Tric Trac Manivelle
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1. 21 Voile tourne vole Virginie d Amours Licat se J ai dans la t te une roue Je vois des choses Je tourne Le vertige ma course me pousse Toujours je vais en rond Dans ma t te une roue me tourne et me monte l envers Sur ma t te un tissu me couvre Je tourne un voile sur ma t te Rien dans ma t te je tourne Des vertiges je voile des choses Dans ma t te je voile Je me pousse je pousse je tourne Je suis toupie tourn e je tourne Je gonfle le voile sur ma t te vole Je me rue et je tourne Comme l air me moule 22 Moulin viande Nathan Fazi Un bruit dehors me d concentre 2581 un humain Les pas sont saccad s et le bruit touff et sec qu ils produisent ne semble pas diminuer J ai amplement le temps Je me poste pr s de la fen tre fais attention de ne pas me faire apercevoir L homme un m tre quatre vingt environ imposant cherche dans les poubelles Je cours prendre le fusil de chasse que je garde rang et reviens rapidement la fen tre Il est encore l Parfait Je regarde par la lunette de larme jobserve l homme J entends le cri angoiss du moulin viande affam Je vise la poitrine de l homme retiens mon souffle Le moulin met une s rie de plaintes m talliques pressantes il me pousse mempresse mordonne puis me supplie Je sens ma t te s crouler sur elle m me en un chaos assourdissant Mes tempes se resserrent comme deux aimants Le souffle commence me m2. MAX MAGGIE IL FAUT QUE JE TE PARLE DE LUI EST CE QUE JE PEUX ALLER POSER DEMAIN GOOD MORNING MAXIMILIAN JULIUS EINHORNE J AI FRAPP CHEZ VOUS MATIN JE REVIENDRAI CE MIDI BONJOUR MAX MAMAN C EST MAMAN TU N ES TOUJOURS PAS LA JE TE RAPPELLE C EST MOI MORTIMER JE PASSE TOUT A LHEURE SI TU VEUX J AI DEUX TROIS CHOSES A TE CONTER CHRIST DE JOURN E SALUT MON MAX ROBIDOUX DOUX DOUX JE FAIS UN SAUT TANTOT CHEZ VOUS POUR T EMPRUNTER TES LIVRES SUR SCHIELE BONJOUR MAX C EST MOI CEST MAMAN PLUS TARD ALLO MAX CHARLES JE VOULAIS TE DEMANDER UN TUYAU SUR LA GALERIE DE RACHEL JE TE RAPPELLE SALUT MAX CEST HARRY JE VEUX TE MONTRER MES DERNIERES ENCRES RAPPELLE MOI ALLO MAX MAMAN C EST MAMAN RAPPELLE MOI SIL TE PLA T RAPPELLE MOI 14 La plupart du temps j y parviens je vais plus vite que mon ombre et je la s me en chemin mais tout coup je ne suis plus sur mes gardes et dans un tube f rocement rockeur s immisce un refrain granola qui m jecte de nouveau en arri re MAMAN mot presque ex cr si javais des forces pour hair MAMAN C EST MAMAN Comment les liminer tout fait ces t moins g nants d avant le Big Bang comment transformer sa vie en film de gangsters Lady se l ve tire complaisamment sa silhouette filiforme dispara t sans voir les d combres qui fument derri re elle et les bless s qui se lamentent dans le noir 15 Champagne ext
3. SOURCE DES BRUITS LES CHA NES SE CASSENT ET S MIETTENT DE TOUTES PARTS LES FEN TRES OPAQUES PLEUVENT LES CADAVRES NOIRS DE LABSENCE La r daction Notre invit e Monique Proulx Les Aurores montr ales extrait Rue Sainte Catherine Le meilleur endroit pour qu ter rue Sainte Catherine c est sous la grosse sculpture c t du complexe Desjardins qui ressemble un cheval volant ou une chauve souris deux t tes selon la quantit de gin blanc aval e La il y a de l espace de l intimit et de la visibilit en m me temps et surtout un toit pour se prot ger de la pluie ou du soleil m me si le soleil est rarement un probl me Montr al De belles phrases sont grav es sur les parois La soci t de demain appartiendra tout enti re ceux qui savent s unir L union pour la vie plut t que la lutte pour la vie Sunir pour servir ronronnantes comme des sentences de mononcles dans des partys de familles que tu n as jamais eues C est une vraie bonne sculpture aussi confortable qu un d but de maison et si je rencontrais l artiste qui l a faite a ne me g nerait pas du tout de lui serrer la main C est mon abri moi tout le monde le sait m me le sournois de Pou qui vient de me le piquer Ce Pou l 8 tout de Monique Proulx la m chante vermine la petite Les Aurores montr ales face fouineuse la fa on de se porta tr mousser comme s il avait le ve
4. des ont vit la Terre que tous les d sax s au tournevis sont rest s dans les gouts que mes voisins ne m ont pas tir dessus que je ne me suis pas fendu le cr ne sur la glace noire et que je suis l heure Plant devant l arr t je ralentis le mouvement et la stridence de l alarme fait place au silence L autobus tourne au coin de la rue J agrippe la manivelle et la tourne Les ast roides les maniaques les horloges contraignantes je les vois post s pr s des fen tres lavant Pour ne pas les fixer je l ve les yeux un missile nucl aire dissolvant les nuages sur son passage des mouettes au dessus de ma t te Je baisse les yeux la bouche d gout a t d plac e et je lorgne une ombre qui s approche de moi Dans l imm diat il y a pire Le chauffeur va trouver que je sens les toilettes Les passagers vont trouver que j ai une mine de terroriste L autobus va sengouffrer dans un nid de poule qui aboutit entre les plaques tectoniques On me r p te You hou Le chauffeur m attend Je monte bord et il gromm le d impatience Je m assieds pr s d une dame qui me semble cacher un squelette dans sa sacoche et plusieurs dans son placard Quelques rues plus loin elle me dit Pour ces temps difficiles tu mas Pair bien serein 26 Le cadeau Chlo Leclerc Gareau Je me rappelle de cette bo te comme si c tait hier Mon grand p re est tout pr s et mencourage Moi je fixe avec un merveillemen
5. des ordres des voiturettes d o sourdent des grincements de d tresse me fr lent les pieds des voix imp ratives coulent des murs et du plafond pour exiger la pr sence de gens qui sont pas tout est confusion et fracas Je reste un moment abasourdie me demander o me pr cipiter comment me prot ger de la catastrophe qui sest certainement abattue sur les lieux sous forme d un incendie d un ast roide d un tremblement de terre Une femme m adresse quelques mots inaudibles tout hasard je lui r ponds que mon p re est mort C est ce qu il fallait dire sans doute L univers ralentit suffisamment pour que je le reconnaisse Il ny a rien d anormal aucune catastrophe particuli re ce nest que la vie habituelle dans un h pital la pagaille de la vie qui se d bat pour se maintenir La femme une infirmi re a de larges yeux bleus dans lesquels elle memmaillote avec bienveillance Ah la chambre 2029 affirme t elle doucement Elle meflleure l paule elle me parle de caf Un homme en blanc un infirmier lui aussi ou peut tre un m decin de garde me touche l autre paule Tous ces tapotements affectueux mengourdissent dans une agr able torpeur J entends distance la voix de l homme tremblante d gards je vois ses yeux liquides miroiter au dessus des miens comme des plan tes amicales 12 Homme invisible la fen tre extrait Portrait de Fant mes Derri re la fen tre de Pimmeuble d en face
6. la femme gar on est revenue s asseoir Ses cheveux tr s courts semblent une laque directement appliqu e sur l ossature du crane un casque de guerri re d o jaillirait comme un sceptre le filet du cou C est une femme tout en lignes longues une architecture pure et d pouill e qui ne laisse rien para tre de ce qui sofficie l int rieur Elle est pench e sur sa table de travail lorsqu on la regarde un moment on voit quelle n est pas parfaitement immobile Pune de ses mains en suspens telle une cr ature ind pendante effectue une rapide giration du poignet Je regarde sa main Au bout d un moment je ne vois plus qu elle cette main de femme au poignet de gar on qui tourne sur elle m me au rythme staccato de la r flexion comme d autres se rongent les ongles ou grillent une cigarette ce petit satellite en train de catalyser l lectricit de Pair pour la conduire au cerveau J ai connu une femme Monique Proulx comme a qui portait sur elle nn un d menti perp tuel Quand Homme invisible son visage tait en paix ily la fen tre avait toujours une partie de son roman COMPACT corps qui tr pignait d anxi t Quand ses yeux s incendiaient ses mains restaient glac es et inertes Ce n tait pourtant pas quelqu un de menteur C tait quelqu un en qui coexistaient deux v rit s parall les s ignorant l une l autre s appropriant chacune son territoire dans la plus sereine d
7. mal Couch e sur le tapis je regarde le pantin danser et je peux plus j ai impression que je vais exploser Je me lance sur la bo te et renferme le diable dedans 27 Mode d emploi Maude Marineau Cyr Tu vois la manivelle juste l devant toi Approche ta main ouvre la et pose ta paume dessus Referme tes doigts et empoigne la de toutes tes forces Maintenant pousse Elle descend sous ta force Tire la vers toi Ta main la tourne avec une facilit d concertante Pousse la nouveau Ne t arr te pas Le mouvement commence te demander de plus en plus de force Tu vas de moins en moins vite Tes muscles nen peuvent plus Ta main ne bouge presque plus Tu as atteint ta limite Comme un ressort la manivelle bondit vers l arri re Tout est trop rapide tu n as pas le temps de r agir La manivelle entra ne avec elle tout ton corps Tu lempoignais trop bien ta main s y est fig e et ne semble pas vouloir sen d tacher Tout s arr te Utilise le peu de force qui t es revenu et recommence ton man ge C est la seule chose que tu peux faire Prends la deux mains Tu peux tourner plus longtemps et retourner plus vite Utilise tes pieds Tu as encore plus de puissance Tu tournes plus longtemps et tu retournes plus vite Tout ton corps tourne et tourne et tourne de plus en plus vite dans tous les sens vers Pavant vers l arri re Atteins la plus haute vitesse Va le plus vite possible Rien d autre na d im
8. plus utile d tre dans la position verticale que face terre car l instrument ne se peut renverser et d autre part ce serait conforme une longue habitude L onard De Vinci Un trou noir Justine Boulanger Seul un jeune prince suit la trace de son fr re parti dans la for t la recherche d un dragon et qui nest jamais revenu Depuis des heures il se bat contre le froid le vent les branches pour suivre sa trace Il avance et tr buche c est dur de se relever Il est perdu et les sanglots montent sans qu il puisse les retenir Apr s s tre calm il entend qu il nest pas seul Les pleurs d un jeune gar on l entourent ils semblent venir de partout ce ne peut tre que ceux de son fr re 1 continue d avancer sur le chemin et ne sent m me plus les branches qui gratignent ses bras Les bois sombres font place une clairi re et 4 un puits Il nest occup que par les sanglots de son fr re si forts maintenant droit devant lui Dans sa hate il frappe le muret de pierre du puits et ne se rattrape qu au dernier moment Soulag de l avoir enfin trouv le jeune prince essaie de rassurer son fr re tout en cherchant Paveugle la manivelle qui lui permettra de le remonter Lorsqu il la trouve il doit se battre contre la rouille pour la faire fonctionner perd plusieurs fois l quilibre r ussit finalement et commence tourner s inqui te du silence mais il y est presque cette histoire sera r gl e
9. qui lui serait sortie des c tes durant la nuit Cest moi cest Florence parle moi dis mon nom dis moi quelque chose 11 ouvre les yeux et il pousse un long soupir calme Ses poumons restent ainsi d gonfl s et tranquilles Son regard ne me dit rien ou plut t il me dit que la maison en dessous se vide quelle s est d j vid e mon insu Des traces d humanit disparaissent de ses yeux bruns de ses yeux noisette m me le brun dor de 11 ses yeux se ternit toute allure comme un toit de cuivre qui soxyde C est tout Ce sera tout jamais Tant pis Il ny a rien redire une mort aussi d tendue aussi peu bagarreuse Je ferme ses yeux Jembrasse son front chaud qui sent encore la sueur de la vie et le sang rouge Je pleure un peu sans effort Je suis soudain si calme moi m me que jenl verais l aiguille de s rum des chairs rid es quelle violace inutilement je m adonnerais toutes sortes d ouvrages utiles balayer la chambre changer les draps je mallongerais ses c t s pour regarder grimper dans le ciel la balafre orang e du soleil Aujourd hui encore le soleil montera dans le ciel et il fera jour Et personne ne s tonnera de cette magie confondante personne ne saluera d applaudissements enthousiastes le retour de cet extraordinaire ordinaire Je sors De Pautre c t de la chambre un autre monde s agite vibrant de panique Des cr atures en blanc et en vert sillonnent les corridors en hurlant
10. Tric Trac Manivelle Sommaire Notre invit e Monique Proulx Les Aurores montr ales extrait iii iii 9 Le c ur est un muscle involontaire extrait 11 Homme invisible la fen tre extrait 13 Ghampagne ELO a dia 16 Manivelle Justine Boulanger UNA de 21 Virginie d Amours Licat se Voile tourne volerci in cta 22 Nathan Fazi 7 23 Jonas Fortier Le chemin de peau 24 Marie Eve Groulx Bris M CANIQUES A 25 Robin Kowalczyk Le pire qui pourrait ne pas arriver ss 26 Chlo Leclerc Gareau kercadeau elt Nod 27 Maude Marineau Cyr Mode demploi rriei esse 28 Val rie Rioux A mn 29 Hubert Th riault Lendemain de brosse cecccssscceesceccsssccsssceessceccssscesseeeesseecessscesssseesseecsseeeesss 30 Textes divers Antoine Dumas o ann Rn nen TT 33 Laurence Lallier Roussin nn a 34 Samuel Long Longpr Hiem rragie duisoir a uu en hein 35 COMME PAR HASARD DES PUITS DE LUMI RE TOURNENT AUTOUR DE MONIQUE PROULX DANS SOMBRE DU CRANE QUI SENFLE EN UN SILENCE ROUILL PAR LES PLAINTES M CANIQUES DE LOBSCURIT DURE OUTROP FROIDE LA
11. anquer et l image de Phomme devient floue Le cri du moulin viande se perd dans mes oreilles et 16 fusil chappe au contr le de mes mains Pulsion de vie Je r int gre mon corps r ajuste mon angle expire et tire L homme s effondre un troisi me ceil au front 23 Le chemin de peau Jonas Fortier Le chemin rest pas un choix Jamais le choix Une esp ce de couloir trop troit dur ou trop froid Des cha nes comme des bras jaillis de l obscurit crochets noirs par milliers plant s en chaque creux de ma peau D racin e ray e rythm e Quelle est cette peau longue inconnue Cette trang re que je d c le Qui se r v le nue moi Qui s loigne Me d serte ne fait presque plus partie de moi Sur le chemin mes crochets mes morsures Ces choses reptiles aux langues d cailles mentourant m tirant menvo tant de partout Regarde ma bouche qui se crevasse Les murs tout pr s Le roc fr mit une derni re fois aux sons acides de ma voix Car je r siste Car je plonge mes os l oppos du mouvement Les cha nes tirent lentement me m nent leur source mais cette peau elle menferme lentement me m nent leur source au bout du couloir au del de l ombre La source o tournent les manivelles qui lentement lentement Longue peau souterraine Le chemin temporte Rien ne le freine Ni freine ses bras sombres et tendus Tout mon tre ploy racl jusqu au spectre Remordu sans ces
12. es de tes paumes tes paumes glac es que j oublie de sentir tes paumes qui n ont peur de rien tes paumes sans arr t essore moi contr ler ton kal idoscope exiger ta chair de poule craser les titans avec mes cils crever enfin tes beaux yeux d ill gitime alors que tu repousses mes malaises tout au fond de mes cavernes de jeune fille debout assise couch e genoux sur devant derri re toi 34 H morragie du soir Samuel Long Longpr puis de fissures vivantes qui mendiguent de ruines noy es le cr ne je pleux du noir sur ta t te mes pri res en sable du silence qui s coule hors distance 35
13. isharmonie 13 Lady Si je le voulais je pourrais tr s ais ment me souvenir d elle Des cheveux invraisemblables moutonnant jusqu la taille Double m me au premier regard une t te d h ro ne romantique sur un corps chenu de gar on Les poignets fins le cou long comme un filet Quand elle s affaisait sur elle m me pour dormir sa main longtemps faisait la sentinelle girant en silence Je m loigne de la fen tre Il est impossible que le pass me rattrape jusqu ici et s il en a Pimpudence il faut lui montrer qu il nest rien une abstraction n buleuse un terreau de cadavres en poussi re Il faut imm diatement lui tourner le dos Je n coute que les voix du pr sent Elles sont une multitude chaque jour sensardiner sur mon r pondeur t l phonique pour me rappeler que je fais partie d une tribu la plus vun rable qui soit Je n ai pas le choix d tre seul La solitude existe en un si grand nombre d exemplaires qu elle en devient une sorte d antichambre de party o les invit s angoiss s braqu s devant leur miroir nen finissent plus de s arranger le portrait au lieu d aller la f te ALLO MAX C EST PAULINE J AI BESOIN D UN CONSEIL JE TE RAPPELLE AYE MAX PEUX TU ME PR TER UN VINGT JUSQU VENDREDI C EST LAUREL PARLES EN PAS PAULINE BONJOUR MAX C EST MAMAN JETE RAPPELLE HI MAX JIM SEE WE NEED A PLACE TO JAM SATURDAY CAN WE GO TO YOUR PLACE CALL ME BACK CEST MOI
14. le sera assez fra che pour balayer ce moi dont je ne veux plus Peut tre y aura t il assez de rayons aujourd hui pour remplir mes poches et me donner le go t de recommencer ce soir 30 Textes divers Le Sacre Antoine Dumas Les fen tres de l glise sont opaques et la nef est claire sous les pas creux des croyants Dans chaque angle guette un saint de pierre de pl tre ou de porcelaine Chaque recoin est vu et chacun observe le silence De loin l autel semble macul par un goudron lourd mais ce nest qu une ampoule morte qui br l e a laiss dans son sillage le cadavre noir de son absence blouir le lieu du sacrifice Je presse le pas entre les lourds bancs de bois pouss s par la masse de vieillards crisp s qui s avancent lentement vers le Christ Aucune bifurcation n est possible gauche comme droite les all es serr es comme des sous bois ne laissent passer que les vieilles charpentes pel es par les ans Si troites qu on dirait des labyrinthes inextricables trange comment occuper chaque si ge avec un tre humain Lasseoir 13 qu il regarde ce qui se passe qu il observe la c r monie qu il se taise p trisse le ch ne de ses mains faibles et se fracasse le cr ne contre le Livre Sap par les id es noires je peux plus de contempler les mes mortes d gringoler vers leur salut et me mets courir vers le Christ vers la Vierge Je renverse dans mon lan une vieille qui trop faible
15. m me le meilleur des gins blancs ne parvient pas le faire sortir d en dedans 10 Le c ur est un muscle involontaire extrait La pagaille de la vie Je n ai jamais t seule avec lui Maintenant je le suis C est un peu tard il me semble Ses mains sont si glac es qu elles an antissent aussit t la chaleur des miennes Son front br le comme une fournaise qui semballe Le grand bordel int rieur commence desceller ce qui tait scell Toutes ses parties d j ne sont plus coh rentes sen vont chacune de leur c t sans s attendre Laquelle est encore vraiment l laquelle peut encore recevoir des encouragements ou des suppliques Je m adresse sa t te br lante d o sort le souffle r gulier et bl me des dormeurs imbib s de narcotiques J attends un miracle C est ce que je lui dis J attends qu il ouvre subitement les yeux qu il me donne un dixi me de regard un f tu de paille de regard j attends qu il dise tout coup mon nom voix intelligible et chagrin e Florence Florence Ah s il disait mon nom m me en silence m me dans cacophonie bafouillante de sa fi vre ah s il ne faisait que penser mon nom je lentendrais m me esquiss dans une mol cule agonisante de son cerveau je lentendrais Dis mon nom Pepa Il ouvre les yeux Je le jure Il ouvre les yeux pour me parler moi puisque je suis son seul paysage IN MUSCLE INVOLONTAIRE imm diat agripp e son lit comme une bouture
16. nce Je viens de tuer mille trois cents fourmis Le chiffre tait excessif m me en y ajoutant les bestioles sans nom tamp es en cours de route mais quoique qu il en soit la r v lation de ses exploits nobtint pas le r sultat escompt Madame Szach continua de le d visager une lueur modifi e dans le regard Voyez vous a dit elle Et pourquoi J r mie fron a les sourcils cherchant lire l approbation de ces quelques mots ject s regret puis elle en ajouta d autres Comment tu vas pouvoir te racheter 2 Et comme elle attendait une r ponse et qu il nen avait pas elle enfon a le clou bien profond ment pour s assurer qu il comprendrait Tu viens de commettre mille trois cents meurtres C est bien a que tu n as dit Des b bittes s insurgea J r mie C est pas des meurtres tuer des bebittes Ah non Comment tu peux en tre s r Il la d visagea d mont de rencontrer une ennemie l o il avait cru pactiser avec une alli e puissante Tout le monde savait que les b bittes etaient des b bittes c est dire des insignifiances vivant une vie si on y tenait mais une vie minimale et nuisible Pourquoi faisait elle semblant d ignorer cette v rit primaire N anmoins il revit les fourmis en train de fuir il se rappela leur affolement proche ind niablement d une forme de douleur il garda un silence troubl 17 Manivelle Je conclus qu il est
17. ourd hui car ce serait trop essoufflant d affronter la veille n y a pas eu que moi hier Nous tions plusieurs y avait elle me rappelle d ailleurs avoir t effleur quelques reprises par ses yeux mais la soie de sa joue est rest e froide Je doute d avoir r ussi lui donner quelque chose du vacarme qui r gnait dans mon corps Elle a d me croire atteint de nostalgie ou d une d go tante tristesse Peut tre me reste t il au milieu de miettes et de fractions d hier quelque souvenir delle Je me serais content de peu Un lastique cheveux gar dans mes poches ou les lambeaux d une tiquette de bi re auraient suffi mon c ur pour ne pas repartir z ro J aurais pu b tir un aujourd hui sur quelques poussi res Elles auraient suffi ne pas faire de mes nuits d immenses cimeti res pour les veilles Le soleil se fronce d j dans le regard de tout le monde midi approche et je nenvisage plus rester au lit fabuler sur ce que pourrait tre ma journ e Je plisse mes yeux en me rapprochant de ma fen tre je me fais penser un Chinois gar dans la gorge du T igre ou d un autre fleuve puissant D s uvr je ne me sens pas la force de retrouver mon chemin je flotte gentiment jusqu au prochain village o on me recueillera s rement Je vais ouvrir mon rideau comme tous les matins et tourner la manivelle de la fen tre J esp re qu il y aura une brise aujourd hui et qu el
18. portance 28 Tadam Val rie Rioux Le clown trampoline sur la toile de b ton se cogne la t te sous un des projecteurs de la Ville Lampadaire Il rigole en retombant la t te dans l hiver il rit de son cr ne dromadaire Le clown retourne chez lui sifflotant un air invent Le froid rougit son nez enfle ses orteils qui percent ses souliers La neige vicieuse repose sur la glace Le clown tr buche et culbute roule en boule en volutes tourne en Pair et virevolte Le tour termin il atterrit sur sa paillasse las d avoir le tournis Allong dans son cube le clown s endort Comme par hasard comme par magie sa bo te mesure deux m tres comme lui Le claquement de ses dents le r veille Le vent s infiltre dans ses haillons la temp te gruge le carton Le clown ne sent plus rien pas m me le givre sur ses cils pas m me le mauve sur ses l vres Ses os cristallis s se cassent et s miettent Sa peau arc en ciel se donne en spectacle pendant qu il quitte la sc ne La bo te rafal e jecte sa surprise au bout du ressort pend le clown p trifi 29 Lendemain de brosse Hubert Th riault Ma gorge est si goudronn e que j ai encore la rauque impression de m tre br l jusqu aux poumons Trois silences je racle le r sultat de quelques heures de r ves M me couch je me sens exclu de tous mes muscles Mes yeux sont encore soud s par les d sirs dont je m abreuvais hier Je ne me l verai pas auj
19. pour faire 13166 d un seul coup s tait arr t e pour respirer Je l entends hurler alors qu elle perd pied Le cri est interminable tandis que le petit corps sale et fantomatique bascule dans un autre monde J ai tu un des leurs et les clameurs d ferlent pr sent coupant court aux litanies et aux g nuflexions des orants J entends peine le crissement du bois contre la pierre quand les plus vivants d entre eux repoussent les bancs Les all es sont d faites pr sent et plusieurs pi tinent les feuilles arrach es des livres Autour de moi les mailles humaines se resserrent et je me d bats fr n tiquement travers la masse grouillante Dehors un hennissement mais je nentends rien Lac r de toutes parts par les ongles racornis j aboutis enfin haletant et bris devant l autel Derri re moi dans le tumulte tamis des chines disloqu es on sentre d chire on se tue on m a d j oubli Je traine de peine et de mis re mon torse jusque sur la table de pierre Puis ne bougeant plus je perce de mon ceil embu la p nombre lourde pour atteindre le puits de lumi re qui me domine Rien Les fen tres sont opaques 33 Leitmotiv Laurence Lallier Roussin te go ter dans ton sommeil retrousser de mon nez tes ardeurs inattendues me laisser manipuler par tes blessures de guerre fondre pour faire comme toi tapie dans ton obscurit odorante entre ton il sombre et ton ventre dur oppress e par les fant m
20. r COMPACT solitaire l hypocrisie surtout Ce nest m me pas un vrai itin rant je le vois presque sous les jours sortir de PUQAM et se braquer au coin de la rue arrogant comme un fils de riche Il tire une fl te de son sac d cole il se tr mousse pour faire oublier qu il joue comme un pied et fouille moi pourquoi les clients se ruent dans sa direction Il doit apprendre a l universit comment manipuler le monde et d tourner les vingt cinq cents maintenant qu il a pas plus de jobs ils donnent peut tre des cours sur la mani re la plus ratoureuse de qu ter Quand j ai vu le Pou insolemment install ma place il y a quelqu un en dedans de moi qui s est mis rugir Quelqu un en dedans de moi l a accroch par le collet secou jusqu ce que tous les plombages lui tombent des dents et l a propuls au nord de Bleury en vol plan sur les fausses notes de sa fl te Je le connais bien ce quelqu un l c est le m me qui marque autant de buts a Puniversit que sur une patinoire de hockey c est celui qui arrache de la musique non pas une fl te d enfant d cole mais un sax de grand dieu n gre et il joue si bien quand il joue du sax il joue jusqu ce que les passants s arr tent et lui versent en guise d argent l or de leurs larmes Je le connais bien ce quelqu un l Il est mou comme un fant me il s vanouit juste au moment o tu crois l apercevoir et
21. rait La For t interdite Il revit le chat Le m me chat gris et blanc revenu sans qu il sen aper oive et m me plus gros qu avant on aurait dit lobservait de ses yeux jaunes accusateurs 1 avait assist tout sans doute projetait il de venger le massacre de ses alli es les fourmis J r mie en retrouva un sursaut d nergie et il se mit le poursuivre avant d tre poursuivi lui m me hurlant de frayeur plus que de col re Il courut un moment derri re le chat et tout coup une voix linterpella pas une voix de chat une voix humaine assez puissante pour qu il wait d autre choix que de s arr ter pile Une femme se trouvait quelques pieds de lui accroupie dans un talus Elle se d plia avec lenteur interminablement de la fa on dont se d plieraient les troncs d arbres s il leur tait permis de s incliner et enfin elle fut debout Derri re elle J r mie eut la vision furtive d une maison blanche barricad e avec des fleurs au milieu d une clairi re et il sut du m me coup qu il se trouvait exactement l o il n avait pas le droit d tre chez madame Szach celle qui appartenaient les deux tiers du lac Viens ici dit le grand tronc d arbre C tait d cid ment le genre de voix qui vous pulv rise ou vous MONIQUE PROULX p trifixe sans vous laisser de chance Il s approcha contrecoeur vit le chat gris et blanc r der autour d elle et puis m du
22. s il le vit aussi accroupi plus loin sur un rocher et il comprit en le voyant une troisi me fois tendu de tout son long dans l herbe que ce chat tait en fait plusieurs chats tous peinturlur s dans les m mes teintes ind cises tous jumeaux ou de la m me tribu b tarde Lun d eux peut tre celui justement ii f qu il venait de poursuivre fit m me mine de venir fr ler ses jambes et J r mie se pencha hypocritement pour le caresser 16 Qu est ce que tu fais ici demanda la femme Je reste chez mon oncle Elle demeura trois seconde sans rien dire Tu es J r mie afirma t elle Il osa la regarder en face Des touffes de cheveux blonds et blancs s chappaient de sa casquette d homme Elle portait une vieille chemise jaune plant e dans un pantalon de coton sale tout a trop grand pour elle et une sorte de panier arrim la ceinture d o d passait la t te de deux gros champignons J r mie pensa quelle avait lair du diable mais il ravala son jugement lorsqu il rencontra ses yeux gris p n trants des yeux de sorci re D ailleurs elle avait devin son nom juste le d visager Vous tes madame Szach dit il avec respect Elle avait s rement un nom de sorci re quelle lui d voilerait en temps et lieu lorsqu ils deviendraient plus intimes En attendant et parce qu il avait envie que ses yeux gris s appesantissent sur lui avec admiration il risqua une premi re confide
23. se Ma bouche ma peau tra n es vers la s cheresse Ma bouche Ma peau Je t abandonne En ces lieux immuables Les crochets nous s parent 24 Bris m canique Marie Eve Groulx Une poup e inanim e s est teinte poup e chiftonn e ratures mauves sous les yeux bras abandonn s dans la poussi re Une ampoule grill e au bout d une corde se balance Ombres sur le sol contours estomp s Les filaments du globe fatigu poussent un dernier gr sillement Le clich go te l amertume et la rouille s acharne sur le corps endormi Des coul es mauves sur les orbites creuses contrastent et soulignent la mouvance des ombres qui brouille les formes Des yeux qui se ferment des sanglots qui se taisent une poup e d su te dans son lit fer blanc 25 Le pire qui pourrait ne pas arriver Robin Kowalczyk Jai une sir ne dans l esprit et une manivelle sur la tempe pour l activer Depuis mon r veil je d pense toutes mes nergies la tourner car j ai la conviction que cette journ e sera d sastreuse Je suis seul entendre l alarme Je me brosse les dents en saigner des gencives Les mains tremblotantes je pr pare mon sac dos Dans le miroir pr s de la porte d entr e je vois mon visage crisp puis sors de chez moi d un pas urgent Je me dirige vers l arr t d autobus le bras giratoire et le vacarme dans la t te Cinq minutes d attente paisible Il semblerait que les ast ro
24. t teint de curiosit la dr le de bo te en bois orn e de losanges rouges bord s d or J empoigne la bo te avec enthousiasme Mes bras accrochent quelque chose de froid une manivelle en m tal sur le c t Je fronce les sourcils Mon grand p re m explique que c est un jeu si je tourne la manivelle j aurai une surprise J essaie de tourner la poign e La t che est ardue Mon premier r flexe est de tendre la bo te mon grand p re pour qu il m aide mais il secoue la t te Ca c est toi de le faire Tu es assez grande pour te d brouiller toute seule Il me sourit et cette attitude m encourage Jempoigne la manivelle deux mains et la tourne de toutes mes forces J entends une petite musique Apres quelques efforts j am ne la poign e vers le haut Je reprends mon souffle et regarde vers mon grand p re qui me fait signe de continuer Je prends la manivelle nouveau et lui fais terminer son tour Je ne peux plus marr ter je suis dans un lan Je pousse du plus fort de mes bras Plus la manivelle tourne plus a semble facile J ai fait cing tours lorsque le panneau du dessus de la bo te s ouvre brusquement Un diablotin jaillit accroch un ressort Il rebondit de droite gauche devant derri re et moi apr s avoir pouss un cri de surprise je me mets rire Je ris comme il me semble ne lavoir jamais fait Mon grand p re rit aussi et ensemble nous nous tenons le ventre parce qu il nous fait
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