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1. Francoise Gollain Entretien avec Andr Gorz Une critique du travail entre cologie et socialisme Paris La D couverte 2000 p 233 On comprend habituellement sous le terme de contre culture un vaste agr gat de mouvements en rupture avec la soci t de consommation et les normes du syst me capitaliste et technocratique Lorientation antitechnocratique est soulign e dans le livre de Theodore Roszak The Making of a Counter Culture 1969 sous titr Reflections on the 95 Technocratic Society and Its Youthful Opposition Vers une contre culture R flexions sur la soci t technocra tique et l opposition de la jeunesse trad Claude Elsen Paris Stock 1970 Voir The Mind Is a Muscle A Quasi Survey of Some Minimalist Tendencies in the Quantitatively Minimal Dance Activity Midst the Plethora or an Analysis of Trio A dans Yvonne Rainer Work 1961 73 Halifax The Press of the Nova Scotia College of Art and Design New York University Press 1974 p 63 69 Le texte a t r dig en 1966 et publi en 1968 dans l anthologie de Gregory Battcock Minimal Art New York Dutton trad Laurence Louppe dans Le Travail de l art n 1 automne hiver 1997 p 91 99 Richard Serra trace sur une pierre lithographique Gemini GEL Los Angeles 1972 Photographie Daniel B Freeman Pendant la premi re version de la pi ce chor graphique d Yvonne Rainer The Mind Is a Muscle Jud2. Une visiteuse sur le Cyclograveur de Jean Tinguely 1960 dans l exposition R relse i konsten Le mouvement dans Part Moderna Museet Stockholm mai septembre 1961 uvre et activit La modernit est une cat gorie de la pens e sociale Depuis les Lumi res celle ci s est donn l horizon d une justice immanente et d une coordination des sph res d activit et de culture Appliqu l art moderne 9 d signe et recouvre des postulations contradictoires dans une soci t divis e o la d finition de la sph re publique n est jamais garantie Cette instabilit est constitutive de la question de l art au singulier qui s est d tach e du syst me volutif des beaux arts Dans les pages qui suivent cette question est abord e d un point de vue historique et politique plus qu esth tique ou anthropologique Il s agit surtout de comprendre le lien qui s est nou puis d nou entre l id e lib rale et les formes de l activit artistique L enqu te porte essentiellement sur l histoire des arts dits visuels centr s sur l apparence et l image dans l re euro am ricaine Am rique du Sud com prise Mais des effets de d placement de d centrement montrent que la question de Part ne tient pas dans ces limites Le premier paradigme correspond l adaptation du syst me des beaux arts une conomie de march qui correspond elle m me un projet de soci t orient pa
3. Buenos Aires 1967 photographie Juan Lepez ci contre dans l exposition Projection L effet cran Centre d art contemporain de Br tigny 2004 photographie Bernard Huet
4. Lonzi remarquait La derniere ceuvre de Fabro est un cube bois et m tal pour la structure toile blanche pour le rev tement des surfaces Dans cet espace d air d limit par des surfaces et des angles tous semblables concu en fonction du seul spectateur l homme devient un simple l ment de la relation qui s instaure entre lui et la portion d espace qu il occupe C est pr cis ment parce qu il est priv des choses que le spectateur retrouve les bases d un comportement spatial qui est aussi autor gulation Le pavimento lie tautologie et topologie en mettant en avant la primaut du lieu sur l image et l objet Aux tats Unis en cette m me ann e 1967 Carl Andre r alisa ses premi res floor pieces constitu es d un damier de plaques de metal le lieu place tait ainsi d coup au sol et depuis le sol dans l es pace space Cette formule avait t pr c d e par les Equivalents de 1966 1967 qui mettaient en uvre l id e de cuts into space La premi re pi ce au sol floor piece de Carl Andre fut pr sent e dans Vexposition inaugurale J ai choisi un dallage ordinaire c tait dans une galerie assez simple comme un appartement qui pouvait voquer pour le specta teur des situations famili res je l ai bien lav je l ai fait briller puis je l ai recouvert de journaux En fait l uvre ne r side pas tant la que dans le couplage avec un commentaire av
5. n gative la tendance trash Cela suppose aussi que l on puisse d duire des documents sp cifiques une signification g n rale Dans ces limites exp rience et la pens e de l intimit territoriale permet tent de r interroger les possibilit s d une activit artistique qui se d finit avec et contre la culture institu e en intervenant notamment sur les normes de comportement dict es par la rationalisation du travail Depuis les pre miers temps de la modernisation industrielle les soci t s hyper d velopp es se sont en effet dot es de moyens d amortissement des m canismes de sp cialisation et de s gr gation productives qui accompagnent l exploita tion du travail on tol re et instrumentalise une r ticence la discipline productive comme un style de vie parmi d autres les lieux de la musique de l art et du spectacle offrent un exutoire qui permet de neutraliser les tendances contre productives Ce m canisme d amortissement r pond aux diverses tendances protestataires ou alternatives apparues dans la contre culture depuis la fin des ann es 1960 Danouta Liberski Bagnoud Les Dieux du territoire Penser autrement la g n alogie Paris CNRS Maison des sciences de l homme 2002 David Lamelas Limit of a Projection I 1967 Projecteur de th tre dans une salle sombre dimensions variables Deux vues de l installation ci dessus dans Pexposition M s all de la geometr a Instituto Torcuato Di Tella
6. 8 p 118 119 DOUBLE PAGE PRECEDENTE Bruxelles Editions Complexe Paris Centre Merce Cunningham sur le plateau de danse d Anna Halprin Kentfield Californie 1957 222 UVRE ET ACTIVIT de Pino Pascali le Campo expos par Jannis Kounellis l Attico de Rome en relation avec le fameux tableau au perroquet Le plan vertical du champ pictural tait bascul a l horizontale dans l espace d exposition comme un tapis ou pavement pavimento de mosa que tout en sugg rant le territoire des pratiques agraires le champ labour Mais la dimension spectaculaire des installations de Pascali ou de Kounellis a peu a voir avec la sobri t des constructions spatiales de Fabro En 1967 Pascali et Fabro r alisaient deux pi ces tr s contrast es 32 m environ de mer et Pavimento Tautologia La premi re fut pr sent e en juillet dans le cadre de Pexposition Lo spazio dell immagine a Foligno la seconde un pavement de journaux a G nes en septembre dans Arte povera IM Spazio qui se d marquait explicitement du propos tenu a Foligno De l une l autre intervenait une sorte de r duction ou d appau vrissement syst matique de l image Les fausses sculptures de Pascali proclament l artifice de la fiction m me et surtout quand elles traitent de la nature Fabro propose plut t des choses qui appellent une exp rience d appropriation perceptive propos d une pi ce de 1966 n cubo Carla
7. atuts de la CGT jusqu aux environs de 1960 comme l un des buts fondamen taux de l action syndicale L environnement conomique et social du for disme keyn sien qui s tait finalement impos au cours des Trente Glorieuses dans le combat lib ral contre le dirigisme communiste suscitait une opposition radicale m l e aux th mes antitechnocratiques de la contre culture Part d activit s est ainsi d fini alternativement comme un refus de la rationalisation industrielle lartiste se mettait en gr ve de la soci t productive ou comme un d passement des contraintes du travail la mani re du jeu L activit artistique permettait d imaginer une r int gra tion des op rations du travail en miettes d nonc par Georges Friedmann en 1956 dans une action continue et variable ouverte l improvisation Aux tats Unis la danse postmoderne avec l id e de t ches tasks comme la musique r p titive participaient de cette tendance La r f rence au poids et au travail est insistante chez Yvonne Rainer Dans le texte th orique r dig en 1966 propos de Trio A intitul initialement The Mind Is a Muscle Rainer affirme une pratique de la danse d livr e de la virtuosit technique et de la sp cialisation professionnelle Emile Copfermann Un th atre r volutionnaire Partisans n 36 f vrier mars 1967 p 5 Ivan Illich Le Ch mage cr ateur Paris Seuil 1977 p 29
8. ditions du Centre Pompidou Varte povera Mais comme le montrent les Objets en 1996 p 136 moins de Michelangelo Pistoletto Parte povera fut Luciano Fabro Pavimento Tautologia Sol Tautologie 1967 Sol journaux CI DESSUS ET DOUBLE PAGE SUIVANTE Oyvind Fahlstr m Opera 1952 1953 Feutre gouache et encre de Chine sur papier 26 8 x 1170 cm d K y a C a ty s L ee x LA A NS el e PE IT Era fon dus Tadeusz Kantor Happening panoramique de la mer Lazy c te de la mer Baltique 1967 Premi re partie Le concert de la mer chef d orchestre Edward Krasinski Edward Krasinski La Ligne bleue Zalesie 1969 Photographie Eustachy Kossakowski Photographie Eustachy Kossakowski Ensemble de trompes ba bemb village de Mouyondzi Congo y septembre 1966 La musique du Bwiti jou e cette poque de fa on exceptionnelle serait li e un culte des anc tres peut tre un rituel fun raire Lorchestre comprend quatre trompes en bois figurant le p re la m re la fille et le fils chaque trompe est sculpt e dans la masse la colonne d air tant log e l int rieur du corps sculpt Les trois premi res trompes sont tenues debout la quatri me allong e Photographie de Charles Duvelle parue recadr e dans le livret du disque vynil Musique Kongo Ocora 1967 29 INTIMIT TERRITORIALE RITUEL ET ESPACE PUBLIC 331 accord es au cycle de la natur
9. e qui induit g n ralement une repr sentation organiciste du corps social Cette image de coh sion organique contraint la mobilit individuelle autant qu elle limite l exercice de la pens e critique Il serait int ressant de voir avec d autres exemples comment l intimit ter ritoriale peut d pendre de l lection de lieux sacr s li s des pratiques rituelles et comment ces pratiques interf rent avec des m canismes de spatialisation des rapports g n alogiques On pourrait convoquer une tude r cente de Danouta Liberski Bagnoud Il faudrait aussi aborder la question de larchitecture vernaculaire sur laquelle ce livre apporte d ailleurs un nouvel clairage Le sch ma de partition priv public ne peut tre plaqu sur une r alit sociale constitu e d interactions multiples surtout quand la culture consi d r e ignore ce partage Mais le mot partage lui m me est ambigu il peut signifier s paration ou distribution voire mise en commun Cette ambi guit est au c ur des situations d intimit territoriale La question est de savoir comment les documents d une intimit territoriale quand celle ci est v cue dans les limites d une exp rience d exclusion ou de marginalit peuvent contribuer une requalification voire une r invention de Ples pace public Cela suppose a minima que les conditions de exp rience ne soient pas occult es par un effet d id alisation abusive ou d esth tisation
10. ec des explica tions Ce commentaire dit que la jouissance la lecture de l uvre r side uniquement dans la r alisation elle m me pour pouvoir jouir excusez l expression de l uvre il faut avoir lav puis recouvert L uvre est constitu e seulement par le travail r alis un travail que beaucoup de gens font un travail de m nag re qui est de prot ger de conserver pr cieusement quelque chose Je me souviens que c est ainsi que l on faisait dans mon village on nettovait les carreaux et on les recouvrait au moins le premier jour de journaux pour qu ils 77 Toutes ces pi ces l exception de celle de Fabro aussi et d abord une forme de pragmatisme ne se salissent pas sont construites sur une opposition binaire nature po tique en prise sur les usages et les rituels de culture ou nature artifice qui se sp cifie dans la vie quotidienne Ce pragmatisme rompait avec une relation plus ou moins a entre le une ion T alli tait ie vivace Luciano Fabro 19 54 contenu et la forme ou selon Kounellis entre en Italie la sensibilit et la structure c est dire aussi 78 Carla Lonzi Opere di Luciano Fabro 9 dans entre un l ment de pr sence organique une chose Luciano Fabro cat Turin Galleria Notizie 1967 vivante un animal une plante et un l ment inor trad extrait Anne Guglielmetti dans Luciano ganique Ce langage binaire est devenu l idiome de Fabro cat Paris E
11. le syndrome M B mus e blas Je recommande de laisser ce m dicament la port e des enfants Irina Nicolau 1996 Florian Fouch l ments du Mus e antidote 2012 2014 Ci dessus texte paru dans la revue Martor n 1 1996 Ci contre en haut la salle v tements du Mus e du Paysan roumain en bas Espace d information propos du mus e du Paysan roumain pr sent au centre d art Passerelle de Brest en 2014 ki Photographies Florian Fouch 91 92 93 94 74 UVRE ET ACTIVIT Dart est travail et activit libres expression de l homme non ali n par le labeur et la force de travail vendue Il est galement manifestation exceptionnelle et singuli re En 1977 Ivan Illich pouvait encore affirmer Partout ou s largit le travail salari son ombre le servage industriel s largit galement Ce constat historique reste pertinent mais on l entend mal dans un contexte marqu par la fin du plein emploi et les effets d vastateurs de la d r glementation n olib rale men e au nom d une obligation de flexibilit vrai dire la libert oppos e au travail ali n d signe deux choses diff rentes une activit de loisir qui peut tre studieuse d livr e des contraintes produc tives ou une association autonome de travailleurs qui d tient et contr le Poutil de production Andr Gorz rappelait r cemment que Pabolition du salariat figurait dans les st
12. r l id ologie progressiste des Lumi res J entends donc paradigme au sens de sch ma ou structure constitutive d un ensemble de repr sentations et de comportements Le second paradigme se construit par diff renciation terme terme du premier Selon une conception de Part centr e avec l id e d auteur 23 Le mus e antidote M A mode d emploi 1 Le M A est recommand dans les convalescences culturelles sociales et politiques p riodes de transition 2 Le M A n admet pas de recettes Son succ s est d a sa diversit et sa mobilit 3 On ne va pas au M A comme l glise ni comme l cole au tribunal l h pital ou au cimeti re mais comme au mus e 4 Le M A est le mus e du voil Ses pr tentions elliptiques lib rent l objet des poncifs de toute connexion st r otyp e Au M A on vient voir des objets Les revoir ou les d couvrir Dans le M A le visiteur a un seul droit celui de regarder 7 Lobjet pr sent par le M A est un objet pas un t moin pas une marchandise etc 8 Le M A ne veut pas s duire Il ne vend pas de souvenirs il ne nourrit pas Il ne dorlote pas les enfants Il fatigue 9 Le M A montre et cache aussi Il s adresse aux personnes dispos es a y investir du temps de Vimagination 10 La cure du M A peut durer de un trois ans 11 Apr s la r mission de la maladie le MA doit tre repris de temps en temps pour pr venir
13. rmance que l on peut consid rer comme l art d activit par excellence ou du moins sa forme la plus d monstrative s est d velopp e dans un espace fluctuant entre Patelier et la sc ne de th tre la galerie et l espace urbain mais aussi entre un mod le d action rituelle et la rationalit d voy e h r tique du conceptualisme Le mod le rituel a t associ a la peinture gestuelle en particulier chez les Japonais du groupe Gutai des les ann es 1950 dans les premiers happenings ou chez les actionnistes viennois Finalement le sch ma de Schechner est clairant dans une perspec tive d interpr tation anthropologique des arts Il ne prend pas en compte les transformations historiques de la danse dans l exp rience de la sph re publique ni la plasticit spatiale et institutionnelle de la performance 16 Ce risque tient a la sph re du mouvement national de la danse 2003 p 105 sq kin sph re qui selon Laban d finit l espace de 17 Ibid p 119 120 performance du danseur partir de son propre 18 Bill T Jones entretien avec Ann Daly Charles Ray Plank Piece I amp II 1973 corps Sur ce concept voir Rudolf Laban dans Art Performs Life Merce Cunningham Deux photographies noir et blanc mont es sur toile 100 x 69 cm chaque La Danse moderne ducative Londres 1963 Meredith Monk Bill T Jones cat Minneapolis trad Jacqueline Challet Haas et Jean Challet Walker Art Center 199
14. son Memorial Church New York 24 mai 1966 Photographie Peter Moore Fig 6 Fig 7 Fig 19 Fig 20 ANNEXE I 157 mode r gulier et progressif du propre et de l appropriation qui r git la formation auto biographique Meg Stuart qualifie de dis cursive l organisation chor graphique de la performance Mais ce lien discursif orient vers le public n est pas une greffe th trale sur un art pur du mouvement c est le corollaire de la d dramatisation L exp rience intime au sens o Pentend Meg Stuart carte les sch mas dramatiques mais elle ne peut se poursuivre exclusivement sur ce mode au risque de se condamner une cl ture narcissique privative Le discours est la dimension publique de la danse Selon une exigence similaire Yvonne Rainer est pass e de la danse au cin ma via la performance Depuis Laban la danse est tenue pour une exp rience d immersion dans le mouvement U La plasticit du geste a remplac les figures du discours chor graphique Mais le geste est devenu un nouveau support du discours au point de contredire l id e du mouvement pur Cela est explicite dans le parcours et les propos du danseur chor graphe Bill T Jones t8 Ce que l on qualifie de post dramatique 9 dans le th tre correspond une redramatisation de la danse La performance a influ sur les deux processus autant qu elle en a b n fici Depuis les ann es 1960 la perfo
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