Un mode de garde écologiquement correct : Le chien de protection
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1. 19 Chronologie de l Op ration Chiens de Protection Tout commence en 1982 par un appel d leveurs ovins du Massif Central et de la Loz re l Inst Techn Ovin et Caprin pour des probl mes de pr dation de chiens errants Ren Schmitt alors technicien pastoral l Itovic leur propose d installer titre exp rimental des chiens de protection dans les troupeaux Cette technique de garde est inconnue d eux tous Le programme Chiens de protection est lanc et d bute avec une quinzaine de jeunes patous venus de la vall e d Ossau En 1988 Itovic ach ve une enqu te sur l int r t de l utilisation de ces chiens aupr s de 14 leveurs chez qui des chiens de protection avaient t install s Parall lement au suivi de ces 14 patous un recensement des pr dations est r alis sur cinq d partements de Rhone Alpes En 1989 l APAP Association pour la Promotion des Animaux de Protection qui compte aujourd hui une soixantaine d adh rents est cr e autour d une quinzaine d leveurs Son objectif est d approvisionner en chiens vaccin s et r pertori s les ventuels demandeurs En 1991 une centaine de patous est d j au travail Cette rapide augmentation incite l Institut de l levage mettre en place un fichier des chiens avec leur souche d origine identifi e afin d viter certaines d rives g n tiques dues l accouplement de chiens d origine douteuse En 12. Domestication des animaux culture des plantes et traitement d autrui L Homme 4 1 1964 93 104 LACHOWSKI Fred Utiliser des chiens de protection La France Agricole 27 juin 1997 32 LANDRY Jean Marc 1998 L utilisation du chien de protection dans les Alpes suisses Une premi re analyse Kora Bericht Suisse 2 Janvier LAURANS Robert Chiens de garde et chiens de conduite des moutons Bulletin de la Soci t d Ethnozootechnie 12 1995 15 8 Livestock guarding dogs Small Farmer s Journal 14 1 1990 23 5 Le chien de protection vu par les leveurs Anglais Bulletin de l Alliance Pastorale juin 1994 11 3 Andr LEROI GOURHAN 1965 Le geste et la parole Paris Albin Michel tome 2 1989 Les chiens de troupeaux Efhnozootechnie n sp cial 43 LOEVENBRUCK Pierre 1955 Les chiens de berger au travail Paris Cr pin Leblond 23 LUTZ Georges Techniques pastorales d hier et d aujourd hui chiens de conduite et chiens de d fense dans les Am riques tudes rurales 95 96 1984 315 30 Observatoire national pr dations sur troupeaux ovins Bilan de l exercice 1995 Ofival amp Institut de l levage 7pp dact PELZER Philippe A l int rieur du troupeau P tre 354 1988 42 3 PENSUET P Les chiens en tat de divagation levage ovin 1967 39 40 PENSUET P Un chien acolyte pour un bon berger P tre 292 1982 PENS
3. dateur h las n est pas toujours celui que l on croit Si son instinct de pr dation n a pas t s rieusement brid si les occasions d assurer ses fonctions diminuent le chien de protection peut se comporter comme n importe quel chien et partir en qu te d aventure jouer avec les poules du voisin taquiner les ch vres d c t 2 2 D un chien l autre la pr dation Si l arriv e du chien de protection dans le syst me pastoral que l on vient de retracer en bouleverse quelque peu l quilibre il nous reste encore examiner une derni re relation celle relative aux deux chiens en pr sence sur l exploitation chien de protection et chien de conduite et leur positionnement respectif y regarder de plus pr s tout les oppose Bobb 2000 On nous vante le profil ovin du chien de protection t te et queue basses oreilles pendantes au point de l imaginer brouter ou chaumer Par sa robe claire le plus souvent blanche il se fond totalement dans le troupeau qu il ne quitte jamais et dont il est un l ment part enti re Qu il se tienne en son sein ou sa p riph rie il sait se faire oublier Il semble calme voire indolent 15 Le chien de conduite au contraire est de couleur sombre oreilles dress es queue en l air Toujours en mouvement ses fulgurantes acc l rations ses incessants allers et retours autour du troupeau son temp rament nerveux le rendent imm diatement rep
4. ducation du chien que nous Pitt D un c t donc tant que l instinct de pr dation n a pas t brid le chien de protection ne peut tre op rationnel la pr sence du ma tre en tant qu instance r gulatrice est donc fort opportune Mais de l autre c t si l leveur utilise cet auxiliaire c est bien pour tre suppl aussi est il rarement t moin des rencontres parfois anim es qui peuvent se produire avec des promeneurs Sur l exploitation les brebis vont partout Pour le chien tout l espace est prot ger Mais on a un chemin communal qui traverse le terrain Malgr les panneaux d avertissement y a quand m me des touristes qui viennent avec leur chien On a de s rieux probl mes parce que notre chien quand il voit leur chien il d marre Les gens rentrent sur ses terres chez lui alors il r agit Et nous on n est pas toujours l pour l arr ter Moi mon estive c est dans un coin tr s passant je peux pas prendre mes chiens c est trop risqu Briant La morale de l histoire est claire c est bien en terme de bonne distance que les relations chien troupeau et chien leveur sont pens es Qu elles se distendent et aussit t le syst me de protection devient inop rant le chien se d tourne de son travail le ma tre en perd le contr le O devons nous chercher l agent ext rieur susceptible d assurer l quilibre Pour saisir la logique inh rente aux
5. rable Sa pr sence au cheptel ne dure que le temps que l exige son travail Apr s quoi il reprend sa place au pied de son ma tre et quitte les lieux avec lui La nature m me de leur fonction est diam tralement oppos e l un s impose par sa pr sence Il est le substitut de son ma tre Autosuffisant son efficacit ne d pend d aucun ordre l inverse la pr sence du chien de conduite ne suffit pas le rendre efficace ne travaillant que sur les injonctions de l leveur il est avant tout un outil de travail Ses rapports son ma tre s opposent ceux du patou une troite proximit pour l un une distanciation maximale pour l autre Il en va de m me pour leur rapport au troupeau l attention du chien de conduite est dirig e vers le troupeau alors que celle du chien de protection se concentre rep rer toute menace ext rieure De plus l leveur utilise l instinct de pr dation du chien de conduite qui sans son intervention pourrait mordre une brebis L leveur le r fr ne ou l encourage pincer une brebis Il travaille sur la retenue L instinct de pr dation du chien de protection est cens avoir t brid m me si c est de fa on partielle comme on vient de le voir il agit seul intimide et en dernier recours se bat pour la d fense du troupeau Par sa seule pr sence le chien de protection modifie la gestion du troupeau S il tol re l activit de son coll gue il n est pas
6. berger d veloppement et signification g ographique d une technique pastorale Bulletin de l Association des G ographes fran ais mars 1969 355 68 ROQUE Monique Des chiens gardiens de troupeaux La France Agricole 4 juin 1993 25 SAILLEAU Michel Les chiens de protection de troupeaux Bulletin de l Alliance Pastorale juin 1994 9 10 SCHARNHOZ Angelika The Revival of Livestock Protection Dogs in Western Europe Ranch Dog Trainer dec 95 jan 96 73 9 SCHMITT Ren Voyage au pays de l Abruzze P tre 354 1988 44 5 SCHMITT Ren Chiens de protection des troupeaux Bulletin de la Soci t d Ethnozootechnique 43 1989 51 8 SIGAUT Fran ois Critique de la notion de domestication L Homme oct d c 108 1988 59 71 TESSIER Alexandre Henry Instructions sur des b tes laine Des bergers et des chiens Paris 1770 312 32 24 VAN GENNEP Arnold 1981 Les rites de passage Paris Picard WICK Pascal 1998 Le chien de protection sur troupeau ovin Utilisation et m thode de mise en place Blois Ed Artus 25 Un mode de garde cologiquement correct Le chien de protection R sum D cider de lutter contre un pr dateur impose n cessairement et dans le m me temps de r introduire tout le syst me domesticatoire savoir l ensemble complexe de techniques de savoir faire de repr sentations et de m canismes de transmission interg n ra
7. c est inutile d attendre de lui qu il pr f re la ch vre ou la brebis aux humains Austin op cit 30 Bref le d placement du lien affectif s op re par effacement du ma tre Toutefois le bon d roulement de ce transfert ne garantit nullement la r ussite de la deuxi me phase l acceptation du chien par le troupeau Cette socialisation intersp cifique tout aussi indispensable est consid r e achev e lorsque le chiot peut se d placer librement dans la bergerie sans d clencher hostilit ou panique et sans craindre pour lui m me Le processus d int gration du chien doit donc tre men terme avant la sortie du troupeau Le comportement recherch est acquis lorsque le chien l che l anus ou les naseaux des agneaux ou de certaines brebis dociles Pitt n d 4 ou m me tente de monter des brebis en chaleur Toute cette p riode d adaptation et d acceptation vise attacher le chien de protection au troupeau sous le regard attentif de l leveur Les techniciens voquent galement les preuves physiques de l accomplissement de ce processus d int gration notamment par une modification comportementale qui est de l ordre de l empathie Comme le soulignent les sp cialistes en plus de son apparence ovine il est de m me taille et de m me couleur que les brebis sa t te est ronde ses oreilles sont pendantes le chien doit adopter un profil bas ne jamais avoir une postur
8. es en France au XIX si cle tendaient plut t exalter l instinct de pr dation des chiens Il faut de bonne heure les former au combat les exciter se battre entre eux mais sans permettre que le plus faible soit tout fait vaincu de peur qu il ne se rebute et ne se d courage Bixio 1867 547 N oublions pas d ailleurs qu il y a une quarantaine d ann es les paysans espagnols avaient encore recours cette m thode Ils excitaient l agressivit des mastins en les mettant au contact d un cadavre de loup que le chien tenu en laisse devait chercher mordre Et c est encore dans cette m me perspective le laisser faire voire l encouragement des tendances instinctuelles que les premiers chiens install s ne recevaient aucune ducation Sa crainte de R Schmitt au d but tait celle du coup de fil qui lui annoncerait que le chien avait bouff un gamin On n tait pas tellement laise on ne savait pas comment ces chiens allaient vieillir Quand j ai commenc installer des chiens je le faisais avec beaucoup de prudence mais j avais d j l exp rience des premiers chiens install s Ils les leveurs avaient pris un risque norme Et puis on ne peut pas mettre ces chiens sur une exploitation bord e par une route ou un chemin tr s fr quent par exemple Pitt 7 Si la valeur g n tique constitue une base s rieuse pour atteindre ces qualit s le travail d
9. est avec des brebis qui ne sont pas elle elle se rend elle fait le dos rond elle se couche Les brebis viennent la renifler et elles voient bien que Fanny sent la brebis Briant Cette relation fond e sur la familiarisation intersp cifique est cens e fid liser le chien Aussi en l absence de ses prot g es les chiens se lancent leur recherche ou partent en qu te de travail Si le chien n a pas ses brebis il vaut mieux l attacher pour pas qu il parte garder d autres animaux ou m me des enfants Nous on l a fait de nous m mes mais personne ne nous avait dit qu on devait le faire Peut tre que c est pour a qu il reste avec les brebis et puis quand elles sont pas l eh bien ils vont se mettre avec les ch vres et ils font leur boulot pareil Briant Si certains leveurs pr tendent que le secret de la r ussite est de faire na tre le chien dans le troupeau d autres reconnaissent que cela ne suffit pas l y maintenir Pour emp cher que les chiens quittent le troupeau je leur donne manger le soir comme a a les tient Plut t que de leur laisser la nourriture disposition tout le temps Carri re D autres encore par pr caution attachent leur chien en l absence du troupeau D autant que la d sertion est fr quente notamment chez la chienne en chaleur Fanny quand elle est en chaleur elle part se balader dans tout le d partement Souvent on nous t l
10. familiarit au minimum comme en t moignent les propos des zootechniciens fran ais Le caract re familier de ce chien est un handicap et l leveur doit faire preuve de beaucoup de vigilance pour que tout d bordement amical ne compromette pas la carri re du chien de protection Il faut renoncer toute marque d affection surtout de la part des enfants qui l attirerait et le d tournerait du troupeau Pelzer 1988 43 L instauration d une distance maximale entre l leveur et son chien de protection est d ailleurs largement pr conis e par les scientifiques am ricains Pour tre impr gn es par le troupeau d s la naissance nous dit on les b tes du troupeau devraient tre l une des premi res choses que le chiot d couvre lorsqu il commence ouvrir les yeux Nos ch vres et nos chiens partagent une commune attention maternelle Ce faisant le chiot grandit en consid rant ch vre ou brebis comme faisant partie de sa famille ma traduction Austin 1989 26 7 S1 la naissance de ce futur aide de camp ne s est pas faite dans le troupeau le chiot doit n anmoins tre introduit apr s sevrage si possible lors des trois mois d agnelage en bergerie L id al est d introduire le chiot deux mois juste apr s le sevrage Il va reporter toute son affectivit sur le troupeau qui va devenir sa nouvelle famille Cette phase d int gration est reconnue d licate car la pris
11. par J Pitt n d p 3 Cf L Coppinger Dog performance report DogLog IT 3 4 1991 6 12 Monsieur Defont note que Apr s 10 mois d activit le troupeau n est toujours pas habitu la pr sence de la chienne les brebis se d placent d s l approche du chien Monsieur Mar chal remarque que Apr s quelques semaines d activit le chien a disparu du troupeau Il a t retrouv quelques heures plus tard tremblant suite vraisemblablement une d charge lectrique caus e par un filet mouton de plus en Janvier 1994 le troupeau a t victime d un attaque de chiens errants Le chien a t retrouv avec quelques brebis perdu dans la for t alors que le reste du troupeau rest dans le parc tait attaqu par des chiens Monsieur Mar chal juge le chien inefficace et sans aucune agressivit Monsieur Tisserand note que sa chienne accompagn e de ses chiots a fugu elle a t r cup r e plusieurs kilom tres de l exploitation Monsieur Ravon a eu une exp rience assez similaire puisque Au p turage la chienne a eu des difficult s se faire admettre par le troupeau Peu peu elle a d sert le troupeau mais elle reste aux dires du propri taire efficace contre les pr dateurs Pour expliquer le comportement instable du chien de protection les sp cialistes invoquent la crise existentielle que traverserait le chiot non plus avant six mois com
12. question de le laisser p n trer le troupeau l leveur le sait Le travail du chien de conduite est limit spatialement la p riph rie du troupeau son intrusion veillerait imm diatement l attention du gardien qui ne manquerait pas de l en faire sortir Loin de se nouer sur le mode sympathique leurs relations sont plut t marqu es par un subtil vitement tout au plus le chien de protection tol re t 1l la pr sence de son coll gue lequel a tendance faire peu de cas du premier Tout laisse penser qu en l absence de l leveur le chien de conduite ne pourrait approcher le troupeau Il est un intrus parmi les intrus Si par sa couleur son comportement son temp rament et son travail le chien de conduite ressemble un pr dateur face au patou et au chien errant il est une proie possible Il en va tout autrement pour le chien de conduite sa ressemblance avec les brebis est remarquable son comportement leur gard est celle d un cong n re Mais ne nous y trompons pas on a affaire un v ritable leurre cens tromper l adversaire Dans sa description du dressage du chien de conduite Degois met en garde le berger du risque qu il y aurait rentrer avec ce chien dans le troupeau N entrez jamais dans le troupeau avec lui outre qu il risquerait fort d amener la d bandade parmi vos moutons 1l prendrait une habitude bien dangeuse pour l avenir Le chien doit tourner autour du troupeau rabattre ver
13. r alis e aupr s d une dizaine d leveurs install s en Rh ne Alpes et Massif Central Ard che Dr me Loz re l Ain membres de l APAP m canismes de mise en place de ce nouveau animal dans le syst me domesticatoire Les techniques d levage du chien de protection et les repr sentations qui lui sont attach es permettront de d gager le statut symbolique de ce nouvel auxiliaire Pour finir j examinerai les implications id ologiques de l op ration Chien de protection une poque o la sensibilit cologiste gagne du terrain o les r introductions se multiplient et o le retour naturel d esp ces prot g es comme le loup est au c ur des d bats 1 Le chien de protection le grand retour Plus de quinze ans apr s le lancement de l op ration les leveurs rencontr s notamment ceux de la premi re heure sont unanimes ce chien a pleinement r pondu leurs attentes Sortis victorieux de cette aventure ils ne ressentent pas le besoin d voquer les difficult s rencontr es sans cet auxiliaire plusieurs d entre eux auraient cess leurs activit s Pourtant les documents de l Institut de l levage relatifs l op ration voquent un parcours sinueux sem d emb ches Comme nous l apprennent les t moins directs dans les ann es 80 p riode d installation des premiers chiens l utilisation de cette technique de garde est totalement m connue des leveurs et
14. re des t moignages des premiers exp rimentateurs de l op ration d but e dans les ann es 80 et largement voqu e dans les comptes rendus des zootechniciens et en m appuyant sur la litt rature sp cialis e la documentation interne l Institut de l levage IE 5 les articles de la presse crite je retracerai les modalit s d installation du chien de protection Puis partir d entretiens r alis s aupr s des premiers cobayes de l op ration et de quelques autres qui les ont rejoints dans l aventure je chercherai expliciter les Sur l utilisation des chiens de protection en Pyr n es et les m canismes de transmission des savoir faire Il faut bien le pr ciser on en parlera plus avant les chiens affect s la d fense du troupeau peuvent parfois changer de camp L auteur analyse partir de l ensemble des sources existantes l volution des d g ts de chiens errants en France 5 L Institut de l levage regroupe aujourd hui deux structures l Itovic Inst Technique Ovin et Caprin et l Iteb Institut Technique Bovin Cet organisme est responsable de l op ration Chien de protection un technicien se charge de l installation des chiens de protection apr s l examen technique de l exploitation situation par rapport aux routes et chemins nombre de lots de b tes garder modalit s de l agnelage dur e de l ventuelle transhumance 6 Notre recherche a t
15. 992 Jo l Pitt est d tach pour s occuper du programme Chien de protection une trentaine de jours par an l Institut de l levage En 1993 un nouveau dispositif appel Chiens de 6 mois est propos avec le placement de 11 nouveaux patous programme qui est abandonn quelques ann es plus tard car il pose des probl mes techniques et s av re co teux En 1993 4 Le Parc National du Mercantour contacte l Institut de l levage pour une demande d expertise de l exploitation d un leveur de V subie qui supporte de nombreux d g ts de loups sur son troupeau Les r sultats de l expertise conduisent l installation de 2 chiens de protection dans le troupeau contre les loups et non plus contre les chiens errants En 1995 une tude du RACP R union des Amis des Chiens des Pyr n ens se penche sur la capacit des Montagnes des Pyr n es remplir la fonction de protection 4 chiens Montagne des Pyr n es sont install s chez des exploitants ovins L tude reconna t le peu d int r t des Montagnes des Pyr n es issus du RACP occuper une fonction de protection Parall lement au travail de l IE Artus installe des chiens de protection en Pyr n es dans les zones pr vues pour la r introduction des ours slov nes En 1995 Artus devient membre de l Association pour la Promotion des Chiens de Protection L association Artus et non l APAP assure la promotion des chiens contre le
16. UET P Les chiens et leurs ma tres en session de formation P tre 300 1983 PENSUET P Relations homme chiens ovins Ethnozootechnie 43 1989 5 16 PITT Jo l s d Le chien de protection des troupeaux Mode d emploi Assoc pour la Promotion des Animaux de Protection APAP 4pp dact PITT Jo l 1985 Utilisation de chiens g s de 6 mois pour la protection des troupeaux ovins Premier bilan F vrier IE amp APAP 19pp dact PITT Jo l 1988 Des chiens Montagne des Pyr n es pour la protection des troupeaux ovins en r gion Rh ne Alpes Paris 63pp dact PITT Jo l 1992 R flexions pr liminaires la mise en place d un fichier Chiens de protection Institut de l levage sept oct 8pp dact PITT Jo l Chiens de protection Tradition pastorale retrouv e P tre avril 314 1994 33 4 PITT Jo l 1996 Compte rendu de l expertise r alis e la demande du Parc National du Mercantour sur l utilisation de chiens protecteurs de troupeaux APAP 12pp dact PITT Jo l Le chien de protection des troupeaux Mode d emploi Institut de l levage doc interne 4pp PITT Jo l amp ROUSSELOT Marie Catherine 1999 Guide pratique Les chiens de protection des troupeaux Paris Institut de l Elevage PITT Jo l Le retour du chien de protection de troupeau volution et enjeux 2000 Ethnozootechnie para tre DE PLANHOL Xavier Le chien de
17. Un mode de garde cologiquement correct Le chien de protection Sophie Bobb Pendant mon s jour dans cette estancia J tudiai avec soin les chiens bergers du pays On rencontre souvent un grand troupeau de moutons gard par un ou deux chiens Comment une amiti aussi solide peut elle s tablir C tait l un sujet d tonnement pour moi Charles Darwin Voyage d un naturaliste autour du monde 1985 1836 p 251 Avant mes s jours en Espagne je n avais jamais eu connaissance de l utilisation de chiens de protection En travaillant sur la cohabitation des communaut s rurales septentrionales de la cordill re Cantabrique avec les Grands Pr dateurs j ai naturellement crois le chemin du mastin comme l appellent les Espagnols On le devine sur les p turages au milieu ou au pourtour du troupeau Si d aventure on tente une approche on est imm diatement rappel la raison La pr sence et les d placements du mastin sont troitement li s ceux du troupeau Lorsque le b tail est rentr le soir au plus froid de l hiver on trouve le mastin l table ou sur le pas de la porte Dans ce cas le visiteur contourne au plus large l imposant animal dont l attitude suffit r fr ner toute envie de plonger la main dans l paisse toison Inutile de l attacher puisque son attention est uniquement tourn e vers le troupeau et non vers les hommes On ne l appelle pas on ne lui donn
18. a compagnie des humains mais aussi les scientifiques am ricains stigmatisant au contraire ses d bordements cyn g tiques attribuent ces d fauts une mauvaise s lection Le comportement du chien de protection ne demande pas de dressage proprement parler il est avant tout le r sultat d un patrimoine g n tique c est dire que c est un comportement instinctif qui n est pas le r sultat d un dressage Les chiens de protection ont t s lectionn s pour leur caract re ind pendant Wick 1998 6 Toutes les souches pastorales ont gard un instinct naturel de protection c est un patrimoine qu il faut conserver Mais dans ce cas pourquoi les m mes souches g n tiques les chenils tant toujours les m mes seraient elles plus performantes aux Etats Unis ou dans les Pyr n es qu en Rh ne Alpes L argument eug nique ne serait il pas un moyen d vacuer en un tourne main la question essentielle celle de la transmission des techniques traditionnelles attach es l utilisation de ce mode de protection Pour tenter de lever le voile sur cette primaut du tout g n tique j ai souhait revisiter la pratique des leveurs en convoquant la m moire vive des premiers int ress s quinze ans apr s le d but de l op ration Cette mise en perspective des modalit s d acquisition de leur savoir devrait clairer le parcours effectu l volution de leurs savoir faire l
19. actualit de cette technique de garde et son ventuelle efficacit Portugal le Maremmano d Abruzzo Italie le Sharplaninatz ex Yougoslavie l Akbash et le Karabash Anatolie Turquie le Komodor Hongrie Owczarek Podhanski Pologne le Khrkhisi l ex URSS 2 Nous savons que le loup excellent tacticien exerce une pression r guli re contrairement son alter ego domestique dont les attaques sont spontan es plut t anarchiques et irr guli res Les zootechniciens fran ais s accordent sur ce point Une part importante du comportement protection du troupeau est d origine g n tique J Pitt n d p 2 3 Propos de J Pitt cit s par F Lachowski 1997 32 10 2 De la fabrication du chien de protection new look En d butant ce terrain j avais encore l esprit les dires retranscrits dans les comptes rendus de r unions des premiers exp rimentateurs quelque peu d sorient s par l indiscipline de leur chien et le d calage entre le savoir zootechnique et la r alit empirique attach e la reconstruction de la cha ne domesticatoire Bref leurs propos semblaient traduire une d ception face un probl me suppl mentaire g rer Quelle ne fut pas ma surprise en interrogeant les leveurs de constater qu ils se disaient pleinement satisfaits de leur chien Aucune mention n tait faite de ce qui semblait avoir t pour certains une r elle difficult faisant ainsi surgir un
20. ara t pendant 3 jours mais revient seul au troupeau Pour contourner le risque d ennui qui guette le chien et peut l inciter vagabonder l installation d un couple est parfois pr conis e mais cette solution ne semble pas toujours efficace La journ e les deux chiens d Ariane Brun manifestent une propension poursuivre les marmottes tandis que ceux de Luc Grin ont tendance poursuivre les chamois Pitt 1996 5 Une premi re difficult appara t lorsque les sp cialistes tentent d expliquer ces d rapages En dessous de 10 mois nous disent ils les chiots commettent quelques erreurs d vorant un agneau ou attaquant une brebis Schmitt 1989 55 Pourtant on a d j fait allusion cette contrainte technique les scientifiques am ricains insistent sur la n cessaire installation du chiot dans le troupeau d s son plus jeune ge c est d ailleurs dans ce sens que les techniciens fran ais uvraient jusqu en 1993 Bref le d calage entre savoir th orique et r alit empirique appara t dans toute sa crudit L int gration pr coce du chiot au troupeau la privation d affection humaine l identification aux brebis et la nature des liens que l impr gnation est cens e r v ler ne peuvent pas garantir eux seuls son professionnalisme 1 3 Chaque chose en son temps Pour r soudre le probl me d instabilit du chiot un programme Chien de 6 mois est donc
21. ducation du chien par l leveur est n anmoins capital pour que ces caract res puissent s exprimer La p riode de bergerie va conditionner le comportement futur du chien J Pitt n d Le chien de protection des troupeaux Mode d emploi doc int p 4 13 4 R put autosuffisant et m me hostile toute injonction le chien tait livr lui m me Plac dans le troupeau il tait cens agir ind pendamment de son ma tre On per oit vite les limites et les difficult s de l exercice le risque de ne plus ma triser l animal comme nous l apprennent nos interlocuteurs n est jamais loin Il y a des leveurs qui ne pouvaient plus approcher leur troupeau Bon a c est pas beaucoup dit mais c est arriv quelquefois parce que leur chien tait trop sauvage Carri re Les choses ont donc chang Depuis les premi res installations de chien de protection on observe une volution dans le rapport chien leveur tendant vers une plus grande implication de l leveur dans l ducation de son chien notamment lorsque ce dernier est s par de sa m re apr s sevrage B n ficiant de l exp rience de leurs coll gues les leveurs de la deuxi me vague ont parfaitement conscience des n cessit s p dagogiques li es au bon emploi du chien de protection Je ne suis pas s r que les bergers des Pyr n es chez qui on est all chercher les chiens allaient aussi loin dans l
22. e agressive face aux brebis contrairement au chien de conduite au comportement nerveux aux oreilles dress es et la queue lev e Il ressemble n importe quel mouton remarche Ren Schmitt 1989 56 au point de s identifier totalement aux brebis ajoute M C Rousselot Quand on le voit dans le troupeau on dirait qu il est en train de brouter S1 l on reprend toutes les phases d introduction du chien sur l exploitation on constate qu elles se d roulent en trois temps un stade de s paration un stade de marge et un 16 lt c 14 Parmi les techniques pastorales aux Am riques G Lutz mentionne l allaitement du chiot par une brebis On prend des chiens d s qu ils sont n s on les s pare enti rement de leur m re et on les conduit chaque jour trois ou quatre fois au troupeau L on les fait t ter la premi re brebis qui tombe sous la main On continue cette man uvre jusqu ce que les petits chiens ouvrent les yeux et marchent un peu on approche d eux une brebis et ils la t tent d eux m mes Peu peu ils s accoutument aller au troupeau comme s ils taient de la m me famille cf 1984 321 5 Comm pers de R Larr re 16 P Pelzer tient les m mes propos 1988 43 stade d agr gation La premi re phase est marqu e par l loignement du chien du monde des hommes lesquels doivent se garder de toute marque d affection La seconde se caract rise par la socialisatio
23. e aucun ordre audible Totalement autonome le mastin ne se fie qu lui m me on pourrait dire son seul instinct Dans ce contexte il n est pas excessif de penser qu il est le bras arm du berger Sa pr sence s impose d elle m me Il est l pour remplir une fonction bien pr cise celle de prot ger le b tail et donc de repousser les intrus aux limites du territoire de les maintenir bonne distance D s qu il les aper oit il se dirige vers eux en aboyant d une voix rauque son attitude se veut dissuasive L tranger est cens renoncer ses projets Bien que limit e la t che du mastin n est pas sans danger loin de l Nombreux sont ceux qui y laissent leur peau C est la raison pour laquelle on les quipe de colliers pointes les prot geant des morsures des loups lorsque les combats font rage Il arrive que de nuit le mastin batte en retraite abandonnant le troupeau aux assaillants S il Ethnologue chercheure associ e aux laboratoires MONA Inra et CETSAH EHESS CNRS Paris Cf S Bobb 1995a 1995b et S Bobb 1998 se montre efficace lors des attaques diurnes il en va parfois autrement lorsque les agresseurs se manifestent en groupe la nuit tomb e De ce chien les leveurs espagnols ne parlent pas comme s il n y avait rien en dire Si on avance une question son sujet on vous r pond Des mastins il y en a toujours eu aussi longtemps qu il y a eu des
24. e de contact entre le chien et ses futurs prot g s est souvent rude Les brebis peuvent tre inqui tes effray es Parfois elles se tassent au fond de la bergerie certaines sont touff es le comportement joueur du chiot peut d clencher des attitudes offensives il arrive que les brebis boulent le chien quant il est petit Certaines ont m me tendance le charger se montrer agressives avec lui Il faut qu il puisse se r fugier dans sa case Marie Christine Rousselot comm pers Chine Afrique noire et du nord elle est troitement li e la pr sence de pr dateurs notamment des loups 1 M me propos dans le guide d installation du chien de protection de P Wick 1998 Propos de l leveur Gilles Anjoran cit s par Fred Lachowski dans son article 27 juin 1997 32 Bien que r duite son strict minimum finalement la familiarisation chien propri taire mise en vidence par Fran ois Sigaut se fait moins avec l leveur comme pour l animal de compagnie qu avec le troupeau L attachement r ciproque est voqu en termes d adoption et de filiation La figure du ma tre doit donc progressivement s effacer au b n fice du rapport chien troupeau Quand il sera pr t il suivra les brebis ou les ch vres partout sans les pourchasser ou les traquer et les gens ou d autres animaux comme les chiens de la maison passeront au second plan Si un chien est lev comme un animal de compagnie
25. e nouvelle interrogation comment est on pass du bilan en demi teinte des ann es 90 la franche satisfaction affich e par les leveurs aujourd hui Est ce d l emploi de chiens issus de meilleures souches Est on parvenu sinon retrouver du moins laborer partir d exp riences totalement empiriques des techniques op rationnelles d utilisation du chien Avan ons une interpr tation Si l on veut bien se situer dans une perspective fonctionnelle ce qui ne signifie pas fonctionnaliste on peut d ores et d j noter que le syst me pastoral int grant une protection active est constitu d un ensemble de relations la relation leveur chien de protection la relation leveur troupeau la relation leveur chien de conduite la relation chien de protection troupeau la relation chien de protection chien de conduite la relation chien de protection pr dateur la relation troupeau pr dateur Ins rer un nouvel l ment dans le syst me entra ne ipso facto la modification de toutes les autres relations fonctionnelles qui le composent le nouvel l ment tant le chien de protection pour contrer les chiens errants Ainsi les brebis doivent adopter le nouveau venu le chien doit accepter son r le tant vis vis de ses prot g s que vis vis de ses ennemis et l leveur doit assurer sa fonction d ducateur du chien Que le troupeau refuse la pr sence protectrice du chien que le chien n assume pa
26. e ou animal Usagers de la nature les chasseurs sont eux aussi concern s par ces propos r confortants Aucun souci pour eux et pour leur gibier Et ce ne sont pas les quelques chiens qui d laissent le troupeau pour gambader apr s un chamois qui pourraient mettre en p ril le cheptel D autant qu chercher un vrai g neur on aurait t t fait de se tourner vers les chiens de chasse dont la pr sence peut devenir un probl me pour l leveur Nous on a pris les chiens cause des chiens de chasse En p riode de chasse au sanglier on a une dizaine d quipes dans le secteur avec un total d une centaine de chiens Briant Autre lectorat vis les cologistes m me s il n est pas besoin de pr cher le bien fond de cette nouvelle m thode aupr s du milieu des protecteurs de la nature d j 3 Les promeneurs avec ou sans chien de compagnie posent de s rieux probl mes Le chien de protection peut les ressentir comme des intrus et s ils ne rebroussent pas chemin il peut s en prendre eux Un cologue berger dans le Montana fait le m me constat P Wick comm personnelle 18 convaincus par le caract re cologiquement correct de ce mode de protection dont ils font l loge dans leurs revues Le soutien dans la presse sp cialis e des d fenseurs de la Cause environnementale en faveur du chien de protection est contemporain de l arriv e des premiers loups italiens en France Ce nouveau m
27. emporains in Bonnain Rolande Lizet Bernadette Mayaud Jean Luc R my Jacques sous la dir de leveurs et animaux domestiques fin XVIII XXEsi cle Paris d Association des Ruralistes Fran ais 2000 para tre DAUBENTON Louis Jean Marie Instruction pour les bergers et les propri taires de troupeaux 2 le on sur les chiens de bergers sur les loups 3 d Paris Imp de la R publique 1782 7 20 DEGOIS E 1946 Le livre du Bon Moutonnier Guide des Bergers et des Propri taires de Moutons Paris La maison Rustique DELORT Robert 1984 Les animaux ont une histoire Paris Seuil DIDEROT Denis 1764 Encyclop die ou Dictionnaire raisonn des Sciences vol 4 DIGARD Jean Pierre Chiens de campement et chiens de troupeaux chez les nomades Baxty ri d Iran Studia iranica tome 9 1980 131 9 DIGARD Jean Pierre 1990 L homme et les animaux domestiques Anthropologie d une passion Paris Fayard GILBERT Luc Contre les Pr dateurs Le Montagne des Pyr n es P tre mai 1984 14 GREEN Jeffrey S Predator control and the small flock sheep producer Ranch Dog Trainer 1990 47 53 GREEN Jeffrey S amp WOODRUFF R The use of three breeds of dog to protect rangeland sheep from predators Applied Animal Ethology 11 1983 141 61 GREEN Jeffrey S Using guarding animals for predation control Ranch Dog Trainer june july 1990 36 7 HAUDRICOURT Andr Georges
28. er Cf J J Cazaurang 2 1965 136 12 Car son instinct de pr dation toujours en veil l incite l instar du chien de conduite courser et taquiner ses prot g es Attentifs aux comportements du chien les leveurs font preuve d autorit pour r fr ner son temp rament de pr dateur juv nile Une surveillance quotidienne une attention particuli re sont indispensables durant les premiers mois de pr sence du chien sur l exploitation En l absence d une disponibilit suffisante de l leveur le chien se d tournera tr s vite du comportement attendu 2 1 2 Entre soumission et r bellion partir de cette derni re remarque la nature du rapport chien leveur appara t clairement En d pit du discours officiel pr sentant le chien de protection comme un travailleur autonome sorte d autodidacte qui op re sans besoin de dressage autorit et fermet sont gages de r ussite Habituer le chien son propri taire le contraindre ob ir est l objectif de sa socialisation Moi si je crie je les arr te le m le un peu moins facilement que la femelle mais c est vrai qu on leur a rien appris Briant Ceci va de pair avec le point de vue des thologues selon lequel la r duction de l instinct de pr dation est la condition sine qua non de toute exploitation efficace de cet aide de camp Or il n en a pas toujours t ainsi Les techniques d ducation utilis
29. es compl tes Mammif res avec des extraits de Daubenton amp la classification de Cuvier Paris Furne amp Co Libr diteurs tomes 3 amp 4 CARLIER Claude Abb 1770 Trait des b tes laine et M thode d lever et de gouverner les troupeaux aux champs et la bergerie publi Compi gne CAZAURANG Jean Jacques 1965 Pasteurs et paysans b arnais Pau Marrimpouey 2 tomes CHOMEL No l 1767 Dictionnaire cum nique contenant l art de faire Paris Ganeau 3 vol Compte rendu de la r union du 29 7 95 Dispositif d am lioration g n tique Chiens LOF RAPC dact COCKENPOT Beno t 1998 Le Montagne des Pyr n es Versailles P B ditions COPPINGER Ray Attentiveness of Guarding Dogs for Reducing Predation on Domestic Sheep Journal of Range Management 36 3 1983 275 9 COZZA Katherine FICO Rosario BATTISTINI Maria Luisa RODGERS Elizabeth The damage conservation interface illustrated by predation on domestic livestock in Central Italy Biological Conservation T8 1996 329 36 DE LA CRUZ Catherine Training the livestock guardian dog pup or now that you ve it what do you do with it The Guardian june july 1981 23 6 22 CUVIER Fr d ric n d De la sociabilit des animaux Paris M moires du Mus um d histoire naturelle s l tome 13 1825 1 27 DALLA BERNARDINA Sergio Hommes de gauche et chiens de droite Race et soci t chez les cynophiles cont
30. idence sur la conduite de l aide de camp Cette pression maintiendrait sa vigilance en veil et r fr nerait ses tendances au vagabondage En fait ind pendamment de ses sautes d humeur et de ses escapades lorsque des chiens divagants se pr sentent leur double domestique est toujours l pour faire face Apr s une parade d intimidation l ennemi est cens renoncer Dans le cas contraire le chien de protection passe l offensive Les cadavres des agresseurs autour du troupeau t moignent de son efficacit La pr sence de l homologue pr dateur assurerait l efficacit du gardien Cela expliquerait en partie la r action des premiers exp rimentateurs qui au d but taient espant s tonn s de voir ce que le chien faisait tout seul Il prenait des initiatives il travaillait seul et savait ce qu il avait faire Pitt Apr s toutes ces ann es l inventivit dont ont fait preuve les leveurs ne semble pas avoir eu raison des inclinations premi res du chien de protection Pour les leveurs on l aura compris son efficacit est consubstantielle au risque de pr dation Autrement dit tant qu il y a un danger sa mission est correctement effectu e Mais les choses se compliquent comme on vient de le sugg rer lorsque la pression est moins forte ou peut tre moins r guli re C est dans ce cas en fait que l on d couvre pour ainsi dire les contre indications de ce rem de le pr
31. il ait du temp rament Celui qui ob it trop finalement il sera moins actif entendons contre l agresseur Carri re Rien d tonnant en derni re instance ce que ce chien dont on encourage l esprit d initiative finisse par prendre des libert s D autant que ce qu on lui demande est de remplacer son ma tre Pratiquement inob issant ce chien est capable de vivre au milieu des brebis sans aucun contact avec l homme Landry 1998 16 Pr cisons que son homologue le chien de conduite dont l instinct de pr dation est toujours aiguis peut tout aussi bien l accompagner dans ces escapades ensauvageantes et tre lui aussi responsable de d g ts Cette situation que l on pourrait imaginer moins fr quente le chien de conduite travaille aux c t s de son ma tre et a donc peu d occasions de lui fausser compagnie est pourtant assez courante Face au pragmatisme des leveurs l valuation des zootechniciens fran ais est bien plus id aliste Identifi e partir de l exp rience des aventuriers elle repose sur le triptyque loyal fid le et inoffensif qualit s qui sont loin d tre d finitivement acquises Bien que d crivant uniquement l attitude du chien ces crit res d valuation d coulent de la r ussite de chacune des phases de son installation pr c demment expos es Mais l on sait que si le syst me de protection semble aujourd hui op rationnel son foncti
32. ities but many guard dog basics are the same Ranch Magazine april 1989 26 35 BIXIO A La maison rustique du XIX si cle Encyclop die d Agriculture pratique Paris Bureau de la Maison Rustique 2 1867 546 9 BOBB Sophie Hors statut point de salut Ours et loup en Espagne Micoud Andr amp Pelosse Valentin sous la dir de tudes rurales Sauvage et domestique janv juin 129 130 1995a 59 72 BOBB Sophie Ours loup et chien errant en Espagne Des couples dans le bestiaire Lizet Bernadette amp Ravis Giordani Georges sous la dir de Des b tes et des hommes Le rapport l animal un jeu sur la distance Paris CTHS 1995b 211 26 BOBB Sophie Du chien de protection au patou pyr n en Analyse comparative de ces deux syst mes domesticatoires in Bonnain Rolande Lizet Bernadette Mayaud Jean Luc R my Jacques sous la dir de leveurs et animaux domestiques fin XVIIIe XXEsi cle Paris d Association des Ruralistes Fran ais 2000 para tre BOBB Sophie Entre domestique et sauvage une liminalit bien d rangeante Le cas des chiens errants Ruralia 5 1999 119 34 BOUGLER La race et les livres g n alogiques Ethnozootechnie 29 1982 69 72 BRONGNIART Charles 1892 Histoire Naturelle Populaire L Homme et les animaux Paris Libr Marpon amp Flammarion BUFFON Georges 1749 Histoire naturelle Paris Imp Nationale BUFFON 1847 uvr
33. lanc en 1993 Ainsi Le chien s lectionn sera pratiquement pr t l emploi puisque la phase d ducation ou phase de socialisation intersp cifique a ura t partiellement r alis e par un leveur comp tent Pitt 1995 4 Un an plus tard les techniciens se f licitent du succ s de l op ration notamment au regard de l ancien dispositif placement de chiots non d bourr s Les comptes rendus et r sultats d expertise de l op ration Chiens de 6 mois avalisent la pertinence de ce choix Pourtant les avis de quelques uns des 10 leveurs exp rimentateurs sont plus mitig s M me g de plus de 6 mois le chien n est pas pr t l emploi loin de l Pitt op cit 1995 4 Soulignons que les 4 Montagne des Pyr n es install s apr s 1993 n ont que trois mois le jour de leur placement Pourtant compte tenu des d boires enregistr s avec les jeunes chiens plac s jusqu cette date il avait t convenu que les prochains chiens plac s auraient plus de six mois Les propos des leveurs dont nous avons falsifi les identit s que nous rapportons sont extraits du Compte rendu de la r union du 29 7 1995 autour du programme Dispositif d am lioration g n tique chiens LOF L introduction d un chiot dans le troupeau doit se faire imp rativement l ge de 4 16 semaines Pass ce d lai les chances de r ussite diminuent consid rablement M Austin cit
34. m me du responsable de l IE En fait les anciens des r gions concern es n ayant plus aucun souvenir de l utilisation de ce chien aucune transmission du savoir n tait possible On sait gr ce aux travaux de Xavier de Planhol que l utilisation du chien de protection a progressivement t d laiss e avec le recul consid rable ou la quasi disparition des loups 1969 356 au profit du chien de conduite dont le triomphe s ach vera au cours de la premi re moiti du XIXE si cle sur le territoire de la France septentrionale Dans la France m ridionale les troupeaux transhumants proven aux la fin du XVIII si cle taient encore accompagn s exclusivement de chien de d fense Planhol op cit 362 3 Association pour la Promotion des Animaux de Protection et de repr sentants de l IE Toutes ces exploitations se d dient l levage ovin certaines comptent galement quelques ch vres vente locale de produits fromagers Les chiens ont t plac s par le responsable de l op ration de l IE Ren Schmitt puis Jo l Pitt 7 La notion de syst me domesticatoire a t labor e par A Leroi Gourhan elle fut d velopp e de fa on originale par J P Digard L historique de l op ration est d taill dans la Chronologie en Annexe Sur les conseils de J Pitt on pr f rera utiliser le terme patou pour d signer ces chiens celui de Montagne des Pyr n e
35. me cela avait t dit mais apr s les six premiers mois d j bien difficiles Nous avons observ particuli rement sur les sujets seuls vers l ge de 10 mois une crise tr s forte du chien qui lui enl ve l instinct de prot ger et qui le rend vagabond son tour Schmitt op cit 1989 57 Ce constat conduit les m mes sp cialistes annoncer que la fiabilit ne peut se mesurer que lorsque le chien a atteint un comportement stable d adulte c est dire pas avant deux ans de pr sence sur l exploitation Pitt n d 1 Le programme Chien de six mois est finalement abandonn car si le chien d bourr semble plus facile placer sa taille et sa puissance d j remarquables compliquent son int gration le bon accueil que les brebis sont cens es lui r server n est plus garanti 1 4 Le chien de protection l preuve des exp riences On est en droit de s interroger sur les raisons inh rentes ce bilan mitig Pourquoi le patou apr s transplantation et en d pit d un discours officiel tr s logieux se montre t il indisciplin enclin la d sertion et peu motiv par son travail On sait que toutes les races d origine pastorale selon la terminologie des zootechniciens ne sont pas gales devant l agresseur Selon les r sultats d tudes am ricaines entreprises dans 7 M Rousselot fait le m me constat Quand le chiot a 6 10 mois il va tre te
36. n intersp cifique dont nous avons vu qu elle n allait pas sans heurts Enfin ultime p riode la cohabitation paisible chien troupeau et le changement comportemental du nouveau venu parach vent le processus 1 2 Le chien de protection entre th orie id ologie et pratique Une fois voqu es les tapes n cessaires au bon d roulement de l int gration du chien confrontons ce savoir des zootechniciens et thologues aux dires des revues sp cialis es et au faire des leveurs exp rimentateurs Trois niveaux de lecture se d gagent avec clart 1 la th orie des zootechniciens centr e sur le comportement thologique et sur les processus de domestication du chien 2 l orientation id ologique des articles de revues passant soigneusement sous silence les rat s et difficult s de l op ration v ritable miroir d formant qui rige le chien en protecteur m rite 3 le d sappointement et les t tonnements des leveurs face l utilisation d un chien dont ils ne connaissaient rien du mode d emplor lors de son installation Dans les revues sp cialis es l acclimatation du chien semble aller de soi le Montagne des Pyr n es lisons nous par exemple reste plus volontiers avec les troupeaux qu en compagnie du ou des bergers Gilbert op cit Le Montagne des Pyr n es passe sa vie au milieu des moutons en bergerie comme l ext rieur les brebis viennent facilement l e
37. nter de revenir la bergerie Il faut toujours le ramener au troupeau si le chien le quitte comm personnelle 7 Les races de chiens de protection sont nombreuses en voici quelques unes le Montagne des Pyr n es France Mastin espa ol Espagne Cao de Serra de Estrela les ann es 80 sur plusieurs races de chiens de protection le Montagne des Pyr n es remporte la palme du professionnalisme L tude consistait installer 24 chiens de 3 races diff rentes 11 Komondor 3 Akbash 9 Montagne des Pyr n es dans une quinzaine de parcs regroupant des brebis suit es 7 des 9 chiens qui ont donn satisfaction taient de race pyr n enne Sur 7 chiens dont le comportement s est r v l inefficace entre une et six semaines apr s l installation on ne comptait qu un seul Montagne des Pyr n es En outre 78 Montagne des Pyr n es utilis s ont eu un effet dissuasif sur les pr dateurs contre 11 pour les Komondors Green amp Woodruf 1983 Compte tenu de ces r sultats on peut se demander pourquoi le Montagne des Pyr n es se r v le efficace aux USA en pr sence de coyotes d ours de pumas et de loups en Pyr n es en pr sence d ours et peu performant en Rh ne Alpes dans un secteur riche en chiens errants Est ce d une diff rence comportementale entre le pr dateur sauvage et le chien errant La r ponse est probablement ailleurs Les leveurs de Rh ne Alpes qui d plorent les penchants du patou pour l
38. ntourer Pelzer op cit Pourtant bien lire les commentaires des leveurs retranscrits par le technicien en charge de l op ration dans les comptes rendus de r union leur motivation et leur bienveillante attention l gard du nouvel arrivant ne suffisent pas viter les fr quents d rapages l S1 les chiens d Alain Defont fuguent ils ont t retrouv s dans un autre troupeau ou sur une autre exploitation du voisinage pendant les chaleurs les deux chiens ont tendance abandonner le troupeau et revenir sur l exploitation pour trouver de la fra cheur la chienne de Jacques Mercier recherche toujours le contact humain Le chien de Gilles Carri re a tendance revenir la bergerie ou dans celle du voisin Et enfin le chien de Christian Chevalier revient plusieurs jours de suite 7 Eh oui Arnold van Gennep n est pas tr s loin 18 Les leveurs cit s dans les comptes rendus de l Institut de l levage sont les premiers exp rimentateurs de l op ration Chien de protection En 1988 ils sont quatorze quatre ans plus tard en 1992 ils sont d j plus de cent Depuis d autres exploitants ont utilis ce nouveau mode de garde mais l acquisition des chiens n tait plus suivie par l IE Pour un compl ment d informations cf L historique de l op ration d taill en Annexe la bergerie malgr les r primandes de son ma tre Puis il disp
39. ode de garde est leurs yeux un excellent moyen de permettre une cohabitation troupeau pr dateur Le loup appelle les bergers renouer avec les gestes ancestraux Il ne s agit pas de vivre nouveau comme autrefois mais de r apprendre les techniques pastorales permettant de travailler en pr sence du loup utilisation de chiens de protection Il semble par ailleurs que ce soutien inconditionnel n est pas forc ment du go t de l Institut de l levage qui craint une tentative de r cup ration du chien de protection dans l argumentaire cologiste en faveur des loups Je ne vois pas comment le loup et la brebis peuvent cohabiter car rien ne prouve que le chien soit efficace contre les loups En plus la question du loup d passe largement celle du chien Je trouve inacceptable d utiliser le chien de protection comme alibi pour dire que les loups ont leur place Conclusion Nous avons vu que le syst me de domestication centr sur l action du chien de protection appara t non comme l addition d l ments mais comme un ensemble de relations fonctionnelles reliant chacun des termes entre eux D s l instant o une pi ce du syst me fait d faut c est le syst me lui m me qui devient caduc Pour le reconstruire il faut r apprendre les techniques de fabrication du chien de protection qui comme l crit Leroi Gourhan propos de l outil n existe que dans le cycle op ratoi
40. onnement requiert de la part de l leveur une vigilance de tous les instants et des comp tences acquises sur le terrain Le syst me repose donc sur un quilibre pr caire puisque les termes qui le composent sont structurellement On pourrait se demander si la ressemblance entre les chiens errants et les chiens de conduite ne trompe pas le chien de protection En traversant le troupeau le chien de conduite prend le risque de se faire d vorer Mais l un des leveurs rencontr s me disait son tonnement face la capacit de son chien de protection identifier le danger Mon chien fait la diff rence entre le chien de chasse qui passe vingt m tres sans probl me et celui qui fait des conneries notamment les chiens de touristes qui se montrent agressifs C est comme s il percevait les intentions des autres chiens Briant 17 interd pendants Il suffirait en fait d une d faillance du c t du propri taire ou d une diminution des sollicitations ext rieures pour que l ensemble se d sagr ge et avec lui la pertinence quelque peu optimiste du trin me loyal fid le inoffensif Mais tant que les d g ts disparaf tront tous feront contre mauvaise fortune bon c ur 3 Du devenir de cette pratique L ambigu t intrins que affectant la fois la perception et la repr sentation du chien errant va donc de pair avec l ambigu t cong nitale du chien de protection m me si son statut reste toujou
41. phone et on va la r cup rer Quelquefois elle allait garder les ch vres du voisin Une fois elle a emmen le m le avec elle Briant C est aussi le cas du chiot qui au cours de sa premi re ann e et peut tre en l absence de sa m re revient la bergerie ou vers son propri taire Il faut tout de suite le ramener au troupeau au d but a arrive souvent surtout qu avec les tout premiers chiens on n tait pas assez ferme Il faut pas qu il suive l leveur sinon a fait un chien de soupe Carri re Parfois on accrochait au chien qui vagabondait loin de chez lui une vieille casserole Par ce moyen brutal crit Jean Jacques Cazaurang on le renvoyait sa maison tout en lui donnant la crainte de se retrouver dans une situation semblable Outre le risque de d sertion le chien peut se montrer agressif l gard des brebis m me lorsqu il est n parmi elles J ai eu un m le qui au d but bouffait tout le temps la patte arri re gauche de l agneau qui tait couch juste c t de lui Il avait un an C tait pas pour manger a ne saignait pas 1l leur bouffait jusqu la hauteur du gigot Il l a fait trois agneaux mais apr s une bonne racl e il n a plus recommenc Briant Or on sait qu Il doit tre loyal envers le troupeau ne pas le d ranger Rousselot C est en conditionnant le chien d s son plus jeune ge qu on parvient le ma tris
42. pr dateurs il y a eu des mastins La r ponse est identique sur le versant fran ais pyr n en Tant qu il y a eu des ours on a eu ces chiens Mon p re en avait Et maintenant c est moi Bobb 2000 Les ennemis eux sont clairement identifi s ours et loups en Espagne ours en France Mais quel que soit le c t des Pyr n es o se porte notre regard ils sont loin de constituer l unique menace pour le monde pastoral Sinon comment expliquer l installation r cente de chiens de protection en Rh ne Alpes et dans le Massif Central La b te du G vaudan aurait elle repris du service Non ce n est pas du registre de l imaginaire que provient le danger mais d une r alit bien tangible celle v cue par l leveur qui retrouve r guli rement ses b tes massacr es apr s le passage des chiens errants Bobb 1999 Qu il soit de travail chien de conduite de garde de protection ou de compagnie de ville ou de campagne Canis lupus familiaris serait responsable de la mort de 2 5 du troupeau national estim 10 millions de t tes environ en France chaque ann e Pitt 1988 Cette estimation fran aise semblable celle avanc e par les thologues pour la situation nord am ricaine s appuie essentiellement sur les pr dations exceptionnelles la pr dation courante soit une brebis par mois par troupeau est rarement prise en compte car rarement d clar e aupr s des assurances la lumi
43. rapports chien troupeau et 28 On nous avait dit que c tait des chiens qu on ne dressait pas mais fallait quand m me les faire plier Carri re Ils agissent ind pendamment de l homme Cette caract ristique les rend t tus et 1ls r pondent difficilement des ordres verbaux P Wick 1998 6 M me propos chez J Pitt le chien de protection est en g n ral rebelle tout commandement n d p 2 4 II semble que tous les zootechniciens notamment ceux form s aux tat Unis ne sont pas favorables une trop grande ducation du chien Certains leveurs apprennent davantage de commandes des ordres leur chien de protection Toutefois il ne faut pas oublier qu un chien de protection travaille ind pendamment de l homme et que lui apprendre davantage de commandes risque de le lier trop l homme au d triment de son bon fonctionnement P Wick 1998 16 14 chien leveur il convient de les resituer dans leur cadre pragmatique celui de la pr dation 2 1 3 Pas de protection sans pr dation Tous les leveurs sont unanimes par sa seule pr sence le chien de protection a suffi mettre fin aux pr dations dans les secteurs investis par les chiens errants On remarque davantage de rat s non pas dans les zones risques mais bien dans les secteurs sans danger o les chiens ont t plac s pr ventivement Faut il en d duire que la pr sence insidieuse de l ennemi aurait une inc
44. re 2 1965 35 D cider de lutter contre un pr dateur comme le chien errant impose n cessairement et dans le m me temps de r introduire tout le syst me savoir l ensemble complexe de techniques de savoir faire de repr sentations et j ajouterai de m canismes de transmission interg n rationnelle Le syst me domesticatoire du chien de protection prend donc tout son sens une fois resitu dans le contexte de la pr dation auquel vraisemblablement il doit son efficacit et sa raison d tre Loin d tre un tat d finitif ce syst me est toujours in progress la perm abilit des deux mondes se r v le nous comme si la domestication n tait jamais totalement acquise On pourrait conclure par la c l bre question pos e par les Latins Quis custodet custodes c est dire Qui garde les gardiens Ce n est pas le ma tre lui seul ce n est pas non plus la s lection g n tique elle seule ce n est pas le dressage C est leur dialectique Une dialectique qui pour se mettre en place n cessite quand m me un pr dateur Pour qui la part du loup doit tre internalis e au terme d une approche patrimoniale int gr e cf La Lettre du H risson 177 1996 11 3 Cf Manifeste pour la protection du loup La Lettre du H risson 184 1997 6 Ces propos ont t tenus par la responsable du dossier Chien de protection de l IE lors d un entretien en juillet 1998
45. rs strictement domestique Mais avant de tirer les conclusions anthropologiques de cette double ambigu t encore faut il voquer les autres contextes discursifs la production d crits de zootechniciens de journalistes et rep rer les enjeux id ologiques qui accompagnent l installation de ce chien quelque peu id alis on commence le comprendre mais pour des nobles raisons 3 1 Des discours des destinataires et des enjeux Toutes les revues destin es au monde pastoral font la promotion du chien de protection vantent les m rites de la nouvelle m thode examinent les avantages de chacune des races existantes abordent les questions pratiques concernant leur installation et leur utilisation Ce message promotionnel bien qu essentiellement adress aux leveurs vise aussi d autres milieux plus ou moins directement int ress s par la pr sence des chiens de protection Je pense aux adeptes du tourisme vert pour lesquels on insiste sur la non dangerosit de ces chiens Le chien n est jamais agressif vis vis des personnes trang res ce qui est tout de m me rassurant pour les propri taires dans des zones o le troupeau est au contact des touristes par exemple Pelzer op cit 1988 43 Or nous l avons vu un chien de protection qui s approprie le territoire du troupeau peut chercher le d fendre co te que co te tous ne distinguent pas tout coup les intentions qui animent l intrus homm
46. s sera r serv aux chiens de race Dans le cadre de l Op ration Chien de Protection seuls 4 Montagne des Pyr n es ont t install s 1 Lorsque les propos cit s ont t recueillis au cours de mes entretiens ils sont suivis du nom de mon interlocuteur lorsque les citations sont extraites de sources crites le nom de l auteur et les r f rences sont mentionn es en note 1 Si la r partition des chiens de conduite et de d fense est nette le premier tant une sp cificit de l Europe occidentale le second est tr s pr sent en Asie Europe orientale Pour saisir les modalit s inh rentes la reconstruction du processus domesticatoire du chien de protection retra ons les modalit s pratiques de sa mise en service telles que d crites par les zootechniciens dans la documentation interne de l Institut de l levage r dig e trois ans apr s l installation des premiers chiens partir du v cu des leveurs 1 1 Chien de protection mode d emploi On pourrait commencer par une sorte de paradoxe Comme tous les animaux domestiques le chien de protection doit entretenir un rapport de familiarit r ciproque avec son propri taire cette composante tant selon Fran ois Sigaut l un des param tres avec l utilisation et l appropriation constitutifs de la domestication 1988 59 71 Or il s av re que pour des raisons faciles comprendre le bon emploi de cet auxiliaire impose de r duire cette
47. s d g ts d ours dont la DIREN de Midi Pyr n es assure le financement gr ce au Programme Life Dans le cadre du Programme Life la DDAF des Alpes Maritimes assure l installation de chiens de protection contre les pr dations de loups En 1995 un observatoire des pr dations sur ovins est mis en place par l Institut de l levage reposant sur la collaboration des F d rations D partementales Ovines Une 20 vingtaine de d partements est sollicit e pour recenser les attaques La premi re ann e seules 8 f d rations r pondent l appel et d clarent 132 sinistres avec 1 000 animaux attaqu s par ailleurs on sait qu environ 10 000 b tes sont tu es chaque ann e La faible motivation des f d rations d partementales ovines collaborer conduit la suspension de ce programme ambitieux En 1998 apr s deux ann es d interruption des financements du Minist re de l Agriculture le programme Chiens de protection red marre avec pour premier objectif un recensement de tous les chiens de protection plac s sur le territoire fran ais afin d identifier les souches d origine Aujourd hui l APAP estime plus de 500 le nombre de chiens install s en France sur 350 exploitations environ environ 150 individus en Mercantour et une vingtaine en Pyr n es 21 Bibliographie AUSTIN Maureen A formula for Success With Livestock Guarding Dogs Different breeds of dogs have different temperaments and qual
48. s lui les moutons qui s en cartent il ne doit jamais le traverser 1946 211 C est ainsi que le chien de berger comprenons de conduite est d crit par Degois T te qui rappelle dans sa forme g n rale celle de l ours yeux expressifs bien apparents ch tains souvent vairons chez les gris ardois s Oreilles assez courtes g n ralement court es museau poil court rebrouss 1946 209 Le profil du chien de conduite correspond bien celui d un pr dateur 16 Une silhouette ovine qui peut s il le juge utile se m tamorphoser en pr dateur de pr dateur notamment vis vis des chiens errants et de conduite 2 3 De la liminalit du chien de protection En examinant les modalit s inh rentes la reconstruction du syst me domesticatoire dans lequel s inscrit le chien de protection on a donc constat qu il s ins re dans un vaste paysage o protection et pr dation ont partie li Les leveurs voquent de fa on r currente la position liminale n cessaire et donc entretenue on le sait du chien de protection l un reconna t que sa chienne est presque sauvage et m fiante l autre qu il a du mal l arr ter entendons quand elle est lanc e sur un intrus le troisi me qu il ne peut pas trop l approcher Leur difficult ma triser leur chien de protection nous claire sur leurs repr sentations du chien id al Il faut quand m me qu
49. s son r le de gardien ou encore que l leveur soit dans l incapacit de ma triser son chien notamment vis vis du chien de conduite et des touristes et le syst me s croule Telles taient nos hypoth ses pour expliquer le bilan mitig des ann es 90 le troupeau rechignait accepter la nouvelle recrue laquelle d sertait le troupeau l leveur n avait aucun ascendant sur elle L efficacit du syst me Chien de protection serait donc davantage la r sultante de tous les rapports entre ces couples que l addition pure et simple des diff rents l ments 2 1 De la construction d un syst me entre fonction et structure Au cours de ces ann es tous les savoir faire acquis par les leveurs valid s par leur exp rience ont vis resserrer les liens constitutifs du syst me domesticatoire Autrement dit pour rendre le syst me op ratoire en corriger les dysfonctionnements devenait une n cessit Passons en revue chacune de ces relations structurales et les r ponses apport es par les leveurs 11 2 1 1 Entre chiens de soupe et d serteur Le rapport chien troupeau se conjugue sur le mode sympathique et interactif si le chien s approprie le troupeau ou le territoire sur lequel celui ci volue et le consid re comme son bien la r ciproque est tout aussi vraie On peut consid rer le chien sans forcer le trait comme un l ment part enti re du troupeau Fanny quand elle
50. tionnelle Loin d tre un tat d finitif ce syst me est toujours in progress la perm abilit des deux mondes se r v le nous comme si la domestication n tait jamais totalement acquise Mots cl s chien de protection chiens errants id ologie pastoralisme transmission zootechnie
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