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Numéro 4 - Revue Squeeze

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1. Hiver 2011 Jordi Cardoner m Nimzowitsch m Le Golvan m Maud Saintin Antonella Fiori m Rip m Fran ois Cosmos Richard Maurel Salima Rhamna Janine Martin Sacriste m Isabelle Monin m Lemon A Num ro 4 E Aux environs La bo te aux lettres de la rue Baru de Jordi Cardoner Scandale Dieu est un crime contre l humanit de Nimzowitsch Fulgure Huile de rein de Le Golvan Aujourd hui Laisser tomber Claude S rillon de Maud Saintin De l utilit de l art Nietzsche dans le souterrain d Antonella Fiori Buzz ditions de l Abat Jour L Interview Franck Joannic Rencontre du troisi me type l h tel Redford de Rip La pi ce manquante de Fran ois Cosmos Ungeziefer de Richard Maurel O la banlieue volcanique voque l Orient de Salima Rhamna Texte libre Tonton taxi de Janine Martin Sacriste Texte libre Le premier jour o je suis mort je n ai pas pleur d Isabelle Monin Feuilleton Hot 5 de Lemon A Copinage RUBRIQUES MODE D EMPLOI Aux environs rubrique de proximit dans laquelle l auteur voque un v nement un espace ou un l ment culturel local r el et identifiable De l utilit de l art cette rubrique est centr e sur l aspect purement utilitaire que l on peut associer une uvre d art un artiste un mouvement esth tique Scandale cette rubrique se consacre la pol mique L auteur y d veloppe une argumentation mordante et implacable l encontre d
2. 2012 Les auteurs et Squeeze Spile o
3. Il avait l air de vouloir pleurer sa petite lettre la main Il faisait non de la t te il ne voulait pas la mettre l dedans Alors la m re dedans elle est sortie Elle lui a prise la lettre des mains et elle l a mise dans la bo te Dans la bo te lettres au coin de la rue Baru Comme je le comprends ton caprice mon petit Comme je n aimerais pas moi non plus introduire ma lettre au p re No l dans ce trou puant Ce n est plus de la correspondance ce stade c est du fist fucking Comme je le comprends ton caprice mon ange Tes joujoux par milliers sont couch s sur le papier et on dirait que ce cloaque jaun tre les dig re peu peu Mais ne t inqui te pas mon petit je les surveille tes joujJoux Je veille ta lettre comme le marchand de sable veille ton sommeil Ou comme le p re Fouettard veille ton ducation Ou comme le p re No l veille tes futurs joujoux Tu ne me connais pas encore Pourtant je suis un personnage mythique venu du fond des ges et du fond des bistrots Connais tu mon nom Je m appelle le p re Glandeur Nourri de demis et de RMI je veille aux lettres des enfants car je n ai rien d autre foutre en ce monde Je suis le p re Glandeur et boire me donne des pouvoirs magiques Le savais tu Quand j ai trop bu j ai le pouvoir de tout multiplier par deux On dit que je vois double C est faux Je vois pour toutes les choses de ce monde son partenaire
4. RUZZ ditions de l Abat Jour Rencontre du troisi me type l h tel Redford Rip Knack mon agent litt raire non r mun r se paye un trac de dingue depuis qu il nous a d croch un rendez vous au bar de l h tel Redford avec Monsieur Tezuka l diteur milliardaire germanopratin dans toute sa splendeur en vue d une possible publication de mon manuscrit Le Gal rien des toiles uvre que je qualifierais hum quelque part et en toute humilit hein de compilation romanesque d Odyss e aux petits pieds pour reprendre l expression d un critique anonyme que je f licite au passage pour sa discr tion Je suis quand m me un peu surpris car Monsieur Tezuka conna t d j plus ou moins mes textes plut t moins que plus suppoz je et selon les ragots les trouve je cite atrocement vulgaires Chacun mesure toujours selon les ragots quel point un diteur milliardaire germanopratin dans toute sa splendeur peut ex crer la vulgarit Knack me briefe sur la strat gie Causerie d avant match Tu t occupes de rien je g re Ok Knacky Comment tu te sens l hein mon poulain des toiles Bien l impek Keskya j te sens pas Putain je d croche le rencard du si cle avec un des plus gros man de la place de Paris et toi t es tout mou sans r action Nanwa Knack t inqui te tout baigne chui op Bon une fois sur place surtout tu me laiss
5. tous les Montpelli rains de respecter ton uvre et de ne jamais grand jamais nettoyer la bo te lettres au coin de la rue Baru Car dans sa gangue de fente la bo te lettres de la rue Baru restera monolithe f cal l o l me de l homme a d j disparu ocancale anale Dieu est un crime contre l humanit Nimzowitsch Dieu est un crime contre l humanit Marie tait bien plac e pour le savoir elle allait la messe tous les dimanches La couverture id ale dans tous les polars le tueur en s rie tait un geek qui passait l acte un marginal n vros qui occupait ses Journ es tapisser les murs de sa cave d articles de presse consacr s ses macabres exploits Elle elle tait int gr e la communaut et la communaut le savait bien Elle avait des enfants elle allait voter elle signait les p titions on la voyait souvent au march ou la biblioth que Sa vie enti re tait un alibi offert la vue de tous Elle attendait l assise toujours la m me place sur les longs doigts noirs des bancs Les gens s asseyaient toujours la m me place Ils faisaient toujours la m me chose La r p tition des actes et des mots l angoissait Les animaux aussi faisaient toujours la m me chose En les regardant se singer ainsi mutuellement chaque semaine assis insipides patiemment soumis Marie tait de plus en plus convaincue que l volution des esp ces ne signif
6. Laisse j me suis juste foutu un peu de sa gueule elle m nervait avec ses mani res Mytho je croyais que son 95D te rendait fou d amour Nan mais j te jure elle a une voix de canard c est hypra g nant en fait a fait mal pour elle Tu voulais te la faire comme La Divine sauf qu entre les pattes de la Komodo ne pend pas Zanini Je l ai regard e comme a il plisse son nez J ai fait comme a avec mes mains simule une convulsion et j y ai dit c est dommage t as du talent mais t as pas de bras Pu tain le bourriiin Tu m tonnes qu elle aye flipp la meuf elle a d te prendre pour un timbr int gral Tu rigoles je lui ai fait le coup de l artiste corch vif myst rieux et tout Merde t es trop naze comme dragueur Les filles faut les faire r ver les flatter rentrer dans leur d lire princecharmantesque Sur leur lit de mort elles l attendent encore le Prince Charmant Sgier 21 28 Speeze H h tant que y a de la vie y a de l espoir Toi t as plut t jou la carte du Prince Chamane Genre magicien noir Cha ipa moi fallait lui dire J adore tes seins ou si tu me suces j ai des places pour le concert de Marylin Manson un truc un peu aimable quoi Ne plus nourrir le chat de l artiste rat changer sa liti re quand m me Le soleil se l ve et se couche quinze fois Je re ois un mail de Tezuka
7. je m effondrai sur le sol lentement mais non sans ressentir une immense douleur au creux de mon ventre Je restai allong sur le flanc et vomis ma rage en long flots r guliers et pais Je respirais encore plus lentement apr s cet inutile acc s de col re Je me sentais mieux Je me suis relev calme et indiff rent au monde et rentrai chez moi soulag d un poids dont j ignorais la nature J avais d j tout oubli et m amusais cette fois de tous ces gens qui faisaient mine de m avoir connu mieux que personne et qui se retournaient sur mes pas graves et inquiets dans les rues sombres du soir craignant pour de bon que je les aie entendus Le troisi me jour J ai eu tr s peur cette fois Peur de m tre tromp de vie Toujours aucun changement dans le regard de ma femme ce matin encore mais cela m tait gal elle m tait d ailleurs devenue tr s abstraite moi aussi Une id e de ma femme m me plus un souvenir bien clair J ai tout de m me pris le parti de suivre de nouveau cette route qui me conduisait vers l in vitable r v lation Et c est ainsi que J appris que cette inconnue m aimait plus que tout au monde et que je l a1 ignor toute ma vie Un reflet dans ses yeux J avais aper u un reflet C tait bien moi dans ses yeux clatant intact Le moi d il y a vingt ans ici m me sur le parvis le jour o J ai bouscul cette belle inconnue qui s tait enfuie apr s avoir accept
8. qui fait la vomissure int ressante Auteur sans le H qu il a fum D sagr g de lis tes ratures Noblesse au champ puis le repos au d tour d un texte par del le soupirail on le retrouve parfois languide lov dans un C Son premier roman Coke de Combat est disponible aux ditions Leo Scheer Fran ois Cosmos est un crivain du dimanche matin et encore pas toutes les semaines Au Cygne noir Donostia L Invention du Pistolet Le Premier Conte du Hamac Le Quotient esth tique QE Petibou et Suva ont t publi s en ligne en 2011 par les ditions de l Abat Jour Pierre M nard a exist figure dans L Ampoule n 0 juin 2011 La Lance rompue a t publi dans L Atelier du Roman n 27 septembre 2001 sous le pseudonyme d Antoine Gauthier Sans compter plus de 70 publications alimentaires sous un autre nom Pour en savoir moins lire entre les lignes des non r ponses faites par Fran ois Cosmos aux interrogations crites de Marianne Desroziers du Pand monium Litt raire Richard Maurel est n le 14 Septembre 1960 le jour de la rentr e des classes ce qui d cidera plus tard de sa vocation de cancre Douala au Cameroun Il est professeur dans l enseignement secondaire et auteur pendant les vacances aussi bien de po mes que de nouvelles et de pi ces de th tre Entre autres sa nouvelle fantastique Le principe de la mandragore a t dit e dans le recueil th matique Pouvoir et puissanc
9. Cher Rip nous voulons publier ton Gal rien des toiles dans notre collection M nou Rencontrons nous rapidement si tu veux bien pour les modalit s etc etc C est cheulou le destin chaque fois tu crois que mais en fait nan pUZZ ditions de l Abat Jour La pi ce manquante Fran ois Cosmos Cher Monsieur Cosmos Je me permets de vous crire car je n ai personne d autre qui m adresser l id e m en est venue en lisant votre entretien avec les l ves de CM2 de l orphelinat Sainte Marie des Anges du Dieu Tout Puissant dans le bulletin municipal Je crois n avoir jamais rien lu de vous vous saurez un jour que nous ne nous connaissons pas que probablement nous ne nous sommes m me jamais crois s mais Je ne sais pas au juste pourquoi J ai confiance en vous Je Suis s r que vous saurez m identifier me retrouver et surtout que vous saurez quoi faire Certains au village pensent et disent tout haut je le sais je pourrais m me citer des noms Car Je connais au moins ceux de ceux que j ai entendus le dire que J h berge et prot ge plus d un pesant secret Que jamais par exemple on n a vu ressortir certaines des femmes que quelques uns parmi lesquels bien peu en v rit sont dignes de foi auraient aper ues entrant chez moi la brune mon bras ou dans une promiscuit peu quivoque Mais ces certains ne pourraient m me pas parvenir imaginer c
10. Elle aurait pr f r tre ailleurs ne le pouvait pas elle se serait exclue d elle m me et mise en danger Les filles taient assises c t pour faire bonne figure Elles avaient droit la messe mais pas au cat chisme Marie ne tenait pas faire du z le et ne faisait absolument pas confiance au cur Ces soup ons n taient peut tre pas fond s 1l ne tripotait pas n cessairement les gosses Elle se foutait qu il le fasse ou non Si c tait le cas 1l devait y aller sans capote rien redire la loi de Dieu tait respect e Plus elle regardait ce sale ratichon plus elle tait s re qu il avait d j d y penser Y penser souvent Y penser encore Comme elle avec les meurtres Lui ne passerait pas l acte Ou maladroitement Elle ne pouvait s emp cher de le fixer avec m pris de temps autre avant de feindre un sourire timide pour se d douaner de toute inimiti son gard On ne pouvait deviner aucune expression sur sa face glabre aucune motion humaine ne se lisait sur ce visage lisse et luisant d andro de obsol te pas plus travers ses petits yeux investigateurs de fibres optiques d fectueuses que dans les mouvements machinaux de ses m choires ruminant une st rile frustration seul son cr ne de choucas d plum trahissait quelque analogie avec un tre vivant lui donnant un air de corvid solitaire bless en lutte contre les charognards trop faible et peureux pour se d fendre vraim
11. e Didier Martin c tait d sormais sa nouvelle identit car son ancien patronyme de cancrelat tait impronon able pour des glottes humaines et pour tout dire beaucoup trop typ pour un emploi de cadre ne s tait pas simplement a De toute fa on m tamorphos en cadre informatique bancaire de surcro t mais avait Martin est un patro galement trouv toute la panoplie n cessaire l exercice de cette fonction Pyme tr s r pandu costume gris anthracite chemise bleue des mers du Sud avec cravate assortie ed EAS mallette garnie ordinateur portable t l phone mobile chewing gums la menthe d odorant sp cial aisselles plus un 4x4 Toyota pour aller faire les courses au supermarch et in vitable raie sur le c t Ainsi quip notre ex Blatta Dictyopt re du superordre des blattopt ro des devenu Homonculus Stupidus l esp ce la plus r pandue parmi les descendants du singe pouvait commencer sa premi re journ e de travail Nous avons d j dit que la m tamorphose de Didier avait b n fici d une pr paration exemplaire et il convient de le souligner une fois encore une poque o les rendements hallucinants exig s par des investisseurs press s ne permettent h las plus de remettre sur le m tier sans foi son ouvrage et cela est peut tre la preuve qui nous manquait jusqu pr sent que Dieu existe car D Martin croyait maintenant en Dieu comme la plupart des cadres du secteur bancaire
12. ons leurs veaux pourris leur cin ma d bile Putain de demeur s qui s empiffrent de beurre de cacahou te et de pancakes toute la journ e ils sont ob ses et leurs femmes sont des grosses truies J en ai ras la casquette de ce bordel Le napolitain se fout de ma gueule On a plus d embrouilles Los Angeles qu en Afganisthan Le patron s ponge le front avec la gaine matelass e de son t l phone satellite Son visage suinte et refl chit la lumi re Ils vont nous sucer jusqu la moelle Ils nous pissent la raie Tu sais ce qu il dit le Napolitain Il dit que mon caf est americano Il me fait la le on cet encul Pas assez serr le caf du patron Americano L A la campagne lectorale bat son plein descentes expropriations gardes vue contraventions r p tition la somme compl te des emmerdes officiels colle au cul du bizness C est cet enfoir de negro qui fait chauffer la merde Will Smith patron il S appelle Will Smith je dis Je veux l effacer je ne veux plus voir sa gueule je ne veux plus voir la gueule de ce connard nulle part 7 La vaisselle clate des plumes volent partout dans la pi ce un pan de rideau s est enflamm et le commando continue tirer Plusieurs types cagoul s d barqu s de nulle part Je suis d sarm 1l n y a rien d autre faire que de rester plaqu au sol La pute qui me su ait agonise c t de moi Son il fixe la lampe du pla
13. parlant soi m me en plein d lire en pleine fr n sie pire qu un repas de d mangeaisons nettoy es au savon du savoir La parole reprend ses droits Ni peur ni vertige ni profondeurs de la viscosit dans l affaissement ou dans l exaltation l amour au pas de course Devant derri re Avant apr s souvent dans le doute le plus complet Pincez moi le cul J ai envie de tous vous conna tre J entends des oiseaux J entends des voitures qui passent J entends mon c ur battre Mon sang circuler dans les veines Je suis faite pour tre nue C est un bel apr s midi Je me sers une bi re Je bois une gorg e La brume acide d une cigarette me saute la figure Elle flotte du sol au plafond Je me racle la gorge Je me retourne pour observer le souterrain Personne Je me retourne encore Rien d autre que le bruit obs dant de ma respiration Une angoisse tenace m assaille d un coup Je m approche de la sortie Je me plante l devant le ciel comme un objet Rien ne bouge Apr s quoi je regarde les immeubles qui d filent dans la rue Rien faire Je reste plant e l un instant J allume une autre cigarette Je me sens tout fait extraordinaire Les gens qui passent sur le trottoir me d visagent Ils ont plus de peur que d horreur dans les yeux Je suis debout Je fume des cigarettes Un homme marche dans ma direction Je commence par le regarder droit dans les yeux L homme s avance Et puis
14. passants se retourn rent pour contempler la sc ne d un air perplexe que d gards pour quelqu un trait comme un invit de marque par des gens dont la convivialit est souvent discr te Apr s de multiples serrages de mains et moult bourrades affectueuses il prit cong et fit quelques pas vers l entr e C est ce moment l que l accident survint La botte la fameuse botte choisit ce moment pr cis pour se d tacher brutalement du mur on suppose qu elle avait t mal attach e et s abattre sur Didier qui regarda sans grande motion le talon se pr cipiter sur son cr ne comme le faucon sur sa proie Cela fit un bruit mat un peu c urant et 1l disparut englouti corps et biens par la semelle g ante Son seul regret de courte dur e fut d tre emp ch une fois encore et si pr s du but d aller enfin son travail Il y voyait un ultime coup du sort la marque du destin Ne pouvant acc der son travail son utilit de fait devenait quasi nulle 1l pouvait donc aussi bien mourir se dit il une derni re fois in petto avant de le faire Les policiers avaient bien entendu assist la sc ne impuissants et d sol s Ils se retourn rent et dirent dans une belle unanimit Et merde Puis 1ls repartirent sans les sir nes Un passant se pencha un peu pour mieux voir ce qui se trouvait sous la botte mais 1l constata qu il ne restait rien Rien Avec plus d attention 1l aurait vu un pe
15. peine lue jamais consult e laquelle cependant toute la presse sacrifait au moins un quart de page ce qui au prix du papier demeurait une nigme Vaguement curieux 1l se souvint que son signe tait bien s r capricorne et lut avec difficult cause d une poitrine d cid ment tr s Volumineuse le paragraphe qui suit Aujourd hui vous serez litt ralement transport par la rencontre d un homme et d une femme qui voudront tout savoir sur vous et votre vie Pour autant qu il le puisse il fit une moue mi sceptique mi enthousiaste qui indiquait essentiellement qu elle n indiquait finalement pas grand chose Les soubresauts m talliques de la rame le men rent tant bien que mal la station Madeleine o il se laissa jecter par le flot press des banlieusards grognons et d j fatigu s L entrelacs des couloirs malodorants d bouchait sur un palier qui supportait deux escaliers roulants et le grincement geignard d une guitare qui avait connu des jours meilleurs du moins fallait 1l l esp rer En tout cas Didier remerciait le Ciel le hasard ou Tchernobyl d avoir t m tamorphos en cadre informatique du secteur bancaire et non pas en guitare dans le r seau m tropolitain Il s arr ta n anmoins pour couter les vocif rations intermittentes de l artiste plus parce qu il pensait que c tait l usage que par r elle conviction Car notre r cent cadre informatique tait d sor
16. sentations d usage on en arriva au vif du sujet la profession Quand Didier Martin non a ing nieur en informatique de gestion le bourreau du clavier s arr ta net Vous avez dit Ing nieur informatique de gestion dans un grand organisme bancaire Le sous officier ne tapait plus rien extr mement interloqu Il ajouta m me sur un ton mi goguenard mi impressionn Et a consiste en quoi exactement La blatte s engouffra dans la br che et commen a une longue tirade sur l architecture logicielle des bases de donn es relationnelles et 7 Mais ferme cependant 8 Ce qui ne fait jamais de mal 9 Voir infra pour mesurer la difficult d une telle performance 10 Logique des applications SQL PHP pilot es par des frontaux reli s dans un intranet que l on en faisait bref un truc auquel personne ne comprend rien et pas plus h las notre sous officier au clavier martyr Qui s interloquait de plus en plus De plus et pour une raison purement contingente depuis quelques minutes le clavier de notre brave policier refusait obstin ment de r agir ses injonctions digitales Il jeta un regard sournois vers l cran et ses pires craintes se r alis rent Une poign e de caract res d une incongruit presque obsc ne commen aient comment dire grignoter son espace de travail oui c tait cela grignoter Se trouvait l toute la lie du caract re informatique ind sirable d
17. sur la chaise des pr venus l air morne et vaguement inquiet Le syst me informatique fut relanc dans un grand bip bip bip festif et on acclama Didier qui eut le triomphe modeste comme tout cafard qui se respecte C est bon c est reparti lui demanda t on un peu incr dule Oui j ai m me modifi certains fichiers syst mes pour que cet incident ne se reproduise plus Vous voulez dire que a va plus jamais sauter C est a Plus jamais jamais c est vrai Plus jamais jamais J ai m me pu r cup rer les sauvegardes de vos travaux avant que le syst me ne s arr te Vous n avez donc rien perdu Il commen a une explication assez complexe sur les causes et les effets en informatique qui fut interrompue au troisi me mot en ique par des vivats chaleureux On l installa confortablement on lui donna boire Caf Bi re Jus d ananas Un petit remontant hmm hmm on lui apporta deux sandwiches jambon beurre poulet en devisant gaiement de tout et de rien surtout de rien pendant que l ordinateur faisait en effet ce qu il avait faire c est dire fonctionner sans plonger quiconque dans l embarras On proposa alors de ramener le h ros de la journ e son travail puisqu il tait clairement tabli qu il en avait un et important qui plus est vital peut tre pour des int r ts sup rieurs et conomiques et que M Martin c tait son nouveau nom avait perdu asse
18. une cible d sign e Aujourd hui rubrique consacr e aux nouvelles tendances et aux ph nom nes contemporains mergeant sur le Net ou dans la rue Fulgure texte court en prose de 1 500 signes espaces compris ou 150 signes Aucune contrainte stylistique ou th matique Buzz pr sentation et mise en perspective d un auteur ou d un diteur travers une interview et quelques textes environs Aux environs La bo te aux lettres de la rue Baru Jordi Cardoner Il y a encore des tres obstin s dans ce monde qui croient en La Poste Il y a encore des esclaves de l crit qui poussent leurs stylos comme on pousse une charge surhumaine sur le long papier lettre de la vie Il y a encore en ce monde cynique et surdimensionn quelques petites gens qui crivent des lettres d amour Et moi je me pose toujours l sur la terrasse d un caf proximit d une bo te lettres et je les regarde je les regarde d poser leurs courriers Il y a ceux qui laissent leurs enveloppes tomber dans l orifice sans la moindre h sitation Ceux l n ont rien voir avec les gens que j observe La plupart du temps il s agit pour eux de satisfaire la poursuite d une d marche administrative Une commande La Redoute Une facture payer Ils repartent sans reprendre leur souffle ils se feront craser plus loin par le trente huit tonnes de leur ennui mortel Ce sera dans l ordre des choses On n en r
19. Fiori vit et travaille Marseille Bourse d encouragement l criture commission th tre du Centre National du Livre en 2002 Po te in dite du Cipm en 1998 laur ate du prix de po sie de la ville de Marseille en 1997 textes publi s en revue dans ncidences Ha ku sans fronti res Mille Po tes Poste Restante Al atoire didinter Po sie Premi re La plume La cause des causeuses Squeeze etc Chansons pour enfants publi es aux ditions Le port a jauni Collabore avec les compagnies de th tre Ma voisine s appelle Cassandre Mila Rosa et Madgiquepool Co fondatrice des Performances Migratoires avec Vinciane Saelens en mai 2009 D veloppe galement des ateliers d criture en milieu scolaire ainsi qu au sein de projets avec des associations Depuis 2001 dirige les ateliers d criture enfants adolescents du Badaboum Th tre Marseille En 1997 cr ation du site Plaques sensibles po tique du graffiti Lecture d une chronique par semaine dans l mission Radiodiction En 2011 elle met en ligne son travail et sa recherche sur la m moire ouvri re du quartier de Riaux l Estaque en cr ant le site http wWww riotinto fr Rip au pied de la lettre c est un troll blogosph rique lev en f t de cha nes Un mort de rire Pas d ge pas de corps pas de cadre Une paire de couilles virtuelles Sa devise Pas de devise Pseudo sans nom qui joue sur les mots mais ne les m che pas
20. GE 13 14 Sarre j entends une radio Quelqu un l a mise trop fort La chanson d amour qui en sort a de quoi me faire vomir Dis donc Minou a te plairait de te faire tringler par une grosse bite Je lui dis Trou du cul J aimerais mieux me faire tringler avec amour Il sourit content de l effet que a me fait et il retourne sa vie avec le m me sourire Plus tard j observe une ampoule en haut d un mur L id e de devenir quelqu un me donne envie de dispara tre Me marier faire des mioches m ali ner dans une structure familiale aller au boulot tous les jours en revenir faire un pique nique en famille tre l pour la f te des M res pour la No l pour Tout a c est inimaginable Mieux vaut les d chirures les crevasses les effondrements les ruptions les trucs qui secouent la t te tr s fort que ce mauvais r ve o c est toujours la m me histoire de commencer pour finir Finir n tre plus que trou bien bais suffisamment en tout cas Oui c est a Oui Un jour tu te r veilles Tu es libre Free Exit Last but not least At last to the last Fais pas chier on pige que dalle C est ce que je me dis parfois Mais moi j ai le r flexe de m arr ter L par exemple je suis toujours la m me place Il fait motte J ai de plus en plus de mal respirer Des moucherons vol tent sous mes yeux Je les chasse de la main J en attrape un Quand j ouvre la main tout
21. Le barman en complet gris souris cravate bleue l aide ter son manteau dans une sorte de tango de la pr s ance Bonjour Monsieur Tezuka Comment allez vous Monsieur Tezuka Ces messieurs sont avec vous Monsieur Tezuka Nous vous installons votre place habituelle Monsieur Tezuka Nous allons rester au bar merci Miguel Osamu Tezuka arbore la soixantaine tap e Bon pied bon il bronz ras coiff manucur dents Ultrabrite On dirait que a l amuse d tre l avec deux pouilleux Il porte une grosse bagouze d inspiration ma onnique a fait un point commun avec Knack Une servante pas une serveuse dont toute femme serait jalouse de la plastique nous apporte trois cartes Mon regard fl ne sur la page des whiskies single malts blends et vatted pur pot still bourbons douze ans dix huit ans quarante cinq ans cent soixante douze ans irlandais cossais am ricains fran ais japonais whiskies du monde Knack passant les yeux au dessus de la carte des alcools cach comme un espion de dessin anim ex cute un mime mon attention On remet pas la tourn e on boit un verre et on se casse Je mime mon tour Pourquoi Keski te prend L 1l de Knack roule en direction de son index qui tapote le prix des consommations sur la carte quarante cinq euros le verre Vous connaissez le whisky japonais lance Tezuka J en ai entendu parler se vante Knack Alo
22. d ailleurs ce qui montre l vidence la sup riorit de l homme sur la blatte Pr paration remarquable donc mais pas parfaite car 1l y avait tout de m me quelque chose qui clochait Oh Un petit rien un d tail mais aga ant comme une pine moiti enfonc e dans le fondement et qui se rappelle nous d s qu on aspire au repos En un mot comme en cent Didier Opi ge ss 34 Opaeze Martin tait enti rement noir En fait il tait aussi noir que lorsqu il tait ca fard ce qui chez les Blatta Dyopterus n est source d aucun complexe bien au contraire puisque leurs m urs sont paisibles et nocturnes mais comme un Auvergnat c l bre qui fut en son temps l homme le plus intelligent de France l avait finement observ la v rit passe difficilement la barri re des Pyr n es Que dire alors de celle des esp ces Bref en ce qui concerne la couleur de la chitine ou de l piderme sorte de chitine molle et poreuse les us et coutumes sont bien diff rents entre les humains et les cancrelats Bien videmment Didier ne s aper ut pas imm diatement de cette particula rit puisqu il avait essentiellement c toy des cancrelats jusqu ce jour par cons quent des tres quand m me tr s fonc s Cette prise de conscience M Martin la dut surtout au regard des autres et de mani re fort trange celui de personnes presque enti rement bleues il devait s apercevoir par la suite q
23. de 2004 2008 Isabelle pr pare le Festival Biennal de Litt rature Contemporaine qui aura lieu les 01 02 03 juin 2012 Dijon en collaboration avec Perrin Grimard des ditions Vermifuge http wWww myspace com thelgein_isamonin iSa monin wanadoo fr Lemon A N en 1973 sur Terre dipl m mais autodidacte directeur de publication auteur chient liste de Squeeze Autres publications Les disques tournent en boucle in Nouvelliennes chez Printernet Juin 2010 Kal idoscope in Revue des Muses Tremplin n 6 Juin 2010 Opieee s s Ogi ige Les ditions de l Abat Jour www editionsdelabatjour com Librairie Moustache et Trottinette 5 rue Jules Latrerlhe 34 000 Montpellier www facebook com moustache et trottinette Site litt raire Fulgures www fuleures com Revue Les Muses tremplin www lesmusesatremplin blogspot com R gion Languedoc Roussillon www laresion culture fr Avec la complicit de Rendez vous au printemps pour le num ro 5 Souvenez vous que chez Squeeze l Appel textes est permanent Toutes les modalit s sur notre site wWwWw revuesqueeze com Au plaisir de vous lire Quickie Squeezi Directeur de publication Lemon A Relecture et correction Lucie M Pascale C Comit de lecture Am lie D Pascal O C line C Miguel L Renaud V Identit graphique Darsanha Conception multim dia B r nice Belpaire Maquette f lyd g rie Quickie Squeezi
24. de nouvelles tr s vivantes tendance argotique On peut lire sur notre site son d capant feuilleton litt raire Les Apocalyptiques sur le football d en bas Profil diff rent mais tout aussi int ressant Richard Maurel est un professeur auteur de pi ces de th tre et de nouvelles fantastiques sa nouvelle Ungeziefer a t l une des premi res figurer sur notre site elle est un peu rest e depuis comme notre m tre talon de l humour d cal Il a aussi particip au pilote de notre revue L Ampoule avec une excellente nouvelle plus classique et tr s belle Celsius 233 Nimzowitsch enfin est l auteur du premier roman que nous avons publi Tuer le temps C est sans doute l auteur sur lequel je sais le moins de choses j aurais donc du mal le pr senter m me bri vement Son roman foisonnant m a plu et j esp re que l extrait disponible donnera envie aux lecteurs de s y int resser de plus pr s Les textes propos s ici sont plut t repr sentatifs de la diversit de ceux figurant sur notre site m me si certains peuvent y tre plus dr les comme les fantaisies de Georgie de Saint Maur plus noirs les nouvelles de N A G ou de Paul Sunderland ou plus violents le triptyque de Paul Lucas Depuis peu vous publiez une revue gratuite online L Ampoule en plus des nouvelles gratuites lire sur votre site qu est ce qui motive cette d marche Comme pour tout ce que nous faisons le projet est n
25. l ordinaire C est la raison pour laquelle je ne vis pas mon visage arrondi au centre de ses pupilles Pour la premi re fois de notre histoire Cette fois l je ne vis que du noir et jJ avais beau remuer la t te dans la lueur du chevet aucune forme ni aucune ombre ne venait changer la face du miroir de ses yeux Intrigu je voulus ouvrir la bouche pour lui demander si elle allait bien mais le temps que mes l vres se d collent l une de l autre ma femme tait d j sortie du lit et se dirigeait vers le d but de sa journ e d un pas assur Mes cordes vocales n avaient pas eu le temps de vibrer m me pour former un son d saccord C tait trange j tais plus lent me lever me mouvoir ce matin l mais J accusai pour le coup cette bonne vieille grippe hivernale qui me guettait le soir depuis pr s d une semaine Je ne sais m me plus comment c est arriv Arriv d ailleurs est un bien grand mot puisque c est moi qui suis parti Enfin c est ce qu il me semble J ignore totalement ce qu il s est pass je ne me souviens de rien du tout D ailleurs il ne s est peut tre rien pass puisqu il me semble que j avance encore reculons vers un massacre non r solu C est le deuxi me jour que j ai pleur Le jour o j ai commenc comprendre que ce n tait pas facile d tre mort Ce sont les autres qui me l ont appris En tant vivants tout autour de moi 50
26. mes plates excuses cette inconnue que je croisais chaque matin sans un mot mais qui me gratifiait d un doux sourire g n Le quatri me jour mon parcours s est tal devant moi comme la veille Les reflets pass s dans les yeux de mes proches les mots dans le vide et les larmes s accrochaient mon passage fatigu d impuissance Ce n tait pas vraiment moi qu ils pleuraient mais leur signaler ne me semblait plus important D ailleurs de jour en jour ils taient moins nombreux autour de moi Le monde tait en train de se vider sous mes yeux incertains Le cinqui me jour mes pas comme le moindre de mes gestes me paraissaient incongrus J ignorais pourquoi je poursuivais le quotidien sans rien modifier de l h catombe certainement dans l espoir d apercevoir un instant mon reflet dans les yeux de ceux qui restent Personne encore ne les avait rouverts pour de bon ils ne me voyaient toujours pas Sixi me Jour je ne m ennuie pas Je n ai pas froid je n ai pas faim Je regarde vivre les gens autour de moi jour apr s jour de cette transition r pit de torture obligatoire et n cessaire leur bonne conscience je regarde les gens que je connais les gens qui m appr cient les gens qui pensent moi et qui disparaissent sous mes yeux heure apr s heure les uns apr s les autres qui m oublient tour tour Et moi je ne peux rien faire Je disparais pour de bon de leurs yeux lass s de leurs photo
27. nous Luca Rizzi s empiiire de chips aux piments en visionnant un film d action un clip Une pub Allez savoir des culs des flingues des bagnoles qui d rapent les explosions transforment son ordinateur en discoth que Une h tesse r cup re les miasmes de mon estomac et me refourgue un sachet neuf Apr s L A Manaus est l tape num ro deux de la reprise en main les moustiques la dengue et les sud am ricains aussi faux jetons qu une peau de banane sur un trottoir Je commande un ultime whisky pour me refaire l haleine avant l atterrissage pue 53 54 Speeze Les origines mayas les esprits de la for t la culture rituelle a fait deux heures qu on supporte ces conneries Isidoro parle son acolyte traduit et le patron Lucas Rizzi et moi suons comme les deux mille fontaines de Rome Il a probablement grandi dans un tronc d arbre Isidoro Sa peau on dirait de l corce Le bateau file vers la triple fronti re P rou Colombie Br sil creusant un sillage d cume sur l Amazone Des animaux braillent quelque part dans la for t Des oiseaux des singes des arm es d insectes ou je ne sais quoi Luca Rizzi lance le diaporama en tendant un tissu pour faire de l ombre sur l cran de son ordinateur Premi re photo le hangar vide de Main Street la grande table P pito tass sur son si ge minuscule le silencieux du patron pos verticalement sur son cr ne et l assistance fig e comme une pisseuse de
28. oblig Et quand je me regarde d doubl je ne me sens plus si seul Et quand je regarde la double merde accroch e au coin de la rue Baru je vois plus de lettres dedans a multiplie les souhaits des enfants et les lettres d amour et l argent envoy au pays Tu auras deux panoplies deux grues deux gameboys ou deux SMIC Tu auras deux copines comme Papa Tu auras une famille bi parentale comme tout le monde Ou si tu as d j deux papas tu en auras quatre Tout le monde aura deux demis car c est ma tourn e Mais je veux que tout le monde chante mon enfant que tout le monde chante avec le p re Glandeur sa petite chanson d sesp r e Le facteur n est pas pass Je crois qu il ne passera jamais Lundi mardi mercredi jeudi vendredi samedi dimanche Non le facteur n est pas pass Je crois qu il ne passera jamais Lundi mardi mercredi mais jeudi apr s midi il s est pass quelque chose Oui jeudi apr s midi 1l s est pass quelque chose Sur la chiasse colique du temps il s est pass quelque chose Sur la diarrh e lente de mon attente 1l s est pass quelque chose Sur la colombine accumul e un volatile immacul s affairait Il avait tout l air d un pigeon Un pigeon tout blanc Un pigeon qui me regardait connement en roucoulant Un pigeon de la race de ceux qui ont vu du pays Oui c est bien cela un pigeon voyageur Habilement il passait sa t te par l ouvert
29. rien ne lui aura chapp de ma vie En contrechamp elle ne soup onne pas jusqu o je suis descendu en elle combien j ai pu pass son gosier sonder l int gralit de son tre Ma bouche la quitte comme on quitte sa nourrice Ses seins sont encore lourds et app tissants Elle aura liss huit fois sa l vre sup rieure d un coup de langue appuy sur le parme Je pense au b tonnet seul le parfum doit en tre inou su ot sucr Quatre fois elle aura remont ses poches mammaires entre les pouces et index par les bretelles pourpres sans pincettes Onze roulades d yeux un demi soupir tous les octosyllabes quatorze contorsions du fessier qui manquait d aise et qui suintait sur la coque plastique de tous les si ges qu elle aura lustr s ce soir soixante dix neuf battements de cils barr s de mauve au crayon gras quatre vingt dix pulsations la minute un taux de 2 3 de cholest rol une num ration de plaquettes alarmante des polynucl aires 38 La leuc mie rampe sous sa peau grasse Speed dating shoot alcoolique et fast fucking Dead end four nui Aujour hui Laisser tomber Claude S rillon Maud Saintin Il fait bon le soleil me l che le visage les mains et le cou L ambiance sonore se constitue d un ressac l ger sur une mer platement m diterran e quelques cris d enfants et de mouettes dans le lointain les pas press s de serveurs sur le tek des rires qui se m lent aux tint
30. sormais tout l espace disponible la suite de quelques tr s longues minutes survint ce qui devait immanquablement arriver une s rie de beep beep annonc rent l homme aux doigts d acier qu il avait d finitivement perdu la partie dans un game over qui n appelait h las aucun commentaire Mais le policier tait mauvais perdant et il fourbissait d j son arme ultime que tous les utilisateurs de p c s sous wind ze connaissent bien les trois doigts de la vengeance La main gauche faisant le V de la victoire de fa on appuyer simultan ment sur les touches Ctrl et Alt et le majeur de la main droite non pas fi rement dress mais plut t orgueilleusement point vers Suppr man uvre de repli ordinairement appel e reset et match ajouteront fac tieusement pongistes et tennismen Au z nith de son ire le d fenseur de la loi tait deux doigts de porter l estocade finale les yeux exorbit s le regard fou l cume aux l vres et le k pi l g rement de travers Mais dans un bref clair de lucidit 1l se souvint qu il perdrait alors la totalit de son travail et qu il lui faudrait tout reprendre z ro avec un risque non n gligeable de rechute Cette vision de cauchemar interrompit net le trajet de son m dius gauche pr t bondir sur la touche salvatrice comme un pitbull vers un mollet charnu Je pense que votre programme de saisie n est pas prot g contre les inclusions
31. un moyen de surveillance perp tuelle sur la population un appareil qui permet de contr ler travers les d linquants eux m mes tout le champ social C est beau comme du Coupat n est ce pas Licken ne r pondit pas laissant planer sur son triste visage ce sourire miel merde dont il n avait jamais eu le secret puisqu il en avait h rit Le pr fet continuait sa lecture mais le regard morne pass ce coup d lectricit bidon l air las ailleurs vraiment loin bout Comme son horizon lui paraissait born en comparaison de ce qu il avait connu dans cette gypte qu il n avait jamais v ritablement pu quitter cette lointaine gypte o sa carri re de diplomate avait pris fin pour des raisons qui resteraient jamais inconnues de Licken Il les e t souhait es encore et toujours plus courtes ses journ es d sormais le regard bleu tourn vers le Nil aux naufrag s Journ es d ennui d s le matin noy es dans l alcoo l de ces breuvages dont il garnissait le fond capitonn de son attach case Rien voir avec ces radieuses journ es proche orientales dont il s tait d lect du d roulement toujours impr vu Bien au del de l ambassade o les tracas qui l attendaient trouvaient toujours 45 des solutions nergiques la journ e gyptienne s tendait en effet en alternance de longueurs et sinuosit s sous l aspect d une myriade de n ons publicitaires dardant leurs lettres ara
32. volant de la Cadillac indique un 4 par 5 plant sur un bord du croisement entre Main Street et la 5eme Rue Ouest Le portrait de Will Smith photographi de face occupe les trois quarts du panneau publicitaire droite vers l avenir son slogan United State of California et des petites toiles Il sourit franchement Une gueule de gendre id al Le patron fulmine depuis que nous avons pos les pieds sur le tarmac de l a roport Los Angeles lui tape sur le syst me les n gros les tortillas les homeless allong s sur leurs feuilles en carton et toute cette saloperie de pollution Le d calage horaire Mais plus que a et l int grale de ses soucis je sais qu il monte en pression avant le lever de rideau Une sorte de mise en condition Le patron je le seconde depuis trente ans Je le connais par c ur Son truc c est de ressembler le plus possible Joe Pesci dans le cin ma de Scorcese On ne se rend pas compte quel point les films de gangsters peuvent avoir une influence sur la famille On croit toujours que c est l inverse Visez a ce quartier a t construit par des Italiens et visez ce que c est devenu des enfoir s de Mexicains qui pullulent partout et qui se reproduisent comme des lapins Il agite les bras en l air invoquant tous les saints qui nous abandonnent depuis si longtemps El Pueblo au centre de Los Angeles Pas loin de Chinatown Enfoir s de Chinois Luca bifurque dans un grand parking m
33. voler et que de bons romans num riques au hasard les n tres sont vendus pour la modique somme de six euros C est un premier argument prendre en compte Le second c est l avantage propre la litt rature sur tout autre forme d expression sa propension aller plus loin trouver du nouveau Les mots demeurant moins choquants que l image les livres auront toujours un temps d avance sur le cin ma ou les jeux vid o en terme de subversion m me si un malheureux GTA IV peut heurter les petites natures bourgeoises du gouvernement comme Nadine Morano Ceci dit lire reste surtout une question de sensibilit et tous les arguments du monde ne sauraient convaincre les r fractaires cong nitaux je comprendrais donc que des gens d sirent employer leur temps plus utilement pour au choix braquer des piceries arabes ins rer des bombes fragmentation miniatures dans le rectum de nouveau n s s encarter au Centre ou se shooter l h ro ne Apr s tout on a les passe temps qu on m rite Vous vendez des romans sous forme de Ebooks on entend des fans qui pensent que les livres lectroniques sont l avenir du monde et d autres ne jurant que par le papier De votre point de vue on en est o Dans notre cas l int r t premier du format num rique est de pouvoir distribuer nos textes sans avoir de frais li s l impression et la distribution et comme nous ne risquons pas de nous ruiner dans l op ration n
34. D tache moi Aussi incroyable que a puisse para tre Benjamin Biolay se prom ne par l comme monsieur Tout le monde et reconna t Tezuka Ils claquent la zeubi transigent deux minutes bras dessus bras dessous les yeux dans les yeux comme des fr res Puis le champion du pop rock camembert s loigne vers son groupe de nouveaux amis Mauvais signe Benjamin Biolay On arrive parler non pas de l excellentissime Gal rien des toiles mais de Fatima El Beztou la superstar des ditions Tezuka musulmane issue de la bourgeoisie marocaine ultra bandante pondant des romans islamophobes s attaquant aux pr jug s s1 tu pr f res Tous ses livres les trois sont devenus des best sellers adapt s au cinoche Une ravissante petite poule aux ufs d or Il para t qu elle est bal ze pour crire les dialogues mais qu elle est nulle en descriptions Je pourrais lui donner quelques petits conseils d criture me dis je dans mon for rotomane Si a se trouve en vrai elle est moche et rinc e Je me m fie maintenant Juste avant de prendre cong Tezuka d roule la tirade qui tue Je ne publie pas de textes J dite des auteurs Je ne vends pas de livres je diffuse des marques Des bons textes bien tourn s J en re ois cinquante par jour au bureau Les plumitifs ce n est pas ce qui manque Ce qui est remarquable ce sont les auteurs singuliers et charismatiques Et puis vous savez les tr s grands cr
35. Monzo El perqu del tot pl gat ou John Fante Mon chien stupide Compagnie BAO Jordi cardoner yahoo fr Nimzowitsch est le pseudonyme d un crivain qui tient rester silencieux Ce nom fait r f rence au joueur d checs Aaron Nimzowitsch 1886 1935 chef de file de l cole hypermoderne connu pour ses coups myst rieux et ses aphorismes d routants d faut d informations sur l auteur l on se bornera constater que l id e force des hypermodernes tait de prendre l avantage sur l adversaire non en dominant le centre de l chiquier ainsi que le voulaient les tenants de l cole classique mais en se d veloppant depuis les marges Son premier roman Tuer le temps est paru aux ditions de l Abat Jour Le Golvan commence vouloir s rieusement sortir la t te de son trou Il publie des po mes chez Paul Van Melle revue belge et dans la revue D charge France R cemment deux nouvelles parues dans La Revue des Ressources Taravana et Easter Island Maud Saintin vient d achever son quatri me roman Je ne suis que son n gre Elle est actuellement auteur et chanteuse du groupe MonMec avec qui elle se produit sur sc ne Maud a collabor sur le dernier album de Soulem Productions Londres et tient un blog sur myspace depuis 2006 http r myspace com monmec http fr myspace com maudyblues http fr myspace com soulemsongs maudsaintin hotmail fr Opege so EE gulee Antonella
36. Photo num ro deux portrait de P pito dont la t te explose dans un bouquet de cervelle et de sang Ce petit con a d gueulass tous les costards de l assembl e Ralenti par un silencieux une balle subsonique pointe creuse resterait fich e dans une bulle de savon m me bout portant Par contre a bousille tout l int rieur le grand nettoyage de printemps spectacle garanti Et photos color es Isidoro d tache ses yeux de l cran et gueule quelque chose en inca Deux mongolo des comme on n en voit plus que dans les documentaires t l vis s commencent tirer sur une corde de p che l arri re du bateau Ils portent des bermudas aux couleurs criardes des t shirt militaires et des tongs oranges et vertes acidul es Regardez nous lance le traducteur Le cadavre qu ils remontent bord est boursou fl comme une baudruche bleu moisi m connaissable bouff par les poissons Le complice de P pito L esprit de la for t nous valide le ticket 4 La seule occasion o le patron consid re quelqu un avec humanit c est quand il lui confie un contrat J ai remarqu a depuis toutes ces ann es L il est capable de se montrer pr venant jusqu offrir le fond de sa meilleure bouteille Il d veloppe une sorte de compassion Sinon il n est jamais vraiment sinc re Il passe sa vie d tester la terre enti re manipuler s duire menacer promettre Il m prise la famille aussi les
37. Sarre En tant vivants autour de moi comme tous les jours de ma vie d avant Mais sans moi Ils faisaient comme si je n tais pas l Ils parlaient de moi dans mon dos ou passaient leurs yeux au travers de moi pour parler d autres C tait pire lorsqu ils me parlaient vraiment croyant parler l absent qui tait devant eux pire lorsqu ils pleuraient pour moi sur mon paule alors que je m effor ais de les consoler en hurlant ma pr sence pire lorsqu ils crachaient sur moi en ignorant que J tais r ellement souill par les miasmes de leur langue de vip re Pour rire Je ne riais pas et je cherchais tant bien que mal les frapper au visage Mes coups taient trop lents et semblaient passer au travers de leurs sales gueules Ils riaient toujours et mon reflet d un hier candide cillait dans leurs yeux comme pour me narguer plus encore Je voulais hurler mais mes cordes vocales semblaient elles aussi fonctionner au ralenti beaucoup trop au ralenti J avais beau lutter hurler encore et encore contracter mes abdominaux au maximum pour pousser mes poumons bout elles ne vibraient pas aucun son ne sortait de ma bouche Toutes mes forces r unies dans cet lan d sesp r d existence obsol te je hurlais dans un vide absolu et je sentais uniquement le sang me monter la t te des joues aux tempes tant et si bien que je crus qu elle allait exploser C est m me ce que je d sirais le plus cet instant puis
38. absolutions la cha ne la r servation en premi re pour un paradis en dentelle et coton derri re le ciel trop blanc On y arriverait co te que co te En lambeaux En poussi re On y arriverait quand m me parpill s b ats Marie ne supportait plus ce cirque bien des fois elle avait pens assassiner ce cur amaigri au physique d expert comptable ne serait ce que pour voir la surprise et la terreur sur son visage aust re qui n exprimait rien Elle le trouvait repoussant terne compass comme cet endroit De nos jours elle ne comprenait m me pas que l on puisse croire Marie n tait pas un monstre d insensibilit pour autant elle concevait parfaitement l ampleur du d sarroi humain sa peur ancestrale du n ant auquel il retournerait de m me que la m diocrit de ses connaissances initiales si les religions avaient eu un sens pour rassurer des peuples apeur s en leur donnant l illusion d un but et d une solution si elles avaient pu constituer un moyen efficace pour dominer les peuples et renforcer la coh rence des soci t s pourquoi se cacher aujourd hui encore derri re ces alibis de la l chet Personne ne croyait plus aux proph tes le parcours chaotique des livres soi disant r v l s cartait toute r v lation et les avanc es scientifiques n avaient eu de cesse de les contredire avec raison qu y avait il chercher dans ces croyances infantiles et d su tes Marie ne comprenait pas
39. age de f odalit high tech de dissimul et de fou Je voudrais vous emmener voir les minarets les coupoles et les immeubles branlants qui s tagent en pyramides et s lancent vers le ciel bleu tre de la nuit cairote o ils se d coupent sur l horizon vous faire d couvrir mille plats exquis assaisonn s de meloukia ou de bamie Et vous m escorteriez au sommet des interminables cha nes de montagnes sur le versant desquelles serpentent d arides chemins o coulent des ruisseaux qui s vaporent dans l air comme l alcool d un vin chaud puis se perdent dans les ab mes avant de cascader dans les vallons o nous roulerions dans l herbe grasse en garnements fous Tonton taxi Une vue de l enfance de Janine Martin Sacriste C est un cousin lointain de mon p re que nous appelons ainsi Tonton Taxi Il habite Niort sur la route qui conduit la demeure de ma famille paternelle l tape d une nuit chez ce tonton exotique me comble de joie Il faut dire que c est une fois l an J y ai une chambre qui m attend celle aux papillons ma pr f r e P re me fait toujours mille recommandations avant d arriver chez le vieil homme Etre tr s sage bien s r mais surtout ne pas tre indiscr te ne poser aucune question sur la femme de tonton c tait une tr s belle noire qui un jour est repartie dans son pays et ne faire aucun commentaire sur tout ce que je vois ou entends Pour une pipelette curieu
40. aites quoi dans la vie Je trouve la phrase terrible je me sens humili e pourtant je me fous de Claude S rillon qui se fout de ce que je fais de ma vie je voulais juste impressionner les copines il fait chaud et un clair de lucidit glaciale me traverse le corps tout entier je ne veux plus fuir les regards je ne veux plus mentir la baudruche se regonfle me voil soudain d cid e ne plus jamais renoncer moi m me ne plus renoncer rien du tout jamais Je tends un regard fier et lance avant de tourner les talons Laissez tomber Claude S rillon it de l art D ellutiliit de l art Nietzsche dans le souterrain Antonella Fiori Pas de tutoiement pas avec moi non pas a pas de tutoiement avec moi pas de pathos pas de filets nu poil l arrach ventouses partout capable de s exprimer en gueulant je dis que pour vivre il faut d abord juter Et plonger Plonger Plonger Plonger sans fin Et ne pas avoir peur d en baver avec son cul en feu On dit Stromboli Ne pas avoir peur d en baver avec son Stromboli Sucer la moelle des volcans Et foutre Et puer Et se d composer Et faire son compost Et son tas de fumier Et mourir Oui mourir avec toute cette jutasse qui nous bouffe le derche et le trou pets ou quelque chose comme a Les risques sont si nombreux Il est question de suer de reprendre souffle de se l cher le dos et l anus de d f quer en se
41. an te d origine situ e trente six ann es lumi re d ici que vous appelez HD 85512 b mais que nous nommons plus po tiquement Ph nglui mglw nafh et quand je dis nous je fais r f rence aux deux seules personnes en charge de ce sombre dessein savoir Marianne Desroziers et moi m me Vos go ts vos influences Quelle est votre recette litt raire pr f r e Go ts et influences p le m le citons tout de go C line Lautr amont Dosto evski et les Monty Python On peut discuter pour le reste on discute volontiers de tout l Abat Jour mais disons que cela constitue une bonne base personnelle une id e du ton g n ral de notre modeste projet Quant aux recettes litt raires qui nous bottent les fortes t tes que nous sommes ne craignent nullement les plats pic s relev s au piment rouge ou l acide nitrique qui attaquent les papilles branlent la m moire gustative des critiques gastronomiques les plus blas s et bousculent les habitudes de l employ h b t d ennui qui m che tristement un sandwich mou en songeant avec une impatience sinistre aux merguez trop cuites du barbecue des vacances au camping de Juan les Pins Pour faire simple on aime les trucs qui arrachent Et toutes les recettes qui ont fait leurs preuves ne nous int ressent pas Votreligne ditoriale se revendique anti conformiste comment d finissez vous le conformisme en litt rature Le conformisme en litt rature c
42. andes maisons les prix la rentr e litt raire Rien ne nous concerne moins dans la mesure o nous sommes l oppos de l dition traditionnelle qu il s agisse de ce que nous publions de notre mani re de le faire de nos centres d int r t et bien s r des revenus qui en d coulent L dition traditionnelle ne nous int resse pas en tant que Syst me pour autant de bons romans sont publi s chaque ann e des collections de qualit existent nous ne crachons pas sur les maisons en place mais en sommes simplement trop loign s dans la d marche et les objectifs Quant au cirque des prix une sardine jet e chaque pingouin qui r ussit sauter dans le cerceau en feu et de la rentr e litt raire nous resterons par pudeur muets sur le sujet Comment caract risez vous la litt rature sur Internet Quelles tendances d celez vous travers la production litt raire online Foutraque La principale tendance de la litt rature sur Internet c est qu aucune tendance ne se d gage Le m dia est jeune la production part dans tous les sens on ne peut voir pour l instant aucune ligne directrice Des projets int ressants d un point de vue litt raire c toient des plates formes de diffusion ne plus savoir qu en faire et d assez path tiques coteries vis e purement commerciale dans le m me temps de nombreux blogs d auteurs originaux sont noy s sous un d luge de stupidit s sans nom Je pense qu
43. ants et leurs animaux domestiques cause des avis de saisie qui tombent dans les bo tes lettres Et toutes les maisons elles sont en tat de si ge Et les hommes et les femmes ils savent pr sent qu il leur faut partir pour chercher du travail qui n existe probablement pas Et les enfants ils sont dans les salles de bains essayer de remettre leur univers en place Et ainsi de suite On nettoie son assiette On donne les restes aux chiens On fume au soleil On regarde autour de nous Le repas tait bon le caf aussi C est fou ce qu on s habitue vite Allez je vais encore m en fumer une L le soleil rouge descend vers l ouest Les ombres sont d j longues et noires Presque tous les jours je vois un vieil homme arpenter l asphalte de la place et mettre dans son panier ce qu il trouve dans les poubelles des chiffons des cartons des objets de la nourriture tout simplement Je le vois depuis longtemps depuis des ann es Sa d termination a quelque chose d h ro que Il est vraiment vieux Je m imagine qu il a d amasser des tas de choses abandonn es Il a d les ranger et leur trouver une place quelque part Chaque fois je pense Nietzsche Oui Friedrich Nietzsche Je ne Sais pas pourquoi Peut tre parce que le vieux Qu entend il bruire ses oreilles Comme quiconque jadis a port des cha nes il per oit en tout lieu le cliquetis de ses cha nes Quoi d tonnant que da
44. ar ils ne se recrutent gu re parmi les cercles les plus clair s de notre petite communaut rurale qu il y a de bonnes raisons cela la plupart de mes amantes tant soit mari es soit pas encore nubiles c est encore une chance pour eux que d avoir r ussi entrapercevoir l espace d un court instant leurs silhouettes vanescentes Et lesquels d entre eux pourraient se vanter sans honte et sans devoir y aller de leur tourn e de s tre trouv s ne serait ce qu une fraction de seconde en position de d couvrir un de leurs visages pourtant tous des plus charmants je puis vous l assurer ou un de leurs profils m me de trois quarts arri re Sans compter que presque aussi nombreuses sont d entre mes tendres amies d une nuit quelques mois celles dont je suis absolument certain que personne et j insiste personne pas m me un chat ni aucun autre mammif re n a pu les voir p n trer dans ma maison Spigen 30 Sarre Ma maison sujet d in puisables conversations elle aussi mais celles ci voix basse en passant tout de m me c est vrai Je dois l admettre il y a bien une de mes compagnes une fois qui n est pas ressortie de chez moi Mais pas pour les raisons que l on croit savoir ou que vous pourrez imaginer Ma maison pas tout fait la mienne d abord celle du fr re unique de ma grand m re paternelle qu il a si intimement impr gn e de sa
45. arqu par une rang e d arbres Nous descendons Il n y a qu traverser la rue pour atteindre notre destination Main Street n 508 La fa ade de l difice est compl tement b ch e le vent soul ve des volutes de poussi re Nous passons les grilles fermant le chantier et entrons dans le b timent Imposant Des gravats jonchent le sol des l ments de charpente Les b ches battent contre les ouvertures Pas de porte pas de fen tre On pourrait am nager le plus grand loft de la cit des anges cet endroit La hauteur de plafond me donne le tournis En dehors des murs porteurs en briques rouges toutes les cloisons ont t abattues On pourrait aussi finir de raser tout a et installer un terrain de football Mais personne ne joue au foot dans ce pays d g n r Une grande table rectangulaire et des fauteuils de bureau ont t agenc s au centre de l espace Ordre du patron mise en sc ne du patron Je ne compte pas mais en principe tout le monde est d j arriv une vingtaine d associ s accoutr s comme s ils allaient recevoir un Oscar 2 Notre hublot donne sur une aile flanqu e d un r acteur norme Je vois le bazar se dessouder du fuselage et disparaitre dans une paisse colonne de fum e noire Et puis je vois de la chair p t humaine projet e sur quarante kilom tres la ronde Dans un avion en vol on ne vaut pas plus qu un grain de polenta Le Patron ronfle c t de moi c t couloir Devant
46. bes au scintillement alternatif sous lesquels 1l faisait admirer non sans pudeur les reflets de sa blondeur Jamais cependant au point de perdre de vue les indispensables clubs priv s oasis parpill es de stupre o d asticoteuses danseuses du ventre aux belles et lourdes tignasses tress es en nattes paisses d partag es par une raie de chair teinte de cinabre filles de feu incapables de comprendre un tra tre mot de ses paroles lui feraient signe de venir leur d charger dans le palais l entra nant derri re les courtines pour lui faire admirer cach s dans les boudoirs miroirs de Venise et sofas ressorts leurs corps squelettiques et glac s dans les replis de ses r ves au plus intime de son petit d sastre priv qui se ponctuait d ailleurs finalement toujours d une exclamation victorieuse J avais alors comprenez bien avait commenc de dire de Gave Licken lorsqu il replongea soudain dans la vision du sphinx de Gizeh perdu dans le brouillard tout l horizon fouett par les bourrasques de sable qui le recouvraient peu peu enti rement comme un tapis de cendres volcaniques J avais alors pour ennemi un genre d adversaire vous tirer une balle dans le dos apr s vous avoir le plus courtoisement du monde fait ses compliments Mais inutile de chercher en savoir plus Licken avait compris que le pr fet n offrirait aucune r solution aux nigmes inabouties qui restaient en suspens de ses re
47. borig nes un Inuit esseul des Al outes des Chilcotins des Miwoks ne pas confondre avec les Ewoks bien plus poilus et beaucoup plus cons des Sioux revanchards des B douins des Azt ques des Quich s des Chachapoyas et d autres fiers repr sentants de tribus ancestrales tous assis en cercle sous un s quoia g ant en forme d abat jour Amen Comment travaillez vous avec les auteurs Je lis tous les textes qu on m envoie uniquement par e mail r ponds chaque auteur en argumentant les refus corrige les textes conserv s en ce qui concerne l orthographe et la mise en page et propose ensuite des sujets des th mes des choses que l on pourrait d velopper ensemble Je proc de par suggestions je jette des id es et certaines sont rattrap es au vol d autres pas j essaie en tout cas de donner envie d crire aux auteurs ce qui est quand m me le plus important Pour l instant les retours sont bons dans l immense majorit m me en cas de refus et les discussions fructueuses Mon exp rience reste tr s modeste mais je pense que les auteurs reprochent surtout aux diteurs leurs m pris ceux ci ne prenant que rarement le temps de leur r pondre de mani re argument e Au bout d une ann e d existence j ai l impression qu une certaine confiance a pu na tre entre notre maison et les auteurs et c est ce que je retiens de plus positif jusque l Comment percevez vous l dition traditionnelle Les gr
48. ce qu il reste du moucheron c est la trace de deux petites ailes Et puis je dis arr te de jouer les connasses n vrotiques tu veux La rue est d j pleine de gens fous et emmerdants pas la peine d en rajouter La vaisselle du d ner n est pas faite Tu as besoin de te laver La cendre de ta cigarette tombe sur la table Tu es ivre Tes mains tremblent Tu n as pas perdu ton boulot Ta vie n est pas un d sastre Tu es une rat e par d finition puisque tu as un Job de rat e N emp che tu n es pas une cr tine D accord tu as l impression de t tre engag e dans une gal re de plus en plus sombre Mais peut tre que tu n es pas la seule avoir cette impression Peut tre que tu es esclave de ta propre logique a rend un peu dingue une vie comme la tienne Et il faut tre plus qu une dingue pour rester enferm e comme tu le fais contempler ton pass Les ordures on peut toujours les revendre La merde elle trouve toujours un preneur Les restes quelqu un peut encore les acheter Mais toi toi qui observe cette d composition tu es oblig e de penser ta vie D accord personne ne parle d avenir Tout a d j eu lieu Les v nements se sont puis s C est une agonie tranquille Tout le monde veut savoir comment c tait pour de vrai parce que tout le monde a peur tu comprends Personne ne nous a rien dit On nous a esquint sans pr venir tu piges Maintenant on est comme des vieu
49. courrier travers la porte de mon bungalow En jetant un il par la fen tre de la pi ce qui me sert de bureau il m a sembl apercevoir un gamin de 13 14 ans passer le portillon et dispara tre rapidement au coin de la rue D criture n est toutefois pas celle d un adolescent mais d un adulte dans la force de l ge Comme le dit son auteur je ne vois effectivement pas du tout qui il pourrait tre par contre la maison dont 1l est question est facilement reconnaissable c est la derni re gauche en quittant le village par la route de Sens Je suis all y faire un tour en promenant Ladygaga apr s d jeuner tous ses volets paraissent clos mais le portail tait l g rement entrouvert et devrait donc permettre de p n trer au moins dans le parc qui est relativement bien entretenu La chienne n a pas sembl ressentir la moindre appr hension elle reniflait par les fentes travers la cl ture puis remuait la queue en me regardant De l je suis pass la gendarmerie mais c est tout juste si les deux pandores de garde ne se sont pas foutu de ma gueule Entre parenth ses pour te donner une id e de leur surcharge de travail dans nos campagnes quand je suis entr ils taient en train d essayer de terminer un puzzle repr sentant le ch teau de Versailles 31 32 Speeze et ils m ont donn l impression de s y remettre aussit t que j ai eu tourn le dos confus et l air piteux mais bouillant int rieur
50. ctrice l Oui quoi Notre image de lover est cram e pour l ternit Ne plus nourrir le chat de l artiste rat juste faire pisser le chien de la cons cration On a rencard dix neuf heures au bar de l h tel Redford dans le VIlle On d bo te avec dix bonnes minutes d avance C est l hiver et une neige fine Joue sa f erie nocturne dans la lumi re des cand labres Bon signe la neige Knack blouson en daim franges d o d passe expr s de la poche un bouquin de Fante entre en claireur Exceptionnellement Knack n est pas coiff de son inamovible Stetson Du coup on sait plus s il est habill en cow boy ou en Indien C est qu il est tout en ambigu t mon Knack Je pr f re attendre sur le trottoir je suis bien couvert moi Il ressort aussit t Il est pas encore l allumons le joint de l amiti en l attendant C est comment dedans Pfui c est chicos de chez chicos Le responsable du bar m a donn du M ssieur comme s il tait mon domestique Putain j ai failli le souffleter Ce con l tait mieux fringu que moi le jour de mon mariage Je savais pas que t tais mari Knack me r pond m me pas Un car de police tous gyrophares dehors et sir ne hurlante passe en trombe C est l heure de l ap ro inutile de planquer le joint Monsieur Tezuka arrive seul et nous rep re au premier coup d il Deux glandus post s devant la vitrin
51. dans le ceinturon le torse l g rement bomb et le sourcil tr s fronc Chez les cafards l attitude de d fi consiste d ployer les lytres et pointer les antennes vers le haut il ne put 3 Vous pourrez ainsi remarquer nouveau la minutie de cette m tamorphose d j voqu e pr c demment mais quand m me c est fou Enfin voil personnellement a me trouble norm ment 4 Ce qui 1l faut bien le reconnaitre n est pas la port e du premier venu d Enfin n exag rons rien non plus e De cela en re vanche Didier n tait point familier car la blatte insistons un peu sur ce point est un animal courtois malgr sa f cheuse tendance au canni balisme qui reste ce pendant bon enfant f Comme toujours d ailleurs l homme ignore pratiquement chaque fois la petite voix qui lui murmure l oreille un conseil de bonne conduite Sauf quand la petite voix en question lui sussure J en prendrais bien un se cond Alors l vi demment l homme coute donc pas d coder le message corporel de l individu presque bleu qui l apostrophait ainsi apr s l avoir bouscul L autre individu une femelle pour ce qu il put en juger jetait de rapides regards comminatoires aux alentours les deux pouces dans le ceinturon c tait la seule diff rence notable qu il remarqua Par ailleurs le mot papier voquait pour lui une substance r che vaguement co
52. de de mes copines Celle ci se l ve et se dirige vers les toilettes tandis qu il r gle NE 11 12 Spaeege la note avec sa Black Card D un bond je m lance extirpe maladroitement la bouteille de son seau arrosant au passage deux vieilles dames et leur petit chien blanc en forme de balai espagnol et demande une coupe vide Bruno Ainsi arm e je me pr cipite vers la table de l illustre journaliste en l interpellant d une voix forte Monsieur S rillon bonjour Comme je suis contente de vous voir Je remplis sa coupe la limite de la submersion et la lui tend Perplexe il sourit en m observant d un coup d il furtif Il trempe ses l vres sans l cher sa serviette puis me remercie avec d licatesse Je reprends avec la balourdise caract ristique des fins de repas Mais pourquoi ne vous voit on plus Vous avez arr t la t l Je suis tous les dimanches sur France 2 r pond il dans un calme distingu et tout fait humiliant Et comme une maladresse en appelle une autre je lance Quelle bonne nouvelle Je scrute l horizon la recherche d un secours en mer Je n ose jamais fixer les hommes quand je leur mens C est tr s gentil a me fait plaisir poursuit 1l Et vous vous faites quoi dans la vie Il m offre son sourire et dans sa question je n ai pas per u la virgule J entends qu il me demande ce que je me fais dans la vie Et vous Vous vous f
53. de discussions avec les auteurs l id e nous ayant en l occurrence tait souffl e par Salima Rhamna Disons qu apr s avoir convi un petit pool d auteurs sur notre site une trentaine pr sent il nous a sembl logique de les r unir en un projet commun en favorisant les changes et les textes en collaboration La revue nous permet aussi de travailler avec des dessinateurs talentueux et b n voles et peut tre de toucher d autres lecteurs C est un prolongement du site une mani re d exporter notre ligne ditoriale dans un fichier t l chargeable par n importe qui Apr s un num ro pilote le vrai n 1 a t mis en ligne en septembre une centaine de pages des nouvelles in dites des articles sur la litt rature et des illustrations originales le tout gratis un peu comme Squeeze Que demande le peuple Quels sont vos projets pour rendre le monde meilleur Lire des livres Ne pas braquer d piceries arabes Ne pas ins rer de bombes fragmentation miniatures dans le rectum de nouveau n s Ne pas nous encarter au Centre ni ailleurs Ne pas nous shooter l h ro ne ou alors juste un peu Oublier cette histoire de fichier PDF qui transmet la mucoviscidose Proposer des romans int ressants pour pas cher des nouvelles gratuites qui raclent les amygdales une fois lues voix haute et une revue qui tienne la route pour pas un rond Et arr ter de raconter n importe quoi en interview ae 21 22 Sgke
54. de la porte laissant chapper de confuses paroles Les p c s y marchent plus C est tout cass a a bousill mon rapport fait deux heures que je suis dessus T as encore tout plant Ouais a m a mis que a venait de chez toi et pouf plus rien Y en a marre c est la troisi me fois en deux jours Ouais y en a marre 13 L utilit du point de suspension n est plus d montrer 14 Note si vous n y comprenez rien ce n est pas grave moi non plus Et qu est ce qu y fait lui l Il sabote Tu le laisses faire Non non il essaie de relancer le truc regarde En effet Didier tentait tant bien que mal car il tait toujours menott de d bloquer l appareil en question Il demandait donc de l aide celui qui tait devenu en quelque sorte son co quipier pour appuyer sur des touches qui demandait un cart trop important pour la longueur de cha ne dont il disposait L officier de police s ex cutait beno tement mais l op ration prenait quand m me beaucoup de temps Jusqu ce qu un autre policier pris d une subite inspiration entre vivement dans la pi ce se saisisse des cl s et le lib re Cette judicieuse initiative fut acclam e juste titre par un applaudissement spontan La suite fut rapide on fit asseoir Didier sur le si ge du policier pour qu il soit plus l aise tandis que le pr c dent occupant trouvait refuge
55. de mon mentor Rip tu prendras bien un petit cocktail invite Tezuka la mine gourmande Bien volontiers tr s cher Mademoiselle la carte des cocktails s il vous pla t Alors cette blo gueuse photog nique et perverse souhait racontez nous Monsieur Tezuka La fille obtient un rendez vous avec le grand manitou de l dition parisienne un ami de trente cinq ans en lui faisant bien comprendre qu elle tait tout fait dispos e passer la casserole aussi bien dans le r le de la Soumise que de la Dominatrice au choix qu il y avait juste cocher la bonne case Et alors Et alors Mon ami diteur trop content de se taper une folle du cul d environ vingt cinq ans la convoque chez lui enfin dans sa gar onni re de cent quatre vingts m tres carr s avec terrasse donnant sur le Trocad ro Et alors Et alors La fille tape la porte Toc toc toc Il ouvre et l surprise Quoi Un boudin d un m tre douze dans tous les sens pas du tout conforme aux photos Oh meeerde Et il a fini par la niquer J veux dire la publier quand m me Nan mais 1l l a fouett e toute la nuit et laiss e attach e au radiateur vingt quatre ou quarante huit heures afin de la faire progresser un peu dans son domaine de pr dilection Faut avoir le respect du travail Apr s cette petite s ance notre ch re Baiseuse de la Toile a pondu son meilleur texte
56. e cents t tes mais un nombre inconnu de doigts anonymes en ont un jour lib r tous les occupants que l on n a depuis lors plus jamais revus dans le canton D ailleurs d autres rumeurs fort diff rentes inverses m me mais tout aussi f tides couraient d j sur le propri taire de cette maison du temps de mon grand oncle sur lui m me donc un tel c libataire ne serait il pas un de ces homosexuels comme Petit Louis l un des habitu s de l arri re cour du bistrot du Gitou chiffonnier dont on se demandait d o il pouvait bien tirer ce qu on estimait tre des surplus de revenus ou alors un fameux misogyne et on voulait bien parfois reconna tre du bout des l vres que c en tait un pour une fois logique avec lui m me jusqu au bout et les explications n en manquaient pas la plus populaire voquait sournoisement Odile la petite fianc e des quinze ans elle qu on avait retrouv e un matin noy e retenue par ses longs cheveux roux aux racines d un aulne surplombant la rivi re on n avait jamais pens inqui ter mon grand oncle pour cette affaire enferm qu il tait depuis deux jours dans sa chambre par la volont de son p re ainsi que le certifiera ce dernier aux gendarmes et puis 1l semblait tant l aimer au point que cela frisait l incongru Reste la fameuse porte celle qui ne m ne peut tre nulle part Que n a t on pas brod son p
57. e incorruptible II commande la douane br silienne dans la r gion mais personne ne sait pour qui il bosse r ellement On dit que c est un agent de la CIA un porte flingue de la mafia russe un soldat de Dieu un tueur en s rie Il pourrait tout aussi bien repeindre la for t en jaune et alimenter les deux prochains si cles de rumeurs On dit que ses hommes lui sont fid les et qu ils sont arriv s avec lui Certains d entre eux rev tent une cagoule en permanence alors on dit qu ils viennent des groupes militaires purgeant Rio de Janeiro au napalm Il para t que ces encul s assassinent des gosses dont ils revendent les organes des libanais qui franchissent les fronti res avec des mallettes r frig r es tous les jours Mais qu importe le p digr e de Samoura c est juste un type avec sa bande arm e plus fort et plus malin que les autres Un serpent venimeux qui pond des ufs sur notre territoire Je m carte Luca Rizzi se pr cipite et descend au moins deux hommes en s engouffrant dans l hacienda Le gros de la troupe ennemie est parti en exp dition sur le fleuve Information du cocotier De grands cocotiers surplombent le b timent et font de l ombre noire Samoura est demeur sur place lui avec quatre ou cinq autres douaniers br siliens Des coups de feu des cris d alerte Des plaintes et des r les d agonie Je m approche Les tirs font rage l int rieur Combien Luca r ussira t 1l buter de types avant d tre c
58. e aux ditions Sombres Rets sa pi ce La Diva de la Gougniaude a t jou e par une troupe du sud de la France et ses po mes sont parus dans plusieurs anthologies Il tient galement un blog proposant de nombreux textes http karmatotal unblog fr Salima Rhamna est enseignante en coll ge dans la r gion de Bordeaux Elle est l auteure d un premier roman Chbebs polar spagaytti paru en 2011 aux ditions de l Abat Jour et crit r guli rement des billets pour le site Causeur fr et son propre blog Macache Janine Martin Sacriste est n e en 1954 Cognac entre vignes et oc an Apr s un Baccalaur at Philo elle entre tr s vite dans la vie active et choisit un m tier qui la relie la mer transitaire maritime Elle a commenc crire tr s t t mais n a que r cemment prouv le d sir de partager cette passion en d couvrant le forum Vos crits sur Internet Une de ses nouvelles Un deuil en province t publi e en 2010 du sein du recueil collectif Nouvelliennes aux ditions Printernet Isabelle Monin publie dans la revue N m sis depuis 2001 a publi dans la feuille Vermifuge en 2010 et D zopilant en 2011 et travaille actuellement la parution de son recueil de po mes Trois fois rien des astres et de nouvelles Fen tre ouverte sur le chaos Un long po me est galement en gestation ainsi qu un roman Apr s son exp rience au sein de l association N m sis dont elle fut pr sidente
59. e d un tablissement de grand luxe a se rate pas aussi facilement Il nous salue se montre aimable d embl e dans ses fringues de gros mec style DSK manteau trois quarts sombre super bien coup charpe chaussures hors de prix Il me tend la main Vous tes Knack Nan moi c est Rip Knack c est le petit Bonjour Monsieur Tezuka fait Knacky en levant son bras Pardon je ne vous avais pas vu Nous fumions euh une petite cigarette en vous attendant H oui la loi vin Oui cette satan e loi vin J ai arr t vous savez mais moi aussi jJ ai longtemps fum J tais deux paquets par Jour pue 23 24 Sarre Et vous avez cess du jour au lendemain fait mine de se passionner mon agent Oui juste apr s un double pontage C est bien aimable vous d avoir bien voulu nous rencontrer J aime bien mettre des visages sur les noms C est toujours mieux que de mettre un pseudo sur un fake Sourires crisp s Knack me douche du regard pour me rappeler les consignes C est peut tre un peu guind comme endroit voulez vous qu on aille ailleurs demande le surhomme Non non fait Knack ici c est tr s bien Tezuka consid re Knack Et keske tu fais dans la vie mec t es au ch medu Euh nan chui journaliste au black On se marre 1l est cool le gros L diteur nous pr c de dans le d bit de boisson
60. e de la fellation tombe d abord soi disant amoureuse de moi Elle a ensuite l id e perfide de se venger dans son premier roman en me faisant passer pour le dernier des enfoir s Moi jJ ai rien me reprocher la base je veux juste lui donner quelques petits conseils d criture Je sais plus o me foutre j ai des comptes rendre mes quatre ma tresses Heureusement ce torchon est si bien crit qu aucun diteur n est capable de tenir le manuscrit en main durant plus de deux pages Peau Nocturne ne commence pourtant pas si mal La derni re fois que tu m as dit je t aime tu avais pris de la MDMA et j ai vu la mort dans tes yeux toil s Knack c est encore autre chose Quand 1l rencontre pour la premi re fois V de Komodo blondasse sign e chez Tezuka dans un bar parisien apr s quelques changes de courriels bien sentis la ravissante romanci re flippe tellement qu elle d cide de d peindre mon Knack dans une fable intitul e De l Acoustique du Net sous les traits d un d traco sexuel nomm Biscotte harcelant les pucelles par e mail avant de les violer Tron n a qu bien se tenir C est donc toi Biscotte dans le roman de la Komodo s tonne l diteur Bin wai Biscotte c est moi lol Tu lui as saut dessus ou quoi Mais naaan elle a une voix de canard en plus Elle me foutait tellement la honte que je regardais partout autour de moi Mais qu est ce que tu as b
61. e tous ses nouveaux cong n res s taient mis eux aussi en pilotage automatique et se dirigeaient 1 Quoique la sous esp ce connue sous le sobriquet de cafard am ricain arbore une carapace chatoyante et polychrome du plus bel effet ce qu on dit De toute fa on il faut toujours que les am ricains soient plus beaux plus gros plus grands et plus riches surtout plus riches que les autres Et en plus ils aiment les couleurs qui crachent et les jeans trou s enfin bon Cela tant malgr la grande offensive du lib ralisme et la chute vertigineuse des tarifs a riens et des avions aussi parfois le cafard am ricain se fait rare chez nous c est un point d acquis Didier martin n avait donc que des cafards fran ais la limite europ ens comme relations de voisinage je n y reviendrai pas dans la suite de l expos 2 Nous avons dit que les cafards taient de moeurs paisibles cela est vrai et il convient d affirmer haut et fort cette particularit du cafardisme Cependant et cela n enl ve rien ce qui a t d clar plus haut certains cancrelats MAIS PAS TOUS se laissent parfois aller hum comment dire un petit penchant pour le cannibalisme sans penser mal au demeurant d autant qu un cancrelat ne pense pas alors Cela est d n en doutons pas une d plorable hygi ne alimentaire qui consiste s empiffrer de n importe quoi donc pourquoi pas un cong n re Ev
62. e vais faire de Ladygaga l emmener avec moi bien qu il y ait peu de chance qu elle puisse m tre utile grand chose la pauvre ou lui ouvrir suffisamment de bo tes de p t et de sacs de croquettes pour qu elle ait de quoi manger pendant plusieurs semaines le temps que des voisins en aient ventuellement marre d entendre ses g missements Quoi qu il en soit je laisserai ce journal ouvert cette page Si tu le d couvres ainsi et pas moi on peut esp rer que les gendarmes seront un peu plus r ceptifs cette fois ci car cela fera tout de m me au moins trois disparitions de suite au m me endroit en l espace de quelques jours ou au contraire depuis plusieurs ann es Pour plus de s ret je vais t cher de t envoyer galement ton domicile une copie de ces quatre pages par courrier ordinaire Allez courage RUzz ditions de l Abat Jour Ungeziefer Richard Maurel En se r veillant un matin apr s une nuit agit e courir partout sous l vier de la cuisine un cafard de l esp ce commune Blatta famille des blattid s ordre des Dictyopt res caract ris par des pi ces buccales du type broyeur se trouva brusquement m tamorphos en cadre informatique dans un grand organisme bancaire Cette curieuse transformation qu elle soit due Dieu au diable aux retomb es tardives de Tchernobyl ou l ingestion de d bris alimentaires infest s d OGM fut par ailleurs impeccablement planifi
63. ement Je vais donc devoir y retourner tout seul Cela ne t tonnera pas Yolande je n ai en effet toujours pas li connaissance avec un seul habitant de la commune depuis deux ans que je suis venu m y installer avec l argent du Goncourt des lyc ens aucun voisin tout juste Bonjour Bonsoir avec les quelques commer ants d ailleurs peu sympathiques pour la plupart J aurais pu t attendre mais ta secr taire m a appris que tu ne rentrerais pas de Chine avant plusieurs semaines et apparemment ton portable ne capte rien venant de France depuis l bas quant aux courriels nous resterons probablement encore longtemps l une des derni res enclaves dont la topographie r sistera l arriv e du c blage Internet Comme tu pourras l imaginer je suis mort de trouille par avance mais c est le fameux devoir moral qui me tenaille depuis qu il m a t inculqu par mon ducation qui m appelle et qui va me pousser vers l irr parable peut tre Je pourrais m armer de la phrase d Aragon qui crit quelque part de m moire que l art romanesque est la clef des chambres interdites de la maison mais dans les situations de menace concr te et de violence possible la culture n a jamais remplac un bon vieux revolver Je m y rendrai demain en plein midi malgr le risque d tre aper u par le voisinage ou des passants car la nuit a doit tre vraiment trop insupportablement lugubre Je ne sais pas encore ce que j
64. ements des verres un bouchon qui saute et le cricri d licieux des seiches sur le grill Les senteurs sont aill es et les cro tons baignent dans l huile d olive Sur la plage du Boucanet Grau Du Roi une lettre et un mot plantent un panneau dans le d cor B Plage Le champagne ros est frapp sous un soleil br lant Le temps s arr te et je m enivre L instant est parfait comme de coutume avec les doux vertiges entre amis Le croustillant de ch vre est aux pignons les pignons sont au miel le sel est de Gu rande et le vinaigre frambois Laissant s couler l onctueux m lange sous mon palais je soul ve mes lunettes de soleil car il me semble avoir vu une t te quelque part ailleurs qu la table d c t Cette t te l a berc mes ann es de jeunesse surtout au moment de No l Dans le b tisier de TF1 du 31 d cembre 1986 on revoyait Joseph Polly puis le fou rire de Denise Fabre que mon oncle D d surnommait la d capsuleuse Enfin il y avait toujours le rire remarquable de Claude S rillon Oui c est lui Claude S rillon la table d c t J r me qui d barrasse mon assiette me le confirme Je l observe comme on observe avec des yeux de myope je d visage fr n tiquement L homme est pr cieux fin v tu sportswear chic chemise blanche et baskets toile Fred Perry Il grisonne avec charme sous des Ray Ban vintage en compagnie d une cinquantenaire plus blonde que la plus blon
65. ent Apr s avoir accroch son regard n importe quel point de l espace un triangle vermeil du vitrail la coul e de cire solidif i e d une bougie teinte ou la t te inclin e pruineuse du crucifi imaginaire en pl tre de mauvaise qualit Marie observa les figures autour elle un frisson la saisit quand elle ne vit que des hy nes des vautours les unes au pelage tachet secouant leurs grosses t tes r p es en signe d approbation les autres aux plumages sombres leurs pattes griffues viss es aux bancs attendant patiemment le festin de l hostie la chair christique d chiqueter On arrivait la fin heureusement Elle serait tranquille jusqu au week end prochain Dieu tait une pathologie Marie en tait convaincue depuis longtemps Un jour la foi sera reconnue comme une maladie mentale pensa t elle en mimant dans l h bra que brouhaha g n ral un amen hypocrite sur ses l vres s ches 10 ME u ege Fulgure Huile de rein Le Golvan Nos l vres se d s pousent enfin C aura t un long baiser fouisseur assez adolescent un d cilitre de lubrification sur la rouille Sans doute en ce qui la concerne ce sont aussi des retrouvailles Elle a gourmand l instant en buccoscopie mon bridge trentenaire les tranch es de plombages qui s effritent l image de mes souvenirs d enfant boulimique ma dent cass e jamais remblay e comme une d pression latente sous la langue
66. eparlera plus Mais 1l y a toutes ces mains qui tremblent qui h sitent un instant avant de d poser leur courrier Il y a ces regards une fois la chose faite Ces longs regards vers le ciel comme s ils voyaient d j leurs courriers s envoler l heure o la plupart des enfants envoient des e mails au p re No l il y en a encore qui go tent avec d lice la colle d un timbre comme on tremperait son doigt dans une confiture oubli e sur la table Et moi moi Je n a1 jamais su crire autrement que sur un clavier d ordinateur Et moi moi je n ai jamais crit de lettres d amour v ritables Moi je n ai re u de mes amies que quelques textos ambigus pour mailler ma sexualit morose Et je ne crois plus au p re No l depuis le CE2 Alors je les regarde je les regarde d poser leur courrier et j aimerais tre comme eux GE Aujourd hui je me suis pos devant un th la menthe dans le quartier Figuerolles Je me suis assis devant la bo te lettres au coin de la rue Baru comme on s assoit devant les limites ultimes de la d sesp rance Et devant moi j avais l impression de voir un tre vivant Un oiseau pris dans le p trole qui se d bat encore condamn Car la bo te lettres au coin de la rue Baru est la bo te aux lettres la plus pourrie du monde Elle est couverte de fientes d oiseaux sur plus de cinq centim tres Les excr ments acides ont coul sur ses flancs en longues stalac
67. es l vres mais il emp ste encore l alcool Il ouvre les yeux et baragouine un truc que je ne pige pas Je m approche tends une oreille pile sur le fil de sa bouche Trouve mon fils Gian retrouve mon h ritier Quelque chose fait ding dong dans ma t te une bagnole qui carbure contre sens tous feux teints sur l autoroute Le patron s accroche sa der ni re volont Trouve mon fils Nique tous ces salopards nique ces fils de pute Gian fais les r tir Puis il se laisse mourir apais Son ultime sc ne de cin ma Ont particip ce num ro Jordi Cardoner est com dien auteur humoriste professeur de SVT d missionnaire et surtout conteur g n tiquement modifi Il est un des animateurs de la compagnie BAO une troupe de th tre et d improvisateurs tr s active sur Montpellier Sa carte de conteur arts et sciences l am ne participer des op rations tranges comme r crire l histoire du Lez le micro fleuve c tier qui traverse Montpellier dans le cadre de la ZAT Zone Artistique Temporaire de raconter d tonnantes histoires sur le vin La Part des Anges fantaisies viticole pour des d gustations un peu partout dans la r gion Languedoc Roussillon ou bien d crire une conf rence sur la Peluchologie la science d tude des peluches pour l Universit Montpellier 2 Son criture s inspire d auteurs comme Richard Brautigan Tokyo Montana Express Quim
68. es n gocier Nous venons en amis Nos intentions sont pacifiques Tu dis rien tu fais pas d ironie tu fumes pas de joint l int rieur tu fais pas de rentre dedans la serveuse tu poses juste ta grande carcasse cadav rique sur un tabouret de bar et tu sirotes ton verre tranquillement sans engloutir toutes les cacahu tes en une bouch e Keskon boit Je peux commander skeu j veux D apr s mon exp rience il va payer la premi re tourn e je mettrai la deuxi me On joue l ext rieur c est celui qui re oit qui rince le premier T auras qu prendre un sky c est viril a fait bon crivain le sky T as le budget Paske moi chui raide On est sponsoris par la Fran aise des Jeux gros j avais gard le Goal gagnant pour une grande occasion T es un putain de g nie Knacky On s habille comment on met une veste et des belles chaussures de ville T es con tu te pr sentes pas un entretien d embauche pour vendre des encyclop dies au porte porte R veille toi mec on arrive au point culminant de la pyramide sociale Reste toi m me t es un d miurge galactique un fou g nial Et tu me gardes sur le dos ta parka militaire d gueulasse steupla t histoire de coller ton personnage Et toi tu vas porter tes bagues t te de mort et tes f1ags Wai avec ma chemise en satin noir motif serpent Si Tezuka vient avec sa meuf Laquelle L a
69. es petites t tes grima antes des z l envers des accents circonflexes sans rien en dessous circonfiexer la suite d un rapide coup d il vers l ex dictyopt re qui lui souriait beno tement le garant de l ordre public commen a marteler fr n tiquement le clavier de son seul index droit d abord puis assez rapidement de ses deux index en cadence tous les autres doigts tant serr s comme dans un gant de boxe Il essayait de faire passer cette furie digitale pour une dactylographie volontaire et un poil nergique mais 1l sentait bien qu il perdait pied car m me supposer qu il aurait tout not de ce que lui avait dit le pr venu ce qui tait ridicule car 1l ne faut jamais tout noter m me les stagiaires savent cela cela faisait environ dix huit voyelles de trop dans chacun des mots ce n tait pas cr dible voyons Bref 1l tait en train de perdre la face devant un ing nieur informaticien sp cialis en bidule en truc l enfin en machin chose et merde 1l avait d j oubli mais sp cialis quand m me a il en tait S r intervalles r guliers son poing droit s abattait lourdement sur la table ce qui faisait trembler l cran et voleter quelques feuillets qui retombaient aussit t dans un soupir feutr Par mim tisme l officier s autorisait galement un gros soupir puis recommen ait son entreprise de destruction parano aque alors qu un silence tendu occupait d
70. est vous l aurez reconnu le principe fondateur de l hom o pathie mais comme les forces de l ordre n ont qu une formation m dicale assez vague elles se contentent d appliquer au pr venu qui est donc averti un rem de strictement semblable ce qui a caus le malaise ce qui fait r agir de moins en moins souvent fort heureusement car la science m dicale progresse gr ce nos m dias qu ils en soient remerci s certaines cat gories de passants qui feraient mieux de se contenter de passer plut t que de se m ler de ce qui ne les regarde pas Beaucoup d entre eux protestent contre ces pratiques en ignorant l intention fonci rement positive et m me m dicales d un tel traitement 6 Qui ne dure qu un bref moment ami lettr vous l aviez compris 37 38 Sarre bureau au mobilier ext nu dont l espace r duit semblait tout entier empli par trois chaises une table un tr s gros ordinateur d un mod le ancien et un fonctionnaire de police d j fatigu d un mod le standard Solidement fix e au mur une tag re en m tal supportait avec enthousiasme une imprimante d mesur e comme un chef gaulois sur son bouclier Signe des temps leurs fonctions semblaient analogues puisqu elle crachait des rames enti res de recommandations directives et proclamations diverses jamais lues et d j oubli es avant m me que l encre en soit s che Il s assit quand on le lui proposa d une voix cour
71. est tout ce que nous d testons la facilit narrative et stylistique les personnages sans ambiguit auxquels les lecteurs peuvent s identifier imm diatement les sujets rebattus les th mes cul s quitte sortir chaque rentr e litt raire dix bouquins sur la Shoah et cinquante sur les histoires familiales de trentenaires d boussol s par la froide GE 17 18 GE JELSE solitude du monde contemporain les livres qui se lisent vite facilement par n importe qui n importe o m tro train tram chiottes les petites histoires du quotidien la litt rature triqu e auto centr e sans souffle sans ambition les romans qui ressemblent de mauvais sc narios de mauvais t l films satur s de dialogues insipides que m me des acteurs de soap rechigneraient d biter les livres bas s sur des faits divers d peine cent vingt pages en interligne double vendus seize euros les auteurs qui suivent le sens du vent s efforcent de coller lair du temps crivent de mani re m canique sans voix propre et participent de fait au brouhaha ambiant Tous les livres devraient tonner l anticonformisme au sens o nous l entendons correspond cette capacit d tonnement en grande partie perdue Quel est l int r t de perdre son temps en lisant un bouquin alors qu on peut aller au cin ma ou jouer la console Aller au cin ma ou acheter une Xbox 360 a douille alors qu un livre est si facile
72. femmes les enfants les vieillards lui m me aussi s r qu un trou du cul chie de la merde Il feint de s int resser ce qu on lui raconte il communique il tend l oreille mais y rien de loyal l dedans aucune lueur dans son regard teint Ce qui le pr occupe c est l effet produit et le gain que a am nera derri re Mais quand il vous envoie buter un type l ce moment l on dirait qu il vous aime R ellement Il devient comme un p re avec son fils ou comme votre meilleur ami depuis toujours Benjamin Constant est un explorateur fran ais dont je mettrais ma main couper qu il est mort de la malaria ou d une autre maladie tropicale Comble de tout il a donn son nom un poste de douane le poste de douane p ruvien de la triple fronti re une cabane de bois une unique pi ce avec une vieille armoire un bureau d glingu des tampons et quelques papiers Je ne vois rien d autre part quatre chaises Je ne vois m me pas de t l phone On poireaute On transpire L air est bouillant comme dans une Fiat 500 gar e en plein soleil Un type massif et velu arrive enfin dans le bureau Le douanier se pr sente en maillot de bain torse nu ruisselant cheveux et poils coll s l piderme Il merge tout droit du fleuve o il tait all piquer une t te pendant que nous faisions le pied de grue L air d contract 1l donne l accolade Isidoro et son traducteur Il nous salue chaleureusement Il parle for
73. fond comme si c tait l ange Gabriel Je malaxe une derni re fois ses nichons pour r pandre son sang sur mon visage Un instant plus t t l orgie battait son plein chez Isidoro Du whisky de la coke et des femmes la sant de Samoura Des serveurs en costumes fran ais d ambulaient parmi les poules et les invit s d braill s On avait marqu des points Isidoro et le patron dansaient comme des baleines compl tement pue 57 58 Sarre d fonc s la bite l air et la chemise aur ol e de graisse et d alcool Le temps file sans juger de rien L alcool chloroforme mes art res les d tonations bousillent mes tympans Inerte je garde les yeux ferm s Le feu ondule sous la paroi interne de mes paupi res des couleurs surgissent se d structurent et se fondent les unes dans les autres Les explications s entrechoquent la bande de Samoura des porte flingues vengeurs de P pito le FBI Will Smith Au vacarme des balles succ dent les g missements et les voix Je ne comprends pas cette langue je ne comprends pas ce pays je ne sais pas ce qui se passe mais Je suis bien vivant Compl tement indemne Les assaillants se sont volatilis s l heure du bilan le patron toussote tendu dans une mare de boyaux Il fallait bien que a arrive un jour Comme on dit dans mon village on se rend tous aux chiottes et au cimeti re Je passe un coussin ventr derri re sa t te du sang file par la commissure de s
74. gards fixes puis plongeant tout coup dans la coque vide de la piscine olympique difi e vingt ans plus t t par le Conseil G n ral au profit des jeunes habitants de la Grande Borgne lesquels d sormais s y retrouvaient franchissant les cl tures d fonc es le soir pour s adonner de furtives fumettes et d audacieux gangbangs aux quatre coins du bassin d saffect cette piscine vide dont le fond tapiss de mousse r fl chissait ce soir l dans le miroir glauque des flaques les fus es polici res la caravane des sachets plastiques migrateurs se d tachant des branches de marronniers gel es par Niv se L eau souill e des caniveaux tombait goutte goutte dans le bassin par un tuyau de cuivre perc d o fusaient d imperceptibles jets d eau quoi P t les enfants venaient soumettre leurs petits corps br lants de chaleur Le pr fet se revoyait alors sous l accablante moiteur du mois d ao t gyptien d ambulant dans sa ruelle o il tra nait demi ivre en savates une bande de chiens errants apr s lui se ruant sur ses maigres jambes excit s par ses v tements noirs de diplomate il marchait impassible arborant sous le bras le petit baquet qu il emmenait toujours pour se rendre au minuscule bain public du coin o des hommes l observeraient sans g ne lorsqu il entrerait dans l eau Il y a au Caire Licken dit il tandis que le fond de son il s injectait de sang ce je ne sais quoi de sauv
75. iait pas le progr s depuis qu il avait invent le concept ridicule et infamant d une entit sup rieure veillant sur lui qu il se drapait derri re un mensonge trop grand pour soi l homme avait entam sa r gression De mill naire en mill naire il redeviendrait primate chien porc rat cloporte bact rie Microbe parmi les microbes On ne les diff rencierait plus Organismes monocellulaires pour une monopens e Le sermon commen a chacun savait ce qu il avait faire On s en remettait la supr me falsification Des croyants Des communiants Marie n avait jamais vu en eux que des bact ries aspirant l ternit C taient les habitu s des piliers d autel ceux du quartier et quelques autres soixante dix ans de moyenne d ge r unis sous la crois e d ogives de l glise Elle avait toujours sembl Marie une grande st le creuse ses vitraux des amas de tessons de verre ramass s apr s une bagarre de pub Le g missant en toge entama son hom lie poussive 1l y avait comme toujours de longues citations des phrases ampoul es des quintes de toux Le cur pr cocement d garni s chinait reproduire l identique gestes mots et id es elles rebondissaient mollement dans son cr ne depuis vingt ans d j finiraient la longue par se dissoudre dans cette ge le organique en cours de pourrissement L glise s effondrait imperceptiblement sur eux sur elle m me dans les soupirs
76. idemment cela nous r volte et bon droit nous qui sommes parvenus gr ce notre intelligence au sommet de la cha ne alimentaire et qui mangeons de tout sauf des cafards et nos concitoyens encore que pour les cafards on puisse avoir des doutes para t il Il y a galement d bat propos de l intelligence je le signale par soucis d exhaustivit b Vous l avez recon nu il s agit bien s r de Blaise Pascal c Ce qui prouve en outre enfin peut tre Il convient de rester prudent que Dieu s il existe est probablement dalto nien vers la bouche d un air maussade certes mais d un pas tranquille M par l instinct gr gaire 1l d cida alors de faire de m me Une fois dans les entrailles de la m tropole 1l se sentit rassur comme apr s un long voyage lorsqu on passe le seuil de sa maison et qu avec la premi re bouff e d air les souvenirs domestiques affluent en une vague irr sistible Il y avait un peu trop de lumi re videmment mais les odeurs putrides les couleurs glauques les murs recouverts de carreaux macul s tout cela se d ployait en lui comme la r miniscence de l enfance Il prit donc la direction Madeleine Port par le flot humain qui fourmillait dans les tunnels il s abandonna la volupt d une marche rapide et m canique Cet trange ballet lui laissait une agr able impression de d j vu qui l enveloppait dans une douce qui tude brutalement inte
77. ien pu sortir comme connerie pour lui inspirer un tel cingl Je crois qu elle n a pas compris quand je lui ai expliqu qu elle tait une femme sans bras Une femme sans bras Tu lui as dis a Quelle mouche t a piqu C tait juste une m taphore maladroite Je me souviens avoir connu une femme sans bras la suite d un accident elle avait perdu ses bras les deux hein le droit et le gauche et pourtant pourtant elle avait conserv des traits d une grande beaut et demeurait extr mement d sirable C tait la V nus de Milo m sieur Tezuka Pardon vous dites Euh c tait la V nus de Milo Oui c est a la V nus de Milo a me rappelle l histoire de Desproges ricane Knack Le Petit Prince pue 25 26 Sgke passe devant la V nus de Milo et lui dit dessine moi un mouton Et la V nus de Milo r pond p tit con d gage Autre anecdote croustillante le magnat de l dition nous l che un dossier sur cette blogueuse bisexuelle bien connue des adeptes de l onanisme 2 0 qui se met en sc ne travers un site de photos l esth tique porno SM et qui n crit pas mal du tout Le sadomasochisme c est une histoire de go ts vestimentaires je l che sans en penser un mot ni parvenir ne pas reluquer les jambes interminables de la soubrette portant des cocktails sur un plateau et ce malgr les recommandations
78. il faudra encore quelques ann es pour que les choses se d cantent et que deux grands ensembles apparaissent un vaste conglom rat d diteurs ayant pignon sur rue coulant peu ou prou la m me came rance sur Internet qu en librairie et une petite grappe de sites partenaires proposant des romans GE 19 intr pides et bien sentis avec un vrai souci de qualit Nous esp rons en tre videmment Pouvez vous nous pr senter bri vement les auteurs que nous publions dans ce num ro Salima Rhamna a publi chez nous son premier roman Chbebs c est une jeune professeur de Fran ais l criture tr s riche nourrie par un grand nombre de lectures dont le texte sort incontestablement des sentiers battus Une personne d une grande finesse et d une thique irr prochable avec laquelle j ai toujours plaisir discuter Le professeur Fran ois Cosmos est un tre exquis bien qu impr visible qui n est jamais l o on l attend mais dont on se f licite chaque fois qu il ne soit pas l o on l attendait Auteur exp riment et myst rieux il nous a propos des nouvelles tr s diff rentes et notamment pour le n 0 de la revue L Ampoule un morceau de choix que j invite les lecteurs d couvrir Rip est un camarade de combat litt raire toujours prompt la bagarre verbale et au gunfight par cran interpos il a publi son premier roman Coke de combat chez L o Scheer et nous gratifie r guli rement
79. ivains c est extr mement rare 1l y en a un sur dix mille Messieurs ce fut un plaisir je ne me suis pas ennuy une seconde vous tes de sacr s comiques tous les deux Buvez autant que vous voulez et laissez a sur ma note Il se l ve nous salue glisse trois mots l oreille du valet en costard gris souris qui l aide passer son manteau Ce dernier nous d coche un grand sourire hypocrite mordant un juron On peut revoir la carte s il te pla t esclave Tezuka dispara t dans la floculation de la nuit On se jauge avec Knack comme deux connards Il en a rien cirer de nous Bin wai y s en bat compl tement les reins de nous T as compris l allusion aux bons textes Encore heureux que chu pas une keumar y manquerait plus qu on me vende en t te de gondole comme un lot de trois slips Et le coup du tr s grand crivain sur dix mille Ha ha si c tait moi a se saurait T en fais pas Rippy de toute fa on t as rien foutre chez les geubour d prav s autant faire jouer une hy ne au croquet Tu les amuses deux secondes pasky z ont besoin de se d crisper le p rin e avec la canaille Faut que t essayes le polar mon vieux un truc qui marche Le polar Rippy c est ce qui paye de nos Jours La barmaid aux jambes qui piquent les yeux nous ressert deux cocktails Au fait Knack tu m as pas tout dit keski s est pass exactement avec la Komodo
80. ke lettres La mont e des communautarismes est tagu e dans l ascenseur renonce finalement proclamer face micro le stagiaire d une agence de presse On a galement d p ch sur place des grands reporters aux foul es alertes Des groupes s agencent devant les cam ras puis se d font En embuscade trois des Tartiflettes cit voisine prennent la pose en achevant la besogne La sc ne est flout e On peut les voir donc mais pas tr s nettement vandaliser du mobilier urbain en compagnie d une daronne Les gyrophares font sur la robe de chambre de cette derni re quand elle se baisse scintiller les toiles d or Un peu sur la droite visage glabre sous lunettes noires elle reconna t son voisin son surv t et son bel air de prytane S quence suivante gard e au montage celle ci Entre deux platanes un mineur encagoul tient un manche de pioche Son copain agenouill arbore un casque de moto blasonn d un aigle noir Et sa main droite allume un briquet dont la flamme embrase le cageot gliss sous la voiture De sa fen tre assiste la sc ne un Chinois de quatre vingt dix sept ans ancien de chez Panhard premier ouvrier relog apr s qu on eut d truit son garni de l avenue de Choisy 1970 Le tissu associatif s est totalement d chir d plore un sociologue des d linquances Il quitte le plateau avec sa stagiaire Quelle paire de roberts en son for int rieur Dans le m me tem
81. l est sur la serrure J ouvre la porte et je recule je recule et me cogne contre le serpent Tante Claire est l assise sur une chaise africaine avec ses lourds colliers multicolores la t te droite et son beau regard ambr qui me fixe Elle est plus petite que dans mon souvenir Pourquoi es tu partie si pr s de lui Tante Claire Elle ne me r pond pas Je referme doucement la porte Dans la cuisine M re chantonne il sentait bon le sable chaud mon l gionnaire lala lalala lala Dis moi maman il tait militaire Tonton Taxi quand il tait jeune Non il tait naturaliste 1l a parcouru le monde tu sais Dans son taxi T te ahurie de M re Le premier jour o je suis mort je n ai pas pleur Un matin pas comme les autres d Isabelle Monin Le premier jour o je suis mort je n ai pas pleur Enfin presque pas ce qu il me semble Quelques traces un peu glaciales noircissaient mes tempes J avais un peu mal l des stalactites gris tres collaient mes yeux la route tout le long d un chemin familier qui ne me raccrochait plus qu lui Ce matin l comme tous les matins je me suis retourn dans mon lit juste avant que le r veil sonne je me suis retourn 5 heures 48 exactement Comme tous les matins ma femme tait r veill e elle aussi et me regardait ouvrir les yeux Ce matin l son sourire semblait un maladroit rictus et ses yeux plus embrum s qu
82. libertins consistant pour elle faire comme si elle cherchait m chapper en courant gorge d ploy e tout en gloussant comme une baleine travers toute la maison puis se d battre mollement jusqu tre harponn e au bon endroit et pour moi r fr ner le plus longtemps possible mon envie de la rattraper et de la poss der l tout de suite contre la cloison la plus imm diate L id e de lui toucher un mot de la maudite pi ce ne m a tonnamment pas effleur tonnamment car il ne se passe gu re de jour sans que mes pens es ne m y ram nent plusieurs reprises je suis m me r veill par de ces cauchemars parfois Au cours de la poursuite elle s est enfil e l et a referm la porte derri re elle en riant la cl ne servait m me pas quelque chose jusque l donc Elle n est pas r apparue depuis mais elle n est pas celle au sujet de qui j ai align quelques mots entre tiret et points de suspension plus haut Il me faut donc maintenant je le lui dois oser l ouvrir le plus t t possible 27 juin en soir e Depuis que cette lettre manuscrite a t gliss e dans ma bo te hier soir comme je l ai not en passant plus haut elle a occup l essentiel de mon temps de veille et je ressens le besoin d y revenir en d tail Onze heures venaient de sonner l glise quand j ai entendu claquer le battant m tallique de la fente par laquelle on introduit le
83. mais l heureux propri taire de deux oreilles d autant plus performantes qu elles n avaient pas encore t soumises au bombardement incessant de cette fanfare de supermarch entrecoup e de hurlements sauvages et hyst riques accompagn s de couinements veules et d goulinants que l on appelle commun ment la bande FM Pour cette raison 1l savait encore reconna tre une musique agr able d un boucan infernal Tous les autres humains dont la majorit pensa t il tait manifestement m tamorphos e depuis un bail donc mieux adapt e la vie souterraine en milieu urbain avait manifestement perdu cette facult Ils couraient en tout sens l air de rien a il avait quand m me l habitude et le bousculaient en r lant toutes les deux secondes D un naturel affable comme la blatte qui sommeillait encore en lui Didier Martin n en r agit pas moins avec une pointe d agacement quand pour la dix neuvi me fois en moins de deux minutes 1l re ut une bourrade entre les deux omoplates Il se retourna sur le champ les sourcils fronc s pour tancer l importun bien qu une petite voix lui affirma de n en rien faire intervention judicieuse qu il ignora malencontreusement Il n eut pas le temps de finir son Vous pourriez vous excuser que l un des deux bip des le m le se rapprocha encore un peu plus de lui et grogna Papiers s il vous pla t Il campait sur une jambe demi fl chie le pouce
84. manifestement au bout du rouleau L autre s tait d j replong dans son h b tude contemplative fixant le sol d une mine accabl e Didier suivit son regard et sut le drame int rieur qui se jouait sous le cr ne chauve et bossel de l amphibien d chu qui d taillait une mouche cras e sur le sol d un air navr M par un irr pressible mouvement de compassion bien tranger au cadre informatique du secteur bancaire qu il tait devenu bien malgr lui mais quand m me 1l prouva la lutte secr te mais terrible que se livraient l app tit du crapaud trop longtemps refoul et la n cessaire retenue du bip de moderne qui tient conserver un standing moyen Une locomotive tractant une colonie de wagons chatoyants de tags divers et vari s vint interrompre dans un bruit de poulies rouill es suivi d un grand psshit le bref pisode humaniste dans lequel avait curieusement sombr M Martin Tass dans cette sorte de grosse bo te de conserve comprim par 35 d normes seins flasques du c t droit et une paule de catcheur l aisselle odorante du c t gauche il usa de la faible mobilit qui lui restait pour diriger son regard vers le fond du wagon et fut arr t une vingtaine de centim tres plus loin par la rubrique d un journal d pli hauteur de menton qui d vidait l horoscope du jour Il interrogea sa nouvelle m moire et comprit ce qu tait un horoscope une rubrique attrape gogo
85. mestible mais surtout 1l fr tillait encore cette simple vocation l int rieur de laquelle on trouvait presque toujours une nourriture v g tale d licieusement avari e Un doute terrible l treignit il ne pensait pas avoir emport dans son attach case une poign e d pluchures enrob es d un vieux journal la r flexion il en avait la conviction absolue car on n emm ne pas ce genre de chose avec soi quand on se rend son travail Ce court d lai de r flexion lui fut fatal Lorsqu il se retrouva allong sur le sol jambes cart es un bras tordu gauche l autre droite avec un objet de forme oblongue manifestement manufactur dans une mati re ligneuse et tr s r sistante qui lui comprimait totalement le larynx cause du genou qui pesait sur sa nuque il eut encore la force de se demander ce qui lui arrivait Son pilote automatique dont tous les voyants taient d sormais au rouge lui fournit une r ponse qu il trouva tout d abord sybilline mais in fine parfaitement adapt e la situation obtemp rer Il obtemp ra donc puis s vanouit Il sentit tout au fond de lui m me que le couple en bleu tentait de le ranimer selon la bonne vieille m thode du simila similibus curantur Enfin plong dans une b atitude quasi d finitive Didier ne se sentit m me pas transport ou plus pr cis ment tra n dans une sorte de camping car bleu fonc et emmen dans un lieu de convalescence n
86. multiples risqua Didier Il est en effet possible que vous ayez 11 D cidement j aime bien ce mot 12 C est le cas de le dire videmment 39 40 Sgke malencontreusement lanc deux ou trois instances simultan ment ce qui arrive souvent ajouta t il prudemment On vous a demand quelque chose Euh et bien non Non Monsieur On vous a amen ici pour nous apprendre l informatique peut tre Non bien s r que non Monsieur Bon alors reprenons Il continuait taper sur son clavier d un geste fourbe ou plus exactement il faisait semblant de taper et s ing niait rendre le son des touches sans appuyer dessus Au bout d un moment n y tenant plus il laissa chapper Et c est a qui fait bip Quoi Les inclusions truc machin chose elles font bip sur mon clavier Ah non 1l met ce bruit car depuis une bonne dizaine de minutes vous avez satur le buffer clavier c est dire que plus aucune frappe de votre clavier ne s imprime sur votre cran et qu il est d sormais totalement inutile de taper sur les touches C est ce que le bip vous signale Alors c tait vrai ce type tait bien sp cialiste en trucs informatiques tr s compliqu s et surtout son imposture tait d masqu e Il se tassa l g rement sur son si ge pr lude un effondrement total une capitulation sans condition Qui ne tarda pas arriver Et vous vous y con
87. naissez bien en clavier qui fait des bips Il tait d sormais presque enti rement occult par son cran le clavier sur la bedaine protection illusoire contre la pers cution informatique sa dignit l abandonnait au rythme des jets de transpiration qui inondaient ses aisselles Didier attendait paisiblement qu on lui pos t les questions suivantes mais son attitude tranquille et d tach e tout fait normale pour une blatte qui passe une inspection fut interpr t e par le brave officier de police comme un indice de la sup riorit de l homo informaticus sur le vulgus pecum c est dire lui videmment cela augmenta quelque peu sa mauvaise humeur d j palpable et quasi naturelle mais il fallait cependant sortir de la crise Il mit donc au d fi son interlocuteur d arr ter ces de bips et de faire marcher ce d ordinateur Didier Martin se leva donc de son si ge et prit place devant l ordinateur incrimin il jaugea d un seul coup d il la situation c est dire l tendue des d g ts Le syst me tait compl tement gel et pire le r seau ne fonctionnait manifestement plus car la frappe fr n tique du fonctionnaire z l avait produit une combinaison secr te de touches r serv e de toute vidence l administrateur syst mel4bref tout tait en vrac D ailleurs l instant m me o la blatte humaine commen ait se saisir du clavier des t tes affol es apparurent dans le cadre
88. ns cet tat beaucoup de choses d raisonnables et folles viennent au jour et notamment toutes les situations cens es nous donner le moyen de nous sentir ivres ou Joyeux dans la sensation dans la jouissance de l anarchie c r brale le plaisir du non sens de la d raison humaine Mais o est la vie Friedrich Nietzsche Le gai savoir Gallimard 15 EE pueege RUzz ditions de l Abat Jour Dans ce monde noir domin par les forces obscures les ditions de l Abat Jour m ritent un coup d 1il parce qu elles maintiennent une loupiotte allum e sur la cr ation litt raire effective concr te en action et non celle lexicale utilis e pour d corer le commerce du livre et les articles conservateurs des chartes litt raires L Abat Jour est une maison lectro de cette prochaine g n ration qui profite des possibilit s de diffusion en r seau pour envoyer du travail d criture et d velopper des univers originaux d auteurs sans autre primo condition qu une ligne ditoriale port e sur la marge cet endroit flou propice l audace et l innovation Le contrema tre Franck Joannic interview ci apr s repr sente les ditions de l Abat Jour ainsi que cinq textes publi s dans ce num ro de Squeeze et pr lev s dans le meilleur du patrimoine de la maison O la banlieue volcanique voque l Orient de Salima Rhamna La Pi ce manquante de Fran ois Cosmos Rencontre du t
89. omm il l apprendrait son r veil commissariat L on l installa dans une position probablement adapt e la morphologie humaine mais son pass de cancrelat tait encore trop r cent pour qu il en jouisse en toute qui tude Dans une pi ce de douze m tres carr s environ 1l tait maintenu contre un mur gr ce un anneau astucieusement plac un m tre quatre vingt dix du sol Ce qui l obligeait rester debout le bras tendu mais 1l pouvait quand m me se servir de l autre pour se gratter ou s examiner les ongles Il partageait cet espace avec un nombre tonnamment lev de cong n res au moins une vingtaine dans un espace pourtant r duit Il fut surpris d une telle manifestation de l instinct gr gaire chez l hominid et apr s que le souvenir du m tro Madeleine eut surgi en lui avec toute son touffante moiteur comme un cafard tend ses ailes pour prendre son envol entre le tuyau d eau chaude et la bouteille de vinaigre rance oubli e l depuis des ann es bref apr s tout cela il parvint rapidement la conclusion que la barri re des esp ces n tait pas si infranchissable qu ont bien voulu nous l affirmer quelques scientifiques de renom Ce fut donc dans un tat de relative fra cheur d esprit qu il fut d tach et emport dans un 5 Pour les rares lecteurs qui n auraient pas fait de latin le principe en question consiste soi gner le mal par le m me mal C
90. ous pouvons publier absolument tout ce qui nous pla t sans penser la r action des lecteurs ou au potentiel commercial desdits romans Quant aux deux r actions oppos es x les livres lectroniques sont une r volution ou non nous d fendrons le livre papier jusqu notre mort formons des barricades avec des palettes enti res du dernier Bernard Werber elles sont bien s r ridicules le livre num rique ne remplacera pas le livre papier mais pour avoir une raison d tre il doit permettre de diffuser des textes diff rents lib r s des contingences conomiques pesant sur l dition traditionnelle Dans l id al le livre lectronique deviendra le support privil gi des romans refus s par le circuit classique un repaire furibard de l audace en litt rature D o l Abat Jour Comment d cririez vous vos auteurs si on consid rait qu il s agissait d une tribu sp cifique Les auteurs que nous mettons en avant sont tous tr s diff rents que ce soit dans les th mes abord s la fa on d crire ou les influences Leurs points communs sont certainement l exigence litt raire la volont de ne pas faire de compromis et le fait que leurs sujets de pr dilection souvent sombres ou difficilement classables les mettent en marge de l dition actuelle tr s format e Ils constitueraient donc une tribu h t roclite r unissant le dernier des Mohicans un couple de rescap s tupinambas quelques A
91. peu dans la maison J y ai pens tout au long de la route Je pousse la porte de la chambre aux papillons Ils sont tous l dans leurs bo tes transparentes si je les fixe trop longtemps je vois bouger leurs ailes multicolores J ouvre ma petite valise et chausse mes pantoufles semelles de feutre Je pose mon dernier Club des 5 sur la table de nuit et m installe sur le palier pour guetter les bruits de la maison J entends m re dans la cuisine et le bruit touff de la conversation des hommes au salon C est le moment d y aller Arriv e dans la boutique j ouvre vite un premier tiroir Merveille Des yeux de toutes les couleurs de toutes les grosseurs je saisis un il vert aie il poss de une petite pointe Un vrai tr sor Je le remets vite sa place Je n ose ouvrir les autres tiroirs J ai peu de temps devant moi et l atelier m attire depuis des ann es J y p n tre pas de loup et l une peur panique m envahit Je suis cern e par des animaux tranges Rien de ressemblant ceux des vitrines de la boutique Sur l atelier reposent des petites b tes inconnues ventr es puantes et nucl es Pendu au plafond un serpent gigantesque darde une langue fourchue vers moi deux cavit s sombres sur sa t te Je comprends soudainement o sont ses yeux et j en ai la chair de poule Tonton vole les yeux des animaux les range dans ses tiroirs mais pourquoi Un immense placard attire mon regard La c
92. pr sence de toute une vie de c libataire exempt pour motifs psychiatriques du service militaire r els ou simul s allez savoir il a rat l la seule occasion de pouvoir passer ne serait ce qu une nuit sous un autre toit que le sien que plus de trente quatre ans depuis sa mort tragique pr s de vingt apr s que je suis venu m y installer l ann e si je ne m y sens maintenant plus tout fait un tranger J al encore tendance m y consid rer un peu comme un invit Sans doute la m me explication peut elle rendre compte du malaise que soufflent avoir ressenti de retour au village mes tr s rares visiteurs le facteur des paquets les releveurs des compteurs les pompiers l approche du Premier de l An les boueurs juste avant No l les scouts peu apr s la Toussaint des dizaines d ouvriers quelque peu tranges qui voudraient sans cesse tailler de force mes haies le facteur encore la Saint Beaudoin la police municipale plusieurs fois par mois le m decin je n invite personne part mes invit es particuli res et elles n en pipent jamais le moindre mot comme vous pouvez vous en douter une fois l int rieur de la maison je n ai jamais entendu raconter et on ne m a jamais racont qu on ait entendu raconter que quelqu un ait prouv une semblable g ne consid rer son aspect ext rieur Elle a bien une allure un peu gothique il y a bien ce chenil de plus de douz
93. ps il y en a au moins deux qui savourent appr cient le d roulement du sc nario De l hilarit dans leurs regards au commissaire Licken et au pr fet de Gave contemplant la sc ne un peu l cart dans l habitacle silencieux de leur voiture le pr fet d guste l arri re un Puro tandis que le flic jette un il distrait sur le th tre des op rations Ce pr fet un homme lanc semble t il de prime abord sec et vo t en fait mais non sans classe dans son l gant costume de tweed dont 1l poussette une cendre tomb e du cigare de l une de ses longues mains d licates aux auriculaires par s de bagues de jayet Laissez vous tenter Monsieur le pr fet c est soir de f te Merci D un signe peine perceptible de la t te il fait comprendre au chauffeur son souhait de changer de poste d observation De prendre de la hauteur Forteresses muettes sises l une c t de l autre de Gave et Licken ont coup leurs portables Ils ne sont plus l pour personne Il s agit maintenant de laisser faire De se laisser envelopper par ce brouillard chimique qui se l ve autour des grands ensembles moins qu il ne s agisse des rouleaux de brume qui S effacent de la surface du lac artificiel long silencieusement par la Safrane et laissent appara tre les immeubles d coupant leurs pics fermes dans la nuit cependant qu un filet de fum e bleue monte en spirale de l tre o br lent barricade
94. put m ridional Nos quartiers populaires je vais vous dire 1ls ont besoin de quoi Pas d tre perfus au socio occupationnel mais d avoir le pied mis l trier Il faut remettre l conomie au c ur de nos quartiers Dans votre reportage le Journaliste parle de groupes extr mement mobiles Alors moi je dis l adresse de ces jeunes dont la r volte doit tre replac e dans le contexte de discrimination et d ostracisme insupportables dont sont victimes nos quartiers populaires je veux leur dire ces jeunes oui bougez c est bien la mobilit et mobilisez vous aussi mais pour vous pour r ussir regardez les mod les de r ussite qu il ne tient qu vous de reproduire parce que moi je ne doute pas que vous en ayez le talent La mobilit sociale les r sultats d entreprise le d veloppement durable a marche aussi en banlieue Messieurs dames les journalistes arr tez de vous focaliser sur le mal tre identitaire s il vous pla t Et vous les jeunes regardez les Ben Arfa regardez les Benzema les Debbouze Pas des belles r ussites la fran aise peut tre La situation la cit de la Grande Borgne est encore loin d tre ma tris e Mais mergent les premiers l ments d analyse mis par des experts d ment reconnus et qualifi s C est ainsi que la responsabilit des urbanistes est montr e du doigt On filme aussi en cam ra subjective des bo tes aux 44 Sg
95. relacent de fleurs cramoisies l t d passant ensuite le cimeti re aux caveaux gris et l cole maternelle avec sa balan oire aux allures de potence o d athl tiques adolescents aux surv ts couleur de marmelade font leur trap ze en poussant des cris rauques Gar s sur un promontoire 1ls sortent enfin de la voiture font quelques pas au bord du ravin de Gave sort son exemplaire de Foucault J eusse pr f r vous lire certains passages tir s Des caresses d hommes consid r es comme un art il y est entre autres questions de porteurs de barbes cela ne nous d payse pas trop mais nous loignerait tout de m me un peu de notre pr occupation du jour Foucault donc toujours qui ne fait pas que le bonheur du MEDEF figurez vous qu il figure d sormais aussi en bonne place dans la bibliographie indicative l attention des apprentis commissaires de police Vous tes surpris C est que vous tes d j pardonnez moi cette saillie cher ami incontestablement de la vieille cole Qu on ne vienne pas non plus me parler de r cup ration ou de je ne sais quelle soi disant d formation de la pens e de notre charismatique chauve comme s en agacent les pr tendus h ritiers Tenez d s Surveiller et punir tout est l jugez plut t la nettet du trait la qualit de la synth se la d linquance avec les agents occultes qu elle procure mais aussi avec le quadrillage g n ralis qu elle autorise constitue
96. retenus la d sillusion qu on tentait de diluer les mains jointes en crachant sur l univers perverti ici bas Marie d testait tous ces gens elle ne savait que trop pourquoi ils taient l N bulisant le r el dans l gr nement m canique de formules ils esp raient parvenir une convaincante imitation d oubli par l ructation intestine de f briles oraisons jaculatoires Souvenirs et peurs mac raient dans l exsudat de leur enc phale exhalant une odeur de culpabilit partag e que personne ne pouvait fuir seulement supporter sans r pit ni repos On voulait se persuader de m riter un arri re monde o tout serait forc ment mieux qu ici Paix bonheur f licit joie sur la Terre la s r nit dans les mes et mon cul sur la commode Des formules publicitaires Ca devait leur parler Marie voyait les cur s comme des pr sentateurs de t l shopping sur le retour cherchant par tous les moyens convaincre leur auditoire de son importance Faire croire aux gens qu ils existaient Qu ils existeraient toujours Que le n ant n tait pas pour eux Tous nourrissaient une aversion profonde pour la vie la seule qui existait celle de la mati re l enroulement de boyaux les composant Ils s estimaient sup rieurs voulaient tre plus que a r clamaient la vapeur dor e au parfum d encens d une me s chappant d eux apr s leur dernier soupir et des ch urs ang liques les menant doucement au ciel sur de
97. roisi me type au bar de l h tel Redford de Rip Dieu est un crime contre l humanit de Nimzowitsch cf rubrique Scandale et Ungeziefer de Richard Maurel Pour profiter davantage il faut se rendre sur le site internet de Abat Jour avec la carte articles litt raires piquants interviews d auteurs enlev es nouvelles et feuilletons gratuits online revue gratuite galement t l charger collaborations d auteur fichiers audio de lectures appels textes et Ebooks la commande pUZZ ditions de l Abat Jour L Interview Franck Joannic Est ce que tu peux nous pr senter les ditions de l Abat Jour de quelle plan te venez vous et quel est votre plan d attaque pour conqu rir le monde Notre couverture est simple nous sommes une maison d dition num rique bas e Bordeaux qui publie uniquement de la fiction et plus particuli rement des romans avec une ligne ditoriale mettant l accent sur les textes surprenants d rangeants violents intrigants voire flippants Ce qui nous permet de f d rer une petite communaut d hurluberlus anarchorigolards fort potentiel terroristico litt raire en phase avec notre r el projet envahir la Terre via des fichiers PDF infectant instantan ment les lecteurs d une forme foudroyante de mucoviscidose pour nous approprier toutes les r serves mondiales de salsifis et d excr ments de phoque denr es combien pr cieuses sur notre pl
98. ropos anecdotes contes suppositions toutes et tous plus invraisemblables les unes que les uns du moins je le suppose car je n ai encore eu connaissance d aucune ni d aucun Je vous avouerai que moi m me n ai toujours pas os l ouvrir Une cl avait t laiss e dans la serrure pourtant et il n y avait aucune raison de penser que ce ne soit pas la bonne Et il existe une pi ce derri re ou au moins un espace encadr par deux chambres dont celle que J occupe pour cet usage et ferm par un quatri me mur aveugle que l on peut observer et que l on pourrait m me toucher semble t il toujours un peu plus humide que les autres murs ext rieurs en faisant le tour de la maison par le potager Cette fausse pi ce a galement un plancher et un plafond n offrant aucune sorte de communication avec d autres parties de la maison faites moi confiance je m en suis assur puisque au dessous s tend le salon arabe tandis qu au dessus se trouve une autre chambre la seule de cet tage dont tous les meubles soient cach s sous des housses blanches depuis le d c s de l arri re grand m re Alors pourquoi en parler Si cette non pi ce n avait pas exist je n aurais sans doute jamais pris la plume pour crire ce qui me tiendra peut tre lieu de testament 1l y a une semaine ma derni re conqu te une dr lesse d une beaut inca peu commune a souhait s adonner l un de ces jeux
99. rrompue par une affiche 4 par 4 qui proclamait sans vergogne VOUS AVEZ LE CAFARD LA SOLUTION C EST BAGON et en plus petit cette pr cision qu il trouva abjecte Nouvel insecticide syst mique avant de mourir l insecte trait contaminera toute la colonie Il trouva cette apologie du g nocide proprement r voltante et se demanda m me s il n existait pas quelque part une loi un r glement ou tout le moins une circulaire qui r primait ce genre de propos Il chercha bien mais en vain ce qui ne laissa pas de l tonner dans un pays o tout mais alors absolument tout avait fait l objet d une loi au moins Pour les d crets il est vrai qu on est en retard ajouta t 1l in petto comme d habitude Il pivota vers son voisin et lui demanda Vous avez vu cette affiche Un visage las au teint cireux tourna vers lui deux poches tristes dans lesquelles flottait un regard teint Quoi Cette r ponse de batracien avait pour Didier le charme d suet de la nostalgie Un arri re go t de vie sauvage Il s interrogea sur l incarnation ant rieure de son voisin grenouille ou crapaud Afin de trancher la question il l observa d un peu plus pr s La peau variqueuse et l g r ment verd tre le plongeait dans l expectative Le doute se dissipa quand il renifla l haleine f tide charg e d effluves de dents g t es et d un remugle cre de jus d oignon remontant du plus profond d un estomac
100. rs va pour trois japonais Chine chine Knacky engage la conversation sur la sortie du livre de cette lolita dont tout le monde parle Marie Ci trijouli feuilletoniste prodige de treize ans et demi Treize ans c est pas un peu jeune Treize ans et demi C est juste que quand le vieux Gaby le Magnifique est l on vite de les laisser seuls dans la m me pi ce On discute de tout sauf de mon manuscrit aux ditions Tezuka On prend plaisir sortir des bons mots des vannes comme de vieux potes On se conna t depuis cinq minutes et on parle d j de cul de partouzes de filles Les grands hommes femmes affam s se rencontrent L ancien nous donne son meilleur conseil ne ja mais baiser avec une auteuze S envoyer en l air avec une crivaine est tout simplement le meilleur moyen de se retrouver couch dans son prochain bouquin examin sous toutes les coutures tous les angles fa on m decin l giste Les dimensions et la forme de ta queue n ont alors plus aucun secret pour personne si toutefois la narratrice reste honn te Au pire l image de petite bite te colle la peau toute ta life Si t es mari t as juste pr parer ton carnet de ch ques pour la pension alimentaire le jour de la sortie du br lot en librairie C est d j pass deux doigts de m arriver en fait pareille m saventure Je me retrouve poil dans Peau Nocturne de Myriam Sylphide Cette folle championne du mond
101. s airs langoureux de violon Ils le r clamaient semaine apr s semaine encore et encore avec rage de toutes leurs forces obstin es path tiques Des bact ries Des bact ries de chair d guis es Elles finiraient par y passer quand m me il n y aurait personne pour les conduire par la main travers les nuages on se relaierait quatre pour les porter jusqu au caveau en location Un instant apr s que leur c ur aura cess de cracher du sang que leurs poumons auront arr t de se gonfler d air que l lectricit aura termin d irriguer leurs bourrelets endocr niens la carcasse redevenue anonyme fourmillera sans eux dans sa bi re au fond de la fosse Elle s occupera autrement selon la m me loi volutive devenant chemin e scrofuleuse active marinant ses cr pitations dans les graisses acides d grad es d o sortiront des germes de corail ne les concernant plus Leurs os moisiront sous terre Les vers suceront leurs yeux La vie les oubliera Ils ne le voulaient pas non surtout pas taient pr ts tous les mensonges pour s extraire d une existence seulement faite de tripes et de sang Il y avait l un fumet d hypocrisie de putr faction noy e sous l encens au sein duquel chacun jetait t t ou tard un regard grave la repr sentation doloriste d un cadavre en croix controuv Prier devant l erreur consentie mentir un mensonge pour se tromper soi m me On irait qu mander plus tard les
102. s et voitures La brume Comment ne pas penser au Caire mon amie Zeniab Hamilton dite la sculpteuse de brouillards Elle serait coup s r int ress e par le spectacle de ce soir elle qui n a pas son pareil pour susciter d impr visibles cascades de brumes au pied desquelles s tendent de gigantesques nappes s levant des pyramides de Kh ops sur fond de musique lectro acoustique Mais soudain un clair de foudre lointain enflamme les vitres de la voiture dans un fracas chaotique Explosion d un drone renseigne la voix faussement fatigu e de Licken Allons chauffeur plus haut toujours plus haut levons nous par dessus les cimes Licken se laisse bercer par la belle m canique disparaissant dans les virages sans m me un grincement de ressorts quand elle plonge au fond des nids de poule d o loin de se bloquer net comme on s y serait attendu la voiture s extrait en douceur pour se faufiler ensuite au plus pr s des palissades puis entre les ch ssis de berlines carbonis es Et au fur et mesure que la Safrane enfile les lacets d passe la cr te d arbres aux branches lourdes et statiques avec a et l la silhouette d une barre en leur milieu leurs regards se dirigent en contrebas vers la cit perdue dans la brume Voici qu ils enfilent l avenue Cummings longeant des complexes sportifs puis les hauts murs d un centre de recherche d localis dont les haies s ent
103. s jaunies ou effac es jamais du disque dur puis totalement de leur m moire Je pleure Mais pleurer me pleurer leur place ne sert rien non plus Aujourd hui il n y a plus rien je ne les vois plus Ils sont tous partis Je crois que je n aurais jamais d me r veiller ce matin l Le premier jour o je suis mort je n ai m me pas pleur Le dernier jour non plus Tous ces noms ont finalement disparu de la pierre et je ne sais plus moi m me qui pleurer ni pourquoi Sgurr 51 52 ME purge Feuilleton Le Feuilleton Paparazzi Hot 5 me pisode Lemon A 07 avant VP Comment ce n gro peut il avoir la gueule du neveu parfait Tu m expliques a Gian Hein comment c est possible a un n gro avec une gueule de neveu parfait Gendre id al patron un air de gendre id al Quoi le gendre id al le neveu parfait tout a c est pareil a raconte la m me chose Je vais te dire Gian dans l histoire de l humanit il y a d abord eu les singes c est le premier stade de l volution Les singes Gianfranco Des encul s de putains de singes en Afrique Et tu sais o on a retrouv le premier homme En Afrique exactement en Afrique parce que les noirs sont les descendants directs des singes et a c est le deuxi me stade de l volution les n gros Tu vois d abord les singes et ensuite les n gros Regardez patron Luca Rizzi au
104. se comme moi ces instructions sont difficiles respecter Nous arrivons avant le d ner et apportons de lourds paniers d osier remplis de victuailles et de bouteilles P re gare la voiture devant la boutique de Tonton Taxi et m re va toquer l huis d un pas d cid Tonton ouvre la porte v tu de son ternel habit de coutil noir les cheveux en bataille et l air ahuri de celui qui se r veille Il ressemble un puzzle de l gumes Long comme une asperge p le comme une endive des cheveux carotte au sel et des yeux comme des petits pois bien vifs derri re les lunettes cercl es de fer pos es sur le bout de son nez Nous entrons dans la boutique au parquet craquant et nous sommes aussit t saisis par l odeur trange et chimique qui s en d gage De hauts meubles noirs et cir s Essentiellement des vitrines et des tiroirs larges et peu pais Chaque vitrine contient un animal poils ou plumes de nombreux livres reli s et des objets tranges Au fond de la boutique je devine un atelier brillamment clair mais j a1 l interdiction de m y rendre Soyez les bienvenus Allez Marie fais comme chez toi la cuisine n a pas chang de place Fulbert vient au salon j ai un bon cigare pour toi Nine tu veux monter lire dans ta chambre jusqu au d ner Nous t appellerons 48 Sgke Pfeuuuu C est pas juste moi J ai envie de rester avec eux et de les couter ou encore mieux de fureter un
105. t Il ouvre l armoire attrape une bouteille et des verres Aucun doute on est unis comme les doigts de la main Les verres s entrechoquent l alcool me br le la gorge avec un arri re go t de plante et de m dicament Le douanier nous ressert Des familles enti res tirent leur pingle du jeu parce que nous nous bourrons la gueule ensemble Le douanier remplit une troisi me fois les verres puis il ouvre un tiroir et pr sente la photo du contrat pue 55 Une vigie d Isidoro surveille le site du haut d un cocotier une seule porte d entr e massive donne sur la cour int rieure bord e par des chambres et des pi ces vivre Les chiottes sont au fond de l hacienda accol es au mur d enceinte un simple cabanon Il y a aussi un puits au milieu de la cour Je tambourine contre les battants de la porte d entr e quelqu un gueule quelque chose de l autre c t videmment je pige rien et je r ponds en italien Des secondes filent et les serrures finissent par se d verrouiller toutes seules Luca Rizzi respire fort derri re moi La coca ne rend la situation parfaitement logique et cool L homme abattre s appelle Samoura mais ne poss de rien de japonais ni le regard en pingle ni l air du hareng avari Sur la photo du contrat il ressemble Jeremy Irons en plus bronz On le surnomme Samoura cause de son style Un mec droit dans ses bottes avec le sens de l honneur On le dit brave intelligent On le dit int gr
106. tit cafard de l esp ce commune Blatta famille des blattid s ordre des Dictyopt res caract ris par des pi ces buccales du type broyeur s extirper tranquillement de la semelle g ante et se diriger d un pas vif mais assur vers le local poubelles du restaurant chinois qui se trouvait au coin de la rue et dont le fumet faisait vibrionner ses antennes Il y rencontra plusieurs colonies de cong n res dont certains avaient galement effectu un bref passage dans le secteur informatique bancaire Ils parl rent boutique en mastiquant quelques brins de soja d licieusement pourris D eu ZZ ditions de l Abat Jour O la banlieue volcanique voque l Orient Salima Rhamna Troisi me nuit de troubles en banlieue La voix qui balance la nouvelle en une n est pas de celles qui tremblent on est dans la solennit d un studio et au second jour d une meute qui cercle Paris d une ceinture de flamme C est un concours d autos br l es a c est le commentaire d un des habitants d une cit du sud francilien devant sa t l Ils proc dent par petits groupes extr mement mobiles Qui a ils Deux meneurs auraient d j t arr t s affirme le pr sentateur Fouzia branch e sur France 3 d abord intrigu e d entendre nouveau Robert Castel la t l tourne la t te et d s lors n a d yeux que pour cette belle gueule au menton carr de Kader Baziri nouvel eurod
107. tites marron Elle n est presque plus jaune C est comme si le Golem s tait torch avec un canari Par dessus tout cela comme une cerise en d composition pos e sur un g teau moisi il y a une vieille pluchure de cl mentine verte pos e l comme une couronne mortuaire sur un vieux caveau de caca d oiseau Au fond pr s du mur g t encore un vieux paquet de cigarettes vide pris mi corps dans cette gangue comme un iceberg rouge dans un oc an de merde gel e Il se d gage de ce tas d ordures comme une nergie infinie Elle para t radioactive cette bo te lettres Le facteur doit certainement enfiler une combinaison BCR pour venir la vider Comment est il possible de laisser une bo te aux lettres dans un tel tat Et dire qu il doit y avoir Antigone des bo tes lettres design sign es par Garouste en acier inoxydable qui abritent en leur sein le vide m prisant des pens es minables de la petite bourgeoisie montpelli raine On doit les astiquer Six fois par Jour comme on astique le membre viril d un Joli moloch charmant Et on laisse Figuerolles les bo tes lettres se couvrir de merde d une telle quantit de merde qu elle para t m me exploitable C est un gisement grandiose ce qui recouvre la bo te lettres de la rue Baru On doit tirer de cet endroit un guano de grande qualit Il faudrait en mettre dans nos poches comme les prisonniers des quartiers populaires et chaque fois qu on
108. toise Le sous officier de police qui prit sa d position avait un reste de sandwich sur le bureau et d accent m diterran en du bon c t de la mer sur la langue Il tapait sur son clavier avec deux doigts seulement mais compensait ce faible effectif par une frappe puissante et nergique qui faisait trembler jusqu au moniteur Nom Pardon Je t ai demand ton nom Comment tu t appelles quoi Martin M a r t Oui a va je sais crire Martin Martin C est bien a Oui monsieur Martin tiens donc M a r t 1 n hmmm Et le pr nom Didier Didier Comme Didier tout simplement Voil c est a D 1 euh comme Didier oui Ce qui nous fait Didier Martin donc hmmmm Oui c est cela monsieur Didier Martin c est bien moi T es s r Didier eut alors un instant de doute profond presque existentiel Mais sa m moire automatique tait formelle c tait bien a Ben oui Le fonctionnaire de police releva les yeux de son cran pour le d tailler Didier en profita pour ajouter Oui Monsieur Le policier continuait l observer sans un mot Didier rajouta alors C est crit l 1l fit un signe de t te vers le bureau puisqu il avait les mains prises sur ma carte d identit Il se souvenait enfin de comment s appelait ce dr le de rectangle en plastique Apr s les pr
109. traverserait les Galeries Lafayette on en laisserait tomber Et il se d velopperait sur le sol de tous les magasins bourgeois des mousses et des lichens sur lesquels les familles viendraient pique niquer pour profiter des RTT Mais il n y a pas de vase communicant pour la merde La merde faut toujours qu elle s accumule quelque part Figuerolles c est le papier cul de Montpellier Et le papier cul de Figuerolles c est la bo te lettres de la rue Baru Dire que c est par l probablement que les vieux Arabes du quartier envoient leur argent au pays Il doit y avoir sous cette tartine de crottin des magnifiques lettres d amour qui hurlent oh ma ch rie oh mon amour comme je t aime sous mon toit de fiente paisse comme je t aime sous ma carapace d excr ment de chiasse de plumes et de petit duvet comme je t aime du fond de ma petite enveloppe terroris e par les pigeons Petit papa No l toi qui descendras du ciel am ne nous des ponges par milliers Elle s est arr t e au milieu de la rue cette voiture Et l enfant dedans 1l est sorti Il avait lair content sa petite lettre la main Mais quand il a vu la bo te lettres il n avait plus l air content du tout Elle s est mise hurler la maman dans la voiture Il avait l air emb t sa petite lettre la main Il regardait la bo te lettres 1l regardait sa maman Et elle s est remise hurler la maman dans la voiture
110. u il s agissait en fait d un uniforme sorte de carapace amovible Une fois lev habill ras cravat et attache cas Didier Martin se mit sur pilote automatique 1l alla donc son travail Sa premi re compulsion fut de se ruer vers son 4x4 Toyota mais mi chemin entre l escalier et le garage il se souvint qu il l utilisait exclusivement dans les cas suivants faire les courses au supermarch acheter du pain la boulangerie prendre le journal le samedi Il classa ces informations dans sa m moire long terme fit demi tour puis se remit en pilotage automatique c tait quand m me le mieux pour aller au travail Mais il ne savait toujours pas ce que recouvrait ce terme travail Il franchit sa porte d entr e qui devenait de ce fait m me une porte de sortie Se dit il in petto mais pas trop fort quand m me in petto pour ne pas perturber le fonctionnement du pilote automatique puis se dirigea vers une bouche de m tro En tant qu ancien cafard l id e m me de se rendre dans une bouche quelle qu elle soit non seulement lui r pugnait mais le terrorisait absolument une lutte int rieure et spectaculaire s ensuivit entre son instinct de cancrelat dont il ne s tait pas totalement d parti et son pilote automatique qui comme tout bon pilote automatique aspirait avant tout la r alisation de l objectif dans des d lais raisonnables Enfin apr s un pre combat 1l put observer qu
111. ueilli son tour La coke a fait p ter sa jauge de ma trise et d esp rance Il est d j mort La junkfood le cin ma les putes et l argent facile l ont enterr depuis longtemps Luca Rizzi encaisse des balles et s croule lourdement Pourtant les douaniers continuent tirer Ils arrosent la d pouille qui percut e par les projectiles livre sa derni re gigue en tournant sur le sol Puis ils cessent le feu se rel vent prudemment de leur planque et viennent valuer le score Avec ce qu il a pris dans le buffet Luca Rizzi est plus que repass Aucun type sur terre ne reste r ellement sur ses gardes la sortie d une fusillade Apr s la mont e d adr naline le corps se rel che et la vigilance part avec a se goupille comme a tous les coups c est inscrit dans nos g nes D un seul coup d il je fais le tour de la situation trois types debout dont Samoura et trois cadavres dont Luca Rizzi Je me d couvre Les types debout sont regroup s ils l vent les yeux vers moi ils sont arm s je fais cracher mes Glock Emport s par les balles 1ls reculent et mordent la poussi re Je s curise l op ration avec une seconde salve mais je sais bien que tout est termin Mes mains sont pleines de talc pour pr venir la transpiration Je balance les Glock avec mes empreintes aucune importance et pars la recherche d un mouchoir 6 Ces cons de ricains y a que leur costards qui comptent Les n
112. ure et il attrapait le courrier Et chaque lettre ainsi sortie il la pla ait sous son aile Il aurait eu une Gitane ma s dans son bec je n en aurais pas t plus surpris Et le plus fascinant dans tout cela c est qu en m me temps 1l se vidait la tripe Chaque fois qu il tendait le cou pour attraper une nouvelle lettre l autre bout comme si l effort effectu d contractait ses sphincters il l chait une fiente Mais d une fa on tr s professionnelle Tr s digne Sans jamais tacher le courrier ni son bel uniforme de pigeon consciencieux Il d f quait naturellement comme si c tait de son trou du cul qu il tirait toute son ardeur Et sous son croupion sur la bo te lettres au coin de la rue Baru la merde s accumulait comme l unique t moignage de son d vouement exemplaire Car il y a encore des tres obstin s dans ce monde qui croient en La Poste Des pigeons de l a ropostale ou je ne sais quoi Des Saint Exup ry emplum s Le conducteur de peuple qu il crivait dans Vol de Nuit eut piti immens ment de sa mort Pas de sa mort individuelle mais piti de l esp ce qu effacera la mer de sable Et il menait son peuple dresser au moins des pierres que n ensevelirait pas le d sert Est ce cela pigeon que tu construis en chiant sur la bo te lettres de la rue Baru Est ce elle cette pierre que n ensevelirait pas le d sert S1 tel est le cas je demande
113. vant sa premi re bite Je l aimais comme mon fils ce petit b tard J ai toujours pris soin de lui Letypetraduiten produisantdes claquements avec salangue qui se m langent aux claboussures du fleuve contre la coque de l embarcation P pito vingt cinq ans prot g du patron ancien cadre approvisionnement distribution de la moiti ouest des tats Unis Chiffre d affaire annuel 500 millions de dollars La coca ne c est la poudre des rois et a rapporte plus que l ensemble des putes de la c te pacifique r unies Qu est ce qu on viendrait foutre en Am rique du sud sinon Comme mon fils r p te le patron en posant sa main sur son c ur et en levant les yeux au ciel Comme mon fils En v rit le patron n aime personne et surtout pas son fils biologique un dossier top secret dont 1l ne s est jamais occup et dont on a jamais eu aucune nouvelle Il regarde la photo de P pito sur l cran et surench rit La m re de P pito c tait ma s ur une sainte personne n a jamais su comment elle s est retrouv e enceinte elle est d c d e en le mettant au monde paix son me En v rit des bruits couraient que le spermatozo de venait d un joueur de mandoline un avaleur de burritos un rat puant comme tous les Mexicains de Los Angeles Mais qui pouvait pr tendre qu un type comme a aurait tamponn la s ur du patron D ailleurs aucun p re ne s est jamais manifest dans cette affaire
114. x gosses On peut aller se faire foutre se casser ou rester tranquille Sauf que parfois il y a un espoir que quelque chose ou quelqu un Mais les gens ont tout C est de la merde jetable de la saloperie d usine Il y en a volont et c est oblig qu ils deviennent fous les gens parce qu ils ont tout et en m me temps ils n ont rien Ils se font encore baiser comme d habitude Qv est ce qui te fait rire Putain Hein Putain c est quoi Il y a des trucs qui te font marrer ici Putain Les gens a leur bousille les nerfs Ils font des efforts pour tenir en place Ils font un pas en avant un pas en arri re Ils pi tinent Ils fument tranquillement la clope Ils aspirent et recrachent la fum e Ils font tomber la cendre par terre Ils mangent des hot dogs a marche tr s bien a n a jamais si bien march Il y a des voitures neuves partout Les voitures klaxonnent C est Las Vegas Des voitures de police des cabriolets des 4x4 des fusils des pistolets des menottes des casques des machettes des bazookas des coupe coupe des roquettes des poup es Barbie entass es comme apr s un massacre des mouches merde dans la cr me fouett e des mouches g antes qui tourbillonnent et qui se posent sur la bouffe Alors bois un coup je te dis C est l agonie M me les machines elles agonisent Et les ch meurs Ils deviennent cingl s les ch meurs enferm s qu ils sont avec leurs femmes et leurs enf
115. z de temps en broutilles comme cela On v rifia auparavant que l informatique tait bien im plan ta ble d sormais en remettant le fonctionnaire par qui tout tait arriv aux manettes et en lui demandant de retaper un rapport bidon M me son poste r sista h ro quement ses attaques compulsives De nouveau des vivats fus rent Didier Martin fit donc le trajet qui le s parait de son travail dans une voiture de police aux sir nes hurlantes accompagn de trois lieutenants hilares et parfaitement d tendus Il avait h te de constater par lui m me ce qu tait le travail si important pour l esp ce laquelle il appartenait d sormais Il sortit de la voiture un peu d sorient devant un parall l pip de gris mi acier m1 b ton repr sentatif de l excellence architecturale parisienne de la fin du XX me si cle Son pilote automatique lui permis de reconna tre cet immeuble qu il voyait par ailleurs pour la premi re fois car une botte gigantesque en ornait le troisi me tage vestige d un c l bre chausseur qui s tait un temps install dans ces murs avant d migrer vers des quartiers plus appropri s La botte n avait jamais t d mont e et elle tait m me devenue 15 C est ce qu on appelle l impression de jamais vu pue 41 42 Spaeege le rep re embl matique du quartier Je travaille la botte vitait de longs discours Quand Didier mergea du v hicule quelques rares

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