Mémoire, par coeur et conséquences - Cefedem Rhône
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1. la compensation d ventuels probl mes de lecture certains musiciens de musiques actuelles peu l aise avec celle ci s emploient parfois s obliger lire afin de d ve lopper cette capacit par ailleurs il arrive que ce qu il y a jouer doit l tre une vi tesse avec laquelle la lecture aurait bien du mal rivaliser e le rapport plus fort de l instrumentiste avec son instrument qui devient une partie de lui m me du fait de l absence de partition entre eux Toutefois beaucoup d enseignants prouvent des difficult s tout au moins dans le do maine de la musique classique aborder la question du jeu de m moire avec leurs l ves qui y semblent majoritairement assez r fractaires Certains de ces enseignants font preuve d adap tabilit cette situation en demandant leurs l ves d tre en mesure de jouer de temps en temps un morceau par C ur au moins en cours si la m me chose ne para t pas possible en au dition cause du stress r sultant de la pr sence d un public Cela leur permet d avoir une cer taine exigence quant au travail personnel fourni par les l ves tout en leur vitant une mise en difficult pouvant tre mal v cue Auquel cas la partition repr senterait une sorte de filet qui ne serait l que pour rassurer mettre en confiance Ainsi le travail d un morceau serait tout de m me abouti et la partition dig r e ou en tout cas la musique Pour2. valuation tient lieu ici d apprentissage Le QCM ne propose aucune proc dure de d couverte analyse analogie mais permet seulement la reconnaissance d une information stock e en m moire l aide de l indice le plus efficace de tous l information cherch e elle m me pr sent e au milieu d autres Cette proc dure de reconnaissance est plus favorable aux l ves en difficult que le rappel libre sans indices sur feuille blanche Elle permet une ex ploration plus large des acquisitions de la m moire les connaissances qu on croit perdues se r v lent pr sentes Mais en tant l l ment reconnu de son contexte elle n glige l organisation de la m moire et dispense de l effort r fl chi de rem moration Son utilisation fr quente ne serait pas sans inconv nients pour la structuration de la m moire des l ves Plus g n ralement tout appel la r flexion mobilise connaissances et comp tences stock es en m moire dans une composition nouvelle r solution de probl me production d crits qui est une cr ation Autonomie et cr a tivit se nourrissent de culture de connaissances bien ancr es c est dire de m moire Le r investissement des acquis dans des contextes nouveaux permet le passage des souvenirs aux connaissances de donn es concr tes li es telle ou telle exp rience aux concepts universels Ce mouvement ne rejette pas la m moire au profit de l intelligence il la consolid
3. abstract Toute action d apprendre fait appel une utilisation indispensable in vitable mais plus ou moins consciente de la m moire Celle ci est essentielle dans le monde du spectacle vivant et des arts de la sc ne de la part des intervenants lors d une performance Par ailleurs les di verses esth tiques musicales semblent reposer sur des enjeux tr s diff rents en termes de m moire selon que leur transmission repose principalement sur l crit ou sur une tradition orale dans notre soci t actuelle o il est vident que l crit tient pourtant une place pr pond rante Au vu de ces observations qui montrent combien la m moire est omnipr sente car incessam ment sollicit e peut on imaginer b n ficier d apports p dagogiques et artistiques par une ex ploitation plus consciente et en m me temps plus raisonn e de cette capacit d une richesse inou e que repr sente la m moire de l tre humain mots cl s Apprentissage Geste M moire Sens Sensibilit
4. car ils craignent que son usage intensif ne fragilise la m morisation Tel Platon dans le Ph dre les Anciens accusent l criture de rendre oublieuse l me de ceux qui lont acquise parce qu ils cessent d exercer leur m moire En soulageant notre m moire l criture l affaiblirait donc On re trouvera la m me inqui tude avec l imprimerie de G temberg si le savoir est dans les livres on n apprendra plus on perdra la m moire Doit on d s lors consid rer l criture le livre et l ensemble des aide m moire comme des cadeaux empoisonn s Etrange inqui tude puisque le premier conseil donn ceux qui oublient est bien justement d utiliser notes agendas et Post it afin de pallier leur ph m re m moire Que vaut il mieux faire crire au risque de ne plus faire travailler sa m moire ou ne pas crire et risquer d oublier un point important Personnellement j ai fait mon choix depuis longtemps j cris 10 Sans que l on envisage les effets sur la m moire du temps coul l chelle d une vie c est dire du vieillissement il est vident qu il existe une d perdition naturelle des informa tions m moris es apr s quelques minutes ou quelques heures Ph nom nologiquement on con sid re qu oublier c est ne pas se rappeler Toutefois si l chec du rappel est le produit final commun il rel ve de diff rents processus alt rant chacune des trois tapes fondamentales de la m
5. des structures logiques qui fournit ses outils au travail intellectuel Cette m moire s mantique a t mise en valeur depuis les ann es 1960 elle constitue les cadres dans lesquels viennent s organiser les connaissances particuli res Nous apprenons d autant plus facilement que cette m moire biblioth que est d j mieux documen t e Il convient donc de l enrichir et de bien la constituer par un apprentissage raisonn et explicite Mais souvent l valuation se substitue ici l apprentissage L apprentissage de la lecture est l exercice fondamental de l cole l mentaire La pratique de la lecture silencieuse avec les yeux est largement r pandue Or selon certains chercheurs la vocalisation serait essen tielle en mati re de m morisation car la lecture normale s accompagnerait d une vocalisation voix basse chez Penfant int rioris e chez l adulte La suppression de la vocalisation provoquerait en cons quence une baisse de m moire Cependant seule la m moire du sens des mots de la phrase lue du r cit permet de comprendre Quand de plus la saisie du sens du texte lu est la condition d une op ration plus complexe r solution de pro bl me comparaison ou exploitation de documents on mesure la perte de moyens et l embarras que peut dis simuler la suppression de la subvocalisation Beaucoup d l ves s habituent au travail approximatif inachev ou simul et n acc
6. int r t de l l ve de ne pas s ent ter et de donner la possibilit ce dernier de r aliser son apprentis sage dans de meilleures conditions avec un autre professeur 32 m moire par c ur et cons quences la m moire facteur d apprentissage perspectives On pourra galement voquer l aspect physique de l environnement dans lequel se d roule l apprentissage En fait quelle que soit l activit notre corps per oit une multitude d in formations sensorielles les sons produits lorsque l on est en train de faire de la musique mais aussi le contact avec l instrument ainsi que l odeur de la pi ce la temp rature l clai rage le dessin m lodique de la partition Autant d informations qui sont susceptibles de ren dre le moment unique et stockable par le cerveau Par ailleurs l environnement g n ral socio culturel comportemental etc de lap prenant est galement prendre en compte Par exemple toutes les tudes concernant le fonc tionnement de la m moire ont montr l influence du mode de vie sur ses performances En l occurrence le manque de sommeil est extr mement d vastateur en termes de m morisation C est en effet aussi pendant les phases de sommeil et non pas seulement en veille que l acti vit c r brale permet de fixer ce qui a t enregistr au cours d une journ e 2 Question de sens Enfin comme voqu juste pr c demment en te
7. quences une tude de la m moire v nement personnel ou dont nous avons eu connaissance personnellement s est produit Elle permet de conceptualiser dans le temps et l espace les informations issue de la m moire s mantique voir ci dessous et enregistre le souvenir pr cis d un pisode pass avec toutes ses caract ristiques uniques C est elle qui permet d apprendre par c ur une liste de mots par exemple afin de les rappeler plus tard ou de rechercher volontairement un v nement pass Elle comporte des indices motionnels et affectifs prononc s Elle est galement essentielle pour nous donner l impression consciente d avoir nous m mes v cu des v nements e La m moire s mantique avoir des connaissances L autre partie de la m moire explicite est constitu de la m moire s mantique qui com prend les connaissances que nous avons apprises ind pendamment des rep res spatio tempo rels personnels En opposition la m moire pisodique une acquisition s mantique n cessite une certaine r p tition mais non dat e ni localis e et sans motion Schacter 1999 d finit la m moire s mantique comme le vaste r seau d associations et de concepts qui sous tend notre connaissance g n rale du monde Elle contient donc toutes nos connaissances g n rales et abstraites depuis nos connaissances sur les pommes et les oiseaux en passant par la formule de la circonf rence d un cercle m moi
8. une fabrication technique nouvelle devrait renforcer la m morisation en garantissant la compr hension je comprends ce que j ai moi m me fabriqu condition qu elle soit r ussie achev e explicite Il arrive souvent que les l ves confront s des t ches diffici les analyser une documentation rep rer l essentiel rapprocher des informations parses se contentent d peu pr s La m moire n a plus alors d objet pr cis Les outils individuels de la m moire font donc souvent d faut ce qui est peu favorable l efficacit du travail autonome Restent les outils collectifs L affichage mural souvent abondant et esth tiquement r ussi semble per u globalement par les l ves comme une d coration Ces crits m moire sont peu utilis s Le diction naire qui devrait enrichir la m moire peut au contraire d courager ou conduire une surabondance de significa tions possibles C est alors pour l l ve une avalanche de mots sans signification pr cise Le tableau tr s souvent utilis reste l outil fondamental qui associe m moire visuelle et m moire auditive Un tableau bien crit et bien organis est une aide puissante la m morisation Il demeure tous les niveaux un outil irrempla able L ar doise individuelle bien utilis e est aussi un bon outil En fait ce qu on m morise c est sa propre activit mentale La m moire n est pas un magn tophone mais une acti
9. Annexe 1 Questionnaire d enqu te Annexe 2 Le r le de la m moire des l ves dans les pratiques p dagogiques 32 32 33 34 38 39 40 40 41 introduction Lorsque j ai commenc mon apprentissage de la contrebasse assez tardivement dans mon cursus musical puisque je ne me suis int ress par hasard cet instrument que vers l ge de vingt ans apr s d j une douzaine d ann es de pratique du tuba au sein de l orchestre d harmonie de la commune de mon enfance j ai t assez rapidement amen me confron ter lors des auditions ou examens que je passais la question du jeu de m moire des uvres que J abordais successivement ce qui n avait jamais t le cas auparavant R pondant doci lement cette exigence plus ou moins avou e de mes diff rents professeurs apr s une courte p riode d adaptation et d acquisition de cette nouvelle fa on de faire pour moi il s av ra finalement que je pr sentais quelque facilit cet gard et je fus bient t suffisamment l aise avec cet usage pour pr f rer en d finitive avoir la possibilit de me passer de la partition lors des occasions que j avais et que j ai toujours de jouer en soliste en auditions et examens donc dans un premier temps et maintenant en concerts ou r citals ou encore en concours en fonction du travail fourni en amont Ainsi d s les d buts de ma pratique enseignante il m a paru nat
10. alors que paradoxalement il a t montr en musique traditionnelle notamment que les paroles accol es une m lodie peuvent s av rer tr s utiles comme moyen mn motechnique pour retenir cette derni re Par ailleurs lorsque les paroles sont dans une langue que ne conna t pas le chanteur les probl mes de texte paraissent plus rares Ce qui donne penser que les m moires actives seraient diff rentes selon que le propos soit verbal et compr hensible ou musical D ailleurs les musiciens chanteurs ou instrumentistes ne semblent pas tous se reposer sur les m me types de m moires utilis es lors de leurs presta tions Si tous parlent part peu pr s gale de m moire auditive en g n ral forc ment plu t t chez les non lecteurs et de m moire visuelle laquelle peuvent faire appel les musiciens pour se rep rer par rapport la partition dans le d veloppement musical de l uvre ou sur un passage particuli rement d licat un troisi me type de m moire est galement de temps en temps cit par ceux qui connaissent son existence ce qui ne veut pas dire que les autres ne s en servent pas c est la m moire kinesth sique ou m moire des gestes qui fait elle m me partie de ce qu on appelle la m moire proc durale t Celle ci para t extr mement importante lorsque l attention ce que l on fait vient se rel cher et que cela pourrait entra ner un acci dent regrettable et irr m dia
11. ambiance laquelle pourrait se rapporter la musique Ce qui vient de soi est plus faci lement assimilable l engagement personnel dans une activit est source de motivation et pour retenir il faut tre int ress comme ont l air de le penser les quelques enseignants dont le but n est pourtant pas au premier abord li au d veloppement de la m moire qui font in venter cr er composer leurs l ves qui n ont g n ralement du coup aucun mal int grer le fruit de leur imagination mise en vidence d une autre liaison directe de l imagination avec la m moire et de le restituer de t te L invention dans un but de m morisation de la part des enfants semble d autant plus importante quand on sait que les paroles d une chanson sont plus difficiles retenir si le texte n est pas un minimum analys afin de l asseoir sur des images concr tes Enfin certains mettent l accent sur l nergie vouloir se d passer donner le meilleur de soi se mettre au service de la musique ce qui compensera ais ment les quelques ventuels carts au texte Si de cette mani re les musiciens en devenir prennent conscience de leurs ca pacit s faire de la musique qu ils jouent une partie d eux m me la mise en confiance n en sera que plus renforc e On peut comparer cette id e l apprentissage et l assimilation d une langue trang re qui ne peut pas tre appr hend e mot mot m
12. autant int ress Elle a ouvert des perspectives Le mot m moire est assez syst matiquement associ au par c ur avec une connotation nettement p jora tive Le terme est alors oppos celui de compr hension Ainsi certains d clarent I faut dissocier lintel ligence de la m moire je ne pense pas que la m moire soit li e l intelligence Pour ces ma tres l acte de m moriser ne semble pas un acte d apprentissage li l enseignement re u structuration des connaissances moyens utilis s r capitulations L ducation de la m moire para t se r duire un travail de r p tition la maison parfois en tudes dirig es et la restitution l identique l cole Le myst re de la bo te enregis treuse qui stocke plus ou moins bien par l effet suppos de facteurs g n tiques n est pas tr s loign Pour d autres ma tres l intelligence va avec la m moire qui est une facult int grative accumulation de connaissances aide l intelligence Un ma tre de zone prioritaire constate Les enfants qui utilisent le mieux la m moire ont un discours bien organis et de bonnes comp tences m thodologiques L id e ici est que la m moire des proc dures ou des m thodes de construction du savoir n est pas s par e de celle des connaissances authentiques qui ne sont jamais des informations d sordonn es La vraie m moire est structur
13. dent pas la joie de comprendre vraiment L utilisation de la BCD est souvent associ e au plaisir de lire bandes dessin es contes de mani re peut tre moins scolaire ou l engagement dans un travail autonome de recherche Par la motivation qu elle suscite elle est donc favorable la m morisation Cependant les outils individuels de la m moire font souvent d faut aide m moire personnels et pour certains ma tres la BCD doit d sormais d charger la m moire des informations ais ment disponibles Encore faut il distinguer l essentiel qui est toujours retenir de l accessoire qu il suffira de retrouver Il convient d apprendre structurer sa m moire La fr quentation inconsid r e des fichiers ou des rayons d une biblioth que comme l abondance des informations pourrait laisser croire que tout se vaut l ordre alphab tique se substitue tout autre De plus l exploitation des documents est souvent con ue par le ma tre et per ue par les l ves comme un apprentissage exclusivement m thodologique seule compte la proc dure mise en uvre son r sultat retient peu l attention Des automatismes sont mis en place mais la fixation de nouvelles connaissances est moins s re L utilisation de questionnaires choix multiples QCM est relativement fr quente en raison de sa commodit et de sa rigueur elle comporte de plus un aspect ludique qui semble favoriser l apprentissage En fait l
14. es auparavant peut g n ralement tre relativement rapidement rejou par rapport au temps de travail initial moyennant bien s r une courte phase de r p tition afin de se le rem morer Ce sentiment est partag en grande majorit autant par les interpr tes jouant ais ment de m moire que ceux s aidant de la partition Seuls des traits particuli rement difficiles n cessiteront vraisemblablement nouveau autant de temps de travail que la pre mi re fois si celle ci est tr s lointaine Et par ailleurs les uvres peu travaill es ou trop rapi dement approch es semblent pouvoir facilement tomber dans l oubli 2 L usage de la m moire dans le cadre p dagogique D un point de vue plus particuli rement orient vers les aspects de l apprentissage de la musique il ressort de l enqu te men e sur le sujet qui nous int resse ici que l id al se situe rait dans un emploi quilibr des maniements de la lecture et de la m moire Quelles que soient les esth tiques musicales en jeu Cette id e qui para t surprenante au premier abord vient sans doute du regard des musiciens les uns sur les autres en fonction de leurs esth ti ques qu elles soient bas es sur l oralit ou sur l crit les musiciens classiques envient sou vent ceux d autres esth tiques qui peuvent jouer des heures sans partition et inversement les non lecteurs ont l air de jalouser un peu les lecteurs en ce que ces derniers semblent n
15. esprit attendre en effet d un enseignant qui ferait fond sur la m moire plut t que sur l exercice du jugement Quelle incitation construire sa connaissance si le savoir arrive tout pr t de l ext rieur et est seulement m moris par c ur L appel la m moire des l ves est traditionnellement li une image autoritaire de l cole o la le on faite par le ma tre est apprise par l l ve Le premier exposerait dogmatiquement un savoir achev le second recevrait passivement l enseignement magistral et serait invit le restituer fid lement La fid lit n est elle pas en effet la qualit essentielle de la m moire L abus des exercices de m moire est d nonc d s les premiers jours de l cole la que et plus r cemment l essor des activit s d veil a pu d tourner de la consolidation des connaissances acquises au profit de la construction des concepts qui permettront de comprendre le monde et de se situer espace temps loi physique Cependant les programmes et instructions de 1985 affirment que la m moire est moderne active et cr atrice elle est le meilleur outil de l action future Elle n est plus oppos e l activit de l esprit elle est pr sent e comme sa condition Et les programmes de 1995 pour l cole l mentaire en font une comp tence m thodolo gique transversale qui s applique diff remment selon les champs disciplinaires Cette
16. gions c r brales visible ment activ es sous IRMf par l apprentissage d un nouveau morceau Mais une fois qu un morceau est appris analys m dit pratiqu et int gr au r pertoire d un individu sa m moire proc durale il peut tre jou ou se jouera automatique ment sans effort d lib r ni recours la pens e consciente On notera que pour certains types d instruments en particulier les instruments cordes frott es qui n cessitent donc l emploi d un archet un nombre important de gestes diff rents retenir peut parfois inqui ter non seulement une m me m lodie pourra s ex cuter au moyen de diff rents doigt s selon les cordes mais galement les moments des changements de corde en cours de jeu sur lesquelles on aura choisi de r aliser celle ci choix que les clavi ris tes ont galement faire quant aux doigts sp cifiquement utilis s sur les touches de chaque note de ladite m lodie mais la conduite d une phrase musicale d pend galement des coups d archet retenus sens de l archet sur chaque note articulations liaisons staccato spiccato lour Et la moindre h sitation sur un doigt ou un coup d archet peut tre lourde de cons quences Enfin parmi les musiciens sollicit s aucun ne semble penser avoir atteint les limites de sa m moire en termes de r pertoire Et d autre part un programme travaill en d tail au moins quelques ann
17. juste si la compr hension en est assur e La m moire de la langue m moire des mots et du sens n est pas suffisamment d velopp e travaill e enrichie comme si la langue tait donn e une fois pour toutes On a pu montrer exp rimentalement le r le de la m moire des concepts m moire s mantique dans la r ussite scolaire c est dire de la richesse du vocabulaire Grande est la responsabilit du cycle 3 sur ce point Enfin le discr dit jet sur la m moire con ue longtemps comme la restitution aveugle du pass ou une forme d habitude verbale ne r siste plus aux progr s des sciences cognitives depuis le d veloppement de l informati que et le r le qu y jouent les m moires de la machine On pense aujourd hui que l apprentissage par c ur lui m me n est pas une simple r p tition mais un cocktail de groupements petites phrases images cat gories propre chaque sujet et qui suppose une forme d organisation subjective Aujourd hui la m moire est consid r e comme un syst me de traitement de l information capable d op rations multiples encodage stockage reconnaissance rappel et comme l une des composantes de base des activit s mentales plus complexes Le r le du ma tre n est il pas d aider comprendre et retenir d aider retrouver puis choisir et cr er pour que se construise et se structure chaque jour un peu plus l adulte responsable de demain 45
18. l de la progression on peut galement imaginer d autres approches de tra vail de m moire Quels seraient les r sultats si on d cidait de travailler une uvre d apr s la partition mais sans l instrument et de ne se baser que sur sa m moire d s le passage la r ali sation instrumentale Autrement dit commencer par un travail la table en visualisant et en entendant int rieurement le r sultat final par projection avant de retourner sur l instrument jouer ce que l on vient de lire et d interpr ter dans la t te Si l on proc de par petits bouts les uns apr s les autres la m moire de travail court ou moyen terme sera tr s sollicit e et comme c est une tape obligatoire avant le passage de relais la m moire long terme c est une m thode qui pourrait s av rer efficace et peut tre pas si longue que cela mettre en uvre Elle aurait l avantage mettre en uvre par l imagination tous les autres types de m moires en particulier la m moire proc durale et ce travail de t te de par son c t fic tif n cessitera une concentration vraiment soutenue ce qui pourrait permettre un ancrage plus solide de cette proc dure tenir une fois sur l instrument Qui plus est il peut tre int res sant d entra ner cette m moire de travail si utile dans bien des situations comme le d chif frage par exemple ou le relev la vol e d une m lodie par cri
19. les pianistes et les instrumentistes cordes sont appel s jouer obligatoirement par c ur tout programme solo encore qu une cer taine tol rance semble tre admise chez les altistes et les contrebassistes En fait en cher chant un peu sur un plan historique il appara t que cette tradition n est pas si ancestrale que a La lecture de la partition semble avoir longtemps pr valu sur la m morisation Ce serait Franz Liszt compositeur et pianiste virtuose du XIX si cle qui aurait t le premier interpr te donner un r cital entier de m moire Au regard de certaines de ses uvres peut tre n tait il r ellement pas possible de pouvoir tout lire main gauche et main droite en m me temps en jouant Quoiqu il en soit cent cinquante ans plus tard Liszt n est plus mais son initiative perdure Toutefois si leur r le est du domaine de l accompagnement alors les pianistes joue ront n cessairement avec partition Seule la sonate formation g n ralement en duo dont l un des l ments est souvent le piano permet un peu de libert dans les choix des instrumentistes encore que les pianistes se consid rent souvent comme accompagnateurs galement dans ce cas et s autorisent ou s obligent l emploi de la partition L argument le plus souvent nonc serait la difficult de rattraper son partenaire en cas d erreur dans son texte de la part de celui ci et la mise en danger de tout l dific
20. moire Quand nous disons j ai oubli ou je ne sais pas est ce parce que nous avons 10 Bernard Croisile op Cit pp 27 et 162 29 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire mal appris une information parce que nous l avons effac ou parce que nous ne la retrouvons pas Quoiqu il en soit il s av re que si on fait r apprendre un sujet une information dont il ne se souvient apparemment pas le gain d apprentissage mesur est bien sup rieur celui obtenu avec des informations r ellement nouvelles Ce qui laisserait penser que l information stock e le serait plus ou moins d finitivement pour peu qu elle ait t efficacement stock e au moment de l apprentissage Ne resterait donc surtout qu entretenir le chemin pour y acc der E Les besoins du musicien en termes de m moire Le fait de pratiquer un instrument n cessite tout un processus de m morisation que le jeu on l a vu se fasse avec ou sans support visuel de la musique jouer qui sollicite plu sieurs des types de m moires pr c demment cit s Il s agit de la m moire s mantique sur plusieurs plans auditif et visuel en particulier que l on nommera pour simplifier m moire auditive et m moire visuelle et de la m moire proc durale kinesth sique m moire du geste Chacune d elles remplit un r le sp cifique dans le processus de m morisation mais c est leur interaction qui permet de
21. moire s tablissent encore facilement et o le mode de repr sentation du monde ext rieur n est pas encore centr sur ses perceptions vi suelles mais peut encore tre mall able et faire appel aux autres sens souvent sous exploit s 6 C est un des moyens de lutte contre le trac que d veloppe Pascal Le Corre dans son ouvrage L art du trac d Van de Velde Paris 2006 et qui est l un des aspects de la programmation neuro linguistique PNL 37 conclusion Il ne fait aucun doute que la m moire est au c ur des facult s d apprentissage de l tre humain La pratique musicale ne d roge pas cet tat de fait et s appuie comme toute autre activit humaine sur les diff rentes m moires que la psychologie a mises en vidence e m moires court terme dite de travail diff rents niveaux de courte dur e e m moires long terme implicites en particulier la m moire proc durale sur laquelle s appuie la m moire kinesth sique m moire des gestes du musicien e m moires long terme explicites comme la m moire s mantique la base de tout notre savoir et de notre facult de langage ou la m moire pisodique dont la partie la plus importante est occup e par notre m moire autobiographique qui enregistre les souvenirs li s des moments uniques qui nous concernent directement Tout musicien aimerait pouvoir pratiquer son art le plus librement possible quelque soit son esth ti
22. processus fluide Pourtant l oubli est une vertu n cessaire m me si elle peut s av rer bien aga ante La recher che intuitivement lui attribue deux r les indispensables e l limination d une grande partie des informations trait es quotidiennement et souvent sans grand int r t pour l avenir e le modelage de nos souvenirs en privil giant les aspects les plus utiles notre vie notre personnalit ce n est pas la m moire mais l oubli qui serait alors le gardien de notre identit Tr s t t les hommes se sont pench s sur les moyens de compenser l oubli en renfor ant la m moire naturelle par l exercice d une m moire artificielle Historiquement l apparition de l criture a cr la premi re situation o l homme s est symboli quement inqui t d une ventuelle atteinte de ses capacit s de m morisation Il est vrai que l criture est la premi re activit humaine consciemment invent e pour pallier les d faillances mn siques de l homme et lui cr er une m moire externe Ceux qui ont invent les premiers si gnes crits d siraient conserver la trace de leurs lois de leur comptabilit de leurs l gendes les inscriptions primitives de M sopotamie sont ainsi les premiers aide m moire de l humanit En confiant des informations un support crit externe hors de leur m moire individuelle les Egyptiens pressentent vite le risque qu ils lui font courir Ils s alarment
23. qu il ne suffit pas de comprendre il faut encore apprendre Les plus jeunes ma tres g n ralement trangers aux querelles p dagogiques de leurs a n s savent qu avoir com pris ne suffit pas Il faut faire apprendre en contr lant quotidiennement oralement et par crit On comprend d s lors la diversit des pratiques p dagogiques et leurs fluctuations Tel ma tre de la deuxi me ann e du cycle 2 ne donne rien apprendre par c ur et demande seulement ses l ves de comprendre Telle autre institutrice avoue tre revenue en histoire et g ographie quand les notions sont ma tris es des r sum s apprendre apr s avoir longtemps demand une simple lecture des documents tudi s en classe Tout aussi significative est la diversit des repr sentations des l ves concernant la m moire L image du stock age des connaissances mais aussi le rappel possible des souvenirs sont pr sents d s la maternelle Ma t te est pleine de choses que je connais et je me souviens quand je sais le dire Chacun sait la capacit apprendre par c ur s approprier la gestuelle et l intonation qu ont les enfants d cole maternelle Ils imitent souvent r p tent ou font r p ter pour cr er des automatismes et ils y prennent plaisir A l cole l mentaire les l ves associent volontiers la m moire la r flexion la pens e C est pour penser se souvenir Le mot voque pour mo
24. serait sans doute tr s utile d valuer d s les d buts de l apprentissage d un l ve les capacit s mn siques de ce dernier ou en tout tat de cause de chercher les d velopper le plus t t possible On aura tous pu constater l attention qu exige une op ration de m morisa tion au del de la n cessit qu elle a de faire sens pour tre profitable sur le long terme C est pourquoi 1l convient d instaurer un environnement propice l apprentissage tout autant lors des temps de cours qu au moment du travail personnel de l apprenti musicien C est en cela qu une pratique musicale par les enfants d s leur plus jeune ge peut tre extr mement b n fique sur le plan scolaire dans la fa on de g rer leur travail travers leurs capacit s de concentration d velopp es ailleurs qu l cole sur un mode a priori plus ludique Cet envi ronnement propice repose en premier lieu sur la relation du professeur avec ses l ves qui doit tre bas e sur la confiance et le respect r ciproque bienveillant Cette relation est essen tielle mais parce qu elle bas e sur des facteurs humains difficilement ma trisables elle ne fonctionne malheureusement pas toujours aux d pens des l ves ind pendamment de la bonne volont du professeur Lorsque pour cette raison le climat n cessaire au bon d rou lement de l apprentissage ne parvient pas s installer il conviendrait s rement dans l
25. tendons et des articulation qui li mite la dext rit de l artiste l absence de r p titions r guli re fragilise rapidement une proc dure boucle ouverte Les instrumentistes en savent quelque chose car les sensations sont en principe bien m moris es tout comme dans le cas d une boucle ferm e mais elles peuvent tre difficile remettre en uvre ce qui peut tre l origine d une frustration bien l gitime Descartes sans la nommer de la sorte parlait bien de m moire proc durale n cessaire toute pratique musicale instrumentale dans une lettre destin e Mersenne en 1640 Un joueur de luth a une partie de sa m moire en ses mains car la facilit de disposer ses doigts en diverses fa ons qu il a acquises par habitude aide le faire souvenir des passages pour l ex cution desquels il les doit ainsi disposer Bien videmment l apprentissage initial s est toujours effectu lors d une exp rience consciente et volontaire puisqu il y a eu d sir conscient d apprendre et un effort volontaire d acquisition de l encha nement des gestes constitutifs de la t che Par la suite la mise en uvre de cette habilet ne fera plus appel un effort conscient de m moire l accomplisse 9 uvres philosophiques de Descartes publi es par Adophe Garnier d Hachette Paris 1835 tome IV p 283 26 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire ment de la t che
26. une dimension expressive musicale est un comportement humain universel au m me titre que le langage ll n est de fun railles de gu rison de sacrifice aux anc tres d arbre abattu pour des raisons rituelles de forage de puits de naissance de d claration de guerre de combat de r colte de semailles de travail collectif de rite de passage de cons cration d un chef ou d un pr tre qui ne soient une occasion de musique ou plut t qui ne requi rent le concours indis pensable d une action musicale 1 Ce qui correspond au concept de sch me d crit par Piaget 2 L ethnomusicologie par Gilbert Rouget in Ethnologie g n rale ouvrage collectif coordonn par Jean Poirier d Gallimard Paris 1968 coll Encyclop die de la Pl iade 33 m moire par c ur et cons quences la m moire facteur d apprentissage perspectives Un autre l ment intrins quement li au sens que l on donne notre pratique inter viendra galement en faveur d une meilleure m morisation l aspect affectif par rapport l apprentissage vis pourra tre d terminant en ce que l on retient mieux ce que l on aime Ainsi il reviendra l enseignant de baser sa p dagogie sur un r pertoire qui fait sens pour l l ve ce qui ne l emp chera pas de l largir au fil de la progression de ce dernier Ce qui pourrait tr s bien amener ce professeur passer par des styles musicaux diff rents de son pro p
27. volution des textes vers le rejet de l opposition entre le recours la m moire et l activit de l esprit n a pas t suffisamment remarqu e jusqu ici Qu en est il dans les repr sentations des ma tres et des l ves Dans les pratiques p dagogiques Le r le de la m moire des l ves a t tudi par l inspection g n rale tous les niveaux des tudes apprentis sage des le ons types d exercices propos s modalit s d valuation mobilisation de la m moire pour l ducation des l ves l autonomie et la cr ation ont t tour tour examin s Dans l enseignement pr l mentaire et l mentaire dix sept circonscriptions d inspection et soixante seize ma tres exer ant leurs fonctions dans des conditions vari es zone d ducation prioritaire zone rurale banlieue centre ville ont apport leur contribution cette tude en ouvrant leurs classes une observation attentive suivie d entretiens Soixante seize autres ma tres r unis l occasion de stages ou de conf rences p dagogiques ont galement accept de r pondre un ques tionnaire portant sur ce sujet Des conceptions contrast es De tr s nombreux ma tres et les l ves sont dans le plus grand embarras pour expliquer la conception qu ils se font de la m moire et par l le r le qu ils lui reconnaissent L enqu te a visiblement surpris un grand nombre d enseignantes et d enseignants et tout
28. Chagrin d cole d Gallimard Paris 2007 pp 156 157 m moire par c ur et cons quences tat des lieux bas e sur une grille la lecture simultan e de celle ci peut donner lieu une succession de plans que l instrumentiste aurait dans les doigts et donc une performance au caract re peut tre plus m canique laissant moins de place la spontan it A ce sujet une anecdote rapport e dans le cadre de cette enqu te est int ressante m me sans tre directement li e la notion de m moire mais plus pr cis ment l id e de libert que peut permettre l absence de partition ou autre support physique le scat aurait t utilis pour la premi re fois dans l his toire du jazz par Louis Armstrong consid r pour cette raison comme l inventeur de cette mani re de chanter ce qui n est pas vrait lors d une s ance d enregistrement la fin des ann es 1920 au cours de laquelle celui ci aurait laiss tomber par inadvertance la page sur laquelle figuraient les paroles du titre qu il tait en train de chanter Sans se laisser d sar on ner par cet impr vu c est ainsi qu il se lan a spontan ment dans une improvisation endiabl e en scat pratique reprise depuis maintes et maintes fois par tous les chanteurs de ce style Ce que l on peut observer travers le r cit de cette exp rience c est bien s r d une part l aisance d adaptation la situation de la part d A
29. Dominique Rochet Discipline contrebasse m moire __ par c ur et cons quences Cefedem Rh ne Alpes Promotion Dr me Ard che Vaucluse 2006 2009 On retient par c ur malgr soi et voil pourquoi nous disons retenir par C ur car ce qui touche le c ur se grave dans la m moire Voltaire Art dramatique Dictionnaire philosophique portatif 1764 table des mati res introduction premi re partie tat des lieux A Quels apports la restitution musicale 1 Pr ambule sur la question du temps 2 M moire et musicalit 8 Le rapport au public B Aspects psycho cognitifs 1 Les aptitudes mn siques des musiciens 2 L usage de la m moire dans le cadre p dagogique C Ce que l on peut retenir deuxi me partie une tude de la m moire A Approche de la m moire conception et histoire B Les syst mes de m moire selon la neuropsychologie cognitive actuelle 1 Les m moires court terme 2 Les m moires long terme C Le fonctionnement de la m moire 1 La collaboration entre tous les types de m moire 2 La m tam moire E Le besoins du musicien en termes de m moire 21 21 22 23 24 27 27 28 29 30 troisi me partie la m moire facteur d apprentissage perspectives A L environnement 1 Le cadre de l apprentissage 2 Question de sens B L entretien et le d veloppement de la m moire musicienne conclusion bibliographie annexes
30. ais dans une r alit plus globale afin d en ma triser le plus possible les subtilit s D ailleurs tout comme on n apprend pas parler une langue dans un livre une page pleine de notes inscrites chacune une place bien pr cise sur des port es n est pas de la musique C Ce que l on peut retenir La pratique instrumentale fait forc ment appel la m moire ou plus pr cis ment des m moires certaines sont indispensables car c est gr ce elles que des r flexes s acqui rent et que l impr gnation de la musique s effectue travers de nombreuses empreintes sensoriel les D autres m moires peuvent avoir un caract re moins absolu comme en particulier en ce qui concerne la musique crite o le jeu par c ur peut facilement tre s curis par l usage de la partition lorsque l anticipation mal g r e g ne le d roulement du discours 12 A l cole l mentaire l apprentissage de la lecture est un exercice fondamental En l occurrence la pratique de la lecture silencieuse avec les yeux est largement r pandue Or selon certains chercheurs la vocalisation serait essentielle en mati re de m morisation car la lecture normale s accompagnerait d une vocalisation voix basse chez l enfant subvocalisation int rioris e chez l adulte La suppression de la vocalisation provoquerait en cons quence une baisse de m moire Cependant seule la m moire du sens des
31. ait par la suite de red finir des crit res d valuation dont les enjeux ne tourneraient plus autour de la restitution l identique du texte musical mais serait plut t orient e vers les questions de sensibilit d nergie musicales et d engagement dans le dis cours artistique Ce qui aurait galement l int r t de transformer consid rablement le rapport l erreur que beaucoup de musiciens en devenir n ont pas r ussi d passer avant d abandon ner leur pratique cause de l enseignement qu ils ont re u Ce recentrage permettrait ces laiss s pour compte pass s et venir de l enseignement musical en France de donner le sens n cessaire leur d marche pour la rendre durable 38 bibliographie Jean Michel Bruneton M moire oralit criture m moire de fin d tudes Cefedem Rh ne Alpes Lyon 2005 Bernard Croisile Tout sur la m moire d Odile Jacob Paris 2009 Claude Henry Chouard L oreille musicienne Les chemins de la musique de l oreille au cerveau d Gaillard Paris 2001 Dominique Hoppenot Le violon int rieur d Van de Velde Paris 1981 Pascal Le Corre L art du trac d Van de Velde Paris 2006 Thierry Le Gallo De l utilisation de la m moire dans les processus d apprentissage m moire de fin d tudes Cefedem Bretagne Pays de la Loire Nantes 2005 Daniel Pennac Chagrin d cole d Gaillard Paris 2007 Florent Pomm
32. alyser rapidement les caract ristiques de la petite quantit d informations maintenues afin d en facilit leur enregistrement d finitif en m moire long terme Conjointement d autres facteurs elle intervient de fa on d terminante lors de l acquisition du vocabulaire de l apprentissage de la lecture de la ma trise du calcul mental de la compr hension d une phrase et de la r solution de probl mes Toutes les ac quisitions explicites de connaissances par l enfant participent de la m moire court terme S Dans le domaine de la musique cette conception de m moire de travail n est pas tou jours tr s bien adapt e car elle peut s av rer selon les cas trop restrictive 4 Alan Baddeley est un neuropsychologue britannique l origine des recherches ayant abouti au concept et au mode de fonction nement de la m moire de travail 5 Bernard Croisile Tout sur la m moire d Odile Jacob Paris 2009 p 19 23 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire Prenons comme exemple l improvisation quand un instrumentiste classique ou de jazz im provise il doit garder en m moire son th me puis dans un plan g n ral vite labor le sou mettre une s rie de variations et terminer au besoin par sa r exposition Malheur celui qui oublie le th me en cours de route Pour moi cette conservation la conscience du th me malgr tout ce qui se greffe dessus fait appel une m moire de
33. aret Oralit criture et m moire m moire de fin d tudes Cefedem Rh ne Alpes Lyon 2001 Martin Quesson La m moire sensorielle un facteur d apprentissage de la musique m moire de fin d tudes Cefedem Bretagne Pays de la Loire Nantes 2007 Oliver Sacks Musicophilia La musique le cerveau et nous d du Seuil pour la tra duction fran aise Paris 2009 Ouvrage collectif coordonn par Jean Claude Ruano Borbalan Eduquer et former pp 189 198 La m moire de travail un outil pour penser par Jean Luc Roulin et Catherine Monnier d Sciences humaines Auxerre 1998 2008 Encyclop dia Universalis France 2008 39 annexes Annexe 1 Questionnaire d enqu te ENQUETE de grande utilit M moire par c ur et cons quences Quel s est sont l les instrument s que vous pratiquez ssssssssssrresseerrteettrrttetttrrtntrtnnnrrnneneten nene Quelle s est sont votre vos esth tique s musicale s de pr dilection ssssessressseerresesrrrnseeerenene Vous tes musicien amateur professionnel enseignant apprenant barrez ou supprimez les mentions inutiles Cela vous arrive t il de jouer par c ur iii A quelle s occasion s iii POUFQUOL 2 AR MR STE nee ami tas a tent den a sont A en anna sarl ARR E it te tentes En g n ral pr f rez vous jouer par c ur ou avec partition voire les deux en m me temps Qu est ce que cela change pour vous de joue
34. arfaitement l aise avec le jeu de m moire et n ont pas l air de montrer une quelconque g ne quant leurs capacit s c r brales lorsqu ils sont en action Toutefois il y a des circonstances qui exigent de la part des musiciens de jouer leur texte sans partition lorsque la mise en sc ne du spectacle demande en particulier des mouve ments de leur part Cela concerne une multitudes de formes de spectacles th tre musical de toute sorte op ra o les chanteurs solistes ou choristes de par le jeu d acteur qu ils ont int grer lors de leurs performances ont imp rativement leur texte ex cuter de m moire spectacles de rue pour ne citer que les plus courants Il a beau exister des syst mes d accro chage de partitions sur les instruments comme le font les orchestres militaires lorsque ceux ci sont appeler d filer autrement dit jouer tout en se d pla ant au pas mais d une part ces dispositifs ne permettent de tenir que de toutes petites partitions et par ailleurs visuellement ce n est pas forc ment une r ussite Les r sultats de l enqu te sont assez probants ce sujet la pr sence de pupitres sur sc ne n est g n ralement pas du meilleur effet sur le plan visuel Et de plus les musiciens se retrouvent souvent en partie cach s derri re ce mat riel ce qui peut tre bien dommage D autre part dans le cas de prestations acoustiques sans prise de son ni amplification certains s
35. ble Heureusement gr ce cette m moire il arrive que quand la t te ne sait plus les doigts eux savent Certains voient d ailleurs un certain danger quand la t te veut reprendre le contr le c est dire un contr le conscient le pas sage de relais peut parfois s av rer probl matique Une uvre musicale peut tre m moris e de plusieurs fa ons Les m thodes ou leurs combinaisons diff rent d un musicien l autre elles sont auditives kinesth siques et visuel les tout autant que d un ordre sup rieur li es la perception des r gles de la musique de 7 L hippocampe serait dans le cerveau l un des si ges entre autres de la m moire pisodique pour plus de d tails se reporter la deuxi me partie du pr sent document 8 Les secrets de la m moire par Martine Betti Cusso et Ars ne Ingwe in Le Figaro Magazine num ro dat du 25 avril 2009 9 Thierry Le Gallo De l utilisation de la m moire dans les processus d apprentissage de la musique m moire de fin d tudes Cefedem Bretagne Pays de Loire Nantes 2005 p 9 10 Voir deuxi me partie 16 m moire par c ur et cons quences tat des lieux sa grammaire des sentiments qu elle exprime et de l intentionnalit qui la sous tend En t moignent non seulement les descriptions personnelles de la m moire musicale et les tu des exp rimentales de cette facult mais aussi les nombreuses r
36. ccord parfait l on peut dire que lame n ayant plus rien d sirer apr s un tel accord seroit comme incertaine du choix qu elle auroit faire 0 53 Qu adviendrait il si le facteur temps n entrait pas dans le jeu Les qualit s expressives de la cadence parfaite seraient r duites n ant Ainsi a t on raison de dire du mouvement de la basse fondamentale dans ce cas qu il chute de la dominante la tonique entendu par l que la note qui pr c de la conclusion do mine celle qui fixe en finale le ton o se d ploie la modulation Mais le musicien inform sait en outre que la note qui suscite l attente de cette tonique et la fait d sirer c est la sensible qui lui est si Voisine qu elle la r clame irr sistiblement Son pr curseur de l Octave qui forme toutes les dissonances majeures p 56 Loin de d peindre un monde immobile une telle description fait bel et bien la part du facteur temps consid r comme g n rateur de mouvements Plus besoin d s lors d insister trop sur les autres cadences ni sur quelque d veloppement musical que ce soit Ainsi le facteur temps mis en vi dence les questions de m moire y paraissent de fait intrins quement li es Bien entendu l homme s ouvre la notion de temps gr ce au sentiment de son existence dans la dur e il lui donne sa pleine dimension par l exercice de la m moire mais il contr le sans cesse ses acquisitions en reliant l intervalle te
37. ce enseignent un aspect malheureusement important de leur p dagogie pas su par c ur pas su tout court Quoiqu il en soit m me si l on sait que le concert se fera avec partition cela ne devrait en aucun cas avoir la moindre influence sur le temps consacr la phase de travail afin de ne pas tomber dans le pi ge du d chiffrage am lior au moment de la prestation Autrement dit il serait illusoire de pen ser que l usage de cette partition en finalit permettrait un quelconque gain de temps En ce qui concerne d autres esth tiques s appuyant moins voire pas du tout sur l crit le jazz les musiques actuelles musiques ancienne traditionnelles les questions de m morisations ne se posent pas puisqu elles font partie int grante de la r gle du jeu Mais c est pourtant bien de m morisation dont on parle que ce soit pour un th me jouer ou une ligne de basse r aliser qui n cessite bien l acquisition d une structure sur laquelle s articule une grille harmonique une rythmique des encha nements g n ralement pr cis ment d finis et que tous les musiciens en jeu ont en t te Par ailleurs dans le cas de musiques improvis es il serait tout fait inexact de penser que la m moire ne rentre pas en ligne de compte pour les m me raisons de structuration du discours A ce sujet une r cente tude britannique peut amener revoir les conceptions que nous avons d
38. ces dans les grandes cat gories de m moires explor es pr c demment et en particulier la m moire s mantique On comprend ais ment que la reconnais sance d une m lodie connue fasse appel cette m moire s mantique travers une perception auditive Un individu se consid rera plut t comme visuel ou auditif selon qu il soit plus 27 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire l aise avec le stockage et le traitement d informations sous forme visuelle ou sonore d apr s les deux sens de l tre humain les plus sollicit s Les informations sensorielles arrivent donc au cerveau dans les aires c r brales sensorielles et y persistent quelques tr s courts instants Ces traces ph m res ou m moires sensorielles sont le point de d part de deux processus fondamentaux tr s labor s e Le premier processus est celui de la reconnaissance des informations par l analyse par exemple une telle image visuelle est celle d une fleur rouge d nomm e rose e Le second processus a pour objectif la conservation d finitive de la trace de ces infor mations c est dire la mise en m moire d un souvenir ou d une connaissance Les informations sensorielles pertinentes sont ensuite dirig es vers le syst me de dur e sup rieur la m moire court terme Son principal int r t est de pouvoir les manipuler ou de les analyser avant de les transf rer dans la m moire long terme ce qui
39. cus qu ils n ou blient jamais rien Cette surestimation de leur potentiel de m morisation dure jusqu l ge de 5 7 ans environ C est partir de ce moment qu ils d couvrent qu ils peuvent oublier avec le temps Pendant longtemps les enfants sont dans une situation de m morisation involontaire qualifi e d incidente Paradoxalement c est donc en acc dant au doute que l enfant voit s accro tre l efficacit de sa m moire C est entre 7 et 12 ans que les enfants acqui rent enfin la conscience des strat gies qu ils peuvent employer pour une meilleure m morisation La scolarisation est primordiale cet gard car elle fournit aux enfants le cadre formel d une m morisation explicite qui les con 28 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire fronte des r ussites mais aussi des checs Ils peuvent de la sorte analyser leurs r sultats comparer leurs performances et en d duire ensuite des attitudes plus adapt es Ainsi plus la m tam moire des enfants est lev e meilleures sont leurs capacit s d apprentissage et de r cup ration Il existe en effet un formidable cercle vertueux plus un enfant choue et plus il comprend l utilit des strat gies de m morisation plus il ma trise une strat gie plus il l utilise plus il l utilise et mieux il la conna t mieux il la conna t et plus sa m moire est efficace 0 L oubli que nous craignons tous montre combien la m moire est un
40. de jadis Bien s r cette enqu te a t r alis e aupr s de musiciens amateurs ou professionnels qui ont tous au moins une petite exp rience de la sc ne et par l m me une r flexion plus ou moins pouss e sur la posture du musicien face son public et elle ne s adressait pas ce public de concerts m lomanes averti ou simples quidams dont les consid rations pourraient tre sans doute l g rement diff rentes de celles des premiers Cependant il est int ressant d analyser ce que pensent lesdits musi ciens id es re ues ou v rit s de ce qu attend d eux un public venu les couter d autant que ceux ci se rendent souvent ou parfois et heureusement eux m me des concerts en tant que public Dans le domaine du classique on constate qu un certain nombre de traditions pour tre encore tr s respect es ont la dent particuli rement dure Par exemple en concert les presta tions au sein d un orchestre ou en musique de chambre au moins partir du trio ne font qua siment Jamais r f rence au jeu de m moire Seules semblent g n ralement concern es celles en soliste avec ou sans orchestre avec ou sans m me quelqu accompagnement que ce soit encore que dans le cas de la musique contemporaine dont les langages sont parfois moins familiers pour les interpr tes la partition est souvent admise D autre part la fa on de faire d pendra galement de l instrument jou Ainsi
41. du domaine de l intelligence directement en lien avec l activit musicale Si les m moires auditive visuelle et kinesth sique qui sont absolument essentielles peuvent tre incidentes en ce qu une ventuelle m morisation peut n tre que la cons quence du travail de r p tition sans avoir t un objectif en soi aucune de celles ci ne permet qui que ce soit d int grer un texte musical Seule une intelligence musicale reposant sur un m moire intentionnelle permet d assimiler cette connaissance Le musicien doit tre totalement conscient de ce qu il m morise s il veut tre en mesure de l enregistrer et de le retenir C est ce qu offre cette m moire contextuelle l assimilation dans sa globalit du texte interpr ter notes harmonie nuances phras s style points de rep re bref la compr hension musicale de par toutes les connaissances acquises tout au long de l apprentissage musical et de la vie artisti que Finalement cette m moire permet de regrouper un certain nombre d information en un seul concept gr ce des capacit s d analyse auxquelles elle donne acc s Par exemple au lieu de m moriser s par ment les notes do r mi fa sol la si do huit l ments d information diff rents il n y a qu m moriser qu il s agit de la gamme de do majeur un seul concept La strat gie des acteurs ne pas apprendre par c ur Si une m moire
42. e La motiva tion la compr hension la logique aident m moriser remarque un ma tre Il a t tr s souvent difficile de s entretenir de la m moire avec l ensemble des ma tres d une cole faute d ac cord sur le sens du mot Les anciens accordent une grande place la m morisation con ue comme un stock 1 Compte rendu d une enqu te r cemment effectu e par l Inspection g n rale publi ici avec l aimable autorisation de son auteur Monsieur l Inspecteur g n ral de l ducation nationale Alain Bouchez doyen du groupe de l enseignement primaire 41 m moire par c ur et cons quences annexes age d informations La r citation par c ur est privil gi e les cahiers comportent des r sum s dict s par le ma tre L l ve est limit dans ses initiatives On constate que ce cadrage convient beaucoup d l ves en difficult On a insist sur la recherche dit un ma tre Tout est fonction du type d enfant auquel on s adresse Celui qui a plus de moyens a moins besoin de m moriser D autres ma tres d ge moyen ont appris et retenu que rien ne sert de m moriser synonyme pour eux de r p ter machinalement l essentiel pour eux est de comprendre D o l id e qu il suffit de comprendre pour retenir id e fort r pandue aussi chez les coll giens et lyc ens form s cette p dagogie On n glige alors le fait que l oubli est chose naturelle et
43. e ce qui peut se comprendre mais pourrait galement tre pris comme un manque de confiance allou e ce partenaire qui pourrait tr s bien ne pas se tromper D autant que comme tr s justement dit par l un des musiciens interrog s la partition n emp che pas de se tromper Mais force est de reconna tre qu elle peut tout de m me permettre de rattraper des situations bien mal engag es 11 m moire par c ur et cons quences tat des lieux Pour ce qui est des parties solo que la tradition voudrait donc tre jou es de m moire cela tiendrait ce que le public attend de l artiste sur sc ne qu il ma trise pleinement son pro pos et n ait ainsi plus besoin du recours au mode d emploi que repr senterait la partition afin de donner finalement le meilleur de lui m me Enfin ces r gles semblent plus souples chez les autres instrumentistes o chacun voit midi sa porte En l occurrence chez les vents le jeu par c ur pourrait tre un peu moins en vigueur en raison de la l g re hypoxie voqu e par plusieurs musiciens concern s g n r e par l activit respiratoire un peu perturb e lors de la pratique instrumentale et qui peut se tra duire par une baisse des performances intellectuelles et en particulier des troubles de la m moire Cependant d autres instrumentistes toujours chez les vents en particulier dans les bois fl tistes clarinettistes ou hautbo stes se disent p
44. e passage de la m moire dite pisodique court terme la m moire s mantique long terme Conclusion L enqu te a montr que les capacit s des l ves comprendre et apprendre sont souvent sous estim es Les l ves sont en qu te de m thodes de travail et de rep res Ils sont victimes du pr jug selon lequel il suffit d avoir compris une fois pour retenir De plus on oppose tort m moire et compr hension alors que l une est la condition de l autre la compr hension exigeant la m moire de nombreuses informations et des proc dures logi ques C est pourquoi apprendre et comprendre loin de s exclure se renforcent mutuellement La construction des connaissances suppose des moments de s dimentation puis de r activation pour aller l essentiel 44 m moire par c ur et cons quences annexes A l ge de l audiovisuel et de la red couverte du corps on ne saurait m conna tre le r le fondamental de la m moire visuelle et auditive de la m moire du geste et du corps qui contribuent asseoir les connaissances par la mise en place d automatismes comptine des nombres entiers tables de multiplication moyens mn motechni ques etc Ces automatismes lib rent l esprit pour des op rations plus complexes accroissent son pouvoir Ici prend place l apprentissage par c ur de po mes par exemple dont la restitution doit tre fid le tout comme le ton de la r citation doit tre
45. e de simples courants d air lors de prestations en ext rieur n cessitant l emploi de pinces linges par exemple pour arrimer les partitions au pupitre en esp rant que a ne soit pas alors le pupitre entier qui s envole et rendant les probl mes de tournes encore plus insurmontables Bref on le voit alors que le jeu de m moire en public peu inqui ter plus d un musicien l emploi de la partition ne met personne l abri de bien d autres p rils Les musiciens interrog s voient galement une communication amoindrie par la lecture de la musique en concert ce qui est peut tre vrai sur le plan de la musicalit proprement dite mais a vraisemblablement de r elles limites dans le cas de volont de restitution l identi que conception un peu floue on l a vu fr quente en classique et comme on peut le cons tater l vocation plus haut de la f cheuse exp rience en concert d un trio avec piano Cette communication concerne les partenaires sur sc ne d une part et elle devrait tre optimum dans un souci de coh rence de la performance et de coh sion du groupe mais elle se doit ga lement de se rapporter au public que le nez dans le guidon de la part des artistes peut donner l impression de laisser en plan Beaucoup de musiciens d orchestre se plaignent de ce que leurs coll gues fran ais en l occurrence mais pas eux bien s r ce qui laisserait pen ser que ce soit moi
46. e la m moire per ue jusqu pr sent comme l instrument de la seule gestion du pass 15 m moire par c ur et cons quences tat des lieux En examinant des amn siques des chercheurs se sont aper u de la pauvret de leur ima gination Cette observation donne penser que l hippocampe la partie du cerveau l s e chez ces malades sert aussi pr dire le futur imaginer ce qui peut advenir Il ne serait pas simplement le vecteur de la nostalgie mais un instrument au service des actions venir Le psychologue canadien Morris Moscovitch qui estime que nous devons r viser notre conception de la m moire remarque de son c t que les sujets g s dont l hippocampe tend s atrophier ont du mal se souvenir correctement mais aussi imaginer 8 On comprend ais ment l appel l imagination que font les improvisateurs hors pair et le support que la m moire apporte ceux ci para t effectivement indispensable On imagine la r f rence au v cu sur lequel doit bien pouvoir s appuyer l imagination C est pourquoi un entra nement soutenu s av re tout aussi indispensable pour former cette m moire Tout est toujours question du temps allou la mise en place des choses Un ph nom ne semble r current chez les chanteurs de tous horizons lorsque des pro bl mes de m moire se font sentir ceux l concernent le plus souvent le texte des paroles plu t t que le texte musical
47. e mise o l apprentissage d un morceau se fait par r p titions successives de ce que joue le ma tre jusqu ce que la pi ce soit enti rement int gr e Ainsi le visuel ne viendra consolid le tout qu une fois que tout ce qui fait la musique et qui vient de soi aura t dig r Evidemment le temps pass ne sera pas moindre mais c est en s ret de jeu que l on gagnera sans doute Ce sont d ailleurs bien l les enjeux du jeu par c ur des musiciens classiques En proc dant de la sorte jusqu un certain niveau la m morisation fera obligatoirement appel des capacit s d analyse de la pi ce jouer m lodie structure ambiances pr cises afin de baser son d roulement sur des rep res pr cis travers lesquels sera d fini le sens musical Et s il arrive que la difficult du 3 On peut regretter ce sujet la disparition progressive de la m moire des enfants d aujourd hui des petites comptines qui pouvaient s av rer de par leur simplicit m lodique un mat riau p dagogique extr mement utile pour cette approche auditive Mais que font les parents 35 m moire par c ur et cons quences la m moire facteur d apprentissage perspectives r pertoire abord ne permette plus de se passer de l crit au d but de son apprentissage la re cherche de ces points d ancrage devrait se faire naturellement puisqu elle aura toujours t au centre du travail A ce niveau
48. e partie une tude de la m moire A Approche de la m moire conception et histoire La m moire est la propri t de conserver mais surtout de restituer des informations Elle est commune tous les organismes vivants et devient une composante artificielle celle l puisqu issue de l intelligence de l homme et fabriqu e de ses mains de plus en plus pr sente dans tous les appareils de plus ou moins haute technologie La m moire de l humain est com plexe dans la mesure o elle est le produit d un triple volution phylog n tique car l esp ce humaine est le point culminant d une longue volution biologique historique et g n tique L organisme humain dispose de plusieurs niveaux de m moire plus ou moins complexes Au niveau biologique les cellules et tissus sont dot s d une m moire l mentaire gr ce laquelle peut exister le ph nom ne d immunisation par exemple A un autre niveau se situe la m moire du syst me nerveux qui est essentiellement du type associatif et qui permet des acquisitions dont la complexit correspond celle des structures c r brales concern es en m me temps qu elle d pend des conditionnements et des apprentissages sensorimoteurs c est ce niveau que se rattachent la plupart de nos habitudes consistant par exemple marcher manger con duire un v hicule ou pratiquer un instrument de musique Un troisi me niveau serait celui de la m moire repr s
49. e plaignent de ce que le pupitre et la partition peuvent alt rer l mission du son dans la salle Une mesure scientifique de ce ph nom ne serait sans aucun doute facilement r alisable pour v rifier son exactitude mais c est en tout cas un ressenti par tag par beaucoup de musiciens classiques Par ailleurs dans le m me ordre d id e sur un plan plus pragmatique et visant tout particuli rement la logistique plusieurs probl mes inh rents la pr sence de la partition ont t relev s e tout d abord l oubli des partitions chez soi ou ailleurs alors que le concert d bute dans quelques minutes source d angoisses forc ment difficilement ma trisables e les probl mes de tournes des pages parfois acrobatiques et pouvant donner lieu de beaux vols plan s de partitions en plein concert ou rendant obligatoire la compagnie bienveillante d un tourneur de pages fr quente chez les pianistes mais dont le r le n est peut tre pas soulign sa juste valeur 5 L hypoxie est une diminution de la quantit d oxyg ne distribu e par le sang aux tissus dans un temps donn 12 m moire par c ur et cons quences tat des lieux e le besoin d une lumi re soutenue afin de rendre possible la lecture ce qui peut alourdir consid rablement l organisation d un concert ou largement r duire les possibilit s de vari t d ambiances gr ce diff rents clairages e les probl mes de vent ou m m
50. e que par leur n cessaire pr cision d autant plus difficile ac qu rir que le geste est grand Pour en revenir sur les interactions de la vue sur l ou e lorsque l on demande des en fants de retrouver sur leur instrument une petite m lodie simple qu ils connaissent en chanson par exemple la plupart d entre eux finissent g n ralement par y parvenir au bout de quelques minutes alors que le d chiffrage de la partition du m me air n aboutirait pas sa reconnaissance avant au moins quelques jours Preuve est faite que la transformation en sons de ce qui est lu est loin d tre vidente Et ce qui laisse penser que l tre humain est en g n ral plus visuel qu auditif d o la n cessit de d velopper un maximum la perception au ditive en m me temps que les sensations kinesth siques avant de se pencher sur les questions de lecture qui n interviendront qu apr s avoir compris le fonctionnement de l instrument et le lien troit entre gestes et sons Plus tard lorsque la relation entre ce qui est crit et ce que l on doit entendre est plus vidente il ne serait peut tre quand m me pas inutile de continuer une approche du r per toire en passant par l coute et de ne permettre le rapport l crit que bien apr s que la pi ce ne soit connue Un peu comme ce qui se fait dans le domaine des musiques traditionnelles mis part le passage l crit qui n est en principe pas d
51. ent le public auquel ils s adressent un instant n cessairement bien pr cis Le per ception rev t un caract re d imm diatet dans un d roulement temporel d fini Alors qu une uvre que l on pourrait qualifier de fig e parce qu immobile comme toute uvre pictu rale ou plastique a une existence instantan e sous le regard d un observateur m me si ce dernier ne pourra tre p n tr de son sens artistique que par la libre dur e de son observation Cette perception rev t donc un caract re volutif dans l imm diatet Une d finition de la musique largement r pandue en fait un art consistant justement combiner arranger et ordonner les sons et les silences au cours du temps Eric Emery d 1 Math maticien physicien musicien et philosophe suisse Eric Emery a t professeur de math matiques au Gymnase de la Chaux de Fonds Suisse et enseigna galement la fl te au conservatoire de cette ville m moire par c ur et cons quences tat des lieux montre bien cette question de temps dans son ouvrage dont c est le principal sujet de fond Temps et musique travers entre autres l tude des crits de Rameau qui con oit la basse fondamentale dans le discours musical comme l l ment qui mat rialise ind niablement le facteur temps Si Rameau rend un tel hommage la basse fondamentale justifi e qu elle serait par le ph nom ne des harmoniques c est qu il
52. ent brouiller les pistes Chez cer tains apr s r flexion il s av re que la peur du trou de m moire est telle qu elle engendrerait forc ment celui ci au moment venu situation que le musicien qui en est affect ne parvient pas d passer m me lors du travail tout obnubil qu il est par la vision de l chec qui l at tend fatalement Une d dramatisation du rapport l erreur serait sans doute salvatrice pour ces musiciens dont l enseignement n a sans doute pas t tr s pertinent de ce point de vue Par ailleurs les musiciens classiques ne faisant pas de la musique leur m tier semble large ment confront e aux m mes faiblesses que cette minorit de professionnels Ceci dit l id e du rapport l erreur n est pas balay e par l usage de la partition qui comme on l a d j vu n emp che en rien les carts au texte pas plus que les maladresses instrumentales et tout le monde est galement d accord pour dire que m me s il est rassurant de se servir de l crit en concert le fait de pouvoir interpr ter une pi ce en public fera in vitablement fonctionner la m moire s appuyant sur les acquis du travail en amont En effet qu est ce qui diff rencie la phase de jeu de celles du d chiffrage puis de travail Le temps pass et l int gration autre ment dit la m morisation de la musique d coulant de celui ci Ce qui fait dire certains qui en font souvent quand ceux ci en l occurren
53. entative correspondant au sens courant du mot m moire Il est extr mement complexe car il n cessite des op rations mentales qui permettent par exemple de se repr senter les objets ou v nements en leur absence et dont les principaux modes sont le langage et l image mentale visuelle N anmoins le langage n est pas un mode inn de repr sentation et c est la raison pour laquelle la m moire de l homme actuel est aussi le r sultat d une volution histori que De l histoire de l homme est n le langage ainsi que son intelligence et des produits culturels qui permettent notamment la facult d valuer le temps sans celle ci notre m moire serait incompl te les syst mes chronologiques le calendrier le d coupage horaire par exem ple rendent possible la r f rence au pass dans nos souvenirs Enfin la m moire adulte est le r sultat d une volution g n tique qui a suivi partir de l enfance les tapes de la maturation de l acquisition du langage et du d veloppement des structures logiques Si l tude de la m moire qui n est parvenue son ge scientifique qu avec l cole b havioriste et surtout depuis la r volution informatique semble remonter l Antiquit ce n est que depuis les ann es 1950 qu elle est consid r e non plus comme un filet dont les mailles seraient les souvenirs mais comme un ordinateur Selon une tablette datant d environ 264 avant J C S
54. es cursus dits classiques sur l importance la n cessit de l utilisation de la m moire et par l m me rendre cette utilisation consciente en donnant de ce fait une place im portante la m tam moire Cela aurait peut tre le grand avantage d habituer le musicien en devenir se reposer sur sa m moire lors de sa pratique et ainsi lui faire confiance ou plus exactement se faire confiance C est en tout cas ce qu il ressort de l enqu te analys e en pre mi re partie de ce document les musiciens interrog s sont unanimes sur les bienfaits de se d gager de la lecture et de tout support visuel lors d une interpr tation musicale mais nom breux sont ceux en particulier du c t des amateurs ne pas tre l aise avec cette id e en situation pr cis ment par manque de confiance Ainsi il para trait pertinent au d but de ne pas faire reposer l enseignement instrumental sur quelque support crit que ce soit afin de d velopper d une part l coute que la lecture peut perturber sensiblement au moins chez les jeunes enfants au point de les emp cher de reconna tre un air familier et d autre part la m moire proc durale en y portant volontaire ment toute l attention Apr s l avoir exp riment personnellement j ai r alis avec certains de mes l ves une exp rience tr s int ressante dont les r sultats ont t surprenants L exercice consistait dans l interpr tation d u
55. est finalement l ob jectif ultime de la m morisation moins que l autre option la disparition ne soit effective volontairement ou pas En effet cause de la petite capacit de la m moire court terme l arriv e de nouvelles informations chasseraient les pr c dentes qui entre temps auront donc pu tre transf r es ou non au niveau de traitement au dessus Des activit s cogniti ves concomitantes comme le calcul mental ou la lecture aboutiraient galement la vidange des informations contenues dans la m moire court terme 2 La m tam moire La m tam moire correspond la connaissance que l on a du fonctionnement de sa m moire C est la conscience et le contr le que nous avons de notre propre m moire Plus sim plement la m tam moire est r sumable en deux phrases e Je sais que je connais ceci e Je sais comment faire pour apprendre et retrouver cela Cette m tam moire est triplement indispensable e elle nous vite de rechercher une information que nous ne poss dons pas e elle nous permet d optimiser nos strat gies de m morisation e elle est essentiel dans le rappel des souvenirs car elle nous aide utiliser des modes op ratoires adapt s et des structures de rappel sp cifique La m tam moire des jeunes enfants est impr cise et ils sont longtemps persuad s d avoir une meilleure m moire que les autres enfants Certains sont m me convain
56. fait bien l admiration de tous c est s rement celle des acteurs de th tre De fa on tonnante les acteurs professionnels de th tre interrog s par la psychologue Helga Noice on d clar viter d apprendre par c ur Ils ont d crit plusieurs strat gies Plut t que d tre nonn e une r plique doit se pr senter avec l aisance naturelle d une phrase adapt e la situation Les acteurs ne sont pas des experts en m moire mais des experts en analyse I n apprennent pas les mots ce sont les mots qui leur apprennent La meilleure fa on de ma triser son texte est sans doute d oublier qu on le sait afin qu il s coule naturellement Parmi les strat gies employ es cette fin on peut citer e L immersion dans la psychologie d un r le afin d en comprendre les motivations et les caract ristiques c est la strat gie la plus efficace un acteur m morise la fa on dont son personnage influence les autres et est lui m me influenc par eux e La lecture du texte plusieurs reprises pour essayer de comprendre et pr dire les r pli ques du personnage e L apprentissage simultan des r pliques et des gestes les accompagnant ce qui facilite leur m morisation r ciproque Et enfin un peu de m moire du futur toute action de m morisation sera consolid e par une projection dans le futur En effet c est en se visualisant dans les situations venir dans lesquelles on aura besoin de faire appel a
57. i l intelligence et r fl chir C est r fl chir dans sa t te Il semble que la m moire soit une activit une forme de travail intellectuel Ainsi est elle li e au sentiment d un devoir C est se rappeler des choses qu on a apprendre a veut dire se souvenir des choses qu on ne doit pas oublier disent des l ves de CM2 L importance et le r le de la m moire sont donc d instinct sans doute assez bien per us par les l ves de m me que les moyens mis en uvre qui eux sont g n ralement m caniques Pour apprendre on apprend on apprend plusieurs fois on lit plusieurs fois on r p te devant les parents Un m canisme mis au service de l in telligence et de la r flexion telle est pour l essentiel la conception de la m moire qui pourrait tre d gag e des propos des l ves La conduite de la classe D une mani re g n rale la m morisation des acquis n est plus l objectif explicite mais l utilisation des connais sances ant rieures pour construire de nouveaux apprentissages est bien la d marche permanente A l cole ma ternelle la nouvelle s quence ne commence pas toujours par le rappel des acquis de la veille la ma tresse ne r emploie pas syst matiquement les mots et tournures rencontr s pr c demment mais le rituel du matin est un moment mobilisateur de souvenirs A l cole l mentaire le contr le des le ons n est plus syst matique e
58. ia ble de la pratique musicale En effet en musique la diffusion d une uvre se fait par le biais d un interpr te qui peut en tre le cr ateur mais pas forc ment Et quand bien m me cr ateur et interpr te ne font qu un il s agit bien l de deux r les parfaitement distincts Se pose ainsi la question de la vie de l uvre une fois sortie de la t te du compositeur peut elle totalement chapper ce dernier Dans le cas de la musique crite le cr ateur n a plus d influence sur l interpr te qu travers le support de la partition quelle que soit sa forme qui ne serait qu une sorte de description de l uvre un codage destin tre d cod traduit pour l auditoire par cet interpr te qui finalement refait sienne la musique qu il joue Le r sultat ne sera qu une repr sentation parmi tant d autres possibles de l inter pr te en action un instant donn et re u sans doute de mani re diff rente par chacun des membres du public A l interpr te donc revient de faire des choix selon sa propre sensibili t sa compr hension du discours musical mais galement son aisance technique instrumentale qui d passent l criture et lui demande un investissement conscient de sa propre personnalit Ainsi la question Qu est ce que cela change pour vous de jouer avec ou sans parti tion l un des musiciens interrog s r pond que pour lui jouer sans
59. imonide de C os po te grec du v si cle avant J C aurait d couvert la m thode des lieux qui consiste transformer en ima ges mentales ce qu on doit apprendre et situer ces images par rapport un itin raire con nu telle rue par exemple tel ou tel emplacement l int rieur d une maison etc Cette conception d une m moire envisag e comme r serve d images sera tr s r pandue et s im 1 La phylog nie est l tude du processus de formation et de d veloppement des esp ces vivantes au cours du temps 2 Encyclop dia Universalis M moire par Alain Lieury Michel Meulders et Serge Brion 21 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire posera pratiquement jusqu Descartes Quelques auteurs cependant n y souscriront pas c est notamment le cas d Aristote pour qui la m moire se caract rise par une sorte de re cherche apparent e au syllogisme pr figuration de l op ration logique et par une r f rence au pass partir de Descartes et des philosophes anglais du xvie si cle le langage re prend ses droits et les images ne sont plus consid r es comme le mode de repr sentation dominant de la m moire Hume et James Mill notamment voient en celle ci un r seau as sociatif de souvenirs La p riode scientifique commence avec le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus 1850 1909 qui publie en 1885 la premi re tude exp rimentale de la m moire et qui tablit la
60. instrumen tal En pr ambule afin de remettre ces donn es dans un contexte plus ou moins d fini le ou les instruments pratiqu s taient pr ciser ainsi que les esth tiques musicales les plus souvent fr quent es Ainsi l analyse de ces retours la premi re chose qui frappe c est le consensus commun quasiment tous les musiciens au del des clivages esth tiques et ou instrumen taux sur l vidente n cessit de l utilisation de la m moire dans leur art et le lien troit avec l crit m me chez ceux qui ont pourtant a priori peu l habitude de manipuler ce dernier en tout cas culturellement comme souvent en musiques traditionnelles ou actuelles Quoiqu il en soit l analyse des informations r colt es permet d envisager sous diff rents angles l int r t ou les limites de la m moire dans le cadre d une pratique musicale A Quels apports la restitution musicale 1 Pr ambule sur la question du temps La musique est une forme d expression artistique comme il en existe tant d autres tels la litt rature la po sie le th tre la peinture la sculpture la photographie le cin ma la bande dessin e ou encore la danse liste non exhaustive et sans classement de valeur Cer tains de ces arts et en l occurrence celui qui nous int resse ici la musique ont ceci de parti culier que le facteur temps prend une importance tout fait inalt rable au moment o ils atteign
61. ismes d enregistrement de stockage et de r cup ration de l information On voquera simplement ici m me dans le cadre de cet expos sans plus de d velop pement les approches neurophysiologique ou pathologique et biochimique dont les pro gr s consid rables pour cette derni re ont ouvert un champ d tude tr s important qui s int ressent aux structures nerveuses jouant un r le dans la m moire elles s occupent par exemple d valuer d apr s leur activit lectrique ou chimique l importance de ces derni res et par l de d terminer leur r le sp cifique Cependant tous ces types d approches psycho logique physiologique biochimique convergent parfois mais leurs r sultats ne semblent pas permettre pour l heure d laborer une th orie g n rale B Les syst mes de m moires selon la neuropsychologie cognitive actuelle Plusieurs r sultats exp rimentaux indiquent que la m moire n est pas homog ne mais qu elle regroupe deux grandes cat gories de m canismes La premi re est caract ris e d une part par une capacit limit e et d autre part par un oubli tr s rapide raison pour laquelle on parle alors de m moire court terme La seconde cat gorie de m canismes est caract ris e par une grande capacit et par un oubli beaucoup plus progressif qui peut s tendre sur des dizaines d ann es il s agit de la m moire long terme 3 Encyclop dia Unive
62. ive des performances lors de la pratique r p t e de la t che Gr ce cette r p tition nous maftrisons ladite t che sans tre consciemment concentr s sur les composantes gestuelles successives de celle ci quand apr s un an d abstention nous chaussons nouveau nos skis nous n avons perdu aucun de nos r flexes m moire proc durale motrice qui reviennent quasi instantan ment pas plus que notre souvenir du plan des pistes m moire proc durale visu spatiale ni la fa on de se procurer des forfaits pour avoir acc s aux remonte pentes m moire proc durale cognitive Cependant ce savoir faire est dit boucle ferm e car chacun des l ments de l action procure suffisamment d indices pour la poursuivre l encha nement se fait naturellement de fa on quasi r flexe comme le maintien en quilibre sur un dispositif pourtant instable M me si ces habilet s motrices sont initialement difficiles maf triser elles r sistent particuli rement bien au temps Dans d autres cas on est face des facult s motrices dites boucle ouverte car les l ments constitutifs de l action ne sont pas automatiques leur vocation n est pas aussi ins tinctive ou facile que celle des t ches boucle ferm e Jouer du piano ou de n importe quel instrument de musique exige plus qu une pratique automatique la passage d une note une autre n est pas un r flexe En dehors du vieillissement des
63. m de quel principe ce g chis Uniquement parce que les professeurs d antan taient r put s nous faire r citer des po sies souvent idiotes et qu aux yeux de certains vieux chnoques la m moire tait un muscle entra ner plus qu une biblioth que enrichir Ah ces po mes hebdomadaires auxquels nous ne comprenions rien chacun chassant le pr c dent croire qu on nous entra nait surtout l oubli Mes professeurs aussi ils m en ont coll des z ros Et des heures de colle Evidemment Pennacchioni on n a pas appris sa r citation Mais si monsieur je la savais encore hier soir je l ai r cit e mon fr re seulement c tait de la po sie hier soir mais vous ce matin c est une r citation que vous attendez et moi a me constipe cette embuscade Bien entendu je ne disais rien de tout cela j avais beaucoup trop peur Je n y reviens cette terrifiante preuve de la r citation au pied de l estrade que pour essayer de m expli quer le m pris o l on tient aujourd hui toute sollicitation de la m moire Ce serait donc pour conjurer ces fant mes qu on d ciderait de ne pas s incorporer les plus belles pages de la litt rature et de la philosophie Des textes interdits de souvenir parce que des imb ciles n en faisaient qu une affaire de m moire Si tel est le cas c est qu une idiotie a chass l autre La question de la partition se pose in vitablement en m
64. me indiqu des notes qui viennent d tre lues sur une partition d autre part la capacit main tenir et manipuler des informations ce que nous faisons par exemple lorsque nous rangeons dans l ordre alphab tique une liste de mots Lorsqu on examine le lien entre m moire court terme et intelligence on peu en effet voir que ces deux aspects simple r p tition et r p tition avec manipulation n ont pas le m me statut par exemple la capacit rappeler dans l ordre des s ries de chiffres de plus en plus longues est une t che qui corr le peu avec les preuves d intelligence ou le quotient intellectuel QI En revanche se rappeler des chiffres dans l or dre inverse de pr sentation o il faut alors r organiser le mat riel pr sent semble plus en ad quation avec le QI ou plus exactement avec les tests qui permettent de l valuer L impor tance de cette capacit maintenir et manipuler de l information a conduit certains chercheurs pr f rer le terme de m moire de travail celui de m moire court terme Baddelay 1974 De par la dur e tr s limit e dans le temps de la m moire court terme le passage celle long terme est en fait tr s rapide D ailleurs le r le de la premi re est fondamental dans le domaine des capacit s d apprentissage de l tre humain facult d pendant pourtant plus particuli rement de la seconde La m moire court terme permet d an
65. mots de la phrase lue du r cit permet de comprendre Quand de plus la saisie du sens du texte lu est la condition d une op ration plus complexe r solution de probl mes par exemple on mesure la perte de moyens et l embarras que peut dissimuler la suppression de la subvocalisation Beaucoup d l ves s habituent au travail approximatif inachev ou simul et n acc dent pas la joie de comprendre vraiment Source Education nationale extrait du compte rendu d une enqu te effectu e par l Inspection g n rale sur le r le de la m moire des l ves dans les pratiques p dagogiques 19 m moire par c ur et cons quences tat des lieux L usage de ces m moires sont la condition sine qua none de la libert de jeu plusieurs ni veaux e le rapport au geste sur un aspect technique de la pratique c est l anticipation qui est vis e car indispensable la bonne marche de la machine e le rapport l expression sur un plan artistique c est la clart du discours qui prime donc la musique doit tre int gr e assimil e e le rapport l autre la communication avec d ventuels partenaires ou avec le pu blic ne doit pas tre g n e par le manque de ma trise des deux autres points Il convient maintenant de d finir plus pr cis ment quelles sont sur un plan plus scienti fique ces diff rentes m moires objet de la deuxi me partie du pr sent document 20 deuxi m
66. mporel l intervalle spatial et la percep tion du mouvement joue cet gard un r le important 2 M moire et musicalit M me si le rapport avec le jeu de m moire semble sans doute au premier abord issu d une vision quelque peu restrictive face la globalit des questions de m moire c est quand m me par cette entr e comme d j dit plus haut en r f rence la notion de par c ur qu une grande majorit de musiciens y fait r f rence 2 Eric Emery Temps et musique d L Age d Homme Lausanne 1975 1998 p 320 et p 26 m moire par c ur et cons quences tat des lieux Un des avantages qui ressort le plus souvent dans le fait de jouer sans partition que la musique existe au d part de fa on crite ou non r siderait dans la libert de jeu que cette absence de partition permet Ce jeu bas donc en partie sur la m moire permettrait de jouer de mani re moins scolaire gr ce une interpr tation peut tre plus personnelle ou en tout cas plus expressive soit un meilleur ressenti int rieur de la musique Cette id e est tr s largement partag e m me par des musiciens dont l apprentissage a vraisemblablement repos essentiellement sur l crit et qui ne pourraient absolument pas se passer sur sc ne du support visuel de la musique jouer pour quelque raison que ce soit Derri re cette id e on se trouve face une dimension philosophique forte et indissoc
67. nd aussi des formes vari es restitution d une histoire racont e dans les moments de langage m moire des mots et du sens lecture puis r ponse un questionnaire m moire du sens reconstitution d un texte autodict e d un texte tudi la veille La lutte contre l habitude de r citer sans comprendre et la diversification des pratiques p dagogiques ont entra n un net recul de la r citation par c ur Il n est pas s r qu on appr cie toujours correctement l int r t multiple de cet exercice quand il est bien conduit m moire des mots et du sens veil de la sensibilit impr gnation cultu relle acc s au patrimoine constitution de rep res Bien des exercices propos s en classe donnent lieu une valuation indirecte de la m moire des l ves Il en est ainsi quand il n y a ni rappel ni reconnaissance d un savoir pr cis tudi pr c demment C est le cas de l va luation du vocabulaire ou des proc dures ordre chronologique ordre logique acquis par les l ves on ne sait o ni quand par le moyen d exercices trous mots compl ter ou rectifier de reconstitution de textes lecture puzzle La fr quence de ces exercices aujourd hui correspond leur importance r elle puisqu ils permettent 43 m moire par c ur et cons quences annexes d exercer et d valuer la m moire permanente implicite la plus pr cieuse celle du sens ma trise du vocabu laire
68. ne pi ce connue par c ur mais en mimant le jeu instru mental les mains vides et les yeux ferm s le tout sous l objectif d une cam ra vid o afin de 34 m moire par c ur et cons quences la m moire facteur d apprentissage perspectives pouvoir a posteriori se confronter de visu sa performance Et bien il s est av r que la pos ture instrumentale n tait pas toujours bien tablie s ils avaient eu la contrebasse entre les mains pour certains celle ci aurait t vraisemblablement tr s pench e vers l arri re ou vers l avant selon les cas et pour d autres l archet aurait plut t frott le fond de la caisse que les cordes Cela montre bien l importance de bien visualiser la tenue instrumentale plu t t que d abord des partitions et de l int grer en y revenant syst matiquement afin d enre gistrer profond ment les sensations physiques de cette position L exp rience peut aussi se r aliser en jouant r ellement de l instrument mais en fermant les yeux ou carr ment dans le noir Dans le cas d un instrument comme la contrebasse le travail devant un miroir dans un premier temps semble aussi montrer une certaine efficacit pour ce qui est de la visualisation posturale et gestuelle Le m me genre d approche peut se faire plus tard sur la question des d manch s de la main gauche le long des cordes dont les distances sont parfois impression nantes tant par leur importanc
69. ns le cas ailleurs dans le monde ont l habitude d avoir la t te dans la par tition sans jamais ou presque relever le nez Au del des inconv nients que cela peut supposer au niveau purement musical d une prestation et cela ne s applique pas forc ment que pour celles en grande formation il para t probable que vu du public cela puisse aussi laisser paraf tre un certain manque de connaissance de la partition et d appropriation de celle ci id e d j cit e du meilleur de soi donner et par l m me un possible manque de respect envers celui ci en m me temps qu un manque de pr sence sc nique Au contraire certains autres ins trumentistes voient cette partition comme un refuge une certaine distance avec ce public qui leur para t plus confortable de par un contact moins vident et donc moins d stabilisant Enfin dans un cadre tout autre celui plus convivial du face face p dagogique entre un professeur et ses l ves un des musiciens enseignants interrog s parle d une meilleure accro che avec ses l ves lorsqu il veut leur montrer une fa on de faire ou leur faire couter une pi ce ou un extrait s il le fait sans le support de la partition priori pour donner l exem ple notion d exemplarit donc peut tre 13 m moire par c ur et cons quences tat des lieux B Aspects psycho cognitifs 1 Les aptitudes mn siques des musiciens S1 de la part des musiciens i
70. nterrog s 1l ressort que les avis sur l utilit et les avantages de l usage de la m moire en situation de jeu sont relativement unanimes il s av re toutefois que tous ne semblent pas aussi bien arm s les uns que les autres quant leurs capacit s de m morisation En ce qui concerne les musiciens professionnels quelle que soit l esth tique qu ils pra tiquent que celle ci soit particuli rement ax e sur l crit ou non une grande majorit d entre eux quelques exceptions pr s toutefois s accorde dire que le fait de jouer de m moire ne leur pose pas de probl me bien au contraire et beaucoup d entre eux pr f rent de fait lar gement proc der de la sorte pour toutes les raisons d j d velopp es ci dessus Dans la plu part des cas les musiciens classiques n estiment pas avoir besoin de consacrer beaucoup d ef forts pour y parvenir le travail r gulier et soutenu d un programme destin tre jou par c ur se suffisant lui m me pour r ussir int grer la partition Seuls certains d entre eux ressentent cependant la n cessit de d cider au tout d but du travail de la mani re dont ils restitueront le programme en question une fois celui ci acquis sans quoi ils ont l impression de faire deux fois le travail une premi re fois pour rechercher l interpr tation de la musique qui leur semblera la meilleure une deuxi me fois pour la m moriser Quoiqu il en soit
71. onnaissances la m moire est constamment quotidiennement en situation de r ception d infor mations et nous permet ainsi de retenir de fa on incidente involontaire certains faits plus que d autres parmi le flot ininterrompu d informations que nos sens per oivent chaque instant C Le fonctionnement de la m moire 1 La collaboration de tous les types de m moire Comme on l a d j vu le terme de m moire regroupe au moins les deux aspects fonc tionnels que sont le stockage des informations puis leur r cup ration gr ce une activit c r brale au moment opportun Dans les deux cas l action peut tre volontaire consciente ou non incidente Cette capacit est le r sultat d op rations mentales extr mement complexes qui peuvent se r sumer en simplifiant beaucoup de la mani re suivante Les informations nous parviennent a l intellect gr ce nos r cepteurs sensoriels en lien avec nos cinq sens la vue l ou e l odorat le go t le touch ce qui donne lieu ici l voca tion de m moires d di es chacun d eux En fait ces m moires sensorielles visuelle audi tive olfactive gustative ou tactile sont tr s courtes de 300 millisecondes pour la m moire visuelle 3 secondes pour la m moire auditive et il ne faut pas les confondre avec le type d information ou le mode de repr sentation toujours en rapport avec les sens sous lequel sont enregistr es les connaissan
72. onsciente et en m me temps plus raisonn e de cette capacit d une richesse inou e que repr sente la m moire de l tre humain Ce m moire d butera dans sa premi re partie par un tat des lieux de la question travers une enqu te r alis e aupr s de nombreux musiciens issus de tous horizons sur leurs positions cet gard au vu de leurs propres exp riences Suivra ensuite une courte tude de la m moire du point de vue du neuropsychologue et ses applications dans le cadre d une prati que musicale Enfin en troisi me partie on trouvera des pistes de r flexion sur des fa ons de tenir compte de ces enseignements pour une p dagogie de la musique classique premi re partie tat des lieux Une enqu te r alis e aupr s d un certain nombre de musiciens professionnels ou ama teurs enseignants ou non se consid rant ou non comme des apprenants et issus de diverses esth tiques musicales permet de se faire une id e sur les us et coutumes en vigueur l heure actuelle et les repr sentations vis vis de la question de l utilisation de la m moire dans le jeu instrumental ou vocal et de la notion de par c ur Cette enqu te r alis e par crit taient compos e d une liste de questions demandant aux participants qui ont bien voulu s y pr ter de se situer dans leur pratique et de pr ciser leur sentiment quant l usage ou non de la partition en situation de jeu et ou de travail
73. partition c est ac c der la ma trise consciente de ce qui d passe la description la partition C est s tre appropri le contenu descriptif d un tableau pour le r interpr ter sa fa on en impliquant sa propre personnalit Autrement dit tant qu il est dans la lecture il conserve mal gr lui une forme de barri re entre l uvre et lui donc a fortiori entre l auteur et l audi teur D autres parlent d un rattachement une dimension mat rielle due la lecture qui emp cherait d acc der l essence m me de l uvre cause de la part d nergie d di e autre chose que la musique justement Ce n est pas dans le texte que se trouve la di mension musicale d une pi ce il convient donc de le d passer afin de l oublier La partition repr senterait donc un carcan qu il faudrait absolument abolir Ainsi alors qu au premier abord on a du mal dissocier de la culture de l crit la notion de par c ur sous pr texte qu il n y serait que question de restitution l identique du texte on voit bien que ce n est pas une uniformisation de jeu qui est vis e et que les enjeux ne sont pas si diff rents que cela suivant les esth tiques quels que soient leurs modes de transmission Cependant l attachement au respect du texte peut devenir un enjeu v ritablement diffi cile g rer lors du jeu de m moire si on ne parvient
74. parvenir cette fin certains pensent qu il faudrait tre capable de r crire l uvre apr s en avoir travailler et tre capable d en jouer les diff rentes parties dans l ordre ou dans le d sordre divers tempi Le travail int rieur ou dans la t te sans l instrument chaque geste r alis uni quement int rieurement par la pens e serait galement fort utile Ainsi se trouveraient d ve lopp es la concentration et l attention n cessaire ce que l on est en train de faire ainsi que l approfondissement de l coute et de la m moire auditive et la prise de conscience des sen sations gestuelles gr ce la mise au repos du sens de la vision lib rant ainsi la part d nergie que celui ci demanderait L ou e alors plus en alerte permettrait galement d appuyer le d roulement de la musique sur des rep res plus auditifs que visuels C est une mani re de tra vailler que le c l bre pianiste Glenn Gould employait beaucoup Toutefois ce que Gould par 18 m moire par c ur et cons quences tat des lieux venait faire peut ne pas tre accessible tous car ce proc d est susceptible de demander un niveau suffisamment avanc de la part des l ves pour y parvenir efficacement 2 Une des pistes voqu es pour donner des outils en particulier aux enfants lors de leur apprentissage consiste inventer une histoire ou la description visuelle mais imagin e d une
75. parvenir au but vis En fait tous les types de m moire doivent tra vailler de concert pour tre r ellement efficaces On pourrait m me comparer l interaction entre ces m moires musicales au travail des membres d un quatuor cordes o chaque ins trumentiste joue un r le sp cifique dans la formation mais o la coh rence et la r ussite de l interpr tation reposent sur l interaction entre les quatre musiciens e La m moire auditive Le souvenir des sons d pend de la m moire auditive C est celle qui s active lorsqu on entonne sa m lodie favorite sous la douche Comme la musique est d abord et avant tout un en semble de sons la m moire auditive joue forc ment un r le d terminant dans le travail de m morisation du musicien En fait l interpr te l utilise pour accomplir deux t ches sp cifiques D abord pour savoir s il joue les bonnes notes pendant l interpr tation Ensuite pour anticiper sur le plan auditif ce qu il aura jouer dans les prochaines secondes Sans elle il jouerait des fausses notes sans s en rendre compte et sa fluidit d encha nement serait ardue et fragile e La m moire visuelle La m moire visuelle permet l tre humain d enregistrer des milliers de donn es La re m moration des visages des couleurs ainsi que des objets qui nous entourent sont quelques exemples de ses capacit s Dans le cas d un musicien de culture crite celui ci utilisera abon dammen
76. pas le d passer Autrement dit l op pos de ce qui vient d tre d velopp plus haut le danger pourrait venir d une vision de la m moire par c ur et cons quences tat des lieux performance musicale travers le petit bout de la lorgnette c est dire pens e en note note en mot mot mille lieux de cette essence m me de la musique et donc appr hend e comme la r citation l cole d autrefois et dont l image est juste titre si n gative aujour d hui Le poids de la tradition qu on ne comprend pas toujours en quelques sortes Et pourquoi ne pas apprendre ces textes par c ur AU nom de quoi ne pas s approprier la litt rature Parce que a ne se fait plus depuis longtemps On laisserait s envoler des pa ges pareilles comme des feuilles mortes parce que ce n est plus de saison Si ces textes taient des tres si ces pages exceptionnelles avaient des visages des mensurations une voix Un sourire Un parfum ne passerions nous pas le reste de notre vie nous mordre le poing de les avoir laisser filer Pourquoi se condamner n en conserver qu une trace qui s estompera jusqu n tre plus que le souvenir d une trace il me semble oui avoir tu di au lyc e un texte de qui d j La Bruy re Montesquieu F n lon Quel si cle xvie XVII Un texte qui en une seule phrase d crivait le glissement d un ordre un autre Au no
77. premi re courbe de l oubli Apr s lui Alfred Binet tudie la m moire des textes Bartlett la d formation des souvenirs Pierre Janet l volution de la m moire Th odule Ribot l estimation temporelle des souvenirs Mais la m thode exp rimen tale demeure alors fond e plut t sur des observations que sur des donn es quantifi es La rigueur scientifique en la mati re est venue principalement de John Watson et de ses suc cesseurs qui guid s par les principes du behaviorisme ne prennent en consid ration que les faits observables c est dire les stimulations que re oit l organisme et les r ponses qu il fournit Pendant cette p riode et jusqu aux ann es 1950 l tude de la m moire tout en gagnant en rigueur y perdra n anmoins du point de vue de la richesse et de la pertinence des th ories le m canisme de base retenu tant alors l association ainsi que le condition nement et toute hypoth se sur des m canismes mentaux tels que les images et les op ra tions logiques se trouvant ainsi bannie C est essentiellement cette conception emprunt e l informatique qui sous tend les grandes th ories actuelles en se modulant en fonction des principales voies d approche de la question L approche psychologique et cognitive regroupe toutes les m thodes d tude qui supposent l int grit des m canismes elle cherche identifier les principales structures et les principaux codes de la m moire les m can
78. que de pr dilection En l occurrence les musiciens issus d une culture reposant principalement sur l crit comme les musiciens classiques sont fascin s par ceux d autres cultures qui peuvent jouer des heures durant sans le moindre support visuel de par leur capa cit le faire de m moire m me si ces derniers s avoueraient facilement int ress s par un support crit de leur musique qui leur permettrait une extension de leur r pertoire peut tre plus ais e car moins exclusivement bas e sur leur propre m moire Par ailleurs tous s accor dent dire que la musique ne se situe pas dans une ventuelle partition mais plut t au niveau de la sensibilit de l artiste qui s exprime travers son interpr tation personnelle d une u vre D o l int r t de se d tacher de cette partition pour tre totalement son art Malheureu sement nombreux sont les musiciens classiques qui ne parviennent pas se lib rer de ce sup port crit devenu tellement trop habituel s rement cause entres autres du manque de confiance qu ils ont en leur m moire Ainsi il ne serait sans doute pas inutile de d velopper d s les pr mices de l apprentis sage musical une conscience des capacit s mn siques des apprenants en s appuyant sur une p dagogie incitant une utilisation volontaire et non pas induite de celles ci gr ce toutes sortes de situations d di es cet effet Il conviendr
79. r avec ou sans partition sssssseseserreserirrrrerrrrnrrrrrrnene Quels seraient pour vous les avantages de jouer par c ur esssssstisrsissriiseritsinstintstiuttrunstnnserensnnnt Quels en seraient les inconv nients iii A votre avis comment y rem dier mis part le fait de jouer avec partition 0 Quels seraient les inconv nients de jouer avec partition esseeseseesieseeseriiseirtsiresintstrntsrnnetnnnerensrnnns Quelle influence peut avoir sur votre comportement en concert le fait de jouer sans partition par rap port au fait de jouer avec Le cas ch ant quelle m thode de travail utilisez vous pour l apprentissage d une pi ce au point de pouvoir la jouer par c ur Avez vous l impression d y consacrer d importants efforts Etes vous capable de rejouer imm diatement de m moire une uvre apprise des semaines ou des ann es auparavant Sinon en combien de temps vous en estimez vous capable Si vous tes enseignant demandez vous vos l ves d apprendre jouer des morceaux de m moire Si oui leur laissez vous le choix Si vous n tes pas enseignant quelle serait votre position ce sujet si vous tiez amen enseigner 40 m moire par c ur et cons quences annexes Annexe 2 Le r le de la m moire des l ves dans les pratiques p dagogiques Le silence fait l cole sur le r le de la m moire des l ves n est pas d au hasard Quelle formation de l
80. re s mantique culturelle ou les pr noms de nos fr res et s urs m moire s mantique personnelle Elle donne une signification aux objets en les comparant aux connaissances stock es ant rieurement En musique c est elle qui per met l identification d une uvre entendue et tout le savoir th orique que la pratique mu sicale requiert langage musical notions de structures histoire de la musique Le r pertoire musical d un interpr te appartient incontestablement cette m moire mais pas seulement en ceci qu il fait galement appel une m moire implicite comme la m moire proc durale Tou tefois la m moire s mantique peut galement tre implicite lorsque l acc s aux connaissances se fait de fa on automatique et non consciente comme c est le cas dans la plupart des situa tions de la vie quotidienne D autre part les m moires autobiographique et s mantique gardent souvent des liens entre elles Si je suis au courant que les Beatles ont enregistr un album intitul Abbey Road c est que je l ai appris vu ou lu quelque part mais je suis incapable de dire o ni quand ainsi cette information appartient ind niablement la m moire s mantique Si maintenant je d sire faire appel mes connaissances sur le grand chef d orchestre autrichien Herbert von Karajan je sais qu il est d c d en juillet 1989 car j tais alors en voyage en Scandinavie et c est dans un caf en lisant des tit
81. re savoir faire Et alors N est il pas de l int r t de l l ve qui aurait envie d explorer un r pertoire de chansons ou de standards de r pondre sa demande D autant que de par les m tissages musicaux auxquels a abouti l histoire de la musique les passerelles entre les diff rentes esth tiques sont nombreuses et faciles emprunter Par exemple nombre de th mes issus de la musique classique ont t rendus populaire gr ce leur utilisation d tourn e au sein de chansons non moins populaires Les musiciens apprenants amateurs ou profession nels montrent souvent un certain int r t aborder diff remment des th mes qu ils connais sent dans un certain contexte au d part Ces croisements ne sont ainsi plus que question d imagination et sources d enrichissement inestimable pour nos l ves musiciens Et au del de cela on en revient ainsi au premier point voqu sur la question environnementale de l ap prentissage savoir le cadre et la relation l enseignant qui doit tre de la m me mani re appr ciable de part et d autre B L entretien et le d veloppement de la m moire musicienne Lors de son parcours d apprenant et m me au del un musicien a une multitude de donn es int grer sur tous les plans cognitifs et sensoriels C est pourquoi il conviendrait sans doute de mettre l accent le plus t t possible d s les pr mices de l apprentissage tout au moins pour l
82. rend 42 m moire par c ur et cons quences annexes L organisation des connaissances est troitement li e au support utilis On sait l omnipr sence des photocopies qui ont envahi les cahiers Les l ves apr s un attentif et long d coupage collent avec soin r pondent rapide ment aux questions pos es par oui ou par non comptent enfin les bonnes r ponses Ont ils r fl chi au contenu Un jeune inspecteur remarque Les fiches d exercices syst matiques et m me les fiches de d couverte rem placent le plus souvent toute forme de le on C est le papier qui fait la classe Les cahiers assez nombreux sont surtout des supports d exercices ou de collages On y trouve peu de r sum s structurants r dig s par les l ves eux m mes ils ne constituent plus la m moire des le ons du jour Les cahiers n ont plus de m moire et pourtant ils sont de plus en plus nombreux Le plus souvent le manuel qui tait traditionnellement le principal outil de la m moire apr s la le on du ma tre n est plus qu un recueil de documents Il n est plus unique n est plus le support d un apprentissage continu mais plut t la source de photocopies ou le livre consult occasionnellement dans le coin biblioth que Il n offre plus la m moire des l ves une synth se toute pr te mais des mat riaux travailler pour construire eux m mes leurs connaissances Cette construction presque analogue
83. res de journaux dans une langue que je ne connais pas que je l ai com pris C tait pr cis ment le 16 juillet je l ai relu r cemment Ce souvenir autobiographique appel souvenir flash est maintenant indissociable du rappel en m moire s mantique Dans le m me ordre d id e un autre exemple rev t de par son importance un caract re col lectif l chelle mondiale l actualit marquante du 11 septembre 2001 a ind niablement ac quis le statut d un souvenir flash pour un grand nombre de personnes dans le monde entier 8 Bernard Lechevalier op cit 25 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire b M moire implicite e La m moire proc durale La m moire non d clarative s oppose la m moire des v nements Elle est principale ment centr e sur la m moire proc durale mais elle rec le bien d autre entit s qui font appel des structures c r brales vari es Le seul point commun de cet ensemble est que ces m moires implicites sont non d claratives Autrement dit elles ne peuvent donner lieu un rappel verbali sable qui prouve leur existence mais elles reproduisent la facilitation inconsciente d une t che la suite de la ou des pr sentation s d une information Si la facilitation porte sur des habilet s on parle alors de m moire proc durale qui correspond l acquisition de proc dures techniques ce qui se traduit par l am lioration progress
84. rmes d apprentissage la question du sens est absolument primordiale Dans le domaine scolaire on a longtemps oppos la notion de m moire et en particulier le concept du par c ur l id e de compr hension M me si la m moire n est pas l unique composante de ce qui fait l intelligence humaine on con oit au vu de ce qui a t dit plus haut qu elle y soit intimement li e c est gr ce aux apprentissa ges emmagasin s qu on est capable d analyser une situation ou une information et de la comprendre en la comparant justement aux connaissances dont on dispose d j Ainsi il va de soi que m moire et compr hension vont de pair Malgr tout il a galement t d montr que ce qui est vrai dans un sens ne l est pas forc ment dans l autre il ne suffit pas d avoir com pris pour retenir il faut avoir la volont de cette r tention et en faire l effort pour qu elle soit effective et que soit conserv plus ou moins long terme suivant l entretien qui en sera fait le chemin d acc s l information enregistr e La question du sens musical se pose de ce fait forc ment mais il semble qu il y a quel que chose de l ordre de l inn ce niveau chez l tre humain La plupart des ethnomusicolo gues ont montr qu aucune soci t humaine aussi restreinte et isol e soit elle n est d pour vue d une production symbolique utilisant le son et ont tabli que le recours
85. rmstrong mais galement de celles des musiciens alors en pr sence et en action lors de cet v nement Ces derniers que l on peut supposer jouant de m moire ou plus simplement d oreille ce qui n emp che pas l utilisa tion de supports visuels se devaient d avoir une grande complicit entre eux pour r agir de la meilleure fa on qui soit et continuer jouer en permettant au soliste d aller au bout de sa cr ation Cela n cessite sans doute une tr s bonne communication ainsi qu une grande connivence entre les protagonistes La lecture de la musique en situation de concert plu sieurs est elle susceptible d amoindrir cette connivence La question de l esth tique prati qu e se pose s rement dans cette r flexion Il m est arriv d entendre en concert un trio clas sique form d un pianiste un violoniste et un violoncelliste jouant tous les trois sans la musi que sous les yeux La prestation tait particuli rement int ressante de par cette complicit qui semblait renforc e par ce parti pris des musiciens Jusqu au moment o le pianiste a embray sur une mauvaise modulation ce qui a ostensiblement perturb ses partenaires et donn lieu un certain cafouillage durant quelques instants Il est vident que la prestation de ce trio n avait pas t pr vue pour la moindre improvisation que ce soit alors que dans le cas cit pr c demment m me si l improvisation n est peu
86. rsalis M moire par Alain Lieury Michel Meulders et Serge Brion 22 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire 1 Les m moires court terme e La m moire de travail La m moire court terme intervient dans des situations o nous avons besoin de main tenir temporairement ou de manipuler mentalement une quantit limit e d information Un des ph nom nes les plus tonnants de la m moire court terme est sa capacit tr s limit e Si l on pr sente un sujet une s quence d l ments m moriser et qu on lui en demande un rappel imm diat on observe que le nombre maximum moyen d l ments qui pourront tre rappel s nomm empan se situe entre cinq et neuf sur une dur e n exc dant g n ralement pas une deux minutes Le plus curieux est que le nombre de ces l ments rappel s est peu pr s constant que ces derniers soit des chiffres des mots des phrases significative ou toutes autres unit s famili res la m moire En tudiant la relation entre m moire court terme et activit s intellectuelles les chercheurs ont tr s vite vu la n cessit de distinguer deux caract ristiques de cette m moire imm diate d une part la capacit maintenir des informa tions dans un ordre bien pr cis ce qui permet par exemple de retenir un num ro de t l phone le temps de le composer ou sur un plan plus musical de jouer dans l ordre et selon le ryth
87. s cette analyse int gr e au rendu que l on aura conscience de vouloir proposer de l uvre concern e on pourra d couper celle ci et s en tra ner la restituer de m moire dans le d sordre ou en ne jouant que le d but de chaque par tie exposition d un th me puis de l ventuel deuxi me th me du d veloppement de la r ex position La m moire proc durale sera alors au service des m moires analytique et audi tive preuve s il en est de la coop ration entre toutes les m moires d une part et du fameux ancrage en soi du discours duquel na tra l expression du musicien Une autre dimension galement aborder comme on l a d j dit sera celle de la projec tion dans l avenir En effet il conviendrait d insister sur le fait que faire de la musique sup pose une phase de travail qui n existe que pour le projet de restitution que l on veut faire du fruit de nos efforts devant un public bahi D s la phase de travail il faudrait r ussir tirer parti de la fiert qu on sera susceptible de ressentir l issu d une prestation en s imaginant le plus t t possible dans cette situation finale qui n est autre que l objectif vis depuis le d butf A travers ces pistes de r flexion on peut comprendre l avantage de se lancer dans une pratique musicale d s le plus jeune ge un moment o toutes les connexions neuronales qui sont la base du fonctionnement c r bral de la m
88. sera automatis car ses m canismes seront r alis s en dehors du contr le conscient M me si certains de ces savoir faire impliquent le langage leur complexit va bien au del d une simple description par les mots C est pourquoi la m moire proc durale est qua lifi e de non d clarative c L incidence de la m moire Il faut encore distinguer la m moire implicite qui fait donc r f rence la r cup ration inconsciente d une information de l apprentissage incident d informations apprentissage au cours duquel n est pas r alis d effort particulier de m morisation Se souvenir sans avoir tent de m moriser de la couleur de la voiture d un ami est un exemple de cet apprentissage incident Au fil de la vie nous sommes d ailleurs davantage en situation de m morisation in cidente J ai retenu sans faire attention la couleur de ta voiture que d apprentissage conscient Retiens la couleur de cette voiture Ainsi les musiciens qui disent ne pas avoir d efforts particuliers faire pour retenir un morceau destin tre jou de m moire in t grent bien celui ci de mani re incidente simplement gr ce la r p tition due au travail d ordres musical et moteur boucle ouverte Cette notion de m moire incidente est majeure car nous oublions peut tre trop souvent que la m moire n est pas li e une situation scolaire ou universitaire d apprentissage conscient des c
89. t tre pas arriv e au moment pr vu les mu siciens y taient tout de m me tout fait pr par s Question d esth tique De langage musi cal Habitudes 3 Le rapport au public On l a vu il semble que le jeu de m moire change le lien entre le musicien et la musi que qu il joue Or le rapport au public est galement prendre en compte comme cela a d j t bri vement sugg r Parmi les musiciens interrog s dans ce cadre d enqu te plusieurs comparent le fait de jouer une partition de m moire au jeu d acteur m tier reposant en grande 4 Le scat est une forme d improvisation vocale o les paroles sont remplac es par des onomatop es par exemple wap doo wap chou pap On l appelle aussi mouth music litt ralement musique bouche et on en trouve dans beaucoup de cultures par exemple dans la musique traditionnelle irlandaise mais on l attribue g n ralement plus particuli rement aux chanteurs de jazz 10 m moire par c ur et cons quences tat des lieux partie sur les capacit s de m morisation de textes destin s tre jou s et non pas r cit s On imagine mal par exemple Muriel Robin seule sur sc ne jouant devant une salle comble avec son texte entre les mains Encore qu au th tre longtemps les com diens ont pu compter sur la pr sence du souffleur Qui a maintenant g n ralement disparu Alors quoi les acteurs d aujourd hui ont plus de m moire que ceux
90. t ou sur l instrument direc tement et de d velopper ainsi d ventuels r flexes proc duraux Dans le retour d enqu te expos au d but de ce m moire 1l a t dit que certains musiciens exprimaient le besoin de d cider avant de commencer le travail d une pi ce si celle ci serait jou e avec ou sans la mu sique sous les yeux au final C est peut tre inconsciemment cette approche qui est faite par ces musiciens qui ont l impression de faire deux fois le travail s ils d cident en cours de route d apprendre par c ur leur programme Ils semblent avoir besoin de ma triser l ancrage n cessaire la mise en m moire d s le d but du travail ce qui ne peut pas tre n faste l assimilation qui sera faite et qui serait quand m me peut tre faite de toute fa on mais de mani re plus ou moins rapide S1 l on passe encore par une autre tape interm diaire comme le mime de la r alisation instrumentale avant cette r alisation proprement dite alors on gagnerait vraisemblablement encore en prise de conscience de l utilisation de la m moire et par l m me son anticipation de par son c t de fait moins abstrait que le travail de t te uniquement D autre part il conviendrait galement d asseoir toutes les m moires au service de la r alisation musicale sur ce que nous avons appel la m moire contextuelle celle qui permet une analyse plus ou moins consciente de la pi ce jouer Cette anal
91. t la m moire visuelle dans l apprentissage mn monique d une partition Cette m moire lui permet de photographier virtuellement la partition et de la voir ensuite dans sa t te au moment de l ex cution Plus g n ralement la m moire visuelle peux permettre l interpr te de m moriser visuellement chacun des gestes physiques effectu s pendant la prestation lorsque ceux ci sont significatifs de la r ussite de la r alisation musicale sur un plan technique par exemple chez les pianistes ou pour les instruments dont l emploi exige des d placements des membres notables En fait le mouvement de ces gestes physiques doivent tre enregistr s de la m me fa on qu un danseur m morise les mouvements de sa chor graphie 30 m moire par c ur et cons quences une tude de la m moire e La m moire kinesth sique Tous les automatismes physiques sollicitent la m moire kinesth sique Or jouer d un instrument tout comme chanter requiert justement nombre de ces automatismes Par cons quent la m moire kinesth sique est essentielle au jeu instrumental C est gr ce elle que l on m morise clairement dans son corps et donc pas seulement visuellement tous les mou vements gestes et sensations physiques dont on aura besoin pour jouer au moment voulu e Mais galement une sorte de m moire contextuelle bien s r li e la m moire s mantique mais gale ment la m tam moire
92. t solennel Il est rare qu il concerne un grand nombre d l ves Quelquefois l interrogation est int gr e la s ance du jour par le biais d exercices dont la premi re question est un rappel Il y a un v ritable tuilage entre rappel et nouvelle le on Souplesse et con tinuit des apprentissages l emportent sur le souci de contr le et de consolidation des acquis La f condit dune m moire vivante se trouve ainsi valoris e Mais il arrive aussi que de nombreux ma tres con sid rent que ce qui a t vu fait ou compris une fois est d finitivement acquis et disponible Le pouvoir de l ou bli est sous estim L organisation des connaissances joue un r le capital dans la m morisation Or il existe une tendance qui vise introduire les notions nouvelles par le biais d exercices qui placent les l ves en situation de recherche L objec tif d clar est la fixation des nouveaux apports Mais le moment de synth se et la reformulation claire par le ma tre sont trop souvent n glig s L attention dune classe ne saurait tre ind finiment soutenue Or certaines s quences durent une heure et plus On note l absence de pauses permettant de faire le point de r capituler Le temps de la m morisation en acte est renvoy apr s la classe la maison Un l ve du cours moyen affirme on apprend la maison et on r cite l cole L cole ne serait donc pas le lieu privil gi o l on app
93. tous s accordent dire que la question du temps de travail pass l apprentissage de ce pro gramme est absolument primordiale Elle l est d abord parce que la mise au point d un mor ceau de par ses difficult s tant techniques que musicales n est jamais instantan e et qu il faut laisser le temps faire m rir ce qui a t f cond et ensuite parce que de ce temps pass tra vailler l uvre sera source de confiance en soi lors de l interpr tation de celle ci en public et permettra vraisemblablement de surmonter son trac La conscience de n avoir pas assez travaill pour assurer des r flexes infaillibles suffit in qui ter Le simple bon sens indique le rem de Le trac a moins de prise lorsque l int gra tion de l uvre n est pas r cente Une partition qui a t prise et reprise est plus profond ment assimil e et plus rassurante que celle dont l acquisition est de fra che date Il faut donc jouer des uvres m res qui reposent sur des couches s dimentaires successives Le travail doit tre pouss jusqu l int gration parfaite de l uvre Ce qui semble suffisant chez soi demande tre encore plus profond ment travaill et assimil pour tenir lorsqu inter viennent des interf rences dues la pr sence du public S C est pourquoi une musicienne d envergure internationale ayant r pondu l enqu te sugg re lorsque le programme est consid r comme su de s en
94. tra ner l encha ner d abord seul puis devant une ou deux personnes de son entourage avant d largir un peu ce public pour l heure choisi Tant qu un ventuel doute persiste l exp rience devra tre renouvel e jusqu ce que la m moire ne soit plus un enjeu majeur de l anxi t monter sur une sc ne Cette artiste qui enseigne galement conseille ce m me proc d ses l ves qui jouent ainsi 6 Dominique Hoppenot Le violon int rieur d Van de Velde Paris 1981 p 237 14 m moire par c ur et cons quences tat des lieux tout d abord pour eux m mes puis pour leur professeur justement ensuite leur famille avant de se confronter un public plus largi voire un jury Chez les quelques personnes toujours dans le cas des professionnels de la musique dont l orientation est plut t classique pour lesquelles la m morisation d uvres ne serait pas naturelle au point qu elles puissent ne pas se sentir aptes jouer de m moire 1l semble que dans certains cas de figure la vision globale d une uvre savoir structure cheminement harmonique cadences fasse d faut puisqu un apprentissage par c ur peut n cessiter un micro d coupage de la pi ce pouvant aller jusqu la mesure pr s Ce qui forc ment rend le travail plut t fastidieux et manque quelque peu de sens musical Mais on peut quand m me se demander si le ph nom ne du trac ne vient pas largem
95. travail plus proche du long terme que du court terme et que l on pourrait appeler m moire de travail long terme Autre exemple l audition de la musique est ins parable du temps pour avoir une repr sentation de l uvre il faudra stocker au fur et mesure ce que l on entend sans ou blier ce qu on entendait deux trois minutes plus t t O s arr te le court terme o com mence le long terme ici 6 e Le buffer pisodique Les limites de cette conception de la m moire de travail ne se v rifient pas qu en musi que c est pourquoi au d but des ann es 2000 Baddeley affinait son mod le en y rajoutant une m moire de travail long terme ou buffer pisodique m moire tampon pisodique qui maintient disponibles pendant plusieurs minutes les informations n cessaires la r alisation d une t che intellectuelle Lorsqu il faut par exemple retenir puis r p ter la liste de chiffres 1 7 8 9 c est ce buffer pisodique qui permet de rep rer qu il s agit aussi de l ann e 1789 parce qu il a pu extraire cette connaissance de la date de la prise de la Bastille du stock cultu rel de la m moire long terme afin de la comparer avec les chiffres maintenus en m moire de travail Il en va de m me lorsque l on retient une m lodie o en plus des notes proprement dites qui satureraient vite la m moire de travail court terme c est l interaction entre elles qu on est ainsi capable d anal
96. tre pas limit s en termes de r pertoire gr ce l tendue de l dition musicale Une des principales raisons cit es qui semble d une grande importance au vu du nom bre de fois est que la lecture permettrait plus facilement car plus rapidement de d velop 11 Oliver Sacks Musicophilia d du Seuil Paris 2009 p 254 17 m moire par c ur et cons quences tat des lieux per d enrichir un r pertoire par rapport un apprentissage bas sur une transmission orale et onc plut t auditive Parmi les diff rents avantages relev s li s l usage conscient de la m d lut t auditive P les diff rent t l l r tde l moire dans le cadre de l enseignement musical on peut aussi noter e entra nement et entretien de la m moire certains mettent l accent sur la n cessit de commencer le plus t t possible dans la vie donc d s la petite enfance cet entra ne ment e la possibilit d aborder des pi ces longues pour lesquelles la m moire apr s le travail fourni dessus comme voqu plus haut semble indispensable e l acquisition de r flexes d automatismes e de cela d coule la capacit d anticipation de difficult s techniques ou musicales ce qui permettra de les appr hender de mani re plus efficace e la perception de la structure du morceau que sa m morisation montre comprise capa cit s d analyse m me inconsciente semblant indispensables
97. u savoir que l on est en train d emmagasiner que ce dernier pourra s ancrer plus efficacement 11 Bernard Croisile op Cit p 208 31 troisi me partie la m moire facteur d apprentissage perspectives Comme on l a vu pr c demment l activit de tout tre humain repose sur la m moire de l individu Au m me titre que ce qu on appelle commun ment des souvenirs toute con naissance est le fruit du traitement d un apprentissage explicite ou non enregistr par une m moire sp cifique comme l est galement toute action domaine d une autre m moire Ain si comme toute autre activit la pratique musicale fait appel toutes les formes de m moires dont on a d j parl court terme s mantique d ordre visuel et auditif proc durale kines th sique et sans doute pisodique de par l unicit d un moment pr cis m morisable gr ce aux motions ressenties alors m moire motionnelle Ce qui peut amener se poser la question suivante Est il possible de favoriser un apprentissage musical gr ce un enseigne ment qui tiendrait compte en s appuyant volontairement dessus des capacit s qu offre la m moire humaine Si un genre musical montre plus ou moins cette ventualit c est bien celui des musiques traditionnelles Ces fa ons de faire sont elles transposables une esth ti que de culture crite A L environnement 1 Le cadre de l apprentissage Il
98. urel de reproduire au pr s de mes jeunes l ves ce sch ma auquel j avais moi m me surv cu et d envisager leurs prestations instrumentales par c ur et perp tuant de cette mani re sans vraiment de recul ni de r flexion ce sujet une certaine tradition du jeu de m moire en musique classique Je me rendis bien s r vite compte que mes opinions taient loin d tre pleinement partag es par le public auquel je m adressais et j ai pu constater que nombre d l ves de nos coles de mu sique en cursus classique tout au moins semblent terroris s l id e de devoir jouer sans partition quelque programme que ce soit Toute action d apprendre fait pourtant appel une utilisation indispensable in vitable mais plus ou moins consciente de la m moire Celle ci est essentielle dans le monde du spectacle vivant et des arts de la sc ne de la part des intervenants lors d une performance Par ailleurs les diverses esth tiques musicales semblent reposer sur des enjeux tr s diff rents en termes de m moire selon que leur transmission repose principalement sur l crit ou sur une tradition orale dans notre soci t actuelle o il est vident que l crit tient pourtant une place pr pond rante Au vu de ces observations qui montrent combien la m moire est omnipr sente car incessamment sollicit e peut on imaginer b n ficier d apports p dagogiques et artistiques par une exploitation plus c
99. usique dite classique mais pas seulement Les musiciens de jazz par exemple dont l esth tique est impr gn e de tradition orale font de fait norm ment appel la m moire Cette tradition orale ne les prive pourtant pas d un possible support visuel que ce soit lors des s ances de travail ou sur sc ne Le cas ch ant ils s y appuient g n ralement pour y trouver les deux principales informations dont ils ont besoin d une part le th me qu ils sont en train jouer et d autre part la grille harmoni que sur laquelle est d roul ce th me Il s av re que la plupart des jazzmen et women interrog s ont l habitude de se pro duire sans ces supports toutefois le contraire aurait paru surprenant ou quand c est le cas ils ne le consid rent que comme un simple aide m moire qui leur vite d avoir m mori ser un ventuel ordre pr d fini des morceaux jouer et leur permet ventuellement de se re mettre en t te sans avoir r fl chir le d but du th me venir Quoiqu il en soit une fois le morceau d marr 1ls ont tous peu recours cette partition Certains estiment que le fait de lire un th me de jazz en le jouant est plus contraignant car cette lecture g ne l improvisation au tour de ce th me on retrouve le m me argument chez les musiciens sp cialis s en musique ancienne notamment sur la question de l ornementation et dans le cadre d une improvisation 3 Daniel Pennac
100. vit Elle traite l information re ue pour la retenir C est pourquoi les documents qu on a soi m me labor s valent mieux que les fiches toutes pr tes du commerce L engagement personnel dans une activit est source de motivation et pour retenir il faut tre int ress Les tudes dirig es peuvent donc tre un moment privil gi pour travailler sur la mani re dont on apprend Pour tre authentique le travail de groupe fr quent dans les classes devrait tre pr c d d un moment de travail personnel Les aide m moire individuels devraient tre conseill s Le travail des l ves Jadis apprendre c tait apprendre par c ur et le mot conserve ce sens pour la plupart des l ves Mais les le ons r citer sont plus rares et l appropriation des connaissances prend des formes multiples mieux reconnues au jourd hui qu hier Apprendre n a pas le m me sens d une mati re l autre Les l ves sont g n ralement fiers de montrer ce qu ils savent et de r citer ce qu ils ont appris par c ur Certains cependant disent ne pas pouvoir ou ne pas savoir apprendre par c ur En fait l apprentissage par c ur n est pas la seule forme de m morisation D s l cole maternelle la reconnaissance de mots qui associe image photo graphismes son et sens l voca tion de comptines et de chansons de souvenirs r cents rel vent de la m moire A l cole l mentaire le rappel des souvenirs pre
101. voit en elle le principe m me de la nature qui per met d expliquer clairement le fait musical pour autant qu on veuille bien ne pas n gliger le r le de l art dans l acte cr ateur En ce sens donc on dira que l harmonie est g n ratrice de la m lodie et non l inverse Rameau l indique express ment dans son dictionnaire restreint p XIV il y revient plusieurs reprises et plus pr cis ment il crit dans la G n ration ce texte qualifiant fort bien le syst me tonal du xvie si cle o le facteur temps est loin d avoir les coud es franches A pr sent que l harmonie est connue il ne s agit plus que de lui donner une succession succession qui ne peut s imaginer qu entre les Sons qui compo sent cette harmonie puisqu on n en conno t point d autres IV pp 30 31 Bri vement dit l intemporel d termine le temporel Dans ces conditions on comprend que le Trait tablisse une th orie des cadences sans jamais oublier de faire mention de la progression caract ristique de la basse fondamentale A cet gard la cadence dite parfaite est exemplaire elle utilise le levier de l attente et du d sir pour mieux faire go ter l auditeur le repos de la consonance finale on ira donc du moins parfait accord dissonant de septi me au plus parfait Les sons qui constituent la cadence suscitent ainsi un mouvement vers la perfection et vers la d tente si chacun de ces Sons crit Rameau portoit un a
102. yse semble n cessaire pour une construction coh rente du discours au moins du point de vue de l interpr te et donc pour sa m morisation Comme il peut arriver que la r alisation instrumentale perturbe ce discours pour des raisons de difficult s techniques il para t pertinent de passer par le chant pour les surmonter A travers le chant qui ne sera donc pas g n par une proc dure kinesth 4 Voir page 18 5 Voir page 30 36 m moire par c ur et cons quences la m moire facteur d apprentissage perspectives sique parfois peu naturelle car ergonomiquement imparfaite on pourra percevoir plus facile ment gr ce un recul analytique devenu alors possible la structure g n rale d une pi ce mais surtout galement les d tails plus fins de celle ci ce qui pourra permettre de concevoir une conduite des phrases plus libre et donc plus id ale Il devrait d ailleurs aller de soi que m me si un morceau n est pas jou par c ur sous pr texte que la partition reste pr sente ce lui ci devrait quand m me pouvoir tre imagin et donc chant au moins dans la t te ou bruit avec la bouche dans le cas de musiques contemporaines faisant appel des modes de jeu inhabituels par exemple pour pouvoir tre jou On s appuiera l n cessairement aussi sur la m moire auditive ce qui para t vident mais n est malheureusement pas toujours le cas comme on l a vu un peu plus haut Une foi
103. yser mouvements m lodiques intervalles rythmes ce qui permet de retenir ladite m lodie dans sa globalit 2 Les m moires long terme La m moire long terme est en fait constitu e de plusieurs types de m moires que l on peut classer elles m mes en deux cat gories celles du domaine explicite ou d claratif et les autres du domaine implicite ou non d claratif Schacter 7 1985 a M moire explicite La m moire explicite est charg e du rappel conscient de souvenirs verbalisables dont on peut faire le r cit que l on peut exprimer consciemment Son contenu est variable images concepts mots chiffres fragments du discours musical La pathologie a fait conna tre des circonstances o l atteinte de la m moire d clarative n tait que partielle permettant de fait d en d crire encore deux cat gories e La m moire pisodique retenir le souvenir des moments uniques La m moire pisodique nous permet de naviguer dans le pass Elle comprend principa lement la m moire autobiographique par laquelle nous pouvons nous rappeler o et quand un Bernard Lechevalier Le cerveau de Mozart d Odile Jacob Paris 2006 p 27 7 Daniel Schacter est professeur de psychologie l universit de Harvard Ses recherches ont port sur les aspects psychologiques et biologiques de la m moire humaine en s int ressant aux r les qu y joue le conscient et l inconscient 24 m moire par c ur et cons
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