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La Vierge, les Coptes et moi

1. NAMIR ABDEL MESSEEH vierge es Coptes et moi E MODE D EMPLOI Ce livret se propose de partir des contextes de la cr ation du film pour aboutir la proposition d exercices ou de pistes de travail que l enseignant pourra prouver avec ses classes l ne s agit donc pas tant d une tude que d un parcours qui doit permettre l appropriation de l oeuvre par l enseignant et son exploitation en cours Des pictogrammes indiqueront le renvoi des rubriques compl mentaires pr sentes sur le site www transmettrelecinema com onsultatio Directrice de la publication Fr d rique Bredin Propri t Centre National du Cin ma et de limage anim e 12 rue de L beck 75784 Paris Cedex 16 T l 01 44 34 34 40 R dacteur en chef Thierry M ranger R dactrice du livret Am lie Dubois Iconographie Carolina Lucibello R vision Sophie Charlin Conception graphique Thierry C lestine Conception printemps 2014 Cahiers du cin ma 18 20 rue Claude Tillier 75012 Paris T l 01 53 44 75 75 www cahiersducinema com Achev d imprimer par l Imprimerie Moderne de l Est septembre 2014 SOMMAIRE Synopsis et fiche technique R alisateur Le cin ma l gypte et lui Gen se Interactions Documents Revu et corrig Genre Une com die documentaire D coupage narratif R cit Moteurs de recherche Mise en sc ne Si loin si proche S quence Un
2. 00 07 09 Namir interroge sa mere sur sa relation la Vierge Il se rend avec elle chez un P re copte pour lui faire part de leur divergence quant aux images qu ils ont vues le soir de No l La discussion entre Namir et sa m re se prolonge dans une glise Namir poursuit ses recherches chez lui o l on d couvre sa compagne enceinte Il s int resse par ticulierement l apparition de la Vierge Zeitoun en 1968 mentionn e par le pr tre 4 Il faut que j aille l bas 00 07 10 00 10 27 Namir expose ses parents et sa sceur son projet de se rendre en gypte Il souhaite enqu ter sur les lieux o la Vierge est apparue Sa m re et son p re ne sont pas totalement convaincus par sa d marche Ils trinquent n anmoins avec lui en lui souhaitant bonne chance Namir est mis en garde il ne doit surtout pas toucher la famille de sa m re Alors qu il pr pare son voyage son produc teur lui annonce qu il aura peu de jours de tour nage et qu il sera sans doute impossible de tourner en Haute gypte la r gion de sa m re Namir part les valises charg es de cadeaux pour sa famille 5 Arriv e en gypte 00 10 28 00 16 53 Arriv au Caire il retrouve un cousin qui l inter roge sur son int r t pour les apparitions de la Vierge alors qu il n est pas pratiquant Puis il part la recherche de l glise de Zeitoun o la Vierge est apparue et la trouve difficilement Le pr tre qu il ren
3. la fin du film c est son point de vue imaginaire qui est repr sent comme si nous tions nous aussi pass s de l autre c t du miroir Dans tous les cas le cin ma vu v cu de l int rieur permet de r v ler et de renouer les liens d une communaut Chez Kiarostami il r unit presque malgr lui des jeunes gens s par s par une catastrophe naturelle et leurs conditions sociales Dans La Vierge les Coptes et moi il permet mine de rien de rassembler le temps d un film Musulmans et Chr tiens De quoi ren voyer aux deux sens tymologiques du mot reli gion relire et relier Les vertus de l envers Pour inventer en art il est parfois int ressant d essayer de faire le contraire de ce que fait la majorit Quand on construit une sc ne et que ca ne nous satisfait pas on essaie de la refaire mais l envers Les vertus heuristiques de l envers sont immenses En quoi ces quelques lignes tir es du journal du cin aste belge Luc Dardenne au titre particulierement vo cateur Au dos de nos images Seuil 2005 voquent elles La Vierge les Coptes et moi force de tourner en rond Namir Abdel Messeeh finit litt ralement par retourner le probl me Pour comprendre une image ou une croyance qui lui chappe il la fait sienne la fabrique et inverse le rapport il n est plus son spec tateur dubitatif mais son auteur ou plut t co auteur car il n est pas seul dans ce travail de reco
4. elle a recu un jour une grande image de la Vierge juste apr s avoir pri pour la gu rison de sa m re malade Elle n a jamais su d o venait ce por trait et s tonne de l avoir re u juste ce moment l comme s il s agissait d un message venu du ciel S il ne voit pas de signes de ce type Namir semble les guetter et les percevoir malgr lui au cours de sa recherche Ainsi lorsqu il travaille chez lui une musique religieuse provenant d un documentaire qu il regarde hors champ se superpose un plan sur sa compagne enceinte Difficile alors de ne pas voir dans cette image une version ath e de l image de la Vierge son versant humain et concret Autre exemple durant la messe copte laquelle Namir assiste pour pouvoir rencontrer un pr tre son regard se pose sur une jeune femme qui par sa posture et son voile voque la Vierge Se produit alors comme une fausse apparition possible fruit d une modifica tion de sa perception li e son obsession et peut tre m me son d sir d y croire S esquisse ainsi un premier lien tr s cin matographique entre Namir et les croyants qu il ne comprend pas S ils renvoient immanquablement l histoire culturelle et politique de l gypte les motifs de la Vierge qui circulent tout au long du film r v lent aussi la multi plicit des visages des formes qu on lui donne la sainte M re ne f d re pas seulement les communaut s mais r v le aussi sa mani re des ind
5. si un bout de guirlande en arri re plan indique que nous sommes encore en p riode de f tes cette d coration est en r alit li e au Nouvel An apparaissent dans le cadre les trois derni res lettres du mot ann e De plus les quatre membres de la famille Abdel Messeeh ne portent pas les m mes v tements qu la soir e de No l qui est expos e par la suite cette premiere approximation s ajoute un d tail qui ne semble pas tre le fruit du hasard parents et enfants ont en commun de porter des lunettes et de les garder sur le nez au moment o ils prennent la pose l exception de Namir qui a relev sa monture au dessus de ses yeux Cette mise en valeur de son regard le distingue in vitablement en tant que r alisateur Ses lunettes lev es invitent y regarder de plus pr s et redoublent l interrogation soulev e sur la nature du clich et plus g n rale ment du film ce portrait de famille est il un heureux et curieux hasard photographique qui pr existe au travail documentaire Ou bien a t il t r alis apr s les faits narr s pour les besoins d un r cit recons titu O et comment commence le film La ques tion de l origine se pose ainsi doublement dans cette image introductive qui jette imm diatement le doute sur les documents qui seront pr sent s possiblement fabriqu s et mensongers et sur la nature du projet voqu La voix off de Namir qui prend en charge la narration orien
6. re du village met sa disposition un lieu pour faire le casting mais il ne parvient pas trouver une jeune fille musulmane pr te jouer la Vierge La situation se d bloque gr ce au soutien apport par l v que d un monast re voisin 10 Les r gles du jeu 01 02 27 01 14 25 Namir montre sa famille le trucage sur fond vert qu il utilisera pour mettre en sc ne l apparition Siham exprime son embarras et ses doutes quant au tournage tr s loign de la r alit quotidienne des villageois Son fils reste confiant Son cousin Barsoum essaie ses habits de pr tre Un casting de jeunes filles est effectu puis des r p titions ont lieu durant lesquelles un autre cousin Ihab peine garder son s rieux 11 Action 01 14 26 01 20 55 L quipe vole de l lectricit pour les besoin du tournage sous l oeil constern de la m re La jeune fille qui a t choisie pour jouer la Vierge est sou lev e devant le fond vert l aide d un harnais Son costume craque Les sc nes s enchainent vite La m re observe tout cela d un il mi amus mi circonspect Un soir Namir dirige comme un chef d orchestre les villageois qui jouent les t moins de l apparition la Vierge Des images d filent en acc l r r capitulant des motifs et tapes impor tantes du parcours de Namir 12 Projection du film 01 20 56 01 24 47 Le film est montr aux villageois La projection a lieu de nuit en ext rieur dans un
7. t Dans La Vierge les Coptes et moi la d viation du projet documentaire vers la fiction qu est la reconstitution de l apparition mariale passe galement par les visages Les visages des cousins paysans guident le film dans sa nou velle orientation leur pr sentation face cam ra qui marque le d but de leur participation au pro jet de reconstitution d coule naturellement des scenes pr c dentes qui t moignent de leur condi tion de vie S y ajoutent les visages des jeunes filles qui d filent lors du casting organis pour trouver l interpr te de la Vierge Il ne s agit plus de percer directement le myst re d une image d une croyance d une r alit forc ment insaisissable mais de le recr er en s appuyant sur des rep res iconogra phiques et un sc nario A travers le miroir Comme chez Kiarostami le cadre fictionnel devient chez Abdel Messeeh un miroir tendu ce qui lui chappe Les deux films ont en commun de pousser le dispositif r flexif l extr me en brouillant les rep res entre fiction et documentaire Dans une scene d Au travers des oliviers situ e a priori hors tournage le jeune amoureux conduit par sa par tenaire de jeu poursuit la grand m re de la jeune fille et l implore d accepter sa demande en mariage Au terme de cet change un coupez retentit hors champ signalant la fin de la prise La scene tait elle finalement jou e Un trouble s installe avant d tre dissip quelques inst
8. t moins rigoureux parce qu on tournait on tournait Par contre il y a des sc nes je dois le reconnaitre qui ont t obtenues comme cela et qu on n aurait pas pu obtenir autrement La classe pourra rep rer les diff rents types et qualit s d images qui compo sent le film et essayer de deviner les supports de filmage pellicule 16mm num rique auxquels ils se rattachent Quels indices sont ainsi donn s sur la construction et l volution du film Peut on remarquer des diff rences entre les sc nes film es selon les cam ras utilis es En quoi ces types d enregis trement plus ou moins l gers peuvent ils influencer la mise en sc ne 1 http www ciclic fr actualites entretien avec namir abdel messeeh DOCUMENTS Revu et corrig Fruit d un long travail de r criture sans cesse aliment par les allers retours du r alisateur entre la France et l gypte le sc nario de La Vierge les Coptes et moi a mu au fil d interactions entre le r el et la fiction cf p 3 Les trois extraits ci dessous sont tir s de l une des premi res versions du sc nario dat e de novembre 2008 et r v lent un ancrage plus fort du film dans le documentaire Les t moignages y sont nettement plus nombreux la plupart d entre eux ne figureront pas dans la version finale La voix off de Namir est galement plus pr sente et exprime plus explicitement ses mo tions son point de vue la maniere d un journal inti
9. Buena Vista 2004 Robert Flaherty Nanouk l Esquimau DVD Filmedia 2014 Michel Gondry Soyez sympas rembobinez DVD EuropaCorp 2009 Abbas Kiarostami Au travers des oliviers DVD MK2 2008 Avi Mograbi Pour un seul de mes deux yeux DVD in Avi Mograbi 4 films Arte ditions 2013 Marcel Oph ls Le Chagrin et la Piti DVD Gaumont 2011 Marcel Oph ls Veill es d armes DVD Arte vid o 2012 Bibliographie Luc Dardenne Au dos de nos images 1991 2005 Seuil 2008 Essais sur le documentaire Jean Breschand Le Documentaire l autre face du cin ma Cahiers du cin ma SC R N CNDP coll Les petits cahiers 2002 Guy Gauthier Le Documentaire un autre cin ma Nathan 1995 Fran ois Niney L preuve du r el l cran essai sur le principe de r alit documentaire De Boeck Universit 2002 Francois Niney Le Documentaire et ses faux sem blants Klincksieck 2009 Sitographie Articles disponibles sur Internet Jacques Mandelbaum Le jour o ma m re a vu la Vierge la t l vision Le Monde 28 ao t 2012 http www lemonde fr culture article 2012 08 28 1 a vierge les coptes et moi la madone fait son cinema 1752334 3246 html Anne LecHvien l gypte en cin ma copte Lib ration 28 ao t 2012 http next liberation fr cinema 2012 08 28 l egypte en cinema copte 842429 Vincent Ostria La com die copte est n e avec un premier film l H
10. Chr tiens sont facilement reconnaissables dans la rue Pour se reconnaitre La question ne se pose jamais C est auto matique Quand tu vois une fille pas voil e tu es presque s r qu elle est copte Ensuite tu regardes Elle a presque toujours un collier avec la Vierge ou une croix Les filles coptes sont plus jolies que les musulmanes Les gar ons ont une croix tatou e sur le poignet Ou un tatouage de la Vierge ou de saint Georges Quand tu vois un homme avec une zebiba sur le front tu sais qu il est musulman C est une tache qu ils se font force de heurter le sol en priant Souvent par le pr nom tu peux savoir qui tu as affaire m me S il y a des pr noms mixtes Dans le langage il y a des expressions diff rentes qui nous permet tent de nous reconna tre Tr s vite quand tu discutes avec quelqu un tu le reconnais Je pr f re faire mes courses chez un Copte que chez un Musulman M me si c est un peu plus loin S quence 53 ARTISANS ET TRAVAILLEURS DU CAIRE Une s quence consacr e aux vendeurs de rue et aux artisans Montrer le travail de leurs mains Le rythme de ces gestes r p t s jusqu la perfection Qu ils soient vendeurs de falafels cireurs de chaussures sculpteurs boulangers ou ma ons tous ces travailleurs modestes utilisent leurs mains comme un instrument La s quence est rythm e par le son de ces gestes et le bruit de leurs outils de tra vail qui cr e
11. Ils pr cisent la nature du changement de cap op r en guidant le regard et le film vers un nouvel horizon Tendre une perche Arriv dans le village d Om Doma Namir retrouve sa famille maternelle Il expose aux siens son projet de les filmer et passe du temps avec eux Un plan le montre assis c t de sa grand m re sur un banc Ils apparaissent tous les deux les yeux tourn s vers le ciel L objet de leur attention figure hors champ 00 39 35 ce qui invite non seulement s interroger sur ce qu ils regardent mais donne aussi la sc ne contexte religieux oblige une l g re orienta tion mystique Sont ils t moins d une apparition La brise qui soulevait d j les voiles de la vieille femme dans le plan pr c dent o elle apparaissait seule et perdue dans ses pens es renforce cette impression d une pr sence invisible et semble annoncer une apparition comme dans une sc nographie fantas tique Le myst re li au hors champ est vite rompu quand Namir l ve le bras pour faire entrer dans le cadre la perche par laquelle se fait la prise de son Il la montre sa grand m re 00 39 43 puis demande l ing nieur du son de lui pr ter son casque Les instruments d enregistrement sonore du film rel gu s en temps normal dans les coulisses du tournage se m lent ainsi naturel lement la scene la mystification sugg r e par les moyens propres du cin ma le cadrage et la part d invisible qu il d limite
12. complexe encore notamment dans sa chronologie que celle qui nous est d voil e s est tal e sur trois ann es Il y a plusieurs raisons cette dur e si les difficult s financi res rencontr es par le r alisateur r ellement en conflit avec son producteur cf p 20 et secouru par sa mere ont fortement ralenti le projet son processus m me de cr ation et de maturation a pris du temps Le point de d part tait bien une vraie enqu te documentaire telle qu elle apparait reconstitu e dans le film D o une premiere phase de recherche et d criture correspondant la mise plat des pistes envisag es par le r alisateur La multiplicit des sujets abord s les apparitions les Coptes l gypte la famille et le refus de Namir de trancher constituent pour bon nombre de ses interlocuteurs un obstacle Apres un premier rep rage en gypte commence une nouvelle phase d criture qui donne nais sance un sc nario plus proche de la fiction et contenant des dialogues ima gin s par Namir Le projet a sans cesse volu au fil de son criture et des allers retours du r alisateur entre la France et l gypte les phases de tournage de montage et d criture interagissent in vitablement les unes sur les autres Spontan it C est ainsi que l id e de la fiction et de la reconstitution s est progressivement int gr e au projet en le modifiant in vitablement Cette r criture s est d au tant plus im
13. conte de No l Plans D cadrages et r orientations Parall les Exp riences de cin ma Motifs es fils de la Vierge Avant la s ance Comment s afficher T moignage Profession producteur consulter 10 12 14 16 18 19 20 FICHE TECENIQUE Namir et Siham Adbel Messeeh Arnaud Olszak La Vierge les Coptes et moi France Qatar 2012 R alisation Namir Abdel Messeeh Sc nario Namir Abdel Messeeh Nathalie Najem Anne Paschetta Directeur de la photographie Nicolas Duch ne Ing nieur du son Julien Sicart Montage S bastien de Sainte Croix Isabelle Manquillet Compositeur Vincent Segal Production Oweda Films Distribution Sophie Dulac Dur e 1h31 Format 1 85 16mm et num rique Sortie francaise 29 ao t 2012 Interpr tation Namir Abdel Messeeh Siham Abdel Messeeh Waguih Abdel Messeeh Nermine Abdel Messeeh Bassem Abdel Messeeh Le P re Georges Lucas Annas Guirguis Yasser Guirguis Ihab Guirguis et les habitants d Om Doma SYNOPSIS No l 2009 Boulogne Billancourt Namir passe le r veillon avec ses parents des gyptiens issus de la communaut chr tienne copte install s en France depuis les ann es 70 Une amie de la famille a apport la vid o d une apparition de la Vierge Assiout en gypte La r action de sa m re qui d clare voir la Vierge donne son fils qui lui ne la voit pas l id e d un sujet de
14. d interrogation et de d part de son projet C est par elles que le processus de fabrication du docu mentaire est officiellement et litt ralement lanc Ce mouvement de mise en route est relay par le g n rique qui joue sur un effet de pellicule qui d file puis par le jogging de Namir Mais n est ce pas plu t t le revirement surjou de la m re qui soudain voit la Vierge qui donne v ritablement naissance au pro jet de Namir plus que l apparition en elle m me En jetant un voile sur l origine du film en entrem lant le vrai et le faux le comique et le s rieux Namir Abdel Messeeh ne situe pas seulement le doute et la croyance sur un terrain 15 16 et 23 purement religieux un film que les Coptes se feraient il les associe une histoire intime et familiale un mou vement plus int rieur c est dire au cin ma qu il se fait lui 19 14 sultar cono PLANS D cadrages et r orientations Le documentaire entrepris par Namir Abdel Messeeh volue au fil des d con venues du r alisateur qui bute non seulement sur les images d apparition qui ne lui d voilent rien mais aussi sur des rencontres et t moignages qui ne lui apportent pas de r ponses satisfaisantes Pour avancer il doit faire un pas de c t d placer son regard et adopter un autre angle de vue sur ce qu il filme Quelques plans sont particuli rement embl matiques de cette d viation et de ce repositionnement
15. des affaires de son fils lorsqu elle lui interdit de filmer sa famille et se permet quelques commentaires aussi dr les que d sagr ables il est givr dit elle en affichant le m me sou rire en coin que Namir c est aussi parce qu il le veut bien et qu il ne cesse de la solliciter pour les besoins de son film Cette autod rision et ce jeu comique autour de la figure maternelle voquent le cin ma de Woody Allen Dans son court m trage Le Complot d CEdipe dernier volet du film collectif New York Stories 1989 le cin aste assiste au cours d un spectacle de magie la dispa rition de sa m re terriblement envahissante et autoritaire Celle ci finit par r appara tre dans le ciel telle une figure divine au regard tout puissant laquelle il ne peut d finitivement plus chapper Les correspondances sugg r es entre Siham et la Vierge offrent une autre d clinaison comico religieuse de ce tandem m re fils Ce duo prend ici une telle importance que La Vierge les Coptes et moi pourrait tout aussi bien se d finir comme une com die cedipienne sur une dispute ininterrompue entre une m re excessive et son fils victime consentante C est d ailleurs l interpr tation laquelle invite le dernier plan qui indique le caractere in puisable insoluble et sans doute passionnel de cette relation et d place le myst re du film l apparition de ce c t la Vierge elle m me semble s en amuser Namir Abdel Messeh a tout l air de suivre l
16. en m me temps des cousins qu il n a pas vus depuis quinze ans Sa mere considere d un mauvais ceil ses retrouvailles avec sa famille 8 Retour au village 00 35 46 00 47 36 Namir se rend Om Doma le village de sa mere o il retrouve sa famille Il parvient progressive ment faire accepter la pr sence de sa cam ra Il recueille quelques anecdotes sur son enfance il voque avec sa tante ses deux premi res ann es pass es ici loin de ses parents qui n avaient alors pas les moyens de le garder Ses cousins travaillent aujourd hui aux champs l un d entre eux lui parle de la duret de sa vie Ces hommes se pr sentent chacun son tour face cam ra Namir fait son jogging il entraine avec lui plusieurs villageois adultes et enfants 9 Une collaboration familiale 00 47 37 01 02 26 Furieux des libert s prises par Namir son pro ducteur le somme de rentrer instamment au Caire Le r alisateur appelle sa m re pour lui demander de g rer le budget du film Apr s avoir consult une cartomancienne celle ci accepte de s occuper de la production et rejoint son fils en gypte Ils partent ensemble pour Om Doma son village natal o Siham retrouve les siens Namir expose aux membres de sa famille son projet de recons tituer une apparition de la Vierge pour son film et leur demande leur aide Namir leur propose de choisir parmi plusieurs repr sentations de la Vierge celle qui pourrait leur servir de mod le Le P
17. la d couverte d une vid o montrant une apparition mariale mais que c est la r action de la m re d clarant avoir vu la Vierge et non le ph nom ne en lui m me qui est l l ment d clencheur du film son v ritable myst re C est gr ce elle que le projet de Namir na t et peut progresser sans qu elle y croie pour autant Difficile des lors de ne pas voir en elle le v ritable objet du film son moteur de recherche son fil conduc teur contradictoire et comique 10 USE EN SCENE Si loin si proche Le r el donn imm diatement cela n existe pas Les scientifiques savent bien que la r alit est un objet que l on construit Au cin ma cette construction s appelle la mise en sc ne 1 Comment appr hender et comprendre une r alit qui nous chappe Comment percer son myst re Ces interrogations soulev es par les images de l apparition mariale reprennent et cristallisent des pr occupations qui traver sent entre autres le cin ma documentaire les cin mas documentaires devrait on dire tant ses formes sont diverses et vari es sans cesse r invent es Quelle v rit peut on extraire d une r alit forc ment vaste multiple et par d finition insaisissable Celle ci l est d autant plus qu elle se rapporte une croyance c est dire quelque chose d intangible qui rel ve la fois de l intime et du culturel tout en s appuyant sur des images qu elle d passe aussi in vitablement Le v
18. les Musulmans sont extr mement tendues Est galement mis en vidence le lien troit entre la religion et la politique lorsque l appari tion de la Vierge Zeitoun semble avoir t orchestr e pour ressouder le pays en 1968 apr s la d faite de Nasser face Isra l La Vierge apparait ainsi comme une figure embl matique de r conciliation entre les communaut s et comme un rep re identitaire tr s fort pour les gyptiens comme le montre le p lerinage Assiout cf p 18 Une autre facette du pays apparait enfin dans le village d Om Doma marqu par la pauvret JA 12 S QUENCE Un conte de No l Le montage photo qui ouvre le pr g n rique de La Vierge les Coptes et moi 00 00 17 00 01 07 a pour fonction de pr senter les personnages du film la famille de Namir Abdel Messeeh et surtout l v nement l origine du documentaire entrepris par le r alisateur Mais cette source d inspiration premi re bien qu ouvertement d sign e comme telle n est peut tre pas aussi vidente qu il y parait et les enjeux de la s quence m ritent plus ample analyse Roman photo roman familial Le premier clich montr ne colle pas tout fait la situation expos e Ce soir l j allais f ter No l et invite d j une prise de distance critique voire une certaine m fiance 1 La photo a t prise de jour visiblement un peu hors du contexte d crit par la voix off du r alisateur
19. peut tre le d jouer l puiser ou le raviver ailleurs De ce croisement entre le plateau de cin ma et le monde na t une zone de frottement d interaction ouverte aux al as aux d bordements aux r sis tances et aux surprises de la vie Le monde sur un plateau ce point d intersection La Vierge les Coptes et moi entretient certaines correspondances avec Au travers des oliviers bien que le film d Abbas Kiarostami de 1994 se situe plus nettement sur le terrain fictionnel Ce dernier volet de la Trilogie de Koker apres O est la maison de mon ami et Et la vie continue raconte l histoire du tourna ge d un film dans une r gion du nord de l Iran marqu e par un tremblement de terre Derri re ce tournage fictif se devine et se r fl chit in vitable ment le tournage du v ritable film dans un contexte r el difficile L entreprise cin matographique de la Au travers des oliviers d Abbas Kiarostami 1994 Coll Cahiers du cin ma fiction est aussi obstin e qu al atoire le r alisa teur double vident de Kiarostami tout en arri vant avec un sc nario crit et pr cis doit compo ser avec une r alit ouverte et tr s impr visible Les visages des jeunes filles interrog es lors de la scene de casting inaugurale laissent entrevoir une multitude de fictions de personnages parmi les quels il faudra choisir Le monde s offre sur un pla teau comme un vaste et vertigineux champ de possibles et
20. r alit ou la trahit il Il ne s agit en aucun cas de tran cher sur les torts et les raisons de chacun cette histoire appartient au hors champ du film mais de revenir travers le t moignage qu a volontiers accept de livrer le producteur ind pendant sur la r alit d un m tier qui comporte une grande part de risques de confiance et d imagination pour accompagner et soutenir avec les moyens du bord un cin aste dans sa vision et ses intuitions Il est ici question de se projeter dans un film venir de saisir la maniere dont il prend ses marques dans le cin ma et de partager son esprit tr s joueur Le r el a d pass la fiction Je suis producteur de cin ma J ai un go t particulier pour le documentaire Peut tre que ce sont des images documentaires qui m ont le plus mu dans ma vie Un jour j ai donc lu une premiere version du projet de Namir C tait une enqu te sur les apparitions de la Vierge en gypte qui mettait en scene Namir un jeune Fran ais d origine copte dans une sorte de retour au pays Le projet avait d j beaucoup des qualit s que l on connait au film c tait dr le captivant original Mais le film n avait pas encore atteint tout son potentiel Il y avait encore plusieurs risques il aurait pu n tre qu une enqu te forc ment frustrante sur les apparitions de la Vierge Le film n aurait t qu un reportage Ou pire il pouvait prendre la forme d un ni me film de retour au pa
21. tude privil gi Lors qu elle dit son fils Je sais qu il y a quelque chose dans ce film l parce que chaque fois je trouve la Vierge la voiture dans laquelle elle voyage est secou e comme si ses propos butaient contre la trivialit moins qu il s agisse d une r ponse divine sa remarque Le moment le plus embl matique de cette approche comique de la religion est celui o la famille de Namir d couvre les pou voirs du trucage travers une sc ne trafiqu e o un homme insulte un pr tre et lui crache dessus Trop c est trop lui dit sa m re alors que tout le monde s esclaffe elle y com pris Juste avant on l aura vue devant un fond vert dire B nie sois tu Marie Aide nous finir ce film Je n en peux plus de Namir Apparais lui vite son arriv e au Caire Namir plaisante avec son cousin lorsque ce dernier lui dit que la lumi re le rend radieux le r alisateur demande en souriant C est la lumi re divine MIO IFS Les fils de la Vierge Sil est bien difficile d identifier la silhouette de la Vierge dans le nuage de lumiere blanche qui perce la nuit celle ci est loin d tre absente du film avant m me qu elle soit incarn e par une jeune femme pour le besoin de la recons titution Cette mere de la lumi re comme la nomment les gyptiens res surgit r guli rement sous des formes diverses tout au long de l enqu te de Namir Abdel Messeeh Ces autres ma
22. une partition presque musicale Davantage tourn e vers la com die tout en conservant encore bon nombre de t moignages une autre version du sc nario date de janvier 2010 On notera qu elle ne mentionne pas la rencontre du r alisateur de retour dans son village avec un vieil homme qui se souvient de lui et lui raconte une anecdote marquante sur son enfance Ce moment tourn plus tard ne pouvait tre anticip par le sc nario il est le fruit d un hasard le chef op rateur tournait d j quand le pick up s est arr t pour faire monter l homme Son r cit arrive comme un cadeau tomb du ciel un vrai petit miracle La r a lit d passe alors totalement la fiction Cette partie consacr e au retour au village dont on reconnait des l ments d j tourn s quant eux qui resteront au montage met galement en vidence un aspect comique gomm par la suite l inqui tude du r alisateur face sa prise de poids au fil du tournage Autre variation comique coup e au montage une scene o Namir fait croire sa m re lors d une discussion sur Skype que la Vierge est derriere lui Cette blague anti cipe d une certaine maniere la reconstitution venir on peut ima giner que c est pour cette raison qu elle n a pas t retenue S quence 63 RETOUR AU VILLAGE Le trajet vers Om Doma au lever du jour Namir et Annas fatigu s l arri re d un pick up prennent la route d Om Doma leur village Un moment cha
23. volant certaines images de sa m re il prend le temps avec d autres membres de sa famille de leur expliquer sa d marche de leur deman der leur avis et de cr er un rapport d intimit propice aux prises de parole Ainsi sa discussion avec sa tante se d roule dans un contexte favorable aux confidences les personnages sont isol s dans un espace faiblement clair Les cousins de Namir se pr sentent face cam ra apr s que celui ci a pass du temps avec eux dans les champs L enchainement des sc nes donne l impression que cette attention port e leurs conditions de vie a jou dans leur d sir de participer au projet d un film qui devient aussi pour eux un moyen de s extraire temporairement d un quotidien difficile 19 m Les trois images ci dessus Soyez sympas rembobinez de Michel Gondry 2008 Partizan Films Focus Features T Ps 16 PARALL LES E Exp riences de cin ma L aventure fictive ou r elle d un tournage a tou jours inspir le cin ma souvent enclin montrer ses coulisses pour mieux affirmer le pouvoir de l image et entretenir sa part de r ve Chantons sous la pluie de Stanley Donen 1952 ou au contraire constater les limites de ce qui ne serait qu une illu sion L tat des choses de Wim Wenders 1982 Chercher voir ce quil y a autour et derriere la fabrication d un film quivaut dans bien des cas d placer le champ de son spectacle pour le rejouer
24. a conversation avec le producteur Ce jeu est plus important qu il n en a l air c est ind niablement cette facult composer librement avec ce qui ne vient pas lui et m me avec ce qui s oppose lui sa m re par exemple qui caract rise sa mise en scene Son utilisation de l cran est ce titre significative d abord embl matique de l impasse rencontr e il devient un point de bascule d inversion des rapports Il n est plus envisag comme le lieu d une r v lation impossible la d marche du r alisateur a elle aussi quelque chose de mystique mais comme une surface de projection partir de laquelle tout peut se r in venter Le mur blanc se transforme en fond vert permettant d avoir prise sur l image de l incruster Le d sir de comprendre le sens d une croyance n ins taure plus de distance le rapport s inverse c est le choix de la distance par le cin ma par la fiction qui est facteur de rapprochement L cran permet de raccorder des l ments distincts au coeur m me de l image mais aussi autour d elle en r conciliant diff rents points de vue diff rentes croyances Il ne s agit plus de forcer la r alit pour d voiler sa v rit cach e mais au contraire de s en tenir la surface au voile des images Via un jeu de calque et de mim tisme fiction et r alit convergent comme l illustre la sc ne du casting Ce qui apparait alors car apparition il y a n est pas juste une possible communio
25. ance avec les images du pass qui coincident davantage avec la soir e de No l racont e que la toute premiere image du film 9 13 Malgr une ad quation apparemment plus vidente des images avec le r cit off un doute sub siste Plusieurs indices nous mettent sur la piste de la reconstitution D un plan l autre certaines per sonnes photographi es n ont pas les m mes habits notamment le p re de Namir qui porte un v tement bleu table 10 puis une chemise blanche au mo ment o la famille est prise en photo en train de regarder le film 21 Des invit s pr sents pour le diner disparaissent seule la photo de groupe autour de la table semble avoir t r ellement prise le soir de No l et d autres comme la compagne de Namir n apparaissent que plus tard 22 Plus surprenantes encore sont certaines poses improbables et comiques prises par les convives qui semblent surjouer et illustrer apr s coup le r cit de cette r v lation avant m me qu elle ait eu lieu par exemple la photo de Namir souriant qui s appr te ins rer la VHS dans le magn toscope 14 Comment imaginer qu elle ait t prise avant la d couverte de la vid o Dernier point le placement des spectateurs autour du poste de t l vision change en permanence comme s ils n arr taient pas de bouger Ces d placements peu vent ventuellement s expliquer par un mouvement r gulier des personnages qui s approchent de l cran pour mieu
26. ans trahir son esprit ni l en fermer dans une image publicitaire r ductrice Le choix de l affiche effectu entre la conception du film et son exploitation en salles est donc primordial Avant la s ance les l ves pourront analyser l affiche initialement propos e et l affiche choisie afin d mettre des hypoth ses sur le genre et le r cit du film Ils confronteront ces pistes apres projection ce qu ils ont compris et retenu avant d exercer leur esprit critique et ventuellement d imaginer une affiche de leur composition l exercice sera l occasion de confronter la classe la dif ficult de synth tiser le film en une image ou en un mot La premiere affiche 1 a t propos e par le cin aste lui m me Qu en retenir Le d cor d une version l autre est presque le m me gauche le clocher d une glise copte droite un minaret ce sont deux visages de la religion en gypte l un chr tien l autre musulman mis sur le m me plan Dans les deux cas le cadre religieux du film est nettement expos mais sur la premiere affiche l opposition entre les deux glises est plus marqu e avec la pr sence en haut des tours de religieux qui se font face comme dans un duel La place de Namir est centrale il figure au milieu de tout visiblement perdu et peut tre ath e il n a pas choisi de camp m me s il n apparait pas tout fait de la m me mani re sur les deux dessins Qu il figure de dos en train de marc
27. ants apr s Une confusion similaire se produit lors de la projection du film sur l apparition de la Vierge Om Doma Les images de la reconstitution alternent avec des plans des spectateurs plong s dans l obscurit amus s de se d couvrir sur grand cran Mais une confusion s installe quand la Vierge illumine l cran Quels spectateurs voit on alors Ceux du film dans le film que l on a vu dirig s juste avant dans la nuit par Namir ou ceux qui d couvrent merveill s cette apparition reconstitu e Quelle est la nature de l motion qui se lit sur leurs visages De ce doute en d coule un autre quel est ce moment l l objet de leur croyance la Vierge ou le cin ma Namir Abdel Messeeh laisse en suspens ces inter rogations qui taient au fond le point de d part de son film pour rester sur cette confusion qui fait entrevoir un terrain d entente un point de ren contre possible entre ces deux formes de regard Mystification et communion Un m me effet de miroir est l oeuvre dans Soyez sympas rembobinez de Michel Gondry com die loufoque de 2008 qui multiplie au sein d une petite ville de la banlieue new yorkaise les aven tures de tournage sur un mode totalement ama teur Des films sont bricol s la va vite par deux amis afin de remplacer dans l urgence les VHS d un vid oclub que l un d entre eux a malencon treusement effac es ces films dits su d s r a lis s avec les moyens du bord sont de
28. autour vient de l 1 Une affaire de croyance et de famille Si Namir Abdel Messeeh d clare avoir perdu la foi au moment o il a d cou vert le cin ma la croyance s impose d embl e comme un th me central de son ceuvre En 2005 il signe le court m trage Quelque chose de mal une fiction sur un petit garcon de neuf ans qui pense que Dieu est partout et qu il acc de la moindre de ses mauvaises pens es l arriv e d un oncle dont les id es se d marquent de celle de sa famille catholique perturbe l enfant qui se met douter de l existence du Tout Puissant La m me ann e Namir Abdel Messeeh r alise Toi Waguih un autre court m trage cette fois ci documentaire tourn en grande partie en noir et blanc Le film est un portrait de son p re qu il interroge sur son pass de militant communiste emprisonn pendant cinq ans sous Nasser Lorsque Waguih parle de sa vie de d tenu en disant nous Namir le bouscule un peu en lui disant qu il ne croit pas ce nous une v rit collective Ce qu il attend de son pere c est la transmission d un r cit intime Mais quand ce dernier est interrog sur Nasser par son fils il ne parvient toujours pas parler en son nom et consid rer l ancien pr sident Namir Abdel Messeeh sur le tournage de La Vierge les Coptes et moi Oweda Films gyptien l aune de son exp rience personnelle particulierement douloureuse Il envisage l homme qu il admire malgr to
29. autres comme la d sorganisation de Namir ou l incompr hension du producteur et de ses proches quant sa d marche elle met tout le monde sur un pied d galit cr e du lien et insuffle une cer taine logique de rebond face aux probl mes Bon nombre des changes entre Namir et sa famille nourrissent ainsi cette veine comique qu ils soient fabri qu s donc jou s ou plus spontan s la plupart des r pliques de la m re ont t enregistr es par son fils son insu Siham est tout de suite appr hend e comme la grande figure comique du film et plus largement comme un person nage cl Cette femme au caractere bien tremp tonne et d tonne par son franc parler ton film c est d la merde et ses contradictions alors qu elle ne voulait pas que Namir filme sa famille elle finit par devenir la productrice du film Elle apparait galement comme un personnage burlesque notamment lorsque au moment des castings elle entre dans le champ sans se rendre compte qu elle g ne la scene rappelle un passage du Tombeur de ses dames de Jerry Lewis 1961 il en va de m me quand elle traverse le village dans une carriole tir e par un mulet pour transmettre par haut parleur certaines consignes de tournage M re et fils La forme du duo comique est exploit e des le d but Elle permet Namir de jouer sur des effets de contrastes notamment culturels et de s amuser de sa relation avec sa mere si celle ci se m le un peu trop
30. chappe et laquelle il appartient malgr tout par son histoire La scene o il expose sa famille son projet de se rendre en gypte est particulierement r v latrice de ce double statut contradictoire et presque schizophr nique Isol par le cadrage ces plans ont t tourn s et ajout s apr s coup Namir est s par du reste de la tabl e et presque fig dans sa position de r alisateur endurant les critiques de sa m re sur son travail Mais travers le dialogue qui s instaure avec ses parents c est aussi en tant que fils qu il se positionne en leur faisant part de son projet il semble leur demander un consentement Il lui sera moiti donn puisque Siham le met en garde et lui demande de ne pas filmer sa famille d Om Doma Ce m lange paradoxal de mise distance et de d pendance familiale sa mere deviendra la productrice du film est propice de multiples effets comiques mis en relief par les trucages du montage et certains choix de cadrages il en va ainsi par exemple de ceux tr s larges o m re et fils perdus dans le paysage sont peine visibles mais totalement audibles Faire cran Les commentaires de Namir participent ce m lange de distance et de proxi mit Lors de ses recherches au Caire sa voix off expose certains faits histo riques et sociologiques en m me temps qu elle revient sur la difficult ren contrer des t moins et donc par extension rencontrer son sujet Ell
31. contre lui dit qu il ne peut rien faire pour lui quil lui faut une autorisation du patriarcat copte Il demande alors sa m re de faire jouer ses relations pour d bloquer la situation mais sa d marche n aboutit pas Namir fait alors un point sur la situation des Coptes en gypte leur diff rence avec les Musulmans mais aussi leur point commun la Vierge qu ils v n rent pareillement 6 Recherche de t moins 00 16 54 00 28 17 Namir passe des petites annonces pour trouver des t moins de l apparition de la Vierge Zeitoun en 1968 Son cousin lui apporte son aide mais l exp rience s av re peu concluante exception faite de sa rencontre avec une jeune femme qui lui montre des photos de l v nement faites par son p re D u par ses recherches Namir veut prolonger son s jour en gypte mais au moment de laisser un message son producteur il se d file et reste tr s vasif quant l avanc e du film Il poursuit son enqu te sur l apparition mariale de Zeitoun sous la forme d un micro trottoir Un commercant lui explique que cette apparition a t mise en sc ne pour r concilier Chr tiens et Musulmans apres la d faite de l gypte en 1967 Namir creuse cette question en regardant des docu mentaires sur Nasser et en interrogeant son pere 1 D part pour Assiout 00 28 18 00 35 45 Namir se rend Assiout en Haute gypte pour assister au p lerinage de la Vierge dont il tire quelques images Il retrouve
32. criture romanesque d un mat riau intime et r el l affabulation ou la fictionalisation de soi Au cin ma le genre prend une forme tout aussi mouvante mais sans doute plus facilement identifiable en raison de la pr sence l image et ou au son du r alisateur qui se parta gerait entre le journal intime et une exploration inventive du monde Tel est le cas de Journal intime de Nanni Moretti 1993 qui ouvre sa mati re autobio graphique plusieurs formes cin matographiques plus ou moins documen taires la ballade la r verie la farce la fable et la chronique Alain Cavalier creuse lui aussi ce sillon sur un mode plus intimiste encore proche de la confidence chuchot e l oreille l aide d une cam ra stylo il capte et commente au plus pr s l piderme du monde pour reprendre une formule d Andr Bazin et en pr l ve une mati re picturale une peau sensible mutante et souvent mutine qui devient le parchemin possible de mille et une fictions Le cin aste Luc Moullet lui aussi coutumier du genre exploite davantage le potentiel comique voire burlesque de l autofiction en abordant de maniere tr s clinique et pragmatique une r alit parfaitement anodine une bouteille de Coca Cola dans Essai d ouverture 1988 qu il tourne vers l absurde Dans son dernier film La Terre de la folie 2009 il s attaque sur le m me mode comique et m ticuleux un sujet plus s rieux en interrogea
33. de la diff rence de culture entre Namir Abdel Messeeh n en France et ath e et ses parents gyptiens issus de la communaut chr tienne copte le d saccord devient le point de d part comique d un film hybride et joueur auto critique et frondeur qui brouille d embl e les pistes entre illusion et r alit fiction et documentaire Aventure d un tour nage com die des origines portrait de famille autofiction le premier long m trage de Namir Abdel Messeeh est la fois un film sur la Vierge l gypte les Coptes ou la mere du r alisateur c est dans la multiplicit et la complexit des sujets abord s que tout se joue se noue et se d noue autour d une exp rience et d une croyance com munes le cin ma R DACTEUR EN CHEF Thierry M ranger est depuis 2004 critique et membre du comit de r daction des Cahiers du cin ma Agr g de lettres modernes et concepteur de documents p dagogiques il enseigne en sec tion cin ma audiovisuel au lyc e Rotrou de Dreux et dans le cadre du Master Pro Sc nario r alisation et production de l Universit Paris Panth on Sorbonne Il est galement d l gu g n ral du festival Regards d Ailleurs de Dreux R DACTRICE DU LIVRET Am lie Dubois critique de cin ma aux nrockup tibles et Chro est formatrice et intervenante dans le cadre du dispositif Lyc ens et apprentis au cin ma Elle est galement r dactrice de livrets p dagogiques et dirige des ate
34. e possiblement musulmane pour jouer la Vierge Gr ce l aide de l v que d un monast re voisin un casting est effectu Tout le village participe au tour nage de la reconstitution et assiste amus et merveill la pro jection de la fausse apparition Ouelque chose de mal 2005 La Vie est belle Films Associ s Tournage de La Vierge les Coptes et moi Oweda Films sulta conto R ALISATEUR Le cin ma l gypte et lui Fils d migr s gyptiens appartenant la communaut chr tienne copte Namir Abdel Messeeh est n Paris en 1974 un an apr s l arriv e de ses parents en France Apres un BTS audiovisuel et une licence de cin ma cet admirateur de Luis Bu uel int gre la section R alisation de la F mis dont il ressort dipl m en 2000 Il y d veloppe d j un projet sur sa famille en gypte Pour ses premiers pas au cin ma il choisit pourtant la fiction plu sieurs reprises mais souffre du dispositif un peu lourd et rigide qu implique le tournage de ce type de film Il s oriente alors vers le documentaire qui lui per met de travailler de mani re plus libre Souvent sur mes pr c dents films de fiction je regardais le hors champ le plateau et je me disais il y a plein de choses g niales qui se passent l sur l quipe en train de travailler Ce qu il y a autour du cadre peut tre plus int ressant que ce quil y a dans le cadre Mon envie de mettre ma cam ra
35. e choisir un sujet le sujet du film est pr cis ment dans ce lien cette mise en relation entre les diff rents l ments montr s Cette vue lev e d ga g e et contemplative semble t moigner d une s r nit et d un all gement nou veau comme si subitement le r alisateur prenait de la distance de la hauteur quant la r alit film e et y voyait plus clair N oublions pas que jusqu pr sent chaque fois qu un mouvement ascensionnel se dessinait il t moignait d un cheminement laborieux les p nibles mont es d escaliers de Namir dans son immeuble au Caire Un autre mouvement de d viation fait cho celui ci une scene montre un cousin de Namir Yasser qui en bloquant un canal d irri gation dans son champ 00 43 49 d vie la trajectoire de l eau Cette image symbolise elle seule la r orientation naturelle du projet de Namir au moment de ce retour aux sources Ce motif de la d viation concerne aussi les villageois qui durant le tournage vont faire un pas de c t et s extraire de leur quotidien difficile Ici tous les jours se ressemblent c est ce qui me pese le plus confie Yasser Projection de soi Un autre plan nocturne cette fois ci dessine un mouvement de d viation et d l vation qui prolonge et pr cise celui qui est n de l change entre Namir et sa grand m re Le r alisateur est debout perch sur le mur d une cour d o il dirige comme un chef d orchestre les villageois qui jouent
36. e cour du village Les spectateurs sont amus s par les prestations des uns et des autres jusqu ce qu arrive la fausse apparition mariale qui les laisse sans voix Namir et sa mere quittent le village sous l il de la fausse Vierge utilis e dans le film 13 G n rique de fin 01 24 48 01 27 26 D filent des images de ceux qui ont particip au film Une conversation t l phonique de Namir avec son ancien producteur nous fait comprendre que celui ci s est r veill trop tard pour trouver des partenaires financiers Il apprend Namir qu une r volution a lieu en gypte J3EOIT Moteurs de recherche Parce qu l origine du film il y a un myst re lucider une zone d ombre clairer une logique d enqu te guide naturellement la construction narrative de La Vierge les Coptes et moi Elle est indissociable d un autre l ment moteur du r cit le processus de fabrication du documentaire consacr cette recherche Une composante suppl mentaire s agr ge plus confus ment cette premiere trame l histoire familiale du r alisateur voqu e par petites touches qui semble d embl e ouvrir le r cit d autres pistes Le r alisateur retrace d abord l volution de ses recherches men es de fil en aiguille de courtes scenes mettent en avant les tapes de son travail et le prag matisme presque scolaire avec lequel il utilise les l ments qu il a sa dispo sition Internet livres films pour se d
37. e marque clairement l ext riorit du r alisateur face la r alit appr hend e tout comme elle met en vidence son d sir de rapprochement La distance ne se joue pas seulement dans le rapport voix image elle est prouv e physique ment par le r alisateur qui se perd pi tine attend la messe ou dans les embouteillages La mise en scene donne alors un relief tr s topographique sa recherche Pour moi enqu ter sur les apparitions c est forc ment aller en gypte sur les endroits o est apparue la Vierge qui s apparente une exp rience douloureuse des lieux Sa famille rest e Paris est presque le seul l ment qui lui permet d entretenir un lien avec son sujet c est dire un dia logue Ce lien s av rera tre son v ritable moteur l image blanche qui apparait sur son ordinateur r pondent les visages de ses parents avec lesquels il s entretient sur Skype Ils lui donnent le change contrairement son pro ducteur mille lieues de lui tous les sens du terme et contrairement aussi la plupart des personnes qu il tente d interroger dans la rue l image surca dr e dans le viseur de la cam ra surligne paradoxalement sa difficult cap turer quelque chose de cette r alit vis e et met en relief ce qui fait bel et bien cran Cet cart est bien souvent investi sur un mode comique que ce soit lors des changes t l phoniques suite la petite annonce ou lors de la r p tition de l
38. emier temps de point d interrogation rentrer dans le cadre pour mieux l interroger puis se repositionne pour cr er progressivement un rapprochement un rap port justement S tablit alors un jeu de miroir entre Namir et les personnages film s Si je n avais pas t lev en France je serais certainement comme Yasser travailler dans les champs d clare le r alisateur peu de temps apres son retour au village de sa m re mais aussi entre ses convictions cin mato graphiques et la croyance religieuse Une com die familiale L autofiction est bien souvent porteuse d autod rision La pr sence de Namir devant la cam ra lui permet d instaurer l int rieur m me de sa d marche une v ritable distance comique et critique Car c est bel et bien sous ce jour et ce genre l la com die que le film se donne aussi voir d s ses premi res images l impossibilit du r alisateur prendre au s rieux cette croyance dans l apparition de la Vierge constitue ind niablement une des origines du film Ainsi Namir se repr sente t il r guli rement dans la position d un acteur spectateur dont le sourire en coin dissimule mal l envie de rire Ce sourire moqueur constitue un des principaux leitmotive du film Cette distance comique n est pas seulement une mani re de d dramatiser les accidents de parcours comme la r p tition du coup de fil au producteur elle permet aussi de r v ler les failles des uns et des
39. es deux conseils que Woody Allen recoit de son psy dans Le Complot d CEdipe prenez tout ca avec humour et la situation exige que nous fassions preuve d ima gination Ainsi l avenir du film se d cidera d une maniere totalement impro bable lors d une visite de Siham chez une cartomancienne 1 Jean Breschand Le Documentaire l autre face du cin ma Cahiers du cin ma SC R N CNDP coll Les petits cahiers 2002 2 in Renoir francais Cahiers du cin ma n 8 janvier 1952 D COUPAGE NARRATIF 1 Un sujet de film 00 00 00 00 02 01 Comme tous les ans Namir passe le r veillon de No l chez ses parents des gyptiens appartenant la communaut chr tienne copte Une amie de la famille a apport une vid o montrant une appa rition r cente de la Vierge Marie Assiout en gypte Namir ne voit rien sur les images film es D abord dubitative sa m re s exclame subitement qu elle a vu la Vierge Son fils se dit alors quiil tient un sujet de film 2 G n rique 00 02 02 00 03 33 Apparaissent les premiers signes de la mise en mouvement du film un soutien financier unique celui du CNC l image vid o d une tache blanche flottant dans la nuit Namir faisant son jogging une recherche Google lanc e partir des mots apparitions vierge les signes d une collabora tion encore floue avec la m re et plus concr te avec un producteur Gr goire 3 Premi res recherches 00 03 34
40. film La fabrication d un documentaire sur les appari tions se met en route Namir obtient l avance sur recettes change avec son producteur sur le sujet du film commence filmer sa m re et se documenter D cid partir en gypte Namir doit composer avec certaines contraintes l interdiction maternelle de filmer sa famille un budget et un temps de travail restreints et la difficult aborder la religion avec les gyptiens Au Caire le r alisateur s int resse de pres l apparition de la Vierge Zeitoun en 1968 Mais son enqu te pi tine la plupart des gens interrog s refusent de t moigner ou livrent des r cits qui ne lui apportent rien Sans l accord de son producteur il se rend Assiout Il y observe la ferveur des gyptiens et y retrouve des cousins qu il n a pas revus depuis quinze ans Dans le village d Om Doma il revoit d autres membres de sa famille et les habitue la cam ra Il d couvre alors les conditions de vie diffi cile de ses cousins agriculteurs et voque avec sa tante les deux premi res ann es de sa vie pass es ses c t s Le projet du film change radicalement Namir d cide de reconstituer avec l aide du village une apparition mariale Son producteur furieux refuse de le suivre De retour au Caire le r alisateur demande sa m re de lui venir en aide elle accepte de s occuper du budget du film et le rejoint en gypte Reste une difficult surmonter trouver une jeune fill
41. her cam ra la main associe l id e d une qu te au projet du film Il apparait au seuil d une porte form e par les deux tours De l autre c t de cette ligne invisible dans le d sert sa m re une valise la main semble l attendre comme si elle tait le point d arriv e de la recherche men e La composition de l image est d pouill e Trois pyramides et deux palmiers indiquent l gypte Une tache lumineuse dont la forme ovale se distingue de celle du soleil apparait dans le ciel en partie cach e par le titre On remarquera apr s projection que la dimension comique fait d faut cette maquette Si une approche documentaire se laisse deviner l enqu te semble tre men e avec gravit le film pourrait par exemple voquer un r alisateur partant la recherche d une m re quil ne connait pas l affiche d finitive 2 contraste avec la premi re en pr sentant une composition nettement plus fouill e et charg e presque tout le cadre est rempli les palmiers partent en tous sens Le dessin plus fantaisiste et expressif voque d autant plus la fiction et la com die qu il contraste avec les photos plac es dans la partie inf rieure r v latrices de la dimension documentaire du film Par la ressemblance qui apparait entre certaines situations photographi es et le dessin se devine aussi l id e de r criture de reconstitution d une mati re r elle Pr sent trois fois Namir apparait avec le m me polo pou
42. iale donc dans le cadre de la fiction sont des sc nes o les villageois d Om Doma jouent v ritablement La m re du r alisateur a quant elle fait l objet d un traitement particulier si elle interpr te certaines scenes du film elle est aussi souvent film e son insu Durant le tournage une petite cam ra circulait pour enregistrer les c t s du film comme pour un making of Beaucoup de ces images tourn es ainsi ont finalement t retenues au montage et permettent d exploiter pleinement la dimension comique de Siham Le film dans tous ses tats Pour Namir Abdel Messeeh les diff rents types de cam ra utilis s dans le film ont t d terminants On a tour n la premi re partie du film en pelli cule de mani re ultra rigoureuse on avait vingt minutes par jour il y avait un stress pas possible mais on r fl chissait norm ment ce qu on filmait Je trouve que les plus belles sc nes du film ont t tourn es quand on avait ce dispositif Puis un moment il n y avait plus de sous le producteur nous a dit Si tu veux terminer ton film tu prends une cam ra vid o Donc j ai fait ce choix C tait un terrain de libert incroyable et en m me temps c tait un casse t te pas pos sible il y avait une telle mati re qu on a pass un an monter le film Du point de vue conomique ca ne nous a pas co t moins cher Du point de vue de la rigueur je pense qu on a
43. idera Namir trouver des jeunes filles musulmanes Trouver une fille pour ce r le c est pos sible Soit ici soit en ville la question c est comment tu la filmes comment tu me fais ressentir que c est la Vierge qu on a l habitude de voir j esp re que cette apparition sera une b n diction Reste que cette question morale li e la manipulation peut tre pos e l chelle de tout le film car Namir ne cesse de brouiller les pistes entre fiction et docu mentaire Les l ves pourront d battre de cette question et revenir sur leur per ception du film se sont ils sentis mani pul s Quels indices sont donn s au spectateur pour lui faire comprendre que certaines sc nes du film sont fausses De nombreux passages dont la s quence d ouverture cf p 12 pourront tre vo qu s pour mettre en lumi re les partis pris de la mise en sc ne et la mani re dont elle nous invite sans cesse nous interroger sur notre propre place et notre croyance de spectateur 17 18 Divine com die Alors qu il parait tabli qu on ne plai sante pas avec la religion en gypte de nombreuses s quences contredi sent cette id e recue Sensibilis s aux contradictions qui traversent le film et ses personnages les l ves pourront citer et commenter diff rents moments o com die et religion font bon m na ge La m re de Namir version d sa cralis e et truculente de la Vierge sera un objet d
44. ille cousins de Namir les regardent amus s S quence 65 PREMIER REPAS Namir attend le d jeuner La nourriture du bled ne lui pla t pas Il pr f re ne pas manger gras Sa tante insiste s inqui te lui dit qu il risque de mourir de faim Namir pour tre tranquille r pond qu il fait le car me Elle ne le croit pas une seconde S quence 66 FOOTING AU VILLAGE Namir court Seul En short moulant et T shirt anti transpirant un peu flashy Devant des habitants qui le regardent m dus s VOIX OFF Tous les gars au village sont minces Et ils bouffent trois fois plus que moi M me en faisant gaffe il me faudrait trois footings par jour pour tre comme eux C est d gueulasse Je ne repartirai pas d ici avant d avoir retrouv mon poids initial S quence 32 LA VIERGE SUR SKYPE Namir dans son appartement discute avec une jeune femme habill e d un voile bleu Il s agit d une com dienne avec laquelle Namir s est arrang Il lui demande d attendre que Siham appelle pour se manifester Siham appelle Namir sur Skype Namir d croche En le voyant travers la cam ra Siham trouve qu il a grossi Elle lui demande si tout se passe bien SIHAM Alors NAMIR Alors quoi SIHAM Tu comptes rester encore longtemps en gypte NAMIR hausse les paules Pourquoi SIHAM J ai eu ta femme Tu ne l as m me pas appel e une fois Je te rappelle qu elle porte ta fille dans son ventre Tu l as oubli ou quoi Siham v
45. isirent d importantes apparitions Zeitoun Tous les soirs des dizaines de milliers d gyptiens pas saient la nuit dans le quartier attendant de voir l apparition Beaucoup l ont vue Mais pas elle Siham est en communication avec son amie Magda par t l phone ou sur Skype Magda est cat gorique elle a vu la Vierge de ses propres yeux Zeitoun Ma m re rit Magda s emporte Ce qu elle a vu a chang sa vie et restera grav dans sa m moire jusqu sa mort S quence 30 COPTES ET MUSULMANS Montrer le non dit sur lequel reposent les relations entre Coptes et Musulmans Des codes r v lent que Musulmans et Chr tiens se reconnaissent et se tiennent l cart les uns des autres Comme souvent rien n est frontal Les images montrent des sc nes de la vie quotidienne l ves por tant tous le m me uniforme chantant l hymne national dans la cour de r cr ation ou sortant d un coll ge visages des passants dans la rue travailleurs sortant de leur entreprise Tandis qu au son des extraits d entretiens donnent le point de vue de jeunes Coptes sur ce qui leur permet de distinguer les Chr tiens des Musulmans VOIX OFF JEUNES COPTES D abord on se connait entre nous Soit par l glise le quartier ou par des amis c h c est le mot pour dire Chr tiens C est plus discret Je connais des Musulmans mais la plupart de mes amis sont c h C est une question de confiance On ne se m lange pas Les
46. ividualit s Chaque personne rencontr e a sa vision ou sa repr sentation de Marie Le gar con tatou que Namir interroge pr f re avoir la Vierge sur sa peau dans la peau plut t que de garder avec lui une image d elle Durant la sc ne du cas ting les jeunes filles ne s identifient pas aux m mes repr sentations apport es par Namir et chacune pr cise son id e son interpr tation de la figure mariale Le portrait de Siham accroch chez sa sceur voque lui aussi la Vierge il n est pas question ici de souligner une ressemblance physique mais de remarquer que cette photographie apparait au moment o est voqu e l absence mater nelle pendant la petite enfance de Namir puisqu on racontait alors au futur r alisateur que sa m re descendrait du ciel pour venir le chercher On te montrait la photo on disait un jour maman viendra te chercher en avion Libre chacun partir de tous ces fils de tisser sa propre toile AVANT LA S ANCE Comment s afficher Quelle affiche concevoir pour La Vierge les Coptes et moi Comment rester fid le sa forme hybride et synth tiser son m lange de fiction et de docu mentaire de com die et d enqu te La question de l identit visuelle d un film est soulev e au moment de sa distribution en salles o le distributeur s inter roge parfois avec le r alisateur sur la meilleure mani re de communiquer sur une uvre et de donner envie d aller la voir s
47. le projet du film se trouve ainsi sus pendu au miracle d une rencontre d une r v la tion l interrogation qui sous tend tout le projet de Kiarostami est d j en germe Qui r v le qui Qui entraine qui Est ce le cin ma qui fait naitre un personnage ou l inverse est ce gr ce un visage ou un regard qu il advient En raison de leur rela tion tendue les deux jeunes acteurs non profes sionnels choisis un garcon et une fille donnent du fil retordre l quipe de cin ma Dans le jeu de r sistance qui s instaure au fil de prises sans cesse r p t es le tournage d vie de sa fonction premiere et devient un instrument de mesure et d accompagnement de ce qui le d passe ce sont en l occurrence une contrari t et un ent tement amoureux qui apparaissent comme une obstina tion de la vie m me continuer son cours malgr les nombreux obstacles rencontr s li s la trag die qui marque la r gion et la diff rence sociale des personnages Tout en suivant un fil narratif et un cheminement formel diff rents l exp rience de tournage men e par Namir Abdel Messeeh dialogue sur plusieurs points avec la d marche du cin aste iranien S y formule la m me recherche d un sujet et d une mati re humaine qui ne se donnent pas d avance Le tournage devient ainsi l exp rience d une r sis tance avec laquelle il faut composer c est dire jouer au sens propre comme au sens figur en fai sant un pas de c
48. les t moins de la scene de l apparition mariale 01 20 47 Il est peine visible dans l obscurit se dessinent juste les contours de sa silhouette noire gr ce la lumi re bleut e qui claire la scene en face de lui Film de dos en contre plong e et coup du groupe dont il guide les gestes il domine la situation la fois effac et plac dans une position de toute puissance l coute des cris de joie des figu rants hors champ il hoche la t te en signe d approbation comme sil avait accompli sa mission et obtenu les images qu il attendait Mais le plan n en reste pas ce point d accomplissement Au m me moment la cam ra se d tourne de lui et pivote vers le haut en direction du mur situ derriere lui C est cette place m me que la Vierge figurera apr s trucage mais pour l instant c est l ombre gigantesque de Namir qui y est projet e et se substitue la silhouette voil e 01 20 52 Cette ombre clipse le r alisateur d sormais hors champ et donne voir derriere son dos quelque chose de plus grand encore que lui qui le d passe le surpasse et rel ve presque par sa d mesure d une vision fantas tique Cette apparition nocturne semble tout autant r sulter du travail du cin aste dont les bras se d coupent de mani re tr s visible sur le mur que du regard hors champ des faux t moins et vrais croyants qu il a dirig s et qui croient en lui l ombre de Namir devient ainsi le point d inter
49. leureux et convivial Annas chante Deux passagers embarquent dans la voiture Annas pr sente Namir comme son cousin ce qui cr e tout de suite une familiarit On lui demande o il vit comment est la France et ce qu il est venu faire ici Namir est venu faire un film avec sa famille II semble d tendu l aise dans son rapport aux gens Un moment o le regard des autres sur lui n est pas m fiant o il se sent int gr Une cam ra subjective vue de l in t rieur de la camionnette avance et p n tre dans un petit village comme les autres C est le matin La place est presque d serte S quence 64 LES RETROUVAILLES Namir p n tre dans la maison familiale et se dirige vers sa grand m re Elle le regarde sans le reconnaitre Namir en rit et se moque d elle Il lui reproche de l avoir oubli Un de ses cousins lui dit que sa grand m re a vieilli Elle a des absences La tante Enayat est l Elle ne veut pas tre film e Namir insiste Elle lui dit en riant qu il faut la payer tr s cher pour qu elle soit film e Namir lui demande combien Elle fait des reproches Namir du fait qu il ne donne jamais de nou velles IIS s en amusent Victoria la grand m re ses trois filles Nabila Enayat Feriel et son mari Guirguis ainsi que son fils Safwat et sa femme Mervat posent pour la cam ra de Namir aux c t s du portrait de leur soeur absente Siham la m re de Namir En face d eux les 5 enfants de Safwat 4 gar ons et une f
50. liers de program mation Elle a t membre du comit de s lection de la Semaine de la Critique et du festival de cin ma EntreVues de Belfort Avec le soutien du Conseil r gional Libert Egalit Fraternit CINEMA
51. me Elle prend aussi en charge la dimension comique du film quil r servera davantage sa m re par la suite Dans la s quence 5 le r alisateur envisage de montrer clairement que sa m re ne croit plus l apparition qu elle avait vue en famille Il souhaite jouer franc jeu tournant le dos au parti pris de mystifi cation quil adoptera finalement La s quence 30 met en vidence la sp cificit et la difficult de l criture d un projet documentaire qui demande pour exposer la sc ne filmer de se projeter dans la situation d anticiper ce qui pourrait se passer Mais comment aller au devant d une r alit forc ment impr visible Il faut ainsi savoir trouver un quilibre entre l orientation souhait e pour la s quence et cette part d inconnu avec laquelle la mise en scene doit in vita blement composer Le r alisateur s appuie ici sur des dialogues enten dus sans avoir encore tourn d images Ils posent les balises d une scene r aliser sans que celle ci ait encore trouv sa forme La s quence 53 s appuie quant elle sur une exp rience de tournage Apparaissent d j des indications quant au rythme du montage de ce passage purement descriptif et presque musical Figurent dans le sc nario quelques photos prises au moment du tournage qui donnent une premiere id e de la r alit film e et de cette premiere strate documentaire partir de laquelle le film s est construit Cette approche du travail manuel ne se
52. mposition Ce choix du faux de la reconstitution va t il contre courant des images originales Est il une offense la croyance des Coptes et Musulmans On pourra conclure que si cette imitation induit in vitablement l id e que les apparitions mariales ne sont pas la r alit mais le fruit d une mise en sc ne comme l affirme un t moin rencontr Zeitoun il n est en aucun cas question pour le cin aste d imposer cette lecture critique aux villageois et de leur ass ner une v rit Rien n est acquis au moment o Namir soumet son projet de reconstitution sa famille C est un p ch explique t on au r alisateur la Vierge apparait r elle ment La fiction risquerait de jeter un doute sur cette r alit Comment Namir surmonte t il cet obstacle C est un de ses oncles qui r gle le probl me en demandant ce que soit pr cis dans le film qu il s agit d une fiction On note ainsi travers cette r action une conscience vidente du pouvoir manipulateur du cin ma conscience qui temp re subite ment la cr dulit des gyptiens face aux apparitions mariales Ainsi la fiction est elle la solution elle ne contredit ni ne contrarie la religion mais la prolonge et met tout le monde sur un pied d galit en donnant une m me forme aux croyances de chacun Elle reste de cette mani re fid le la dimension f d ratrice des apparitions de la Vierge En atteste la r action d un pr tre qui a
53. n des regards autour d une illusion r elle cet envers de l image devient aussi une maniere de montrer plus largement l envers du d cor Car dans ce jeu d animation et d imitation ressort in vitablement tout ce qui d borde de l cran et du calque Tout ce qui justement ne s imite pas 1 Robert Kramer c l bre documentariste am ricain 1939 1999 cit par douard Waintrop in l ami am ricain Lib ration 12 novembre 1999 Un portrait en creux Les l ves pourront d abord s interro ger sur ce qui distingue La Vierge les Coptes et moi d un reportage auquel est souvent assimil tort le docu mentaire en essayant d identifier les caract ristiques de ce type de film qui r pond des codes sp cifiques entretiens face cam ra commentaires informatifs off traitement d un sujet sur un mode journalistique suppos objectif Tr s loin d pouser ce forma tage la com die documentaire de Namir Abdel Messeeh suit une voie singuli re o la subjectivit du point de vue est totalement assum e Si son enqu te ne le m ne en apparence nulle part le r alisateur n choue pas pour autant dresser un portrait de l gypte Les l ves pourront ainsi rele ver ce qui nous est r v l souvent en creux sur ce pays et son histoire ll met en lumi re la situation des Coptes cette communaut chr tienne minori taire en gypte qui repr sente moins de 10 96 de la population et dont les relations avec
54. n 2 570 r sultats 0 37 secondes Les emb ches qui jalonnent le parcours de Namir que l on voit plusieurs reprises monter p niblement des escaliers de mani re vocatrice d tournent ainsi le r cit de l enqu te film e pour l orienter vers la forme plus chaotique d une aventure de tournage L enjeu majeur sera de braver les interdits et de composer avec les accidents pour mener bien le film La transgression et la d sob issance deviennent des l ments de relance du r cit qui permettent au projet d voluer et de d vier au sens propre comme au figur sur un terrain plus personnel le village familial Il ne s agit plus de se demander pourquoi les gyptiens croient aux apparitions de la Vierge mais comment on peut fabriquer ces manifestations C est dire comment on fait du cin ma Le d placement du regard sur ces ph nom nes induit d autres modifications de la perception celle de Siham sur sa famille et les habitants de son village celle du r alisateur sur la Vierge celle des villa geois sur les apparitions le cin ma et le m tier de Namir D placement d une croyance religieuse en une croyance de cin ma D placement du r cit qui prend aussi la forme un peu d cousue d un retour aux sources et d un por trait de famille Cette dimension l videmment pr sente d s le d but irrigue le film plus ou moins souterrainement souvenons nous que l id e de l enqu te n est pas uniquement li e
55. n mai 2012 dans le cadre de l ACID2 La Vierge les Coptes et moi recoit lors de sa sortie en salles un tr s bon accueil critique Namir Abdel Messeeh travaille actuellement sur un projet de fiction une com die un peu dans l esprit de To Be or Not to Be de Lubitsch sur un gyptien qui se d guise en imam 1 http www universcine com articles namir abdel messeeh comment les obstacles nourrissent le film 2 l Association du cin ma ind pendant pour sa diffusion qui r v le de nombreux jeunes r alisateurs a t fond e sur l id e du soutien des films par les cin astes eux m mes GENESE Interactions Si La Vierge les Coptes et moi retrace les tapes de la r alisation d un film de son id e de d part sa projection il est videmment loin de d voiler tous ses secrets de fabrication ne serait ce que parce quil est comme tout film le fruit d un montage de choix faits par le r alisateur partir des nombreux rushes ou prises de vues tourn s Par ailleurs la trajectoire chaotique expos e par Namir ne peut coincider avec l laboration r elle de sa com die tant donn le parti pris du r alisateur de reconstituer et d inventer certaines sc nes Il est donc impossible pour retracer la gen se du film de s en tenir uniquement au parcours relat et en partie jou par Namir et les siens m me si celui ci contient une part de v rit Entre la France et l Egypte L laboration du film beaucoup plus
56. nifestations plus triviales ne t moignent pas seulement de la place tr s importante que la Vierge occupe en gypte Elles mettent aussi en vidence l obsession du r alisateur vouloir voir et com prendre ce que repr sente cette figure v n r e objet de culte commun aux Musulmans et aux Coptes communaut chr tienne minoritaire en d pit de leurs divergences et de leurs conflits Ce qui apparait Namir semble bien buter contre un mur en choisissant d aborder des ques tions de croyance dans un pays o la religion est intouchable et o les appari tions mariales constituent un ph nom ne populaire tr s important Il ny a a priori pas de dialogue possible entre les gyptiens et lui sur ce terrain Mais l chec du projet men par le r alisateur doit n anmoins tre relativis pour qui analyse de pres le motif de la Vierge tel qu il se manifeste sous ses diverses formes non pas dans le ciel ou sous la vo te d un clocher mais hauteur d homme Il apparait alors tr s nettement que cette figure maternelle au del de la tache blanche que constitue son apparition ouvre sur une multitude d histoires Celles ci semblent constituer les pi ces d un puzzle que le specta teur reste entierement libre d associer et qui participent la constitution d un tableau de l gypte plus vivant mouvant et contrast que celui tres flou qu offrent les apparitions Parmi ces histoires il y a celle racont e par Siham son fils
57. nt les causes de sa d pression Compte rendu d une folie petite et grande chelle individuelle et r gionale ce documentaire navigue au m me titre que La Vierge les Coptes et moi entre la d marche d investigation tr s loin du cin ma engag et rentre dedans d un Michael Moore le portrait de famille et l autoportrait mais s en distingue n anmoins en se pr sentant plus frontalement comme une enqu te sur soi Moullet passe par les autres par sa r gion pour comprendre son mal Namir quant lui ne se pr sente pas officiellement comme le sujet de d part de son film m me si de nombreux indices suggerent le contraire Le titre m me du film met d embl e en vidence le caractere autobiographique de son approche largement confirm par l omnipr sence du r alisateur acteur presque de tous les plans Cet angle personnel lui permet de donner une certaine libert formelle sa d marche et d endosser pleinement la subjectivit et la responsabilit de son regard sceptique forc ment impartial manipulateur de bonne et de mau vaise foi Dans tous les cas c est lui qui sert d interm diaire et de modulateur entre la cam ra et les personnages film s entre le r el et la fiction C est par lui qu un lien se fait entre les multiples sujets qu il aborde et entre lesquels il n arrive pas trancher au grand dam de son producteur qui ne voit pas le rap port Cette pr sence volue au fil du film elle tient lieu dans un pr
58. ocumenter Centrale dans la premiere partie du film jusqu l arriv e de Namir dans le village de sa m re l enqu te documentaire n aboutit pas la progression a priori attendue C est m me en apparence tout le contraire qui se produit plus Namir avance dans ses recherches un peu al atoires plus il se rapproche g ographiquement de son sujet plus celui ci semble perdre de son sens Ouvert aux al as et aux situa tions comiques le r cit semble se disperser un peu et suit la d marche t ton nante d un work in progress Rapidement il se nourrit des complications impasses et checs rencontr s par le r alisateur Saut d obstacles et d viation Tombe d entr e de jeu un premier obstacle un interdit d ordre familial et presque divin plusieurs fois r p t Siham ne veut surtout pas que son fils touche sa famille c est dire qu il la filme cette injonction s ajoutent les contraintes impos es par le producteur du film Gr goire l argent manque le temps de tournage est compt Namir ne peut pas s terniser au Caire et n aura pas la possibilit de se rendre en Haute gypte Dernier l ment qui complique s rieusement son enqu te la religion est un point sensible en gypte et donc particulierement difficile aborder surtout quand on appar tient la communaut chr tienne copte en mauvais termes avec les Musulmans images zm apparitions vierge zeitoun re n Enviro
59. on tout comme il r siste se fondre exclusivement dans le genre du journal film Il se rattache davantage la cat gorie plus large et ouverte la fiction du film de tournage soit un cin ma autor flexif prompt montrer ses coutures pour mieux entretenir dans bien des cas sa part d illusion Citons parmi les exemples les plus c l bres La Nuit am ricaine de Fran ois Truffaut 1973 Au travers des oliviers d Abbas Kiarostami 1994 ou Soyez sympas rembobinez de Michel Gondry 2008 cf p 16 Mais l encore cette d signation ne peut englober toute l identit d un film qui ne rend pas uniquement compte d une exp rience cin matographique mais s oriente aussi vers des approches documentaires li es plus frontalement l gypte la famille de Namir et son enfance Car tout ici communique par un jeu d associations plus ou moins souterrain portrait de famille et portrait d un pays enqu te sur des ph nom nes religieux et t moignage sur le cin ma Dans tous les cas un d nominateur commun s impose en la personne de Namir Abdel Messeeh qui derriere et devant la cam ra module lui seul cette fluctuation des genres Autofiction Le n ologisme autofiction d abord cr dans le champ litt raire semble d s lors plus appropri pour r unir en un m me genre cin matographique toutes les facettes d un film caract ris par son ouverture aux circulations entre fiction et documentaire la r
60. ossible Le travail de composition du cin aste n enl ve pourtant rien au r alisme et la force de ses images qui sont le fruit d une profonde immersion dans une culture dont il retranscrit et reconstitue le quotidien Marcel Oph ls s inscrit quant lui dans un cin ma du doute et de la critique qui interroge sans cesse le sens des images et de la repr sentation de l Histoire Le Chagrin et la Piti 1971 retrace le quotidien d une ville francaise sous l Occupation Sa mise en perspective d images d archives et de t moignages brosse un portrait peu flatteur et d rangeant de la France de Vichy Son documentaire Veill es d armes 1994 revient sur la fabrique de l information en temps de guerre Sarajevo au moyen d entretiens men s avec audace par le cin aste et d un montage impertinent qui n h site pas convoquer la fiction via des extraits de films Le r alisateur isra lien et antisioniste Avi Mograbi Pour un seul de mes deux yeux 2005 se met pour sa part en sc ne dans des autofictions o il use bien souvent de la com die pour critiquer le gouvernement de son pays et aborder des sujets sensibles dans la soci t isra lienne A CONSULTER Filmographie Les films de Namir Abdel Messeeh La Vierge les Coptes et moi DVD Arte ditions 2013 Toi Waguih DVD in Lyc ens au cin ma en R gion Centre Centre Images 2006 Pour prolonger l tude Woody Allen Le Complot d CEdipe DVD in New Yorh Stories
61. oyant passer une silhouette derri re Namir lui demande s il y a quelqu un avec lui NAMIR Non non Je suis tout seul SIHAM Tout seul Namir je viens de voir passer quelqu un derri re toi NAMIR Mais maman je t assure qu il n y a personne SIHAM Je te dis que je viens de voir quelqu un NAMIR Attends deux minutes Reste en ligne je reviens Namir se l ve et se dirige vers le fond de la pi ce La cam ra reste sur le visage de Siham en train d essayer de comprendre ce qui se passe hors champ Soudain elle carquille les yeux en voyant la com dienne avancer SIHAM Qu est ce que c est Nous voyons sa r action sans montrer ce qu elle voit SIHAM Namir Journal intime de Nanni Moretti 1993 Sacher Film Coll CDC La Terre de la folie de Luc Moullet 2009 Les Films d ici Coll CDC Le Filmeur d Alain Cavalier 2004 Cam ra One Coll CDC Le Complot d CEdipe de Woody Allen 1989 Touchstone pictures qanm sulta GENRE Une com die documentaire partir du moment o un film invente sa forme il est vain de vouloir constituer une codification Ce ne sont pas les codes mais les carts qui font uvre 1 Au m me titre qu il ne peut se concentrer sur un seul sujet comme le sou haite pourtant son producteur Gr goire Namir Abdel Messeeh ne peut soumettre son film aux strictes lois d un genre cin matographique Si son projet initial semble
62. pos e qu au moment de tourner la scene o Siham voit la Vierge sur la vid o celle ci d clare devant les images qu elle revisionne pour les besoins du film qu elle ne voit plus rien Le fait de filmer sa m re est tr s vite apparu Namir comme une vidence en raison de son potentiel comique quand elle n est pas consciente des choses La pr sence du r alisateur devant la cam ra n tait pourtant pas pr vue Au d part Namir pensait jouer uniquement le r le du narrateur mais au fil de son travail et de remarques lui signifiant quil tait le lien entre tous les sujets abord s il a finalement d cid de devenir un personnage du film Cette nouvelle donne l a contraint tour ner des plans de lui pour les int grer des sc nes film es bien avant comme la scene de repas avec ses parents et sa sceur qui n cessitait qu il apparaisse en contrechamp afin de donner une certaine unit et fluidit au film Ce r le tait une contrainte suppl mentaire car Namir ne pouvait pas traduire les pro pos de sa famille gyptienne sa petite quipe de tournage qui ne parlait pas arabe mais il tait aussi un atout qui lui permettait par exemple de refaire naturellement des prises avec ses proches en r orientant certains dialogues qui ne fonctionnaient pas Ainsi a pu tre pr serv e une certaine spontan it dans les changes verbaux Seules les scenes tourn es pour les besoins de la recons titution de l apparition mar
63. r tre clairement identifi comme per sonnage principal r el et fictif du film comme le titre l indique d j Sa mere apparait elle aussi trois fois La photo de famille en bas gauche souligne la nature de son lien avec Namir Bien que Siham figure derri re son fils sur le dessin le jeu de superposition cr entre l avant plan et l arriere plan donne l impression qu elle crie dans son oreille Est ce pour cela quiil l ve les yeux au ciel Ou parce que la Vierge est au dessus de sa t te Une association est d j sugg r e entre la m re et la Vierge entre le profane et le sacr par l interm diaire de Namir qui affiche une vidente expression de doute Comment raccor der tous ces l ments Quels rapports entretiennent ils entre eux En ouvrant plusieurs correspondances et interrogations l affiche nous plonge bel et bien au cceur des enjeux du film CWEDA FILMS Oweda Films UNE COM DIE AUSSI ENLEV E QUE SUBTILE ni LA VIERGE LES COPTES ET MOI Sophie Dulac Distribution 19 20 T MOIGNAGE Profession producteur La voix du producteur que l on entend au t l phone plusieurs reprises n est pas celle de Gr goire Debailly le v ritable producteur qui a accompagn et soutenu un temps le projet de La Vierge les Coptes et moi mais la voix du monteur du film Son r le semble ainsi rejou tout autant pour les besoins de la com die que du documentaire Colle t il la
64. ra pas totalement gomm e de La Vierge les Coptes et moi Elle ressurgit dans la s quence consacr e au travail dans les champs des cousins de Namir Ces premiers l ments de tournage peuvent laisser imaginer la facon dont certaines prises de vues coup es au montage nourriront malgr tout une mise en scene qui gardera in vitablement des traces de ces exp riences d ob servation et d enregistrement du r el S quence 5 SIHAM ET LA VIERGE Par une journ e ensoleill e Siham est devant l cran de t l vision Apr s avoir regard nouveau le film des apparitions je lui demande de me d crire ce qu elle voit Est ce par esprit de contradiction ou parce qu elle est seule qu elle n est plus si s re de voir la Vierge Je lui rappelle qu en pr sence de son amie elle n avait pourtant pas de doutes Elle hausse les paules Siham ne doute pas de l existence de la Vierge Elle est croyante m me si elle ne fr quente pas la communaut copte dont la foi lui semble superficielle Je veux com prendre comment elle un ancien chef comptable l esprit cart sien et tr s concret peut croire que la Vierge se manifeste comme cela Une fois elle s est rendue Lourdes pour demander la Vierge d emp cher le mariage entre ma sceur et son petit ami musulman Le lendemain de ce p lerinage le petit ami a annul le mariage Siham raconte cette anecdote en riant un peu g n e En 19668 elle vivait encore en gypte lorsque se produ
65. rai du faux Rapidement le r alisateur est mis face aux limites de sa d marche notamment au moment o il expose son projet sa famille Je ne crois pas que c est int ressant car tu n arrives rien Il y a des gens qui disent oui on l a vu et d autres qui disent non on l a pas vu dans ces cas l le r sultat c est quoi C est nul lui dit son pere sans prendre de pincettes Cette impasse est repr sent e de multiples reprises et se trouve parfaitement r sum e dans le plan qui met en scene Namir face une photo de l apparition mariale de Zeitoun en 1968 agrandie au maximum la tache lumineuse qui apparait sur l cran de son ordinateur ressemble un mur blanc contre lequel le regard et la compr hension butent Il s agit ici de la transcription la plus explicite de sa d marche telle qu il l explique ses parents J ai envie de comprendre ce qu il y a derri re tout ca Le plan voque la c l bre s quence de Blow Up d Antonioni 1966 o un photographe professionnel d couvre un cadavre dans l un de ses clich s et l agrandit pour y voir plus clair Au terme de son enqu te au cceur de l image le tirage s apparente une peinture abstraite sur laquelle il est bien difficile d identifier une forme humaine C est en tant au plus pr s de la mati re tudi e le nez coll sur l cran que le r alisateur parait le plus loign de son sujet Reste n anmoins une v rit dont le film
66. s copies rac courcies fantaisistes et approximatives de titres connus Quand la boutique menace d tre d truite un ultime film est tourn avec les habitants du quartier en m moire du lieu et du jazzman Fats Waller qui y serait n selon la l gende invent e et entretenue par le g rant du vid oclub La projec tion de ce faux biopic sur le musicien donne lieu elle aussi une inversion et une confusion parce que la mise en scene se concentre principalement sur les visages des spectateurs pour la plupart de vrais habitants du quartier le film projet semble les regarder tout autant qu eux le regardent Ce film c est eux cach s et r unis derriere la figure de Fats Waller Il est le fruit de leur attachement leur quartier et d un d sir de pr server sa m moire inversion qui est le grand motif du film se pro longe au moment o les personnages d couvrent que le film projet l int rieur du vid oclub sur sa vitrine est aussi vu de la rue L cran de cin ma double face double sens apparait non seule ment comme un miroir de cette communaut mais aussi comme un axe f d rateur qui permet aux habitants de ce quartier de se r unir autour d une histoire commune la fois r elle le tournage et mythifi e la projection au sens large embl matis e par la figure de Fats Waller Pour les villa geois d Om Doma cette inversion et cette commu nion se font autour de la figure de la Vierge
67. s inscrire dans la lign e d une enqu te documentaire tendance ethno sociologique le r alisateur prend imm diatement ses distances avec certains de ses codes notamment en reconstituant des sc nes et en situant sa recherche sur un terrain familial Une enqu te ouverte L enqu te documentaire prend ainsi des formes diverses contrast es et impures qui ne se contredisent pas mais s clairent les unes les autres Dans le sillage de l apparition mariale inaugurale d autres images r elles ou imaginaires sont ainsi interrog es et tissent un r seau de correspondances plus vaste reliant les Coptes l gypte la famille l enfance et le cin ma Qu il soit devant son cran d ordinateur ou sur le terrain Namir se glisse dans la peau d un enqu teur tel un acteur de fiction La mise en scene de ses recherches compte tout autant que la matiere explor e car il est aussi question de rendre compte d un travail cin matographique en cours La structure de l enqu te au sens presque poli cier du terme se m le ainsi un genre proche du making of cat gorie souvent r serv e aux bonus des ditions DVD quelques exceptions pr s parmi les quelles Hearts of Darkness A Filmmaker Apocalypse d Eleanor Coppola Fax Bahr et George Hicklenlooper 1991 sur le tournage d Apocalypse Now 1979 Mais parce qu ici le film et son processus de fabrication ne font qu un La Vierge les Coptes et moi ne correspond pas totalement cette classificati
68. section et de ren contre entre sa croyance en le pouvoir m me du cin ma et la croyance reli gieuse des villageois comme s ils avaient trouv un terrain d entente et non plus de d saccord autour de l image en l appr hendant autrement Cette pro jection devient ainsi l expression d un d passement des obstacles initiaux et d une transfiguration qui ne va pas sans rappeler l image de Namir enfant photographi en contre plong e perch sur les blocs de pierre d une pyramide La photographie illustre le r cit de son roman familial savoir le fait qu il pen sait tre le petit fils de Toutankhamon cf p 12 Cette ombre projet e renoue ainsi avec cette mythologie et cette croyance enfantine en renvoyant directement l enfance de l art Capter la parole des siens Le refus de la m re de Namir de parti ciper au documentaire de son fils et son opposition ce que sa famille soit film e n arr tent en aucun cas le r ali sateur Les l ves pourront d abord s interroger sur les raisons de cette r sistance Pourtant dans les deux cas le r alisateur parvient ses fins Comment s y prend il Emploie t il une m me m thode pour filmer Siham et sa famille maternelle Les l ves pourront revenir sur les diff rents moyens utilis s par Namir pour filmer ses proches et les int grer son pro jet Comment cr er un rapport de con fiance avec les personnes film es Si le cin aste contourne en partie le probl me en
69. succ de une d mys tification par la mise en abyme le cin ma devient ainsi accessible concret et m me un objet trivial d amusement pour la vieille femme En coutant sa propre voix et celle de Namir l aieule peut prendre conscience du travail d enregis trement effectu et saisir un tant soit peu sa place dans ce dispositif L explication du trucage sur fond vert s inscrira dans la continuit de cette d marche p da gogique men e par le r alisateur soucieux de faire comprendre et accepter son travail sa famille afin qu elle participe la reconstitution de l apparition mariale en connaissance de cause Dans ce partage de connaissances le rappro chement avec ceux quil filme visiblement recherch par le r alisateur est d autant plus manifeste que Namir est pr sent l image donc situ dans une position qui sans tre identique la leur en est en tout cas la plus proche pos sible travers ce plan et d autres par la suite est renou un lien qui s tait un peu perdu pour des raisons religieuses apprend on Le cin ma permet donc Namir d tablir un dialogue au sens propre comme au figur gr ce au casque 00 39 57 la grand m re de Namir sans doute un peu sourde entend mieux ce qu il dit Haut perch Cette ouverture produite l int rieur m me du cadre se prolonge dans le plan suivant par un mouvement vers l ext rieur Namir et sa grand m re toujours assis sur le m me balcon sont film s so
70. t moigne immanquablement La Vierge les Coptes et moi nous documente moins sur une r alit donn e celle traqu e par Namir qui ressort n anmoins par bribes que sur le rapport quil entretient avec elle Cet axe subjectif est pouss l extr me par la mise en scene qui n h site pas recourir aux reconstitutions et se frotter la fiction pour donner vie ce point de vue C est une maniere d inviter le spectateur emboiter le pas du r alisateur en s interrogeant galement sur son rapport aux images et leur v rit Mais c est aussi un moyen de pr ciser la nature joueuse frondeuse fantaisiste voire mystificatrice du regard de Namir cf p 12 travers ces tromperies dont il est difficile d tre completement dupe ce qui d une certaine mani re importe peu l approche documentaire d velopp e s assume pleinement comme une re construction du regard in vi tablement proche de la fiction Jeux de distance La v rit approch e est donc celle d un rapport au monde qui s prouve tout au long du film travers des jeux de distance permanents Le film ne cesse de rendre compte de l cart et de la proximit de Namir avec son sujet D s le d but il pose un regard distanc et comique sur les membres de sa famille sur leur croyance mais aussi sur lui m me il s impose comme une pr sence un peu part t moignant la fois d une distance ironique et d un d sir de se rap procher d une r alit qui lui
71. t nous avions pu prouver de grandes difficult s relationnelles avec Namir bien que nous soyons assez d accord sur le film que nous voulions faire Namir a ce talent de savoir faire feu de tout bois de se nourrir de tout ce qui arrive pour le transformer en mat riau sc naristique Il a donc utilis cette id e que le producteur pourrait le l cher ce qui permettrait sa m re d intervenir et rendrait l aventure d finitivement rocambolesque Ce qu elle tait d j pas mal Et c est comme ca que nous sommes arriv s ensemble l histoire que le film raconte Voil en quelques mots ce dont je me souviens de l criture du film Le tournage a dur plus d un an et demi en plusieurs phases de tournage Et l ironie de l histoire c est que le r el a d pass la fiction puisque Namir et moi nous sommes s par s pendant le montage du film R f rences communes Des r f rences cin matographiques communes ont donc contribu r unir Gr goire Debailly et le r ali sateur autour du projet Robert Flaherty fait figure de pionnier dans l histoire du cin ma documentaire pour son film Nanouk l Esquimau 1922 il n h site pas r inventer des sc nes suite la destruction des nombreux m tres de pellicule tourn s aupr s des Inuits Son recours des proc d s de mise en sc ne de fiction est tout fait novateur et va contre courant de certains dogmes documentaires d fendant l id e d une approche objective de toute facon imp
72. te in vitablement la lecture des images et leur donne a priori une dimension illustrative Ainsi son r sum de l histoire des Abdel Messeeh s accompagne de vieilles photos de famille fig es dans certains codes de repr sentation 2 et 6 Apparaissent de mani re tout aussi illustrative des photos de bibelots voquant l Egypte 5 ou d un petit P re No l c t d un cruci fix puis d une croix ans e 3 et 4 symbole utilis par l glise copte au moment o le r alisateur voque l appartenance de ses parents la communaut chr tienne d gypte Le clich est plus pr sent que jamais mais volue du c t de l imaginaire enfantin et d une forme de croyance lorsque pour illustrer la maniere dont Namir petit vivait son appartenance aux Coptes les vrais gyptiens les descendants des pharaons une photo le montre gamin posant fi rement juch sur une pyramide 8 J tais persuad d tre le petit fils de Toutankhamon Le roman photo de Namir glisse alors vers le roman familial et laisse ainsi entrevoir une v rit possible des images tout aussi factices soient elles la v rit d une repr senta tion imaginaire Se devine d j le r le pour l instant officieux que joueront ces racines familiales dans la naissance du projet de film Se faire un film Retour au r cit officiel des origines du film apres cette pr sentation des origines familiales D autres photographies ont d fil en altern
73. umanit 29 ao t 2012 http www humanite fr culture la comedie copte est nee avec un premier film 502928 Entretiens avec Namir Abdel Messeeh Entretien r alis par Ciclic en septembre 2012 au cin ma Les Studios Tours http www ciclic fr actualites entretien avec namir abdel messeeh Entretien r alis par Marion Pasquier pour Critikat le 18 mai 2012 Cannes http festival cannes 2012 critikat com index php 2012 06 03 2 interview namir abdel messeeh Documents divers Revue de presse en ligne sur le site de l ACID Association du cin ma ind pendant pour sa dif fusion qui s lectionna et pr senta le film Cannes http www lacid org l acid au festival de cannes 355 programmation acid cannes 201 4 editions precedentes programmation 2012 revue de presse cannes 2012 la vierge les coptes et moi 275 Dossier de presse en ligne sur le site du distributeur Sophie Dulac http www sddistribution fr fiche php id 69 Www transmettrelecinema com Plus d informations de liens de dossiers en ligne de vid os p dagogiques d ex traits de films sur le site de r f rence des dispositifs d ducation au cin ma La com die des origines Croire ou ne pas croire Voir ou ne pas voir C est avec une grande libert de ton et de forme que La Vierge les Coptes et moi donne vie au d bat qui oppose le r alisateur et sa m re autour de la vid o d une apparition de la Vierge en gypte R v lateur
74. us un angle nouveau en plong e et dans un plan plus large comme s ils taient observ s du ciel qu ils semblaient regarder pr c demment 00 40 09 Est sugg r nouveau un au del presque mystique du cadre apres la r v lation d un hors champ cin matographique la scene n est pas retomb e dans une approche plus terre terre au contraire Film s avec plus de distance les personnages continuent parler entre eux mais leur parole d sormais lointaine n est plus compr hensible comme s ils taient laiss s pudiquement une intimit retrouv e La cam ra dessine un mouvement ascensionnel qui part d eux longe le mur en adobe de la maison pour s arr ter au dessus des toits du village et couvrir un horizon plus vaste les habitations mais aussi les plantations alentour 00 40 28 Cela confirme que le point d interrogation de vis e et de r solution possible du film se situe dans le ciel et ce finalement d s le d but puisque c est le clocher d une glise o la Vierge est cens e apparaitre qui devient le lieu de confrontation des regards Tout en tant orient e la lecture du plan reste ouverte En passant d une scene d intimit et de partage cette vue surplombante un pont semble se dessiner entre la famille le cin ma et l gypte Peut tre m me un horizon commun et la promesse d un nouveau d part On peut lire dans ce mouve ment de cam ra comme une r ponse de Namir la demande de son ex pro ducteur d
75. ut relativement tout ce qu il a fait pour son pays Le je s efface encore une fois derriere un point de vue collec tif au grand tonnement de Namir qui tente de pousser son pere dans ses retran chements Ce nous qui domine les propos de Waguih ne refl te pas seulement son attachement profond sa terre natale mais aussi une pudeur un refus de se mettre en avant qui semble tout autant contrarier son fils d muni que le toucher Un cin ma frondeur M me s il se d marque du caract re comique et pique de La Vierge les Coptes et moi Toi Waguih contient par bien des aspects les germes du premier long m trage de Namir Abdel Messeeh La diff rence g n rationnelle et culturelle ainsi que le d sir d en savoir plus ou de percer les apparences se pr sentent la fois comme une source de d ception et d inspiration ils apparaissent d j comme les l ments moteurs d un cin ma frondeur dont le r alisateur se distingue une nouvelle fois par sa pr sence l cran signe paradoxal d une distance et d une proximit et par son scepticisme son refus de croire en une certaine image de l gypte loign e de la r alit v cue par son pere Se dessinent aussi sur un mode intimiste les premiers contours d un portrait de famille et d un portrait en creux de l gypte que La Vierge les Coptes et moi poursuit et compl te en s attachant sur un autre mode n anmoins la figure de la m re Pr sent Cannes e
76. x voir l apparition mais ces changements sont tellement syst matiques d une photo l autre qu ils font l effet de grossiers faux raccords et parais sent incoh rents Lorsque Siham photographi e de face d signe l cran au moment o elle voit la Vierge la chemise de Namir est rep rable en arri re plan 24 Dans l image suivante son possible contrechamp pho tographique la mere apparait dans la m me posture le bras tendu de dos cette fois ci 25 tonnamment Namir se situe non plus derriere mais devant elle c t du poste Ainsi avant m me la diffusion de la vid o qui cor respondra aux premi res images anim es du film 00 01 08 00 01 27 un doute est cr quant la nature de ce qui nous est montr Cette h sitation est entretenue par le dispositif du montage photo dont la dimension elliptique renforce le sentiment d tre face une r alit trou e partielle Ces incoh rences volontairement comiques pourraient presque passer inapercues ainsi m l es des images d archives et recouvertes par la voix du narrateur qui oriente notre lecture de la scene Les images de l apparition de la Vierge permettent alors de faire diversion en d placant la question du doute sur un autre terrain ce n est plus seulement au spectateur de s interroger sur ce quiil voit mais aux personnages du film Aux images fixes se substituent des images en mouvement ouvertement d sign es par le r alisateur comme le point
77. ys Il n aurait t qu un film d auteur de plus o un r alisateur filme avec plus ou moins de complaisance et d ennui pour le spectateur son rapport la terre de ses origines Avec Namir nous avions envie de plus Il fallait que le film soit tout cela et bien davantage On pensait Oph ls Mograbi Flaherty toute une tradition de cin ma documentaire o il s agit moins de capter le r el que de le provoquer de le braconner de construire son rapport au monde sous un mode roma nesque On a donc travaill l criture pour mettre au centre du film les difficult s d un r alisateur pour faire son film ses gal res et ses doutes Cela permettait de ne plus tre simplement dans une d marche de curiosit pour les Coptes ou d introspection sur ses origines mais de raconter un personnage confront une aventure celle d un film Cela permettait surtout de pouvoir installer au c ur du film la relation entre Namir et sa m re qui nous semblait tre ce qui tait le plus beau et le plus dr le Pour raconter l aventure du film il fallait un personnage qui incarne une opposition un conflit qui permette de dire les choses C est donc naturellement que Namir a pens au personnage du producteur car c est dans la relation avec le producteur que se jouent beaucoup des enjeux O le film doit il aller Namir arrive t il ou non faire son film Est ce qu on d passe le budget Il faut dire que pendant le d veloppemen

La Vierge, les Coptes et moi

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