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1. Serge Latouche Jacques Ellul contre le totalitarisme technicien Le passager clandestin 2013 p 46 thique versus politique Si comme le soutient Daniel C r zuelle l accusation de pessimisme d Ellul doit tre nuanc e il n en demeure pas moins qu la diff rence des objecteurs de croissance il ne met pas son espoir dans un changement politique D u des r volutions il est sceptique sur la possibilit d un changement Ellul a montr crit Jean Luc Porquet en quoi les vrais enjeux chappent l homme politique et pourquoi la conqu te de l appareil d tat n est qu un leurre Bien s r il est hostile comme nous la fondation d un parti pour participer au jeu politicien Il est aussi sceptique sur la perspective d une vraie d mocratie tre citoyen dans ces conditions celles d une soci t complexe est un m tier C est ce que Grecs et Romains avaient parfaitement compris Que dans la pr tendue civilisation des loisirs qui nous est annonc e la politique devienne la fonction principale de l homme libre je veux bien Mais cette civilisation des loisirs n est pas nos portes et j ai bien peur qu il faille nous attendre de grandes d ceptions Nous partageons pleinement ce constat en ce qui concerne la soci t de croissance dans laquelle on a au mieux plus de loisirs marchands et moins de temps libre Mais en va t il de m me avec la r duction massive du temps de travail qu il pr conise et qu implique au2. Tout cela rejoint totalement le tao de la d croissance Cependant cette thique n puise pas le projet de la d croissance qui contient un volet d action pratique quasi absent chez Ellul Le projet de transformation ellulien en reste la n cessaire r sistance et une dissidence individuelle qui se rapproche plus de la simplicit volontaire que de la m tamorphose radicale de la d croissance Si l on doit Ellul la formule de l cologie politique penser globalement agir localement il est clair qu il manque le n cessaire compl ment l re de l anthropoc ne penser localement agir globalement 1 In Silence n 401 mai 2012 p 38 2 Jacques Ellul L illusion politique op cit p 190 3 Ibid p 252 4 Ibid p 253 5 Cf supra Entretiens avec Jacques Ellul extrait p 86 6 Fr d ric Rognon G n ration Ellul op cit p 54 Il ajoute Jacques Ellul n tait pas un penseur de l action il n a jamais pr tendu cela Pour ma part je n ai jamais cherch chez lui un mode d emploi mais un sens de l analyse critique et une vision spirituelle Notre mode d action non violente est totalement redevable Gandhi ibid p 55 7 Daniel C r zuelle La technique et la chair op cit p 200 8 In ibid p 207 9 3 Ibid p 219 10 4 Ibid p 220 11 In Fr d ric Rognon G n rations Ellul op cit p 243 12 Cit s in ibid p 199 13 Voir la conclusion de notre liv
3. dhi cherchait entra ner la base la plus large tandis que Jacques Ellul ne croyait qu l action des petits groupes minoritaires et marginaux l espoir du militant il oppose l esp rance du croyant Son esp rance est thique Il d nonce une fausse conception de la libert une conception d sincarn e abstraite de la libert comme mancipation du corps qu il oppose l ensarkosis incarnation Pour l homme le r ve d une libert totale est litt ralement insens car la libert ne peut tre un tat Comme la colombe de Kant a besoin de la pesanteur pour voler nous avons besoin du corps pour nous manciper La vraie libert c est la capacit de ma triser sa vie quotidienne de s orienter en fonction de son exp rience du monde qui est d abord sensible et charnelle Il s agit de retrouver tout ce que signifie la pl nitude de la vie personnelle pour un homme plant sur ses pieds au milieu du monde Si l on pense en effet avec une certaine surmodernit la libert comme instrumentalisation du corps par l esprit Il n y a plus aucune raison d imposer des limites la puissance d agir de l homme en particulier sur lui m me et cela m ne au transhumanisme Selon son commentateur Daniel C r zuelle que nous suivons ici c est partir de l homme comme chair que l on peut poser la question des limites de la puissance technique homme est nature au sein de la nature et c est en tant que corp
4. re Sortir de la soci t de consommation Paris Les Liens qui lib rent 2010 qui porte ce titre
5. s vivant d pendant des quilibres de la biosph re qu il est oblig de mettre des limites aux atteintes qu il peut infliger au milieu 10 Le triomphe d finitif de la surpuissance n tant pas in luctable une soci t de prosp rit sans croissance serait donc possible Mais l esp rance d Ellul ne la laisse pas vraiment entrevoir sur cette terre Conclusion l thique de la non puissance et l amiti Carl Mitcham met bien en vidence l alternative ellulienne au r gne sans partage de la technique l thique de la non puissance Ainsi non seulement une telle thique de la non puissance cherchera poser des limites la pratique technicienne mais elle vise nous lib rer de la technique et des conflits dans le monde technicien Cela signifiera le refus de la t l vision la conduite plus lente des automobiles et le rejet de la surconsommation et de la pollution toutes choses qui peuvent engendrer de nouvelles fa ons de parler et d couter de construire et d habiter de penser qui leur tour peuvent tre nourries et nourrir non seulement la libert de mettre en question mais aussi un certain pari contre technique On retrouve l le techno je ne pr conis par Ivan Illich et par la d croissance Comme chez lui cette position se compl te d un loge de l amiti L amiti est une arme de r sistance contre l empire de la technique serait une maxime d Ellul selon Hourcade J z quel et Paul
6. ssi le projet de la d croissance La grande difficult pour Ellul de tout projet r volutionnaire provient de ce que la politique ne permet absolument pas de r pondre aux probl mes personnels de l homme celui du bien et du mal du vrai et du juste du sens de sa vie et de sa responsabilit devant la libert et cela reste pour lui essentiel Il accuse la politique et l tat d imposture parce qu ils suscitent la d mission personnelle de chacun devant sa propre vie Pour autant en bon chr tien il ne d sesp re pas de l homme mais sur un autre plan L thique prime pour Ellul le ou la politique et le seul obstacle l emprise d un tat au service du d veloppement technicien serait l homme soucieux de d fendre sa libert L autonomie spirituelle de la personne est l id al atteindre et la source de toute r sistance Or toute croissance de la technique et de l tat y porte atteinte Si la politique devait tre fond e sur l thique cela le rapprocherait d un Gandhi voire plus encore peut tre d un Marcos le leader du mouvement n o zapatiste Ellul ne disait il pas en effet rechercher syst matiquement et volontairement la non puissance Le courant cologiste disait il ainsi en 1992 devrait selon moi se d velopper comme un contre pouvoir sans entrer dans le jeu politicien Jos Bov qui fait aussi le rapprochement avec le Mahatma oppose pourtant leurs deux strat gies Gan
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