production des tudiants afin de constituer progressivement un r seau de contr leurs ind pendants ETI et V tements Propres r alisent des projets pilotes pour tester plusieurs m canismes bas s chaque fois sur la participation des syndicats et des ONG locaux Les rapports de v rification ont des destinations diff rentes selon l initiative concern e Pour FLA et ETI les rapports doivent tre envoy s aux entreprises ainsi qu FLA et ETI qui en publient une synth se Pour WRC tous les rapports sont publics Pour V tements Propres les rapports sont disponibles pour toutes les parties prenantes Dans le cadre de la SA8000 les rapports sont destin s l entreprise et SAI Toute partie signant une convention de confidentialit peut galement en disposer Des synth ses sont publi es La transparence et la tra abilit sont n cessaires pour assurer l efficacit des initiat
192. l origine sociale ou d autres traits distinctifs Conventions 100 et 111 de l OIT 3 Interdiction du travail des enfants Aucun usage ne sera fait du travail des enfants Seuls des travailleurs de plus de quinze ans ou ayant atteint l ge o la scolarit n est plus obligatoire seront engag s convention 138 de l OIT Une aide conomique de transition et des possibilit s d enseignement appropri es devront tre fournies tout enfant travailleur et tout enfant travailleur licenci 4 Respect de la libert d association et du droit la n gociation collective Le droit de tous les travailleurs former ou rejoindre un syndicat et n gocier collectivement sera reconnu Conventions 87 et 98 de l OIT Les d l gu s des travailleurs ne feront pas l objet de discriminations et auront acc s tous les lieux de travail o ils jugeront n cessaire de se rendre pour l exercice de leur fonction Convention 135 et recommandation 143 de l OIT Les employeurs adopteront une approche positive vis vis des syndicats et une attitude d ouverture vis vis des activit s de ces derniers 5 Salaires d cents Les allocations et les salaires pay s pour une semaine de travail normale seront au moins conformes aux normes minimales l gales ou celles fix es par l industrie et seront toujours suffisants pour satisfaire les besoins vitaux des travailleurs et de leurs familles et fournir un revenu discr tionna
193. l aussi en insistant sur la n cessit de cr er des l gislations novatrices afin de contr ler ces nouveaux maillons et garantir le respect des droits des travailleurs dans un syst me de production mondialis Eneadr Les emplois ne passent pas du Nord au Sud Au cours de ces derni res d cennies des dizaines de milliers de travailleurs en Europe et aux Etats Unis ont perdu leur emploi alors que la production se d pla ait vers le Sud Aujourd hui sur le march mondial les pays en d veloppement produisent pr s du quart des marchandises manufactur es destin es l exportation Il s agit d une mutation particuli rement rapide puisqu au d but des ann es quatre vingts cette proportion n tait que de 11 Pourtant contrairement ce que l on pourrait imaginer ce mouvement n a pas entra n une augmentation des emplois dans le Sud proportionnelle ces parts de march En observant ce ph nom ne dans les pays champions de l exportation Jayati Ghosh une conomiste indienne de l Universit Nehru a fait cette constatation surprenante part en Chine en Malaisie et au Chili le nombre d ouvriers dans le secteur manufacturier n a pas augment de mani re consid rable Dans certains cas comme au Br sil ou Ta wan l emploi a m me baiss depuis le d but des ann es quatre vingts Les boulots ne se sont donc pas simplement d plac s du Nord au Sud Car si les pays riches ont bel et bien perdu de
194. la consommation dans les pays riches de produits fabriqu s dans les pays pauvres Dans le secteur agricole comme pour l industrie elle d nonce le tout l exportation qui d tourne des ressources humaines et naturelles des pays du Sud pour alimenter la fi vre du shopping des consommateurs ais s En cela elle rejoint de nombreux mouvements aux quatre coins du monde qui soulignent qu un syst me conomique mondial misant sur une croissance infinie de la consommation n est pas tenable long terme Fin deFeneadr Ne laissons plus nos valeurs l entr e du magasin Exiger de l information sur les conditions de fabrication et sur le respect des droits fondamentaux des travailleurs la d marche est elle si diff rente de celle qui consiste lorsqu on est allergique chercher sur l tiquette la nature du tissu d une peluche Le consommateur peut aussi d velopper des allergies aux violations des droits humains Ce sont les siens Il a le droit de savoir Sans cela le libre choix n est qu illusoire Mais peut on se fier ce que nous disent les distributeurs et les marques Nous l avons vu rares sont ceux qui permettent un contr le ind pendant de leurs cha nes de production ce qui constituerait la seule garantie fiable pour le consommateur D s lors 1l est important que les pouvoirs publics encouragent la mise disposition de ce type d information notamment par des labels sociaux ad quats Il est galement
195. la mondialisation I Exploitation mode d emploi constantes violations des conventions internationales des lois nationales et des codes de conduite des grands producteurs et distributeurs de jouets 2 Les conditions de travail Des enqu tes syst matiques r alis es par deux organisations bas es Hong Kong initiatrices de la Toy Coalition un grand r seau de solidarit r v lent le quotidien des travailleuses du jouet L Asia Monitor Research Center AMRO a enqu t dans de nombreuses usines en Tha lande en Indon sie et en Chine tandis que le Hong Kong Christian Industrial Committee CIC se concentre sur la Chine Au cours de centaines d interviews r alis es la sauvette lors de rares temps de pause des ouvri res racontent leur existence A quelques nuances pr s leurs t moignages rejoignent ceux de travailleuses d autres secteurs qui aux quatre coins du monde font tourner l industrie d exportation haute intensit de main d uvre peu qualifi e Actrices sans nom elles d crivent le spectacle effarant qui se d roule en arri re plan des changes conomiques mondiaux La tr s grande majorit des ouvri res du jouet travaillent dans des fabriques capitaux trangers produisant pour les march s d Europe des Etats Unis ou du Japon En ce qui concerne la Chine ces usines se situent principalement Guangdong une province du Sud du pays devenue en une d cennie le centre mondial de la production d
196. la soci t m re britannique d un groupe transnational sp cialis dans les mat riaux de protection contre le feu Le groupe fut le premier producteur mondial d amiante De 1893 1979 Cape exploitait l amiante en Afrique du Sud sous le contr le direct de la maison m re ou par l interm diaire de filiales d tenues totalement par cette soci t L exploitation d amiante en Afrique du Sud a eu des impacts sanitaires graves non seulement parmi les travailleurs de la mine dont des enfants mais galement parmi la population des communaut s avoisinantes En f vrier 1997 cinq Sud africains portent plainte aupr s de la Haute Cour de justice anglaise Ils accusent Cape d tre responsable des conditions de s curit et d hygi ne des exploitations concern es et par cons quent de leur exposition aux poussi res et aux fibres d amiante Cape tente de se d fendre en arguant que la loi anglaise n est pas d application dans ce cas Ce que la Cour d Appel nie en juillet 1998 en affirmant que l obligation de soins rel ve de la loi anglaise En janvier 1999 environ 2000 nouvelles plaintes et deux actions en justice suppl mentaires sont d pos es contre Cape Cape utilise alors l argument de forum non conveniens d signant l Afrique du Sud comme le lieu ad quat pour le proc s allant jusqu promettre 1 million de livres sterling pour y financer la d fense des plaignants Nous sommes en novembre 1999 Renfor
197. lace au palmar s des chiffres d affaires les plus lev s du monde Sur le march du jouet le pouvoir qu exercent les grands distributeurs leur permet d accro tre leur domination et de fixer les r gles du jeu Tout d abord de tout leur poids elles crasent la concurrence En Europe le nombre de d taillants a fortement diminu cause de la concurrence des grands magasins qui peuvent se permettre d craser les prix L enseigne Christiaensen par exemple est pass e en deux ans de 70 magasins moins de 50 implantations aujourd hui En moins d un an 200 personnes ont perdu leur emploi en Belgique d apr s Jean Gillot secr taire g n ral de la f d ration belge du jouet Par exemple Unica division de la soci t n erlandaise Otto Simon et grossiste en jouets Courtrai a transf r ses activit s aux Pays Bas Les distributeurs n erlandais p n trent en force sur le territoire belge sous les enseignes Bart Smit Blokker Kijkschop Giraffe qui ne s approvisionnent pas aupr s des fournisseurs belges De plus les grands magasins comme Toys R Us sont en position de force pour signer des accords d exclusivit avec des fabricants de jouets les emp chant de fournir d autres d taillants Ce processus d int gration verticale leur permet donc d liminer les distributeurs moins importants Face la concurrence des supermarch s les d taillants n ont d autre solution que de se sp cialiser dans des j
198. lars Pour la rembourser pour obtenir des r chelonnements pour obtenir de nouveaux pr ts elle doit se soumettre au plan d ajustement du FMI Le carcan est tellement fort que les ONG et les mouvements sociaux indon siens sont de plus en plus nombreux rejoindre KAU la coalition contre la dette Ce sont plus de 100 organisations de travailleurs et de paysans qui clament que l Indon sie ne pourra jamais rembourser cette dette et exigent que plus aucun nouveau pr t ne soit contract convaincues qu elles sont que la situation en Indon sie s est empir e sous l effet des programmes du FMI Voir en Annexe 3 le texte complet de cette d claration Mondialiser la justice sociale d claration du mouvement syndical l occasion du Forum social mondial Porto Alegre et du Forum conomique mondial New York janvier f vrier 2002 Cette d claration a t approuv e par le groupe Global Unions groupe des Syndicats mondiaux qui se compose de la Conf d ration internationale des syndicats libres CISL des Secr tariats professionnels internationaux SPI et da Commission syndicale consultative aupr s de l OCDE TUAC OCDE et par la Conf d ration mondiale du travail CMT et la Conf d ration europ enne des syndicats CES Page 101 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux VIL Agir pour le respect des droits sociaux Ces 20 derni res ann es se sont multipli s les appels adress s
199. le a r ussi aborder le sujet devant les actionnaires De mani re vidente dit elle ma pr sentation capte chaque ann e un peu plus d attention En 2001 les conditions de travail et de vie ont t l objet d une large discussion Plusieurs actionnaires ont interrog la direction montrant l int r t qu ils portaient cette question et r alisant que ces conditions n taient pas acceptables Et Marie Claude de conclure M me si Mattel fait plus que les autres soci t s du jouet et m me si les normes de s curit ont t s rieusement am lior es cela ne suffit pas On est en droit d attendre beaucoup plus d une entreprise leader de son secteur et qui fabrique 75 de ses produits dans des usines qu elle d tient en propri t On peut lui faire confiance Marie Claude n est pas du genre l cher prise Agir en tant qu actionnaire exige beaucoup d nergie et de temps pour se r v ler souvent frustrant mais malgr cela les r sultats engrang s compl tent ou s ajoutent l impact d autres formes d actions C est comme tu le s mes L action de As you sow vis vis de Disney La Fondation As you sow utilise l activisme d actionnaires pour promouvoir des changements sociaux positifs L organisation bas e aux Etats Unis travaille en r seau avec des mouvements et des organisations menant campagne pour la responsabilit sociale des entreprises Ici aussi la press
200. le et de v rification sont extr mement complexes et souvent co teuses Les donn es collecter sont tr s diverses touchant les domaines de la sant de la s curit et des conditions d environnement des heures travaill es du paiement des salaires des relations entre la direction et les travailleurs des relations entre personnes de sexes diff rents des relations entre l entreprise et la collectivit Seule l adh sion de toutes les parties prenantes des directeurs aux travailleurs peut assurer une communication fiable de ces donn es et surtout que la mise en uvre du code et le respect de ses normes ne se limitent pas au moment du contr le mais soient assur s durablement Page 80 Jouets de la mondialisation V Code de conduite 3 Jouets le code c est la r gle Particuli rement sensible l opinion des consommateurs les distributeurs et marques de jouets ne sont pas rest s trangers la d marche des codes de conduite Dans les ann es 00 ils ont multipli les initiatives en ce sens Aujourd hui la plupart d entre eux disposent d un code de conduite maison Certains distributeurs et producteurs ont franchi le pas vers un code aux multiples parties prenantes en promouvant la SA8000 ou en se r f rant ses standards On assiste aujourd hui une tentative d harmonisation interne dans le secteur du jouet avec la publication en juin 2001 du code de conduite du Conseil internati
201. le question lui br le les l vres Avez vous d j trouv un enfant au travail dans une des usines que vous avez visit es Nous r pondons vasivement D abord il y a un probl me de d finition L enfance finit elle 18 ans comme pour la convention 138 du Bureau international du travail ou 15 ans comme pour le droit indon sien Je cherche un enfant de moins de 15 ans employ dans une usine qui produit pour des grandes marques pr cise t il Il est d sesp r car il n en trouve pas Non qu il n y en ait pas mais simplement que personne n a vraiment int r t lui r v ler l ge exact des ouvri res ni la direction de l usine qui ne veut pas perdre les commandes de ses clients en Europe ou aux Etats Unis si la v rit s affiche dans la presse n1 les ouvri res qui redoutent de perdre leur emploi Le travail des enfants fait partie des scandales qui r vulsent l opinion publique occidentale Et bien s r il y a de quoi Le spectacle de ces enfances vol es et lanc es sur la cha ne de production est intol rable Mais la course au scoop participe rarement la recherche de solutions durables L motion suscit e dans les pays riches par la publication de telles sc nes provoque r guli rement des licenciements collectifs et des ruptures de contrats suivis de belles promesses sur l honneur de la part des distributeurs et des grandes marques que plus jamais on ne les y reprendra En ao t 2000 la presse
202. les coulisses du pouvoir uvrant pour contourner les l gislations trop encombrantes ou pour s ouvrir de nouveaux march s L entreprise fut l un des grands donateurs du parti D mocrate lors de la campagne lectorale de 1996 qui r installa Bill Clinton la pr sidence des Etats Unis et AI Gore la vice pr sidence Au chapitre des petites histoires vraies qui d passent la fiction notons qu un cadeau de M Eisner au vice pr sident des Etats Unis et son pouse un d guisement somptueux de 8 600 dollars dut tre rendu car il violait la loi sur l thique du gouvernement Li de L I Capitalisme en crise Dans l conomie mondiale la cr ation d empires tentaculaires ne se limite pas au monde du r ve et de l information Les fusions et les acquisitions d entreprises se sont acc l r es tout au long des ann es 90 dans la plupart des secteurs d activit s de l informatique au secteur bancaire de l nergie l agriculture avant un grand coup de frein en 2001 Les soci t s transnationales ont aujourd hui acquis une telle ampleur qu en l an 2000 sur les 100 principales conomies du monde 54 taient des entreprises et 46 taient des pays En 2001 la premi re multinationale mondiale le g ant de la grande distribution Wal Mart avait un chiffre d affaires peine inf rieur au produit int rieur brut de la Belgique Valeur des fusions acquisitions dans le monde en milliards de 0
203. lle Disney est une soci t orient e sur la famille Et mon milieu convient mieux l entreprise que celui de Walt Disney qui venait d une famille dysfonctionnelle d immigrants tr s pauvres qu il a quitt e d s qu il a pu Pour moi c est le contraire ma famille est toujours l Au niveau motif j tais naturellement fait pour ce poste l Je crois que l chec de la famille repr sente la moiti des probl mes de ce pays Michael Eisner PDG de The Walt Disney Company lors de l ouverture de Disneyland Paris Page 53 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves L envers des marques le largage des activit s mat rielles Au fil des d cennies Disney a pris un tel soin b tir son image elle a accord une telle importance la promotion de son nom qu elle est devenue un espace o les consommateurs veulent habiter En m me temps elle devenait la septi me marque du monde dans un palmar s domin par Coca Cola Microsoft et IBM Selon Business Week la marque Disney elle seule sans compter les avoirs de la soci t est valu e 32 6 milliards de dollars Mais pour devenir l un des noms les plus c l bres du globe Disney a d effectuer des d penses faramineuses couvrant autant le rachat d entreprises que l organisation de campagnes de marketing sur tous les continents Afin de d gager les fonds n cessaires ce d veloppement l entreprise largua toute une s rie d activit
204. mode d emploi hebdomadaire raisonnable Quand on parle de ce fameux salaire minimum que de nombreuses associations de travailleurs r clament cor et cri il ne s agit pas encore d un salaire minimum vital qui lui permettrait de couvrir les besoins de base d une famille TL est clair que dans les pays asiatiques ayant opt pour une strat gie de d veloppement bas e sur une industrie d exportation haute intensit de main d uvre comme la Chine le Vietnam ou l Indon sie le salaire minimum l gal constitue le prix le plus bas auquel un gouvernement peut vendre le travail de sa population sur le march international tout en maintenant la survie des ouvriers Ce salaire devient souvent le prix maximum que les investisseurs trangers sont pr ts payer ou ne pas payer s ils parviennent contourner la loi Etn dePeneadr Heures suppl mentaires et vacances obligatoires Comme le salaire minimum l gal ne permet pas aux ouvri res de s en sortir les heures suppl mentaires constituent leur seule chance d am liorer leurs revenus Quand les commandes affluent en pr paration des f tes de fin d ann e en Europe et aux Etats Unis les ouvri res chinoises travaillent 6 jours et demi ou 7 jours par semaine durant 14 voire 18 heures par jour Il leur arrive m me de devoir passer toute la nuit l atelier apr s une journ e de travail reintante Alors les journ es passent comme des ann e
205. mois il ne reste g n ralement plus rien au fond des poches des travailleuses La plupart des ouvri res sont pay es la pi ce mais avec l obligation de terminer un certain nombre de pi ces par jour selon le syst me des quotas quotidiens Si elles ne l atteignent pas en huit heures elles doivent continuer leur besogne mais leurs heures suppl mentaires ne seront pas comptabilis es Mlle Daeng Tomy Tha lande D s que j ai commenc travailler dans cette usine je me suis sentie angoiss e car les superviseurs comptaient les pi ces toutes les heures Si je faisais moins de pi ces que l heure pr c dente je me faisais punir Si j allais aux toilettes je devais compenser en travaillant plus vite pour viter de me faire engueuler C tait un probl me pour les ouvri res et je n aimais pas a Mais j tais nouvelle et j avais peur de me faire licencier alors j ob issais aux ordres Page 14 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Mlle Daeng a t licenci e en 1998 en raison de ses activit s syndicales En Indon sie comme en Chine certaines ouvri res sont pay es en groupe L employeur forme une quipe d une dizaine de personnes et calcule le nombre de pi ces r alis es par le groupe la fin de la journ e Tous les membres re oivent alors le m me salaire en fonction de leur production collective Ce syst me pousse les travailleuses elles m mes en plus des contrema
206. n apportent actuellement pas de plus value au travail d ores et d j r alis en interne Des zones d ombre Selon les informations de la compagnie on l a vu l amplitude des efforts est consid rable La transparence de l information manque cependant pour juger de leur profondeur Par exemple peu d information transpire sur les d marches de formation et d ducation Se limitent elles informer de l existence du code de conduite ou permettent elles de d velopper des syst mes de gestion qui fixent une attention continue l am lioration des conditions de travail dans les usines 29 g z PE A Selon Marc Spears directeur du programme Disney a volontairement diminu le nombre de ses d tenteurs de licence pour permettre leur meilleur suivi Il est clair aussi que cela Page 86 Jouets de la mondialisation V Code de conduite correspond une strat gie actuelle g n rale du secteur cherchant s allier avec des partenaires d envergure comme Carrefour par exemple qui g rent eux m mes leurs fili res d approvisionnement Depuis 2000 Disney a lanc un partenariat autour du monitoring avec un groupe d organisations religieuses et d actionnaires socialement responsables voir le chapitre VID Ce partenariat vise mettre en place un syst me de v rification un regard ext rieur objectif et ind pendant sur les activit s de contr le de la compagnie Il s agit aussi d valuer quel r
207. n on la retrouve dans une lettre publi e par le journal officiel des syndicats chinois The Workers Daily sign e par vingt ouvriers d une usine de chaussures Nous les gens des provinces nous n avons r alis qu on nous avait tromp s qu apr s notre arriv e ici La r alit est compl tement diff rente de ce que nous avait dit la personne qui nous a recrut s Eneadr Le pi ge Dans de nombreux t moignages les travailleuses racontent comment l usine se referme sur elles comme un pi ge Il leur est tr s difficile de quitter leur emploi de leur propre initiative sans perdre d importantes sommes d argent Une pratique courante dans les zones industrielles en Chine comme en Indon sie consiste payer les salaires avec au moins un mois de retard En d missionnant l ouvrier perd le fruit de centaines d heures de travail A cela de nombreux patrons notamment en Tha lande ajoutent le paiement d une caution qui sera confisqu e si l ouvri re d missionne ou si elle est renvoy e avant la fin de son contrat En perp tuel d s quilibre financier les ouvri res sont souvent contraintes d emprunter de l argent Il leur devient ensuite impossible de quitter la r gion o elles travaillent sans avoir honorer leurs dettes Mansour employ depuis 6 ans par un sous traitant de Disney en Indon sie affirmait Bien que nous ayons deux salaires le mien et celui de ma femme qui travaille dans une usine de chaussures de sport
208. n ration en g n ration sans perdre de leur vigueur D s le d but Walt Disney fut critiqu comme employeur Il demandait norm ment de son personnel et le payait peu Au d but des ann es 30 il engageait l essai de jeunes artistes 15 la semaine avec deux semaines probatoires si leur travail n tait pas satisfaisant il pouvait retenir leur salaire En 1941 le studio Disney fut la cible d un mouvement de gr ve massif d stabilisant de ses animateurs Les dessinateurs les plus talentueux du studio protestant contre des heures de travail trop nombreuses et des salaires trop bas se virent emp ch s de n gocier une convention collective Suite plusieurs tentatives avort es de monter un syndicat ind pendant ils lanc rent une action qui d buta au printemps et dura jusqu la fin de l t Walt Disney licencia sur le champ les responsables du mouvement avant d tre condamn les r int grer En pleine chasse aux sorci res il les accusa publiquement d tre affili s au parti communiste leur causant un pr judice irr parable Durant les ann es qui allaient suivre ces derniers seraient la cible de perp tuelles enqu tes du FBI lt Ils finirent par d missionner de chez Disney en raison du harc lement dont ils taient victimes L histoire tumultueuse de l entreprise avec ses employ s ne s arr ta pas l Disney a toujours adopt une ligne dure face aux syndicats L entreprise s est souvent montr
209. n du monde et parfois m me l ducation de g n rations enti res la culture Disney fait l objet de tr s nombreuses tudes et analyses Certaines encensent la magicienne qui invite le commun des mortels s vader dans un monde de r ve d autres en d noncent l id ologie Dans un ouvrage passionnant sur le sujet le p dagogue am ricain Henry Giroux d nonce la privatisation de la culture populaire par Disney le racisme et le sexisme sous jacents dans de nombreuses productions et l image homog ne que l entreprise pr sente de la soci t am ricaine des familles de race blanche de classe sociale ais e baignant dans un bonheur conformiste et aseptis De nombreux critiques reprochent galement l empire Disney son conservatisme politique Celui ci n est pas neuf puisque Walt Disney en personne de 1940 jusqu sa mort en 1966 servit d agent sp cial de la S ret f d rale am ricaine FBI Il tait charg de transmettre des informations sur des infiltrations communistes et subversives pr sum es Hollywood Pour de nombreux p dagogues et analystes il ne s agit pas d extraire les enfants ni les adultes du monde fascinant de Disney Mais il est important de leur donner les cl s d une analyse critique de ses messages tout en cr ant des espaces pour d autres formes de cr ation culturelle o m me la dissidence a le droit de cit Lis de L LS Citation Je viens d une culture o la famille est essentie
210. n milliard de petits jouets chinois in Alternatives Economiques n 197 novembre 2001 We in the zone Woman workers in Asia s export processing zones Asia Monitor Resource Center Hong Kong 1998 3 Alternatives conomiques op cit Rapport global en vertu du suivi de la D claration de l OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail Votre voix au travail Bureau international du Travail Gen ve 2000 We in the zone Woman workers in Asia s export processing zones op cit Tbidem 7 Ibidem 38 http www lifung com S BOLOGNA Intervention au Forum International V tements Propres Tribunal Permanent des Peuples Bruxelles avril mai 98 Argentine Br sil Chine Hong Kong Inde Indon sie Malaisie Mexique Philippines Singapour Cor e du Sud Ta wan et Tha lande 31 J GHOSH op cit Le texte qui suit est bas sur cette analyse 7 S FORST op cit 3d PROFOUND Toys and games EU Market Survey ao t 2001 cit dans E RYDBERG op cit 4 Le jouet belge petit poucet dans le parc europ en Le Soir Bruxelles 26 septembre 1997 cit dans E RYDBERG op cit 35 S FRICKER Talk of recession pricing at Nuremberg s Toy Fair Hong Kong Trade Development Council janvier 2002 http www tdctrade com W M WEBB Fact Book 2001 The Walt Disney Company http disney go com corporate investors financials factbook 2001 37 D apr s le t moignage anonyme d un ex employ
211. n se d chargeant au maximum des contraintes sociales li es l emploi d un nombre important de travailleurs Ma tres du march les marques et les distributeurs vont ainsi pouvoir relocaliser leurs sources d approvisionnement leur gr exercer de fortes pressions sur les prix et les d lais sans s embarrasser de l impact de leurs pratiques sur les travailleurs concern s Cette politique d lib r e des entreprises trouve dans l id ologie du libre march un terrain extr mement propice son d veloppement Alors que les entreprises et particuli rement les soci t s transnationales surfent sur la vague globale les autres interlocuteurs sociaux traditionnels Etats et syndicats restent sur la gr ve L heure est la d r gulation Les syndicats sont affaiblis Ils doivent prendre en compte les nouvelles dimensions de la lutte pour la d fense des travailleurs dans une conomie mondialis e Ils doivent surtout faire face de graves atteintes au droit d association et de n gociation collective L ouverture du march du travail de pays comme la Chine o les syndicats libres ne sont effectivement pas tol r s la multiplication des zones de non droit que constituent les zones franches d exportation ou encore la limitation l gale de l exercice du droit de gr ve pour offrir de meilleures conditions d investissement aux capitaux trangers tout cela entrave de mani re importante le travail syndical que ce so
212. n syndicale Depuis 1997 l Indon sie est en pleine refonte conomique politique et institutionnelle Basant en grande partie son d veloppement sur l essor des activit s orient es vers l exportation elle a t heurt e de plein fouet par la crise financi re et conomique qui a secou l Asie partir de 1997 Elle vit aussi une importante p riode de transition d mocratique initi e par la chute du dictateur Suharto en mai 1998 En pleine crise conomique 15 000 emplois disparaissaient chaque jour Alors qu elle cherchait reprendre son souffle l Indon sie a vu tomber sur elle les d combres du 11 septembre 2001 nombre d int r ts conomiques et commerciaux en provenance des Etats Unis ont alors fui le pays Page 93 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres Durant les 32 ann es du r gime Suharto les travailleurs indon siens n ont pas eu le droit de former des organisations ind pendantes Un seul syndicat tait reconnu le SPSI Serikat Pekerja Seluruh Indonesia Syndicat Indon sien cr et contr l par l tat pour soutenir le r gime du g n ral Suharto et de son parti le GOLKAR Le SPSI n tait pas un v ritable syndicat Il n avait nullement la vocation de d fendre les droits des travailleurs ni d accro tre leur capacit de n gociation dans leurs revendications sociales Sous Suharto le SBSI Serikat Buruh Sejahtera Indonesia Syndica
213. nal Labor Standards www disney go com corporate compliance index html Conversation t l phonique le 16 ao t 2002 0 Report on seminar Workers Education and Information on Codes of Conduct IRENE Clean Clothes Campaign Seminar Mulheim an der Ruhr Allemagne 13 15 d cembre 1999 51 May Wong Asia Monitor Resource Center interview e par Isabelle Delforge Bangkok le 21 mai 2002 Report on seminar Workers Education and Information on Codes of Conduct op cit 33 Ibidem Extrait de la d claration de cl ture du s minaire Report on Codes of Conduct in the Garment and Textile Industry 26 30 novembre 2001 Bangkok Thailand qui regroupait 35 repr sentants d ONG et de syndicats d Asie 35 Chan Ka Wai directeur du HKCIC interview par Isabelle Delforge Bangkok le 8 mai 2002 3 May Wong op cit 7 Report of the seminar Involving workers in the debate on company codes Women working Worldwide s education and consultation project Women working worldwide Sri Lanka d cembre 1998 Report on seminar Workers Education and Information on Codes of Conduct op cit 3 Chan Ka Wai op cit Tbidem l Extrait de la d claration de cl ture du s minaire op cit Chan Ka Wai op cit Rapport de Clean Clothes international meeting Barcelone 2001 Page 92 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres VI En Indon sie l mergence de syndicats libres Samedi
214. nd Communities est une initiative tablie en 1999 par la Banque mondiale la F d ration internationale de la jeunesse Nike et Gap L initiative promeut l adh sion des entreprises des normes internationalement reconnues et r alise des tudes approfondies sur les conditions de travail les aspirations des travailleurs et les besoins communautaires Elle tablit des programmes de formation et de d veloppement dans le but de sensibiliser le personnel de direction et d assister les travailleurs principalement les jeunes adultes et les communaut s Global Alliance a pour objectif de travailler avec 10 entreprises transnationales dans 12 15 pays d ici 2004 www theglobalalliance org Les membres de Global Alliance sont Gap et Nike Page 133 Jouets de la mondialisation Annexes Global compact est une initiative manant des Nations unies officiellement lanc e en juillet 2000 Elle encourage les entreprises transnationales et les entreprises des pays aux conomies en d veloppement ou en transition adh rer neuf principes en relation avec la protection de l environnement les droits humains et les conditions de travail adopter partager et apprendre de meilleures pratiques d velopper des projets avec des agences des Nations unies et des organisations de la soci t civile En octobre 2001 environ 400 entreprises provenant de 30 pays s taient associ es Global Compact et 31 entreprises avaie
215. nd la Chine a d valu sa monnaie en 1994 ses produits sont devenus tellement bon march qu elle a pouss la faillite nombre de ses concurrents exportateurs d Asie du Sud Est Ce fut l une des causes de la crise asiatique de 1997 qui entra na des millions de pertes d emplois Dans les conomies bas es sur l exportation de produits manufactur s l emploi d pend largement des fluctuations des prix sur les march s mondiaux Et comme sur les march s d exportation des mati res premi res les prix ont une tendance la baisse 3 Finalement en passant du Nord au Sud les boulots se sont perdus dans le triangle des Bermudes du progr s technologique Le d veloppement de nouvelles technologies pour diminuer le recours la main d uvre est un ph nom ne aussi ancien que le capitalisme lui m me Mais ce processus s est aujourd hui acc l r entra nant des Travailleurs contre travailleurs En conclusion ces strat gies de d localisation de sous traitance et d atomisation de la production offrent aux g ants du jouet de nombreux avantages Elles leur garantissent une grande flexibilit et une production toujours suffisante m me lorsqu un partenaire ne peut pas tenir ses d lais de fabrication Par ailleurs n assumant aucun risque li la production les multinationales effectuent de grosses conomies en mati re de co ts de main d uvre et d investissements En mati re de responsabilit sociale l inextricable labyri
216. ndialisation de la solidarit 1 Mondialiser la justice sociale A Porto Alegre Ubon a rencontr de nombreux travailleurs des quatre coins du globe J ai entendu des t moignages provenant de syndicalistes argentins br siliens fran ais autrichiens nord am ricains etc J ai appris que les entreprises agissent souvent de la m me mani re partout dans le monde m me dans les pays riches Dans certains pays cependant les travailleurs ont droit des allocations de ch mage ce n est pas notre cas Lors de ces rencontres j ai constat que nous avions presque tous les m mes probl mes et qu il tait grand temps de trouver des solutions tous ensemble Les grandes conf d rations syndicales internationales taient galement pr sentes Porto Alegre elles s inscrivent r solument dans cette vague de fond qui entend mondialiser la justice sociale Pour Pino Carlino secr taire national de la CSC le syndicat chr tien en Belgique francophone ce n est pas tonnant Le combat contre les m faits de la mondialisation actuelle est depuis tr s longtemps celui des syndicats qui ont une longue exp rience de la solidarit internationale Il est vrai que les travailleurs au Nord comme au Sud payent cher l adoption dogmatique des r gles du libre march La sacro sainte flexibilit de la main d uvre constitue l un des ingr dients de base de la recette n olib rale impos e au monde entier par les grands cui
217. nduite des entreprises ou en d veloppant d autres outils Le chapitre suivant Page 72 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne tente de tracer un chemin dans ce qu il est convenu d appeler aujourd hui la Responsabilit sociale des entreprises et l un de ces instruments pr f r l initiative volontaire Marie Claude Hessler Voir le chapitre 7 Mr Chaiwat Wongchindakul directeur g n ral de Master Toy Tha lande cit dans A victory for the Master Toy Workers Thai Labor Campaign 11 juillet 2000 Association regroupant les soci t s de production de jouets de Hong Kong Toy Manufacturers of Europe International Council of Toy Industry L un des projets exp rimentaux a t initi sous l impulsion de Dara O Rourke professeur du Massachusetts Institute of Technology en collaboration avec Reebok Adidas et Nike Il implique largement les marques et donne acc s la formation pour des travailleurs d sign s par la direction de l usine Deux autres projets sont suivis par le CIC et par la Conf d ration des syndicats de Hong Kong HKCTU Dans ces deux projets des travailleurs lus par leurs coll gues participent aux formations Page 73 Jouets de la mondialisation V Code de conduite V Code de conduite Le nouveau jeu de soci t Les codes de conduite sont aujourd hui au coeur des discours sur la responsabilit sociale des entreprises Leur multiplicat
218. ne re oit aucune formation sur les dangers qu elles encourent les produits et les machines qu elles utilisent les sympt mes qu elles doivent surveiller ou les mesures prendre en cas de probl me Les accidents de travail sont nombreux parfois mortels mais ils sont souvent pass s sous silence et les compensations pr vues par la loi sont rarement appliqu es De mani re g n rale les tudes r v lent que les longues heures de travail les bas salaires et le paiement la pi ce comptent parmi les principales causes de probl mes li s la s curit et l hygi ne dans les usines Ext nu es pouss es des cadences hallucinantes mal nourries les ouvri res tombent malades s endorment sur les machines provoquent des accidents De plus elles se voient souvent refuser des cong s de maladie et n ont qu un acc s limit aux soins de sant Mlle Xiao Tong Mattel et Hasbro Chine Parfois on voit des gens qui s vanouissent l usine Ce n est pas tonnant On est fatigu es on est mal pay es on ne mange pas bien on ne peut pas dormir assez et on veut pargner le moindre centime que nous gagnons Beaucoup de filles ach tent seulement une cr me glac e ou une tranche de past que pour d jeuner On est tellement fatigu es et il fait tellement chaud qu on ne veut pas manger Comme l explique Anita Chan dans un ouvrage accablant sur les travailleurs chinois les ouvriers des zones conomiques sp ciales sacrif
219. ney et de choisir comme sonnerie la musique de leur dessin anim pr f r 2 millions d abonn s au Japon et un lancement pr vu en 2002 Ta wan Hong Kong en Cor e au Royaume Uni en Australie et en Allemagne Musique 5 labels Walt Disney Records Hollywood records Lyric Street Records Mammoth Records et Disney Music Publishing Produits d riv s linge de maison meubles jouets peluches jeux vid o v tements accessoires 693 Disney Stores dans le monde dont 482 en Am rique du Nord Nouvelle acquisition novembre 2001 la compagnie Baby Einstein qui produit des vid os ducatives des livres et des jouets pour petits enfants Des milliers de licences accord es des fabricants des distributeurs des cr ateurs de spectacles et des diteurs partout dans le monde En Europe accords avec H amp M Tesco C amp A G ant Carrefour Livres et magazines Publication de livres de revues et de magazines en 55 langues dans 74 pays Livres Disney Children s Book Group Hyperion Talk Miramax ESPN Books ABC Daytime press Magazines US Weekly Discover Family Fun Disney Adventures ESPN The Magazine Talk Sports Des quipes de hockey et de base ball aux Etats Unis Ville Page 51 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves Celebration en Floride Etats Unis ville de 2 000 habitants enti rement cr e et contr l e par Disney depuis 1994 Sources The
220. nnaires poursuites en justice d entreprises par une ONG d nonciations de violations des droits sociaux consultance et conseils D veloppant des initiatives aux multiples parties prenantes des ONG des organisations multilat rales des f d rations syndicales vont inviter les entreprises participer volontairement des syst mes qui d finissent des normes sociales et environnementales contr lent la conformit promeuvent les audits et les rapports sociaux et environnementaux certifient les bonnes pratiques et encouragent le dialogue et l apprentissage social des parties prenantes Le code de conduite de r f rence d velopp dans le cadre de la campagne internationale V tements Propres fait partie de ces syst mes aux multiples parties prenantes D autres syst mes de ce type ont t d velopp s tels SA8000 voir encadr Ethical Trading Initiative ETI Fair Labor Association FLA Workers Rights Consortium WRC Il en d coule une certaine diversit Il est clair que les dynamiques qui nourrissent ces initiatives et les objectifs qu elles poursuivent sont diff rents Certaines comme V tements Propres inscrivent les codes de conduite comme un outil parmi d autres pour la d fense des droits sociaux et la recherche d une nouvelle r gulation D autres en font un m canisme se suffisant lui m me Eneadr Le panorama des codes en ce d but de si cle Page 76 Jouets de la mondialisation V
221. ns c est l ge de l apprentissage des marques d clarait sans scrupule le directeur de la r gie publicitaire de Hachette Disney Presse annon ant un couplage publicitaire avec les publications de Bayard Presse en France Cette phrase aux allures anodines est pourtant lourde d implications Aujourd hui les marques sont devenues la cl de vo te de tout le syst me commercial Suite de massives campagnes de marketing qui se sont infiltr es jusque dans les moindres recoins de l espace public les marques ont acquis une telle valeur affective qu elles sont devenues plus importantes que les produits eux m mes Dans son fascinant ouvrage No Logo Naomi Klein explique comment les transnationales ne font d sormais plus la promotion de leurs marchandises mais bien d un style de vie d un look d une mentalit Nike ne fait pas la publicit de ses chaussures de sports mais elle fait l apologie de l audace et de l esprit de comp tition Dans une telle logique qu importe le produit pour peu que le logo y soit accol L important n est pas la montre en plastique que l on ach te mais bien la Petite Sir ne qui compte les heures C est aussi elle qui justifie la diff rence de prix Certaines marques remportent un tel succ s qu on est pr t payer beaucoup plus cher pour voir un logo ou un personnage sur l objet convoit quelle qu en soit la qualit Dans le secteur des loisirs comme dans celui de la mode les logos se vendent prix d o
222. nt horizontal rachat d autres soci t s afin d accro tre ses parts de march sur diff rents secteurs du jouet Ainsi en deux ans le rachat de Fisher Price Kransco et Spear a permis l entreprise d augmenter son chiffre d affaires de 50 Aujourd hui Barbie repr sente 34 de ses ventes chaque seconde 2 poup es Barbie sont vendues dans le monde Fisher Price 28 et Disney 13 Page 37 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable Sur le march japonais Mattel et Hasbro optent pour une strat gie d alliance avec les acteurs nippons Hasbro s y implante en sous traitant une partie de sa production Tomy qui distribue en retour ses jouets au Japon Tandis que Mattel s y d veloppe gr ce un accord de partenariat pass en 1999 avec Banda Ce qui n emp che pas les fabricants japonais de se faire une place au soleil en privil giant l implantation de filiales commerciales l tranger plut t que le rachat de marques existantes Sur le march europ en plus fragment les regroupements ne font que commencer En janvier 1995 quatre fabricants fran ais Berchet Charton Clairbois et Favre fusionnaient pour cr er Superjouet un groupe constitu essentiellement en vue de l exportation En 1998 l allemand Ravensburger rachetait les Jeux Nathan tandis que Smoby rachetait les espagnols Pico poussettes pour poup es et Unice ballons en plastique Malgr ces mouvements le retard des
223. nt la loi fixe 40 heures l horaire normal de travail hebdomadaire et interdit des semaines de plus de 58 heures Le cong hebdomadaire l gal est galement sacrifi pendant le rush En 2001 chez un fabricant de jouets Mattel et Hasbro des ouvri res ont travaill durant 100 jours cons cutifs sans un seul jour de repos pour terminer la commande de No l Durant ces p riodes les ouvri res peuvent gagner jusqu 120 US 150 US par mois Page 16 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Pr s de la moiti des commandes de jouets sont pass es entre juillet et septembre Mais ensuite vient la saison creuse Les commandes chutent ainsi que les salaires Ceux ci tournent alors aux alentours de 30 dollars par mois quand les travailleuses conservent leur emploi Car bien souvent l entreprise licencie ses ouvri res ou les prie de prendre des vacances sans leur octroyer de compensation Elles se retrouvent alors sans revenu alors qu elles doivent continuer assumer leur survie loyer nourriture A la saison creuse en Chine il arrive que les entreprises se d barrassent de deux tiers de leur main d uvre Le caract re saisonnier de l industrie du jouet prive les travailleurs d un emploi r gulier et les plonge dans une ins curit continue De surcro t il les prive des b n fices accumul s avec l anciennet tels que les pensions M Xiao Wang Mattel et Hasbro Chine Les salaires
224. nt et du loisir familial qui b tit son empire sur l exploitation sans borne de jeunes travailleuses priv es de famille et de repos Un champion de la puret et de l innocence qui fait fortune gr ce l utilisation cynique des r ves de l enfance des fins de consommation de masse L inventeur des endroits sur terre o l on est le plus heureux qui se r v le tre une entreprise titanesque aux pratiques pr datrices privil giant sa r putation ses responsabilit s sociales et rigeant le profit comme valeur capitale En bref pour citer l une des organisations les plus engag es pour la d fense des travailleurs du jouet en Asie le Hong Kong Christian Industrial Committee Disney est Page 2 Jouets de la mondialisation Introduction un excellent exemple pour illustrer le processus et les effets de la globalisation et l impact de cette derni re sur la vie des travailleurs Une visite inhabituelle Ce livre est une visite inhabituelle du monde enchant de Disney et de l industrie du jouet Il ne d nonce pas seulement l exploitation il raconte aussi la r sistance Comment des travailleurs des consommateurs des petits producteurs des actionnaires et des citoyens partout dans le monde s organisent pour changer les r gles du jeu Ce parcours d bute au fin fond des zones industrielles de Chine d Indon sie de Tha lande et d autres pays dont la main d uvre constitue l une des plus importantes ress
225. nt fait partager des exemples de meilleures pratiques Global Compact s est fix comme objectif en 2002 de r colter le soutien de 100 soci t s transnationales et de 1000 entreprises www unglobalcompact org Les entreprises qui ont soumis un rapport d crivant leurs activit s de promotion des principes Global Compact end ans la premi re ann e de fonctionnement sont ABB Aluminium Bahrain Aracruz Celulose Aventis Pharma BASF Bayer BP Amoco British Telecommunications Cr dit Suisse First Boston Daimler Chrysler Deloitte Touche Tohmatsu Deutsche Bank Deutsche Telecom Dupont Esquel Group Gerling Group Groupe Suez Eskom France Telecom ISS LM Ericsson Martha Tilaar Group Nike Novartis Organizacoes Globo Pearson Placer Dom Rio Tinto Royal Dutch Shell Group SAP ST Microelectronics Statoil Tata Iron and Steel UBS Unilever Volvo Global Reporting Initiative GRD est tablie en 1997 Il s agit d un projet de la Coalition pour des conomies responsables sur le plan environnemental CERES bas e aux Etats Unis et du Programme des Nations unies pour l environnement PNUE L initiative est devenue ind pendante en 2002 GRI a d velopp et continue de pr ciser des lignes directrices pour la r daction de rapports sociaux et environnementaux Elle encourage les entreprises fournir au public de l information sur leurs impacts sociaux et environnementaux En date d octobre 2001 GRI avait connaissanc
226. ntent actuellement plus de 10 du PIB les entreprises capitaux trangers emploient moins de 1 de la main d uvre totale M me si l emploi dans les secteurs d exportation domin s par ces entreprises doublait cela ne permettrait d absorber gu re plus qu une fraction de la main d uvre lib r e dans d autres secteurs de l conomie S1 l on ajoute cela les emplois instables la formation minimale des travailleurs et les conditions de travail insoutenables qui r gnent dans les usines l apport des investisseurs trangers au d veloppement conomique d un pays peut s av rer contre productif Les exportations peuvent bel et bien augmenter mais la pauvret ne diminue pas Et quand les investisseurs s envolent vers d autres cieux o les co ts de production sont moindres ils ne laissent au pays d accueil ni technologies ni taxes ni b n fices ni main d uvre qualifi e Des politiques volontaristes Pour que ce type d investissements puisse r ellement contribuer au d veloppement des pays d accueil les gouvernements doivent les contr ler et les s lectionner Il est important d exiger notamment des transferts de technologies et la formation du personnel tous les niveaux l utilisation de mati res premi res locales et bien s r des conditions de recrutement plus strictes pour viter le sacrifice d une g n ration enti re d ouvriers Le miracle asiatique qui a permis 1l y a une trentaine d ann
227. ntertainment Studio pour le d veloppement de jeux interactifs vid o PC Internet 2001 Le chiffre d affaires de la division Produits d riv s s l ve 2 59 milliards de dollars 2002 Disney annonce la fermeture de 50 boutiques sur 693 mais multiplie ses accords de licence avec des firmes globales es 5 Monopoly grandeur nature Comme on l a vu pr c demment au cours des vingt derni res ann es The Walt Disney Company a grandi de mani re exponentielle entrant r solument dans l re des dinosaures ces entreprises d mesur es qui dominent aujourd hui le paysage conomique international M dias monopolis s Page 58 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves En 1995 The Walt Disney Company se propulsa parmi les g ants mondiaux des m dias en rachetant Capital Cities ABC l un des trois plus grands r seaux de t l vision des Etats Unis A l chelle mondiale la derni re d cennie a vu la formation de conglom rats g ants dans le secteur des m dias et des loisirs Ce grand jeu de Monopoly plan taire r duisit radicalement le nombre de joueurs et culmina en janvier 2000 par l annonce du mariage le plus co teux jamais c l br dans l conomie mondiale America Online AOL le premier fournisseur mondial d acc s Internet pousait le g ant des m dias du cin ma et de la musique Time Warner cr ant un groupe de plus de 100 millions d abonn s Eneadr dans
228. nthe des ateliers de production et des cascades de sous traitants permet facilement aux grands du jouet de brouiller les pistes de leur approvisionnement et de se d charger de leurs obligations sur les interm diaires Les listes des sous traitants font d ailleurs partie des secrets les mieux gard s des bo tes jouets transnationales Disney par exemple n a jamais publi aucune liste de ses fournisseurs et d tenteurs de licences De plus comme cela s est produit de nombreuses reprises dans les usines de jouets en Chine cette structure permet aux entreprises de changer rapidement de fournisseur au cas o l un d entre eux ferait l objet d une campagne de d nonciation dans l opinion publique Mais surtout cette strat gie aux effets sociaux d vastateurs incite des milliers d unit s de production de par le monde se mener une concurrence impitoyable ce qui permet aux donneurs d ordre de r duire les co ts de production au maximum Transpos aux quelques 6 000 entit s chinoises de production de jouets et leurs 1 2 million de travailleurs ce syst me permet en raison m me du tr s grand nombre de sites de production de dresser Page 35 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable les producteurs les uns contre les autres dans la course au meilleur prix comp titif de dresser aussi les travailleurs contre les travailleurs d forc s par la collusion entre autorit s et patronat pour augmenter la productivit e
229. nts n utiliseront pas le travail infantile Infantile fait r f rence toute personne de moins de 15 ans ou 14 ans l o les lois le permettent ou si plus l ge minimum l gal d embauche ou l ge d ach vement de la scolarit obligatoire Les fabricants qui emploient des jeunes personnes ne faisant pas partie de la cat gorie infantile devront galement se conformer aux lois et r glementations en vigueur concernant ces personnes Travail involontaire Les fabricants n utiliseront pas de travail forc ou involontaire que ce soit travers incarc ration asservissement contrat de travail obligatoire ou autre Contrainte et harc lement Les fabricants traiteront chaque salari avec dignit et respect et n auront pas recours aux ch timents corporels aux menaces de violence ou toute autre forme de harc lement ou abus physique sexuel psychologique ou verbal Non discrimination Les fabricants ne pratiqueront pas la discrimination en mati re d embauche et de recrutement y compris en ce qui concerne les salaires les avafntages les promotions les mesures disciplinaires le licenciement ou la mise la retraite sur la base de la race la religion l ge la nationalit l origine sociale ou ethnique l orientation sexuelle le sexe les opinions politiques ou les handicaps Association Les fabricants respecteront le droit des salari s s associer s organiser et n
230. ociaux par MIMCO A cette date MIMCO n avait contr l aucun sous traitant Page 81 Jouets de la mondialisation V Code de conduite Hasbro dispose depuis peu de son propre code de conduite qui est relativement faible et vague Hasbro n appr cie pas les interpellations des ONG ce sujet et ne fait preuve d aucune proactivit pour soutenir le respect de son code par ses fournisseurs Hasbro a activement particip l laboration du code d ICTI par l interm diaire de l association am ricaine des producteurs de jouet TIA Disney utilise son Code of conduct for Manufacturers d velopp en 1996 et adapt l ann e suivante pour se conformer au code d velopp par le White House Apparel Industry Partnership Fair Labor Association La compagnie a traduit son code en 50 langues Il est int gr dans les contrats de licence et d approvisionnement de Disney Tel que r dig il fait reposer l enti re responsabilit du respect de ses exigences sur le fabricant Le contr le du respect du code aupr s des producteurs et des d tenteurs de licence fait l objet d efforts soutenus de la part de la soci t nord am ricaine qui utilise parfois les services de soci t s d audit Cependant Disney a une f cheuse tendance r agir la critique manant d organisations non gouvernementales en coupant toute relation avec le producteur montr du doigt McDonald s a d velopp son propre code de conduite
231. on passer tout son temps dans un magasin de jouets Je suis incapable d en choisir un plut t que l autre ils sont tous fabuleux et je suis tellement excit que j en perds le sommeil Entre l ouvri re indon sienne de 20 ans qui coud des crini res de lion de huit heures du matin huit heures du soir et le petit Europ en qui tiendra la peluche dans ses bras les jouets accomplissent g n ralement un parcours particuli rement complexe il implique des dizaines d acteurs situ s sur des continents diff rents et agissant au sein de structures distinctes Dans le d dale de la sous traitance Quand nous visitons l usine PT Karma 60 Km de Jakarta en Indon sie ce sont des personnages de Disney qui d filent sur la ligne de production Cette usine emploie 600 ouvriers principalement des femmes qui fabriquent des jouets en peluche C est une entreprise capitaux indon siens qui produit exclusivement pour l exportation D apr s son directeur l entreprise compte quelques clients directs principalement aux Etats Unis Mais quand les affaires vont mal comme c est le cas depuis le 11 septembre il est contraint d accepter des contrats de sous traitance comme pour ces personnages de Disney Nous produisons ces jouets pour une usine plus importante PT Yami situ e quelques dizaines de kilom tres d ici Sur ces produits notre marge b n ficiaire est extr mement faible Si Disney nous commandait directement la marchan
232. on s lectionn es pour permettre une vision plus exacte des conditions de travail et tablissement de pratiques permettant d assurer aux travailleurs un revenu minimum vital En 1997 et 1998 la r solution obtenait 8 des 35 millions de voix un autre 8 s abstenant A chaque fois Disney conseillait ses actionnaires de voter contre cette r solution Mais par leur pers v rance les organisations porteuses de cette r solution ont r ussi entrer en dialogue avec Disney pour tenter de construire avec la compagnie un syst me de contr le ind pendant susceptible d apporter une information objective sur le mise en uvre du code Page 104 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux de conduite et son impact sur les conditions de travail dans les usines qui produisent des biens de consommation de la marque Disney Voir galement ce sujet le chapitre 5 2 Faire voluer le droit Parall lement aux actions de consommateurs de travailleurs d actionnaires il faut d velopper de nouveaux m canismes l gaux capables de r pondre aux enjeux li s au respect des droits fondamentaux des travailleurs dans une conomie globalis e Apr s le consommateur le travailleur l actionnaire cette fois c est le citoyen qui est directement concern Mais comment aujourd hui juger et sanctionner les entreprises transnationales pour des violations des droits humains sociaux ou environnementaux l
233. onal de l industrie du jouet ICTD 5 La volont affich e par ICTI est de permettre en particulier aux petites entreprises de se r f rer des standards harmonis s et d obtenir d ventuels soutiens pour les mettre en uvre Toutefois le risque est r el que des entreprises transnationales tirent profit de cet effort d harmonisation pour diminuer leurs exigences en mati re de respect des droits sociaux Du c t de la f d ration sectorielle ICTI le Conseil international de l industrie du jouet travaille la d finition d un code de conduite depuis 1995 La derni re version publi e de son code date de juin 2001 Les plus importantes f d rations nationales de producteurs de jouets y compris les f d rations europ enne et am ricaine l ont adopt Sa mise en uvre correspondrait globalement une am lioration des conditions de travail g n ralement observ es dans l industrie du jouet les crit res inclus dans le code sont relativement faibles par rapport d autres codes du secteur Seule l interdiction du recours au travail d enfants y fait l objet d une r f rence des conventions de l OIT La libert syndicale des travailleurs est quant elle laiss e l appr ciation de la loi locale En parall le ce code ICTI a d velopp des outils de mise en uvre et de contr le destination de ses membres et pr voit des formations l intention des f d rations d industries ou du p
234. onale num ro un de l industrie du jouet Elle devient actionnaire de Mattel Marie Claude ne ch me pas Elle voyage en Chine au Mexique Elle y rencontre des travailleurs de Mattel sur leurs lieux de travail et de vie Elle interpelle le Pr sident et le Directeur ex cutif de Mattel propos des pratiques de l entreprise et de leur impact sur les conditions de travail Trois ann es successives en 1999 2000 et 2001 elle soumet la m me proposition de r solution lors de la r union annuelle des actionnaires de Mattel exigeant de la part du Conseil ex cutif d informer le public tous les 6 mois sur les progr s atteints dans la mise en uvre du code de conduite de Mattel ses Global Manufacturing Principles et sur les am liorations des conditions de travail des employ s de Mattel et de ses sous traitants qui en r sulteraient Cette proposition semble tr s modeste et inoffensive raconte Marie Claude Mattel essaya pourtant d emp cher sa pr sentation en assembl e Et lorsqu il en est finalement contraint par l institution de recours le conseil d administration recommande aux actionnaires de s y opposer L assembl e des actionnaires rejette la proposition par 96 Page 103 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux des votes en 1999 85 en 2000 alors que Mattel enregistrait des r sultats financiers d sastreux et 88 en 2001 Mais Marie Claude est loin de se d courager El
235. onduite En Indon sie et en Tha lande bien que la libert syndicale soit consid r e comme acquise son exercice est aujourd hui mis en p ril Et ces deux pays ne font pas exception Partout dans le monde des syndicalistes sont menac s emprisonn s parfois assassin s L Europe n y chappe pas non plus Le droit de gr ve y est galement mis mal l occasion par exemple des poursuites judiciaires qu intentent de plus en plus fr quemment des employeurs pour exiger des astreintes Mondialisation oblige lorsque la libert syndicale est r prim e dans un pays les travailleurs en subissent les cons quences dans le monde entier Les entreprises transnationales tendent produire dans les pays o les contraintes sociales sont les plus faibles faisant ainsi pression sur les acquis sociaux partout dans le monde dans les pays riches comme dans les pays pauvres L indiff rence n est par cons quent pas de mise car m me si la solidarit n est autre que l expression de l int r t bien compris de chacun elle est devenue imp rative Mettre les entreprises transnationales devant leurs responsabilit s Il faut chercher des solutions Et les chercher ensemble au Nord et au Sud Les questions qui se posent aujourd hui sont nombreuses Peut on tirer du nouveau credo de la responsabilit sociale des entreprises autre chose qu une privatisation du progr s social Peut on construire un syst me l gal capable de pours
236. ong Kong et y d localiser leurs activit s manufacturi res Pour les entreprises am ricaines il ne s agissait pas l de leur premier d m nagement d s les ann es 60 elles avaient d j transf r une partie de leur production au Japon Leur deuxi me arr t fut donc Hong Kong en raison des faibles co ts de production et de main d uvre Par la suite les entrepreneurs de Hong Kong prirent progressivement le relais des multinationales en fournissant eux m mes leurs propres infrastructures Les entreprises transnationales bas es aux Etats Unis au Japon et en Europe purent d s lors se contenter de passer commande aupr s d entreprises locales sans assumer les risques et les co ts li s aux investissements productifs En se d gageant de la sorte des activit s manufacturi res elles purent se concentrer sur le d veloppement de nouveaux produits la commercialisation la propri t de nouvelles marques et bien s r le look et l expansion de leurs empires Par ailleurs ce syst me donnait aux entrepreneurs de Hong Kong l occasion d exporter leurs produits sans devoir en assurer la commercialisation Au d but des ann es 80 Hong Kong comptait quelque 2 200 usines de jouets employant 51 716 travailleurs Mais progressivement l instar de Ta wan Singapour et la Cor e du Sud Hong Kong restructura son conomie vers des activit s forte valeur ajout e et haut niveau technologique Quand les salaires et les co ts de prod
237. ong Kong le 18 juillet 2002 lors d une entrevue avec des repr sentants du Hong Kong Toys Council et du Toy Manufacturers Association of Hong Kong dans le cadre de la Table ronde sur l valuation et les perspectives strat giques de la campagne Jouet organis e par Hong Kong Industrial Comittee et Asia Monitor Resource Center Page 24 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi 8 Le droit chinois fixe la semaine de travail 40 heures Les heures suppl mentaires ne peuvent exc der 36 heures par mois ou 3 heures par jour Les travailleurs doivent b n ficier d au moins une journ e de cong par semaine Preliminary findings and recommendations Workers Rights Consortium 26 mars 2002 www workersrights org 20 A CHAN op cit p 129 l Preliminary findings and recommendations op cit 77 A CHAN op cit pp 56 et 63 7 Propos recueillis dans la r gion de Djakarta le 2 mai 2002 A CHAN op cit p 149 Entretien avec May Wong coordinatrice de Asia Monitor Resource Center Hong Kong Bangkok le 21 juin 2002 How Hasbro McDonald s Mattel and Disney manufacture their toys op cit p 21 7 I1 sera longuement question de cette coalition dans le chapitre 4 Page 25 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable IL De l usine au bac sable La fili re de production des jouets Michael Eisner a un jour compar sa nomination au poste de PDG de Disney une invitati
238. ort de force Etn dePeneadr R ves fracass s C est g n ralement la mis re de la vie rurale qui pousse les jeunes villageois sur le chemin des usines des centaines des milliers de kilom tres de chez eux Et m me si les conditions de vie que leur offrent les zones industrielles sont peine supportables elles constituent parfois une am lioration par rapport la pauvret rurale A l usine ce n est pas trop mal Nous avons trois repas par jour et nous travaillons douze heures par jour crivait Xinfeng ouvri re chinoise dans une lettre adress e sa tante Mais elle ajoutait ensuite Je suis si g n e J ai quitt la maison et je travaille depuis six mois et je n arrive m me pas gagner assez pour vivre Cette lettre ainsi que bien d autres bribes de vies a t retrouv e dans les d combres de l usine Zhili Shenzhen d truite par le feu en 1993 causant la mort de 87 ouvri res Page 11 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Souvent les r ves d mancipation des migrants se fracassent sur la r alit d un travail harassant avilissant et mal r mun r Chunzhi autre ouvri re du jouet l exprime comme ceci Je d teste tre ici et Je ne pourrais pas supporter un jour de plus Quand on tait la maison on r vait de cet endroit magnifique Mais quand on est arriv ici on a vu ce que c tait Je regrette vraiment d tre venue Cette m me d sillusio
239. ortation est d am liorer les revenus dans le secteur agricole par une augmentation de la productivit Partout dans le monde de nombreux mouvements de petits et moyens paysans r clament la mise en uvre de politiques qui leur permettraient de vivre dignement l acc s la terre et la formation le contr le des ressources naturelles par les communaut s l acc s des technologies appropri es tout comme le droit pour un pays de se prot ger contre la concurrence des produits agricoles import s qui inondent les march s C est parce que le sort des travailleurs de l industrie est intimement li celui des agriculteurs que ces secteurs apparemment si diff rents se retrouvent aujourd hui au sein des m mes r seaux altermondialistes Contr ler les investissements trangers Comme on l a vu pour l industrie du jouet les pays du Sud se livrent une concurrence implacable pour attirer les investissements trangers directs principalement dans le domaine de l industrie d exportation forte intensit de main d uvre mais aussi dans certains cas pour le march local Par exemple une partie de plus en plus grande des investissements trangers directs provenant des pays industrialis s en Chine cherche p n trer l immense march chinois Ce type d investissement est pr sent comme le rem de miracle au sous d veloppement Il vous suffit d ouvrir vos march s de convaincre les investisseurs de s installer chez v
240. ouets non m diatis s jouets en bois par exemple ou de rejoindre un groupement d achats Ensuite les grands distributeurs sont en mesure d imposer des exigences toujours plus strictes aux importateurs de jouets grandes marques fabricants Carrefour par exemple exige des importateurs qu ils garnissent eux m mes les rayons qu ils payent pour des emplacements dans les prospectus de promotion etc Pour des entreprises comme Disney l importance croissante des g ants de la distribution signifie une rosion de son pouvoir de n gociation En effet la force de Disney en ce qui Page 40 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable concerne ses produits d riv s r side dans sa pr sence dans de nombreux rayons chaussures v tements jouets ce qui lui donne une grande visibilit Mais dans chacune de ces fili res en raison notamment de son caract re v nementiel le g ant des loisirs n est pas en mesure de fournir en permanence les gammes compl tes de marchandises que r clament les grands magasins Par exemple Disney produit des jouets pour les enfants de 2 6 ans alors que Mattel ou Hasbro offrent des jeux pour tous les ges Carrefour pr f rera donc s approvisionner aupr s de ces multinationales du jouet dont l ventail est plus large Cela pousse Disney octroyer des licences Mattel Hasbro et Tomy Par ailleurs le poids des distributeurs est tel qu ils tendent aujourd hui n
241. ources naturelles L des ouvri res de vingt ans s puisent jour et nuit produire des jouets destin s principalement l exportation vers les pays riches Elles survivent plus qu elles ne vivent soumises des cadences de production intenables une ins curit permanente des conditions de vie sordides et surtout des salaires qui ne leur permettent pas de nouer les deux bouts Chapitre 1 Nous poursuivrons en remontant la fili re de production du jouet Alors nous d couvrons une structure pyramidale contr l e au sommet par une poign e de g ants situ s dans les pays d velopp s tels que Mattel Hasbro Banda Disney McDonald s ainsi qu une poign e de grands distributeurs comme Wal Mart et Carrefour Ceux ci proc dent une vaste division du travail l chelle mondiale conservant les activit s haute valeur ajout e la cr ation la distribution et d l guant les tapes moins rentables de la logistique la production une cascade de sous traitants et d interm diaires dans les nouveaux pays industrialis s ou dans les pays en d veloppement Tout au bout de la cha ne on retrouve le maillon le plus exploitable de la grande conomie mondiale des millions de jeunes femmes d origine rurale doublement marginalis es comme travailleuse et comme femme Au sommet les salaires sont mirobolants Le PDG de Disney gagne quelque 738 millions de dollars par an alors que pour atteindre une telle somme une o
242. ous et progressivement vous allez grimper les chelons du d veloppement industriel promettent en substance les chantres de la mondialisation n olib rale Page 118 Jouets de la mondialisation VIL Ecran g ant Le probl me explique Jacques Chai Chomthongdi c est que m me quand ils parviennent attirer les investisseurs les pays du Sud n en tirent parfois aucun b n fice Quand les capitaux les mati res premi res et les technologies sont import es les profits ne restent pas dans le pays d accueil ils sont en grande partie rapatri s vers le si ge des entreprises multinationales Ce type d investissements cr e alors des lots ne contribuant pas au d veloppement de l conomie dans son ensemble D autre part les grandes campagnes de s duction des investisseurs co tent cher aux pays d accueil construction de routes et de b timents vacances fiscales etc Tout cet argent pourrait tre orient vers des programmes sociaux ou m me vers le d veloppement d une infrastructure conomique locale beaucoup plus profitable long terme De plus contrairement aux id es re ues cette strat gie dans de nombreux cas n est pas cr atrice d emplois D apr s un rapport de la CNUCED sur les cons quences de l accession de la Chine l OMC Il est peu probable que les investissements trangers directs entra nent la cr ation d un grand nombre d emplois bien que leurs exportations repr se
243. partie d finit les proc dures de contr le ind pendant C est elles qui font l objet de plusieurs projets pilotes Depuis 1999 V tements Propres et SOMO coordonnent des changes d informations et d exp riences entre des projets impliquant des distributeurs et des marques aux Pays Bas au Royaume Uni en Su de en France et en Suisse Une quinzaine de distributeurs et de marques participent ces projets Ceux ci se d veloppent selon diff rents mod les et diff rentes structures mais les parties prenantes changent et discutent leurs exp riences de mani re permanente en poursuivant les m mes objectifs Au bout du compte il s agit de d finir un ou plusieurs syst mes efficaces de contr le interne et de v rification ind pendante et de d terminer des processus de mise en conformit vis vis du code En juillet 2002 seul le projet su dois est arriv terme et propose une structure de contr le interne et de v rification Les autres projets sont toujours en cours mais des enseignements peuvent d j en tre tir s Par exemple la n cessit de d finir un syst me de management qui permette la collecte d informations au niveau des distributeurs et des fournisseurs et qui r ponde aux besoins d information et d ducation de tous les acteurs des acheteurs aux travailleurs des unit s de production en passant par les directions des usines sous traitantes L enjeu est crucial Les proc dures de contr
244. pital de d part provient du pays de production tout comme d ailleurs la mati re vive d une telle industrie la main d uvre et la cr ativit Ici ni Mickey ni Minnie mais une myriade de petits animaux Anomali qui ont tous une histoire bien enracin e dans le parcours de leurs inventeurs Vous voyez ce crocodile Regardez le bien il porte une tenue de camouflage militaire Nous l avons cr aux pires moments de la dictature quand les militaires faisaient r gner la terreur Au pied d un volcan endormi Aruna Arutala rappelle que m me dans le secteur des jouets d exportation la production dans le respect des travailleurs de l environnement des communaut s et de l histoire locale n est pas une utopie Aruna Arutala est l un des partenaires des Magasins du Monde Oxfam et de plusieurs organisations du commerce quitable en Europe Lin de L j Page 122 Jouets de la mondialisation VIL Ecran g ant D velopper les conomies locales Finalement la cr ation d un libre march l chelle mondiale entra ne les conomies de nombreux pays en d veloppement dans la logique du tout l exportation Les pays producteurs deviennent alors extr mement d pendants du march global et de facteurs sur lesquels ils n ont aucun contr le Par exemple d apr s les pr visions actuelles l accession de la Chine l OMC fin 2001 ouvre un nouvel eldorado pour les investisseurs trangers Mais pour des pays comm
245. pressives l gard de travailleurs cherchant s organiser en un syndicat diff rent de SPSI Interf rence intimidation menaces de licenciement et de fermeture de l usine suspensions sont quelques unes de ces pratiques La direction a m me t jusqu confiner une sympathisante syndicale durant 2 semaines dans un cachot La travailleuse devait rester totalement isol e durant toute la journ e de travail de 8 12 heures d affil e dans une petite pi ce sans fen tre et sans ventilation Elle tait sous la Page 96 Jouets de la mondialisation VI En Indon sie l mergence de syndicats libres surveillance de gardiens et recevait de la nourriture et de l eau de mani re irr guli re 5 i i 12 devant parfois passer la journ e sans se nourrir ni boire Lip de L I Comme pour confirmer encore cette tendance lourde la Chambre des Repr sentants adoptait en 2000 la loi sur les syndicats 21 2000 entr e en vigueur en ao t de cette m me ann e Les syndicats et les organisations de travailleurs s y taient fermement oppos s estimant que la loi criminalise l action syndicale et les syndicalistes Surya Tjandra et Rita O Tambunan de l Institut d aide judiciaire de Jakarta commentent cette nouvelle loi et ses implications sur l action syndicale Toute action syndicale ayant un motif politique est ill gale La nouvelle loi limite strictement l exercice de l action syndicale la repr s
246. qui n est pas sp cifique la production de jouets Tel que r dig il fait reposer l enti re responsabilit du respect de ses exigences sur le fabricant La soci t r alise des contr les elle m me ou avec le concours de soci t s d audit Loin de d montrer sa responsabilit sociale en 2000 McDonald s a r agi un rapport faisant tat du recours au travail d enfants de moins de 16 ans en coupant ses relations avec le producteur concern menant ainsi la fermeture de 4 unit s de production et au licenciement de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs Du c t des distributeurs Toys R Us la premi re cha ne mondiale de distribution sp cialis e de jouets qui n est plus pr sente en Belgique est signataire de la SA8000 et fait partie de son comit de pilotage voir encadr Il a d velopp son propre code soumis la signature de tous ses fournisseurs Ce code int gre l ensemble des droits sociaux fondamentaux tout en ne faisant pas r f rence aux conventions de l OIT Environ 300 audits sociaux r alis s par une soci t accr dit e SA8000 ont t programm s en 2001 Toys R Us soutient la mise en uvre de plans d accompagnement chez des fournisseurs Carrefour a d velopp une Charte fournisseur qui reprend les conventions fondamentales de l OIT et qui s applique l ensemble de ses produits L entreprise a labor son propre syst me de contr le qui repose sur une
247. r D sormais une marque dominante sur le march mondial permet non seulement son d tenteur de vendre ses produits beaucoup plus cher que ce qu ils valent mais elle lui permet aussi de vendre n importe quoi Nike imprime sa marque sur des sous v tements et organise des croisi res tandis que Disney colle son nom sur des v tements des bo tes tartines et des couvre lits sur des meubles et sur des brosses dents Ainsi quand les professionnels du marketing visent les m mes ils esp rent que leurs marques apprises en m me temps que les lettres de l alphabet resteront accroch es leurs basques tout au long de leur vie Au fil des saisons ils pourront alors leur balancer toute une gamme de produits de consommation voluant au gr des modes Et comme la nostalgie du temps des culottes courtes est un march porteur les marques de l enfance ont de beaux jours devant elles Mattel estime que plusieurs millions de femmes adultes aux Etats Unis poss dent des Barbies Et les parcs th me de Disney attirent aujourd hui plus d adultes que d enfants En outre en entrant dans les foyers par leur plus petite porte les marchands de marques esp rent atteindre le c ur de toute la famille entra nant les parents dans la consommation des produits griff s En France l Institut de l enfant estime qu environ 45 de la consommation familiale est plus ou moins directement influenc e par les d sirs enfantins C est comme cela que l en
248. rarement l occasion d en soup onner l existence Elles n identifient pas les autorit s publiques comme gardiennes de la loi et protectrices de leurs droits Les syndicats elles en ont peine entendu parler Et si elles per oivent leur action c est souvent sans aucune relation avec leur quotidien de travailleuse Les inspecteurs envoy s par les clients de l usine et sens s contr ler les conditions de travail elles en rient racontant les consignes donn es par le contrema tre pour tromper les r sultats de la visite Quant aux consommateurs qui veulent acheter des produits fabriqu s dans le respect des travailleurs elles en restent sid r es 1 Les ouvri res du jouet Filles des campagnes Les femmes repr sentent la quasi totalit des travailleurs qui produisent des jouets pour l exportation dans les usines des pays en d veloppement La main d uvre f minine est plus pr cise plus adroite affirment souvent les employeurs Mais les syndicats ajoutent aussi qu elle est plus soumise et moins encline la r volte D autre part dans plusieurs pays asiatiques les familles pr f rent envoyer leurs filles au turbin et garder leurs fils la maison leur permettant ainsi de poursuivre des tudes Dans les pages qui suivent en raison de cette massive pr sence f minine nous parlerons d lib r ment des ouvri res pour d signer l ensemble de la force de travail dans le secteur du jouet La plupart des ouvri re
249. re 1991 et 1997 la valeur des royalties pay es aux entreprises am ricaines a doubl atteignant une somme s levant plus de 33 milliards de dollars par an Le renforcement des droits de propri t intellectuelle est aussi l une des raisons qui pouss rent The Motion Picture Association of America le lobby de l industrie du cin ma aux Etats Unis mener campagne pour l entr e de la Chine dans l OMC L accession de la Chine l OMC nous aidera clairement faire avancer notre business d clarait le porte parole de cette association lors d une audience publique une commission du Congr s am ricain Il insista galement sur le fabuleux march que repr sente un pays d un milliard de consommateurs potentiels Page 57 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves Une telle ardeur des multinationales d fendre leurs droits de propri t intellectuelle contraste de mani re flagrante avec leur peu d empressement respecter et r guler d autres droits les droits des travailleurs de vivre dignement comme celui des consommateurs la diversit culturelle Le z le de l OMC prot ger les marques et les autres formes de propri t intellectuelle tout en ignorant les droits des travailleurs fit dire Bill Jordan pr sident le la Conf d ration internationale des syndicats libres que Mickey Mouse a maintenant davantage de droits que les travailleurs qui produisent des jouets pour Ac
250. recherche d une main d uvre peu qualifi e bon march Eneadr Les zones franches d exportation Un far west industriel La voiture passe le poste de contr le de la rue priv e gard e par le service de s curit de la zone industrielle La route avance toute raide dans un paysage lunaire parsem d usines neuves encercl es de murs blancs et de barbel s On dirait des prisons Il s agit d investissements de Hong Kong Tha lande Ta wan ou Singapour En tout soixante deux entreprises sous traitent pour des grandes marques de v tements ou d autres produits forte intensit de main d uvre peu qualifi e Aux ateliers succ dent les dortoirs des ouvriers de petites chambres qu ils partagent quatre ou cinq pour conomiser sur le loyer Pas un arbre Quelques choppes en t le ondul e vendent de la soupe aux nouilles des sucreries et des bijoux de pacotille Un billard Une sonnerie retentit On dirait la sortie d un lyc e mais c est celle de l usine Des milliers de jeunes femmes entre 14 et 25 ans se pr cipitent vers la cantine pour engloutir un repas Dans cette zone sp ciale compl tement priv e la police n entre pas Les services de s curit des entreprises se chargent de maintenir l ordre et de mater les gr ves C est un v ritable far west industriel Nous sommes dans la zone de Way Sring dans la banlieue de Phnom Penh au Cambodge Mais quelques nuances pr s nous pourrions tout aussi bien tre au Ni
251. remier dessin anim parlant de l histoire de l humanit Quelques ann es plus tard Disney produisit le Page 47 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves premier Mickey en couleur et en 1937 il r alisa le premier long m trage d animation inspir d un conte de Grimm Blanche Neige et les sept nains Succ s ph nom nal le film fit le tour du monde et fut traduit en 19 langues Ce fut le d but de la grande aventure De nombreux dessins anim s suivirent comme Pinocchio Fantasia Dumbo Au d but des ann es quarante la companie Walt Disney Production tait devenue une institution de r putation mondiale employant plus d un millier d animateurs Les marchandises Par ailleurs au d but des ann es trente Disney commen a octroyer des fabricants le droit de reproduire ses personnages sur des marchandises courantes A la veille de la seconde guerre mondiale cela rapportait d j la compagnie plus de 2 5 millions de dollars en royalties A cette poque galement paraissaient en Italie et en France les premi res publications inspir es des dessins anim s Le cin ma Au d but des ann es quarante suite un conflit syndical qui l opposa ses dessinateurs voir le chapitre 6 Walt Disney se d sint ressa du studio d animation et diversifia ses activit s Il r alisa une s rie de films animaliers des films d aventure traditionnels comme 20 000 lieues sous les mers ou Davy Crock
252. res responsables les nouveaux venus Un tour du c t de notre argent Les fonds thiques d investissement de pension ou d assurance vie ont aujourd hui la cote Et c est tant mieux autant que notre argent b n ficie au d veloppement d activit s conomiques qui correspondent aux valeurs que nous voulons promouvoir Certains font un pas de plus en devenant des actionnaires responsables Ils investissent dans une soci t afin d utiliser leur pouvoir d actionnaire pour tenter d en influencer positivement les pratiques Marie Claude Hessler agit ainsi en tant qu actionnaire individuelle de Mattel D autres actionnaires choisissent de rejoindre des groupes repr sentants leurs pr occupations tels que la Fondation As you sow au sein de l assembl e g n rale des actionnaires Disney Marie Claude Hessler actionnaire activiste de Mattel En 1997 Marie Claude tombe sur un rapport de l association fran aise R seau Solidarit d crivant les conditions de travail dans l industrie du jouet en Asie du Sud Est Elle r agit au quart de tour Il fallait faire quelque chose J avais trois atouts Je suis juriste javais du temps et J avais la chance de disposer de suffisamment d argent pour payer mes d penses En d autres termes j tais totalement libre de faire ce que je voulais quand je le voulais et de la fa on dont je le voulais Et elle d cide de se concentrer sur une seule entreprise transnati
253. rette avec un soin m ticuleux elles souffrent galement d un acc s limit l eau courante et au confort le plus l mentaire Quant aux travailleuses du jouet tha landaises beaucoup d entre elles peuvent rentrer chez elles car elles proviennent des bourgades avoisinantes Aussi bien sur le plan social Page 19 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi qu conomique cela constitue un grand avantage par rapport au d racinement des ouvri res migrantes Mais le co t des transports et surtout leurs horaires de travail impossibles compliquent davantage leur quotidien Mme Ha Hua Mattel et Hasbro Chine Ces jours ci nous travaillons jusqu onze heures du soir De retour au dortoir on doit faire la file pour prendre une douche et faire notre lessive On ne peut aller dormir que vers deux heures du matin Le lendemain il faut se lever six heures trente pour le petit d jeuner et aller au travail sept heures trente Comment pourrions nous dormir suffisamment Au travail les odeurs chimiques sont fortes et on peut voir des poussi res de peinture partout Quand je suis arriv e ici tous les jours j avais envie de vomir Durant le premier mois j avais tout le temps mal l estomac et la t te me tournait Notre travail est pay la pi ce donc on veut toutes en faire le plus possible Nous avions un meilleur prix pour notre travail l ann e derni re C est bien pire cette ann e Je travaille to
254. rfois le r engagement d un travailleur licenci tout cela est loin d tre exaltant Jusqu pr sent en Europe l exercice le plus simple du droit syndical suffit souvent pour obtenir de telles am liorations Il n est que rarement n cessaire d ameuter l opinion Bref tout cela justifie t 1l le branle bas de combat d ploy au sein de campagnes men es parfois simultan ment dans de nombreux pays Oui Ne fut ce que parce que ces r sultats montrent qu il y a une marge de man uvre les entreprises transnationales sont sur la d fensive Ensuite parce qu ils r v lent l ampleur du gouffre entre la situation d une grande partie des travailleurs en Europe et celle de leurs coll gues l autre bout du monde Mais ces r sultats montrent aussi la n cessit de poursuivre un travail de fond de construire des alliances et de chercher chaque tape les moyens de consolider les acquis en les traduisant progressivement en r gulation contraignante Passer des bonnes intentions au droit n est ce pas ainsi que se forge un r el progr s social 1 Travailler en convergence ONG et syndicats m me combat Les syndicats sont et doivent rester les interlocuteurs incontournables du dialogue social Ils jouent un r le majeur dans la d fense des droits des travailleurs Ils participent la mobilisation du public sur les questions conomiques et sociales Cette mobilisation n est cependant plus aujourd hui
255. rie une mont e en puissance du travail informel et une importante perte de pouvoir d achat des travailleurs Cela ne facilite pas l organisation des travailleurs en syndicats D autant plus que pour tenter de sortir de la crise le gouvernement mise sur la flexibilisation du travail le maintien de bas salaires et la limitation de l exercice de l action syndicale Il a ainsi de plus en plus souvent recours au Labour Relations Act un texte de loi qui date de 1975 et qui diminue consid rablement le rapport de force syndical Il autorise par exemple les employeurs remplacer les travailleurs gr vistes Au sein de la Thai Labour Campaign syndicats et organisations tha landais proposent d autres solutions la crise bas es sur la consolidation d une force de travail nationale et d une consommation interne Poursuivant leurs efforts sur le terrain de la s curit et de l hygi ne ils m nent aussi campagne pour le retrait du Labour Relations Act et le plein exercice de la libert syndicale Parall lement 1ls revendiquent la mise sur pied d un syst me d indemnisation de ch mage et l augmentation du salaire minimum l gal La partie continue Formation des travailleurs d fense de la libert syndicale initiatives sur le plan l gal et influence sur les politiques d achat des distributeurs et des marques voil un beau programme pour au moins quelques ann es de campagne de plus En se fiant ou non aux codes de co
256. rimant propos de la r alit chinoise vos capacit s d action sont limit es parce que vos organisations ne sont pas en contact direct avec les travailleurs concern s Mais vous pouvez faire pression sur les distributeurs et les marques exiger de l information exiger la participation des travailleurs aux processus de contr le des codes de conduite Dans le Sud c est l inverse nous sommes en contact avec les travailleurs mais nous manquons de moyens de pression sur les propri taires d usine pour qu ils nous permettent de former les travailleurs leur expliquer ce qu est un code de conduite ce que signifient la s curit et l hygi ne sur les lieux de travail Les distributeurs et les marques peuvent influencer les producteurs pour nous ouvrir les portes des usines En Chine des exp riences de formation des travailleurs la s curit et l hygi ne sont men es depuis 2001 dans des secteurs industriels voisins de la production du jouet Il ne s agit encore ce stade que de quelques projets pilotes Mais tous n cessitent l implication des distributeurs et des marques en tant que facilitateurs initiaux du processus D j une formation de ce type a conduit la cr ation d un comit de s curit et d hygi ne dans une usine ouvrant ainsi un espace de participation pour les travailleurs relate Chan Ka Wai En Tha lande la crise de 1997 a provoqu des licenciements massifs dans l indust
257. rme de prendre en charge collectivement l ensemble de l atelier Nous nous sommes vite rendus compte que si nous voulions changer les conditions de base nous devions vivre avec les gens travailler avec eux cr er une communaut de menuisiers plut t qu une entreprise avec un patron et des ouvriers Aruna Arutala cultive le sens de la responsabilit de la coop ration et du travail bien fait Nous sommes tous responsables de la production de ce petit canard en bois que tu vois l Cela Page 121 Jouets de la mondialisation VIL Ecran g ant nous donne la conscience de r aliser quelque chose tous ensemble un produit dont nous pouvons tre fiers et qui nous permet de vivre dignement Les ouvriers occupent tour de r le diff rentes responsabilit s au sein de l atelier Ils apprennent progressivement plusieurs t ches allant du maniement des machines la peinture la main de la finition au suivi administratif et commercial des commandes Contrairement aux ouvriers des grandes usines de jouets ils ne restent pas encha n s une fonction r p titive pour toute la dur e de leur contrat Rodhyati une femme de 35 ans vient d tre lue la t te de l atelier Elle a appris le travail du bois des rudiments d anglais et le maniement de l ordinateur Aruna Arutala Maintenant elle s essaye la gestion d une quipe Dans une soci t patriarcale comme celle des campagnes javanaises peu de femmes ayant quitt l
258. rmet de s initier la coop ration ou de s ouvrir d autres apprentissages simplement un jouet amusant n est ce pas pr f rable la derni re figurine de dessin anim achet e par automatisme et qui sera pass e de mode la prochaine sortie cin ma Echanger les jouets louer les jeux dans des ludoth ques proc dent aussi de la m me d marche celle qui consiste ne plus encourager une consommation porteuse d in galit s Et au del de notre r le de consommateur responsable il est important de s engager pour r clamer au monde politique d assumer la d fense de l int r t public et de r sister l h g monie de la sph re conomique Puzzle jeu de l oie ou partie d checs Il n y a pas de r ponse unique pour promouvoir le respect des droits des travailleurs A chacun d y contribuer sa fa on Pour nous guider dans cette recherche cet ouvrage nous a apport trois certitudes D abord les dizaines de millions de travailleuses du jouet en Chine en Indon sie ou en Tha lande ont des visages des motions et des droits Ensuite o que nous soyons nous ne voulons pas tre r duits un simple r le de producteur ou de consommateur docile sur le grand march mondial Et finalement devant le terrible m pris dont font preuve les entreprises vis vis des ouvriers et du public en g n ral il appara t clairement que le monde enchant de Walt Disney m existe pas TV SHIVA response to Ox
259. s soupire un producteur de jouets pour Disney en Chine Les ouvri res n ont pas la libert de refuser ces rythmes infernaux M Tam Tomy Tha lande Ceux qui travaillent la nuit doivent apporter leur nourriture et manger l atelier Quand ils ont faim ils doivent manger en travaillant Ils ne font pas de pause S ils doivent aller aux toilettes ils doivent en aviser le superviseur pour que celui ci surveille la machine sinon ils commettent une faute Si le superviseur leur impose une seconde p riode de travail ils doivent travailler pendant 16 heures sans repos Pas question de n gocier a cr erait des probl mes Mais dans un sens les travailleurs aiment a car cela leur permet de gagner plus Pourtant si on leur demande de travailler comme a tous les jours ils peuvent d truire leur sant En Chine d apr s les associations de d fense des travailleurs les lois sur le temps de travail et les compensations des heures suppl mentaires sont assez favorables aux ouvri res Cependant elles sont rarement appliqu es Bien qu il soit difficile de comparer avec pr cision la situation dans les diff rents pays exportateurs il semble que ce soit en Chine que les ouvriers soient soumis au nombre le plus hallucinant d heures suppl mentaires Selon des repr sentants des producteurs de jouets de Hong Kong 72 heures par semaine est une dur e de travail raisonnable durant les 5 mois de la p riode de pointe Pourta
260. s de l Page 18 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Ses compagnes taient d j endormies quand Li commen a tousser et cracher du sang Elles la retrouv rent quelques heures plus tard recroquevill e sur le sol des toilettes geignant et saignant du nez et de la bouche Elle mourut avant que l ambulance n arrive Elle avait 19 ans La cause exacte de la mort de Li reste inconnue Pour sa famille ses amis et ses coll gues dans cette ville de Guangdong ce qui est arriv Li en novembre 2001 est un exemple de ce que le journal chinois le plus audacieux appelle guolaosi mort de trop travailler et qui touche les jeunes travailleurs qui s effondrent soudain apr s de trop longues heures l usine jour apr s jour La plupart de ces d c s ne sont pas document s et l on sait peu de choses sur leurs causes mais les journalistes locaux estiment que ce syndrome tue des dizaines de personnes chaque ann e dans les zones industrielles du sud de la Chine Extrait d un article de P Pan A new syndrome faces China s laborers overwork death The Washington Post le 14 mai 2002 Lie de L b Conditions de vie sordides Les ouvri res du jouet vivent le plus souvent proximit des usines ce qui les rend disponibles 24 heures sur 24 pour r pondre aux exigences de la production En Chine elles sont g n ralement log es dans des dortoirs appartenant l entreprise qui les emploie
261. s de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux le droit l galit de traitement et une r mun ration gale pour un travail de valeur gale Conventions 100 et 111 un ge minimum pour travailler Convention 138 abolition du travail forc Conventions 29 et 105 En 1998 l OIT avec le soutien des pays industrialis s a adopt une nouvelle D claration des principes et des droits fondamentaux du travail Cette d claration a initi une campagne de ratification au terme de laquelle l OIT esp re que tous les gouvernements de ses Etats membres auront ratifi les conventions de base Mais au del de la ratification l OIT ne dispose que de peu de moyens pour surveiller et soutenir les pays qui d sirent mettre en uvre ses conventions C est dans ces missions premi res qu elle doit d abord tre renforc e Les rapports entre le commerce et les conditions de travail impliquent par ailleurs la recherche de m canismes permettant d assujettir les r gles du commerce d finies et sanctionn es au sein de l Organisation mondiale du commerce OMC au respect des droits fondamentaux tels que ceux des travailleurs L int gration d une clause sociale dans les trait s de l OMC constitue une balle d essai en ce sens Elle est cependant tr s controvers e du fait des risques de protectionnisme et du pouvoir de gendarme social qu elle conf rerait 1 OMC Le d bat sur ce type d instrumen
262. s du mod le n olib ral jour apr s jour ces firmes tendent leur emprise sur des secteurs de plus en plus vastes de la vie des citoyens au Nord comme au Sud de la culture la politique de l ducation aux loisirs Entit s non lues et chappant la plupart des contr les les multinationales imposent massivement les lois du business s emparant syst matiquement des espaces de participation d mocratique bafouant la justice sociale Le monde enchant de Disney Nous avons choisi The Walt Disney Company pour illustrer ce livre sur l exploitation des travailleurs dans le secteur du jouet et sur des mouvements qui r clament l tablissement d un mod le plus juste Disney a beau ne pas tre le num ro un du march mondial du jeu et du jouet il n en occupe pas moins une place symbolique incontest e dans lunivers de l enfance Depuis plus d un demi si cle ses dessins anim s font r ver des millions de bambins aux quatre coins du globe et peu de personnages sont ce point entr s dans l imaginaire collectif que ceux de cette grande machine r ves Page 1 Jouets de la mondialisation Introduction Dans cet ouvrage nous avons avant tout cherch d crire le fonctionnement de ce secteur et en d monter les m canismes Si nous avons patiemment ouvert les pages de l histoire de Disney ce n est pas parce que les pratiques de cette entreprise se distinguent particuli rement de celles de ses concurrents En effet
263. s int r ts am ricains sont menac s Pourquoi un faiseur de contes de f es ferme t 1l ses portes de toute urgence quand un vent de panique souffle sur l difice conomique et militaire de l Oncle Sam La r ponse cette nigme ce n est pas dans le grimoire secret d un quelconque monde enchant que nous l avons trouv e mais plus prosa quement dans le rapport annuel de cet empire titanesque qu est devenue la soci t Disney En 2001 son chiffre d affaires de 25 milliards de dollars d passait le produit int rieur brut de dizaines de pays comme la Tunisie la Bolivie le Sri Lanka la Slovaquie ou le Luxembourg L empire Disney compte quelque 117 000 employ s de par le monde et des implantations sur tous les continents En d butant avec la production de dessins anim s pour bambins l entreprise a progressivement constitu un immense empire conomique Aujourd hui c t de Bambi on retrouve des dizaines de cha nes de t l vision des studios de cin ma des magasins des parcs de loisirs des maisons d dition des activit s de t l phonie cellulaire des sites internet en 19 langues et la vente de toute une s rie d objets de consommation dans des r seaux commerciaux les plus divers Disney est devenu un g ant de l industrie des m dias et du divertissement D sormais l entreprise compte parmi les plus grandes soci t s transnationales qui font la pluie et le beau temps sur l conomie mondiale Chevilles ouvri re
264. s jouets La Compagnie Disney a notamment sign des accords avec les trois g ants du jouets Mattel Hasbro et Tomy Mattel cr e des jouets bas s sur les personnages classiques de Disney tandis que Hasbro a acquis les droits pour le d veloppement et la commercialisation de jeux et de jouets bas s sur les nouveaux films en commen ant par Monsters Inc Cette entreprise est galement le partenaire officiel de Disney dans le secteur des jeux pour plusieurs parcs th me Quant Tomy il se concentre sur les march s japonais et asiatiques Ce sont pr cis ment ces accords qui placent Disney parmi les g ants du jouet D apr s certaines estimations seuls 15 du volume des jouets Disney seraient vendus dans ses propres magasins boutiques Disney parcs th me ou via internet Les 85 restant sont produits sous un syst me de licence C est dire que le g ant des loisirs octroie un tiers le droit d utiliser un personnage une marque ou un design pour une Page 38 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable p riode et un territoire donn s En change il per oit un pourcentage de 10 15 des prix de gros Disney offre un support promotionnel ces produits mais ne s implique g n ralement pas dans la logistique ou dans la vente de ceux ci Eneadr La propri t intellectuelle Par propri t intellectuelle on entend les cr ations de l esprit les inventions les uvres litt raires e
265. s le milieu des ann es 90 le monde produit trop Trop d ordinateurs trop de voitures trop de t l phones portables trop de jouets La demande ne suit pas surtout que des pans entiers de la population dans le Sud mais aussi dans le Nord voient leur pouvoir d achat s roder d ann e en ann e Cette crise de la surproduction et de la sous consommation entra ne une concurrence acharn e entre les grands groupes qui se battent pour atteindre les consommateurs solvables Les fusions et acquisitions d entreprises permettent d une part d liminer des concurrents et d autre part de faire des conomies d chelle La constitution de ces empires transnationaux s est accompagn e de licenciements massifs de main d uvre et d une transformation rapide d emplois stables en petits boulots temps partiels int rimaires Ce mouvement n a fait d ailleurs qu acc l rer cette crise de la sous consommation puisque les ch meurs et les employ s pr caris s ne relanceront pas la fr n sie du shopping qu attendent les multinationales L ouverture de nouveaux march s telle qu elle est impos e par des institutions comme le FMI et l OMC constitue l une des strat gies utilis es par les multinationales pour faire face la crise de la surproduction Dans son rapport annuel de 2001 Disney constatait en effet la morosit aux Etats Unis et ne r vait que d tendre sa toile sur tous les continents Si vous tes un actionnaire quelque part en
266. s locaux rassembl e par la soci t d audit commerciale Selon SAI ces auditeurs locaux sont Page 83 Jouets de la mondialisation V Code de conduite sp cialement form s cet effet parlent la langue des travailleurs et des directeurs connaissent les lois locales et ont t pr alablement conseill s par des ONG et des syndicats locaux L entreprise devra leur donner acc s tous ses registres et devra autoriser les auditeurs s entretenir avec les travailleurs Un tel audit se conclura soit par l octroi d un certificat SA8000 soit par la d finition d un plan correctif dont la mise en uvre pourra s tendre sur deux autres ann es Le certificat SA8000 est valable pour 3 ans Des audits de surveillance sont r alis s tous les 6 mois En juin 2002 133 entreprises d tenaient un certificat SA8000 dont une trentaine install es en Chine Malgr l interrogation que suscite le petit nombre d entreprises signataires SA8000 le syst me de certification propos par SAI semble bien convenir une dynamique d entreprise il fait r f rence des m canismes connus des entreprises tels que le recours des soci t s d audit commerciales Il utilise des incitants commerciaux travers les entreprises signataires Mais il est cependant l objet de critiques acerbes notamment de la part d organisations chinoises rassembl es au sein de LARIC Labour Rights in China Elles montrent du doigt le manque d a
267. s longues Chaque ann e il poursuit des centaines d individus de collectivit s ou d entreprises de par le monde pour avoir eu l outrecuidance d utiliser ses personnages et surtout ses films sans l autorisation de la maison m re Disney ira m me jusqu menacer de poursuites judiciaires deux centres m dicaux pour enfants en Floride qui avaient confi Mickey et Donald le soin d gayer les murs Les fauteurs de troubles durent effacer les peintures murales ill gales mais Disney devint l objet de la ris e g n rale Pour s octroyer le droit de jouer avec les h ros de notre enfance sur le march mondial les grands du divertissement n h sitent plus se mener des guerres sans merci autour des personnages que l on croyait jamais rel gu s au monde de l innocence De Peter Pan aux h ros de Rue S same rares sont ceux qui chappent d interminables r glements de comptes li s aux droits d auteurs Aujourd hui Winnie l ourson est sur le point de faire perdre des centaines de millions de dollars Walt Disney dans un proc s qui l oppose aux h ritiers du cr ateur du petit ours La colonisation par copyrights Par ailleurs le contr le des personnages par les grands noms ainsi que les prolongations infinies des droits d auteurs sur les petites vedettes imaginaires d sesp rent les producteurs de jouets Pour Widjonarko Tjokroadisumarto pr sident de l Association de l industrie du jouet en Indon sie No
268. s ont entre quinze et vingt cinq ans Au del de trente ans consid r es comme vieilles il leur devient tr s difficile de trouver un emploi dans l industrie d exportation Les patrons appr cient l agilit f minine mais pr f rent ne pas s encombrer des co ts suppl mentaires li s aux charges familiales tels que les cong s de maternit En Indon sie par exemple dans une usine produisant pour Disney et d autres grandes marques la direction n octroie que trois jours de cong aux ouvri res qui veulent se marier Nous venons du centre de Java explique l une d elles il nous faut d j au moins une journ e de bus pour atteindre notre village La c r monie traditionnelle dure environ une semaine Donc si nous voulons nous marier nous devons d missionner Et nous ne pouvons pas revenir sauf parfois dans des usines sous traitantes o les conditions sont plus mauvaises Pour Xio Wang ouvri re dans une usine qui fabrique des jouets pour Page 9 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Hasbro dans la province de Guangdong en Chine Seuls les cadres ont droit un cong de maternit Nous les travailleuses la cha ne nous nous rendons au travail comme d habitude m me si nous sommes enceintes Et comme tout le monde nous devons quitter notre emploi quand nous sommes sur le point d accoucher La direction donne vite son accord En Tha lande certaines fabriques de jouets exi
269. s postes de travail les pays en d veloppement n ont pas r colt les jobs qu ils esp raient en assumant le r le d atelier plan taire En fait entre le Nord et le Sud les emplois se sont perdus sur le chemin de la mondialisation de l conomie Ils disparaissent Pour comprendre pourquoi ces emplois se sont perdus il faut replacer les d localisations de la production dans un cadre plus large celui de la mondialisation de l conomie et de lib ralisation du commerce mondial Page 34 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable 1 Le libre march n est pas une voie sens unique Si les marchandises produites dans le Sud peuvent bel et bien se retrouver sur les march s du Nord les produits du Nord peuvent eux aussi inonder les pays en d veloppement En cons quence de nombreuses petites et moyennes entreprises locales grandes pourvoyeuses d emplois se retrouvent limin es du march car elles ne peuvent faire face la concurrence de produits import s Par exemple la production de meubles artisanaux est remplac e par des produits import s R sultat dans la plupart des pays en d veloppement l augmentation de l emploi dans les secteurs d exportation comme dans les usines de jouets n a pas compens les pertes d emploi dans l industrie domestique 2 Ensuite en basant leur d veloppement conomique sur l exportation les pays du Sud deviennent extr mement vuln rables Par exemple qua
270. s produits ne valent rien s ils ne portent pas le nom d une grande marque Nous pouvons faire la plus jolie peluche du monde si elle ne repr sente pas un personnage connu elle ne se vendra pas Nous vendons la m me peluche un prix quatre fois plus lev si elle est griff e par une marque c l bre C est pourquoi nous sommes extr mement d pendants des marques et de la mani re dont les grandes entreprises occidentales passent commande Le copyright sur Mickey devrait d j avoir pris fin depuis longtemps Finalement les droits de propri t intellectuelle constituent une nouvelle forme de colonialisme de la part des pays du Nord Nous avons successivement subi la colonisation politique la colonisation conomique et aujourd hui nous connaissons la colonisation par copyrights Nous voyons d filer les Occidentaux qui viennent contr ler les conditions de travail dans nos usines ils s exclament regardez comme ils exploitent les ouvriers Mais quand on soul ve le probl me des droits de propri t intellectuelle ils restent muets Pourtant ne s agit il pas d une forme d exploitation de la part des grandes marques occidentales Les l gislations sur les copyrights constituent une mati re extr mement complexe Pour le moment dans les pays en d veloppement nous n avons pas assez d expertise pour nous d fendre ce niveau sur la sc ne internationale ou Page 56 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r
271. siniers des institutions financi res internationales Organisation mondiale du commerce Fond mon taire international Banque mondiale Elle a des effets d vastateurs Ce que nous avons observ pour les travailleuses du jouet dans le Sud a son pendant en Europe et aux Etats Unis ch mage baisse des salaires r els travail pr caire temps partiel impos ins curit de l emploi atteintes la s curit sociale et aux droits syndicaux Au Page 116 Jouets de la mondialisation VIL Ecran g ant cours de la derni re d cennie les travailleurs ont vu leurs revenus stagner ou m me baisser alors que les entreprises faisaient des profits fabuleux b n ficiant aux actionnaires et quelques grands patrons En 1997 en pleine euphorie boursi re les salaires des dirigeants des soci t s aux Etats Unis ont augment de 174 alors que le salaire moyen des ouvriers ne bougeait pas Sur le march de l emploi les femmes sont doublement exclues en tant que travailleuses et en tant que femmes Dans l industrie l g re du Sud la main d uvre non qualifi e est essentiellement f minine mais plus on s l ve dans l chelle des fonctions et des salaires plus les hommes reprennent le dessus Dans le Nord les discriminations perdurent Pour ne citer qu un exemple une r cente tude r alis e en France montre que l cart des salaires entre les hommes et les femmes pour des postes quivalents se creuse en cours de carri re A
272. solant de petits enfants nord am ricains Elles ne le savent vraisemblablement pas mais l usine pour laquelle elles travaillent est directement connect e l un des premiers groupes internationaux de production de jouets propri t de Cor ens qui dispose de plusieurs usines d un bureau Hong Kong et d un show room aux Etats Unis L un de ces principaux clients n est autre que la fameuse Walt Disney Company Disney elles connaissent bien s r et pas seulement force de coudre les tiquettes de la marque Mais l usine Disney ne les fait plus r ver Elles ont entam leur journ e de travail 7 heures ce matin et ont quitt l usine vers 15 heures Une journ e cool somme toute elles ont atteint sans grande difficult les quotas de production qui leur taient assign s Pas d heures suppl mentaires aujourd hui Mais pas non plus de beurre dans les pinards Elles devront se contenter du salaire minimum l gal qui m me s il a augment plusieurs reprises depuis la fin de la dictature reste insuffisant pour nouer les deux bouts vivre avec 570 000 roupies par mois quelque 72 alors que la location de la chambre co te d j chacune 110 000 Rp et la nourriture un minimum de 10 000 Rp par jour c est trop juste S habiller Se soigner Se d placer Visiter leur famille Ce n est possible que si elles accumulent les heures suppl mentaires et les primes qui y sont li es Loin d
273. ster Toy Produisant des mod les r duits de voiture Maisto l usine appartient une soci t du m me nom tablie Hong Kong Lresdr Master Toy mis en chec En d cembre 1999 la soci t Master Toy entame un programme de d m nagement de son usine tha landaise vers un nouveau site Maisto Manufacturing L id e n a pas les faveurs des travailleurs et lorsqu en f vrier 2000 la direction annonce l arr t d finitif des activit s dans la premi re usine et le d placement des 443 travailleurs dans le nouvel entrep t le syndicat multiplie les d marches de protestation Le 28 mars les 174 premiers travailleurs doivent se pr senter Maisto Manufacturing Ils y d couvrent un entrep t totalement sous quip Il n y a pas de machines de production ni d installations sanitaires ni de cantine ni de ventilation ni d quipements de protection Le lendemain unanimes les travailleurs refusent de retourner au nouvel entrep t et se pr sentent la porte de leur ancienne usine pour y reprendre leur poste de travail Mais la direction leur interdit l entr e Ils sont licenci s sur le champ Le soir m me tous les travailleurs de lusine les rejoignent A 23 heures ils vont en cort ge demander le soutien du Premier Ministre tha landais avant d tablir un campement devant le Minist re du Travail puis devant le si ge du gouvernement La revendication des travailleurs porte sur le paiemen
274. sur le march un contr le qui atteint m me des dimensions insoup onn es Disney est extr mement strict en ce qui concerne la qualit et le design des produits explique une employ e de Disney Tha lande un bureau qui a pour unique mission de vendre des licences et d assurer la visibilit de la marque dans le pays Avant d approuver un produit nous v rifions notamment le respect des couleurs des proportions et des caract ristiques des personnages Ainsi Mickey est un gar on Il ne peut pas tre repr sent dans des postures f minines offrant des fleurs par exemple Comme on le voit Mickey a la vie dure et les producteurs de marchandises sous licences Disney sont soumis des normes particuli rement rigides sur le plan de l image En principe Disney doit galement approuver tous les sous traitants impliqu s dans la production des marchandises Et ceux ci sont nombreux car en Europe et aux Etats Unis la plupart des licenci s ne produisent pas eux m mes ils sous traitent en Asie Le syst me des licences bien qu il offre des marges b n ficiaires plus r duites que la vente directe permet des entreprises comme Disney d augmenter leur chiffre d affaire gr ce une structure extr mement l g re et un risque quasi nul En revanche cela complique encore la fili re de production des jouets et rend le contr le des fournisseurs Page 39 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable parti
275. t 1 Les distributeurs Carrefour Wal Mart 2 Les marques et les d tenteurs d une licence Disney Warner 3 Les transnationales du jouet TA Hasbro 4 Les entreprises sous traitantes disposant des infrastructures de production Hong Kong Ta wan et en Cor e du Sud 5 Les unit s de production usines en Chine Tha lande Mexique Vietnam Indon sie Le prix des jouets qui empoche quoi Concr tement et sur la base d une tude men e aupr s de 50 producteurs chinois de jouets le salaire des ouvriers oscille entre 0 4 et 5 5 du prix de vente au d tail Dans le premier cas il s agit d une poup e lectrique vendue 74 37 euros sur lesquels l ouvrier gagne 0 30 euro et dans le second d un action man vendu 13 73 euros dont 0 76 euro revient au travailleur Exprim autrement le prix du travail n est que 1 18e du prix de vente dans le meilleur des cas et 1 250e dans le moins bon D apr s une autre tude le prix de vente d une poup e Barbie vendue aux Etats Unis pour 99 99 dollars se d coupe comme suit sur les 100 du prix de vente au d tail on d couvre que 80 servent payer le transport la commercialisation et les b n fices du grossiste et du d taillant Les 20 restant se r partissent en 10 pour le transport et la gestion Hong Kong 6 5 pour la mati re premi re venue de Ta wan du Japon des Etats Unis et Arabie Saoudite et 3 5 pour la Chine qui
276. t louer l ensemble de l empire Disney comme s il s agissait d un grand espace publicitaire multiforme Les sites Internet les stations de radio et de t l vision les magazines et les boutiques Disney pr senteront cette campagne promotionnelle qui vise les m res d enfants de six onze ans Et finalement Disney World Monsanto g ant de l agrobusiness vante les vertus de ses semences g n tiquement modifi es dans le pavillon beautiful sciences On le voit la concurrence sera serr e pour l attribution des nouveaux sobriquets aux sept nains car dans le monde enchant il n est plus un seul recoin un seul ch teau un seul sourire qui ne soit sponsoris Er debeneadr La revue britannique Marketing Week explique galement pourquoi le march des moins de 17 ans est particuli rement lucratif Non seulement le pouvoir d achat des enfants en Europe ne cesse d augmenter mais de surcro t les petites filles et les petits gar ons ont tendance changer d avis tr s souvent et tr s rapidement Britney Spears est tr s vite d tr n e par La guerre des toiles ce qui permet de d velopper l infini de nouvelles Page 46 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves gammes de produits allant des friandises aux jouets en passant par les magazines et les dentifrices L inconstance des plus petits est donc devenue une v ritable aubaine pour les firmes qui d finissent l enfance comme un se
277. t t apport es aux conditions de vie et de travail des ouvriers du jouet comme par exemple Page 66 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne la disparition progressive des complexes trois en un regroupant en un seul b timent les ateliers de production les dortoirs et les lieux de stockage de la mati re premi re Autre volution notable les distributeurs les marques les propri taires d usine les f d rations nationales et internationales de l industrie du jouet sont aujourd hui de plus en plus nombreux se doter de codes de conduite Ils s y engagent respecter des normes sociales minimales dans leurs fili res de production Mais par ailleurs le syst me de production et les politiques d achat des grandes soci t s exercent sur les travailleurs sur leur s curit et sur leur sant une pression de plus en plus forte Les autorit s politiques quant elles ne font montre que de tr s peu d empressement faire primer le respect des droits des travailleurs sur la satisfaction des investisseurs trangers L entr e de la Chine dans l Organisation mondiale du commerce et la crise conomique que vit l ensemble des pays de l Est asiatique augmentent encore cette pression exerc e sur les droits sociaux fondamentaux De l indemnisation la pr vention Depuis 1993 la campagne jouets a largement tendu ses champs d action et ses objectifs Mais a t elle oui o
278. t et de ch mage de discrimination et d injustice de toutes les formes de terrorisme et de la menace de guerre et d oppression Nous voulons un monde fond sur l enti re d mocratie et le respect des droits de l homme Nous voulons un monde o les petites et grandes entreprises respectent les droits des travailleurs et des syndicats ainsi que les soci t s dans lesquelles elles fonctionnent Nous voulons un terme aux extr mes d opulence et de mis re nous voulons l enti re galit entre hommes et femmes nous voulons le respect des droits de tous jeunes et moins jeunes et nous voulons que soit reconnu le fait que les conomies et les soci t s ne peuvent tre soutenues que si elles sont fond es sur un niveau lev de services publics et la r glementation du pouvoir priv par des gouvernements et organisations fiables et d mocratiques Nous sommes convaincus qu un autre monde est possible Telle est la position du syndicalisme mondial du 218 si cle que nous d fendons Porto Alegre et New York Cette d claration a t approuv e par le groupe Global Unions groupe des Syndicats mondiaux qui se compose de la Conf d ration internationale des syndicats libres CISL les Secr tariats professionnels internationaux SPI et la Commission syndicale consultative aupr s de l OCDE TUAC OCDE et par la Conf d ration mondiale du travail CMT et la Conf d ration europ enne des syndicats CES Page 140
279. t priv e qui prend toutes les d cisions les concernant L ambition de construire des structures d mocratiques d encourager la diversit culturelle ou de g rer les probl mes sociaux ne fait pas partie de la vision urbaine et sociale de Page 52 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves Mickey Par contre l augmentation des b n fices reste bien l ordre du jour Des terres achet es dans les ann es soixante sont aujourd hui revendues un prix 1 600 fois sup rieur aux habitants de la ville parfaite D apr s Naomi Klein pour les familles qui y r sident toute l ann e Disney a atteint le but ultime du branding du style de vie que la marque devienne la vie m me Eneadr Un Tchernobyl culturel Quand Euro Disney ouvrit ses portes Paris en 1992 Ariane Mnouchkine directrice du th tre du Soleil ne m cha pas ses mots elle parla de Tchernobyl culturel Ce que reprochaient les intellectuels la soci t Disney c tait l implantation brutale sans nuance d une portion du r ve ou du cauchemar am ricain Aux quatre coins du monde nombreux sont ceux qui reprochent Disney d tre la culture ce que McDonald s est la gastronomie Gr ce son marketing ravageur la multinationale impose une tambouille facile engloutir standardis e et aseptis e rempla ant grande allure la diversit des saveurs Parce qu elle fa onne l imaginaire la visio
280. t Disney re oit 10 sur toutes les admissions 5 sur toutes les concessions et 49 sur tous les b n fices Au Japon la soci t Oriental Land Company poss de Tokyo Disney Land et depuis 2001 l ensemble des boutiques Disney Elle verse des royalties The Walt Disney Company proportionnelles aux ventes Ce syst me permet la compagnie Disney de prendre un minimum de risques tout en se garantissant un maximum de profit Des marques sans produits Finalement comme on l a vu dans le chapitre pr c dent les produits de consommation furent galement emport s par cette vague La plupart des marchandises sign es Walt Disney des jouets aux v tements et des bo tes tartines aux couvre lits ne sont pas produites par Disney Ce sont soit des sous traitants soit des d tenteurs de licences qui se chargent du travail Par exemple en avril 2002 Carrefour num ro deux mondial de la distribution signait un contrat de licence avec Disney pour la cr ation la fabrication et la distribution de v tements pour enfants qui seront vendus dans une trentaine de pays Disney se f licitait de cet accord Avec Carrefour nous avons les m mes cibles des familles avec des enfants C est l accord de licence le plus important que nous ayons sign car il couvre le plus grand nombre de march s au monde Page 54 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves Ce d couplage de la production mat rielle et de la
281. t d institutions publiques Trois tendances s affirment clairement en cette mati re centr es sur des conceptions politiques diff rentes du r le qui incombe l Etat tant t instrument de la responsabilit sociale des entreprises tant t garant du dialogue social tant t arbitre A chacun de ces r les s associent diff rents types d instruments et diff rentes d marches L Etat instrument de la responsabilit sociale des entreprises Le mod le de responsabilit sociale des entreprises RSE tel que tendent le promouvoir de nombreuses entreprises rejointes largement par la Commission europ enne est pour reprendre les termes d Anne Peeters celui d un Etat qui serait le soutien d une certaine forme de croissance o les entreprises seuls moteurs du d veloppement s appuieraient sur des pouvoirs publics en quelque sorte instrumentalis s Dans la logique des outils propos s les syndicats classiques perdent de leur pertinence et de leur l gitimit et ce sont les consommateurs c est dire le march qui r gulent le champ social Dans cette conception le pouvoir public facilitera la convergence et la transparence des pratiques et instruments de RSE dont les codes de conduite par exemple renforcera l change d exp riences et de bonnes pratiques entre entreprises L Etat garant du dialogue social Ce qui pr c de fait fr mir les tenants d un Etat garant du dialogue social y re
282. t matique de certains droits humains fondamentaux Une telle plainte a t d pos e en Belgique en avril 2002 l encontre de Page 110 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux Total Fina Elf pour avoir encourager et b n ficier de la mise au travail forc de Birmans violant ainsi une convention fondamentale de l OIT L utilisation de la loi de comp tence universelle se justifie dans ce cas par l aspect syst matique et g n ralis du travail forc qui permet de l lever au rang de violation grave des droits humains fondamentaux Mais le cas pourrait faire jurisprudence et alimenter le d bat sur la prise en consid ration de violations des droits des travailleurs qui parfois inh rentes certains syst mes de production pourraient s apparenter des violations massives et syst matiques des droits humains En Belgique le parlementaire Dirk Vander Maelen n a pas attendu cette plainte pour franchir le pas en proposant d tendre la loi de comp tence universelle aux cas de violations des droits sociaux fondamentaux d finis par l OIT Telle qu actuellement con ue cette proposition de loi permettrait de poursuivre un individu ou une entreprise qui a un lien avec la Belgique ou qui se trouve sur le sol belge Elle n apporte toutefois pas d l ments pr cis sur la fa on de prendre en compte la responsabilit de donneurs d ordre sur les fili res de sous traitance Quoi qu
283. t artistiques mais aussi les symboles les noms les images et les dessins et mod les dont il est fait usage dans le commerce La propri t intellectuelle se pr sente sous deux aspects la propri t industrielle d une part qui comprend les inventions brevets les marques les dessins et mod les industriels et les indications g ographiques et le droit d auteur ou copyrights d autre part qui comprend les uvres litt raires et artistiques Les l gislations prot geant les droits d auteurs permettent un cr ateur de contr ler l utilisation commerciale qui sera faite de son uvre pendant une p riode de temps limit e Elles lui permettent de b n ficier d une reconnaissance morale et d obtenir une r mun ration pour son travail cr atif En encourageant l innovation ces l gislations visent galement une large diffusion des uvres Les inventeurs et les auteurs octroient des licences autorisation d utiliser une invention et per oivent des royalties sommes pay es l auteur proportionnelles au chiffre d affaires ou au volume de production Lin de L LS Pas de fleurs pour Mickey Les contrats de licence de Disney sont des documents particuli rement lourds de pr s de 50 pages cens s couvrir tous les aspects de la collaboration les personnages accord s les produits la p riode couverte le territoire la quantit minimale les royalties etc De surcro t Disney doit approuver les produits avant leur mise
284. t d indemnit s compl tes de licenciement Dans un premier temps la direction de lusine n accepte de payer que 50 des indemnit s pr vues Elle justifie sa position par le fait que les travailleurs ont refus de Page 68 Jouets de la mondialisation IV Chinois et Tha landais m nent campagne prendre leur poste Les travailleurs quant eux soutiennent qu ils auraient volontiers travaill dans des conditions correctes Semaine apr s semaine ils r sistent aux pressions A l absence de salaire s ajoutent des intimidations mafieuses et des pressions du gouvernement Mais les travailleurs tiennent bon Ils veulent faire conna tre leur combat en protestant devant l ambassade des Etats Unis et devant celle de Chine Ils informent la presse La Thai Labour Campaign contacte ses partenaires europ ens En France l association R seau Solidarit lance un appel pour soutenir le mouvement La campagne V tements Propres diffuse des lettres mod les adress es la maison m re de Hong Kong et aux autorit s tha landaises A Hong Kong La Toy Coalition relaie l action en protestant deux reprises devant le si ge de la soci t et en initiant une recherche sur les investissements de Master Toy en Chine o le m me type d abus semble fr quent Le 26 juillet 2000 apr s quatre mois de mobilisation c est la victoire pour les travailleurs et les organisations tha landaises Harass e la direction de Master Toy accepte
285. t dans un rire timide pr venant la moquerie du gar on qu elles aimeraient rencontrer En ce moment elles sont toutes assises m me le sol dans une pi ce carr e de 2 5 m tres de large qui sert de logement deux d entre elles Les nattes sont repli es une armoire s pare les deux espaces de couchage d une propret nickel malgr le sol de ciment Dehors les points d eau et les toilettes sont communs la quinzaine de logements regroup s dans ce bloc bord d un troit trottoir d fonc Il ne pleut pas aujourd hui La verte Bogor est pourtant connue pour ses orages quotidiens Ce qui les r unit n est pas seulement leur situation d ouvri re Toutes sont originaires de villages du centre ou de l est de l le de Java voire m me de Sumatra Bogor cette banlieue de Jakarta o elles ont pos leur sac repr sentait pour elles non seulement l espoir d un bon travail C tait aussi pour ces filles de petits agriculteurs la d couverte d une autre vie les lumi res de la ville la connexion au monde global Et sans r seau internet n1 t l phone mobile elles sont devenues les actrices quotidiennes de ce monde ce grand march global Depuis d j 6 ans pour une d entre elles 2 ou 3 ans pour d autres elles cousent contr lent la qualit ou emballent des jouets en peluche de marques renomm es qui aboutiront dans les bras des b b s d Europe serr s contre le c ur des bambins japonais ou con
286. t indon sien pour la prosp rit principal syndicat ind pendant est d clar ill gal et interdit Des militants syndicaux dont Muchtar Pakpahan et Dita Inda Sari sont emprisonn s pour activit s criminelles Les conflits sociaux sont r prim s par l arm e Le SBSI opte pour l action clandestine A cette poque raconte Rekson aujourd hui vice pr sident du SBSI cr er des syndicats tait impossible le moment historique ne le permettait pas Il fallait provoquer l Histoire Nous avons d cid de cr er notre propre syndicat C tait tr s dangereux Les militaires taient nos pires ennemis Beaucoup de nos compagnons furent tu s ou jet s en prison Tenir le coup nous paraissait impossible Nous avons pourtant continu en d veloppant deux strat gies La premi re consistait mettre sur pied un syndicat dot d une structure minimale pour le rendre moins vuln rable la r pression La seconde tait d initier une pression internationale de la part des syndicats qui nous soutenaient de l tranger Notre travail de contact et d information des travailleurs se d roulait la plupart du temps dans la clandestinit Il n y avait alors aucune consid ration des employeurs pour les conditions de s curit et d hygi ne pas de salaire minimum l gal pas de n gociations possibles On nous traitait de communistes Nous disions aux travailleurs qu ils devaient choisir entre leurs droits et leurs s
287. t la plupart des missions o il diffusait des dessins anim s des t l films et bien s r des reportages sur Disneyland En quelques mois les taux d audience mont rent en fl che CBS et NBC les deux autres principales cha nes de t l vision suivirent versant d importantes royalties l entreprise pour utiliser ses productions La t l vision offrit donc la compagnie Disney une formidable publicit gratuite et continue pour la promotion de ses films et de ses parcs Page 48 Jouets de la mondialisation IMI Disney Company Marchand de r ves En 1955 Disneyland ouvrit ses portes en grandes pompes devant des centaines de cam ras de t l vision Anaheim en Californie Par ailleurs quelques grands annonceurs tels que Coca Cola sponsorisaient les missions ainsi que le parc d attractions A cette poque Disney relan a la fabrication d objets l effigie de ses personnages de disques de cassettes audio et de magazines qui se vendirent comme des petits pains L empire La boucle tait boucl e A la veille des ann es 60 Disney dispose d un parfait exemple de synergie les films permettent la cr ation de nouvelles attractions dans les parcs ainsi que la production de nouveaux produits de consommation les parcs d attractions g n rent d importants b n fices tout en contribuant la vente de produits d riv s la t l vision permet une rentabilisation optimale des personnages et devient une vitrine publicit
288. t moins de 28 ans Elles quittent leur maison pour travailler dans des villes lointaines afin de gagner de l argent pour leurs parents et leurs jeunes fr res et soeurs et plus particuli rement pour que leurs petits fr res puissent aller l cole Mais au del du sacrifice pour la famille quelque chose s pare les ouvri res chinoises de Mulan elles ne peuvent r ver au happy end du dessin anim de Disney Mulan est n e en pleine poque troubl e alors que son pays tait maintenu sous le joug d envahisseurs trangers Dans la Chine d aujourd hui les travailleurs font face une situation semblable En raison de la crise financi re asiatique dans la r gion tout le monde souffre Les affaires vont mal pour les employeurs et les ouvriers ont encore plus de mal survivre La vie des travailleurs dans les usines est p nible Les travailleurs constituent le premier groupe souffrir des crises financi res Texte publi par HKCIC et CAFOD Hong Kong en f vrier 1999 Lin de L J La seconde partie de ce livre d couvre les fils qui relient les citoyens du Nord et du Sud les travailleurs et les consommateurs Car si les marques tendent leur h g monie sur l ensemble des continents les produits marqu s portent en eux les semences de la r sistance ils constituent un lien concret entre producteurs et consommateurs o qu ils se trouvent sur la plan te Ces derni res ann es des syndicats des associat
289. t plusieurs missions d information furent remplac es par des programmes de divertissement et le temps r serv aux journaux t l vis s fut r duit afin d offrir une programmation plus l g re o les grands annonceurs publicitaires risquaient moins d tre pingl es Eneadr Dans la lampe d Aladin le lobby de l industrie Les fusions et acquisitions des entreprises et leur d veloppement acc l r dans l conomie mondialis e ne sortent pas comme par magie de la lampe d Aladin Si ces groupes monopolistiques peuvent voir le jour c est gr ce aux gouvernements et toute une cha ne d institutions nationales et internationales qui leur ouvrent les portes et qui se joignent leur volont de domination mondiale Ainsi les fusions qu a connues le secteur des m dias ces derni res ann es n ont t possibles que gr ce un d mant lement progressif des lois Page 59 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves anti trust aux Etats Unis Ces derni res emp chent la formation d entreprises trop importantes qui pourraient de par leur position de monopole entraver le jeu de la libre concurrence sur les march s Beaucoup d argent a t d pens pour influencer ces d cisions explique Gary Larson un consultant en t l communication du Centre pour l ducation aux m dias en parlant des m ga fusions AOL Time Warner et ABC Disney Dans de nombreux autres dossiers on retrouve Disney dans
290. t r duire leurs salaires et finalement de dresser les pays contre les autres pays chaque gouvernement cherchant attirer les investissements n importe quel prix 3 Fabricants de jouets Les grands joueurs En remontant la fili re au dessus des sous traitants et des interm diaires on d couvre les fabricants de jouets Avec les d tenteurs de licences et les grands distributeurs ils dominent toute la cha ne Sur le march mondial les grands fabricants de jouets sont des multinationales am ricaines et japonaises Mattel et Hasbro deux g ants am ricains le dominent largement Loin derri re on trouve les fabricants japonais Banda et Tomy Quant l Union europ enne seul Lego Danemark et dans une moindre mesure Playmobil Allemagne et Id al Loisir France se maintiennent parmi les grands du secteur Eneadr Les grandes marques de jouets Chiffre d affaires en 2001 en milliards de dollars 1 Mattel Etats Unis poup es Barbie jouets pr scolaires Fisher Price jeux de soci t Spear v hicules miniatures moul s Corgi 4 8 2 Hasbro Etats Unis jeux de soci t MB Waddington Parker poup es Sindy et jouets pr scolaires Playskool 2 8 3 Bandai Japon personnages jeux vid os Power Ranger Digimon Gundam 1 7 4 Lego Danemark jeux de construction Duplo Lego system Lego technics 1 4 5 Tomy Japon jeux de soci t v hicules chevaucher jouets pr scolaires 0
291. telier se situe en pleine zone rurale ce qui permet aux travailleurs de rester dans leurs communaut s Ils ne connaissent pas le d racinement des ouvriers migrants de l industrie et les campagnes ne se vident pas de leurs forces vives Ensuite les travailleurs d Aruna Arutala b n ficient d un emploi salari stable et continu une denr e rarissime dans la r gion En effet les initiateurs du projet refusent d engager du personnel quand les commandes affluent pour s en d faire par la suite durant les p riodes creuses Ils s engagent long terme vis vis des travailleurs et pr f rent n gocier avec leurs clients sur les temps de livraison Les producteurs d Aruna Arutala gagnent le salaire minimum l gal plus une s rie de compl ments en fonction du nombre de bouches nourrir dans leur famille de leur anciennet de leurs responsabilit s etc Ils re oivent galement une aide financi re pour l ducation des enfants et ils sont couverts par une assurance soins de sant De plus une attention particuli re est accord e aux conditions environnementales tant pour la sant des travailleurs installation sp cifique pour absorber les poussi res de peintures dans l atelier que dans l utilisation des mati res premi res peintures non toxiques et bois de culture Vers une coop rative autog r e Mais surtout Aruna Arutala donne aux travailleurs l acc s une formation professionnelle vari e et la possibilit moyen te
292. ter la direction a fait sortir les ouvri res par la porte arri re de peur qu elles ne se plaignent Eneadr Nos droits Connais pas Si les ouvri res ne savent pas ce qu est un syndicat elles ignorent m me qu elles ont des droits Provenant des provinces rurales recul es peine scolaris es elles m connaissent les l gislations en place et les rouages qui leur permettraient de faire valoir leurs droits Le r sultat de l enqu te ci dessous men e aupr s de 93 ouvriers montre qu ce niveau la situation en Chine est alarmante L information et la formation des ouvri res constituent Page 22 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi donc une tape pr alable incontournable pour mettre fin aux violations de leurs droits les plus l mentaires J en ai entendu parler Non 1 Connaissez vous le salaire minimum l gal dans la ville o vous travaillez 10 0 90 2 Savez vous quel est le nombre d heures suppl mentaires maximum autoris dans la ville o vous travaillez 4 1 95 3 Connaissez vous le montant des compensations auxquelles vous avez droit si vous tes victime d un accident du travail 0 1 99 4 Savez vous quelque chose propos du droit du travail chinois 8 25 67 5 Savez vous quelque chose propos des R gulations sur la protection des femmes au travail 0 1 99 6 Savez vous quelque chose propos de la Loi de protection des adolescents 1 1 98 7 S
293. texte Les g ants des m dias et du divertissement Chiffre d affaires en milliards de dollars pour l ann e 2001 1 AOL Time Warner 38 2 2 Vivendi Universal 30 1 3 The Walt Disney Company 25 2 4 Viacom 23 2 5 Bertelsman 16 5 Sources Fortunes 15 avril 2002 The Nation 7 14 janvier 2002 Le Monde 19 juillet Pour Ignacio Ramonet du Monde Diplomatique Dans cette grande mutation du capitalisme la logique dominante est celle du tueur Ce n est pas l alliance mais la prise de contr le et la fusion absorption Sont concern s par cette guerre les firmes qui produisent des contenus dition agences de presse journaux cin ma musique radios t l visions sites Web etc les entreprises de t l communication et d informatique qui les laborent les transportent les traitent les cryptent et les d cryptent lt Puisque le message devient son tour une marchandise une poign e de grands groupes est en passe de monopoliser la communication mondiale foulant du pied l ind pendance de l information r duisant la diversit culturelle sa plus simple expression et touffant les voix dissidentes Quand Disney racheta ABC Jim Hightower pr sentateur d une mission de la grande cha ne am ricaine d clara sur antenne que d sormais il travaillait pour un rongeur d non ant ainsi l impact n gatif qu aurait Disney sur la libert d expression Il fut licenci Dans les ann es qui suiviren
294. tional Cela aboutit une incoh rence fondamentale Un Etat peut par exemple tre poursuivi devant des juridictions internationales pour ne pas avoir prot g les droits humains de sa population dans le cadre d abus commis par une entreprise transnationale sur son territoire Il pourra ventuellement tre sanctionn pour cela contraint d dommager les victimes Il lui sera ensuite loisible de se retourner vers l entreprise transnationale ou sa filiale pour lui demander des comptes via une juridiction nationale Mais c est l o souvent le b t blesse particuli rement dans les pays de production d pendant fortement d investissements trangers l Etat ne peut ou ne souhaite pas se mettre dos les soci t s qui investissent sur le territoire national On aboutit ainsi une forme d impunit des soci t s transnationales Le droit international n est cependant pas fig Il permet des volutions allant dans le sens d une reconnaissance de la responsabilit des entreprises Depuis les ann es 1970 des travaux sont en cours au sein de plusieurs institutions internationales et certains instruments internationaux font explicitement allusion cette responsabilit de l entreprise Parmi eux la D claration de principes tripartite sur les soci t s multinationales et la politique sociale un code de conduite d velopp par l Organisation internationale du Page 105 Jouets de la mondialisation VII Agir pour l
295. tre des entreprises transnationales issues de l OCDE qui violeraient les lignes directrices n importe o dans le monde Les proc dures de traitement de ces plaintes ne sont pas bien tablies Il semble qu apr s un premier examen l OCDE ou le point de contact national peut ventuellement se poser en m diateur entre les parties Si cette m diation n aboutit pas l OCDE tablit un rapport et met des recommandations Plusieurs syndicats et ONG issus de pays membres de l OCDE ou de pays o les violations sont constat es ont d cid de tester ce m canisme Plusieurs plaintes ont t d pos es aupr s de points de contact nationaux Malgr des limitations importantes les lignes directrices de l OCDE disposent d une certaine autorit l gale Les gouvernements des Etats membres de l OCDE pourraient Page 106 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux encourager les entreprises les mettre en oeuvre en promouvant parall lement des opportunit s de subventions ou de cr dits l exportation comme aux Pays Bas par exemple Fiedel I Passer des initiatives volontaires des r gulations contraignantes La volont de s acheminer progressivement vers des r gulations contraignantes en mati re de respect des droits sociaux par les entreprises est loin d tre partag e par l ensemble des acteurs En Europe le d bat divise les repr sentants de syndicats d ONG entreprises e
296. ts est fortement influenc par la position dominante de l OMC vis vis des autres institutions internationales et le peu de confiance qu elle suscite en mati re de prise en compte d int r ts non commerciaux tels que le respect des droits fondamentaux Certaines organisations dont OXFAM International plaide pour que l OIT jouisse d un statut d observateur au sein de POMC afin de permettre l amorce d autres dynamiques Et debeneadr L Etat arbitre A mi chemin entre ces deux tendances comme dans une position de compromis voire de pragmatisme politique se posent les adeptes d un Etat arbitre qui r affirme son attachement certaines valeurs tout en encourageant un certain nombre de pratiques L introduction de crit res thiques dans les r gles europ ennes d attribution des march s publics serait par exemple de nature octroyer ce r le l Etat Dans une certaine mesure la cr ation par l Etat belge d un label public pour une production socialement responsable pourrait aller dans le m me sens Etendr Label social belge En 2002 le gouvernement belge a lanc un label public susceptible d informer le consommateur sur le respect des droits sociaux fondamentaux dans le processus de production de biens Premi re europ enne ce label se fonde strictement sur les conventions de base de l Organisation internationale du travail libert d association droit de n gociation collective interdict
297. ts ne nomment pas les auteurs directs des crimes contre l humanit commis en Birmanie Ils portent plainte contre X Ce choix provient d une importante difficult d acc s aux informations de terrain du fait de la r pression des t moins de leur famille m me loign e de militants des droits de l Homme ou de d mocrates birmans Ce n est pas un hasard si chacun des plaignants b n ficie dans quatre pays diff rents du statut de r fugi s En d posant plainte ils prennent des risques importants pour eux m mes et pour les membres de leurs familles dont certains r sident encore en Birmanie Complicit de Total Fina Elf et de ses dirigeants Thierry Desmarest et Herv Madeo Les plaignants tablissent la complicit de l entreprise et de ses dirigeants dans les actes commis par la junte partir de plusieurs faits La soci t Total aujourd hui Total Fina Elf et ses dirigeants ont apport un soutien moral et financier global au r gime militaire en parfaite connaissance des cons quences de ce soutien sur la poursuite par ce r gime de violations massives des droits de l homme Ils ont aussi apport un soutien moral financier et logistique sp cifique aux nombreux bataillons militaires charg s d assurer la s curit du gazoduc de Total dans la r gion de Tenasserim et qui au su de la soci t et de ses dirigeants taient les auteurs de violations syst matiques et g n ralis es des droits de l homme dont l us
298. ts seraient ainsi fabriqu s hors de ses murs par des entreprises allant Page 26 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable de petits ateliers familiaux des usines comptant plusieurs centaines d ouvriers comme PT Karma La d gradation des conditions de travail Pour le dirigeant syndical cela porte clairement atteinte aux int r ts des ouvriers D abord parce que dans les usines sous traitantes les salaires les conditions de travail la s curit et l hygi ne sont plus mauvaises qu PT Yami Cela exerce une pression la baisse sur les conditions de vie des travailleurs en g n ral Ensuite cette importante production hors de l usine casse les activit s syndicales Par exemple quand les ouvriers sont m contents le patron peut leur dire OK allez y vous pouvez faire la gr ve Cela ne change pas grand chose pour nous car nous pouvons toujours demander aux sous traitants d honorer nos commandes Et finalement il y a un risque que PT Yami o les conditions de travail ne sont pourtant pas reluisantes serve d cran la quinzaine de sous traitants lorsque des inspecteurs viennent contr ler le respect des lois du travail et des codes de conduite au sein de l usine 1 Une structure pyramidale S1 la fili re de production se termine l bas dans les zones industrielles d Indon sie de Chine ou de Tha lande elle d bute l autre bout du monde dans les bureaux d une poign e de mult
299. u non engrang des r sultats pour les victimes de Zhili et de Kader Prise en tau par l alliance des organisations de Tha lande et de Hong Kong la soci t Kader accepte d indemniser les familles des victimes de l incendie 3 mois apr s le drame Le montant accord est cependant jug d risoire par les organisations impliqu es Les tha landais mettent surtout le doigt sur l inefficacit des politiques publiques en mati re de s curit et d hygi ne Les services d inspection du travail ne fonctionnent pas les fonds publics d indemnisation sont beaucoup trop limit s les bless s et les familles des victimes ne b n ficient d aucun support ni social ni administratif Une coalition de 22 organisations tha landaises de travailleurs et d ONG organise donc le soutien aux familles des victimes par ses propres moyens Parall lement cette coalition choisit d investir le terrain des r formes institutionnelles Elle exige la mise en place de comit s de s curit et d hygi ne au sein des usines et de comit s tripartites r unissant les repr sentants des employeurs des travailleurs et des pouvoirs publics aux niveaux provincial et national Les victimes quant elles s associent en 1997 autour d une proposition de loi r formant le fonds d indemnisation en un institut privil giant la pr vention sur les lieux de travail et la formation des travailleurs Malgr un important soutien du public et la r colte de
300. uction augment rent les usines commenc rent quitter le territoire Le nombre d employ s du secteur tomba 46 198 en 1987 et 3 437 en 1997 L ouverture de la Chine aux investissements trangers partir de 1979 permit aux investisseurs de l ancienne colonie britannique de d localiser leur production dans la province chinoise voisine de Guangdong Aujourd hui on estime qu peine 2 des jouets export s par Hong Kong sont produits sur place Tout le reste est fabriqu en Chine continentale o l on trouve environ 3 000 entreprises de jouets appartenant des investisseurs de Hong Kong Ces derni res emploient plusieurs centaines de milliers de travailleurs En 2001 Hong Kong exportait pour 9 6 milliards de dollars de jouets et d articles de sport Les hirondelles Cette histoire telle que la raconte le Hong Kong Christian Industrial Committee illustre bien les vagues de d localisations qu ont connues l chelle mondiale les activit s forte intensit de main d uvre peu qualifi e et faible valeur ajout e comme l habillement le Page 29 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable jouet et l lectronique grand public Ces derni res ont t rendues possibles par les mouvements de capitaux ainsi que par la lib ralisation du commerce mondial G ographiquement la production est pass e des pays industrialis s au Japon et ensuite du Japon aux nouveaux pays industrialis s pour se situ
301. ue au sens strict mais plus largement de d veloppement durable des activit s conomiques Il est clair que les aspects sociaux thiques et environnementaux sont au c ur de tels progr s La Cour de Justice europ enne l a encore confirm dans deux actes en 2000 et 2002 Contre l avis de la Commission europ enne elle a donn raison des pouvoirs publics ayant choisi des offres qui n taient pas les moins ch res mais qui pour l une permettait une mise au travail de ch meurs et pour l autre limitait l impact en terme de pollution urbaine Ces arr ts permettent de r affirmer que la gestion des missions d int r t g n ral raison d tre des services publics passe par des politiques concr tes impliquant galement des aspects plus larges que l conomique compris dans un sens troit comme le co t direct d une prestation Page 109 Jouets de la mondialisation VII Agir pour le respect des droits sociaux Au nom d une certaine coh rence de l action publique n est 1l pas normal que les pouvoirs publics partenaires de Trait s internationaux auteurs de l gislations ayant pour objet la sauvegarde des droits fondamentaux respectent ceux ci dans leurs actions quotidiennes La Commission europ enne ne l entend apparemment pas de cette oreille A l occasion de la r vision des directives europ ennes sur les r gles d attribution des march s publics qui sera vraisemblablement finalis
302. ue 10 du march Le secteur du jouet repr senterait Page 30 Jouets de la mondialisation II De l usine au bac sable en Chine quelque 6 000 usines et emploierait 1 2 millions de personnes la seule province du Guandong compterait 4 000 entreprises r alisant trois quarts des exportations Cette situation refl te bien la mont e en puissance du bloc conomique chinois dans le contexte mondial Avec une production industrielle en hausse de 10 9 au premier trimestre 2002 avec une croissance soutenue 7 en 2001 qui n affiche aucun signe d essoufflement depuis le virage capitaliste des ann es quatre vingts et surtout depuis son entr e dans l Organisation mondiale du commerce en 2001 la Chine pourrait dans un proche avenir devenir la quatri me plus grande conomie du monde Eade I Un paysage contrast Bien que la d localisation de la production dans le Sud soit largement r pandue les modalit s de production dans le secteur du jouet varient fortement selon les marques et les produits D une part certaines activit s sont rest es bas es dans le Nord Si la production est facilement automatisable ce qui est le cas des jeux de soci t elle peut ventuellement se maintenir en Am rique du Nord ou en Europe De m me les objets volumineux doivent continuer tre produits des distances raisonnables du client final Inversement la production de jouets de petite taille qui exigent beaucoup de main
303. uel devaient tre regroup s tous les sites de la galaxie Disney et qui avait englouti 1 milliard de dollars en pure perte Toysmart un distributeur de jouets sur le Web suivait le m me chemin De plus l entreprise tarde Page 61 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves sortir un dessin anim succ s la qualit de ses productions diminuant au rythme des coupes sombres dans les budgets cr atifs ce qui entra ne une baisse des ventes des produits d riv s L audimat de la cha ne de t l vision ABC est galement en perte de vitesse et les actions de l entreprise ne cessent de chuter De surcro t apr s les attentats du 11 septembre les parcs Disney ont t durement touch s par la baisse du tourisme par la diminution des budgets publicitaires dans ses divers m dias ainsi que par le ralentissement g n ral de l conomie am ricaine En mars 2002 Disney annon ait un plan d conomie de 2 5 milliards de dollars le licenciement de 4 000 salari s la fermeture de 50 magasins et la r duction des heures d ouverture des parcs de loisirs Et comme au jour o Michael Eisner prit la t te de l entreprise certaines rumeurs sp culent d j le rachat de ce titan par un autre rapace ou la fragmentation de ce groupe gigantesque Eneadr Le Salaire du PDG de Disney Je n en crois pas mes yeux chaque fois que j ouvre une porte chez Disney je trouve un tas de fric derri re a d clar
304. uivre et de sanctionner les auteurs de violations des droits des travailleurs lorsque ces crimes sont perp tr s au del d une fronti re Comment traduire en possibilit s de recours la responsabilit de fait des distributeurs et des marques sur leurs fili res de sous traitance Dans la seconde partie de ce livre nous avons trac quelques pistes d action vers la d finition d un syst me r gulateur capable d appr hender les nouvelles donnes de la mondialisation Faute de r gulation contraignante les codes de conduite peuvent y participer pour autant qu ils permettent de promouvoir effectivement le respect des droits fondamentaux des travailleurs inscrits dans les conventions de l Organisation internationale du travail et qu ils soient contr l s avec la participation des travailleurs concern s Mais les codes de conduite ne suffisent pas Leur nature volontaire limite les possibilit s de les traduire en instruments l gaux Il faut aujourd hui s attaquer d urgence au vide juridique qui aboutit l impunit des soci t s transnationales en particulier lorsqu elles ont recours la sous traitance Il en va du respect des droits fondamentaux des travailleurs tout comme de la l gitimit m me des autorit s publiques Comme l Etat s est s par de l Eglise il y a quelques si cles il est imp ratif qu il affirme aujourd hui son ind pendance et son pouvoir r gulateur vis vis des soci t s transnational
305. un croquis non exhaustif des activit s de Disney de par le monde Films Walt Disney Pictures Touchstone Pictures Hollywood Pictures Miramax Films corp En mai 2002 Miramax et la cha ne fran aise TF1 annoncent la cr ation d une soci t charg e de distribuer et de produire des films en Europe Dimension Films Buena Vista International entreprise de distribution en salles Buena Vista Home Entertainment vid os et DVD etc Th tre Disney Theatrical Productions spectacles sur sc ne Le Roi Lion La Belle et la B te aux Etats Unis au Royaume Uni en Allemagne en Espagne et en Hollande New Amsterdam Theater sur Broadway TV et Radio ABC l un des plus grands r seaux de t l vision et de radio aux Etats Unis Disney Channel t l vision par c ble pr sente dans 12 pays 15 millions d abonn s ESPN cha ne de t l vision sportive pr sente dans 125 pays en Am rique du Nord en Asie en Europe et en Am rique latine ESPN radio SoapNet une cha ne de t l vision par c ble qui diffuse des feuilletons et des s ries aux Etats Unis Toon Disney pour les enfants de 2 11 ans Fox Kids International acquisition r cente une cha ne par c ble et satellite qui atteint 34 millions de foyers en Europe et en Am rique latine Et les joint ventures A amp E Television Network Lifetime Entertainment Services E Entertainment Television et History and Biography Chann
306. un distributeur c est dire l acteur de la fili re le plus proche du consommateur Marques et distributeurs ont beau jeu de se r fugier le plus souvent derri re l absence de relation contractuelle les liant aux travailleurs concern s Dans ce cas la loi ne suffit pas D autres outils doivent tre exp riment s La mise en uvre de codes de conduite contr l s avec la participation des travailleurs peut ici s av rer une bonne porte d entr e Un nouveau souffle est ainsi donn en 1994 avec la Charte pour la s curit dans les fabriques de jouet voir encadr Alors qu Hong Kong les membres de la coalition ne parviennent pas se faire entendre par le Hong Kong Toy Council au Royaume Uni la campagne men e entre autres par le World Development Movement le Trade Union Congress et le Catholic Institute for International Relations porte rapidement ses fruits D s 1996 la f d ration britannique du jouet British Toy and Hobby Association adopte un code de conduite n goci avec les ONG entra nant sa suite la f d ration europ enne des producteurs de jouets TME et la f d ration internationale de l industrie du jouet CTT L effet boomerang ne se fait pas attendre en 1998 les patrons de l industrie du jouet Hong Kong adoptent un code de conduite Eneadr Charte pour la s curit dans les fabriques de jouets R dig e par la Hong Kong Coalition to the Safe Production of Toys 1 Les usin
307. une l gislation nationale du travail Ils ne concernent par d finition que les travailleurs occup s dans l industrie d exportation Alors que la loi nationale couvre l ensemble des travailleurs y compris ceux qui approvisionnent le march local Mais les lois nationales ont une port e nationale Les codes de conduite ont eux une port e transnationale dans la mesure o ils s appliquent l ensemble des travailleurs des fili res d approvisionnement d une entreprise Cela peut ventuellement freiner des d localisations qui seraient uniquement li es l valuation des avantages procur s par les lois du travail nationales Page 89 Jouets de la mondialisation V Code de conduite Et le code V tements Propres Les propos deviennent plus nuanc s lorsqu il s agit de codes aux multiples parties prenantes tels que celui de la campagne V tements Propres Ce type de code initi dans le cadre de campagnes peuvent aussi tre utilis s comme des outils effectifs de notre lutte pour de meilleures conditions de travail plus s res et plus ad quates pour les travailleurs et leurs communaut s Mais ils ne seront jamais qu un instrument parmi d autres Ils peuvent s av rer utiles la condition d inclure les Conventions de base de l Organisation internationale du travail d autres l ments concernant la s curit et l hygi ne du travail la r f rence un salaire minimum vital la s curit d
308. urgent de demander des comptes aux entreprises de distribution et aux marques en ce qui concerne leurs pratiques d approvisionnement et la mani re dont ces derni res affectent les droits des travailleurs Le plus beau code de conduite n apportera pas d am lioration durable s il ne s accompagne pas d une remise en cause des politiques d achat des distributeurs et des marques De nombreux codes de conduite exigent ainsi le respect d une certaine dur e de travail hebdomadaire Mais en saison haute les entreprises de distribution auteurs de ces codes imposent des d lais de livraison tellement courts qu il est tout simplement impossible de limiter le travail la dur e prescrite par le code Les producteurs sont ainsi pris en tenaille par une double contrainte le respect du code et les Page 127 Jouets de la mondialisation IX Conclusions d lais de livraison trop courts Le respect des droits des travailleurs ne peut pas en sortir gagnant Choisir l alternative quand elle existe cela ne peut que renforcer les d marches pour plus de justice sociale Aruna Arutala en Indon sie comme d autres producteurs de jouets du commerce quitable base le d veloppement de son activit de production sur le respect et l mancipation de ses travailleurs Promouvoir une autre approche du jouet et du jeu ouvre aussi d autres horizons que ceux tant vant s par le consum risme Privil gier un jouet qui veille la cr ativit qui pe
309. us continuons remonter la fili re de production des jouets pour nous concentrer sur l un des g ants de ce secteur The Walt Disney Company Cela nous permettra de mieux comprendre comment le march du jouet s ins re dans un contexte plus large o l h g monie des marques sur les march s mondiaux impose sa logique commerciale des domaines aussi divers que l ducation la culture et les m dias J FLOWER Disney les managers du R ve Maxima Boulogne 1992 p 151 Les noms des entreprises ont t chang s afin de prot ger les ouvriers et les dirigeants syndicaux d une ventuelle r action des donneurs d ordre ou de la direction Visites et rencontres r alis es dans la r gion de Jakarta en avril 2002 J GHOSH Exporting jobs or watching them disappear Relocation employement and accumulation in the world economy J Nehru University New Delhi d cembre 2000 World Toy Facts and Figures International Council of Toy Industries mars 2001 Des jouets fabriqu s dans la douleur R seau Solidarit Asia monitor resource center mars 1999 p13 TS FROST Toys Wages and Retail Prices Asian Labour Update Issue No 42 Janvier Mars 2002 AMRC www amrc org hk 4203 htm Ibidem How Hasbro McDonald s Mattel and Disney manufacture their toys Hong Kong Christian Industrial Committee d cembre 2001 1 E RYDBERG et N WILBEAUX La face cach e du Jouet GRESEA Bruxelles juillet 2002 1 Obtenus
310. us les jours mais je gagne seulement entre 600 et 700 yuan 72 29 et 84 3 US par mois Pour beaucoup de travailleurs la moyenne n est que de 400 500 yuan 48 19 et 60 24 US par mois Et nous devons payer notre nourriture et notre logement Si ce n tait pour pouvoir envoyer mon fils l cole je ne travaillerais jamais dans le d partement peinture Discipline de fer Au del de ces conditions de travail extr mes les ouvri res du jouet connaissent l humiliation Les usines se dotent de r gles disciplinaires tr s strictes souvent arbitraires et parfois ill gales Parler ou rire sur le lieu de travail s absenter pour se rendre aux toilettes porter un jeans ou oublier d teindre les lumi res peuvent faire l objet d amendes retenues sur les salaires en fin de mois Mlle Nam Tomy Tha lande Tous les ans en septembre le patron choisit les ouvriers qu il va licencier ce sont surtout ceux qui ont commis des erreurs ou qui se sont disput s avec un superviseur Le responsable de notre section nous dit tout le temps qu il nous donnera une promotion si on travaille bien Mais en fait il ne choisit que les gens qui sont proches de sa famille M me si la loi chinoise exige la mention des r gles de discipline sur les contrats de travail ceci est rarement le cas et les punitions d pendent souvent des int r ts imm diats de la direction Un travailleur surpris fumer recevra seulement une amende de 50 yuan 6
311. uvri re indon sienne produisant des Roi Lion en peluche devrait travailler quelque 120 mille ans un chiffre digne d un compte de f es si la situation n tait si tragique Dans leur course aux moindres co ts la rapidit et la flexibilit les multinationales entra nent les entreprises du Sud dans une concurrence sauvage La logique du libre march qui sous tend la d localisation de la production manufactur e dans les pays bas salaires dresse continent contre continent pays contre pays ouvrier contre ouvrier sans pour autant permettre aux pays du Sud d amorcer leur d veloppement conomique Chapitre 2 Ensuite nous entrerons dans les coulisses de Disney l un des grands du jouet mais surtout un g ant des m dias et du divertissement Aujourd hui dans l conomie globalis e la constitution de conglom rats tentaculaires brouille ce point les fronti res entre les secteurs d activit s que pour illustrer un livre sur le jouet nous pr senterons l un des titans des m dias Et quand on l ve un coin du voile sur les coulisses des faiseurs de r ves c est avant tout un puissant business que l on d couvre Nous observerons que c est la m me m canique celle qui donne la priorit absolue au profit qui soumet les ouvri res de nouvelles formes d esclavage et qui transforme les enfants du monde en consommateurs passifs Chapitre 3 Page 3 Jouets de la mondialisation Introduction Eneadr Les p
312. xcessives et le manque de s curit dans les usines proviennent en grande partie de la mani re dont les grands du jouet passent commande et des prix qu ils pratiquent Ces multinationales sont responsables des fluctuations saisonni res et des d lais de livraison de plus en plus courts impos s aux fabricants D une main Disney McDonald s Mattel et Hasbro signent de jolis codes de conduite qui les engagent respecter les travailleurs mais de l autre ils compriment les prix et les d lais de production ce qui trangle les ouvri res Page 23 Jouets de la mondialisation I Exploitation mode d emploi Suite des ann es de travail aupr s des ouvri res chinoises le Hong Kong Christian Industrial Committee interpelle les grands du jouet Mattel Hasbro McDonald s et Disney peuvent ils garantir que les prix qu ils pratiquent sont suffisants pour payer le salaire minimum et les heures suppl mentaires d un ouvrier qui travaille de 14 16 heures la saison haute Comment ces entreprises peuvent elles respecter la loi sur le temps de travail tout en imposant le syst me des livraisons de derni re minute Et si l industrie du jouet devient de plus en plus saisonni re ces multinationales adapteront elles leur code de conduite pour prot ger la main d uvre irr guli re En observant le fonctionnement de l industrie du jouet il appara t clairement qu il ne suffira pas aux g ants d tendre ind finiment la liste des
313. ywood Ed Albin Michel Paris 1993 Page 63 Jouets de la mondialisation IL Disney Company Marchand de r ves 7 Les l ments historiques de cette histoire proviennent essentiellement de J FLOWER op cit et R LANQUAR L empire Disney Que sais je Presses universitaires de France Paris 1997 l The Economist 21 mars 2002 7 The Economist 9 mai 2002 N KLEIN op cit le branding est la promotion d une marque alors que la publicit est celle d un produit The Walt Disney Company annual report 1997 23 www xone net Voir aussi les sites www celebrationfl com community community html et www abfla com ltoef disney ceelb htim H A GIROUX op cit N KLEIN op cit p196 Le Monde 12 avril 1992 7 H A GIROUX op cit Le Monde 12 13 avril 1992 3 Business Week 6 ao t 2001 2 J FLOWER op cit p176 3 R LANQUAR op cit 4 J FLOWER op cit p 236 Le Monde 12 mai 2002 N KLEIN op cit p241 37N KLEIN op cit p 241 38 J FLOWER op cit p 270 J FLOWER op cit p 232 4 N SOLOMON The Habits of Highly Deceptive Media Common Courage Press avril 1999 J FLOWER op cit p 271 42 Reuters le 23 mai 2002 Propos recueillis Jakarta le 1 mai 2002 W BELLO Review of No Logo Focus on Trade N 61 avril 2001 The Guardian le 12 f vrier 2001 The Economist le 30 mai 2002 The Economist 21 mars 2002 48 ADPIC en fran ais et

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