L`IMPONDÉRABLE REGARD Enfant, je croyais qu
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1. mique chargent Pordre ancien d une mal diction biblique Avec infiniment moins d audace d invention et de profondeur que par exemple les dessins de Chaval ou du New Yorker ils laborent lutopie de la table rase Ils ne se souviennent que du futur R vant d une rago sans ruses qui rendrait tout po me l vidence du chant profond je tombai sur un propos de Pascal Vinardel tir d un entretien avec Jean Philippe Domecq Toute peinture n est pas de la peinture Entre peintres on sait ce qui est peint et ce qui ne l est pas C est de l ordre de lintuition artisanale C est de l ordre du m tier de exp rience sensible de la m moire Il est absurde de dire que la peinture est morte aussi stupide que d affirmer que notre langue n a plus rien dire sous pr texte qu elle a plusieurs milliers d ann es Il me sembla que tout ce que j agitais se nouait l Il me sembla que je revenais la maison Didascalie muette Je d diai le recueil Pascal Nous nous retrouv mes Mais ceci est une autre histoire Conclusion d un regard d un d clic d un doigt sur le d clencheur comme sur une d tente d un shoot langage de mort la photographie quelle que soit sa beaut ne se mesure pas avec la peinture comme certains le pr tendent au nom de Pair du temps celle ci disent ils ayant vid celle l de sa substance Il ny a pas de sniper en peinture On peut se promener dans un tableau sans utilise2. qu on appelle me lui a permis de d jouer tous les pi ges de lorientalisme Sa M diterran e aux ombres longues ne rutile pas Ce qui nous vaut des villes des ports des rues lav es par la pluie des flaques fragments invers s du bleu de pierre du ciel De quels orages sommes nous la r compense La nature est un dictionnaire disait Delacroix C zanne ne copiait pas la montagne Sainte Victoire il pr levait dans le paysage ce qui lui permettait de composer un tableau Pr senter plus que repr senter Ainsi le chant et le parl Pascal Vinardel compose un r el talismanique articul par une main un corps une m moire lPimpond rable regard sur de vastes plaines ou la mer sur une femme qui se dirige vers l horizon silhouette aux formes parfaites sur des jardins clos Des premiers matins du monde o l on s affaire d j Des aubes admirables o comme dans Cyth re 1975 un homme dans la presque obscurit des commencements marche sur une plage d serte domin e par un chemin torrentueux et par la cr nelure du monde habit cypr s pins maisons chapelle poteaux lectriques ombres chinoises dans la naissance du jour un homme en marge Ulysse songeant sa patrie l pouse qui d fait chaque nuit son ouvrage un po te qui sait que comme la peinture ne peut pas peindre des mots la po sie ne peut chapper leur mal diction de signifier Quand Pascal Vinardel parle de son art j entends le plu
3. L IMPOND RABLE REGARD Enfant je croyais qu il fallait que les pr tres fussent des saints les professeurs de fran ais des po tes de ceux qui figurent dans le Castex et Surer ou le Lagarde et Michard je n en connaissais pas d autres D niais je continue de croire que la po sie reste l art premier mais qu elle ne peut exister l tat pur rectifi e comme on dit de l alcool Quelle que soit la forme qu elle emprunte elle s enracine dans la gl be des mots de tous les jours Passe moi le sel etc Condition tragique Rimbaud et son silence Mallarm et le Livre Comme je travaillais au prologue d un recueil de po mes L imparfait du fugitif je tentais une fois de plus Papproche d une d finition du genre J explorais les paysages de l art contemporain Les correspondances foisonnent M me morgue dans l ext nuation M me primat de lintention sur l uvre Pun des mouvements po tiques les plus affirm s prescrit l abandon de la m taphore et de la beaut ne consid re plus le langage que sous langle de l nergie et de exp rience des limites Autodestruction Glossolalies Cri Silence Petits fils de Marcel Duchamp qui se moquait des dommages collat raux qu il avait provoqu s en 1917 Je leur ai jet crivait il en 1962 le porte bouteille et Purinoir la t te comme une provocation et voil qu ils en admirent la beaut les l vites du bel aujourd hui se posent par un c
4. derico Mompou un autre Catalan Acteurs immobiles d une trag die qui n est apr s tout que la condition humaine depuis que les dieux se sont retir s pas de loup ils savent comme dit Pascal Vinardel qu il n y a pas d autre paradis que ce qu on a sous les YEUX Je jurerais que c est de cela qu ont parl Les philosophes 2009 qui ont quitt la table Le sommeil les a rendus aux puissances du r ve et des machines conceptuelles Il reste un d cor le regard du peintre chapp e sur la gloire de la finitude Le tragique a repris ses paisibles quartiers d ombre et de lumi re Jamais imaginaire ne s est confondu ce point avec le r el L vidence des tres et des choses Nulle m lancolie Le monde se ressemble Il reste l nigme de la po sie droite sur un meuble au tiroir ouvert un flacon vide et le buste d un homme au visage presque cycladique en qui je me plais reconna tre H raclite d Eph se mon ma tre en harmonie des contraires Fr d ric Musso
5. r les tr buchets avec lesquels Roland Barthes p se la photographie le s udinm le sujet et le punctum ce hasard qui en elle me point mais aussi me meurtrit me poigne Un d tail de Pinsolite recueilli par l objectif ce que j ajoute la photo dit il ef qui cependant y est d j les mauvaises dents d un petit gar on dans un photo du quartier italien de New York par William Klein en 1954 ou les bras crois s du mousse derri re Savorgnan de Brazza par Nadar en 1882 Dans Saint Fran ois dans le d sert de Giovanni Bellini tout poigne jusqu au lapin un univers lui seul qui se cache dans un muret droite du saint en extase comme un lapin de devinette dans son pommier Le studium et le punctum se confondent Le peintre a recr le monde Son tableau le chante Dans Les portes du fleuve 2010 qui repr sente une intemporelle ville de Bordeaux le lapin de Pascal Vinardel c est peut tre l ombre d une montgolfi re d o l on imagine que le peintre juch comme un op rateur de cin ma consid re ce qu il peint une ombre qui se plie l angle d une chauss e sans trottoir et de la fa ade d un immeuble une ombre laquelle les passants ne semblent accorder aucune attention D ascendance catalane Pascal Vinardel est n au Maroc Des odeurs des couleurs un grain des choses ont enracin en lui une singularit qui ne recourt aucun signe ext rieur de richesse La lumi re natale comme ce
6. s vrai de la po sie Chaque mot aurait ainsi sa g ographie dit il il suffirait de dire pluie retour soir canicule pour que surgisse lente production du temps corail incomparable un paysage entier le vrai pays de ce mot sa patrie en quelque sorte L exil en sa demeure Avons nous v cu dans ces int rieurs encombr s de vide o l on se tient comme dans le d sert des gens de Port Royal Une malle ouverte dont on ne conna tra jamais le contenu des chemin es sans feu un tableau appuy contre un mur un sol auquel manque des carreaux des plafonds caill s Le temps montre ses rides La lumi re elle m me appartient cette patine et quand La salle de bain 1979 une femme arrange ses cheveux devant un miroir c t d une porte qui d livre une clart elle multiplie dans le jeu d un autre miroir une image heureuse de lattente exprime une sensualit d autant plus vive qu elle est paisible Ici Sans masque de Pierre Reverdy Les personnages muets de cette com die ou de ce drame sont dans la salle il n y a pas de coulisses Les fards sont dans vos yeux et dans votre regard Quel r le Qu attendons nous dans ces int rieurs encombr s d absence Qu attendent les personnages du Grand caf 2007 au sol d labr qui ressemble si peu un caf Ils font solitude part mais ils communient dans un silence qui pourrait tre rompu par L angelico du livre premier de M sica Callada de Fe
7. urieux renversement comme les p res des anciens ils ne songent pas que les anciens taient plus frais que nous dans l exp rience de l entropie pratiquent la terreur de l ang lisme et d pouillent les mots de tout lien avec l innommable le r el qui Poccasion fait figure de tra tre Comme si l inad quation des signes et du r el n tait pas ce sur quoi Part se fonde depuis Porigine Un jour un homme a peint dans une caverne l animal qui assurait sa survie parfois sa mort Une nuit un homme a chant devant un feu La po sie est magie dit Jules Monnerot magie sans espoir le po te un magicien qui s adonne aux rites pour eux m mes et n en attend rien sinon les Erlebnisse qui font corps avec Pacte m me de perp trer ces rites gar dans le maquis des ready made et des installations objets sp culatifs accompagn s d un mode d emploi qu on croirait traduit du japonais par des logiciels russes j aspirais des discours plus sensibles Du temps o la po sie tait une pratique responsable dit Giorgio Agamben il allait de soi que le po te f t en mesure chaque fois de justifier ce qu il avait crit Ainsi les po tes proven aux appelaient rago l exposition de cette source cach e du chant et Dante intimait au po te sous peine de d choir d ouvrir en prose cette rago Pas de source cach e dans les messages des plasticiens de surface qui au nom d une subversion proprement acad
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