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Une lecture de l`inachèvement par le blanc dans La

1. l interruption que la mise en abyme contient toujours dans la mesure o elle interrompt la chronologie de la narration McHale par exemple compare la mise en abyme une sorte de court circuit disant qu elle est une interruption de la logique dans la hi rarchie narrative Bal pr cise encore que sa valeur significative se base sur sa capacit de d ranger voire de bouleverser sans tenir compte de la signification de la narration et insiste ainsi sur le fait que A N Sur y DEER 73 le ph nom ne de la mise en abyme devrait tre ins r dans le cadre s miotique Bal rel ve la constatation de base de D llenbach de la mise en abyme mise en abyme est tout miroir interne r fl chissant l ensemble du r cit par r duplication nor 1 74 simple r p t e ou sp cieuse Bal constate que miroir r duplication et sp cieuse font tous les trois partie du m me domaine s mantique puisqu ils contiennent l l ment de la ressemblance Elle ajoute que les mots ensemble et r cit sont plus ou moins ambigus l ensemble d notant la fois la totalit mais aussi la structure et la composition Le r cit pour sa part d note le texte narratif ainsi que l histoire et la narration C est pourquoi Bal propose une autre d finition provisoire en disant qu une mise en abyme est un signe dont le but est produire un aspect pertinent et r LA r Jr 76 continu du texte ou de l histoire qu elle repr sente par la
2. t crite totalement au participe pr sent Un tableau presque achev r f re aussi un r ve dans la mesure o le tableau de Val ne ne s ach vera jamais L chec de sa tentative est vident quand l pilogue il est retrouv mort c t de sa toile qui tait 116 pratiquement vierge Van Montfrans souligne que Val ne n arrive pas reproduire le r el et s inscrit par son chec dans la lign e litt raire des peintres rat s Frenhofer de Balzac Le Chef d uvre inconnu 1831 Pellerin de Flaubert L ducation sentimentale 1869 et Claude Lantier de Zola L oeuvre 1886 Si nous supposons que Val ne r f re aux personnages mentionn s ci dessus il faut se souvenir que le th me essentiel des histoires de ces artistes litt raires a t le myst re du travail de l artiste la question du g nie divin et de la cr ativit en g n ral Les trois peintres essaient furieusement de cr er un chef d uvre qui serait une manifestation de leur talent et sont sujet une d pression de plus en plus aig e au fur et au mesure qu ils s aper oivent de leur incapacit produire une telle uvre d art Du point de vue autobiographique et surtout la lumi re de la th orie de Burgelin de l horizon autobiographique que nous avons pr sent e au chapitre 2 1 1 l entreprise insens e de Val ne se laisse videmment interpr ter comme une qu te de la m re qu te dont l ch
3. dans l imagination du lecteur Un texte qui se refl te ne peut donc jamais servir comme autoportrait de l auteur mais il peut r v ler les th mes essentiels et les m canismes d criture de ce dernier 2 1 2 Le blanc exprim par les protagonistes 2 1 2 1 D o viennent Percival Bartlebooth et Gaspard Winckler Comme il a d j t constat dans le chapitre 1 1 1 les trois personnages principaux constituent une combinaison ins parable la quintessence du roman Bartlebooth un milliardaire excentrique a invent un projet absurde auquel il d die sa vie et fait participer les autres L tymologie de son nom est int ressante et une marque de l intertextualit omnipr sente du roman Le nom tire en effet son origine de deux personnages litt raires Bartleby dans l uvre du m me nom de Herman Melville et Barnabooth dans Les Po sies de A O Barnabooth de Val ry Larbaud Bartleby de Melville est un scribe qui pr f re de rien faire Il s agit d un caract re extr me qui renonce volontairement la vie et l existence sans tre autodestructeur finalement il meurt dans une prison parce qu il pr f re ne pas manger Dans son analyse Gilles Deleuze dit que Bartleby n est ni une m taphore ni un symbole et qu il s agit juste d un texte Ja 85 ja extr mement comique Perec pense un peu diff remment Pour lui ce sont SBurgelin 13 14 Melville H Bartleby Tr Lindholm J Helsinki 1
4. dynt isi aikaa ja tilaa abstrakteina koordinaatteina joihin omassa paikassaan ja omalla hetkell n v ist m tt ilmenev t identtiset tapahtumat kirjautuisivat L absurdit du projet devient aussi claire dans la traduction que dans le texte original et le th me de la disparition et du manque se concr tise dans le personnage de Bartlebooth Bartlebooth en d autres termes d cida un jour que sa vie tout enti re serait organis e autour d un projet unique dont la n cessit arbitraire n aurait d autre fin qu elle A 221 meme Toisin sanoen Bartlebooth p tti er n p iv n j rjest koko el m ns yhden ainoan projektin ymp rille jonka mielivaltaisella v ltt m tt myydell ei olisi muuta 222 p m r kuin se itse Comme nous l avons d j vu le projet de Bartlebooth restera ternellement inachev Le chapitre XCIX le dernier chapitre du livre avant l pilogue le confirme pour sa part La traduction transmet sans faille la m me atmosph re de l inach vement et du vide que le texte original Le puzzle que Bartlebooth est en train de rassembler repr sente un petit port sur le fleuve M andre aujourd hui le B y k Menderes en Turquie qui se jette dans la mer g e L image du puzzle se concentre sur les ruines d une cit antique d sert e et la derni re phrase de cette description renforce le sombre destin de vieux faiseur de puzzles Un ciel violent cr pusculaire traver
5. rations extr mement minutieuses et ridicules depuis les petites bo tes de pelures de truffes aux caves des Altamont jusqu aux skis d hickory ayant depuis longtemps perdu toute leur lasticit aux caves des Gratiolet Les listes ont t traduites en principe par la correspondance directe viipaloitua tryffeli 189 pikku rasioissaan et kauan sitten j ntevyytens menett neet hikkoripuiset sukset Nous sommes d accord avec Lederer sur le fait gue la traduction des listes exige une correspondance exacte mais contrairement aux opinions gu elle exprime nous sommes pour notre part convaincue que les listes servent aussi construire une id e au moins dans notre corpus ISVME 391 bid 544 SKeyn s V Entretien 2 ISGVME 195 I bid 197 ISEK 186 Ibid 188 49 Les listes de VME ne sont pas seulement des d tails amusants mais elles peuvent aussi appara tre comme des po mes ayant un rythme particulier comme dans l extrait suivant qui d crit l importance des escaliers pour Val ne Les escaliers pour lui c tait chaque tage un souvenir une motion quelque chose de surann et d impalpable quelque chose qui palpitait quelque part la flamme vacillante de sa m moire un geste un parfum un bruit un miroitement une jeune femme qui chantait des airs d op ra en s accompagnant au piano un cliquettement malhabile de machine crire une odeur tenace de cr syl une clameur un cri
6. unit s de sens dans un texte En principe aussi bien Lederer que Ricoeur s accordent sur ce dernier point Ricoeur y voit pourtant un paradoxe fondamental et un probl me thique qui met en cause l int grit du traducteur comment le traducteur r ussira t il ne trahir ni l auteur ni le lecteur Lederer quant elle ne voit pas d obstacles insurmontables dans le travail de traduction TIL ederer 55 PIbid 55 13L ederer 56 ibid 75 77 46 Pour sa part Susan Bassnet insiste sur l interd pendance des langues et des textes elle souligne que l id e d une intertextualit de Kristeva o tous les textes sont en dialogue l un avec l autre est essentielle pour tous ceux qui veulent tudier la traduction Elle r f re Octavio Paz selon lequel tous les textes sont des traductions de traductions et qu il est ainsi impossible de faire la diff rence entre le lecteur et le traducteur Dans la traduction de notre corpus l interd pendance des textes est peut tre plus important que dans un corpus plus standard Le traducteur a d prendre en compte toutes les r f rences plus ou moins implicites et trouver les traductions d j existantes de ces citations La derni re page de VME est intitul e Post Scriptum et pr sente une longue liste d auteurs pr c d e par la phrase Ce livre comprend des citations parfois l g rement modifi es de Dans EK cette liste est naturellement suivie d une liste de tr
7. LA TH MATIQUE DU BLANC ET LA MISE EN ABYME DANS VME Dans cette partie nous tudierons comment la m tafiction et la construction mise en abyme se r alisent dans le roman Le livre comporte plusieurs r f rences m tafictives et m tatextuelles et notre choix s est port sur l une des plus videntes La quintessence de notre analyse le chapitre LI a t en effet choisi sur la base de sa structure et de son contenu tant une sorte de compendium du livre entier il nous offre d autre part un exemple significatif de la m tafiction perecquienne Les autres exemples sont peut tre moins vastes mais ils pr sentent des preuves aussi importantes de la m tafiction omnisciente dans le cadre de l uvre que le chapitre LI en son entier Serge Val ne est l un des personnages cl s du roman les autres tant Percival Bartlebooth et Gaspard Winckler En suivant l histoire de Val ne et de son point de vue des deux autres protagonistes nous essayerons de concr tiser un exemple du vide qui existe dans le livre Les personnages principaux ont t choisis pour l analyse car ils repr sentent simultan ment aussi bien l autor flexivit que l intertextualit 2 1 1 L autor flexivit dans le travail de Perec Le vide laiss par la perte des parents et par la rupture avec leur culture constitue le noyau existentiel de l uvre de Perec Selon Van Montfrans le vide central de l existence de Perec est reconnaissable dans son t
8. Merkkituote Magn B Merkkituote Entretien de Bernard Magn avec Ville Keyn s dans une mission de radio YLE 1 Enregistr e le 5 octobre 2006 SSVME 17 41 supposer que ce bref pr ambule utilise le puzzle comme une m taphore pour la litt rature Ainsi faisant il nous servira comme un m tatexte par excellence pour le r cit venir Voici un extrait de cette r flexion philosophique sur le puzzle seules les pi ces rassembl es prendront un caract re lisible prendront un sens consid r e isol ment une pi ce d un puzzle ne veut rien dire elle est seulement question impossible d fi opaque Ce qui compte alors c est que l ensemble des pi ces autrement dit des lettres et des mots forme une image finale Perec parle m me ce propos de caract re lisible ce qui voque in vitablement l criture Compte tenu du fait que Perec a utilis la m taphore du puzzle aussi pour relier ses propres uvres dans un contexte plus vaste nous pourrions prendre ce texte comme une r f rence la cha ne ternelle de la litt rature la continuit litt raire que Perec n a jamais cess de souligner Une preuve de l importance du contexte dans lequel il crivait est sans doute l abondance d une intertextualit originale dans ses textes c t d allusions d guis es apparaissent des r f rences explicites par exemple tout au d but du livre avant le pr ambule quand la toute premi
9. Pedersen J Perec ou les textes crois s Revue romane 29 Copenhague 1985 Perec G Life a user s manual Tr Bellos D London 1987 67 Rey Debove J Rey A 6ds Le Nouveau Petit Robert Dictionnaire alphab tique et analogigue de la langue francaise Paris 1993 Prince G Preliminary Discussion of Women in La vie mode d emplot Yale French Studies 105 2004 89 98 Ribi re M d Georges Perec Entretiens et conferences I 1965 1978 Nantes 2003 Ric ur P Sur la traduction Paris 2004 Rotkirch K Toinen tapa noutaa vett Parnasso 2 1996 179 184 Le Sidaner J M Entretien avec Georges Perec Georges Perec Arc 76 Paris 2005 Tremblay P Perec et le lecteur la construction d une oeuvre par le jeu Calliope Journal de litt rature et linguistique 1 2002 www extrudex ca cgibin extrudex articles cgi baronne le 31 janvier 2006 Van den Heuvel P Parole mot silence Paris 1985 Waugh P Metafiction The Theory and Practise of Self Conscious Fiction London 1984 68 Annexe 1 http escarbille free fr vme php Cahier des charges du chapitre LI D c HAPICATE Cat gorie Contrainte Commentaires Commentaires Page Pagel cs 51 chap m UN lt AN K K 10120 51 con position Mebout 10220 51 CO2 pa 10220 31 CO atom ed oja 10520 51 COS nb personnes i EILA ES 10720 51 Co7 B me secteur dictionnaire 0 10820 51 CO8 EE
10. Une mise en abyme donne souvent des signes autocritiques du texte Hallila ajoute aussi qu une construction mise en abyme peut tre utilis e comme un moyen de cr er de la coh sion et de la coh rence dans un roman dont la structure semble incoh rente et fragment e VME dans son abondance peut tre facilement consid r e comme une uvre irrationnelle Un tel jugement peut son tour permettre alors la mise en abyme de fonctionner comme un instrument de coh rence En analysant la mise en abyme D llenbach souligne tout d abord l effet r flexif du texte le r cit sp culaire le miroir comme une m taphore de la mise en abyme Il propose un classement qu il appelle une triple reconnaissance Selon sa th orie une mise en abyme SSD llenbach 143 S Ibid 143 Hallila 101 S8Ibid 102 YD llenbach 51 17 peut en effet tre r duite en trois types essentiels qui se r f rent surtout au m canisme de cette derni re et au fonctionnement de la r flexion une mise en abyme est comme un miroir interne r fl chissant l ensemble du r cit par r duplication simple r p t e l infini dans le tableau ou sp cieuse aporistique dans le tableau Plus tard D llenbach pr cise sa th orie en disant que l existance de types I II et III voir tableau 1 dessous depend de l objet de la r flexion une mise en abyme peut refl ter une m me uvre similitude la m me uvre mim tisme ou l uvre m
11. archives de l Association Georges Perec incluant les notes de l auteur et de nombreuses tudes sur VME De plus Bernard Magn le pr sident de l association et un chercheur renomm sp cialis sur Perec a assist Keyn s dans ses recherches Un grand nombre des explications donn es par Keyn s au cours d un entretien qu il nous a accord proviennent originalement de Magn Le traducteur finlandais ajoute qu il a utilis les traductions ant rieures de VME en particulier su doise et allemande dans son propre travail de r criture La traduction allemande ayant t faite en collaboration avec Perec lui m me peut tre consid r e comme une r f rence pour les autres traductions 2 2 1 La probl matique de la traduction Pour donner un contexte notre analyse de la traduction finnoise de VME nous pr senterons dans ce chapitre quelques aspects sur le travail de traduction litt raire et tout d abord un aper u du philosophe Paul Ric ur qui distingue deux approches possibles pour la traduction Nous pouvons soit prendre le terme de traduction au sens strict de simple transfert d un message verbal d une langue dans une autre soit le prendre au sens plus large quivalant l interpr tation d un ensemble signifiant l int rieur de la m me communaute linguistique Marianne Lederer dont l approche au travail de traduction est plut t pragmatique que philosophique diff rencie galement deux aspects de trad
12. gie 51 BP fuirouvynyle ou cuir ou vynyle KT DE s1 CN A O DE 51 C13 C pye mm 11420 51 C14 5 2 1520 51 C15 longueur i 12 pages 11620 51 C16 divers maladie 11720 51 C17 Jage et sexe AN DE s1 3 be Jeee F EA CE T C A S E Paja ap pe 1 11 RE fn een po o Le vieux peintre tenir cr can gompendium can gompendium ne la maison dans sa toile istoire du peintre qui peignit 090 51 hist lhistoire Limmeuble 290 291 Serge Val ne Il serait lui m me dans le tableau 51 51 pi i ce 51 dans sa chambre presque tout en 291 haut droite 51 51 pe ersonne 51 Val ne 291 vs 3 pe versome f1 Maine 29 Il serait debout cot de son 51 si lacs 51 tableau presque achev et il serait 291 r cis ment en train de se peindre lui m me action al ne est probablement dans sa vae E a a chambre 70
13. il est impliqu 1 3 2 La mise en abyme comme un effet litt raire La mise en abyme litt raire est une construction souvent utilis e dans la litt rature mais qui n a pas donn lieu beaucoup de recherches la th se de Lucien D llenbach Le r cit sp culaire Contribution l tude de la mise en abyme 1977 est une des rares uvres consacr es compl tement l analyse de la mise en abyme L tude de la mise en abyme dans ce travail se fonde en principe sur les id es issues de cette th se Pour mieux expliquer un ph nom ne relativement vaste nous pr senterons aussi un point de vue diff rent sur la mise en abyme un aspect s miotique introduit par Mieke Bal 1 3 2 1 D llenbach le miroir comme une m taphore de la mise en abyme Selon la d finition de D llenbach la mise en abyme repr sente un aspect l int rieur d une uvre aspect qui pr sente une similarit avec l uvre dans laquelle il existe Le terme mise en abyme a t mentionn pour la premi re fois par Andr Gide en 1893 Pourtant l id e de l uvre d art dans une uvre d art est beaucoup plus ancienne Hamlet de Shakespeare en est un exemple classique D llenbach utilise le blason qui r p te la m me image ou figure voir Image 1 pour repr senter son id e de la logique de l abyme Il explique que ce que r v le cette image famili re du blason c est qu en s ajoutant la possibilit d tre reproduite l iden
14. la fiction dedans la fiction La m tafiction tout en nous r v lant comment la fiction litt raire cr e ses univers imaginaires nous aide comprendre que la r alit quotidienne est construite d une fa on similaire et qu elle est galement erite Waugh constate aussi que la m tafiction contemporaine pr te attention au fait que la vie comme les romans se construit partir de cadres diff rents et qu il est finalement impossible de savoir o un cadre se termine et l autre commence Les jeux litt raires les constructions qui jouent avec des formes et des mots ainsi que la mise en valeur de la relation auteur lecteur sont tous des caract res typiques de la m tafiction Hallila ajoute que la typographie exceptionnelle et tous les moyens avec lesquels le texte est rendu plus visible le texte comme l ment et non comme forme de l illusion tant dans ce Waugh 5 McHale B Postmodernist Fiction London 1987 125 Waugh 5 TRey Dubove Rey 1618 Hallila 33 Waugh 18 Ibid 29 Hallila 103 Waugh 34 47 15 cas soulign fait partie des moyens de la m tafiction Le compendium du chapitre LI dans VME pourrait fonctionner comme un exemple de l effet produit par ce genre Pour conclure nous pourrions constater que la m tafiction souligne le r le actif du lecteur devenu un joueur qui participe la reconstruction et la d construction du roman dans lequel
15. le 2 novembre 2008 401 31 C est Perec lui m me qui a appel cette liste un po me Il explique qu il ne pourrait pas imaginer d crire de la po sie autrement qu en s imposant des contraintes vari es L intense difficult que pose ce genre de production et la patience qu il faut pour parvenir aligner par exemple onze vers de onze lettres ne me sont rien compar s la terreur que serait pour moi d crire de la po sie librement 7 Pour lui les contraintes repr sentent donc quelque chose de rassurant la libert apparente d crivain lui tant plut t une id e redoutable Comme partout dans le livre les contraintes ne sont pas parfaites il y a toujours des fautes d lib r es Un cart essentiel est sans doute le fait qu il n y a que 179 phrases ce qui a pour cons quence qu il manque la derni re phrase et ainsi la derni re manifestation de la lettre e La phrase 179 Le vieux peintre faisant tenir toute la maison dans sa toile doit tre plac e en dernier car la m me situation est voqu e dans l pilogue du livre Un tel d tail est une preuve claire de l importance de l inach vement dans VME Des blancs et des fautes doivent y coexister paradoxalement afin de parfaire l uvre L inach vement et sa pr sence dans des histoires tristes qui contiennent souvent quelque chose qui manque ou quelque chose que les protagonistes perdent sont des l ments primordiaux pour Perec Parmi ces histoir
16. me identit De notre point de vue le classement de D llenbach n est pas tout fait univoque Le tableau suivant 1 illustre l id e de D llenbach TYPES I Il III DEGRE D ANALOGIE r duplication r duplication r duplication l simple l infini aporistique similitude E mim tisme identit Tableau 1 Une triple reconnaissance selon D llenbach L autre type de classement qu il propose une sorte de sous classement du pr c dent nous parait plus clair et coh rent Il est construit sur la base d une analogie entre la mise en abyme et l objet qu elle refl te Premi rement la mise en abyme peut refl ter le r cit la fiction c est dire le r sultat du proc d litt raire mise en abyme fictive ou de l nonc Deuxi mement elle peut refl ter le proc d m me et sa r ception c est dire ses agents l auteur ou le lecteur ainsi que le contexte qui a conditionn cette production r ception mise en abyme de l nonciation Le troisi me cas de D llenbach s appelle la mise en abyme du code ou mise en abyme m tatextuelle qui refl te les m canismes du texte le syst me des 65 signes et des conventions en d autres mots le code textuel OD llenbach 51 52 Tbid 142 Ibid 142 Sbid 61 Ibid 100 Ibid 123 18 En r sum nous pouvons constater que la mise en abyme de l nonc refl te surtout le th me du r cit alo
17. peuvent constituer des familles des groupes et des esp ces en autres mots une chaine qui continue infiniment Le puzzle litt raire est donc une construction que l auteur et le lecteur fabriquent ensemble non pas simultan ment mais alternativement Dans une telle configuration les trous du puzzle les blancs font partie de l inach vement qui affirme la continuit En d autres mots il faut qu une uvre litt raire reste incompl te La chaine litt raire devenant ainsi infinie il ne sera jamais possible de la mener bout 1 3 M TAFICTION ET MISE EN ABYME 1 3 1 Metafiction fiction dans la fiction Le terme m tafiction r f re normalement un roman ou un autre texte fictif autoreflexif et conscient de soi m me en tant que roman Patricia Waugh constate que la m tafiction n est pas un sous genre litt raire mais plut t une tendance dans un roman qui utilise l exag ration des tensions et des oppositions inh rentes pour tous les romans il s agit d exag ration de la construction et de la d construction de l illusion Cette d finition s applique particuli rement bien VME ce roman contient en effet la fois une exag ration du fait de la multitude des histoires des personnages et des num rations et une Magne Georges Perec Magne B Georges Perec romancier Magn B d Romans et R cits Paris 2002 16 Joly 100 Ibid 101 Hallila M Metafiktion k site Teoreettine
18. poser les m mes questions que l auteur Cela ne veut pas dire que le lecteur doive trouver les m mes solutions que l crivain Il faut aussi accepter la pr sence des trous et le fait qu ils doivent subsister le but n tant pas de les remplir Le sens du th me autrement dit du puzzle n existerait galement pas sans l uvre D autre part l uvre m me VME n existerait pas en elle m me puisqu elle constitue une partie de la continuit litt rale de Perec et que la totalit de ses uvres forme un puzzle plus vaste que SVME 153 Ibid 153 Macherey P Pour une th orie de la production litt raire S rie Recherches 4 Paris 1971 116 Rotkirch K Toinen tapa noutaa vett Parnasso 2 1996 179 Le blanc chez Perec selon Panalyse de Kristina Rotkirch Le blanc n est plus un vide remplir mais une lentille par laquelle on regarde 9 celui du roman Comme le constate Tremblay VME peut se lire comme un parach vement qui permet la cohabitation de la plupart des sujets trait s par Perec dans ses uvres ant rieures Son sous titre romans marque pour sa part une telle pluralit th matique et formelle Pourtant le puzzle n est pas seulement un th me principal du roman puisqu il repr sente aussi sa structure g n rale C est un livre compos de morceaux dont les 99 chapitres donnent d j une indication pr liminaire sur son caract re fragment VME voque un immeuble parisien
19. s inh rentes aux multiples contraintes oulipiennes avec les n cessit s romanesques 1 1 3 La Vie mode d emploi un roman puzzle VME est sans aucun doute l uvre majeure de Georges Perec Elle a t publi e en 1978 et a obtenu le Prix Medicis la m me ann e C est un roman puzzle tous les niveaux Le lecteur lFlieder L Le roman fran ais contemporain Paris 1998 36 Kosonen P El m t sanoissa Eletty ja kerrottu ep jatkuvuus Sarrauten Durasin Robbe Grillet n ja Perecin omael m kerrallisissa teksteiss Tutkijaliiton julkaisu 97 Helsinki 2000 24 Ibid 52 Katajam ki S Veivo H ds Kirjallisuuden avantgarde ja kokeellisuus Helsinki 2007 231 240 B nabou M Roubaud J OuLiPo http www fatrazie com oulipo htm le 6 mars 2007 Flieder 53 est appel un travail de reconstruction quasi concret du texte le puzzle tant un l ment essentiel de l histoire principale Percival Bartlebooth est un millionnaire qui a d cid de sacrifier sa vie un projet difficile certes mais non irr alisable Apr s avoir appris l art de l aquarelle Paris gr ce au peintre Serge Val ne il voyage autour du monde et peint pendant vingt ans des tableaux ayant pour sujet de nombreux ports Envoy es Paris 500 aquarelles ont t coup es en pi ces de puzzle par l artisan Gaspard Winckler Pendant les vingt ann es suivantes les puzzles ont t reconstitu s par Bartlebooth et les puzzl
20. traduction du texte perecquien L introduction du travail pr sentait bri vement le corpus VME et l auteur dans son contexte litt raire D s le d but nous avons soulign le caract re la fois fragmentaire et complet de l uvre The interruption of the book becomes the continuation of the book comme l crit Italo Calvino contemporain et ami de Perec propos de son propre livre Se una notta d inverno un viaggiatore 1979 La premi re partie du travail s effor ait d voquer les diff rents niveaux du blanc litt raire et surtout du blanc perecquien le blanc comme un silence textuel et le blanc au niveau du th me ainsi qu au niveau de la structure Le concept de l intertextualit omnipr sent chez Perec a t galement li la th matique du blanc Pour donner l analyse une base th orique nous avons voqu la m tafiction travers la mise en abyme dans la partie 1 3 partie qui comprenait comme point de d part th orique la th se de Lucien D llenbach sur la mise en abyme Le r cit sp culaire Contribution l tude de la mise en abyme 1977 Pour pouvoir mieux comprendre ce ph nom ne relativement complexe nous avons galement pr sent un point de vue diff rent sur la mise en abyme un aspect s miotique celui de Mieke Bal Dans la deuxi me partie du m moire nous avons montr comment la th matique du blanc s exprime dans VME et comment la m tafiction en particulier la mise en abyme f
21. un nonc linguistique mais un blanc un manque qui fait partie int grante de la composition et qui signifie autant ou plus que la parole actualis e Macherey ajoute que le livre na t toujours d un certain silence que son apparition implique la pr sence d un non dit mati re laquelle il donne forme ou fond sur lequel il fait figure Le livre accompagne donc n cessairement une certaine absence sans laquelle il n existerait 29 pas Van den Heuvel constate galement que le silence est le fondement de toute expression que toute parole est issue du silence et y retourne Dans sa d finition du silence il dit que le silence est en m me temps lieu lumineux de refuge et de victoire et lieu obscur de danger et d faite Cela est le cas surtout chez Perec Le blanc pour lui repr sente la fois ce qu il est impossible de dire et en m me temps c est la raison d crire ce dont on doit parler Van den Heuvel propose une distinction de deux sortes de silences textuels le silence volontaire et le silence involontaire le vide introduit comme stratag me discursif et le manque qui r f re l indicible et l innommable Le vide r f re plut t ce que l crivain ne veut pas dire et le manque ce qu il ne peut pas dire Pourtant le silence ou le blanc en criture est un concept complexe en criture et la claire distinction propos e par Van den Heuvel peut tre difficile fai
22. une adresse imaginaire 11 rue Simon Crubellier immeuble qui forme donc une image du puzzle le mot pi ces signifiant aussi bien des chambres du b timent que les pi ces du puzzle L immeuble est r v l sous la forme d un tableau comme si sa fa ade avait disparu et que toutes les pi ces pouvaient tre vues la fois Pour quelqu un qui avait remarqu le caract re p trifi du roman Perec a expliqu que c est parce que le livre c est un tableau Le roman se passe en une seconde mais il raconte simultan ment des centaines d histoires et pr sente plus de mille personnages VME est une uvre fragment e et la lecture est de ce fait elle aussi fragment e Pascal Tremblay par exemple propose de la lire comme un labyrinthe mais un labyrinthe dont le but n est pas de sortir mais d esquisser tous les chemins possibles La fragmentation c est dire les blancs joue un r le important et c est cela qui d sacralise la litt rature parce que chacun peut y participer Comme Perec le constate lui m me C lest le livre potentiel Je voudrais qu apr s l avoir termin le lecteur le reprenne joue avec lui invente son tour C est ainsi que beaucoup d histoires sont r serv es non explicit es et que subsistent des nigmes pareilles aux pi ces manquantes d un puzzle Le r le du lecteur dans la reconstruction du texte est bien soulign par Adam qui dit que l objet de la repr sentat
23. une image L num ration fait partie de l univers fictif et demande alors le m me travail de traduction que les autres parties du texte Un exemple de l utilisation des listes est le chapitre LXVIII dont le sous titre est Escaliers 9 Ce titre est suivie d une explication Tentative d inventaire de quelques unes des choses qui ont t trouv es dans les escaliers au 183 fils des ans Le chapitre XCIV Escaliers 12 est form de la m me fa on son sous titre explicatif est quasi identique celui du chapitre LXVIII avec cette diff rence qu il inclut N 184 entre parentheses les termes suite et fin Il s agit donc de deux chapitres qui ne sont que de longues listes compos es d objets divers trouv s dans les escaliers Cela ne signifie nullement qu ils soient de moindre valeur que les autres chapitres du livre en ce qui concerne la construction des id es et la repr sentation du monde fictif de Perec Comme le constate Keyn s les objets ne parlent pas mais ils expriment des choses seulement par leur existence Dans cette d ordre d id es la liste des objets correspond un tissu qui dissimule des choses et des secrets Keyn s remarque galement qu avec ses listes Perec s inscrit dans la tradition plut t comique de Rabelais et Flaubert l effort consistant tout 185 faire rentrer dans la m me histoire provoque un effet comique Par exemple le chapitre XXXII Caves 1 se compose de plus de 4 pages d num
24. 0 Thid 271 1057 e Sidaner J M Entretien avec Georges Perec Georges Perec Arc 76 Paris 2005 36 27 L pilogue du livre montre Val ne mort reposant sur son lit Il est mort quelques semaines apr s Bartlebooth Smautf le domestique de Bartlebooth avait disparu le lendemain de la mort de Val ne Le chagrin de Val ne est clairement d crit la mort de son ancien l ve et la disparition de Smautf l avaient terriblement affect Encore une fois le c t sentimental de Val ne son caract re humain est soulign De son uvre majeure le tableau de l immeuble qu il a soigneusement pr par on dit que a toile tait pratiquement vierge quelques traits au fusain De plus l immeuble est presque vide Du point de vue du blanc la fin du livre en est surcharg e par une multitude de disparitions et de vides Marcel B nabou consid re Val ne comme un personnage cl du manque A son avis la fin du livre et m me son nom l anagramme du nom de Val ne tant enleva en sont des preuves Comme le constate aussi Joly les derni res lignes du livre sont encore un signe 109 Mais en se souvenant de d une postulation perecguienne d finitive vers le vide et le blanc l ambigu t du blanc dans le livre on arrive la definition que donne Perec lui m me de son livre en tant que tableau Val ne tant l un de ses pseudonymes Joly ajoute que le fait que le tableau de Val ne soit presque enti rement b
25. 79 d crivant le peintre m me a t conserv e au participe pr sent parce qu elle est d j un peu diff rente des autres ce qui fait qu une forme exceptionnelle ne d range pas l ensemble Dans VME la traduction des unit s de sens est bien plus complexe que dans les textes fictifs en g n ral Prenons la liste du chapitre LI comme exemple les 179 phrases num rot es repr sentent un compendium du livre total une sorte de compte rendu de l uvre Aussi forment elles un jeu de mots gigantesque recouvrant un mot secret me Pour le traducteur il ne suffit donc pas de traduire le sens des phrases une par une m me si les phrases semblent compl tement ind pendantes l une de l autre Il faut connaitre l existence de cette me et ob ir au jeu syst matique de l auteur et il faut galement trouver des mots qui expriment la fois le sens et qui satisfont aux crit res formels 1 P lage vainqueur d Alkhamah se faisant couronner Covadonga 2 La cantatrice exil e de Russie suivant Sch nberg Amsterdam 3 Le petit chat sourd aux yeux vairons vivant au dernier tage 1K eyn s V Entretien 2 FSVME 281 51 devient pour la traduction finnoise 1 Pelayo ly Alkhamahin Covadongassa n hd n kruunajaiskulkue 2 Laulajatar pyr ht Amsterdamiin Arnold Sch nbergi seuraten 3 Mutusilm inen kuuro pikkuinen kissa asettuu vinttikerrokseen Afin d accentuer l quivalence formelle
26. 98 un appel au secours comme un signal de d tresse Val ne devient donc un t moin du destin de Bartlebooth Effectivement les deux personnages principaux perdront quelque chose d essentiel avant leur mort Bartlebooth la vue Val ne la parole Le cas de Gaspard Winckler est tout aussi int ressant Il s enferme de plus en plus dans sa chambre ne sort plus ne mange plus on savait seulement qu il ne VME 90 Ibid 162 Sbid 162 Ibid 579 Dans l pilogue il est crit qu i 1 ne se nourrissait presque plus perdait ses mots laissait en suspens ses phrases 26 dormait presque plus On dirait qu il se prive de la vie volontairement Cela fait penser Bartleby qui pr f re ne rien faire jusqu l extr misme Chez tous les personnages principaux le manque devient donc concret tangible 2 1 2 4 Un peintre en abyme Paradoxalement si Val ne est un personnage tr s troitement li au vide et la chute il repr sente la fois la cr ativit et la continuit Un aspect divin et spirituel plut t rare chez Perec est galement introduit par lui Le fait qu il est le plus ancien locataire de la maison AU E 101 ceci est r p t au moins deux fois dans le texte r affirme son r le part Comme le blanc dans la pens e symbolique le personnage de Val ne repr sente simultan ment l aboutissement et le d part ou la renaissance La destruction de l immeuble est vo
27. 999 Bartleby r pond toujours 1 prefer not to Deleuze G Bartleby ja sanamuoto Bartleby Tr Sivenius P Helsinki 1999 68 23 les deux personnages litt raires les plus fascinants l un qui est la pauvret le d nuement absolu Bartleby l autre qui est la richesse et aussi une recherche de l absolu Barnabooth Comme Bartlebooth le Barnabooth de Larbaud a h rit d une fortune gigantesque et il a voyag autour du monde Si Bartleby repr sente le c t ludique Barnabooth pour sa part introduit un c t plus sombre D un c t Bartlebooth dans toute son absurdit et avec son projet irr aliste suscite une sorte d amusement de l autre il est un personnage au caract re extr mement triste et m lancolique soumis une obsession qui l encha ne la solitude et l obscurit ternelle aussi bien concr tement que symboliquement Bartlebooth meurt en construisant ses puzzles presque aveugle et reclus dans son appartement Le nom de Gaspard Winckler quant lui remonte directement l autobiographie semi fictive de Perec W ou le souvenir d enfance 1975 Tremblay indique que le travail de fragmentation de Perec est repr sent m tatextuellement par l occupation de Gaspard Winckler en r f rant au chapitre LXX o le travail de Winckler est voqu Gaspard Winckler avait videmment envisag la fabrication de ces cinq cents puzzles comme un tout comme un gigantesque puzzle
28. Comme il le constate dans le pr ambule du livre l ultime v rit du puzzle en d pit des apparences f T 234 ce n est pas un jeu solitaire Comme nous l avons vu la mise en abyme est selon D llenbach et plusieurs autres chercheurs un ph nom ne plus ou moins interne qui refl te quelque chose l int rieur du texte Nous avons aussi montr que dans notre corpus il existe des mises en abymes manifestes Conjointement nous avons prouv que le texte tudi se refl te non seulement l int rieur mais aussi l ext rieur du livre les citations cach es les impli citations et les allusions intertextuelles sont omnipr sentes dans une uvre qui peut tre baptis e de m tafiction claire L intertextualit et une sorte de d pendance des autres textes est tellement caract ristique pour VME qu elle ne peut tre ignor e dans aucune des recherches qui le concernent A la lumi re de l analyse de VME nous pouvons donc remettre en question le caract re strictement interne de la mise en abyme caract re pr sent essentiellement dans la th orie de D llenbach La th matique du blanc a t analys e aussi au point de vue de la traduction finnoise de VME Dans la partie 2 2 du travail nous avons bri vement voqu la probl matique d une traduction litt raire en g n ral en r f rant particuli rement aux id es du philosophe Paul Ric ur et de la linguiste Marianne Lederer Notre objectif t
29. Une intertextualite originalet 0ssss ssa AENEAS IT Nh enaa dress 36 2 1 5 Chapitres XXVI Bartlebooth 1 et XCIX Bartlebooth 5 L ironie des contraintes ossssn 38 2 1 6 Le Pr ambule et le Chapitre XLIV Winckler 2 L invitation un jeu nigmatique usosnn 41 2 2 LA TRADUCTION FINNOISE DE VME semesemnnennnennnenesennenensesersesessese 43 2 2 1 La probl matique de la traduction ser 44 2 2 2 Une alternance entre la correspondance et l quivalence dans la traduction de VME sssr 47 2 2 3 La traduction complexe du chapitre LI 51 2 2 4 La traduction du chapitre LIX Hutting 2 54 2 2 5 La traduction des chapitres XXVI Bartlebooth 1 et XCIX Bartlebooth 5 56 2 2 6 La traduction du Pr ambule et du Chapitre XLIV Winckler 2 58 3 CONELUSION oinn rsmtim t nova m r n eva k K nev K K NEVEEAKSKEVEK K KEVEKEK KENEK K NENEKSKNKENEK K KEVEKSKEKSKEE 62 BIBEIOGRAPHIE uivan susasaa sua sua ovea susa ansa sua usa susa ansa sua usa ou aa ansa ouua v ua susa ansa vuua Suen ua Sudan 66 ANNEXE Timm tamas AAAA EURA KOKNKURN KUN dunes 69 ase AIN AISIKON KIIN RAI SISSI AIN SA ESK assa 15 1 INTRODUCTION L INACHEVEMENT PAR LE BLANC Le point de d part de ce m moire de ma trise est l existence du blanc du vide dans La Vie mode d emploi 1978 de Georges Perec 1936 1982 Ce travail s efforce de montrer qu il y a une attirance omnipr sente envers le blanc et envers le vide chez Per
30. Une lecture de l inach vement par le blanc dans La Vie mode d emploi de Georges Perec et sa traduction finnoise El m K ytt ohje M moire de master Sanna Virta Universite de Jyv skyl Institut des langues modernes et classigues Philologie romane Mars 2009 JYV SKYL N YLIOPISTO Tiedekunta Faculty Laitos Department Humanistinen Kielten laitos Tekij Author Sanna Virta Ty n nimi Title Une lecture de l inach amp vement par le blanc dans La Vie mode d emploi de Georges Perec et sa traduction finnoise El m K ytt ohje Oppiaine Subject Ty n laji Level romaaninen filologia pro gradu tutkielma Aika Month and year Sivum r Number of pages Maaliskuu 2009 68 s liite 2 s Tiivistelm Abstract T m pro gradu tutkii tyhjyyden ja sit kautta keskener isyyden tematiikkaa ranskalaisen kirjailijan Georges Perecin 1936 1982 romaanissa La Vie mode d emploi 1978 sek sen suomennoksessa El m K ytt ohje 2006 Tyhjyys k sitet n t ss ty ss keskener isyytt ilment v n teemana joka esiintyy romaanissa niin sis ll llisell kuin rakenteellisella tasolla Ty n l ht kohtana on tutkia romaanissa esiintyvi erilaisia tyhjyyden ja keskener isyyden ilmenismuotoja sek mise en abyme eli upotusrakenteen roolia teeman ilment misess Ty n ensimm inen osa esittelee lyhyesti korpuksen ja kirjailijan kontekstissaan sek k sittelee tyhjyytt ja
31. a t relativement fructueuse puisqu on pourrait dire qu il est m me renomm apr s un d but difficile d crit sous les termes 131 N A la suite de son succes les ann es heroigues de sa p riode brouillard et du mineral art il a voulu devenir portraitiste Comme il ressentait d j que sa r putation avoisinait le culte il n a eu pas de difficult s pour trouver des clients et certains de ceux ci au contraire le suppliaient de faire leur portrait Mais Hutting ne serait pas un peintre perecguien si quelque chose ne faisait pas d faut en lui Nous pourrions dire que Hutting comme Val ne fait partie de la lign e litt raire des peintres rates mentionn e plus haut au chapitre 2 1 3 1 La cr ativit artistique n tait pas vidente pour Hutting non plus Son probl me comme pour ses autres entreprises picturales tait de mettre au point un protocole original de trouver comme il le disait lui m me une recette qui lui permettrait de bien faire sa cuisine Pour pouvoir cr er une peinture unique et m morable il utilise une technique sp cifique qui consiste en des r gles plus ou moins ridicules Sa m thode suscite surtout l hilarit chez le lecteur et la cons quence en est l apparition d un ton ironique l gard du personnage de Hutting SIVME 337 Ibid 337 B3Montfrans van 262 B4VME 337 34 Hutting utilisa une m thode que disait il un mendiant mul tre rencontr dans un b
32. a nage Calvi notant avec satisfaction que le maire l attend avec un os Quelquefois le jeu de mots de Perec demande pourtant quelques modifications suppl mentaires dans la traduction L exemple suivante d j compliqu e en fran ais trouve une forme originale en finnois EK 322 Ce mot cach nous a t expliqu par Ville Keyn s VME 338 Ce mot cach nous a galement t expliqu par Ville Keyn s 213 EK 323 VME 339 55 19 L acteur Archibald Moon h site pour son prochain spectacle entre Joseph d Arimathie ou Zarathoustra 19 N yttelij Archibald Moon ep r i esitt isik seuraavaksi Joosef Arimatialaista vaiko Zarathustraa vaikka on jo tilannut keh rimat juustolaatikkoa varten Ce portrait contient donc le nom de l auteur Harry Mathews Dans le premier exemple il est crit comme il est prononc en francais et dans le deuxi me exemple le nom s crit naturellement selon la prononciation finlandaise Il faut noter que le texte de Perec ne contient aucune allusion juustolaatikon keh rimat en fran ais Keyn s explique aussi qu en r alit en finnois il n existe pas exactement une telle expression comme juustolaatikon keh rimat et qu il a d inventer quelque chose juste pour y faire rentrer le nom d guis Comme nous l avons d j not au chapitre 2 1 4 2 Perec ne s est pas oubli lui m me non plus et s est install dans le portrait num ro vingt qui est en m me temps
33. a petite fille qui mord dans un coin de son petit beurre Lu offre une solution une question du chapitre qui manque le livre contient en effet 99 chapitres Aussi la traduction doit elle se trouver la m me place comme elle est une r ponse justement l inexistence du chapitre num ro 100 Le jeu de mots qui existe en fran ais Lu est une marque de biscuits mais c est aussi une forme du participe pass de lire ce qui a t lu n est pas possible en finnois Le traducteur a longtemps cherch une solution mais incapable de la trouver il a d se contenter de l quivalence litt rale Tytt nen haukkaa 205 sangen somasti ihan pikku murun Lu keksist Cette phrase se r f re galement au chapitre LXV dont la derni re phrase se termine sur les mots une vieille bo te biscuits fer blanc carr e sur le couvercle de laquelle on voit une petite fille mordre dans un coin de son petit beurre et en finnois se oli vanha peltinen keksilaatikko jonka kannessa on kuva pikkutyt st puraisemassa voileip keksin nurkkaa Keyn s indigue gue le texte ne donne aucune allusion a Lu et gue celle ci se trouve seulement dans le compendium La traduction de la phrase num ro 100 tait une des rares TEK 269 Comme d tail de la finesse du style nous pouvons noter comment le traducteur a su garder l allit ration et le style l ger de l original le mot vitiste n tant pas un mot standard
34. aducteur le texte source est toujours un texte parfait Comme le constate le traducteur William Olivier Desmond dans son essai le texte original est la r f rence absolue du traducteur le texte dont on me confie la traduction doit tre consid r m me s il ne l est pas en soi litt rairement syntaxiquement ou philosophiquement comme un texte o tout est prendre en consid ration autrement dit parfait la lumi re de cette id e l ventuelle lourdeur du pr ambule de VME tant d lib r e ne doit pas tre modifi e par le traducteur IKeyn s V Entretien 1 Keyn s V Entretien avec le traducteur Ville Keyn s Helsinki le 28 octobre 2006 Desmond W Paroles de traducteur De la traduction comme activit jubilatoire Biblioth que des Cahiers de l Institut de Linguistique de Louvain 116 Louvain la Neuve 2005 42 61 3 CONCLUSION Le but de ce m moire de ma trise tait d une part de montrer que le blanc est un l ment essentiel chez Perec et d autre part d tudier comment il s exprime dans notre corpus VME Le deuxi me objectif du travail tait d tudier la fonction de la m tafiction surtout de la construction mise en abyme comme un instrument exprimant le blanc dans notre corpus Troisi mement nous avons examin la traduction finnoise de VME comment le blanc th matique et structurel peut tre traduit et quelles difficult s particuli res ont t rencontr es dans la
35. aducteurs Suomennoksessa on joskus v h n muokattuja lainauksia seuraavilta suomentajilta Ceci nous servira d exemple concret sur l interd pendance des textes dans le travail de traduction la traduction d une uvre n cessite galement la connaissance d autres textes 2 2 2 Une alternance entre la correspondance et l quivalence dans la traduction de VME Lederer parle de la dualit de traduction en disant que dans toute traduction il s agit d une alternance entre des correspondances autrement dit de la fid lit la lettre et des quivalences en d autres mots libert l gard de la lettre Dans la traduction de VME cette alternance devient presque tangible Le texte de Perec comprenant souvent des jeux de mots et des sens cach s exige simultan ment la correspondance au niveau formel ainsi que l quivalence du sens Par exemple la phrase Je cherche en m me temps l ternel et l ph m re qui se trouve au d but du dernier chapitre de VME peut tre saisie litt ralement Elle comprend pourtant galement un niveau autre le dernier mot l ph m re incluant les mots p re et m re Le traducteur bien conscient de ce TBassnett S Teoksesta toiseen Tr Helander K et al Tampere 1995 99 TVME 636 TEK Perec G El m k ytt ohje Tr Keyn s V Helsinki 2006 618 781 ederer 83 PYME 574 47 0 Comme d tail a traduit cette phrase comme Etsin samanaikaisesti
36. al ne appara trait lui m me dans son propre tableau et commencent d une mani re presque similaire I serait lui m me 112 113 dans le tableau Il serait lui m me dans son tableau Le troisi me paragraphe repr sente une construction gigogne concr te dont l auteur semble conscient puisqu il mentionne m me ces images en abyme Il serait debout c t de son tableau presque achev et il serait pr cis ment en train de se peindre lui m me esquissant du bout de son pinceau la silhouette minuscule d un peintre en longue blouse grise avec une charpe violette sa palette la main en train IVME 281 Ibid 279 Thid 280 29 de peindre la figurine infime d un peintre en train de peindre encore une fois une de ces images en abyme qu il aurait voulu continuer l infini comme si le pouvoir de ses yeux et de sa main ne connaissait plus de limites Les deux derniers paragraphes avant la liste commencent exactement avec les m mes mots JI se peindrait en train de se peindre Le chapitre LI relate un r ve de Val ne et il s agit litt ralement de fiction dans la fiction Un personnage du blanc y devient un personnage de la pl nitude et parvient s y multiplier au moins dans ses r ves L aspect onirique et imaginaire de ce chapitre parvient au lecteur au niveau formel travers l usage cons quent du conditionnel tout au long du texte exception faite pour la liste qui a
37. anque fondamental de Perec Selon Maurice Corcos le cache cache se r p te dans l criture de Perec on se cache pour tre d couvert Il r f re justement au traumatisme de l enfance de Perec c est dire l enfant qui ne fut jamais 126 5 Une telle me peut naturellement tre analys e au niveau d couvert par sa m re philosophique et symbolique et tout le livre en tant qu uvre fictive peut tre interpr t selon de nombreux point de vues valables dans la mesure o chaque interpr tation pourra tre justifi e la fiction ne comporte jamais une seule v rit Dans le cas qui nous int resse il ne faut pourtant pas oublier que dans ce livre le point de d part pour l criture est toujours un sch ma ou des r gles que Perec a pr vu avant la r daction de l uvre il a produit des listes des l ments obligatoires qui doivent exister dans chaque chapitre Comme tous les autres chapitres du livre le chapitre LI poss de donc des contraintes pr destin es Tout en haut de la liste se trouve une citation 1 bas e sur Kafka et une citation 2 bas e elle sur Freud Pour cette raison et pour la raison que tout le chapitre est un r ve nous pouvons supposer que cette me cach e est une allusion au second m me si les citations impos es par Perec sont souvent parfaitement implicites des impli citations me et r ve renvoient facilement Freud et sa th orie psychanalytique Comm
38. ant d un c t de montrer les difficult s particuli res de la traduction du texte perecquien et de l autre d tudier comment le blanc peut tre reproduit nous avons repris les chapitres d j analys s dans la partie 2 1 Ce faisant nous avons pu comparer le texte original et l interpr tation du traducteur Ville VME 20 25 Voir note 129 pour l origine de ce terme 63 Keyn s En principe le traducteur a r ussi transmettre la th matique du blanc aussi bien au niveau de la narration qu au niveau de la structure Il est galement parvenu r soudre la majorit des difficult s particuli res incluses dans le texte perecquien les jeux des mots et les impli citations Se souvenant que la traduction n est jamais qu une interpr tation parmi de nombreuses possibles nous parviendrons la d finition du traducteur William Olivier Desmond Lire un texte le lire dans sa propre langue c est d j traduire La lecture tant un d chiffrement et souvent en outre un d cryptage de symboles est fondamentalement un acte de traduction Notre analyse de la traduction n tant qu un aper u sommaire sur une th me sp cifique nous pouvons pourtant remarquer l exigence du travail et la comp tence du traducteur L analyse de la traduction d une uvre aussi abondante et multidimensionnelle qu est notre corpus VME m rite toujours l attention des chercheurs Notre point de vue tant plut t th matique la traduct
39. ar mis rable de Long Island lui avait r v l e contre trois tourn es de gin mais dont malgr son insistance il n avait pas voulu d voiler l origine Il s agissait de choisir les couleurs d un portrait chiffres cl s fournis le premier par la date et l heure de la naissance du tableau naissance voulant dire premi re s ance de pose le second par la phase de la lune au moment de la conception du tableau conception se r f rant la circonstance qui avait d clench le tableau par exemple un coup de t l phone proposant la commande et le troisi me par le prix demand 5 Nous supposons qu une m thode aussi absurde renvoie la m thode d crire de Perec La connaissance du syst me compliqu la base de la cr ation de VME la machine crire conduit l id e que l autod rision de ce chapitre semble incontestable Sans m me connaitre les contraintes et r gles de Perec le chapitre fonctionne galement comme un point de vue ironique sur l art en g n ral L importance de l inach vement est toujours soulign e par Perec Les portraits de Hutting ne connaissant pas un succ s vident l explication de cet chec est qu il applique sa m thode trop rigoureusement Mais peut tre parce qu il l appliqua avec une trop grande rigidit il obtint des r sultats Saez N A 136 qui d concert rent plus qu ils ne s duisirent Egalement la manie de disposer son travail y compris so
40. aukkoisuutta kirjallisuudessa yleens ja erityisesti sen merkityst Perecin kirjallisessa tuotannossa Ensimm inen osa k sittelee my s romaanissa laajasti esiintyv intertekstuaalisuutta ja esittelee mise en abyme rakenteen yhten metafiktion muodoista Mise en abyme rakenteen teoreettinen tutkimus pohjautuu t ss ty ss p asiassa Lucien D llenbachin v it skirjaan Le r cit sp culaire Contribution l tude de la mise en abyme 1977 Analyysiosassa tutkitaan tyhjyyden teeman ja mise en abyme rakenteen esiintymist romaanissa La Vie mode d emploi Tutkimustulokset osoittavat ett tyhjyyden teema ja mise en abyme rakenteet ilment v t nimenomaan keskener isyyden ja ep t ydellisyyden merkityst Tekstist voidaan erottaa D llenbachin m rittelem t erilaiset mise en abyme luokittelut joten puutteistaan huolimatta kyseinen teoria soveltuu t m n tyyppisen kirjallisuuden tutkimuksen tekemiseen Analyysiosassa teeman ilmeneminen esitell n ensin romaanin p henkil iden kautta ja sen j lkeen erilaisilla kirjan kappaleista koostuvilla esimerkeill Analyysi tuo my s esiin Perecille ominaisen s nt kirjoittamisen ja monimutkaiset sanaleikit jotka osaltaan ilment v t keskener isyyden merkityst koko romaanin olemassaolon kannalta Rakenteellinen ja teemallinen aukkoisuus korostaa siten romaanin pelinomaisuutta sek lukijan osallistumista kirjallisen pelin rakentamiseen ja merkitysten luomiseen Tutkimustulosten
41. avail L objectif global de ce travail consistera ainsi analyser un inach vement omnipr sent dans le texte que celui ci apparaisse sous la forme d un blanc ou qu il soit inclus dans le concept de mis en abyme L analyse de la traduction concr tisera et claircira pour sa part une telle analyse 1 1 G N RALIT S 1 1 1 Le blanc fondamental de Perec Georges Perec n Paris en 1936 avait des parents juifs polonais qui sont tous deux d c d s durant la Seconde Guerre mondiale son p re est mort au front en 1940 et sa m re Auschwitz deux ans plus tard Perec est donc devenu orphelin l ge de 6 ans et a t adopt par sa tante apr s la guerre On peut se demander si ce manque fondamental manque de racines et d identit n a pas produit le d sir de continuit en ce qui concerne son travail ce que j esp re pour les lecteurs et les gens qui criront apr s moi c est que j occuperai l emplacement d une de ces pi ces du puzzle et qu ma mort je laisserai une place quelqu un pour qu il crive son tour Mon uvre sera un jour la fois inachev e et achev e Inachev e parce que j ai tout dire comme tout crivain Il y a une forte tendance l autobiographie chez Perec et il n est pas surprenant que l une de ses uvres les plus connues soit W ou le souvenir d enfance 1975 une uvre semi autobiographique semi fictive Les trois personnages c
42. bach qui oublie selon elle l aspect s miotique Bal implique par cela que D llenbach n examine pas le statut de la mise en abyme comme un signe entre autres Elle reconnait cependant que sa pr sentation n est qu un point de d part possible pour la discussion de la mise en abyme N A HAA 0 comme un signe et n a pas pour but d tablir une nouvelle th orie SMakkonen Lukija Makkonen A Lukija l hdetk mukaani Suomalaisen Kirjallisuuden Seuran toimituksia Helsinki 1997 84 Ibid 84 Ibid 20 D llenbach dans Makkonen Romaani Makkonen A Romaani katsoo peiliin Suomalaisen Kirjallisuuden Seuran toimituksia 689 Tampere 1991 20 L interpr tation de la construction mise en abyme comme un mode d emploi nous conduit r fl chir au titre de l uvre analys e ici VME Un tel point de vue conduit en effet penser qu il pourrait r f rer pr cis ment la construction mise en abyme dans l uvre Bal M On Meaning Making Essays in Semiotics Foundations amp facets Literary facets Sonoma California 1994 46 19 De notre point de vue le concept de la mise en abyme est si int ressant qu il m rite d tre abord sous plusieurs angles Nous partageons ainsi l avis de Bal de la mise en abyme comme une marque significative Elle constate que c est l ind pendance relative de la mise en abyme qui pourrait suffire lui accorder un statut de signe Par le terme d ind pendance Bal r f re
43. dans le texte fran ais Muutaman kuukauden ajan Hutting sovelsi menetelm jonka kertoi saaneensa mulattikerj l iselt er ss Long Islandin r hj isess baarissa kolmea ginipaukkua vastaan t m ei kuitenkaan taiteilijan painostuksesta huolimatta suostunut paljastamaan menetelm ns alkuper Siin muotokuvan v rit valittiin yhdeks st vakiov rist kolmen avainluvun perusteella ensimm inen taulun syntym hetken p iv m r n ja kellonajan mukaan mik tarkoitti ensimm ist istumista mallina toinen taulun siitt misen kuunvaiheen mukaan mik viittasi taulun maalausprosessin k ynnistymishetkeen esimerkiksi puhelinsoittoon jolla taulu tilattiin ja kolmas taulusta pyydetyn hinnan mukaan M me pour un lecteur compl tement ignorant du niveau m tafictif du texte Hutting repr sente un peintre rat de plus ridicule dans toute sa volont artistique au sein de la confr rie des autres peintres rat s du livre Val ne et Bartlebooth Ce que le traducteur a bien r ussi transmettre c est l absurdit et la caract ristique ridicule du texte K eyn s V Entretien 2 Ibid Cette solution a t emprunt e la traduction anglaise de David Bellos voir Perec G Life a user s manual Tr Bellos D London 1987 POEK 321 54 L intertextualit dissimul e dans la liste des portraits de Hutting pose encore des difficult s particuli res la traduction Comme la liste existe en premier
44. de Georges Perec Paris 2005 Deleuze G Bartleby ja sanamuoto Bartleby Tr Sivenius P Helsinki 1999 Desmond W Paroles de traducteur De la traduction comme activit jubilatoire Bibliotheque des Cahiers de l Institut de Linguistique de Louvain 116 Louvain la Neuve 2005 Dupuis J La pi ce manquante www interdits net 2003aout perec htm le 3 d cembre 2007 D llenbach L Le r cit sp culaire Contribution l tude de la mise en abyme Po tique Paris 1977 Flieder L Le roman fran ais contemporain Paris 1998 Hallila M Metafiktion k site Teoreettinen konstekstuaalinen ja historiallinen tutkimus Joensuun yliopiston humanistisia julkaisuja 44 Joensuu 2006 Joly J L Georges Perec et Paul Auster Une musique du hasard The Romanic Review 1 2 2004 99 134 66 Jullien D Portrait de l artiste en mille morceaux les avatars du roman d artiste dans La Vie mode d emploi The Romanic Review 3 1992 389 404 Katajam ki S Veivo H ds Kirjallisuuden avantgarde ja kokeellisuus Helsinki 2007 Keyn s V Entretien 1 Entretien de SV avec le traducteur Ville Keyn s Helsinki le 28 octobre 2006 Keyn s V Entretien 2 Entretien de SV avec le traducteur Ville Keyn s Helsinki le 9 octobre 2008 Kosonen P El m t sanoissa Eletty ja kerrottu ep jatkuvuus Sarrauten Durasin Robbe Grillet n ja Perecin omael m kerrallisissa teksteiss Tutkija
45. de cinq cents pi ces dont chaque pi ce en Eri Ja 89 aurait t un puzzle de sept cent cinquante pi ces Tremblay propose aussi une certaine homologie entre le couple Winckler Bartlebooth et le couple Perec lecteur le lecteur devient Bartlebooth essayant de d jouer les ruses fragment es de Winckler Perec Avec de tels personnages Perec fait des r f rences d un c t la litt rature ant c dente de l autre sa propre histoire litt raire soulignant encore l importance de la continuit et le caract re puzzle de son uvre entier 2 1 2 2 Le personnage de Serge Val ne Serge Val ne l origine de son nom n est pas connue le plus vieil habitant de l immeuble du 11 rue Simon Crubellier est le peintre qui enseigne Bartlebooth l art de l aquarelle Il est Ribi re M d Georges Perec Entretiens et conf rences I 1965 1978 Nantes 2003 238 STI arbaud V Oeuvres Paris 1958 1146 Larbaud d crit Barnabooth de la fa on suivante Malgr son enjouement et sa brutale franchise M Barnabooth est sujet de fr quentes et longues m lancolies Il reste plusieurs jours en proie une noire tristesse dont rien ne peut le distraire Tremblay VME 402 Tremblay 24 donc indispensable pour le projet de ce dernier et fait partie de l histoire principale du roman Quand Val ne est voqu dans le roman c est souvent lui qui semble tre un narrateur celui qui raconte l hi
46. dit au syst me d crire de Perec et aux r gles de VME en g n ral Nous pouvons donc l appeler une sorte de mise en abyme la mise en abyme du code ou m tatextuelle m me si le cas n est pas aussi clair que dans les chapitres analys s auparavant Ce qui est frappant dans ce projet c est ce qu il domine toute la vie de Bartlebooth et que son 147 motif semble tre le n ant absolu parti de rien Bartlebooth reviendrait au rien Le projet est aussi appel un projet unique dont la n cessit arbitraire n aurait d autre fin qu elle A 148 meme L absurdit de tout programme devient donc d j vidente dans cette d finition Un certain aspect ironique peut appara tre dans ce plan m galomane qui d un c t suscite amusement comme Hutting dans le chapitre LIX mais de l autre introduit un aspect sombre et pessimiste Nous trouvons une dualit similaire dans la d finition du blanc perecquien d une part les blancs symbolisent le manque fondamental d autre part ils forment une base pour le travail cr atif de Perec L existence de sa fiction d pend de ces trous et ce sont les blancs le tissu trou de son texte qui le rendent int ressant au lecteur En fin de compte il faut en effet que le lecteur re construise le puzzle en le lisant Bartlebooth meurt avant de pouvoir accomplir sa mission excentrique Comme le projet de Val ne le projet de Bartlebooth restera donc ternellement inachev En fait il meur
47. e textes une intertextualit Jean Michel Adam ajoute qu il s agit d un espace non homog ne mais pluriel ouvert l h t rotextualit et que l intertextualit ins re l nonc dans la cha ne infinie des discours Terme introduit pour la premi re fois par Kristeva dans son uvre La R volution du langage po tique l intertextualit est d finie comme une transposition d un ou de plusieurs syst mes des signes un autre syst me Elle pr cise que l intertextualit est un statut dialogique o tout nonc autre est un acte de presupposition Adam ajoute que par l intertextualit tout texte est un discours m talinguistigue critiguant et N La 38 transformant des th mes ou des textes convoqu s L num ration et les listes descriptives font partie de la structure de VME et peuvent tre regard es aussi comme une forme de l intertextualit Les listes cr ent une rupture dans l histoire et de cette rupture nait une sorte de blanc Les listes apportent aussi un aspect humoristique du fait de leur minutie exag r e Avec ses listes et ses descriptions encyclop diques Perec rend hommage aux crivains r alistes comme Balzac Flaubert et Verne qu il admirait ouvertement et qui sont connus pour leurs descriptions scientifiques et techniques Cela peut tre interpr t galement comme une protestation contre le Nouveau Roman qui voulait que la litt rature soit lib r e de la forme trad
48. e donc dans sa capacit d interrompre la narration ainsi que dans sa pertinence elle refl te l ensemble du roman ou l autre type du texte en question Comme nous l avons vu la mise en abyme est loin d tre un concept univoque et simple Dans ce travail nous r fl chirons aux deux caract res dominants de VME l intertextualit et la m tafiction Comme le chapitre 1 3 nous l a d montr la mise en abyme a t comprise principalement comme un aspect int rieur de l uvre dans la th orie de la m tafiction D llenbach pr tend en particulier que le roman qui se r fl chit soi m me ne pourrait pas simultan ment refl ter les autres uvres De notre point de vue un texte auto r flecteur peut r fl chir galement les autres textes Dans la partie suivante du travail nous montrerons comment la mise en abyme et l intertextualit se r alisent dans VME et galement dans sa traduction finnoise El m K ytt ohje TC est nous qui soulignons les mots en italique expansion interruption et signification Bal 57 Ibid 57 An icon can also have any possible meaning pointing to any referent but the meaning of icon mise en abyme will be an aspect pertinent and continuous to the entire novel The meaning of a mise en abyme will thus be more expansive than that of the icon D llenbach 164 Plus le roman r fl chira lui m me moins il aura de chances de servir de miroir autre chose gue lui 21 2 ANALYSE 2 1
49. e finlandais l utilisation du point virgule par exemple est beaucoup plus rare qu en fran ais crit et en principe on essaye d viter les phrases longues et complexes ce qui n est pas n cessairement le cas dans la langue fran aise Ici le traducteur a d lib r ment choisi de respecter la structure de l original ce qui est sans doute la meilleure solution Au d part l art du puzzle semble un art bref un art mince tout entier contenu dans un maigre enseignement de la Gestalttheorie l objet vis qu il s agisse d un acte perceptif d un apprentissage d un syst me physiologique ou dans le cas qui nous occupe d un puzzle de bois n est pas une somme d l ments qu il faudrait d abord isoler et analyser mais un ensemble c est dire une forme une structure l l ment ne pr existe pas l ensemble il n est ni plus imm diat ni plus ancien ce ne sont pas les l ments qui d terminent l ensemble mais l ensemble qui d termine les l ments la connaissance du tout et de ses lois de l ensemble et de sa structure ne saurait tre d duite de la connaissance s par e des parties qui le composent cela veut dire qu on 2TVME 17 28FK 15 59 peut regarder une pi ce d un puzzle pendant trois jours et croire tout savoir de sa configuration et de sa couleur sans avoir le moins du monde avanc seule compte la possibilit de relier cette pi ce d autres pi ces et en ce sens il y a quelque chose de commun ent
50. e l indique Adam le r ve y occupe une place centrale Le r ve est avant tout un texte d chiffrer une structure interroger structure qui comprend le d sir dont le r ve est la r alisation SVME 398 126Corcos 79 Le sch ma complet le Cahier des charges de La Vie mode d emploi contenant les grilles des contraintes pour chaque chapitre n a t publi qu apr s la mort de l auteur en 1993 Il est disponible sur le site http escarbille free fr vme php PSVoir annexe Cahier des charges du chapitre LI Magn De l exhibitionnisme 401 Impli citations est un terme invent par Magne pour d crire les citations de Perec Adam 328 33 Au niveau m tafictif la liste de Val ne comprend les trois mises en abymes de D llenbach Le tableau imaginaire du personnage peintre repr sente la fois la mise en abyme fictive refl tant le contenu du roman et la mise en abyme du code refl tant la structure du roman L existence de Val ne le vieux peintre faisant tenir toute la maison dans sa toile et l me cach e d finissent galement une mise en abyme de l nonciation refl tant l auteur 2 1 4 Chapitre LIX Hutting 2 2 1 4 1 L importance de l inach vement Le protagoniste du chapitre est le peintre Hutting qui comme Val ne habite dans les anciennes chambres de bonnes au plus haut de l immeuble Pourtant son appartement est beaucoup plus grand que celui de Val ne et sa carri re
51. e la mise en abyme 1977 La deuxi me partie du m moire sera consacr e l analyse de VME D une part nous montrerons comment le blanc est exprim par les personnages principaux surtout par Serge Val ne d autre part nous analyserons la th matique du blanc exprim e par la m tafiction surtout par la mise en abyme Si le silence ou le blanc perecquien semble avoir un ton plut t pessimiste il ne s agit nullement d un texte du n ant Au contraire les blancs fonctionnent comme un point de d part pour la communication aussi bien entre l auteur et le lecteur qu entre l auteur et ses ant c dents litt raires La m me th matique du blanc sera analys e aussi du point de vue de la traduction dans la partie 2 2 Cette partie du m moire sera consacr e la traduction finnoise par Ville Keyn s de VME El m K ytt ohje Du fait de ses contraintes complexes et de sa multitude de r f rences la traduction de VME a t un projet particuli rement exigeant pour le traducteur L objectif de la partie analyse est de r fl chir au d licat probl me de savoir comment le blanc qui sera pr sent plusieurs niveaux du texte peut tre traduit Pour pouvoir mieux comprendre la probl matique de la traduction d un texte perecquien nous pr senterons quelques approches de la traduction en g n ral ainsi que des probl mes philosophiques et linguistiques auxquels le traducteur est souvent confront au cours de son tr
52. e texte source et la traduction soit n e justement de la vision d une image De ce point de vue l abondance des peintures peut tre un l ment qui facilite le travail du traducteur le texte est d j visualis Sauf que la vision n existe bien s r que dans les mots le traducteur n ayant pas la peinture ou l image concr te devant ses yeux Quel est donc le texte que traducteur restitue Il ne restitue qu une lecture qu une interpr tation parmi de tr s nombreuses possibles 2 2 6 La traduction du Pr ambule et du Chapitre XLIV Winckler 2 Comme nous l avons constat dans le chapitre 2 1 6 le pr ambule sert d une sorte de m tatexte pour l uvre en utilisant le puzzle comme une m taphore pour la litt rature Le m me texte avec ses images des pi ces de puzzle se r p te au milieu du livre au d but du chapitre XLIV La traduction comme le texte original indique donc au lecteur comment il peut se pr parer au jeu litt raire de Perec Le caract re du puzzle est la quintessence de ce petit texte qui est part du r cit principal du livre 224 EK 550 Jullien D Portrait de l artiste en mille morceaux les avatars du roman d artiste dans La Vie mode d emploi Romanic Review 3 1992 402 Voir chapitre 2 2 1 page 46 58 l l ment ne pr existe pas l ensemble il n est ni plus imm diat ni plus ancien ce ne sont pas les l ments qui d terminent l ensemble mais l ensemble qui d
53. ec m me si elle est souvent implicite et dissimul e derri re une structure satur e parfois exhaustive du fait de son abondance et de ses listes qui paraissent infinies Le corpus du travail La Vie mode d emploi d sormais VME ainsi que l auteur seront introduits plus loin dans cette introduction La partie 1 2 introduira la th matique du blanc et comment elle s exprime chez Perec en g n ral Le but de l analyse est de montrer que la prolif ration est pr c d e par le blanc qu elle n existerait pas sans un certain silence fondamental Le blanc l absence le vide sont en effet souvent mentionn s en rapport avec le texte de Perec comme le montre ce passage de Manfred Van Montfrans Ce n est pas une impuissance abstraite philosophique mais une absence physique un vide motionnel et affligeant que r pond le travail de Perec sur les strat gies d criture sa manipulation du langage Comme le constate Jean Luc Joly l uvre et la pens e de Perec sont en r alit profond ment dialectiques l euphorique et le dysphorigue y sont intimement tress s L exergue du dernier chapitre de VME le dit sa mani re Je cherche en m me temps l ternel et l ph m re Selon Joly cette dualit peut exprimer l ambition ou l espoir de cr er quelque positivit litt raire nouvelle de d passer l re du soup on M me s il a t d fini lui m me exp rimental et moderne Perec a souv
54. ec a t programm MYME 280 PSIbid 280 M Ibid 580 TMontfrans van 262 Il s agit d auteurs que Perec respectait et auxquels il a r f r souvent plus ou moins implicitement bid 264 Corcos M Penser la m lancolie Une lecture de Georges Perec Paris 2005 79 PBurgelin 13 14 30 Cela peut tre vrai Pourtant le point de vue m tafictif nous permet d envisager ces r ves rat s de totalit sous un angle l g rement diff rent Par le personnage de Val ne Perec a pu r fl chir sur le r le de l auteur de l artiste m me s il n est pas le seul personnage refl ter le travail de l crivain Pedersen propose que les trois personnages cl s Val ne Bartlebooth et Winckler pourraient en effet repr senter diff rents aspects de la production artistique Bartlebooth en reproduisant fid lement ce qu il voit Val ne en se rappelant minutieusement d anciens souvenirs en fourniss a nt Winckler une mati re d manteler en vue d un travail de reconstruction qui n est nullement un jeu solitaire Le fait que les personnages cl s ont une fonction th matique refl tant le travail de l crivain pourrait tre un exemple de la mise en abyme de l nonciation propos e par D llenbach 2 1 3 2 Une me cach e Une preuve d autor flexion implicite est videmment la structure de la liste ou du po me qui se compose de 179 phrases d crivant des histoires et des per
55. ent brocard les mouvements modernes de son poque le Nouveau Roman par exemple Le chapitre 1 2 3 pr sentera l intertextualit omnipr sente chez Perec Dans toutes ses uvres il exprime une certaine admiration pour la continuit litt raire il voulait que ses propres uvres s enchainent et qu elles dialoguent avec les textes ant c dents Montfrans van M Georges Perec la contrainte du r el Faux titre 162 Amsterdam 1999 388 Joly J L Georges Perec et Paul Auster Une musique du hasard The Romanic Review 1 2 2004 122 SVME Perec G La Vie mode d emploi Paris 1978 574 Joly 122 L re du soup on r f re au Nouveau Roman l origine il s agit du titre d un roman de Nathalie Sarraute Dans ce travail l intertextualit correspond une conception de Julia Kristeva l intertextualit est d finie comme une transposition d un ou de plusieurs syst mes des signes un autre syst me voir chapitre 1 2 3 5 Notre objectif tant galement d tudier la fonction de la m tafiction dans VME la partie 1 3 examinera ce genre litt raire Notre int r t se portera surtout sur l usage de la construction mise en abyme comme une forme de m tafiction quelle est son r le dans VME Peut elle fonctionner comme un instrument exprimant le manque L tude de la mise en abyme se fondera en grande partie sur la th se de Lucien D llenbach Le r cit sp culaire Contribution l tude d
56. ent les mutations de l tre de la mort et de la naissance Dans la pens e symbolique la mort proc de de la vie toute naissance tant une 26 renaissance Le blanc fait penser au vide tant un symbole du n ant le blanc nous voque la phrase de Bartlebooth en ce qui concerne son projet absurde parti de rien Bartlebooth reviendrait au rien M me si le blanc symbolise une cat gorie de l absence il n est quivalent ni la lacune ni Pinsuffisance Le blanc est ainsi un concept contradictoire qui a une signification multidimensionnelle malgr son apparente invisibilit 1 2 2 Le silence textuel comme une repr sentation du blanc Selon Van den Heuvel un silence peut tre consid r comme une op ration discursive consciente ou inconsciente S il est conscient un silence est un acte de la non parole ou du non mot qui produit un manque dans l nonc Ce vide textuel est videmment un signe au PRey Debove J Rey A ds Le Nouveau Petit Robert 9 Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Paris 1993 264 Chevalier J Gheerbrant A Dictionnaire des symboles Paris 1982 125 YVME 153 11 m me titre que la parole le silence parle et joue un r le capital dans la communication Le silence est donc un acte nonciatif Mais contrairement aux actes du dire et de l crire qui se concr tisent par la parole et par le mot l acte de non parole ne produit pas
57. es ainsi rassembl s finiront par tre retextur s d coll s de leur support et plong s dans une solution d tersive DE 16 d o ne ressortissait que du papier blanc intact et vierge Le puzzle construit de trous et de pi ces servant les combler est de toute vidence le th me principal de VME Dans son analyse Macherey parle d un probl me fondamental du roman celui d tre cristallis dans un th me Il propose deux observations li es ce probl me l uvre na t d un secret traduire elle se r alise en r v lant son secret La simultan it des deux observations d finit une rupture qui est selon Macherey coordonn e l infiniment proche et l ind finiment diff rent de la continuit Selon ce point de vue le th me fonctionne deux niveaux D abord il y a l utilisation du theme ce qui am ne le lecteur se poser les probl mes de l crivain au travail puisque en essayant de traduire le secret il faut se poser les m mes questions que l auteur Il y a ensuite le sens du th me qui n existe pas en lui m me ind pendamment de l uvre et repr sente plut t un sens que le N See 17 th me prend effectivement l int rieur de l uvre Le puzzle de Perec fonctionne en principe selon la th orie de Macherey Il s agit d une uvre qui s organise autour d une ou de plusieurs nigme s un puzzle qu il reste au lecteur reconstruire Le lecteur est invit se
58. es contraintes auxquelles le syst me de Hutting tait soumis le resultat final devenant une m thode extr mement complexe tout fait oulipienne Ainsi une machine peindre ressemble effectivement la machine crire de Perec VME en totalit Le niveau m tafictif se r alise particuli rement bien dans ce chapitre Si nous revenons la classification de D llenbach nous pouvons y trouver surtout la mise en abyme du code ou m tatextuelle puisque la m thode de Hutting refl te le processus d crire de IAVME 339 ISVME 339 Ibid 339 Ibid 341 37 Perec Le chapitre voque en m me temps l auteur du texte Ainsi nous pouvons y distinguer galement la mise en abyme de l nonciation Le chapitre LIX repr sente aussi un bon exemple de l autod rision mordante et impitoyable de Perec en se comparant lui m me ce peintre go ste et de surplus pas tr s dou qui invente des syst mes absurdes ou plut t qui les emprunte aux autres pour fabriquer ses peintures il se critique volontairement en souriant ses propres syst mes et ses contraintes de l criture Nous trouvons un exemple similaire dans le chapitre XXVI qui repr sente galement une forme de m tafiction par le r sum de l histoire centrale du livre celle de Bartlebooth et de ses puzzles 2 1 5 Chapitres XXVI Bartlebooth 1 et XCIX Bartlebooth 5 L ironie des contraintes Le chapitre XXVI pr sente l histoire centrale du liv
59. es tristes il existe pourtant quelques rares exceptions par exemple l histoire du jeune couple les R ol qui ach te un mobilier de chambre coucher de luxe trop cher pour lui L achat les met au bord de la faillite mais ils arrivent finalement payer leur dette et tout se termine bien Nous pouvons supposer que Perec a plac volontairement cette histoire heureuse dans l avant dernier chapitre pour adoucir l atmosph re du manque de la fin du livre Comme le constate Bernard Magn les contraintes de Perec ont toujours un caract re implicite et le d guisement constitue un aspect fondamental de l criture de Perec Si Perec a voulu donner des indications sur son roman il les a donn es en dehors du livre dans les 1227 e Sidaner 35 IBVME 286 Thid 565 32 entretiens et les articles L me habilement cach e mais pourtant d celable peut tre interpr t e comme appartenant Val ne pseudonyme de Perec si l on veut L me de Val ne ne peut alors tre voqu e qu en la cachant sous forme de blanc ou de vide dissimul derri re les autres personnages et leurs histoires Son me ne peut tre retrouv e que dans un r ve dans la mesure o cette liste de personnages et d v nements fait partie de son illusion le tableau tant pour sa part compl tement imaginaire Le fait qu il y a une me cach e dans ce chapitre peut tre interpr t et expliqu comme maintes fois auparavant par le m
60. extrait du chapitre XVII o Val ne t moigne par la voix de la scie et par le silence de l appartement de Bartlebooth de la tension entre ces deux personnages repr sente en un sens son r le particulier Les escaliers pour lui Val ne c tait chaque tage un souvenir une motion quelque chose de surann et d impalpable quelque chose qui palpitait quelque part la flamme vacillante de sa m moire un geste un parfum le ronflement obstin de la scie sauteuse de Gaspard Winckler auquel trois tages plus bas au troisi me gauche A TEN 96 ne continuait r pondre qu un insupportable silence Les escaliers semblent tre un lieu privil gi dans l univers fictif de Val ne et les chapitres XXVIII Dans l escalier 3 et XLIX Escaliers 7 offrent de bons points de d part pour l tude de son r le dans VME Dans le chapitre XXVIII Val ne rencontre Bartlebooth pour la derni re fois par hasard ses yeux taient devenus presque blancs c est cela qui avait le plus frapp Val ne ce regard qui n tait pas arriv rencontrer le sien Cela est videmment une r f rence au fait que Bartlebooth est devenu quasi aveugle pendant son projet Mais il ne s agit pas seulement de sa vue physique Il y avait dans ce regard qui l vitait quelque chose de beaucoup plus violent que le vide mais presque de la panique quelque chose comme un espoir insens comme A
61. i ist ja katoavaista nous pouvons le constater i ist contient les mots is et iti Nous pouvons aussi remarguer la diff rence lexicale entre l original et la traduction Dans le texte de Perec le p re et la m re ont t inclus dans le mot l ph m re et cela correspond un objet momentan temporaire et fugace Le traducteur par contre a inclus is et iti dans le mot i ist qui connote le contraire un quivalent de l ternel en fran ais Il ne s agit l que d un d tail mais la nuance est significative nous croyons que le mot a t choisi intentionnellement par Perec car c est justement l que r side le manque essentiel de sa vie dans la disparition dans le caract re ph m re de ses parents Le traducteur a s rement t conscient de ce d tail mais comme il s agit de mots parfaitement dissimul s que le lecteur ordinaire ne consid rera probablement jamais il n a peut tre pas pens que la traduction mot pour mot litt rale dans ce cas aurait t la seule solution possible S il a malgr tout voulu traduire la phrase de telle sorte qu elle contienne les parents cach s ce qu il aurait pu galement ignorer alors pourquoi a t il choisi de s loigner de l id e originelle de Perec Il est possible que la raison ait t purement lexicale i ist tait plus ais utiliser qu un mot correspondant l ph m re et contenant is et iti Une traduction plus proche de l original n ta
62. ion du d crit n est pas simplement d couvert mais reconnu par le lecteur Il faut se souvenir que Perec faisait partie de l Oulipo un mouvement litt raire Tremblay P Perec et le lecteur la construction d une oeuvre par le jeu Calliope Journal de litt rature et linguistique 1 2002 www extrudex ca cgi bin extrudex articles cgi baronne le 31 janvier 2006 Joly 120 Tremblay Joly 102 Adam J M Petitjean A Le texte descriptif Paris 1989 120 Voir chapitre 1 2 Un auteur oulipien 10 dont l une des id es tait de renouveler la relation lecteur auteur pour que la lecture soit aussi un acte de production et non pas seulement celui d une r ception 1 2 LA TH MATIQUE DU BLANC 1 2 1 Le blanc symbolique Selon Le Nouveau Petit Robert une signifiance du blanc est un intervalle un espace libre Pa 25 qu on laisse dans un crit et un bref silence dans une conversation Cette conversation peut tre galement un dialogue entre un auteur un narrateur et un lecteur Selon le Dictionnaire des symboles le blanc signifie tant t l absence tant t la somme des couleurs Il se place au d part mais galement l aboutissement de la vie et du monde manifeste Pourtant l aboutissement de la vie est aussi un moment transitoire la charni re du visible et de l invisible donc un autre d part Le blanc est une couleur de passage et des rites de passages par lesquels s op r
63. ion offre galement des sujets pour une tude plus linguistique L usage des formes verbales par exemple du participe pr sent utilis au compendium du chapitre LI et leur traduction en finnois pourrait fournir un point de d part savoureux pour une future recherche En ce qui concerne l tude du texte original de Perec il existe m me plus de possibilit s qu au sein de la traduction Italo Calvino constate que la litt rature oscille entre l univers et le vide les deux extr mes Il se r f re Gustave Flaubert qui a dit que ce que je voudrais faire c est un livre sur rien Paradoxalement Flaubert un p re spirituel de Perec si l on veut est connu pour des romans extr mement encyclop diques Le m me mouvement entre la prolif ration et le vide et la m me volont d crire tout et la fois rien se retrouvent chez Perec Notre th me le blanc o le vide n est qu un c t de l univers fictif de Perec l autre tant logiquement sa pl nitude ses num rations exub rants et sa multiplicit du savoir Le th me que nous avons trait ouvre ainsi la voie des questions sur l aspect encyclop dique ou sur l existence du savoir chez Perec en g n ral ou dans VME uniquement Malgr le fait que Georges Perec tait videmment un auteur postmoderne et exp rimental il a eu plusieurs points en commun avec ces mod les litt raires anciens Une vaste tude sur la coexistence de deux contraires indissociables sur le
64. irs des r flexions du pass Il s agit en quelque sorte d un abime de la m moire qui pourrait continuer l infini Il ne s agit pas r ellement d une construction mise en abyme mais plut t d un fragment de la vie fictive bien SIVME 24 I bid 148 La mort de Winckler est graphiquement soulign e ou plut t cadr e dans l invitation ses fun railles pr sent e sous forme d image bord e de noir la fin de la page 148 Cette invitation se trouve dans le mur de l antichambre de Bartlebooth pingl e entre des cartes postales La date de la mort est pr cis e dans l invitation il est mort le 29 octobre 1973 donc bien avant de Bartlebooth Flbid 576 578 40 s r fragment la fois troit et extr mement profond La r p tition du dernier chapitre peut ainsi fonctionner comme un r veil un rappel exhortant revenir de l ab me Le chapitre revient aussi aux actions des habitants du b timent aux devoirs quotidiens qu ils sont en train d ex cuter C est le vingt trois juin mille neuf cent soixante quinze et il n est pas loin de huit heures du soir Madame Berger revenue de son dispensaire pr pare le repas et le chat Poker Dice somnole sur un couvre lit de peluche bleu ciel Madame Altamont se maguille devant son mari qui vient d arriver de Gen ve les R ol viennent juste de finir de d ner et Olivia Norvell s appr te partir pour son cinquante sixi me tour du monde Kl ber fait une r ussite et H
65. it pourtant pas impossible Par exemple le mot v liaikaista bien que plus lourd que i ist correspond relativement mieux l ph m re M me si le point de d part pour la traduction est l approche interpr tative ou la traduction par quivalences la traduction par les correspondances est quelquefois exig e Selon Lederer les mots peuvent garder dans un texte leur identit et leur signification demande alors une correspondance directe Il peut s agir de mots choisis d lib r ment d une liste de mots de termes techniques ou de mots qui poss dent des homologues dans les autres 181 langues Nous nous int resserons surtout aux listes et aux num rations car elles sont nombreuses dans notre corpus VME Lederer constate que les listes ont en principe une fonction troite et ne servent pas produire une unit de sens autrement dit une id e mais qu elles existent uniquement pour d signer des choses et des objets IEK 549 SIL ederer 67 8T bid 68 Lorsque des r f rents sont d sign s dans une num ration ils ne servent pas construire une id e hors texte ou en texte ils assument la m me fonction nommer un objet ou une notion qui appelle en traduction le nom la d signe dans l autre langue 48 Compte tenu de la particularit des listes de VME cette proposition peut tre contest e M me si les listes ont t traduites m ticuleusement elles sont l pour donner une id e pour cr er
66. itionnelle du roman type balzacien Jules Verne en particulier tait un p re spirituel important pour Perec Magn rappelle que ce n est pas seulement l art de l num ration ou tout le savoir scientifique et Van den Heuvel 77 Kristeva S meiotik Kristeva J S meiotik Recherches pour une s manalyse extraits Tel quel Paris 1969 52 Adam J M Linguistique et discours litt raire Paris 1976 96 Kristeva R volution Kristeva J La R volution du langage po tique Paris 1974 339 Adam 275 13 technique que Perec admirait chez Verne mais aussi sa capacit de relier ses fictions entre 39 e NAT a E elles L admiration de la continuit litt raire personnelle se voit dans le travail de Perec qui voulait que ses uvres s enchainent Ainsi l intertextualit de Perec est tout autant du dialogue entre ses propres critures que des r f rences aux textes ant c dents Selon l interpr tation de Joly il s agit dans l intertextualit de Perec d assurer la continuit du puzzle litt raire Joly pr cise cette pens e en disant que ce qui est typique pour la pragmatique perecquienne c est une mani re de r server au lecteur une participation active dans la construction des sens de l uvre souvent par les moyens de l encryptage Il ajoute encore en utilisant les termes biologiques que les auteurs et les oeuvres ne naissent et n existent que par la semence de la lecture par elle ils
67. l ne d une longue liste num rot e 1 179 des habitants de l immeuble qui seraient dans le tableau la longue cohorte de ses ne 5 111 personnages avec leur histoire leur pass leurs l gendes Comme nous l avons constat dans le chapitre 1 3 2 1 de ce m moire la mise en abyme peut tre class e selon l objet qu elle refl te Les trois aspects introduits par D llenbach sont pr sents dans le chapitre La mise en abyme de la fiction et la mise en abyme du code se r alisent dans la deuxi me partie du chapitre l intrigue ou les romans aussi bien que la structure du roman ont t r v l es par la liste de Val ne liste qui sera tudi e plus en d tail dans le chapitre 2 1 3 2 La premi re partie du chapitre LI analys e dans les paragraphes suivants est un exemple de la mise en abyme de l nonciation par laquelle la peinture de Val ne refl te le processus de l criture le travail de l crivain 2 1 3 1 Un r ve dans un r cit metafiction par excellence Le chapitre se compose donc de 5 paragraphes de longueur diverse sur 2 2 pages introduisant de longues listes remplissant les six pages suivantes D s les premiers paragraphes il devient clair que Val ne est le personnage central du chapitre LI la focalisation passe uniquement par sa pens e par son r ve Il concr tise parfaitement la construction mise en abyme Les deux premiers paragraphes r p tent la m me id e celle que V
68. l ne recoud la manche droite de la veste de Smautf et V ronique Altamont regarde une ancienne photographie de sa m re et Madame Tr vins montre Madame Moreau une carte postale qui vient de leur village natal Par la r p tition des personnages la narration se cl t elle retourne au point d o elle est partie Aussi la fragmentation du texte est elle aussi coup e interrompue Le dernier chapitre n voque pas tous les personnages ni ne r pond aux nigmes du texte mais il r ussit rassembler la narration Le lecteur peut ainsi terminer la lecture sans avoir le sentiment d tre compl tement desorient dans ce r seau trou La date le 23 juin 1975 repr sente une date autobiographique pour Perec et elle n a pas t choisie par hasard c est la date laquelle Perec a rencontr sa future femme la cin aste Katherine Binet 2 1 6 Le Pr ambule et le Chapitre XLIV Winckler 2 L invitation un jeu nigmatique En d pit du fait que VME soit satur d allusions cach es et de myst res Perec a ins r des indications au lecteur Cela ne signifie pas qu il a dit au lecteur comment il faut lire son uvre mais plut t qu il a sugg r une fa on possible d approcher ses textes Dans le 156 pr ambule du livre Perec explique l art du puzzle comment ils sont fabriqu s quelle est leur fonction ultime quels sont les r les du faiseur et du poseur de puzzle Nous pouvons SVME 576 Magne
69. l s de VME Percival Bartlebooth Gaspard Winckler et Serge Val ne qui forment une esp ce de triangle o ils sont tous d pendants l un de l autre peuvent tre consid r s comme des autor flexions du personnage de l auteur m me Le c t ludique de Perec les jeux sur le langage et les exp rimentations linguistiques ont t souvent expliqu s par son pass comme un moyen de s en sortir jouant pour mieux d jouer le sort comme le d finit Joachim Dupuis dans son article La pi ce manquante Dupuis ajoute qu un grand nombre de critiques prennent Perec pour un auteur sacrifi une victime de son histoire et de l Histoire Mais il y a plus Nous partageons l avis de Dupuis qui insiste sur le fait que le vide est un point de d part chez Perec et qu il est recherch Pour Perec l image de la litt rature reste trou e il n y a pas l une tentative de combler le vide J faudra qu il reste Joly 101 7Les personnages principaux seront introduits plus en d tail dans la deuxi me partie de ce travail Dupuis J La pi ce manquante www interdits net 2003aout perec htm le 3 d cembre 2007 Dupuis Comme Perec l a dit lui m me Ses livres dessinent nouveau une esp ce de puzzle dans lequel il reste un espace vide qui est le livre que je me pr pare crire Et bien entendu cet espace vide ce trou ce blanc il sera toujours l il faudra qu il reste 7 1 1 2 U
70. l autoportrait de Hutting 20 Le peintre Hutting essaye d obtenir d un inspecteur polyvalent des contributions une p r quation de ses imp ts 20 Maalari Hutting yritt saada monilahjakkaan ja hyper eksaktin verotarkastajan suostumaan verontasaukseen Le mot hyper eksaktin a t ajout par Keyn s m me s il n a aucune quivalence dans l original seulement pour y rentrer le nom de Perec prononc la finlandaise avec k la fin 2 2 5 La traduction des chapitres XXVI Bartlebooth 1 et XCIX Bartlebooth 5 En principe la traduction des chapitres XXVI et XCIX ne pose pas de grandes difficult s Un exorde du chapitre XCIX est un cas part et sa traduction a d j t analys e dans le chapitre 2 2 2 Ibid 339 Ce mot cach nous a t expliqu par Ville Keyn s PIEK 232 Ce mot cach nous a t expliqu par Ville Keyn s TVME 339 ISEK 323 56 Les trois contraintes du projet de Bartlebooth au chapitre XXVI conduisant une langue assez alambiqu e la traduction r ussit restituer le m me style Le second fut d ordre logique excluant tout recours au hasard l entreprise ferait fonctionner le temps et l espace comme des coordonn es abstraites o viendraient s inscrire avec une r currence in luctable des v nements identiques se produisant inexorablement dans leur lieu leur date Toinen ajatus oli looginen hanke karsisi kaikki sattumanvaraisuudet ja hy
71. lanc n implique pas qu il n y ait rien mais que le tableau en r alit est un livre et qu une fois referm tout livre devient un blanc du r el qui ne vivra plus que dans la m moire Dans un tel contexte nous pouvons traiter Val ne non seulement de personnage du blanc mais galement de personnage rempli de signification 2 1 3 Le chapitre LI comme exemple de la metafiction Le chapitre LI a une fonction m tafictive claire puisqu il d crit les v nements du roman partir du tableau que Val ne est en train de peindre Ce tableau repr senterait tous les habitants de l immeuble et le peintre lui m me Selon notre th se la fonction de la mise en abyme dans ce chapitre est de montrer la relation existant entre le tableau de Val ne et le roman de Perec et le fait que cette strat gie d criture a t choisie sciemment par Perec SVME 579 Ibid 580 lSB nabou M From Jewishness to the Aesthetics of Lack Yale French Studies 105 2004 29 P Joly 120 Ibid 120 28 La particularit du chapitre est soulign e par un titre unique LE CHAPITRE LI alors que les autres chapitres poss dent la forme CHAPITRE x Du point de vue de la typographie et de la narration le chapitre LI comporte deux parties diff rentes Le d but du chapitre voque le peintre Serge Val ne et son r ve de r aliser un tableau de l immeuble dans lequel il habite La deuxi me partie est constitu e du po me de Va
72. lieu pour les noms cach s des amis oulipiens de Perec Keyn s a pu prendre des libert s avec elle N anmoins il n a pas pu trop improviser car cette liste doit r pondre aux descriptions des tableaux pr sent es plus loin dans le texte En respectant l histoire des tableaux le traducteur a d ajouter quelques mots m me quelques phrases enti res pour que les noms cach s puissent tre retrouv s dans le texte Comme dans le chapitre 2 1 4 2 nous avons marqu les mots dissimul s en gras ce qui n est pas le cas dans le texte original Le premier portrait qui contient le mot Oulipo ne pose ventuellement pas trop de difficult s et le mot se trouve en fait exactement la m me place que dans l original 1 Tom Douli poistuu vieden mukanaan alkuper iset metalliohjaimet ja kohtaa kolme 211 eksynytt henkil 1 Tham Douli portant les authentiques tracteurs m talliques rencontre trois personnes A A 212 d plac es Le portrait num ro huit o on peut trouver l ami proche de Perec l auteur Italo Calvino n a pas t beaucoup chang non plus Le traducteur a seulement ajout un 1 suppl mentaire qui n est pas d rangeant car la prononciation finlandaise en fait demande un i long dans le nom de Calvino ce qui en justifie la forme 8 Bassetti Optimus Maximus saapuu uiden Calviin osuu rantaan ja ilahtuu n hdess n pormestarin odottavan h nt luu k dess n 8 Le basset Optimus Maximus arrive l
73. liiton julkaisu 97 Helsinki 2000 Kristeva Semeiotike Kristeva J Semeiotike Recherches pour une s manalyse extraits Tel guel Paris 1969 Kristeva R volution Kristeva J La R volution du langage po tique Paris 1974 Larbaud V Oeuvres Paris 1958 Lederer M La traduction aujourd hui Collection F References Paris 1994 L vy S Emergence in Georges Perec Yale French Studies 105 2004 36 55 Macherey P Pour une theorie de la production litteraire Serie Recherches 4 Paris 1971 Magne De l exhibitionnisme Magn B De Pexhibitionnisme dans la traduction propos d une traduction anglaise de La Vie mode d emploi de Georges Perec Meta 3 1993 397 402 www erudit org revue meta le 2 novembre 2008 Magn Georges Perec Magn B Georges Perec romancier Magne B d Romans et R cits Paris 2002 Magn Merkkituote Entretien de Bernard Magn avec Ville Keyn s dans une mission de radio YLE 1 Enregistr e le 5 octobre 2006 Makkonen Romaani Makkonen A Romaani katsoo peiliin Suomalaisen Kirjallisuuden Seuran toimituksia 689 Tampere 1991 Makkonen Lukija Makkonen A Lukija l hdetk mukaani Suomalaisen Kirjallisuuden Seuran toimituksia Helsinki 1997 McHale B Postmodernist Fiction London 1987 Melville H Bartleby Tr Lindholm J Helsinki 1999 Montfrans van M Georges Perec la contrainte du r el Faux titre 162 Amsterdam 1999
74. mais une cr ation de l auteur Le tribu vitiste chappant gt Liukkaasti liikehtiv heimo WK eyn s V Entretien 2 0 Thid VME 284 PER 271 VME 380 TEK 363 33 occurrences pour lesquelles il ne pouvait pas trouver une interpr tation correcte qui i F a 5 5 i N H 208 contiendrait aussi un jeu de mots quivalent l original La traduction du mot me dans EK est un bel exemple du principe de ne pas traduire les mots mais les unit s de sens L me ne peut videmment pas tre directement traduite comme sielu car la liste doit suivre les contraintes expliqu es ci dessus 60 caract res dans chaque ligne 3 parties dont 2 contiennent 60 lignes et la derni re n en a que 59 les trois parties incluant chacune une lettre du mot cach La traduction est en apparence un peu surprenante ego Dans aucun dictionnaire nous ne trouverions ego comme interpr tation de l me Mais la lumi re des citations imp ratives le mot devient logique L ego m me plus que l me voque Freud et ses th ories sur l ego le super ego De ce c t la traduction est justifi e et ne fait que confirmer l allusion au fameux psychanalyste 2 2 4 La traduction du chapitre LIX Hutting 2 La traduction du chapitre LIX transmet le m me effet humoristique que la version originale Si le lecteur est conscient des contraintes de Perec le ton ironique dans la description du syst me de Hutting est vident comme
75. me originel sera l objet du chapitre suivant ME 90 PIEK 85 50 2 2 3 La traduction complexe du chapitre LI Comme nous l avons vu dans le chapitre 4 3 la particularit du chapitre LI est soulign e par un titre unique LE CHAPITRE LI alors que les autres chapitres poss dent la forme CHAPITRE x Dans la traduction finnoise o le jeu sur les articles n est pas possible la diff rence est accentu e par l ordre des mots le chapitre s appelle LUKU LI les autres chapitres tant intitul s simplement selon la forme x LUKU Tout le chapitre d crit un r ve de Val ne r ve dans lequel il se voit en train de peindre un tableau o il serait lui m me avec tous les habitants de l immeuble L aspect onirique de ce chapitre est renforc par l usage du conditionnel sauf la liste des histoires et des personnages du tableau qui est au participe pr sent Le conditionnel a t conserv dans la traduction finnoise car il n y a videmment aucune raison stylistique ou autre de le changer Par contre le participe pr sent de la liste a t transform en indicatif pr sent exception faite de la toute derni re ligne 179 Le vieux peintre faisant tenir toute la maison dans sa toile qui devient 179 Koko kerrostalon taideteokseensa maalaava vanha taidemaalari Le traducteur a op r ce changement uniquement pour une meilleure lisibilit du texte au participe pr sent la liste aurait paru trop laborieuse en finnois La derni re ligne 1
76. n konstekstuaalinen ja historiallinen tutkimus Joensuun yliopiston humanistisia julkaisuja 44 Joensuu 2006 10 Waugh P Metafiction The Theory and Practise of Self Conscious Fiction London 1984 14 14 d construction la fiction r v lant par un effet de miroir ses propres instruments ce qui conduit la rupture de l illusion Waugh implique que la m tafiction n est gu re une invention contemporaine ni m me particuli rement postmoderne M me si le terme peut tre r cent une criture semblable a t pratiqu e aussi longtemps que le roman a exist Brian McHale indique galement que la mise en abyme peut se rencontrer dans toutes les p riodes ainsi que dans tous les genres et modes de la litt rature Waugh veut aussi souligner le fait qu en tudiant la m tafiction on r g 46 peut tudier ce qui donne au roman son identit Selon le dictionnaire Le Nouveau Petit Robert le pr fixe m ta exprime la succession le changement la participation et dans les sciences humaines ce qui d passe englobe Pourtant il est n cessaire de distinguer la m tafiction des autres termes introduits par le pr fixe m ta par exemple du m tatexte qui se rapporte un texte dont l intention est de pr ciser ou expliciter le texte auquel il r f re Mika Hallila rappelle que la m tafiction fait toujours partie de l univers fictif et ne peut pas par cons quent tre distingu e de la fiction elle reste
77. n atelier dans un ordre irr prochable peut tre une des raisons qui expliquent son incapacit de r ussir Le chapitre commence avec une description de la chambre o il travaille C est une pi ce claire et cossue impeccablement rang e n offrant absolument pas le d sordre habituel des ateliers de peintres 7 Le texte donne l impression d une personnalit perfectionniste qui veut administrer tous les aspects de sa vie Une telle tentative est videmment vou e l chec Ce sont alors les fautes involontaires ou intentionnelles qui justifient l existence du syst me justement comme dans le syst me d criture de Perec S5VME 337 338 Ibid 338 Ibid 335 35 2 1 4 2 Une intertextualit originale Le chapitre LIX contient galement une preuve d intertextualit singuli re m me s il s agit de r f rences extr mement personnelles qui sont voil es L chec ne conduit pas Hutting au d sespoir l insucc s relatif de ces tentatives le m ne cr er un autre syst me une collection de vingt quatre portraits semi imaginaires raison d un portrait par mois pendant deux ans Il s agit donc d une liste de vingt quatre descriptions de portraits dans chacune desquelles Perec a cach un nom de ses amis oulipiens Les noms sont si bien d guis s qu il est presque impossible de les trouver sans tre pr venu de leur existence Pourtant Perec fait allusion ce jeu par la bouche d un critique d art qui a ba
78. n auteur oulipien Dans les ann es 1960 la litt rature fran aise a exp riment de grands bouleversements th oriques et la p riode est marqu e par l ouverture d une re du soup on l gard du roman traditionnel La discussion litt raire laquelle Georges Perec aussi a particip se concentrait dans une large mesure sur la forme du roman les crivains commen aient penser que la litt rature traditionnelle n tait plus un moyen pertinent pour d crire la r alit moderne constamment changeante et que l criture discontinue et fragment e la retrace 11 mieux L OUvroir de Litt rature POtentielle l Oulipo est un mouvement litt raire fond en 1960 par l crivain Raymond Oueneau et le math maticien Francois Le Lionnais Le groupe avait pour objet de cr er et d essayer de nouvelles m thodes d criture Le texte oulipien est labor sur la base d une ou de plusieurs contraintes Les contraintes sont souvent math matiques associant nombres et mod les g om triques Les oulipiens se sont ainsi d finis Un auteur oulipien c est quoi Un rat qui construit lui m me le labyrinthe dont il se propose de sortir un labyrinthe de mots de phrases de caract res et de sons Georges Perec est entr l Oulipo en 1967 et devenait vite l une des figures majeures du groupe Selon Flieder Perec est dans le domaine fran ais celui qui a le mieux r ussi conjuguer les difficult
79. nous avons marqu les lettres formant le mot cach en gras ce qui n existe bien s r pas dans le texte original On peut galement constater l autre contrainte de la liste le m me nombre de caract res 60 lettres ou espaces dans chaque phrase un d tail qui pose de nouveau obstacles au traducteur Par exemple la traduction mutusilm inen kissa du chat sourd aux yeux vairons r sulte de l ob issance cette r gle Ici il a t plus important de garder le nombre de caract res que de trouver une quivalence litt rale qui serait plut t kissa jolla on eriv riset silm t Si la traduction provoque des questions il faut se rappeler que chaque ligne est une r f rence un chapitre du livre Par exemple le num ro 19 Le couple gras et mangeur de saucisses n arr tant pas la TSF devient le num ro 175 Iloluontoinen makkaransy j pariskunta paiskii ty t vuorotta Pour mieux saisir la pens e du traducteur et comment il a abouti cette interpr tation il faut se rem morer l histoire que la phrase en question d crit dans ce cas particulier celle de la famille Berger du chapitre LXI L acronyme TSF ne correspond nullement la signification traditionnelle de TSF T l graphie Sans Fil mais il s agit d une abr viation de l expression travail sans fin Le chapitre LXI raconte l histoire de monsieur Berger qui travaille la nuit et de madame Berger qui travaille le jour ce qui fait qu ils ne se voient que dan
80. ns la moindre h sitation Bartlebooth 2 1 2 3 Un personnage du blanc mais pas du neant Val ne est donc un personnage part qui devient plus proche du lecteur que les autres du fait d une pr sence plus intime Winckler et Bartlebooth sont quant eux plus m caniques fix s par leurs missions Si Val ne poss de lui aussi sa t che celle de peindre un grand tableau de l immeuble il y a plusieurs niveaux en lui m me si cela ne veut pas dire que les autres personnages seraient simples Le r le de Val ne dans la structure du roman est de fonctionner comme une esp ce d axe entre Bartlebooth et Winckler Une certaine tension se IVME 164 Alors parfois un sentiment d insupportable tristesse le p n trait Prince G Preliminary Discussion of Women in La vie mode d emploi Yale French Studies 105 2004 96 Bellos D Georges Perec une vie dans les mots Paris 1994 591 Perec a dit Je d teste ce qu on appelle la psychologie surtout dans le roman Prince 96 VME 152 25 fait jour entre ces deux personnages et l importance de Val ne est de maintenir un quilibre pour que la structure et l histoire puissent se r aliser Les blancs les secrets derri re leurs fa ades sont indiqu s par Val ne mais c est aussi Val ne qui semble donner des indications Pour un lecteur parfois frustr dans le labyrinthe de Perec Val ne parait comme un guide quoique faible pour le chemin suivre Un petit
81. nt donc un paradoxe de la traduction Ric ur constate galement que ce paradoxe cette quivalence sans identit a pour suite que la seule mani re de critiquer une traduction est d en proposer une nouvelle solution qui ne 169 sera qu une autre pr sum e pr tendue meilleure ou diff rente L quivalence de la traduction est ainsi toujours subjective et relative et la traduction ne sera jamais qu une interpr tation possible En cons quence Ric ur propose qu il faut renoncer l id al m me de traduction parfaite Il propose que le travail de traduction contient toujours une sorte de paradigme La traduction selon Ric ur pose en principe un probl me thique il y a toujours un risque de servir et de trahir deux ma tres de l auteur et du lecteur Il s agit d une activit qu il appelle lui m me une hospitalit langagi re 167 ederer M La traduction aujourd hui Collection F R f rences Paris 1994 50 51 IS Ric ur 9 ISRic ur 40 Ibid 40 Ibid 42 45 La traduction est donc consid r e ici depuis un point de vue thique le traducteur joue un r le d quilibriste entre l auteur et le lecteur entre le texte original et sa propre interpr tation de ce texte Si Lederer parle galement de l quivalence elle l envisage sur un plan plus pratique que celui de Ric ur L l ment central de la th orie de Lederer est que toute traduction comporte certes des correspondances en
82. onctionne comme instrument exprimant le blanc Nous avons ainsi introduit plusieurs exemples parmi les chapitres de l uvre le plus tendu tant l analyse du chapitre LI avec son compendium original Le blanc s exprime aussi par les biais des protagonistes du livre entre autres le personnage de Serge Val ne qui semble tre le narrateur principal de l uvre L vy S Emergence in Georges Perec Yale French Studies 105 2004 40 62 et simultan ment un personnage central de cette th matique Nous avons indiqu que les trois aspects m tafictifs introduits par D llenbach la mise en abyme du code ou m tatextuelle la mise en abyme fictive et la mise abyme de l nonciation se r alisent dans les chapitres tudi s Malgr le fait que la th orie de D llenbach comporte certaines faiblesses il s est av r qu elle est exploitable dans une telle analyse litt raire Quelques caract ristiques de notre corpus expriment en effet d une mani re ou d une autre la th matique du blanc l importance de l inach vement l existence de l nigme l autod rision et l aspect humoristique l intertextualit originale et la volont pour la continuit litt raire Le caract re trou et fragment de l uvre sa ressemblance avec un puzzle admettant plusieurs niveaux souligne pour sa part le r le actif du lecteur Perec n a jamais cess d insister sur l importance de la participation du lecteur dans son jeu litt raire
83. ptis les portraits de Hutting ses X 139 quations personnelles Cette liste a t l occasion pour Perec d un jeu amusant d une gymnastique mentale dirig e clairement et surtout vers les amis qui se trouvent dans ces descriptions Le premier portrait de la liste contient le nom Oulipo 1 Tham Douli portant les authentiques tracteurs m talliques rencontre trois personnes A A 140 d plac es Il faut bien noter que le nom Tom Douli contient une erreur d criture Chez Perec tous les noms fautifs servent d allusions et ne sont donc jamais sans importance L onomastique joue un grand r le dans ce type de jeu et les noms propres contiennent souvent des jeux de mots des anagrammes ou d autres particularit s ludiques Les noms erron s sont des signes particuliers Pour nous les fautes intentionnelles sont galement et encore une fois un rappel de l importance de l inach vement et des blancs du texte Certains amis au moins ceux qui sont les plus connus apparaissent de mani re assez visibles et sont relativement facile trouver comme dans le num ro huit qui r v le le nom d Italo Calvino BSVME 338 Ibid 338 Ibid 338 Nous avons soulign ci dessous les noms en gras uniquement pour ce travail Keyn s V Entretien 2 Keyn s V Entretien de SV avec le traducteur Ville Keyn s Helsinki le 9 octobre 2008 36 8 Le basset Optimus Maximus arrive la nage Calvi notant avec satisfaction q
84. qu e par son personnage deux reprises Dans le chapitre XXVIII on parle de la maison enti re qui dispara tra et de la rue et du quartier entiers qui mourront Dans le chapitre XLIX Val ne r ve de la fin ult rieure de l aboutissement de la vie de l immeuble il r vait de cataclysmes et de temp tes de tourbillons qui emporteraient la maison tout enti re comme un f tu de paille es 104 sa et finalement tout retomberait en poussi re La derni re phrase surtout tout retomberait en poussi re semble videmment une r f rence biblique connotant Dieu cr ateur divin qui a le pouvoir de donner la vie comme l artiste cr e son uvre et de l an antir Une telle r f rence ouvertement chr tienne chez Perec un ath e fervent est dans une certaine mesure surprenante Il avait une relation complexe avec ses propres racines juives la suite de la perte de ses parents ce qui l a en quelque sorte arrach sa tradition Pourtant il n a jamais ni sa juda cit m me si elle n tait pas vidente pour lui pendant longtemps Perec a dit lui m me En fait c tait la marque d une absence d un manque et non pas d une identit au double sens du terme tre soi tre pareil l autre IO0VME 57 1bid 88 Il Val ne tait le plus ancien habitant de l immeuble Ibid 164 Val ne le plus ancien locataire de l immeuble Ibid 165 Ibid 27
85. que ss 11 1 2 2 Le silence textuel comme une repr sentation du blanc 11 1 2 3 L intertextualit et la continuit litt raire ss 13 1 3 M TAFICTION ET MISE EN ABYME mnemeeneenenneeenennneenens 14 1 3 1 M tafiction fiction dans la fiction 14 1 3 2 La mise en abyme comme un effet litt raire ss 16 1 3 2 1 D llenbach le miroir comme une m taphore de la mise en abyme uuuusssn n nn eeee 16 1 3 2 2 Bal la mise en abyme comme un signe suuusuoes e n n ne a n a na nan aa naa Kaanaan naene enaa eneen 19 2 ANALYSE se AE KAN AE E E DN DA O AMA a p m 22 2 1 LA TH MATIQUE DU BLANC ET LA MISE EN ABYME DANS VME eee 22 2 1 1 L autor flexivit dans le travail de Perec ss 22 2 1 2 Le blanc exprim par les protagonistes 23 2 1 2 1 D o viennent Percival Bartlebooth et Gaspard Winckler uesuussussss s n naene naene 23 2 1 2 2 Le personnage de Serge Val ne sise 24 2 1 2 3 Un personnage du blanc mais pas du n ant 25 2 1 2 4 Un peintre en abyme ssssissssanism a TETAAN INKINEN aasta 27 2 1 3 Le chapitre LI comme exemple de la m tafiction 28 2 1 3 1 Un r ve dans un r cit m tafiction par excellence 29 2 1 3 2 Un me cach e inner ina Ee A EN MA Rene e ENIES 31 2 1 4 Chapitre LIX H tting 2 ruse TA et Kees aston Tenan 34 2 1 4 1 L importance de l nachevement sassss ssa ASEA AKIKI sh ardt sai ti 2 de ls 34 21 49
86. ravail entier il est souvent implicite et d guis mais en fin de compte inevitable Comme le constate galement Burgelin Perec signale toujours qu il ne peut ou ne veut dire l essentiel Pourtant par l criture il a pu le d signer et indiquer des signes de son existence La finalit de Perec n a donc jamais t de combler le vide mais plut t de le montrer de le visualiser plut t que de l expliquer avec son criture Le manque apparait chez Perec comme un th me ainsi que comme une strat gie d criture La question est de savoir si la mise en abyme peut refl ter cet l ment indicible SlMontfrans van 377 Il n a pu que cerner et contourner le vide central de son existence il a pu le masquer mais non pas le combler Burgelin C Georges Perec Paris 1988 33 22 Burgelin indique qu il y a quatre horizons de l criture chez Perec les horizons autobiographique sociologique ludique et romanesque Selon lui c est l horizon autobiographique qui domine le travail de Perec mais il le fait par l utilisation cons quente des trois autres horizons Cela n est gu re contestable Pourtant il faut distinguer un texte autor flexif d un texte autobiographique La m tafiction et la mise en abyme font toujours partie de lunivers fictif La mise en abyme litt raire est un texte qui refl te un objet fabuleux ce qui conduit au fait que les r flexions ne sont possibles que par la fiction
87. re le projet fantasmagorique de Bartlebooth Le projet se construit selon un sch ma et des r gles que Bartlebooth a invent s pour lui m me Le projet suit donc trois principes directeurs Le premier fut d ordre moral il ne s agirait pas d un exploit ou d un record ni d un pic gravir ni d un fond atteindre Ce que ferait Bartlebooth ne serait ni spectaculaire ni h ro que ce serait simplement discr tement un projet difficile certes mais non irr alisable ma tris d un bout l autre et qui en retour gouvernerait dans tous ses d tails la vie de celui qui s y consacrerait Le second fut d ordre logique excluant tout recours au hasard l entreprise ferait fonctionner le temps et l espace comme des coordonn es abstraites o viendraient s inscrire avec une r currence in luctable des v nements identiques se produisant inexorablement dans leur lieu leur date Le troisi me enfin fut d ordre esth tique inutile sa gratuit tant l unique garantie de sa rigueur le projet se d truirait lui m me au fur et mesure qu il s accomplirait sa perfection serait circulaire une succession d v nements qui en s enchainant s annuleraient parti de rien Bartlebooth reviendrait au rien travers des transformations pr cises d objets finis MVME 153 38 Le projet de Bartlebooth se r f re encore une fois la m thode des contraintes autrement
88. re voire m me inutile De plus chaque crivain a une certaine conception du silence par exemple le silence de Marguerite Duras ne se manifeste pas de la m me mani re que celui de Perec Comme le constate Van den Heuvel les vides donnent au texte une signification virtuelle Les vides en question appellent le lecteur la participation et procurent le plaisir de combler les lacunes que les situations cr ent dans le discours C est la technique du secret semblable Van den Heuvel P Parole mot silence Paris 1985 67 PMacherey 105 30Van den Heuvel 65 Ibid 69 Ibid 73 SIbid 77 12 celle que donnent les jeux de l nigme du puzzle et des mots crois s mais plus intense puisque la recherche mobilise l imagination On peut penser qu il s agit d une technique tout fait perecquienne car Perec a toujours t fascin par les jeux et les nigmes et ce ui est le plus important il s int resse inviter le lecteur le suivre dans cette orientation 2 1 2 3 L intertextualit et la continuit litt raire Dans ce travail l intertextualit est li e la question des blancs parce qu ils tissent une structure particuli re Notre point de d part est la conception du texte de Julia Kristeva Selon celle ci le texte est une productivit ce qui veut dire que son rapport la langue dans laquelle il se situe est redistributif destructivo constructif et qu il est une permutation d
89. re l art du puzzle et l art du go seules les pi ces rassembl es prendront un caract re lisible prendront un sens consid r e isol ment une pi ce d un puzzle ne veut rien dire elle est seulement question impossible d fi opaque mais peine a t on r ussi au terme de plusieurs minutes d essais et d erreurs ou en une demi seconde prodigieusement inspir e la connecter l une de ses voisines que la pi ce dispara t cesse d exister en tant que pi ce l intense difficult qui a pr c d ce rapprochement et que le mot puzzle nigme d signe si bien en anglais non seulement n a plus de raison d tre mais semble n en avoir jamais eu tant elle est devenue vidence les deux pi ces miraculeusement r unies n en font plus qu une son tour source d erreur d h sitation de d sarroi et d attente Aluksi palapeli saattaa vaikuttaa yksitoikkoiselta ja merkityksett m lt hahmoteorian mit tt m lt sovellukselta se mit siin n hd n oli sitten kyse havaitsemisesta oppimisesta fysiologisesta j rjestelm st tai kuten meid n tapauksessamme puisesta palapelist ei ole summa jonka osaset olisi ensin eristett v ja analysoitava vaan kokonaisuus toisin sanoen muoto struktuuri osa ei ole olemassa ennen kokonaisuutta se ei ole samanaikainen tai sit vanhempi osat eiv t m rit kokonaisuutta vaan kokonaisuus m ritt osat kokonaisuuden ja sen lakien muodostelman ja sen struktu
90. re page du livre ins re une citation du Michel Strogof de Jules Verne Regarde de tous 1 Au d but du pr ambule avant le texte m me nous trouvons une citation tes yeux regarde de l uvre de Paul Klee P dagogisches Skissenbuch L il suit les chemins qui lui ont t m nag s dans l uvre Ces citations jouent le r le d indications importantes destin es au lecteur pour que celui ci puisse mieux se pr parer au jeu que Perec lui propose la fin du pr ambule le narrateur rappelle au lecteur du caract re de ce jeu On en d duira quelque chose qui est sans doute l ultime v rit du puzzle en d pit des apparences ce n est pas un jeu solitaire chaque geste que fait le poseur de puzzle le faiseur de puzzle l a fait avant lui Perec comme les autres auteurs oulipiens pr tait toujours attention au r le actif du lecteur La litt rature ne doit pas tre un jeu solitaire mais un objet auquel le lecteur peut participer activement 157 VME 17 15 SJoly 101 Cit dans le chapitre 1 1 o nous parlons du d sir de continuit de Perec dans son travail 159 VME 15 Ibid 17 Ibid 20 42 Le contenu du pr ambule se r p te intentionnellement dans le Chapitre XLIV Winckler 2 dont le d but est une copie exacte du texte du preambule Le reste du chapitre raconte les raisons qui ont conduit Bartlebooth choisir Gaspard Winckler comme son faiseur de puzzles et comment ce dernier avait l habit
91. ressemblance unique ou r p t e L aspect s miotique de Bal est sans doute int ressant car il donne au concept de la mise en abyme un contexte plus vaste que celui pr sent dans la th orie de D llenbach Ce qui est aussi primordial dans la pr sentation de Bal c est qu elle pr te attention l exactitude des termes utilis s par D llenbach Elle veut bien d finir les termes en question alors que D llenbach ne proposait que tr s peu d explications dans son texte 71Bal 52 McHale 125 PBal 52 D llenbach 52 Bal 52 Ibid 52 20 En comparant la mise en abyme l autre concept litt raire l ic ne Bal veut souligner le caract re bas sur l expansion et l interruption et donc la signification de la mise en abyme Premi rement elle constate que chaque mise en abyme est une ic ne topologique diagrammatique ou m taphorique mais au contraire chaque ic ne n est pas une mise en abyme Seule une ic ne constituant une unit textuelle isol e et d limit e par l interruption A A T 78 peut tre consid r e comme la vraie mise en abyme Deuxi mement elle insiste sur le fait que la signification de la mise en abyme est plus tendue que celle de l ic ne une ic ne peut en principe se r f rer n importe quel r f rent mais une mise en abyme contient un aspect pertinent et continu au point de vue de l ensemble du roman ou autre texte en question La signifiance de la mise en abyme r sid
92. rons galement si les moyens que Perec utilise pour exprimer cet l ment essentiel peuvent tre traduits au niveau du th me et surtout au niveau de la structure Afin de donner une assise notre analyse de la traduction de VME nous pr senterons d abord quelques id es sur le travail de traduction de la litt rature en g n ral Notre objectif est surtout d tudier les nombreux probl mes que la traduction pose aussi bien sur un plan linguistique que du point de vue philosophique Dans l analyse de la traduction finnoise de VME nous pr senterons nouveau les chapitres du livre que nous avons tudi s au cours de Ibid 20 16VME 239 Bal 57 43 la deuxi me partie du travail Ce faisant nous pouvons examiner comment le concept du blanc a t transmis par la traduction et quelles sont les difficult s particuli res de la traduction du texte perecquien Le travail de traduction de VME a t un projet exceptionnel puisqu il a pratiquement dur une dizaines d ann es en tout Le traducteur Ville Keyn s explique que le travail a t rendu possible par les diverses subventions culturelles la r tribution de l diteur n ayant couvert qu une petite partie des d penses Il avait naturellement d autres taches accomplir pendant toute la p riode de traduction Le travail a demand une quantit impressionnante de connaissances pr alables et Keyn s a pass un mois Paris dans la Biblioth que de l Arsenal o se situent les
93. rs que la mise en abyme de l nonciation et la mise en abyme du code indiquent le proc d et l activit et non pas le r sultat Comme le constate Makkonen la mise en abyme semble tre une construction qui souligne la signifiance simultan e du contenu et de la forme La d finition de Makkonen s applique particuli rement bien ce travail et VME comme un exemple de la mise en abyme Makkonen pr cise que la mise en abyme est une relation analogique entre une partie et la totalit de l uvre Il s agit d une sorte de doublement qui refl te la totalit de l uvre approfondissant ainsi l image qui se forme apr s la lecture de l uvre Selon Makkonen la mise en abyme rend possible une autor flexion de l uvre l uvre a l occasion de dialoguer avec elle m me D llenbach se r f re la constatation de Freud qu un r ve dans un r ve semble plus r aliste qu un r ve en g n ral Ainsi une uvre dans une uvre comme un r ve dans un r ve t moigne de sa r alit propre au lecteur et peut tre utilis e comme une cl herm neutique ou comme un mode d emploi pour tout le livre Une telle maquette install e dans une uvre soumet au lecteur une possibilit d oublier la lin arit de la lecture et propose ainsi une r ception de celle ci sous une forme plus 69 courte 1 3 2 2 Bal la mise en abyme comme un signe Mieke Bal une th oricienne de la litt rature critique la th orie de D llen
94. s de nuages rouge sombre surplombe ce paysage immobile et cras d o toute vie semble avoir t bannie 29YME 153 20EK 146 PIVME 152 22EK 145 23VME 575 57 Raivokkaana h m rtyv taivas jonka poikki kulkee tummanpunaisia pilvi roikkuu liikkumattoman ja muserretun maiseman yll josta kaikki el m tuntuu olevan 224 h detty Cette image m lancolique restera donc la derni re per ue par le quasi aveugle Bartlebooth L extrait ci dessus repr sente comment la th matique du blanc se voit par l image et non par la narration standard dans VME et par cons quent dans EK C est un vide lourd et in vitable concr tement visualis dans l image du puzzle qui a t originalement la peinture de Bartlebooth La peinture omnipr sente dans VME tait une pr occupation essentielle de Perec nous l avons vu d j dans le chapitre 2 2 que ce sont les peintres Val ne Hutting et Bartlebooth entre autres qui dominent le livre Comme le constate aussi Dominique Jullien d s le premier roman de Perec Les Choses 1965 la peinture ne cesse pas d exister dans son travail Jullien dit m me que l image devient le principal sinon l unique moteur du r cit renversant radicalement la hi rarchie traditionnelle entre la narration et la description Quant la traduction d un tel texte nous retournerons l id e de Marianne Lederer pr sent e au chapitre 2 2 1 Elle propose que l quivalence entre l
95. s l escalier quand il sort et quand elle revient du travail L ordre chronologique des phrases a t assez souvent transform pour que la totalit se r alise Par exemple le num ro 72 Le neveu gandin accompagnant la globe trotteuse 198 ha E australienne devient le num ro 171 Sukulaispoika menee australiattaren seuralaiseksi 99 maailmalle alors que le num ro 13 Le tribu vitiste chappant sans arr t au doux anthropologue correspond au num ro 15 Liukkaasti liikehtiv heimo torjuu yst v llisen IEK 269 SVME 282 IEK 274 K eyn s V Entretien 2 Y8YME 281 SEK 271 200VME 281 52 antropologin dans la traduction En principe transf rer l id e quelque part dans la liste est plus important que garder l ordre des phrases Ce faisant le traducteur a pu r soudre plus facilement les probl mes li s l existence des lettres formant le mot cach me Les chiffres taient pourtant extr mement importants pour Perec Keyn s souligne qu il y a certaines phrases qui doivent absolument conserver leurs places originales par exemple le num ro 11 qui marque la date de la disparition de sa m re Aussi y a t il des phrases fautives qui comprennent trop ou trop peu de caract res et ces phrases doivent elles garder leurs 203 places Keyn s remarque aussi que le compendium s efforce de r pondre aux nigmes qui se trouvent dans le texte Par exemple la phrase 100 L
96. selon un code particulier La s miotique de Perec s tend aussi aux niveaux autres que la langue et c est ainsi que par exemple un chapitre du livre peut repr senter un signe dans un code En principe dans ce roman du puzzle Perec souligne les d tails les fragments au lieu de l ensemble L inach vement est donc un moyen d exhiber un ensemble un tout qui existe sans aucun doute mais qui ne peut pas tre n1 d fini ni expliqu exhaustivement 65 BIBLIOGRAPHIE Corpus VME Perec G La Vie mode d emploi Paris 1978 EK Perec G El m k ytt ohje Tr Keyn s V Helsinki 2006 Ouvrages et dictionnaires consult s Adam J M Linguistique et discours litt raire Paris 1976 Adam J M Petitjean A Le texte descriptif Paris 1989 Bal M On Meaning Making Essays in Semiotics Foundations amp facets Literary facets Sonoma California 1994 Bassnett S Teoksesta toiseen Tr Helander K et al Tampere 1995 Bellos D Georges Perec Une vie dans les mots Paris 1994 B nabou M From Jewishness to the Aesthetics of Lack Yale French Studies 105 2004 25 33 B nabou M Roubaud J OuLiPo http www fatrazie com oulipo htm le 6 mars 2007 Burgelin C Georges Perec Paris 1988 Calvino I Kuusi muistiota seuraavalle vuosituhannelle Tr Suolahti E Helsinki 1999 Chevalier J Gheerbrant A Dictionnaire des symboles Paris 1982 Corcos M Penser la m lancolie Une lecture
97. sonnages de l immeuble pr sents dans le tableau La liste comporte trois parties et chacune des parties comprend 60 lignes sauf la derni re o il n y en a que 59 Avec cette liste Perec joue encore une fois avec son lecteur mais il le fait tr s discr tement Il faut se souvenir que Perec tait un crivain oulipien et VME est un livre qui se base sur des contraintes La liste du chapitre LI ob it deux contraintes l une r glant la longueur de la ligne 60 caract res dans chacune espaces compris l autre une r gle que Perec n a pas voulu r v ler en souhaitant que le lecteur la trouve Il s agit d un mot cach qui de notre point de vue ajoute un nouveau signe de l autor flexion dans ce chapitre La derni re lettre de la premi re ligne est a comme l avant derni re de la deuxi me ligne etc jusqu la ligne 60 dans laquelle a est logiquement la premi re lettre de la phrase La structure se r p te dans les 60 lignes suivantes num ros 61 120 la lettre tant maintenant m La troisi me partie de la liste les num ros 121 179 nous d voile la lettre e la liste formant ainsi le mot me Pedersen J Perec ou les textes crois s Revue romane 29 Copenhague 1985 85 Magne De l exhibitionnisme Magn B De l exhibitionnisme dans la traduction propos d une traduction anglaise de La Vie mode d emploi de Georges Perec Meta 3 1993 397 402 www erudit org revue meta
98. stoire Le d tail est important car cela conduit une exception dans le livre les points de vue des autres personnages ne sont pas voqu s et c est le narrateur omniscient qui parle la plupart du temps Val ne est galement celui par lequel on exprime succinctement des sensations et des sentiments humains dans le livre les autres personnages restant plus silencieux comme s ils faisaient vraiment partie d un tableau Comme le constate Gerald Prince les motions dans VME sont plut t nomm es qu examin es Vu que Perec ressentait une v ritable aversion pour la psychologie dans la fiction le manque quasi total des description de sensations internes n est pas surprenant Prince ajoute que l abondance de l art des artifices et des objets artificiels explique l absence d une sorte de naturalisme et de sc nes intimes En g n ral ce sont les descriptions qui dominent la narration les dialogues y tant rares Cette raret dans VME a pour cons quence que ceux qui existent marquent des d tails et des th mes particuli rement significatifs Nous trouvons un exemple dans le chapitre XXVI dans lequel Val ne demande Bartlebooth pourquoi il est si obstin apprendre l art de l aquarelle alors m me qu il ne montre aucun talent pour la peinture Ce ne sont pas les aquarelles qui m int ressent c est ce que je veux en faire Et que voulez vous en faire Mais des puzzles bien s r r pondit sa
99. t assis devant son quatre cent trente neuvi me puzzle le trou noir de la seule pi ce non encore pos e dessine la silhouette presque parfaite d un X Mais la pi ce que le mort tient entre ses doigts a la forme depuis longtemps pr visible dans son ironie m me d un W Un chec final et total car le livre se termine avec ses mots Ils sont suivis en majuscules par le texte FIN DE LA SIXI ME ET DERNI RE PARTIE Ils pr c dent un pilogue qui d crit une disparition suppl mentaire celle de Serge Val ne Le fait que Bartlebooth d c de avec une pi ce fausse dans la main et que le trou qui reste dessine une forme W voque naturellement le fabricant des puzzles Gaspard Winckler W demeurant un signe particulier pour Perec il n est pas sans signification ici non plus Son uvre semi autobiographigue est BTVME 153 SIbid 152 Ibid 578 Ibid 578 39 en effet intitul e W ou le souvenir d enfance et comme nous l avons d j constat dans le chapitre 2 1 2 1 le nom de Gaspard Winckler est directement issu de cette uvre La remarque dans l expansion depuis longtemps pr visible dans son ironie m me se r f re la tension qui existe souvent implicitement entre Winckler et Bartlebooth Il s agit d une vengeance de Gaspard Winckler d une vengeance dont nous pouvons seulement deviner les motifs La vengeance repr sente encore une fois un blanc myst rieux pour lequel les allusions abondent dans le li
100. termine les l ments osa ei ole olemassa ennen kokonaisuutta se ei ole samanaikainen tai sit 228 vanhempi osat eiv t m rit kokonaisuutta vaan kokonaisuus m ritt osat Une telle indication au d but du livre r f re clairement au texte venir aux histoires et aux personnages foisonnants qui peuvent sembler quelquefois incoh rents mais qui font partie du m me ensemble Nous pouvons galement consid rer cette d finition comme une r f rence la succession des uvres de Perec Ses uvres m me tr s vari es en ce qui concerne le style et le genre s enchainent toutes d une mani re ou d une autre La longueur des phrases souvent plus longues et plus compliqu es en fran ais qu en finnois est frappante dans VME et surtout dans le pr ambule La traduction finlandaise respecte le style elle suit parfaitement la forme du texte original ne faisant aucune ponctuation suppl mentaire La premi re phrase du pr ambule s tend dans la version originale la deuxi me page et contient 30 lignes Dans la traduction finnoise la phrase contient 24 lignes couvrant ainsi les 2 3 de la premi re page Le traducteur utilise les m mes signes de ponctuation le point virgule et le deux points aussi fr quemment que Perec l a fait dans le texte original Les paragraphes suivants du pr ambule sont galement quivalents l original en ce qui concerne la forme et la longueur des phrases Dans le text
101. tit de A s est trou e de cet ajout et par cons quence s est partiellement perdue dans l cu qui la suppl e Ensuite le seul moyen pour B de repr senter ad quatement A qui est marqu par la rupture de B est d accueillir lui m me en son centre un cu C qui pour pouvoir repr senter B son Hallila 103 SVME 281 Gide comparait la structure qu il avait utilis e dans ses textes un blason qui consiste dans le premier en mettre un second en abyme D llenbach L Le r cit sp culaire Contribution l tude de la mise en abyme Po tique Paris 1977 15 16 tour doit continuer accueillir un nouveau cu en son centre la reproduction tant donc infinie D llenbach compare cette reproduction qu il appelle aussi une d ception infinie un jeu illimit des subsituts puisque chaque exemplaire de la s rie ne trouve sa forme prescrite 5 ER 55 par le blason qui le pr c de qu en s incorporant un nouveau blason qui la creuse Image 1 La logique de l abyme Hallila constate que la mise en abyme est un des moyens les plus importants de la m tafiction pour exprimer l autor flexivit du texte Comme D llenbach Hallila compare la mise en abyme une esp ce de miroir par lequel le roman op re une autor f rence au niveau de la structure ou de la narration l intrigue ou une partie de l intrigue ou bien la structure du roman a t r v l e dans un extrait du texte
102. tre des termes et des vocables mais qu elle ne devient texte que A N ry JA 171 gr ce la cr ation d quivalences Elle d finit son id e de l quivalence de la fa on suivante L quivalence est le r sultat la fois d une m thode raisonn e s efforcer de voir et de ressentir et de l intuition exprimer ce qu on a vu et ressenti Elle est l avatar en une autre langue de la pens e singuli re d un auteur r exprim e par le traducteur avec tout le savoir faire dont il dispose En essayant d expliquer ce que signifie l quivalence dans la traduction Lederer propose que l quivalence soit n e de la vision d une image Selon Lederer l unit de sens en d autres mots une id e est une image qui fait na tre un explicite linguistique Le traducteur montre une image identique celle qu voque l original bien que les l ments les mots ou les 173 expressions ne le soient pas Elle dit m me en r f rant Hegel que tous les mots pris isol ment sont intraduisibles En fait on devrait classer en mots intraduisibles tous les mots qui ne peuvent pas tre traduits par le m me mot tous les mots autres que les termes monor f rentiels Mais au niveau texte tout est traduisible car les mots s actualisent et se fondent en des sens r exprimables Il n est pas important de savoir si les mots ont une correspondance exacte au niveau des langues parce qu on ne traduit pas de mots mais des Raci 174
103. uction en disant que la traduction interpr tative est une traduction par quivalences et que la traduction linguistique est une traduction par correspondances Elle constate que les quivalences s tablissent entre les ISRic ur P Sur la traduction Paris 2004 21 44 textes les correspondances entre les l ments linguistiques mots syntagmes figements ou 166 formes syntaxigues La traduction de la litt rature est principalement de la traduction interpr tative et correspond donc dans une certaine mesure au second l ment de l alternative de Ric ur il ne s agit pas d un transfert d un simple message mais de communication des sentiments des motions et des nigmes La litt rature exige par cons quent une approche autre que par exemple la traduction technique En ce qui concerne le travail de traduction litt raire Ric ur y voit un paradoxe fondamental Il emprunte l id e de Franz Rosenzweig qui dit que traduire c est servir deux ma tres l tranger dans son uvre le lecteur dans son d sir d approbation Auteur tranger lecteur habitant la m me langue que le traducteur 9 Ric ur indique aussi qu il n existe pas de crit re absolu de la bonne traduction Il explique que pour pouvoir d finir une bonne traduction il faudrait pouvoir comparer le texte de d part et le texte d arriv e un troisi me texte qui serait porteur du sens identique suppos S L absence de ce tiers texte contie
104. ude de travailler La r p tition n est jamais sans importance et nous croyons que le pr ambule a t r p t ici peu pr s au milieu du livre pour voquer ce qui est fondamental dans cet ouvrage le jeu la participation l existence des nigmes et des blancs L abondance des histoires et des personnages des d tails et des listes qui semblent infinies peut stup fier m me le lecteur le plus enthousiaste Perec en tait s rement conscient et une raison expliquant ces mises en abyme particuli res dans le texte serait de permettre une interruption dans la profusion narrative Comme nous l avons d j not dans la partie 1 3 2 2 Bal constate que la signification d une mise en abyme r side dans sa capacit d interrompre Bal implique galement que la mise en abyme a toujours un caract re expansif et pertinent mise en abyme will be an aspect pertinent and continuous to the entire novel Dans le cas du chapitre XLIV de telles caract ristiques de la mise en abyme semblent s accomplir parfaitement 2 2 LA TRADUCTION FINNOISE DE VME Dans le but de compl ter notre recherche une des finalit s de ce travail est d analyser la traduction finnoise de VME El m K ytt ohje d sormais FK au point de vue du blanc L objectif de la cinqui me partie du travail sera de r fl chir sur la possibilit de traduction du blanc et sur les transformations subies par celui ci en tant que ph nom ne de lecture Nous nous demande
105. ue le maire l attend avec un os En principe les noms sont si soigneusement dissimul s qu ils ne peuvent pas tre trouv s si leur existence n est pas connue 19 L acteur Archibald Moon h site pour son prochain spectacle entre Joseph d Arimathie ou Zarathoustra Dans ce portrait se d couvre l crivain Harry Mathews prononc la fran aise bien s r Le portrait num ro vingt d crivant le peintre Hutting cache Perec lui m me 20 Le peintre Hutting essaye d obtenir d un inspecteur polyvalent des contributions une p r quation de ses imp ts Ce portrait est d ailleurs la seule exception parmi les tableaux dans la mesure o il s agit d un portrait de Hutting et de Perec lui m me simultan ment Comme Hutting l explique Tous les autres tableaux furent con us partir du nom du pr nom et de la profession des vingt trois amateurs qui les command rent et qui s engag rent par crit ne pas contester le titre et le th me de l uvre ni la place qui leur serait faite Soumises divers traitements linguistiques et num riques l identit et la profession de l acheteur d terminaient successivement le format du tableau le nombre de personnages les couleurs dominantes le champ s mantique le th me central de l anecdote les d tails secondaires allusions historiques et g ographiques l ments vestimentaires 145 accessoires etc et enfin le prix De plus il existe d autr
106. un brouhaha un froufroutement de soies et de fourrures un miaulement plaintif derri re une porte des coups frapp s contre des cloisons des tangos ressass s sur des phonographes chuintants Cette liste nous parait m lancolique et consid rablement m lodique du fait de l alternance de mots courts plut t banals et de mots plus longs et plus expressifs Ce sont surtout des termes exprimant des sons ou des motions et finissant par ment qui donnent au texte un rythme distinctif et fluide un miroitement un cliquettement un froufroutement un miaulement Une telle redondance est malheureusement impossible en finnois Si le r sultat est tout fait correct et ce galement du point de vue du style il ne transmet pas la m me po tique que le texte original H nelle portaikko merkitsi kerrosta toisensa j lkeen muistoja tunnetta jotakin vanhanaikaista ja tavoittamatonta joka v risi jossakin muistoissa lepattavaa liekki elett tuoksua nt v l hdyst nuorta naista joka lauloi ooppera aarioita pianon s est m n kirjoituskoneen k mpel ratinaa pinttynytt lysolinkatkua huudahdusta kirkaisua h lin silkin ja turkisten kahinaa surkeaa maukumista oven takana koputuksia sein n rahisevilla gramofoneilla puhkisoitettuja tangoja La liste du chapitre LI un compendium de tout le livre est la plus c l bre de toutes les listes po tiques de VME La traduction de ce po
107. urin tuntemista ei voi johtaa osien tuntemisesta toisin sanoen voimme tuijottaa yht palaa kolme p iv ja kuvitella tiet v mme kaiken sen muodosta ja v rist edistym tt silti piirun vertaa ainoa mill on merkityst on sen mahdollisuus liitty muihin paloihin ja siin mieless palapelin kokoaminen muistuttaa go peli vain kootut palaset ovat luettavissa yksin iset palaset eiv t kerro mit n ne ovat pelkki mahdottomia kysymyksi turhia haasteita mutta heti kun palan onnistuu joko minuutteja kest neiden kokeilujen ja erehdysten tuloksena tai ihmeellisen puolen sekunnin inspiraation auttamana liitt m n naapureihinsa se h vi ja lakkaa olemasta pala tuota l hestymist edelt nyt intensiivinen vaivann k jota englanninkielinen sana puzzle arvoitus niin hyvin ilment ei ole vain menett nyt olemisensa syyt vaan on kuin sit ei olisi koskaan ollutkaan ongelma n ytt selvinnneen itsest n kaksi kuin ihmeen kaupalla yhdistynytt palaa ovatkin yksi joka vuorollaan aiheuttaa haparointia ep r inti h mmennyst ja odottelua Le traducteur Ville Keyn s explique que la longueur de phrase peut tre une fin en soi et que c est la raison pour laquelle il faut la restituer aussi bien que possible Il ajoute que le traducteur peut bien s r couper les phrases si n cessaire mais que cela ne doit pas tre une 60 r gle cons quente De plus il faut se souvenir que pour un tr
108. valossa voidaan v itt n enn isesti ep jatkuvan ja pirstaleisen tekstin korostavan jatkuvuuden merkityst keskener isyys kiinnitt romaanin sek sit edelt v n ett sit seuraavaan kirjallisuuteen Analyysiosassa tutkitaan my s romaanin suomennosta El m K ytt ohje Suomennoksen analyysia edelt lyhyt johdanto kirjallisuuden k nt misen ongelmallisuudesta yleisell tasolla K nn sanalyysi vahvistaa ja selvent osaltaan alkuper istekstin tutkimustuloksia Sen lis ksi k nn sanalyysi esittelee lyhyesti Perecin tekstiin tyypillisesti liittyvi k nn songelmia ja suomentaja Ville Keyn ksen ratkaisuja niiden selvitt miseksi Tutkimus osoittaa ett k nn s onnistuu p s nt isesti siirt m n sek romaanin temaattisen sis ll n ett sen sis lt heijastavat rakenteelliset ratkaisut Asiasanat Keywords blanc inach vement mise en abyme traduction La Vie mode d emploi Perec S ilytyspaikka Depository Aallon kirjasto Muita tietoja Additional information TABLE DES MATI RES 1 INTRODUCTION L INACHEVEMENT PAR LE BLANC 5 L GENERAL ENIES mummo osk masa as atom KOSTO st A EA TUL Katteet 7 1 1 1 Le blanc fondamentald PerOis an sms Att Ml Eh sementit HR Mr nsa a a 7 1 1 2 Un auteur oulipien sssssss s INA AAA ANTI EMS AA N Kn 8 1 1 3 La Vie mode d emploi un roman puzzle 8 12 LA TH MATIQUE DU BE ANC ms ann ner ann dan nee de een 11 1 2 1 Le blanc symboli
109. vide et sur la pl nitude qui se propagerait au niveau de l histoire de la litt rature enrichirait non seulement la recherche sur Perec mais aussi la recherche litt raire en g n ral Desmond 43 7Calvino I Kuusi muistiota seuraavalle vuosituhannelle Tr Suolahti E Helsinki 1999 113 23811 Ibid 113 64 Ce m moire de ma trise se compose ainsi d une analyse du blanc et de la mise en abyme dans VME et dans sa traduction finnoise Quel lien y a t il entre le blanc ou le manque et la continuation infinie repr sent e par la mise en abyme A la lumi re de notre recherche renforc e et clair e par l analyse de la traduction nous pouvons constater que l apparition d un inach vement omniscient domine les points de vues choisis pour ce travail La narration qui r v le un tel inach vement travers des codes et des signes plus ou moins dissimul s donne l impression d un ensemble difficile d finir Les proc d s narratifs divers et les moyens m tafictifs utilis s dans VME introduisent ces codes et ces signes Nous pourrions ainsi parler d une s miotique perecquienne qui comprendrait sa mani re d crire et de cr er des signifiances particuli res Un exemple de cette criture originelle compos e de mots cach s a t abord celui des noms des amis de Perec analys s au chapitre 2 1 4 2 mots ordinaires coup s et fragment s pour tre rassembl s sous forme de nouveaux signes ayant une nouvelle signifiance
110. vre la premi re vocation se trouvant d j au chapitre I Gaspard Winckler est mort mais la longue vengeance qu il a si patiemment si d A 151 minutieusement ourdie n a pas encore fini de s assouvir Ce que nous ne pouvons pas y d couvrir c est la raison univoque cette vengeance La derni re pi ce peut poss der une forme qui a t depuis longtemps pr visible mais le motif qui expliquerait cette ruse finale de Winckler reste une nigme la fin les trois protagonistes seront morts et leurs missions inachev es Bien que la vengeance de Gaspard Winckler ait t assouvie Bartlebooth d c dant devant ce trou symbolique lui m me n est plus t moin de l v nement il a t d clar mort d s le premier chapitre du livre et pour la deuxi me fois dans le chapitre XXVI Le chapitre XCIX le dernier chapitre du roman voque le caract re ph m re et momentan de l uvre Les six derniers paragraphes r p tent la construction utilis e d j au chapitre LI l anaphore en termes de rh torique Les paragraphes commencent tous de mani re identique C est le vingt trois juin mille neuf cent soixante guinze Il n est pas loin de huit heures du soir il sera bient t huit heures du soir il est pr s de huit heures du 153 SOIT L action du livre se passe en fait au cours d une seule minute et tous les v nements sauf le pr ambule et l pilogue ne sont donc que des souven

Une lecture de l`inachèvement par le blanc dans La

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