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lumière & vie

1. lumi re Entretien EVIELLE Genevi ve Dossier Le baiser Figures sociales du baiser D LE BRETON Du baiser en politique A PHILIBERT Bons baisers M CHARCOSSET Qu il me baise d un baiser de sa bouche R FASSETTA Chronique Leonard Cohen de nouveau D CERBELAUD octobre d cembre 2012 ISSN 0024 7359 octobre d cembre tomeLXI 4 Fond e en 1951 par des Dominicains de Lyon Lumi re amp Vie est une re vue d information et de formation qui veut satisfaire aux exigences de la recherche th ologique et se faire l cho des questions pos es au chris tianisme et des interpellations que la foi adresse notre temps Cahiers de l abonnement 2012 293 La pdque 294 Robert Schuman 295 G n alogies contest es 296 Le baiser Comit de r daction Christophe Boureux Maud Charcosset Fran ois Dominique Charles Laurent Denizeau Jean Dietz Emmanuel Grandhaye Herv J gou Jean Etienne Long Martine Mertzweiller Anne Philibert Nicolas Tixier Directeur de publication Herv J gou R dacteur en chef Jean Etienne Long MG imprimerie 84210 Pernes les Fontaines 04 90 670 670 Conception graphique Jocelyn Dorvault lt Th odore GERICAULT Le baiser gouache sur bois vers 1816 Mus e Thyssen Madrid 2 Entretien 5 Editorial Genevi ve M DEVIELLE l urgence de la rencontre de Dieu Dossier Le baiser 19 35 49 67
2. Ainsi par son ex g se du baiser Bernard labore une variation sur le th me patristique de l Incarnation repr sent e comme les noces du Verbe et de l humanit en la personne du Christ J sus Heureux baiser et admirable de merveilleuse complaisance o ce n est pas une bouche qui se pose sur une autre bouche mais Dieu qui s unit l homme Ici l alliance des natures associe l humain au divin Le Christ baiser de paix de Dieu l humanit Le premier verset du Cantique exprime donc le d sir de l humanit qui languit apr s la venue du Christ Aux paragraphes 5 9 du sermon Bernard enrichit ce th me de nouvelles harmoniques Le baiser est alors interpr t comme le baiser de paix donn par Dieu l humanit signe et gage de r conciliation entre lui et les hommes p cheurs Cette r conciliation s accomplit en l homme J sus Christ Verbe incarn signe de pardon de gr ce de paix pour toute la cr ation la terre les enfers et les cieux Dieu est en lui se r conciliant le monde il mourra pour les p ch s des hommes et ressuscitera pour leur justification afin que justifi s par la foi ils soient en paix avec Dieu Cette paix est donc le fruit de notre r demption par le Christ c est lui qui 69 est le baiser de paix accord par Dieu a l humanit On peut supposer qu une telle lecture de Ct 1 2 a t inspir e Bernard par l usage liturg
3. la naissance du sens Boris Cyrulnik Tous nous avons t engendr s port s dans et par un autre corps humain li de corps de d sir et de parole d autres humains Le baiser est signifiant non seulement en tant qu il exprime nos relations et les motions qui s y attachent mais d abord en tant qu il concourt les constituer nos baisers qui sont l aliment de nos relations renvoient aux gestes dont nous sommes issus ceux qui nous ont accueillis et la mani re dont nous avons t ou non consol s r jouis envelopp s de ces gestes motions et paroles colore notre mani re de nous rapporter aux autres entre confiance et angoisse d bordement ou raideur trop de baisers ou trop peu baiser d vorant oblig ou au contraire manquant d sesp r ment attendu impossible Heureuse d pendance de l enfance quand ainsi elle nous apprend m me le corps que la bienveillance nous pr c de et nous accueille Mais ce que nous apprennent aussi les pathologies de la relation c est la difficult devenir soi avec d autres comme une personne la fois distincte et li e Toute croissance en humanit suppose la fois cet attachement affectif et la capacit d y introduire peu peu d tachement distinction sans s paration proximit dans l loignement De sorte que l enjeu en toute relation sera celui de la juste distance jusque dans la plus grande proximit c est le sens de la
4. uvre 2012 411 p 29 eae L anarchisme le wn Seen mouvement anar chiste n est pas par d finition clairement organis structur sous peine de n tre pas Mais il s agit dans cet ouvrage d exception qui nous meut de l anarchis me chr tien qui se fonde sur la pens e biblique C est elle qui irrigue en profondeur le message destin tre v cu par des hommes du pass pour ense mencer notre pr sent imm diat vers notre fu tur Et cela implique le d passement id ologi que et culturel pour une mise en uvre sans concession Telle semble tre dans le foison nement des th ories et des analyses propo s es l orientation de cet ouvrage L ANARCHISME CHRETIEN L onuvre Si l on ne peut d finir une doctrine p renne on peut observer des tendances travers les innombrables protagonistes de cette saga Elle ne cesse de g n rer une descendance de cher cheurs de v rit imp nitents et propose com me outil d un authentique progr s humain un vangile de la libert sans compromission fait d asc tisme de d pouillement de spiritualit et d autonomie retrouv e Il s agit de reconqu rir celle ci contre soi m me les pouvoirs abusifs contre l tat moderne castrateur de la libert humaine inali nable telle que donn e par Dieu d s l origine contre une mondialisation sans LECTURES frein les totalitarismes o toute all geanc
5. Esprit et lui seul nous donne de comprendre et d aimer le grand myst re de l Incarnation la k nose du Verbe ce myst re d humiliation qui est une pierre d achoppement pour toute philosophie humaine la diff rence du savoir philosophique qui enfle l homme d orgueil et le rend incapable de saisir l humilit de Dieu la science donn e dans le baiser est re ue avec amour elle devient sagesse sapientia intelligence savoureuse du myst re Comme l abeille qui produit la cire et le miel l Esprit est en mesure de faire briller la lumi re de la science et de faire go ter la saveur de la gr ce Qu ils ne se figurent donc pas avoir re u le baiser ni celui qui comprend la v rit sans l aimer ni celui qui laime sans la comprendre Vraiment dans ce baiser il n y a de place ni pour l erreur ni pour la ti deur De son c t l me devra pr senter au baiser c est dire l action de l Esprit ses deux l vres la raison et la volont Nous allons Dieu avec tout notre tre l intelligence et l affectivit affectus Malgr sa pol mique contre les philosophes l ombre d Ab lard se profile ici l arri re plan Bernard ne d pr cie nullement l effort rationnel de l intelligence humaine pourvu qu il soit toujours soutenu et stimul par l amour La foi ne peut pas en rester une dimension purement affective ou sentimentale Dans ce baiser il n
6. co naissance au monde Claudel dont nous avons soulign la n cessit humaine avec celle des baisers celle du nid sensoriel et relationnel qui soutient la croissance d une existence parce qu elle est d embl e relationnelle une telle esth tique requiert une dimension thique une justesse qui n est pas seulement psychologique Au contraire le stade esth tique selon Kierkegaard ignore cette dimension thique ce lien entre les sens du sens Kierkegaard vise la strat gie du s ducteur visant sa propre jouissance sensuelle au m pris de ce que signifient ses gestes pour autrui cherchant chapper tout engagement donc toute orientation dans et par la dur e des relations qu il instaure usant de la parole comme d un instrument de captation fond sur le mensonge thique du baiser L ambigu t pose la question des limites des choix et donc du passage au stade thique Qu une thique du baiser puisse tre humainement aussi n cessaire que le baiser lui m me on peut ne pas le voir C est l esth tique spontan e de l enfant il faut qu un autre avec sa parole et la confiance qu il inspire pose les limites qui donnent consistance autrui On peut aussi l ignorer demeurer dans l illusion dans un contexte o dominent des codes h donistes 55 et individualistes d autant plus contraignants qu ils paraissent aller de soi On peut enfin revendiquer la str
7. disque Songs of Love and Hate 4 C est le lieu de rappeler que le jeune Leonard Cohen a acquis Montr al une solide culture chr tienne Certains aspects de la pi t catholique comme le culte du Sacr C ur ou les visions de s ur Faustine continuent d ailleurs a le toucher 93 Le c ur bris d en haut J en viens une chanson tr s nigmatique mais quelle chanson de Cohen ne l est pas qui s intitule Come Healing Ici les allusions religieuses abondent avec une densit qui en rend le relev malais Si le th me fondamental est celui de la gu rison c est sur le registre spirituel qu il se d cline bien loin des performances de la m decine c est en effet l exp rience du Salut qui est voqu e et que les cieux l entendent cette hymne de p nitence viens gu rison de l esprit viens gu rison du membre De fait au del de l tre humain on souhaite aussi la gu rison de son corps et de son mental de sa raison et de son c ur cette th rapeutique s tend jusqu au divin ici voqu de fa on indirecte comme c est souvent le cas chez Leonard que les cieux le balbutient et que la terre le proclame viens gu rison de l autel viens gu rison du Nom Dans la tradition de la kabbale l arbre des sefir t rend visibles les attributs divins en pousant du m me mouvement la structure d un corps humain Dans cette perspective on peut se demander qu
8. la jointure entre le corps et tout ce qui le fait humain elles sont la racine du d sir comme d sir d un autre En l homme le plus archa que est donc d j l humain Apr s Jean Louis Chr tien Fabrice Hadjadj cite Aristote remarquant que de tous les sens ce qui caract rise le mieux l homme parmi les animaux c est paradoxalement ce qu il a en commun avec eux Pour les autres sens en effet l homme le c de beaucoup de b tes mais pour la finesse du toucher il est de loin sup rieur Et c est pourquoi il est le plus intelligent des animaux Chr tien commente L tre auquel le Jogos a t donn en partage est un tre de tact Le rapport humain au corps le sien et celui d autrui implique toujours un certain rapport un autre du corps par lequel ce corps est humain corps de chair tant d esprit de parole et de c ur Le toucher est la fois fondement des autres sens le seul r pandu dans tout le corps et le seul dans lequel touchant touch sont sans s paration de sorte que je suis int rieurement impliqu par ce que je touche et plus encore par qui je touche Le lien entre baiser et bouche est videmment remarquable et souligne son humanit L oralit lie travers le souffle le plus archa que respirer manger boire au plus d velopp parler chanter prier ce que ne fait pas la gueule animale C est pourquoi le baiser bouche bouche est consid r
9. ros sans le d truire de le transfigurer en quelque sorte Y a t il dans cette lecture du Cantique un d tournement textuel une sorte de violence faite au texte En multipliant ses interpr tations all goriques la tradition juive et chr tienne a t elle abus d un texte qui parle de tout autre chose Nous ne le pensons pas Nous partageons pleinement le jugement de Jean Pierre Sonnet sur cette question La diff rence sexuelle qui s entend chaque verset du Cantique constitue dans l exp rience humaine le chiffre le plus pr cieux de l ouverture l autre et d s lors de l ouverture l alt rit du divin Un langage incandescent Jamais Bernard ne saurait se satisfaire d une lecture purement intellectuelle ou scientifique du Cantique qui laisserait le c ur sec et inchang ses yeux pareille lecture resterait la surface du texte elle ne pourrait gu re extraire le grain de la balle l amande de la coque la moelle de l os Son ex g se lui est le fruit d une contemplation savoureuse du myst re de Dieu enracin e dans une ectiodivinaoulelecteurs approprielesparoles du texte sacr au point d en faire les mots de sa propre pri re Ainsi selon Bernard le Cantique restera a jamais un livre scell pour ceux qui ne connaissent pas amour car dans ce livre C est Pamour qui parle d un bout l autre et si quelqu un d sire atteindre l intell
10. 2004 Old Ideas 2012 2 Albums enregistr s en concert Live Songs 1973 Cohen Live 1994 Live in London 2009 Live at the Isle of Wight 2009 le concert remonte a 1970 3 Compilations The Best of Leonard Cohen 1975 Diamonds in the Mine Field 1992 Above the Soul 1993 More Best of 1997 Field Commander Cohen 2002 Songs from the Road 2010 4 Albums d autres artistes on peut y trouver des titres compos s par Leonard Cohen mais que lui m me n a jamais interpr t s Judy Collins Wildflowers 1967 Jennifer Warnes Famous Blue Raincoat 1986 Collectif Z m your Fan 1991 Anjani Thomas Blue Alert 2006 Collectif Acordes con Leonard Cohen According to Leonard Cohen 2007 Sharon Robinson Everybody Knows 2009 Collectif Cohen Revisited 2009 Collectif Leonard Cohen en boca de 2011 99 Bible Philippe LEFEBVRE Joseph l loquence d un taciturne Salvator coll Bible en main 2012 267 p 20 29 Ce livre correspond fort bien au titre de la collection dans la quelle il est publi Bible en main son introduction s intitule d ailleurs Voyager dans les critures Philippe Lefebvre se livre une enqu te qui lui semble urgente puisque depuis cent cin quante ans les papes de Pie IX Beno t XVI ont encourag une r flexion sur la figure et la mission de St Joseph dans la vie du Christ et de l glise Jea
11. Dans son deuxi me sermon sur le Cantique Bernard propose une premi re lecture que nous qualifierons d all gorique suivant la signification que les P res de l glise attribuaient ce mot le sens all gorique d couvre et contemple dans les critures les myst res de la foi tels qu ils se d ploient dans l histoire du salut pr figur s dans l Ancien Testament et pleinement r v l s dans le Nouveau Le foyer lumineux qui irradie tous ces myst res et permet de les comprendre est bien s r le myst re pascal du Christ Le Christ est la cl qui ouvre les critures il en est le sens pl nier Ainsi au sermon 2 prononc ou du moins compos pendant Avent de 1135 Bernard voit dans le baiser de Ct 1 2 une pr figuration du myst re de Incarnation Il interpr te ces mots Qu il me baise d un baiser da sa bouche comme le cri de d sir qui monte de tout l Ancien Testament pour exprimer l attente anxieuse du Messie L abb de Clairvaux distingue ce propos entre tre bais de la bouche m me du Verbe ore suo et tre bais d un baiser de sa bouche osculo oris sui 68 6 SCt 1 11 t 1 p 77 7 SCt1 8 t 1 p 73 8 Pensons aux grandes af firmations d Orig ne Une intelligence n emp che pas une autre intelligence Hom lies sur Josu 8 6 Des sens spirituels toujours nouveaux apparaissent au regard de celui qui scrute les Ecritures Hom lies sur
12. Je vous laisse la paix je vous donne ma paix Jn 14 27 reprise par le c l brant dans la pri re pour l unit juste avant l invitation se donner la paix Seigneur J sus Christ tu as dit tes Ap tres Je vous laisse la paix je vous donne ma paix ne regarde pas nos p ch s mais la foi de ton glise Cette phrase est la r ponse que donne J sus la question pos e par l ap tre Jude en Jean 14 24 Seigneur pour quelle 32 BAISERS LITURGIQUES DANS LE RITE ROMAIN raison vas tu te manifester nous et non pas au monde Il s agit donc d un t moignage Dans cette pri re les croyants demandent au Seigneur de les aider vivre leur mission qui consiste participer la t che m me du Christ porter la Paix au monde Cette mission ne peut en rester aux mots elle est un ordre concret et sans d lai Fr res dans la charit du Christ donnez vous la paix Selon la mentalit et les coutumes de chaque peuplef la Conf rence des v ques se r serve de dire la mani re d changer la paix Mais la paix manifest e par un baiser chang invite reconna tre son voisin comme un fr re avec force Par ce geste chacun est incit prendre l vangile tr s concr tement au s rieux pour communier au Sacrement en v rit Enfin ce geste est proph tique et annonce dans la foi la fin de toutes les formes de violence Une filiation et un engagement Le baiser
13. une improvisation susceptible de d clencher l embarras Cette coh rence des signes chang s rel ve d un ordre symbolique propre une condition sociale et culturelle nuanc par le style de chacun Les rites d interaction sugg rent un mode Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 p 19 29 19 d emploi du corps et de la parole pour changer avec l autre une d finition du licite et de l illicite de l acc s son corps selon les circonstances L all geance mutuelle ces signes permet de ressaisir aussit t toute d rogation ces normes de conduite une signification particuli re que seul le contexte est habilit d gager Dans la vie quotidienne sauf relation amoureuse ou filiale on ne touche pas au visage de son interlocuteur hormis dans l change de baiser o l acc s au visage d autrui est symboliquement balis pour viter tout malentendu ou toute g ne Le baiser est un contact corps corps effectu de mani re plus ou moins longue des l vres sur un lieu du corps d autrui essentiellement les joues le front les l vres ou les mains dans les rites d interaction ou sur l ensemble du corps dans un contact rotique Il rev t diff rentes significations et selon les cultures et les sexes en pr sence il se module diff remment donn du bout des l vres ou pleine bouche sur les l vres les joues ou les mains ou peine esquiss joue contre joue Dans la vie
14. y a de place ni pour l erreur ni pour la ti deur cette sentence lapidaire contient tout le programme de l humanisme cistercien et m me chr tien tout court Pour mieux cerner la pens e de Bernard nous pouvons nous demander ce qu il entend lorsqu il parle de l intelligence et de la ferveur donn es par l Esprit Le don d intelligence conf re 75 une connaissance profonde et juste des Ecritures Il r v le le 43 Cf ce propos la Lettre oe 107 8 9 de Bernard Thomas sens spirituel du texte inspir Quant au don de la ferveur il se de Beverley dans Sancti manifeste surtout par l attrait pour la personne de J sus que eu Opera o VIL pistolde ed J eclercq l Esprit Saint veille en nos c urs H Rochais Rome 1974 p 273 274 Bernard a r capitul en un texte remarquable tous les dons de l Esprit Saint que l me re oit dans le baiser du Verbe dons de connaissance et d amour qui s panouissent en filiation divine en noces spirituelles et en unit d esprit Ce texte l un des plus beaux de la mystique bernardine scelle et couronne le sermon 8 L me pouse du Verbe et enti rement ouverte au souffle de l Esprit qui crie en elle le nom du P re participe l change amoureux de la vie trinitaire devenant un seul esprit avec Dieu La mystique bernardine atteint l son sommet 44 SCi 8 9 t 1 p 191 193 En recevant le baiser du Verbe l
15. Babylone et j ai oubli mon saint cantique je n avais pas de force Babylone vers les sombres fleuves dans l aube bless e Je vis ma vie Babylone bien que je cueille mon chant une branche morte la chanson et l arbre chantent tous deux pour Lui qu on taise la v rit que la b n diction s loigne si j oublie ma Babylone Mais revenons en Amen Un peu plus loin dans le texte l auteur implore redis le moi quand la souillure du boucher est lav e par le sang de l agneau C est la deuxi me apparition de ce couple de figures dans le corpus coh nien En effet la chanson The Butcher disque Songs from a Room relatait d j je suis tomb sur un boucher en train d gorger un agneau et plus loin j ai vu quelques fleurs qui poussaient l o l agneau tait tomb Mais que le sang de l agneau puisse laver une souillure renvoie invinciblement aux rites d expiation de l Ancien testament Lv 17 11 etc voire leur relecture chr tienne o Pagneau devientunefigureduChrist cf 1 Pil 18 19 Ap7 14 etc Ce ton de la pri re l auteur s adressant directement un Tu divin n apparait somme toute que rarement dans le corpus des chansons de Cohen Il faut cependant citer ce propos la superbe composition fit Be Your Will disque Various Positions qui constitue l un des sommets de l uvre En voici le texte int gral si c est t
16. Certains th ologiens pour viter le relativisme engendr par une telle pluralit noncent l hypoth se que les chr tiens se s pareraient dans leurs options sociales et politiques en fonction de crit res trangers toute perspective proprement th ologale La foi n aurait aucune incidence pratique dans ce discernement Elle aurait tout au plus le r le de point de d part de premi re initiation l engagement au service de l homme A la suite d Ernst Troeltsch on peut donner au contraire comme clefexplicative au ph nom ne de l clatement thico politique du corps chr tien les soubassements confessionnels ou th ologiques Chaque groupe chr tien se forge un type d engagement social et politique d pendant d une morale elle m me en r f rence une dogmatique une eccl siologie une eschatologie un type de liturgie une culture en fonction de r gles herm neutiques conscientes ou inconscientes Une telle attention la mani re de comprendre et de vivre la foi peut tre d un grand secours lorsqu on s oriente dans le dialogue cum nique Troeltsch m aura aussi profond ment marqu e pour animer mes premiers s minaires de doctorat en thique sociale chr tienne N oublions pas l uvre majeure de Troeltsch sur les Doctrines sociales des groupes et glises chr tiennes qui souligne l effectivit concr te du christianisme au plan culturel Au moment o le moraliste contemporain peut
17. Dans les Ficciones 1944 o se trouvent les Tres versiones de Judas le po te argentin Jorge Luis Borges voit m me en Judas de mani re paradoxale le Serviteur souffrant par lequel Dieu se faisant pleinement humain et p cheur sauve le monde A Burgess pr sente la sc ne du baiser ainsi Judas s approcha de J sus en pleurant il lui dit Les critures ne doivent pas toujours s accomplir ma tre Il te reste aller au bout de ta grande mission Ce ne sera qu un petit voyage ma tre Dieu te pr serve Il baisa J sus sur la joue et dit encore C est pour ton salut ma tre J ai fait ce qu il fallait 11 Paul CLaUDEL uvres en prose Gallimard Pl iade 1965 p 906 12 Charles P guy uvres en prose 1909 191 Gallimard Pl iade 1961 p 454 13 Charles P GUY uvres po tiques compl tes Gallimard Pl iade 1975 p 485 s 14 Fran ois MAURIAC Vie de J sus Flammarion 1936 p 251 15 Lanza DEL VASTO Judas Grasset 1951 16 L on BLoy Le salut par les Juifs Mercure de France 1946 1906 chapitre 14 17 Paul CLAUDEL uvres en prose Gallimard Pl iade 1965 p 900 18 La l gende des si cles La fin de Satan Dieu Gallimard Pl iade 1950 p 836 837 19 A Burcess L Homme de Nazareth Laffont 1977 p 284 46 LE BAISER DE JUDAS TRA TRE OU COMPLICE Judas fut il tra tre ou complice Tra tre jadis il est de nos jours volontiers disc
18. c est elle que tu t attacheras Gn 2 24 Et l on dit de Mo se qu il recevait la Parole bouche bouche Nb 12 2 6 8 et celle ci transfigurait son visage Ex 34 29 35 C est qu apr s l Exil il avait fallu refondre la Bible la lumi re du monoth isme d Alliance d couvert par opposition au monoth isme perse de la lumi re ternel choix entre le monoth isme de la Lumi re et celui de l Amour 81 Il avait fallu insister sur le fait que la Torah n tait pas l uvre d une royaut de plus en plus d cri e mais avait son origine en Dieu lui m me Certes les pr tres aimaient se consid rer comme les seuls interpr tes patent s d une Torah qu il fallait placer suffisamment haut et myst rieuse pour qu elle puisse faire l unanimit des divers courants issus des retrouvailles au retour d Exil Mais les proph tes risquaient de leur faire de l ombre Aussi fallait il que le prestige de Mo se autour duquel s taient f d r s tous les anciens codes tribaux soit tel qu il supplant t m me les proph tes commencer par le plus grand d entre eux que Dieu avait ravi dans le ciel sans qu il connut la mort S il y a parmi vous un proph te c est en vision que je me r v le lui et c est dans un songe que je lui parle Il n en est pas ainsi de Mo se mon serviteur toute ma maison lui est confi e je lui parle bouche bouche et vision non en
19. cisent comment s change le baiser de paix apr s ces pri res l v que saluait le peuple en disant La paix de Dieu soit avec vous tous Le peuple r pondait Et avec votre esprit Le diacre ajoutait haute voix Embrassez vous et donnez vous le saint baiser Tertullien d finit ce baiser chang comme le signaculum orationis le sceau de la pri re plac la fin de l oraison dominicale D autres auteurs comme Orig ne ou Cl ment d Alexandrie en parle dans leurs crits Dans les si cles suivants la pratique du baiser s est rar fi e dans l glise latine romaine Il faut y voir sans doute un rapport au corps plus pudique et moralis dans la soci t m di vale Avec la mise en place suite au concile de Trente du Missel romain de Pie V qui fut progressivement adopt dans l glise latine le rite du baiser de paix est fix a minima Seul le pr tre donnait un baiser l autel et transmettait la paix aux diacres et sous diacres pr sents Les fid les quant eux n taient pas concern s Avec le long travail du mouvement liturgique amorc au XIX si cle et couronn par le concile Vatican II 1962 1965 le rite du baiser de paix a t remis en vigueur 1 In Dictionnaire d arch ologie chr tienne et de liturgie Letouzey et An 1907 article Baiser p 118 2 Justin Apologie pour les Chr tiens n 65 col Sources Chr tiennes 507 ED Cerf 2006 3 H DUMAINE
20. jet de droit international Dans un second cha pitre sur le droit la libert religieuse l auteur souligne que le concile Vatican II a t le moment d un changement de paradigme dans l laboration doctrinale des relations glise tat dans la mesure o les p res du Concile ont consid r que la libert de l glise tait garantie lorsque tait correctement appliqu le droit civil la libert religieuse Il sou tient que cette nouvelle approche n a pas eu pour effet de renier les principes d fendus pr c demment par l glise car si l tat n est plus suppos tre confessionnel il est tenu de conformer sa l gislation au droit naturel Cette approche se traduit par de nouveaux pr ambules d claratoires Le chapitre suivant traite de l ind pendan ce et de l autonomie de l tat et de l glise L auteur retrace l histoire de l id al de l tat confessionnel dans les concordats europ ens concordataires du XIXe si cle puis dans ceux conclus par Pie XI et par Pie XII Il montre ensuite qu la veille du concile Vatican II treize nations se d claraient constitutionnel lement de religion catholique parmi lesquel les quatre taient des tats concordataires et que pourtant le Concile choisit de ne pas souligner la l gitimit de l tat confessionnel Le Concile retint seulement l hypoth se d une confessionnalit de type sociologique pour les pays o le catholicisme jouait toujours un r le d
21. l abb de Clairvaux s applique orchestrer le th me du baiser de la bouche en toute son tonnante richesse mystique et th ologique L Esprit baiser du P re et du Fils Comme dans le sermon 2 Bernard distingue deux sortes de baiser le baiser re u directement de la bouche divine osculum de ore et le baiser du baiser osculum de osculo mais il explique cette distinction d une autre mani re Ici galement Bernard commence par d gager le sens all gorique du verset ce qu il nous r v le du myst re de Dieu de sa vie intime Ainsi 72 24 SCt3 3 t 1 p 105 25 SCt 3 3 4 t 1 p 107 109 26 SCt4 3 t 1 p 117 27 SCt 18 5 t 2 p 99 Bernard d veloppe ce th me de la devotio dans SCt 10 7 10 t 1 p 227 235 28 SCt10 9 t 1 p 233 SCt 11 2 t 1 p 239 29 SCt3 5 t 1 p 109 30 Celui qui s attache au Seigneur est avec lui un seul esprit 31 Bernard a consacr tout le sermon 71 sur le Cantique lucider le sens qu il don nait cette expression luni t d esprit unitas spiritus Pour lui elle consiste dans l accord parfait de la vo lont divine avec la volont humaine totalement ouverte l action de l Esprit Saint autrement dit elle d signe un certain amour qui se traduit par la conformit des sentiments SCt 71 9 t 5 p 95 32 SCt 8 1 t 1 p 175 177 33 SCt 8 2 t 1 p 179 34 L amour de Dieu a t r
22. l accueil ouvre l espace d une approche Dans Les Fr res Karamazov chap V 5 Dosto evski pr te au Christ ressuscit un baiser muet pos sur les l vres du grand inquisiteur en r ponse sa diatribe haineuse il scelle l engagement le oui infini de Dieu qui passe en l homme le refus violent de l autre 58 24 Louis Marie CHAUVET parle de l Esprit comme puissance d incarnation rejoignant P guy et sa formu le le spirituel est lui m me charnel 25 Cf Benoir XVI Deus caritas est 26 Jean Louis CHR TIEN op cit p 101 27 Karol WostyLa montre comment l intensit du sen timent amoureux en l absen ce d une parole qui l claire et l prouve absorbe toute diff rence entre s duction et amour autorisant tort cet lan s exprimer d em bl e de mani re sexuelle cf Amour et responsabilit Stock 1978 p 169 173 28 Qo 4 5 cf Jn 12 7 et 20 17 ne me touche retiens pas m mou haptou 29 Mc seul 9 36 Mt 18 1 5 Le 9 46 48 men tionne de l enfant que J sus a plac au milieu des disciples qu il l embrasse avant de d clarer Qui accueille un de ces petits en mon nom m ac cueille Le verbe employ enagkalizomai signifie pr cis ment prendre dans ses bras Maud CHARCOSSET Kiss in Le kiss in est une forme de manifestation qui consiste s embrasser sur la voie publique ou dan
23. l La th orie du double choix de Dieu avec l lection du peuple juif et la venue du Christ La relative singularit du P re Dubois parmi les th ologiens catho liques Puis vers la fin de sa vie l preuve de la fermeture de la maison Saint Isa e en 1998 la d couverte tardive des souffrances des Ara bes qu ils soient isra liens ou palestiniens et le regret d avoir t na vement sioniste et d avoir cru que la fondation de l tat d Isra l avait une signification th ologique Enfin la pers v rance dans l esp rance on pour rait dire l expression d une r silience dans le choix pr f rentiel donn la pri re et au t moignage silencieux Ainsi la lecture de cet ouvrage conduit m diter sur un effet de sym trie Apr s la destruction de J rusalem par Titus en 70 la dispersion du peuple juif avait aliment une th ologie qui voyait dans cet v nement un signe de la perte de l lection d Isra l au pro fit de l glise verus Isra l Au sortir de la deuxi me guerre mondiale la fondation par des sionistes largement agnostiques pour ne pas dire plus de l tat d Isra l put tre inter pr t e par des penseurs chr tiens comme un signe de la permanence de la vocation reli gieuse des juifs et des dons sans repentance de Dieu au peuple auquel il parla le premier L erreur selon nous fut de confondre les juifs et l tat h breu qui ne peut tre pour un chr tien qu une construction pro
24. la personne humaine ne pourrait pas s accomplir et s humaniser et alors elle ne devrait pas avoir besoin d tre lige a une instance d autorit f t elle la v rit Soit le concept de loi naturelle auquel recourt l glise catholique dissimule en fait une construction th ologique laquelle on ne peut adh rer que dans la foi car c est elle qui se fait juge de la conception de la v rit de l homme comme cr ature l image de son Cr ateur Le d bat entre le philosophe Flores d Arcais et le th ologien Ratzinger en 2000 n occultait pas cette difficult Au reproche formul par le philosophe de mettre la foi catholique au rang de r sum et d accomplissement de la raison le th ologien r pondait 14 9 Bartolom de Las Casas S ville 14741 Madrid 1566 est un pr tre domini cain espagnol c l bre pour avoir d fendu les droits des Am rindiens 10 Joseph RATZINGER Paolo FLORES D ARCAIS Est ce que Dieu existe Manuels Payot 2006 11 Ainsi en 2001 Figure sociale de la charit et aga p vang lique en 2002 Pour une d finition de la figure sociale de la charit en 2003 La charit au ris que de sa perversion en 2004 L Agap comme marque chr tienne de la vie thique en 2005 La dif f rence chr tienne en thique et la place de la charit pour un monde postmoderne en 2006 La th ologie morale fondamentale dans un mon
25. les r f rences religieuses paraissent dans ce dernier album se fondre dans le texte coh nien au point d y prendre l allure d allusions voire de simples r miniscences Jusqu o l auditeur est il en droit de les interpr ter Quand il entend dans la charmante comptine intitul e Lullaby le vent dans les arbres parle en langues doit il songer l Esprit saint et au charisme de la glossolalie Probablement pas puisqu un peu plus bas l auteur s amuse la souris a mang la miette puis le chat a mang la cro te les voil tomb s amoureux et ils parlent en langues Mais quand dans Different Sides il entend ceci nous nous retrouvons de part et d autre d une ligne que nul n a trac e bien que tout soit un pour l il sup rieur ici bas ou nous sommes a devient deux comment ne s interrogera t il pas sur cet il sup rieur s agirait il de l 1l divin Il peut songer alors ce verset de psaume qui joue un r le si consid rable dans l herm neutique juive Une fois Dieu a parl deux fois j ai entendu Ps 61 62 12 et comprendre que l homme et la femme diffractent une sorte d unit originaire d sormais perdue ce qui renvoie aux r cits de la cr ation Pour compliquer les choses le m me texte se poursuit ainsi j appelle mes c t s ce qui est doux et tendre toi tu appelles tes c t s le Verbe au nom de la souffrance j aff
26. me participe au baiser trinitaire Nous voudrions faire ici ressortir la note trinitaire de la mystique de Bernard Chez lui cette note n est pas aussi somptueusement orchestr e que chez Guillaume de Saint Thierry mais elle est quand m me pr sente Il est bien vrai que la mystique bernardine est nettement christocentrique Le Christ y occupe la place centrale c est lui l unique M diateur entre le P re et les hommes c est lui qui nous donne l Esprit Saint l Esprit qui r alise le L 4me pouse du Verbe et fille du mariage spirituel de l me et du Verbe P re participe par gr ce au mou vement d amour quiles unit leur Pourtant chez Bernard cette union de baiser ineffable I Esprit Saint l me et du Verbe figur e par le symbole du mariage n est pas le terme ultime de l aventure spirituelle Notre union au Verbe incarn est le lieu de notre insertion dans la vie m me de la Trinit Ce th me d j esquiss dans une uvre de jeunesse le trait Des degr s de l humilit et de l orgueil VII 21 trouve sa pleine et m re expression dans SCt 8 L Esprit du P re et du Fils nous introduit dans les relations de connaissance et d amour qui unissent entre elles les Personnes divines Quand l pouse demande le baiser elle demande recevoir la gr ce de cette connaissance trinitaire dans la mesure o une cr ature mortelle peut en tre capable 45 SC18 5t 1 p 181 76 46
27. nigmes et il voit la forme de YHWH Nb 12 2 6 8 Alors que Dieu se r v le aux proph tes en vision et parle en songe conform ment au principe que l on ne peut voir Dieu sans mourir Ex 33 20 Mo se a la vision et la parole dans un bouche bouche o il voit la forme de YHWH la diff rence d Elie Moise conna tra la mort N anmoins il d passe les proph tes rivaux du nouveau sacerdoce apr s que ce dernier ait mis fin la royaut Quand il descendait de la montagne les deux tables d une Torah r crites la main Moise ne savait pas que la peau de son visage rayonnait quand il lui parlait Ex 34 29 Si Aaron et la foule n ose approcher c est qu au chapitre pr c dent il a t dit formellement qu on ne peut voir Dieu sans mourir Ex 33 20 Mo se intime cependant l ordre d approcher Aaron aux chefs de communaut et au peuple Tous virent donc le privil ge de Mo se Puis un modus vivendi se met en place Mo se met devant le peuple un voile sur son visage Il le retire quand il parle Dieu dans la tente de la rencontre Il appara t le visage rayonnant aux enfants d Isra l pour transmettre les paroles et ensuite il remet le voile jusqu la prochaine visite la tente de la rencontre Il est clair que l change de parole entre Dieu et Mo se est la cause du rayonnement du visage du proph te et ce rayonnement authentifie pour le peuple le caract re particulier de cet cha
28. pandu dans nos c urs par l Esprit Saint qui nous a t donn 35 De Trinitate V x1 12 VI x 11 36 SCt 8 6 t 1 p 187 QU IL ME BAISE D UN BAISER DE SA BOUCHE le baiser de la bouche est interpr t comme le symbole de la relation d amour et de connaissance qui unit le P re et le Fils dans la Trinit ternelle Baiser ineffable et dont aucune cr ature n a fait l exp rience Or cette r ciprocit la fois de connaissance et d amour entre Celui qui engendre et Celui qui est engendr qu est ce sinon le baiser le plus doux mais aussi le plus secret Peu apr s ce myst rieux baiser est express ment identifi la troisi me Personne divine l Esprit Saint celui qui est la paix inalt rable du P re et du Fils leur lien solide leur amour indivis leur indissoluble unit Par l Bernard s inscrit dans la tradition de la th ologie trinitaire latine inaugur e par Augustin dans son De Trinitate Le premier Augustin avait affirm que l Esprit Saint au sein de la Trinit est amour et don sur la base de Rm 5 5 interpr t suivant le principe que l action des trois Personnes divines dans l histoire du salut r v le leur propri t particuli re dans la vie trinitaire Ainsi l Esprit proc de du P re et du Fils comme leur don r ciproque leur communion leur treinte leur douceur avait crit Augustin ces images augustiniennes Bernar
29. 4 Armand AB CASsIs Judas et J sus une liaison dangereuse Editions 1 2001 p 198 204 5 Voir Alain RABATEL L arrestation de J sus et la repr sentation de Judas en Jean 18 1 12 mise en perspective avec l univers de la Gnose dans L Evangile de Judas ETL 84 2009 1 p 49 79 44 Pierre Emmanuel Dauzat montre que la connotation tr s n gative du personnage de Judas a des sources dans les traditions juives et qu elle a ensuite t amplifi e dans la tradition chr tienne Au Moyen Age la figure de Judas va exprimer l horreur et provoquer le rejet Jacques de Voragine d veloppe dans la L gende dor e de nombreux aspects n gatifs de la vie de Judas en pr cisant qu il ne s agit l que d histoires apocryphes il y appara t fratricide parricide pousant m me sa m re sans le savoir Les sc nes du baiser et de la pendaison sont tr s souvent repr sent es dans les fresques et les chapiteaux romans La sc ne du baiser est repr sent e dans les glises rupestres de Cappadoce comme dans la basilique San Marco Venise XIII s elle occupe aussi une place de choix dans les vitraux gothiques Le baiser de Judas a t repr sent tr s diversement dans la sc ne de l arrestation du Christ par les plus grands peintres comme Giotto Padoue Cimabue Assise Fra Angelico Florence Bouts Munich ou Le Caravage Dublin D rer l a grav sur cuivre Londres et New York Personnage
30. David LE BRETON Figures sociales du baiser Anne PHILIBERT Du baiser en politique Maud CHARCOSSET Bons baisers Raffaele FASSETTA Qu il me baise d un baiser de sa bouche Ct 1 2 Encadr s 30 S bastien ANTONI Baisers liturgiques dans le rite romain 44 Dominique CHARLES Le baiser de Judas tra tre ou complice 61 Patrick LAUDET L heureux temps des baisers de cin ma 80 Jacques BERNARD Le bouche a bouche avec Dieu Chronique 87 99 87 Dominique CERBELAUD Leonard Cohen de nouveau Lectures 100 113 114 Tables 2012 Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 1 EDITORIAL e Apr s un d but de carri re dans l enseignement de l histoire g ographie Genevi ve M DEVIELLE devient s ur auxiliatrice et se consacre la th ologie morale dans la ligne de Xavier Th venot C est partir de la pens e de Troeltsch qui souligne la tension entre l Absolu et la relativit historique qu elle r fl chit sa th se sur la notion de compromis comme partie prenante de la morale et qu elle d ploie le r le de l eschatologie en thique la seule preuve du jugement c est la charit la seule urgence c est la rencontre avec l amour de Dieu e Le baiser Tel est le th me de notre dossier qui ne comprend aucun mode d emploi scabreux mais s efforce d en parcourir les repr sentations et les significations Avant de penser aux baisers des amoureux et des amants David LE BRETON
31. Dominique CERBELAUD certaines de ses chansons voquent tout la fois la transcendance d une Alt rit indicible et le d sir d ouvrir sa bouche au souffle d une divine inspiration si c est ta volont qu une voix dise vrai sur cette colline bris e je chanterai pour toi sur cette colline bris e A vous tous chers lecteurs joyeux No l et bons baisers Jean Etienne LONG r dacteur Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 3 O Genevi ve M DEVIELLE l urgence de la rencontre de Dieu N e en 1949 Genevi ve M DEVIELLE entre chez les S urs Auxiliatrices en 1980 apr s avoir enseign pendant plus d une dizaine d ann es l histoire et la g ographie dans un coll ge public de la banlieue parisienne et au Qu bec Son agr gation de g ographie en mains elle se lance d s le d but des ann es 1970 dans la licence de th ologie pour la cs ouverte depuis peu l Institut Catholique de Paris Jeune Auxiliatrice elle est invit e par sa congr gation poursuivre sa formation en th ologie et servir l glise dans la t che de moraliste Docteur en th ologie elle devient Professeur de th ologie morale l Institut Catholique de Paris Elle a exerc diverses t ches administratives la direction du Cycle des tudes du Doctorat pour la Facult de Th ologie 1999 2004 la fonction de Vice recteur acad mique et la recherche et celle de Recteur ad int
32. Le baiser Anne PHILIBERT Du baiser en politique La politique art et pratique du gouvernement des soci t s humaines selon le Petit Robert est le lieu d une tension Tension entre d une part la recherche de la conqu te et de l exercice du pouvoir par un homme ou par un groupe dans un but personnel et d autre part le souci de l int r t g n ral qui explique que le pape Pie XI ait pu dire dans les ann es vingt que dans le domaine la c elle manifeste le plus haut degr de la charit Si d aucuns affirment que tout est politique il faut admettre au moins que les fronti res du politique car le terme est la fois un nom f minin un nom masculin et un adjectif sont d licates tablir Quand dans la Rome antique deuxi me p riode le pouvoir imp rial donnait au peuple du pain et des jeux alors que l alimentation et les loisirs sont deux r alit s qui pourraient sembler relever du pur domaine de la vie priv e il confirmait un certain mod le de soci t politique et entretenait le consensus Pour agir en politique par la persuasion ou par la force les choix s incarnent par des signes Parmi ces signes innombrables une cat gorie est peut tre particuli re car malgr son caract re public elle dit quelque chose de l intime de l homme animal politique qui les utilise les signes qu il fait avec son corps son langage non verbal Plus pr cis ment les gestes qu il
33. SCI 9 3 t 1 p 201 203 47 Cf SCt 2 4 t 1 p 86 87 Accipite et alium sen sum coutez encore une autre interpr tation 48 P A BURTON Aelred de Rievaulx 1110 1167 De l homme clat l tre uni fi Essai de biographie exis tentielle et spirituelle Paris 2010 p 551 QU IL ME BAISE D UN BAISER DE SA BOUCHE Ainsi la mystique de Bernard s ach ve en communion trinitaire L ame pouse du Verbe et fille du P re participe par grace au mouvement d amour qui les unit a leur baiser ineffable a leur embrassement secret l Esprit Saint Une lecture infinie des Ecritures Parvenu au terme des neuf sermons qu il a consacr s au baiser Bernard crit Ce baiser nous a retenus assez longtemps Mais pour avouer la v rit je ne suis pas encore s r d en avoir donn une expression suffisamment digne C est que la Parole de Dieu est intarissable nous n aurons jamais fini de l explorer et d en d couvrir toute la richesse Inspir e par l Esprit Saint la Bible est riche d une multitude de significations et d une multitude d interpr tations qui ne s excluent point l une l autre Le lecteur moderne habitu l ex g se historico critique risque d tre d rout par une telle approche Comme nous l avons d j dit Bernard s inscrit dans la tradition de l ex g se patristique alexandrine inaugur e par Orig ne qui cherc
34. a d crit les r sistances du nouveau vassal rendre l hommage r clam de lui Rollon qui ne voulait baiser le pied du roi les v ques dirent Qui re oit un tel don doit d sirer atteindre le pied du roi d un baiser Et lui Jamais je ne baiserai le pied de qui que ce soit Pouss par les pri res des Francs il ordonna un guerrier de baiser le pied du roi lequel agrippant sur le champ le pied du roi le porta de force a sa bouche et se tenant droit il y planta un baiser defixit osculum et jeta le roi a la renverse Ce qui provoqua un grand rire et un grand tumulte dans le peuple 5 Cette p rip tie illustre la difficult de mettre en pratique l axiome Passons aux barbares dont une brass e d ans de gr ce plus tard le bienheureux Fr d ric Ozanam un des p res de la d mocratie chr tienne devait se faire le th oricien autour de 1848 Elle explique aussi sans doute les raisons psychologiques profondes pour lesquelles cette forme d hommage disparut Le contrat entre le seigneur et le vassal tait fond sur des actes symboliques hommage le serment de fid lit et le baiser sur la bouche qui pr c daient l investiture Ce baiser osculum est signal dans certains pays d Europe d s le XI si cle Sa signification fait d bat Pour Le contrat entre le seigneur et le l historien Jacques Le Goff observateur vassal tait fond sur des actes du rituel symbolique de
35. actes individuels de refus que la France se soit enti rement remise de la d route de 1940 on peut recommander particuli rement d offrir ce livre ses amis mais aussi des jeunes Anne PHILIBERT Fr re Emile de Taiz Fid le l avenir A l coute du cardinal Congar Les Presses de Taiz 2011 238 p 15 Cinquante ans apr s l ouverture du Conci le Vatican II voici une introduction l uvre de l un de ses n acteurs principaux Le Cone r le de Congar est minent a bien des points de vue mais il ne faut pas le r duire son activit d expert lors des sessions En effet c est durant toute la premi re moiti du XX si cle que s est r alis l effort intellectuel qui rendra possible l aggiornamento souhait par Jean XXIII renouveaux biblique patristique liturgique et c est ici qu intervient Yves Congar eccl siologique et cum nique Il faut aussi signa ler comme le fait fr re mile le travail pos t rieur du th ologien pour la r ception des textes conciliaires Fid le l avenir Si personne ne doute de l importance de l u vre de Congar les grands axes de son travail sont assez m connus du grand public On a fini par associer indistinctement Congar et Vatican II ce qui n est pas faux mais les tex tes du concile sont eux m mes mal connus ou par voir en ce th ologien le d fenseur de la 109 nouveaut tout crin
36. album tr s attendu de son public Le dernier recueil remontait en effet 2004 Dear Heather mais il est vrai que l auteur compositeur a coutume de prendre son temps neuf ans s paraient d j The Future 1992 de Ten New Songs 2001 De tels d lais constituent dans son cas un gage de s rieux cent fois sur le m tier Leonard remet son ouvrage Disons le tout de go ces dix nouvelles chansons s imposent par la qualit de leur texte et de leur musique Sur ce dernier point les deux derniers disques enregistr s en studio privil giaient le son artificiel du synth tiseur on retrouve ici une orchestration savoureuse et vari e qui sait faire place a des sons rares et a des instruments insolites C est dire que le titre un peu d sabus de Valbum ne doit pas tromper en exposant ces Vieilles id es Cohen innove non par adjonction d l ments nouveaux mais par reprise et approfondissement de ce qu il avait d j acquis Et cela concerne tout particuli rement les th matiques religieuses dont je propose ci dessous une br ve tude dans la ligne de celles que j ai pr c demment men es dans le reste de l uvre Ce sera Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 p 87 99 87 l occasion d esquisser une sorte de synth se au moins provisoire de cet aspect de la production du chanteur canadien anglais La parole et le Verbe Une premi re remarque s impose plus que jamais
37. au Nig ria et est punie de 14 ans d emprisonnement ou de mort par lapidation suivant la confession de l accus Diff rents kiss in seront d s lors organis s le 17 mai 2008 place de la R publique Paris contre la lesbophobie th me de la Journ e Mondiale de Lutte contre l Homophobie 2008 le 7 juin 2009 place du Trocad ro Paris l occasion de la cr ation du Kiss in contre l homo phobie puis Dijon le 12 juillet 2009 le 26 septembre 2009 dans une dizaine de villes et le 12 d cembre dans plus d une vingtaine de villes en France au Canada en Suisse en Belgique en Australie Sydney et au P rou Lima puis pour la Saint Valentin 2010 dans de nombreuses villes de France en Australie au P rou en Belgique en Suisse au Venezuela et en Angleterre et encore le 15 mai 2010 l occasion de 1 IDAHO journ e mondiale contre l homophobie dans 21 pays Le 3 avril 2010 a Nice un kiss in s organise spontan ment en r action l agression d un couple homosexuel dans le square Alsace Lorraine En novembre 2010 des kiss in ont lieu en Espagne et en Am rique latine pour protester contre la venue du pape notamment un kiss in a Barcelone le 7 novembre On ne s tonnera pas de voir aujourd hui encore des personnes du m me sexe s embrasser pour provoquer les opposants au mariage pour tous Source wikipedia 59 lumi re T Federico FELLINNI La dolce vita avec Marce
38. baiser approche et loignement ouverture et recueil est aussi celui qui se joue 52 9 Ainsi qui trop embrasse mal treint Francoise Dotto parle de fricass e de museaux et l on pense aux figures du vampire et de l ogre 10 Timothy RADCLIFFE cite un petit lib rien l enfance saccag e entra n tuer d s l ge de huit ans soign par une association caritative Je n arrive pas me sou venir de la derni re fois que quelqu un m a embrass ou serr dans ses bras Faites le plongeon Cerf 2012 p 32 Catherine DOMMERGUES vo que sa r ticence embrasser n ayant pas enfant appris ce geste je pense avoir eu peur d tre aval e par ces bouches humides Le baiser Autrement p 88 BONS BAISERS dans une relation Pas de baiser donc sans un autre de pr s ou de loin et un autre de l autre duelle la structure du baiser rec le un fiers pluriel plus ou moins commun C est ainsi que nos multiples appartenances familiales religieuses sociales culturelles historiques viennent codifier moduler les significations sensiblement manifest es Le baiser est un geste clef parce qu il est dans le temps et l espace un geste seuil paradigmatique de notre existence d humains parlants corporelle et relationnelle Un geste n cessaire La n cessit vitale du baiser est pour nous tous originaire pas d existence humaine sans attachement
39. comme embl matique il suppose le face face et l minence du visage qui sp cifie la sexualit humaine C est pourquoi aussi en Occident il a t l vres closes un geste rituel social et religieux alors qu il est aujourd hui r duit la sph re rotique Il en reste cependant quelque chose dans le baiser des mari s la fois geste amoureux et sceau public d alliance Ce n est donc ni un corps ni une bouche qui embrasse mais quelqu un le mouvement du corps entier dont la bouche est le foyer y est engag et v rifie plus ou moins le terme embrasser par l enveloppement des bras Dans le baiser rituel on n embrasse pas vraiment le corps de l autre 51 demeure distance Les diff rents styles de baisers impliquent ces diff rences de proximit qui s expriment par le corps Un geste embl matique de nos relations Embrasse t on toujours quelqu un Ce peut tre aussi un objet ainsi la coupe la m daille d une victoire sportive la terre sur laquelle on s incline l autel la Bible dans un contexte liturgique Or dans tous les cas il s agit de faire honneur a et par un objet investi d un poids symbolique particulier signe et moyen dans et pour un monde commun charg d histoire signifiante il renvoie ce monde en le constituant Geste sensible d hommage et de reconnaissance le baiser est donc ainsi un geste signifiant adress d autres Dieu en un acte
40. de treinte se chargeant du coup de son intensit rotique On n avait d ailleurs pas le choix Car les sc nes d amour taient soigneusement encadr es par un code moral qui dictait pour tout Hollywood les limites de la bonne conduite Baptis du nom du s nateur qui en fut l instigateur le code Hays fixa en effet les r gles des repr sentations de l amour l cran Proscrite bien s r toute figuration un peu crue de l acte amoureux de sa violence de sa lascivit Le baiser lui m me avait sa longueur maximum et la bonne morale voulait que les com diens ne s embrassent pas vraiment d calant le baiser sur le dessus ou le dessous des l vres ou technique plus exigeante et p rilleuse y glissant un doigt protecteur Dans Les 62 L HEUREUX TEMPS DES BAISERS DE CINEMA Encha n s comme il le confiera Fran ois Truffaut Hitchcock rusant avec la r gle s est ainsi amus r ussir alors le plus long baiser du cin ma n en d plaise Cary Grant et Ingrid Bergman qui d apr s le r alisateur lui m me ont d test faire a Mimant l treinte amoureuse le baiser hollywoodien n en tait d ailleurs pas que la m tonymie parent pauvre mais d ment autoris du rapport sexuel Il en disait aussi la promesse en r vait la survenue il go tait ainsi l art d en diff rer l accomplissement Il en tait donc aussi la m taphore postulant dans celui des l vr
41. de ceux pour qui cette restauration du statut originel tait destin e Le bouche bouche de Dieu avec son peuple incarn en la personne de J sus supposait le double pardon du P re dans l annonce du Royaume et devant le refus partiel qui lui tait oppos le pardon du Fils sur la croix Le 23 34 La croix ach ve la r surrection de l homme en J sus et chez tous ceux qui reconnaissent la part de refus qu ils ont oppos la r v lation de l vangile comme les pr tres comme le larron comme Pierre et qui acceptent de communier sa Passion et d en accueillir les fruits 4 De J sus l glise Le bouche bouche avec J sus qui du bapt me l ascension avait fait que les douze taient ap tres se trouve r alis autrement chez Paul qui revendique aussi d tre shaliah mandat Il n a pas connu J sus vivant mais l a vu ressuscit et a t envoy par lui aux pa ens Son lien est un lien spirituel l encore de l ordre du souffle originel et de l ordre de la Parole prononc e par le Ressuscit Il le dit clairement aux Galates Quand Celui qui d s le sein maternel m a mis part et appel cf Is 49 1 6 par sa gr ce daigna r v ler en moi son Fils pour que je l annonce parmi les pa ens 84 LE BOUCHE BOUCHE AVEC DIEU Paul tient sa vocation de Dieu et du Ressuscit C est d eux qu il tient son souffle spiritu
42. de la charit sous l horizon de la mort et du jugement qui l accompagne m a conduite rendre compte de la consistance propre de l thique de la charit dans nos vies quotidiennes Faisons nous le bien et aimons nous uniquement sous l appel de la rencontre d finitive avec Dieu de peur de perdre la r compense de la vision b atifique ou aimons nous d j gratuitement en ce monde Dans le jugement dernier de Matthieu 25 les hommes sont jug s sur ce qu ils ont fait ou n ont pas fait a l gard de l affam du prisonnier du d muni du malade Justes et injustes sont surpris de ce qui s est jou bien nigmatiquement dans les rapports humains o ce qui est en cause est la vie dans ce monde nourriture logement v tement libert Le bien et l amour donn s ont leur valeur propre Le jugement de Dieu reste nigmatique et secret Il est de l ordre de la r v lation et de l irruption r v lation de qui nous sommes sous le regard de Dieu et r v lation pl ni re de l amour de Dieu anticip e dans le myst re pascal La seule crise la seule preuve du jugement ce n est pas la foi ou l esp rance c est la charit La question primordiale de la Bible r sonne alors Qu as tu fait de ton fr re La dimension eschatologique de l thique contenue dans ce texte donne au pr sent toute sa densit de responsabilit qui contraste avec le sentiment de la fuite du temps L eschatologie chr
43. douter de la sp cificit de l thique chr tienne en mati re sociale ou au contraire vouloir fonder l thique gr ce au surplus de sens d une approche dogmatique revisiter les travaux de Troeltsch sur la d couverte du versant eschatologique de l thique religieuse a t important Car vouloir d duire trop rapidement une thique sociale de la radicalit vang lique ce serait d une part se contenter d une identification pure et simple de l vangile et de l thique et d autre part faire bon march de l tranget de l vangile Il faut en situation de postmodernit tre au clair non seulement avec le fait que la religion chr tienne est devenue culturellement un probl me mais aussi avec le fait que toute thique comme th orie t l ologique des valeurs ne peut pas faire l conomie d une r f rence l absolu La compr hension de ce qu est 11 l thique religieuse est pour Troeltsch une mani re de rep rer l articulation de l thique l absolu L amp V La notion de compromis s av re n cessaire en morale dans la situation complexe d aujourd hui o les vidences s estompent Ne risque t on pas le relativisme dans l approche du bien et du mal G M Il est vrai que l nonc classique de la d cision morale vite le mal fais ce qui est bien ne semble pas si simple en contexte pluraliste o tout semble pouvoir se parer des couleurs du bien C e
44. emp chant de le rejoindre l enfant est d sesp r par avance de la rupture du rituel qui le prive de poss der tout l amour de sa m re dans le moment m tonymique du baiser Les lecteurs de La Recherche se souviennent des ruses du petit Marcel malgr l heure tardive pour b n ficier du baiser maternel sans lequel la nuit est impensable quitte irriter son p re et facher sa m re Proust dit bien la dimension de s curit de reconnaissance de soi que rec le symboliquement le baiser La peur d une nuit hant e par la solitude du sommeil est ainsi apais e par le geste transitionnel de la m re et ou du p re qui rassure enfant sur ses craintes face un monde priv de rep res et livr aux cr atures du r ve Le baiser maternel augure d une travers e propice de la nuit et au r veil il est un viatique face aux turbulences du jour lors des levers difficiles de l enfance Mais vers sept ou huit ans l enfant se rebiffe parfois et proclame qu il n est plus un b b ou qu il n est pas un chat pour tre ainsi tripot La pubert s annonce avec sa volont d autonomie Le baiser est un geste symbolique d affirmation de son attachement l autre Il console l enfant d une chute ou d une frustration et s il n est pas donn au moment o il est attendu son manque ouvre une plaie vive dont l homme devenu adulte se souvient encore Terrible preuve de l indiff rence d une m re plu
45. en informa tions techniques sur des points de la doctrine de l glise En m me temps un miroir du re gard de l glise sur elle m me Ainsi m me lorsque le Saint Si ge tait investi d une sou LECTURES verainet temporelle ni les papes ni les ca nonistes n ont assimil les concordats des trait s entre deux tats ils ont consid r qu il s agissait de trait s bilat raux conclus entre le titulaire d une souverainet spirituelle et le ti tulaire d une souverainet temporelle Un auteur prudent au ton olympien On aurait aim entendre parfois des accents plus personnels Anne PHILIBERT Yves BELAUBRE La Protestation Mgr Sali ge face Vichy 23 aout 1942 d Nicolas Eybalin coll Au Vif de l his toire 296 p 16 Ce tres beau livre est consacr la d cision de Mgr Sali ge ar chev que de Toulou se de faire lire aux fi d les de son dioc se sa lettre pastorale s levant contre les ar restations et les d portations de juifs de l t 1942 Cet ouvra ge est paru le 23 ao t 2012 date anniversaire de cette premi re protestation publique contre l antis mitisme du r gime de Vichy La col lection Au Vif de l histoire a fait le choix d une narration litt raire des v nements ap puy e sur une documentation nombreuse Cela explique l importance des dialogues re pris inspir s ou reconstruits d apr s les sour ces et des tableaux vivants introduisant
46. en liturgie permet donc de se situer d abord comme ami du Seigneur puis fr re dans l glise toute enti re Ce geste doit demeurer sobre pour lui garder tout son sens et l engagement qu il suppose pour celui qui le donne tout comme pour celui qui le re oit Il doit devenir missionnaire et port jusqu aux extr mit s de la Terre L enjeu est l pour le baiser en liturgie il r sume toute la mission de l glise au c ur du monde qui est de reconna tre et de faire savoir que tous les hommes sont fils d un m me P re et donc fr res S bastien ANTONI Parce que le Christ s est myst rieusement identifi tous les hommes tout visage humain est un visage du Christ nous pouvons et nous devons le d chiffrer et le reconna tre Et parce que travers le visage du Christ transpara t le visage du P re la red couverte du Christ travers le visage humain nous entra ne la d couverte du P re D s lors aimer l homme c est en r alit aimer un fr re en J sus Christ et un fils du P re c est aimer l homme afin d aimer Dieu Cet afin n est pas une fa on de t lescoper Pamour de l homme ni de le d valoriser il indique la fa on exacte dont il faut l aimer Parce que l amour cr ateur porte sur le centre de l homme sur le sens de son existence sur sa vocation personnelle sur ses valeurs les plus int rieures bref sur ce sujet qu il est devant Dieu aimer l homme comme Dieu le
47. f rences Le bouche bouche avec Dieu La relation de l homme avec Dieu est l essence m me de la religion Cette relation fait intervenir la vue Et l la chose est apparemment claire personne ne peut voir Dieu sans mourir Sauf dans le christianisme si Dieu se donne voir en J sus Louie a aussi son r le l Ancien Testament comme le Nouveau se nouent autour de la capacit que l homme a d couter Dieu coute Isra l Dt 6 4 Mc 12 29 Bien des proph tes et des rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l ont pas vu entendre ce que vous entendez et ne l ont pas entendu Lc 10 24 Ou encore ce que nous avons vu et entendu nous vous l annon ons 1 Jn 1 3 Et le toucher Mal en a pris Uzza au temps de David d avoir voulu toucher Arche qu il tentait pourtant de prot ger 2 S 6 6 Mais dans le Nouveau Testament le toucher du divin est positif ce que nos mains ont touch du Verbe de vie 1 Jn 1 1 Si Dieu se donne voir il se donne aussi toucher Il est un autre organe de la relation sensitive qu il vaut aussi la peine de consid rer c est la bouche La bouche est l organe du parler et du parler en langue celui du souffle celui du manger et du boire celui du go t et de la saveur celui de l amour que le baiser traduit d s ses premiers mois 1 Le bouche bouche originel d Adam avec Dieu Au temps o il n y avait aucun a
48. ibidem 30 Dans le rite romain actuel les baisers se manifestent dans l eucharistie au moins quatre moments tout en tant de nature diff rente Il y a des baisers d objets pour signifier la Pr sence de Dieu il y a aussi des baisers chang s entre des personnes mettant en uvre la mission Chacun traduit la responsabilit des baptis s faire grandir la fraternit Le baiser l autel La messe avant toute prise de parole commence par un baiser Apr s la procession d entr e qui peut tre silencieuse une fois arriv dans le ch ur le ministre ordonn v n re l autel d un baiser Plac en hauteur pour tre vu de tous l autel est le signe du Christ qui rassemble son glise Le baiser n est d s lors pas un simple top d part de la c l bration il est un acte de reconnaissance de la pr sence du Christ au milieu de ceux qui prient cf Mt 18 20 En donnant un baiser l autel le ministre ne v n re pas une simple table plac e l pour un repas Il r pond la proposition d Alliance que Dieu fait l homme depuis toujours Il est la marque de l amiti que le Christ porte son glise cf Jn 15 15 C est une relation filiale intime et profonde qui s exprime ici Le baiser l autel n est pas sans rapport avec les deux grands myst res de l Incarnation et de la R demption il en est la reconnaissance et le premier geste d acc s A la toute fin de la m
49. introduction et que l on retrouve dans les remerciements finals N aurait il pas t plus simple et pertinent de se r clamer d un christianisme an archiste au pur cristal vang lique p 24 Olivier LONGUEIRA 113 s mati res du tome LIX 2012 THEMES D ENSEMBLE La paque Robert Schuman G n alogies contest es Le baiser ENTRETIENS Hugues PUEL au service d Economie et humanisme Laurent GAGNEBIN le choix de l existentialisme Pierre GIRE la m taphysique de l Exode Genevi ve MEDEVIELLE l urgence de la rencontre de Dieu ARTICLES ASKANI Hans Christoph Croire en la r surrection des morts BAUDOZ Jean Fran ois Le Messie fils de David selon Matthieu BOUREUX Christophe L ouverture d un espace de reconnaissance CAUSSE Jean Daniel Les g n alogies humaines de l autre filiation CERBELAUD Dominique De la paqe juive la paque chr tienne CHARCOSSET Maud Bons baisers DEMAISON Michel G n rations DURAND Jean Dominique Les chr tiens et la vie politique en France entre 1920 et 1960 FASSETTA Raffaele Qu il me baise d un baiser de sa bouche KUNTZMANN Raymond La g n alogie et les g n alogies dans I Ancien Testament LE BRETON David Figures sociales du baiser MERTZWEILLER Martine Un drapeau europ en discr tement marial NOCQUET Dany Les rites de la P que juive PHILIBERT Anne Du baiser en politique RAFFIN Pierre Les raisons d une b atification ROTH Fra
50. l usage tend aujourd hui se perdre ou se signaler comme une marque particuli re de raffinement 23 Une autre forme rituelle de cong donn par le baiser consiste dans le fait d embrasser le d funt une derni re fois avant qu il ne disparaisse jamais Le baiser la terre est une forme d affection port e au pays natal il se donne aussi comme rite personnel d entr e ou de sortie lorsque le migrant ou l exil doit quitter le lieu o il est n et o il a grandi ou lorsqu il revient A genoux sur le sol boulevers Vindividu salue symboliquement un espace et une dur e qui lui sont chers et qu il est d chir de devoir quitter ou mu de retrouver apr s une longue absence La terre est anthropomorphis e elle est vivante pour la m moire et la retrouver ou s loigner d elle renvoie aux m mes motions que s il s agissait d une parente Cette forme devient protocolaire lorsque le pape Jean Paul II retrouve cet usage et le met en ceuvre a chacun de ses voyages marquant ainsi symboliquement un geste de salut et d humilit envers les pays qui l accueillent Marque d affection S1 dans nos soci t s les contacts physiques sont nettement orient s dans le sens de l vitement de la pr servation de l enveloppe intime le mouvement s inverse dans la relation l enfant On le touche on le caresse on le cajole on le couvre de baisers L enfant attire en principe la tendress
51. la fen tre depuis le soleil en surplomb de sorte que dans ma petite chambre plongeaient les rayons de l amour dans les flots de lumi re j ai vu distinctement la poussi re qu on voit rarement et avec laquelle le Sans Nom fa onne un nom pour quelqu un comme moi Dans la tradition juive quand ce sujet transcendant se fait entendre on parle d une r sonance ou d un cho bat q l litt fille de la Voix Leonard se pr sente donc comme un simple transmetteur un porte parole un proph te Interrogeons donc plus avant quels sont les traits de cet Inspirateur s agit il du Dieu d Isra l ou du surmoi de l auteur Laissons de nouveau la question ouverte et citons encore une fois notre Juif errant je sais pas vraiment qui m a envoy lever la voix pour chanter The Land of Plenty disque Ten New Songs Du reste dans la Bible elle m me la voix divine ne se fait entendre que par des mots humains prof r s par des tres de chair et de sang Dans Going Home elle poursuit toujours en parlant de Leonard il veut crire une chanson d amour une antienne pour le pardon un manuel pour vivre en vaincu un cri qui surmonte la souffrance une restauration du sacrifice mais a n est pas ce que j ai besoin qu il accomplisse 96 LEONARD COHEN DE NOUVEAU Quoi alors je veux qu il soit bien s r qu il n est charg d aucun fardeau qu il n a besoin d aucune v
52. la vassalit il ne symboliques dont le baiser sur s agit pas d un baiser de paix Il rapproche la bouche cette pratique du baiser des fian ailles qui marque l entr e dans une autre famille Ainsi le seigneur et le vassal sont en m me temps un couple hi rarchis par l hommage et des gaux par la foi et par un baiser o les bouches des deux hommes se joignent dans une position sym trique Mais le baiser peut aussi venir d en haut Dans ce cas la il exprime malgr la distance des rangs une certaine communaut de destin Cela se manifeste par exemple dans le l ger 37 embrassement qui suit l accolade lors de la c r monie au cours de laquelle la chevalerie est conf r e Le champ de bataille fait sauter les barri res sociales cause de la proximit de la Mort qui rappelle aux hommes leur galit f Il n est pas tonnant que ce baiser du chef un de ses hommes ait partie li e avec la perspective du combat en commun Les vierges de Verdun et le dernier baiser de Louis XVI Il semble qu il est d licat de parler de baiser politique proprement parler quand la politique reste dans sa gangue archa que que le pouvoir est d abord une affaire personnelle de filiation ou de conqu te qu il n est pas dissoci de la sph re religieuse ou militaire et qu il n y a d galit que sur les champs de bataille Sous la R volution fran aise les choses changent Ainsi le 3 septe
53. le souffle du Ressuscit fut le baiser r J ch 7 a du Seigneur son pouse l glise Nous L Esprit communiqu aux Apo reconnaissons l un proc d typique de tres par le souffle du Ressuscite l ex g se patristique mis en uvre aussi fut le baiser du Seigneur son par la liturgie qui consiste d couvrir des pouse l glise correspondances cach es dans le corps des critures surtout entre l Ancien et le Nouveau Testament Les critures ooup vovaiv Ac 15 15 consonnent constituent une symphonie Or Bernard est pass ma tre dans cet art de d celer les harmonies secr tes entre l Ancien et le Nouveau Testament de telle sorte que ces rapprochements suggestifs projettent souvent un clairage neuf et inattendu sur les textes mis en rapport C est bien le cas ici Voici comment Bernard interpr te Jn 20 22 la lumi re de Ct 1 2 Oui ce fut un baiser l Esprit invisible communiqu dans ce souffle du Seigneur pour nous faire comprendre par l qu il proc de galement de lui comme du P re Il suffit donc l pouse d tre bais e d un baiser de l poux m me si ce n est pas directement de sa bouche Car ses yeux ce n est pas une chose n gligeable ou m diocre que d tre bais e du baiser il ne s agit de rien de moins que de recevoir l infusion de l Esprit Saint Ce fut l le don le plus grand de l poux divin son pouse l glise e
54. les Nombres 17 4 Ce baiser pr figure I Incarnation comme le cri de d sir qui monte de toutl Ancien Testament pour expri mer l attente anxieuse du Messie 9 Cf SCt 2 8 t 1 p 94 95 note 2 10 Le tr s saint baiser c est dire le myst re du Verbe qui devait s incarner Gincarnandi Verbi myste rium SCt 2 7 t 1 p 92 93 SC 2 3 t 1 p 85 Ibid Ibid SCt2 8 t 1 p 97 Ibid QU IL ME BAISE D UN BAISER DE SA BOUCHE La pr rogative unique et singuli re de l assumptus homo l humanit assu e par le Verbe fut d tre bais directement de la bouche divine coutez moi bien Si la bouche qui donne le baiser c est le Verbe qui a pris notre chair si la bouche qui le re oit c est cette chair prise par le Verbe le baiser provenant tant de celui qui le donne que de celui qui le re oit c est la personne m me form e par l union du Verbe et de la chair le m diateur de Dieu et des hommes J sus homme et Christ D s lors les saints de l Ancienne Alliance quand ils soupiraient apr s le Messie venir se contentaient de demander Qu il me baise d un baiser de sa bouche et non Qu il me baise de sa bouche m me Car ils r servaient un tel privil ge l homme sur qui la bouche du Verbe se posa une seule fois et de mani re unique lorsque toute la pl nitude de la divinit daigna s unir corporellement a lui
55. moment Quand on prend cong d une personnalit distingu e laquelle on a prodigu pendant trois ans des services aussi loyaux que gratuits l motion est compr hensible C est donc dans les sentiments de la sympathie la plus sinc re mais avec en m me temps cette 6 Pierre Emmanuel DAUZAT Judas De vangile l Holocauste Bayard 2006 7 Jean VAN HAMME La mal diction des trente deniers t 19 et 20 Ed Blake et Mortimer 2009 et 2010 8 Marcel PAGNOL Judas pi ce en cinq actes Monte Carlo Pastorelly 1955 9 Cf interview de P E Dauzat dans L Histoire 2006 n 315 p 54 10 Victor Huco La l gende des si cles La fin de Satan Dieu Gallimard Pl iade 1950 p 836 45 satisfaction dans le c ur que procure la conscience du devoir accompli que je d posai sur Ses l vres la mani re orientale un baiser respectueux Je savais que je rendais l tat la religion Lui m me un service minent aux d pens peut tre de mes int r ts et de ma r putation Dans V ronique 1909 P guy aborde la question de la pr destination Toute la cr ation tout le monde tait command de service Tout le monde avait les belles places tait bien situ Lui seul aurait il donc la mauvaise place Judas tait pr t et le baiser montait aux l vres de Judas Le baiser qui attendait depuis les si cles des si cles Le baiser qui dans les si cles des si cles ensuite
56. n en 1920 qui v cut en Isra l de 1962 sa mort en 2007 Elle fit sa connais sance dans les ann es 1970 puis travailla avec lui Le choix de la collection l histoire vif est particuli rement pertinent On songe aux conditions de la proclamation de l tat d Isra l la coexistence des populations qui vivent dans son ressort aux fronti res On songe aussi aux blessures h rit es d une th ologie chr tienne dite de la substi tution relative au sort du peuple juif apr s la venue de J sus Christ Ainsi au moment o s ouvrait le Concile du Vatican le P re Dubois vint en Isra l et comme les juifs ayant fait leur mont e prit des cours d h LECTURES breu C est l h breu qui m a fait devenir juif a pu dire le grand crivain isra lien Aharon Appelfeld n en Bucovine en 1932 Cette entr e dans la langue tait la condi tion d une vie non pas c t mais au milieu des Isra liens Confiant le P re Dubois ne craignit pas d avancer sur un terrain extr mement min par le poids de l Histoire et s engagea au point de devenir citoyen de l tat h breu Avital Wohlman veut t moigner de tout cela Elle proc de toutefois de fa on assez curieu se D abord la premi re partie de son livre intitul e Aux fronti res de la raison ne para t pas indispensable la compr hension de ce que l auteur appelle l oeuvre vie du do minicain en Isra l Il s agit essentiellement d
57. ou le visage de l enfant de leur doigt tendu ou comme pour pousser une bille Une initiation sadique la virilit la transmission d homme homme d un code gestuel sp cifique Le baiser est un interdit absolu entre hommes dans ce contexte sinon contrefaire sa virilit en passant au mieux pour une femmelette Pour un homme et une femme d ge m r qui viennent de faire connaissance et prennent maintenant cong l un de l autre la poign e de main reste Le baiser est un interdit absolu en de rigueur De m me si le jeune rencontre tre hommes dans ce contexte si une personne d une autre g n ration par non contrefaire sa virilit en pas exemple la m re d une amie il ose rarement sant au mieux pour une femmelette franchir d embl e cette barri re symbolique qu est le baiser sur la joue La disparit des situations accuse bien entendu le caract re conventionnel des mises en jeu du corps dans les rites d interaction mais surtout la mani re dont les acteurs en pr sence s en arrangent Le baisemain est une forme surann e de politesse soulignant l entr e ou la sortie d une rencontre mondaine ou dans le protocole d une rencontre politique quand le Pr sident ou un ministre accueille l pouse de son vis vis ou une femme politique L homme embrasse d licatement le dessus de la main de la femme qu il salue ou dont il prend cong Issu des milieux aristocratiques ou mondains
58. que j ai donn s l Institut Catholique de Paris lorsque j envisageais le rapport justice charit ou l tre chr tien partir de l hymne la charit chez saint Paul Il est tr s explicite dans mes interventions et s minaires de doctorat domicili s dans la Chaire Jean Rodhain Il l est peut tre encore plus dans l organisation d un colloque universitaire pour c l brer les 150 ans de la Fondation des Auxiliatrices sur Les Fins derni res l urgence de la rencontre de Dieu 10 novembre 2006 Comme je le disais au d but de cet entretien c est sans doute un fruit de l alchimie de mon int gration chez les Auxiliatrices et des circonstances Car cet int r t me vient de la prise au s rieux du souci de notre fondatrice Eug nie Smet d articuler l urgence de la rencontre de Dieu avec la Charit Si Troeltsch m a conduite prendre au s rieux le r le de l eschatologie en thique avec le charisme des Auxiliatrices qui ne craint pas de parler de la mort et des fins derni res il me 15 fallait creuser l articulation entre charit et horizon de la mort comme peut le faire la page de l vangile de saint Matthieu au chapitre 25 Car il n est pas vident de reprendre les images et les propos du XIX si cle sur les fins derni res et le purgatoire Comment rejoindre cette tradition qui pose que c est seulement l aune de la charit qu une vie peut tre jug e Prendre l tude
59. quotidienne l approche du visage n est licite que dans des circonstances pr cises outre les caresses sur les joues 5 m Les rites d interaction sugg rent ou le menton de la tendresse amoureuse ou de la relation l enfant le baiser est UN Mode d emploi du corps etde la d un usage courant mais m ticuleusement parole pour changer avec l autre cod pour ne pas se distribuer profusion une d finition du licite et de l illicite Plusieurs modalit s du baiser se dessinent socialement au fil de la vie quotidienne et ouvrent des formes et des significations bien diff rentes rite d entr e et de sortie d une interaction marque d affection geste rotique forme de congratulation Rite d entr e et de sortie d une interaction Toute interaction s ouvre et se cl t par une s rie rituelle de gestes et de paroles qui mettent les acteurs en position propice pour engager ou conclure un change L entr e en mati re sollicite des formes de salutation socialement et culturellement variables les salutations par les larmes la poign e de main les mains serr es sur la poitrine du namast n palais le frottement 20 2 H RODOTE L enqu te livre I IV Paris Folio 113 4 FIGURES SOCIALES DU BAISER du nez des Lapons des Esquimaux ou des Maoris qui associent les salutations au fait de renifler l odeur de l autre Souvent dans nos soci t s lorsque le baiser ouvre ou cl t
60. rappelle que le baiser fait partie de la vie quotidienne de la famille et s int gre dans nos interactions sociales comme un rite d entr e et de sortie ou encore comme une forme d expression de la joie d une victoire c t de cette ronde des baisers familiers quelques baisers plus solennels sans tre n cessairement froids comme les baisers plus ou moins hi ratiques de la liturgie dont S bastien ANTONI d ploie la signification Puis ces baisers symboliques et constitutifs du politique baiser de l all geance f odale baiser des d put s de la Constituante et tous ces baisers d hommes publics cens s sceller des alliances nouvelles et r tablir la paix baisers dont Anne PHILIBERT souligne qu ils risquent facilement de perdre leur solennit et leur sinc rit C est que depuis le baiser de Judas son Ma tre le baiser garde une ambivalence qui se refl te dans la s mantique L expression de la complicit peut cacher la plus douloureuse des trahisons m me si comme l explique Dominique CHARLES une forme de fascination devant le destin de Judas a conduit bien des croyants h siter devant la signification profonde de son geste Du baiser de l ami qui peut se r v ler un tra tre l ami qui avait ma confiance et partageait mon pain m a frapp du talon Ps 40 11 nous passons au baiser des amoureux du Cantique des cantiques chant d amour qui s ouvre par ces mots Qu il me bai
61. ressort galement a la fin du sermon sur la montagne quand J sus eut achev ses discours les foules taient vivement frapp es de son enseignement C est qu ils les enseignait en homme qui a autorit et non pas comme leurs scribes Mt 7 28s Et lorsqu apr s sa pr dication J sus voyait les foules comme des brebis sans pasteurs la mani re dont Ez chiel voyait Dieu prendre la place du pasteur il les faisait asseoir et comme Qumran il rendait gr ces et partageait le pain Mc 6 41 8 6 Il partageait sans doute aussi le vin des Noces comme Cana et cela n a pas chapp ses d tracteurs qui comparant les repas de J sus avec ceux de Jean Baptiste qui ne mange pas de pain et ne boit pas de vin Le 7 33 appellent J sus un glouton et un ivrogne Qumran c l brait ces repas de pain et de vin en l attente des deux messies sacerdotal et royal Avec J sus c tait arriv Sans doute les foules pouvaient elles se croire en pr sence des anges La bouche donnant la Torah laissait alors place la bouche mangeant cette Torah nouvelle dont il pouvait dire Vos P res ont mang la manne et ils sont morts Celui qui me mangera chair et sang c est dire dans cette incarnation qui le fait tre basar vadam de chair et de sang ne mourra pas Jn 6 49 51 Il aura rejoint le statut originel de la cr ation dans lequel l amour de Dieu faisait que l homme quoique bas
62. seulement au niveau du c ur et de l motion dans la relation interpersonnelle mais dans la fa on dont nous organisons nos institutions et le droit C est au niveau de la vision de la justice et du vivre ensemble qu intervient la morale Celle ci peut dire le sens du bien du juste du mal et de l injuste partir d une anthropologie donn e Beno t XVI dans son encyclique Deus Caritas est rappelle que la justice consiste donner la personne ce qui est d j elle et que la charit revient donner la personne ce qui est moi Au regard des comptes un peu trop gaux ou des justices trop s res d elles m mes la charit n est pas concurrente mais exercice d une m moire d un exc s de la folie de Dieu en J sus Christ venu donner sa vie en ran on pour la multitude Cette charit l confess e par les saints sera toujours n cessaire m me si elle d borde largement l exigence politique de justice Quand la communaut chr tienne reste fid le sa vision sp cifique du monde et la charit elle peut tre un lieu d attestation r aliste qui peut aider la soci t civile entrevoir des solutions plus humaines et plus justes 17 lumi re David LE BRETON est professeur de sociologie l universit de Strasbourg Membre de l Institut Uni versitaire de France Auteur notamment d Anthropologie du corps et modernit PUF Du silence M taili Eloge de la marche M
63. sociologue du fait chr tien philosophe de la religion et de l histoire et th oricien de la culture enfin essayiste et homme po litique de la R publique de Weimar Troeltsch a travers des champs pist mologi ques vari s avec un int r t constant pour lavenir du christianisme au sein d une culture pluraliste 4 Cf Genevi ve M DE VIELLE L absolu au c ur de l histoire La notion de com promis chez Ernst Troeltsch Cerf Cogitatio Fidei n 206 1998 GENEVI VE M DEVIELLE de leur vie thique en termes de compromis comme si l id al ou l absolu vis par l thique ne pouvaient pas s effectuer autrement dans l histoire Mais soyons clair le compromis voqu par ces personnes n tait pas comprendre comme une compromission En d pit d un certain air de famille qui favorise la confusion le compromis avait une l gitimit dont ne pouvait pas se pr valoir la compromission Ces la cs me faisaient remarquer que sans compromis il n y a pas de vie sociale On risque l intol rance ou la violence de la loi du plus fort Mais et c tait la question que je me posais si le compromis a bien une n cessit pratique dans la vie sociale a t il une l gitimit thique Joseph Dor qui avait accept de diriger ma th se la mort du P re de Lavalette m encourageait une recherche exigeante et d aller au fondement m me du probl me en th ologie Or d s mon arriv
64. tienne n est pas confondre avec une quelconque progression morale L eschatologie est comprendre comme accomplissement de ce qui a d j t inaugur dans la P que de J sus L amp V Vous vous tes r cemment engag e sur l accueil des trangers en publiant dans la collection Pourquoi les chr tiens ne peuvent pas se taire Vous a t on reproch votre id alisme 16 13 ditions de l Atelier 2011 Genevi ve MEDEVIELLE GENEVI VE M DEVIELLE G M Si ce petit livre travaill en collaboration avec Fran ois Soulage le pr sident du Secours Catholique est r cent mon engagement l gard de l accueil de l tranger est beaucoup plus ancien D s les ann es 1990 je travaille avec la Pastorale des Migrants comme th ologienne moraliste et r dige de petits articles pour clairer les acteurs en pastorale sur le terrain Ce livre Immigration Pourquoi les chr tiens ne peuvent pas se taire est en fait la synth se de ce que j ai travaill depuis vingt ans en connaissant les critiques adress es aux propos de l glise sur ce sujet notamment son manque de r alisme En fait les critiques adress es ignorent la plupart du temps ce que peut tre une thique sociale et politique Il s agit de penser la responsabilit humaine en lien avec l ordre structurel des institutions et non pas comme la somme des comportements moraux individuels Or l accueil de l tranger ne se joue pas
65. tude de textes philosophiques crits par l int ress avant son assignation dans ce pays D autre part les deux autres parties L tat d Isra l occasion d un p lerinage au pr sent et L tat d Isra l et le myst re d Is ra l qui constituent le c ur de l ouvrage donnent lieu un r cit qui reste assez abs trait L auteur ne raconte pas la vie du P re Dubois en Isra l ni ses contacts avec des Isra liens l exception de son ami Yeshaya hou Leibowitz On ne voit pas le P re Du bois l uvre dans la maison Saint Isa e l Universit ou ailleurs En fait Avital Wohl man commente surtout des textes qu il crivit ou des entretiens auxquels il prit part Ceci a pour effet qu on sait comment le P re Dubois a pens le juif ou l Isra lien type qu il soit religieux ou ath e ou plus pr cis ment dans ce cas selon lui ath e avec une mani re typiquement juive de l tre mais ce genre de th orisation sinc re et souvent s duisant nous para t pour diverses raisons assez ha sardeux 111 Si en glanant les informations au fil des pa ges on s attache reconstituer le fil rouge de ces quarante cinq ann es v cues en Isra l on retiendra six faits L importance du Concile et de la d claration Nostra Aetate sur les re ligions non chr tiennes L enthousiasme du P re Dubois pour Isra l enthousiasme plac sous le signe d une confusion entre le peuple juif et l tat d Isra
66. un contact licite avec le corps de l autre Le baiser cr un instant de connivence par le contact physique mais en l enracinant au sein d une norme qui contient soigneusement les transgressions et limite toute ind cision Dans la relation amoureuse sa seule limite est plut t celle du d sir 29 S bastien ANTONI est pr tre A assomptionniste Il a accom S bastien ANTONI pagn plusieurs ann es le Service de pastorale liturgi que et sacramentelle du dio c se de Lyon et il enseigne la liturgie l Universit catho lique de Lyon Baisers liturgiques dans le rite romain Les chr tiens n ont pas invent le baiser dans leurs rites Selon H Dumaine ce geste avait dans l Ancien Testament le m me sens que dans la plupart des religions et des cultures celui de l amiti Il est galement cit dans le Nouveau Testament comme le r v le le passage du d ner de J sus chez Simon le Pharisien Ce dernier oublia de donner le baiser de bienvenue son h te Lc 7 45 Saint Paul donne au baiser un sens nouveau celui du signe de l union dans la foi et pas uniquement celui d une affection partag e cf 1 Th 5 26 28 Saint Justin d signe le baiser comme un geste rituel Quand la pri re est termin e nous nous saluons tous d un baiser de paix ensuite on apporte celui qui est le chef des fr res du pain de l eau et du vin De m me les Constitutions apostoliques VIII 117 pr
67. De re tour en Cappadoce sous l influence d Eusta the de S baste c est le choc de la conversion le bapt me et la cons cration totale Dieu et son glise Il s essaie d abord la vie d asc te mais pour d fendre l orthodoxie de la foi il se voit obliger d accepter son lection comme v que de C sar e C est alors que pourra se d velopper toute son uvre pastorale et no tamment la cr ation de maisons d accueil et de soins appel es Basiliades et th ologique via les nombreux trait s et commentaires de l criture dont il est l auteur Il est souvent difficile d allier rigueur scienti fique et adaptation au genre accessible au plus grand nombre L aussi pari r ussi pour le fr Philippe Henne Les compl ments d tude brefs commentaires sur des points laiss s en suspens dans le corps de l ouvrage lexique cartographie chronologie etc mis en an nexe sont les bienvenus La lecture n est pas interrompue par le flot incessant des notes de bas de pages et la bibliographie contient les indications n cessaires pour permettre au lec teur qui ne serait pas n ophyte d approfondir sa recherche La structure m me de l ouvrage ach ve les efforts de p dagogie d velopp s par l auteur Chaque uvre majeure de Basile fait l objet d un chapitre r parti dans l une des quatre parties selon le genre laquelle elle appartient uvre asc tique uvre ex g tique uvre doctrinale ou uvre morale et
68. EN d Le baiser Autrement 1997 B Cannone Le bai ser peut tre Alma 2011 A Lacroix Contributions une th orie du baiser Autrement 2011 A MonNTANDON Le baiser Autrement 2005 D Le BRETON Les passions or dinaires op cit David LE BRETON FIGURES SOCIALES DU BAISER d une forme de d couverte de l autre et d une mise l preuve des affinit s mutuelles La ronde des baisers Le baiser est aussi une forme symbolique de congratulation qui abonde dans la vie quotidienne donn apr s un succ s un examen un concours apr s la r alisation d une prouesse particuli re d un avancement etc Il est un l ment du rite lors de la remise d une distinction travers la br ve accolade d une autorit quelconque aux heureux b n ficiaires Il est un accompagnement rituel de la victoire dans la culture sportive Le baiser donn au vainqueur de la course cycliste ou du marathon par les reines de beaut locales l accolade au champion par les officiels lors des remises de m dailles aux athl tes Les baisers fr n tiques sur la coupe gagn e par les membres de l quipe championne sont galement des images bien connues Tous les sports ne connaissent pas cette mani re symbolique de traduire sa joie au tennis ou au golf par exemple la poign e de main est plus courante La ronde des baisers accompagne la vie quotidienne de ses pisodes d intimit ou de convention ouvrant
69. Est de l Allemagne actuelle En m me temps missions d vang lisation et fondations monastiques s effor aient de convertir ces populations pa ennes soumises aussi la pression de croisades plus militan tes L ambassade des deux castillans Di gue et Dominique en un tel contexte leur ouvrit sans doute des perspectives vang lisatrices dont la tradition dominicaine a gard les souvenirs dans le projet attribu au fondateur des Pr cheurs d aller missionner chez les Cumans Car sans renier l importance de Di gue en toute cette affaire il n en reste pas moins que Dominique a bien droit au titre de fondateur qu on vient de lui donner En effet apr s une dizaine d ann es d activit de la petite troupe de missionnaires dioc sains dans le Toulou sain et le Languedoc c est bien Dominique qui prit conscience de l int r t d une telle re 103 ligion pour la chr tient toute enti re lui revient pleinement la hardiesse de la disper sion de son petit groupe aux quatre coins de la chr tient d Occident c est Dominique qui avec ses fr res formula la R gle de vie de ces nouveaux religieux fort originaux l poque c est lui qui par ses interventions incessantes obtint de Rome l approbation et la confirma tion de son entreprise En fait la moiti en gros du pr sent ouvrage est consacr e juste ment l originalit de ce genre de vie neuf dans l glise du temp
70. a volont que je ne parle plus et que ma voix se taise comme autrefois je ne parlerai plus Je le souffrirai jusqu ce qu on m appelle 90 LEONARD COHEN DE NOUVEAU si c est ta volont si c est ta volont qu une voix dise vrai sur cette colline bris e je chanterai pour toi sur cette colline bris e toutes tes louanges retentiront si c est ta volont de me laisser chanter sur cette colline bris e toutes tes louanges retentiront si c est ta volont de me laisser chanter si c est ta volont si l on peut choisir que les rivi res se remplissent que les collines se r jouissent que ta mis ricorde se d verse sur tous ces c urs qui br lent en enfer si c est ta volont de nous faire du bien attire nous toi attache nous serr tous tes enfants ici dans leurs haillons de lumi re dans nos haillons de lumi re tous v tus comme des rois et mets fin cette nuit si c est ta volont si c est ta volont Peut tre trop mu pour interpr ter lui m me ce texte sublime Leonard lors de ses concerts le confie habituellement aux chanteuses qui l accompagnent Qui roulera la pierre A qui s adresse t il dans une autre chanson de l album intitul e Show me the Place Il se pr sente cet interlocuteur comme son esclave ce qui peut s entendre du serviteur de Dieu 91 Et ici encore on per oit de nets chos du texte biblique montre moi l endroit aide
71. aire pens e c est dire dialogue int rieur questions objections r ponses questions nourri par le dialogue avec autrui l coute de sa parole du sens qu il accorde lui m me aux gestes afin de d finir nos diff rences et ce qui travers elles fait ou non un monde commun la suite de Socrate le philosophe ric Weil rappelle en effet l alternative ou violence ou dialogue Il s agit de distinguer ce qui est bon pour moi seul et ce qui est bon pour moi avec les autres bon dans l imm diat et bon durablement vraiment bon Distinguer entre accueillir et prendre donner et imposer Bref reconna tre et lucider ce qu aimer veut dire Pas d thique donc sans reconnaissance d autrui comme tel alter ego quel que soit son ge et sa condition on sera particuli rement attentif celui qui ne peut exprimer son accord non seulement l in fans mais celui qui pour une raison ou une autre est d pendant dans un rapport duel C est pourquoi la clause de consentement entre adultes qui pr vaut dans le discours contemporain est la fois n cessaire et insuffisante le tiers tant d autant plus contraignant qu il est inaper u c est le travail thique de l expliciter et d en pr ciser la place L thique prend au s rieux le temps tre soi aimer suppose de devenir soi avec autrui d apprendre aimer sur le chemin de la vie D passer l infantile pour la
72. aiser est un geste humain dans un monde d humains 50 vivant le mort peut tre embrass mais il n embrasse plus 3 Les romains distinguaient osculum salutation entre pairs r glement e par un jus osculi basium bouche bouche l vres closes sua vium l vres ouvertes 4 Le corps et le toucher in L appel et la r ponse Minuit 1992 p 103 5 La profondeur des sexes Points Seuil 2008 p 83 6 De l me II 9 421a 7 Avec Jean Luc MARION Le ph nom ne rotique Grasset 2003 p 195 197 Fabrice Hapja note Le verbe baiser se connote d une vulgarit qu il aurait tr s bien pu ne pas prendre tant il est d une tonnante jus tesse et proclame notre aris tocratie les autres animaux ne baisent pas p 89 Dans la langue de Moli re baiser a encore son double sens sans trivialit 8 Ainsi au Moyen ge il prend un sens public et offi ciel d engagement dans la sph re f odale hommage vassalique chevaleresque et religieuse professions et or dinations Le baiser de paix a t longtemps donn sur la bouche BONS BAISERS Si en effet les mammif res pratiquent maternage et contact s ils l chent leurs petits et partenaires ils n embrassent pas proprement parler gouvern s qu ils sont par l instinct de l esp ce En revanche il n y a pas chez l humain d instinct ni de besoin biologique l tat pur mais des pulsions
73. ar vadam f t dot d incorruptibilit Sg 2 23 videmment J sus sait bien que la bouche rampante du serpent qui a d tourn Adam de la Parole donn e l aube de la cr ation peut encore mettre l preuve ceux qu il venait restaurer dans leur tat originel C est pour ne pas r veiller cette jalousie end mique du Satan que J sus demande ses ap tres la Transfiguration apr s la gu rison du poss d de Gerasa et apr s de nombreux miracles de ne rien dire personne et dans le Notre P re il nous fait demander Dieu de ne pas nous mettre l preuve et de nous d livrer du mauvais Mt 6 13 Cette jalousie du Satan ne tardera pas se r veiller et finalement se manifestera dans le conciliabule de Juda avec les pr tres pour livrer J sus Et la bouch e que J sus donne Juda en premier pour lui dire toute son affection n emp che pas son projet de trahir Apr s 83 la bouch e le Satan entra en lui Jn 13 27 Quant a J sus il tirait la cons quence de ce refus des pr tres du Royaume qu il tait venu rendre aux hommes Il aurait pu se retirer reprendre sa vie comme il l avait donn e et remonter sans plus vers le P re cf Jn 10 17 Mais il a choisi l autre voie faire de la bouch e qu il donne le don total Jn 12 27 Ceci pour accomplir non pas sa volont mais celle de Celui qui l a envoy Le 22 42 Et il le fait dans un double myst re c
74. astique appelle contritio le c ur bris et broy dont parle le Ps 50 19 Touch par la contrition le c ur de l homme s panche dans les larmes larmes de douleur et de honte mais aussi de d livrance de consolation comme furent les larmes de Saint Pierre apr s son reniement C est le bapt me des larmes d o l homme merge purifi immacul pareil l une de ces brebis tondues qui remontent du lavoir dont parle le Cantique ce premier stade de la vie spirituelle le Christ n est pas encore aim comme l poux mais invoqu comme le m decin c leste qui soigne l me par le breuvage fort et nergique de sa Parole L me entend alors les mots qui rel vent et qui gu rissent Tes p ch s te sont remis Bernard orchestre une variation sur ce th me au sermon 6 L image du baiser des pieds du Seigneur symbole de la contrition demande tre approfondie Car explique Bernard deux sont les pieds du Seigneur l un symbolise le jugement source de crainte l autre la mis ricorde source d esp rance Or Il importe de ne pas baiser un pied sans l autre parce que le souvenir du seul jugement enfonce l me dans le gouffre du d sespoir tandis que la fausse confiance dans la mis ricorde engendre une dangereuse s curit le baiser des mains Le repentir qui s exprime dans le baiser des pieds du Seigneur demande produire des fruits de conver
75. at gie du s ducteur mais est elle efficace sans se travestir Sortir de cette attitude et de l ambigu t c est reconna tre que le baiser n est pas un geste quelconque mais un acte de parole qui implique autrui donc une responsabilit C est bien pourquoi il peut tre utilis comme moyen de pression ainsi dans les manifestations dites kiss in organis es par des associations homosexuelles pour bousculer les oppositions dans la soci t civile et l glise On comprend que s opposent ici des histoires personnelles et des contextes de pens e qui donnent au baiser amoureux sa l gitimit publique ou non Mais au nom de quoi ces baisers sont ils jug s bons d sirables l gitimes par les uns et par d autres nullement bons mais scandaleux et dangereux par les choix qu ils revendiquent Quelle thique Une thique en mode mineur car si les questions pos es par le baiser sont marqu es du s rieux de l existence il ne faut non plus exclure de celle ci tout jeu voire toute s duction l gitimes et n cessaires selon leur contexte ni se m fier syst matiquement des contacts corporels Et si dans le baiser rotique l ouverture des l vres fait cho l ouverture des corps dans l acte sexuel il faut maintenir que celui ci constitue un autre seuil Sans confondre s rieux et tragique il s agit de comprendre pour clairer des choix et le fond sur lequel ils s inscrivent orient
76. ch ne rel ve t elle pas plus de la th ologie fondamentale que de la th ologie morale G M Vous avez raison il peut para tre surprenant apr s une telle formation intensive en morale tant en France qu aux tats Unis d tudier un th ologien protestant allemand de la fin du XTX si cle et du d but du XX si cle qui n a pas t proprement parler un moraliste m me si son uvre est anim e par la question d tablir des valeurs normatives susceptibles d orienter l agir En fait j tais partie aux Etats Unis pour v rifier la faisabilit d une th se sur le compromis dans la th ologie morale de Charles Curran Sa th ologie faisait explicitement r f rence ce concept que j avais d couvert dans mon coute pastorale J avais t frapp e d entendre lors des formations dioc saines que j animais en morale les la cs en responsabilit me parler 2 N en 1934 Charles CurRAN est ordonn pr tre en 1958 il est expert au concile Vatican II et ensei gne a l universit catholique d Am rique Washington jusqu a sa condamnation en 1986 li e ses contestations de l autorit du magist re en mati re de moeurs masturba tion relations pr conjugales contraception avortement PMA euthanasie Il ensei gnera ensuite l universit m thodiste du Sud Dallas Texas 3 Ernst TROELTSCH 1865 1923 th ologien syst ma ticien mais aussi historien des religions et
77. chastet qui s oppose l inceste Tout le d fi de l ducation sera ainsi d abriter sans enfermer de garder les bras entr ouverts de laisser la bouche libre de 53 respirer de parler ou non embrasser sans touffer aimer sans d vorer Lytta Basset En toute relation se cherche un rythme une respiration une mani re qui ne soit ni captation ni abandon que les baisers fa onnent et expriment Ambiguit des baisers Nos baisers sont donc la fois n cessaires et ambigus l attachement voque la fois le lien qui ligote et celui qui largit le monde Baiser signifie vulgairement tromper poss der voire tuer Il y a dans le baiser quelque chose du don de l offrande et r ciproquement mais l change peut devenir rapt violence Parce qu il touche au principe m me de la vie au souffle le baiser flirte parfois avec la mort 1 Pourquoi cette ambigu t Parce qu la diff rence de l instinct animal pr d termin limit par l esp ce le d sir est habit par la violence travers laquelle il cherche sa libert l autre dont nous sommes issus est aussi celui que nous sommes d abord tent s de nier comme tel donc en quelque sorte de d vorer La violence dit L vinas c est se croire seul au monde objectiver l autre le r duire tre l aliment de ma propre vie En toute relation cette violence est d autant plus mena ante qu elle s ignore
78. contre la tradition ce qui est un grave contre sens C est tout l int r t de ce livre Fr re mile nous guide pour appr hender une uvre vaste et complexe Il choisit comme portes d entr e 4 mots cl s Tradition avec une majuscule r forme ca tholicit autorit Dans la premi re partie l auteur s attache expliquer ce qu est la Tradition Il n est pas si ais de saisir exactement ce que recouvre le mot et il faut commencer par expliquer ce qu elle n est pas la distinction entre la Tradi tion et les traditions est fructueuse Plusieurs d finitions sont extraites de l uvre conga rienne entre autres permanence d un prin cipe tous les moments de son histoire saisie progressive du tr sor poss d comme r alit d s le d but du christianisme Dans tous les cas le th ologien insiste sur l aspect dynamique et historique de la Tradition l oppos de l id e selon laquelle la Tradition serait un contenu en quelque sorte anhistori que tout simplement r p t de g n ration en g n ration ventuellement en en adaptant la pr sentation il faut souligner le travail in cessant de transmission de compr hension et de red couverte d un bien d j poss d com me un processus de passage de l implicite v cu l explicite connu Comme Lagrange en ex g se Chenu pour les tudes thomistes Lubac en histoire des dogmes Congar consi d r
79. d Assise o les responsa bles des diff rentes religions changent pourtant un baiser de paix 19 L importance accord e aujourd hui la question du sens ne doit pas conduire abandonner celle de la v rit comme si celle ci devait se dissoudre dans un rela tivisme de l interpr tation mais bien la poser autre ment sans n gliger les m diations de l universel par le particulier et le singulier qui pr cis ment requi rent lin terpr tation l universel tant non leur n gation mais le lieu commun o ils peuvent communiquer 20 Selon la d finition de Platon dans le Th t te 189a 190a 21 En cho a la formule Deviens ce que tu es Henri MALDINEY pr cise tu ne l es qu le devenir 22 Comment est il pos sible de vivre quand les l ments de cette vie nous sont insaisissables Quand nous sommes toujours insuffisants en amour h sitants devant la d cision et incapables face la mort comment est il possible d exister R M RILKE 23 Et le saut de la foi selon Kierkegaard consentir tre soi par un autre ex ister en v rit par opposition au p ch maladie la mort d sespoir qui s ignore dans sa double formule l abandon ne pas vouloir tre soi et le d fi vouloir tre soi par soi o l on retrouve les stades es th tique et thique BONS BAISERS moi et pour autrui le tiers cach la parole doit se f
80. d ad oration ceux qui partagent la joie de la victoire qui partagent une terre et ce qu elle repr sente qui participent la mort et la r surrection du Christ dont l autel figure le tombeau et la table comme La bouche est le haut lieu du bai la Bible porte le Verbe venu de Dieu en la ser la lisi re de l int rieur et chair Enfin embrasser un mort ce n est ge l ext rieur de soi m me et de pas seulement embrasser un cadavre mais autre du souffle et de la parole la personne pr sente absente en un lien que la mort ab me sensiblement la chair souple et chaude se fait pierre dure et froide sans l abolir Ainsi quand on embrasse un objet l autre humain et l autre de l autre le monde commun n est pas absent il est vis travers lui m me le sensible du geste se d ploie un sens partag Le baiser implique donc toujours alt rit et la relation d o le caract re illusoire des baisers dont les adolescents font sur eux m mes le brouillon comme la r alit l alt rit ne peut tre vraiment anticip e Quant la bouche elle est le haut lieu du baiser la lisi re de l int rieur et de l ext rieur les l vres tant affleurement du dedans au dehors de soi m me et de l autre du corps et de l esprit du souffle et de la parole Les baisers se disent et s crivent aussi et ce faisant ils renvoient au corps parlant Le mouvement que font les l vres dans le
81. d un baiser de sa bouche le sujet qui parle ainsi est tout la fois l pouse du Cantique l glise Bernard lui m me et chaque lecteur attentif En crivant son commentaire du Cantique Bernard d sire amener son lecteur exp rimenter ce que dit le texte Celui ci n est vraiment compris que par une exp rience spirituelle qui seule en d gage toute la signification En ces mati res l intelligence ne saisit que ce que l exp rience prouve Pour Bernard une pleine compr hension du texte suppose donc une exp rience personnelle aussi forte que celle qui fut v cue par l auteur lors de la composition Alors les mots bibliques sortent de la bouche du lecteur avec la spontan it et l authenticit qui les fit jaillir la premi re fois du c ur de l auteur inspir Ainsi les neuf sermons que Bernard a consacr s au baiser s ach vent par cette phrase qui nous d voile le c ur de son approche des critures Passons aux versets suivants car ce baiser se fait mieux conna tre quand il est imprim sur nos l vres que lorsqu il est exprim par nos paroles 79 Jacques BERNARD Pr tre du dioc se de Cambrai Jacques BERNARD fut professeur d h breu Lille Ill et d ex g se de l Ancien Testament la facult de th ologie de Lille Nous remercions l auteur de nous confier ici une version simplifi e d un article para tre avec de plus amples d veloppements et r
82. d ajoute celle du baiser et la met en uvre de fa on tout fait originale Par ce baiser le P re communique au Fils les myst res de sa divinit en leur pl nitude et lui insuffle en m me temps la suavit de son amour ternel embrassement inaccessible toute cr ature humaine aussi bien qu ang lique Un seul est t moin de cette connaissance et de cet amour r ciproques et y participe l Esprit du P re et du Fils L Esprit baiser du Christ l glise Tel est le baiser de la bouche la procession du Saint Esprit le mouvement d amour personnel qui unit le P re et le Fils en une communion au del de toute intelligence Mais pour Bernard le myst re de la Trinit ternelle ne saurait nullement faire l objet d une contemplation abstraite Il montre tout de suite les connexions intimes de ce myst re avec l histoire du salut aussi bien pour l glise dans son ensemble que pour toute me particuli re les deux aspects communautaire et individuel sont toujours troitement articul s chez lui 73 C est ainsi qu c t de l osculum de ore trinitaire Bernard voque l osculum de osculo le baiser du baiser le don du Saint Esprit dans l histoire communiqu par le Christ Ressuscit aux Apotres Il explique Ct 1 2 par un rapprochement audacieux mais suggestif avec Jn 20 22 Il souffla sur eux et leur dit Recevez l Esprit Saint L Esprit communiqu aux Ap tres par
83. dant une heure que les fleurs d un champ au mois de mai Albert Cohen laisse aller sa plume avec lam me motion O d buts deux inconnus soudain merveilleusement se connaissant l vres en labeur langues t m raires langues jamais rassasi es langues se cherchant et se confondant langues en combat m l es en tendre haleine saint travail de l homme et de la femme sucs des bouches bouches se nourrissant l une de l autre nourritures de jeunesse Un premier baiser donn dans le feu de la tendresse mutuelle peut appara tre comme un engagement vers une relation plus durable ou comme un simple test destin valuer la capacit de l autre aller plus loin Le baiser sur la bouche r pond en effet des significations diff rentes d une culture l autre Rappelons ainsi les malentendus point s par Margaret Mead et Ray Birdwhistell lors des flirts entre les GI s stationn s en Angleterre et les jeunes Anglaises lors de la seconde guerre mondiale Selon ces derni res les soldats am ricains ne sont que des goujats pour les Am ricains les jeunes Anglaises sont des filles faciles Cette divergence d opinion s explique par des rituels amoureux d un tout autre ordre pour les uns et pour les autres En Angleterre le baiser sur la bouche apparait au terme d une longue approche et traduit un degr de confiance et d affection qui le rapproche de l accouplement l inverse aux Etats Unis le bai
84. de postmoderne la lumi re de Deus Caritas est 12 Colloque du 10 novem bre 2006 publi sous ce titre chez DdB en 2008 GENEVI VE M DEVIELLE clairement qu il ne s agissait pas de faire jouer une fonction suppl tive de la r v lation la loi naturelle et de l aboutir un v ritable cercle vicieux incapable de fonder un v ritable appel des valeurs universelles entre croyants et non croyants Mais dans une pens e paradoxale le cardinal Ratzinger ne niait pas non plus la place de la foi dans le discernement de ce qui est vraiment humain et humanisant La loi naturelle est alors le concept th ologique qui permet aux chr tiens de poser que ce qu ils affirment dans leur foi propos de la v rit de l humain est susceptible d tre d battu et soutenu en raison La cons quence est d importance car une telle position suppose que les affirmations adverses tenues par les non croyants doivent elles aussi tre d battues en raison C est ce qui a permis de dire que la loi naturelle pouvait tenir lieu de forum commun au plan thique entre croyants et non croyants L amp V Dans votre enseignement de la morale la charit th ologale occupe une place centrale m me si vous insistez sur sa dimension sociale G M Qu avec du recul on puisse dire que la charit th ologale est centrale c est certain Cet int r t est pr sent dans les cours de morale sociale et de morale fondamentale
85. de l Institut catholique de Toulouse Des gens de Vichy voudraient que le recteur vienne s expliquer sur le fait qu il aurait affirm pr f rer une France victorieuse gouvern e par L on Blum et les francs ma ons une France d faite gou vern e par le Mar chal L archev que s y oppose car le seul ma tre du clerg est J sus Neuf chapitres scandent l ann e 1941 de Troubles au 5 janvier 1941 Dissi dence au 11 d cembre de la m me ann e 108 Pour 1942 sept chapitres suffisent qui condui sent a une tension toujours plus grande Sont gren s en janvier la d couverte d un r seau de r sistance Toulouse en f vrier la sup plique d sesp r e Au nom du Christ d une jeune femme s introduisant dans la voiture de Mgr Sali ge pour qu il aide son mari juif dont le magasin va tre aryanis en avril les rapports faits l archev que sur l horreur des camps d internement de No et de R c b dou et les d marches pour en sortir tous les en fants d urgence en juin la r ception par Mgr Sali ge de la missive du 27 mai 1942 du g n ral de Gaulle le refus du pr lat de rece voir l missaire car il n est l archev que de personne seulement de son peuple puis son assistance r ticente refus de c l brer la mes se la manifestation l gionnaire Toulouse en pr sence du Mar chal P tain en juillet apr s le discours du chef du gouvernement de Vich
86. dent Mitterrand innova quand en 1988 lors de la finale de la coupe de France de football il fit la bise au capitaine de l quipe victorieuse Le fait fut d battu tait ce une erreur de la part de l auguste personne de condescendre de la sorte Ou le sens politique aigu du vieux strat ge l avait il averti de l entr e du ballon rond dans le panth on mondial des valeurs L avait il fait en raison des b n fices tirer pour lui m me de ce signe Ici le contact physique direct permet comme dans les histoires de sort tudi es par l ethnologue Jeanne Favret Saada un flux de forces au profit d une des parties Pour conclure il y a dans le baiser l id e d un absolu qui veut r sister aux d senchantements La r action de la tr s jeune autrichienne Ingeborg Bachmann en juin 1945 apr s son premier baisemain fait par un juif viennois fugitif en 1938 et revenu en Autriche sous l uniforme anglais en rend bien compte ich habe mir gedacht ich m chte mir nicht mehr die Hand Waschen Elle a pens qu elle aimerait ne plus jamais se laver la main cause de ce sublime dont il est la trace il semble que le baiser n est pas naturellement sa place dans l univers politique Ou du moins dans le monde politique comme il va Il y aurait donc d un c t Pie XI et le baiser Lamourette tel qu il avait t esp r par son auteur Et de l autre les combats les ambitions et tout ce qui peut le
87. des Passions et Myst res m di vaux Judas redevient au XX si cle un personnage de th tre et m me de bande dessin e Dans la pi ce Judas 1955 r vis e en 1974 Marcel Pagnol laisse entendre qu il est impossible que J sus ait choisi un ap tre pour en faire un damn Judas s est persuad que son ma tre lui demandait de le livrer et en lui ob issant il a accompli les critures Dans Un nomm Judas de Claude Andr Puget et Pierre Bost 1956 Judas veut contraindre J sus r v ler sa toute puissance de messie face aux Juifs et aux Romains C tait d j la th se de Goebbels dans une pi ce crite apr s la premi re guerre mondiale o Judas trahit J sus pour l obliger lib rer la Jud e de l occupation romaine L vangile selon Pilate d Eric Emmanuel Schmitt 2000 o J sus r fl chit au jardin des Oliviers sur le plan qu il a mis au point avec Judas a t adapt pour le th tre sous le titre Mes Evangiles 2004 Dans un po me intitul Le Gibet Victor Hugo m lange les traditions vang liques quand il crit ces simples mots Et Judas s approchant bl me et les mains crisp es Baisa Christ Et le ciel sacr fut obscurci Quelques vers plus loin parlant de J sus il ajoute Et il se mit de lui m me au milieu des soldats Il ne regardait rien pour pargner Judas Dans Mort Judas 1907 Claudel fait dire Judas Je me souviendrai toujours de ce
88. destine publiquement aux autres sp cialement ceux par lesquels il est Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 p 35 43 35 en contact physique direct avec eux Or parmi tous les contacts possibles le baiser est un acte fort Un signe puissant Il est donc int ressant de chercher analyser ce point d intersection entre la politique et le baiser I Avant la d mocratie moderne Entre in galit et sacr Ce qui caract rise les soci t s anciennes c est que le principe de l galit politique des hommes la naissance et par la suite n est pas proclam Les in galit s de rang ont au contraire des fondements divers qu il s agisse de l origine divine du pouvoir du droit du sang de celui de la force ou de leur combinaison On peut noter toutefois que dans les soci t s chr tiennes m di vales qui sont des soci t s reposant sur un syst me d ordres ceux qui prient ceux qui combattent et ceux qui travaillent l in galit politique coexiste avec le principe de l galit des hommes en Adam et en J sus Christ La consultation du dictionnaire montre le voisinage de termes proches tymologiquement baisemain baisement baiser Ils s enracinent dans une terre sacr e Dans l ordre d croissant le baisement est justement l action de baiser ce qui est sacr le baisemain est l origine l hommage que le vassal rend au seigneur le baiser est un signe de respect d affectio
89. e toute inf odation est chemin vers le mensonge et la trahison de la v rit p 140 En somme il convient de reprendre possession de notre vie car la vraie vie est ailleurs avec J sus Christ notre ma tre p 163 Une loi unique fonde notre individualit dans la v rit et la solidarit Aime Dieu et ton prochain comme toi m me Un tel projet passe par une thique de la responsabilit personnelle dans son lien avec la pri re et la conversion un combat spirituel permanent une cologie de l me changement radical Les noms les plus prestigieux apparaissent dans l ouvrage commencer par Proudhon Tolsto B d Aurevilly Bloy Claudel P guy Bernanos S Weil Baudelaire Wilde Rim baud Van Gogh Gandhi Ellul Pasolini Le bret et d autres innombrables r sistants que l on ne peut citer Les auteurs rappellent que pas moins de sept mille combattants jamais ne pli rent l chine devant Baal p 24 il en est de m me pour les anarchis tes chr tiens ou pas En fin de lecture de cet ouvrage qui va l encontre de toute id e re ue de toute pen s e pr d termin e asservissante on ne peut s emp cher de s interroger un instant sur la raison qui a pouss les auteurs se placer sous le haut patronage institutionnel de la sainte Eglise catholique depuis la R v lation qui l a constitu e dans ce r le d s les premiers mots de l
90. e si l un d eux est d un rang quelque peu inf rieur ils s embrassent sur les joues si l un est de naissance tr s inf rieure il se met genoux et se prosterne devant l autre Chez les Perses d crits par H rodote la relation l autre les points d acc s son corps sont d finis par une hi rarchie sociale Un pr tre de la cour de Rome S bastien Locatelli voyage en France avec plusieurs compagnons Il s tonne de la libert de m urs des femmes fran aises et surtout de l usage courant l poque des servantes d auberges d embrasser les h tes leur arriv e et leur d part Dans un premier temps il se drape dans la dignit de sa fonction de pr tre J tais r solu ne jamais baiser de femmes duss je tre consid r comme une ordure 21 ignominieuse car je pense que les l vres consacr es chaque matin par le contact du corps de J sus Christ ne doivent pas tre souill es le midi et le soir par les bouches int ress es de femmes serviles Cette nouvelle mani re de saluer tonna mes jeunes gens eux m mes Mais la r solution ne tient qu un moment et il cesse de se d rober aux usages Pour remercier les servantes d auberge l h tesse et sa m re il satisfait la convention tout en hi rarchisant sur un mode peu chr tien les baisers re us et donn s L esprit et l exquise beaut de ces deux jeunes Fran aises m ritaient certainement des bai
91. e surtout des femmes empress es Si dans nos soci t s les contacts lui prendre les mains l embrasser ou physiques sont orient s dans le lui tapoter le visage A la cr che l cole sens de l vitement le mouvement plus encore s il vient de tomber s il pleure s inverse dans la relation Penfant ou s il est objet de soins infirmiers ou m dicaux on le couvre de sollicitude Son visage est le lieu privil gi de la tendresse baiser sur les joues sur le front c lins etc On attend qu il embrasse son tour en reconnaissance d un cadeau ou d une marque d attention qu il vient de recevoir Au r veil ou le soir avant de se coucher avant d aller la cr che ou l cole au retour l enfant r clame le c lin ou le bisou qui ouvre ou cl t une br ve s paration Ma seule consolation quand je montais me coucher crit Proust tait que Maman viendrait m embrasser quand je serais dans mon lit Mais ce bonsoir durait si peu de temps elle descendait si vite que le 24 5 M Proust Du c t de chez Swann Paris Livre de poche p 16 17 FIGURES SOCIALES DU BAISER moment o je l entendais monter puis o passait dans le couloir double porte le bruit l ger de sa robe de jardin en mousseline bleue laquelle pendait de petits cordons de paille tress e tait pour moi un moment douloureux Les soirs o Swann s attarde aupr s de ses parents les
92. e avoir par les baisers de cin ma et leur charme discret leur charme d suet C est vrai qu il faut bigrement s illusionner sur son prochain pour avoir envie de l embrasser comme au cin ma cin ma qui s tait fait on en convient volontiers le complice d une belle illusion Mais tandis que nous r ussissions peu peu nous d niaiser la pornographie elle envahissait inexorablement tous nos crans et peut tre nos imaginaires La baise il faut bien le constater aujourd hui a partout remplac le baiser Dans la plupart des films la caresse surann e des l vres a laiss place l entre d voration implacable des pr dateurs du sexe On ne s embrasse plus on se prend sans autre forme de proc s M me Hollywood la sublimation a laiss place libre la compulsion On y a sans doute gagn en v rit quoique Dans le r cent film d Audiard De Rouille et d os on s essaie d abord la baise mais quand on trouve le chemin du c ur on retrouve curieusement la possibilit du baiser sur la bouche 64 L HEUREUX TEMPS DES BAISERS DE CINEMA La grande poque des Greta Garbo Marl ne Dietrich et Ava Gardner qui crevaient l cran mais n en descendaient gu re est certes bien r volue Les tops mod les ont d sormais chass les stars les bombes sexuelles ont remis les actrices au Mus e Gr vin Signes des temps Jennifer Lopez aurait dit on assur ses fesse
93. e int rieur de J sus Ph Dockwiller SESBOUE Bernard De quelques aspects de l glise C M Richard TORRELL Jean Pierre Saint Thomas d Aquin B Carra TYVAERT Serge L Ascension et son myst re J E Long VALADIER Paul L exception humaine J E Long WOHLMAN Avital Quand un chr tien aime Isra l L ceuvre vie de Marcel Dubois 116 294 295 296 293 293 294 296 296 296 294 293 293 293 296 294 295 295 294 293 296 293 293 294 295 294 294 294 295 293 296 110 111 114 115 109 111 120 121 119 100 101 113 103 104 101 102 99 100 123 115 117 113 100 101 106 107 111 112 104 105 112 113 104 107 121 122 114 115 108 109 112 113 101 103 103 104 107 108 108 109 118 111 112 J amp E TUDES Jl HEOLOGIQUES amp ELIGIEUSES Revue trimestrielle publi e avec le concours du Centre National du Livre Laurent BOLARD Arnaud BAUB ROT Pascal BOURDEAUX Beno t BOURGINE Laurent SCHLUMBERGER G rard SIEGWALT L ange passeur de seuil De la vie sainte la vie saine Hygi ne et sport dans les mouvements de jeunesse protestants 1890 1914 Note sur une lettre in dite de H Chi Minh un pasteur fran ais 8 septembre 1921 Ou l art de porter la contradiction l vang lisation L avenir d une subversion L humanisme vang lique l heure de la modernit liquide T moins d une confiance contagieu
94. e mission int gr e aux orientations de la congr gation Il s agissait de favoriser une certaine alchimie entre ce que j tais et le charisme propre des Auxiliatrices Or celles ci port es par l intuition spirituelle des origines d aider tout homme rencontrer son Dieu ont toujours eu le souci d articuler l annonce de l vangile et le soin des oubli s de ce monde Dans l esprit de la communion des saints qui unit myst rieusement morts et vivants dans le c ur de Dieu je me retrouvais dans cette vision des pratiques de la charit sur tous les lieux de fracture de notre monde sur les marges de l glise et de la soci t pratiques envisag es dans leur rapport l eschatologie qui leur conf re la densit morale de l urgence tre th ologienne pour penser l avenir d une humanit solidaire dans l histoire du Salut tout autant que pour aider les hommes habiter le monde selon le d sir de Dieu telle fut l intuition qui me guidait en acceptant la mission de mes sup rieures Mais c est la rencontre concr te avec le P re Xavier Th venot qui allait m orienter me sp cialiser en th ologie morale Il cherchait depuis plusieurs ann es toffer l quipe de moralistes de l Institut Catholique de Paris pour r pondre aux multiples sollicitations de l glise de France dans ce domaine L amp V Dans quelle mesure pouvez vous dire que Xavier Th venot a t pour vous un ma tre G M Si je
95. e premier plan dans la vie de la na tion Il en d duit que la pr f rence du Concile allait l tat neutre d fenseur de la libert religieuse Il rel ve que les conventions inter nationales traitant des droits de l homme en mati re religieuse n abordent pas la question de la confessionnalit de l tat et voit donc une sorte de convergence entre la position prudente du Concile et le droit international Enfin sont trait es les questions du droit com mun et des immunit s puis des moyens de la libert de l glise qu il s agisse de la libert patrimoniale de la libert congr ganiste et de la libert de formation du clerg Dans la troisi me partie de l ouvrage l auteur tudie les libert s communautaires de l glise Il passe en revue l autonomie interne droit de r union et d association libert de communi cation libert d organisation territoriale droit d assistance Il consacre un long chapitre au dossier complexe des nominations piscopa les avec son dispositif vari dans l histoire et dans l espace patronat droit d objection pr notification normes conciliaires et l applica tion des normes conciliaires Il tudie aussi les concordats dans la perspective de la doctrine catholique de l glise sur le mariage catholique avec une s rie d observations judicieuses sur la prudence des p res du Concile Vatican II sur cette question et sur le droit d duquer Pour conclure un ouvrage riche
96. e qu on ne peut dissocier l histoire et la th ologie Le chapitre sur la r forme dans l glise intro duit quelques th mes concrets dont l volu tion peut tre pens e dans le cadre de l eccl siologie et de la Tradition L auteur citant G Routhier et J Famer e note que l origina lit de la m thode en eccl siologie de Congar aura t de vouloir penser l glise partir 110 des hommes et pour les hommes plut t que de l avoir pens e uniquement partir d elle m me pour elle m me et en elle m me com me un appareil Il cite alors de nombreux champs de r flexion du dominicain cu m nisme liturgie la cat minist res Mal heureusement on n en saura pas plus et l on pourrait paradoxalement penser que Congar s est born une r flexion th orique sur de grands principes tradition r forme la der ni re partie du livre corrigera heureusement cette impression La partie suivante explique le concept de ca tholicit penser selon le tout L univer salit de l glise ne signifie pas seulement qu elle est appel e s tendre dans tous les pays et toutes les poques Il s agit plus en core de croire que l glise sans s identifier au monde lui est absolument coextensive glise et Monde visent avec des ressour ces diff rentes et des plans diff rents une m me chose faire aboutir la cr ation faire r ussir l ho
97. e sur le campus de la Catholic U j apprenais la nouvelle de la condamnation de la th ologie de Charles Curran par la Congr gation pour la Doctrine de la Foi De l avis m me de ce th ologien il n tait pas raisonnable de poursuivre une th se sur son uvre dans ce climat Mais en cherchant comprendre la g n alogie de l introduction de ce concept dans sa th ologie je rep rais une dette envers le th ologien protestant Helmut Richard Niebuhr 1894 1962 Auteur c l bre de Christ et culture qui proposait une typologie d thiques chr tiennes en fonction de la christologie et de la culture Niebuhr utilisait le compromis pour penser le rapport entre l glise et le monde Or cet gard lui m me tait en dette envers un autre th ologien Ernst Troeltsch Il avait soutenu sa th se de doctorat Yale en 1924 sur la philosophie de la religion chez Troeltsch Ayant retrac cette cha ne d h ritages il me fallait aller la source et v rifier l laboration du compromis chez cet auteur M en tenir Ernst Troeltsch pr sentait plusieurs avantages Tout d abord celui d tudier le compromis dans sa p riode d mergence au sein de la th ologie protestante dans la seconde moiti du XIX si cle et cela chez un auteur qui la fois en construit un v ritable concept et de surcro t y revient sans cesse tout au long de son uvre M en tenir a Troeltsch c tait oser m aventurer dans une pen
98. el son Esprit Saint Ce que sont devenus les Corinthiens cf 2 Co 3 ils le lui doivent par nos soins et ce flux d Esprit Saint a rencontr celui que eux avaient dans leurs c urs C est d esprit a Esprit que c est fait le bouche a bouche Non avec de l encre ni sur les tables de pierres Le bouche bouche entre Dieu et les hommes se re oit par ricochet du nouvel Adam rempli du souffle Saint et ceci gr ce a l ap tre qui en donne le reflet aux hommes Ces derniers anim s par le m me Esprit sont progressivement m tamorphos s en la Gloire divine L ultime bouche bouche est donc celui de la foi rencontrant 1 Amour cr ateur quelque seuil que ce soit cf Nostra Aetate n 2 et Lumen Gentium 16 Jacques BERNARD lt Pieta Eglise des Franciscains de Fulda Allemagne 85 lumi re amp vie Dominique CERBELAUD est dominicain et auteur de plusieurs tudes th ologiques Le diable L atelier 1997 Marie un parcours th olo gique Cerf 2003 Sainte Montagne Buchet Chastel 2005 1 Leonard Couen Old Ideas Sony Music 2012 Dominique CERBELAUD Leonard Cohen de nouveau Apr s une s rie de tourn es mondiales qui a montr l tendue de sa popularit le chanteur faisant salle comble d un bout l autre de la plan te comme la vigueur toujours renouvel e de son inspiration po tique et musicale Leonard Cohen offre un nouvel
99. elui du dernier repas qu il prend avec ses disciples et celui de la croix o 1l inaugure la nouvelle mani re pour Adam d tre recr par le souffle divin Le dernier repas rassemblait des disciples la veille de sa mort Comme il l avait c l br toute sa vie il prend le pain comme nouvelle manne de sa pr dication Il prend aussi le calice symbole des Noces qu il est venu proposer Mais les Noces ont t d j en partie refus es il ne boira plus le calice avant de le boire nouveau dans le Royaume de Dieu Le 22 18 Mc 14 25 et Et le pain qu il donne a manger est maintenant le choix qu il fait d aller jusqu au bout du don jusqu s identifier la manne Parole pr ch e ou Verbe de Dieu Mt 26 26 Mc 14 22 quelles que soit les cons quences du refus qu il accueille de la part des hommes La nouvelle manne est marqu e par ce refus et par le pardon qui est donn ce refus dans l oblation qu il fait d j de sa vie Le 22 19 1 Co 11 24 Ainsi sa mort d j accept e comme ventuelle avant d tre d cid e par ses juges dira la pr sence perp tuelle de ce don et de ce pardon au del de tous les refus qui en seront faits Elle dit le retour la communion originelle de Dieu et de l homme inaugur e en Adam Sg 2 23 et restaur e par l annonce qu il a faite du Royaume dans l vangile lequel suppose que le P re a pardonn S y ajoute sa propre r ponse au refus d une partie
100. en GILLET Thomas Marie Bienheureux P re Lataste LONG Jean Etienne Malaise devant la d fense du saint dimanche PHILIBERT Anne Le v u de Lacordaire de 1848 PHILIBERT Anne Le travail dominical en France LECTURES ABADIE Philippe Des h ros peu ordinaires O Longueira ASURMENDI Jesus Du non sens L Ecclesiaste O Longueira BEDOUELLE Guy La libert de l intelligence chr tienne E Dufourcq BELAUBRE Yves La protestation Mgr Sali ge face Vichy A Philibert CHENO R mi L Esprit Saint et l glise J D Bruneel CLAVERIE Pierre Quel bonheur d tre croyant Sr Genevi ve DELORME Christian L islam que j aime l islam qui m inqui te J E Long DOCKWILLER Philippe Le temps du Christ C ur et fin de la th ologie de l histoire selon Balthasar I Chareire Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 296 296 295 295 293 296 293 296 295 293 293 295 295 296 295 294 294 293 293 293 294 295 295 296 295 294 294 295 30 33 80 85 49 52 64 69 60 63 44 47 31 34 61 65 82 88 77 81 46 49 34 37 117 122 87 99 91 102 75 87 89 97 109 111 93 98 100 107 98 99 105 106 115 116 107 109 110 111 105 106 110 106 108 115 DUJARDIN Philippe La chose publique ou l invention de la politique H Puel DUMONT Jean No l dir Montalembert et ses contemporains A Philibert Fr Emile de Taiz Fic le l avenir A l coute du Ca
101. en croix de tous les Martyrs ni les ailes d ploy es des Ch rubins ou des Tr nes Il est donc damn et de quelle damnation J en appelle dit il Il en appelle A ce mot inou les astres s teignent les monts descendent sous les mers la Face m me du Juge s obscurcit Les univers sont clair s par la seule Croix de Feu qui donc en appelles tu de Mon jugement demande ce r prouv Notre Seigneur J sus Christ C est alors que dans le silence infini le Maudit prof re cette r ponse J en appelle de ta JUSTICE ta GLOIRE Dominique CHARLES T Giotto pi BONDONE 1266 1337 Le baiser de Judas Cappella Scrovegni Padoue 20 Cette citation donn e par Jean Guitton La Vierge Marie Aubier 1949 p 202 est de ste Mechtilde Livre de la gr ce sp ciale V 16 o sont cit s Samson Salomon Orig ne et Trajan mais pas Judas cf Pierre DOY RE Judas et l Enfer Appendice VII dans Gertrude d Helfta uvres spirituelles II SC 143 Cerf 1968 p 366 367 21 Le Salut par les Juifs op cit chap 28 p 158 159 47 lumi re Membre du comit de r daction de Lumi re amp Vie depuis 2007 Maud CHARCOSSET est charg e d enseignement la facult de th ologie de l Universit catholique de Lyon mari e et m re de famille lt Edvard Muncu Le baiser gravure 1895 1 Le Journal du s ducteur In vino veritas 2 Ainsi au c
102. er III La double tentation de l obsc ne et de l anodin Avec le XX si cle la question du baiser en politique volue progressivement au moins partiellement en raison 40 DU BAISER EN POLITIQUE notamment de la reconnaissance du droit des femmes participer la vie politique et du d veloppement des moyens de communication Le baiser de la dame au monsieur Si l industrie du cin ma d couvre tr s t t le filon du baiser h t rosexuel amoureux film le monde politique r siste longtemps la pratique de la mise en sc ne de l homme politique et de son pouse sur ce mod le l C est sans doute aux tats Unis d Am rique que le verrou saute en premier Le baiser de l pouse du politicien le jour de l lection le soir des r sultats tant ce je ne sais quoi d ineffable qui est donn voir l assistance pour cautionner le bien fond de son choix Tout se passe comme si l pouse c est dire la l gitime devait faire mentir l adage selon lequel il n est point de grand homme pour son domestique Elle seule conna t son mari et elle assure qu il est celui qu il faut Elle est la garantie de la transparence Il y avait en France une certaine forme de pudeur par rapport cette mise en sc ne Dans les pays de culture latine l amour conjugal ne se donne traditionnellement pas en spectacle Ou alors quand spectacle il y a c est le coup de sang de la seconde Madame Caillaux e
103. er l existence Pour cela une thique devrait mettre jour ce que rec lent nos gestes Comment la d finir Par un certain usage de la parole elle ne sera pas seulement revendication d un point de vue d une mani re de vivre mais sans m conna tre la complexit humaine posera la question de la v rit en la liant celle du sens pour d busquer l erreur l illusion le mensonge Une thique ne peut donc se r duire l affrontement d autres mani res de sentir d agir de penser sans c der sur la sienne propre elle doit tre capable d ouvrir sa compr hension toute situation humaine Or pour amener la lumi re l ambivalence des gestes la responsabilit des actes leurs implications pour 56 17 Il faut rappeler que jusqu en 1880 le baiser bouche bouche en public tait consid r comme un attentat la pudeur M me aujourd hui le baiser des ma ri s que les familles et amis rassembl s applaudissent perdrait son caract re rituel et festif s il se prolongeait 18 Autre exemple qui joue sur un ressort comparable des fins videmment com merciales une campagne pu blicitaire qui sous pr texte de bons sentiments unhate d ha ssez placarde des photomontages montrant des chefs politiques et religieux dont le pape Benoit XVI et un imam tenus pour des ad versaires et s embrassant sur la bouche Images largement plus diffus es que celles
104. er par lequel la pl nitude divine fut corporellement insinu e dans la chair Heureux baiser baiser qui fut le plus g n reux des dons puisque ce n est pas une bouche qui se posa sur une autre bouche mais Dieu Lui m me qui s unit l homme C est la paix conclue entre la terre et le Ciel Car Il est notre paix Lui qui a r uni toutes choses en une Les plaintes de nos anc tres exigeaient le saint baiser c est dire la myst rieuse Incarnation du Verbe lumi re
105. eraient pas en tout cas tre a la place d Angela Merkel La puissante chanceli re allemande qui tient serr s les cordons de la bourse d un pays qui n a pas vocation tre la vache a lait de toute l Europe est peut tre pour ce motif l homme d tat le plus malax 42 9 Cette expression aujourd hui tr s d su te tait utilis e la Belle Epoque dans la bourgeoisie par les hommes mari s pour d si gner leur pouse tandis que les hommes des milieux po pulaires affectionnaient de parler de a Patronne 10 Ingeborg BACHMANN Kriegstagebuch Suhrkamp Verlag 2010 p 21 Anne PHILIBERT DU BAISER EN POLITIQUE La bise en politique Et puis la bise est venue La bise en politique est au baiser ce que le fordisme est au m tier d art Cette coutume ne se con oit pas sans la mixit Venue de la sph re priv e elle s est d velopp e dans le monde tudiant et professionnel avant de passer dans la sph re politique la mairie de Paris Jacques Chirac tait un grand biseur Poign e de main aux hommes et bise aux femmes Dans les formations politiques qui veulent faire moderne et sympa il arrive que les leaders se fassent la bise sur l estrade pour la galerie La bise a du succ s car elle a l air anodin masquant les in galit s et les rivalit s La bise est plus anodine que le baiser Mais le rang de son auteur peut contribuer recharger sa valeur Ainsi le pr si
106. erim de l Institut Catholique de Paris 2004 2008 Lumi re amp Vie Vous tes agr g e de g ographie et vous voil aujourd hui professeur de morale la Catho de Paris Comment passe t on de la g ographie la morale Est ce la signature d une rupture La vie religieuse y est elle pour quelque chose Genevi ve M DEVIELLE En d cryptant les empreintes que les hommes laissent dans l espace en voulant humaniser la plan te la g ographie comme passion de l habitation du monde m a ouverte une grande attention l gard de l action humaine Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 p 5 17 5 et sa complexit Habiter le monde demande humilit devant le r el des forces naturelles et audace pour le transformer Habiter le monde r v le des choix en faveur de tel type de population de communaut s d conomie d ordre social et finalement d thique et de spiritualit C est cet habitus du d cryptage de l action et de ses motivations pour l humanisation des hommes que j ai continu mettre en uvre dans la mission de moraliste qui m a t confi e par ma congr gation Si J avais fait le choix d abandonner mon travail d enseignante dans ducation nationale avec mon entr e dans la vie religieuse il tait vident pour mes sup rieures qu il ne s agissait pas de faire table rase de mes int r ts de mes savoir faire et de ma personnalit en me donnant un
107. es choses Mais alors que ce concept a pour vocation de penser l universel de l humanisation en morale reconnaissons que la loi naturelle a plut t mauvaise presse dans l opinion publique et les milieux philosophiques On lui reproche en raison m me de l adjectif naturel d encourager une conception essentialiste l galiste naturaliste et biologisante de la morale L ambigu t du mot nature se fait mena ante d s lors que les probl mes de la morale sexuelle ont un lien quoique complexe avec l ordre des vivants La critique de l id e de loi naturelle est aussi li e directement au terme de loi Le positivisme juridique qui se d veloppe au XIX si cle vient ruiner tout renvoi possible l id e de loi naturelle comme notion m taphysique Les r gles du droit positif suffisent en elles m mes pour organiser la vie des soci t s Le juste est alors ce que la loi prescrit La loi est l uvre des hommes et ce que les hommes ont fait ils peuvent le d faire l abroger le modifier et le refaire leur guise Et pourtant comme je l ai soulign dans mon article sur La loi naturelle selon Beno t XVI la question de la loi naturelle fait son retour lorsqu on se pose la question une thique universelle est elle possible S il n y a plus ou pas de r f rence possible 13 l universel en thique nous sommes incapables de d cliner et de d cider ce qui est fondamentalement bon pour
108. es l accord parfait des corps Il parlait alors d un monde o les amants s envisagent avant de s embrasser d un monde o l esprit parfois vient habiter la chair d un temps o l ordinaire se retire l espace d un baiser pour laisser l ternit d y inscrire au moins sur la pellicule sa marque ou sa promesse La fin des illusions Un jour mon prince viendra chantait innocemment Blanche Neige d s 1937 dans l attente du baiser inoubliable Quelques ann es plus tard en 1950 avec Cendrillon au bras du prince Walt Disney reprit une nouvelle fois du baiser de r ve les arabesques merveilleuses mais peut tre d j cr pusculaires Nous tions encore au bal et la valse de nos illusions hollywoodiennes battait son plein Mais l horloge du r el les douze coups de minuit sonn rent bien vite et la magie s arr ta En h te une bonne d cennie il nous fallut d gringoler les marches et retrouver la r alit bien crue de nos mis rables chaumi res Finies les illusions pour jeune fille r veuse Tout cela n tait donc qu artifice et mensonge Le r el m me amoureux il nous fallut l apprendre nos d pens tait d une tout autre p te Apr s avoir trop langoureusement ferm les paupi res sur les promesses fallacieuses du sacro saint baiser amoureux il s agissait d ouvrir enfin les yeux Ici comme ailleurs vint le temps du soup on et de la d construction D gr
109. esnes en 1942 le po te Jean Cayrol bient t d port crayonnait sur un petit papier destin sa fianc e J appartiens au silence l ombre de ma voix aux murs nus de la foi au pain dur de la France A Toulouse la m me ann e Mgr Sali ge homme rigoureux refusant de prendre une vessie le t l gramme du 2 septembre 1941 de B rard ambassadeur de Vichy aupr s du Saint Si ge pour une lan terne la doctrine du Saint Si ge instruit par ses nombreux informateurs leva une protes tation Elle inspirerait celles de Mgr Th as Montauban et en septembre du cardinal Gerlier Lyon et de Mgr Delay Marseille v rifiant la phrase de Jean Grosjean La pa role appartient ceux qui n ont rien d autre Parole efficace puisque le 2 septembre 1942 Laval rencontrant le chef SS Oberg Paris lui dit qu il s tait heurt propos de ce qu il appelait la question juive une r sistance sans pareille de la part de l glise Mgr Sali ge pensait et disait qu il ne faisait pas de politique Dieu et sa Loi suffisaient Yves Belaubre voque avec talent ce Defen sor Civitatis On est d autant plus touch qu il montre en Mgr Sali ge un homme de chair vieux infirme atteint jusque dans son locu tion Mais cet homme aime la vie et tous ces l ments font partie de son combat Alors que No l vient et qu il n est pas certain malgr la grandeur de la geste gaullienne et de tous LECTURES les
110. esse apr s avoir envoy l glise en mission le ministre ordonn v n re nouveau l autel d un baiser marquant ici le terme de la c l bration du Vivant Le baiser l vang liaire L autel table de l eucharistie se prolonge par l ambon table de la Parole Apr s la proclamation de l vangile le ministre conclut par Acclamons la Parole de Dieu et chacun r pond Louange Toi Seigneur J sus En v n rant l vang liaire d un baiser le ministre fait le m me acte de foi que lors de la v n ration de l autel Ce n est pas un livre qui a t embrass c est le Verbe fait chair lui qui dans la logique de l Alliance s est adress son glise r ellement dans cette parole proclam e Le baiser aux reliques En liturgie d autres objets peuvent tre v n r s d un baiser en l occurrence l osculatoire et surtout les reliquaires Par un baiser ce qui reste du corps du saint qui fut en relation avec le Seigneur est manifest le d sir d amiti avec le Seigneur 4 Le baiser de paix tait l origine une tablette d ivoire sculpt e ench ss e dans une monture d orf vrerie et munie d une tige ou d une poign e sa partie post rieure Carletta Dugac Dict Prat des Conn Rel col 603 604 31 La v n ration des ic nes se comprend galement selon cette optique Elles sont des fen tres ouvertes sur l Au Del d o
111. est dit plus souvent qu il livra J sus Or comme l crit Armand Ab cassis livrer n est pas trahir d ailleurs le verbe livrer a aussi pour sujets Dieu et m me J sus Le baiser de Judas n est mentionn que dans les Synoptiques en Marc J sus est silencieux Mc 14 44 46 Matthieu ins re une r plique de J sus Mon ami fais ta besogne Mt 26 49 50 Luc modifie cette r plique Judas c est par un baiser que tu livres le Fils de l homme Le 22 47 48 Le quatri me vangile ne mentionne ni le baiser ni aucune parole de Judas Il y est simplement pr cis que parmi ceux qui venaient arr ter J sus se tenait Judas qui le livrait Jn 18 5 Dans cet vangile Judas est l instrument de Satan dont il est dit qu il entra en lui Jn 13 27 Il est celui par qui arrive la Passion du Christ et s accomplissent les critures Ainsi d s les r cits vang liques une certaine volution est perceptible soit vers une aggravation du geste de Judas dans le sens d une trahison soit vers une tentative d excuser ce geste qui n est m me pas mentionn dans l vangile johannique 1 Une traduction fran aise est disponible L Evangile de Judas Flammarion 2006 2 Cf le dossier document de Joane E TAYLOR The Name Iskarioth Iscariot JBL 129 2010 2 p 367 383 3 Hans Josef KLAUCK Judas un disciple de J sus Lectio Divina 212 Cerf 2006 p 39
112. eurs ambiguit s mais aussi de l amour auquel elles sont appel es en quoi nos baisers sont ils de bons baisers Un geste proprement humain VL histoire et l ethnologie nous l apprennent le sens des gestes donc des baisers varient selon le temps le lieu les cultures Et l int rieur d un ensemble culturel les baisers sont pluriels plus ou moins l gers conventionnels ou engag s des bises famili res au baiser amoureux jusqu au quasi r volu baisemain La vari t des baisers et de leurs appellations renvoie une grammaire des liens selon la proximit et la distance autrui dans la famille les groupes sociaux et religieux Mais qu est ce qui demeure m me cette diversit Et pourquoi donc embrasser Ce qui demeure constant c est d abord le lien de tout baiser un corps l humain n est pas ne fait rien sans son corps et n embrasse donc pas sans lui Mais ce faisant il n est pas r duit son corps objectif il n est pas dans son corps comme en une chose qui le contiendrait mais comme un ex istant tant soi hors de soi il est par son corps avec d autres au monde auquel il participe Le baiser est donc le geste d un corps vivant le mort peut tre embrass mais il n embrasse plus mais vivant la mani re sp cifique d un humain corps personnel de quelque un un singulier qui ne peut se substituer quiconque corps prouv comme mien corps propre Le b
113. fane On peut se demander si le sentiment de culpabilit pro 112 voqu par l existence d un lien historique in direct mais certain entre l antijuda sme th o logique traditionnel des glises chr tiennes et l horreur du g nocide ne contribua pas cette d faillance du discernement On retiendra surtout de ce livre outre les belles pages consacr es aux affinit s existant entre le dominicain et Paul Claudel au sujet d Isra l po te de Dieu le beau souvenir d un homme courageux qui marcha pur loin des sentiers obliques et que sa grande g n rosit put conduire parfois se tromper Anne PHILIBERT Nous avons re u L amp V et nous vous signalons Jean Marie VEZIN et Laurent VILLEMIN Les sept d fis de Vatican IT DDB 2012 268 p 19 90 Pr sentation originale de Vatican II partir des d fis que l glise a tent de relever dans la compr hension d elle m me son organisation pour la mission sa place face aux autres confessions chr tiennes aux autres religions la soci t civile et sa mani re de c l brer Fr d ric Marc BALDE L islam Parole et Silence Coll ge des Bernardins 2012 180 p 14 Le livre a l avantage de pr senter clairement toutes les bases th ologiques et pratiques pour aborder l islam ce qui s av re de plus en plus incontournable Philosophie Jacques de GUILLEBON et Falk van GA VER L anarchisme chr tien L
114. faut se poser des questions et il ajoute Les sc nes types ne sont pas catalogu es dans des concordan ces ni dans des dictionnaires elles se laissent discerner par un lecteur attentif ce que le texte lui dit et lui montre ainsi qu ses ryth mes ses reprises p 15 Dans un pr c dent ouvrage il s est efforc de mieux com prendre qui tait Marie dans les vangiles en la rattachant de nombreuses femmes dont nous parlent les critures La Vierge au Li vre Marie et l Ancien Testament Cerf 2004 Cette fois il applique sa m thode Joseph celui qui est en v rit l poux de Marie et qui avec elle nous fait entrer dans le myst re de l Incarnation p 10 Bible en main laissons nous guider par ce lecteur attentif qui a l avantage de lire les textes anciens dans leur langue et dans leur traduction grecque dite Septante utilis e par les juifs de la diaspora et les auteurs du Nou veau Testament Cela lui permet de faire des rep rages plus facilement que pour un lecteur utilisant des traductions modernes Cet assez long voyage nous m nagera de nombreuses tapes parfois inattendues Par exemple nous apprendrons que les poux de Nazareth ne sont pas sans lien avec Elie et la veuve de Sa repta ces deux tres aux noces atypiques que r unit un fils ressuscit p 261 Le fils per du et retrouv est un grand th me parcourant toute la Bible Philippe Lefebvre nous a
115. fi au P re Henri de Lavalette s j th ologien exigeant d busquant les peu pr s et les faux fuyants mais magnifique accoucheur d esprits C est lui qui a eu l id e de m envoyer aux tats Unis d s 1984 pour parfaire ma formation de moraliste et d broussailler mon sujet de th se Atteint d une leuc mie il savait ses jours compt s et souhaitait que je stimule ma r flexion th ologique au contact des grands moralistes catholiques am ricains de l poque La th ologie morale la plus cr ative au plan international mais aussi la plus conflictuelle se trouvait aux Etats Unis sur fond d une glise catholique tr s vivante dans le d bat public C tait la grande poque des Lettres pastorales des v ques am ricains qui osaient aborder les grandes questions sociales pour stimuler l opinion publique Dans un tel contexte il s agissait de plonger dans les d bats thiques pres du temps les comprendre en mesurer les enjeux en saisir la pertinence et les limites et par l m ouvrir une compr hension plus fine des divers courants qui traversent la morale catholique Ces r flexions nord am ricaines m ont aid e tre fid le au meilleur de ce que m avait transmis Xavier Th venot tout en m invitant une cr ativit personnelle prenant en compte l volution du temps et des publics de la th ologie L amp V C est cette poque que vous engagez votre th se sur le compromis chez Troelts
116. fin du XIX si cle dans la r gion du Marais du Mont en Vend e Les jeunes c libataires en ge de se marier se rencontraient librement certaines p riodes de l ann e sous les yeux de la communaut mais en respectant cependant les formes du rituel Le jeune homme abordait la fille convoit e en tirant son jupon et en saisissant son parapluie si celle ci acceptait l invitation elle se laissait emmener au cabaret ou au bord d un talus mais en lieu de toutes fa ons ouvert au contr le du groupe Vabri du parapluie les jeunes gens n changeront pendant de longues heures rien d autre que des longs baisers ou des paroles laconiques et relativement crues M ta langue dans ma goule et dis m que tu m aimes Le mara chinage r unissait une part de la jeunesse pr te fr quenter une dizaine de couples se pr taient ainsi de longs baisers et des caresses allant parfois assez loin Ils taient de toute mani re promis au mariage Il n tait pas une licence sexuelle tol r e par la communaut car il n engageait que de jeunes c libataires vou s se marier ensemble La coutume tait une mise en relation r glement e des jeunes marier il s agissait 28 l approche de l autre 11 M SEGALEN Amours et mariages de l ancienne France 1981 p 45 Berger Levrault 12 Cf X Faucue et C NoETzLIN Le baiser Stock 1987 p 257 sq Sur le bai ser lire galement G CAH
117. ge 218 Lesp rance 219 Le travail entre sens et non sens 220 Qoh let la saveur biblique de l instant 221 Christianisme et religions 222 La solitude de la nuit obscure 223 La non ordination des femmes 224 Le corps et le don 225 La violence de Dieu 226 L Apocalypse le livre du d sir 227 La soci t sans projet ou lexil du sens 228 Autorit et dissentiment du gouvernement de l Eglise 229 Le rire th rapie du fanatisme 230 Lecture savante lecture eccl siale 231 Mutation de la jeunesse tudiante 232 L enfer un destin impensable 233 Les b atitudes le bonheur invers 234 Justice et pouvoir judiciaire 235 Paranormal la religiosit sauvage 236 Mo se le proph te de Dieu 237 L euthanasie le d bat n cessaire 238 Le Paradis l exc s promis 239 La pri re 240 La filiation 241 Paul et Isra l 242 Le d sir de m moire 243 Habiter 244 VENTE AU NUMERO 2012 simple France 12 00 Etranger 14 00 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 Trinit et divin cosmique La vertu Une autorit affaiblie L piscopat Foi et histoire Christianisme et culture Un chemin de libert le salut de Dieu Lumi re amp Vie le cinquantenaire Audace et fid lit Discerner Enjeu de l accompagnement La R surrection Ave
118. he mettre en lumi re le sens spirituel des critures Or le sens spirituel est un sens ouvert il n est jamais donn une fois pour toutes De fa on suggestive Pierre Andr Burton parle ce propos d une lecture infinie des critures Au del de son sens litt ral et toujours partir de lui le Cantique des Cantiques a offert Bernard le langage et les symboles dont il s est servi pour exprimer son aventure spirituelle Ici clate la grande originalit de Bernard et la nouveaut de la spiritualit cistercienne influenc e par lui Bernard n h site pas employer le langage de l amour humain du d sir de l ros pour exprimer l amour r ciproque de Dieu et de l homme et pour voquer l exp rience mystique Et il ne s agit pas simplement de langage car la vie spirituelle d union Dieu est imagin e et sugg r e partir de la vie affective de l homme de ses sentiments de son d sir et m me partir des gestes concrets de lamour tels que le baiser ce propos dom Jean Leclercq affirme avec beaucoup de justesse que dans les Sermons sur le Cantique le r alisme de l amour humain et les symboles qui servent l exprimer ne sont 77 pas reni s cart s mais ils ne sont la que pour voquer une tout autre r alit un amour dont Bernard sait qu il est charit agap Il ne faut donc pas opposer ros et agap il s agit bien plut t de sublimer l
119. i parle dans les premiers vers oh rassemble ce qui est bris apporte le moi maintenant le parfum de ces promesses que tu n as jamais os prononcer les copeaux que tu portes la croix que tu as laiss e derri re M me si l int ress vite ainsi de porter sa croix le salut semble acquis oh vois l obscurit qui succombe elle qui avait d chir la lumi re en morceaux 94 LEONARD COHEN DE NOUVEAU On peut d s lors se demander qui sauve qui est ce le divin qui vient en aide l humain comme il en va dans les nonc s religieux traditionnels ou l inverse comme l a pressenti par exemple une Etty Hillesum cet gard il faut lire d assez pr s un autre fragment de ce texte Mais rappelons d abord que le symbole que Cohen a labor au long des ann es et qui constitue aujourd hui si l on peut dire sa marque de fabrique repr sente deux cceurs entrelac s a la fa on des deux triangles du sceau de Salomon On peut voir dans l assemblage de ces deux c urs l union du masculin et du f minin une sorte de yin yang juda s Mais on peut aussi en proposer une autre lecture car ce dessin aujourd hui enrichi et compliqu d l ments adventices s accompagne parfois de la l gende Order of the Unified Heart ce qui renvoie clairement lunivers religieux C est pourquoi j y vois pour ma part le c ur humain et celui de Dieu unis dans une Alliance inamiss
120. ible Or nous entendons ici le c ur d en bas enseigne au c ur bris d en haut Le renversement de perspective un proc d qu affectionne notre barde canadien est donc devenu radical Qui m a envoy chanter J ai gard pour la fin la premi re chanson de l album Going Home Elle commence ainsi j aime parler avec Leonard c est un chasseur et un berger c est un foutu flemmard toujours bien habill De nouveau l auditeur se pose la question qui peut bien s exprimer ainsi Les vers suivants sugg rent la r ponse mais il dit ce que je lui dicte m me si c est contretemps c est qu il n a pas la libert de refuser il prononcera ces paroles de sagesse comme un avis un visionnaire tout en sachant qu il n est vraiment rien que l laboration rapide d un tube 95 La voix qui se fait entendre ici ne peut tre que celle de Dieu Mais respectons la pudeur de notre auteur qui mentionnait ailleurs un moment de gr ce quand la voix la plus douce jamais entendue a murmur mon me Ain tno Cure for Love disque I m your Man et d clarait ailleurs encore j entends une voix qui m voque celle de Dieu Closing Time disque The Future Il faut galement citer la chanson Love Itself disque Ten New Songs o l exp rience mystique se dit cette fois sous un mode visuel mais de fa on peine plus explicite la lumi re traversait
121. ide porter un regard neuf sur ces r cits anciens que nous lisons souvent superficiellement Saint Augustin avait raison de nous rappeler que le Nouveau Testament est cach dans l Ancien la mani re d une nigme et que l Ancien se r v le dans le Nouveau En par courant les treize chapitres du livre nous pourrons mieux comprendre la place de Saint Joseph et aussi notre propre place dans le pro jet de Dieu sur l humanit Jean DELARRA 0 p Nous avons re u L amp V et nous vous signalons La crois e des chemins revisit e Quand l glise et la Synagogue se sont elles distingu es Actes du colloque de Tours 18 19 juin 2010 sous la dir de C Mimouni et B Pouderon Cerf 2012 388 p 30 Fran ois LEPRIEUR Dominicains ouvriers d Hellemmes Chronique d un demi si cle Khartala 2012 490 p 32 Ce livre prolonge le c l bre Quand Rome condamne du m me auteur paru en 1989 Paul Blanquart souligne dans sa pr face qu il ne s agit pas de d crire la lente agonie et la disparition des p o mais de manifester la foi qui tait l uvre pour faire pont entre l institution eccl siale et le monde ouvrier foi qui parle encore L LECTURES P res de l glise Philippe HENNE Basile le Grand Cerf 2012 349 p 28 l occasion du cin quanti me anniversaire du Concile Vatican II il ne semble pas inutile de se souve
122. iennes n 414 431 452 472 511 Les neuf sermons sur le baiser se trou vent dans le t 1 2 SCt1 5 t 1 p 67 69 3 SCI 1 3 t 1 p 65 4 SC 1 4 t 1 p 67 5 Sobriis mentibus et auri bus SCt 1 3 t 1 p 64 Dossier Le baiser Raffaele FASSETTA Qu il me baise d un baiser de sa bouche Le baiser dans les Sermons sur le Cantique des cantiques de saint Bernard Qu il me baise d un baiser de sa bouche Le premier verset du Cantique des Cantiques a exerc sur Bernard de Clairvaux une s duction telle qu il lui a consacr rien moins que neuf sermons Lorsqu il rencontre ce verset au d but de son grand ouvrage il ne peut s emp cher d exprimer la fois son bonheur et sa stupeur Voici un agr able langage qui commence par un baiser et un visage s duisant de l criture qui ais ment touche et incite lire Il y a du plaisir scruter son sens cach m me avec peine et la difficult de l enqu te ne fatigue pas l o la suavit du langage captive Et de vrai comment ne nous rendrait il pas tr s attentifs un tel commencement sans commencement et une telle nouveaut de l expression dans un livre si ancien Un langage myst rieux et fascinant D entr e de jeu Bernard ne s arr te pas au sens litt ral du texte Ce langage sacr et contemplatif rec le un sens cach un myst re tr s profond qu il s agit de d chiffrer e
123. igence de ce qu on y lit qu il aime Sans quoi c est en vain que celui qui n aime pas s approche pour entendre ou lire ce po me d amour Car un c ur froid ne peut nullement saisir ce langage de feu ignitum eloquium Comme celui qui ne sait pas le grec ne comprend pas celui qui parle grec et qui n est pas latin ne comprend pas qui parle latin et ainsi des autres langues de m me la langue de l amour pour qui n aime pas sera une langue barbare 78 49 J LECLERCQ Nouveau visage de Bernard de Clairvaux Approches psy cho historiques Paris 1976 p 152 50 J P Sonnet Le Cantique entre rotique et mystique sanctuaire de la parole chang e Nouvelle Revue Th ologique 119 4 1997 p 499 500 Cf aussi l ouvrage de A M PELLETIER Lectures du Cantique des Cantiques De l nigme du sens aux figures du lec teur Analecta biblica 121 Roma Pontificio Istituto Biblico 1989 51 Ignitum eloquium SCt 79 1 t 5 p 260 52 SCt 73 2 t 5 p 139 53 SCt 79 1 t 5 p 260 54 SCt 22 2 t 2 p 173 55 SCt 9 3 t 1 p 203 traduction l g rement retouch e Raffaele FASSETTA QU IL ME BAISE D UN BAISER DE SA BOUCHE Bien s r dans la perspective de Bernard il s agit de l amour divin et c est pourquoi le Cantique ne doit pas tre remis au tout venant mais seulement aux personnes capables de le lire selon le sens spirituel Qu il me baise
124. in ma Baisers vol s J embrasse pas Pas sur la bouche en chan sons Besame mucho Je chante un baiser et les essais n 169 de la revue Autrement Le baiser premi res le ons d amour f vrier 1997 Francesco PATRIZI Du baiser 1560 in dit jusqu en 1975 Les belles Lettres coll Le corps loquent 2002 Philippe Dian a c est un baiser Gallimard 2002 Eric Fotrorino Baisers de cin ma Gallimard 2007 Belinda Cannone Le bai ser peut tre Alma pabloid 2011 etc Dossier Le baiser Maud CHARCOSSET Bons baisers En 2011 Alexandre Lacroix publie une Contribution la th orie du baiser dont le titre est emprunt Kierkegaard qu il cite il est curieux qu il n existe pas un seul trait sur la question Cette lacune viendrait elle de ce que les philosophes d daignent le sujet ou qu il n y connaissent rien Or Lacroix ne pr cise pas qu ici ce n est pas Kierkegaard qui s exprime mais un de ses personnages Johann s le s ducteur avec sa vision esth tique du baiser comme jeu et technique de s duction La question proprement kierkegaardienne de l existence et de sa v rit des stades sur le chemin de la vie esth tique moral religieux dont les pseudonymes sont des figures n est pas pos e M me s il en d ploie l arri re fond historique Lacroix se situe lui aussi l int rieur d une telle vision sans l interroger Ma
125. ique du baiser de paix pendant la c l bration de l eucharistie Les trois baisers symboles des trois tapes de la vie spirituelle Une nouvelle interpr tation du baiser est mise en uvre dans le troisi me sermon sur le Cantique Ici Bernard s applique d gager ce que les P res de l glise appelaient le sens moral Il faut tout de suite dissiper une quivoque le sens moral ne d signe pas un code de comportement un ensemble de normes respecter mais bien plut t la sequela Christi Il s agit d actualiser L me progress Sous la figure l histoire biblique du salut dans son propre des trois baisers baiser des cheminement spirituel en effet chaque pieds des mains et de la bouche baptis revit dans son existence personnelle qu Seigneur les grands v nements de l histoire sainte et en particulier le myst re pascal du Christ Aujourd hui on parlerait de sens existentiel C est pourquoi apr s avoir d gag le sens all gorique de Ct 1 2 en le rapportant au myst re de l Incarnation Bernard cherche galement ce que l ex g se de ce verset donne son lecteur des clefs qui lui permettront d interpr ter sa propre exp rience religieuse Ainsi la lecture christologique ou all gorique du verset en question premier niveau de sens s ouvre sur un second niveau de sens le sens moral ou tropologique qui engage cette fois le lecteur au niveau de sa vie spirituelle D s
126. irme l avoir emport tu affirmes qu on ne t a jamais cout e 88 2 Je me permets d en rappe ler les titres Th mes juifs et chr tiens dans les chansons de Leonard Cohen in Vie spirituelle n 683 janvier f vrier 1989 p 101 116 Leonard Cohen le proph te apais in Vie spirituelle n 742 mars 2002 p 929 938 Comme dans ces deux pr c dentes contributions toutes les traductions ici pr sent es sont miennes 3 Provisoire car on attend maintenant l album que Leonard a annonc pour une date non pr cis e et dont on conna t d j certains ti tres notamment Born in Chains et Feels so Good En outre il ne sau rait tre question de r duire Vinspiration coh nienne a des pr occupations religieu ses bien d autres th mati ques apparaissent chez lui LEONARD COHEN DE NOUVEAU Faut il mettre une majuscule au Verbe comme je le fais ici Le texte anglais du livret porte bel et bien the Word Comme nous allons le voir bien d autres r miniscences du m me genre apparaissent mais dans des textes plus explicitement religieux Le sang de l agneau Ces derniers abondent en effet dans Old Ideas plus que jamais auparavant pas moins de quatre chansons font retentir ici des accents que l on peut qualifier de mystiques Deux se pr sentent comme des pri res adress es la premi re personne du singulier un interlocuteur que comme l accoutu
127. is s des romances l eau de rose qui nous avaient coupablement enivr s nous devions maintenant nous r signer et nous rendre l vidence au risque de rel guer jamais au rayon du chichi sentimental nos trop mythiques baisers de cin ma Pour dessiller irr m diablement nos grands yeux innocents l taient ils de grands savants nous firent voir enfin ce que cachaient toutes nos sc nes d anthologie devenues suspectes Par leur r p tition infinie ces passages trop cultes ces baisers en gros plan visage visage bouche contre bouche et musique choisie nous assujettissaient en v rit une normalit laquelle nous avions fini par nous identifier inconsciemment Il fallut bien nous rendre soudain vidence et sortir de l enfance d une r ception trop naive les th mes du cin ma ses mod les ses genres ses vedettes taient donc au service du pouvoir 63 Pas seulement parce qu ils d pendaient financi rement de la machine financi re qui produisait les films mais d abord et surtout parce qu ils participaient l laboration sournoise de mod les culturels contre la diffusion normative desquels il fallait d sormais entrer en r sistance Le baiser de cin ma pouvait certes prendre place dans l histoire du cin ma quitte en devenir l embl me et m me entrer au patrimoine de l humanit mais condition de ne figurer qu un pass bien r volu condi
128. is et l assaut donn aux Tuileries pr lude la suspension du Roi le 13 ao t puis les massacres paniques de plus de 1 200 d tenus a Paris entre le 2 et le 6 septembre manifestent l chec de cette fraternit sans lendemain Lamourette guillotin 4 son tour en 1794 est pass a la post rit avec son baiser un peu comme Judas mais avec en prime les sourires provoqu s par les myst rieuses correspondances entre le patronyme de cet homme consciencieux et l acte Et puis pour certains quelle na vet de croire qu en politique le baiser pourrait tre performatif Le baiser r publicain de 1830 Le second baiser c l bre de la p riode se produisit le 30 juillet 1830 juste apr s l insurrection de trois jours dite les 39 Trois Glorieuses quimitfin au r gne de Charles X Il est connu sous le nom de baiser de l H tel de Ville mais Chateaubriand lui a donn ironiquement le nom de baiser r publicain Il s agit de l accolade th trale sur le balcon de l H tel de Ville de Paris tr teaux de la vie politique fran aise lors de chaque trouble par laquelle le septuag naire g n ral marquis de Lafayette figure tut laire de la vie politique fran aise redevenu immens ment populaire sous la Restauration a donn sa caution r publicaine au duc d Orl ans cartant ainsi le spectre de l instauration d un r gime r publicain Ce qui est moins connu c est que cet pisode fut
129. is pourquoi s interroger sur le baiser Un vieux refrain nous en dissuaderait Embrassez qui vous voudrez Et comme vous voudrez Pourtant Lacroix pressent que son sujet n est ni si l ger futile ni si lourd graveleux qu il y para t d clarant Dans cet acte si simple l esprit envahit la chair si j tais chr tien je comparerais la chose l Eucharistie ou au myst re de l Incarnation Nous nous proposons de revenir sur l espace si rapidement franchi entre s duction et myst re Le baiser demeure au go t du jour comme en t moignent d hier aujourd hui des uvres titres et r f rences multiples Peut tre pr cis ment s agit il de savoir pourquoi le baiser nous int resse en quoi les questions qu il Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 p 49 58 49 pose ne se r duisent pas un th me sentimental ou racoleur Ce qu il voque directement c est l amour sous toutes ses formes or n est ce pas la grande affaire de toute existence humaine que nous le sachions ou non Et le c ur de sujets tr s d battus la rencontre de la soci t et de l glise de ce temps Mais que veut dire aimer dans l ventail des situations et acceptions du terme Le baiser est le geste d un corps D o nos questions que r v le le baiser de notre existence humaine quelle n cessit r pond il dans la diversit de ses formes Embl matiques de nos relations de l
130. ision qu il lui est seulement permis d accomplir sur le champ mes ordres c est dire ce que je lui ai enjoint de r p ter Une touche d autod rision apparait nettement dans ces lignes On pourrait en effet s ing nier 4 montrer que les diff rents genres litt raires num r s chanson d amour antienne pour le pardon etc correspondent rigoureusement ceux qu a pratiqu s Leonard Cohen lui m me chansons mais aussi po mes romans carnets voire livre de pri res Au del de toutes ces r alisations c est bien l urgence de la transmission du message qui se fait entendre avec insistance Bon nombre des chansons de notre album se terminent comme elles ont commenc C est encore le cas de celle ci de sorte que nous entendons de nouveau pour finir ces quelques mots m lange tr s coh nien d ironie d humour et de vraie humilit j aime parler avec Leonard c est un chasseur et un berger c est un foutu flemmard toujours bien habill Sagesse imm moriale Aujourd hui riche de plus de cent trente titres le corpus des chansons de Leonard Cohen a depuis l origine fait alterner diff rents tons l giaque avec la c l bration toujours recommenc e de la femme etdelarelation amoureuse avecelle mystique avec les vocations de l exp rience spirituelle gorg es de r miniscences bibliques cynique avec l usage d un humour corrosif pouvant aller jusqu au d sesp
131. isser m rir en soi l enfantin En tout cela nous revendiquons l inspiration chr tienne la limite de l thique en effet c est l illusion de pouvoir devenir soi de savoir aimer par soi par ses propres forces Or ce que nous prouvons c est la fois la pr c dence de l amour qui nous fait humains et notre incapacit aimer par nous m mes Si nous aimons c est par un autre par l amour re u reconnu par la confiance et l esp rance qu il nous accorde D o cette inspiration c est bien en J sus Christ que nous reconnaissons partout o il agit ce qu est l amour jusqu la fin Jn 13 1 et pour tous Une telle thique postule accord et r ciprocit entre universel chr tien et universel humain l Evangile tant lieu de 57 reconnaissance de rep res anthropologiques vitaux pour tous qui fondent travers une diversit d expressions qui sont interpr ter une dynamique de croissance personnelle et communautaire Elle requiert enfin la juste place du corps ni m pris ni idolatr d finie par la justice du Royaume selon la logique de l Incarnation le spirituel lui m me requiert un lien et une hi rarchie entre les sens du sens etune int gration des diff rentes dimensions de l amour familial amoureux amical universel dans l agape Si les baisers diff rent ils posent toujours la m me question comment surmonter la s para
132. la suite de son tude sur Le droit de l glise la libert Du Syllabus a Vatican IT et reprend en l amplifiant sa the se sur L Eglise et les Etats concordataires 1846 1981 La sou verainet spirituelle Cerf 1983 L auteur s est propos d tudier les concordats sign s depuis 1801 pour en tirer les principes doctri naux sur lesquels sont fond s le statut et les libert s de l glise dans les soci t s politi ques En outre il veut observer dans quels cas et jusqu quel point l glise peut maintenir l int gralit de sa doctrine et dans quelle me sure un tat peut y adh rer et la rendre effi cace dans sa propre l gislation Le livre s organise en trois parties Une pre mi re partie historique distingue cinq p riodes sur les deux si cles de concordat Les deux autres parties sont juridiques l une traitant de la question du statut juridique de l glise dans le droit des tats la derni re de l objet des concordats savoir les libert s communau taires de l glise Le volet historique de l ouvrage est une grande synth se Les deux si cles de pra tique concordataires commencent avec le concordat conclu entre Pie VII et Bonaparte en 1801 Cette convention a pour objet et pour effet de permettre le r tablissement de la paix religieuse en France au sortir de la R volution fran aise Roland Minnerath en souligne la nouveaut car pour la premi re fois le pouvoir spirituel fait des conce
133. le lecteur dans la compagnie du protagoniste et de ses visiteurs Le livre est compl t par des annexes de qualit Mer Sali ge face Vichy may 23 aout 1942 z 107 N en 1870 pr tre en 1895 v que en 1925 avant d tre nomm archev que Toulouse Mgr Sali ge avait pris pour devise l om bre de la Croix devise proph tique de la conduite qui fut la sienne pendant la guerre Toulouse qui comptait 216 000 habitants en 1936 et qui avait d faire face l arriv e mas sive de r publicains espagnols avant 1939 avait vu sa population monter 500000 en juin 1940 notamment cause des r fugi s venus de Belgique et du Nord de la France la mi ao t 1940 une partie des r fugi s tait rentr e chez eux mais 100000 person nes taient demeur es dans la ville parmi les quelles des juifs de nationalit trang re La ville rose tait devenue selon l expression du proph te Isa e 8 23 une v ritable Galil e des Nations Mais c tait une Galil e avec des camps d internement Le livre s organise en une s rie de chapitres non num rot s mais dat s aux titres la pidaires L histoire commence la date du 22 d cembre 1940 avec un premier chapitre intitul J sus est contre Dans ce chapi tre Mgr Sali ge vit une journ e ordinaire In firme il tombe de son lit il faut le relever Il re oit Charles d Aragon qui revient de Vichy puis Bruno de Solages le recteur
134. les saints invitent le priant les rejoindre Le baiser de paix Bien plus qu un simple geste le baiser relie et unit les fid les dans une relation des plus intimes II les incite a former une communaut soud e pour transmettre la foi La pri re associe et assume le tout de la personne humaine esprit me et corps 1 Th 5 23 Dans le culte comme dans une histoire d amour le baiser est le signe d un lien profond et personnel entre deux personnes Il oblige une relation il s change simultan ment pla ant celui qui le donne comme celui qui le re oit indistinctement au premier plan Il est Pamour en action Juste avant le chant de la fraction du pain consacr lors de l eucharistie les fid les sont invit s par le pr sident se donner la paix selon la formule du Missel Certains c l brants invitent un geste de paix L le sens du baiser de paix est affaibli et risque d tre compris comme un geste de salutation Or c est de la Paix du Christ et de sa transmission dont il est question Le baiser de paix plac dans la c l bration du rite latin avant la communion ne se fonde pas sur la parole de J sus de la r conciliation n cessaire avant de s avancer l autel cf Mt 5 21 cette approche conviendrait mieux dans une compr hension justinienne du baiser de paix plac apr s la pri re des fid les Le rite latin du baiser de paix s appuie sur une autre parole de J sus
135. llo Mastroianni et Anita Ekberg Diacre et p re de famille longtemps professeur de Patrick LAUDET kh gne au Lyc e du Parc Lyon Patrick LAUDET est depuis 2008 inspecteur g n ral de l ducation nationale Lettres Th tre Cin ma L heureux temps des baisers de cin ma D s l origine pourtant il tait l Significativement il figurait d j sur les fonts baptismaux du 7 art comme pour dire avec force qu il n tait pas qu un th me occasionnel ni un motif accidentel vou un jour la d su tude Au catalogue des films qui d s la fin du XTX si cle feront jamais l histoire du Cin ma il ne manque pas d inscrire embl matiquement et parmi les premiers sa marque ind l bile sa place centrale Les Fr res Lumi re viennent juste d inventer le cin matographe On est en 1895 On d couvre alors merveill le surgissement d une locomotive qui entre en gare de La Ciotat On se laisse d abord surprendre par le mouvement magique d une sortie d usine d ouvriers empress s Mais pass es ces toutes premi res exp riences visuelles et leur effet insolite il fallait en arriver au vrai sujet au seul sujet du cin ma The Kiss Le Baiser Pour la premi re fois sur grand cran sous les yeux bahis des spectateurs un homme et une femme s embrassent Savaient ils qu la tendresse innocente et presque encore maladroite de ce tout premier baiser qu ils se donnaient su
136. logie et de sa m thode L amp V Cette pens e de Troeltsch avec sa tension entre Absolu et relativit historique n introduirait elle pas aux grandes lignes des d veloppements de votre th ologie morale G M On n tudie pas un tel auteur sans en rester marqu e Avec le recul je peux dire qu il m aura influenc e pour d signer le pr sent culturel pluraliste et s culier dans lequel j labore ma pens e th ologique Troeltsch m a influenc e pour rendre compte tout particuli rement du pluralisme thique au sein m me de la foi chr tienne et de la th ologie Toutes mes interventions en sont marqu es Il est commun aujourd hui de reconna tre qu une m me foi conduit des options conomiques sociales et politiques tr s 10 5 S minaires de Doctorat la Facult de Th ologie de l Institut Catholique de Paris 1996 L thique th ologique comme force de proposition pour les d bats thique 1997 L thique th ologique ou le probl me de articulation entre thique et dogmatique 1998 Ressources et limites de l thique th ologique pour affronter la crise de l int gra tion sociale et culturelle 6 Ernst TROELTSCH Die Soziallehren der christlichen Kirchen und Gruppen G S Vol I T bingen J C B Mohr 1912 r d Aalen Scientia Verlag 1977 GENEVIEVE MEDEVIELLE vari es voire conflictuelles Mais l explication de ce constat des divergences n est pas si simple
137. lors le sermon 3 expose le triple progr s de l me sous la figure des trois baisers baiser des pieds des mains et de la bouche du Seigneur le baiser des pieds Lesermon3commenceparune d claration m thodologique Aujourd hui li dans le livre de l exp ri me O Aujourd hui nous lisons dans le livre de l exp rience Or 70 16 SCt 2 9 Ce baiser n est rien d autre que le m diateur entre Dieu et les hommes J sus homme et Christ t 1 p 99 17 SCt4 1 t 1 p 113 18 SCI 3 1 t 1 p 101 19 Cf Le 7 47 20 SCt3 2 t 1 p 105 21 Ibid Allusion Ct 4 2 22 Ibid 23 SC1 6 8 t 1p 151 QU IL ME BAISE D UN BAISER DE SA BOUCHE rares sont les personnes qui ont re u la gr ce d exp rimenter le baiser de la bouche du Seigneur Bernard lui m me ne s estime pas du nombre Il propose ceux qui sont comme lui de se tenir une place mieux adapt e leur tat spirituel Avant d aspirer au baiser de la bouche de l poux ils doivent se prosterner dans la crainte ses pieds les couvrir de baisers et les inonder de leurs larmes l exemple de la sainte p cheresse de l vangile Toi aussi prosterne toi terre embrasse les pieds du Seigneur apaise le avec des baisers inonde le de larmes non pas tant pour le laver Lui que pour te laver toi m me L me prouve alors ce sentiment que Bernard avec toute la tradition mon
138. lusion celui de la r alit pour en attester l absolue et incontestable v rit passe un symbole Un symbole fragile qui peut se briser si l on n en prend pas soin Un symbole lumineux pour permettre le moment venu de r enchanter la r alit Des chaussures bien s r pour qu tous les coups a marche quoi bon aujourd hui tous ces baisers de cin ma Puissent ils nous rester entre les mains comme les pantoufles de verre de Cendrillon gages que en d pit de tout la baise ne sera jamais le tout de l amour Puissent ils t moigner qu au cin ma comme dans la vie il ne s agit pas seulement de prendre son pied mais le temps d une valse ou d un baiser de l ajuster la bonne chaussure et la bonne pointure de l autre De l ajuster sa bouleversante rencontre Patrick LAUDET 65 Raffaele FASSETTA est moine cistercien l abbaye Notre Dame de Tami Il a pr sent traduit et annot les Sermons sur le Cantique des Cantiques de Saint Bernard dans la collection des Sources chr tiennes 1 Le commentaire bernardin du Cantique en compte 86 Nous citerons les Sermons sur le Cantique en les d si gnant par le sigle SC d apr s l dition en cinq tomes parue dans la collection Sources Chr tiennes BERNARD DE CLAIRVAUX Sermons sur le Cantique d P Verdeyen R Fassetta tomes 1 5 Cerf 1996 1998 2000 2003 2007 respectivement Sources Chr t
139. m e notre po te juif ne nomme pas Dans Amen et l existence de ce refrain o le mot h breu est r p t quatre fois suffit en indiquer le genre litt raire l auteur supplie cet Autre de lui redire une parole dont la nuance peut d ailleurs varier il lui demande successivement redis moi que tu me veux alors que tu m aimes alors que tu as besoin de moi alors et de nouveau que tu m aimes alors Lui m me tend l oreille cette parole r confortante redis le moi nous sommes seuls et j coute j coute si fort que j en ai mal Des bribes de contenus d origine biblique parfois malais es interpr ter se font entendre et l C est ainsi que l orant demande tente moi encore quand les anges hal tent et grattent la porte pour entrer Je capte ici pour ma part un cho de l pisode de la destruction de Sodome cette diff rence pr s que dans le texte biblique ce ne sont pas les anges qui soupirent et cherchent la porte mais bien les habitants de Sodome les anges tant pour leur part l int rieur de la maison cf Gn 19 4 5 Mais Leonard nous a accoutum s ces r critures parfois assez renversantes du texte biblique 89 Je pense par exemple la chanson intitul e By the Rivers Dark disque Ten New Songs qui recompose ainsi le psaume 136 137 vers les sombres fleuves j allais errant j ai pass ma vie
140. mbre 1792 le roi de Prusse prend possession de Verdun apr s avoir fait bombarder la ville Quatorze belles jeunes filles des meilleurs familles lui souhaitent la bienvenue avec d agr ables discours des fleurs et des fruits 7 La codification et la politesse des m urs d un si cle marqu jusque la par un tact tr s fin de la douceur de vivre conduisent mettre en sc ne ce qui ressemble fort un invisible baiser de paix Qu aurait fait ce souverain s il avait su qu apr s son d part la Convention ferait guillotiner les demoiselles leur reconnaissant implicitement et leur corps d fendant le statut d acteurs politiques On rattachera cette nouvelle p riode le geste par lequel Louis XVI fils de saint Louis conduit la guillotine baise le crucifix qui lui est pr sent et exprime le v u que son sang ne retombe pas sur la France Baiser la croix c est traditionnellement l ultime manifestation de pi t de l homme qui va mourir Mais le contexte de cette mise mort la personne du condamn le titre que lui donne son aum nier et le contenu de son v u qui manifeste le plus haut degr de la charit conf rent cet acte une dimension galement minemment politique 38 6 La proximit de la mort peut m me faire plus On se rappelle de la proposition faite par Honor d Estienne d Orves l officier alle mand charg de commander son peloton d ex cution Permettez
141. mme Concept finalement assez myst rieux qui nous est donn comme une exigence sans qu on puisse le saisir pleine ment Congar On saura vraiment ce que cela veut dire pour l vangile d tre pr ch toute cr ature quand il le sera La derni re partie nous plonge dans l tude d un th me concret d eccl siologie l auto rit dans l glise L auteur choisit comme fil conducteur un texte m connu de Congar une conf rence donn e au Bec Hellouin en 1961 On voit alors s clairer la r flexion sur la Tradition ou la r forme on d couvre comment l tude minutieuse de l histoire et sp cialement des p riodes charni res la r forme gr gorienne est ici capitale permet de comprendre un concept d en saisir la compo sante traditionnelle et donc actuelle et sa compr hension progressive et d en red cou vrir des richesses enfouies sous la poussi re des ans Ce livre largement accessible est hautement recommandable pour tous ceux qui souhai tent des outils pour comprendre les questions eccl siologiques pos es Vatican II ou 50 ans apr s Cyrille Marie RICHARD 0 p Avital WOHLMAN Quand un chr tien aime Isra l L ceuvre vie du fr re Marcel Jacques Dubois Cerf 2012 240 p 25 Avital Wohlman qui en seigne la philosophie m di vale l Universit h bra que de J rusalem rend ici hommage au p re dominicain Marcel Jacques Dubois
142. moi rouler la pierre montre moi l endroit je ne peux pas d placer a tout seul montre moi l endroit o le Verbe est devenu homme montre moi l endroit o la souffrance a commence Les deux premiers vers de ce quatrain rappellent en effet la r flexion des femmes allant vers le tombeau selon Marc Qui nous roulera la pierre Mc 16 3 On pourrait certes songer d autres pisodes de pierres roul es par exemple celui de Jacob et de Rachel Gn 29 1 12 mais la suite oriente clairement vers le Nouveau Testament c est bien de J sus qu il s agit dans les deux vers suivants et ici encore le livret met une majuscule au mot Word Mais comment comprendre cette allusion la r surrection et Vincarnation du Christ pour utiliser un langage dogmatique J incline pour ma part y d celer de nouveau ce que l on pourrait appeler l agnosticisme de Cohen en ce qui concerne les nonc s chr tiens Son attitude vis vis de la figure fondatrice du christianisme reste de fait assez ambivalente S il avoue ne rien comprendre au Sermon sur la montagne Democracy disque The Future et voque le Christ qui n est pas ressuscit hors des cavernes du c ur The Land of Plenty disque Ten New Songs il faut rappeler qu propos de J sus il se parle ainsi lui m me tu veux voyager avec lui tu veux voyager en aveugle et tu penses pouvoir lui faire confiance car il a t
143. moi de vous embrasser 7 GoETHE Campagne de France dans crits autobio graphiques Barthillat 2001 p 311 den Aus vps dur he mnt poh d Hitman Began de hat gun ppa Adae ae hee Sees mat ow peed parte ds monte tree Antoine Adrien Lamourette 8 Parmi lesquels beaucoup de pr tres r fractaires dont certains extr mement g s DU BAISER EN POLITIQUE IL Les baisers des gaux Avec la R volution de 1789 commence l aventure du principe de l galit en politique Cependant bien que ce principe soit pos et que en th orie ce changement puisse influencer la pratique du baiser l historien constate avec le recul que le baiser n a pas profit des progr s de la mar e montante de la d mocratie D autres gestes ont eu plus de succ s Le baiser Lamourette Tout commence avec une formidable d ception connue sous le nom de baiser Lamourette Ev que constitutionnel Antoine Adrien Lamourette est lu d put l Assembl e l gislative o il si ge au centre Apr s la d claration de guerre l Autriche au printemps 1792 qui nourrit une mont e des tensions il prend la parole le 7 juillet 1792 l Assembl e et dans un discours path tique adjure les Feuillants les Girondins et les Jacobins de se r concilier mus les d put s se donnent Vaccolade L amourette est fugace La Journ e du 10 ao t marqu e par linstallation d une Commune insurrectionnelle Par
144. n d amour Les baisements baisemains et baisers signes de respect sont tous donn s par celui qui est en de Et l endroit o se pose la bouche authentifie la distance ou le degr d abaissement de l auteur du baiser envers celui qui le re oit Andromaque princesse troyenne captive de Pyrrhus qui n aurait jamais d un ma tre embrass les genoux si les sorts n avaient t contraires incarne l attitude par excellence du suppliant antique Pour la p riode f odale le m di viste Jacques Dalarun rappelle dans un livre r cent que le baisement du pied hommage plus contraignant plus humiliant que celui du baisement de la main fut attest en France aux X et XI si cles Il tait en g n ral r serv au b n fice des rois L exemple le plus fameux 36 1 Il y a sans doute une ex ception pour la soci t juive le peuple tout entier tant dit un peuple saint 2 RACINE Andromaque Acte II Sc ne 6 3 Jacques DALARUN Gouverner c est servir Essai de d mocratie m di vale Alma 2012 p 95 4 Ibid p 95 5 Ibid p 95 96 DU BAISER EN POLITIQUE est celui de Rollon chef viking jarl des Normands Jacques Dalarun cite le chroniqueur Dudon de Saint Quentin qui a racont comment le roi carolingien Charles le Simple et Rollon se mirent d accord en 911 a Saint Clair sur Epte pour donner naissance au duch de Normandie au profit de Rollon Le chroniqueur
145. n ois Du Lorrain des fronti res l homme d Etat europ en SESBOUE Bernard Le Christ est il vraiment ressuscit 114 293 294 295 296 293 294 295 296 293 295 293 295 293 296 295 294 296 295 296 294 293 296 294 294 293 1 126 1 116 1 128 1 120 5 18 5 19 5 20 5 17 83 91 39 48 65 76 55 63 35 45 49 58 71 81 49 58 67 79 23 32 19 29 67 73 21 30 35 43 21 30 33 43 51 59 ENCADR S ANTONI S bastien Baisers liturgiques dans le rite romain BERNARD Jacques Le bouche bouche avec Dieu BOESPFLUG Fran ois La preuve par l arbre g n alogique CERBELAUD Dominique Sans p re sans m re sans g n alogie He 7 3 CHARLES Dominique La P que de Paul CHARLES Dominique Le baiser de Judas tra tre ou complice GIRA Dennis R incarnation samsara et r surrection de la chair LAUDET Patrick L heureux temps des baisers de cin ma LEMAITRE Nicole Familles g n alogies et christianisme au XVIe si cle LONG Jean Etienne L nigme des corps glorieux RENAUD Etienne Le paradis musulman RIGAL CELLARD Bernadette La fascination des origines la g n alogie dans le mormonisme RUEDIN Luc L insoutenable l g ret de l Eternel retour POSITIONS CHRONIQUES et REGARDS CROIS S CERBELAUD Dominique Leonard Cohen de nouveau DELORME Christian D amour et de haine M moires bless es en France et en Alg rie DELORS Jacques Actualit du f d ralisme schumani
146. n 1914 qui tire sur le directeur du Figaro qui harcelait son mari Dans cette tradition de r ticence racinienne plus pr s de notre poque il faut signaler que lors des lections pr sidentielles de 2007 la candidate socialiste s par e du p re de ses enfants ce qui alors n tait pas connu de la population ne cherche pas donner le change lors de ses meetings Au cours des derni res ann es une volution s est produite On peut citer la couverture du magazine Paris Match pendant l automne 2011 qui est un gros plan du baiser d un homme politique de premier plan ancien directeur g n ral du FMI et de sa pers v rante moiti L enjeu il est vrai est tr s particulier Il s agit d une tentative d sesp r e pour contrebalancer dans l opinion les effets d sastreux en terme d image de nouvelles informations sur la conduite de l int ress envers les femmes 41 Avec les lections pr sidentielles de 2012 le soir des r sultats du second tour l trange lucarne a donn voir le spectacle in dit du baiser donn au candidat victorieux par sa bonne amie D aucuns ont pu avoir le sentiment que ce qui se jouait cette occasion n tait pas la proc dure classique de validation pour l opinion publique de l homme politique vainqueur par son gouvernement Ils ont vu dans ce sketch impr vu l expression du d sir de la dame d acc der un statut Les Am ricains pragmatiques et s
147. n Paul II Re demptoris custos p 11 La Bible lui sem ble en tre le plus s r chemin partir des quelques versets concernant St Joseph dans les vangiles 0 45 des versets du Nou veau Testament il nous invite parcourir avec lui les critures La Bible est le r cit des relations de Dieu et des hommes qu il veut sauver Les auteurs de nos vangiles taient nourris par les Ecritures que nous appelons Ancien Testament ils les coutaient proclamer et bien souvent chanter Leur mani re de penser et d crire en tait p trie Ils taient convaincus que tout ce qui concerne J sus tait annonc dans les critu res En crivant sur J sus ils veulent le ma nifester Souvent ils se r f rent aux critures gr ce une citation pr c d e ou suivie d une 100 formule telle que pour que s accomplit l oracle du proph te Mt13 35 Beau coup d autres r f rences sont implicites car elles reprennent des mots et des expressions qui nous conduisent relire le pass A nsi l expression Fils de David appliqu e Joseph et J sus nous invite t elle par courir les livres de Samuel et des Rois Enfin le r cit des vang listes nous met en face de situations qui en voquent d autres la fois semblables et diff rentes racont es par les critures anciennes Philippe Lefebvre y est tr s attentif car nous dit il quand on est aux prises avec un texte il
148. nche chaque fois une grande hilarit et le baiser la fran aise o les amoureux se mangent r ciproquement la tre per u dans d autres bouche comme on dit ici Cette derni re cultures comme le comble de mati re provoque elle aussi des rires dans l horreur 10 J Dupuis L Inde Une introduction a la connaissan ce du monde indien Kailash 1992 les salles de cin ma mais elle met en g n ral les spectateurs mal l aise comme j ai pu le constater maintes fois Les jeunes deviennent ou tr s silencieux ou tr s bruyants et ils crachent par terre Les plus g s retiennent leur souffle pein s D autres cachent leur visage entre les genoux pour ne plus voir la s quence rotisme Signe de la passion ou de son mime le baiser sur la bouche est r serv dans nos soci t s au domaine priv sous peine de susciter dans la rue par exemple des regards outr s ou g n s ou des sourires indulgents car il ne laisse gu re les passants indiff rents Parfois sous le feu de ces regards les bouches s abandonnent a regret et le couple marque de son rire le bonheur de la transgression la femme traduit sa g ne d un sourire embarrass ou s efforce sans conviction d loigner la bouche gourmande de son compagnon Mais l aussi le lieu de la provocation est plus ou moins dilu dans la banalit quand dans un jardin public chaque banc est occup par un couple d amoure
149. ne de miel et que Ca n n tait que l homme et nous lisons dans de bien jolies bibles reli es avec du sang et de la peau que le d sert rassemble de nouveau ses enfants dispers s Last Year Man disque Songs of Love and Hate Puisque ces vers voquent le premier fils d Adam on peut rappeler qu un certain nombre de personnages et d pisodes bibliques apparaissent dans le corpus coh nien C est ainsi que l on retrouve Adam et Ca n dans Passing Through disque Live Songs l pisode du d luge dans The Gypsys Wife disque Recent Songs et Dance Me to the End of Love disque Various Positions Abraham et Isaac dans Story of Isaac disque Songs from a Room et bien s r le roi David dans Hallelujah ibid On rel ve aussi chez Leonard des r miniscences de la liturgie et de la litt rature mystique juives En largissant encore la perspective on peut galement souligner que les figures de la saintet chr tienne suscitent spontan ment chez lui une certaine sympathie celles de la Vierge Marie si c est bien elle qu il faut reconna tre dans Notre Dame de la solitude Our Lady of Solitude disque Recent Songs de Fran ois d Assise Death of a Ladies Man disque homonyme de Bernadette de Lourdes Song of Bernadette interpr t e par Jennifer Warnes disque Famous Blue Raincoat et surtout de Jeanne d Arc Last Year 5 Man et Joan of Arc
150. nge de paroles tout fait unique et qui surplombe tout la fois les proph tes les pr tres et le peuple 3 Le bouche bouche avec la venue de J sus M me s il mange la Parole qu il pr che en permanence J sus n crit rien Ceux qui coutaient la pr dication de J sus calquant ses miracles sur ceux d Elie et d marquant son enseignement de celui de Mo se n avaient qu un pas faire pour voir cette identification de Dieu avec son Logos ou memra incarn en J sus 82 LE BOUCHE BOUCHE AVEC DIEU Mais comme dans le drame originel cette identification ne tarde pas a tre mise a mal par le diviseur le diabolos Il se manifeste d s le r cit des tentations chez Mt 4 1 11 et Le 4 1 13 et d s le premier miracle de J sus qui est un exorcisme chez Mc 1 21 28 D embl e J sus est d sign comme la bouche de Dieu ou son bouche a bouche avec les hommes A Satan il r torque l homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu Cette parole issue de la bouche de Dieu en Dt 8 3 tait le privil ge de Moise r sultant du bouche a bouche de Dieu avec lui Cette parole issue de la bouche de Dieu s identifie maintenant avec la Parole de J sus Et de fait d s le premier miracle exorcisme de J sus chez Marc il ressort que J sus enseignait en homme qui a autorit Mc 1 22 27 C est cette autorit qui
151. ngue date ne s embrassent en principe jamais moins qu ils n entendent de cette mani re marquer symboliquement leur d tachement l gard des normes sociales ou qu ils ne soient homosexuels L usage existe aussi chez les com diens les danseurs ou les musiciens plus indiff rents au jugement social Pour ces hommes dont le m tier exige de faire de soi un 22 3 In Le voyage en France Bouquins Robert Laffont 1995 p 141 4 E M Betorn Du c t des petites filles Ed des Femmes Paris 1983 p 123 FIGURES SOCIALES DU BAISER autre s embrasser sur la joue en se retrouvant ou en se s parant manifeste un rite de reconnaissance entre pairs En fait entre amis le rite d entr e et de sortie des interactions dans la vie ordinaire sollicite davantage la poign e de mains moins compromettante pour l image de soi E M Belotti oppose les rites de salutation des gar ons ceux des filles en Italie pour les premiers ce sont des poign es de mains des accolades une claque sur les paules une lutte feinte avec souvent une tonalit agressive retenue v ritable code gestuel de la virilit Des pisodes de mon enfance campagnarde me revenaient l esprit crit elle encore Les hommes pour se montrer affectueux avec les enfants m les car aux filles on tirait tout au plus les cheveux leur tordaient le lobe de l oreille leur pin aient cruellement les joues ou frappaient la t te
152. nir de ce qu il doit aux diff rents courants de renouveau tant liturgiques que th ologiques de la pre mi re moiti du je XX si cle Parmi ces courants nous pensons plus particuli rement au renouveau des tudes patristiques dont l embl me reste la cr ation de la collection des Sources chr tiennes Si les tudes patristiques ont trouv une forme de cons cration dans les actes du Concile Vatican II le travail des patrologues n a pas cess pour autant depuis bien au contraire Le fr Philippe Henne titulaire de la chaire de patrologie l Universit Catholique de Lille contribue large ment la poursuite de la recherche sur les P res de l glise et la diffusion de leur h ritage Il vient de faire para tre une introduction Basile le Grand qui compl te apr s les ouvrages sur L on le Grand Tertullien ou encore Saint J r me la s rie initi e dans la collection Histoire des ditions du Cerf BASILI LE GRAND Nous aimerions d abord saluer la qualit litt raire de l ouvrage La premi re partie biogra phique se lit comme un roman et l esquisse du portrait et de la carri re eccl siastique de Basile nous rend le personnage attachant Basile na t vers 330 dans une famille de la 101 bourgeoisie de Cappadoce marqu e par les pers cutions de Diocl tien Il suit des tu des philosophiques Ath nes et se lie l bas d amiti avec Gr goire de Nazianze
153. nir du crucifi Dieu a me touche L motion dans la foi La biblioth que de Dieu Ez chiel le soufle de la responsabilit Jean Paul Il un pontificat inclassable Le nihilisme d fi pour la foi La Providence divine pr venance Esther m moire et r sistance Le quotidien au fil des jours Le Pardon de Dieu David le berger devenu roi D Bonhoeffer un th ologien aux prises avec l histoire Conna tre Dieu Abraham le p re de la promesse S accompagner Une question d humanit L Eglise au nouvel ge des m dias Edith Stein Une philosophe au carmel Les sacrements quelle efficacit Peine et prison L enfance du Christ L engagement politique Figures de Pierre Le pouvoir de l image La conversion En qu te de nature Isa e La liturgie Augustin Babel Anges et d mons Clivages cum niques La gourmandise Timoth e L argent trompeur La m ditation L identit catholique un style exclusif Lacordaire puis La terre en h ritage Josias Le v tement La P que Robert Schuman G n alogies contest es ABONNEMENTS 2012 ordinaire soutien 42 00 55 50 00 65 Tout abonnement va de janvier a d cembre Souscrit en cours d ann e il donne droit aux cahiers d j parus Suppl ment de 8 pour l envoi par avion des 4 num ros Si ge social 132 rue Vauban 69006 Lyon T l 04 72 83 78 60 Fax 04 72 83 78 69 courriel lumvie orange fr www l
154. oir voire au nihilisme Tout cela vrai dire rend un son parfaitement juif D j la Bible elle m me fait retentir tous ces accents du Cantique des cantiques Qoh let en passant par les psaumes et les textes proph tiques 97 Ce qui semble nouveau dans Old Ideas c est que ces diff rentes facettes se pr sentent simultan ment Tout se passe comme si l auteur acc dait une synth se qui laisse subsister ses diff rents visages mais de fa on harmonieuse et pacifi e Aurait il acquis la sagesse Dans un autre texte il avouait que sa curiosit s tend depuis le dernier tube jusqu aux sagesses d autrefois In my Secret Life disque Ten New Songs les tubes de ce dernier album semblent bien int grer une sagesse imm moriale La voix divine a donc raison il prononcera ces paroles de sagesse comme un avis un visionnaire tout en sachant qu il n est vraiment rien que l laboration rapide d un tube 98 Dominique CERBELAUD LEONARD COHEN DE NOUVEAU Discographie 1 Albums de Leonard Cohen enregistr s en studio Songs of Leonard Cohen 1967 Songs from a Room 1969 Songs of Love and Hate 1970 New Skin for the old Ceremony 1974 Do I Have to Dance All Night 45 tours 1976 Death of a Ladies Man 1977 Recent Songs 1979 Various Positions 1984 I m Your Man 1988 The Future 1992 Ten New Songs 2001 Dear Heather
155. osition entre ces cultures mais dialogue Les jeunes gens forgent leur parcours intel lectuel plut t dans Hom re ou dans Platon que dans la Bible Eh bien qu cela ne tienne qu ils sachent en retenir le bien le beau le moral sur lequel pourra fleurir la foi en Christ Basile nous donne finalement une le on peut tre aussi pour aujourd hui la d fense et la promotion du message vang lique ne requiert sans doute pas un repli identitaire mais bien une plong e dans le monde pour en faire surgir la Lumi re Thomas Marie GILLET 0 p Histoire de l glise Per Bjorn HALVORSEN Saint Dominique Du c ur aux fronti res de l glise coll L histoire vif Cerf 2011 d originale en norv gien 2002 355 p 30 Une nouvelle vie de saint Dominique s interroge dans la pr face Mgr Raffin car d excellents ouvra ges assez r cents ne manquent pas en cette mati re depuis le grand uvre du P re Vicaire les travaux PP Koudelka et Tugwell au niveau scientifique celui plus modeste de l hagiographie visant un tr s large public d excellentes petites Vies de saint Dominique comme celle de J R Boucher la m moire duquel P B Halvorsen d dia son livre pour ne mentionner que les plus connus Ceci dit la traduction de cet ouvrage cinq ans apr s le d c s de son auteur constitue un excellent ensemble sur le sujet Du c ur aux fronti res de l glise des Le
156. ou se cache sous le vocabulaire et les mirages de l amour et s autorise de la dissym trie d une relation en particulier entre adulte et enfant Tapie dans le d sir cette violence va de pair avec l cart qui demeure entre les sens du sens sensible sensuel signifiant directionnel et rend possible une dissociation Il y a bien un sens immanent au sensible des gestes mais il ne l est jamais compl tement parce que les m mes gestes peuvent avoir des r sonnances diff rentes selon l histoire et la personnalit de chacun le contexte personnel et social Nos baisers prennent sens par tout ce qui fait notre vie et surtout par la parole qui l claire et la guide Le geste sensible peut se scinder de sa signification en s isolant de l ensemble vivant dont il fait partie ainsi le geste rituel baiser une croix une statue peut devenir superstitieux f tichiste s il n est pas reli toutes les autres dimensions 54 11 Autrement p 79 12 Le baiser est la mor sure ce que la caresse est la prise Henri MALDINEY mais une seule lettre en h breu distingue embrasser nechiqga de mordre nechikha 13 Selon Erwin Strauss qui distingue sentir signification direction Du sens des sens 1935 14 Qu aucun baiser ne soit d embl e isol de son contexte on l prouverait dans la g ne tre embrass m me sur la joue par un in connu et par su
157. ouch ton corps parfait avec son esprit Suzanne disque The Songs of Leonard Cohen En outre dans un passage assez proche de celui que nous commentons il s criait et b ni soit le b gaiement sans fin du Verbe quand il se fait chair The Window disque Recent Songs Mais ici l allusion reste ambigu puisque l endroit o le Verbe est devenu homme correspond celui o la souffrance a commenc de quelle souffrance s agit il alors De la souffrance juive suscit e par l antijuda sme chr tien Comme toujours Leonard ne nous gave pas de commentaires Quoi qu il en soit ces emprunts au croyable disponible n impliquent aucune adh sion de sa part la foi chr tienne 92 4 On peut y ajouter celle de Katheri Tekakwitha qui appara t dans le roman de Conen Beautiful Losers Les perdants magnifiques LEONARD COHEN DE NOUVEAU Mais comme beaucoup d auteurs juifs de notre temps il s av re fascin par la figure fondatrice du christianisme ce J sus pris au s rieux par beaucoup J sus pris la blague par quelques uns Jazz Police disque I m your Man Comme pour achever de brouiller les pistes il d clare ailleurs certaines femmes attendent J sus et d autres attendent Ca n c est pourquoi je m agrippe mon autel hissant ma hache de nouveau et je conduis quiconque me trouve l o tout a commenc quand J sus tait la lu
158. ouvent fascin s par une civilisation fran aise de l ros ont fourni la r ponse en cr ant le concept assez ahurissant pour des cart siens de first girl friend peu importe qu il s appliqu t en l esp ce une m re de famille Il semble que ce baiser cause de ses intentions suppos es rel ve surtout de la sph re priv e m me si tactiquement il devait tre assen dans l espace et au moment les plus publics Le baiser politique international Le baiser se pratique plus facilement dans le cadre des relations internationales Cela ne va pas toujours sans embarras Bokassa voulait embrasser Giscard d Estaing Chirac confia un jour un conseiller son h sitation biser Laurent Bagbo qu il appelait avec antipathie ce type En 1989 le rituel du bouche bouche coutume russe qui fascina les t l spectateurs occidentaux du temps du rideau de fer chang entre Gorbatchev et Erich Honecker en d saccord sur la glasnost n emp cha pas la chute du mur de Berlin Il est noter que pr sent les images des rencontres bilat rales ou multilat rales entre dirigeants de r gimes d mocratiques lors de visites ou de sommets montrent une tendance assez g n ralis e au contact On se tient ou plut t on tient l autre par les mains par les bras peut tre par une invisible barbichette qui cela s adresse t il A l homologue ou aux cam ras de t l vision Il y a des gens qui n aim
159. pas que le respect d aux victimes soit command par la pr compr hension de la dignit de cette personne Car ne sera digne que celui qui je peux m identifier On risque fort le relativisme Comme chr tiens nous ne pouvons pas tre na fs dans ce maniement de l homme 12 7 2004 ditions de l Atelier 8 tudes n 4103 mars 2009 p 353 364 GENEVI VE M DEVIELLE comme victime Il en va de notre foi Toute anthropologie n est pas compatible avec ce que la R v lation nous dit du myst re de l homme et de son incomparable dignit A nous de confesser cet absolu au c ur de l histoire L amp V Dans les d bats actuels autour de l homoparentalit on se r f re beaucoup dans le milieu catholique la notion de loi naturelle Que pouvez vous nous dire de cette r f rence G M La loi naturelle est un concept traditionnel en th ologie morale emprunt la philosophie morale de l antiquit gr co latine pour dire l universalit de valeurs et de normes et ainsi lutter contre tout relativisme thique Dans les d bats actuels sur l ouverture du mariage aux couples homosexuels et l homoparentalit la loi naturelle fonctionne comme suit la diff rence sexuelle tant inscrite dans la nature humaine celle ci est normative des relations sexuelles La loi naturelle est alors l outil pour d finir les grandes normes objectives fondamentales d un agir conforme la nature d
160. pastorale chaque fin de chapitre ou de par tie on trouve une synth se r sumant l essen tiel de l analyse des enjeux En guise d avant go t pour inviter la lec ture de ce Basile le Grand signalons l un ou 102 l autre point qui a suscit notre int r t notre curiosit Remarquons d abord que Basile n a pas d fendu l orthodoxie de la foi sp cialement dans les controverses arienne ou pneumatomaque uniquement par le biais de grands trait s dont le plus connu demeure le Trait sur le Saint Esprit H l a fait aussi dans sa correspondance avec des moines des v ques des amis qui lui demandaient conseil ou dont il avait la charge Le style pistolaire permet Basile d apporter des r ponses pr ci ses bien cisel es cens es convaincre ses in terlocuteurs et de s exprimer dans un langage m taphorique certes mais bien pertinent Pour parler de la Trinit Dieu la fois un et multiple diff rence entre substance et hy postases il utilise par exemple l image de l arc en ciel Il est impossible de d couvrir jusqu o va le rouge et le vert de l arc lumineux et o ils commencent n tre plus tels qu on les observe dans cette lumi re brillante D autre part Basile peut susciter l int r t quand il aborde le rapport entre le christia nisme et les cultures profanes dans son ex hortation Aux jeunes gens sur la mani re de tirer profit des lettres hell niques H n y a pas opp
161. peux dire personnellement que Xavier Th venot fut pour moi un ma tre c est au sens o il m a initi e cette 1 C Une parole pour la vie Hommage Xavier Th venot Cerf 1998 sous la direction de Genevi ve M DEVIELLE et de Joseph Dor et Genevi ve M DEVIELLE H ritier d un Ma tre ou oser ne pas le r p ter in Xavier Th venot Passeur d humanit Editions Don Bosco 2006 p 57 60 GENEVI VE M DEVIELLE discipline th ologique et qu il m a form e au discernement thique au cours d un accompagnement qui a dur jusqu la veille de sa mort Il m a fait la gr ce de m emmener avec lui sur le terrain pour que j apprenne comment intervenir devant de multiples auditoires Je n oublie pas les bienfaits de l autorit morale spirituelle et intellectuelle qu il a exerc e sur moi en m veillant cette vocation de moraliste Je lui dois avant tout un positionnement th ologique la th ologie morale ne se fait pas d abord et seulement dans les livres mais aussi sous le mode d une pratique de discernement tant l coute des motions de l Esprit Saint que des questions concr tes et multiformes des hommes et femmes de ce temps La th ologie morale la suite de Xavier Th venot repose sur une coute pastorale sans s y r duire Rien de plus loign e de l coute complaisante que celle de ce ma tre Il savait redire avec force les rocs anthropologiques sur lesquel
162. r la pellicule ils allaient donner une incroyable descendance On est en 1896 Devant la cam ra John C Rice posa alors ses l vres sur celles de May Irwin Le baiser de Cin ma venait de na tre On conna t la suite Chacun a celui qu il pr f re en m moire Certains m me sont devenus mythiques Arr t sur image redoutablement efficace l affiche du film accuse quelquefois le chromo redoublant ainsi la fascination et fixant durablement dans l il le souvenir mu Ainsi de Vivien Leigh ployant jamais sous la saisie virile de Clark Gable dans Autant en emporte le vent Lequel est le v tre D borah Kerr s abandonnant aux l vres de Burt Lancaster dans Tant qu il y aura des hommes Humphrey Bogart cueillant successivement et pour n en citer que quelques unes la bouche d Ingrid Bergman dans Casablanca celle de Mary Astor dans Le Faucon maltais ou celle de Lauren Bacall dans Le Port de l angoisse Gene Kelly donnant un baiser th tral sous le soleil triomphal du final inoubliable de Chantons sous la pluie ou Grace Kelly laissant tomber ses l vres de r ve sur le visage encore un peu endormi de James Stewart dans Fen tre sur cour 61 Tant d autres encore qui mont s bout bout feraient eux seuls se d rouler toute la m moire du cin ma Nagu re d ailleurs le g n rique d une regrett e mission qui lui tait consacr e s tait plu cet mouvant d fil s amusant par substit
163. rbuste des champs Dieu prit de la poussi re du d sert avec un brouillard d eau qui montait de ce d sert et il modela l homme YHWH souffla dans les narines d Adam et il devint une nephesh hayya un tre vivant Premier bouche bouche de l homme avec Dieu Poussi re d toile m l e l eau le premier homme re ut du bouche bouche avec Dieu le d sir de le rejoindre 80 Il le peignait sur la paroi de ses cavernes et lorsqu il rendait son dernier souffle Dieu sa tribu l enterrait dans le rituel sacr qui lui ouvrait le ciel C est par cette ouverture l au del que l homme se distinguait des autres vivants 2 Le bouche bouche de Mo se avec la Torah Dans le r cit des origines Dieu avait pris Adam auquel il avait donn vie en lui donnant sa Torah et l avait tabli pour la cultuer cultiver et la garder Le jardin tant masculin le f minin objet de culte et d observance ne pouvait tre que la Torah Y d sob ir tait choisir la mort De ce texte fondateur qui reliait le mythe de cr ation l histoire de l exode taient n s progressivement codes rites et institutions Avec Josias de nouveaux codes sous l autorit d un unique Mo se rallieraient les traditions du Nord comme celles du Sud Cela apparaissait jusque dans le r cit que l on ferait de sa naissance N dans une corbeille comme le roi assyrien sur les be
164. rdinal Congar C M Richard FAIVRE Alexandre Chr tiens et Eglises des identit s en construction G de Longeaux FASSIN Eric MARGRON V ronique Homme femme quelle diff rence J L Foerster GARRIGUES Jean Michel Le peuple de la premi re alliance F Lestang de GUILLEBON Jacques et van GAVER Falk L anarchisme chr tien O Longueira HALVORSEN Per Bjorn Saint Dominique B Carra HENNE Philippe Basile le Grand Th M Gillet HURTADO Larry Dieu dans la th ologie du Nouveau Testament J Delarra JOSSUA Jean Pierre La passion de l infini A Philibert KASPER Walter O bat le c ur de la foi Maud Charcosset KLAINE Roger Aussit t apr s la mort J E Long LEFEBVRE Philippe Joseph l loquence d un taciturne J Delarra LONGUEIRA Monique Prier 15 jours avec le P re Lataste Th M Gillet MAGNIN Thierry L exp rience de l incompl tude J Dietz MANSIR Jean Alliance Un fil rouge pour lire la Bible C M Richard MARCOVITS Paul Dominique L Esprit Saint se joint a notre esprit B Carra MARECHAL Yves Le livre d Isa e ou l exp rience du salut O Longueira MINNERATH Roland L glise catholique face aux tats A Philibert O MALLEY John L v nement Vatican II B Marliangeas PANNENBERG Wolfhart Th ologie syst matique t 2 Ph Dockwiller PEDOTTI Christine La bataille du Vatican G de Longeaux RADCLIFFE Timothy Faites le plongeon J Delarra SCHWAGER Raymund Le dram
165. retentira ternellement Le baiser annonc le baiser retentissant de toute ternit Dans le Myst re de la charit de Jeanne d Arc J sus pleure sur le d sespoir de Judas et sa mort ternelle J sus mourant pleura sur la mort de Judas Mourant de sa mort de notre mort humaine seulement il pleura sur cette mort ternelle Lui le premier des saints sur le premier damn Lui le plus grand des saints sur le plus grand damn Lui l auteur l inventeur de la r demption sur le premier objet de la damnation Fran ois Mauriac tentera aussi d excuser Judas qui semblait pr destin donner ce baiser L homme de Qu rioth a eu cette id e du baiser Celui que je baiserai c est lui Id e surnaturelle que le tra tre n e t pas trouv e seul Cette trahison par le baiser d route Celui qui pourtant s attendait tout Cette bouche sur sa joue Il dit Mon ami pourquoi es tu ici Et comme les soldats l entouraient Tu trahis le Fils de l homme par un baiser Jusqu a la fin la cr ature l tonne Il croyait avoir touch l extr me fond de la bassesse humaine mais ce baiser Judas ne fait pourtant pas l unanimit C est un h r siarque n selon Lanza del Vasto 5 un filou vulgaire un brocanteur de Dieu selon L on Bloy f un bon administrateur selon Paul Claudel un calculateur de fraude et de profit selon la Madeleine de Victor Hugo
166. rges du Nil comme le Pharaon il serait celui qui Dieu parlerait bouche bouche pour donner aux tribus rassembl es pour la premi re fois un code unique de lois venant du ciel puisque c tait avec le ciel comme autrefois dans le d sert que se nouait l Alliance d amour qui faisait l originalit de la foi des P res Mo se n de l eau comme Adam dans le d sert re oit comme Adam le souffle de Dieu Comme Adam il re oit la Torah en son abr g originel sous la forme de ce premier commandement Tu peux manger de tous les arbres mais de l arbre au milieu du jardin cet arbre des d votions royales au dieu Baal devenu sous Josias arbre de la Torah tu ne mangeras pas Tu ne trouveras pas non plus la transcendance de tes rites dans les dieux animaliers de l gypte C est toi qui donnes des noms aux animaux qui ne sont pas tes dieux Les animaux ne sont pas ton ezer kenegdo soutien comme un vis vis ton ic ne de salut L Ic ne de salut ce sera Alliance commencer par l alliance que Dieu a plac e aupr s de toi celle qui sortie de ta c te signe haletant du souffle divin qui t a donn vie sera le gage vivant de cette vie partag e L Alliance sera ton pous e et ton pous e sera ton alliance Bouche bouche originel de tous les baisers chang s entre l homme et la femme C est pour cette Torah que tu quitteras la religion de ton p re et de ta m re
167. rprise sans accord tacite le contact est v cu comme une violation de l espace intime donc de soi m me 15 Belinda CANNONE sou ligne que les prostitu es n embrassent pas 16 Anthony GipDEns La transformation de l intimit Sexualit amour et rotisme dans les soci t s modernes 1992 trad 2004 Hachette sociologie Pluriel cf aussi Charles MELMAN L homme sans gravit Jouir tout prix Entretiens avec J P Lebrun Deno l 2002 Dans la pornographie domine la rupture des diff rentes dimen sions des gestes et la fragmenta tion de l image du corps BONS BAISERS de la vie de foi Dans la pornographie domine cette rupture des diff rentes dimensions des gestes sexuelle affective personnelle sociale et la fragmentation de l image du corps une bouche un sexe L poque contemporaine tend cette dissociation l une des caract ristiques de la modernit selon Giddens tant la transformation de l intimit son exhibition dans le champ social et l investissement de la relation amoureuse et sexuelle comme relation pure de plus en plus d li e des autres relations parentale sociale thique Or cette s paration entre les sens du sens caract rise ce que Kierkegaard appelle le stade esth tique Il ne d signe pas par l le travail exigeant de l artiste pour donner forme plastique picturale litt raire musicale notre exp rience sensible de
168. s e foisonnante volutive et fondamentale qui par la prise au s rieux de l histoire oblige reprendre nouveaux frais la question du rapport l Absolu et donc du discours sur lui Si le christianisme professe que par avec et en J sus Christ l Absolu a pris condition histoire et peut partir de l tre la fois reconnu et rencontr dans l histoire comment cela se peut il quand l histoire est par d finition le lieu du relatif Ensuite s en tenir cet auteur me donnait voir que le d bat sur le compromis se jouait au c ur de la rencontre de la th ologie avec la modernit comme monde pluraliste et s cularis Trop souvent les critiques adress es au concept de compromis sont labor es sur fond d une thique fondamentale qui n a pas int gr le fait du pluralisme des valeurs et des syst mes moraux de l thos occidental On continue raisonner comme si ce fait culturel ind niable n engendrait aucune nouvelle question aucun d fi la th orisation de la normativit Enfin m en tenir cet auteur permettait de saisir que le compromis r v lait une nouvelle mani re d aborder l agir quand il y a aujourd hui pr valence du discernement sur les principes imp ratifs d un code unique pour tous Mais vous l avez compris prendre Troeltsch comme auteur de cette th se c tait me situer au plan de la th ologie fondamentale c est dire au niveau m me des sources de la th o
169. s et celle de ses struc tures l gislatives chap 5 et 6 pp 147 271 Le livre se termine sur la pr sentation de l im plantation de l Ordre dans les pays nordiques gr ce une br ve chronique sur L histoire les origines de l Ordre des Pr cheurs au Danemark Elle est traduite et comment e au dernier chapitre de l ouvrage Le texte la tin original figure en appendice p 347 ss apr s une post face due aux moniales domi nicaines d Oslo o est r sum e l histoire r cente des Pr cheurs en ces terres nordiques Les fr res de la Province de France y assurent nouveau partir de 1920 la pr sence de l Ordre disparu de l lors de la R forme Ici ou l une note excuse en quelque sorte cet int r t particulier port la Scandinavie Il n y a pourtant pas se la faire pardonner c est au contraire un apport pr cieux et pas si banal du travail du fr Halvorsen Un plus large public lui sera aussi redevable de son attentive pr sentation de la l gislation domi nicaine et donc travers elle de l esprit de l Ordre L se trouve le grand int r t du livre d ailleurs excellent aussi pour le reste de sa contribution Bruno CARRA DE VAUX 0 p 104 Roland MINNERATH L glise catholi que face au tats Deux si cles de pratique concordataire 1801 2010 Cerf 650 p 55 L ouvrage de Mgr Ro land Minnerath ar chev que de Dijon s inscrit dans
170. s droits de l glise et comment par la grande encyclique Mit brennender Sorge de 1937 Pie XI reprit la main si l on peut dire en condamnant le nazisme Concernant l uvre concordataire de Pie XII il convient de pr ter une attention particuli re ce qui se fit en Espagne en 1941 et surtout en 1953 Sans insister sur le caract re autoritaire du r gime de Franco et sur l absence de liber t s publiques l auteur mentionne seulement 105 qu il souhaita exalter le caract re catholique de l tat La mise en conformit de la l gis lation avec les exigences de l glise alla de pair avec la signature d un concordat en 1953 qui poussa jusqu a un degr in gal la logique de l tat confessionnel catholique On aurait aim voir l auteur replacer cette affaire dans le cadre global du pontificat de Pie XII Si apr s 1954 Pie XII et Jean XXIII sign rent seulement des accords partiels avec dif f rents tats une quatri me p riode allant de 1964 1984 traite des concordats post conci liaires Avec trente neuf conventions sign es sur vingt ans avec une vingtaine d tats l auteur montre que le Concile ne marqua pas de rupture dans la pratique concordataire du Saint Si ge Sont signaler le premier cas d un accord du Saint Si ge avec un tat de confessionnalit islamique Tunisie en 1964 et le premier cas d un accord avec un pays communiste Yougoslavie en 1966 Carac t ristiques d un nouvel espri
171. s et Dolly Parton ses seins On sait que Fred Astaire avait fait assurer ses jambes mais ni Anita Ekberg ni Lana Turner n avaient pens assurer leurs l vres Au milieu de la pornographie assen e et g n rale on en viendrait parfois regretter la touche ancienne du baiser hollywoodien o le contact des l vres promettait le tact d une treinte assurait de sa possibilit Pris de nostalgie on pense alors la toute derni re sc ne de Cin ma Paradiso o le petit gar on devenu grand admirable Jacques Perrin d couvre avec motion la bobine des s quences de baisers de cin ma autrefois coup s la demande du cur par son vieux complice et ma tre Alfredo mont s et laiss s pour lui comme un testament FINE lit on sur la derni re image En effet c en est bien fini et pour toujours des baisers de cin ma Revenons pourtant une derni re fois Cendrillon Apr s minuit quand cesse toute magie et que le bal hollywoodien s en est all quand les carrosses de l illusion redeviennent citrouilles et les robes merveilleuses guenilles pourquoi donc les pantoufles de verre elles restent elles intactes Anomalie du sortil ge ou coh rence profonde du conte C est que du merveilleux l tat de trace il nous restera toujours en possession quelque chose Quelque chose pour attester myst rieusement que le d senchantement n tait jamais total Comme s il fallait que du monde de l il
172. s nous devions laborer nos r ponses pour une vie humanisante selon la volont de Dieu le roc de la diff rence sexuelle celui de la diff rence des g n rations et celui de l interdit du mensonge Gr ce son insistance r p t e de ne pas s parer la dimension morale et la dimension spirituelle j ai pu ainsi habiter cette mission en bonne ignatienne habitu e chercher la volont de Dieu C est cet h ritage qui m a conduite tour tour accepter une formation exigeante dans une discipline qui m a parfois cras e lorsque je me sentais descell e par l coute de certaines situations r diger une th se avec toutes ses exigences intellectuelles y compris celle de partir seule sur le campus de la Catholic University Washington pr parer des cours et des s minaires participer des colloques crire des articles et faire vivre l institution universitaire en acceptant des charges administratives parfois tr s lourdes L amp V Vous avez aussi tudi aux Etats Unis les approches taient elles compl mentaires G M Lorsque j ai engag ma th se Xavier Th venot a souhait ne pas la diriger afin que je gagne en libert et puisse d ployer ma propre fa on de faire de la th ologie morale Il avait conscience d avoir labor la sienne l cart des grands d bats qui avaient structur la discipline au plan international apr s le Concile Vatican II Il m avait alors con
173. s servir les montrer les exprimer Mais la question se pose surtout si les citoyens veulent que la politique reste une id e neuve en France dans l Union europ enne et ailleurs 43 Dominique CHARLES 5 est dominicain M decin Dominique CHARLES bibliste il enseigne au Centre th ologique de Meylan Grenoble Il a crit plusieurs articles dans la Revue d thique et de th ologie morale Il est membre du comit de r daction de Lumi re amp Vie depuis 2010 Le baiser de Judas tra tre ou complice Judas demeure c l bre aujourd hui Le grandretentissement m diatique de la publication en 2006 du Codex Tchacos compos de quatre textes gnostiques dont l vangile de Judas en est une preuve Son nom m me est entr dans le langage courant n appelle t on pas un judas l ouverture d o l on peut pier en tra tre et ne dit on pas de quelqu un qui vous a trahi qu il est un judas La pr sence de Judas dans les quatre vangiles milite en faveur de son historicit quoi qu en disent certains Qualifi d Iscariote il vient en dernier dans les listes des Douze et si nous consid rons que le groupe des Douze a t constitu par J sus il en r sulte qu on peut remonter la piste de Judas jusqu l poque de J sus Il tait un disciple du Seigneur et l un des Douze Dans les vangiles il est qualifi une seule fois de tra tre Le 6 16 il
174. s soucieuse de soi que de son fils ou de sa fille Le baiser n ayant jamais prodigu sa consolation la douleur continue irriguer le pr sent et alimenter le reproche d une insuffisance d amour L acc s au corps de l autre dans une relation amoureuse ne soul ve aucune r ticence qu il s agisse de son sexe ou de son visage Le corps en son entier est en mesure d tre embrass L rotisme ne mesure gu re les caresses les baisers sur la bouche les joues le cou ou les autres parties du corps Le plaisir partag de l oralit se d ploie dans la jouissance non seulement du visage mais partout o les l vres se posent car dans le d sir de 25 l autre tout est d sir tout est jubilation Tes l vres 6 fianc e distillent le miel vierge Le miel et le lait sous ta langue Ct 3 4 dit l amant du Cantique des cantiques r pondant l appel de sa bien aim e Qu il me baise des baisers de sa bouche Tes amours sont plus d licieux que le vin Ct 1 2 Le baiser sur la bouche pressant les l vres et m lant les corps est le fait des amants il ne se rencontre nulle part ailleurs dans les ritualit s de la vie courante Chaque baiser appelle un autre baiser crit Proust Ah dans les premiers temps o l on aime les baisers naissent si naturellement Ils foisonnent si press s les uns contre les autres et l on aurait autant de peine compter les baisers qu on s est donn s pen
175. s sources utilis es sont classiques l incon tournable Libellus de Jourdain de Saxe sur les origines et commencements de l Ordre des Pr cheurs les d positions des t moins aux deux proc s de canonisation de Toulouse et de Bologne les bulles et autres documents pontificaux C est en particulier sur deux points que le livre d Halvorsen se montre original D une part il souligne l importance du r le jou par l v LECTURES que d Osma Diego Acebes dont Dominique son sous prieur au chapitre cath dral fut si proche On sait de tr s longue date depuis Jourdain de Saxe l importance de l ambas sade en Dacie sans doute le Danemark o Dominique accompagna son v que Du fait de leur travers e du Toulousain la rencontre du catharisme bouleversa les c urs et les vies de Di gue et de Dominique Halvorsen in siste sur le r le de Di gue qui il attribue la conception ce moment fut elle encore as sez vague d un travail missionnaire auquel seraient vou s des Pr cheurs r unis en une sorte de compagnie de brigade d vang lisa tion Dominique tant bien s r pleinement as soci ce projet ardemment partag par lui D autre part Halvorsen tait tr s au fait de l histoire de la Dacie cette poque On en retiendra l emprise grandissante des sou verains danois en particulier Valdemar le Victorieux sur les rives slaves de la Baltique et sur le Nord
176. s un lieu ou un difice public Ce type d action est n dans la communaut homosexuelle am ricaine dans les ann es 1980 et s est ensuite r pandue dans quelques pays d Europe et du monde Les couples homosexuels participants ont pour objectif de favoriser la visibilit des homosexuels en rompant avec la clandestinit laquelle la soci t les a habitu s Ce mode de protestation est directement inspir de la pratique du sit in des ann es 1960 et suivantes Lyon plusieurs associa tions LGBT ont organis un kiss in pour la St Valentin le 14 f vrier 2006 Elles ont choisi de mettre en avant un mod le positif de construction identitaire en soulignant que le d sir pour une personne du m me sexe n est qu une question d amour et ne devrait pas donner lieu un jugement moral En Italie un kiss in a t organis par l associa tion Arcigay le 2 ao t 2007 devant le Colis e Il r pond l arrestation d un couple gay qui s tait embrass de vant ce m me monument le 27 juillet les deux jeunes LV gens risquaient deux ans de prison pour actes obsc nes en public Il s agit proba blement du premier kiss in m diatis en Europe avec celui qu Act Up Paris a organis le 17 mai 2007 l occasion de la Journ e Mondiale de Lutte contre l Homophobie devant l ambas sade parisienne du Nig ria pour protester contre l homophobie l homosexualit est consid r e comme un crime
177. se Le d fi du bapt me Une mise en perspective cum nique NOTES ET CHRONIQUES Philippe MOLAC Lire Henri de Lubac propos de quelques tudes r centes PARMI LES LIVRES ABSTRACTS TOME 87 2012 3 13 rue Louis Perrier FR 34000 MONTPELLIER T l 04 67 06 45 76 Site Web htip www revue etr org E mail abonnements administration revue etr org Abonnements 2012 paiement possible par carte bancaire depuis le site Internet France 34 Etranger 38 Soutien 50 Tables 1976 1990 13 franco Prix de ce n 13 franco Cahiers disponibles S adresser la revue pour les num ros 1 180 La cs en Eglise 182 Aujourd hui l individualisme 184 Le courant fondamentaliste chr tien 186 Procr ation et acte cr ateur 187 La longue marche des Patriarches 188 Marie m re de J sus Christ 189 Eglises et Etat dans la soci t la que 190 La libert chr tienne l p tre aux Galates 192 Bible et psychanalyse 198 La parole dans les glises 199 La mort et les vivants 204 La mission 205 Fid lit et divorce 206 Contemplation 207 1492 l invention des Am riques 208 Les signes et la Croix chez saint Jean 209 J sus l nigme de son humanit 210 Pudeur et secret 211 Le diable sur mesure 212 Sagesses humaines divine folie 213 Ecologie et cr ation 214 Christianisme et perversions 215 Cat chisme de l Eglise Catholique 216 L Epitre aux H breux 217 Du menson
178. se d un baiser de sa bouche Ct 1 2 C est le baiser qui exprime l amour proprement humain et la passion la plus s re fa on de se taire en disant tout Maupassant mais qui n chappe pas lui non plus certaines ambigu t s comme l analyse ici Maud CHARCOSSET Baiser cependant toujours fascinant que le 7 art a voulu immortaliser d s ses commencements En voquant l heureux temps des baisers de cin ma Patrick LAUDET en souligne la nostalgie et la persistante f erie je vous laisse d couvrir son interpr tation des pantoufles de verre de Cendrillon image qui parle au c ur Tout ce romantisme pointe vers un au del du baiser et l attente d une union avec l amour absolu dont nous parle Jacques BERNARD baiser de Moise avec son Dieu baiser de Dieu l homme en J sus esp rance d un baiser de l homme son Dieu en retour du baiser de Dieu son Adam Commentant le Cantique Saint Bernard ose dire que cette esp rance n est pas seulement eschatologique mais caract rise le chercheur de Dieu qui apr s avoir bais les pieds et les mains de son Seigneur aspire recevoir de sa bouche et d s ici bas le baiser qui signe la communion dans l Esprit Raffaele FASSETTA rappelle bon escient que d un tel langage l intelligence ne saisit que ce que l exp rience en a prouv L uvre de Leonard Cohen n est peut tre pas si loin de cette aspiration mystique si comme le montre
179. ser sur la bouche appara t d embl e et n implique encore rien de s rieux Le soldat am ricain embrassant une jeune Anglaise la contraint donc d embl e un choix d cisif soit de partir en regrettant peut tre son geste par la suite ou de se pr ter une relation plus approfondie convaincue que tel est l objectif de son compagnon 26 6 M Proust Un amour de Swann Livre de poche p 284 Ts A Comen Belle du Seigneur Paris Folio p 351 8 Y WINKIN d La nou velle communication Seuil 1981 p 63 9 A KENDON Some uses of gesture in Tannen D Saville Tro ke M Perspectives on silence Newood Ablex Publishing Corporation 1985 Le baiser sur la bouche peut FIGURES SOCIALES DU BAISER Kendon a film son insu un couple d amoureux sur un banc dans un parc Chaque fois que l homme embrasse la femme il se rapproche d elle mais avant le contact il qu te l approbation de sa compagne qui elle m me se rapproche l g rement donnant ainsi licence Phomme de poursuivre sa progression L approche du corps de la femme est ainsi jalonn e d une s rie de signes implicites Le baiser sur la bouche peut tre per u dans d autres cultures comme le comble de l horreur citons ce propos l exemple de l Inde face une sc ne de baiser dans un film occidental Le baiser l am ricaine l vres serr es interminable son apparition sur l cran d cle
180. sers et des adorations Mais il fallut ensuite de toute n cessit et le voiturin nous en avertit aller baiser l h tesse qui tait elle aussi gracieuse et jolie et puis la m re de l h tesse horrible vieille dent e baveuse et toute d gotitante de sueur qui tournait la broche dans la cuisine Cette derni re nous r pugnait beaucoup et nous fit oublier tout le plaisir que nous avions prouv en d posant de chastes baisers sur les fronts de ces filles pour leur rendre les leurs Locatelli reste interloqu par cet usage et il dit pr f rer qu il soit propre aux Fran ais car ces privaut s la excitent facilement a la luxure les Italiens et surtout les Espagnols peuples d un naturel ardent au lieu que les Fran ais restent de glace Un gar on et une fille adolescents l un et l autre qui viennent de parler ensemble ou d tre pr sent s par des amis changent facilement deux ou plusieurs baisers sur les joues au moment de se quitter Le nombre diff re d une r gion une autre tournant le plus souvent autour de trois mais parfois deux seulement comme en Alsace ou quatre ou plus dans l Ouest ou le centre de la France Les filles s embrassent fr quemment leur rapport au corps est moins contraint plus sensible que celui qui se noue entre les gar ons nettement plus d monstratif d une image insistante de la virilit Des gar ons qui viennent de faire connaissance ou qui sont amis de lo
181. sion gages de 71 sa sinc rit D o la n cessit d un deuxi me baiser un baiser interm diaire entre les pieds et la bouche celui des mains Il faut baiser la main puissante du Seigneur pour obtenir d elle la gr ce de la continence c est dire la force de pratiquer les vertus d accomplir les uvres de mis ricorde opera pietatis D s lors ce baiser probablement inspir Bernard par une coutume de la soci t f odale contemporaine le baisemain pratiqu dans le rituel de l hommage vassalique signifie aussi l action de gr ce la louange joyeuse Dieu pour le don re u Il s identifie ce que Bernard appelle ailleurs la devotio autrement dit la joie engendr e par l esp rance du pardon par la contemplation rass r nante des bienfaits divins le baiser de la bouche Grace a la double exp rience de la mis ricorde divine re ue dans les deux premiers baisers le c ur se dilate dans la confiance L me est alors pr te pour implorer une exp rience plus haute celle du baiser de la bouche baiser de supr me complaisance et d enivrante douceur Il s agit de l exp rience mystique la plus lev e qui consiste n tre plus qu un seul esprit avec Dieu selon la formule paulinienne de 1 Co 6 17 le verset scripturaire le plus souvent cit par Bernard en son uvre 54 fois Dans le sermon 8 que nous allons analyser maintenant
182. soi et pour notre commune humanit A l preuve de la singularit triomphante comment reprendre l id e d humanit si difficilement conquise dans le sang et les larmes de l histoire Comment fonder les droits de l homme auxquels nos d mocraties occidentales sont tant attach es Comment confesser que nous sommes fils ou fille de Dieu dans l unique Fils bien aim sans penser l humanit comme commune sans pouvoir la d fendre et vouloir la faire vivre Reconnaissons que la foi nous met en proc s contre tous ceux qui pensent qu une thique universelle n est pas possible Le proc s n est pas d aujourd hui Le plus courant chez les humains contrairement aux esp ces animales c est qu ils ne reconnaissent pas toujours leurs semblables et r servent jalousement le titre d homme a un certain cercle Les autres sont barbares ou esclaves La c l bre controverse de Valladolid en est un exemple fameux Pour Las Casas v que du Chiapas grand collecteur des larmes des Indiens la nature cr e par Dieu est ce qui unit les hommes non ce qui les s pare L amp V Finalement est ce la raison qui permet de poser la v rit de humain ou est ce la foi G M Nous sommes l au c ur de la complexit de cet outil conceptuel qui semble vraiment trop catholique Soit la loi naturelle est bien une loi rationnelle accessible a la raison pratique capable de d signer universellement le ce sans quoi
183. sse en revue l accord sans pacte par lequel en 1923 1924 a t r solue la crise engendr e par la rupture unilat rale en 1905 du concordat LECTURES de 1801 en France ainsi que les nombreux concordats conclus avec divers groupes d tats issus du red coupage de l Europe au sortir de la premi re guerre mondiale Liste laquelle il faut ajouter l Italie et un seul pays latino am ricain On touche ici aux limites d un ouvrage tech nique On aurait aim que Roland Minnerath pr cise les raisons de l app tence particuli re de Pie XI pour les concordats et expose de fa on plus fouill e par exemple les circons tances de la signature du concordat conclu pour l ensemble du Reich en juillet 1933 Le lecteur pourra compl ter son information en lisant le livre de Fabrice Bouthillon La nais sance de la Mardit Une th ologie politique l ge totalitaire Pie XI 1922 1939 paru en 2002 clairant est ce mot de Pie XI lors du concordat avec Mussolini que Jacques Maritain cita le 26 novembre 1934 au dia riste Julien Green pour expliquer le concordat conclu en 1933 avec Hitler S il le fallait pour la paix du monde et le bien des mes je signerais un concordat avec le diable En revanche Roland Minnerath explique bien en quoi les accords du Latran de 1929 consti tuent un des sommets de l histoire concorda taire Et pour le Reich il souligne comment les nazis sans abroger le concordat bafou rent le
184. ssions un pouvoir temporel qui ne proclame pas le catholicisme comme religion d tat Elle inaugure la premi re p riode qui s ach ve en 1846 avec la fin du pontificat du pape Gr goire XVI Durant ce premier XIX si cle les concordats concernent exclusivement des tats europ ens Leur point commun est que l tat r galiste r gente encore la vie interne de l glise La deuxi me p riode est celle des concor dats de Pie IX et de L on XIII La pratique concordataire s tend l Am rique latine En Europe trois pays sont concern s par des concordats d une grande importance La Rus sie trois concordats successifs en 1847 1882 1907 dont les deux premiers furent d nonc s par le r gime autocrate et qui n emp ch rent pas le harc lement des catholiques L Espa gne concordat de 1851 syst matiquement d nonc lors de chaque p riode de troubles r volutionnaires Enfin l Autriche concor dat de 1855 par lequel l tat renonce enfin au jos phisme et qui est d nonc en 1870 par le gouvernement lib ral Beust La troisi me p riode regroupe les concordats de Pie XI et de Pie XII On saisit mal l unit de cette p riode car si Roland Minnerath parle d une nouvelle re de son propre aveu elle ne concerne que le pontificat de Pie XI marqu par la conclusion de nombreux concordats tandis que Pie XII en conclut seulement avec trois pays Concernant l u vre concordataire de Pie XI l auteur pa
185. st comme si bien et mal n indiquaient plus rien d objectif puisqu une m me attitude un m me comportement peut tre pens par certains comme bon alors que d autres le jugent indiff rent ou mauvais C est ce que j tudie dans mon livre sur Le bien et le mal Tout simplement Or le propre de notre temps c est que le mal nous semble indiscutable alors m me que le pluralisme nous met au plan collectif dans l incapacit nommer et vouloir un bien Les philosophes l ont maintenant ressass notre poque est ce titre en rupture profonde avec le pass La reconnaissance du mal est une vidence Mais sur fond d clatement d une morale commune le prix payer de cette reconnaissance est plus lev qu on ne le suppose Le mal ne se loge plus dans le d sir mauvais de l homme c est un fait un dommage scandaleux fait l homme La connaissance du bien se fait alors partir de l exp rience de n gativit et de souffrance des victimes Il s agit d un processus d identification la victime et d interpr tation de l incapacit de la personne vivre tout simplement sa vie d homme en communaut avec d autres Dans ce processus il y a perception et connaissance que certaines possibilit s de vie ne sont pas remplies Mais c est une chose que de faire m moire des victimes c est autre chose que de d finir l homme selon ce statut L identification la victime ne suppose
186. suivi d un bain de foule les Parisiens pr sents voulant serrer la main du lieutenant g n ral du royaume futur Louis Philippe chacun topant en quelque A l poque du suffrage masculin sorte pour conclure l affaire et un peu la Censitaire ou universel les Fran mani re du Thomas de l vangile faisant ais pr f rent la poign e de main aussi une exp rience in dite et unique du galitaire contact avec celui qui a t lev C est en serrant ainsi la main de tout le monde bref en se faisant tout a tous au moins autant qu en pr tant serment de fid lit la Charte de 1814 r vis e que Louis Philippe a pu acc der au tr ne Le baiser politique existe donc mais avec un champ d application restrictif circonstances exceptionnelles grands acteurs vaste public et r sultat quitte ou double Malgr le romantisme de la R volution de 1848 l Histoire n a retenu semble t il aucun baiser ayant une valeur politique significative On peut en dire autant du Second Empire ou de la Troisi me R publique Ainsi l poque du suffrage masculin censitaire ou universel les Fran ais pr f rent d cidemment la poign e de main galitaire Ils ne se contentent pas d imiter les Anglais Ce geste a une symbolique moins lourde que le baiser Il n est pas un pur d calque du champ religieux ou f odo vassalique Il parait plus neuf et plus commode tout en r pondant au besoin anthropologique essentiel du touch
187. t Bernard le pr sente dans les sermons sur le baiser comme l un des motifs majeurs de l Incarnation Mais Bernard passe aussit t du sens all gorique au sens moral autrement dit des myst res de la foi la vie personnelle du croyant puisque tout chr tien est appel revivre en lui m me les v nements de l histoire sainte chacun de nous peut et m me doit aspirer au baiser du Verbe c est dire recevoir de lui la pl nitude de l Esprit En effet ce qui appartient P glise consid r e globalement est aussi accord toute me qui dans l glise vit pleinement 74 37 SCt8 2 t 1 p 177 38 Notons au passage l af firmation du Filioque fond e sur Jn 20 22 qu on est en train de commenter 39 SCt8 2 t 1 p 177 40 SCt 8 5 t 1 p 183 41 Echo de S Augustin Confessions VII XX1 27 42 SC1 8 6 t 1 p 185 QU IL ME BAISE D UN BAISER DE SA BOUCHE les exigences de la profession baptismale Chaque me pouse peut dire Qu il me baise d un baiser de sa bouche dans la certitude d tre cout e du Verbe et de recevoir ce baiser qu est l Esprit Saint L Esprit baiser du Verbe l me assoiff e de Lui Bernard met bien en vidence le r le de la troisi me Personne divine dans la vie spirituelle Le don de l Esprit re u dans le baiser du Verbe r pand en nos c urs la lumi re de la connaissance et le feu de l amour En effet l
188. t de mettre en lumi re avec l aide de l Esprit Saint Aussi affirme t il qu il ne faut pas livrer ce texte aux d butants mais seulement aux personnes d j avanc es dans la vie spirituelle des esprits et des oreilles d sormais bien dispos s Car seules les personnes qui ont d j une exp rience v cue et Lumi re amp Vie n 296 octobre d cembre 2012 p 67 79 67 savour e de l amour de Dieu peuvent chanter le Cantique des Cantiques en prenant leur compte les paroles de l pouse Un tel cantique seule l exp rience nous l enseigne Ceux qui en ont l exp rience qu ils le reconnaissent ceux qui n ont pas cette exp rience qu ils br lent du d sir non tant de conna tre que d exp rimenter Quel est donc le sens profond de ce chant nuptial compos comme une louange joyeuse mais symbolique Bernard s inscrit dans la tradition de l ex g se patristique de la Bible inaugur e par Orig ne d Alexandrie qui d couvre dans le texte sacr de multiples niveaux de sens Il y a l une intuition tr s profonde et tr s juste savoir que la parole de Dieu est in puisable et que nous ne finirons jamais d en d ployer toute l infinie richesse Aussi le symbole du baiser de la bouche que nous pr sente le premier verset du Cantique se pr te une multiplicit d interpr tations toutes galement l gitimes L humanit en mal du baiser divin
189. t sont les accords conclus avec l Espagne en 1976 et en 1979 et avec l Italie portant modification du concor dat du Latran en 1984 Enfin pour la derni re p riode Roland Min nerath parle de l explosion concordataire des ann es 1990 2010 Elle s explique no tamment par le grand nombre de pays ancien nement communistes par l existence d tats minorit s religieuses catholiques qui ont voulu conclure des concordats et par l entr e dans le jeu concordataire d tats africains Il note un progr s dans la s r nit entre les par ties par rapport aux p riodes ant rieures Le cadre historique tant pos l auteur ayant montr que les concordats r pondent des besoins complexes r sultants de conjonctures particuli res la deuxi me partie de l ouvrage 106 est une r flexion sur le statut juridique de l glise dans le droit des tats C est tr s int ressant Le fait pour l glise de conclure une convention bilat rale avec un tat implique la reconnaissance par ce dernier de la capa cit de l glise conclure un trait selon les formes et les r gles tablies par le droit inter national Il incombe en l esp ce l tat de reconna tre la souverainet spirituelle de l glise catholique ce qui depuis le XVI si cle a t longtemps contest Dans un premier chapitre Roland Minnerath analyse finement comment l glise se d finit comme une soci t souveraine comme un su
190. taili En souffrance Adolescence et entr e dans la vie M taili Exp rience de la douleur En tre destruction et renaissance M taili Eclats de voix Une anthropologie des voix M taili 1 ce propos du visage je renvoie D LE BRETON Des visages Essai d anthropolo gie M taili 2007 et pour le langage du corps D LE BRETON Les passions ordi naires Anthropologie des motions Payot 2003 Dossier Le baiser David LE BRETON Figures sociales du baiser tiquettes corporelles d interaction Les interactions de la vie quotidienne saluer prendre cong s asseoir la terrasse d un caf entrer dans une salle de spectacle participer une r union faire un achat bavarder avec des amis retrouver sa famille etc engagent des gestuelles et des mimiques sp cifiques et une relation particuli re au corps d autrui Leur distance ou leur effusion participent d un ordre symbolique dont chacun attend qu il soit respect Une ritualisation pr cise commande le contenu des paroles prononc es la hauteur de la voix son timbre son rythme son intonation elle alimente les mouvements du corps le jeu subtil des regards les mimiques les gestes les postures elle indique les zones corporelles de contact et celles qui sont interdites sous peine de provoquer la g ne ou de faire violence Dans la rencontre avec l autre familier ou tranger rien n est laiss au hasard d
191. tion que le spectateur postmoderne cens plus malin que ses pr d cesseurs n y croie surtout plus qu il ne soit surtout pas dupe Aux assises des contestations f ministes et des gender studies comparut alors l innocent baiser hollywoodien ou pr tendu tel d masqu enfin comme expression privil gi e du machisme occidental Ce qui nous avait pourtant sembl au fond si naturel dans tant d artifice hollywoodien n tait donc marqu que par un ensemble de normes et de conventions dont il nous fallait d urgence prendre conscience Par combien de baisers trop blancs trop beaux clatant de propret et h t ro sexu s nos yeux de spectateurs sans vigilance avaient il t assujettis la norme amoureuse occidentale Dessill s par tant de pr venance on n a alors pas voulu tre en reste On a tenu montrer qu on n tait pas b gueule On s est donc mis la page En bons spectateurs b n voles et sans trop discuter on a ainsi bien voulu faire entrer aussi au panth on de nos baisers pr f r s ceux moins norm s de Brokeback mountain ou de Mulholland drive On a promis de ne plus se laisser avoir par le baiser vraiment trop kitsch de L onardo di Caprio et Kate Winslet la proue tr s romantique du Titanic On l a donc regard de loin au second degr avec la bonne distance et suffisamment d ironie Et pourtant D niais s mais nostalgiques Et pourtant Nous ne nous faisons d sormais plus gu r
192. tion sans confusion comment aimer en v rit L ambiguit renvoie au rapport entre baiser et parole Le sens des sens est l exc s de sens qui ne se donne que par et dans le verbe Geste seuil concentr de relation le baiser est bon s il est aussi acte de parole oui entre autrui et moi Il prend son sens de la parole qu il l interrompt dont il est le sceau ou la fuite qui ne vise qu s duire ramener soi ne rencontre personne pas m me soi rien que la tyrannie de son plaisir Le bon baiser est victoire de la douceur sur la violence de la caresse sur la prise acte de communion C est cette justesse de la rencontre que met en uvre J sus Verbe fait chair vrai homme selon Dieu dans le contact avec tous dont les femmes et des femmes r prouv es pour leur vie sexuelle il agit avec une libert s re sans vitement ni quivoque Selon l pisode d velopp chez Luc 7 36 50 rapproch de l onction de B thanie Mc 14 3 Mt 26 6 9 Jn 12 1 8 non seulement il ne repousse pas les gestes de la p cheresse mais les accueille avec lui aussi une forme de reconnaissance d clar e v 45 Un temps pour embrasser pr c de un temps pour viter d embrasser son amour s exprime aussi bien dans l Ascension o la disparition du Ressuscit est le revers de sa pr sence intime Enfin dans son rapport aux enfants il faut souligner le terme laissez venir moi
193. ulp Les r cits vang liques ne semblent pas concordants pour trancher la question Paul ne fait aucune allusion lui L glise elle m me ne l a jamais condamn Et si Judas a pu tre consid r comme damn en raison de son suicide jamais il ne l a t pour avoir livr J sus On aime rappeler cette confidence de Bernanos qui dans son enfance demandait des messes son cur pour une me en peine sans oser lui avouer qu il s agissait de Judas Jean Guitton m me s il fait erreur dans sa r f rence sainte Gertrude a sugg r que tout finalement sera pardonn rachet enseveli dans le grand oubli divin secret qu il ne faut sans doute pas dire selon cette parole du Seigneur sainte Gertrude Ni de Salomon ni de Judas je ne te dirai ce que j ai fait pour qu on n abuse pas de ma mis ricorde Plut t que la damnation le destin de Judas n appelle t il pas en effet toutes les ressources de la Mis ricorde Nous finirons avec ces lignes inoubliables de L on Bloy voquant la comparution de Judas au jugement dernier il fut maudit dans son inf me c ur maudit par CELUI qui a besoin ternellement besoin et que jamais il ne secourut Il se nomme peut tre Judas mais les S raphins qui sont les plus grands des Anges ne pourraient pas prononcer son nom Il a lair de marcher dans une colonne de bronze Rien ne le sauverait ni les supplications de Marie ni f les bras
194. umiere et vie com BULLETIN POUR L ABONNEMENT 2012 n 293 296 Quelle que soit la date de votre abonnement vous recevrez les 4 num ros de l ann e NOM ae ne en TRE A S E atest NOE Code postal nsise NANG E Re O O PAYS a dam ere Votre num ro d abonn e France 42 55 Etranger 50 65 Pour les quatre num ros le suppl ment par avion est de 8 Les abonnements de soutien permettent de servir la revue des correspondants qui sont dans l impossibilit d en r gler le prix Pour se r abonner on peut d couper ce bulletin ou plus simplement joindre au ch que la bande d envoi de ce num ro Libeller le ch que l ordre de Lumi re et Vie sans oublier de noter le num ro d abonn e CCP Lumi re amp Vie 3038 78 A Lyon IBAN FRO9 2004 1010 0703 0387 8A03 843 BIC PSSTFRPPLYO Directeur de la publication Herv J gou Imprimerie MG 84210 PERNES LES FONTAINES D p t l gal 2271 4 trimestre 2012 Commission paritaire N 0914G85935 119 Px 2 RUE 1 lumi re vi eee Au prochain numero Les b guines Francis RAPP Emergence des b guinages au XII si cle Xavier LOPPINET Vie commune des b guines R my VALLEJO B guines et spiritualit rh nane Dominique de COURCELLES Le proc s de Marguerite Porete Pascal MAJERUS Les b guinages de Belgique Un seul a re u le bais
195. une rencontre il consiste dans le fait d embrasser une ou plusieurs fois l autre sur la joue ou travers une accolade qui en esquisse le geste Ce geste rel ve notamment de la ritualit familiale changes de baisers entre parents et enfants au coucher au lever avant d aller l cole ou une sortie un couple peut s embrasser avant d aller au travail ou effectuer s par ment un voyage etc En cas de conflit le rite est perturb Ainsi dans La Prisonni re Proust sent qu Albertine s loigne de lui quand elle ne satisfait pas un soir au rite de leur baiser coutumier avant d aller l un et l autre se coucher dans leur chambre respective D un pr texte quelconque il la retient esp rant que la fois suivante elle n oubliera pas de l embrasser mais quelques minutes plus tard Albertine le quitte avec la m me indiff rence La rupture du rite affectif est chez elle un signe de sa r solution partir Le baiser implique une familiarit particuli re et se situe en un point pr cis de la rencontre L usage prend des formes diff rentes selon les p riodes et les cultures selon les interlocuteurs en pr sence Prenons seulement deux exemples ce propos Dans l antiquit H rodote rappelle les coutumes des Perses Lorsque deux Perses se croisent en chemin voici par quoi on peut reconna tre qu ils sont de m me rang au lieu de prononcer des formules de politesse ils s embrassent sur la bouch
196. ution progressive d un des deux visages des amants un m morable fondu encha n de cet interminable l vres l vres capable lui seul de si bien r sumer toute l histoire du Cin ma f A Le r glement d Hollywood r a Toute l histoire du cin ma Des ann es 30 la fin des ann es 60 il est vrai qu Hollywood n a peut tre pas eu d autres sujets ni d autres projets De film en film les grands studios ont ils fait autre chose que r ver l amour ou le sublimer A tel point que dans les ann es 50 le fabriquant am ricain d un chewing gum menthol propre rafra chir l haleine n a pas eu beaucoup r fl chir pour adopter le nom d Hollywood et tirer ainsi le meilleur profit d une association d id es tr s imm diate dans l imaginaire amoureux et cin philique Le baiser de cin ma son surgissement attendu parfois savamment retard ou subtilement emp ch sa chaste mais tendre chor graphie visuelle taient alors devenus la figure impos e de tout grand film digne ce nom La cam ra tait alors capable de tourner autour du baiser et des amants jusqu au vertige De la qu te amoureuse le baiser de cin ma dit l acm il signe le point d orgue Le reste bien s r tait toujours hors champ En ce temps la il s agissait seulement de montrer le d sir jamais sa consommation devant la cam ra Puissamment m tonymique le baiser lui seul exprime la totalit
197. ux l image de la chanson de Georges Brassens Si le baiser sur la bouche r unissant un homme et une femme sous le regard des passants b n ficie d une 27 certaine complaisance l inverse un couple de femmes ou d hommes suscite un malaise tangible et s expose aux quolibets ou au moins maints regards tonn s et des plaisanteries graveleuses de passants proposant ironiquement leur service Il s expose au risque de la violence homophobe Le baiser sur la bouche est un attribut de l intimit amoureuse Il incarne une tentative toujours renouvel e car toujours reprendre de l approche de l autre Dans Un amour de Swann Proust donne une admirable description du premier baiser entre Swann et Odette Et ce fut Swann qui avant qu elle le laiss t tomber Le baiser sur la bouche incarne comme malgr elle sur ses l vres le retint une tentative toujours renouve un instant quelque distance entre ses l e car toujours reprendre de deux mains Il avait voulu laisser sa pens e le temps d accourir de reconna tre le r ve qu elle avait si longtemps caress et d assister sa r alisation comme une parente qu on appelle pour prendre sa part du succ s d un enfant qu elle a beaucoup aim p 279 mi chemin du signe d affection et du rite d entr e dans la vie commune avant go t de la sexualit venir la tradition du maraichinage tait encore en vigueur la
198. veut c est l aimer dans sa v rit la plus profonde c est ratifier soutenir purifier son lan le plus radical C est aimer son fr re travers son appara tre collaborer sa vocation unique travers sa situation changeante afin de la faire r ussir dans la communion avec sa fin derni re Jean MOUROUX La dignit de la personne humaine Unam Sanctam n 65b p 199 200 5 Le rite de paix dans toutes les familles liturgiques se situe avant la pri re eucharistique en conformit avec la recommandation de J sus en Mt 5 23 24 il est plac l comme une exigence de r conciliation fraternelle condition de participation authentique l Eucharistie Seule la liturgie romaine l a d plac pour le situer apr s la pri re eucharistique comme un premier fruit de cette derni re in Encyclop die Eucharistia Cerf 2002 p 341 6 Pr sentation g n rale Missel romain 3 dition typique 2002 Descl e Mame n 82 33 DIESE T DLICHE LYBE Anne PHILIBERT est ancienne l ve de PENA agr g e et docteur en histoire et auteur d un ouvrage sur Lacordaire et Lamennais Cerf 2009 1134 p Elle est membre du comit de r daction de Lumi re amp Vie depuis novembre 2011 lt L onid BREINEV embrassant Erich HonEckER l occasion du trenti me anniversaire de la R publique D mocratique d Allemagne fresque sur le mur de Berlin Photographie de R gis Bossu Dossier
199. y Pierre Laval annon ant la lib ration d un prisonnier de guerre contre le d part de trois travailleurs volontaires en Allemagne et d clarant souhaiter la victoire de l Allema gne la rafle du Vel d Hiv et les d clarations du cardinal Hinsley la radio anglaise sur le massacre de 700 000 juifs en Pologne depuis septembre 1939 la certitude que Vichy ne prot gera pas la France de la bestialit na zie en ao t l irruption de l assistante sociale du Comit catholique en pleine retraite an nuelle de Mgr Sali ge et de son clerg pour d noncer l archev que les sc nes de terreur des transferts d intern s juifs du camp de R c b dou sous un soleil insensible jusqu la gare pour tre dirig s vers Drancy et de l en Pologne la honte de Mgr Sali ge et la r daction de sa lettre de protestation apr s une nuit d insomnie martelant que les juifs font partie du genre humain enfin en septembre les pressions sur l archev que et le 11 no vembre l invasion de la zone non occup e et l arriv e de l arm e allemande Toulouse Le r cit est suivi par un pilogue qui pr sente les destin es post rieures de Mgr Sali ge de ses compagnons et du pr fet de r gion en place l poque des faits C tait au beau milieu de notre trag die Dans cette p riode de nuit obscure se d tachent les figures des victimes et de ceux qui connurent le prix de l action et de la parole Mis au se cret Fr

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