Effervescence religieuse et gouvernance. L
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1. uvre au sein de la soci t rurale mossi se trouvent partiellement lucid s gr ce aux comparaisons avec d autres sources normatives que peuvent d sormais tablir les populations mais o d autre part l tat ne parvient pas toujours imposer une all geance effective pleine et enti re l identit citoyenne que ce soit en mati re fonci re matrimoniale ou dans le cadre de la recherche de la s curit pour les biens et les personnes Il semble aujourd hui tabli que en 2025 60 de la population de l Afrique de l Ouest sera urbaine Au del de cette pr vision l urbanisation r cente et rapide de cette r gion d Afrique et l mergence des villes transforment la LE DOSSIER 96 Les sujets de Dieu mani re m me de vivre en commun Lorsqu on change de lieu pour aller du village la ville on change aussi de logique passant d une situation o l on se conna t personnellement un anonymat conduisant une certaine atomi sation du social Les anciens modes de r gulation de la vie collective subissent des transformations des bouleversements des adaptations pour pouvoir r pondre au d fi que repr sente pour la majorit des groupes de population qui d barquent dans les zones en voie d urbanisation la recherche de la meilleure s curit sociale et conomique Confront es l urgence de r guler la vie en commun acc s au foncier s curit des biens et des personnes appro visionnement eau p2. l un d entre nous Un fr re a eu une vision pendant la pri re et a su que quel qu un du village tenterait de me faire du mal par l entremise d un accident Effectivement le 3 mai 1997 six heures huit du matin j ai eu un accident Ouagadougou avec cette moto Autrement dit le r le des Assembl es de Dieu dans la soci t burkinab se comprend essentiellement dans l exp rience quotidienne de la confiance ta blie entre les fid les au sein de leur communaut De mani re caricaturale deux grands moments dans la perception des rapports aux autres d velopp s par les fid les de ces glises se d gagent deux mani res de traiter l entourage qui certes ne s opposent pas mais plut t coexistent la faveur de la confronta tion une modernit ins curis e Tout d abord j ai montr ailleurs comment en milieu rural surtout la conversion un Dieu tout puissant permettait de rendre tangible ou sim plement supportable l id e de libert soit l intention d accumuler pour soi ou de choisir son conjoint par exemple Le converti recourt la protection d un Dieu plus fort que les pers cuteurs potentiels que repr sentent dor navant son lignage ses voisins ses amis et plus globalement les instances de la concorde coutumi re Ces derniers se positionnent comme des ayants droit face celui qui est tent par une aventure plus personnelle ici la conversion au pentec tisme cette fi
3. poraires d identit par des bricolages in dits et suffisamment proches des pr occupations de certains groupes de population pour apaiser l ins curit ressentie par une offre de symbolisation et d appropriation des situations v cues Tenue pour miraculeuse et donc imm diate la gu rison pentec tiste renvoie ainsi un acte de foi une conversion bas e sur l exp rience person nelle qu un autre monde apais serait port e de main Les pratiques de gu rison des Assembl es de Dieu s inscrivent dans une longue prise en charge des patients confront s la d faite de leur ancien monde W Pierre Joseph Laurent Universit de Louvain la Neuve Belgique
4. voque par ailleurs la formule sans famille same buudu tu disparais Cela signifie qu en dehors de la confiance kis sida tablie par les relations de parent l emporte la d fiance samb sambe7 Le second principe qui traverse la concorde coutumi re est l entente uum taaba ou encore zemes taaba Ce principe vient pr cis ment temp rer la d fiance samb sambe qui r gne a priori entre les lignages L entente peut tre comprise comme une v ritable id ologie relative un mode de gestion consen suelle des relations entre les groupes qui composent la soci t mossi et dont les membres vivent dans un climat de m fiance permanent Wuum taaba se distingue de kis sida en ce qu elle ne la postule pas mais repose plut t sur l int r t sup rieur accord la coexistence pacifique entre des lignages se concevant comme mutuellement interd pendants en ce qui concerne de multiples prestations sociales mariages fun railles l entraide contre l adversit malheurs maladies famine ou encore la d fense collective Wuum taaba ne renvoie pas un principe de r gulation sociale articul sur une autorit en mesure d imposer tous le respect de r gles collectivement accept es et Politique africaine 99 Effervescence religieuse et gouvernance tablissant une distinction nette entre le bien et le mal Positivement wuum taaba renvoie un mode de gouvernement qui repose la fois sur une forme de pacificat
5. C L vi Strauss La Famille Paris Gallimard 1956 p 120 8 Pour de plus amples informations sur la notion d entente voir P J Laurent Une association de d ve loppement en pays mossi Le don comme ruse Paris Karthala 1998 pp 243 261 LE DOSSIER Les sujets de Dieu Depuis la fin des ann es 1980 r duit la portion congrue par les politiques d ajustement structurel et la doctrine de la bonne gouvernance d mocra tisation multipartisme et d centralisation l tat postcolonial d liquescent 10 a finalement engendr un moment de modernit ins curis e Dans cette situation les possibilit s licites d entrevoir le chemin de la survie long terme se sont amenuis es pour la majorit de la population amplifiant ainsi le sen timent d ins curit Ainsi par exemple la part de l offre de l enseignement offi ciel et de la sant s amincit devant l augmentation des services priv s payants On observe galement une croissance de la corruption ainsi que des senti ments de peur et de m fiance En d autres termes le temps de la modernit ins curis e conjugue l affaiblissement de la prise en charge coutumi re de la vie commune et les difficult s de l tat organiser les conditions de la survie de pans entiers de sa population D s lors que dans les repr sentations collectives cette forme d tat renvoie avant tout aux possibilit s de captation de ressources celui ci repos
6. Je sais que nous allons tous mourir mais le royaume de Dieu arz na existe Je crois que l bas il n y a pas de probl me il n y a plus non plus de soucis les gens peuvent vivre bien l bas Et puis on ne revient plus dans le monde allusion aux cultes des anc tres dans le sens ici de ne plus revenir apr s la mort dans le monde dans la condition de paysan Politique africaine has Effervescence religieuse et gouvernance En d autres termes le capitaliste en herbe ou confirm a beau rechigner devant les obligations communautaires il n en reste pas moins affect par la ranc ur des autres en raison des incertitudes qui planent sur sa propre man cipation d finitive de la concorde coutumi re Le spectre de la modernit ins curis e r appara t toujours Elle va de pair avec un rapport au monde o le d senchantement n a pas beaucoup de sens La s curit des personnes n cessite ici le maintien l tat de veille du recours l entourage et donc le renforcement de la pens e magique qui affecte et qui oblige comme mode de gestion de la vie en commun Diallo Issa du village de Bourkoundouba et animateur la f d ration Wend Yam Il y a des gens qui l occasion d acquisition de biens n oublient jamais leurs amis voil pourquoi ces gens ont toujours leur famille c t d eux Il y a par contre des personnes qui n ont aucune conscience de leur famille p
7. concorde civile pour d signer l instau ration des conditions d une accumulation pour soi c est dire une situation o la satisfaction de l int r t individuel tendu au plus grand nombre de personnes implique l dification d un espace public Autrement dit les rela tions sociales s tablissent ici sur un tat de confiance g n ralis cette fois tous les membres de la soci t confiance qui implique l existence d un ensemble complexe de r gles reconnues par tous garanties par une instance sup rieure Politique africaine hoa Effervescence religieuse et gouvernance en l occurrence l tat de droit Il ne s agit donc plus comme dans la soci t coutumi re mossi de rendre compte d une situation o la confiance kis sida est r serv e aux relations de parent et o l entente wuum taaba est tablie entre les lignages de la soci t De m me la concorde civile conduit la production de citoyens dot s de droits et de devoirs d individus gratifi s d une respon sabilit pleine et enti re Il appara t maintenant plus clairement que sous l impact d abord de la p riode coloniale sous l impulsion ensuite des institutions internationales de coop ration et plus largement enfin sous les effets de la globalisation l actuelle tentative de g n ralisation des grands principes qui r gissent la concorde civile l ensemble de la soci t implique de profonds boulever semen
8. en jan vier 2001 un important n gociant en b tail d une grande ville du Burkina Faso Alors que je m tonnais de l ampleur de la distribution de nourriture qu il organisait pour les mendiants chaque vendredi jour de la pri re des musul mans il m affirma se prot ger ainsi contre les risques d attaque en sorcellerie Son existence m expliqua t il tait ingrate jusqu au jour o ne pouvant plus vivre en paix tant il tait d rang par la foule des qu mandeurs il se r solut embaucher un redistributeur Depuis lors il confie chaque mois celui ci 3 millions de francs CFA l attention des malades et 1 million pour nourrir les mis reux la suite de quoi la conscience tranquille le n gociant d cida d engager des gardes arm s pour prot ger sa propri t L aum ne ainsi organis e quivaut selon ses dires un imp t rendu obligatoire par la crainte des attaques en sorcellerie ourdies estime t il par des membres de son entourage En m me temps il assure son passeport pour l au del La sorcellerie qui endette les riches devient ainsi en quelque sorte la s curit des pauvres Le commer ant m assura encore qu il Politique africaine hos Effervescence religieuse et gouvernance tait dispos payer 10 20 d imp t pour se lib rer du poids de l entou rage Il s agit donc bien ici d une situation o la concorde coutumi re kis sida la confiance et wuum taaba l entente
9. l ments dans le jeu des changes Voir A Mary Le D fi du syncr tisme Paris EHESS 1999 LE DOSSIER Les sujets de Dieu Les Assembl es de Dieu r pondent aux bouleversements sociaux par des r ajustements parfois in dits et successifs des formes du vivre ensemble Ainsi celui qui s estime injustement cart de l entraide communautaire peut toujours tenter d agir par le truchement du diable le diable au sens du g nie impliqu dans l exorcisme c est dire de l autre qui pers cute sur celui qui accumule go stement car ce dernier continue lui aussi croire en cette force diabolique que peut manipuler l autre Il se reconstitue ainsi une continuit de pens e entre les parties en pr sence qui en quelque sorte partagent les m mes conventions malgr leurs diff rents modes de vie Bargo Towende croyant gu risseur Nous avons alors instruit le vieux un fid le d une glise de la banlieue de Ouagadougou Nous avons fait des calculs ensemble et nous lui avons dit que c est sans doute parce qu il n tait pas fid le sa d me w nnam pu ire que des probl mes vont lui arriver Il a alors avou qu effectivement il ne pr levait pas fid le ment sa d me Nous lui avons conseill de l enlever correctement partir de ce jour La gu rison divine des pentec tistes qui porte sur la restauration de la s curit conomique et sociale r tablit dans ce cas la conjonction entre
10. aux autres se transforme travers l adoption d une vision essentiellement dualiste du monde La soci t coutumi re d faite quivaut d sormais un principe d moniaque vis vis duquel il convient d avoir l audace de se dis tancier au m me titre que la soci t moderne identifi e au monde c est dire un univers corrompu o r gnent la violence la peur et la d fiance En r f rence la Bible qui cr e un monde les protestants peuvent d sormais d coder les rapports sociaux en termes de bien et de mal De sorte que les convertis peuvent se mouvoir dans la noirceur du monde dot s qu ils sont de la capacit de discerner le bien le respect des principes bibliques et par del l instauration de relations avec autrui bas es sur la confiance la justice le pardon du mal le d mon et les pra tiques qui y renvoient 18 Voir par exemple La Notion de personne en Afrique noire ouvrage collectif colloques internatio naux du CNRS n 544 Paris l Harmattan 1973 19 Voir P Geschiere Sorcellerie et modernit retour sur une trange complicit Politique africaine n 79 octobre 2000 pp 17 32 LE DOSSIER Les sujets de Dieu MODERNIT INS CURIS E ET RECHERCHE D UN LIEU D APAISEMENT La situation qui vient d tre d crite claire sur la ferveur des fid les enga g s dans les rituels de gu rison qu il convient de comprendre comme une aspiration plus de p
11. comme si nous tions en pr sence d une expression m dia tis e et d j mondialis e de la souffrance du malheur et de la qu te d un bonheur terrestre dans une frange de laiss s pour compte de la globalisa tion Toutefois c t de ces manifestations transnationalis es il convient de rep rer l exceptionnelle capacit d adaptation de ces glises aux situations particuli res Avec l glise des Assembl es de Dieu du Burkina Faso notre interrogation a surtout port sur l clatement de l univers villageois ancestral mossi per u d sormais par certains comme une vieille peau dont il faut se d barrasser Ce processus se rencontre essentiellement dans le mouvement d urbanisation et l instauration de relations sociales plus anonymes qui l accompagne Toute fois il serait erron de penser que la prise de distance avec les modalit s qui r gissent la vie en commun des Mossi la concorde coutumi re kis sida r gom la confiance de la parent et wum taaba moogho l entente de la soci t mossi soit l id ologie du consensus m ne ipso facto la g n ralisation de la concorde civile et donc l adoption des principes de citoyennet d espace priv et d espace public mais aussi d affaire publique et de gestion de la pluralit au sein de l tat nation Cette transition forc e entre la concorde coutumi re et la concorde civile a cr plus d ins curit que de s curit En pays
12. de mal C tait au d but d cembre 1995 le 14 j ai fait un exa men et effectivement j tais enceinte J ai montr que la soci t est travers e par des formes de r gulation de la vie collective qui renvoient des univers s mantiques 4 priori incompatibles Toutefois travers les actions d clat de personnages notoires de l glise des Assembl es de Dieu ces univers disjoints semblent pouvoir susciter un dia logue ou tout le moins conduire une sorte de bricolage social Un croyant gu risseur lors d une s ance d exorcisme en priv d une jeune fille Que la maladie sorte de ses pieds par le nom de J sus Christ Le croyant gu risseur a une vision qu il interpr te aussit t J ai vu deux veaux noirs sortir J ai aussi vu un chien un chien comme le chien des Blancs qui sortait c est l adult re Il voulait la paralyser Si elle n tait pas venue consulter aujourd hui elle serait paralys e Le g nie a dit en sortant qu il vou lait paralyser une partie de son corps Comme le g nie a d j commenc son travail elle va effectivement se paralyser Mais ce n est qu une proph tie de g nie le mal dispara tra vite 26 Pour Andr Mary la probl matique du travail syncr tique con u comme dialogue confronta tion ou compromis entre les formes impose de renouer avec une pens e dialectique mais aussi de redonner du sens la mati re symbolique la valeur substantielle des
13. demand la raison pour laquelle vous partiez vous faire vacciner Je vous ai r pondu que celui qui irait se faire vacciner sorte de l glise J sus a la force pour gu rir donc avec cette force pourquoi aller faire les vaccins Dieu nous a aid s nous avons t pro t g s Et la foi Pendant la m ningite le pasteur a fait le tour de la mission et il a dit Je loue la m ningite au nom de J sus Ce n est pas au sein de la mission que tu vas entrer Et la m ningite a ob i La m ningite n a pas ob i au Pasteur mais J sus La m ningite n est pas venue ici mais c t quelques m tres la m ningite faisait des ravages Ce r cit rappelle la situation de confusion d crite pr c demment qui conduit prendre en consid ration la fois l individu sujet de la modernit et l entraide communautaire Il induit un puissant m canisme syncr tique 2 Ici l autre qui oblige et c est l le paradoxe repr sente en m me temps un recours potentiel L autre m me s il demeure pauvre et paysan reste utile au nanti dans la qu te de la s curit socio conomique d faut par exemple de pouvoir compter sur un emploi stable la s curit sociale et une retraite garan Politique africaine hu Effervescence religieuse et gouvernance tie par l tat L entourage se retrouve tout au plus rel gu une plus grande distance mais jamais il ne pourra r ellement tre ni Le dilemme inh r
14. des groupes de fid les plus pauvres et des groupes plus nantis Le travail th ra peutique des Assembl es de Dieu conduit les protestants r inventer un uni vers s mantique isomorphe capable d instituer des r seaux d entraide in dits entre les croyants En d autres mots l offre de gu rison de l glise des Assem bl es de Dieu porte sur le r tablissement de la confiance en soi d abord et envers les autres convertis ensuite D s lors le lieu du religieux et par exten sion la place des Assembl es de Dieu au sein de la soci t burkinab semblent actuellement avoir pour fonction de pallier avec d autres acteurs religieux une sorte de d ficit d tat et donc d occuper pleinement le champ politique Le succ s des pentec tistes peut se comprendre ainsi l individu toujours en qu te de la s curit continue malgr une prise de distance relative avec l entourage le craindre mais il se met d sormais aussi redouter l autre de lui m me qui lui fait peur Cette autre figure de lui m me ou plus exactement cet anti moi inqui te car il exprime concr tement la figure d sormais honnie envahissante mais combien toujours trop proche de la condition paysanne La diabolisation du monde de l entourage qui pers cute celui qui accumule et qui renvoie plus largement aux croyances coutumi res par les croyants exprime aussi la diabolisation d une partie de soi m me Pasteur Charles
15. la lisi re de la doxa pentec tiste 25 P J Laurent Mariage pouvoir et gu rison chez les pentec tistes du Burkina Faso Paris IRD Karthala 2002 notamment le chapitre 6 partie 2 para tre LE DOSSIER faol Les sujets de Dieu Elis Sawadogo 1996 En mai 1995 je me suis rendu dans le village de Tampoui Tenga pour participer une semaine d vang lisation Avant de m y rendre j ai pri et j ai eu une vision La nuit un pasteur viendra me voir pour me parler Il aura une voiture Plus tard arriv au village dix pasteurs en poste dans les environs attendaient Le soir avant de d buter la s ance d vang lisation un pasteur arriva en voiture Je ne le connais sais pas Au moment de rentrer dans l glise les pasteurs pr sents ainsi que leurs pouses m ont demand de prier afin de nous assurer de la protection de Dieu Pendant la pri re Dieu m a montr qu un pasteur tait malade Il souffrait du dos et des reins J ai directement inform les pasteurs de ma r v lation Un pasteur tait en train de pr parer un voyage en Suisse Mais cette nuit l il sera gu ri Il voyagera l tranger mais pas pour soigner sa maladie La nuit du troisi me soir le pasteur Charles celui qui avait la voiture est venu me voir Nous avons pri ensemble la fin du s jour j ai demand tous ceux qui avaient t gu ris de venir t moigner en public de l efficacit de l Esprit L
16. les mariages et les fun railles Nonobstant les transformations rapides et profondes que conna t aujour d hui la soci t mossi les relations de parent se perp tuent au del de la diff renciation paysans nantis m me si elles ne renvoient plus vraiment aux formes ant rieures de kis sida et de wuum taaba Ces relations permettent d entretenir un m me univers de conventions au sein duquel demeurent vivaces des modes d instauration de la s curit par le recours l entourage la constitution d un capital relationnel et ce malgr les carts flagrants entre les styles de vie ruraux et urbains On le pressent l univers de la d pen dance de l entourage vu comme une alternative dans la qu te d une meilleure s curit se r v le une arme double tranchant pour celui qui a caress lam bition d amasser pour lui m me Dons et croyances se complaisent dans la polys mie et l ambigu t laissant toute grande ouverte la porte la gestion sorci re la manipulation des forces de l invisible comme principe de contr le du lien social Politique africaine 107 Effervescence religieuse et gouvernance Oumarou Les responsables villageois d une banque de c r ales ou d un moulin activit s collectives promues dans un village par une association paysanne sont souvent coinc s ils ne savent pas comment faire pour satisfaire leurs amis leurs beaux beaux parents Il existe des relations qui sont
17. nom ne des croyants gu risseurs tra vers la gu rison divine les Assembl es de Dieu fournissent des explications coh rentes des affections et des souffrances dont bon nombre concernent 27 J P Willaime Le pentec tisme contours et paradoxes d un protestantisme motionnel Archives de sciences sociales des religions n 105 1999 pp 5 28 J P Bastian dir La Modernit religieuse en perspective compar e Europe latine Am rique latine Paris Karthala 2001 A Corten et R Marshall Fratani eds Between Babel and Pentecost Transnational Pentecostalism in Africa and Latin America Londres Hurst 2001 A Corten et A Mary dir Imaginaires politiques et pentec tistes Afrique Am rique latine Paris Karthala 2000 P J Laurent et A Mary dir Proph tes visionnaires et gu risseurs de l Afrique subsaharienne contemporaine Social Compass 48 3 septembre 2001 pp 307 480 LE DOSSIER Les sujets de Dieu des pathologies du vivre ensemble elles surgissent au sein d une soci t en proie des transformations rapides et multiples La conversion vient provisoirement suspendre l ind cision qui chez la majorit des fid les r sulte d h sitations entre les principes de la vie en commun de la soci t coutumi re et les modes d existence li s l individu sujet de la modernit Les pente c tistes s ins rent dans un no man s land o ils r pondent ces d ficits tem
18. tr s lourdes et qui coincent fortement le gestionnaire Si tu ne veux pas couter ces gens l ils peuvent te causer des probl mes attaques en sor cellerie maraboutage et parvenir d truire l activit elle m me Plus que jamais le fortun ou celui que l on consid re comme tel cherche se prot ger des ranc urs r elles ou suppos es de parents qui s estiment injustement laiss s pour compte Plus encore le nanti tente d acqu rir des protections magiques f tiches gris gris etc qui ne peuvent finalement qu tre similaires celles qu utilisent les villageois pour les affecter Pasteur Isa e ancien f ticheur et marabout Chez mon tuteur nous fabriquions des ceintures protectrices Ce sont des habits traditionnels que nous cousions sous forme de ceinture Pour les rendre efficaces nous pr levions certaines racines d arbre Le vieux pronon ait des incantations la ceinture tait alors poss d e par un g nie qui tait la force d un arbre au bois dur La ceinture prot geait son d tenteur des coups de fusil Comme il tait un marabout r put il recevait des gens de tenue en uniforme des gens qui occupaient de hautes fonctions des fonctionnaires et des chefs de projet avec ces derniers surtout nous gagnions facilement de l argent La crainte ressentie par celui qui se sent envi le pousse orienter ses puissances magiques nouvellement acquises plut t vers la protectio
19. transformation de la soci t coutu mi re et de soci t burkinab pour traiter de la soci t multiethnique pro duite par l tat nation avec toutefois l intention de marquer le continuum rural urbain et ethnie soci t La th se que je d fends peut bri vement s non cer de la fa on suivante le passage de la concorde coutumi re la concorde civile s il en est qui impliquerait la g n ralisation de kis sida la confiance jusqu pr sent confin e dans la sph re de la parent l ensemble 1 Where we ve been A G online USA 2000 p 2 2 E L Nascimento Praise the Lord and pass the catch up News from Brasil cover story 1995 3 N Luca Pentec tisme en Cor e Archives de sciences sociales des religions n 105 1999 pp 99 123 4 A Corten Le Pentec tisme au Br sil motion du pauvre et romantisme th ologique Paris Karthala 1995 p 75 5 En 19 l occasion de leur 75 anniversaire les Assembl es de Dieu rassemblaient pr s de 400 000 membres baptis s sur une population de 10 5 millions d habitants recensement de d cembre 1996 1 800 pasteurs et 1 750 lieux de culte sources officielles des Assembl es de Dieu en 1996 LE DOSSIER 98 Les sujets de Dieu de la soci t demeure probl matique dans le contexte d une modernit que je qualifierai d ins curis e et d ins curisante C est pr cis ment au regard de cette probl mati
20. vigueur au sein de la soci t coutumi re mossi Dans la modernit de cette r gion d Afrique ins curis e tout se passe comme si une forme d individualisme 2 qui n implique pas ici le d sassujettissement 2 parvenait s articuler l univers normatif de la d pendance de l entourage propre la concorde coutumi re et ce non sans raviver la peur la violence la jalousie la ranc ur la vengeance l all geance qui saturent plus encore les relations humaines et sugg rent l id e d une r surgence des pouvoirs sorciers 22 20 Certes une certaine forme d individualisme des unit s domestiques est un ph nom ne qui n est pas r cent 21 Dans le sens donn par Alain Touraine Le triomphe de la modernit c est la suppression des principes ternels l limination de toutes les essences et de ces entit s artificielles que sont le Moi et les cultures A Touraine Critique de la modernit Paris Fayard 1992 p 46 22 F Bernault et J Tonda dir Pouvoirs sorciers Politique africaine n 79 octobre 2000 LE DOSSIER Les sujets de Dieu GESTION MAGIQUE ET GESTION RELIGIEUSE DE L ENTOURAGE Cet acc s de sorcellerie est induit par l accumulation de richesses par certains et l amoncellement de difficult s pour d autres La gestion de l en tourage par la manipulation des forces de l invisible appara t ici comme un avatar de la soci t contemporaine sah li
21. Politique africaine n 87 octobre 2002 95 PIERRE JOSEPH LAURENT EFFERVESCENCE RELIGIEUSE ET GOUVERNANCE L EXEMPLE DES ASSEMBL ES DE DIEU DU BURKINA FASO LE SUCC S DES ASSEMBL ES DE DIEU AU BURKINA FASO DOIT SE LIRE DANS UN CONTEXTE DE MODERNIT INS CURIS E O LES LIENS COUTUMIERS DE SOLIDARIT ET D ENTENTE S EFFRITENT ET O LA FAIBLESSE DE L TAT NE PERMET PAS D ASSURER LA S CURIT D UNE PARTIE IMPORTANTE DE LA POPULATION EN OFFRANT DES ESPACES PRIVIL GI S DE SOCIALIT ET EN LIANT CONVERSION ET RITUELS DE GU RISON DIVINE LES ASSEMBL ES DE DIEU S AFFIRMENT COMME UNE SOLUTION MIRACULEUSE LA SOLITUDE LA MALADIE L ADVERSIT LA SOUFFRANCE PHYSIQUE OU SOCIALE ET LA QU TE DE SOI Ce texte voudrait rendre compte du r le tenu par l glise des Assembl es de Dieu au sein de la soci t burkinab contemporaine La porte d entr e privi l gi e sera ici l observation des transformations des relations avec l entou rage voisins amis parents promotionnaires et notamment celles induites par les pratiques sociales des fid les de l glise pentec tiste Il sera donc dis cut de la gestion du rapport l entourage comme enjeu du politique soit de ce qui est relatif la soci t organis e De toute vidence il convient de prendre en consid ration un moment particulier du d veloppement de cette r gion o d une part les processus de r gulation sociale l
22. aix de concorde par l observance d abord entre soi des pr ceptes de la Bible c est dire de principes moraux En d finitive ces espoirs expriment la volont de renouer avec un cadre de vie plus normatif garantissant mieux la s curit de tous Ainsi par la stricte observance d un sys t me d interdictions les croyants instaurent un nouvel ordre qui repose sur l apaisement des relations sociales et l tablissement de la confiance entre fr res et s urs en pri re Pasteur Patrice l occasion d une pr dication Mais comprenez bien les promesses de Dieu sont conditionn es Il ne peut pas agir c t de sa parole Vous trouvez dans le Deut ronome 12 28 si tu ob is Dieu et que tu mets en pratique ses commandements l ternel ton Dieu te donnera le bonheur Cette analyse renvoie une histoire longue de la pr sence d abord d un tat colonial puis de l installation d un tat postcolonial peu effectif pour certains groupes de la population Dans le cadre de notre recherche cette aspiration un cadre de vie plus normatif renvoie en quelque sorte un appel d tat Cela met l accent sur une situation o l glise pourrait devenir la r f rence nor mative pour la vie en commun n est ce pas le cas de la cit mouride de Touba au S n gal voire dans d autres circonstances encore l tat tout court Cette situation s appr hende mieux la lumi re du r cit que me fit
23. ara chage J utilise des produits engrais insecticides fongicides Mon jardinage me rapporte beaucoup d ar gent Le protestant essaye de faire de son mieux pour t moigner J essaye de mettre en pra tique la Bible Observer une r gle de vie stricte est important La r gle est importante Ainsi par exemple une ann e j ai plant des tomates bien plus t t que tout le monde Un voleur est alors venu m arracher des plants Je savais qui tait le coupable Je suis alors parti le voir pour lui demander de ne plus faire cela Mais je suis parti chez lui de mani re ne pas lui donner la honte yande ainsi il a compris l intention que j avais LE DOSSIER Les sujets de Dieu LA GOUVERNANCE PENTEC TISTE COMME UNE FIN PROVISOIRE L IND CISION Ce qui frappe imm diatement le lecteur de travaux consacr s aux autres glises pentec tistes notamment du Br sil du Mexique de Cor e d Afrique du Sud du Ghana ou encore du Nigeria c est une certaine similitude dans l expression du malheur se traduisant par la symbolique du corps poss d des fid les afflig s et soulag s gr ce l exorcisme pratiqu par des croyants investis du don de gu rison d une part et d autre part dans un rapport quo tidien la Bible laquelle devient un v ritable mode d emploi du monde permettant de discriminer le bien du mal par l exp rience personnelle de la puissance divine et l motion de la communaut croyante 7 Tout se passe
24. ardan dir La corruption au quotidien en Afrique de l Ouest EHESS IUED IRD rapport final octobre 2001 12 Voir B Badie L tat import L occidentalisation de l ordre politique Paris Fayard 1992 13 Notamment en mati re fonci re ou matrimoniale 14 Roman d Amadou Hamp te B 15 Voir P J Laurent Une association de d veloppement en pays mossi op cit 16 P J Laurent L espace public dans une ville mergente d Afrique de l Ouest art cit 17 Le sens de la concorde civile renvoie l id e de tenir conjointement la m me corde et de la tirer dans le m me sens admirablement peinte durant le trecento pour le palais public de Sienne par A Lorenzetti Voir le d bat entre J P Changeux et P Ric ur Ce qui nous fait penser La Nature et la R gle Paris Odile Jacob 1998 notamment le chapitre 6 Le d sir et la norme Voir aussi L Boltanski et L Th venot De la justification Les conomies de la grandeur Paris Gallimard 1991 LE DOSSIER Les sujets de Dieu dans le sens ici de l acceptation par tous d un principe sup rieur commun permettant de contenir dans l admissible les d saccords reste difficile instaurer Autrement dit il se fait jour un d ficit de confiance entre tous les membres de la soci t et c est ce d ficit que viennent pour leur part combler les Assembl es de Dieu Ou si l on veut l tat actuel de d fiance samb sambe exprime un
25. c ur de l tablisse ment de ce type d accumulation et pr cise encore le sens donner l id e d une modernit ins curis e Ce qui para t vaciller dans ce climat de suspicion sapant la confiance dans la parole de l autre est l tablissement d un lien social pacifi d faut les rela tions avec l entourage s tablissent sur le doute la crainte la peur la ranc ur et la recherche d un modus vivendi bas sur l accumulation r elle ou suppo s e de puissances magiques f tiches ou physiques en vue d tablir dans l imaginaire et ou concr tement un quilibre fond sur la crainte de la vio lence poss d e par l autre violence cens e la fois le prot ger et menacer son entourage Autrement dit c est la violence que je peux mobiliser titre personnel qui permet d instaurer la relation l autre Ce processus n est toutefois que le revers d un principe moralisateur rencontr dans les glises plus que jamais impliqu es dans la gestion des forces de l invisible Ainsi l glise pentec tiste et plus particuli rement les communaut s protestantes rassembl es autour de leur pasteur se montrent capables d tablir un climat de s curit et de confiance sur la base du respect des principes divins La confiance est avant tout restaur e entre fr res et s urs en pri re qui respectent le m me sys t me d interdits Par la conversion au pentec tisme la perception des relations
26. e aux yeux des populations sur un processus normatif largement import 2 ou du moins loign de leurs pratiques 5 Il jouit d une faible l gitimit car il demeure toujours partiellement identifi une affaire de Blancs et face lui l image de L trange destin de Wangrin 4 l attitude jug e la plus digne reste la ruse Dans ce sens la notion d espace public est consid r e comme une intention vertueuse identifi e l image officielle qu il convient d afficher l adresse des partenaires occidentaux 1 Les institutions d mocratiques laissent alors appara tre leur nature h t ronome l espace public peut dans ce cas ressembler un trompe l il 16 Les groupes de population confront s la fois la fragilisation du monde coutumier et l amenuisement de kis sida r gom la confiance de la parent et de wum taaba moogho l entente de la soci t mossi mais galement une quasi absence de g n ralisation de nouveaux rapports de confiance inh rents l ensemble de la soci t contemporaine concorde civile vivent dans la hantise de ne plus disposer de recours dans l adversit D s lors le sentiment d ins curit s accro t en m me temps qu est survaloris e l appartenance des r seaux sociaux de nature soit magico religieuse soit politico conomique ou encore des r seaux sociaux compos s de parents de voisins et d amis Je propose d utiliser le terme de
27. e absence de conciliation entre l int r t de l individu et la solida rit sociale De sorte qu il me semble possible de parler d inexistence de l es pace public tant entendu que celui ci n est pas quivalent aux espaces collectifs de la soci t coutumi re mossi D s lors que l absence de l tat est av r e dans certaines situations l institution d affaires publiques peut s observer dans des espaces particuliers avec ou sans relation l tat Ainsi l laboration de services publics peut renvoyer un espace de gouvernance celui que constitue un march un h pital ou encore un p rim tre mara cher qui n est pas forc ment explicitement reli l tat La bureaucratie africaine peut alors se caract riser par le despotisme et les privil ges accord s aux connaissances la personnalisation des relations s oppose ici l anonymat d une bureaucra tie au service des citoyens L environnement de la modernit ins curis e renvoie au moment par ticulier de la g n ralisation de la propri t individuelle et l mergence en l absence d un v ritable espace public garanti par l tat de droit d une forme de protocapitalisme en mesure de r guler c est dire d apaiser les relations entre les personnes En cons quence les rapports sociaux restent essentielle ment magiques r gl s par le truchement de la manipulation de forces invisibles que traduisent l mergence sans pr c dent d un
28. e forme de sorcellerie in dite ce jour et le d veloppement de mouvements religieux C est donc aussi la permanence d une pens e magique religieuse et d une conception de la per sonne certes en voie de transformation mais toujours essentiellement bas e sur un moi compos de plusieurs instances qu il conviendra de prendre en compte 8 Ce moment particulier conduit une v ritable crise sorci re 1 se nour rissant de la crainte inspir e par l amenuisement de kis sida r gom soit de la confiance de la parent Pour sa part l entente wuum taaba soit l id ologie de la gestion consensuelle des relations entre les lignages propre la soci t cou tumi re mossi peut se transformer en une loi du silence v ritable omerta devant les probl mes rencontr s dans la gestion de biens collectifs en l absence d un v ritable espace public garanti par des pouvoirs institu s et des ins tances de contr le Tout se passe comme si l accumulation faisait peur aussi bien celui qui s y risque en raison des jalousies qu elle suscite et des incer titudes qui p sent long terme sur la p rennit des ressources qu celui qui s estime injustement cart des principes de l entraide coutumi re kis sida et Politique africaine fos Effervescence religieuse et gouvernance wuum taaba par l go sme selon lui de celui qui amasse La d pendance mutuelle soit le recours potentiel l entourage reste au
29. elle l glise des Assembl es de Dieu est impliqu e au m me titre que d autres institutions Ainsi dans la soci t coutumi re mossi la faveur de subtiles relations bas es sur le don et la dette l entourage constitue la source privil gi e de l institution de la confiance kis sida ou bas m yam de la s curit conomique et la meilleure garantie de la survie long terme Au del l objet de la poli tique pour tout un chacun devient la sauvegarde de l entente wuum taaba entre les lignages buudu par del la haine b ma la jalousie soukiri et le d sir d accumuler pour soi En d autres termes ce que je propose de nommer la concorde coutumi re privil gie l entente et vite par dessus tout les conflits elle n est assimilable ni un principe de justice qui expliciterait le vrai du faux ni la distinction tablie entre la propri t individuelle et les biens publics dans la concorde civile Je m attacherai donc rendre compte des processus internes de transformation de la soci t ainsi qu tudier la parti cipation des groupes locaux l dification de la soci t burkinab contem poraine Pour rappeler les termes de ce d bat j ai le plus souvent utilis ici les termes de soci t mossi pour d signer la soci t mossi telle qu elle se donne voir aujourd hui de soci t mossi coutumi re pour attirer l attention du lecteur sur le processus diachronique de
30. enne En d autres mots la crise sorci re ambiante vient r soudre de mani re in dite le d licat dilemme de l accumulation dans un environnement qui garantit imparfaitement la recherche de la s curit conomique et sociale de la majorit de la population La sorcellerie d faut de mieux devient la s curit sociale du pauvre car les nantis toujours incertains de l avenir ont eux aussi gard un pied dans l en grenage du recours l entourage en cas de difficult Dans cette ambiance de modernit ins curis e les relations de parent et plus m taphoriquement le village demeurent un repli potentiel lors des revers de fortune Il est ainsi tr s courant de rencontrer des citadins maintenant des contacts avec les parents rest s au village Les ressortissants pour reprendre le d signatif villageois se r v lent d ailleurs tr s sourcilleux sur les droits fonciers cou tumiers montrant ainsi que le mythe du retour au village certes comme notable par exemple au milieu d une exploitation agricole moderne traverse les r ves de plus d un fonctionnaire Les villageois prompts la flagornerie les r cup rent alors ais ment dans leurs r seaux de d pendance car sensibles l importance qui leur est accord e les ressortissants sont constamment sollicit s pour r soudre les probl mes de famille buudu tels la scolarit des jeunes rest s au village les hospitalisations co teuses
31. ent la concomitance de deux syst mes s mantiques est bien mis en vidence dans le t moignage de cette fid le lors d une c r monie collective de d livrance Je suis professeur l universit Les m decins m ont dit que je ne pourrais pas accoucher mais aujourd hui j ai un fils la foule crie et applaudit J sus peut tout et j en suis t moin Je tenais avoir un enfant et j aurais tout d pens pour a Je ne veux pas me vanter mais mon mari avait les moyens J ai donc tent tout ce qu il tait possible de faire mais en vain et comme je suis v t rinaire je peux dire qu en mati re de reproduction je m y connais Je suis protestante mais je ne croyais pas au miracle Je ne voulais pas prier pour cela parce que de toute fa on je pensais que ce n tait pas mon genre Non je ne voulais pas me rabais ser ces croyances Un jour on m a dit qu l glise de Tanghin barrage il y a un homme qui prie et que Dieu accomplit des miracles par son interm diaire Quand je suis venue chez lui pour le consul ter il m a dit que je souffrais d un blocage et qu aucun m decin ne pourrait me soigner Et il m a dit de prendre la d cision d ob ir Dieu et il m a donn deux semaines pour reve nir lui dire que j tais en d but de grossesse Je suis rentr e chez moi je doutais encore du Dieu de miracle mais je tenais tellement avoir un enfant Le lendemain j ai fouill toute ma vie et tout ce que j ai fait
32. es de l Esprit saint relay es par des croyants gu risseurs de r soudre solitude maladies souffrance ch mage et adversit Aujourd hui il convient de se situer dans un contexte singulier d rosion de la capacit coercitive de la concorde coutumi re mais si l accumulation est souhait e elle est rarement atteinte La modernit ins curis e met l accent sur le constat que la pr sence envahissante des autres par l expres sion des d sirs des individus sujets de la modernit qui s expriment de plus en plus ouvertement devient chaque jour plus insupportable Confron t s pareille situation les croyants gu risseurs des Assembl es de Dieu r pondent en imposant la conversion une autre puissance qui doit per mettre aux fid les de se mouvoir dans la soci t contemporaine burkinab o les formes coutumi res du vivre ensemble kis sida et wuum taaba certes diabolis es jouent cependant toujours un r le celui o les strat gies de survie pour une majorit de personnes n cessitent pour un temps encore la recherche d un modus vivendi fait de dons et de dettes avec l entourage les parents voisins amis promotionnaires Si la pri re de d livrance des d mons a toujours appartenu au rituel des Assembl es de Dieu du Burkina Faso son institutionnalisation sous une forme collective et hebdomadaire s est g n ralis e dans le milieu des ann es 1980 en m me temps qu est apparu le ph
33. eut tre parce qu ils ont assez d argent En tout cas le paysan qui n est pas suffisamment ais se m fie beaucoup de cr er des ennuis la famille il pr f rera parfois viter de cr er un probl me avec la famille plut t que de rechercher un profit C est dans ce sens que l imaginaire politique est ici structur par des forces invisibles dont la manipulation permet de jouer avec des sentiments tels que la crainte le doute et la peur qui conduisent l endettement au don et donc la d pendance qui s curise et que viennent manier pour leur part les pen tec tistes La prise en consid ration des esprits devient une condition de la survie populaire Et cette donn e est pleinement assum e travers les rituels de gu rison organis s par les glises des Assembl es de Dieu La prise en consid ration par les protestants des forces de l invisible glo balement identifi es la ranc ur la jalousie la haine la pers cution la d pendance la dette du lien social gravite autour des pathologies du vivre ensemble et donc du politique La croyance dans un imaginaire poli tique travers par des forces surnaturelles conduit les fid les mettre en uvre les l ments d une r interpr tation culturelle dans le but de s adap ter aux al as d une soci t aux prises avec de profondes transformations Pasteur Jo l Depuis mon arriv e au village chaque ann e je fais du m
34. hommes de tenue Ac des protections magiques dont des autorit s J ai commenc comprendre que ce que je faisais je le vivais comme un fardeau Bien s r j tais bien pos je gagnais beaucoup d argent mais la nuit surtout lorsque je dor mais les kinkirse venaient J ai eu tr s peur de mourir cette poque beaucoup de choses se passaient dans ma vie et se bousculaient dans ma t te c est la parole de Dieu qui commen ait arriver Les kinkirse les g nies taient l en m me temps que le Saint Esprit Aujourd hui j ai compris que l Esprit saint voulait que je quitte le monde satanique Ainsi la conversion aux principes thiques formul s par la Bible et la par ticipation aux rituels de gu rison anim s par les croyants gu risseurs 24 peuvent tre interpr t es comme la recherche d un lieu d apaisement o s exprime la confiance entre fr res et s urs en pri re L aspiration une nouvelle synth se y est forte elle met en jeu d une part certains principes de la concorde coutumi re d autre part le souhait de l individu d acc der une forme de consommation de biens Pasteur Isa e Je m en souviens c tait un mercredi de janvier 1997 Acqu rir une moto est une grande chose et ce n est pas simple j ai demand aux fr res et aux s urs de prier pour moi pour que je puisse l utiliser en paix Ensemble nous avons pri et le Seigneur s est r v l
35. ignage et instaure un consensus autour d un id al de biens collectifs Cette production imaginaire des biens collectifs consiste dans le maintien toujours potentiellement possible de l acc s de tous aux biens de chacun Ces premiers l ments qui brossent gros traits les contours de la concorde coutumi re tant rappel s je propose pr sent de rendre compte des cons quences sur la vie collective des tentatives d institutionnalisation d une forme de concorde civile travers la triple influence de la colonisation des ins tances de la coop ration au d veloppement et des institutions internationales 6 Voir ce propos P J Laurent S mantique populaire du d tournement dans les associations de d veloppement en pays mossi Burkina Faso in G Blundo dir Monnayer les pouvoirs Espaces m ca nismes et repr sentations de la corruption Gen ve Paris Cahiers de IUED PUE n 9 2000 pp 221 248 Le big man local ou la gestion coup d tat de l espace public Politique africaine n 80 d cembre 2000 pp 169 181 et L espace public dans une ville mergente d Afrique de l Ouest Aux fronti res de la th orie des conventions l anthropologie prospective Recherches sociologiques XXXII 1 2001 pp 101 126 7 Cela n est pas sans rappeler l id e majeure de Claude L vi Strauss pour qui l alliance le mariage repose sur une confiance r ciproque faite de contrats et de dettes
36. ion de la soci t et sur la crainte entretenue par les tenants des pouvoirs locaux c est dire les personnages en mesure d imposer wuum taaba tengnaaba le chef naam tengsoaba le chef de terre tim mor soaba celui qui poss de des rem des nin g indi litt ralement l homme tendon l homme public silimsoaba l homme dignement rus po s gens du pardon baga le devin de ruiner la s curit conomique et sociale qu offre la collectivit savoir le recours l entourage dans l adversit 8 L entente r side donc dans un arrangement entre les lignages pour juguler les in vitables conflits inh rents la vie collective sans pour autant vider la querelle Cependant elle ne porte pas uniquement sur un mode de gouver nement des personnes elle participe aussi la production de biens particuliers L entente comme mode de relations entre les lignages qui composent la soci t vient contrecarrer les forces centrip tes propres aux rapports de confiance tablis entre parents En quelque sorte l espace lignager manifeste une tendance la r tention des biens qu il est possible d assimiler des biens priv s En cons quence c t de ce qu il conviendrait d appeler les biens priv s lignagers les biens collectifs repr sentent la perception qu ont les autres des biens qu un lignage particulier consid re comme lui appartenant Dans ce sens l entente limite l appropriation des biens par un l
37. mossi coexistent aujourd hui plus qu hier comme par empilement diff rentes sources de pouvoirs et de contre pouvoirs sans qu aucun ne puisse vraiment s imposer Cette situation a favoris l ins curit la d fiance et la corruption Il s agit d un moment particulier de g n ralisation de la propri t indivi duelle et de l mergence d une forme de protocapitalisme en l absence d un v ritable espace public garanti par des repr sentants de l tat de droit en mesure de r guler c est dire d apaiser les relations conflictuelles entre les personnes d faut d un m canisme de r gulation de la violence inh rente Politique africaine has Effervescence religieuse et gouvernance la vie en commun la conduite de la collectivit est laiss e la discr tion d un face face permanent entre les individus o les confrontations r elles ou suppos es entre puissances magiques offensives ou protectrices deviennent la norme Limit dans sa capacit de promouvoir un climat de s curit et de confiance pour la majorit des citoyens l tat postcolonial ajust et d centra lis a conduit une crise de confiance elle se solde par un acc s de sorcel lerie induit par une augmentation des in galit s sociales Dans les quartiers populaires de Ouagadougou les glises protestantes s affirment comme un lieu de grande socialit et se montrent capables travers les manifestations mira culeus
38. n des groupes vivent dans la peur et la crainte de l autre dans l omnipr sence de la violence et de la vengeance Comme on le voit la soci t issue de la crise sorci re favorise l mergence de personnes dot es d une double personnalit et donc potentiellement affect es par des troubles de pers cution C est pr cis ment leur chevet que se portent l glise des Assembl es de Dieu et plus particuli rement les croyants gu risseurs Les troubles de la pers cution ou encore les troubles du vivre ensemble renvoient une situation o des personnes sont anim es par la volont d ad h rer une certaine forme de vie occidentalis e mais o tout se passe comme si la d cision sur la mani re d y parvenir restait impossible prendre La permanence de l ind cision renforce l espoir d difier une synth se in dite entre des modes d existence Le travail syncr tique repose ici sur une souffrance engendr e par une ind cision qui semble se commuer en un mode de gestion Les h sitations qui en r sultent mergent d un brouillard identitaire produit d une attente sans cesse prorog e en raison d un choix impossible faire 24 Croyants gu risseurs wend nor ressa l interpr te de Dieu ou wend nam tem tuumd da celui qui fait le travail de Dieu fid les baptis s de l Esprit saint et qui poss dent entre autres dons celui de gu rison les croyants gu risseurs se situent le plus souvent
39. n l entourage se rappelle au bon souvenir du fid le dont les anciennes appartenances identitaires continuent d exister Politique africaine 109 Effervescence religieuse et gouvernance Ensuite a contrario l o s amenuisent les tissus organisationnels de la soci t coutumi re en milieu populaire citadin surtout mais d sormais aussi en milieu rural la diabolisation de l autre l uvre chez les protestants peut conduire la faveur d une contre manipulation des forces de l invisible par un croyant gu risseur par exemple r introduire de nouveaux liens de socialit d autres rapports de d pendance et de confiance Ainsi l offre de gu rison des Assembl es de Dieu vise amener les malades l vidence de la conversion c est dire imaginer de nouveaux rapports l entourage Dans ce cas se convertir et donc gu rir quivaut sortir de la confusion et donc trouver une issue un choix jusqu ici impensable entre les principes de la concorde coutumi re de la recherche de la s curit et les principes inh rents la concorde civile C est dans ce sens que les Assembl es de Dieu repr sentent une voie bri col e de gestion des rapports sociaux une voie tr s diff rente du chemin trac par les nouveaux pouvoirs sorciers qui articulent l ins curit et la violence La gestion sorci re de la vie commune repose sur un sentiment largement partag de pers cutio
40. n que l agression Les f ticheurs terme g n rique utilis pour d signer ici l appari tion r cente d une grande diversit de voyants offrent leurs services indiff remment aux parties en pr sence V ritables aiguilleurs d une com munication trange entre des groupes humains rivaux mais partageant les m mes croyances ils assurent aujourd hui un r le non n gligeable dans le gouvernement de la vie collective Dans cet environnement les glises des Assembl es de Dieu peuvent tre comprises comme une autre voie la mani pulation magique des rapports entre individus Et dans ce sens on y d c le un d sir de vivre en paix Pasteur Isa e En fait les kinkirse g nies me faisaient peur Ils ne me laissaient pas tran quille car j avais beaucoup de choses faire pour les servir je les invoquais par des for mules et ils taient oblig s de venir Je savais qu ils pouvaient m emmener l o je ne vou lais pas j avais tr s peur de cela Sans cesse les esprits venaient la nuit pour me demander de les accompagner je ne pouvais plus dormir Cependant ce qui me faisait encore plus 23 Dans le sens ici de personnages cens s voir c est dire expliquer et manipuler les relations invisibles et magiques de l entourage et donc de la vie commune dans son ensemble LE DOSSIER Fos Les sujets de Dieu peur c tait le nombre de plus en plus grand de personnes qui me sollicitaient pour obtenir et des
41. ors de la c r monie finale le pasteur Charles a d clar avoir eu des probl mes de reins mais que gr ce la pri re la douleur tait partie Il a ajout qu il croyait tre compl tement gu ri Plus tard lorsqu il m a rendu visite chez moi Ouagadougou le mal avait repris J ai pu lui expliquer la cause de sa maladie elle tait due des sorciers Je lui ai expliqu qu un jour il a d trouver en dessous de son bureau un bout de tissu avec trois aiguilles munies de fils de couleurs diff rentes Il aurait pi tin le f tiche d pos l par quelqu un qui vou lait lui nuire pr sent le f tiche le poss de dans la s mantique des Assembl es de Dieu il s agit moins de possession de g nie que du d mon Dieu m a alors r v l en songe que les membres de sa coop rative dont il est responsable voyaient sa maison au centre d une grande cage De nombreux singes taient accroch s aux parois ext rieures de la cage Les animaux poussaient des cris et ils passaient leurs mains travers le grillage Et lui le pas teur se trouvait au centre de la cage avec sa famille Le d fi des protestants consiste vouloir par dessous tout s loigner des modes de r gulation propres la soci t coutumi re en empruntant malgr tout certains de ses principes d faut de mieux semble t il Rasams Ouedraogo croyant gu risseur Ouagadougou Pendant l pid mie de m nin gite je vous ai
42. otable gestion des d chets les populations produisent sans forc ment attendre les injonctions de l tat des formes diverses d orga nisation collective ou encore de gouvernance titre d exemple il suffit d vo quer les modes d urbanisation et de gestion de la vie en commun de villes comme Ramatulaye au Burkina Faso Im co au B nin ou Touba au S n gal Les glises constituent un de ces modes L installation de l glise des Assembl es de Dieu au Burkina Faso date de 1921 Depuis le d but du xx si cle et partir de l glise m re aujourd hui situ e Springfield au Missouri plusieurs implantations missionnaires se sont tablies sur le continent africain En 1999 l occasion de leur 85 anniver saire c l br en grande pompe aux tats Unis les Assembl es de Dieu reven diquaient 32 millions de fid les 1 208 coles bibliques et 174 657 lieux de culte r partis dans 158 pays t Les communaut s les plus importantes se trouvent au Br sil avec pr s de 13 millions de fid les2 aux tats Unis avec 2 5 millions d adh rents les glises du Nigeria du P rou et de Cor e comptent plus de 1 mil lion de convertis5 celles du Mexique d Argentine et du Burkina Faso ras semblent chacune environ 0 5 million de fid les Les Assembl es de Dieu appar tiennent au mouvement pentec tiste moderne qui merge aux tats Unis la fin du x si cle au sein des communaut s de R veil du Saint E
43. que que je propose d analyser la place de l glise pentec tiste au sein de la soci t ENTRE LA CONCORDE COUTUMI RE D LIQUESCENTE ET UNE CONCORDE CIVILE EN TROMPE L IL LA GOUVERNANCE PENTEC TISTE Je propose comme pr alable de pr senter de mani re sch matique ce qui a t progressivement tabli dans des recherches pr c dentes J avais sugg r avant tout par souci de sch matisation et donc de clarification de l expos de r server la notion de concorde coutumi re aux formes de la survie collec tive ou de la recherche de la meilleure s curit conomique sociale et politique pour un individu et plus largement pour sa famille buudu segment de lignage lorsque celle ci repose sur le recours l entourage d abord celui que consti tue la parent groupe de filiation et d alli s ensuite celui que repr sentent les autres lignages Ce processus de recherche de la s curit par la d pen dance de l entourage s appuie sur deux grands principes l instauration de la confiance kis sida au sein de la parent surtout et l imposition de l entente wuum taaba entre les lignages qui composent l ensemble de la soci t mossi Le premier principe consiste instaurer la confiance entre des personnes dans le cadre restreint du groupe de parent r gom constitu sur la base de la filiation et de l alliance Autrement dit kis sida se rencontre avant tout au sein de la parent ce qu
44. se trouve partiellement pr serv e en m me temps que demeurent hypoth tiques les principes de la vie en commun l uvre dans la concorde civile et notamment l instau ration de l espace public Cette aspiration vivre dans un environnement apais s observe gale ment dans l activit d vang lisation des fid les des Assembl es de Dieu Ces derniers tentent par leurs pratiques de convaincre les autres les impurs du bien fond des r gles qui r gissent la vie de la communaut pentec tiste identifi e l uvre de Dieu afin d tendre au plus grand nombre par le t moignage de l excellence d une vie sainte rayonnant dans la noirceur du monde identifi selon eux une certaine lite corrompue le respect de leurs principes thiques Vue sous cet angle la fougue missionnaire des pentec tistes tend difier sur terre les conditions d un mode id al de gou vernance et la cit de la Toute Puissance La crise sorci re qui s installe fruit d un d ficit de l gitimit de l tat nation autant que de l lucidation partielle des processus de r gulation des soci t s coutumi res renvoie paradoxalement une forte perc e de l indi vidualisme en m me temps que se perp tuent des modes magiques enchan t s de contr le de l entourage par le truchement de manipulations sorci res Celles ci n anmoins diff rent notoirement de celles qui sont en
45. sprit L glise des Assembl es de Dieu du Burkina Faso a jou un r le important dans l expansion du mouvement pentec tiste sur le continent africain Il est fr quent de rencontrer aujourd hui des pasteurs mossi la t te de missions ins tall es dans diff rents pays du continent De m me l influence des Assembl es de Dieu burkinab sur les glises s urs d Afrique est notoire La mouvance pen tec tiste du Burkina Faso dans laquelle s inscrivent les Assembl es de Dieu est estim e 500 000 personnes soit environ 5 de la population totale du pays C est donc par leur efficacit et leur capacit d organisation que les pentec tistes minorit agissante jouent un r le notoire au sein de la soci t burkinab Ce texte s appuie sur une longue observation des pratiques des fid les des glises des Assembl es de Dieu et notamment de leurs implications dans l dification des villes mergentes du Burkina Faso Avec comme fil conduc Politique africaine 97 Effervescence religieuse et gouvernance teur l observation de l institution et de la gestion du capital relationnel comme enjeu du politique il appara t utile de rappeler quelques principes qui ont r gi et qui r gissent encore partiellement le gouvernement de la soci t coutu mi re mossi Ces donn es permettront de mieux cerner avec toutes les nuances requises le bricolage aujourd hui l uvre autour de la gestion des affaires locales dans laqu
46. ts dont t moigne l effervescence religieuse qui traverse aujourd hui le plateau central Au regard de ce contexte singulier la concorde civile appa ra t comme un point de vue normatif import essentiellement au d part du moins par des acteurs ext rieurs Si ce constat est fond il convient de rendre compte de ce qui se passe dans la gestion des rapports sociaux et des biens collectifs lorsque la concorde coutumi re se trouve mise mal et que la concorde civile n est pas r ellement en mesure de s imposer La difficult d une telle situation peut s noncer de la mani re suivante Dans un environ nement de modernit ins curis e quand l tat n est pas en mesure de garantir durablement la paix l enseignement la sant la s curit sociale et conomique pour une majorit de la population la g n ralisation de kis sida la confiance qui r git les relations de parent dans la soci t coutumi re mossi pour atteindre une forme de confiance largie tous les membres de la soci t 9 Voir ce propos A Esteves P J Laurent et J P Peemans Stabilit politique ethnicit et dimensions socio conomiques de la gouvernementalit locale Bruxelles AGCD 1996 10 J P Olivier de Sardan Dramatique d liquescence des tats en Afrique Le Monde diplomatique f vrier 2000 pp 12 13 11 Voir G Blundo dir Monnayer les pouvoirs op cit et G Blundo et J P Olivier de S
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